#le fantôme de la banquette arrière
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Cette fois, c’est un recueil de nouvelles de l’unique Jan Carson. J’ai été très marquée par son précédent roman, Les ravissements. Ici, je me suis délectée de ses récits courts, qui sont très souvent proches des contes. Les histoires sont étranges, c’est une évidence. Comme le titre l’indique, il y a des fantômes ou des choses bizarres, incompréhensibles. Mais les personnages, certes un peu étonnants eux aussi, semblent accepter cette part irrationnelle. Quand on l’écoute (cf ci-dessus), on comprend qu’elle considère l’Irlande du nord comme un lieu complexe, qui contient lui-même une part d’absurde. Elle a donc appris à considérer les choses avec cet œil ouvert à l’étrangeté, étonnamment mêlée aux choses du quotidien.
Les histoires peuvent être drôles, tristes, sinistres, inquiétantes, et parfois le tout en même temps. Ce qui compte principalement c’est qu’on est en tant que lecteur, vraiment sans cesse étonné ; on ne sait pas où nous conduisent ces récits, on les suit bien volontiers, sans avoir la moindre idée de ce qui nous attend. Mais avec son écriture malicieuse, pleine d’humour, qui sait capter le moindre détail (la couture d’un collant en travers des orteils, par exemple, la forme de la buée qui sort de la bouche d’un homme lors d’un matin frisquet…) on est cueilli par cette façon spéciale de regarder le monde, ce monde-là, celui de Belfast et des alentours, si particulier, si éprouvé par les « Troubles », encore bien vivaces. Le surnaturel affleure donc, et grâce à cette liberté qu’elle s’autorise, l’autrice réussit à nous ouvrir une porte, par laquelle on parvient à apercevoir la singularité d’un coin du monde, en même temps qu’une psychologie plutôt désespérée qui semble bien universelle.
J’ai eu parfois le cœur serré, et parfois j’ai franchement rigolé ; toujours j’ai été épatée, étonnée, secouée dans mes habitudes de lectrice, d’une façon très agréable. J’ai beaucoup d’admiration pour cette écrivaine, que je trouve audacieuse et dont j’adore le regard acéré, ainsi que sa fantaisie qui n’est jamais gratuite ou factice, mais qui œuvre à représenter ce qu’on aurait du mal à évoquer plus frontalement. Un bijou pour l’esprit.
#littérature#livres#litterature#livre#nouvelles#Jan Carson#le fantôme de la banquette arrière#éditions Wespieser#Youtube
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Fantômes
Depuis plusieurs jours, Léa parle régulièrement de sa nouvelle amie. J’ai parfaitement compris qu’elle était imaginaire. Aussi, après l’avoir taquinée, elle promit de me la présenter. J’étais dans mon fauteuil pendant que Lilyann, mon épouse lisait à haute voix le journal. Son accent américain résonnait dans la salle lorsqu’elle réalisa que je ne l’écoutais plus. Elle tourna la tête dans ma direction quand notre fille entra toute souriante. Elle bombait fièrement le torse. Elle inspira un grand coup, retint sa respiration deux secondes et annonça la venue de sa copine.
« Voici Macha » dit-elle tout en prenant la main de la jeune fille qui avait le même âge que Léa. Dès lors, je souris et dis simplement : « bonjour Macha ». La gamine ne répondit pas. Elle ressemblait beaucoup à Léa par la forme ovale de son visage. Cependant, quelque-chose d’étrange apparut en sa présence. C’est difficile à expliquer ; elle était… comment dire… translucide, transparente. En fait, on voyait à travers elle. Malgré ce défaut, elle n’avait rien de dangereux bien au contraire. Son regard angélique, presque triste ajouta une envie de la protéger ou de la consoler. Elle ne parla pas, laissant Léa expliquer comment elles s’étaient rencontrées.
C’est en jouant dans le grenier. Macha se cachait derrière une grande malle qui servait de débarras à fripes. Notre fille aimait farfouiller dans les vieux cartons à la recherche de déguisements. Surprises au début, les deux filles s’amusèrent et devinrent amies. Dès lors, Léa passa des après-midis entiers à jouer dans le grenier. Sur le coup, je pensai que Macha était déguisée jusqu’à ce que Léa raconte son histoire. Elle se cachait pour fuir les persécutions des boches. D’ailleurs je remarquai les traces d’une étoile décousue sur son gilet. Je regardai Lilyann qui me dévisagea à son tour surement stupéfaite par les propos de notre enfant.
«Boche est un mot grossier, c’est une insulte!» grondai-je gentiment avant d’ajouter : « Ce sont les nazis qui persécutaient les gens, surtout les juifs. Ton amie est juive? » Je n’osai pas avouer à ma fille qu’elle était en compagnie d’un fantôme. Léa observa Macha de haut en bas puis dit en souriant : «Peut-être. Je l’aime bien, elle m’aime bien et nous nous amusons beaucoup ensemble ». Je tournai la tête vers Lilyann qui ne prononçait toujours rien. Elle se limitait à nous observer, tantôt moi avec ses gros yeux ronds, tantôt Léa et sa copine sans adresser la moindre parole. Mon épouse posa le journal sur le bureau puis elle croisa les jambes après avoir enfoncé son fessier plus confortablement dans le fauteuil.
Par moment, je me demandais pourquoi nous étions toujours ensemble. Nos discussions se limitaient à : « comment vas-tu aujourd’hui ? Qu’as-tu fait de beau ? Tu as vu le soleil brille ou il pleut». Elle lit souvent le journal, me raconte ses rencontres avec des membres de la famille ou des amis et c’est tout. Cela fait longtemps qu’on ne fait plus l’amour. Les seules parties de mon corps qu’elle touche sont mes mains quand elle les effleure, mes lèvres quand elle m’embrasse, mon front, ma joue…mon visage. On fait lit à part. Je me demande si elle a pris un amant. Je ne lui en voudrais pas si elle fréquente un autre homme. Bref, elle nous écoutait parler.
La vie de Macha était émouvante. Elle s’était cachée ici en 1942, pour éviter la rafle du Vel d’Hiv. Son père était un médecin renommé. Mais des policiers français accompagnés d’hommes en noir au brassard à croix gammée arrêtèrent sa famille. Ils sortirent les juifs de force hors du bâtiment sauf Macha qui courut se réfugier dans le grenier. Elle entendit derrière elle des cris, ses parents, un autre homme puis, des coups de feu et elle tomba…touchée en plein cœur. Elle s’est vue voler au-dessus de son petit corps à la poitrine sanguinolente. Elle a vu les siens sangloter et entrer dans un camion les amenant à Drancy. Depuis, son fantôme erre dans ce grenier oublié où elle attend le retour de ses parents.
Lilyann et moi restâmes silencieux à l’écoute des explications de Léa. Je parlai à mon tour, racontant l’histoire de la seconde guerre mondiale. De temps en temps, je m’adressai à Lily comme si je lui faisais un cours. Elle ne bougeait pas ; concentrée sur mon speech, elle écoutait toujours. Soudain, elle se leva tout en disant : « Je dois y aller ». Elle avait un rendez-vous important. Surement son amant. Elle m’embrassa, ouvrit la porte sans dire au revoir à Léa. Un homme habillé de blanc discuta avec elle dans le couloir. Pendant qu’il racontait des bobards, elle me regardait d’un air inquiet. Je vis ses yeux rougir, se remplir de larmes. L’homme referma la porte après m’avoir souri nous laissant tous les trois dans la chambre. Dès lors, je continuai ma leçon d’histoire. Léa m’écouta attentivement même si elle connaissait déjà cette période. C’est un héritage génétique dans la famille, la passion pour l’histoire.
Tout-à-coup la porte s’ouvrit brutalement. Une femme en tunique blanche entra. Malgré son sourire, son bonsoir me surprit avec effroi. Elle posa un plateau contenant un repas sur le bureau. Puis, elle avança ma chaise roulante pour me caler devant le plateau fumant. Elle repartit sans porter la moindre attention aux fillettes. Elles continuaient de me regarder avec un air étrange, à la fois radieux et triste. Léa intervint doucement en murmurant quelques mots qui me touchèrent profondément : « Tu sais, je me souviens de ce jour où tu as perdu tes jambes.»
Je revoyais la scène. Je conduisais et ma fille récitait sa dernière poésie apprise par cœur. Puis, il y eut ce camion fou. Il était juste devant nous lorsqu’il se coucha au milieu de l’autoroute. La voiture s’est littéralement encastrée contre la citerne. Je n’ai pas vu Léa s’envoler de la banquette arrière et atterrir la tête la première contre le pare-brise. Coincé dans la taule, les jambes broyées, je n’ai pas pu la sauver alors qu’elle était si proche. Je garde à jamais en mémoire les derniers sifflements de sa respiration ainsi que la vision de son joli petit visage et sa belle chevelure souillés par son propre sang. Je l’ai entendu s’endormir pour ne plus jamais se réveiller.
