#la mémoire délavée
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Lecture : La mémoire délavée, Nathacha Appanah
« Quand soudain, d’un arbre sur le quai, [les étourneaux] surgissent et ce surgissement ressemble à une déflagration silencieuse, on pourrait croire que le feuillage a explosé. A quoi ressemble le destin de ceux qui migrent, est-ce que ça explose bruyamment ou ça implose intimement ? »
Un récit familial poétique et émouvant, servi par une prose soignée. Nathacha Appanah peint le portrait de ses ancêtres, et surtout celui de ses grands-parents et leur vie passée sur l’île Maurice. Descendants d’engagés indiens qui venaient remplacer les esclaves noirs dans les champs de canne, ils sont le cœur des plus belles pages du livre. Cependant, la réflexion de l’autrice va plus loin, et le livre se veut aussi un témoignage de la difficulté à concilier ce que l’on peut apprendre dans les livres avec son histoire familiale. Il montre l’envers du décor, les recherches titubantes, les moments que la poésie vole au réel, au passé que l’on n’a pas connu.
Une jolie lecture donc, accompagnée de photos d’archives et rythmée par le vol des étourneaux que Nathacha Appanah a choisi comme point de départ.
#ps scribit#mes lectures#la mémoire délavée#nathacha appanah#je l'ai lu en avril mais je n'avais pas encore créé ce blog et après j'ai totalement oublié d'en faire un billet
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Je voudrais, parfois, que personne d'autre que toi ne lise ce que je t'écris. Paroles perdues, paroles proférées à la nuit : tu es mon grand arbre, tu es mon grand vent, tu es le feu qui brûle et disperse mes paroles tues. Mais tous ces mots ne font-ils pas plus que te dire ? Et n'est-ce pas mon devoir de désigner au monde ta beauté ? (Comme je désigne le ciel et les végétations, amie prise par la main sur le parvis familier pour lui montrer cerisier et tulipes invisibles).
Survivrais-je un monde où ta beauté n'a pas été dite ? Plus que ta beauté - ta ferveur, ta soumission consentie à mes mots et mes mains, ta nudité claire et neutre à louer comme un présage salutaire. Oui, comment vivre dans un monde où s'ignore la générosité de tes paumes ouvertes et offertes ?
Je renonce à l'ignorance coutumière, à l'aveuglement : il faut, par mes paroles, dessiller l’œil solaire - répandre sur toi nos rayons d'or ; t'avoir en pleine lumière - en plein cri de joie : percer yeux et tympans et louer jusqu'aux parties les plus blanches de ton être (les plus fades, les plus inutiles - celles que mes baisers chérissent deux fois plus pour les rendre combles).
Doré par mes mots, par mes prières - par mes avidités et mes songes liquides ; oint de mon désir nouveau-né, tu resplendis. Fleurs de sueur humectées par leur germination, tu fais, pour qui sait sentir, le printemps plus réel. On marche, et la nature brille de tes mémoires : la terre exhalée et humide, crevée tout à coup de mille germes, rappelle ta chair ravinée de caresses. Fléau moite que ce printemps qui gorge les ruisseaux (mois détesté des bergers idéaux, des bucoliques oisivetés), qui te dégorge à son passage - divinité océane que tu contrefais ou concrétises.
Salive solaire ablution, nos doigts, nos ventres, nos cuisses - regards délavés éternels - gaieté, la terre grasse la chair ébranlées à plaisir - tes paupières, rivières sur-emplies, coulures épaisses bordées d'astres : fonte printanière que rien n'entrave. Mais comment dire ton corps ? confondu aux floraisons dans mon langage chimique.
