#les aiguilles d’or
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aforcedelire · 1 year ago
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Les Aiguilles d’or, Michael McDowell
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Entre opulence et misère, à New York, l’an de grâce 1881 laisse place à 1882, année de tous les projets. Et le juge Stallworth est bien décidé à mener le sien à bien : il veut éradiquer le mal et le vice du Triangle Noir, quartier mal famé où l’opium, la corruption et la violence font loi. Pour cela, il s’attaque à une famille redoutable (et matriarcale) qui y règne en maîtres : les Shanks.
Après le succès et mon coup de cœur pour la saga Blackwater, j’attendais ce nouveau roman de Michael McDowell avec hâte et crainte. Eh bah j’ai vraiment passé un bon moment ! C’est très différent (forcément) de Blackwater, mais j’ai retrouvé des thèmes similaires : pour ne citer qu’eux, la matriarche qui dirige sa famille d’une main de fer, la guerre ouverte entre deux familles, ou encore le côté sombre de l’humain. J’ai eu un gros coup de cœur pour la famille Shanks et pour Helen Stallworth.
L’ambiance se met en place progressivement, et le tout m’a vraiment fait penser à la série Peaky Blinders ! On est du côté des « méchants », des criminels, des voleurs, de la corruption, et c’était une lecture intense ! La violence monte peu à peu, jusqu’à l’impitoyable réponse de Lena Shanks… Je n’ai pas autant aimé que Blackwater, mais ça se joue au coude à coude, et c’était vraiment bien. J’attends le reste des romans de McDowell avec impatience ! Encore un travail ultra qualitatif de la part des éditions Monsieur Toussaint Louverture !
14/11/2023 - 22/11/2023
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codumofr · 10 days ago
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Une ancienne fibule en or et d’origine romaine datant de 303. La Fibule ou “Fibula” en latin est une agrafe servant à fixer l'extrémité d'un vêtement et se trouve généralement faite en métal. Apparaissant durant l’Âge du Bronze, elle est généralement considérée comme l’ancêtre de l’épingle à nourrice.
Elle fut utilisée en 1er par les Étrusques dès leur période orientalisante (7e siècle avant J.-C.) Et elles étaient surtout destinées à attacher des vêtements ou bien certains ayant été simplement des broches décoratives. Amélioration qui permet plus de praticités que le simple nœud ou que la simple aiguille qui se perdait assez facilement lors de mouvements. La tête était alors très souvent décorée tandis que “l’Arc” ou aussi nommer “le Corps”, lui comportait souvent des décorations étant très élaborées, ainsi que dans certaines cultures, des décorations ayant comme références la symbolique de chaque peuple, tout en pouvant être associées à un rang, une profession ou bien pour différencier femmes et hommes mariés, guerriers ou chefs de clans. En exemple de cela, nous pouvons nommer la Fibule étrusque du site de Chiusi qui est datée de vers -630 tout en étant conservée au Louvre. Elle porte une inscription parlante qui dit “Je suis la fibule de Arath Velavesna, Mamurke Tursikina m’a donnée”, marquant ainsi la propriété de la fibule, mais aussi la personne qui est le donateur de cette dernière. Certaines représentaient aussi un grade dans l’armée romaine, tandis que d'autres pouvaient aussi jouer le rôle d’amulettes de conjuration du mauvais sort et certaines finissaient ainsi déposées dans des sanctuaires ou sur des autels comme offrandes. Les fouilles archéologiques entreprises ont permis de retrouver de nombreuses fibules métalliques (faite de bronze, d’argent, d’or ou de fer), mais aussi d’ivoire et dont même certaines ont été incrustées de pierres précieuses ou richement ornementées. De nos jours, les fibules aident les archéologues à dater les couches stratigraphiques (couche de la terre, permettant la datation) qu’ils fouillent. Au 1e siècle, quelques fibules pouvaient avoir leurs ressorts couverts par une extension du corps en métal, ces dernières étaient alors connues comme les fibules à ressort caché ou ouvert. C’est aussi au 1er siècle qu'apparaît un nouveau type de fibule portant une aiguille attachée par son bout à une petite charnière, ce mode de fixation sera utilisé par tous de types de fibules. Au 3e siècle av. J.-C., la charnière était placée au centre de ce qui était une longue barre créant ainsi la fameuse fibule du type “Arbalète” qui existait bien auparavant, mais était encore très rare et qui disparut vers le début du 5e siècle.
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loups-histoire · 3 months ago
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chapitre 1 : partie 1/2
La neige bruisse sous ses pas. Ses pieds n’en peuvent plus. Il a marché pendant des jours. Il ne se souvient pas de la dernière fois qu’il a dormi dans un vrai lit avec de vraies couvertures en fourrure. 
Il est entré dans la forêt il y a quelques jours. Ça devrait être la dernière étape de son voyage. Entre les cimes des conifères, les derniers nuages gris et cotonneux quittent le ciel. Le soleil brille dans les clairières et l’ombre domine sous les bras des mastodontes épineux.
Sous le couvert de leurs aiguilles, le froid est impitoyable, surtout la matinée où l’air de la nuit se fait encore sentir. Il est heureux d’avoir sa fourrure qui recouvre ses épaules et le haut de son corps.
Un grand bâtiment en bois et en pierre apparaît entre les sapins. C’est le Refuge du Loup, sa destination. Des apprentis venant de toutes les contrées se réunissent dans cet endroit. C’est là où ils vont devenir des guerriers accomplis, où ils vont devenir des loups. Il aimerait être un loup aussi. 
Il y entre sans attendre. L’air à l'intérieur réchauffe son corps et brûle ses doigts. Elle amène avec elle de nombreuses odeurs qu’il n’arrive pas à identifier. Chacune doit appartenir à une personne différente. Il tape le sol avec ses pieds pour enlever la neige. 
D’autres comme lui sont déjà arrivés. Ils forment leur meute avec des gens qu’ils viennent juste de rencontrer. Elles risquent de changer au cours de l’année. En revanche, sa meute est déjà au complet.
Il est déstabilisé par tous ces gens. Les voix fusent dans le hall d’entrée. Le sac sur ses épaules est la seule chose familière après des mois de voyage dans le silence. Il s’habituera à ça.
Il se glisse au hasard entre les groupes. Il arrive à des escaliers qui mènent à des couloirs en hauteur. Il hésite. Est-ce qu’il a le droit de monter ? Il observe ce qu’il y a au-dessus de lui.
Un plancher supporté par des piliers entoure le hall. Certains apprentis discutent tranquillement, appuyés aux barrières. De là-haut, il aura une bonne vue de la situation.
