#les larmes du soleil
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Film de guerre : ne manquez pas Les Larmes du soleil en streaming
Cela vous dirait de vous détendre en regardant un film de guerre américain ? En vous rendant sur le site PlayVOD Maroc, vous trouverez plusieurs titres intéressants que vous pourrez visionner en vidéo à la demande ou en streaming. Parmi ceux-ci figure aussi « Les Larmes du soleil », réalisé par Antoine Fuqua en 2003. Voici un résumé de ce qui vous attend : le lieutenant Waters et son équipe de…
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L'envie de te déshabiller me tourmente, mais pas de tes vêtements.
Je voudrais te déshabiller de tes douleurs, de tes peurs, de tes doutes, de tes inquiétudes.
Laisse moi devenir ton éponge magique, laisse moi être ta gomme féerique, pour effacer toutes tes déconvenues, laisse moi t'offrir des litotes pour décrire le monde que je mets à tes pieds...
Laisse toi guider, ferme les yeux, lâche prise.
Je voudrais transformer tes moments mélancoliques en moments d'euphories, visser le soleil pour qu’il te flatte à jamais,.dépoussiérer ton Cœur meurtri à coup de pétales de rose, déboulonner l’Univers pour te cueillir un bouquet d’étoiles parsemé de poussières Célestes.
J'arrêterai de t'admirer, uniquement lorsqu'un sculpteur aveugle réussira à sculpter le bruit d'une larme passionnée tomber sur un plancher de cristal d'un palais royal imaginaire ...
Ivre d'un tel essor, oubliant la Raison, je t'apprendrai à apprivoiser tes rêves les plus fous, à te détacher de tes chimères, à combattre les méandres du Temps.
Nous partagerons nos parcelles d'âmes dans un concert passionné laissant virevolter des débris Spirituels au sein même nos Amours éperdus.
Et alors, après seulement, tu pourras enlever tes parures superflues, rentrer en fusion exhaustive .. pour enfin, moi le privilégié, contempler l'effeuillage gracieux de ta Splendeur et savourer l'émerveillement de ta transformation.
...
...
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J’ai l’âge de voir les choses avec tranquillité, mais dans l’intérêt de continuer à évoluer.
J’ai l’âge de caresser mes rêves du bout des doigts et de voir mes illusions se transformer en espoir.
J’ai l’âge où l’amour est parfois une flamme qui a besoin de se consumer dans le feu d’une passion désirée, parfois un havre de paix, tel un coucher de soleil sur la plage. J’ai quel âge ?
Je n’ai pas besoin de nombre, car mes désirs réalisés, mes larmes que j’ai versées en voyant mes illusions se briser….. valent beaucoup plus que ça.
Quelle importance d’avoir vingt, quarante, soixante et plus!
Ce qui importe c’est l’âge qui me correspond. J’ai l’âge qu’il faut pour vivre libre et sans peur….. pour suivre mon chemin sans crainte, car je porte avec moi l’expérience que j’ai acquise et la force de mes désirs.
J’ai l’âge suffisant pour ne plus avoir peur et faire ce que je veux et ce que je ressens.
José Saramago
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Ecrire avec l’ombre des mots
la solitude invisible
des cœurs aimants
Sentiment endormi
La pluie aussi
Et à l'intérieur de chaque larme
Le petit incendie d'un chagrin
Qui aimerait sécher au soleil
"Je vous aime"
Mots si douloureusement épique
Quand ils restent lettres mortes
Ou deviennent champ de tournesols calcinés
Écrire avec de la cendre
Un amour impossible-mais-vrai
Son comique vague à l'âme
Ses rivages de paradis sans issue
Seuls les rêves
Soie de sa peau
dans le miel de ses gestes
Seuls les rêves
Dire alors "je vous rêve"
Pour ne déranger aucune pénombre
N'émerveiller ni ne décevoir
La moindre attente
Le moindre cauchemar
Du silence garder le trésor
Sa cachette est sous l'escalier
Votre beau visage à la fenêtre
Que fixe l'étoile polaire
Belle transparence de ses paupières
Qu'on imagine
Que dire de ses lèvres
Quand elle observe le ciel
On dirait le murmuré des pensées
Un mystérieux insecte serti dans un sourire
Sans ailes la neige
Partition blanche et nue
Vole aussi bien que la lumière
Bras grands ouverts
J'aimerais être le fil
Du funambule et vous y voir arpenter
Le durable périmètre de ma mélancolie
Celle que j'ai aujourd'hui
Car demain elle aura fondue en totalité
Avec les glaciers
Les déserts
Les vies rêvées et le sentiment profond
D'une absence abyssale
Imaginaire peut-être
Mais avec laquelle je suis né
jacques dor
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Il restera de toi… Il restera de toi ce que tu as donné. Au lieu de le garder dans des coffres rouillés: Il restera de toi, de ton jardin secret, Une fleur oubliée qui ne s'est pas fanée. Ce que tu as donné En d'autres fleurira. Celui qui perd sa vie Un jour la trouvera. Il restera de toi ce que tu as offert Entre les bras ouverts un matin au soleil. Il restera de toi ce que tu as perdu, Que tu as attendu plus loin que les réveils. Ce que tu as souffert En d'autres revivra. Celui qui perd sa vie Un jour la trouvera. Il restera de toi une larme tombée, Un sourire germé sur les yeux de ton cœur. Il restera de toi ce que tu as semé Que tu as partagé aux mendiants du bonheur. Ce que tu as semé En d'autres germera. Celui qui perd sa vie Un jour la trouvera. Simone Veil
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ô bonheur surhumain qui m'étreint - mes larmes trempées de soleil ruisselant sur ta beauté nue - comme je t'aime ! à m'étreindre - au plus profond de la nuit et du sentiment - tu es l'aurore retrouvée, tu es la joie révélée - à l'appel de mes Mystères et de mes Vœux - mes mains dressées en un plus bref hommage - et que tes lèvres effleurent (imperceptibles tressaillements ! renoncement aux banalités douloureuses ! ma tête renversée en signe d'acquiescement !) - je vois le ciel où je t'embrasse plus purs ensemble même agenouillés dans la fange qui ne nous concerne plus - ô bonheur surhumain qui m'étreint - délice de tes lèvres, de tes caresses, de tes initiations - je reste émerveillée - immobile - fulgurée - au duvet de tes gestes, fleurs surnageant sur les eaux - mes flancs dévoilés de tendresse - lac de mes passions... où je te noie, ô volupté, au seuil de mes calices - inénarrable félicité ! - je tremble de la joie où tu me vois sombrer, où je veux t'attirer - comme un soleil inarrêtable - que tu cèdes avec moi - digues aux lys enlacés, tels nos deux corps printaniers, germant de tous côtés - bourgeons foisonnants et germes enivrants - toutes mes fleurs de supplice, mes plantes tentatrices - mes parfums corrupteurs - de l'humus tout humide - à nos chairs accolé - ô bonheur surhumain qui m'étreint - ô beauté surréelle et sans fin - de tes mains, de tes reins - ô bonheur souverain...
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"Partons de ce bleu, si vous voulez bien.
Partons de ce bleu dans le matin fraîchi d’avril.
Il avait la douceur du velours et l’éclat d’une larme.
J’aimerais vous écrire une lettre où il n’y aurait que ce bleu.
Elle serait semblable à ce papier plié en quatre qui enveloppe les diamants dans le quartier des joailliers à Anvers, ou Rotterdam, un papier blanc comme une chemise de mariage, avec à l’intérieur des graines de sel angéliques, une fortune de Petit Poucet, des diamants comme des larmes de nouveau-né.
Carnet bleu envoyé à "La plus que vive" :
"L'âme. Un linge frais de soleil, amoureusement plié."
"L'homme Joie" - Christian Bobin.
Illustration: "Bleuets des champs."