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"Aucune histoire banale gravée dans ma mémoire Aucun bateau pirate ne prendra le pouvoir Aucune étoile filante me laissera dans le noir Aucun trac, aucun... Et demain tout ira bien, tout sera loin Là au final quand je prendrai le large Tout sera loin, donne moi la main Là au final quand je prendrai le large Aucune larme aucune ne viendra m'étrangler Aucun nuage de brume dans mes yeux délavés Aucun sable ni la dune n'arrête le sablier Aucun quartier de lune, aucun... Et demain tout ira bien, tout sera loin Là au final quand je prendrai le large Tout sera loin, donne moi la main Là au final quand je prendrai le large Aucun autre décor, aucun autre que toi Aucune clef à bord, aucune chance pour moi Et demain tout ira bien, tout sera loin Là au final quand je prendrai le large Tout sera loin, donne moi la main Là au final quand je prendrai le large Aucun requin, aucun air triste Aucun regret, aucun séisme Aucune langue de bois Aucun chaos, aucun, aucun... Et demain tout ira bien, tout sera loin Là au final quand je prendrai le large Tout sera loin, donne moi la main Là au final quand je prendrai le large" Françoise Hardy
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"Même s'il me faut lâcher ta main Sans pouvoir te dire "À demain" Rien ne défera jamais nos liens Même s'il me faut aller plus loin Couper les ponts, changer de train L'amour est plus fort que le chagrin L'amour qui fait battre nos cœurs, va sublimer cette douleur Transformer le plomb en or, tu as tant de belles choses à vivre encore Tu verras au bout du tunnel, se dessiner un arc-en-ciel Et refleurir les lilas, tu as tant de belles choses devant toi Même si je veille d'une autre rive Quoi que tu fasses, quoi qu'il t'arrive Je s'rai avec toi comme autrefois Même si tu pars à la dérive L'état de grâce, les forces vives Reviendront plus vite que tu ne crois Dans l'espace qui lie ciel et la terre, se cache le plus grand des mystères Comme la brume voilant l'aurore, il y a tant de belles choses que tu ignores La foi qui abat les montagnes, la source blanche dans ton âme Penses-y quand tu t'endors, l'amour est plus fort que la mort Dans le temps qui lie ciel et terre se cache le plus beau des mystères Penses-y quand tu t'endors, l'amour est plus fort que la mort" Françoise Hardy
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10 bonnes raisons d'adopter les jeans Le temps des Cerises pour une femme
Les jeans sont un élément incontournable de la garde-robe féminine, offrant à la fois confort et style. Parmi les nombreuses marques disponibles sur le marché, Le Temps des Cerises se distingue par sa qualité exceptionnelle et son design unique. Voici dix bonnes raisons pour lesquelles chaque femme devrait envisager d'adopter les jeans Le Temps des Cerises. Une qualité irréprochable Les jeans Le Temps des Cerises sont reconnus pour leur qualité supérieure. Fabriqués à partir de matériaux haut de gamme, ils garantissent non seulement un confort optimal mais aussi une durabilité remarquable. Cette résistance au temps et aux lavages en fait un investissement judicieux pour toute garde-robe. Un confort inégalé Le confort est primordial lorsqu'il s'agit de choisir un jean. Les jeans Le Temps des Cerises sont conçus pour offrir une expérience de port exceptionnelle, grâce à leur coupe étudiée et à la souplesse de leur tissu. Que ce soit pour une journée de travail ou une sortie entre amis, ils assurent un bien-être sans pareil. Des coupes variées pour toutes les silhouettes Chaque femme est unique, et trouver le jean parfait peut s'avérer complexe. Le Temps des Cerises propose une gamme variée de coupes (skinny, boyfriend, bootcut, etc.), permettant à chacune de trouver le modèle qui mettra en valeur sa silhouette, quelles que soient ses préférences ou sa morphologie. Un style intemporel Les jeans Le Temps des Cerises incarnent un style intemporel. Avec leur design épuré et leurs finitions soignées, ils se marient aisément à tout type de tenue, des plus décontractées aux plus sophistiquées, garantissant une élégance en toute circonstance. L'innovation au service de la mode Engagée dans une démarche d'innovation constante, la marque Le Temps des Cerises intègre régulièrement des technologies de pointe dans la conception de ses jeans, comme des tissus à mémoire de forme ou des traitements uniques pour des effets délavés maîtrisés. Ces innovations contribuent à offrir des produits à la fois tendance et confortables. L'engagement envers le développement durable Consciente des enjeux écologiques, Le Temps des Cerises s'engage dans une production respectueuse de l'environnement. En privilégiant des procédés de fabrication écoresponsables et des matières premières durables, la marque affirme son engagement envers la planète sans compromettre la qualité de ses produits. Une marque reconnue et appréciée Porter un jean Le Temps des Cerises, c'est aussi adopter un produit d'une marque reconnue et appréciée tant au niveau national qu'international. Cette notoriété est le fruit d'une histoire riche et d'un savoir-faire authentique, gages de confiance pour les consommatrices. Des détails qui font la différence Les jeans Le Temps des Cerises se distinguent par leurs détails soignés : boutons personnalisés, broderies délicates, étiquettes distinctives. Ces petits plus ajoutent une touche d'originalité et d'exclusivité