#je suis en fou rire depuis dix minutes
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perduedansmatete · 1 year ago
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ma banlieue je l'aime surtout quand elle tague: ciotti reviens ici on va te brûler CRÂNE CHAUVE mdr
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marlenecollineau · 5 years ago
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La rage au cœur
Il est quatre heures quinze. Je m’extirpe de mes draps. Sans un bruit, je file dans la salle de bains. Je me lave les dents. Je me brosse les cheveux que j’attache en une queue de cheval bien mal exécutée. D’un coup de gant, je me débarbouille le visage. Du déo sous les aisselles. Je m’habille. Dans le couloir, mon gros orteil gauche heurte la commode. Je manque de hurler. Je me précipite dans la cuisine. Bon sang que j’ai mal ! Pas le temps de tergiverser, j’ouvre le frigo et y attrape un yaourt. Sur la table derrière moi, mon petit-déj m’attend : du pain, des céréales, un pot de confiture de tomates vertes. Ma préférée. Je réchauffe un café dans le micro-ondes. J’avale tout un peu vite, mastique à peine. Mécaniquement, je me remplis. Tout doit aller. Et tout doit aller vite...
Je sors de chez moi à quatre heure quarante-cinq, la voiture d’Aline est déjà là. Je m’y dépêche, m’excuse. Depuis une dizaine de jours, on ne s’embrasse plus. Et puis, je remarque que presque malgré moi, je me tiens le plus éloigné possible d’elle, comme attirée par la portière passager. Nous arrivons sur le parking cinq minutes plus tard. À cette heure, la route est déserte. Comme d’habitude. Nous badgeons à la porte du personnel. Ça s’ouvre. Montons le raide escalier en fer qui permet de rejoindre l’étage réservé aux salariés. À droite, vue imprenable sur les rayons. Première porte à gauche, les WC. Deuxième, le bureau de Monsieur Roland. Troisième porte, les casiers personnels. Quatrième, la salle de pause. J’enfile une blouse, rouge, comme mes collègues. Toutes des femmes. Je mets mes chaussures de sécurité. Enfin, je prends une paire de gants jetables, espérant qu’elle me fera la matinée. Chacune descend dès qu’elle est prête. Chacune sait ce qu’elle a à faire. Je m’engouffre dans les réserves, croise M. Roland, le salue du bout des lèvres et pars à la recherche de mes deux rolls. Yaourts, fromages, beurres, crèmes… Pas une minute à perdre, j’approvisionne les rayons du supermarché. Dans trois heures, une file se sera formée devant le magasin et les premiers clients, triés, comptés, respectant plus ou moins les mesures de sécurité, viendront se ravitailler. Encore trois heures durant, je les côtoierai. Répondant à leurs questions, tantôt touchée par les encouragements sympathiques, tantôt outrée par leur désinvolture. Autant que faire se peut, je resterai à un mètre des clients. La boule au ventre quand l’un d’eux toussera, le front en sueur si quelqu’un me colle d’un peu trop près, la rage au cœur.
J’ai fini mon travail un peu plus vite ce matin. J’ai eu le temps d’aider Laurence au sec. Elle débordait sous le réassort. Il faut dire, la mode n’est pas aux produits frais. Chacun achète ce qu’il va pouvoir conserver, c’est du bon sens. À dix heures, on a fini alors on monte faire une pause. Se laver les mains prend davantage de temps qu’à l’accoutumée. Et puis, chacune prend place dans un recoin de la pièce. On s’installe. Un café et des biscuits tombés d’un roll, cassés donc invendables. Le café n’est pas terrible et les gâteaux en miettes mais ça fait un bien fou. Aline nous raconte qu’hier, quand elle est rentrée, pas un de ses ados n’était levé. À onze heures et quart ! Les trois au lit, comme s’ils hibernaient. Comme s’ils hibernaient… ça nous tord de rire. Julie nous explique que, même si elle a un peu peur de venir au travail, elle préfère car sinon, c’est long. Elle vit seule et elle s’ennuie. Hier, elle s’est servie d’un poireau comme micro et elle a chanté devant son miroir ! Pendant l’émission N’oubliez pas les paroles. Elle a de la ressource, Julie. Moi, je me tasse dans le fond de ma chaise, je n’ose pas trop dire qu’à la maison, l’heure n’est pas à la fête. Que les enfants restent beaucoup trop devant la télé mais que je ne sais pas comment m’y prendre pour l’école. Les filles le savent bien depuis le temps qu’on travaille ensemble. Je n’aime ni les maths, ni le français. Alors, comment aider ses enfants dans ce cas ? Julie se tourne vers moi et me demande comment ça se passe, chez moi. Je bafouille une réponse difficilement compréhensible. Je dis que Sylvain tourne en rond, comme un lion en cage. Je crois qu’elles comprennent. Un lion en cage, ce n’est jamais bon. Laurence dévie la conversation. Elle nous amène plus haut, là où personne ne s’aventure jamais. Avec nos contrats de trente heures par semaine, payées au SMIC, sans masque comme ils montrent sur BFM TV, nous sommes des héroïnes. Notre boulot permet aux femmes et aux hommes du coin de manger chaque jour que Dieu fait, elle nous dit. Je suis pas trop d’accord. Les héros c’est pas trop moi. Le sens du sacrifice et la bravoure, je m’en cogne un peu. Je suis réduite à bosser parce qu’il faut bien que les autres bouffent. Que ma famille bouffe. Que je bouffe. Les héros, c’est un truc de bandes dessinées. Les héros, c’est un truc de militaires. Je ne suis pas trop d’accord mais je la ramène pas. Et, j’avoue, l’espace d’un temps, ça me rend puissante et importante alors… Laurence tape sur le mousquetaire qui traîne sur sa blouse, au niveau du cœur et répète : nous sommes des héroïnes.
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Lune de Miel, BatB fic, StanFou
Titre : Lune de miel
Auteur : Yoda-Ben2
Fandom : BatB 2017  
Genre : Du cul, de la guimauve et un poil d’humour, parce qu’il en faut.
Rating : M  
Pairing : Stanley/LeFou  
Notes : Norbert. C’est le nom du Stanley de la version de 1991. Il fallait que je le ressorte. De plus, dans l’Ancien Régime, Saint Norbert était autrefois invoqué pour guérir les troubles érectiles, certaines versions du récit de sa vie marquant sa conversion vers la trentaine, quand il fut frappé par la foudre et aurait, dit-on, passé le reste de sa vie « à la redresse »...
Six heures sonnèrent au clocher de l’église. Stanley se réveilla lentement, puis se blottit contre le corps chaud contre le sien.
Ses lèvres effleurèrent l’épaule dodue et recouverte de taches de rousseur.
- Mon cœur, c’est l’heure de se lever…
Étienne grogna quelque chose avant de se mettre sur le dos. Ce faisant, il commença à ronfloter. Stanley rit et caressa le torse de son amant. Celui-ci sourit, les yeux clos.
Stanley avait toujours un peu de mal à réaliser chaque matin, ce miracle qui se renouvelait à chaque fois devant ses yeux ; il est vrai qu’ils ne vivaient ensemble que depuis quelques semaines. Étienne, enfin dans ses bras, après avoir passé tant d’années à soupirer en le regardant de loin. Enfin sien. Il avait chaque fois l’impression de retomber amoureux de lui, comme ce matin d’automne où il avait eu le coup de foudre absolu pour le lieutenant de Gaston, quand ils avaient fait leur retour triomphant après la guerre. Le petit miracle à l’échelle cosmique de voir ses sentiments réciproques et, que pour une fois dans sa vie, unique mais essentielle, la providence avait permis que tout se déroule comme dans ses rêves les plus fous.
Étienne attira Stanley à lui et les deux hommes s’embrassèrent longuement, avec paresse.
Le vétéran n’aurait, de son côté, pas espéré plus grande félicité que celle que lui faisait vivre Stanley en résidant avec lui. Lui qui avait vécu une si longue partie de sa vie seul, qui avait perdu tôt sa famille, avait désormais un véritable foyer avec son compagnon. Sa maison -leur maison- était devenu un havre où ils étaient heureux. Et Stanley lui prouvait son amour de mille manières, que ce soit par des attentions, des petits soins (comme c’était étrange d’être celui qui était choyé, après des années à avoir donné sans rien recevoir en retour !), des compliments… Ou des preuves plus physiques.
Déjà, leur baiser gagnait en fièvre et Étienne sentit contre sa cuisse que l’érection matinale de son bien-aimé commençait à prendre de l’ampleur. Stanley se glissa sur lui et Étienne ouvrit complaisamment les jambes pour l’accueillir. Ils prirent rapidement un rythme qui leur devenait familier, quasiment sans arrêter de s’embrasser. Simplement, de temps à autre, Stanley allait couvrir le cou, le visage, la gorge d’Étienne de baisers en lui murmurant des mots tendres.
- Mon amour… Je t’aime si fort, si fort…
- Moi aussi je t’aime, mon ange, mon Stanley…
La veille, Stanley avait été une bête déchaînée dont les assauts avaient mené Étienne au septième ciel à de trop nombreuses reprises (pour être franc, Étienne avait arrêté de compter après cinq), et même si ces séances matinales entamaient d’ores et déjà le peu d’énergie qu’il avait pu récupérer pendant leurs quelques heures de sommeil commun, Étienne les chérissait encore davantage que leurs nuits enflammées. Il appréciait grandement les moments de fougue où le jeune homme d’ordinaire réservé, voire timide, montrait sa passion sans retenue, mais ces instants de douceur sensuelle étaient plus intimes encore à ses yeux.
Stanley, de son côté, laissait toute liberté à ses désirs depuis qu’il n’était plus à la merci d’un retour obligatoire et discret à la maison familiale le lendemain. Tout à la joie de disposer de son bien-aimé à sa guise, il ne se réprimait plus et ne pouvait se lasser du plaisir de faire l’amour avec Étienne, autant qu’il en avait envie. Le vétéran était toujours si caressant, si doux, il accueillait avec tant de joie ses manifestations de tendresse que le jeune tailleur ne pouvait s’en rassasier. Il s’enivrait de la douceur de la peau et des lèvres de son amant comme d’un vin éternellement nouveau.
Quelques minutes plus tard, Étienne sentit le plaisir monter de plus en plus et laissa l’orgasme le traverser, la tête rejetée en arrière, pendant que Stanley accélérait la cadence, et finissait lui aussi par jouir, haletant. Ils restèrent peu de temps enlacés, la demie venait de sonner et ils allaient être bientôt en retard s’ils traînaient encore au lit. Un dernier baiser, puis ils se levèrent afin de se préparer pour la journée.
OoO
Dick et Tom se retrouvèrent comme ils le faisaient souvent, pour aller déjeuner à la taverne à la pause de midi. Leurs épouses respectives travaillaient elles aussi et c’était une solution plus simple. Ils venaient d’entrer à la taverne quand ils croisèrent Stanley. Celui-ci les salua, échangea avec eux les nouvelles d’usage et s’excusa de ne pas rester plus longtemps.
- Il y a des commandes pressées à la boutique, je suis juste venu faire une petite pause avant de m’y remettre. Mais je serai là ce soir !
Stanley était radieux, le teint rose et l’air frais comme un gardon. Tom et Dick le saluèrent et commandèrent leur repas.
Ils s’étaient attablés à leur coin habituel quand ils virent arriver LeFou. Celui-ci était livide, des cernes grisâtres immenses sous ses yeux.
- Eh, LeFou !
Dick, inquiet, commanda une assiette pour lui aussi et l’installa d’autorité avec eux. LeFou grimaça de douleur en s’asseyant, mais avala voracement le repas devant lui.
Olivier le tavernier approcha de la table et déposa devant LeFou une tasse de bouillon de bœuf concentré, bien riche et parfumé.
- Pour le jeune marié ! Rolande a estimé que tu en avais besoin. Offert par la maison.
LeFou lui coula un regard liquide de reconnaissance avant de boire. Dick et Tom le regardaient avec inquiétude.
- C’est… Heu… Désolé de le demander, mais c’est mon frère qui t’a mis dans cet état ?
- Je le confesse, souffla LeFou.
Sous les pointes de son col, on devinait plusieurs suçons. La petite exclamation de douleur qu’il avait poussée en s’asseyant était hautement explicite sur la nature de ses misères. Tom et Dick se regardèrent en souriant, attendris.
- Ah, ça me rappelle mon mariage…
- Moi aussi ! C’est que ma Marianne, c’est une gaillarde !
- Je me rappelle ma lune de miel avec Magdeleine. Quatre jours quasiment sans s’arrêter ! Hé hé hé, pas étonnant qu’on ait conçu Cécile aussi vite. Il est vrai qu’on avait à peine dix-huit ans.
- Par contre, dans quel état il t’a mis, s’enquit Tom en voyant LeFou. Ça va aller ?
- Oh, oui, ne vous inquiétez pas, s’empressa de rassurer le vétéran en continuant son repas. On va simplement dire que… Ces derniers jours me rappellent avec énergie ce que dix ans de différence peuvent avoir sur l’endurance du corps humain.
- C’est qu’on a la santé, dans la famille, fit Dick avec un énorme sourire paillard.
- Je te le fais pas dire.
- Alors ?
- Mmh ?
