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#le coran des historiens
claudehenrion · 1 year
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Dissertation sur un drame sans fin…
 En rassemblant plein de souvenirs pour raconter ou rappeler, la semaine dernière, les trois erreurs impardonnables que l'Occident s'entête à commettre et à répéter en permanence sans, bien sûr, le moindre espoir de “bénéfice” pour qui que ce soit, une erreur de plus est venue à la surface, au moins “aussi pire” que les autres : se tromper à répétition n'a jamais contribué à faire éclater la vérité… L’autre titre que j'envisageais pour cet éditorial était “Dissertation sur les causes réelles de l'un des grands drames qui menacent le futur de l'humanité”. Trop “clivant’‘ ; j'ai raccourci…
Ces ’'causes réelles”, qui sont si complexes et si difficiles à expliquer tiennent à la tendance qu'ont les occidentaux de mettre les récits des “livres Saints” sur un pied d'égalité, en ce qui concerne leur véracité (sans doute sont-elles dues à la passion des français pour l'égalitarisme, par système !, même si l'expérience montre bien que, indépendamment de tout contenu dogmatique ou rituel, une telle équation “ne tient pas la route’' : à en croire les historiens. Or force est de constater que, autant ce que rapporte la Bible est, en gros, exact (ce qui est de plus en plus vérifié par toutes les découvertes récentes (cf. n/ édito n°1330 – ’'La Bible et la science”, daté du 2/12/2020), autant les récits que l'on trouve dans le Coran sont assez souvent approximatifs, au point de rendre impossible toute approche historique, et il est certain que l’islam a donné une autre issue que nous à la querelle  science / foi….
Retour sur images : on peut tenter un parallèle osé entre les manières dont l'Occident traite deux sujets d'inquiétude récents de leurs mandants/électeurs –qui devraient être en droit d'attendre exactement le contraire de toutes ces non-solutions ramassées dans des catalogues de réponses mauvaises– : l'attaque de notre civilisation par un islam en rupture avec l'humanité, d'une part, et “ce qu'ils ont fait du covid”, de l'autre… “Des mauvaises solutions à Islam et au covid” serait un autre titre valable pour cet éditorial……Dit comme ça, ça a l'air idiot… mais je pense que, argumenté, on peut en tirer des leçons et faire jaillir une petite lumière.
Sortant de l'effroyable période du covid, il n'est pas indécent de se demander si la créativité et les libertés prises avec la vérité historique démontrée ne remettrait pas en cause (pour partie, au moins), le récit officiel relatif au covid. Nous avons payé cher pour avoir écouté ces politicards qui nous ont tant menti, tant contraints, tant  désinformés… et se sont se sont bien foutu de notre gueule, pour rester poli ! Or, mutatis mutandis bien évidemment, le récit ‘’arabe’’ traditionnel peut donner l'impression d'être difficilement compréhensible et si approximatif qu'il est autorise, en quelque sorte, à mettre très sagement en doute tout narratif issu de ces sources.
L'ensemble du récit traditionnel des origines n’est bien sûr pas à rejeter a priori, par principe, ce serait faire comme “eux’' : attaquer les messagers sur des non-sujets connexes,  pour ne pas avoir à se confronter aux messages, et parler de ’'bien/mal” subjectifs au lieu de “vrai/faux” objectifs ! Cependant, il n’est pas déplacé de dire que le récit islamique est considéré par pratiquement toutes les sources non-exclusivement internes comme un scénario, comme une hypothèse parmi toutes celles que formulent les chercheurs pour expliquer différents éléments relatifs aux origines de l’islam –sources scripturaires, traditions, vestiges, artefacts divers, etc.. selon les bonnes vieilles règles de la méthode scientifique : on formule des hypothèses et des scénarios possibles à confronter aux données disponibles.
Un exemple, cité par l'historien Stephen J Shoemaker, spécialiste de l’histoire et l’historiographie des débuts de l’islam : Mahomet lui-même, réputé mort en 632, aurait participé aux premières batailles de la Conquête, comme le suggèrent de nombreuses sources contemporaines de ces événements, datées de 691 à 741 (liste disponible, en cas de doute !) De très nombreux textes affirment, chacun à sa façon, que “le Prophète Muhammad était encore vivant en 634, et qu’il dirigea les premières incursions arabes hors d’Arabie (’le Prophète est apparu avec les Saracènes” ou “Muhammad dirigea lui-même les incursions contre les Perses”.  Il ajoute que la “Sira’' (= la biographie de Mahomet) ne donne qu'une image du Prophète idéalisée par les musulmans de ce temps-là, ce que confirme Hocine Kerzazi, Docteur en sociologie des religions, dans Islamo-diversion (L'Harmattan, 2021) et dans Origines de l’islam : le déni musulman. Cet historien musulman explique que (je cite) : ’'La confrontation du récit traditionnel à ces données invalide globalement ce qu'on désigne par  ’'l’hypothèse musulmane”, qui se révèle incapable de rendre compte de l’ensemble du dossier historique, à ce moment.’’.
Et la recherche historique fait sans cesse des découvertes nouvelles… qui invalident chaque jour davantage le substrat de la tradition musulmane… dont les grandes lignes prévalaient, il y a peu de temps encore, dans certains milieux scientifiques. Cette évolution remet en mémoire les reproches que formulait déjà le grand Ibn Khaldoun, dans l’introduction de ses Prolégomènes (1377), contre les “historiens” musulmans. Cela pourrait n'être qu'un “détail de l'Histoire”, une religion ayant peu de raisons ni vocation de jouer les historiens. Mais hélas, il n'en est rien, car l'islam, contrairement au judaïsme (un peu) et aux christianismes (totalement) n'est pas une “religion”, nous l'avons montré récemment, mais un mode de vie dont il est interdit de mettre en doute l’emplacement d une virgule (les “croyants” de stricte obédience disent que le Coran ne pouvant être traduit (écrit en arabe –pour eux “la langue que parle Allah”), Il ne peut être lu que dans le langage arabe).
Ce double déni permet, d'un côté que soient contesté l'enseignement de toute vérité historique chronologiquement démontrée… ce qui débouche, logiquement, sur l'atroce assassinat de Samuel Pati –qui ne sera vraisemblablement pas le dernier, hélas : entre ce qu'affirme le Coran et ce que démontre la “science des hommes”, le croyant ne doit pas hésiter : c'est le Livre Saint qui a raison. D'où une des difficultés majeures que rencontrent nos enseignants : ils énoncent des faits vérifiés, expliqués et contrôlés… et un élève de 10 ans se lève et affirme, en étant sûr d'avoir raison, que c'est faux. Le Livre dit que Mahomet est mort en 632… et plein de preuves démontrent que ce n'est  sans doute pas exact ? Une seule réponse : Il est mort en 632, point final… ce qui devient grave si on se souvient que pour plus de 57 % des jeunes musulmans vivant en France (nés ou immigrants, français ou pas) la Charia'a a raison contre les Lois de la République (sondages multiples faits par IFop pour le Point)… Il y a vraiment de quoi se faire du souci.
Un autre résultat, encore plus grave, puisqu'il fait vivre le Monde en état de guerre permanente depuis 1946, nous renvoie à la phrase “Jérusalem, troisième lieu Saint de l'Islam”, sujet, raison d'être et version moderne d'une “guerre de 100 ans” en cours entre Israël et le monde arabe, et de l’“exportation” de ce conflit en termes politiques, humains et terroristes dans le monde entier. Nous en parlons souvent, car c'est sans doute une des sources majeures de l'instabilité actuelle du monde.
La tradition musulmane dit que “Al Qods” (= la Sainte, nom arabe de Jérusalem) est “la troisième ville Sainte de l'islam”, après La Mecque et Médine, puisque la sourate 17, ’'al-Isra’' (= le Voyage Nocturne), dit : “Gloire à celui qui a fait voyager de nuit son serviteur de la Mosquée sacrée (la Mecque) à la Mosquée très éloignée”, sans que le Coran ne cite le nom de Jérusalem. Même si les traditions associent ce lieu à ce texte coranique et si les exégètes musulmans reconnaissent à l'unanimité le Mont du Temple dans l’expression “la mosquée la plus éloignée”….. bien des lectures proposent d'autres “Mosquées lointaines” possibles. Jérusalem comme étant le lieu du voyage nocturne, apparaît à la fin du Ier siècle de l'Hégire, sans doute inspirée par l'existence de ce temple immense dont le souvenir avait frappé des peuples bédouins, habitués aux habitats “légers” des peuples nomades.
Tenu compte de ce que nous savons sur les approximations et les à-peu-près qui caractérisent l'histoire musulmane, il n'est pas indécent de se demander si le terme du voyage nocturne de Mahomet a bien été Jérusalem…  Cette seule hypothèse –sur laquelle je ne me prononce évidemment pas, ne “cochant aucune des cases” nécessaires pour le faire : je ne fait que mentionner une idée qui circule et “est dans l'air du temps”– donne le vertige : tant de larmes, de haine, de violence, pour une incertitude ? Mais la rigueur scientifique a du bon, à condition qu'elle soit partagée !
H-Cl.
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"Carré Noir sur Fond Blanc" de Kazimir Malevitch (1914-15) (et sa présentation comme une icone orthodoxe lors de "La Dernière Exposition Futuriste de Peintures 0,10" à Saint-Pétersbourg), "Icon V (Coran's Broadway Flesh)" de Dan Flavin (1962), Reconstition de la salle à manger des Gauguin dite "La Grande Iconostase" de la Collection Chtchoukine et "Composition Murale" tempera de Serge Poliakoff (1965-67) présentés à la conférence “L'Art Contemporain est-il Irréligieux ?“ par Paul Bernard-Nouraud - Historien d'Art - pour le cycle “Etre de son Temps : L'Art Contemporain Face à l'Epoque” de l'association Des Mots et Des Arts, février 2022.
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reseau-actu · 5 years
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Pour la première fois dans le monde, trente spécialistes ont décrypté le livre saint de l’Islam. Ils livrent une analyse circonstanciée du texte, accessible au grand public, dans le "Coran des historiens" (éditions du Cerf). Rencontre avec l’un de ses codirecteurs, Mohammad Ali Amir-Moezzi.
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Pour la première fois dans le monde, trente spécialistes ont décrypté le livre saint de l’Islam. Ils livrent une analyse circonstanciée du texte, accessible au grand public, dans Le Coran des historiens. Rencontre avec l’un de ses codirecteurs, Mohammad Ali Amir-Moezzi.
Marianne : Depuis quand êtes-vous travaillé par cette idée d’une contextualisation du texte saint pour les non savants ?
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Mohammad Ali Amir-Moezzi : Le travail de contextualisation du Coran est ancien, il remonte au XIXe siècle avec le début des études scientifiques sur le Coran notamment par les biblistes allemands et de grands savants juifs. Ce qui intriguait ces derniers, c'était justement la présence massive du judaïsme dans le texte saint.
Depuis la fin du XXe siècle, on a assisté à une accélération des études sur le Coran. Pour y voir plus clair, j’ai commencé moi-même avec la publication du Dictionnaire du Coran en 2007 (Robert Laffont). Il s’agissait de présenter la pluralité des perceptions musulmanes du livre fondateur de l’Islam, souvent perçu à tort comme un bloc monolithique.
Le Coran des historiens s'inscrit dans une autre démarche. L'idée est de mettre à disposition d'un large public une synthèse des études scientifiques sur ce texte depuis le XIXe siècle jusqu'à aujourd'hui augmentée de réflexions actuelles. Avec Guillaume Dye, nous avons mis sur pied une équipe de chercheurs internationaux composée d'historiens et de spécialistes du Coran. Pour la première fois au monde, nous avons donc contextualisé ce texte saint et l’avons commenté en amont de ce qu’en disent les sources islamiques.
Comment avez-vous procédé, tant pour le choix des 30 spécialistes que pour la méthodologie ?
Nous avons décidé d'étudier le texte du Coran "à l’état brut", en amont de ce qu’en disent les sources musulmanes. Celles-ci ont été déterminées par l'histoire politique et doctrinale très mouvementée au début de l’islam. Les commentateurs voient dans le texte ce qu'ils ont envie d'y voir selon leur appartenance théologico-politique. Pour cela, nous nous sommes appuyés sur les apports des scientifiques depuis deux siècles ainsi que sur les recherches des plus grands spécialistes actuels.
Une très grande introduction (Vol. 1) s’avérait nécessaire afin de revenir sur le contexte du Proche et Moyen-Orient à l'époque de l'avènement de Mahomet et de la genèse du Coran. On trouve aussi des études sur les manuscrits, les données archéologiques, le droit... Nous avons fait appel aux meilleurs chercheurs reconnus chacun dans leur discipline respective, et aussi à de jeunes spécialistes particulièrement brillants que nous voulions faire connaitre.
Le deuxième volume est un commentaire continu du livre saint, du début à la fin. Pour ce travail, nous avons collaborés avec des historiens du Coran, c'est-à-dire ceux qui travaillent selon la méthode historico-critique sur le Coran en tant que texte historique, religieux, et littéraire du VIe et VIIe siècle.
Il faut savoir que pour très peu de croyants musulmans le Coran est une source directe
Le Coran est considéré par bon nombre de croyants comme une source directe de la foi, sans interprétation possible. La contextualisation n’est-elle pas perçue comme une menace à l’égard de la foi par les fidèles ?
Tout d'abord, il faut savoir que pour très peu de croyants musulmans, le Coran est une source directe. En effet, le texte est écrit dans un arabe archaïque, généralement différent de l'arabe littéraire dit "classique". Seuls 15% des musulmans dans le monde sont arabes ou arabophones. Les plus grands pays musulmans sont le Nigeria et l'Indonésie, qui n'ont rien à voir avec la culture ou la langue arabe. La moitié de la population musulmane mondiale se trouve dans le continent indien (Pakistan, Inde, Bangladesh). Vous ajoutez à cela l'islam turc, africain, balkanique... Tous ces gens là ne connaissent pas l'arabe. Et même dans les pays arabophones, le nombre de personnes analphabètes et/ou peu lettrées est conséquent. Seul un pourcentage infime de musulmans comprend directement le Coran dans la langue. Ce qu'apprennent les croyants passe par le filtre de commentateurs, de la littérature secondaire. Les interprétations sont donc extrêmement variées (mystique, juridique, philosophique, politique...), issues de diverses traditions. Le Coran est donc loin d'être une source directe !
Pour revenir à votre question, il est certain que certains perçoivent cette mise en contexte comme une menace, mais à mon avis sans raison. La foi porte sur des sujets essentiels, intimes de l'existence du fidèle. Parfois, pour avoir une bonne connaissance de ce qui est essentiel, il faut aussi connaître ce qui est accessoire. Une étude philologique du Coran avant les ajouts exégétiques peut même consolider la foi. En effet, il s’agit de se pencher sur ce que dit véritablement ce texte avant l’exégèse des traditions - dépendant souvent d’un contexte différent de celui qui a vu naître le Coran.
Il est vrai qu'une vision distanciée, sereine des choses la foi est le fruit d'une histoire occidentale (avec l’exégèse biblique médiévale, l'Humanisme, les Lumières...). Cette approche critique fait partie des fondements de la pensée moderne dont la tolérance est une des composantes majeures. Cela a pris du temps et provoqué nombre de conflits, mais finalement la mentalité occidentale, aussi bien chez les juifs que les chrétiens, a intégré une vision contextualisée, du fait religieux. A l'inverse la grande majorité des musulmans n'a pas encore intégré cette histoire. La vision critique des choses de la foi n'est pas encore assimilée. Cependant, je crois que les choses sont en train de changer.
Une distinction peut donc être faite entre les croyances et la foi
Dans quelle mesure cette somme peut-elle alors trouver un écho dans la sphère religieuse ?
Il y a dans le monde musulman ce que je nomme "l'apprentissage par la souffrance"… Il peut paraître banal de préciser que les premières victimes de l'islamisme violent sont les musulmans mais rappeler les évidences s’avère souvent utile. On observe de plus en plus de frémissements chez des penseurs musulmans qui ne peuvent plus se satisfaire de dire "tout ce qui arrive aux musulmans c'est la faute du sionisme, de l'impérialisme, du colonialisme !" Certes, les éléments géopolitiques ne peuvent être niés, mais les intellectuels musulmans estiment, de plus en plus, que quelque chose dans nos propres traditions pose problème. Dans l'Orient musulman, par exemple en Iran, de plus en plus de savants religieux affirment qu'il faut regarder nos traditions avec de nouvelles lunettes (sans doute par réaction aux conséquences violentes de la révolution islamique.) Et ces nouvelles lunettes sont souvent d’ordre scientifique !
Cela peut faire écho à ce qu’expliquaient certains penseurs de l'islam médiéval comme Ghazâmî ou Ibn Arabî : parfois, la perte d'un certain nombre de croyances consolide la foi. Une distinction peut donc être faite entre les croyances et la foi, et il y a des croyances qui polluent la pureté de la foi. L’étude non-idéologique aide à clarifier cette distinction. Il est alors essentiel d’historiciser, de contextualiser, et d’introduire l'histoire et la géographie dans les choses de la foi afin d’y neutraliser la perception absolutiste qui favorise le fanatisme
Ce Coran des historiens remet-il en question des croyances communément admises chez les croyants aujourd’hui ?