à chaque pièce, soulignant le caractère unique de celle qui les porte. A lire également : Quelles sont les chaussures Birkenstock les plus confortables ? Un excellent rapport qualité-prix Malgré leur qualité premium et leur design soigné, les jeans Le Temps des Cerises offrent un excellent rapport qualité-prix. Ils constituent un choix avisé pour celles qui recherchent un produit durable et stylé, sans pour autant sacrifier leur budget. Une adaptabilité à toutes les occasions Enfin, l'ultime atout des jeans Le Temps des Cerises réside dans leur polyvalence. Parfaits pour une tenue casual de jour comme pour un look plus élaboré le soir, ils s'adaptent à toutes les occasions, garantissant à chaque femme de briller en toute situation. En conclusion, choisir un jean Le Temps des Cerises, c'est opter pour une pièce alliant qualité, confort, style, et engagement éthique. Avec une telle palette d'atouts, il n'est pas surprenant que cette marque occupe une place de choix dans le cœur et la garde-robe des femmes à travers le monde. Read the full article
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poésie #3
il y a des lieux où la mémoire s’affaisse
ici elle est moins vive, elle perd ses couleurs si je restais là des mois entiers dans cette maison figée aux recoins poussiéreux aux objets pleurnichards aux carreaux délavés il est certain que je perdrai jusqu’à mon visage
il n’y a que lorsque je plonge et que l’eau froide vient réveiller mes tempes que je recouvre la mémoire jusqu’au dernier de mes os
mais elle s’évapore dès que le vent souffle dans mes cheveux
amour sans faille de la baignoire amour vital de tout ce qui coule délice du poisson qui se glisse entre mes orteils
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La mémoire délavée
Ce roman constitue une plongée dans l’histoire familiale de l’auteure, ainsi qu’une plongée dans l’histoire coloniale de l’Ile Maurice. On y découvre comment à la fin du XIXème siècle des coolies indiens sont venus remplacer les esclaves noirs dans les champs de canne à sucre.
Le roman est construit autour du personnage du grand-père de Nathacha Appanah, magnifique héros rejeté par sa communauté pour avoir osé protester contre une injustice qu’on lui faisait. Décrivant la vie de ces ancêtres, leurs traditions conservées, leurs difficultés, leur force dans l’adversité, leur beauté à toute épreuve, Nathacha Appanah évoque aussi la difficulté à écrire et à reconstruire un récit à partir de bribes de souvenirs épars, de conversations, d’archives.
Un travail de mémoire pour mettre en lumière les vies essentielles de ces disparus aimés, très émouvant et très réussi.
Titre : La mémoire délavée
Auteure : Nathacha Appanah
Editeur : Mercure de France, 2023
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Le Masque & la Plume fasciné par "La Mémoire délavée" de Nathacha Appanah
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Natacha Appanah - La mémoire
Bonne découverte. Merci ppur votre fidélité
Délavée RENTREE LITTERAIRE 2023 Le vol d’étourneaux sert à Natacha Appanah de métaphore pour illustrer l’histoire de ses ascendants, premiers “engagés”, ou coulies, venus de l’Inde pour fuir la misère et à la recherche d’un rêve que leur petite fille a accompli. La mémoire délavée est un court récit qui étudie comment le passé, même si on ne le connaît pas complètement, retentit dans le…
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#Autobiographie#Billet littéraire#Bric à brac de culture#Chronique littéraire#Chronique livre#Chroniques littéraires#Colonisation#Esclavage#Esclaves#Exil#Famille#Histoire de famille#Immigration#Inde#Littérature contemporaine#littérature française#Littérature francaise#roman
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Pascal C. Saison 3
27 Juin 2023
A l’heure où je me rends chez Pascal C. le jeune Nahel est abattu par un policier à Nanterre.
Pascal est dans sa vigne, levé depuis 5h30.
Il broie des herbes.
La poussière se soulève.
L’orage d’il y a 15 jours a apporté en plus des 55 mm d’eau un peu de répit à la sécheresse.
On en profite pour faire quelques photos, par tradition, et visionner le nouveau disque dur rempli par mes archives du Défends.
Garder une trace du passé est important pour Pascal comme pour moi qui suis photographe et auteur de ces images.
L’argentique permettait de conserver plus ou moins bien un support presque fiable (sauf en cas d’incendie majeur et d’inondation catastrophique).
Sans ordinateur nous pouvons encore contempler un tirage papier qui était obligatoire en ces temps reculés pour visionner une image.
L’écran a donné la fausse impression que le pixel était universel.
L’image numérique est impalpable et demande des sauvegardes régulières.
Une sorte d’entretien de la mémoire, un peu comme pour notre corps.
Sauvegarder pour se souvenir.
Alors que je remballe mon ordinateur et m’apprête à partir Pascal extirpe d’une cachette de sa chambre deux images des années 70 : une jeune fille avec des tresses, 25 ans, un noir et blanc sur papier à gros grain et un tirage couleur aux teintes délavées.
“ C’était ma copine de l’époque, disparue corps et bien en mer, ce sont les deux seules images qu’il me reste “…
Un jour Pascal m’a avoué “ Si ma maison brûlait et que je devais n’emporter qu’une chose ce serait la boîte de tirages de ton travail sur le Défends “
Maintenant il peut rajouter un disque dur portable.