- Combien hier soir ? Demanda Tom en remuant les sourcils.
LeFou finit de mastiquer sa bouchée et tenta de masquer sa gêne en buvant un peu de bouillon.
- Oh, vraiment ! Quelle indiscrétion !
- Oh, ça va, on est entre hommes !
LeFou joua avec un morceau de pain, le teint devenu écarlate.
- Heu… Dix ou douze, je crois.
Les deux autres ouvrirent des yeux effarés.
- Dix… Ou douze ?
- En une soirée ??
- Mais comment c’est possible, doux Jésus ?
LeFou se tortilla sur sa chaise, très gêné d’avoir cette conversation.
- Eh bien, c’est, heu, c’est comme ça. Ça vient naturellement.
- Ah ben pour avoir la santé, vous avez la santé chez les Laurent, fit Tom en fixant Dick, qui se sentit tout petit. Qui aurait cru ça ?
- On va dire que Stanley a de la ressource. Dommage que mon endurance n’égale pas vraiment la sienne...
- Tu vas t’user la santé si ça se prolonge !
- Oh, je ne m’inquiète pas… C’est l’attrait de la nouveauté pour Stanley, il finira par prendre un rythme moins soutenu. Et puis c’est normal d’être très enthousiaste aux premiers temps. J’ai eu vingt ans, moi aussi.
- Vingt ans pendant la guerre, c’est pas la panacée… Surtout pour ce genre de bagatelles !
- On se débrouille.
Dick était resté silencieux pendant quelques minutes, pondérant la situation.
- Mouais… Mais dix ou douze, ça dépend du contexte. Si ça se trouve, c’était plié en quelques minutes à chaque fois. Autrement, ce ne serait pas possible !
LeFou était tiraillé entre le besoin de rétablir la vérité et la gêne de devoir aborder ce genre de détails avec le frère de son compagnon. Cela dit, il était plutôt content d’avoir des amis à qui en parler, à ce moment...
- Dick, avec toute la tendresse que j’éprouve pour ton frère, je peux t’affirmer une seule chose : la seule chose qui soit ridiculement courte chez lui, c’est sa période réfractaire !
Dick et Tom rougirent.
- J’avais bien dit à maman que c’était une mauvaise idée de lui donner Norbert comme second prénom !
Tom faillit recracher la gorgée d’eau qu’il était en train de boire, LeFou éclata de rire. L’éclat se réverbéra dans toute la salle et le rire communicatif du vétéran fut accompagné par ceux de ses deux convives.
- Je pense qu’on a dû dormir entre deux et trois heures. Cette nuit et les précédentes. Il… Il va falloir que je lui demande au moins une nuit de répit, je le crains… Je n’ai plus l’âge à supporter un tel rythme et j’ai du mal à trouver du temps dans la journée pour me reposer.
Dick et Tom s’arrêtèrent de rire. Le frère de Stanley posa une main amicale sur le bras de son beau-frère.
- Si tu le lui demandes, il t’écoutera. C’est quelqu’un de raisonnable !
LeFou sourit.
OoO
Stanley rentra assez tard de la taverne, il avait envie de retrouver Dick et Tom pour plaisanter et rattraper la pause de midi qu’ils n’avaient pas passée ensemble. Étienne était déjà rentré. Il tentait de lire, mais dodelinait de la tête. Le jeune homme avait remarqué son air patraque ce matin déjà, mais là, à la veillée, il était indéniable que son compagnon semblait exténué. Stanley s’approcha de lui.
- Tu as l’air épuisé.
Étienne leva les yeux de son livre, lui sourit pour le rassurer.
- Je… Je suis un peu fatigué, c’est vrai.
- Alors il faut aller se coucher, mon cœur.
Étienne eut un petit rire gêné.
- Je… Je ne pense pas qu’on va se reposer si on va se coucher !
- Oh, si. Ce soir, on va aller se coucher, je vais te serrer dans mes bras, et tu vas dormir, mon cher.
Étienne posa son livre, Stanley lui prit les mains.
- J’ai été un peu égoïste… J’aurais dû me rendre compte que, heu… J’étais trop demandeur.
- Il n’y a rien de mal à ça, Stanley. C’est extrêmement flatteur d’être aussi sollicité par un beau jeune homme, qui s’évertue à me trouver irrésistible !
- Mais ta santé est importante pour moi. Je vais me réfréner un peu dorénavant… Même si ça va être difficile ! Tu as dîné ?
- Oui, à la taverne.
- Alors viens…
Stanley tira Étienne du canapé et le guida vers leur chambre. Il se fit un devoir de le déshabiller entièrement, puis se dévêtit lui-même en un clin d’œil. Étienne voyait bien que Stanley, s’il n’y avait pas eu cet imprévu, aurait sans doute proposé à son compagnon de passer une nuit identique à la veille, mais le jeune homme n’en fit rien.
Stanley ouvrit le lit, poussa gentiment Étienne dessus, rabattit les couvertures sur eux, souffla la bougie et l’enlaça par-derrière.
- Je t’aime, Étienne. Dors bien.
- Dors bien mon amour.
Le pauvre Étienne s’endormit en quelques secondes à peine. Stanley caressa, attendri, le bras d’Étienne avant de l’imiter.
Fin
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sammyjomcl · 6 years ago
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Histoire Post épisode 11 (1ere partie)
Voilà ma version de comment ça aurait pu se passer. Première partie du point de vue de Su' et la seconde du point de vue de Nath. Débute à la fin de l'épisode 11.
Je me réveille et constate que mes yeux refusent de s'ouvrir. Je ne sais pas quelle heure il est mais j'ai l'impression d'avoir peu dormi. Je suis entourée d'une douce chaleur et je me force à ouvrir les yeux pour vérifier qu'il est bien là. Un peu de lumière s'engouffre dans la chambre et me permet de confirmer que je n'ai pas rêvé. Nathaniel est bien là, dans mon lit, en train de dormir. Je me mords la lèvre pour ne pas pousser un petit cri d'excitation comme une ado à un concert de son idole. J'ai passé tant de temps sans ses bras autour de moi que je ne pensais plus les retrouver un jour. Mais me voilà... Je ne suis pas sûre qu'il soit très sain pour mon cœur de faire des bonds au réveil mais comment l'en empêcher? Surtout après les mots échangés cette nuit...
Je me défais de son étreinte doucement et me lève du lit. Il n'a pas bougé. Je vais le laisser dormir encore un peu... Je remarque une notification sur mon téléphone. Chani m'a envoyé un message il y a dix minutes pour me dire qu'elle prenait le petit dej à la cafète. Hum... Elle tombe toujours à pic! Je lui réponds en lui demandant si elle peut me ramener un petit déjeuner pour deux et elle me répond rapidement qu'elle s'en charge. Parfait! Cela me laisse quelques minutes pour aller dans la salle de bain.
Quelques instants plus tard, j'émerge de la salle de bain et Nathaniel dort encore. D'ailleurs il a l'air bien crevé. Je ne sais pas quel est son rythme de vie mais ça me préoccupe. Je vais attendre Chani dans le couloir. Je sors sur la pointe des pieds et arrive sur le palier au moment où mon amie arrive les bras chargés. Elle me sourit.
-Service d'étage!
Elle me tend un grand sac et je la regarde avec les yeux ronds. Un paquet de mini viennoiseries, du thé, du café, des petits pains et de la confiture...
-J'espère que c'est assez! Tu n'es pas seule, n'est-ce pas?
Elle se retient visiblement de jubiler sur place.
-Chani, c'est largement assez! Et non en effet je ne suis pas seule... D'ailleurs je dois te dire... Merci de m'avoir fait sortir hier soir. Rien ne s'est passé comme prévu mais... Au moins ça m'a fait bougé et ma situation reste compliquée mais ça avance. Et si tu te demandes, ce n'est pas Castiel qui est avec moi.
Elle lève les sourcils, surprise.
-Oh... J'aurais juré que...
-Oui je suis allée chez lui mais je ne voulais pas qu'il se passe quoi que ce soit et quand je suis revenue ici... On m'attendait...
Je ne peux pas lui en dire plus... je peux pas lui sortir "Ne t'en fais pas hein j'ai passé une partie de la nuit avec mon ex avec qui j'ai une relation compliquée depuis mon retour et en plus il est mêlé à des trafiquants de drogue. Tout va bien!". Et Chani, égale à elle-même, ne demande rien de plus.
-Tu as l'air d'avoir trouvé quelques réponses à tes questions en tout cas je suis contente.
-Euh... Je ne sais pas trop en fait mais... Je vais prendre les choses comme elles viennent pour essayer d'y voir plus clair. Et ce qui est sûr c'est que tu es une fille extra et que je ne te le dis pas assez. Je ne sais pas comment tu as eu la force de me supporter depuis tant de temps. Il faudra que tu me laisses te gâter en retour un de ces jours.
Elle me fait un grand sourire et un clin d’œil bien que rougissante avant de s'éclipser dans sa chambre.
Il ne me reste plus qu'à retrouver mon beau blond...
Je passe la porte de ma chambre et constate que Nath est réveillé, assis dans mon lit. Il lève ses yeux embués de sommeil vers moi.
-Bonjour... J'ai eu peur en ne te voyant pas près de moi. J'ai cru que tu t'étais enfuie.
Je sais qu'il plaisante mais quelque part, je suis convaincue qu'il y a du vrai dans cette phrase. Nath a été abandonné par tant de monde, moi y compris.
-Il fallait bien que j'aille prendre de quoi faire un bon petit déjeuner! 
Je sors le contenu de mon sac de provisions pour l'arranger sur mon bureau alors que Nathaniel me regarde, surpris. Il rigole doucement.
-Je ne m'attendais pas à ça. Tu as eu le temps d'aller à la cafète prendre tout ça?
-Non, j'ai juste une super amie dans le coin!
Nous nous installons à mon bureau pour manger et j'en profite pour lui parler de Chani. 
-Cette fille est une perle!
-A t'entendre tu passes plus de temps avec elle qu'avec Alexy et Rosalya.
-Hum... En ce moment c'est compliqué.
Il secoue légèrement la tête.
-Ou alors tu as le don pour t'entourer de gens compliqués.
-J'imagine que tu as raison. J'aurais préféré autre chose comme don mais j'assume.
-En tout cas c'était un super petit déjeuner et...
-Et?
-Je suis content d'être là avec toi.
Heureusement que j'ai fini mon latte sinon je me serais étouffée avec. Son regard se pose sur un coin de mon bureau et il fronce les sourcils. Sa main attrape des papiers qui dépassent d'une pochette... Il écarquille les yeux en voyant les photos.
-Sweet Amoris...
-Ma mère m'a envoyé un carton avec des souvenirs, il y avait pas mal de photos dedans.
Il les regarde comme s'il redécouvrait ces moments de notre passé. Il s'arrête sur une photo de lui et moi au bal de fin d'année. Un petit sourire s'installe sur ses lèvres mais ses yeux affichent un air un peu triste.
-J'ai l'impression que c'était il y a si longtemps. Quelle tête j'avais...
-Hein? T'es super beau sur cette photo! J'étais trop fière que tu sois mon cavalier!
-Tu ne t'es jamais débarrassée de tout ça...
-C'est dur de jeter des beaux souvenirs.
Je détourne les yeux de peur de me mettre à pleurer. J'étais tellement heureuse à cette époque. Je me suis demandée un nombre incalculable de fois pourquoi tout a changé. 
Il pose délicatement les photos sur mon bureau et je le sens confus. Le petit déjeuner est fini et je ne sais pas s'il va rester longtemps mais je dois lui parler de cette nuit...
-Nath... Il faut que je te dise... Hier soir je suis justement sortie avec Chani car cette jeune fille admirable voulait me remonter le moral que j'avais perdu depuis un bon moment.
Il baissa les yeux et acquiesça légèrement. 
-Je me suis retrouvée à une soirée privée du groupe de Castiel.
Là je dois dire que j'ai envie de rire. Juste le faire de prononcer ce prénom suffit à le faire réagir même très subtilement. En tout cas j'ai toute son attention.
-Castiel m'a proposé de partir de là et en chemin il m'a invitée à prendre un thé chez lui. J'ai accepté. On a passé deux heures à boire du thé et écouter de la musique. C'était cool.
Hum... Je vois le corps de Nathaniel se crisper petit à petit. Mais je dois continuer.
-Au bout d'un moment il m'a proposé de passer la nuit chez lui. J'ai refusé et je suis rentrée. C'est là que je t'ai trouvé devant ma porte.
Un de ses pieds tape nerveusement le sol et ses poings sont serrés. J'avais pas besoin de lui donner du café pour le réveiller, cette petite histoire suffisait largement. Une minute de silence s'ensuit et il finit par exploser.
-Putain! Comme si c'était une surprise! Il a toujours été après toi! Je vais...
-Nath, il n'a rien fait de mal tu sais, il m'a juste fait une proposition.
Il ferme les yeux et respire profondément.
-J'ai voulu t'en parler pour que tu réalises que je commence à voir ce que je veux et ce que je ne veux pas. Je n'avais pas envie de passer la nuit avec lui. Et je suis soulagée de t'avoir trouvé devant ma porte. Et toi, tu sais ce que tu veux? 
-Oui.