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Je te promets le sel au baiser de ma bouche
Je te promets le miel à ma main qui te touche
Je te promets le ciel au dessus de ta couche
Des fleurs et des dentelles pour que tes nuits soient douces
Je te promets la clé des secrets de mon âme
Je te promets la vie de mes rires à mes larmes
Je te promets le feu à la place des armes
Plus jamais des adieux rien que des au-revoirs
J'y crois comme à la terre, j'y crois comme au soleil
J'y crois comme un enfant, comme on peut croire au ciel
J'y crois comme à ta peau, à tes bras qui me serrent
J'te promets une histoire différente des autres
J'ai tant besoin d'y croire encore
Je te promets des jours tout bleus comme tes veines
Je te promets des nuits rouges comme tes rêves
Des heures incandescentes et des minutes blanches
Des secondes insouciantes au rythme de tes hanches
Je te promets mes bras pour porter tes angoisses
Je te promets mes mains pour que tu les embrasses
Je te promets mes yeux si tu ne peux plus voir
J'te promets d'être heureux si tu n'as plus d'espoir
J'y crois comme à la terre, j'y crois comme au soleil
J'y crois comme un enfant, comme on peut croire au ciel
J'y crois comme à ta peau, à tes bras qui me serrent
J'te promets une histoire différente des autres
Si tu m'aides à y croire encore
Et même si c'est pas vrai, si on te l'a trop fait
Si les mots sont usés, comme écrits à la craie
On fait bien des grands feux en frottant des cailloux
Peut-être avec le temps à la force d'y croire
On peut juste essayer pour voir
Et même si c'est pas vrai, même si je mens
Si les mots sont usés, légers comme du vent
Et même si notre histoire se termine au matin
J'te promets un moment de fièvre et de douceur
Pas toute la vie mais quelques heures
Je te promets le sel au baiser de ma bouche
Je te promets le miel à ma main qui te touche
Je te promets le ciel au dessus de ta couche
Des fleurs et des dentelles pour que tes nuits soient douces...
Johnny Hallyday
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La France est en soins palliatifs. Sous piquouze de choc. De l’olympisme en intraveineuse. Du shoot de winner médaillé or. Plus de gouvernement, certes, mais le petit peuple, toujours coiffé par ses élites, se délecte. Bientôt on tentera de payer sa baguette en drachme estampillé BCE, mais qui s’en fout ? La tant redoutée “troïka bruxelloise” viendra déféquer dans les bottes de la garde républicaine, nakamuratée à mort et bien incapable de défendre la porte du château. On devra faire ceci et ne plus faire cela. On dira adieu à l’épargne, aux retraites, à la santé. On se responsabilisera enfin sous le regard sévère (mais juste) de Blackrock, de Pfizer, d’Ourzoula et de tous les copains habillé en bleu atlantique. Chiche que l’on nous demandera d’apprendre l’ukrainien.
Et Branlotin, dans tout cela ? Eh bien le petit connard narcissique est parti tâter du muscle au soleil, photographié sur le yacht d’un énième oligarque (?), tout sourire, déjà bronzé, sans Jean-Bri. Ça va nous faire un combo cocaïne-vaseline au coucher du soleil, à n’en pas douter. Les feux de l’amour, avec le tandem Jolly-Boucheron en guests stars descendues en Falcon de la République.
La France coule, le sourire béat, les poumons pleins d’air pur, dans le bonheur d’une capitale sans bagnoles, sans racaille ouane-tou-sri, sans SDF, sans OQTF, sans subsahariens vendeurs de tour Eiffel, sans plus trop de violeurs pakis, mais avec plein de caméras réputées intelligentes, gavée de QR codes inquisiteurs en diable, avec du bleu poulaga à chaque carrefour, du piou-piou en gare, des bénévoles qui essaient encore de sourire aux couillons sportophiles venus de partout se faire plumer dans les restos à micro-ondes des quartiers encore épargnés par les grillages et les blocs de béton.
La France se noie parce qu’elle a bu la tasse dans une Seine plombée par les étrons, les rats crevés et les larmes des Gabin, des Audiard, des Blier, des Ventura et de tous les cadors d’un passé couillu et bien révolu. Un milliard et quatre cents millions pour permettre à Salvadorina Allende et à une ministre clitoridienne de jouir d’un bain pourri, infect, dégueulatoire. Tristes connes, pauvres athlètes.
Que se passera-t-il après tout cela ? Nul ne peut le dire. Les cartes de Madame Irma sont illisibles, tombées de la table, parties sous le tapis ou déjà bouffées par les rongeurs darwinisés par la règle du profit et du silence. Même les conjectureux de plateau nous parlent de concours de javelot ou de 400 mètres haies tant l’horizon est bouché – illisible, imprévisible, invisible.
La France, la France, la France... chienne aînée d’une Église wokisée, pute consentante de satrapes ricaneurs et lâches, cumshotée dans tous ses orifices, veinifiée à la pfizzerine, noyée dans la Cène, raccourcie à la Conciergerie... pauvre fille, qui fut si belle. Se remettra-t-elle de tous ces coups bas, ces avilissements, ces misères proprement médiévales ? 2025, année des funérailles, ou premier chapitre d’un nouveau récit ? Les deux, qui sait, mon Général ?
J.-M. M.
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Cette blessure Où meurt la mer comme un chagrin de chair Où va la vie germer dans le désert Qui fait de sang la blancheur des berceaux Qui se referme au marbre du tombeau Cette blessure d'où je viens
Cette blessure Où va ma lèvre à l'aube de l'amour Où bat ta fièvre un peu comme un tambour D'où part ta vigne en y pressant des doigts D'où vient le cri, le même chaque fois Cette blessure d'où tu viens
"Cette blessure Qui se referme à l'orée de l'ennui Comme une cicatrice de la nuit Et qui n'en finit pas de se rouvrir Sous des larmes qu'affile le désir
Cette blessure Comme un soleil sur la mélancolie Comme un jardin qu'on n'ouvre que la nuit Comme un parfum qui traîne à la marée Comme un sourire sur ma destinée Cette blessure d'où je viens
Cette blessure Drapée de soie sous son triangle noir Où vont des géomètres de hasard Bâtir de rien des chagrins assistés En y creusant parfois pour le péché Cette blessure d'où tu viens
Cette blessure Qu'on voudrait coudre au milieu du désir Comme une couture sur le plaisir Qu'on voudrait voir se fermer à jamais Comme une porte ouverte sur la mort Cette blessure dont je meurs"
Léo Ferré
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Il restera de toi…
Il restera de toi ce que tu as donné.
Au lieu de le garder dans des coffres rouillés.
Il restera de toi de ton jardin secret,
Une fleur oubliée qui ne s’est pas fanée.
Ce que tu as donné, en d’autres fleurira.
Celui qui perd sa vie, un jour la trouvera.
Il restera de toi ce que tu as offert
Entre les bras ouverts un matin au soleil.
Il restera de toi ce que tu as perdu
Que tu as attendu plus loin que les réveils,
Ce que tu as souffert, en d’autres revivra.
Celui qui perd sa vie, un jour la trouvera.
Il restera de toi une larme tombée,
Un sourire germé sur les yeux de ton coeur.
Il restera de toi ce que tu as semé
Que tu as partagé aux mendiants du bonheur.
Ce que tu as semé, en d’autres germera.
Celui qui perd sa vie, un jour la trouvera.
Simone Veil
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Les nouvelles expériences d’une vie sans fin (9.2/15)
La grande salle était baignée par le soleil de midi, l’aura dorée contrastant à merveille avec le vert des plantes alentours, les spores de coton voletant dans l’air ne faisant qu’ajouter à la féérie de la scène... Un décor aux antipodes de l’humeur de ses occupants.
Maître Joris avait fait convoquer une assemblée extraordinaire dès que le Tofu messager s’était posé à la volière. La missive était relativement longue, fourmillant de détails que seuls des administratifs pouvaient trouver attrayants, mais l’on pouvait aisément la résumer en quelques mots. Des mots terribles…
« Bien, je vous remercie d’être venu aussi vite. Comme vous le savez très certainement, des nouvelles de Bonta nous sont parvenues il y a moins d’une heure… » Commença l’émissaire, l’air indéchiffrable tant sa capuche voilait son regard. « Et… Je suis au regret de vous... de vous annoncer que-
- Non ! »
Adamaï s’était relevé de sa chaise pour frapper la table. Au coin des écailles bleutées, des larmes avaient commencé à se former.