Contrairement à ce que dit la tradition islamique issue des conquêtes et de la naissance de l'empire pour qui l'Islam serait en rupture avec les monothéisme antérieurs et qui présente le Coran comme un livre supérieur à toute les Écritures, le Coran ne constitue pas une rupture avec les Écritures saintes du judaïsme ou du christianisme. Il y a un continuum. Le Coran lui-même en est la preuve ! Il appartient à la tradition textuelle monothéiste de l'Antiquité tardive, à chaque page on voit les traces d’une connaissance particulière de ce qu’on pourrait appeler la spiritualité biblique.
Le Coran a-t-il été "dénaturé" par l'histoire politique ? Ce texte saint semble devenir un texte politico-religieux après les califats et les conquêtes arabes…
Dans la religion, le temporel et le spirituel sont immanquablement liés. Par exemple, dans l'Ancien testament, la venue des Hébreux de l’Égypte vers la Terre promise est un évènement à la fois religieux et politique. Attention au piège de l’anachronisme, il ne s’agit pas de juger ces textes avec nos lunettes actuelles. Ils appartiennent au temps et au lieu qui sont les leurs. . Ainsi, si Mahomet était né au Mexique, ou s'il avait vécu au IVe siècle avant J.C, le discours n’aurait pas été le même. La question est : comment aborde-t-on ces textes saints ? Des parties violentes existent dans le Coran comme dans l’Ancien Testament. Or, l’immense majorité des juifs a accepté que les aspects temporels de leurs Écritures relèvent de textes historiques que l’on ne peut plus appliquer à la lettre, contrairement aux aspects spirituels qui concernent la vie intérieure des fidèles. Ce travail de contextualisation est également nécessaire pour l’islam.
Le texte coranique appartient à son temps
L’historien n’a pas pour mission de régler les questions théologiques. Néanmoins que nous dit le Coran sur la place des femmes, les minorités juives et chrétiennes ?
D'abord, une précision. Les Juifs et surtout les chrétiens deviennent minoritaires plusieurs siècles après les conquêtes. Contrairement à ce qu'affirment les sources apologétiques, la mise en place d'une religion est très lente, tout comme les conversions.
Le texte coranique appartient à son temps. En effet, selon l'anthropologie coranique le musulman est supérieur au non-musulman, l'homme libre est supérieur à l'esclave, l'homme est supérieur à la femme. Mais la femme dispose quand même un certain nombre de droits. Il faut savoir également que l'évolution du droit musulman est souvent non-coranique, voire anti-coranique. Par exemple, selon le Coran, la fille hérite de ses parents la moitié de ce dont hérite le fils. Pourtant, dans beaucoup de pays sunnites aujourd’hui, la femme n'hérite de rien tant qu’il reste des hommes héritiers.
Lire aussiQue dit vraiment le Coran sur les juifs ?
Par ailleurs, le Coran est un corpus qui contient des contradictions. C'est pour cela que les musulmans ont mis sur pied une science - assez curieuse - qui est la science de l'abrogation, afin de justifier ces contradictions. Ils ont donc établi une chronologie arbitraire, au sujet de laquelle les savants divergent, selon laquelle les versets anciens en contradictions avec les plus récents sont abrogés. Par exemple, sur le vin, le Coran propose trois positions : le vin est un breuvage paradisiaque, il peut être bu en dehors du temps de la prière, enfin il est diabolique donc absolument interdit. La chronologie exacte ne pouvant pas être déterminée, on se demande pourquoi l’orthodoxie a toujours opté pour la position la plus dure. Cette ambivalence concerne juifs et chrétiens. On trouve des versets extrêmement élogieux où les descendant d’Israël sont appelés "le peuple élu". Les chrétiens pieux sont considérés dans certains versets comme les hommes particulièrement aimés de Dieu. Et puis, on trouve aussi les versets guerriers, avec l'appel au combat contre les mêmes. Encore une fois, l'Islam a opté pour l’abrogation des versets "plus doux", conservant les versets "plus durs".
Comment expliquer ces versets si opposés ?
Plusieurs hypothèses ont été avancées par les savants. Il est possible que tout le Coran ne date pas de l'époque de Mahomet. Des parties ont pu être rédigées après les conquêtes, les versets les plus guerriers serviraient à justifier la domination des peuples conquis par le pouvoir califal. Une autre explication peut se trouver dans l'entourage de Mahomet, composé de différentes catégories de croyants. Il y avait des apocalyptiques pour qui la fin du monde était très proche, pacifistes vis-à-vis des autres religions, et qui croyaient à l’avènement imminent du jugement dernier. A côté de ces gens là, et parfois contre eux, se trouvaient des fidèles belliqueux, bien plus conquérants, en quête de pouvoir et butins. Le Coran serait un texte de compromis entre les idées de ces deux groupes. Ce sont des pistes de recherche et l’historien n’a pas encore de réponses définitives à ces questions.
Il est impossible de faire une biographie historique du prophète
Que sait-on de Mahomet ?
Très peu de chose si l’on se fonde sur le Coran ! Celui-ci parle infiniment plus d'Abraham, Moïse ou Noé que de Mahomet qui n'est cité que cinq fois dans l’ensemble du texte, contre 136 fois pour Moïse (le plus cité) ou 69 fois pour Abraham. Si nous lisons le texte sans les filtres exégétiques qui ont vu Mahomet partout, nous n'apprenons rien sur la vie du Prophète. Chez les spécialistes de l'Islam, on aime à dire que "le Coran est un texte sans contexte". Dans l'introduction de notre ouvrage il y a un long chapitre sur les vies de Mahomet particulièrement intéressant me semble-t-il car il explique les raisons pour lesquelles il est impossible de faire une biographie historique du prophète.
Ce qui est possible c’est une histoire des représentations de Mahomet créées par la tradition islamique (images politique, ascétique, eschatologique, mystique...). Il y a de multiples figures du prophète, souvent contradictoires avant le travail tardif d’uniformisation des textes, mais sa réalité historique demeure impossible à saisir. Et pourtant son existence est certaine : même des sources non-islamiques contemporaines parlent de lui. Il est fascinant de voir qu'il est présenté comme appartenant à la tradition biblique. Des textes de traditions juives décrivent un prophète arabe, envoyé par Dieu pour libérer Jérusalem du joug byzantin. Dans des textes chrétiens on évoque un prophète arabe qui annonce la fin des temps et la venue du messie, et ce messie "est le nôtre", précisent-ils.
Lire aussiCe que l'islam a de juif et ce que les Arabes ont de chrétien
La rareté de Mahomet est étrange dans un texte qui devrait le concerner avant tout...
Il est vrai que cet aspect est problématique. A propos de Mahomet, le Coran dit même que c'est un homme comme les autres. Il a l'image d'un homme ordinaire, mais investi d'une mission divine, qui est d'avertir de la fin imminente du monde et demander aux gens de revenir vers Dieu. En effet, le Coran, dans ses couches les plus anciennes, est un texte apocalyptique.
Ce travail représente-il un risque pour les auteurs du Coran des historiens ?
Non, je ne pense pas. Ce que nous écrivons dans cet ouvrage n'a rien d'outrancier à l'égard de l'Islam et son livre saint. J’ajoute que les réactions violentes n'ont pas attendu ce livre pour exister. Nous avons essayé, en tant qu'historiens, d'être objectif, et sommes toujours respectueux de notre objet de recherche comme c’est le cas dans toute investigation scientifique.
Est-ce qu'il va être distribué à l'étranger ?
Certainement. Il aura sûrement moins de lecteur dans les pays musulmans car il n'y en a pas beaucoup qui lisent le français. Mais parmi les francophones, des intellectuels, des lettrés, voire des religieux seront intéressés par ce que l’on dit. Ils ne seront peut-être pas d'accord avec tout ce que nous affirmons… Mais même entre historiens, y compris les auteurs de ce livre, nous ne sommes pas toujours du même avis !
>> Le Coran des historiens, sous la direction de Mohammad Ali Amir-Moezzi et Guillaume Dye, coffret de 3 volumes, éditions du Cerf, 2019
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lemaupertus · 5 years
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https://e3o.org/e3o/livres-kallawaya-guerisseurs-itinerants-des-andes/
Livres : Kallawaya, guérisseurs itinérants des Andes
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Kallawaya, guérisseurs itinérants des Andes IRD Éditions. 2018 Les guérisseurs itinérants kallawaya sont originaires des vallées de Charazani dans les Andes orientales, à mi-chemin du lac Titicaca et de l’Amazonie, sur le territoire d’une ancienne chefferie pré inca. Durant l’époque coloniale et jusqu’à nos jours, ils diffusèrent dans les Andes … Lire plus…Livres : Kallawaya, guérisseurs itinérants des Andes Kallawaya, guérisseurs itinérants des Andes IRD Éditions. 2018 Les guérisseurs itinérants kallawaya sont originaires des vallées de Charazani dans les Andes orientales, à mi-chemin du lac Titicaca et de l'Amazonie, sur le territoire d'une ancienne chefferie pré inca. Durant l'époque coloniale et jusqu'à nos jours, ils diffusèrent dans les Andes d'abord, de Quito au Chili, dans tout le continent ensuite, de Panama à Buenos Aires, leur savoir médical né de la rencontre de plusieurs traditions (Pukina, Arawak, Aymara, Quechua) et transmis par initiation. Grâce à une patiente et obstinée enquête menée durant quinze années dans l'amitié de ses informateurs, Louis Girault a pu réunir une collection de plantes médicinales, d'éléments organiques et minéraux, ainsi que des amullettes, utilisés dans les pratiques thérapeutiques et magiques des Kallawaya. Cet inventaire quasi exhaustif de mille éléments, rapportés au vu des classifications locales et confrontés aux anciennes chroniques d'histoire naturelle, permet d'étudier tant les taxonomies indigènes et la pharmacopée traditionnelle que les différents codes, sémantiques et symboliques, employés par ces guérisseurs. Cet ouvrage constitue un instrument de travail irremplaçable pour les hommes de science et de terrain. Botanistes, médecins, ethnologues, archéologues, historiens, ont besoin de tels inventaires systématiques afin d'avancer dans le déchiffrement des cultures américaines, notamment celles qui se trouvent au carrefour des Andes et de l'Amazonie. Anges gardiens anges guérisseurs Presses du Châtelet. 2012 Ils sont présents depuis qu'existent les religions. Qu'ils soient archanges, chérubins, ou séraphins, les anges, entités célestes, sont les intermédiaires entre Dieu et les hommes. Il y a des anges dans la Bible, dans le Coran, dans les lointaines croyances des Chaldéens, des Égyptiens... Chacun a son ange gardien, un protecteur attentif et discret ; chacun peut avoir son ou ses anges guérisseurs pour l'aider à surmonter les maux, physiques et moraux, dont il souffre. Si vous apprenez à les écouter, les anges vous guideront par l'intuition, le rêve prémonitoire, le geste spontané... Comment identifier ses anges (gardiens et guérisseurs), comment - en toute simplicité, et en toute intimité - les invoquer pour obtenir leur appui et leur protection, comment augmenter leur pouvoir talismanique par l'utilisation des pierres précieuses et des plantes médicinales. Avec ses anges, on peut retrouver confiance, énergie et sérénité pour vivre autrement et mener à bien sa destinée. Guérisseurs Favre Sa. 2020 Enfin le premier guide complet consacré aux guérisseurs de France: qui sont-ils ? Où les trouver ? Que soignent-ils ? Qu'en dit la médecine officielle ou la religion ? Combien coûtent leurs prestations ? Comment distinguer thérapeutes sérieux et charlatans ? Enquête, portraits, témoignages et adresses. Etiopathes, énergéticiens, magnétiseurs, médiums, radiesthésistes, maîtres Reiki et autres naturopathes ont aujourd'hui pignon sur rue. Ils suscitent la controverse, leur pouvoir fascine; des gens de tous âges et de tous milieux sociaux se tournent de plus en plus vers ces pratiques encore mystérieuses. Ils travaillent avec l'énergie vitale, et quel que soit le nom qu'on lui donne, fluide, onde ou magnétisme, ils soignent, soulagent et souvent guérissent. Toujours héritiers d'une tradition ancestrale, de Jésus aux rois de France, de fameux guérisseurs ont jalonné l'histoire et ont construit notre rapport au soin. En notre XXIe siècle, ces thérapies parallèles s'étendent, se développent et s'intègrent au paysage de la santé. Pourtant, en France, le statut juridique de ces médecines alternatives reste flou. Certes, les guérisseurs se voient mieux tolérés que par le passé, mais ils ne sont toujours pas reconnus officiellement. Entre don, secret et apprentissage, le guérisseur en ses multiples spécialités n'est pas toujours évident à définir. Ce livre apporte des éclairages indispensables sur les diverses pratiques d'une médecine différente, il nous offre des témoignages et des portraits d'hommes et de femmes aux trajets fascinants. Un répertoire de plus de 1000 guérisseurs, à travers toute la France, triés par département et par spécialité, vous permettra de trouver à coup sûr le praticien dont vous avez besoin. Les 22 anges guérisseurs Fernand Lanore. 2005 L'originalité de ce livre est d'avoir privilégié une spécificité Angelique. Son but sera de vous faire connaître les pouvoirs, les essences, les vertus de chaque Ange Guérisseur afin de vous adresser à un " spécialiste " pour guérir ou prévenir une maladie. Une partie est d'ailleurs consacrée au pouvoir des plantes médicinales. Les auteurs sont également thérapeutes depuis plusieurs années. Les Guérisseurs Russes Gruppo Editoriale Macro. 2014 Le guide pratique des méthodes thérapeutiques russes Arcady Petrov, Grigori Grabovoï, Sergej Kolzov, Igor Arepjev, Pjotr Elkunoviz « Que la guérison s’obtienne par les forces naturelles et non par les effets de moyens chimiques semble avoir toujours été une évidence en Russie. (...) » C’est dans ce contexte que se sont récemment développées des techniques thérapeutiques modernes alliant les connaissances de la médecine traditionnelle russe aux dernières avancées de la physique quantique. Laissez-vous guider et profitez du savoir médicinal délivré par les guérisseurs russes. Éveillez et renforcez votre potentiel d’autoguérison, relancez les processus de régénération de votre organisme, pour un bien être inédit et une grande vitalité sur tous les plans de l’être. • Un aperçu de la médecine informative et de son mode d’action • Le portrait des guérisseurs russes les plus influents • Des exercices de visualisation à l’aide de formes géométriques, la concentration sur des combinaisons chiffrées, le ressenti par les couleurs et de nombreux autres secrets encore... Comment éveiller votre potentiel d’autoguérison et renforcer les processus de régénération Le premier ouvrage recensant les méthodes thérapeutiques russes La médecine traditionnelle russe a joui de tout temps d’un grand prestige, les remèdes populaires sont transmis depuis des siècles de génération en génération. Depuis peu, des technologies spirituelles se sont développées sur la base de ce patrimoine médical alliant ainsi les connaissances du passé à celles de la physique quantique actuelle. Petra Neumayer, journaliste médical connue pour son concept de « guérison par les chiffres » et Tom Peter Rietdorf, introduisent le lecteur au coeur du travail de guérison. Tous deux nous présentent les personnalités dominantes de la médecine holistique russe et proposent un recueil étayé des moyens de mise en pratique en vue d’une utilisation simple et personnelle : des exercices visuels à l’aide de formes géométriques, la concentration sur les combinaisons chiffrées, l’application de pierres guérisseuses et de nombreux autres secrets encore. Guérisseurs d’hier et d’aujourd’hui Fleurus. 2015 Les guérisseurs intriguent, interpellent, suscitent des interrogations, et parfois dérangent... mais au bout du compte ils soignent, ils soulagent et, dans bien des cas, ils guérissent. Quels que soient leur origine, la filiation ou le don qu’ils affichent, leur pratique et les rituels qui l’accompagnent, les guérisseurs accomplissent une oeuvre salvatrice qu’en toute objectivité on ne peut que reconnaître. Qu’ils imposent les mains, soufflent le chaud ou le froid, manipulent les corps, soignent par les plantes ou la prière, qu’ils aient recours à quelque technique secrète pour apaiser les âmes en souffrance, les remèdes des guérisseurs, sans que l’on sache toujours comment, agissent positivement et avec une efficacité souvent surprenante. Grâce à cet ouvrage, vous découvrirez le monde mystérieux des guérisseurs dont les pratiques et les rituels remontent à la nuit des temps. Les Douze Guérisseurs Macro Editions. 2017 Remèdes naturels accessible à tous, y compris les enfants et les personnes âgées. Petit format et petit prix pour une grande sagesse. À la lecture de Les Douze Guérisseurs, vous pourrez découvrir les méthodes de préparationet les dosages mis au point par Bach et connaître le secret du bien-être. Un précis de thérapeutique réalisé par Edward Bach au fur et à mesure qu’il découvrait les fleurs adaptées aux traitements des états émotionnels qui sont à l’origine de différentes pathologies. Edward Bach souhaitait aider tous ceux qui voulaient affronter la maladie d’un point de vue psycho-spirituel et pas seulement physiologique. Les Douze Guérisseurs, oeuvre fondamentale qui a marqué la naissance de la florothérapie, se caractérise par l’originalité de cette approche, dans laquelle c’est précisément l’état psychique du malade qui conduit le thérapeute à trouver les remèdes nécessaires à sa guérison. À la lecture de Les Douze Guérisseurs, vous pourrez découvrir les méthodes de préparation et les dosages mis au point par Bach et connaître le secret du bien-être. Le problème des guérisseurs
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whileiamdying · 5 years
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« Le Coran des historiens » : le livre saint de l’islam comme document historique de première importance
Le travail critique sur le Coran, ses sources et sa construction, est en pleine évolution. C’est ce dont rend compte l’impressionnant et précieux « Coran des historiens ». from Livres : Toute l’actualité sur Le Monde.fr. https://www.lemonde.fr/livres/article/2019/12/19/le-coran-des-historiens-le-livre-saint-de-l-islam-comme-document-historique-de-premiere-importance_6023418_3260.html via IFTTT
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evangelii · 5 years
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Dimanche 15 décembre 2019
En ce temps-là, Jean le Baptiste entendit parler, dans sa prison, des œuvres réalisées par le Christ. Il lui envoya ses disciples et, par eux,  lui demanda : « Es-tu celui qui doit venir, ou devons-nous en attendre un autre ? »
Jésus leur répondit : « Allez annoncer à Jean ce que vous entendez et voyez : Les aveugles retrouvent la vue, et les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés, et les sourds entendent, les morts ressuscitent, et les pauvres reçoivent la Bonne Nouvelle. Heureux celui pour qui je ne suis pas une occasion de chute ! »
Tandis que les envoyés de Jean s’en allaient, Jésus se mit à dire aux foules à propos de Jean : « Qu’êtes-vous allés regarder au désert ? un roseau agité par le vent ? Alors, qu’êtes-vous donc allés voir ? un homme habillé de façon raffinée ? Mais ceux qui portent de tels vêtements vivent dans les palais des rois. Alors, qu’êtes-vous allés voir ? un prophète ? Oui, je vous le dis, et bien plus qu’un prophète. C’est de lui qu’il est écrit : Voici que j’envoie mon messager en avant de toi, pour préparer le chemin devant toi. Amen, je vous le dis. Parmi ceux qui sont nés d’une femme, personne ne s’est levé de plus grand que Jean le Baptiste ; et cependant le plus petit dans le royaume des Cieux est plus grand que lui. »
 Saint Mathieu 11, 2-11
  Maria Valtorta : https://valtorta.fr/deuxieme-annee-vie-publique-de-jesus/reponse-a-jean-baptiste-et-jugements.html
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  CONTEXTE
Jean Baptiste qui prêchait sur les bords du Jourdain, a été mis en prison par Hérode. Les historiens de l’époque situent cet emprisonnement autour de l’année 28. Selon Saint Matthieu, c’est à partir de ce moment-là que Jésus a commencé vraiment sa prédication en quittant la région du Jourdain pour la Galilée, au nord. Matthieu nous rapporte toute une série de discours, y compris le fameux discours sur la montagne, les Béatitudes, puis des quantités de miracles.