Aucune hésitation, ça change... Son téléphone sonne à ce moment-là. Il soupire.
-Je dois partir. Il... il faut absolument qu'on parle plus tard.
-Je suis d'accord. Faut qu'on parle très vite. Je ne veux plus passer des jours à me morfondre.
Il me prend dans ses bras et enfouit son visage dans mon cou. Je me laisse aller à savourer cette étreinte. Il murmure à mon oreille.
-J'ai des choses à faire et il faut que je passe chez moi nourrir Blanche sinon elle va bouder. Mais on se revoit dès que possible.
Ses lèvres s'attardent dans mon cou et remontent jusqu'à ma joue. Et un instant plus tard il n'était plus là.
Je vais aller travailler jusqu'en milieu d'après-midi si j'en crois un message reçu par ma patronne. Et ensuite... je vais avoir besoin de m'isoler un peu pour me détendre.
~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~
-Promis Ambre je t'appelle dans quelques jours.
Je raccroche enfin. Ma jumelle est toujours inquiète pour moi alors qu'elle devrait penser à elle et sa carrière remplie de difficultés. Je me mets un rappel pour l'appeler dans 2 jours afin qu'elle soit rassurée que je vais bien. Même si au fond je n'en mène pas large.
Mes pensées se redirigent automatiquement vers Su'. Je l'ai quittée ce matin après un bout de nuit qui m'a fait un bien fou et j'ai déjà envie de la retrouver. Je suis pire qu'un ado en manque. Je sais que tant que l'on ne parlera pas, on continuera à avoir des malentendus et... bon sang, elle aurait pu passer la nuit avec Castiel! J'aurais pu la perdre pour cet abruti! Je peux pas continuer à laisser tout m'échapper comme ça, je dois reprendre le contrôle de ma vie et maintenant. Et casser la gueule de ce type. Je sais qu'elle aurait pu bien faire ce qu'elle voulait de sa nuit après tout mais... Je vais devoir me retenir de ne pas le défigurer si je le croise.
Au lieu de tourner en rond dans mon appart, je décide de retourner la voir immédiatement. Je regarde l'heure... 16h... Je crois qu'elle travaillait dans l'après-midi... Où qu'elle soit, je dois la trouver.
Une bonne demi heure plus tard, me voilà devant sa porte. L'impression de déjà vu me nargue mais qu'importe. Je toque à sa porte mais elle ne répond pas. Je prends mon téléphone et... pas de réseau? Je tente de faire fonctionner mon appareil mais rien à faire, les messages ne passent pas. Une étudiante blonde habillée en noir va vers sa chambre, me voit et ralentit. Si j'en crois la description que j'ai eue ce matin par Su', il s'agit de son amie Chani. Peut-être qu'elle sait...
-Salut... Excuse-moi de te déranger mais... Tu es bien Chani?
-Oui!
-Moi c'est Nathaniel et...
-Tu cherches Su'?
Ce n'est pas une vraie question, je suis devant la porte de Su' avec un air de chien battu et ce foutu téléphone ne marche pas.
-Oui et je n'arrive pas à la joindre.
-C'est normal, il y a une panne de réseau dans une bonne partie du pays.
-Quoi???
Manquait plus que ça.
-Je ne saurai pas te dire exactement où est Su' mais je l'ai croisée. Elle m'a dit avoir envie de se relaxer au calme dans un endroit qu'elle affectionne.
Mon cerveau s'active pour s'imaginer où elle pourrait bien être. J'ai bien une idée...
-Merci Chani je vais voir si je la trouve...
-Et le petit dej de ce matin, il était bien? J'espère n'avoir rien oublié...
Elle me regarde avec un petit sourire malicieux et je rigole malgré moi.
-C'était parfait. Merci!
-Je te laisse filer, je vois bien que tu ne tiens pas en place et surtout... bon courage!
-Pour quoi?
Elle hausse les épaules.
-C'est juste sorti comme ça. Salut!
Elle rentre dans sa chambre et me voilà dans le couloir désert. Su' ne doit pas s'ennuyer avec une amie comme elle.
Su'... un endroit qu'elle aime et où elle peut se relaxer... C'est vague mais je vais aller au premier endroit auquel j'ai pensé.
Je fonce prendre le bus et après quelques arrêts je me retrouve devant la plage. L'été après le lycée je suis venu ici pas mal de fois avec Su'. Quand il y a eu moins de monde on a pu profiter de moments à deux très agréables et au final un petit bout de plage à une dizaine de minutes de marche était devenu notre sanctuaire. Je suis peut-être un peu stupide de croire qu'elle s'en souvient et qu'elle vient encore ici même seule mais pourquoi pas? Et même si elle n'est pas là, ça ne pourra pas me faire de mal de passer un moment ici.
La plage est déserte vu qu'il fait bien frais. Quelques vagues, des mouettes, des navires au loin... Rien d'autre. Je marche résolument et je dois dire que l'air marin me fait du bien. Le sable garde le souvenir de mes pas et j'en viens à penser que j'aimerais que mes empruntes disparaissent pour qu'on ne me retrouve pas, pour que je puisse retrouver Su' sans aucun danger. Je suis stupide, je sais, je ne crains rien ici. J'ai trop pris l'habitude d'être sur mes gardes mais c'était nécessaire. 
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littleplume-story · 5 years ago
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Chatouilles et Confession - Tickle fic young Eraqus - Kingdom Hearts
Ce n’était pas une bonne idée. Définitivement, ce n’était pas une bonne idée.    
Las de toujours perdre aux échecs face à son ami Xehanort, Eraqus s’était dit qu’une petite motivation supplémentaire l’aiderait peut-être à mieux se concentrer. C’est donc en toute innocence qu’il suggéra que le perdant du jour reçoive un gage.
− Si je gagne… Euh, et bien tu feras mes corvées pendant une semaine, avait proposé Eraqus. − C’est tout ? Tu es bien gentil. J’ai le droit de choisir le gage que je veux. − Bien sûr. − Tu ne vas pas protester. − Je suis un homme, et un guerrier. J’accepterai mon gage sans me plaindre. − Très bien. Laisse-moi réfléchir pendant qu’on joue.
Xehanort avait été confiant, souriant tout le long de la partie qui ne dura que quelques minutes. Il déplaçait ses pions avec une bien meilleure assurance que d’habitude. Ils jouaient si souvent. Eraqus se savait en net progrès. Il essayait depuis des semaines d’établir une stratégie qui lui permettrait enfin de le battre. Le gage devait le stimuler, mais il n’avait pas pensé que son ami y soit également réceptif. Il anticipait tous ses coups, éliminait ses pions avec une facilité affligeante. Pourquoi était-ce si dur de gagner contre lui ?
Le sourire de Xehanort s’élargit alors qu’il s’empara de sa pièce maitresse.
− Si je gagne, tu me laisseras te chatouiller pendant dix minutes. Sans bouger sous peine d’aggraver ta sentence. − Quoi ! − Echec et mat.
Eraqus resta pantois. Sur le tableau de jeu, son roi blanc était encerclé par les pions noir. Il leva les yeux vers Xehanort qui affichait un sourire victorieux, satisfait, malicieux, assez rare chez ce garçon bien trop sérieux.
− J’ai gagné, annonça-t’il.
Il fallut deux secondes à Eraqus pour rechercher l’information, le gage que lui avait annoncé son ami. Et en un rien de temps, il fuyait la bibliothèque à toute allure. S’il s’était attendu à un tel gage, surtout venant d’un Xehanort qu’il savait peu tactile. Des chatouilles, tout mais pas ça !
− Hé. Reviens, tu ne vas pas y échapper. Tu as donné ta parole.
Il se précipita dans sa chambre qu’il s’empressa de verrouiller. La panique l’empêchait de réfléchir et de raisonner. Pas de chatouilles, il ne voulait juste pas de chatouilles. Il les craignait trop.
Xehanort pénétra la chambre quelques minutes plus tard, la mine consternée.
− Déjà tu t’enfuis alors que c’est toi qui as suggéré qu’on se donne un gage. Et ensuite, tu peux me dire en quoi verrouiller ta chambre allait te sauver ?
Dans sa main, le métis tenait sa keyblade. Bien sûr, qu’il était bête. Il aurait mieux fait de trouver une cachette. Ce n’était pas très héroïque de sa part. Mais subir dix minutes de chatouilles sans bouger, il n’arrivait pas à le concevoir.
− Tu as peur des chatouilles ? Tu les crains tant que ça ?
Oui, il les craignait affreusement. La sensation, même minime, le faisait éclater de rire. Dans son enfance, ses amis devaient le tenir à plusieurs parce qu’il gesticulait comme un acharné. Et rapidement, il ressentait l’envie d’uriner, lui causant quelques accidents autrefois. Mais il ne pouvait avouer tout cela à Xehanort. Il avait bien trop honte.
− Non. Enfin, oui. Normal quoi. − Je ne changerai pas de gage. Si tu assumes, retire ta veste et allonge toi sur ton lit qu’on en finisse.
Eraqus déglutit. Il ne pourrait pas y échapper. Ne souhaitant pas décevoir son ami à qui il avait donné sa parole, il obéit et s’allongea.
− Les mains derrière la tête. Et interdit de les bouger, sinon je serai contraint de te forcer à rester immobile.
Eraqus espérait que depuis le temps et avec les entrainements qui avaient sculpté son corps, il serait bien moins réceptif qu’autrefois. Mais à peine Xehanort posa ses doigts sur ses flancs qu’il sursauta. Cela n’échappa pas à son ami qui sourit. Son mince espoir s’effondrait. Il était toujours aussi chatouilleux, et il n’arrivait tout simplement pas à le cacher. Où craignait-il déjà ? Partout, à des intensités allant de très forte à insupportable. Xehanort le savait-il lorsqu’il lui avait imposé son gage ? Surement pas, mais il l’allait l’apprendre très vite.
− Ça te chatouille là, visiblement, dit-il en effleurant les flancs. − Hahahahahahahahahahahahaha.
Eraqus gesticula terriblement à ces simples chatouillis et il ne résista pas à baisser ses bras pour se protéger.
− Je ne pensais pas faire un carton plein d’entrée de jeu. A moins que ça ne soit pareil ailleurs. − D’accord, tu as gagné. Je suis très chatouilleux. Ne rajoute pas du temps, je t’en supplie. Je ne supporte pas ça. − Où est passé le fier prince que je connais ? − Ne pince pas la corde sensible. − Tu as raison, je vais pincer autre chose.
Il reprit ses chatouilles sur les flancs, du moins comme il pouvait avec Eraqus qui se recroquevillait sur lui-même en se protégeant.
− Tu dois garder les bras derrière la tête, lui rappela Xehanort. − Je n’y arrive pas. Ça chatouille trop. − Ça fait partie du gage. Si tu ne peux pas, je serai obligé d’utiliser le sort STOP sur toi. Tu sais que c’est celui que je maîtrise le mieux. − Ah non, pitié.
Effectivement, Xehanort avait une certaine affinité avec la magie du temps et le sort STOP qu’il parvenait à lancer au niveau Z, l’intensité maximale, imparable. Et lui-même n’était pas affecté par ce sort. Ce n’était pas un hasard si sa keyblade symbolisait une pendule et un sablier.
Eraqus s’imaginait déjà subir toutes les chatouilles de Xehanort sans qu’il ne puisse rien faire. Ce serait horrible. Il pourrait pleurer de rire, remuer, supplier, rien n’arrêterait les chatouilles exécutées pendant le sort.
− Dix minutes, pas une seconde de plus, n’est-ce pas ? − Si tu ne bouges pas et me laisses explorer tes endroits les plus chatouilleux. − Je ne bougerai pas, je le promets. Mais jure-moi de ne pas prolonger le gage. − Tu détestes tellement ça ? s’assura Xehanort qui n’avait pas non plus envie de blesser son ami, juste de s’amuser avec lui. − Non, c’est juste que je crains beaucoup. Je ne me contrôle pas. Déjà, j’aurais peur de te donner un coup. Ou autre chose, tu vois ? − Autre chose ? − Un accident de vessie, surtout avec tout le thé qu’on boit. − Ah, je vois. Préviens-moi dans ce cas.
Eraqus acquiesça et se repositionna sur le dos, les bras soudés derrière sa tête.
− Tu me permets de m’asseoir sur toi ? demanda Xehanort.
Il hocha la tête pour répondre, la gorge nouée par le stress de ce qui allait suivre. La crainte de faire tomber son ami le motiverait peut-être à rester tranquille. Du moins, c’est ce qu’il espérait avant de sentir les doigts de Xehanort se reposer sur ses flancs. Immédiatement, il se raidit.
− Tu crains là ? Et là ? Et là ? Ou là ?
Pour le moment, Xehanort se contentait de poser ses doigts sur diverses zones réputées pour être sensibles. Eraqus serra les dents, ne sachant pas d’où l’attaque allait venait. Il avait bien du mal à cacher son appréhension.