« Ce n’est pas possible ! I-il doit y avoir une erreur, jamais il- !
- Ad’… » Son frère avait posé sa main sur la sienne. « S’il te plait… »
Les yeux encore emplis d’une rage aveugle, le dragonnet se laissa choir à nouveau, laissant Yugo masser ses phalanges dans l’espoir d’en desserrer la terrible étreinte. Les autres membres de la Confrérie et de la famille Royale compatirent, chacun à leur manière, à la souffrance des deux plus jeunes qui venaient à nouveau de perdre quelqu’un de cher. De l’autre côté de la salle, là où Ruel l’avait fait s’asseoir après une marche éprouvante depuis le laboratoire, Qilby observait les jumeaux. D’après leur réaction, leur Wakfu ne semblait pas les avoir alerté de « la rupture »… Ou du moins, pas de manière aussi brutale qu’il avait pu en faire l’expérience. Tant mieux. Non pas qu’apprendre le décès d’un proche par la bouche d’un autre ne soit plus aisé, bien sûr que non, mais si cela avait au moins pu leur éviter la… la douleur… alors ce n’était pas plus mal. Soudain, son cadet croisa son regard, le forçant à se recentrer sur Maître Joris. Celui-ci reprit :
« Je… Je suis désolé pour votre perte. Je sais bien que cela ne représente que peu de chose en une période si… difficile, mais sachez que Bonta vous sera toujours reconnaissante. » Relevant la tête. « Et que je vous le serai également.
- Humpf ! A-au moins… ! » Tenta le dragonnet, désormais seul représentant de son espèce sur ce plan d’existence. « A-au moins d-dites nous qu’il est parvenu à… !
- O-oui ! » Renchérit Tristepin, qui s’était rapproché de son camarade d’entraînement, tout aussi ému. « Il l’a e-eu, ce Népharien, pas vrai ? Il a dû livrer la plus b-belle des batailles !
- Pinpin… » Murmura Évangéline. « Je ne sais pas si c’est le bon moment pour…
- Maître Joris ? »
Tous se retournèrent à la question de la Princesse Amalia. L’intéressé ne répondit pas. Le scientifique commençait à goûter le fer : ses dents avaient entamé la chair tendre de ses lèvres.
L’antidote que vous étiez en train de concevoir…
Je suis un scientifique !
Même pas certain qu’il soit efficace…
Il y a toujours des chances que- !
« J-je ne peux rien affirmer avec certitude. Aucun… Aucun cadavre n’a été retrouvé aux côtés de… » Soupir. « … de Sir Phaéris. »
Devant le silence, l’émissaire déplia le parchemin qu’il tenait, serti d’un sceau de cire frappé de l’emblème du chêne.
« À l’aube, la patrouille Bronze, en charge d’inspecter les prairies de Montay, a découvert le… Sir Phaéris, sévèrement blessé et… inconscient. Une fiole ouverte mais également brisée se trouvait à ses côtés. Des traces d’une lutte bestiale ont pu être relevée. De son acheminement par les équipes de secours à sa prise en charge par les Éniripsas disponibles, Sir Phaéris n’a pas regagné conscience. Les blessures physiques étaient larges, multiples et profondes, notamment une au niveau du torse et deux sur le flanc gauche… Des signes et symptômes d’une forte fièvre ont commencé à faire leur apparition une heure après son arrivée au poste frontière. Malgré toutes les tentatives du personnel présent ce jour, la… la « disparition » du sujet en un flux de Wakfu a été constaté peu de temps après… »
Le vieil Éliatrope ferma les yeux, la simple luminosité ambiante, pourtant filtrée par les lianes tombantes servant de rideaux, lui donnait la nausée. Toutefois, quelque chose en son for intérieur le dérangeait : un détail du discours qui… ne collait pas. Un sentiment horrible qui lui irritait la peau. Un souvenir. Il lui fallait juste un peu de temps pour…
« Tout ça c’est de ta faute !! »
Adamaï en avait décidé autrement. Sans avoir la chance de voir l’attaque arriver, le scientifique se retrouva projeté au sol. Il parvint à réprimer de justesse le juron provoqué par son propre côté endommagé, qui n’avait que peu apprécié le contact brutal avec le plancher, mais était désormais bien en peine de retenir la furie du dragonnet dans son état. Son unique bras valide tentait en vain de protéger son visage des assauts répétés de griffes.
« C’est toi qui a planifié tout ça, hein ?! L’antidote n’a pas fonctionné : tu l’as fait exprès !!
- A-Adamaï ! J-je te jure que- !
- Tais-toi ! Tu mens !! Tu n’as jamais cessé de mentir !
- Ad’ ! » Essaya à nouveau son frère qui le maintenait à présent. « Arrête ! Ç-ça n’arrangera rien !
- Il a raison, bonhomme. » C’était le mineur, qui aidait le savant à se redresser. « O-on va en discuter, d’accord ?
- Tout le monde ici sait que tu détestais Phaéris ! » Continuait-il d’asséner. « Ça serait vraiment si étonnant que tu aies voulu en profiter pour… ! Pour l’éliminer ?! »
Ce furent les mots de trop.
« Suffit ! » Hurla soudain le scientifique, provoquant la stupeur générale. « Tu ne sais absolument rien de ce dont tu parles ! Comment oses-tu m’accuser de… ?! Après tout ce que j’ai fait pour vous !?
- Ce n’est pas comme si cela serait la première récidive. » Contra le Prince Armand.
« Et qu’est-ce que j’aurai à y gagner, hein ?! Phaéris et moi portons pas mal de différents, mais ce n’est pas comme si cela ne faisait pas déjà des millénaires que je les supportais ! Tout ça pour quoi, je vous prie… ? Risquer de retourner dans cet… cet enfer ?! »
Plutôt crever !
« Ouais, enfin… ça n’explique pas pourquoi la potion n’a pas fait effet. Ni pourquoi vous avez envoûté Évangéline en la forçant à venir vous voir tous les soirs… »
L’attention se reporta sur le guerrier roux, alors resté en retrait du tumulte.
- Pa… Pardon ? » Interrogea le Prince, une once de violence dans la voix.
« Pinpin ! Je t’ai déjà dit que- !
- Oui, oui, je sais. » Balaya l’autre. « Mais rien ne prouve que tu n’es pas sous l’emprise d’un maléfice ou je ne sais quoi, et que tout ça ne sont que des excuses. Tu ne peux pas dire que tout ça n’est pas louche ! Pourquoi tu voudrais parler à ce… à ce… !
- Ce traître ! » Conclut Adamaï.
La douce chaleur de la matinée avait été remplacée par un froid glacial. Dans son dos, Qilby sentait l’Énutrof osciller d’une jambe sur l’autre, visiblement indécis de ses prochaines actions. Un regard jeté vers l’archère lui confirma qu’il ne pourrait pas non plus compter sur le soutien de sa confidente : celle-ci était trop occupée à vouloir rassurer son futur époux de sa bonne foi… Chose qui semblait peine perdue d’après sa moue déterminée. Ne restait plus alors que…
« Yugo… ? »
L’intéressé leva la tête. Qilby n’était pas, ou plus assez optimiste pour croire que son frère lui avait déjà pardonné tous ses méfaits : il avait beau être jeune, il n’en demeurait pas moins doté d’une certaine intelligence… ainsi que d’une rancune tenace.
Cependant… Le script avait changé, non ? Combien de fois n’avaient-ils pas joué une scène différente de celles que sa mémoire lui avait fournies ? Combien de fois avait-il deviné le remord, la gêne, la compassion même, derrière ces grands iris noisette ? Voilà bien longtemps qu’ils n’avaient pas été aussi proches ; cela devait bien remonter à l’Odyssée ! Sûrement il-
« Eh bien… Je ne suis pas sûr… »
Il fallait s’y attendre. Mais tout de même…
Le Roi Sadida s’avança, écartant les querelleurs sur son passage, le regard soucieux. La « Grand Salade » n’était pas d’humeur à plaisanter dans les situations où son peuple était à risque.