Les escaliers ne grincent pas sous ses pieds. Sa main glisse sur le mur en bois lisse, presque doux. Cette sensation le dérange, ses doigts cherchent la rugosité de l’écorce en vain.
Il arrive en haut. Des rangées de corridors l’accueillent. Les choix de destination le paralysent un instant. Cet endroit semble plus grand de l’intérieur que de l’extérieur.
Le bourdonnement des conversations le guide vers la barrière qui donne sur le hall. D’en haut, il lui semble qu’il y a beaucoup moins d’apprentis que ce qu’il pensait et le hall n’est plus aussi vaste.
Il soupire. Il vient à peine d’arriver mais il est déjà submergé d’informations. Il a l’impression d’avoir sauté à pieds joints dans un monde qui lui est presque inconnu.
Une boule reste au creux de son ventre. Si ça ne se passait pas bien ? S’il ne se fait que des ennemis ? S’il n’est pas à la hauteur ? Il expire toute l’air qui se trouve dans ses poumons. Ses épaules se relâchent. Ça va aller.
Des bruits de pas le tirent de sa transe. Fenrir se crispe de nouveau malgré lui. Un apprenti aux cheveux d’or trottine vers lui. Fenrir a le temps de l’observer. Il a à peu près le même gabarit que lui. 
C’est-à-dire fin, probablement agile. Ses vêtements amples l’empêchent de se faire une idée de sa force physique. Il faudra peut-être faire attention à lui. 
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angelitam · 9 months ago
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Partageons mon rendez-vous lectures #22-2024 & critiques
Voici mes critiques littéraires sur Livres à profusion. Je reprends le cours de mes lectures. Les aiguilles d’or de Michael McDowell Les aiguilles d’or de Michael McDowell – Editions Monsieur Toussaint L’Ouverture En lecture, le tome 20 de Linley et Havers, même si je l’ai déjà lu, La punition qu’elle mérite d’Elizabeth George. La punition qu’elle mérite d’Elizabeth George – Editions…
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turkaesthetic · 10 months ago
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Qu’est-ce le processus Micro-aiguille en Turquie
Qu’est-ce le processus Micro-aiguille en Turquie Istanbul, est une procédure cosmétique non chirurgicale et sûre, l’opération de l’aiguille d’or est une nouvelle technique pour resserrer la peau du visage et améliorer sa texture.
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lebibliocosme · 1 year ago
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Les aiguilles d'or
Titre : Les aiguilles d’or Auteur/Autrice : Michael McDowell Éditeur : Monsieur Toussaint Louverture Date de publication : 2023 (octobre) Synopsis : Dans le New York de la fin du XIXe siècle coexistent deux mondes que tout oppose. D’un côté, l’opulence et le faste. De l’autre, le vice monnayé et l’alcool frelaté. C’est à leur frontière, au coeur de l’infâme Triangle Noir, qu’une famille fortunée…
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ochoislas · 2 years ago
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EL ALMUERZO ADEREZADO
Hija, deja ya a un lado la aguja y la lana; está al llegar el amo; en la mesa de roble, sobre nuevo mantel de ofuscadores pliegues, dispón la loza clara y los lúcidos vasos. En la ensenada copa con cuello de cisne, sobre pámpanas verdes, pon fruta escogida: los priscos que recubre un veludillo virgen, onustos gajos negros, mezcla con dorados. Que bien cortado pan colme los azafates; luego cierra la puerta y espanta las abejas. Abrasa fuera el sol, se cuece la muralla. Remedemos la noche entornando las hojas, conque la estancia así, sumida en la sombra, se embeba de la fruta que la mesa abruma. Y ahora ve al corral a sacar agua fresca; y, viniendo de vuelta, mira bien que el jarro no pierda en mucho rato, fundiéndose gélido, un vaho muy liviano pegado a su panza.
*
LE REPAS PRÉPARÉ
Ma fille, laisse là ton aiguille et ta laine ; Le maître va rentrer ; sur la table de chêne Avec la nappe neuve aux plis étincelants Mets la faïence claire et les verres brillants. Dans la coupe arrondie à l’anse en col de cygne Pose les fruits choisis sur des feuilles de vigne : Les pêches que recouvre un velours vierge encor, Et les lourds raisins bleus mêlés aux raisins d’or. Que le pain bien coupé remplisse les corbeilles, Et puis ferme la porte et chasse les abeilles. Dehors le soleil brûle, et la muraille cuit. Rapprochons les volets, faisons presque la nuit, Afin qu’ainsi la salle, aux ténèbres plongée, S’embaume toute aux fruits dont la table est chargée. Maintenant, va puiser l’eau fraîche dans la cour ; Et veille que surtout la cruche, à ton retour, Garde longtemps, glacée et lentement fondue, Une vapeur légère à ses flancs suspendue.
Albert Samain
di-versión©ochoislas
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th3lost4uthor · 3 years ago
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Au Lotus Pourpre - Acte 1
Au dehors, le soleil achevait sa course vers l’horizon, tandis que quelques nuages paresseux rejoignaient les étoiles naissantes. L’air était encore chaud pour ce début d’automne et l’on pouvait entendre en contre-bas le rire d’enfants qui s’amusaient dans les ruelles avoisinantes : le Quartier des Plaisirs était calme. Cependant, elle préférait ne pas s’y appesantir… En effet, dans quelques instants, la discrète pendule du petit salon ferait retentir les dix coups qui ne manquaient jamais de marquer le début de son service. Cela ne l’empêcha pas pour autant de savourer ces dernières minutes de répit passées à l’observation de deux novices qui s’afféraient aux dernières préparations de la cour intérieure, leurs innombrables tresses sautant à chacun de leurs pas et leurs robes blanches où se reflétaient les derniers éclats de jour. Sur la coursive, une de leurs aînées directes, à la taille enserrée de soie jaune, les apostropha, les sommant de se hâter vers la grande salle pour accueillir leurs hôtes. Un bref coup d’œil vers les aiguilles : plus que cinq minutes… Mieux valait descendre également, ou bien Dame Rey trouverait une excuse pour lui imposer des « entrevues » supplémentaires.
La jeune femme soupira, avant de se résigner à quitter le large fauteuil de rotin aux couvertures pourtant si confortables. Elle débarrassa la coupelle de biscuits empruntée aux cuisines, réarrangea deux ou trois ouvrages dont elle avait entamé la lecture, et se dirigea finalement vers l’imposant miroir trônant au-dessus de la coiffeuse dont était impérativement équipé chaque appartement. Enfin, au moins n’était-elle plus à présent contrainte de le partager avec une dizaine d’autres lorsqu’elle dormait encore en dortoirs avec les novices : c’était là le luxe octroyé à celles qui étaient parvenues à survivre en ces murs. Derrière le large disque de verre poli, son reflet l’observa :
 Une peau d’ivoire,
à l’image de ses cheveux en fil de lune,
laissés lâche à l’exception d’une fine natte,
réhaussée d’un ruban améthyste,
et pour finir…
Deux yeux à la couleur de sang.