Il craignait tellement les chatouilles qu’il savait qu’il ne pourrait pas s’empêcher de rire. Il ne pensait pas avoir de pire endroit. Il craignait simplement partout et à une intensité inouïe. Il maudissait son corps sensible qui le ferait passer pour un faible. Il détestait être chatouillé. Mais avec Xehanort, c’était différent. Il aimait attirer l’attention de son bel étranger, passer du temps avec lui, jouer aux échecs avec lui. Il adorait tellement Xehanort qu’il accepterait n’importe quoi venant de lui. Son ami affichait un sourire sadique et joueur, semblant satisfait de son emprise. Un première pour ce garçon bien trop sérieux. Le cœur d’Eraqus palpita, d’appréhension d’un désir nouveau. Sentir son ami à califourchon sur ses hanches l’emballait bien plus qu’il ne pensait. C’était la première fois qu’ils étaient aussi proches. Et bien qu’il craignait vraiment ce qui allait suivre, Eraqus étaient content d’avoir suggéré un gage. S’il gagne la prochaine fois, c’est lui qui se permettrait de toucher Xehanort. Il rougit, ce qui n’échappa pas à son ami qui n’en sourit que davantage.
− A quoi tu penses ? − A rien. − Dis-le moi.
Définitivement pas, il ne pouvait pas avouer qu’il rêvait de le toucher, que son ami le rendait fou. Des chatouilles sur ses côtes le firent sursauter. Les effleurements très légers se poursuivirent sur son ventre. Eraqus serrait les lèvres, empêchant ses rires de sortir. Coincés dans sa gorge, il gémit et gloussa bien malgré lui. Il le touchait à peine, et déjà il avait envie de remuer.
− Dis-le moi, répéta Xehanort toujours avec ce ton malicieux. Sinon tu sais ce qui t’attend. − Non, ça ne fait pas partie du gage… Hahahahahahahahahahahahahahahahahahaha. Oh noooon Hahahahahahahahahahahahahahaha.
Le ventre du brun se contractaient frénétiquement, mais ça ne diminuait pas la sensation chatouilleuse. Xehanort chatouillaient avidement les pourtours de son nombril, descendant jusque sur sa vessie et remontant vers son estomac. En haut ou en bas, la sensation était la même. Eraqus remuait sa tête, luttant pour ne pas abaisser ses bras. Ses jambes remuaient aussi, mais Xehanort refermaient fermement ses cuisses sur ses hanches pour ne pas perdre l’équilibre. Ses muscles devaient être fermes de ses entrainements. Malgré sa position peu envieuse, Eraqus y pensa encore. Il avait envie de toucher Xehanort.
− Tu rougis encore. Dis-moi à quoi tu penses. − Nooooooooon Hihihihihihihihihihihi. − Je vais accélérer. − Hahahahahahahahahaha Non Hahahahahahahahaha Pas plus vite Hahahahahahahahahaha. Pause. − Certainement pas. C’est ton gage je te rappelle. Et il ne me reste que huit minutes.
Huit minutes, encore huit minutes à endurer ça ? Eraqus n’était pas sûr de tenir, surtout si l’intensité augmentait. Huit minutes de torture, huit minutes à avoir Xehanort perché sur lui. Il ne savait pas honnêtement ce qu’il préférait.
Les doigts du métis changèrent de zone, glissant cette fois-ci sur les flancs. Eraqus fut brusquement ramené à la réalité et il rit de nouveau, s’accrochant fermement à ses cheveux pour ne pas céder.
− Hahahahahahahahahahahahahaha. − Ça chatouille là ? − Ouiiiiiiiiiiiiiiiiii. − Tu peux répondre aux questions. Alors, pourquoi rougis-tu ? − Hahahahahahahahahahahahahahahahahahahaha. − Tant pis pour toi. − Nooooon HAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHA. PAUSE HAHAHAHAHAHAHAHAHAHA. XEHAAAAA HAHAHAHAHAHAHAHAHAHA. MOINS VIIIIIIITE HAHAHAHAHAHAHAHAHAHA ÇA CHATOUILLE TROOOOOOOP HAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHA PAUSE PITIEEEEEEE.
Il le chatouillait maintenant à un rythme rapide tout le long des côtés jusque sous les aisselles, montant et descendant sans rythme fixe, passant par moment dans le cou, les côtes et le ventre. Eraqus se tenait les poignets. Il enfonçait ses ongles dans sa chair pour les laisser soudés derrière sa tête. A chaque seconde, il avait juste envie de se recroqueviller sur lui-même. Trop chatouilleux, il était juste trop chatouilleux. A combien en était le chronomètre ? Il ne tiendrait pas, ça le chatouillait bien trop. Il ne pouvait s’empêcher d’arquer ses abdominaux, remuer sa tête et ses épaules malgré les avertissements de Xehanort.
− Ne bouge pas. − HAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHA PAUSE HAHAHAHAHAHAHAHAHA JE VAIS CEDER HAHAHAHAHAHAHAHAHAHA. − C’est ton gage. − PITIEEEEEEEE. − D’accord, je ralentis si tu me dis pourquoi tu rougissais.
Serait-il en train de tester sa résistance ? Eraqus devait-il céder ? Abdiquer sous la torture ? Lui avouer qu’il le rendait dingue ? Qu’il pensait toujours à lui ? Qu’il était subjugué par son intelligence, son agilité, son physique attrayant, sa détermination ? Que son adoration le suivait jusque dans ses rêves pour ne lui laisser aucun repos ? Et qu’actuellement, il sentait le désir monter à le sentir sur lui… Non, il ne pouvait pas. Et si Xehanort était dégouté des sentiments qu’il lui porte. Il préférait être chatouillé à mort que prendre un tel risque. Il l’aimait trop pour ça. Il ne supporterait pas de se confronter à son air choqué. Et s’il devenait distant par la suite ? Plus de partie d’échec, plus de débat sur la lumière et les ténèbres, plus de rire, de lecture dos à dos, plus de liens.
− Non pas ça, gémit Eraqus.
Les chatouilles cessèrent. Toujours positionné sur lui, Xehanort semblait soucieux. Eraqus ne comprit pas jusqu’à ce qu’il sente une trainée humide s’écouler le long de sa joue. Le métis tendit le doigt pour recueillir sa larme, puis la suivante, non sans se défaire de son inquiétude.
− J’ai dit quelque chose qu’il ne fallait pas.
C’était pire que tout. Eraqus se trouvait au pied du mur. Il avait commencé à pleurer sans s’en rendre compte, effrayé par l’idée de perdre Xehanort. Ce dernier ne devait se douter de rien.
− Non, ça va. C’est tes chatouilles, ça me donne les larmes aux yeux.
Il riait, ça sonnait tellement faux. Xehanort n’était pas dupe. Il grimaça.
− Tu es un tr��s mauvais menteur, Eraqus. − Ce n’est rien, je t’assure. Le fou rire sans doute. Je n’avais même pas remarqué.
Xehanort lui saisit le menton pour le forcer à le regarder. Eraqus baissa les yeux, n’osant croiser ceux argent de son ami, si charismatiques. Deux paires qui le fixaient avec intensité.
− Tu te souviens de ce que j’ai dit l’autre jour ? Je serai toujours là pour toi. Tu es mon ami. Fais-moi confiance, parle-moi. − Je ne peux pas. − Pourquoi ?
Devant son absence de réponse, Xehanort soupira.
− Tu ne me fais pas confiance ? − Ce n’est pas ça. − De quoi as-tu peur ?
Eraqus hésita plusieurs secondes avant de lâcher.
− De perdre ce qui m’est le plus cher. − Je pense que je vais te laisser te calmer, dit-il en descendant des hanches d’Eraqus. On se voit à l’heure du re…
Xehanort ne put finir sa phrase. Eraqus venait de lui saisir le bras d’un seul coup, l’agrippant fermement, l’empêchant de s’en aller.
− Reste. Ne m’en veut pas, je t’en supplie.
Eraqus luttait pour ne pas pleurer à nouveau. Il craignait tellement de le perdre, bien plus que les chatouilles. Quoique, vu son extrême sensibilité, il ne savait pas s’il aurait réellement pu tenir le coup. Cependant, la fin précipitée de son gage le décevait tout de même un peu.
Xehanort passa un bras autour des épaules d’Eraqus et l’attira contre lui. Surpris, le brun se laissa faire, sentant un frisson agréable se répandre. Ce qu’il aimait se retrouver contre le métis.
− Ça va mieux ?
Eraqus acquiesça.
− Bien.
Il déposa un chaste baiser sur le crâne d’Eraqus, ce qui surpris ce dernier. Ce geste affectif sembla débloquer quelque chose en lui et il osa passer ses deux bras autour de la taille de Xehanort.
− Je t’aime, finit-il par avouer. − Eh bien. Enfin tu l’as dit.
Xehanort releva la tête de son ami pour l’embrasser. D’abord surpris, Eraqus se laissa finalement faire et ferma le yeux.
− Tu crois que je ferais des chatouilles à n’importe qui ? C’est bien parce que c’est toi, parce que c’était pour moi une occasion unique d’être encore plus proche de toi. Si tu savais depuis combien de temps j’attends ça. Eraqus, jamais je ne te rejetterai. Tu es trop précieux pour moi.
Le brun se serra contre lui, la tête nichée dans son cou, bien trop heureux. Pourquoi avaient-ils attendu tout ce temps pour s’avouer cela ? Pourquoi tout s’était débloqué aujourd’hui ?
− Pourquoi que maintenant ? Pourquoi pas avant ? Je t’aime depuis si longtemps. Qu’y-a t’il eut de particulier aujourd’hui ? − Dois-je te le rappeler ? lui souffla Xehanort à l’oreille avant d’introduire un doigt dans la cavité. − Hihihihihihihihihihihihihihihihihihihihi. − Oh, là-aussi visiblement. On n’a pas terminé le gage.
La main se fraya un chemin pour venir pétrir le ventre. Immédiatement, le brun se recroquevilla et repartit dans un fou rire. La surprise décuplait ses sens.
− HAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHA NOOOON PAS ENCORE. HAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHA.
Qu’importe comment il se positionnait, Xehanort parvenait à le chatouiller sans discontinuer, trouvant toujours un espace, même léger, pour s’y faufiler et titiller son derme sensible. Eraqus se roulait sur le lit, ses bras tentant vainement de se protéger des attaques de Xehanort. Il riait, riait et riait, au supplice, et cela s’aggrava lorsque son ami décida de clouer ses bras au-dessus de sa tête.
− Je te tiens. − Non Xeha, pitié. Pas encore. Ça chatouille trop. J’en peux plus. Je veux faire pipi. − Retiens-toi un peu, on reprend le gage. Et comme tu ne tiens pas en place, tu ne me laisses pas le choix. Je t’avais prévenu, ta sentence sera plus terrible. − Non, pitié, pas ça. − Laisse-toi faire, tu as donné ta parole.
A l’aide de cordes qu’il dissimulait dans sa chambre, Xehanort ligota son ami, bloquant ses bras derrière sa tête. Ses chevilles étaient également liées, et il posa un bandeau sur ses yeux.
− Pourquoi tu m’aveugles ? − Tu verras. − Je ne le sens pas, Xehanort. Je sens que je ne vais pas pouvoir me retenir. − C’est un défi que je te lance. Il reste cinq minutes de gage. Cinq minutes où je ne vais pas m’arrêter cette fois. J’y vais à fond. Tu es prêt ? − Non… Xeha, sois gentil…  HAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHA. NOOOOOON HAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHA. XEHAAAAAAA C’est HORRIIIIIIIIIBLE. PITIEEEEEEEEE HAHAHAHAHAHAHAHAHA. PAUSE PAUSE HAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHA. JE SUPPORTE PAAAAAAS. HAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHA. TROOOOOOOOP. ÇA CHATOUILLE TROOOOOOOP. STOOOOOP HAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHA.
Xehanort ne l’épargnait pas. Il effleurait, gratouillait, pétrissait, faisait tout ce qui donnait une réaction à Eraqus qui remuait frénétiquement son bassin. Il adorait le voir rire et supplier. Xehanort aimait Eraqus depuis le début. Il l’aimait tellement, il rêvait depuis si longtemps de le toucher, lui provoquer des sensations à la fois cruelles et délicieuses. Les chatouilles étaient une excellente idée. Il s’amusait, s’excitait, et c’était tellement plus stimulant avec un garçon si sensible.
− HAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHA STOOOOOP. XEHAAAAAAAA HAHAHAHAHAHAHAHA. JE HAHAHAHAHAHA. JE VEUX… HAHAHAHAHAHAHAHAHAHA. − Quoi ? Qu’est-ce que tu essaies de dire ? − JE VAUX FAIRE PIPI HIHIHIHIHIHIHIHIHIHIHIHIHI. DE GRAAAAACE. PITIEEEEEEE HEHEHEHEHEHEHEHEHEHE. PAS PLUS. J’EN PEUX PLUUUUUUUS. HAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHA. − Hum, réfléchit un instant Xehanort en cessant ses chatouilles. − Pitié. Je t’en prie. Je vais me faire pipi dessus. Je dois y aller. Pitié, plus de chatouilles. Pitié. − Seulement si tu réponds à quelques questions. − Vite pitié. Ça presse. − Alors, est-ce que tu crains là ? demanda-t’il en chatouillant les aisselles. − Hahahahahahahahahahahahahahahahahahahahaha. Stoooooop, ça va sortiiiiiiir. − Réponds. − Ouiiiiiiii. − Oui quoi ? − Oui ça chatouiiiiiiiille. − Dis-le en entier. Je crains les chatouilles sous les bras. − Hahahahahahahahahaha Je peux paaaaaaaas. Hahahahahahahaha. Pitié Xehaaaaaa.