La détention dans les prisons antiques n’était pas inhumaine et les prisonniers pouvaient avoir des relations avec l’extérieur. Jean Baptiste était ainsi tenu au courant des faits et gestes de Jésus.
  Jean Baptiste est le fils d’Elisabeth, cousine de Marie, et de Zacharie, prêtre. Il est né alors que ce vieux couple stérile n’attendait plus d’enfant. Jean tressaille d’allégresse dans le ventre de sa mère lorsque celle-ci rencontre Marie enceinte de Jésus. Plus tard, dans la région du Jourdain, vêtu de poils de chameau et se nourrissant de miel et de sauterelles, Jean mène une vie d’ascète, il enseigne la prière et prêche la confession des fautes et le baptême. Il annonce la venue d’un plus puissant que lui qui ne baptisera pas dans l’eau mais dans l’Esprit Saint. Il baptise Jésus dans le Jourdain et reconnaît en lui le Messie. Son langage rude et ses préceptes exigeants conduisent Jean Baptiste à condamner publiquement l’union d’Hérode Antipas avec Hérodiade, son ambitieuse belle-sœur et nièce. Exaspérée, Hérodiade obtient de son mari l’emprisonnement de Jean dans la forteresse de Machéronte (monts de Moab, 1100 mètres au-dessus de la mer Morte) puis son exécution. A l’occasion d’une fête, séduit par la danse de Salomé, la fille d’Hérodiade, Hérode s’engage en effet à exaucer un vœu de Salomé. Herodiade incite alors sa fille à réclamer la tête de Jean Baptiste. Jean Baptiste est considéré comme le dernier prophète de l’ancien testament et le précurseur de Jésus, celui qui annonce sa venue.
La mosquée des Omeyyades (Damas) dit posséder la tombe de Jean Baptiste qui est vénéré comme un très grand prophète par le Coran.
    Dimanche dernier, l'évangile nous a présenté Jean-Baptiste baptisant dans le Jourdain tous ceux qui venaient à lui. Il disait : « Quelqu'un vient après moi ». Et il semble bien que lorsque Jésus lui a demandé le baptême, Jean-Baptiste a reconnu en lui le Messie que tout le monde attendait. Et puis les mois ont passé.
Jean-Baptiste a été mis en prison par Hérode. Les historiens de l'époque situent cet emprisonnement autour de l'année 28 et Saint Matthieu dans son évangile dit que c'est à partir de ce moment-là que Jésus a commencé véritablement sa prédication. Il a quitté la région du Jourdain et est parti vers le Nord en Galilée. C'est là qu'il a commencé sa vie publique. Matthieu nous rapporte toute une série de discours, y compris le fameux discours sur la montagne, les Béatitudes, et puis des actes : des quantités de guérisons d'abord, mais aussi des manières d'être un peu étranges ; par exemple, Jésus s'est entouré de disciples, pas tous très recommandables (il y avait un publicain) et plutôt disparates. Sur le plan religieux (comme sur le plan politique) ils n'étaient pas tous du même bord, c'est le moins qu'on puisse dire...
Et puis pour un prophète, il n'était pas très ascète ! Jean-Baptiste en était un, tout le monde admirait cela au moins. Jésus, lui, mangeait et buvait comme tout le monde mais plus grave encore, il s'affichait avec n'importe qui. Le plus décevant dans tout cela, c'est que Jésus lui-même ne revendiquait pas le titre de messie : il ne cherchait pas le pouvoir, d'aucune manière.
Dans sa prison, Jean-Baptiste entendait parler de tout ce qui se passait : il faut savoir que la détention dans les prisons antiques n'était pas nécessairement inhumaine. On a de nombreux exemples de relations des prisonniers avec l'extérieur et dans la prison. On peut donc très bien imaginer que les disciples le tenaient au courant des faits et gestes du Nazaréen. Si bien que Jean-Baptiste se posait des questions.
Et il a fini par se demander : est-ce que je me serais trompé de Messie ? Donc il envoie des disciples à Jésus avec une question : le Messie, c'est toi, oui ou non ? La question de Jean-Baptiste est réellement cruciale, pour Jean-Baptiste bien sûr puisqu'il la pose, mais aussi pour Jésus. Lui aussi a été obligé de se la poser très certainement et plusieurs fois dans sa vie, il a eu des choix à faire ; (l'épisode des Tentations, par exemple, le dit clairement).
Cette question au fond c'est : le Messie, on est tous sûrs qu'il va venir. On sait qu'il apportera à tous le salut : mais comment sera-t-il ? Il y avait deux sortes de textes dans l'Ecriture pour annoncer le Messie : les textes qui parlaient de ses œuvres, les textes qui parlaient de ses titres. Pour les titres, certains le présentaient comme un roi, d'autres comme un prophète, d'autres comme un prêtre. Jésus ne cite aucun des textes sur les titres du messie, il n'en revendique aucun, une fois encore.
En revanche, il cite bout à bout plusieurs textes qui parlaient des œuvres du Messie : « Les aveugles voient, les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés, les sourds entendent, les morts ressuscitent, et la Bonne Nouvelle est annoncée aux pauvres. »
Jésus ne répond donc pas par oui ou par non à la question de Jean-Baptiste. Il cite les prophéties que Jean-Baptiste connaissait comme tout le monde et il lui dit : vérifie par toi-même si c'est bien cela que je suis en train de faire. Sous-entendu : oui, je suis bien le Messie, le vrai Fils de Dieu, tu ne t'es pas trompé. Seulement si tu es surpris, choqué par mes manières de faire, c'est qu'il te reste à découvrir le Vrai visage de Dieu... un Dieu avec les hommes au service de l'homme. Ce n'était pas comme cela qu'on l'imaginait.
Enfin, Jésus termine sa phrase par un mot d'admiration et d'encouragement pour le prisonnier « Heureux celui qui ne tombera pas à cause de moi ! » Car Jean-Baptiste nous donne un exemple en quelque sorte : Au lieu d'entretenir son doute en ruminant les bribes d'informations qu'il a reçues, au lieu de se faire sa propre opinion sur Jésus, Jean-Baptiste a pris le chemin direct en envoyant à Jésus lui-même quelques-uns de ses disciples... Par cette démarche, Jean-Baptiste manifeste qu'il n'a pas perdu confiance. La foi, il l'a toujours, et il demande à Jésus lui-même de l'éclairer. Bienheureux homme qui reste debout même dans le doute !
Alors Jésus demande à ses auditeurs : en fait, pourquoi êtes-vous allés là-bas, pour faire du tourisme, pour rêver ? Non, dit-il, sans le savoir peut-être, vous êtes allés vers le plus grand des prophètes, celui qui dit la parole finale de l'Ancien Testament : celui que Dieu envoie comme messager pour ouvrir la voie au Messie 2. C'est lui que la Bible avait plusieurs fois annoncé et qu'on appelle le précurseur, celui qui court devant pour ouvrir la route. Il est le plus grand des prophètes parce qu'il apporte le message décisif : ça y est, la promesse de Dieu se réalise. Mais Jésus ajoute : « cependant le plus petit dans le royaume des cieux est plus grand que Jean-Baptiste ! »
Parole étrange, mais qui dit bien qu'avec la venue de Jésus, l'histoire humaine vient de basculer : Jean-Baptiste n'est que le porteur d'un message et le contenu de ce message le dépasse infiniment. Ce qu'il ne sait pas et que le plus petit des disciples de Jésus va découvrir, c'est le contenu du message : « Le Verbe s'est fait chair et il a habité parmi nous ».
Notes Jésus fait référence à plusieurs paroles d'Isaïe : en particulier Is 35, 5-6 qui fait partie de notre première lecture et Is 61, 1 : « L'Esprit du Seigneur Dieu est sur moi, le SEIGNEUR, en effet, a fait de moi un messie, il m'a envoyé porter joyeux message aux humiliés, panser ceux qui ont le cœur brisé. » Le prophète Malachie annonçait de la part de Dieu : « Voici, j'envoie mon messager. Il aplanira le chemin devant moi. » (Ml 3, 1).
  Marie-Noelle THABUT
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christophe76460 · 5 years
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Jésus et l’Islam
Voici six questions que des croyants musulmans, et d’autres, posent souvent à propos de Jésus...
www.questions2vie.com
Cet article est une présentation très respectueuse pour quiconque veut en savoir plus sur Jésus. Pas un défi. Il n'y aura aucune critique de quelque religion que ce soit, d'aucune manière.
La Bible est-elle la Parole de Dieu ? Ou a-t-elle été changée, corrompue, à travers le temps ?
Dieu a-t-il dit qu'une religion en remplacerait une autre ?
N'est-ce pas un blasphème de suggérer que Dieu aurait un Fils ?
Jésus est-il vraiment mort sur la croix ou pas ?
Si Jésus est mort sur la croix, et a été enterré pendant 3 jours, cela signifie-t-il que Dieu est mort pendant 3 jours ?
Pourquoi ne pas voir Jésus comme un prophète ?
1. Jésus et l'Islam : La Bible est-elle la Parole de Dieu ? Ou a-t-elle été changée, corrompue, à travers le temps ?
En introduction, voici quelques citations trouvées dans la Bible : « Tant que le ciel et la terre resteront en place, ni la plus petite lettre de la Loi, ni même un point sur un i n'en sera supprimé jusqu'à ce que tout se réalise. »1
La Parole de Dieu ne disparaîtra pas. Tout ce qui y est écrit s'accomplira entièrement jusqu'à la fin. Il est aussi écrit : « Le ciel et la terre passeront, mais mes paroles ne passeront jamais. »2
Aussi : « Toute Ecriture est inspirée de Dieu et utile pour enseigner, pour convaincre, pour corriger, pour instruire dans la justice. »3 Toute l'Ecriture est inspirée de Dieu.
Et : « L'herbe se dessèche et la fleur se flétrit, mais la Parole de notre Dieu subsistera toujours. »4
Nous devons nous poser la question : Dieu est-il capable de protéger sa Parole ? Dieu peut-il accomplir ces déclarations, que sa Parole ne disparaîtra jamais, s'accomplira toujours ?
Dieu en est-il capable ? Oui, bien sûr. Ce sont les Paroles de Dieu pour tout le monde. Accuserions-nous Dieu lui-même en disant qu'il n'est pas capable de la protéger d'être changée ?
Rien n'a été changé. C'est seulement une rumeur.
Le Coran ne dit pas que la Bible ait été changée. Au contraire. Il fait honneur à la Torah et à la Bible. Il mentionne la Torah, ainsi que le "Zabur" (l'Ancien Testament et les Psaumes) et le "Injil" (le Nouveau Testament) plusieurs fois.
Quand l'Islam est apparu au 6è siècle, 600 ans après Jésus-Christ, la Bible était acceptée comme vraie.
Vous pourriez donc demander : la Bible a-t-elle été changée depuis le 6è siècle ? Non. Tout ce que vous avez à faire est de comparer la Bible d'aujourd'hui avec une Bible écrite il y a longtemps.
Nous pouvons trouver des Bibles entières, remontant jusqu'à 300 après J.-C., des centaines d'années avant le Coran. Vous pouvez en trouver une au Muséum de Londres, au Vatican, et dans beaucoup d'autres endroits. Si vous comparez la Bible d'aujourd'hui avec les Bibles de 300 après J.-C., la Bible que nous avons aujourd'hui est la même qu'à l'époque.
Saviez-vous qu'il existe aujourd'hui près de 25 000 copies manuscrites de parties du Nouveau Testament ? Les historiens qui ont comparé ces manuscrits ont conclu que le Nouveau Testament que nous possédons aujourd'hui et au moins 99,5% exact à l'original. Aucun changement. (Le 0,5% de différence est dû à l'orthographe, mais pas à des changements de sens.)
Aussi, vous avez peut-être entendu parler de la récente découverte archéologique des manuscrits de la Mer Morte. Ils ont été trouvés dans des grottes à Qumran, à l'angle nord-ouest de la Mer Morte.
Des chercheurs ont comparé la Bible que nous avons aujourd'hui avec les manuscrits qu'ils ont trouvés, et ils ont montré qu'ils sont quasiment similaires, presque à 100% identiques.
Ne laissez personne vous dire que le Nouveau Testament ou la Bible ont été changés par rapport au texte original. Ce n'est pas vrai historiquement.
La Bible n'a pas été changée.
D'accord, mais pourquoi avoir quatre évangiles ? Ne sont-ils pas des Ecritures différentes, différents les uns des autres?
Oui, il y a bien quatre évangiles : Matthieu, Marc, Luc et Jean dans le Nouveau Testament. Ils aident en fait à montrer que la Bible n'a pas été falsifiée. Il y a quatre témoins, quatre récits de la vie de Jésus, ce qu'il a dit, ce qu'il a fait.
Imaginez qu'une ou deux, ou disons quatre personnes, soient témoins d'un accident de voiture au coin d'une rue. On demande à chacun d'écrire sa déclaration, son témoignage de l'accident pour le tribunal. Pensez-vous que chacun ferait la même description, exactement le même témoignage, mot pour mot ? Bien sûr que non. Chacun écrirait selon son propre point de vue ce qu'il ou elle a vu. Et c'est ce qui est arrivé quand chacun de ces témoins a écrit son récit en tant que témoin oculaire de Jésus.
Pendant des siècles, les systèmes judiciaires ont utilisé des témoins. Et pour certains sujets très importants, il ne suffit pas d'avoir la parole d'une personne contre une autre. Souvent, il faut plus d'un témoin. Voici une citation du Nouveau Testament, reprenant l'Ancien Testament : « Toute affaire sera réglée sur la déposition de deux ou trois témoins. »5
Il n'y a pas seulement quatre témoins de Jésus qui ont écrit les évangiles, il y a beaucoup plus de témoins. Jacques, Paul, Jude, Pierre et d'autres ont écrit les autres livres du Nouveau Testament.