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Ce qu'il reste des lieux
Jour 6
#30jourspourécrire
Je pourrais dessiner de mémoire la maison de mère-grand et son jardin, le poulailler et le potager. Le poèle, la poupée, immense, de fête foraine assise sur le lit, les fleurs du poirier dans les bouteilles en verre, le clou pour accrocher les lapins, le buisson de groseilles à maquereaux, la lessiveuse où on prenait le bain au soleil, les couleurs des fleurs. Celle de grand-mère aussi, le verger, le tonneau à chou, la chambre mystère, le grenier caverne d'Ali Baba, les photos figées portraits des aïeux sur les murs, la cuisine et la chaise où debout je l'aidais à faire les tartes, les floucs, les boulettes de riz. Les parfums de cancoillotte, de prune, de spaetzles, de saucisses et de jambons qui sèchent dans la cave.
La colline de mon enfance, défi à vélo pour mes petites jambes, ma mère disparaissait quand j'arrivais en haut, cachée par les hautes herbes. Frayeur d'un instant de ne pas la retrouver au virage suivant, toute petite dans sa robe à fleurs, la main en visière pour mieux me suivre.
La plage du Touquet, les embruns, l'immensité, la froideur de l'eau, les algues, la vitesse de mon char à voile, le ciel qui se confond avec la mer, mon épuisette et mon panier à crabes. Le bar de Stella plage, le picon bière et le mini golf. Ce bleu délavé dans les dunes. Et l'acreté grasse des barraques à frites.
New York et le vertige, le bruit des rues, des gens, la musique qui dégueule des énormes postes sur les épaules, les lumières partout, le spectacle à Broadway, les taxis jaunes, les street food mustard and ketchup, la foule bigarrée et pressée, ce ciel qu'on cherche en se tordant le cou, les ascenseurs qui n'en finissent pas de monter, les policiers à cheval. La démesure.
La costa Brava, les churros, le pan con tomato, le sable brûlant de l'après-midi et la mer d'huile au petit matin. La course de catamaran, le sel sur ma peau brunie, le sexe dans les criques. Les nuits fauves, le rhum coca, le petit village dans la montagne et le bain de minuit.
Granville et la chambre blanche. Le port, la vieille ville, le marché. La plage et le casino de Saint pair sur mer. Le silence et le vent d'octobre, la chaleur douce du mois d'avril. La solitude, le secret et le désir.
Nantes, l'île aux machines. Un éléphant géant de métal qui marche et crache de l'eau. Des spritz et un anniversaire, un parc, des sculptures, une manifestation, des rires, des merveilleux et du champagne. Des graffitis, des maisons colorées, des succulentes.
Il y en a tant des lieux.
Ce qu'il reste des lieux, c'est la vie.
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Granny Smith
Le rang de perles autour du cou
Le chignon crêpé
Le dentier un peu slaque
Fleurant bon la lavande et la paparmane
Les yeux délavés par les larmes d’une vie
Qui ont tracé des sillons sur ses joues fanées
Un petit sourire bravement affiché
Drapée dans sa bonne humeur
Son déambulateur comme bateau
Elle croisière dans son CHSLD
Faisant escale de chambre en chambre
Chantonnant des airs passés
De mots oubliés
Petit oiseau fragile
Que la mémoire déserte
De jour en jour
Elle vogue sur une mer
Inconnue de tous
Capitaine au long cours
#Alzheimer
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Chapitre 2
L'observateur et la petite fille en rouge
Chapitre 3: Madame...
Mon regard se porta de nouveau sur l'écran. C'était toujours le même paysage que tout à l'heure même si la femme n'était vraisemblablement plus dans son salon. Elle n'était peut-être même plus dans la maison d'ailleurs. Le silence régnait en maître absolu et pas une mouche ne le dérangeait. Je me fis la réflexion que si j'étais bien branché sur une webcam d'ordinateur, cela voulait dire que cette femme négligente avait omis d'éteindre sa machine avant de quitter les lieux.