 Elle soupira. Décidément, une trentaine d’années plus tard, elle ne parvenait toujours pas à s’y faire. Pourtant, il fallait croire que son apparence « exotique », comme l’avait un jour décrite un des clients, avait su trouver sa place parmi les fantasmes des hommes de la capitale, parfois même des villes alentours. Oh, mais n’allez donc pas mal interpréter cette humeur passagère : en aucun cas ne se plaignait-elle de sa condition ! Après tout, « Le Lotus Pourpre » était l’établissement le plus prestigieux du Quartier des Plaisirs ; un haut lieu où tout le gratin de la cité reine se pressait, ne serait-ce que dans l’espoir d’en apercevoir les bourgeons ! Magistrats, banquiers, avocats, ministres, commerçants de renom voire membres de la famille impériale en personne : nul ne savait résister aux charmes des fleurs qui s’épanouissaient au cœur de la pagode au toit d’or. Serait-elle née dans l’une de ces maisons closes de la périphérie, où même les badauds se refusaient à mettre les pieds, elle n'aurait pas eu cette chance. Ici, elle était considérée comme une exquise rareté.
 Traitée comme une pièce de choix…
  Elle n’avait pas eu à subir autant d’années de service pour hériter de la même couleur que certaines de ses consœurs. Le violet, que l’on retrouvait sous toutes ses déclinaisons, s’accompagnait de ses privilèges : moins de « tendresses » et plus de « bavardages ». Son physique avait eu la décence de lui épargner davantage de temps dans la couche de ces Messieurs du Grand Monde. Cela ne l’empêchait pas de se laisser aller à quelques « gâteries » (également connue sous le nom de « bonne décharge » selon ses propres mots), mais c’est juste que… Enfin, tout se ressemblait à présent : elle avait déjà vu toutes les bizarreries, entendu toutes les requêtes salaces, toucher toutes les surfaces que pouvait offrir le corps humain, gouter t-… Bref, quand l’on était une dame de compagnie (« une pute de luxe »), il devenait de plus en plus difficile de se faire surprendre. Tout simplement. Avec un peu de chance, le programme de ce soir se limiterait à tenir une discussion sur le cours du sel avec tel marchand fortuné, pourquoi pas jouer quelques parties de Win’t avec Sir Pele, invétéré de la boisson, mais surtout amateur des novices en blanc… Et, qui sait, peut-être même pourrait-elle espérer se coucher avant l’aube !
Une dernière vérification des lieux, si l’un des invités de marque venait malgré tout à exiger, pardon, « désirer », une soirée « dans son intimité », un mauvais pli chassé du revers de la main, et elle s’engouffrait dans le long corridor feutré en direction du rez-de-chaussée. Après l’escalier de bois sculpté, qui donnait sur une vaste entrée, telle une actrice jetée sous le feu de la scène, son visage s’étira en un fin sourire, à la fois charmeur et élégant, son échine se cambra légèrement, et son regard se mit à survoler chacune des têtes qu’elle croisait. Elle saluait respectueusement l’un, esquivait poliment l’autre, quand soudain :
 « Ligi ! Viens ici je te pris ! »
             Dame Rey était une nouvelle fois d’excellente humeur : la soirée s’annonçait plaisante. Aux côtés de la veille matriarche, la silhouette élancée d’un homme à l’ample toge noire… Un haut gradé. Ainsi donc s’éteignaient ses espoirs d’une nuit tranquille.
 « Ah ! Te voilà, te voilà… » La figure au chignon tiré jusqu’à la racine ébaucha ce qui aurait pu s’apparenter à de la satisfaction. Impressionnant. « Seigneur Yuei, voici la jeune femme dont nous parlions à l’instant. Je vous présente Ligi, la plus jeune de nos fleurs pourpres !
- C’est un honneur de vous rencontrer, Seigneur Yuei. »
             En relevant la tête, elle put prendre le temps d’observer un peu mieux son interlocuteur. Il s’agissait d’un homme de grande taille, qui dépassait aisément d’une tête la plupart des autres clients. Pour autant, il n’avait rien de ces ogres de chaire, aussi haut que large, bien au contraire… Sous ses habits de coton brodés, se devinait une musculature sèche.
 Il se tient droit, mais pas de manière rigide.
Pas de cicatrices non plus…
Un noble plutôt qu’un général donc.
Parfait… Vraiment, parfait.
             Si sa vie de prostituée lui avait bien enseigné quelque chose, c’était qu’il y avait deux catégories de nobles : ceux qui débordaient à la simple perspective de vous tenir la main, et ceux qui pouvaient vous écorcher vivante juste pour leur propre plaisir. Bien entendu, tous payaient grassement l’expérience qui leur était offerte, mais dans le second cas…
 « Le plaisir est mien, Madame. » Répondit l’intéressé avant de s’incliner à son tour, bien que de manière plus réservée.
             Le dénommé « Yuei » ne s’était pas lancé dans une tirade lyrique, n’avait pas osé le baise-main ou tenté de se rapprocher davantage : c’était un bon signe. Néanmoins, Ligi ne put s’empêcher de remarquer que l’homme ne soutenait que très peu le regard. Par ailleurs, il lui était presque impossible de donner un âge à ces traits où, si l’on pouvait bien apercevoir deux ou trois rides au coin des yeux, pourraient presque passer pour ceux d’un jouvenceau. De hautes pommettes, un monocle d’argent, des cheveux tenus en une queue de cheval haute, ainsi qu’une longue et fine barbe, sertie d’une bague frappée de l’emblème de la lune venaient parachever le portrait.
 Probablement un symbole familial.
À tous les coups, il s’agit du benjamin d’une famille
quelconque qui a dû rentrer
dans l’ordre des Archivistes pour se faire un nom…
 « Le Seigneur Yuei est l’ainé de la prestigieuse famille éponyme ! » Reprit Dame Rey. « Celle-là même qui assiste l’Empereur et le Conseil ! 
- Vraiment ? Quelle fonction admirable ! » Feindre la surprise. « Et dites-moi, qu’elles sont donc vos missions au Palais ?
- Oh, hum, lé-légiste ! » Bredouilla l’homme en réajustant le verre à son œil droit.
 Bon : une bonne réponse sur deux…
Cela aurait pu être pire.
 « J-je m’occupe de rédiger les décrets et toutes sortes de, hum, textes pour la Cour… Ce genre de choses, vous voyez ? » Poursuivit-il. « C-ce n’est pas vraiment ce que l’on peut qualifier de prestigieux – haha… ! »
 Et définitivement de première catégorie.