Jean a dit : « [Nous vous annonçons] ce que nous avons vu de nos propres yeux, ce que nous avons contemplé et que nos mains ont touché. »6 Ils étaient des témoins oculaires de Jésus. Ils ont donc écrit ce qu'ils ont vu.
Qu'en est-il de la langue dans laquelle la Bible a été écrite, de toutes les traductions ?
La Bible a été écrite en hébreu et en grec. N'importe quelle Bible, peu importe son année d'impression, est toujours une traduction de l'hébreu et du grec originaux. (Une Bible n'est jamais traduite du français au français par exemple. Elles se basent toujours sur le texte original.)
Il y a certaines Bible qui sont des paraphrases, pas des traductions. Et elles sont identifiées comme des paraphrases. Mais les traductions sont exactement cela – des traductions de ce que disent les textes originaux hébreux et grecs.
Les écrits en hébreu et en grec de la Bible ont été traduits dans des milliers de langues. Pourquoi ? Parce que Dieu veut que chaque personne dans le monde connaîsse la Bonne Nouvelle du salut.
Et la Bible n'est pas difficile à traduire. Il y a des portions de la Bible qui sont poétiques (les Proverbes, le Cantique des cantiques, les Psaumes). Mais le cœur de la Bible est écrit dans un langage très simple qui s'applique à nos vies de tous les jours. Ce n'est pas difficile à traduire. Le fait que la Bible soit un récit aussi direct et simple est une autre raison de croire la Bible.
Voici une histoire vraie :
Mon fils m'a appelé un jour. Il était dans un autre pays, au milieu d'une grande autoroute, il avait eu un accident de voiture. Sa voiture avait été heurtée par une autre, et avait fait un tête-à-queue, arrivant au milieu de l'autoroute, à contre-sens. Il m'a dit : "Papa, je vais bien. Mais qu'est-ce que je fais maintenant ?" Il avait un problème. Il avait besoin d'aide. Pensez-vous que c'était le moment de lui envoyer un message poétique ? Un poème que j'aurais mémorisé ? Non.
C'était le moment de lui dire simplement : "Jean, voici ce que tu dois faire. Tu as un gros problème et voici comment t'en sortir." Et c'est cela le cœur de la Bible. L'Humanité a des problèmes, elle se dirige vers l'enfer. « Car tous ont péché et sont privés de la glorieuse présence de Dieu. » Et nous avons besoin d'un message de salut simple. La Bible nous dit comment nous pouvons être pardonnés, comment nous pouvons être amenés à vivre une relation proche avec Dieu qui commence maintenant et qui dure pour l'éternité. C'est un message qui peut changer nos vies.
2. Jésus et l'Islam : Dieu a-t-il dit qu'une religion en remplacerait une autre ?
Dieu avait-il prévu que nous commencerions avec le Judaïsme pour ensuite changer au Christianisme, puis à l'Islam ?
Non. Dieu a été cohérent. Il n'a jamais cherché à construire une religion.
En commençant avec Abraham, Dieu s'est clairement révélé à nous pour que nous ayons une relation avec lui. Une relation, pas une religion, était le but ultime de Dieu quand il nous a créés.
Regardons au début, avec Adam et Eve. Ils avaient une communication directe avec Dieu, et tous leurs besoins étaient satisfaits.
Puis Satan est apparu à Adam et Eve sous la forme d'un serpent, et les a tentés. Malheureusement, ils choisirent de croire Satan et désobéirent à ce que Dieu leur avait dit. En conséquence, Adam et Eve perdirent leur relation avec Dieu.
Mais savez-vous ce que Dieu dit immédiatement à Satan ? Dieu a dit que le descendant de la femme serait l'ennemi de Satan. Dieu a dit que Satan aurait une victoire partielle, en mordant le talon de son descendant. Mais son descendant porterait le coup final, écrasant la tête de Satan.
Nous le lisons ici : « Alors l'Eternel Dieu dit au serpent : "Puisque tu as fait cela, te voilà maudit parmi tout le bétail et les animaux sauvages, tu te traîneras sur le ventre et tu mangeras de la poussière tout au long de ta vie. Je susciterai l'hostilité entre toi-même et la femme, entre ta descendance et sa descendance. Celle-ci t'écrasera la tête, et toi, tu lui mordras le talon. »7
Satan aura une victoire de courte durée, mordant le talon du descendant de la femme.
A travers toute l'histoire, qui est le seul homme né d'une femme, et non d'un homme et d'une femme ? Jésus, le Fils de Marie.
Satan porta un coup à Jésus sur la croix, quand les pieds et les mains de Jésus furent cloués. Mais Jésus asséna le coup final à Satan. Sur la croix, Jésus vainquit Satan. Jésus a payé pour les péchés de toute l'humanité, offrant le pardon à tous et une manière de retrouver une relation avec Dieu.
Le prophète Esaïe a écrit à propos de ce descendant : « Il n'avait ni prestance ni beauté pour retenir notre attention ni rien dans son aspect qui pût nous attirer. Il était méprisé, abandonné des hommes, un homme de douleur habitué à la souffrance.
Oui, il était semblable à ceux devant lesquels on détourne les yeux. Il était méprisé et nous n'avons fait aucun cas de sa valeur.
Pourtant, en vérité, c'est de nos maladies qu'il s'est chargé, et ce sont nos souffrances qu'il a prises sur lui, alors que nous pensions que Dieu l'avait puni, frappé et humilié.
Mais c'est pour nos péchés qu'il a été percé, c'est pour nos fautes qu'il a été brisé. Le châtiment qui nous donne la paix est retombé sur lui et c'est par ses blessures que nous sommes guéris.
Nous étions tous errants, pareils à des brebis, chacun de nous allait par son propre chemin : l'Eternel a fait retomber sur lui les fautes de nous tous. »8
De qui le prophète Esaïe parle-t-il ? C'est très clair : il parle de Jésus. Et quand ce texte a-t-il été écrit ? Plus de 600 avant Jésus-Christ.
Dès le début, à travers des milliers d'années, Dieu avait toujours dit que Jésus viendrait et qu'il mourrait, comme nous le lisons en Esaïe. Que penseriez-vous de Dieu si, au dernier moment, il changeait d'avis ? Si, après des milliers d'années promettant Jésus, Dieu changeait d'avis et n'envoyait pas Jésus mourir pour nous ? Dieu n'a pas changé d'avis.
3. Jésus et l'Islam : N'est-ce pas un blasphème de suggérer que Dieu aurait un Fils ?
Dieu est esprit. Et Jésus est le Fils unique de Dieu dans un sens spirituel, pas dans un sens physique.
Si quelqu'un disait "Vous êtes le Fils des Cèdres" cela signifierait que cette personne est du Liban. Ou, s'il est d'Egypte : "Vous êtes le Fils du Nil". Dire que Jésus est le Fils de Dieu signifie que Jésus est de Dieu. C'est comme un titre. Quand l'ange est apparu à Marie, il lui a dit : « le Saint qui naîtra sera appelé le Fils de Dieu. » Un titre. Les chrétiens ne croient pas que Dieu ait eu une relation sexuelle avec une femme.
Esaïe a dit : « Car pour nous un enfant est né, un fils nous est donné. Et il exercera l'autorité royale, il sera appelé Merveilleux Conseiller, Dieu fort, Père à jamais et Prince de la Paix. »9
Il est Dieu, qui est devenu un homme, à travers Marie. Il est Dieu et Fils en même temps, né de la vierge Marie.
Pourquoi pensez-vous que Dieu a permis à Jésus de naître d'une vierge ?
Etre né d'une femme, et non d'un homme et d'une femme, signifie qu'il n'héritait pas de la nature pécheresse d'Adam et Eve. Quand Adam et Eve sont tombés dans le péché, ils ont transmis la nature pécheresse d'une génération à l'autre, à travers leurs propres enfants, jusqu'à nous.
Nous sommes tous nés pécheurs. Nous sommes tous nés avec une tendance à faire les choses à notre propre manière, au lieu de la manière de Dieu. Nous péchons tous. C'est pourquoi le prophète David s'est écrié : "Ma mère m'a conçu dans le péché". Nous sommes tous nés avec le péché. Nous vivons comme des pécheurs et nous avons besoin d'un rédempteur.
Mais pour que Jésus nous rachète, il devait avoir une nature différente. Il devait venir de l'Esprit de Dieu, le Saint-Esprit, sans aucun péché. Esaïe a dit : "Aucune malhonnêteté n'était en lui. " Aucun péché en lui.
Dans les Ecritures, Dieu a pris la forme d'un buisson ardent quand il s'est révélé à Moïse. Il a pris la voix du ciel quand il parlait à Abraham. Qui pourra dire que Dieu ne peut pas prendre forme humaine afin de se révéler à nous ?
4. Jésus et l'Islam : Jésus est-il vraiment mort sur la croix ou pas ?
Comment Dieu a-t-il testé Abraham ? Il a demandé à Abraham de mettre son fils sur l'autel. Alors qu'ils grimpaient la montagne, le fils a demandé : "Où est l'offrande ?" Abraham répondit : "Dieu s'en occupera. Il pourvoira pour l'offrande." Et Dieu pourvut en envoyant un agneau, qu'Abraham a sacrifié pour Dieu.
Considérez la cohérence du message que Dieu nous donne.
Dieu a épargné, il a sauvé la vie du fils d'Abraham grâce à un agneau.
Puis en Exode, nous voyons l'importance de l'agneau encore une fois. En Exode, Dieu prévient son peuple en Egypte qu'il va frapper les Egyptiens. Si ceux qui croient en Dieu étalent le sang d'un agneau sur le montant de leurs portes, Dieu fera en sorte que l'ange de la mort les évite, les sauvant de la mort. Une nation de croyants fut sauvée grâce à un agneau.
Nous voyons encore un agneau en Lévitique. Chaque année, le prêtre devait amener un agneau hors de la ville et le sacrifier pour les péchés de ceux qui croyaient en Dieu. Chaque année, tout le peuple était encore sauvé grâce à un agneau.
Puis nous entendons Jean Baptiste s'adresser à une foule, en disant à propos de Jésus : « Voici l'Agneau de Dieu, celui qui enlève le péché du monde. »10 Un agneau qui sauvera le monde entier, tous ceux qui croiront en lui.
Que se serait-il passé si Abraham n'avait pas écouté la voix de Dieu, ou s'il n'avait pas cru que Dieu lui parlait ? Son fils aurait été tué !
Et si le peuple n'avait pas cru Dieu et n'avait pas étalé le sang d'un agneau sur les montants de leurs portes ?
Alors voilà la question. Il y a environ 2000 ans, Jésus, l'Agneau de Dieu, cloué sur une croix, a donné sa vie pour vous. Il nous est clairement dit : « Voici comment Dieu nous montre l'amour qu'il a pour nous : alors que nous étions encore des pécheurs, le Christ est mort pour nous. »11
Et si vous disiez : "Non, ils ne l'ont pas crucifié. Il n'a pas été tué." ? Cet Agneau de Dieu a été sacrifié afin de payer pour vos péchés, et pour les péchés de tout le monde. Et si vous disiez qu'il na pas été tué, que cet Agneau de Dieu n'est pas mort pour vos péchés, pour votre pardon ?
5. Si Jésus est mort sur la croix, et a été enterré pendant 3 jours, cela signifie-t-il que Dieu est mort pendant 3 jours ?
C'est une bonne question. Une illustration aidera à y répondre.
Imaginons un vase. Il n'y a pas de fleurs, pas d'eau à l'intérieur. Il est seulement plein d'air. Quelle est la seule différence entre l'air en dehors du vase et l'air à l'intérieur du vase ? L'air à l'intérieur du vase a la forme du vase non ? C'est le même air au niveau de la composition, mais l'air à l'intérieur du vase a une forme.
Si nous prenons le vase et le faisons éclater en le projetant contre un mur, qu'adviendra-t-il de l'air à l'intérieur ? Est-ce qu'il meurt ? Non, car l'air ne peut pas mourir. Le vase peut être réduit en mille morceaux, mais rien n'arrive à l'air, à part qu'il perd sa forme.
Quand Jésus est mort sur la croix, son corps est mort, mais l'Esprit de Jésus, l'Esprit de Dieu ne meurt jamais. Dieu a pris la forme d'un homme, en Jésus. Il a pris la forme d'un homme, mais Jésus n'a jamais été seulement humain.
Sur la croix, Jésus a payé pour nos péchés et a enlevé la barrière qui était entre nous et lui. Grâce à sa mort, nous pouvons avoir la paix avec Dieu. Alors que nous étions coupables, la justice de Dieu a été accomplie par Jésus, l'Agneau de Dieu qui a souffert pour nous. Et l'amour de Dieu a été démontré complètement quand Jésus a volontairement donné sa vie pour nous.
Vous pouvez dire "Ce n'est pas juste". Et vous auriez raison. Nous ne méritons pas la mort de Jésus pour nous. Est-ce à nous de dire à Dieu comment il devrait faire les choses ?
Jésus a payé notre peine de mort, afin que nous n'ayons pas à mourir pour nos péchés. Il veut que nous venions à lui pour être en relation avec lui, connaître son amour, et avoir la vie éternelle.
Encore une histoire. Une histoire vraie, pour vous aider à comprendre ce que Jésus a fait pour nous.
Il y avait un juge vertueux qui n'acceptait pas les pots-de-vin. Il était juste. Honnête. Une femme a été attrapée et amenée devant lui. La peine qu'elle encourait était une condamnation à vie ou une forte somme qu'elle n'avait pas.
Le juge lui demanda : "Etes-vous coupable ou pas ?" Elle s'écria : "Votre honneur, je ne peux pas payer le prix. S'il vous plaît, ayez pitié de moi."
Le juge répondit : « Je vous pose la question : "Etes vous coupable ou pas ? Reconnaissez-vous vos torts ?" » Finalement la jeune femme répondit : « Oui votre honneur, oui, je suis coupable. »
Il lui dit : « Alors vous payerez le prix. La condamnation à vie ou l'importante somme d'argent. » Et il conclut l'affaire.
Elle commença à crier et à pleurer, alors qu'ils la traînaient hors du tribunal, pour l'emmener en prison. Le juge ôta son habit, et sortit du tribunal. Il alla alors à la trésorerie. Et là, à la trésorerie, il donna tout l'argent qu'il avait afin de payer la somme pour la femme. Pourquoi ? Parce qu'il aimait énormément la femme. C'était sa fille. Et il a acquitté lui-même la dette de sa fille, avec tout ce qu'il avait.
Quand le juge ôta son habit, il devint comme n'importe quel homme. Et c'est exactement ce que Jésus a fait. Il a quitté le ciel, a enlevé ses habits de gloire, et est devenu comme n'importe quel homme. Et il est mort pour nous, afin que nos péchés ne nous condamnent plus et ne nous gardent plus séparés éternellement de Dieu.
Tous les prophètes ont dit que Jésus viendrait et mourrait pour les péchés du monde. Jésus est le seul espoir de l'humanité pour avoir la vie éternelle.
Au début, avec Adam et Eve, Dieu a dit à Satan qu'un descendant de la femme écraserait la tête de Satan, et que l'humanité serait sauvée. La mort de Jésus et sa résurrection ont surpassé le pouvoir de Satan. Jésus a surmonté le péché, la mort, et notre séparation d'avec Dieu... en portant un coup fatal à Satan.
6. Jésus et l'Islam : Pourquoi ne pas voir Jésus comme un prophète ?
Il y a seulement un Dieu. Voici ce que nous savons être vrai sur Dieu :
Dieu est éternel : il a toujours existé, existe aujourd'hui, et existera toujours.
Dieu est saint : il est sans défaut, parfait.
Dieu est vrai : sa parole demeure toujours, inchangée, fiable et vraie.
Dieu est omniprésent : partout, à tout instant.
Dieu est puissant : il n'y a pas de limite à son pouvoir.
Dieu est omniscient : il a une pleine connaissance de tout, toujours.
Dieu est le créateur : rien n'existe qui n'ait été créé par lui.
Il y a seulement un Dieu. Et toutes ces choses sont vraies sur lui. Nous le savons parce que l'Ecriture nous révèle ces vérités sur Dieu. Il a choisi de se faire connaître par l'humanité, de nous révéler ces choses sur lui.
L'Ecriture révèle aussi que Jésus possède exactement ces mêmes caractéristiques, comme Dieu. De même pour l'Esprit de Dieu. Par exemple, prenons l'éternité.
L'Ecriture dit à propos de Jésus : « Au commencement, il était avec Dieu. Tout a été créé par lui ; rien de ce qui a été créé n'a été créé sans lui. »12
Aussi : « Il est l'image du Dieu que nul ne voit, il est le Premier-né de toute création. Car c'est en lui que les choses visibles, comme les invisibles, dans le ciel et sur la terre, ont toutes été créées : trônes et seigneuries, autorités, puissances. Oui, par lui et pour lui tout a été créé. »13
Mais, s'il y a seulement un Dieu, comment Jésus peut-il aussi être Dieu ?