« N’y aurait-il pas moyen de démêler cette histoire alors ? Bien que cette solution ne me plaise guère nous pouvons, si besoin est, perquisitionner la chambre de notre invité… »
De la sueur froide commença à se former le long de l’échine du scientifique.
Tesla !
Finalement, même s’il ne s’agissait pas de l’objet de leurs accusations, les autres n’avaient pas totalement tors non plus : il avait bien des choses à se reprocher ! Pourquoi avait-il fallu qu’il cherche à… ? Voulait-il toujours… ? Quoiqu’il en soit, si l’on découvrait quoique ce soit de compromettant, ne serait-ce qu’un misérable boulon au fond d’un placard, le moindre papier calciné au fond de sa corbeille, alors… !
« Si Sa Majesté me le permet… » Intervint subitement Maître Joris. « Il se peut que j’aie une meilleure solution à vous proposer. »
D’une sacoche relativement imposante, l’émissaire sortit alors un bien curieux objet, comme nul autre en ce monde… Un prototype.
« Il se trouve que… Sir Phaéris et moi-même avons fait la connaissance d’un certain marchand lors de notre dernière expédition à la Foire de la Science. Ce-dernier nous a assuré que sa création permettait de « lire les souvenirs », d’où le nom de « Lectanima » qui lui a été donné. Nous n’avons jamais eu l’opportunité de le tester, et je pensais d’ailleurs l’envoyer bientôt chez un antiquaire de ma connaissance, mais… Le Seigneur Phaéris semblait persuadé que nous en aurons l’utilité un jour. » Le regard qu’il lança au scientifique était dénué de toute émotion. « Peut-être ce jour est-il arrivé…
- Et comment fonctionne-t-il ? » S’enquit le Roi, perplexe devant l’engin qui, à son goût, ressemblait un peu trop à un outil de torture.
« De ce que j’en ai compris… Comme un projecteur de souvenirs. Les lunettes à l’avant sont empreintes de magie Xélor : elles permettraient de récupérer les images enfouies dans la mémoire des sujets.
- M-mais c’est sans danger ? » S’enquit la Princesse, également perturbée par l’appareil de cuir et de métal.
« Ça ne devrait pas l’être… » Répondit l’émissaire. « Pas d’après ce que nous en a dit son concepteur en tous cas… »
La coiffe crème se retrouva centre de tous les regards. On attendait visiblement son aval, ou, a minima, sa pensée sur la chose. À partir du moment où le sujet acceptait de se soumettre à l’expérience, alors la responsabilité de cette dernière n’était plus du ressort du scientifique, n’est-ce pas ? Ou de celle du tortionnaire dans ce cas… Mais avait-il encore le choix ? Refuser serait perçu comme un signe de faiblesse… Une preuve supplémentaire. Un aveu. Et qui sait, peut-être pourrait-il garder un minimum de contrôle sur ce qui serait diffusé : l’objet pouvait peut-être lire dans les souvenirs, mais il en demeurait l’écrivain et donc le maître. C’était tricher, oui, mais toujours mieux que de laisser le doute planer.
Tout ça doit avoir un sens.
Je...
Je ne repartirai pas là-bas.
« Soit… Finissons-en. »
Les Lectanima étaient bien plus impressionnantes à observer qu’horribles à porter. Certes, le cerclage métallique aurait mérité quelques ajustements pour ne pas vous écraser les tempes et la sangle de cuir ne conviendrait pas aux plus larges têtes, mais la morphologie du scientifique lui permettait de s’y accommoder sans trop de mal. On aurait presque pu dire qu’elles avaient été conçues sur mesure… La pensée lui provoqua un soubresaut involontaire, arrachant par mégarde une mèche de cheveux prise entre deux boucles d’acier.
« Ne bougez pas autant je vous prie : le manuel stipule clairement que l’appareil doit être correctement fixer pour éviter toute-
- Comme si cela était de ma faute si son inventeur n’a pas été capable de prévoir que la plupart de sa clientèle n’était pas chauve ! » Préféra rétorquer l’Éliatrope.
Cette remarque fit néanmoins s’arrêter Maître Joris un instant, celui-ci contemplant un peu trop longuement la tignasse brune qui venait une fois de plus de s’emmêler. À ses côtés, se trouvait toujours une paire de ciseaux à peine dégrossie ayant servi à débarrasser les différentes pièces de leur emballage. Qilby déglutit.
« V-vous n’oseriez pas... »
Heureusement pour lui, l’archère Crâ, restée jusqu’alors en retrait avec le reste de la troupe pour installer la petite salle dans laquelle ils avaient décidé de s’installer, prit les devant. D’une de ses nombreuses poches, elle sortit un fin bandeau noir, un de ceux qu’elle utilisait elle-même pour attacher ses propres mèches blondes par le passé. L’émissaire la remercia sobrement avant d’aller superviser le reste des opérations.
Dès son départ, Évangéline s’affaira à cette nouvelle t��che, prenant, pour les plus attentifs, grand soin de ne pas arracher davantage le scalp du scientifique. Profitant de l’agitation ambiante comme de leur mise à l’écart temporaire, elle se pencha à son oreille pour lui murmurer quelques mots. Sa voix trahissait une certaine inquiétude :
« Comment… Comment vous sentez-vous… ?
- À votre avis ? » Soupira-t-il.
« Écoutez, je ne sais pas ce que cette… machine du diable peut réellement faire, mais j’ai appris à me méfier des inventions Xélor comme de la peste. »
Qilby émit un discret grognement affirmatif à cela. Il savait ce que son frère, Adamaï et leurs amis avaient dû affronter lors de leur rencontre avec Nox, le « Xélor Fou ». Plus qu’une bande de joyeux lurons, cette quête et ces batailles avaient demandé de véritables aventuriers…
« Pensez-vous qu’il… que Yugo pourra voir… ?
- Je ne l’espère pas. » Répondit-il, sombre. « Mais vous comprendrez que je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour qu’il-
- Hey ! Éva ! » Interpella soudain son petit-ami Iop. « T’as bientôt fini ?
- Je comprends. » Chuchota l’archère en finissant d’attacher les cheveux du savant en une queue de cheval lâche. « Sincèrement. Je… Bon courage… Major. »
Elle se leva, visiblement en manque de temps… ou de paroles rassurantes. Lui dut se retenir de pouffer de rire à l’usage de ce titre ridicule : décidément, relater leurs campagnes d’extension sur leur planète d’origine avait eu des retombées déplorables. Enfin, au moins était-elle parvenue à le faire sourire avant le début de cette… « expérience » en somme. Toutefois, avant qu’il ne balaye à nouveau la pièce du regard, il eut le temps d’apercevoir celui du Roi Sadida, lui aussi observateur de la scène.
Merde…
Les avait-il vu échanger ? Lui qui voulait éviter d’attirer les soupçons… Qilby n’eut néanmoins pas le loisir de réfléchir davantage que Maître Joris appelait au rassemblement de ceux encore libres de leur mouvement. La chambre privée était enfin prête, avec ses grands rideaux de lianes tirés, ses couvertures de soie blanche suspendues en lieu et place d’une tapisserie, ainsi que de plusieurs coussins et tapis étalés à même le sol pour ceux et celles qui seraient pris de fatigue durant « l’interrogatoire ». Étrangement, l’accusé serait tourné dans le même sens que les présupposées victimes… La seule différence résidant dans la rude chaise en bois, les lianes maintenant son poignet droit immobile contre son dossier, ce pour empêcher toute tentative de retirer les imposantes lunettes de métal durant la « projection ». Elles ressemblaient presque à celles qu’employaient les forgerons pour se protéger des étincelles et autres éclats aveuglants, mais possédaient cette aura malsaine que seuls les bourreaux et tortionnaires savaient vous instiller.