 « Enfin, ne vous rabaissez donc pas ainsi ! » Minauda la matriarche. « Mais nous parlons, nous parlons, et vous n’avez pas encore profité de votre soirée chez nous, mon Seigneur – Ligi ! »
             Son nom lui fit l’effet d’une décharge électrique. En un battement de cil, elle retrouvait son attitude de séductrice galante. Fait étonnant, l’homme qui se débattait encore sous les regards qu’on lui adressait quelques minutes auparavant, parut lui aussi retrouver de l’aplomb, si ce n’est… de la détermination.
 « Oui, Dame Rey ?
- Le Seigneur Yuei a spécifiquement demander à te voir ce soir. » Elle baissa d’un ton. « Et il a été en outre extrêmement généreux avec Le Lotus en exprimant sa requête… » Plus bas. « Tu comprends, n’est-ce pas ? 
- Parfaitement, Madame.
- Bien, très bien ! » S’exclama la veille femme, se détournant pour rejoindre le reste des invités. « Je vous laisse donc entre les bons soins de notre Ligi, Seigneur Yuei : au plaisir de vous revoir dans notre humble établissement ! »
             L’autre ne répondit pas, se contentant d’un bref hochement de tête… Avant de fixer la jeune femme d’un regard froid. Terrifiant. Voyant qu’aucun mouvement n’était initié de son côté, Ligi tenta de désamorcer la situation :
 « Vous travaillez donc comme légiste… ? Cela doit être un travail éreintant mais très enrichissant : avez-vous des lectures que vous recom- ?
- Si cela ne vous dérange pas… » Coupa l’homme de Lettres. « Je préfèrerai que nous allions dans un endroit plus… tranquille.
- Hum, oui, bien sûr, Seigneur Yuei… Mes appartements vous conv- ?
- Cela conviendra, je vous remercie. »
             Pendant qu’il se dirigeaient vers l’étage, Ligi se sentait de plus en plus méfiante à l’égard de son hôte. Ce-dernier gardait ses mains croisées dans le dos, les épaules tendues, et les yeux rivés au-devant de ses pas sans pour autant voir. Bien heureusement, les quelques âmes qu’ils avaient pu croiser s’étaient presque jetées contre les murs à leur passage ; sa présence si forte qu’elle aurait pu lui ouvrir une voie royale qu’importe où il allait. Elle était certaine qu’avec cette aura, l’homme pourrait même circuler librement en plein marché aux chevaux d’Izinor !
 Yuei… Le Conseil… Yuei…
             Inlassablement, la jeune femme tentait de se souvenir de la moindre information, du plus petit ragot qu’elle aurait pu entendre au sujet de cette famille et de la raison pour laquelle tous ici semblait tant vouloir éviter de la froisser. Avant que l’ombre d’une idée n’ait pu émerger, la porte de sa chambre se refermait.
 « La clef.
- Pardonnez-moi ?
- La clef… » Répéta-t-il. Son dos était tourné, il observait la pièce. « Pourriez-vous la tourner, s’il-vous-plait ? Je préfèrerai que nous ne soyons pas… dérangés.
-C-comme il vous plaira, Seigneur Yuei. »
             Sans trop se défaire de sa posture, Ligi entreprit d’agiter la clef dans la serrure : un cliquetis métallique se fit entendre… Sans pour autant condamner la sortie. L’homme ne sembla pas remarquer le subterfuge.
 Deuxième catégorie…
Merde.
 « Je vous en prie, prenez-place ! » Elle l’invita d’un geste, avec le plus d’entrain qu’elle pouvait manifester. « Puis-je vous proposer du thé ? Nous faisons importer les meilleures compositions directement depuis…
- Plus tard, peut-être. Merci. » S’empressa-t-il d’ajouter. « Puis-je vous demander de… vous assoir ?
- Et… » Inspiration. « Où souhaitez-vous que je m’assoie, Seigneur Yuei… ? »
             C’est alors que l’improbable se produisit. Un enchaînement que même toutes ces années, pourtant passées avec les êtres les plus délirants, débridés et dépravés que ce monde ait pu connaître, n’auraient pu prédire…
 « Eh bien… Ici ? » De longs doigts désignèrent un coussin rembourré de plumes. Sourire maladroit. « Il est toujours plus pratique d’être face à face pour discuter, ne trouvez-vous pas ? »
             La plaisanterie, si cela en était bien une, sembla amuser l’homme, dont la barbichette fut secouée par un discret rire. Sans même lancer un deuxième regard à la courtisane, qui avait fini par se placer devant lui, toujours aussi perplexe, il écarta un pan de sa tunique… Pour y récupérer une plume portative accompagnée d’un morceau de parchemin soigneusement plié.
C’est là qu’elle la vit. Un éclat doré contre le noir du tissu précieux.
 La boussole d’Esméride !
             Et tout lui revint enfin…
 Le Ministère -
Aussi jeune ? - Le dernier avait au moins 50 ans !
- père, un Amiral…
Les affaires étrangères, hum ?
Grand - Lunatique : un hommage à son nom, hé !
Marié - grande réception - on dit avec l’héritière d’un Maréchal
Riche ! - Attention…
De nombreux contacts - Premier Secrétaire !
Attention.
Puissant et prometteur…
Attention !
 « Si je suis venu vous voir ce soir, Madame… » Deux iris d’ébène la transpercèrent. « … c’est au sujet de mon épouse.
- Votre… ? »
             Soudain, l’homme se jeta à ses genoux, prit ses mains dans les siennes, et, d’une voix presque étranglée, lui lança :
 « Je vous en supplie, Madame : vous devez m’aider ! Aidez-moi à… ! » Tremblement. « Aidez-moi à me faire aimer par mon épouse ! »
  ~ Fin de l’Acte 1
  ______o.).O.(.o______
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metacarpus · 4 years ago
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#3 - Bruissement
@30jourspourecrire, jour 3 : bruissement.
tu as saisi mes lourds cheveux, enduits d’or et de glaise. je t’ai ramené jusqu’à moi, jusqu’à mon antre horrible.
la nuit t’embrasse et dépose la dure lumière de ses étoiles sur ton front.
des ongles, des aiguilles, des langues, des verges, chuintent contre ma peau.
ma voix me trahit, s’abîme au fond de ma gorge, bruisse contre l’air — mais ne le traverse pas.