Sur terre, nous vivons dans un monde tridimensionnel. Chaque personne a une hauteur, une largeur et une profondeur. Deux personnes peuvent se ressembler. Elles peuvent avoir les mêmes intérêts, des occupations similaires. Mais une personne ne peut pas être exactement la même qu'une autre. Elles sont des personnes différentes.
Dieu, au contraire, vit sans les limites d'un monde tridimensionnel. C'est un esprit. Et il est infiniment plus complexe que nous. C'est pour cela que Jésus le Fils peut être différent du Père. Et pourtant, ils sont les mêmes.
La Bible parle clairement de Dieu le Père, Dieu le Fils, et Dieu le Saint Esprit. Mais elle nous dit aussi clairement qu'il y a UN seul Dieu. Si nous utilisions les maths, ce ne serait pas 1+1+1=3. Ce serait 1x1x1=1. Dieu est un.
Esaïe a dit : « C'est pourquoi le Seigneur vous donnera lui-même un signe : voici, la jeune fille sera enceinte et elle enfantera un fils, elle lui donnera pour nom : Emmanuel. »14 Emmanuel signifie : "Dieu parmi nous".
Jésus a dit que le connaître était connaître Dieu. Que le voir était voir Dieu. Que de croire en Lui était croire en Dieu.
Afin d'en savoir plus sur la vie de Jésus et comment il a prouvé ces déclarations, lisez l'article Plus qu'une foi aveugle.
Mais il y a quelque chose d'autre sur Dieu que vous devriez savoir. Il vous aime et se préoccupe de vous.
Jésus nous dit : « Comme le Père m'a toujours aimé, moi aussi je vous ai aimés ; maintenez-vous donc dans mon amour. Si vous observez mes commandements, vous demeurerez dans mon amour, tout comme moi-même j'ai observé les commandements de mon Père et je demeure dans son amour. Tout cela je vous l'ai dit pour que la joie qui est la mienne vous remplisse vous aussi, et qu'ainsi votre joie soit complète. »15
Jésus nous invite : « Venez à moi, vous tous qui êtes accablés sous le poids d'un lourd fardeau, et je vous donnerai du repos. Prenez mon joug sur vous, et vous trouverez le repos pour vous-même, et mettez-vous à mon école, car je suis doux et humble de cœur. Oui, mon joug est facile à porter et la charge que je vous impose est légère. »16
Tous nos efforts pour essayer de plaire à Dieu... Jésus nous offre une nouvelle liberté. Nous expérimentons son amour, et nous avons une nouvelle motivation pour plaire à Dieu. Ce n'est pas par peur, mais par joie de le connaître.
Un des disciples de Jésus, Paul, vivait cela et a dit :
« Oui, j'en ai l'absolue certitude : ni la mort ni la vie, ni les anges ni les dominations, ni le présent ni l'avenir, ni les puissances, ni ce qui est en haut ni ce qui est en bas, ni aucune autre créature, rien ne pourra nous arracher à l'amour que Dieu nous a témoigné en Jésus-Christ notre Seigneur. »17
Si vous voulez comprendre ce que Jésus vous offre, lisez cet article : Plus qu'une foi aveugle.
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claudehenrion · 1 year
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''Fiat Lux''... comme disait quelqu'un de connu...
  De doute en doutes... jaillit parfois la lumière ! Un des aspects les moins publicités du ''métier'' (?) de blogueur, c'est qu'on se demande en permanence si on fait bien d'exposer ses propres pensées... même si on retourne sept fois sa langue dans sa bouche et ses doigts sur son clavier avant de les raconter. La balance, en effet, n'est pas égale : vous savez, amis lecteurs, à peu près tout ce que je pense, crois, espère, voudrais ou rêve... et la réciproque n'en est pas une. Je sais : c'est un choix, et j'aurais mauvaise grâce à m'en plaindre. Mais c'est parfois lourd à porter.
C'est pour cette raison qu'on est si heureux, chaque fois que, au détour d'une lecture, on tombe sur un texte que l'on trouve génial et qui reprend –en général en mieux dit, en plus clair, en mieux structuré, mais reprend, donc, vos idées, vos hypothèses, vos analyses et vos conclusions. Et cette fois, cerise sur le gâteau, c'est l'immense René Brague qui se met dans le rôle du ''fact checker'' –à ceci près que au lieu de se gargariser de contre-vérités et de psittaciser des mots dont il ignore le sens, comme le font les nuls qui usurpent ce titre dans nos ''JT'' rendus mensongers-au-carré par leur intervention... ce grand penseur, lui, parle d'or. Alors, Chrysostome (= bouche d’or) Brague, ''Santo, Subito'' ? Je vous en laisse juges...
René Brague est un immense universitaire aux titres innombrables et à l’œuvre quasi-pharaonique. Il vient de publier chez Gallimard un ouvrage remarquable : ''Sur l'Islam''... titre qui précise, limite et révèle le sujet ! Petit détail important, pour moi : il est très rare, depuis la disparition du regretté Malek Chebel –et mis à part Bouallem Sansal-- qu'un penseur, historien ou philosophe parle de l'islam... et que j'approuve chaque mot avec, même, une très forte envie d'applaudir. Ce n'est pas que de la prétention de ma part : en mêlant arabophilie, arabophonie et intérêt pour les religions en général, je ne suis pas facile à faire bouger, sur ce sujet... (NDLR : catho-catho, j'ai lu le Coran à 14 ans pour la première fois –sur ordre paternel, rassurez-vous ! Mon Père nous répétait : ''Nous sommes chez eux. ils savent notre langue, nous devons connaître la leur. Ils savent nos ''us'' : nous devons connaître leur code civil, qui est le Coran''. Et, quelque 50 ans plus tard, j'ai suivi le cycle des Lundis du Grand Rabbin Sitruk sur ''la Foi d'Isra-ël''. Je trimbale un lourd passé !).
Ce ''énième'' livre de René Brague est aussi brillant et aussi profond que tous les autres, et c'est de lui qu'est tirée cette phrase qui mériterait d'être ''panthéonisée'' si nous étions dirigés par des sages : ''L'islamisme n'est peut-être pas l'islam... mais c'est un islam''... qui résume tout, résout tout, explique tout... et repose sur des bases entièrement nouvelles toute la problématique qui sépare nos pseudo-élites (très ? trop ?) convaincues face à un islam entièrement réinventé selon ce qu'elles croient qu'il pourrait ou devrait être, c'est-à-dire relu et revu ''à la sauce chrétienne'' –ce qu'il n'est évidemment pas... de populations (= de nous tous !) qui, jugeant ''sur les faits'' (disent-elles), s'en tiennent à des faits soigneusement choisis pour ne pas voir ce qui peut gêner, comme l'arbre qui, mine de rien, cache la forêt.
Car les occidentaux, remarque justement René Brague, encore très marqués par le christianisme, voient donc le monde –donc l'islam, ce qui est absurde !--  à travers des catégories chrétiennes, au lieu de le voir comme il est, et tel qu'il se voit lui-même. C'est une erreur fondamentale, et définitive dès le premier mot : ''Religion''. L'Occident met dans ce mot des actes (comportements, prières, fêtes, pèlerinages, jeunes  ou sacrements, et ''aller à la messe'') clairement séparés de ceux de la vie courante et a donc un mal fou à accepter que, pour un musulman pieux (pour ''un croyant'' disent-ils comme si tous les autres humains ne croyaient en rien... ce qui est exactement ce qu'ils pensent), des interdictions alimentaires (la viande de porc –Cor #4), des recommandations relatives à l'habillement (Ô fils d’Adam, munissez-vous de votre parure en tout lieu de prière -7:al-A`râf:31) ou la pilosité (le Hadith sur la barbe) sont des parties intégrantes de la religion qui, en fait, est très souvent plus proche de notre ''code civil'' que de notre ''pratique religieuse''... d'où une désillusion dramatique pour nos politiciens qui s'imaginent qu'il serait possible d'aligner la pratique des musulmans sur leur laïcité... Pour ça, Mustapha Kémal a tout essayé, par la contrainte... Résultat : Erdoğan ! Ils sont vraiment très bêtes. 
En règle générale, l'homme de la rue ne connaît que très ‘’à peu près’’ sa religion, le musulman étant aussi ignare sur sa foi que les chrétiens... ce qui n'est pas peu dire.  Mais cette ignorance n'est pas symétrique : les occidentaux, même les plus enragés des bouffeurs de curés, sont culturellement encore trop ''chrétiens'' pour se détacher de cette vision du monde, tandis que les musulmans témoignent tous d'un manque d'intérêt total pour les dogmes et pratiques de la chrétienté qu'ils croient connaître une fois pour toutes à travers ce qu'en raconte le Coran… qui, pour nous, ne correspondent à rien de vrai : le musulman croit, dur comme fer, qu'il ''sait'' mieux que nous ce qu'est le christianisme : son Livre Sacré, divin et incréé, le lui a dit...  en lui précisant même que les deux autres monothéismes bibliques ont été falsifiés par ou avec le temps, et ne correspondent plus à ce que disait Abraham et que ‘’Moïse avait transmis’’ à celui que le Coran nomme ''Issa'' (= notre Jésus)...
Deux autres facteurs créent une impossibilité ontologique et définitive de véritable dialogue : le premier, et ce n'est pas rien, c'est la définition de ''l'Homme'' qui pour un chrétien, est ''tout humanoïde vivant'', notion à laquelle le musulman ajoute, sans discussion possible : ''et croyant ou converti''. Lorsqu'il parle de l'égalité entre les hommes, le musulman ne peut concevoir qu'une égalité entre les seuls croyants... dans une conception ‘’fermée’’ face à notre ouverture, confusion qui explique tous les déboires de l'Occident : que de milliers d'heures ont été perdues par le seul refus de cette évidence que l'Occident refuse absolument d'accepter tant cette limitation lui paraît impossible alors qu’elle est ‘’de définition’’.
Le second, c'est le refus par l'islam de la possibilité d'existence non seulement de quelque ''loi naturelle'' que ce soit, mais de toute ''loi humaine'' : le seul législateur ''légitime'', c'est Dieu –non pas celui qui nous parle, à nous chrétiens, par la voix de la conscience... mais le seul Allah, qui a dicté le Coran où sont toutes ses volontés (il n'en existe aucune autre) à travers ''le bel exemple'' du Prophète (Cor. XXXIII-21) contre lequel aucun pouvoir humain ne peut prévaloir, fut-il prétendu ''représentatif''. Il est d'ailleurs bien précisé (Charia'a) que la raison est impuissante devant le sens de la vie profane, devant le choix entre ce qui est bien et ce qui est mal... la Révélation ne dit rien sur la Nature d'Allah mais indique Sa volonté. On comprend pourquoi nos ''libres penseurs'', nos ''laïcards'' et même tous les laïcs ''buggent grave'' : impossible pour eux de comprendre un seul mot et d'accepter la mort à leur rêve d'un '’islam-de-France’’ qui est impossible à jamais.
Quant à ce que l'Occident et lui seul désigne par ''l'islamisme'' (le seul mot, en arabe –qui est, ne l'oublions pas, ''la langue de Dieu, celle que parle Allah''-- est : ''islam'', la soumission)... nous pinaillons pour inventer des degrés et des nuances qui ne peuvent exister en aucun cas, jamais ! Le pauvre Occident se déchire, chicane, chipote, coupe les cheveux en quatre et le sexe des anges en 8, 16 ou 24, il byzantinise ou il talmudise –comme vous voudrez-- dans la confusion et le ridicule, sur la phrase imbécile qui encombre les Prétoires de nos tribunaux, nos radios, nos télés et nos débats, tous idiots : ''Tous les musulmans ne sont pas des islamistes''. Mais si, justement, ils le sont et c'est même eux qui le disent... et ils y tiennent : c'est la base de leur ''être croyants'' ! Mais comme il est pitoyable de voir nos magistrats pontifier, en robe herminée mais toujours dans le sens le plus... insensé, sur un sujet pour lequel ils n'ont pas la plus élémentaire connaissance.
Une conclusion (même si je sais que Flaubert disait ''Seuls les imbéciles veulent conclure'') ? Elle sera triple : tout d'abord, lire et relire René Brague est toujours un bonheur enrichissant dont on ne se lasse jamais. Ensuite, apprécions la chance que notre ex-belle et ex-douce France produise encore de telles intelligences : que c'est beau, une tête bien faite qui tourne dans le bon sens ! Et enfin, ''c'est pas demain la veille'' que nous allons sortir de notre pétrin actuel, car autant il faut s'extasier sur une grande intelligence, autant il faut pleurer sur la bêtise crasse de ceux qui, devant l'évidence, refusent encore et toujours de voir le soleil en plein midi. Sauf un réveil que rien ne permet d'espérer, ''on n'est pas sorti de l'auberge'' !
H-Cl.
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"Lamanetation" lettres découpées d'un coran par Meg Hitchcock (2013) présentées à la conférence “L'Art Contemporain est-il Irréligieux ?“ par Paul Bernard-Nouraud - Historien d'Art - pour le cycle “Etre de son Temps : L'Art Contemporain Face à l'Epoque” de l'association Des Mots et Des Arts, février 2022.
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reseau-actu · 5 years
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EXCLUSIF - Pour la première fois au monde, 30 historiens des religions ont analysé le texte sacré en le restituant dans son contexte historique. Le Figaro Magazine révèle de larges extraits de ce Coran des historiens.
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Publié aux Éditions du Cerf, Le Coran des historiens est d’abord le fruit d’un travail scientifique rigoureux et exemplaire, mais aussi une arme pacifique contre ceux qui font du livre fondateur de l’islam une lecture littéraliste, un texte inspiré de la seule parole d’Allah, une pure révélation divine qui ne saurait être analysée, étudiée, critiquée. Nous en publions des extraits en exclusivité.
1. Mahomet, cet inconnu
Le Coran est malheureusement d’une pertinence très limitée pour reconstruire la vie de Mahomet et les divers événements relatifs à sa carrière prophétique. En effet, le Coran est un texte profondément anhistorique. À la différence des Évangiles du Nouveau Testament chrétien, par exemple, il n’y est pas question des événements de la vie de Mahomet ou de l’histoire ancienne de la communauté religieuse qu’il a fondée. Le Coran sert plutôt avant tout à réunir des fragments de traditions bibliques et arabes plus anciennes par l’intermédiaire de la figure du Prophète, en excluant de son champ les aléas du temps et de l’espace. En ne se fondant que sur le Coran, on pourrait probablement déduire que le protagoniste du Coran est Mahomet, qu’il a vécu en Arabie occidentale et qu’il en voulait amèrement à ses contemporains qui récusaient ses prétentions à la prophétie. Mais on ne pourrait pas dire que le sanctuaire se trouvait à La Mecque, ni que Mahomet lui-même venait de là, et on ne pourrait que supposer qu’il s’était établi à Médine.
En cherchant à lire le Coran à contre-courant des récits traditionnels sur les origines de l’islam, il est possible de déterrer une strate plus ancienne dans le développement de la foi musulmane
Le Coran des historiens
2. Un Coran à contre-courant
Le Coran est notre unique porte d’entrée dans le premier siècle de l’islam. Bien qu’il ne révèle que très peu de choses sur les événements de la vie de Mahomet et de l’histoire ancienne de la communauté religieuse qu’il a fondée, il est toutefois censé conserver des traces de son enseignement. En tant que document littéraire musulman le plus ancien, et même seul document littéraire du premier siècle de l’islam, le Coran constitue un témoin précieux pour comprendre les croyances religieuses de Mahomet, telles qu’elles furent interprétées par ses disciples les plus anciens. Ainsi, le Coran nous offre la meilleure chance de soulever le voile sur le mythe des origines islamiques.
En cherchant à lire le Coran à contre-courant des récits traditionnels sur les origines de l’islam (et non en conformité avec ces récits), il est possible de déterrer une strate plus ancienne dans le développement de la foi musulmane. Cela n’implique bien évidemment pas d’interpréter systématiquement le Coran en allant contre la tradition établie. Il s’agit plutôt, en suivant les méthodes des études bibliques, de repérer les endroits où le texte coranique semble en tension avec les récits traditionnels sur les débuts de l’islam, tout en cherchant des anomalies parallèles dans la tradition ancienne qui, de la même manière, ne s’accordent pas avec l’image généralement véhiculée par les récits postérieurs. En mettant à jour de tels écarts herméneutiques entre le texte sacré et la tradition, on découvre un espace qui nous invite potentiellement à découvrir une autre sorte d’islam dans ses tout débuts - un mouvement religieux qui n’était peut-être pas complètement différent de ce qu’il deviendra, mais qui possédait tout de même des caractéristiques bien distinctes.