Des larmes tombèrent sur le morceau de viande qui ressemblait à du cuir. Je dis simplement : « Je suis désolé »… Elle chuchota : « J’aurai dû t’écouter et attacher ma ceinture de sécurité. Mais je voulais jouer aux grandes ». Elle s’approcha, essaya de me câliner. Je ne sentis même pas ses bras traverser mon dos. Elle ajouta que Lilyann et moi lui manquaient terriblement et que c’était dommage que sa mère ne puisse la voir. « Parce qu’elle saurait que tu n’es pas fou » souffla-t-elle. Puis, elle proposa de me rendre le sourire en montrant son jeu préféré avec Macha. Alors, j’essuyai mes larmes et sans toucher cette bouffe infâme, je quittai une nouvelle fois cette chambre d’hôpital pour retrouver mon bonheur auprès de ma fille décédée et de son amie imaginaire.
Alex@r60 – août 2020
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extrait de “Le gel des nuits d’automne”.
1.
La nuit danse dans ses bras, prolongée de longues consolations muettes. Quand la pénombre vient à forcer les yeux, se recueillir pour se cueillir encore. L’aveu s’est tu, il n’a jamais eu besoin de mots. Sifflement lointain sur flanc de colline déserte. La nuit danse dans ses bras nus, étendue quelque part que nous croyons être partout mais le jardin est imaginaire. Bouquet de ronces que nous pouvons serrer dans nos mains sans les faire saigner. La peur est un fantôme et le rêve est sans frontières. (...)
Un train toutes les dix-sept minutes. Où peuvent bien aller tous ces masques ?
2.
(...) Il soutenait qu’il ne fallait pas y penser. En bon dictateur de sa propre personne, il déploie une énergie folle à contrôler l’incontrôlable. Ranger, classer, fermer, clôturer, achever, laisser pour compte, ignorer, oublier, abandonner. Dans ses grandes mains froides, il prétend. Entre ses lèvres pincées, il prétend. Il n’a aucune idée de la vraie liberté mais il prétend quand même. Tout n’est que schéma qui se répète. Les lettres oubliées commencent toujours par le même rythme et même son égoïsme il ne veut pas le partager. A table il a son pain, son assiette et son vin. Une seule chaise pour une si grande table. Il jure en lisant son journal, fait grincer la porcelaine du bout de sa fourchette. Il ne dort jamais beaucoup car il dit “perdre mon temps” comme si le temps lui appartenait mais les années le dérobent et dessinent sur son visage de grandes rides disgracieuses. Plus de miroirs à la maison, ça aussi c’est “perdre mon temps”, il s’observe déformé dans sa bouilloire en aluminium. Il ne retient jamais les prénoms et ne dit jamais “bonjour” à la boulangère. Jouir avec quelqu’un est une langue étrangère, d’ailleurs elle non plus il ne la donne jamais à personne. Seulement lorsqu’il était enfant assis sur la banquette arrière à faire des grimaces aux passants. Ni cancre ni génie, existence platonique qui l’a rendu aigris. Toujours avec ce petit nuage morose qui flotte au dessus de sa tête comme un mauvais présage. Il est mort un jour de pluie, glissant dans une flaque aussi profonde qu’une marc de café. Personne pour se souvenir de son prénom. Sauf peut-être son poisson rouge qui tourne encore en rond comme métaphore de sa brève apparition à lui dans un monde endormi.
3.
L’espoir se lamente sur une chaise de jardin, un jardin de chagrin. Les pieds dans le vide, ses jambes un peu trop courtes, l’espoir est un enfant qui fait venir les saisons et les oiseaux. Impassible et d’une curiosité insondable, qu’il vente ou qu’il pleuve, l’enfant empli d’espoir dessine de ses yeux nus des immenses forêts, des mers déchaînées, des montagnes enneigées. Fragments de temps invisibles, même si c’est un espoir lamentable, mieux vaut soutenir quelque chose plutôt qu’un vide indescriptible. (...)
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Je suis au marécage interne l’appartement où tout se noie Chanter est ma façon d’être nu Chanter est ma façon d’errer. Jean-Louis Murat
Je suis la fille du chanteur célèbre qu’on écoute à Paris mais pas ici. Le chanteur intello dépressif aux paroles incompréhensibles. Le dandy drogué dangereux sexuel autodestructeur. La fille du grand bourgeois dans son domaine au bord de la rivière. Qui abandonne son enfant aux gardiens tandis qu’il sillonne la France et le monde... la fille qui peu à peu sort de sa réserve. Tente d’exister en dehors de son père.
celle qui vient rejoindre son père. celle qui partage son silence au bord des rivières. Celle qui entend des chansons qui n’existeront jamais.
Je suis la fille dont le père est parti dans la nuit. Celle dont le père a laissé ses papiers, sa carte bancaire sue le siège avant. Sa guitare sur la banquette arrière. Ses bagages, ses livres de poésie dans le coffre. Ses chaussures au bord de l’eau. Je suis la fille dont la disparition mystérieuse du père fait la une des journaux. Celle dont la mort attend d’être prononcée. Celle dont la mort du père sera actée par un jugement. Celle dont le corps du père demeure introuvable. Je suis la fille d’un père sans sépulture, sans cendres à disperser. Celle qui croit voir un fantôme sur une photo floue. Celle dans les rues de Lisbonne , sur les pentes de l’Alfama. Qui guette un chanteur errant, une étoile dépouillée d’elle-même, un ermite qui aurait tout laissé derrière lui. Sa maison, son compte en banque, ses amis, sa fille. Sa vie elle-même. Qui se serait défait d’une peau ancienne, réincarné en mendiant, en musicien vagabond. Un homme qui aurait choisi la dernière adresse de son grand amour. Pour lui chanter à elle, partout éparpillées dans l’air, les chansons su’il lui dédie. Les offrir à quelques uns, au hasard. Quelques-uns qui suffisent. Des mots comme glissés à l’oreille. Gratuits. Je suis la fille du Bairro Alto. De la Plaça das Flores. Celle qui se confie à son pire ennemi. Qui se hâte vers la gare. La fille dans le train pour les bords de mer.
Chanson de la ville silencieuse Olivier Adam
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Le monstre du placard
C'est une nuit noire. Une nuit noire, en effet. Une nuit noire peuplée de pages blanches, d'un bureau qui se lamente, d'un crayon mal taillé et d'un ordinateur dépressif. Une nuit blanche noire. Je ne sais plus, est-ce la nuit qui commence ou est-ce le jour qui finit ? Je ne sais plus s'il est trop tard ou trop tôt. Je ne sais plus quelles idées sont les miennes. Par la fenêtre, un fragment de lune me regarde, il me juge. Il me fait remarquer que j'ai des cernes, que je porte le même peignoir depuis deux semaines et que ma barbe est négligée. Je me regarde dans le miroir. Ce corps allongé, chétif au visage creusé. Je referme le peignoir.
Plus tôt dans la journée, je suis sorti pour aller chercher mon courrier comme ça : en peignoir, les cheveux en bataille et mes chaussettes rayées aux pieds. J'ai croisé Mme Kléber traînant son clébard au bout de sa laisse, elle le sort comme tous les soirs. Celle-ci m'a jeté un regard méprisant par-dessus son épaule, puis n'a pas même retenu la porte du hall derrière elle. Serai-je un fantôme ? Dans la boîte aux lettres, des publicités : une carte de restaurant de sushi, un flyer d'agence immobilière qui est à ma disposition si je veux vendre mon bien et un catalogue pour un magasin d'ameublement et d'électroménager. A chaque fois que je reçois ce genre de pubs, je me dis qu'un jour, je mettrai une étiquette sur ma boîte : « Bonjour, je suis végétarien, locataire et pauvre, merci. » Sur le chemin du retour de ma ballade appartement-boîte-aux-lettres quotidienne, je croise la concierge de l'immeuble dont je ne connais pas le nom d'ailleurs. Elle me scrute, me lance un regard désapprobateur puis referme la porte de son appartement. J'arrive à l'ascenseur qui se referme juste sous mon nez, j'ai juste le temps d'entrapercevoir M. Fulte qui détourne un regard coupable lorsqu'il me voit. Je dois vraiment être un fantôme. Tant pis, je prends les escaliers.