Il n’avait pas cessé de le chatouiller et il sentait clairement que Eraqus serrait les jambes à cause de la pression de sa vessie sur laquelle il s’appuyait en plus. Le voir si désespéré l’excitait encore plus. Il n’irait pas jusqu’à l’humilier, mais il savait Eraqus capable de tenir encore un certain temps. Aussi, il en profita pour continuer de le taquiner.
− Allez, sinon je continue. Plus vite tu répondras, plus vite j’en finirai. − Je crains… Hahahahahahahahaha. Je… Hahahahahahahahahahaha. Je crains les chatouilles sous les bras. − Beaucoup ? − Ouiiiiiiiiiiii Hihihihihihihihihihihihihihi. − En Entier. − Ouiiiii, je crains beaucouuuuuuup les chatouilles sous les braaaaaaas. Hahahahahahahahahahahaha. Ça suffiiiiiiit. − Et là ? demanda cette fois Xehanort en changeant de point. − Hahahahahahhahahahahahahahahahahahahahahahahahahahahahahahahahahaha. C’est troooooooooop.
Eraqus se sentait au bord de la rupture. Xehanort taquinait maintenant ses flancs. Il tortillait le bassin de droite à gauche mais rien n’arrêtait son ami bien décidé à lui faire déguster son gage jusqu’au bout. Il devait rentrer dans son jeu. C’était là sa seule délivrance.
− Est-ce que ça te chatouille beaucoup sur les côtés ? − Ouiiiiii ça me…. Hahahahahahahahahahahahaha. Ce ma cha…. Hahahahahahahahahahahahaha.
Quand bien même, c’était bien difficile avec son ami qui ne l’épargnait pas du tout. Et le bandeau sur ses yeux ne l’aidait pas à gérer la sensation chatouilleuse.
− Ça me chatouille beaucoup sur les côtéééééééééés héhéhéhéhéhéhéhéhé. Ça me chatouiiiiiiille beaucouuuuuuup làààààààààà. Hahahahahahahahahahahaha. Stooooooop maintenannnnnnnt. − Et là ? − Ouiiiiii ça me chatouille beaucoup dans le cou. − Et là ? − OUIIIIIIIIII HAHAHAHAHAHAHAHAHAHA. PAS LE VENTRE. HAHAHAHAHAHAHAHAHA. PAS LE VENTRE. − Ça te chatouille plus ici ?
Il accéléra le mouvement. Eraqus remua davantage et jetait sa tête de gauche à droite. Il n’avait jamais remarqué combien la sensation était plus forte dans cette zone.
− PAS LE VEEEEEEENTRE. − Visiblement, tu crains plus ici. Guili guili guili. Tu as un ventre extrêmement chatouilleux, n’est-ce pas ? − OUIIIIIIIIIIIIIII − En entier. − J’ai un ventre ex… HAHAHAHAHAHAHAHA… Extrememeeeeent chatouilleuuuuux. HAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHA. − Plus en haut ? En bas ? Au milieu ? Sur les côtés ? − PARTOUUUUUUUT. CA CHATOUILLE TROP SUR LE VENTRE. HAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHA. PAS LE VENTRE, PAS LAAAAAAAA HAHAHAHAHAHAHAHAHA. PITIE XEHAAAAAAAAAAA HAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHA. ARRÊTE, ARRÊTE LES CHATOUIIIIILES. C’EST TROP, J’EN PEUX PLUUUUUUS. PIPIIIIIIIIIII HIHIHIHIHIHIHIHIHIHI. − D’accord, tu as bien joué le jeu.
Les chatouilles cessèrent et Xehanort retira le bandeau, défit le nœud de la corde et descendit de son perchoir. Il n’avait pas fini qu’Eraqus se précipitait hors de sa chambre. Il se doutait pour quelle raison. A son retour, il était encore essoufflé.
− Le prochaine fois, ne propose pas de gage, l’avertit Xehanort pour se défendre de l’avoir chatouillé au bord de la rupture. − Oh que si, j’en proposerai un autre la prochaine fois. − Tu n’en as pas eu assez ? − La prochaine fois, c’est moi qui te chatouille. − Bon courage alors. Car pour ma part, je n’hésiterai à torturer encore ton corps sensible. Je n’ai pas encore exploré le bas.
Xehanort se leva et vint le plus naturellement du monde déposer un baiser sur les lèvres de son ami qui venait de se confesser. Ce dernier rougit, visiblement pas encore habitué à ce genre d’échange.
− On se voit au dîner, mon chatouilleux, sourit le métis avant de quitter la pièce.
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santiagotrip · 5 years ago
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Fin du voyage
Lundi 8 juillet - Mardi 9 juillet
Ce matin, je me suis levé tard. 7 heures. A partir de 5 heures du matin, il me presse de reprendre la mochila. Je n’arrive pas encore à me mettre dans la tête que c’est fini.
Aujourd’hui, j’ai commandé le promène-couillons pour Finisterre et Muxia. Finisterre parce que c’est la fin du monde (enfin à l’époque où on croyait que la terre était plate), et Muxia parce que c’est un lieu légendaire du périple de Saint Jacques : La Virgen de la Barca. Je raconterai après.
Bon, je vais pas vous la faire « carnets de voyage », j’en suis bien incapable et vous trouverez ça partout. Le rendez-vous est à 9h30 devant la Cathédrale. J’y suis. Vous ne le croirez jamais : Les premières personnes que je vois, auprès du guide (il est reconnaissable, c’est le type à la casquette jaune !), c’est le couple d’Italiens odieux que j’ai eu à fréquenter au moins trois ou quatre fois sur le trajet (En fait, je n’en ai souffert qu’une fois, les autres fois, je les ai ignorés et tout s’est bien passé). Pendant une fraction de seconde, j ‘ai caressé l’idée de rebrousser chemin. Et puis non, je vais quand même pas changer mon emploi du temps pour deux blaireaux agressifs, tout italiens soient-ils ! En fait, durant tout le périple, nous ne nous adresserons même pas un regard et tout se passera bien. Pour eux comme pour moi.
Il y a une vingtaine de personnes dans le bus. Deux Français (un monsieur et une dame, qui se sont rencontrés sur le chemin, et ont marché un peu ensemble). Lui est un pro du Camino, il l’a fait plusieurs fois, et nous la joue « je connais tout », jusqu’à nous emmener dans le restaurant de Finisterre où il connaît tout le monde, et vous allez voir ce que vous allez voir, comment on sera reçus comme des rois ! En fait, personne ne le connaît, bien évidemment, mais il s’adresse aux gens comme à des vieux potes, il embrasse le patron, parle très fort ... Dire que je suis gêné serait faux. En fait, je ne sais plus où me mettre.
Elle, vient de Nantes. Elle aurait à peu près 65 ans (je demande pas leur âge aux dames, c’est mon éducation qui veut ça). Elle boîte à un point inimaginable. Je ne sais pas si elle a mal comme ça depuis longtemps, mais ça a l’air terrible. Sans que je ne lui demande rien, elle me tient un discours curieux. Elle a fait le chemin, parce que jamais de sa vie, elle n’avait fait quelque chose par elle-même. Elle a toujours obéi à quelqu’un. Ses parents, ses profs, ses chefs, son mari. Elle me dit : « Je n’ai jamais rien décidé moi-même ». Et dès le premier jour du chemin, me dit-elle, elle s’est sentie enfin libre. Je n’ai pas osé lui demander l’effet que ça lui faisait de rentrer, mais elle m’a fait un peu froid dans le dos. Je ne pensais pas que de nos jours, une femme pouvait encore se sentir soumise à ce point.
On est donc allés à Finisterre. C’est vrai que ça fait un peu bout du monde. Quelques photos pour vous faire montrer (c’est absolument pas français, mais j’aime bien).
Un peu avant d’arriver à Finisterre, à Dumbría, il y a une curiosité. Le Rio Mino n’est pas au niveau de la mer. Il s’y jette après une chute d’eau gigantesque. Évidemment, les gens se servent de cette énorme source d’énergie pour faire fonctionner des turbines et fabriquer de l’électricité
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À Dumbría, il y a le plus gros horreo du monde :
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Et voilà donc Finisterre
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Une autre :
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Et encore une. Partout, des petits « totems », où les gens laissent leur marque ou une intention de prière pour un de leurs proches.
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Et si d’aucuns doutaient qu’ on est tout près du Portugal :
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On est remontés dans le bus en direction de Muxia. Il faut quand même que je vous raconte le voyage en bus, ça fait longtemps que je n’ai pas râlé. Juste devant moi, trois Italiens à gauche, deux Italiens à droite. Au début, ça va. mais petit à petit, ils deviennent copains. Et alors, je ne sais pas comment vous dire, plus ils sont copains, et plus il faut que tout le monde le sache. Jusqu’aux hurlements et aux éclats de rire. Mais quand je dis éclats de rire, c’est un euphémisme ! Je ne savais pas que de si petits corps étaient capables d’émettre de tels niveaux sonores. Ca, c’est pour la qualité. Maintenant, la quantité. En une heure de trajet, de Finisterre à Muxia, il n’y a pas eu dix secondes de répit. Evidemment, je ne sais pas de quoi ils ont parlé, mais ils ont parlé. Enfin, si on peut parler de “parler” !
Personne ne râle, dans le bus, alors que moi, j’ai les tympans qui vrillent. Je me dis que je suis peut-être un fâcheux, alors je change de place et m’installe au fond du bus. J’entends toujours les Italiens, mais moins. Le bonheur. Enfin, trois minutes de bonheur. Juste derrière moi, à droite, un Espagnol. Côté fenêtre. Juste derrière moi, à gauche, une Espagnole. Côté fenêtre. Et ils se mettent à parler. Fort d’abord, puis très fort. Puis très très fort. Je me demande s’ils font un concours avec les Italiens. Je suis tenté de dire au monsieur de s’asseoir à côté de la dame, de sorte de ne pas être forcé d’hurler pour faire traverser au son la largeur du bus, mais j’en ai marre de passer pour le casse-pieds de service. Alors je sors mes écouteurs, je me les colle bien profond dans les oreilles et je mets de la musique. Dire Straits, pour les gens qui connaissent. Ca ne suffit pas à couvrir les voix des Espagnols, mais c’est mieux que rien. En plus, c’est joli. Ai-je réussi, de façon subliminale, à vous faire sentir que j’avais vécu un voyage en bus tout simplement infernal ?
Nous arrivons à Muxia. La “Virgen de la Barca’ (la Vierge de la barque). Je vous raconte la légende : L’apôtre Jacques, venu de Palestine pour évangéliser l’Europe, se retrouve, après un périple inouï, à Muxia. Il est crevé et démoralisé. Il s’assied sur un rocher en regardant la mer, et il dit à Dieu “Je n’en peux plus, des mois, des années que je marche et que je parle, j’en vois des vertes et des pas mûres, j’en prends parfois plein la figure, j’en ai, pour tout dire, ras la casquette. Alors soit tu me fais un signe tangible pour m’encourager, soit je te rends mon tablier” (c’est son discours en substance, je ne suis pas sûr des mots exacts). Et là, il voit, sur la mer, s’approchant de lui, la Vierge Marie, debout sur une barque en pierre. Elle lui sourit et lui dit qu’il a bien travaillé, que Dieu est fier de lui et qu’il peut rentrer chez lui, en Palestine, pour vaquer à ses occupations. Et effectivement, à proximité de la mer, il y a une énorme pierre ressemblant à une barque à l’envers, et une très grosse pierre plate en équilibre, qui serait la voile de la barque. On dit que si un homme parvient, à la seule force de ses bras, à la faire pivoter, alors ses péchés lui seront remis. Aujourd’hui, il y a de moins en moins de péchés à remettre, parce que comme c’était dangereux, la pierre a été scellée au sol.
Voilà le décor
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Ça, c’est la barque (à l’envers, évidemment !
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Et ça, c’est la voile
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On se balade un peu, et on reprend le bus vers Santiago. Je ne sais pas si les Italiens sont toujours copains ni si les Espagnols ont fini par se marier, j’ai mis mes écouteurs sur les oreilles, la musique, et je me suis endormi.
Je me réveille à Santiago, où je fais quelques courses, histoire de rapporter des bricoles en France. Je trouve un petit restaurant qui propose un “menu peregrino”, je mange et je rentre à l’hôtel. Au passage, si, sur tout le chemin, on mange très bien pour 10€, voire moins, à Santiago, il est difficile de trouver un menu à moins de 16, voire 20€. Tu penses, ils sont pas fous !
A l’hôtel, comme je vous l’ai peut-être déjà dit, j’ai des soucis avec mon téléphone. J’ai deux câbles pour le charger, l’un qui vient de France et l’autre que j’ai acheté à Burgos (je crois ...), les deux câbles sont morts. Quand, au prix d’efforts terribles, je parviens à voir la petite icône qui indique la charge, il faut que je cesse d’y toucher, et même de la regarder. Pour taper 100 lignes, c’est sportif. En plus, j’en aurai besoin demain, mes billets de bus et d’avion sont dessus ! Tant pis, je ferai ça dans l’avion (J’avais juste oublié que dans l’avion, il n’y a pas d’Internet !), et c’est la raison pour laquelle je suis en train d’écrire depuis mon bureau, à Favières, en compulsant les notes que j’ai prises à l’hôtel pour ne rien oublier.