3. L’influence du christianisme oriental
A) Les invocations
En Orient, domine la confusion entre les différentes chrétientés que Byzance a jugées hérétiques, principalement les monophysites et les nestoriens. Elle a profondément marqué le milieu dans lequel est né l’islam. Ainsi, pour ne donner que deux exemples de la profonde influence nestorienne, la fameuse formule qui introduit chaque sourate du Coran («Au nom de Dieu: celui qui fait miséricorde, le Miséricordieux») semble traduire le début de la troisième prière eucharistique de Nestorius: «Ô Seigneur Dieu, le Clément qui fait miséricorde, le Compatissant». De même, il ressort que l’origine de la confession de foi de l’islam («J’atteste qu’il n’y a pas de divinité en dehors de Dieu») doit être également cherchée dans un milieu nestorien.
Dis aux croyantes de baisser leurs regards, d’être chastes, de ne montrer de leurs atours que ce qui en paraît. Qu’elles rabattent leurs voiles sur leurs gorges !
Le Coran
B) Le voile
La Didascalie des apôtres (une exhortation chrétienne du IIIe siècle en Syrie) était en circulation en Arabie avant l’émergence de l’islam et constituait un document de pertinence plausible pour l’auditoire originel du Coran. À propos du voile de la femme, la Didascalie syriaque dit en effet ceci: «Si tu veux devenir une femme croyante, sois belle pour ton mari seulement. Et lorsque tu marches dans la rue, couvre ta tête avec ton habit, afin que grâce à ton voile, ta grande beauté puisse être couverte. Et ne peins pas les contours de tes yeux, mais baisse ton regard. Et marche voilée.» L’objectif de ces instructions est de contenir l’attraction sexuelle à l’intérieur de la sphère autorisée du mariage.
Or, dans le Coran (24: 30-31), Dieu ordonne à son prophète de dire aux croyants - à la fois hommes et femmes - ce qui suit: «Dis aux croyants qu’ils baissent leurs regards et soient pudiques. Ce sera plus décent pour eux. Dieu est bien informé de ce qu’ils font. Dis aux croyantes de baisser leurs regards, d’être chastes, de ne montrer de leurs atours que ce qui en paraît. Qu’elles rabattent leurs voiles sur leurs gorges! Qu’elles montrent seulement leurs atours à leurs époux, ou à leurs pères, ou aux pères de leurs époux, ou à leurs fils, ou aux fils de leurs époux, ou à leurs frères, ou aux fils de leurs frères, ou aux fils de leurs sœurs, ou à leurs femmes, ou à leurs esclaves, ou à leurs serviteurs mâles que n’habite pas le désir [charnel], ou aux garçons qui ne sont pas [encore] au fait de la conformation des femmes. Que [les croyantes] ne frappent point [le sol] de leurs pieds pour montrer les atours qu’elles cachent! Revenez tous à Dieu, ô croyants! Peut-être serez-vous bienheureux.»
Tandis que la Didascalie ne s’adresse qu’aux femmes, le Coran s’adresse à la fois aux hommes et aux femmes. Tandis que dans la Didascalie, la beauté d’une femme croyante est réservée exclusivement à son mari, le Coran énonce des exceptions pour cinq groupes. Mais tout comme la Didascalie, le Coran cherche à canaliser l’attraction sexuelle et à la restreindre à la sphère du mariage. En plus des parallèles thématiques clairs entre les deux textes, il se trouve aussi de nets parallèles linguistiques. Ces parallèles thématiques et linguistiques prouvent l’existence d’un environnement légal commun qui suggère que l’auditoire du Coran connaissait la Didascalie syriaque. À l’instar de ce qu’il a fait avec la Bible hébraïque et le Talmud, le Coran en modifie certaines règles afin de les adapter au contexte arabe.
Paris, octobre 2019. Karim Daher
C) Les interdictions alimentaires
Durant le Ier siècle de l’ère commune, comme le rapportent les Actes des apôtres, certains des membres du mouvement initié par Jésus ont insisté sur le fait que les croyants païens devaient observer la loi de Moïse, tandis que d’autres, tels Pierre et Paul, soutenaient que cette charge ne devait pas être placée sur les «nuques» des païens. Les deux groupes opposés trouvèrent un compromis. Les apôtres et les anciens envoyèrent deux représentants à Antioche munis d’une lettre informant les païens croyants au Christ qu’ils étaient tenus de s’abstenir de seulement quatre pratiques mosaïques: «L’Ésprit saint et nous-mêmes, nous avons en effet décidé de ne vous imposer aucune autre charge que ces exigences inévitables: vous abstenir des viandes de sacrifices païens, du sang, des animaux étouffés et de l’immoralité. Si vous évitez tout cela avec soin, vous aurez bien agi.»
En 683-684, ce passage est cité presque mot pour mot par Athanase de Balad, le patriarche jacobite d’Antioche, dans une lettre encyclique écrite en syriaque. Il se réfère entre autres aux mots des Apôtres qui avaient ordonné aux croyants païens de «se tenir à distance de la fornication». Il ajoute que les croyants païens doivent aussi se tenir à distance «de ce qui est étouffé et du sang, ainsi que de la nourriture issue de l’abattage païen, sans quoi ils s’associeraient aux démons et à leur table impropre».
Pour sa part, le Coran (5: 3-5) indique: «Illicites ont été déclarés pour vous [la chair de] la bête morte, le sang, la chair du porc et de ce qui a été consacré à un autre [dieu] que Dieu, [la chair de] la bête étouffée, de la bête tombée sous des coups, de la bête morte d’une chute [ou] d’un coup de corne, [la chair de] ce que les fauves ont dévoré - sauf si vous l’avez purifiée -, [la chair de] ce qui est abattu devant les pierres dressées, ainsi que de consulter le sort par division par les flèches - tout cela est perversité.»
Bien que l’ordre de présentation diffère de celui des deux autres textes, les Actes des apôtres et la Lettre Athanase, le Coran prescrit les mêmes interdits aux croyants. Là encore, les parallèles thématiques et linguistiques indiquent l’existence d’un environnement juridique commun.
4. Le modèle manichéen
Des matériaux archéologiques récemment découverts en Haute-Égypte et en Asie centrale mettent en évidence combien le manichéisme se caractérisait comme «religion du livre», autrement dit endossait l’idée d’une essence immuable de la théologie. Sur cette base, la religion qu’embrassaient les manichéens apparaissait comme la fondation d’une communauté nouvelle formée de toutes les nations, la religion de l’histoire accomplie. La signification de la formule impliquait aussi dans ces milieux une prolifération matérielle de livres pour y sustenter l’activité prosélyte. Dès l’émergence de ce courant, la prééminence de l’écrit alla de pair avec le foisonnement de textes les plus divers dans l’entourage immédiat du fondateur. La plupart de ces écrits étaient à usage interne, mais plusieurs d’entre eux étaient destinés à la société politique. Le but recherché était bien sûr missionnaire et apologétique. Mais ceux qui pensaient et écrivaient restaient proches de la cour et de l’administration de l’État.
Le Coran des historiens, s
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marocatlantis · 7 years
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Intervention, vendredi (07/07/17) à Ifrane, du directeur général de l’Agence Nationale de Promotion de l’Emploi et des Compétences (ANAPEC), Anas Doukali, lors des assises régionales de l’emploi. M. Doukali annonce l’ouverture prochaine de plusieurs agences de l’ANAPEC au niveau de la région Fès-Meknès.
  Qui sont ces Berghwata  qui ont régné de 742 à 1148, sans laisser la moindre trace dans l’histoire officielle? Leur nom ne figure nulle part dans les manuels scolaires d’histoire. Il est vraisemblable que toutes les archives qui les concerne ont été délibérément détruites pour faire passer sous silence l’existence d’un peuple qui dérangeait les idéologies arabo-islamiques qui avaient déjà atteint une grande ampleur en Atlantide (Hespérie). Très peu savent que les Berghwata furent la dernière dynastie dont les Rois étaient des marocains de souche, des fils du pays du premier jusqu’au dernier. Ils ont régné sur la région de Tamesna de Salé à Safi (ce que les Barbares nomment aujourd’hui le Maroc utile), surtout ils avaient leur propre prophète, leur coran et leurs rites. Ils étaient connus également sous le nom de Béni Tarif, d’après le nom du fondateur de la principauté, qui avait rejoint le dissident kharijite Mayssara et portant le glaive contre les conquérants musulmans. La plupart des historiens décèlent que les Berghwata, proviennent de la dynastie libyenne des Bacchus, et que Tarif est un libyen. Les Libyens de Masmouda et Zénata ont désigné Tarif comme chef. Il fut considéré comme le fondateur de la principauté des Berghwata, mais son fils Salih qui passe pour être le fondateur spirituel et le créateur de la religion des Berghwata. Les Berghwata voulaient recréer une copie conforme de l’islam dans l’Atlantide sous le troisième prince de la lignée, Younès pour que la prophétie des Béni Tarif soit révélée. Il imposa une religion d’une autre manière avec un coran comprenant quatre vingt sourates qui portaient presque toutes le nom d’un prophète adamique, on y comptait celui d’Adam, Ayoub, Pharaon, Haroun… Ni Salih qui avait peur pour sa vie, ni même son fils à qui son père a confié sa religion, sa science, ses principes et son « fiqh », ne se sont proclamés prophètes, ils restèrent tous deux partisans des Ibadites de la fraction des Kharijites (musulmans plaidant pour la démocratie et l’égalitarisme). Exactement comme l’avait fait, avant lui, le prophète Mahomet en Orient. Younès eut même recours à un autre verset du coran pour faire prévaloir le statut mérité de son grand père en tant que prophète : « Et nous n’avons envoyé de messager que dans la langue de son peuple » (sourate Ibrahim, verset, 4). Son argument est simple : Mahomet étant arabe, Salih a d’autant plus le droit de transmettre le message du Dieu EL dans sa langue libyque auprès des siens au Maroc. Younès a même prédit que son grand-père allait réapparaître sous le règne du 7eme Roi des Béni Tarif en tant que « Al Mehdi Al Mountadar » (inspiration chiite).
D’après l’historien Mouloud Achaq et selon Mohamed Talbi qui avance que la religion des Béni Tarif ne s’est pas totalement écartée de l’islam. Elle s’est contentée de l’adapter dans une version libyque, locale et indépendante de l’Orient, en se dotant d’un coran local et d’un prophète local. Ils voulaient probablement montrer qu’ils n’avaient pas de leçon à recevoir des despotes de l’Orient et qu’ils pouvaient produire leurs propres règles religieuses. Dans les faits, douze tribus seulement ont accepté la prophétie des Béni Tarif. Les autres tribus sous leur domination, et dont le nombre s’élevait à 17, ont gardé leur ancienne confession, l’islam moutazilite. Or, les Berghwata se sont comportés avec ces tribus comme des alliés et ne les ont pas persécutées au nom de la nouvelle religion. Au niveau de la population, les rites des Berghwata s’apparentaient de manière étonnante aux croyances libyques ancestrales et aux pratiques de rituels pré-islamique, dont la sacralisation du Coq. Ils disent toujours, au lever du jour, « la tay wadane afollos » (le coq appelle à la prière). Selon l’orientaliste Nahoum Slouch, l’interdiction de manger la chair de coq proviendrait des Juifs du Machreq au Ténéré (Sahara). Ce qui a incité Slouch à affirmer que « la religion des Berghwata est musulmane dans sa forme, libyque dans ses rites et juive dans son fond et ses tendances ». Cependant la réalité est tous autre, leur religion était bien libyque, avec des rites que l’ont retrouve un peu partout en Libye et cette volonté de judaïsé leur foi, est une façon d’effacer historiquement leur identité d’origine et faire croire à des influences orientales. Ce même procédé de destruction identitaire se retrouve chez les historiens arabes et humaniste (franc maçons) qui veulent à tous prix imposer l’idée d’une origine juive à tous les peuples de Libye.
A une différence près : Les préceptes régissant le dogme, étaient nombreux et hétérodoxes, un jeûne hebdomadaire du jeudi était obligatoire, la prière était faite cinq fois le jour et cinq fois la nuit, la prière publique se faisait à l’aurore (fjer) non le vendredi à midi (dhor), aucun appel (adène) à la prière ni rappel (ikamat). Une partie de leur prière se faisait sans prosternement (rekât) et une autre à la façon Orthodoxe, ils récitaient la moitié de leur coran pendant qu’ils étaient debout et l’autre moitié pendant les inclinations. Le salut était en langue libyque berghwati “Dieu est au dessus de nous, rien de la terre ni des cieux ne lui est inconnu “. Tout Berghwati pouvait épouser jusqu’à huit femmes mais il ne pouvait contracter d’union ni avec une musulmane orthodoxe ni avec une cousine jusqu’au troisième degré. Il peut répudier et reprendre ses femmes. Le menteur était flétri du titre de el morhaier (qui s’éloigne de la vérité) et généralement expulsé du pays. Comme alimentation étaient illicites la tête et la panse des animaux.
C’est dans la région de Tamesna, traversée de forêts et de ruisseaux, qu’est née l’idée d’une nature hantée à moins que la croyance soit plus ancienne que les Berghwata. Quant à la réticence à manger la tête de certains animaux, dont le poisson, et l’interdiction de manger les oeufs, elles sont toujours de rigueur chez certaines tribus des Masmouda qui se sont réfugiées dans le Souss, après la dissolution de la principauté des Berghwata dont la mise en échec n’a pas été chose facile, loin s’en faut.
Qu’est-ce qui a donné aux Berghwata une telle force de résistance?
Après le carnage de Oued Beht et celui du village de Timaghine, qui leur ont permis d’élargir leur domination au début du 10eme siècle, Abdellah Abou Al Ansar, un Roi berghwati pacifiste et cultivé est arrivé au pouvoir. A l’inverse de ses prédécesseurs, a réussi à fédérer nombre d’alliés sans avoir à répandre le sang. Al Bakri raconte qu’il rassemblait ses hommes, préparait son armée et s’apprêtait à lancer des attaques contre les tribus avoisinantes. Lorsque ces derniers lui offraient des présents dans une tentative d’attirer sa sympathie et qu’il acceptait leurs présents, il dispersait ses hommes en signe de renoncement à l’attaque envisagée. Cette description montre à quel point les tribus entourant le royaume des Berghwata craignaient ces derniers et tenaient à maintenir une trêve avec eux, liées par un lien national propre aux Daukkali.
1- Lien des Béni Tarif, détenteurs du pouvoir et les leaders de l’alliance idéologique et spirituelle du Royaume. 2- Suivi des Masmouda, qui jouissaient d’un rang social privilégié. 3- Des Zénata et des Eznagn (Sanhaja), dont le rang social, s’étaient améliorés grâce à leur activité commerciale. 4- Toutes les tribus du désert Ténéré, grâce à leur bonne maîtrise du flux des caravanes provenant du Sahara.
A ce phénomène, Ahmed Siraj pense, quant à lui, que chez les Berghwata « les tribus faisaient les frontières », elles faisaient quelque 400 fortifications dans leurs villes stratégiques, telles Chellah, Fédala ou Anfa. Mais leur puissance réelle résidait dans leur force économique. Ils pouvaient selon Ibn Haouqal, avoir des échanges commerciaux même avec des gens d’Aghmet, du Sauss et du Sijilmassa. Au point de vue agriculture, il suffit de citer Léon l’Africain « de blé égale du temps de ces hérétiques, l’abondance du blé était telle que les gens échangeaient une quantité à ce que pouvait porter un chameau, contre une paire de babouches ».
C’est seulement en 1994 que les premières tentatives d’exploration de la mémoire des Berghwata qu’a commencé les travaux, dont le but initial était de constituer la carte archéologique de la région de Mohammedia, elles ont permis dans un premier temps de découvrir le site de « Makaul » que le géographe Al idrissi et l’historien Ibn Khatib signalaient sur la route reliant Salé à Marrakech. Après, ils ont découvert d’autres tombeaux empreints de motifs ornementaux à proximité de la route reliant Anfa (Casablanca) à Rabat, non loin de Oued El Maleh sur le site de Sidi Bauamar. Chose surprenante, des tombeaux similaires qui existaient également sous le pouvoir des Berghwata dans les régions de Chawia, Daukkala et Abda. Même opération de recherche, on découvrit un site, évoqué d’ailleurs par l’historien Michaux Bellaire, que l’on nommait « cimetière des Mages (Al Majous) ». Ce lieu serait un des rares témoignages attestant de la mémoire collective des Berghwata et l’image que les musulmans avaient d’eux à l’époque.
Leur puissance militaire allait se manifester clairement lorsque le fondateur de la dynastie Almoravide, Abdellah Ibn Yassine, a essayé de les anéantir en 1059. Sur cet événement, Mouloud Achaq nous raconte : Ibn Yassine s’est aventuré dans cette péripétie sans préparation. Il croyait pouvoir vaincre les Berghwata alors qu’il venait du désert et que ceux qu’il venait combattre connaissaient mieux leur région, difficile à pénétrer. Il sera tué dans cette bataille et inhumé dans un village perdu du nom de Kérifla.