« Bien ! Nous allons commencer l’interrogatoire. » Enonça Maître Joris, protocolaire à son habitude. « Messire Qilby, avez-vous- ?
- Oui, j’ai bien compris mes droits et obligations, petit gardien de l’ordre. »
Le dénommé leva un sourcil interrogateur sous sa capuche : il n’était pas dans les habitudes du scientifique d’en venir aux sobriquets et autres formules dégradantes, ce autant pour leur cible que pour leur créateur. L’Éliatrope était acculé ; le voilà à s’en remettre à de maigres attaques verbales. Intriguant. Dangereux…
« Et acceptez-vous toujours de vous soumettre aux questions que nous vous poserons ? » S’enquit le Prince Armand. « Jurez-vous de nous montrer la vérité, et seulement la vérité ?
- La vérité est un concept bien trop complexe pour des âmes aussi juvéniles que- !
- Doc’… » Grommela Ruel, une plainte silencieuse dans le regard.
Tous s’étaient réunis au centre de la pièce. Maugréant, il finit par concéder :
« Disons que je ferai de mon mieux. Les souvenirs ne sont pas forcément quelque chose… d’aisé à plier à notre volonté. » Soupir. « Et les miens, aussi précis et justes soient-ils… n’y font pas exception.
- Ne vous inquiétez pas, mon cher. » Le Roi Sadida avait posé une main sur son épaule, prenant soin qu’il s’agisse de la bonne. « Je veillerai personnellement à ce que leurs limites soient respectées. »
Cette dernière phrase, si elle fut appuyée d’une moue sévère à l’encontre du Prince, ne sembla pas apaiser le scientifique pour autant. Après tout, La Source ne connaissait pas de limites. Un puit d’encre infini dont les murs laissaient chaque jour s’envoler davantage de notes, parchemins et gravures vers Les Cimes, qui trieraient, numéroteraient… archiveraient. Ce pour les siècles et millénaires à venir.
« Qilby… ? »
C’était Yugo, qui s’était enfin approché de lui depuis le début de ce procès infernal. Cela lui rappelait d’ailleurs… Non ! Il ne fallait pas y penser. Enfouir. Enfouir loin ! Il ne pouvait pas prendre le risque que celui-là resurgisse.
« Je… J’aurai préféré que l’on fasse autrement, mais… Mais j’ai peur que les autres ne parviennent pas à croire… » Ses yeux cherchaient ses mots. « … juste des paroles. Tu comprends, n’est-ce pas ? »
Yugo, petit Yugo, naïf Yugo… Comme s’il n’y avait pas eu d’alternatives à cette farce. Aussi jeune soit-il, son frère n’en demeurait pas moins un membre estimé de la Confrérie du Tofu, un défenseur émérite du Monde des Douze. Eut-il ordonné que l’on offre le bénéfice du doute à son fou de frère, ne serait-ce qu’une enquête soit menée en premier lieu, les autres auraient bien été en mal de lui résister. Mais c’était là la différence majeure qui se tenait entre les deux Éliatropes :
Tu te croies toujours au service des autres,
là où, moi, fatigué de donner…
« Parce que toi, tu y croirais… » Demanda-t-il, un léger rire dans la voix. « … Mon Roi ? »
J’ai fini par exiger que l’on me rende la pareille.
« Bien sûr. »
Son visage enfantin était ouvert. Déterminé. Ce n’était pas la promesse d’une foi aveugle, comme il avait pu l’avoir lors de leur première rencontre dans cette vie, c’était… Du temps laissé pour s’expliquer. Écouter puis juger. S’excuser, pardonner ou demander réparation si nécessaire. C’était… de la conf- ?
« Prenez place je vous prie ! Nous allons revenir sur les évènements des deux dernières semaines. Pour rappel, une fois la machine lancée, il n’existe pas de moyens de revenir ou d’arrêter le processus de lecture : soyez donc attentifs à chaque détail. Messire Qilby ? » L’intéressé releva la tête, désormais enserrée par le cuir, le métal et le verre. « Je vous sais assez intelligent, mais aussi animé par la curiosité, pour tenter de tester les limites de cette… création. Mais je dois vous informer que le Xélor nous a mis en garde : tenter d’aller à l’encontre du « flot mémoriel », comme décrit par son inventeur, pourrait mener à… disons, des souffrances inutiles.
- Pardon ? » Les regards inquiets de plusieurs membres de la Confrérie vinrent seconder l’exclamation du Roi Sheran Sharm. « Il me semblait que vous aviez dit que la procédure ne comportait aucun ri- ?
- Elle n’en présentera aucun, Votre Majesté… Si la personne concernée se plie à son mode d’emploi. »
« Si vous ne faîtes pas de vagues » fut l’implicite. La tentative de réassurance ne sembla pas convaincre le père des Sadidas, qui, s’il s’écarta raisonnablement pour laisser place à la « projection », demeura néanmoins à une liane de distance de leur hôte. Aucune torture inutile n’aurait lieu sous son toit… Du moins espérait-il qu’elle ne le deviendrait pas.
« Tout le monde est-il prêt ? » Demanda une dernière fois l’émissaire pour bonne mesure. « Bien, dans ce cas… »
Dans sa nuque, Qilby put sentir un loquet se fermer, tandis que l’on tirait le cadre d’une chenille un peu plus haut. Contre le verre noir qui lui bloquait alors la vue, une lumière se mit à danser, créant un tunnel qui ne cessait de croître à mesure que le chaîne contre sa tempe déroulait ses maillons. Une vingtaine : un pour chaque jour que ses utilisateurs souhaitaient visionner. L’effet avait de quoi vous rendre nauséeux. Le cliquetis s’interrompit… Avant de reprendre de plus belle, mais cette fois-ci, dans le sens inverse. La lumière se rapprocha. Le tunnel rétrécissait. Encore. Encore… Encore.
Oh Déesse,
Faites donc au moins que cela soit cou- !
Soudain… La lumière le frappa en plein cœur. En plein dans ses souvenirs…
Hey ! Le Traître !
« Ah ! Ça commence !
- Apparemment, il s’agit d’une altercation entre les deux intéressés peu après notre retour de la Foire… »
Tss… Bonjour à toi aussi, Pha-…
Silence ! Phaeris n’a pas de temps à perdre avec tes paroles mielleuses, Qilby !
« Mais… ! Pourquoi… ?
- Chut ! On n’entend rien avec vos commentaires ! »
Le poison contre la créature : quand l’auras-tu terminé ?
Écoute, je ne sais vraiment pas ce qu’il te prend, mais saches que je ne pourrai pas t’en dire plus qu’à l’autre encapuchonné : le mélange n’est pas encore prêt, point final.
« Hum, outre la dénomination, voilà qui est intéressant. Alors il semblerait que Sir Phaéris ait reçu les mêmes informations que nous. »
Et pourquoi donc ?! Toi qui te vantes sans cesse de ton géni, comment se peut-il que cela ne soit pas déjà prêt ? Et ce pour une recette que tu connais déjà ?!
Ce n’est pas la formule qui fait défaut, imbécile, mais les ingrédients ! ! C’est comme si tout reprenait de zéro !
Essayerais-tu maintenant de rejeter tes fautes en plus de ton incompétence sur Phaeris, Traître ?
Ce n’est pas la peine de vouloir réendosser ton ancien rôle, Phaeris « le &X$*/+ », tu sais tout comme moi que je ne fais que dire la véri-Aaaartch ! »
« Que… ? Non…
- Hey, qu’est-ce qu’il a dit ? Phaéris le … ?
- Messire Qilby : n’essayez pas de résister au Lectanima.
- Cette… c-conversation est…
- Tout aussi importante que les autres. Merci de ne pas chercher à en supprimer des éléments qui pourraient se révéler clefs dans leur compréhension. »
Dans une d-dizaine de jours. Je devrai avoir fini dans une dizaine de jours…
Tu en es certain ? Tu n’as pas intérêt à vouloir nous berner !