Une fois revenu dans le silence de mon appartement, je ne sais plus quoi faire de moi-même à nouveau. Je tourne en rond. Je m'assois devant l'ordinateur. Toujours rien. L'inspiration m'a quitté. Je peux sortir, prendre l'air me débloquerait peut-être. Je me lève, marche jusqu'à la porte d'entrée. Je fais demi-tour, m'habille, mets mes chaussures et retourne devant la porte d'entrée. Je pose la main sur la poignée de porte mais une force m'empêche de la baisser. Mes jambes ne me répondent plus, mon cœur bat à toute allure. J'enlève la main. La remet. Non. Je ne peux affronter le monde extérieur aujourd'hui.
Je vais jusqu'à la cuisine qui est immaculée. Je l'ai lavée de fond en comble la nuit précédente. Et celle d'avant aussi. Mon appartement impeccable est le résultat de toutes ces nuits d'insomnie où regarder le plafond ne me suffisait plus. Au début, j'ai pensé qu'il ne s'agissait que d'une nuit, une au passage passant dans ma vie et partant aussi vite qu'elle était arrivée. Au bout d'une semaine, je me suis dit qu'il ne s'agissait que d'un stress passager, promeneur errant dans ma vie mais qu'il repartirait bien vite. Au bout de deux semaines, je commençais la méditation guidée et mettait des gouttes d'huiles essentielles sur mes poignets. Ça fait maintenant deux mois que ces nuits blanches noircissent mes jours. Je n'écris plus. L'inspiration m'a quitté sans crier gare. Elle a laissé derrière elle des montres de placard avides de mes souffrances. Ils se délectent de mes tourments d'écrivain. Si Baudelaire était maudit, je dois être béni. Pourtant, je ne le vois pas ainsi.
La lumière commence alors à vaciller dans la pièce. Elle part et revient dans un mouvement mystérieux. Toute la pièce tremble, un bruit sourd résonne. J'en cherche l'origine. Le bruit se fait plus intense à mesure que je m'enfonce dans la pièce jusqu'au placard. La porte du placard crie dans tout l'appartement, comme si quelque chose essaie d'en sortir. Cette chose cogne encore et encore. Elle m'appelle, elle veut que j'ouvre la porte. Une ombre dépasse de la fente sous la porte. Une ombre de main. Elle tâtonne sur le plancher, s'étire et se matérialise soudain en une main à la peau sombre et abîmée. Ses ongles s'abattent sur le plancher et le griffent laissant derrière eux une violente trace. Un grognement se fait entendre, un râle rauque dont je discerne la profondeur et le ton grave retentit. J'ouvre la porte du placard malgré les avertissements de ma petite voix intérieure. Le monstre est libre de sortir, de se montrer. Pourtant, il reste enfermé, blotti dans un coin. Je me tiens en retrait, observant les contours de la silhouette sans pouvoir vraiment distinguer les traits du monstre. Il continue de grogner, comme un animal sauvage apeuré qui signale qu'il serait dangereux de s'approcher davantage. La lumière vacille toujours. Elle n'a pas cessé, refusant ainsi à mes yeux de s'habituer à l'obscurité. Puis dans un dernier souffle, elle vacille une ultime fois et s'éteint. Face à la noirceur, le monstre bouge. Il se déplie et sort du coin dans lequel il s'était tapi. Il s'enfuit vers l'ordinateur en un mouvement fluide et rapide mais une fois en face de la lueur de l'écran, il prend peur et se recroqueville. Je le distingue un peu plus clairement. Il est grand. Maigre. Ces épaules osseuses rentrées. Les genoux pliés comme si un danger pouvait lui tomber dessus à tout moment.
Ma rencontre avec lui me laisse perplexe. Que vient-il faire ici ? Que cherche-t-il ? Je lève les yeux sur lui à nouveau : il a disparu. Je le cherche du regard dans toute la pièce. Rien. Aucun signe de lui. La lumière revient, elle me brûle la rétine. Aurais-je rêvé ? Me serais-je endormi sans m'en apercevoir ? Comme une micro sieste debout que le corps s'inflige afin de récupérer un tant soit peu d'énergie. Mais la porte du placard est ouverte, la marque de griffure est toujours là sur le parquet.
Je sens comme une présence, un regard posé sur moi. Je me retourne, un enfant se tient là, la tête baissée. Il avance vers moi, se traîne. Je recule lentement. Il chantonne un air qui m'est familier. Je cours jusque dans la salle de bain, referme la porte derrière moi et m'assois sur le rebord de la baignoire. Je me couvre les oreilles de mes mains, je ne veux plus entendre son chant. Je perçois son ombre qui entre dans la salle de bain par la fente en-dessous de la porte. Il toque trois fois. La lumière vacille à nouveau. Son ombre revient et repart, encore et encore au rythme du tremblotement de la lumière. Puis, le noir complet. Un grand coup. Et plus rien. La lumière revient.
Je sors de la salle de bain en tremblant, mes jambes me portent à peine. La porte du placard est fermée, les griffures ne sont plus là. D'une pulsion foudroyante, je traverse la pièce et ouvre la porte du placard. Le monstre en sort dans un bond furieux et plonge sur moi. Je tombe en arrière et fracasse mon corps sur le plancher. Celui-ci craque sous mon poids, se fend. Je le traverse. Je tombe dans une nuit noire sans fin. Je tombe toujours plus dans une lente agonie dont j'attends simplement l'impact, la fin. Mais l’impact ne vient pas. La fin se fait attendre. A la place, j'atterris sur une pelouse de jardin dans une lumière presque aveuglante. Une lumière blanche douce et apaisante. D'elle sort un chant mélodieux qui m'attire. C'est alors que me vient une révélation : et si j'étais mort ? La lumière signifierait la fin. La fin de tout, ou du moins la fin de moi. Je n'attends pas cette fin-là, je ne veux pas de cette fin. Je me relève d'un seul mouvement et franchit la porte du cabanon situé dans le jardin. Je la referme dans un claquement et tente de reprendre mon souffle. Je ne veux pas que ce soit la fin. S'il y a bien une chose qui m'effraie plus que la page blanche, c'est la mort et ses mystères. Mes yeux s'habituent peu à peu à la pénombre. Là où il devrait y avoir des outils, une tondeuse et des affaires de jardin, se tient le bureau de mon éditeur.
- Un carton !
- Un carton ? Demandé-je, en cherchant des yeux une boîte, un paquet ou tout autre objet dont il pourrait être en train de me parler.
- Oui, un carton ! Votre livre est numéro un des ventes cette semaine, tout le monde en parle ! FranceInter m'a contacté, ils veulent fixer une interview la semaine prochaine avec vous.
Je reconnais enfin où je suis, dans le bureau de mon éditeur, trois semaines après la publication de mon premier roman. Il était aux anges face au succès de mon œuvre, un roman écrit par un inconnu sorti de nulle part. Un souvenir. C'est un souvenir. Un des plus heureux de ma vie, en fait. Mon éditeur continue de parler, il me lit des critiques parues dans le journal, s'extasie devant ce succès imprévu et m'explique qu'il va me payer une avance sur mon prochain roman. A ce moment-là, la première fois que je l'ai vécu, je n'avais pas réalisé les implications de cette demande : payer pour quelque chose qui n'existait pas, payer de l'air en fait et me demander de le transformer en un second succès. Moi, je n'avais eu qu'une idée, un roman et il était là posé sur le bureau. On allait me payer pour avoir une autre idée et il fallait qu'elle soit bonne. Le stress m'envahit à nouveau, la panique même. Je remue sur la chaise sur laquelle je suis assis, tiens, je ne me souviens pas de mettre assis en fait, un verre d'eau, c'est ça il me faut un verre, l'éditeur, lui, me noie de ses paroles, je suffoque, mes mains sont moites, mes vêtements sont trop serrés, la chaleur envahit tout mon corps, il doit le voir que je suis pas bien, mais non il continue de m'innonder de son flot incessant pendant que je bous dans ma sueur, la gorge sèche, je ne peux plus rester en place. Je me lève et saute sur la porte du bureau.
Je l'ouvre et la referme. Mais je ne suis pas dans le couloir du troisième étage de la maison d'édition. Je suis au coin lecture de l'école primaire, là et au moment où je l'ai rencontrée, elle. Ce jour-là, je l'avais remarqué assise sur la banquette, en train de lire mon livre préféré d'Elmer. Elle avait relevé la tête avec un grand sourire :
- J'aimerai bien voir des éléphants à carreaux dans la vraie vie ! Elle avait relevé la tête vers moi et devant mon air ahuri, elle m'avait demandé : Quoi qu'est-ce qu'il y a ?