Alors que l'ennui commençait à me gagner et que je sentais la fatigue gagner de plus en plus de terrain, un bruit léger me fit sursauter. Un petit bruit que l'on n'entendait qu'à peine mais qui revenait sans cesse, persistant. C'était un peu comme si un chat, déterminé à entrer, grattait avec insistance contre le bois de la porte d'entrée. Alors qu'à l'aide de mon esprit toujours un peu brumeux je m'attelais à la tâche de déterminer l'origine de ce son, la lumière s'alluma. Je dus plisser les yeux un moment, ébloui. Des points blancs dansaient devant mes yeux tandis que des pas maladroits et des grognements ensommeillés se dirigeaient vers la porte. « L'énervée de la webcam » ouvrit la porte d'un geste sec et faillit chuter tant elle avait mis de force dans ce mouvement colérique. Elle se prépara à arroser copieusement la personne ayant osé troubler son sommeil. Mais s'arrêta avant d'émettre la moindre parole désobligeante. Dehors, silhouette tremblotante et tellement ramassée sur elle-même qu'elle paraissait être deux fois moins grande par rapport à la dernière fois où je l'avais vue, se tenait la petite fille aux vêtements si reconnaissables. Mon cœur rata un battement. J'en suis persuadé. Tellement le fait de la revoir chamboulait mes sentiments, je sentis une unique larme couler le long de ma joue pour se perdre dans mes haillons qui ne me tenaient guère chaud. Les mots de la petite, dont je n'avais entendu jusqu'à présent que cris et sanglots, me fascinèrent au plus au point. Elle n'en prononça pourtant que peu et d'une voix fluette et hésitante : « Madame....aidez-moi....je vous en prie »
« Madame » la fit entrer sans un mot ravalant les questions qui avaient l'air de fuser dans sa caboche . Elle lui montra le canapé, lui donna une couverture et alla chercher quelque chose, peut-être une boisson chaude ? Il est vrai que la fillette tremblait de tous ces membres malgré la couette épaisse aux vives couleurs qu'elle avait enroulée autour d'elle. Elle la serrait de toutes ses forces et les jointures de ses doigts blanchissaient sous l'effort. Elle redressa soudainement la tête pour observer son environnement proche. Ses yeux scannèrent la pièce, s'attardant sur les recoins sombres. Elle ne s'arrêta sur l'ordinateur qu'un bref instant mais cela me suffit pour graver son regard dans ma mémoire. Il me parût qu'il combla tout en me faisant ressentir encore davantage un gouffre béant qui semblait ne pouvoir être comblé. Elle avait un œil bleu électrique qui donnait l'impression qu'elle réfléchissait à mille choses en même temps. Mais son autre œil. Le gauche. Il était différent. D'abord il était presque entièrement vert avec une légère touche de bleu délavé dans un coin. Mais surtout il était paresseux, morne, sans vie et sans espoir. Je n'avais jamais vu un tel contraste entre deux yeux vairons. C'était comme si deux entités peu semblables habitaient le même corps fragile.
« Madame » déposa une tasse fumante devant l'enfant puis s'installa dans un fauteuil en face. Elle croisa ses jambes, ouvrit la bouche, la referma puis se pencha simplement en avant et porta un regard un regard tantôt inquiet et interrogateur tantôt agacée et accusateur à la frêle demoiselle. La fille que j'envisageais de surnommer « Chaperon Rouge » porta doucement le breuvage jusqu'à ses lèvres. Progressivement elle cessa de trembler et souffla doucement sur le liquide chaud. Elle ne dit rien alors qu'elle tâchait de boire le plus vite possible sans se brûler. Tâche ardue. Elle mit à rude épreuve sa langue qu'elle brûla à maintes reprises sans qu'elle endiguait le phénomène lui faisant monter les larmes aux yeux. Elle reposa le récipient en porcelaine où elle pût (c'est- à dire par terre) et son visage se fendit d'un sourire si léger qu'il fallait presque plisser les yeux pour l'entrapercevoir . Elle murmura « merci » et se mura une nouvelle fois dans le silence. La conversation qui s'ensuivit ne mit pas longtemps à devenir à sens unique. “Chaperon” ne répondit à aucune question malgré l'insistance assez phénoménale de la dame. Alors que les joues de madame étaient devenues écarlates et que ces yeux noirs lançaient des éclairs, Chaperon émit un long bâillement et s'affala comme une marionnette dont on avait coupé les fils pour s'endormir d'un sommeil sans fond. Madame se calma aussi vite qu'elle s'était énervée et cala correctement la gamine entre plusieurs coussins. Lorsqu'elle se redressa, elle n'était plus du tout somnolente et marcha d'un pas décidé jusqu'à un bureau. Elle fouilla un moment dans un tiroir, jetant des papiers, des stylos et d'autres choses indescriptibles jusqu'au moment où elle sortit un petit carnet usé avec un petit cri de triomphe. Elle se rappela subitement de la présence de l'endormie et craignant de l'avoir réveillée, elle feint de ramasser quelques- unes des affaires éparpillées sur le sol et jeta un coup d'œil à sa protégée. La couverture bariolée se soulevait tranquillement au rythme des inspirations et des expirations lentes, caractéristiques du sommeil. Soulagée elle s'empara d'un téléphone et pianota précipitamment un numéro tout en fixant une page de son calepin . Elle pianota nerveusement des doigts sur son bureau en écoutant le téléphone sonner dans le vide. Une sonnerie. Deux. Elle regarda la pendule et les mouvements incessants de ses doigts furent bientôt rejoints par un mouvement de balancier impliquant l'intégralité de son corps. En avant puis en arrière et encore devant puis derrière. Ma tête dodelinait presque en rythme avec ce mouvement hypnotique. Elle se figea brusquement et poussa un bref soupir de soulagement qui disparut bien vite au profit d'une mine plus soucieuse. J'entendais quelques bouts de la conversation et je m'amusais un peu à deviner les dires de l'interlocuteur ainsi que son faciès.