Tu as intérêt à tenir ce délai. Nous ne pourrons probablement pas nous permettre d’attendre plus longtemps.
Que… ? Quelque chose est-il… ?
Contente-toi de remplir la tâche que l’on t’a confiée.
« Sire Phaéris savait. La rencontre avec le faux émissaire avait donc déjà eu lieu : les éléments concordent pour l’instant, n’êtes-vous pas d’accord Maître Joris ? »
Et pour le poison ? Pardonnez-moi de revenir toujours à notre problème initial, mais…
Je vous promets qu’il sera mis au point à temps.
« Ha ! Quand on parle du Mulou…
- Ruel ! »
J-j’y arrive pas !
Encore un effort : ouvre tes épaules davantage, ralentis ton souffle et-…
Ça marche pas ! Je vais jamais- !
Yugo, calme-toi, ce n’est qu’une question de temps avant que toi aussi tu ne-…
Non ! Tais-toi !!
« C-c’est… moi ?
- Messire Q- !
- Non, attendez. C’était… le jour de l’entraînement. Ceci est donc un… souvenir ? Peut-être que cette perspective, disons, « récente », a provoqué une vision plus ancienne ? »
Comme tu le sais très certainement, le Wakfu se nourrit des flux d’énergies traversant tous les êtres vivants, tels le sang, la lymphe, ou tout simplement l’eau…
Hey, Tristepin ! Intéressé par un petit match amical ?!
« Nous avons visiblement avancé jusqu’à l’après-midi. »
[ Quelque chose ne va pas.
Je pourrais jurer que… Mais non, ce n’est pos-
C’est comme lorsque…
Elle a su se rattraper : la chute n’a pas été violente. ]
Pourquoi donc t’es-tu interposé de la sorte ? Te rends-tu compte du danger que tu as provoqué pour Dame Évangéline ?!
J’ai dit. Regarde-la.
Il semblerait que Dame Évangéline ne soit pas en posture de continuer le combat. Nous ferions mieux de la laisser se reposer pour aujourd’hui et reprendre notre entraînement plus tard.
« Cet épisode était… particulièrement étrange.
- Il a été capable de voir que quelque chose n’allait pas donc.
- C’est pas un Doc’ pour rien : lui sait faire des observations utiles.
- Comment os- ?!
- Armand, assis-toi. »
Hey ! Je sais que vous êtes là !
Ah, vous m’en voyez vraiment désolé, ma chère…
« Voilà ! Le moment de vérité !
- Pinpin… »
Vous êtes un scientifique, non ? J’ai pensé que cela pourrait vous faire plaisir.
« …
- Maître Joris… ?
-Hum ? Non, rien… »
Le collier fonctionne. Je ne peux pas utiliser mes pouvoirs. Je suis simplement plus adepte à sentir les flux de Wakfu.
« Comme à la séance d’entraînement… »
Yugo est mon ami, j’irai même à dire que… je le considère comme un frère. Vous comprendrez donc que je ne peux pas vous laisser agir à votre guise.
Vous… Vous ne partirez pas… hum ?
« Je… Merci, Éva.
- De rien, Yugo. »
Je suis contente d’avoir eu cette discussion : je vous remercie pour votre honnêteté. J’aurai encore plusieurs questions à vous poser.
Malgré le plaisir de votre présence… je ne peux pas me permettre de délayer davantage mes travaux sur l’antidote. Mais peut-être seriez-vous intéressée pour partager une autre tasse de thé, disons… Après-demain, vers 15 heures ?
« Donc… Tu voulais juste le surveiller de plus près Éva ? Tu aurais pu me le dire quand même : tu sais quel mal j’ai eu à distraire les gardes durant tout ce temps !
- Pardon ?! Distraire les g- ?!
- Plus tard, Armand. Plus tard. »
Ad’ s’interroge beaucoup ces derniers temps… Il s’est rendu compte que… il, enfin nous – les Éliatropes et les dragons – avons des pouvoirs incroyables. Mais que cela signifie également que nous devons apprendre à les contrôler pour éviter des accidents… de blesser les autres.
« Hey !
- Je devais en parler, Ad’. Il fallait bien commencer quelque part… »
Eh bien, je vous remercie pour cet après-midi. J’espère, cette fois-ci, vous voir manger davantage qu’au diner d’hier soir. Vous ferez plaisir à Yugo en avalant plus que trois feuilles de salade…
Oserai-je voir du souci pour ma santé dans cette requête ?
Pensez donc à faire corriger vos lunettes…
J’y veillerai…
« Et toi qui doutais… »
Qilby ?!
Hum… ? Oh, Yugo : c’est toi ! Déjà debout ? Je me suis simplement retrouvé à cours de thé et cette charmante personne s’est proposée pour m’accompagner jusqu’à la réserve !
Tu es disponible cet après-midi ?
Disponible est un bien grand mot. Je serai présent dans ma cellule jusqu’au souper si c’est que tu souhaites savoir.
Ah, Yugo ! Comment ça va aujourd’hui, gamin ? Et vous, Doc’ ? C’est rare de vous voir ici-bas dès le réveil ! Vous ne vous êtes pas trop fait mal en tombant d’vot’ lit j’espère ?
« C’était il y a une semaine. Le jour où… »
Sir Phaéris ne nous a pas encore rejoint ?
[ Hey ! Le Traître !
Le poison contre la créature : quand l’auras-tu terminé ?
Un Nephylis…
Dans une d-dizaine de jours. Je devrai avoir fini dans une dizaine de jours…
J’imagine certainement, à l’image de certains ici présents, que ceux-ci se sont lancés tête baissée dans la bataille, hum ?
La bête les as r-ravagées.
Or, il s’agit là exactement de ce que la créature désire…
.
Nous ne pourrons probablement pas nous permettre d’attendre plus longtemps.
.
.
Déjà debout ?
C’est plutôt moi qui devrais te faire la remarque ! ]
L’a-antidote. Phaéris est parti avec l’antidote.
« Il avait déjà compris avant nous ce qu’il se tramait. Mais cela demeure logique compte-tenu de leurs interactions passées. »
Combien de temps avant qu’il n’atteigne votre Cité ?
Un jour… Peut-être deux-
C’est beaucoup trop long. Et les Zaaps ? Vous n’en avez pas à disposition ?
Messire Qilby… ? L’antidote que vous étiez en train de concevoir, n’avez-vous pas dit que sa confection en était presque achevée ?
« Il…
- Oui, on dirait bien, Ad’. »
En théorie, oui. Mais il restait encore à réaliser les tests de contrôle : cette formule n’est pas la même que celle que j’avais pu développer à l’époque ! Tout était à refaire. Il pourrait y avoir un délai d’action à prendre en compte, voire même des effets secondaires ! Je ne suis même pas certain que… !
[ Même pas certain qu’il soit efficace… ]
Messire Qilby. Vous n’êtes pas responsable pour ce qui est arrivé aujourd’hui.
[ C’est moi qui étais responsable de… ]
« Ne serait-ce pas… Sir Phaéris ?
- Ooooh ! Il est vraiment adorable comme ça !
- Oui, mais… C’est une vision du passé, n’est-ce pas ? »
Et je suis certain que Sire Phaéris nous reviendra… Sain et sauf.
Je vais vous laisser… Messieurs.
Vous souhaitiez me voir… les garçons ?
Si les Éliatropes sont faits d’énergie, et que le collier la bloque, même de manière incomplète… N’y-a-t-il pas un risque que… ?
Ouais, et donc… avec Yugo, étant donné que l’on n’a pas grand-chose de prévu pour aujourd’hui, on voulait te poser quelques questions concernant la langue draconique.
« Ah oui, c’est vrai que plus tard, on était allé lui rendre visite. Pour… tuer le temps. »
Tss… Bon tous les deux, on peut reprendre… ?
Les désirs de Sa Majesté sont des ordres.
Pah ! Touché !
« En tous cas, vous aviez l’air de bien vous amuser. Faudra qu’vous m’invitiez la prochaine fois ! »
Tu… Tu leur en veux ?