Elle a un regard interrogateur devant l'expression bête avec lequel je la regarde. Elle est là, enfin devant moi et je peux à nouveau la contempler, boire ses paroles et me noyer dans ses yeux. Je sais que c'est un cliché mais quand on aime, on s'en fout des clichés, on s'en fout d'avoir l'air bête. Nous nous dirigeons alors vers la cour de récré à l'extérieur. Ce jour-là, elle est devenue ma copine. Mais quand je passe la porte, au lieu de la suivre, je me retrouve dans le couloir de la maison dans laquelle j'ai grandi. Et l'enfant que j'ai fui tout à l'heure est là, il me regarde, il s'approche. J'ouvre une des portes de la maison et trébuche sur un carton. Je relève la tête, mon premier appartement avec elle.
- Non, je suis désolée mais moi, je préfère les Amazing Spiderman à la trilogie de Sam Remi, Andrew Garfield à la vie à la mort. Tobey Macguire a l'air d'un chiot abandonné que tu as envie d'emmitoufler dans une couverture et de lui dire que tout ira bien. C'est pas un bon Spiderman ! Et même, Emma Stone ! Emma Stone ! Elle est excellente !
On avait des joutes verbales assez souvent. Jamais méchantes, bien sûr, mais Ella était une jeune femme passionnée qui avait un avis sur tout et aimait l'argumenter. J'adorais nos débats. Elle avait une répartie à toute épreuve et m'a cloué le bec bien plus de fois que ma fierté me permet de l'admettre. Mais j'adorais ça !
- Ella, tu ne peux pas choisir ces films commerciaux face à la superbe trilogie de Sam Remi, je suis désolé je ne peux pas te laisser faire ! James Franco, Kristen Dunst, Tobey Macguire, Willem Dafoe. L'évolution des personnages, le triangle amoureux, les dilemmes et les souffrances de Spiderman. Andrew Garfield, il est trop « cool » pour jouer Peter Parker, on y croit pas du tout que ce gars-là souffre dans sa vie avant de devenir Spiderman !
- Tu rigoles là ! Comment il pleurt la perte de son oncle, comment il est martyrisé à l'école.
- Tu plaisantes ! Il n'est pas martyrisé, c'est déjà un héros qui défend les plus faibles.
- Qui a vu son appareil photo être réduit en pièce ! Et de toute façon, tu n'as pas vu le deuxième, tu ne peux pas argumenter sur une saga si tu n'en as vu qu'un, c'est tout, tes arguments n'ont aucun poids parce que tu parles dans le vide.
Ella avait le don de me faire rire. Sa maladie avait le don de me faire pleurer. Et ce jour-là, alors que nous nous installions dans notre premier appartement ensemble, j'avais pleuré. Elle me l’avait dit quand nous étions enfants. Mucoviscidose. Rien ç faire. J'avais grandi avec elle, en contact direct avec sa maladie. J'ai vu les bons jours et les mauvais. Je portais sa bouteille d'oxygène quand nous sortions nous balader. J'étais à ses côtés pour les visites médicales. Je me montrais fort les jours où elle déprimait. Mais, ce jour-là, en la voyant défaire les cartons, j'avais cette brève image de l'appartement une fois qu'elle ne serait plus là. Et j'avais craqué. Quelques mois plus tard, elle était partie à jamais. Et j'ai alors connu le sentiment d'abandon. Je sens les larmes monter en moi mais qu'importe, je l'ai retrouvée et s'il faut que je demeure dans ce souvenir à jamais pour être avec elle, alors je ne franchirai plus aucune porte.
C'est alors que le sol se dérobe soudain sous mes pieds et que malgré moi, je quitte la pièce et tombe sur la pelouse du cimetière où elle est enterrée. C'est une belle journée ensoleillée, l'herbe est tendre et les rayons de lumière se reflètent sur la nacre des lettres de sa pierre tombale. Je viens tout juste de publier mon roman et j'ai besoin de me recueillir loin des tumultes du succès. Mais, surtout, j'ai besoin de lui demander pardon. Ce premier roman, c'est elle. Sa maladie, sa lutte incessante, sa souffrance et son agonie. C'est ma vie avec elle. Mes luttes, mes souffrances, mes interrogations et mon déclin. C'est notre fatalité. Pour faire le deuil, j'ai tout écrit, quasiment d'une traite, et dans un élan que je ne saurais moi-même comprendre et expliquer, je l'avais envoyé à une maison d'édition. Et ainsi, notre histoire ne m'appartenait plus. Et ainsi, la page était tournée. Et je veux lui demander pardon d'avoir utilisé son histoire, notre histoire. Pardon d'en profiter aujourd'hui. Pardon, tes souffrances m'ont apporté reconnaissance et fortune. Pardon d'avoir trahi cette intimité. Ella est ma muse et je l'ai découvert une fois qu'elle n'était plus là. Je me lève et retourne vers ma voiture. J'ouvre la portière, entre et referme la porte.
- Un, deux, trois, nous irons aux bois. Quatre, cinq, six, cueillir... suis-je en train de chanter.
- Landre, il faut que je te dise un truc.
- Quoi, Ella ?
- Ben en fait, je suis malade. Je suis malade depuis que je suis tout bébé.
- C'est grave ?
- Oui.
Nous sommes assis sur les balançoires de mon jardin. Un samedi. La première fois qu'Ella est venue à la maison. Nous avons sept ans.
- Tu vas mourir ?
- Oui. Mais pas tout de suite, rassure-toi. Je sais pas quand en fait. Mais c'est pour ça que je peux pas faire de sport à l'école et qu'il faut que je fasse attention. C'est ma maman qui me dit ça mais, moi, je sais pas à quoi je dois faire attention.
- J'ai jamais rencontré quelqu'un qui va mourir avant.
- Les enfants, le goûter !
- On arrive !
Nous crions ce « on arrive» ensemble, tout avait été dit. Soudain, la lumière aveuglante revient sur moi. Je me cache les yeux de mes mains et fuis. J'ouvre la porte du garage.
Nous sortons du cinéma, l'ambiance est pesante. Dans la salle, j'ai tenté d'attraper sa main. Elle a rejeté mon geste et s'est enfuie. Je la rattrape enfin. Je ne sais quoi dire. Ella ne dit rien non plus. Nous nous connaissons depuis tant d'années maintenant, presque onze ans et pourtant, j'ai encore des choses à lui dire.
- Landre... Je suis désolée.
- C'est rien. On passe tellement de temps ensemble depuis qu'on est enfants, je pensais que tu ressentais la même chose. Je sais qu'on est amis depuis trop longtemps...
- C'est pas ça !
- C'est quoi alors ?
Le vent souffle dans ses cheveux, l'air s'est refroidi brusquement, comme pour illustrer le froid glacial qu'elle a lancé sur mes avances. Elle tourne les yeux vers moi. Elle est au bord des larmes.
- Landre... s'il te plaît. Ne me demande pas.
- J'ai le droit de savoir, merde ! A la fête du nouvel an, tu m'embrasses. Je me dis « OK, on est sur la même longueur d'onde », je t'invite au ciné deux semaines après, tu dis « oui », OK, toujours sur la même longueur d'onde, je te prends la main pendant le film et...
- Je vais mourir, Landre ! Tu comprends ça ?! Je ne peux pas te faire vivre ça ! Je ne peux pas m'investir dans une relation avec toi sachant que tôt ou tard, je te quitterai. Tôt plutôt que tard, d'ailleurs !
- Ella, c'est déjà quelque chose que je vis. Enfin, tu es déjà dans ma vie ! Tu es dans ma vie depuis la primaire. Tu ne me fais rien vivre du tout, justement tous ces moments, les bons comme les mauvais, je veux les vivre avec toi ! Repousse-moi si tu ne ressens rien pour moi ! Mais si tu ressens quelque chose toi aussi, ne me repousse pas parce qu'un jour je risque de te perdre.
-Ce n'est pas un risque ! Mets-toi ça dans le crâne que tu me perdras ! C'est inéluctable ! Je n'arrive pas à construire ma vie, je ne sais pas où aller à l'université, ni quoi faire de moi-même, je ne vois pas ce que je gagnerai à essayer de me former pour un métier, à essayer de construire une vie puisqu'elle sera écourtée ! Qu'elle peut être écourtée à tout instant ! Comment ajouter une personne à l'équation ! Comment avoir un être aimé dans une vie où lui avancera et moi pas ! T'as la solution, toi ? Dis-moi ce que je dois faire ?
- Ne pleure pas, Ella. Evidemment, je ne sais pas répondre à ces questions. Je crois simplement qu'il faut que tu fasses ce qu'il te plaît sans contrainte, sans remise en question et avec un peu de folie. Mais je ne peux pas renoncer à toi et à ce que nous pourrions vivre ensemble sous prétexte qu'un jour tu ne seras plus là et que ça fera moins mal de ne rien vivre que de te perdre.