« Bonjour....maîtresse de Phylta....ici.....pas une heure !.....voix inconnue ?...
Qui êtes-vous?.....Allo?Allo!Allo??!! »
La discussion avait tourné court. Malgré de nombreux essais, elle ne remit pas la main sur « l'inconnu(e) » et s'assit sur le sol, perplexe devant tant de mystères. Après un certain temps passé à contempler les lézardes du carrelage, elle se releva pour monter un escalier d'un pas lourd, ayant sans doute abandonné l'idée de chercher les réponses immédiatement pour mettre en pratique l'adage bien connu « la nuit porte conseil »..
Mes yeux se portèrent sur « Phylta ». La couette recouvrait presque l'intégralité de son corps. Cependant on pouvait voir deux pupilles bien éveillées. Elle avait tout entendu et cette conversation avait vraisemblablement produit comme un électrochoc dans le cerveau de la petite demoiselle.
Quelques temps passèrent sans que rien ne se produise ce qui laissa le temps à mon esprit de gamberger. Et assez rapidement à somnoler... Tandis que je m'abandonnais dans les bras de Morphée, l'écran devenait moins clair, presque flou jusqu'à ce qu'il ne reste guère plus qu'une insondable obscurité qui semblait vouloir m'avaler...
Du bleu...Du bleu partout. Un bleu immaculé, sans une once de souillure de quelque sorte, s'étendait à l'horizon. Mais aussi du vert, un vert tendre qui fusionnait avec un brun plus brut qui s'étendait jusqu'aux tréfonds de la terre. Tout était calme mais pas silencieux pour autant. Tout était paisible alors que les nombreux petits bruits qui jalonnent la vie quotidienne se diffusaient autour de moi. Le contact du tissu dans mon dos était agréable. Il ne m'emprisonnait pas mais me soutenait un peu au-dessus du sol, épousant en partie la forme de mon corps. Personne n'interrompait mon moment de tranquillité mais pourtant quelque chose d'autre me gênait. Ma main atteignit mon visage, illustrant par le geste mon état de réflexion intense, et fit la rencontre d'une joue mouillée par des larmes qui troublaient de plus en plus ma vision. Pourquoi ? Pourquoi je pleurais comme ça ? Sans pouvoir m'arrêter...Comme si mon instant présent était extraordinaire... Me reposer sur mon hamac est pourtant l'une de mes habitudes préférées. Rien de spécial, non ? Juste la bonne vieille routine un peu ennuyeuse. Je décide de me lever doucement. Mais à peine mon pied fut en contact avec le sol, je m'affaissais sur celui-ci sans comprendre pourquoi ma jambe avait refusé de supporter mon poids. La terre sous moi ne parut pas emballée par l'idée de me soutenir non plus et céda sous moi, me précipitant dans un gouffre sans fond avec la terreur pour seule compagnie.
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"Aucune histoire banale gravée dans ma mémoire Aucun bateau pirate ne prendra le pouvoir Aucune étoile filante me laissera dans le noir Aucun trac, aucun...
Et demain tout ira bien, tout sera loin Là au final quand je prendrai le large Tout sera loin, donne moi la main Là au final quand je prendrai le large
Aucune larme aucune ne viendra m'étrangler Aucun nuage de brume dans mes yeux délavés Aucun sable ni la dune n'arrête le sablier Aucun quartier de lune, aucun...
Et demain tout ira bien, tout sera loin Là au final quand je prendrai le large Tout sera loin, donne moi la main Là au final quand je prendrai le large
Aucun autre décor, aucun autre que toi Aucune clef à bord, aucune chance pour moi
Et demain tout ira bien, tout sera loin Là au final quand je prendrai le large Tout sera loin, donne moi la main Là au final quand je prendrai le large
Aucun requin, aucun air triste Aucun regret, aucun séisme Aucune langue de bois Aucun chaos, aucun, aucun...