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lecorcure · 5 years ago
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Rose, or, lin et satin
(#30jourspourécrire - Day 6 - thème « Étoiles, avions, satellites »)
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Tu craques tes étoiles, tes avions et nous scintille / Avec ta poésie, tes satellites faciles /Tu saupoudres tes mots de battements de cils /Ça dégouline mandoline en déconfiture/ Long, le long, le long de ton pisse-froid plein tes murs
Tu craques tes étoiles, tes avions et nous scintille / Alors donne moi à te conter l’histoire de ce fil / Que des doigts fins en robe à fleur tissent’volatiles / Fil de rose, d’or, de lin et de satin voilures / Tresses, nattes, rêves essaimés gris-perle sa chevelure
Tu craques tes étoiles, tes avions, tu nous scintilles / Et pendant, elle déroule funambule ce fil / En aiguille mauve surfile zigzague et jubile / D’étoiles, en avions, en satellites suture/ Ce fil de rose, d’or, de lin, de satin épure
Elle c’est la danse d’un sourire en plein ciel d’azur / La femme bleue couleur cerise que l’on susurre / La grâce, la classe à Dallas, l’infinie lasure / Plein les astres, les espaces, les comètes et leurs îles / Aurore, Séléné cheveux char d’argent, Sibylle
Range étoiles, avions, satellites, poète’bavure / Regarde ses doigts de fil d’élégante parure / Qui déroulent de sa bouche à mes lèvres fêlures/ Rose, or, lin, satin, coton anglais gracile / Et son rire en éclatant, m’étoile vacille
Tu craques tes étoiles, tes avions et nous scintilles / Si je t’alexandrin ce matin, en sébile / Ne m’en veux pas, tes étoiles, tes avions futiles / N’arrivent pas à ses chevilles au fil de dorure / Rose, or, lin, bleu satin, me ciel tisse verdure.
———
Peinture : « Printemps » (détail) par Jan Frederik Pieter Portielje (1829-1908, Netherlands).
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angelitam · 9 months ago
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Les aiguilles d'or de Michael McDowell
Les aiguilles d’or de Michael McDowell – Editions Monsieur Toussaint L’Ouverture Les aiguilles d’or de Michael McDowell, présentation 1882, 7 enfants essaient de se réchauffer à New-York.  Un bouge tenu par un noir muet qui reçoit tous ceux qui sont dans le dénuement.  Trois femmes initient une autre à l’opium. Une actrice va avorter. Avis Les aiguilles d’or de Michael McDowell Retrouver Michael…
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janelher · 4 years ago
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« Cendres d’une flamme d’or » (2)
« Cendres d’une flamme d’or » (2)
Postée sur son rocher de l’île de Bréhat,
sa rencontre avec l’ancien médecin,
mi-vosgien mi-breton,
bouleversa le cours de son existence.
« Que peux-tu donc bien attendre
de l’expérience surréaliste,
toi qui gardes quelque souci
de la place que tu occuperas dans le monde ?
En ce lieu mental
d’où l’on ne peut plus entreprendre
que pour soi-même une périlleuse mais,
pensons-nous, une suprême reconnaissance,
il ne saurait être question
non plus
d’attacher la moindre importance
aux pas de ceux qui arrivent
ou aux pas de ceux qui sortent,
ces pas se produisant dans une région où,
par définition,
le Surréalisme n’a pas d’oreille. »
L’homme dont le regard fustige l’éternité
d’une détresse inouïe se tient debout,
et tourne autour de la chaise où Marcia est assise.
La tête enfouie dans ses mains,
des maux de tête incessants
lui martelant les tympans,
la jeune apprentie sent tout à coup
que son coeur peut lâcher d’une seconde à l’autre. Essoufflée, sans même savoir pourquoi,
Marcia relève néanmoins son visage,
couvert de larmes et de mascara.
Elle ne sait pas où elle va...
« Eh bien, tant mieux !
Si tu le savais, si moi-même, je le savais,
ne serait-il pas ennuyeux de vivre ? »
Marcia pense qu’il est déjà si ennuyeux de vivre,
et que tout est de la faute de Breton.
« Ma faute ? »
Cette fois, Marcia ne sanglote plus,
et elle se met à en vouloir de toutes ses forces
à son maître,
celui qui avait un jour recueilli
cette larme adolescente,
échappée de son papier glacé.
André Breton était sorti du petit livre
bleu et rouge
qui relatait l’héroïque résistance
des poètes pendant la Seconde Guerre mondiale,
et avait serré contre son cœur
le visage livide de l’adolescente:
« Ferme les yeux »,
et Marcia avait machinalement obéi.
De la poitrine du surréaliste révolté,
une voix s’était élevée:
« Nous ne dormons pas, nous ne buvons pas,
nous ne prisons pas, nous ne fumons pas,
nous ne nous piquons pas et nous rêvons,
et la rapidité des aiguilles des lampes
introduit dans nos cerveaux
la merveilleuse éponge fleurie de l’or. »
À ces mots,
Marcia avait senti son corps tout entier défaillir:
voilà, c’était ça !
Ainsi, le poète lui avait appris
tout ce qu’il savait,
apprenant lui-même
de cette nouvelle effervescence poétique
qui enflammait tout le papier
qu’elle trouvait sur son passage.
Par le biais de son nouvel ami,
Marcia avait rencontré Louis Aragon.
Ils se retrouvaient
dans le petit bois du lycée de Marcia.
En attendant le bus,
ils avaient toujours le temps
de s’entretenir tous les trois.
Le grand Aragon expliquait avec nostalgie:
« Je connaissais déjà l’André,
puis il a rencontré Soupault,
ç’a été un véritable champ magnétique.
- Tu t’es tiré »
rappelait Breton,
avant de lécher le papier d’une énième cigarette, pour la rouler méticuleusement
autour du tabac.
L’homme à la cravate découpée
s’adossait souvent contre un arbre.
Aragon répliquait:
« Avec Desnos,
vous n’y avez pas été de main morte.
Je ne peux cependant pas nier le fait
que ma poésie n’aurait pas été
ce qu’elle est devenue sans nos séances.
Par contre, toi, tu as échoué.
- Échoué ?
- Parfaitement:
« prenez garde, André Breton,
de figurer plus tard
dans les manuels d’histoire littéraire ! »
Ah, il t’a pas raté, le Daumal ! »
C’est là que Breton se tournait vers Marcia,
pour demander:
« Tu m’étudies à l’école, toi ? »
Et à chaque fois, l’élève bafouillait,
sentant les regards des deux poètes rivés sur elle. Toutefois,
elle répondait toujours avec sincérité,
affirmant que le Surréalisme
n’était pas dans son programme,
pour permettre à Breton
de laisser aussitôt échapper son rire sardonique, mais poursuivant:
« On pourrait l’étudier,
mais notre professeur a choisi le Romantisme.