Là est ma vérité. J'ai écrit le roman d'Ella pour moi, pour ma guérison mais je voulais aussi que le monde la rencontre car, pour moi, elle était la plus belle des personnes.
Elle marche alors vers moi et m'embrasse. Quand je rouvre les yeux, le monstre est là comme s'il m'attend. Je regarde Ella une dernière fois et me dirige vers lui. Plus je m'approche et plus ses formes s'éclaircissent pour enfin se révéler. Ce monstre, c'est moi. Je regarde mon être, mon double rachitique et renfermé sur lui-même. Il n'est ni effrayant, ni monstrueux, c'est simplement une créature qui souffre. Il souffre du mal-être de mes regrets, du poids de ma culpabilité et du fléau de ma tristesse. Je le prends alors dans mes bras.
- Tu as fait ce que tu croyais bon pour toi. Ce roman t'a aidé à faire ton deuil. C'est normal que les gens l’aient aimé puisqu'il est gorgé de la beauté d'Ella et de l'amour que tu avais pour elle. Pardonne-toi.
J'entends un murmure tout près de mon oreille. Une force lumineuse est apparue à côté de moi. Serait-ce la fameuse lumière au bout du tunnel ? Non. Cette lumière bienveillante, c'est autre chose. Elle m'aveugle à nouveau. Je ferme les yeux instinctivement afin de me protéger de sa clarté. Quand je les ouvre à nouveau, je tombe dans le vide et me retrouve sur une place pavée, sphérique. La lumière est celle d'un premier dimanche de printemps, vers midi, quand il recommence à faire beau et que l'air doux de la saison des naissances souffle une brise légère sur la peau fatiguée après un hiver qui n'en finissait plus. Tout autour de la place, des terrasses de café brillent de la lumière qui se reflète dans les gouttes d'eau dispersée çà et là. Au centre, une statue de bronze, ce métal brun sombre, majestueux et apaisant. Je n'ai jamais vu cette place, il ne s'agit pas d'un de mes souvenirs. Je m'approche de la statue, l'observe, l'étudie. Il s'agit d'une statue d'Ella, posée sur une stèle, élevée en position du lotus, les yeux fermés. Sa beauté est égale à celle que j'ai connue, en revanche, son état paisible et tranquille est nouveau. Ella n'a jamais été comme ça. Elle était une flamme vivante et brûlante d'impatience, de passion et d'impulsions. Je suis désolée d'avoir utilisé notre histoire, ton histoire et qu'elle ait été la source de mon succès, pensé-je.
Une voix s'élève alors, comme prenant source à l'intérieur, en ce que j'ai de plus profond et d'inconscient. Ce n'est pas la voix d'Ella, c'est une de mes voix intimes. Elle s'élève des profondeurs comme une vérité trop longtemps ignorée. Elle me dit que ce n'est rien. Qu'est-ce que je peux faire pour que tu ailles bien alors ? Lui demandé-je. Je n'ai besoin de rien, Landre. Tout ce dont j'ai besoin est déjà en toi. Tout est là. Accepte ce qui est arrivé. Accepte que malgré tout, tu as en toi ce qui suffit pour continuer. Accepte de vivre avec une part d'ombre et une, de lumière.
La statue ouvre les yeux, se lève. Elle me regarde, sourit et part. Je prends alors sa place en position de lotus sur la stèle. Un enfant s'approche alors de moi. Il se plante dans le sol debout, devant moi et m'observe. Cette petite fripouille à la frimousse angélique, je la connais. C'est moi à sept ans, le jour où j'ai palpé l'existence de la mort. Tu étais plein de vie et de rêves, que t'est-il arrivé ? Pensé-je.
- Tu m'as perdu dans ta souffrance, me répond-il comme s'il avait entendu mes pensées. Tu crois que tu te résumes à cette vie avec la maladie. Mais tu existais avant Ella, avant que la maladie et la mort entrent dans ta vie. J'existais encore avec Ella, avec la maladie et la mort. Quand la mort a frappé, tu m'as enseveli, croyant que l'heure n'était plus aux gamineries mais tu te trompes. Je ne suis pas l'immaturité, je ne suis pas la naïveté du monde. Je suis la lueur de l'imaginaire, cette lumière blanche et chaleureuse. Cette lumière que tu as essayé de fuir toute la nuit n'est pas incompatible avec la mort. La mort n'est pas que noirceur, froideur et inéluctabilité. La mort est un passage et une partie de la vie. Tout simplement.
Je regarde l'enfant. Celui-ci me tend la main. Je la lui sers. Il sourit. Il se jette alors dans mes bras et je respire enfin. Comme soulagé, comme défait d'un poids. Je serre l'enfant si fort que celui-ci pénètre dans mon plexus, réintégré. Il a retrouvé sa place, sa place véritable comme un morceau de mon être qui me complète.
Je rouvre les yeux après cette forme d'hypnose. Je suis allongé sur le plancher de mon appartement. Je me sens comme dépourvu d'un poids que je portais depuis trop longtemps. Je me relève, m'assois derrière le bureau, pose mes doigts sur le clavier et tape. Un titre apparaît : Le monstre du placard. Puis quelques mots, puis cent. Mes doigts filent sur les touches. Ils ont une vie propre désormais. Une indépendance. Une volonté. Ils écoutent ce que me dicte la petite voix, ce qui apparaît au fur et à mesure sur la page. Elle n'est plus blanche. Elle se remplit, se noircit. Les premières pages sont en place. Elles m'ont donné chaud. J'enlève mon peignoir, allume l'imprimante et sort ce premier jet pour la relecture.
Le soleil se lève. Un nouveau jour blanc commence.
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#5 Tourment d’Amour
Soyez vous-même, les autres sont déjà pris.
Amélie regarda sa montre, puis agita nerveusement la tête pour chasser une mèche rebelle qui lui barrait les yeux. Encore 15 minutes avant d’embarquer ; Elle revérifia une ultime fois qu’elle possédait bien les papiers d’embarquement, sa carte d’identité, son téléphone chargé et ses écouteurs. Encore une panoplie de touriste. Elle jeta un regard sur le quai ; peu de touristes comme elle, justement. Beaucoup de locaux baragouinant à propos des dernières nouvelles intercôtières, parlant fort et agitant les mains avec énergie. Du créole se glissant d’une bouche et d’une oreille à l’autre, des sourires larges et bananiers devant de belles dents alignées. Elle soupira. Etait-ce une bonne idée de partir vers la Dominique ? elle ne parlait pas Anglais, ne savait pas conduire à gauche. C’était Sara, son amie infirmière qui lui avait parlé autour d’une bière de cette île un peu inconnue et sauvage dans l’arc des antilles. Amélie terminait son remplacement de kiné sur la Guadeloupe, avec un avis mitigé et un peu nostalgique de la métropole. quelques coups de soleil et un parfum d’iode et de fleurs faisaient maintenant office de maquillage pour la petite provinciale qu’elle était avant de venir. Les îles, elle n’y avait jamais trop pensé avant, elle en avait entendu parler à la télévision, elle les avait rêvées dans ses nuits froides d’hiver, il avait fallu que Franck la plante à peine diplômée prête à s’installer pour qu’elle reconsidère ses plans de carrière. Plus vraiment de maison ni de bébé, plus de belle voiture et de cercle d’amis large et animé. Elle avait pris le billet pour Pointe à pitre sur un coup de tête, ne connaissant personne là bas. Après quelques semaines elle était tombée sous le charme de l’île, de ses plages roses et blanches, avec la mer caressante et les arbres luxuriants. Beaucoup moins sous celui des habitants, qu’elle ressentit comme méfiants et peu curieux de ses origines Tarnaises. Après tout, il est vrai qu’il y avait des touristes régulièrement, ils se fondaient dans le décor comme les palmiers.