Mardi matin donc, je quitte l’hôtel vers 8h30. Le bus est à midi, j’ai le temps de me promener et de terminer mes achats. Je prends des photos, je me laisse aller au hasard dans les rues de la ville ... C’est ce qui est bien avec le GPS. On peut se perdre pendant des heures, il retrouve toujours le chemin. J’ai la mochila sur le dos, évidemment. Avec plaisir. Depuis lundi, je marche seul, elle reste à l’hôtel. Mais je me sens mieux avec elle. Comme une présence rassurante. Comme une partie de moi.
Me voilà au terminal des bus. Je ne sais plus si je vous l’ai dit, pour des raisons financières et pratiques, l’astuce, plutôt que de prendre l’avion à Santiago, consiste à descendre en bus jusqu’à Porto, où on prend un avion Ryanair pour Beauvais. C’est moins de moitié moins cher.
Dans le bus, rebelote ! Mais cette fois, avec une Américaine qui raconte sa vie avec une voix insupportable, à un niveau moyen de 95 décibels. Là, je vais la voir, et avec un sourire, je lui demande de bien vouloir baisser le niveau sonore. Elle me regarde avec des yeux de merlan frit, mais obtempère. Quand je retourne à ma place, plusieurs personnes me font signe qu’ils partagent mon agacement et me remercient. Sauf que l’Américaine monte le son petit à petit au point qu’un quart d’heure plus tard, c’est comme si je n’avais rien demandé. Je jette un regard autour de moi, plusieurs personnes me regardent d’un oeil mouillé pour que j’y retourne. Zut, à la fin ! Je ne suis pas le ronchon de service ! Alors je regarde un monsieur à côté de moi, et je lui dis que lui aussi, il peut intervenir. Elle va quand même pas le manger, l’Américaine ! Et je le dis en français, en anglais et en espagnol, suffisamment fort pour que tous mes voisins l’entendent. Hé bien croyez-moi si vous voulez, personne ne s’est levé ! Ils ont tous baissé le nez et l’Américaine a terminé le voyage au bord de l’extinction de voix. Moi, je m’en moque, j’avais mes écouteurs et Dire Straits.
Un autre truc amusant, sur ce voyage en bus. Au milieu du chemin, le bus s’arrête pour prendre des passagers. Je suis à la place n°2. la place n°1, à côté de moi, côté fenêtre, est libre. Les gens derrière moi, aux places 5 et 6 dorment profondément. Un type monte. Il a la place n°5. Je lui fais signe qu’il peut laisser les gens dormir et qu’il vienne s’asseoir à la place n°1, puisque c’est exactement la même que celle qu’il aurait dû occuper, à cinquante centimètres près. Et là, il se fâche. Il me montre que sur son billet, c’est marqué “place n°5″ et que c’est quand même un comble que quelqu’un se permettre de s’installer à la place n°5 alors que c’est la sienne ! Il a donc secoué la jeune fille (car c’était une jeune fille) qui dormait à la place n°5 pour la réveiller afin qu’elle se rende bien compte de l’incivilité qu’elle venait de commettre. Donc, tout le monde se lève, le type prend la place n°5, dans une posture victorieuse, son voisin (qu’il a évidemment réveillé aussi) se rassied, et la jeune fille vient s’asseoir à côté de moi, à la place n°1, après, évidemment, que je me sois levé aussi pour la laisser passer.
Mais bon, il a raison, le type ! Si on laisse faire des choses pareilles, petit à petit, on se fait déborder et tout fout le camp ! En plus, je suis désolé, mais j’ai vu de mes yeux que sur son billet, c’est bien la place n°5 qui lui était affectée !
On arrive à l’aéroport de Porto. C’est rigolo, l’avion ! Il y a deux heures de vol, mais on poireaute quatre heures dans l’aéroport, plus une heure à l’arrivée pour récupérer la mochila. Sinon, ben c’est rapide !
Vers 22 heures, j’arrive à Beauvais, où Agnès m’attend. Evidemment, je suis heureux, évidemment je suis content de la retrouver, évidemment j’ai hâte d’être à la maison. 
Mais je me force. Comme je le disais, un grand vide. Je pense aux autres, à Valentino, Gauthier, Kaska, Pier, Eric, la mochila sur le dos, qui cheminent. Et moi, j’ai fini. Un grand coup de blues. La seule chose qui me console, c’est que je sais que ça ne va pas durer. Mais à cet instant précis, et tout le temps du trajet, je me sens mal. L’idée générale, c’est “qu’est-ce que je vais faire, maintenant ?”. C’était tellement fort, tellement délirant, tellement inhabituel, tellement impossible que je me demande ce qui pourrait bien, maintenant, me faire vibrer à ce point.
On verra bien. Je ne suis pas à court de ressources !
Voilà, c’est la fin du voyage. Je suis désolé de finir sur une note un peu tristounette, mais je vais quand même pas vous mentir. C’était magnifique, merveilleux, indescriptible. Moi qui déteste autant la marche, que le sport, que le tourisme, j’ai vécu trois mois d’une intensité rare.
C’est que le chemin, ce n’est ni de la marche, ni du sport, ni du tourisme. C’est unique. Il y a incontestablement quelque chose de surréel dans le Camino. Quelque chose d’inoubliable. Quelque chose qui vous change un bonhomme.
Est-ce que quelque chose a changé pour moi ? Je ne sais pas. Aujourd’hui, je suis encore sonné. Je n’arrive pas à me dire que c’est fini. Demain, debout à 5 heures, la mochila est prête, je sangle mes chaussures, je n’oublie pas mes bâtons, mon bob sur la tête. On y va.
D’ici quelques semaines, j’aimerais écrire un billet. Juste pour dire ce qui reste quand on a tout oublié.
Et puis je voudrais dire mon immense gratitude à tous ceux qui m’ont suivi, soutenu, encouragé ... Tous ceux aussi qui, par leurs mails, leurs SMS, leurs coups de fil, m’ont rappelé que ce n’est pas que pour moi que je suis parti, mais pour eux aussi.
Et que d’une certaine façon, eux aussi, ont fait le Camino.
Et moi, vidant mon sac à dos de toutes les belles personnes qui y avaient pris place, j’ai déposé un petit morceau de chacune d’elles sur la Praza do Obradoiro, le parvis de la Cathédrale. Il ne tient qu’à vous de venir vérifier que le vôtre est toujours là.
Buen Camino.
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bipolaireenivresse-blog · 6 years ago
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Alerte Attentat
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Mercredi 12 décembre 2018. Xmas day 4 Me.
@Marie L.: « Tu sais, ma famille, mes amis même, m’ont renvoyé à ma folie depuis que je tiens ce blog; comme si: « tu es maladedonc ce que tu écris relève forcément du délire. » Je les vomis tous. Mais Pas Toi. Merci Marie. »
@ffishbach: Jamais je n’aurais cru que l’émotion serait si forte. Je suis entré au Silence de la Rue, le disquaire qui était comme ma boulangerie lorsque je vivais rue de Charonne, juste en face d’un des Lieux des Attentats du 13 novembre 2015, ceux que tu prétends, sans doute à raison, avoir pré-connu dans la première version bladerunnerienne de « Mortel ». Il restait un exemplaire vinyle de ton @lbum. Je riais comme un con dans le disquaire, je suis sorti les larmes aux yeux (me rappelant que dans les Glaciers de l’Arctique de ma course–auto au milieu de Tirs au Hasard, à chercher Manu Reva au fond de mes trous noirs de bipolaire en chute libre, j’en avais détruits, fracassés trois exemplaires…), me raccrochant au rire en réalisant que: « Mais… C’est Noël! J’ai trouvé Flo-Flo, mais oui… Tu es la Mer Noël. » Plus d’attentat, plus de déluge; je ne t’ai pas par hasard désigné comme ma déesse, toi qui détiens peut-être sans le savoir l’é-ternité. Et puis, là, maintenant, je suis dans un cyber-café à Voltaire, juste à côté du domicile d’un ancien ami, un fils de bourges qui est tellement lâche et fourbe qu’il n’a jamais réussi à sortir de son petit périmètre doré; une fois, il est venu me rendre visite en banlieue; le pauvre a fait une crise d’angoisse à Gare de Lyon parce qu’il était dans un train avec des « Noirs » et des « Arabes ». Il vote à gauche, Mélenchon, un comble pour une ruine comme lui (le plus drôle c’est qu’on le sur-nomme, de fait, « La Ruine »). Tu t’en rappelles peut-être, au 106 à Rouen, après votre prodigieux concert, c’était le petit gras barbu (mais; suis-je bête, tu étais toute bourrée, je suis pas sûr que tu te rappelles de tout le monde ce soir-là). Bref, j’ai eu des problèmes de thunes invraisemblables depuis le mois d’octobre. Un jour, j’étais en bas de chez La Ruine, je lui avais envoyé un mail d’excuses, je lui proposais qu’on se retrouve en face–2–face pour faire la paix et discuter. Je l’ai hélé, appelé sur son 06, il n’a même pas eu les couilles de répondre, me laissant atterrir sur son répondeur. Du coup, j’ai raté mon train de banlieue, ai passé la nuit dans Paris à zoner et mendier clopes et centimes de ci–de là. A l’aube, je suis tombé sur un réfugié politique colombien, pendant une demi-heure on était les meilleurs amis et les rois du monde, à sauter comme des faons les tourniquets du métros, à se lancer des défis comme « tu t’occupes de cette zone-là, moi de celle-ci, rendez-vous dans 15 minutes pour voir qui a le mieux jouer au Robin (et Batman) des Bois. » LOL; pas LOL?
Je suis sur le point de revoir encore une fois sur YouTube la vidéo du concert au Bataclan. Je l’ai raté ce concert que j’attendais tant car, et je me suis rappelé de ça seulement hier, j’ai plongé dans une dépression marasmique qui a duré un an ou presque, d’août 2017 à juillet 2018, à cause d’injections retard de Risperdal, un antipsychotique puissant dont les effets secondaires possibles sont la dépression et les tentatives dojonnesques de suicide, que l’on a commencé à me faire sans consentement à la fin du mois de juillet 2017. Mon père et mon frère, ces cons, m’avaient fait interner pour une petite crise de folie d’amour — je dansais dans le jardin en écoutant pour la 1,000,000-ième fois « Mortel »; mais je ne leur en veux plus ou que peu car je sais que, comme moi faibles et sensibles, ils se sont fait baiser à un moment ou un autre de leur existence laborieuse. Tu sais, je t’ai haï Fishbach, lorsque par moments j’en pouvais plus de me rappeler t’entendre dire « je suis la Mort » ou « on en parle à table. » Putain, tu sais ce que c’est que de perdre sa mère d’un cancer à 18 ans? De tomber tellement bas en dépression qu’à chaque seconde tu te mets à espérer que la Mort t’emporte de cet enfer sur terre? Ah! Voilà, ça y est, je te déteste à nouveau… Ah: non, c’est passé. « J’t’aimerai quand même ». Bon, parlons choses sérieuses: (1) ta reprise de « Pas Toi » de Goldman. 4/20. Pardon… Je rigole. (2) Sur la vidéo YouTube de votre concert éblouissant au Bataclan, celui que j’ai raté parce que j’étais à me traîner dans une tourbière cérébrale indicible dans une clinique psychiatrique où même les cigarettes n’avaient plus aucune saveur — sur cette vidéo, à 57:10′, juste après ton annonce de l’occurrence de « Mortel », juste après ses longs sanglots retenus à grand peine au fond de ta gorge, il y a un zoom étrange dans la foule: deux mecs d’environ un mètre quatre-vingt-dix. Celui de gauche a la même couleur et la même coupe de cheveux; le 4 mai 2017 à La Cigale je portais exactement la même veste et j’étais positionné exactement au même endroit. Quelle interprétation en auras-tu? Me cherchait-on?…
Eh La Ruine! Pas de bol. T’as laissé passer Ta Chance (« c’est… » @J.-J.G.). T’as vu la honte que j’te fous? Tu vas rentrer ce soir, t’auras un paquet de prospectus sous ta porte; j’en aurai laissé à toute ta rue. Courage. « Francis fuckin’ Ford Coppola, eh? » T’as l’air tellement con d’un coup. Et les Autres, les Phoques, restez dans votre boboïsme dégueulasse. Je préfère la bourgeoisie de droite, noble et élégante, celle qui s’assume et est souvent bien plus charitable; et surtout ceux que vous ne côtoyez jamais depuis vos terrasses gentrifiées chauffées (@Julie Football-Club! Ah! Ah! Ah!) à gerber: la France du Mélange, celle des banlieues. Fuck You All. Bienvenue dans la Casa de Lucifer. Pâtes Lustucru façon Mylène Farmer à la Sauce Balavoine dans vos p’tites gueules. Sauf Alexis qui lui a compris à quel point je nageais dans ma Carte Problématique Synaptique.