Le Royaume des Berghwata a résisté plus de quatre siècles, en effet jusqu’au milieu de XIIe siècle, ils ont su sauvegarder leur souveraineté et leur indépendance. Ils ont subi les attaques successives des Idrissides, des Fatimides, des Zirides, des Zénata et même des Almoravides. Toutes ces puissances ne seront parvenues à les anéantir. Ce sont les Almohades qui viendront à bout à ce Royaume libyque original, qui était un peuple d’une vaillance et d’une robustesse incomparable, hommes et femmes se distinguaient par leur beauté et par leur extraordinaire force musculaire, mais on oublie de mentionner leur immense capacité intellectuelle et leur foi sans limite pour la religion de leurs ancêtres et en Akauch (Hadès). C’est par Abdelmounen ben Ali El Goumi de la dynastie des Almohades qui a probablement conduit à l’anéantissement du Maroc libyque et petit à petit effacé leurs traces, en important des tribus arabes de Tunisie pour remplacer les tribus affiliées aux Berghwata et en changeant l’appellation de la région (Tamesna) par Chaouia. Ainsi, le directeur de l’Institut royal des études d’histoire, Mohamed Kabli, nous assure que le manuel de l’histoire du Maroc en cours de préparation recèlera pour la première fois le peu qu’on sait sur la dynastie des Berghwata.
  Une autre version de l’histoire des Berghwata
  C’est au l0ème siècle que fut fondé par les Berghwata, confédération de tribus masmoudiennes, installées dans l’ouest du Maroc, le premier Royaume islamo-libyque. C’est la politique d’exploitation et d’humiliation menée à l’égard des Libyens par les gouverneurs arabes qui les poussa à s’allier d’abord avec les Kharéjites, hérétiques venus d’Orient, qui prêchaient, contre la prétention des Arabes à gouverner seuls, l’égalité des Musulmans, en dehors de tous critère social ou racial. Par la suite, les Libyens, pour mieux affirmer leur indépendance et leur aspiration à fonder une nation, voulurent se donner une religion propre. Ils n’abandonnaient pas entièrement l’Islam, mais ils le transformaient profondément de manière à l’adapter à leurs croyances et à leurs traditions libyques.
Profitant de la révolte kharédjite, les Berghwata prirent les armes contre les Arabes, sous la direction de Maysara, un porteur d’eau de Tanger. Leur Roi, à l’époque, s’appelait Tarîf Abû Salih’ : c’est son fils, Salih’ qui aurait fondé la nouvelle religion, mais celle-ci fut gardée secrète pendant deux générations. C’est son petit-fils Yunus qui la révéla, en proclamant son grand père le Salih’ al Mu’minîn, “le vertueux d’entre les croyants”, dont parle le Coran (sourate 66, verset 4). Il prétendait avoir reçu la révélation, en libyque, d’un livre qui contenait quatre-vingt sourates, portant, comme le Coran, des noms de prophètes (Job, Jonas, Saül) ou d’animaux (le coq, la perdrix, la sauterelle). En plus de ce livre que l’on devait réciter à toutes les prières, Salih’ avait donné à son peuple un code de lois religieuses spécifiques : le nombre des prières canoniques était de dix et non de cinq comme chez les autres musulmans, le mois de jeûne n’était ramadhan mais radjab, la prière publique avait le jeudi et non le vendredi, la magie et la divination étaient autorisées etc. Les interdictions alimentaires étaient plus sévères que celles de l’lslam : Salih’ interdisait les oeufs, les têtes d’animaux comme le mouton, et la chair du coq, tenu pour un animal sacré. Des historiens pensent c’est Yunus lui-même qui a élaboré ces doctrines. D’ailleurs, il s’en est fait l’ardent propagandiste convertissant ceux qui voulaient se rebéller contre le pouvoir caliphal arabe. Les Musulmans orthodoxes, Arabes et Libyens, appelèrent à la guerre sainte contre les hérétiques Berghwata, mais ceux-ci, retranchés dans leur territoire, ont pu se défendre et protéger longtemps leur religion. H’a Mîm est un autre “prophète” qui prétendait détenir une révélation en libyen et fonda une religion propre. Selon les sources arabes, il avait pour surnom Muh’ammad (il aurait donc eu un fils nommé ainsi) son père s’appelait Abû Khalaf Mann Allah. Quant au curieux nom de H’a Mîm, il est tiré du Coran, plus exactement des deux mots mystérieux, H. M., qui figurent à la tête de certaines sourates.
Il appartenait à la grande tribu libyenne des Ghomara et c’est dans cette tribu, plus exactement dans les environs de Tétouan, au Maroc, commença à prêcher vers 925. On ne connaît pas grand chose de la vie de H’a Mîm ni de sa religion. Les quelques renseignements dont nous disposons proviennent essentiellement de l’historien arabe AI Bekri, un auteur sunnite qui ne cache pas son hostilité à l’hérésie et qui, par conséquent, n’est pas objectif.
H’a Mîm se prétendait prophète et se disait envoyé par Dieu pour réformer la religion musulmane que les Arabes avaient altérée. Il composa, en libyen, un Coran où figure notamment, d’après Al-Bekrî, la profession de foi suivante : “Il n’y a de Dieu que Dieu…Je crois en H’a Mîm, en Abû Khalaf et en Tingit” Abû Khalâf (ou Abû Yaklût) était le père de H’a Mîm et Tingit (ou Tinqit) sa tante qui était, toujours selon AI Bakrî, une prêtresse magicienne. La soeur de H’a Mîm, Dadjdju ou Dâbbu, était également une prêtresse magicienne et les fidèles sollicitaient son secours. H’a Mîm avait conservé les principales obligations religieuses de l’Islam comme la prière et le jeûne mais il transforma la plupart d’entre elles pour les conformer aux traditions des Libyens ou alors pour se distinguer des orthodoxes. Ainsi, il imposait le jêune annuel mais seulement les trois derniers jours du ramadhan et non le mois entier, la fête de la rupture du jeune n’avait pas lieu le jour de la rupture mais le lendemain. A l’inverse, H’a Mîm avait instauré un jeune hebdomadaire d’une demi journée le mercredi et d’une journée entière le jeudi. Le nombre de prières quotidiennes était réduit à deux: la prière du lever du soleil et celle du coucher. La zakat ou impôt légal sur la fortune était fixé au dixième de chaque chose possédée. Le pèlerinage à la Mecque (symbole de la domination arabe sur les peuples) était supprimé. La consommation de viande de sanglier était autorisée, quant au poisson, il ne pouvait être consommé que si on l’égorgeait rituellement. Enfin, la chair des oiseaux, y compris celle des gallinacés, ainsi que les oeufs, jugés impurs, étaient prohibés.
Une telle “hérésie” souleva l’hostilité des musulmans orthodoxes, arabes et libyens, qui la combattirent. H’a Mîm mourut d’ailleurs au cours d’un combat, en 928 ou 931. Sa religion lui survécut jusqu’au 11ème siècle, date à laquelle ses adeptes furent convertis de force à l’orthodoxie par les Almohades.
  Tazota, l’héritage architectural des Berghwata 
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  Uniquement constitué de pierres, tazota rappel à quel point la forêt et les arbres étaient sacrés pour les Berghwata, à tel point qu’il fut peu utilisé ou uniquement à des usages vitaux de la vie de tous les jours. Cette architecture unique qui se distingue de celles des autres régions libyennes est endémique à leur région qui se nomme Daukkala qui signifie en libyen “Sous cette terre” en référence à l’idée de plaine basse par rapport à l’immense Atlas qui tire vers les nuages. En effet si aujourd’hui ce patrimoine est étudié c’est parce qu’il ne représente plus une menace identitaire, les Daukkali ne garde presque aucune mémoire de leurs heures de gloire et encore moins de principauté berghwati. Aujourd’hui tazota est un formidable potentiel touristique autant au niveau nation qu’international, mais la censure sur la religion pré-islamique de ces lieux tronque son identité et fait perdre au lieu son charme authentique. Ce potentiel touristique et pédagogique ne peut émerger tant que le Maroc n’aura pas exorcisé ses démons et ses erreurs du passé, comme celui d’avoir privé tout un peuple de son identité et de sa mémoire. 
  Le Daukkali seraient ils arabo-libyen?
Le nom “Daukkala” est dérivé du libyen Adu, qui signifie “en dessous”, et Akal, qui signifie “terre”, faisant référence au caractère peu élevé des plaines par rapport aux montagnes de l’Atlas.
Historiquement, le nom Daukkala fait référence à une confédération tribale libyenne, établie sur le territoire entre (Anfa) Casablanca et Safi.
Révoltés contre les Almohades au xiie siècle, le calife Abd al-Mumin réussit à soumettre les Doukkalas vers 1160 et décide d’installer et de sédentariser, au sein de leur territoire, des tribus hilaliennes qu’il avait auparavant soumises dans l’Ifriqiya, et ce dans la perspective d’en finir avec les révoltes daukkaliennes telles que celle des Berghwatas dans le siècle précédent.
D’après Ahmed ben Mohamed el-Khayyat ed-Doukkali el-Mouchtaraie dans son ouvrage du xiiie siècle Salsalat ad-Dahab al-Manqoud, ces tribus libyennes étaient au nombre de six, à savoir: les Regraga, les Bani-Dghoug, Les Bani-Maguer, les Mouchtaraia, les Hazmir et les Senhaja ; les cinq premières d’entre elles appartenaient aux Masmoudas et la dernière aux (Eznagn) Sanhadjas.
À la suite de l’installation des Arabes hilaliens, les Libyens sont refoulés dans l’Atlas ou se mêlent aux Arabes, désormais majoritaires, en adoptant leur langue et leur culture de sorte que la dénomination de “Daukkala” réfère depuis, jusqu’à nos jours, aux tribus arabes ou arabisées habitant une partie du territoire de l’ancienne population Daukkali.
La confédération tribale des Doukkali, établie sur le territoire des provinces d’El Jadida et de Sidi Bennour, est constituée de 7 tribus :
El Aounate
El Haouzia
Oulad Amar
Oulad Amrane
Oulad Bouaziz
Oulad Bouzerrara
Oulad Frej
À ces 7 tribus s’ajoutent deux fractions des Chiadma et Chtouka, établies dans la région et étroitement liées, historiquement et culturellement, aux Doukkalis.
  Daukkala une région au fort potentiel agricole
La région Daukkala-Abda, forte d’une superficie agricole utile (SAU) d’1 million d’ha, dont 96.000 ha irrigués en grande hydraulique et 18.000 ha irrigués par puits, contribue à hauteur de 10% au PIB agricole national et 22% au PIB régional. La région se distingue par le secteur de l’industrie extractive et de transformation et le secteur de l’agriculture. Elle compte également plusieurs unités de transformation et de valorisation de la betterave à sucre, du lait, des céréales et des câpres, outre une forte présence d’associations professionnelles agricoles qui s’acquittent de leur rôle en matière d’encadrement agricole.
Elle arrive en tête du palmarès des régions qui créent le plus de richesses au niveau national. Selon les résultats des comptes régionaux réalisés par le Haut- Commissariat au Plan, cette région contribue à hauteur de 10% au PIB et arrive au septième rang national. Certes, elle reste loin du score du Grand Casablanca avec 19,2%, mais elle devance de loin Meknès-Tafilalet avec 5,5% et l’Oriental avec 5,1%.
A Doukkala-Abda, le PIB par habitant a dépassé la moyenne nationale qui se situait à 24.000 dirhams en 2010. Il a atteint 25.051 dirhams contre 38.016 dirhams dans le Grand Casablanca. Les comptes régionaux du HCP confirment également une concentration des activités secondaires (industrie, mines, énergie et BTP) dans la région de Doukkala- Abda. La betterave sucrière et les câpres viennent en tête des espèces cultivées et représentent chacune d’elles 38% de la production nationale, suivies par le lait (22%), le cumin (20%), les céréales (14%), le raisin (13%) et les viandes (22%).
D’après la direction régionale de l’agriculture, cette région s’érige en pôle agro-industriel, grâce à son infrastructure très importante, notamment le réseau autoroutier et ferroviaire, en plus de sa proximité de l’aéroport Mohammed V de Casablanca et de trois ports. Selon la même source, la production agricole dans la région se décline en quatre filières, à savoir l’export, l’agro-industrie, le marché intérieur et les produits du terroir. En ce qui concerne la filière export, le directeur régional de l’agriculture précise que la région produit 33 millions de fleurs par an, dont 27 millions sont destinés à l’export, 5.300 tonnes de câpres, (5.000 à l’export), 22 mille tonnes de légumes, (15 tonnes à l’export) et 1.900 tonnes de pastèques (1.500 tonnes à l’export). S’agissant des produits destinés à l’agro-industrie, ils concernent la betterave à sucre qui couvre une superficie de 20 mille ha encadrés par l’usine Cosumar de Sidi Bennour, suivie par les céréales d’automne, dont la production s’élève à 12 millions de quintaux, et le lait qui atteint 453 millions de litres par an. Pour ce qui est des produits destinés au marché national, la production des viandes rouges est de l’ordre de 47.000 tonnes par an. La région compte 410 mille têtes de bovins et 1,70 million de têtes d’ovins et caprins. Pour la quatrième filière, la production reste cependant faible, ce qui pousse la direction régionale de l’agriculture à encourager les produits du terroir, notamment les figues, le cumin, la truffe, la menthe et le miel.
Par secteur d’activité, la région se distingue par le secteur de l’industrie extractive et de transformation et le secteur de l’agriculture dont les contributions en valeur se situent respectivement à 10,4 milliards de dirhams et 5,8 milliards de dirhams. Leurs parts respectives au niveau national se situent à 10,9 et 8,5%.
En ce qui concerne le taux d’activité de la région, il a connu une nette amélioration au cours de ces dernières années. Selon un document présentant les résultats de l’enquête nationale sur l’emploi, réalisée annuellement par le HCP et retraçant l’activité dans la région Doukkala-Abda selon le sexe et le milieu de résidence entre 1999 et 2013, on relève que les courbes suivent une tendance haussière. Ainsi, et selon le sexe, le taux d’activité chez l’homme dépasse celui des femmes. En 1999, le taux a été de 85,2 chez l’homme et de 37,8 chez la femme.
En 2013, il est passé à 78,5 chez l’homme et 38,4 chez la femme. Par rapport au milieu de résidence, le taux d’activité est meilleur dans le milieu rural. Normal, le territoire est connu pour la richesse de son agriculture. Pour le chômage dans la région de Doukkala-Abda, on remarque qu’au cours de ces 14 dernières années, il a connu une évolution en dents de scie. Ainsi, le taux du chômage est passé de 12,4% en 1999 à 10,8% en 2013 après une chute en 2007 avec un taux d’à peine 5,2%.
Les potentialités de cette région seront davantage mises en valeur avec le nouveau découpage proposé par la Commission consultative de la régionalisation. En effet, Doukkala-Abda cédera la place à deux nouvelles régions, à savoir Casablanca-Settat et Marrakech-Safi.
La Commission consultative de la régionalisation considère que la province de Berrechid, la province de Settat, la province d’El Jadida, la province de Sidi Bennour et celle de Benslimane devront faire partie de la région du Grand Casablanca. Et les provinces de Safi et de Youssoufia, rattachées actuellement à la région de Doukkala-Abda, seront in fine dans la région de Marrakech-Safi.
Avec cette nouvelle configuration, ces deux nouvelles régions ont la particularité d’abriter une masse de population plus forte, de couvrir des territoires plus étendus et de regrouper des circonscriptions administratives (provinces, préfectures et communes) plus nombreuses. Un nouveau découpage qui participera certes au rayonnement de cette zone centrale du pays.
  Conclusion :
Daukkala reste un formidable écosystème, tant au niveau humain que végétal, l’un des coeurs de l’Atlantide et ne doit plus être considéré comme une région arabe ou dénué d’histoire, cependant pour en arriver à un niveau convenable d’épanouissement régional, il est nécessaire d’urgence d’y faire renaître le libysme comme autrefois du temps des Berghwata et bien plus encore.
Le Royaume des Berghwata et les Daukkali Qui sont ces Berghwata qui ont régné de 742 à 1148, sans laisser la moindre trace dans l'histoire officielle?