Le bateau arrivait ; Un instant, elle fut tentée de faire demi tour mais se rasséréna. Tout va bien, respire, tu as pris tes cachets, tu as fait de la relaxation, il ne peut rien t’arriver. Tandis qu’elle se plaçait dans la file d’attente au milieu des passagers chargés de paquets, de valises, de colis en partance pour leurs voisins îliens, elle essaya de se calmer en branchant son Ipod. Elle esquissa un large sourire factice face au contrôleur du bateau puis se trouva une banquette à l’ombre sur le pont supérieur, se cala contre son sac, bien décidée à ne pas se faire remarquer et surtout, à s’endormir rapidement. Le bateau démarra doucement, un flottement mou sur la rade de pointe à pitre tandis que l’embarcation glissait sur l’eau polie sans vent. C’en était presque faux, cette eau tranquille et soumise, qu’elle entrouvrit un oeil. Au loin, la côte jaune et rouge bordée de vert mordant ressemblait à des bras qui cherchaient à la retenir. Mais elle referma vite les yeux et se laissa bercer par ses propres images ; Ce sms de Franck qui lui offrait enfin ces mots qu’elle attendait depuis deux ans, cet autre SMS après l’annonce de l’obtention de son diplôme où il lui annonçait qu’il la quittait pour une baroudeuse russe rencontrée dans un bar. L’exotisme a toujours son charme qui fait chavirer n’importe quel coeur. Mais le sien, à elle, avait tout bien construit autour de lui, et avait oublié de laisser de l’espace vacant pour quelqu’un d’encore plus important : elle-même. Elle s’était oubliée dans ces 5 ans de relation, avait cru qu’elle ne pourrait vivre sans lui, qu’elle aurait son train de vie dont elle rêvait , enfin du moins elle s’était convaincue que c’était ce dont elle rêvait. Elle n’était plus sure de rien désormais.
Une légère secousse la fit remonter à la surface de ses pérégrinations. Le bateau avait désormais quitté la rade, les vagues jusque là dociles commençaient à s’agiter, à faire de petits roulis sur l’avant du navire, le laissant se dandiner d’avant en arrière de plus en plus violemment. Elle monta sur le pont extérieur pour admirer la vue en se rappelant les conseils de sa mère ; regarder le paysage. Comme elle lui manquait ! Elle se crispa, tout en elle se contracta devant la panique, ses cheveux se dressèrent en un frisson, elle eut froid tout d’un coup malgré la chaleur étouffante de l’après midi réverbérée par la mer. Et la nausée commença à pointer le bout de son nez. « calme toi, tu vas aller tranquillement vers les toilettes, marche doucement comme si de rien n’était ». Elle esquissa un pas. Trop tard. La vague stomacale la saisit de plein fouet, elle eut juste le temps de se retourner pour vider proprement le contenu de son estomac entre deux vagues. Une fois, puis deux. Tremblante, elle se rassit sur un banc en essayant de reprendre son souffle entre deux aspirations fétides. En fixant l’horizon qui dansait elle sentit l’eau de ses yeux monter en même temps que les vagues. Comme elle se sentait seule, perdue, malade au milieu de cet océan inconnu et farouche ! Les larmes cheminèrent en silence jusqu’à son menton, échouèrent entre ses pieds. « Je ne suis qu’une merde. Amélie, tu n’as jamais su bouger de ta campagne pendant qu’il te connaissait, c’est pour ça qu’il t’a quittée. Tu ne sais rien faire seule sans te mettre à dégobiller. Que ce soit des mots ou du vomi, tu ne sais rien garder, tu n’as même pas su garder ton mec ! » Les sanglots se firent plus prononcés, elle mordait sa lanière de sac pour ne pas être vue ni qu’on s’intéresse à elle. C’était vraiment la dernière chose qu’elle voulait, elle voulait se téléporter chez elle, disparaître, ne plus jamais entendre parler de Franck ni même de qui que ce soit. Elle serrait les dents, son nez commença à couler. « Je trouve qu’on dirait des dauphins d’écume ces rouleaux ! »
Amélie releva la tête, sonnée. Elle secoua à nouveau le crâne pour chasser les mèches rebelles maintenant perlées de sueur de cet épisode malade. Une voix lui était tombée dessus sans qu’elle y prête vraiment attention mais elle lui semblait pourtant adressée. Elle regarda autour d’elle ; Les gens autour ne semblaient pas avoir remarqué la jeune femme qui se tenait près d’elle, appuyée au bastingage. Une taille haute, les cheveux courts teints en bleu, vêtue d’un sac à dos de routarde, short en jean et grosses chaussures, elle avait glissé des perles dans ses cheveux et des lunettes de soleil à monture jaune sur le nez. Devant l’absence de réaction d’Amélie, elle se retourna vers elle avec un sourire en coin. « Tu ne trouves pas ? » Hébétée, Amélie la regarda comme si elle était un fantôme. « Euh, ben, Je ne sais pas » « C’est ta première fois ici non ? » « Oui, je pars en Dominique pour deux semaines » « On dirait que la mer des caraibes ne te réussit pas, en tout cas pas si tu lui grimpes dessus ! Tiens… » Elle lui tendit un thermos. Amélie ne savait trop quoi dire, la jeune femme devait avoir environ son âge, peut être un peu plus âgée. Elle se versa une tasse. « C’est quoi ? » « Du moringa et du citron. Bon pour reprendre des forces. Avec ce qui t’est arrivé tu dois avoir le bide cassé en deux, sans compter l’acidité. je donne pas cher de ton énergie jusqu’à l’arrivée, il reste encore deux heures. » « Je fais ce que je peux. » La jeune femme élargit son sourire. « Olivia » « Comme ma mère » « C’est original comme prénom ça dis donc ! » Elles rirent. « Amélie »
Olivia s’assit à côté d’elle pour regarder au loin. Le bateau était à présent embarqué dans une danse endiablée sur une mer bleue foncée. Les côtes de Guadeloupe avaient maintenant disparu, elles étaient noyées dans le bleu céleste et terrestre, impuissantes face au tangage et aux hauts le coeur d’Amélie. Mais pendant qu’elles discutaient, cette dernière sentit son ventre s’alléger et son coeur devenir plus apaisé. « Je suis belge, j’ai fait mes études en Guyane car mon père était prof là bas. Ma mère nous a quittés quand j’étais jeune, elle est australienne. » « Pourquoi aller en Dominique ? » « Il y a le Waitukubuli Trail, un chemin de randonnée assez connu qui traverse l’île de part en part. C’est tellement sauvage que je pense en avoir besoin. J’ai vécu à Bruxelles quelque temps, puis j’ai démissionné. Patron un peu trop entreprenant. » Elle fixa ses pieds en resserrant ses genoux. Amélie devinait ce qui avait pu lui arriver mais ne jugea pas utile d’insister. Elle remarqua une trace sur le bras d’Olivia.Cela ne lui échappa pas. « J’étais tombée amoureuse d’un collègue. Marié deux enfants, ça ne pouvait pas marcher, sauf que je continue de penser qu’il aurait dû mettre les choses au clair dès le départ, voire même ne rien commencer. J’avais 20 ans. Mon premier poste dans la boîte. J’ai voulu en finir » Amélie détourna le regard. Elles se connaissaient à peine et Olivia lui déballait ses casseroles sans débordement, sans rechercher de la compassion. Elle semblait solide, pleine d’aplomb. Elle finit par se confier à son tour. Franck, les allers retour entre Toulouse et Brest, les jalousies, les messages laissés, cet soif irrépressible d’être aimée et reconnue. Son investissement dans ses études tête baissée, ses nuits sans sommeil, ses matinées cravachées au café. Et son appartement vide qui ne sera jamais rempli quand, au moment de l’ouvrir avec la clé, elle reçut le sms qui ficha tout par terre. « Je pense que j’aimais qu’on m’aime. » En y repensant, elle sentait déjà les larmes revenir au bord de ses yeux. Olivia la prit par l’épaule. « Je pense que tu as besoin de la meilleure chose qu’il puisse exister en ce moment précis. » Elle la prit dans ses bras. Amélie, sous le choc, se laissa faire. Olivia sentait la crème solaire et le sable, c’était chaud et réconfortant. Elle laissa les larmes faire la course sur les bras de sa nouvelle amie et lâcha un par un chacun de ses muscles. Elle ne s’était jamais sentie aussi proche de quelqu’un. Olivia avait quelque chose de doux et d’installé dans ses gestes, dans sa voix. « Tu as faim ? » Amélie secoua la tête. Ce n’était pas vraiment qu’elle l’avait voulu, mais son dernier repas - elle s’en rendait compte à présent - datait de la veille au soir. Olivia plissa les lèvres en une moue attentive. « On peut toujours descendre chercher un petit quelque chose… » Les deux jeunes femmes se levèrent maladroitement. La mer de tous côtés faisait tanguer l’embarcation, elles durent suivre d’une main la barre qui ornait le pont pour ne pas tomber. En bas un petit Snack les attendait, une odeur de café et de vanille flottait tranquillement dans l’air entre le ronronnement des moteurs et les coups cinglants des vagues. La vendeuse, une Guadeloupéenne au visage avenant les accueillit d’un chaleureux sourire. « Mesdames ? » « On cherche un petit truc à grignoter, un remontant pour mon amie qui a du mal avec la marée… » Un sourire fleurit sur le visage de la jolie Guadeloupéenne, elle redressa son tablier et désigna des petites tartes blanchâtres au bout de la desserte. « « Je vous conseille celles-ci alors … Pour le vague à l’estomac…et à l’âme » Ajouta t-elle avec un clin d’oeil. Amélie croisa son regard. Comment avait t-elle deviné ? Elle mit cela sur le compte du contrecoup et se laissa tenter par les tartelettes. Olivia l’entraîna vers l’avant du bateau sur le pont inférieur, là où peu de personnes s’étaient risquées car les toilettes se trouvant proches, les relents de fonds d’estomac embaumaient les sièges et le contour des fenêtres. Amélie s’assit et déplia la petite pâtisserie de son papier, presque fébrilement ; On sentait une odeur de coco qui rappelait les noix fraîches coupées par les rastas sur le bord de mer, on devinait le grain de la farine sèche et absorbante, ainsi qu’une odeur moelleuse, enveloppante, comme des oeufs battus ou de la crème sucrée.