« Cela fait un an que j’ai enregistré cet album. (…) Vous êtes un Autre Que Moi. » Ouf, les larmes sèchent déjà. Joyeux Noël Flo-Flo, Mi-Mi, Nico et Alex. Mille et un an cœurs depuis ma petite tête de Bipolaire en Ivresse.
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parischagrin-blog · 7 years ago
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Waldo
j’ai rêvé d’un bateau sur lequel j’ai embarqué il y a un siècle je récurais la proue, les cabines et les chiottes avec mes dents je jetais des cadavres à la mer j’étais embarqué pour nourrir les reptiles de canal les porcs de viande fraiche tant de navires et de voyages durant dix ans du détail de la haine et du manque
 C’était le 7ème voyage en cette compagnie un mélange impossible de russes et de hollandais
Les mêmes criminels et moi au milieu Tout tremblait et suintait de vacarme comme jamais et nous essayions de renier la catastrophe à venir en tapant le carton jusqu’à ce que j’insulte une petite merde de matelot et lui jette mon mégot au visage dans un rire gras pour le seul bonheur de me faire poignarder
 je chéris mes souvenirs de brume de rotterdam je t’ai envoyé des lettres un poème épique de ma cabine sordide jusqu’au ponton sordide sous la tempête. quand la tempête a éclaté cette tempête a perdu des hommes cette tempête a perdu ma tête cette tempête a tué sans verser le sang cette tempête
Des sombres merdes, des hommes que j’ai du frapper en pleine face qui débordaient de stupre et de connerie, bonhommes mort-nés finis à la pisse que j’ai vus avalés d’une bourrasque de vent et d’un cri pour mon plus grand bonheur, une grosse éjaculation de tempête magnifique, purification d’imbéciles, débarras aqueux d’idiots. j’ai dû mordre les mains sales de ceux qui s’accrochaient à moi les yeux ahuris mataient de tous les côtés
attaqués par des démons, regards de tarés, si seulement, mais moi seul démon aujourd’hui je suis libre ils sont morts et après leur mort après ce déferlement de puissance, de sang et de foutre l’épais ciel bouillant qui happait du corps s’est précipité en rafale sur mon visage illuminé -pluie lourde et violente qui cinglait mon visage à en perdre des lambeaux de peau et un œil soudain le soleil -et sous le soleil exactement l’exaltation s’est enfuie .
 retrouvé seul à bord. lumière plombante allongé bourré sur une tôle brûlante seul à en crever. plein de sarcasme jusqu’à sa dernière escale la plus sauvage qu’il puisse atteindre avant de cracher sa bile du haut d’une falaise de crânes
  descendu du bateau à la dérive à moitié mort écrasé sur une plage de pétrole les mains dans les poches vides de sens déambulation. mes dents claquent alors que j’avance j’ai l’air confiant confiant le pied perdu qui retrouve ses marques sur une terre abandonnée. nocturne ; une sirène qui m’alarme sur le départ et des rues, des villes, des maisons, des milliers de maisons lumineuses. maisons laides de gras, je tuerais plusieurs fois pour ne pas être affalé sur un fauteuil au chaud devant un feu après les bâfreries d’usage pour fêter mon retour et écouter questions et connerie, un chat obèse sur les genoux, des pantoufles et la totale, peut-être même un cadeau, un bouquin ou autre chose que je pourrai jeter dans la cheminée quand tu seras partie te coucher
plutôt ma rue vide et mes poches
 faut sauver les mains gelables sous un manteau troué et fin comme une serpillère, aussi propre qu’une serpillère ma barbe en hiver je longe une voie ferrée. je viens de remarquer, depuis combien de temps. mis longtemps avant de décider qu’il ne fallait pas dormir. maintenant avance
 l’invitation est venue inattendue délicate et j’ai retrouvé la terre de tous les défauts
 alors me voilà me voilà encore
 Massalia
Massalia perdue dans le temps poussiéreuse poisseuse excitée et excitante effusion d’hormones sent le corps à profusion en surchauffe trop à dire sur l’horrible cité
j’y ai trouvé une chambre vide et blanche gorgée de soleil qui sort de l’unique fenêtre à moitié brisée et quand je l’ouvre je vois la mer de crasse c’est de l’or en échange du service que je peux rendre ; nettoyer. laver les crevants, laver les couloirs, laver les chambres laver le sol, laver le sale, le sale qui m’aime bien
mais je sais ; la terre ferme et l’odeur d’ici me donnent envie de vomir et ça aussi je dois le nettoyer je sors marche jusqu’au port je longe à gauche un quart d’heure et je trouve des bateaux
            j’embarque bientôt question de santé mentale
  le soleil est magnifique. j’attends encore le déclic et dans ma lettre je te vois, ton petit nez et tes cheveux, enfouis dans les poils de mon torse
 je vous en prie que l’on m’enferme encore dans une chambre trop petite sans rien, sans envie et sans visite, sans désir. sans rien. plus de dégoût, parti, disparu après un autre mal de crâne parce que rien, strictement rien ni personne, rien à haïr rien à blesser, seul
 seul
encore
 seul
 ça s’élève et se décale lentement sans odeur vaporeux une couleur vibrante vague deux yeux rivés au sol durs ça s’élève et se décale se décale doucement puis s’envole
comme un moineau
 Massalia encore et Massalia toujours et ta lumière seule est l’unique je n’ai pas pu, encore, me résigner pu partir, te quitter je suis à l’hopital toujours du mauvais côté Massalia celui qui me libère de sept heures du matin à huit heures du soir
...et c’est le printemps... je vis la nuit et ne peux dormir le jour rater une minute de la douce chaleur de tes rayons monte et descends obsessionnellement rues et allées de chez moi, du court jus au vieux port, au panier aux miroirs du ciel trop hauts pour bien m’observer le souffle court continue c’est le printemps et le besoin d’océan n’est plus si fort et si le salut n’était qu’un peu de mer salée le long de mes bras ...c’est le printemps encore...
 l’autre jour de ma vie, c’est la nuit le silence hospitalier règne / les fous ont été drogués mais parfois des cris pour me faire écouter les plus féroces qui peuvent encore gueuler après leur dose me culpabilisent avec leur rage avec leurs tripes avec leur irrationnelle délirante et interdite souffrance il ne faut pas les entendre il ne faut pas les écouter la capitonnade pour que l’humanité pure dorme tranquille et que ses filles ne soient violées que par des hommes libres je ne serai donc qu’un bourreau dans ce monde murmures aux chambres se répandent dans les couloirs voix sans tonalités distinctes jusque ma loge rampantes et attachées dures aux sols de ces linos gras rampantes jusqu’au premier cœur qu’elles peuvent surprendre toutes se mêlent et confondent celui qui n’entend que les cris mince barrière entre celui qui méritant sa camisole git au fond de mes yeux et celui qui fuit à l’aube j’ai connu deux morts ici sommier renversé, draps noués et overdose
7h je sais maintenant en sortant au hasard en hurlant bavant jusqu’aux bateaux en course crispant et gueulant je sais devant les ferrailles et improbables hommes musclés stagnant dans les hôtels de ton port la différence l’homme qui se noie et l’homme sans poumons maintenant je fixe la flotte ici comme je l’ai fixée des nuits entières à Paris 16 avec en tête la permanente, incessante et insolvable question quand est-ce que tu sautes
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cequilaimait · 7 years ago
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CdV7 – 3. La légende du dix-huitième
Sous le treizième Aaron… Le Néko impuissant.
Un peu secoué, Ukas mit un temps certain avant de reprendre ses esprits et de retrouver la force d’ouvrir ses paupières. Il avait l’impression étrange de n’avoir dormi que quelques minutes, mais qu’un temps infini s’était passé. Quand enfin il fut assez éveillé pour se redresser sur ses pattes, il observa les lieux. La roche de Ris avait laissé place à une jungle luxuriante. Levant le museau, il aperçut une énorme boule blanche et bleue, couverte de glace. Une planète, sans aucun doute, qui illuminait le ciel d’une teinte claire. Une autre perle, plus lointaine, brillait d’une lueur dorée. Une étoile, ou plutôt dans le cas présent, un soleil.
Devant lui, une forêt. Plus loin, un plateau qui surplombait un lac calme dans lequel barbotaient quelques espèces paisibles. Mais de Kémi, il n’y avait point. Ukas ignorait tout de l’endroit où il se trouvait. Comment aurait-il pu imaginer un seul instant qu’un simple clignement d’œil l’avait projeté trois générations en avant sur une petite lune du système Solgade, nommée Baldr ?
Son esprit encore troublé, le bel animal se mit à la recherche d’un point d’eau pour se désaltérer, puis guetta la moindre espèce intelligente à qui quémander douceur et à manger. Mais tout ce qu’il trouva sur son chemin furent des milices Ashtars, qu’il évita du mieux qu’il le put en se cachant dans des fourrés. À force de courir, il tomba sur un vaisseau à sec de carburant, gardé par un immense et majestueux Galos. Intimidé, Ukas ne s’en approcha pas, préférant se réfugier dans la forêt la plus proche. Rien ne pouvait lui dire si la créature était un allié ou un ennemi. La prudence encourageait la fuite. L’impuissance, elle, était simplement cruelle.
Quand il les vit au loin, du haut d’une colline, Ukas sourit de joie. Un brun et un blond qui s’amusaient à se disputer ? Il reconnaissait bien là un Aar’on et son Kili’an. Sans même chercher à comprendre ce que ces deux êtres faisaient ici, le Néko se jeta dans leur direction. Trop tard. Avant qu’il n’arrive à leur portée, l’un et l’autre s’étaient effondrés dans une mare de sang, poignardés par une jeune femme aux yeux lourds et gorgés de larmes. Voyant le petit chat effrayé et paralysé, elle lui sourit tendrement. Elle lui en rappelait un autre, observé quelques générations plus tôt, sur la dure Ris, l’espace de quelques secondes. Puis elle retourna son arme contre elle-même, mettant ainsi fin à une trop longue histoire.
Effondré, sans bien trop comprendre pourquoi, Ukas pleura au-dessus des tristes cadavres toutes les larmes que ses pauvres yeux bleus pouvaient produire. Une fois encore, il était seul. Une seule envie traversa son esprit de félidé : accompagner dans la mort ceux qu’il n’avait pu sauver. Déterminé à se laisser mourir, il se retrouva happé par une voix douce, contre sa volonté.
– Tiens donc… Mais quelle étrange petit chaton… Viens par-là, toi !
Elle était belle, la femme qui avait prononcé ces mots. Elle avait des cheveux roses. Elle n’était pas humaine. Son existence même défiait la norme des possibles, comme si elle avait été conçue de toutes pièces sans qu’on ne sache pourquoi. Son odeur était semblable à celle d’un Aar’on. Son Regard semblait aussi profond. Son rire, lui, était bien plus fou. Son sourire, perturbant et hypnotique. Elle était belle. Habillée de rien d’autre que du vent, elle attrapa délicatement le Néko dans ses bras, puis passa dans sa fourrure ses doigts aux ongles longs et pointus. Ukas ronronna, autant de désir que d’effroi. Il n’avait jamais connu cela.
Le museau blotti contre la poitrine ferme et douce de l’inconnue, il ferma les yeux, puis s’assoupit. Elle, continuant à le caresser, elle ne fit qu’humer le petit animal et rigoler avant de lui chuchoter quelques mots amusés.
– Je m’appelle Joseph’ine. Je suis une Calyp’so. La Calyp’so. Avec moi, tu te sentiras moins seul, Ukas…
Extrait du roman « L’étrange errance du chaton au pelage pâle », de G.E.B
*****
Frigg n’était pas forcément la planète la plus agréable pour passer ses vacances. Alors pour être enferm�� dans un cachot, cela n’était même pas imaginable. Au moins, les cellules de la station orbitale Thot avaient la télé et l’eau courante, elles. Alors que d’eau courante, sur Frigg, il n’y en avait point. Tout était gelé. Les murs, le sol, les robinets – qui du coup ne servaient à rien –, même le souffle qui s’échappait de la gorge des espèces vivantes cristallisait et s’éparpillait par terre dès qu’il entrait en contact avec l’air. À regarder, cela était particulièrement amusant les cinq premières minutes. Ensuite, les lèvres étaient trop gercées pour ne serait-ce que survivre une de plus sans devenir fou.
Etonnamment, il était difficile d’y mourir de froid, notamment grâce à l’effet combiné de la sphère focale que possédaient chaque Âminaux et Âminêtres, et de la qualité des ©Végéscratchs nouvelle génération. Cela permettait de suffisamment se réchauffer les entrailles et les doigts de pieds pour survivre indéfiniment, à condition d’accepter la torture qu’était la morsure glaciale de chaque courant d’air. Une torture qui semblait plutôt amuser la poupée Kili’an. Fidèle à son original, elle gambadait joyeusement à poil dans les six mètres carrés alloués aux prisonniers en faisant des glissades sur le ventre sur le sol gelé, tout cela pendant que Gabri’el sermonnait l’Aar’on en titre pour ses très mauvaises capacités de gestion et son héroïsme assez indigne du surnom qu’il voulait se voir attribuer. Car jusqu’à présent, le « Guerrier » ne s’était pas du tout illustré par ses capacités au combat. La preuve, ils étaient enfermés à cinquante dans une cellule minuscule, Chérubs compris. Heureusement que ces derniers, empilés dans un coin, ne prenaient pas trop de place, ce qui permettait à Stin et à Kémi de se dégourdir les pattes et de s’amuser à surfer en se tenant en poirier sur le dos de la peluche Kili’an. Bien que ridicule, la scène avait au moins le bon côté d’attendrir le dix-huitième et d’occuper son esprit en attendant la fin des remontrances de l’artiste éternel. Ni sénile, si encore congelé, ce dernier s’énerva de plus belle devant ce manque d’attention, déclenchant immédiatement une justification brune :
– Mais attends, c’est pas du tout c’que tu crois ! Là,, j’suis en train de réfléchir à un plan super élaboré pour qu’on s’échappe. Ça va, j’suis un Aar’on, niveau stratégie, je suis censé gérer… Fais-moi un peu confiance !