Le prix à payer aurait été trop élevé. Vous… Vous devez comprendre de quoi je veux parler, non ?
« Hum, Maître Joris, cette conversation me semble plutôt… privée.
- Nous arrivons bientôt à la fin, Vôtre Majesté. »
Dites doc’, vous allez finir par la poser cette fiole ?
Hum ? Pas tant que la décoction n’aura pas pris des tons orangés, non…
-oc’ ? Vous ê- là ? Doc’ ! Par les Douze, mais qu’est-ce qui vous a- ?
Pha-é-ris - il - Pha-éris est… Phaéris est mort…
« Alors c’était ça, ce qui vous arrivait ce matin, Doc’.
- L-les Éliatropes peuvent… vivre la mort des autres ?
- Comment ça se fait que nous on n’a rien ressenti ?!
- Effrayant… »
Bien, je vous remercie d’être venu aussi vite. Comme vous le savez très certainement, des nouvelles de Bonta nous s-
« Et voilà qui conclue notre histoire. »
Il pouvait à nouveau respirer. Il avait réussi. Ses premières tentatives pour modifier l’incessant flot de souvenirs avaient été grossières, perçues directement par leurs spectateurs. Toutefois, dès qu’il eut compris qu’il valait mieux les réarranger, quitte à déformer l’histoire originale, ce plutôt que les censurer, alors la projection avait pu se dérouler sans accrocs… Pour lui comme pour les intérêts qu’il se devait de protéger. Finalement, cela ne changeait pas de ce qu’il avait déjà eu à faire par le passé : ne pas dire la vérité, mais ne pas mentir non plus. Il avait masqué les entrevues avec l’archère par des sessions d’étude, celles avec Ayssla par des heures passées dans son laboratoire. Le scientifique espérait seulement que ses efforts seraient récompensés. Étrangement, il avait du mal à s’en convaincre.
« Bon, après ce visionnage… instructif, je pense que nous pouvons, sans trop nous tromper, rejeter les accusations initialement prononcées à l’encontre de notre hôte. » Le ton du Roi se voulait aussi diplomatique que ferme. « N’est-ce pas ?
- En effet. » Appuya l’émissaire de Bonta. « Je n’y vois pas d’inconvénients. Il paraît désormais très peu probable que Messire Qilby ait volontairement cherché à nous nuire. »
Il aurait aimé leur rétorquer que le soupçonner en premier lieu avait été une aberration, qu’il aurait eu trop à perdre dans ce pari, que si la fin pouvait parfois justifier les moyens, il n’en était pas à sacrifier ses cartes par pur plaisir sadique… Mais après les évènements qui avaient suivi son premier retour, il se voyait bien en peine de jeter la pierre aux Douziens. Déesse, les rôles auraient-il été inversés, nul doute aurait-il réagi de la même manière.
Peut-être même aurai-je été pire qu’eux…
Très certainement.
« On… peut peut-être lui retirer l’appareil, non ? Maintenant que c’est fini. »
La voix de son cadet lui fit presque chaud au cœur. Elle semblait si énergique en comparaison aux échos qu’il avait été forcé d’écouter ces trente dernières minutes ! La source conservait les faits, mais n’avait que faire des sens : rares étaient les souvenirs qu’il était encore capable de ranimer à leur plein potentiel. Il manquait toujours cette odeur de printemps, cette voix aux notes cristallines, cette caresse d’un vêtement fraichement repassé… Une pièce de théâtre où les acteurs se voyaient progressivement changés en mannequins dénués de toute expression. De toute vie.
« C’est vrai qu’on doit pas y voir grand-chose avec ce machin sur le nez ! » Déclara une autre, à n’en point douter son ami mineur à son accent tranché. « Bougez pas, Doc’, j’me charge de- ! »
Très honnêtement, cette histoire aurait dû s’arrêter ici. On le libérait de cette machine du diable, le disculpait de cette affaire, voire, avec un peu de chance, lui présentait des excuses… Repas, tasse de thé, nuit blanche.
« Eh bien moi, je ne suis pas d’accord !
- Pinpin ? Qu’est-ce que- ?
- Éva n’est pas allée qu’une fois le voir et pourtant, on n’a vu qu’une seule visite ! Et on ne sait toujours pas ce que Phaéris et lui ont vu chez elle : il y a quelque chose qui cloche là-dedans et je vais faire la lumière sur toute cette affaire !
- Non, Messire Tristepin ! Il ne faut pas- ! »
Tout ce qu’il sentit, ce fut la chaine partir, accompagnée de quelques mèches de cheveux sauvagement empoignées dans le mouvement… à la différence que les maillons ne furent pas soigneusement comptés. Le défilement métallique résonna comme une avalanche à ses oreilles, ne s’arrêtant qu’avec les cris d’alarme et les grognements des personnes à ses côtés, visiblement aux prises avec le guerrier Iop qui continuait de réclamer de savoir « pourquoi ».
Et ô comme il allait être servi…
Car là-bas, dans les entrailles de ces méninges retorses, il allait trouver toutes les réponses qu’il n’aurait jamais imaginé révéler… Et plus encore celles qu’il n’aurait jamais désiré voir.
.
.
.
Celles que tu aurais préféré garder pour toi seul, pas vrai… ?
~ Fin du chapitre 9
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L'enfant de Caïus
Altheïana Swan marchait d'un pas assuré dans les couloirs sombres du Palazzo di Volturi, son cœur battant la chamade. Elle était la compagne humaine de Caïus Volturi. Malgré les différences évidentes entre eux, leur amour était sincère et profond.
Altheïana avait découvert sa grossesse il y a quelques semaines, une nouvelle qui avait bouleversé leur vie à jamais. Elle savait que porter l'enfant d'un vampire était risqué, mais elle était déterminée à donner naissance à cet enfant qu'elle et Caïus chérissaient déjà.
Caïus, de son côté, était terrifié à l'idée de perdre Altheïana à cause de sa grossesse. Il l'aimait plus que tout au monde et ne supportait pas l'idée de la perdre. Il était devenu surprotecteur, veillant sur elle à chaque instant, craignant le moindre signe de danger pour elle et leur enfant à naître.
Un soir, alors que la lune était haute dans le ciel, Altheïana se glissa dans les bras de Caïus, sentant le poids de leur destin reposant sur ses épaules.
"Caïus, mon amour, je sais que tu as peur pour moi et notre enfant. Mais je suis prête à affronter tous les obstacles pour vous deux. Ensemble, nous sommes plus forts que tout." murmura-t-elle doucement.
Les yeux rouges de Caïus brillèrent d'émotion, son cœur se serrant d'amour pour la femme courageuse qui se tenait devant lui. Il la serra contre lui, sentant son amour pour elle déborder de chaque fibre de son être.
"Je te promets que je serai là pour te soutenir en tout temps, Altheïana. Nous traverserons cette épreuve ensemble, main dans la main, jusqu'à ce que notre enfant voie le jour." déclara-t-il d'une voix pleine d'émotion.
Les jours passèrent, et la grossesse d'Altheïana se déroula sans encombre, grâce à la vigilance et à l'amour de Caïus. Enfin, le jour de la naissance arriva, et Altheïana mit au monde un magnifique enfant, le fruit de leur amour indéfectible.
Dans les appartements du seigneur, Caïus prit dans ses bras sa partenaire et leur nouveau-né, des larmes brillant dans ses yeux.
"Merci, Altheïana, pour tout ce que tu as sacrifié pour notre famille. Je t'aime plus que tout au monde, et je promets de veiller sur toi et notre enfant pour l'éternité." murmura-t-il, le cœur gonflé d'un amour incommensurable. Brusquement, il enfonça ses dents dans le cou de sa dame, la transformant en une vampire.
Alors que le soleil se levait sur Volterra, une nouvelle famille était née, unie par la force de l'amour et prête à affronter tous les défis qui se dresseraient sur leur chemin.