Elle mordit dans sa première bouchée qui fondit doucement sur sa langue. Crème pâtissière, confiture de noix de coco, pâte sablée salée. Aussitôt, elle se sentit remplie d’une profonde sérénité, elle se revit soudain catapultée dans la cuisine de sa grand mère où, après un gros chagrin ou un jour de froid, elle venait se poser sur le grand banc de bois de la ferme, et observait sa grand-mère confectionner un gâteau. Cette tarte était un concentré d’amour, une bombe caressante du nez et de l’estomac qui ne faisait aucun cadeau à son derrière mais enveloppait son coeur d’une allégresse, d’une tendresse incroyable. Elle dut fermer les yeux. Le ressac violent du voyage lui semblait bien loin soudain, elle se sentit glisser dans un sommeil cotonneux avec un estomac repu de sucre et de générosité. Olivia la secoua au moment où le navire s’approchait de la côte dominicaise ; Amélie ouvrit de grands yeux : La Dominique s’étendait là, verte et majestueuse, toute en pente lisse et douce, comme une mère l’accueillant en consolance. Elle sourit doucement. Son ventre avait cessé de crier, son coeur semblait lesté par la crème et la pâte. Elle réalisa en posant le pied à terre qu’elle avait cessé de trembler, qu’elle posait calmement ses affaires dans la gare maritime, qu’elle regardait autour d’elle avec des yeux colorés, neufs, plus éclairés. Cette douceur du voyage lui avait réconforté le corps, elle se sentait précieuse et aimée. Aimée d’elle même pour elle-même. Cette force féminine lui semblait transcender les jolies collines de Roseau, avec un charme sauvage et indomptable. Elle était digne, elle le savait. En chaussant ses chaussures de randonnée, elle chercha du regard Olivia mais ne la trouva ni dans les derniers à descendre, ni dans la longue queue de présentation des passeports. En sortant, elle avisa le long de la barrière des taxis un ruban rouge, et une lettre accrochée avec son prénom écrit. « Tourmente toi, aime-toi, lorsque tu t’accepteras ce sera le début d’une histoire merveilleuse qui durera toute la vie. Tu es ta meilleure amie, ton hôte, ta confidente, ta guide. Respecte toi et entretiens ton unique maison. N’oublie pas de t’apporter de la douceur et de la compassion. Tu mérites d’être aimée. Tu mérites de t’aimer. »
Elle sourit. Une jolie feuille estampillée d’un O flottait attachée au ruban rouge.
TOURMENT D’AMOUR
Le tourment d’amour est une pâtisserie originaire des Saintes. La légende veut que les femmes l’aient préparé pour leurs maris qui partaient en mer, parfois sur de longues périodes. Le caractère riche du gâteau fait qu’il tient au corps et réconforte le coeur des maris énamourés.
INGRÉDIENTS
• 100 g de farine de blé • 100 g de sucre de canne • 3 oeufs moyens • 1 pincée de sel • 1 cc d'arôme de vanille • pincée de cannelle • pincée de muscade • quelques gouttes d'essence d'amande amère • zeste de citron vert • confiture au choix coco, goyave, banane... Pâte brisée • 150 g de farine • 75 g de beurre mou • 1 pincée de sel • eau
INSTRUCTIONS Pâte brisée 1 Mélanger la farine avec le sel et le beurre. Ajouter un peu d'eau jusqu'à obtenir une pâte d'une bonne consistance.
2 Réserver au frais pour 30 minutes.
Génoise 1 Mélanger les œufs entiers avec le sucre et les différents arômes. Le mélange doit devenir bien mousseux.
2 Terminer en ajoutant la farine et la pincée de sel en mélangeant délicatement.
Montage 1 Étaler la pâte brisée sur une surface farinée. Détailler des cercles de pâte de la taille des moules.
2 Disposer un cercle de pâte dans chaque moule et piquer à l'aide d'une fourchette. Ajouter une bonne cuillère de confiture. Recouvrir avec un peu de pâte à génoise.
3 Enfourner à 180° pour 20 à 30 minutes environ.
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HISTOIRES EFFRAYANTES A RACONTER APRES LA TOMBÉE DE LA NUIT
HISTOIRES EFFRAYANTES A RACONTER APRES LA TOMBÉE DE LA NUIT
C'est l'heure de la sorcellerie avec une nuit sombre et sans lune. Vous vous blottissez autour d'un feu de camp avec vos amis, à tour de rôle, pour raconter des histoires. Quelqu'un vient de raconter une histoire particulièrement inquiétante au sujet d'une rencontre avec un fantôme, insistant sur le fait qu'elle était vraie. Vous vous asseyez tranquillement, regardant dans les flammes, hésitant à laisser entendre que cela vous a fait ramper la peau. Puis quelqu'un dans l'ombre se racle la gorge et commence à parler : "T'as entendu celui sur... ?" (adsbygoogle = window.adsbygoogle || ).push({});
La main léchée
Une jeune fille nommée Lisa devait souvent passer du temps seul à la maison le soir, car ses parents travaillaient tard. Ils lui ont acheté un chien pour lui tenir compagnie et la protéger. Une nuit, Lisa a été réveillée par un bruit de gouttes d'eau. Elle s'est levée et est allée à la cuisine pour s'assurer que le robinet était fermé. En retournant dans le lit, elle a mis sa main sous le lit, et le chien l'a léché. Le bruit d'égouttement continuait, alors elle est allée aux toilettes et s'est assuré que le robinet était fermé là aussi. Elle est retournée dans sa chambre et a mis sa main sous le lit, et le chien l'a encore léchée. (adsbygoogle = window.adsbygoogle || ).push({}); Mais l'égouttement continuait, alors elle est sortie et a fermé tous les robinets. Elle est revenue au lit, a mis sa main dessous et le chien l'a encore léchée. L'égouttement a continué : goutte à goutte, goutte à goutte, goutte à goutte. Cette fois, elle a écouté et a localisé la source de l'égouttement - elle venait de son placard ! Elle ouvrit la porte du placard et y trouva son pauvre chien pendu la tête en bas, le cou coupé. À l'intérieur de l'armoire, on pouvait lire : "Les humains peuvent lécher aussi !"
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Qui se cache sur la banquette arrière ?
Une nuit, une femme est sortie boire un verre avec ses copines. Elle a quitté le bar assez tard le soir et a commencé à rentrer chez elle sur l'autoroute déserte. Elle a remarqué une paire de phares dans son rétroviseur, s'approchant à un rythme légèrement plus rapide que le sien. Lorsque la voiture s'est garée derrière elle, elle a jeté un coup d'œil et a vu le clignotant, la voiture allait passer quand soudainement elle a fait une embardée derrière elle, s'est arrêtée dangereusement près de son hayon et a fait clignoter ses feux. Elle devenait nerveuse. Les lumières se sont éteintes pendant un moment, puis les lumières se sont rallumées et la voiture derrière elle a fait un bond en avant. La femme effrayée a eu du mal à garder les yeux sur la route. Finalement, elle s'est tournée vers la sortie. La voiture a continué de suivre, clignotant périodiquement ses feux de circulation. (adsbygoogle = window.adsbygoogle || ).push({}); À chaque feu rouge et à chaque virage, la voiture l'a suivie jusqu'à ce qu'elle s'arrête dans son allée. Elle pensait que son seul espoir était de se précipiter dans la maison et d'appeler la police. Alors qu'elle sautait de la voiture, le conducteur de la voiture derrière elle sautait, et il criait : "Verrouillez la porte et appelez la police ! Appelez le 911 !" Quand la police est arrivée, l'horrible vérité a finalement été révélée à la femme. L'homme dans la voiture essayait de la sauver. Alors qu'il s'arrêtait derrière elle et que ses phares illuminaient sa voiture, il vit la silhouette d'un homme avec un couteau de boucher se relever du siège arrière. Vous avez aimé cet article ? Partagez et commentez ! Read the full article
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taxi luxembourg Mises à jour hebdomadaires ⋅ 1 mars 2019 ACTUALITÉS "Comme du bétail": il gérait un trafic de migrants depuis le Luxembourg RTL 5 Minutes "Comme du bétail": il gérait un trafic de migrants depuis le Luxembourg ... L'accusé avait participé au trafic parce qu'en tant que chauffeur de taxi, ... Signaler comme non pertinent En Silence - Luxembourg Forum Opéra Deux récits parallèles viennent se mêler à cette histoire, celui d'un fantôme féminin qui hante la banquette arrière des taxis, et celui d'un jeune ... Signaler comme non pertinent Afficher plus de résultats | Modifier cette alerte Vous avez reçu ce courriel, car vous êtes abonné à Google Alertes. Se désabonner | Afficher toutes les alertes Recevoir cette alerte comme flux RSS Envoyer un commentaire
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L’anxiété de vivre
Je veux, je dois
Je me promène dans mon bolide. Les yeux ronds et l’esprit à l’affût, les mains à 2h50, la ceinture bouclée, les yeux rivés sur l’horizon, je parcours les quartiers des nouvelles connaissances avides d’informations…pertinentes ou non. Je veux savoir, connaître, comprendre.