Et demain tout ira bien, tout sera loin Là au final quand je prendrai le large Tout sera loin, donne moi la main Là au final quand je prendrai le large"
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Tout va si vite, les années, les siècles, les mondes. Que puis-je encore retenir entre les doigts de ma fragile mémoire ? J'ai tant voyagé dans les sentiments, à la surface des êtres aimés, dans le profond de leur silence, de leur mélancolie. À la vitesse de la lumière je me suis oxydé, la couleur de mes cheveux s'est délavée, mes mains sont devenues de vieux outils maladroits. Le froid est plus vif à l'intérieur de moi je le sens, il entre plus facilement mais que dire de mes chers proches, disparus, livrés à une mortelle solitude. Le clocher à deux pas est la seule compagnie, présence, sonorité qui leur parvienne du monde d'avant ; et qui sait la pluie aussi, cette mémoire du ciel devenue fleuve par intermittence. Tout va si vite et c'est bien l'immobilité comme une suspension, une folie douce, qui donne la mesure de la vraie présence : sa qualité de rebelle à contrarier l'infernale course du temps, à nous repenser, à nous reconstruire un moment. La révolte apparaît si audacieuse dans ce moment immobilisé, cette non action, ce vouloir contemplatif de ne plus bouger un pouce, de ne plus faire un pas. Là face au dieux et aux farces des paradis futurs, face au passé, aux mémoires perdues, aux pirouettes de l'histoire dont personne ne tire jamais aucune leçon ; là au soleil si possible, le visage entre les mains carressantes du vent... À tirer la langue, au moins en pensée... À cette accélération morbide, cette malédiction où les hommes se complaisent, comme des aveuglés amoureux du bord des falaises.
jacques dor
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10 bonnes raisons d'adopter les jeans Le temps des Cerises pour une femme
Les jeans sont un élément incontournable de la garde-robe féminine, offrant à la fois confort et style. Parmi les nombreuses marques disponibles sur le marché, Le Temps des Cerises se distingue par sa qualité exceptionnelle et son design unique. Voici dix bonnes raisons pour lesquelles chaque femme devrait envisager d'adopter les jeans Le Temps des Cerises. Une qualité irréprochable Les jeans Le Temps des Cerises sont reconnus pour leur qualité supérieure. Fabriqués à partir de matériaux haut de gamme, ils garantissent non seulement un confort optimal mais aussi une durabilité remarquable. Cette résistance au temps et aux lavages en fait un investissement judicieux pour toute garde-robe. Un confort inégalé Le confort est primordial lorsqu'il s'agit de choisir un jean. Les jeans Le Temps des Cerises sont conçus pour offrir une expérience de port exceptionnelle, grâce à leur coupe étudiée et à la souplesse de leur tissu. Que ce soit pour une journée de travail ou une sortie entre amis, ils assurent un bien-être sans pareil. Des coupes variées pour toutes les silhouettes Chaque femme est unique, et trouver le jean parfait peut s'avérer complexe. Le Temps des Cerises propose une gamme variée de coupes (skinny, boyfriend, bootcut, etc.), permettant à chacune de trouver le modèle qui mettra en valeur sa silhouette, quelles que soient ses préférences ou sa morphologie. Un style intemporel Les jeans Le Temps des Cerises incarnent un style intemporel. Avec leur design épuré et leurs finitions soignées, ils se marient aisément à tout type de tenue, des plus décontractées aux plus sophistiquées, garantissant une élégance en toute circonstance. L'innovation au service de la mode Engagée dans une démarche d'innovation constante, la marque Le Temps des Cerises intègre régulièrement des technologies de pointe dans la conception de ses jeans, comme des tissus à mémoire de forme ou des traitements uniques pour des effets délavés maîtrisés. Ces innovations contribuent à offrir des produits à la fois tendance et confortables. L'engagement envers le développement durable Consciente des enjeux écologiques, Le Temps des Cerises s'engage dans une production respectueuse de l'environnement. En privilégiant des procédés de fabrication écoresponsables et des matières premières durables, la marque affirme son engagement envers la planète sans compromettre la qualité de ses produits. Une marque reconnue et appréciée Porter un jean Le Temps des Cerises, c'est aussi adopter un produit d'une marque reconnue et appréciée tant au niveau national qu'international. Cette notoriété est le fruit d'une histoire riche et d'un savoir-faire authentique, gages de confiance pour les consommatrices. Des détails qui font la différence Les jeans Le Temps des Cerises se distinguent par leurs détails soignés : boutons personnalisés, broderies délicates, étiquettes distinctives. Ces petits plus ajoutent une touche d'originalité et d'exclusivité à chaque pièce, soulignant le caractère unique de celle qui les