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Sélectionner, apprendre à se séparer
le 15 mars 2020
Qu’est-ce qu’on garde et qu’est-ce qu’on jette ? La question se pose de manière à peu près identique pour un particulier confronté au rangement de sa propre bibliothèque saturée ou au devenir de ses papiers de famille à l’heure de l’héritage, que pour un historien chargé d’effectuer le tri dans un dépôt d’archives publiques ou professionnelles. Sauf que les conséquences ne sont pas les mêmes, le second ayant une délégation de responsabilité. Il y a bien la solution du « désencombrement radical » prônée par Marie Kondo, une essayiste japonaise qui a remporté un succès phénoménal en montrant dans son best-seller La magie du rangement (2011) que la chose relevait d’un art de vivre (assez basique, tout de même). Sélectionner, apprendre à se séparer, se résoudre à broyer, c’est effectivement tout un art. La technique de base de l’archiviste bien né. Face à une masse impressionnante de documents à traiter, le sentiment d’un embarras de richesses est souvent une illusion. Dans une récente chronique sur le sujet, l’historien des sciences Guillaume Lachenal à l’unisson avec Andrew Mendelsohn, un collègue de la même spécialité, rappelait que le progrès de la connaissance médicale depuis la Renaissance a reposé moins sur l’accumulation de kilomètres de dossiers de patients que sur leur destruction méthodique. Un point de vue que partagent même ceux qui se sont donnés pour mission de sauver les papiers en péril. Ainsi les collaborateurs de The Arcadia Fund. Cette organisation philanthropique basée à Londres, qui vient en aide aux héritages culturels menacés, a lancé un projet original en partenariat avec la British Library sous l’acronyme EAP pour « Endangered Archives Programme ». Le couple qui en est à l’origine, l’historienne des sciences Lisbet Rausing et l’historien de l’Europe moderne Peter Baldwin, a réussi à soutenir quelque 400 projets dans 90 pays, principalement en Afrique, en Asie et en Amérique latine. Leurs équipes sont constituées d’archivistes, d’experts et de chercheurs lancés à travers le monde afin de repérer dans des institutions dépourvues de tout moyen des archives locales jusqu’alors vouées à la disparition par la négligence, l’indifférence, l’oubli, l’ignorance quand ce n’est par les guerres. Puis, une fois le projet sélectionné, elles s’activent à en dresser un inventaire détaillé avant de numériser in situ les manuscrits et documents les plus fragiles et à préserver des ravages du temps photos, lettres, collection de journaux, enregistrements formant un fonds cohérent. Tout un matériau original qu’elles s’engagent à laisser sur place une fois digitalisé, n’emportant que des copies numériques afin de les rendre librement consultables sur les sites de l’EAP, remarquablement conçu) et de la British Library, de même que les inventaires et catalogues. Des fonds très divers ont d’ores et déjà ainsi été préservés par ce biais : les collections complètes du quotidien de Managua La Noticia et El Comercio et de l’hebdomadaire El Liberal ; des manuscrits religieux chinois (XVIIIème-XXème) sur différents supports provenant de la plupart des provinces ; les registres de la paroisse de San Bartolomé de Huacho comprenant tous las actes de baptêmes, de mariage et de décès de 1755 à 1937 qui étaient dispersés dans une vingtaine de villes d’un diocèse du Pérou etc. En projets, les fonds de communautés juives établies dans plusieurs villes de la Pampa argentine depuis la fin du XIXème siècle ; ceux du pouvoir central de l’Etat de Oaxaca (Mexique) durant la période coloniale et tout au long du XIXème siècle ; les manuscrits islamiques de l’irremplaçable bibliothèque Djenné (Mali) appelés à être sauvés après ceux de Tombouctou ; 250 manuscrits religieux (Corans, traités etc) de Minaangkabo (Sumatra occidental) des XVIIIème et XIXème ; les collections complètes (1872-1919 et 1937-1980) de deux grands quotidiens du Bengale de l’époque coloniale et post-coloniale qu’aucune autre institution ne possède en l’état ; quelque 2000 manuscrits rares (XIIème-XIXème siècle) conservés par la bibliothèque de la mosquée Al-aqsa à Jérusalem ; 300 manuscrits bouddhistes particulièrement fragiles rédigés sur des feuilles de palmier en Birmanie ; les archives de Taras Hryhorovych Shevchenko (1814–1861), célèbre écrivain et peintre dont l’œuvre est tenue comme fondatrice pour la langue et la littérature ukrainiennes etc Leur consultation en ligne donne le vertige, surtout si l’on imagine que ces trésors auraient pu être perdus à jamais sans que nulle trace n’en subsiste. Mais quoi que l’on fasse avec ces fonds, qu’on les garde ou qu’on les jette, entre la conservation et l’épuration, la décision est conditionnée par une même crainte qui la gouverne : n’avoir jamais à la regretter. Cela dit, si malgré des phénomènes qui nous sont depuis familiers (épidémie, quarantaine, psychose de l’enfermement, crainte du rationnement, folie de la rumeur qui court etc), La Peste (1947) d’Albert Camus est moins un roman sur la peste et ses effets qu’une allégorie de la peste brune (occupation de la France par les Allemands, éradication du Mal par des actes de résistance au nazisme etc), ce billet n’a rien d’allégorique. Encore que… en même temps…
(« Sauvetage d’une collection de documents historiques zoroastriens » ; « Sauvetage des archives de Calabar au Nigéria » ; « Bibliothèque des manuscrits de Djenné, Mali »  photos D.R.)
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HISTOIRE : Lire le Coran « avant l’islam » 78682 homes
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HISTOIRE : Lire le Coran « avant l’islam »
Le Coran des historiens, Sous la direction de Mohammad Ali Amir-Moezzi et Guillaume Dye, Cerf, 2386 p., 89��€Une recension d’Anne-Bénédicte Hoffner, la-croix.comSous la direction de deux islamologues, Mohammad Ali Amir-Moezzi et Guillaume Dye, paraît une ambitieuse synthèse d’une partie de la recherche historique sur le Coran.Depuis les années 1970 et plus encore ces dernières années, le Coran et les origines de l’islam suscitent un « bouillonnement scientifique », marqué par une multiplication d…
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laffranchiposts · 5 years
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Qu'y a-t-il vraiment dans le Coran ? Rencontre avec l'un des auteurs du "Coran des historiens"
Pour la première fois dans le monde, trente spécialistes ont décrypté le livre saint de l’Islam. Ils livrent une analyse circonstanciée du texte, … Plus d'infos sur Qu'y a-t-il vraiment dans le Coran ? Rencontre avec l'un des auteurs du "Coran des historiens"
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charlesmartel732 · 5 years
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Le Coran des historiens : 3000 pages, 3 kg, 59 euros : l’apologie de l’islam !
Il n’est pas de mot plus juste que parade pour désigner l’énorme pavé qui porte pour titre Le Coran des historiens : plus de trois mille pages, plus de trois mille grammes, 59 €, moins de 17 € le kilo, à peu près le prix de la saucisse de Morteau. On parade, on fait le […]
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planetesoufie · 7 years
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L’institution du Mawlid et la louange du Prophète par ses noms par Néfissa Roty-Geoffroy  Au nom de Dieu le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux  La fête du Mawlid - ou Mawlûd 1  - célèbre la naissance du Prophète Muhammad, le 12 rabî' al-awwal, au troisième mois du calendrier islamique. A l’époque du Prophète, cet événement n’était pas fêté, bien sûr. Pour autant, le Prophète jeûnait toujours le lundi car, expliquait-il, c’était le jour de sa naissance et celui du début de sa prophétie.  Après sa mort, les musulmans ont ressenti le besoin de commémorer la naissance du prophète Muhammad en pratiquant des actions de grâces particulières, mais ce n’étaient que des manifestations ponctuelles, sans caractère officiel 2. Le Mawlid est devenu une pratique courante et institutionnelle au début du 13ème siècle, grâce à la ferveur des soufis.  Les voyageurs Ibn Jubayr (m. 1217) et Ibn Battûta (m. 1369) évoquent dans leur relations de voyage (al-Rihla) la célébration du Mawlid : « La demeure du Prophète est ouverte tous les lundis du mois rabî‘ al-awwal et tout le monde y entre pour profiter de ce lieu béni, car c’est en ce jour et en ce mois qu’est né le Prophète » ; « le jour anniversaire de la naissance du Prophète, le chef de la tribu Banû Shayba, gardien de la Kaaba, ouvre la porte de celle-ci et distribue de la nourriture aux gens ».  D’autres historiens 3 relatent que Le 12 de Rabî' al-awwal de chaque année, après la prière de Maghrib, les quatre qadis de la Mecque et de nombreux groupes, composés de juristes et de notables, de cheikhs et de leurs disciples, de magistrats et de savants, sortent ensemble de la Grande Mosquée et se rendent sur le lieu où le Prophète vint au monde, en récitant dhikr et tahlil (lâ ilâha illa-Llâh). Les maisons sur le parcours sont illuminées par de nombreuses lanternes et bougies, et les habitants se joignent au cortège. Tous sont revêtus de leurs plus beaux habits et leurs enfants les accompagnent. Un discours religieux est prononcé pour se remémorer la naissance du Prophète et les miracles (karamat) qui eurent lieu en ce jour. Peu de temps avant la prière de l''Icha, la foule retourne à la Grande Mosquée, se range derrière le Maqam Ibrahim et commence alors les invocations…  Cette célébration religieuse a longtemps fait débat au sein de la communauté musulmane. Certains théologiens l’ont interdite, arguant du fait que c’est une innovation (bid’a), sans référence au Coran ou à la tradition prophétique. Cette opinion est encore celle de l’Arabie saoudite, qui ne fête pas officiellement le Mawlid, mais en tolère néanmoins les festivités privées. Cependant, la majorité des autorités religieuses ont légitimé la célébration du Mawlid en lui donnant le statut de bid’a hasana, une bonne innovation, propre à renforcer la foi du croyant et son amour pour le Prophète. C’est le cas notamment du savant Suyûtî (m. 1505), réputé pour ses fatwas, qui reconnaît et encourage les pratiques du Mawlid telles que la réunion spirituelle des musulmans, la récitation du Coran, la narration de la naissance du Prophète et des signes qui l’ont accompagnée ainsi que la distribution de nourriture.  En général, les pays musulmans en ont fait un jour férié. En Syrie, les célébrations s’échelonnent sur deux mois, rabî’ al-awwal, rabî’ ath-thânî durant lesquels des petits groupes de chanteurs et de musiciens tournent dans les maisons pour y célébrer le Prophète 4.  Nous tenons de Sidi Ben Slîmân Al-Jazûlî (m. 1465), un des sept saints vénérés à Marrakech au Maroc, Le guide des bienfaits, Dalâ’il al-khayrât. C’est un recueil d’oraisons à la louange du Prophète, très célèbre dans le monde musulman et particulièrement dans les milieux soufis. L’auteur y cite en préambule tous les hadiths (traditions prophétiques) qui décrivent les bienfaits que peuvent tirer les musulmans de la prière sur le Prophète. Il recense ensuite les noms divins et ceux du Prophète sous forme de litanie. Enfin, il divise son ouvrage en sept chapitres, un pour chaque jour de la semaine, tel un bréviaire. Ce sont de longues prières sur le Prophète, à la fois simples et lyriques : chaque grain de sable, chaque goutte des océans, chaque souffle des créatures est pris à témoin et participe à cette célébration cosmique donnant ainsi au Prophète sa dimension d’Homme universel (al-Insân al-kâmil). La forme incantatoire des invocations se prête parfaitement à la récitation collective : ces prières animent souvent les réunions spirituelles, notamment durant les festivités du Mawlid.  Les noms et surnoms qui sont attribués au Prophète dans Dalâ’il al-Khayrât sont au nombre de 201. Ils sont d’origines diverses :  ●    Le nom que lui donna, à sa naissance, son grand-père ‘Abd al-Muttalib : “ Je l’ai nommé Muhammad (loué) car j’ai voulu qu’il soit loué au ciel par Dieu, et sur terre par les créatures de Dieu 5 ”.  ●    Les Kunya (noms de paternité) : Abû-l-Qâsim (père de Qâsim), du prénom de son premier fils qui mourut avant d’avoir atteint l’âge de deux ans 6. Il est encore évoqué par une autre kunya, celle d’Abû z-Zahrâ’ (père de Zahrâ'), surnom de sa fille bien aimée Fatima.  ●    Les noms par lesquels il est qualifié dans le coran : Karîm (généreux, noble) Muzammil  (qui est enveloppé [d’un manteau]) 7  …  ●    Les noms par lesquels, dans le hadîth, le Prophète se définit lui-même : “ J’ai cinq noms : Je suis Muhammad ; je suis Ahmad ; je suis al-Mâhî, par lequel Dieu efface l’incroyance ; je suis al-Hâshir, qui rassemble les gens derrière lui jour du Jugement dernier ; je suis al-‘Âqib, celui après lequel il n’y aura plus de prophète 8. »  ●    Les surnoms (laqab) que lui donnèrent ses compagnons : Badr (pleine lune) ... et ceux par lesquels la tradition islamique le loue et le vénère et qui ont souvent trait à sa mission prophétique : Nabî ar-Rahma (le prophète de la Miséricorde) Khâtib al-Umam (le prédicateur des communautés), Shâfi’ (intercesseur)…  ●    Les noms que la tradition musulmane attribue au Prophète et qui sont souvent utilisés comme substitut à celui de Muhammad : Amîn (digne de confiance), Habîb (bien-aimé), Mustafâ (élu pour sa pureté), Munîr (lumineux) Hâdî (guide), Tâhâ et Yâsîn (titres de deux sourates coraniques) …  Rappelons que le nom complet du Prophète est, Muhammad (prénom / ism), Abû-l-Qâsim (Père de Qassim - nom de paternité / kunya), Ibn ‘Abd-Allâh Ibn ‘Abd al-Muttalib (fils de Abdallah, fils de ‘Abd al-Muttalib - nom de filiation / nasab), al-Hâshimî (de la tribu Hachimite – nom d’origine / nisba).  Concernant l’identité prophétique, le hadith le plus emblématique est le suivant : “Celui qui nomme son fils Muhammad (très loué), par amour pour moi et pour attirer ma bénédiction sur cet enfant, entrera au Paradis avec lui 9."   Cette parole n’a pas été vaine car le prénom du Prophète est devenu, depuis le VIIe siècle, l'un des prénoms masculins les plus attribués dans le monde, si l’on considère ses nombreuses adaptations dans les langues d’accueil: il devient Mamode à La Réunion, Mouhamadou ou Mamadou en Afrique noire, Mehmet en Turquie, Magomed en Tchétchénie …. On ne compte plus les personnages illustres qui ont porté et portent encore ce prénom, imam, sultans, généraux, poètes, savants ou réformistes… Traditionnellement, il est porté par le fils aîné d’une famille, parfois en premier terme d’un nom composé, le deuxième étant choisi parmi les nombreuses autres appellations qui qualifient le Prophète : Mohammed-Amin, Mohammed-Yassin …  Aujourd'hui, Mohamed, la variante maghrébine simplifiée, reste le prénom arabe le plus fréquemment attribué dans les familles musulmanes de France, en dépit de toutes les modes en la matière. Il connait même actuellement un pic de popularité, peut-être en réaction à l’histoire des « caricatures de Mahomet » 10 ... Quant au Mawlid, sa célébration en Occident va croissant, et est bien accueilli en tant qu’événement spirituel propice au rapprochement des cultures et à l’instauration d’une fraternité partagée.  Notes :  1- Ces mots appartiennent à deux catégories grammaticales différentes : mawlid est un nom de temps et de lieu, et signifie donc « le lieu ou le temps de naissance » ; mawlûd est un participe passif, et signifie alors « celui qui est mis au monde ».  2- Les Fatimides de l’Egypte (909-1171) fêtaient quatre anniversaires : ceux du Prophète Muhammad, de ‘Alî, de Fâtima et du calife régnant. L’historien al-Maqrîzî rapporte même que la naissance du Prophète ‘Îssâ  (Jésus) était également célébrée à cette époque.  3- Ibn Zâhira al-Hanafî, Ibn Hajar al-Haythamî, al-Nahrawalî, al-Diyarbakrî.  4- En France, les fonctionnaires musulmans ont droit à un jour de congé à l’occasion du Mawlid, au même titre que les deux Aïd : c’est au journal officiel, mais peu de gens le savent.  5- Ibn Hishâm.  6- Le Prophète a dit : “ Portez mon nom, mais ne portez pas ma kunya (Bukhârî). Selon les interprètes du hadîth, cet interdit n’aurait été en vigueur que de son vivant : il fallait éviter qu’un de ses contemporains ne s’appelle comme lui Muhammad Abû-l-Qâsim, source possible de confusion.  7- Après avoir reçu la révélation, le Prophète s’enveloppait d’un ample manteau pour calmer les frissons qui le parcouraient, d’où cette appellation coranique, ainsi que celle d’al-Mudaththir « celui qui est drapé », titre de la sourate 74.  8- Al-Bukhârî  9- Suyûtî, Al-hâwî lil-fatâwî, Le Caire, t. II, p. 41-42.  10- L’appellation Mahomet, forgée par les Français pour désigner le prophète de l’islam, n’est pas appréciée par les musulmans qui y voient une déformation : le prénom n’adopte donc jamais cette forme francisée.  Néfissa Roty-Geoffroy est professeure certifiée d’arabe et enseignante-formatrice de français langue étrangère dans l’enseignement public secondaire à Strasbourg, elle est co-auteur du Grand livre des prénoms arabes et pratique le chant spirituel soufi (samâ‘). Elle fait partie du conseil de la Fondation Conscience Soufie. Copyright © - Planète Soufie 2015
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