C’est vrai,
j’ai aperçu un extrait de ton manifeste
dans notre manuel. »
Et à chaque fois dans ces moments-là,
c’était au tour d’Aragon
de se frotter les mains avec satisfaction.
Poussant le chef du mouvement surréaliste
au summum de la vexation,
qui disparaissait sans rien ajouter,
laissant son apprentie
aux mains du poète communiste.
Alors, Marcia suivait Aragon des mois durant,
notant chaque conseil prodigué
par celui qu’elle aimait appeler son poète préféré. Son mentor, son modèle.
Elle ne tardait jamais
à fléchir sous le charme littéraire
qui émanait de chacune des lignes
de l’amoureux d’Elsa.
Mais toujours,
au moment ou Aragon enseignait à Marcia
l’art de ne pas intellectualiser les mots,
lui apprenant à jouer par exemple avec l’anamnèse, l’aidant à coucher ses émotions,
tout doucement sur le papier,
afin qu’elles aient des sons
et des significations inconsciemment agréables, Breton refaisait son apparition,
poussé par l’ennui que lui procurait la postérité. « C’est fini, je la récupère, je l’emmène voir Freud. » Aragon n’émettait jamais aucune protestation.
Après tout,
Marcia découvrait seulement le mouvement,
et elle devait tout voir.
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pqnb · 5 years ago
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Relevés, ramassages (1)
30 juin 2020
Ces derniers jours, beaucoup de lecture, peu d’écriture. J’en profite pour ramasser quelques relevés, lexicaux ou autres, qui pourraient être utiles. 
Le premier relevé contient les termes rares lus dans deux articles intitulés “Vues de cathédrales” (L’Echo de Paris, 19 janvier 1898) et “Le quartier Notre-Dame” (L’Almanach du bibliophile pour l’année 1899, février 1899), rédigés par Joris-Karl Huysmans. Ces termes se rapportant à l’architecture et à la religion, il n’est pas interdit de l’employer comme une sorte de lexique épars et inabouti :  
Abats-sons ; Aiguilles ; Améthyste ; Arc-boutants ; Biseau ; Bégards ; Calandreuses ; Cartulaire ; Chambrières ; Chas ; Coches ; Coiffes ; Colonnettes ; Coque ; Corps de logis ; Dépôt lapidaire ; Échauguette ; Écumoires ; Flèche ; Fraticelles ; Fredons ; Insens ; Jantes ; Lancettes ; Machicots ; Maillotins ; Maison capitulaire ; Mannezingue ; Meneaux ; Nef ; Ogives ; Para-foudres ; Râpe ; Rémolade ; Sagittaires ; Sentes ; Tard-Venus ; Transept ; Trirègne ; Trumeau ; Tubs ; Vaisseau ; Voussures ; Éteignoir.
Voici en outre quelques citations relevées ça et là, qui se rapportent à divers sujets - mais pour une majeure partie relatives aux rapports sentimentaux : 
“Pardonne-moi : j’ai vécu triste / Et sans faire fête au soleil. Pardon ! Ils sont trop nombreux / Ceux que d’abord j’ai pris pour toi” ANNA AKHMATOVA, Requiem et autres poèmes, 1915
“ Je vais te dire un grand secret Je ne sais pas / Parler du temps qui te ressemble / Je ne sais pas parler de toi je fais semblant / Comme ceux très longtemps sur le quai d’une gare / Qui agitent la main après que les trains sont partis / Et le poignet s’éteint du poids nouveau des larmes” ARAGON, Elsa
“Le difficile est de bien trouver sa place et de retrouver la communication avec soi. Le tout est dans une certaine floculation des choses, dans le rassemblement de toute cette pierrerie mentale autour d’un point qui est justement à trouver. [...] Et il y a un point phosphoreux où toute la réalité se retrouve, mais changée, métamorphosée, - et par quoi ?? - un point de magique utilisation des choses. Et je crois aux aérolithes mentaux, à des cosmogonies individuelles”. ARTAUD, Le Pèse-nerfs
“Une espèce de déperdition constante du niveau normal de la réalité” Antonin ARTAUD, Le Pèse-nerfs 
“N’est-ce donc rien, pour vous, d’être la fête de quelqu’un ?” BARTHES, Fragments d’un discours amoureux
“Pressions de mains - immense dossier romanesque-, geste ténu à l’intérieur de la paume, genou qui ne s’écarte pas, bras étendu, comme si de rien n’était, le long d’un dossier de canapé et sur lequel la tête de l’autre vient pu à peu reposer, c’est la région paradisiaque des signes subtils et clandestins : comme une fête, non des sens, mais du sens.)” BARTHES, Fragments du discours amoureux 
“Le corps / du délit / est le coeur / de ce délire” Georges BATAILLE, L’archangélique
“J’efface / le pas / j’efface / le mot / l’espace / et le souffle / manquent.” Georges BATAILLE, “Le petit jour” in L’archangélique
“Dévêtue et le front pur / Tu t’abats comme une hache / Étincelante et d’un poids / A faire se lever le plomb” BATAILLE, L’archangélique 
“Ventre ouvert / tête enlevée / reflet de longues nuées / image d’immense ciel.” BATAILLE, Haine de la poésie, 1947
“Le non-sens a plus de sens que le sens”, BATAILLE
“Un monde où les êtres se retrouvent”, BATAILLE
“Au moral comme au physique, j’ai toujours eu la sensation du gouffre, non seulement du gouffre du sommeil, mais du gouffre de l’action, du rêve, du souvenir, du désir, du regret, du remords, du beau, du nombre” BAUDELAIRE, Mon cœur mis à nu
“Heure exquise / Qui nous grise / Lentement,  / La caresse, / La promesse / Du moment” Samuel BECKETT, Oh les beaux jours !