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10« N'essaie pas de me réparer. Je ne suis pas brisé. » Agatha x reader pls
Avec grand plaisir!
Agatha se tenait là, au bord de la route, son regard perdu dans le vide. Les rayons du soleil filtraient à travers les branches des arbres, créant un jeu d'ombres et de lumières sur son visage marqué par les épreuves. Une légère brise agitait les feuilles, mais elle ne semblait pas en sentir l'effet. Son expression était celle d'une profonde mélancolie, une tristesse palpable qui enveloppait son être. Reader, bien que distante, pouvait presque ressentir la lourdeur de son chagrin.
Son manteau, qui flottait autour d'elle, semblait plus sombre que d'habitude, comme si les couleurs du monde s'étaient estompées en ce jour particulier. Reader savait que cette journée marquait l'anniversaire de la mort de Nicki, le petit garçon qu'Agatha avait perdu trop tôt.
Les souvenirs affluaient dans l'esprit de Reader, des images d'Agatha riant aux éclats, de sa voix chantante qui résonnait dans l'air frais de Salem. Mais aujourd'hui, il n'y avait que silence et tristesse. Agatha avait toujours été forte, mais aujourd'hui, elle semblait brisée, comme un vase en mille morceaux. Reader l'observait, le cœur lourd, consciente de la profondeur de la douleur qui habitait son amie. Les souvenirs de Nicki, bien que doux, étaient également une source de douleur, et Reader savait que le poids de cette perte était insupportable.
La route, habituellement animée, semblait s'être figée autour d'Agatha. Les rires et les conversations des passants se mêlaient à l'air, mais pour elle, tout cela paraissait lointain, presque irréel. Reader pouvait voir les larmes aux coins des yeux d'Agatha, des perles de tristesse qui menaçaient de couler à tout moment. Elle se tenait là, immobile, comme si le temps s'était arrêté, perdue dans un océan de souvenirs et de regrets.
Au coin du feu, la chaleur des flammes dansait, projetant des ombres vacillantes sur les visages de Jen, Lilia, Alice et Billy, qui étaient assis en cercle, absorbés par la lueur réconfortante. Les crépitements du bois se mêlaient à l'air frais de la nuit, créant une atmosphère à la fois intime et chaleureuse.
Reader, consciente du besoin d'Agatha, se leva lentement, son cœur battant à l'unisson avec l'intensité de l'instant. Elle s'approcha d'Agatha, qui était à l'écart, perdue dans ses pensées. Reader avançait avec précaution, comme si chaque pas pouvait briser le fragile équilibre de l'atmosphère.
Quand Reader posa sa main sur le dos d'Agatha, un frisson parcourut le corps de cette dernière. Elle savait que c'était Reader, comme elle l'avait toujours su. Il y avait une connexion entre elles, un lien indéfectible qui transcendait les mots. Agatha se retourna lentement, ses yeux cherchant ceux de Reader. Dans ce moment suspendu, leurs regards se croisèrent, et une compréhension silencieuse s'installa entre elles.
Reader pouvait voir la profondeur de l'émotion dans les yeux d'Agatha, une mer de sentiments tumultueux, mêlant tristesse et espoir. Le monde extérieur s'estompa, laissant place à cette bulle intime où seules elles existaient. Reader, avec douceur, savait qu'elle devait être là pour Agatha, prête à écouter et à soutenir, sans jamais rien forcer.
Agatha plonge son regard dans celui de Reader, ses yeux reflétant une intensité mêlée de défi et de vulnérabilité. Elle rompt le silence, sa voix ferme mais douce :
« N'essaie pas de me réparer. Je ne suis pas brisé. » Ses mots flottent dans l'air, chargés de sens.
Reader, surprise par la déclaration, laisse échapper un fin rire ironique, un son qui trahit sa compréhension profonde de la situation.
« Tu sais que c’est un mensonge, » répond Reader, son ton léger mais empreint de compassion.
Elle sait que derrière cette façade de force, Agatha cache des blessures invisibles.Reader s'approche alors, son cœur battant un peu plus vite. Elle prend Agatha dans ses bras, enveloppant celle-ci d'une chaleur réconfortante. Reader passe délicatement sa main dans les cheveux d'Agatha, un geste tendre qui exprime tout ce qu'elle ne peut pas dire.
Agatha se laisse aller un instant, fermant les yeux, profitant de cette étreinte. Elle sait que Reader est là, non pas pour changer quoi que ce soit, mais pour l'accepter telle qu'elle est, avec ses cicatrices et ses failles. Dans ce moment partagé, un silence apaisant s'installe, où les mots ne sont plus nécessaires.
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Évidemment, nous n'apprenons jamais rien. Le ciel se ferme et les yeux. La pluie coule - mais les caniveaux de mon cœur...
Au milieu de Celetná - et les passants - je ne heurte pas - mais je m'abîme - les larmes sous mes talons et les pavés trébuchant - dans ma bouche inaudible... Nul sanglot n'aura chassé les nues.
La rosée n'émeut plus ce bleu qui délave. Attendre... à n'en pouvoir plus - rougie jusqu'au bout des cils. Et les tuiles se détachant une à une. A vive allure, je marche - vers quel azur. Vers quelle échappatoire.
Passage bouché - de mon âme - envolée d'oiseaux. Je perds ma voix - quand mon cœur, de mes lèvres, coule. Nausée, à fendre l'âme des rues.
Ils passent. Sans savoir quel précipice - aimer. Quel danger. Les mains humides - à force de sécher mes joues. Glacées par le vent et le froid qui rôdent - de place en place. J'ai marché.
J'ai lutté. En vain - paroles d'amour - et mes pleurs - à défoncer l'asphalte de leurs cris - j'aurais voulu pouvoir pousser entre les pavés, sur ma poitrine, que les germes percent ma peau - que de leurs yeux, les feuilles te regardent -
J'aurais voulu pouvoir éclore mille tendresses. Que le béton de mon ventre - meurt. Tout ce qui sourd de mon corps - émotions confuses - les églises ont perdu leurs vitraux. Et les tessons, dans mes mains.
J'ai beau hurler. J'ai beau jouir. J'ai beau écrire. Je disparais. Au milieu des foules - mes bras levés - pour chercher l'espace - où te retrouver. Avalée par les vagues.
Mes yeux mouillés - ne connaissent plus la pitié ni la joie. Et j'avale, avec difficulté. Des pierres. Et j'avale, avec difficulté, tes mots. Et je trouverai - effrontée - la percée de ciel
- je trouverai le soleil ascendant - qui fait pour moi raison, définitive, de te rester. Et de demeurer là, étendue, à l'ombre de tes yeux, sous un astre inflexible qui, tous les deux, nous étreint d'une même lumière - sans jamais savoir ce qui nous déparie - sans trouver fermeté à nous départir - l'un de l'autre
- non. Je ne trouve pas sens, ni conscience à aller seule - lointaine. Ni impératif, ni volupté - ni estrangement - ne sauraient avoir raison de moi. De mes entêtements. À nous colluder. À renaître la joie - dans ton cœur et le mien - à n'avoir d'autre croyance que d'aimer et de jouir
- et de savoir le bonheur réalisé, ici-bas et maintenant. Si sous ta main, tu perçois le sang qui bat - avec fureur - dans mes veines. Pour crier d'aimer, vivre - et aimer vivre - encore, ne serait-ce qu'un instant - plutôt que cette mort qui nous fait solitude
- je mordrai encore (sans pitié) à ta peau pour qu'à mes dents le sang gicle - et que je te sache, là. Plein d'envie - et de vie. Les yeux humectés - de peur - de ne plus te connaître - je te rassemble. Sur ma poitrine.
Et du pied, je chasse les feuilles. Les bâtiments ni la nuit n'encombreront la clarté de mon ciel. Je piétinerai tout ce qui m'empêche et ferai de grands signes - dissiper les ombres.
Que mes larmes encore tressautent. Pour écumer l'horreur. Furieuses. Acharnées. Mes forces. À te renaître encore - et braver...
L'incendie qui m'éclaire et me nuit.
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