porte. A lire également : Quelles sont les chaussures Birkenstock les plus confortables ? Un excellent rapport qualité-prix Malgré leur qualité premium et leur design soigné, les jeans Le Temps des Cerises offrent un excellent rapport qualité-prix. Ils constituent un choix avisé pour celles qui recherchent un produit durable et stylé, sans pour autant sacrifier leur budget. Une adaptabilité à toutes les occasions Enfin, l'ultime atout des jeans Le Temps des Cerises réside dans leur polyvalence. Parfaits pour une tenue casual de jour comme pour un look plus élaboré le soir, ils s'adaptent à toutes les occasions, garantissant à chaque femme de briller en toute situation. En conclusion, choisir un jean Le Temps des Cerises, c'est opter pour une pièce alliant qualité, confort, style, et engagement éthique. Avec une telle palette d'atouts, il n'est pas surprenant que cette marque occupe une place de choix dans le cœur et la garde-robe des femmes à travers le monde. Read the full article
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Pêle-mêle
J’ai 5 ans. Presque 6. Est-ce que je connais la vraie nature humaine, ou est-ce que j’ai encore quelques semaines de répit ? Je ne me souviens plus de quand c’est arrivé exactement ... J’ai l’air nostalgique, un petit sourire pastel, si je me permets cette métaphore. La photo est un peu délavée, je crois. Je me souviens que je me trouvais horrible dessus à l’époque. Je n’y vois qu’une petite fille douce et charmante qui fait de son mieux, et à qui j’ai envie de parler. Profusion de cousins, cousines, qui n’existent plus. Où sont passés les bons moments, les jeux, la famille ? Encore d’autres moments saisis sur l’instant, des rires, des gens coupés, mal coupés. Le plaisir daté des photos papier. D’ici quelques années, ils auront disparus, avec le reste. Et pourtant ils seront toujours là. Des mariages, des communions. des couples en représentations semi-officielles. Ma lignée n’y a pas eu le droit. Caneton noir de la famille avant ma naissance, j’ai ça dans le sang, donc ? Moins bien que les autres. Pas à la hauteur. Pas à la hauteur. Floue, les joues rouges, mal cadrée, je viens de naître. Je peux me connecter à l’expérience de ma mère, parce que j’ai dépassé son âge, c’est finalement ma sœur intemporelle. L’impression étrange de veiller sur elle, de nouveau. Mais cette fois-ci en tant qu’adulte, alors la tâche parait moins effrayante que quand j’était enfant. Plus loin, plus tard (3 ans ?) ; la femme qui tient cette enfant dans ses bras me parait familière et mystérieuse. Elle a l’air plein d'amour pour son fardeau, et heureux, et surpris, peut-être. Comme un clone de ma mère, mais pas tout à fait. Je n'ai pas eu le temps de connaitre cette personne. C’est comme ça. La femme que je vois a réussi toutes ces années à me faire croire ses propres chimères. Parce que celle que je vois prend de la place, de l’espace, compte autant que les autres. Imprime la pellicule photo de sa présence. Est jolie, tout simplement. J’aimerais pouvoir te le dire maintenant. Trop tard. La vie est pleine de trop tard, et même en le sachant, on continue a buter dedans comme autant de coléoptères maladroits, encore et encore et encore. Encore un peu, ma grand mère. 40 ans ? 50 ans ? Et là, un ensemble noir plutôt stylé, dont le bas de pantalon crie années 70. Encore des clichés, encore des gens souriants, ou pas, encore un passé qui s’éc(r)oule aussi surement que du sable entre mes doigts. Où êtes-vous tous à présent ? Pour la plupart encore en vie, et pourtant disparus. Mes deux vies ont les bords qui ne collent pas ensemble. J’ai eu une famille normale avec des vacances en famille normales et des événements familiaux normaux, et pourtant tout est si loin maintenant. Retour sur la maison des vacances, avant moi. Déjà familière, néanmoins. Tout a un goût de familier. Des cousins sur le perron, une étagère à pots de fleurs qui semble si étrangement vivace dans ma mémoire, une grand mère. Elle a un chien, encore un autre que celui dont je me rappelle vaguement, je crois. Pas noir donc - pas Blackie (Blacky ?) ? - mais blanc et crème, elle ressemble à un humain normal, pas à ma grand mère. Elle a eu une vie. Le “avant moi”. Toutes ces images, en tout cas une grande partie sont “après moi”; Et pourtant elles résonnent comme une musique inconnue. Pas vraiment désagréable, mais un peu triste. Celle d’un temps révolu, parti avec les poussières dans la poussière, celle où je croyais au toujours sans même me poser la question, celle où il était évident qu’une famille c’est pour la vie. La petite fille sur les photos sourit souvent. Elle semble plus légère que ce qu’elle a vécu. Je devrait commencer à lui dire que je l’aime. Même les coléoptères maladroits peuvent prendre des cours de vol. PS : Je n’ai pas trouvé mes bulletins scolaires.
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