“...c’est peut-être ça que je sens, qu’il y a un dehors et un dedans et moi au milieu, c’est peut-être ça que je suis, la chose qui divise le monde en deux, d’une part le dehors, de l’autre le dedans, ça peut être mince comme une lame, je ne suis ni d’un côté ni de l’autre, je suis au milieu, je suis la cloison, j’ai deux faces et pas d’épaisseur, c’est peut-être ça que je sens, je me sens qui vibre, je suis le tympan, d’un côté c’est le crâne, de l’autre le monde, je ne suis ni de l’un ni de l’autre” BECKETT, l’Innomable
“Pas dans le cul aujourd’hui / j’ai mal / Et puis j’aimerais d’abord discuter un peu avec toi car j’ai de l’estime pour ton intellect / On peut supposer / que ce soit suffisant / pour baiser en direction de la stratosphère” Jana CERNA, Lettre à Egon Bondy
“Imite le moins possible les hommes dans leur énigmatique maladie de faire des nœuds”, René CHAR, Les matinaux
“ A la seconde où tu m’apparus, mon cœur eut tout le ciel pour l’éclairer. Il fut midi à mon poème. Je sus que l’angoisse dormait” CHAR, “Le Météore du 13 août”, Fureur et Mystère
“Sommes-nous voués à n’être que des débuts de vérité ?” CHAR, Fureur et Mystère
“Obligation, sans reprendre souffle, de raréfier, de hiérarchiser êtres et choses empiétant sur nous.” CHAR
“Donne toujours plus que tu ne peux reprendre. Et oublie. / Telle est la voie sacrée”. CHAR, Le Nu perdu
“ Il faut trembler pour grandir”. CHAR, Fureur et Mystère 
“Dire d’elle ce qui jamais ne fut dit d’aucune” DANTE, La Vita Nova
“L’émotion ne dit pas “je””. Gilles DELEUZE, Deux régimes de fous
“Ce qu’on ne peut pas dire, il ne faut surtout pas le taire, mais l’écrire” DERRIDA
“Dès qu’on l’a vu, son absence est affreuse ;/ Dès qu’il revient, on tremble nuit et jour ;/ Souvent enfin la mort est dans l’amour ;/ Et cependant … oui, l’amour rend heureuse !” Marceline DESBORDES-VALMORE, Oeuvres 
“On ne sait jamais qu’on part - quand on part -/ On plaisante, on ferme la porte / Le Destin qui suit derrière nous la verrouille / Et jamais plus on n’aborde” Emily DICKINSON, Quatrains et autres poèmes brefs
“Je parle de ce qui m’aide à vivre, de ce qui est bien. Je ne suis pas de ceux qui cherchent à s’égarer, à s’oublier, en n’aimant rien, en réduisant leurs besoins, leurs goûts, leurs désirs, en conduisant leur vie, c’est-à-dire la vie, à la répugnante conclusion de leur mort. Je ne tiens pas à me soumettre le monde par la seule puissance virtuelle de l’intelligence, je veux que tout me soit sensible, réel, utile, car ce n’est qu’à partir de là que je conçois mon existence.” Paul ELUARD, “Je parle de ce qui est bien”, Donner à voir
“Tes yeux dans lesquels je voyage / Ont donné aux gestes des routes / Un sens détaché de la terre”. ELUARD, Poèmes
“As-tu éprouvé quelquefois le regret que l’on a pour des moments perdus, dont la douceur n’a pas été assez savourée ? C’est quand ils sont passés qu’ils reviennent au coeur, flambants, colorés, tranchant sur le reste comme une broderie d’or sur un fond sombre”. FLAUBERT, Lettre à Louise Colet, 2 décembre 1846
“Tant de mains pour transformer ce monde et si peu de regards pour le contempler” Julien GRACQ, Lettrines
“Loin, loin de toi se déroule l’histoire mondiale, l’histoire mondiale de ton âme.” KAFKA, Journal, Notes éparses de l’été 1922
“On dit : le temps passe, la vie est un torrent etc. Je ne m’en aperçois pas : le temps reste immobile et moi aussi. Tous les plans d’avenir que j’ébauche tout droit sur moi ; quand je veux cracher, je me crache au visage” Soren KIERKEGAARD
“L’amour aussi bien que le feu ne peut subsister sans un mouvement continuel ; et il cesse de vivre dès qu’il cesse d’espérer ou de craindre.” LA ROCHEFOUCAULD, Maximes, 1664
“Mais la chevelure est une rivière tiède,/ Où noyer sans frissons l’âme qui nous obsède / Et trouver ce Néant que tu ne connais pas / Je goûterai le fard pleuré par tes paupières, / Pour voir s’il sait donner au coeur que tu frappas / L’insensibilité de l’azur et des pierres.” MALLARMÉ, Tristesse d’été
“Autre chose, que je ne vous ai pas dite : moi, la lourdeur de mon rocher me décourage souvent, me rend très paresseux. Est-il possible d’imaginer un Sisyphe paresseux ? Ne serait-ce pas le comble de l’absurde, ou serait-ce seulement contradictoire ? Je vous serre très fort les mains” Francis PONGE à Albert Camus, Correspondance, 1941-1957
“J’entendrai des regards que vous croirez muets” Jean RACINE, Britannicus
“ Tous mes adieux sont faits. Tant de départs / m’ont lentement formé dès mon enfance./ Mais je reviens encor, je recommence,/ ce franc retour libère mon regard./ Ce qui me reste, c’est de remplir,/ et ma joie toujours impénitente/ d’avoir aimé des choses ressemblantes/ à ces absences qui nous font agir.” RILKE, Vergers
“Il n’y a rien / qui tienne / ses promesses” Philip ROTH, Le théâtre de Sabbath
“J’admire comme on peut mentir en mettant la raison de son côté” Jean-Paul SARTRE, La Nausée
“... impondérable dans un monde de poids …. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . … démesure dans un monde de mesures …” Marina TSVETAÏEVA, Le ciel brûle
“On n’attend pas ainsi des lettres / Ainsi on attend LA lettre./ Lambeau issu de chiffons,/ Autour d’un filet/ De colle. Dedans un mot,/Et le bonheur. Et c’est tout.” Marina TSVETAÏEVA, Vivre dans le feu : Confessions
“Tu vois ce que c’est d’aimer. L’extrême de la bêtise et l’extrême de quelque chose de plus que l’intelligence se confondent !” Paul VALERY, Lettres à Jean Voilier : choix de lettres 1937-1945
“Comment peut-on avoir confiance en une personne qui ne se risque pas à vous confier toute sa vie, jour et nuit ?”, Cesare PAVESEN, Le métier de vivre, 1952 
“Mais voici le plus atroce : l’art de la vie consiste à cacher aux personnes les plus chères la joie que l’on a à être avec elles, sinon on les perd” Cesare PAVESEN, Le Métier de vivre
“Pourquoi est-ce que dès qu’un être humain témoigne qu’il a peu ou encore besoin d’un autre, celui-ci s’éloigne ? Pesanteur.” Simone WEIL, La Pesanteur et la grâce
“Ce qui compte est d’aller très lentement ; de s’arrêter au milieu du flot : de ne jamais accélérer : s’allonger sur le dos et attendre que le monde secret de l’inconscient soit peu à peu habité” Virginia WOOLF, Journal, 1915-1941
“Un cœur, c’est peut-être malpropre. C’est de l’ordre de la table d’anatomie et de l’étal de boucher. Je préfère ton corps”, Marguerite YOURCENAR, Feux, 1935
“Un dieu qui veut que je vive t’a ordonné de ne plus m’aimer. Je ne supporte pas bien le bonheur. Manque d’habitude. Dans tes bras, je ne pouvais que mourir”, Marguerite YOURCENAR, Feux
Quelques sujets abordés en écriture depuis le 15 juin 2020 : Les groupuscules ; l’intérêt au silence ; le pronom relatif “en” ; les gerçures
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grain-de-rien · 5 years ago
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Un texte écrit il y a plusieurs années, directement inspiré des illustrations remarquables de Mloyan. Un portrait parmi d’autres
  Je traine Tristement Dans la ville Qui s’éteint Malgré moi.