Ma vie est un bus magique! Je me remplis la tête, le bedon et le coeur de nouvelles données. Des tapis jusqu’au plafond, j’empile et j’emboite afin d’utiliser chaque millimètre cube d’espace. Je veux m’aventurer, goûter, me délecter.
Tant à voir, tant à découvrir!! Je course entre les différents services au volant, en garrochant tout le nouveau contenu sur ma banquette arrière. J’utiliserai plus tard. Quand j’aurai le temps…je veux tout posséder, tout consommer, tout expérimenter.
Je suis un Pac-Man. J’avance sur le pavage de points blancs sans jamais arrêter, gobant tout ce que je peux sur mon passage. Je change de direction lorsqu’un fantôme m’y oblige. Je me convaincrai plus tard que ce changement de cap était désiré et volontaire. Balivernes! Je veux tout faire, tout construire, tout entreprendre.
Je conduis vite. J’aperçois les alentours mais le paysage est un peu embrouillé. Comme quand tu roules sur l’autoroute et que tu regardes les arbres défiler sur le côté de la route. Tu vois mais tu n’admires pas. Je veux tout voir, tout regarder mais je ne peux pas contempler.
De toute manière, j’ai pas le temps.
Vite, plus vite! Plus, encore plus! Plus, toujours plus!
Je passe sur les jaunes. Je contourne les obstacles sur mon chemin. J’esquive les conséquences désagréables de mes actions et je poursuis mon ascension sur l’heureuse route du déni. Je veux tout contrôler, tout éviter, je dois me protéger.
Vite, plus vite! Plus, encore plus! Plus, toujours plus!
Plus…plus…plus rien…lumière rouge!
J’ai frappé un cône et c’est l’arrêt complet du véhicule.
Je suis rentrée dans un mur ou comme j’aime si bien me le faire croire, je me suis fait rentrer d’dans. Je dois arrêter. Je dois évaluer. Je dois me repositionner.
Pas le temps d’attendre la réhabilitation complète, je veux poursuivre, je veux m’accomplir, je dois avancer!
Tant de chose à faire, tant de choses à voir, tant de gens à rencontrer. Je ne veux rien manquer. J’ai le vent dans les voiles mais je ne veux pas voguer, je veux naviguer! Je dois ramer, travailler, initier.
Ainsi, je colmate le trou, je poli la blessure et je remet un sourire sur cette façade. La réparation sera pour demain. Je dois apprendre, consolider et m’améliorer.
Et je continue…je veux vivre…je dois survie.
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BERTRAND BURGALAT - Les choses que l’on ne peut dire à personne
Actuellement en vente
“Attention au départ...”
Ça commence comme ça. Un piano, du synthé, des cordes, vibraphone et marimba, une voix féminine qui glisse sur la réalité comme pour mieux l’écraser. La dépasser parce qu’elle ne mérite rien d’autre. C’est “Crescendo”, introduction du nouvel album de Bertrand Burgalat, invitation au voyage, volonté de décoller, pas une fuite, non. Une envie de prendre de la hauteur.
“È L’Ora Dell’azione”, qui suit, est une nappe instrumentale qui s’humanise au fur et à mesure qu’elle progresse. Une batterie, du steel-drum, des mains de robots qui claquent, des notes qui dessinent un horizon, le début d’un film qui n’aura pas besoin de statuette dorée pour exister.
C’est sur “Le Zéphyr” que Burgalat se met à chanter. On est pris direct, on y est.
“Diagonale du vide” mêle cathédrale et poing américain, c’est un bar de GI’s de province fermé depuis la fin du plan Marshall qui se met à revivre, quand la nuit convoque les derniers braves.
“Sur les plages de la vie” accélère le rythme, comme s’il fallait tout donner avant la fin. Course solaire trépidante, avec cette ultime phrase “la vie reste belle”, qui ressemble à une main tendue, malgré l’inéluctabilité des choses.
“Les choses qu’on ne peut dire à personne” a préféré ne pas choisir entre intimité et grandiloquence et devient donc une chanson indélébile assez rapidement. Un tube, dans un monde parallèle. Un tube de Burgalat.
“Étranges nuages”, c’est quoi? Peut-être du funk mutant, de la pop qui colonise la colonne vertébrale, du corps qui ondule et des chœurs qui déchirent un ciel bleu métal.
“Tombeau pour David Bowie” est un instrumental, beau, sobre, hanté. “Une sorte de sarcophage cosmique pour Bowie” précise Burgalat. La classe est quelque chose qui ne s’achète pas. Ici, ce sont des larmes sincères qui coulent à l’ombre d’un autel oublié. Beau, oui.
“L’enfant sur la banquette arrière” revient à la vie. Enfin, à cette vie qu’on ne vit pas vraiment. Être sans y être, la procuration, les faits divers, les émotions à distance. C’est aujourd’hui, c’est notre époque, c’est jubilatoire. La prose de Burgalat enchante celui qui écoute.
“Tribunes au couchant” ne dit rien et emmène loin. Des cordes, une rythmique, une guitare, des anges qui tournoient, une atmosphère qui s’édifie tranquillement, sans forcer.
“36 minutes” débute comme un bulletin météo à la précision chirurgicale. Vite, on passe à quelque chose de sensible, un souvenir réactivé, joli comme un instant figé à jamais. Ici, le pedal-steel n’évoque aucun cow-boy, aucune santiag en peau de serpent et convierait plutôt à un abandon salutaire. Détournement et sentiments.
“Tour des Lilas” est un coeur qui s’emballe comme pour mieux refuser d’abdiquer. Poésie et technique, ondes et solitude, Burgalat n’explique rien et chevauche sans contrainte. C’est aussi pour ça qu’on l’aime.
“Ultradevotion” devrait être imposée par décret comme LA chanson à passer en boîte pour indiquer aux noctambules que l’heure est venue de rejoindre les bras de Morphée, avant que le soleil ne brûle tout. Sorte de disco à visage humain, entre songe et banquette moelleuse et fièrement hors du temps.
“Son et lumière” est peut-être la meilleure chanson jamais écrite sur le simulacre, la comédie ratée et plébiscitée de tous ces zombies qui pensent être au coeur des choses alors qu’ils ne font que bégayer une histoire trop grande pour eux.
“Musées et Cimetières” a le steel-drum vaporeux, Burgalat surfe entre les tombes et les vestiges et c’est émouvant.
“Hologramme” est incarné, bien là, avec son piano évocateur et sa batterie toute en retenue.
“Coeur défense” oblige à regarder le ciel et ces flèches humaines de béton et de glace qui se dressent pour mieux le défier et l’honorer. Le refrain est presque enfantin et c’est bien.
“Un ami viendra ce soir”. On ne sait pas vraiment qui il est, cet ami, et on s’en moque.
Enfin, “Étude in Black”, qui clôt l’album, rappelle que chez Burgalat, la magie compte autant que le sens et les notes. Rachmaninov, Monk, jazz messiaenique, cordes fantômes et piano de verre, chacun y mettra ce qu’il veut. Chacun choisira de s’oublier en fermant les yeux et en laissant aller. Les choses qu’on ne peut dire à personne, Burgalat nous les murmure avec une générosité de combat, une innocence sans drapeau blanc.
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