Sous le voile épais de la nuit J’avance, hagard, à travers les ouvertur’ viles Qui s’ouvr’ avec malice au passag’ de mon regard. Sur chaqu’ pas retentit Un tint’ment délicat
                                   -Une bris’ file dans les rues                                  Où nous vivions notre aventure-
 Après avoir tant marché que notre amour derrièr’ moi A repris la forme élégante d’autrefois, Ton souv’nir murmur’ le long de mon cou Et un frisson s’écoul’, doux comme un soupir, Depuis les nuits parsemées à Croix Rousse. Étreint entre tes bras... Tes ongl’s embras’nt ma peau... Nous faisions l’amour Sans imaginer l’av’nir.
 Les aiguilles dans’nt dans le cadran.
 Prostré sur les pavés trempés par le froid, Je sens la consomption nerveuse Du tabac entre tes doigts. Et Bien au-delà de la ligne des toits,  Ta silhouette en perles d’or Illumin’ la nébuleuse Obscure.
 Je marche.
 Et avant que le point du jour efface mon rêve Je regarde autour de moi les façades qui s’élèvent.
Elles filent vers le ciel puis se plient comme des feuilles Noircies par les maux qui moisissent dans l’écueil.
Ainsi se rapprochent alors que tu brilles Les hautes parois de ma sinistre ville Close comme un cercueil quand éclos le jour.
Grain de Rien; 2016
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mysadecstasy · 2 years ago
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Naviguer
Naviguer sur les pierres mousseuses Naviguer sur des vagues d’écume chaude S’égarer dans ta peau de perles brûlantes Sentir tes cheveux ruisseler sur ta grâce Epaules contre épaules Sous le ciel criblé Etiré comme les impossibles efforts Ciel où miroitent nos rêves d’enfants Epaules contre épaules Dans l’herbe grasse des montagnes Au son des grillons et de nos cœurs tambourinant Exaltés comme la mer Mer sublime qui vient fouetter le phare inamovible Phare de nos amours dans la tempête Phare brillant dans la nuit épaisse La nuit dévorante de la chanson douce Douce chanson de la rive presque intouchable Où l’on aborde qu’avec grande déférence Rive des extases insubmersibles Sur la côte découpée au tournevis Echarpée comme un soldat mort Infiniment belle de circonvolutions Entre forêts d’or et pierre lunaire Ocre et jaune Tombant en falaises dans les eaux glacées Eaux glacées ensevelies d’embrun salé Toi et moi Epaules contre épaules Allongés sur la fin des temps dans une alcôve rocheuse de la plage sans fin Face à l’éternité d’où tout arrive Brûlants et fiers Audacieux et mordants d’une rage sainte Une rage qui hurle la vie comme un possédé Et l’amour entortillé à nos pieds Qui nous étreint maintenant jusqu’à la poitrine Par fines touches caressantes Petites aiguilles de félicité Il pénètre les cœurs abasourdis Les cœurs enragés de soif Et crie son nom jusque dans les cimetières de pierres grises Balbutiantes telles le dernier souffle Pierres en mousse Erodées de chagrin Entre les fleurs fanées de décembre Résonne le chant de l’autre rive L’impossible rive Le dernier espoir Pour la transcendance des âmes dépouillées Autre rive amère Nue et glaciale comme l’enfer Je repense à la mer Et aux phares qui s’égrènent sur la côte comme un chapelet de lampions Mer avide Mer aride Mer dévorante Eternité sublime Ô mer Jusqu’à l’horreur des regrets que l’on poignardera dans la résurrection Résurrection des cœurs meurtris Immortels cœurs suppliants leur dû sous le soleil sans voix des possibles De toutes ces petites possibles douceurs Ces détails impalpables Comme l’odeur du café le matin remontant de la cuisine à la mezzanine Le côté velouté de ton sein errant sous ton chemisier azur Tes fossettes qui se creusent quand dans mes bras tu te jettes Le soir Après le labeur Avant la grande œuvre La vie à deux sur les remparts de l’exaltation suprême Extrêmes égarements des vérités ancrées dans une réalité diaphane Comme un voile sur la beauté des rêves endormis Des rêves exquis que l’on chérit comme des trésors Rêves héroïques comme la grande Rome Encore sous le drap se dessinent tes cuisses chaudes Brûlante est l’odeur des corps dans la petite chambre rose Sous le lustre de cuivre Derrière les lourds rideaux c’est la pinède endormie Respiration langoureuse de la nature assoupie sous la lune Résurrection des cœurs meurtris C’est toujours la famine pour les amoureux insatiables Toujours la famine quand ta peau exquise frôle la mienne Et après quand la lumière s’éteint et que ton visage disparaît soudain C’est comme une petite mort Un grand arrachement qui me remue les tripes Trop soudain Ton visage reste imprimé un instant dans mes yeux galvanisés Et plus rien Jusqu’au lendemain où je le cherche dans tes cheveux emmêlés Et toute la nuit je te serre contre moi avec la force du désir comblé Avec tout l’amour qui jaillit sans cesse de mon ventre affamé
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leschosesetlesfantomes · 6 years ago
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Je ne peux pas dire. Je ne sais pas dire. Je n’ai jamais su. Je me suis toujours tue dès que je sentais mes yeux brûler. Mais mes yeux brûlent souvent. Trop noirs à cause de la cendre du feu qui dévore au-dedans. Je brûle beaucoup. Je parle peu. J’écris. Je n’écris pas. Je chasse les serpents de la gorge où ils dormaient. Je les tire un à un par la queue. Mélasse noire et verte. Écailles, langues, sifflements, iris d’or. Mais pourquoi, quand je parle, c’est un moineau trempé qui s’échappe de ma bouche en titubant ?
*  
Il faudra que quelqu’un m’aime… il faudra que quelqu’un m’aime… me serre contre lui. M’étouffe. Soit prêt à me tuer.
Mais qui, encore ?
*
Je suis un corps de fille où la douleur plante ses aiguilles. Elle ne me veut pas de mal, elle me coud une longue robe, pour affronter le froid et le regard des vivants. Je n’ai que ça. Mon corps et ma robe de douleur. Je ne sais pas bien qui se risquera de nouveau à me déshabiller. 
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