Ce qui ressemblait fort à un énorme mensonge n’en était pas réellement un. Le dix-huitième avait beau donner l’impression de ne s’intéresser qu’à sa personne, il avait avec attention écouté certaines leçons du châtain, et observer ses Nékos s’amuser avait fini par faire éclore en son esprit une trouvaille audacieuse. À tel point qu’il ne put s’empêcher de sourire de satisfaction en attrapant Stin dans ses bras et en le caressant très fort.
– Attends, attends ! – s’écria Gabri’el en comprenant quelle idée foireuse s’était emparée du brun au moment où ce dernier avait commencé à approcher ses lèvres du museau du petit chat. Manipuler ces trucs-là, c’est comme mélanger plein de produits chimiques dans un tube à essai, c’est super dangereux, ça pourrait détruire Fri…
Boom.
Peut-être parce que cet Aar’on là était un peu blond sur les bords, l’explosion fut moins puissante que ce que Gabri’el avait craint. Mais tout de même suffisamment pour détruire la prison et cramer les poils des fesses des Chérubs qui n’avaient pas eu le temps de se cacher sous une paillasse. Enfin, le baiser échanger entre le brun et son chaton bleu eut tout de même son lot d’effets secondaires amusants. Le premier fut l’état dans lequel se retrouva Stin. Complétement pris au dépourvu, il avait laissé son pouvoir jaillir hors son corps d’un coup, ce qui eut pour conséquence de lui rendre une forme humaine et de le laisser, les yeux vitreux, complétement K.O en tenu d’Adam allongé sur le dos sur le sol. Enfin, si sa nudité fut causée par sa transformation, ce ne fut pas le cas de celle de l’Aar’on et de Gabri’el, puisant elle son origine dans la chaleur de l’explosion. De par son souffle et ses quelques flammes, elle avait naturellement consumé les ©Végéscratch noire et violette des deux Humains. Un accident qui ne posa pas trop de problème au brun – il avait du sang blond qui coulait dans ses veines, du coup, il s’en fichait un peu de la pudeur – mais qui provoqua la colère du châtain. Gabri’el beugla en effet comme jamais en tachant tant bien que mal de planquer son nombril d’une main et son entrecuisse de l’autre :
– MAIS PUTAIN C’EST PAS POSSIBLE ÇA ! IL N’ÉCOUTE JAMAIS RIEN, LUI ? IMBÉCILE ! En plus, t’as tout cassé Stin ! Regarde-le, le pauvre, il est complétement HS maintenant. Ça faisait depuis le quinzième qu’il n’avait pas repris forme humaine ! Le Nutella ou les bisous, c’est mortel, ça lui fait toujours cet effet. Nan mais qu’elle idée de merde t’as eu ! T’imagines s’il n’avait pas été capable de se contenir ? On aurait été tous mort, et puis…
Blablabla… Ah ça, si Gabri’el était doué en déco et sympa quand il faisait le con, qu’est-ce qu’il pouvait être chiant et moralisateur dès qu’il se montrait sérieux ! S’en était soulant. Dans des moments comme ceux-là, l’Aar’on n’avait qu’une seule envie : serrer fort contre lui sa peluche Kili’an. Du coup, il la chercha du regard et, ne la trouvant pas, se mit à paniquer nerveusement.
– Quoi ? Y a quoi, là ? – s’énerva Gabri’el entre deux reproches.
– MON KILI’AN EN PELUUUUCHE ! Snif ! – pleurnicha le dix-huitième. Il est tout cassé et brulé ! Il bouge pluuuuus ! L’explosion l’a complétement soufflé ! Pire que du fromage !
– Nan mais c’est rien, ça ! – grogna son interlocuteur après s’être saucissonné le corps de Chérubs pour cacher son anatomie. Mon RP « Âme » me permet de créer ce que je veux comme je veux ! J’t’en ferais une autre, alors arrête de chialer s’il te plait, et pose TOUT DE SUITE Kémi ! Tu me fais peur, là. Vrai… ment… a…rr…ê…t…e…-t…oi…
Une des règles fondamentales de Vojolakta était la suivante : l’Aar’on est au sommet de tout et n’obéit à rien ni à personne. Pour le dix-huitième, cette loi était bien plus importante que celle qui lui imposait d’écouter ses meilleurs conseillers pour ne pas faire trop de conneries, ou celle qui lui commandait de se brosser les dents trois fois par jour – il était un vilain garçon, il ne le faisait que deux. Du coup, et parce qu’il ne fallait pas déconner, il avait immédiatement pensé à un plan pour sauver sa peluche. Là où le félin bleu pouvait manipuler l’espace, son équivalent aux douces plumes noires était capable de manier le temps. C’était, en tout cas, ce qu’il avait retenu de la dernière leçon. Ni une, ni deux, il s’était emparé du Néko et lui avait picoré le bout du museau, dans l’espoir de revenir cinq minutes dans le passé avant qu’il n’embrasse Stin. Malin, mais foireux. Là encore, sa mèche blonde causa des interférences dans sa force brune, et le plan partit en vrille. Au lieu de voir le temps plonger en arrière, ce dernier se retrouva tout bêtement à s’écouler au ralenti. Les Chérubs et Gabri’el avaient vu tous leurs mouvements presque figés, ce qui était certes rigolo – surtout pour le visage rouge et furieux de l’artiste tout à fait conscient de ce qui lui arrivait – mais du coup très peu utile. Naturellement, Kémi s’était de son côté retrouvé tout comme Stin allongé sur le sol dans sa forme humaine, en train de comater joyeusement nu comme un ver à cause de l’émotion bien trop grande pour sa condition de chaton. Il ne fallait pas oublier qu’il était né fragile, et qu’un bisou comme ça sans prévenir, cela secouait toujours beaucoup le bide.
Finalement, seul le dix-huitième n’avait pas été touché par le pouvoir de Kémi et pouvait se mouvoir naturellement dans un monde quasi immobile. Si au début, cela l’amusa plutôt – surtout qu’il pouvait dessiner comme il le voulait des motifs grotesques sur le visage de Gabri’el –, il finit rapidement par trouver le temps long, d’autant plus que sa poupée était définitivement inutilisable. Commençant à déprimer, il prit conscience de par sa nudité qu’il possédait lui aussi un drôle de jouet sous le ventre, et décida de s’amuser avec. Vu que l’artiste moralisateur était immobilisé, il n’avait pas à craindre la moindre remontrance. Et puis, il était l’Aar’on, il faisait ce qu’il voulait. Il était parfaitement injuste que l’être qui se tenait au sommet de la Fédération n’ait pas le droit naturel partagé par tous de passer un bon moment en tête à tête avec lui-même. C’était certes désobéir aux mises en garde de Gabri’el, mais il était malheureux et en avait envie, donc du coup…
Arriva ainsi ce qui devait arriver. À la fois brun et blond, clé et serrure ainsi qu’amant et aimé, le dix-huitième connut la plus étrange et improbable Résonnance de l’histoire, à lui tout seul. L’ouverture de Nigatruo eut pour effet de libérer sur Frigg des gaz à effet de serre, comme si le Vortico gigantesque venait de lâcher une caisse. Effet immédiat : tous les glaciers de la planète gelée fondirent d’un seul coup, emportant avec eux les Frécheurs, complétement liquéfiées, et transformant Frigg en véritable boule de flotte. Dégoutés par tout ce liquide qu’ils détestaient, les Ashtars sonnèrent la retraite et abandonnèrent officiellement et à effet immédiat le système Solgad, qui passa de fait sous pavillon Fédéré. L’Humanité et les Âminêtres venait de gagner une des plus importantes batailles de toute l’histoire de Vojolakta, et ce par les actes héroïques d’un seul. La légende du dix-huitième Aar’on, « le Guerrier », était née. Chose que commenta avec une certaine aigreur Gabri’el au moment de fouler à nouveau le sol de Baldr, les yeux rivés sur la pauvre Frigg :
– Oui, bon, ok, j’admets que niveau de la performance artistique, t’a géré, je n’aurais pas fait mieux. Enfin, il faudra quand même plusieurs générations à Frigg avant de reprendre son apparence normale. J’admets aussi que tout faire fondre était plutôt malin, l’eau a réveillé Kémi ce qui nous a libéré du charme et nous a permis de nous enfuir à temps avant d’être englouti. Mais je persiste et signe, tu as pris des risques complétement insensés ! Je n’arrive même pas à croire qu’on ait survécu ! Et en plus, maintenant que Stin et Kémi ont retrouvé une forme humaine, ils n’arrêtent pas de se faire des câlins et de jouer ensemble ! Tu me diras, c’était déjà le cas avant, sauf que maintenant, non seulement ils miaulent, mais en plus ILS PARLENT ! Et je ne sais pas si on va arriver à les faire taire !
– Miaou oui ! – confirma Stin en sautillant entre les herbes folles. C’est trop cool d’être un garçon !
– Tout à fait, Nya ~ ! – ajouta Kémi en se jetant sur Stin pour le chatouiller, faisant tomber les deux adolescents par terre. On joue ? Allez, je connais un super jeu, ça s’appelle « chat » et il y en a un qui fait le chat et qui doit attraper les autres. Hop ! Attrapé Stin, c’est toi le chat !
– Oui, bon… – soupira l’Aar’on en luttant dans son for intérieur contre l’attendrissement total qu’il ressentait devant cette scène en tous points magiques à ses yeux. On s’amusera plus tard. Là, notre priorité, c’est de retrouver Ukas !
– Non. – le coupe Gabri’el. Le plus important, c’est de TROUVER DES FRINGUES ! Quand je suis sous ma forme Chérub, je m’en fous, j’ai de la fourrure, mais là, j’me les gèles ! Et puis on ne peut pas laisser Stin et Kémi se balader comme ça ! C’est beaucoup trop mignon, on risquerait de se faire attaquer par des gens mal intentionnés qui voudraient nous les piquer. Et toi, t’es censé être l’Aar’on, alors… mon dieu, c’est la première fois que je dis ça à quelqu’un d’autre qu’un Kili’an, mais… METS UN ©VÉGÉSLIP !
Tout d’abord opposé et grognon face à cette idée, le brun finit par se laisser convaincre. Pour sa légende. Il n’était pas correct qu’il ne soit pas présentable au moment de réunir enfin la sainte triade miaouesque. Sur les peintures et les photos, cela aurait fait mauvais genre. Heureusement, en partant à la suite de la fin précipitée de leur festival pour cause de débâcle militaire, les Ashtars avaient laissé derrière eux de nombreux cadavres, ceux censés être utilisés pour les démonstration culinaires. Et certains étaient encore habillés. Stin se retrouva ainsi vêtu d’un ©Végétshirt bleu aux manches trop longues pour lui – forcément adorable –, Kémi d’un petit haut moulant et d’une ©Végéjupe rose – l’Aar’on trouvait que cela lui allait mieux qu’un moche ©Végépentalon gris –, Gabr’iel craqua pour une ©Végésalopette mauve et le brun, enfin, pour un ©Végéstring vert.
– Tu te fous de ma gueule ? – demanda le châtain.
– MEH ! Il est beau ! Il met mes fesses en valeur ! C’est ma mèche qui… Ouais, bon, ok, t’as raison, c’est pourri pour la légende. Je prends le ©Végépenalon gris du coup…
Afin, après toutes ces péripéties imprévues, l’équipe la plus héroïque de toute l’histoire de Vojolakta arriva à son objectif : les tombes des légendaires treizième Aar’on et Kili’an, vides et profanées. Et aucun chaton à l’horizon.
– COMMENT ÇA PROFANÉES ? – meugla le dix-huitième avant de se jeter par terre et de pleurer en tapant des poings sur le sol. Et mon Néko à moi, il est où ? Après tout ce que j’ai fait pour le retrouver ? Tous ces efforts ! Mon voyage dans l’univers tout entier ? Je suis allé jusqu’à libérer un système tout entier pour lui !
– Ça, miaou, c’était plutôt un accident ! – songea Stin à haute voix en caressant une fleur azur.
– Ta gueule chaton ! – coupa l’Aar’on en faisant semblant de s’arracher les cheveux (il ne voulait pas avoir mal), mais reniflant d’émotion devant l’épique mignonitude de son animal adoré. J’ai même abandonné un magnifique ©Végéstring vert pour lui !
– Menteur, Nya ~ ! – s’amusa Kémi à haute voix en caressant amicalement les cheveux bleus de Stin, lui-même en train de caresser sa fleur azur, causant un gémissement du côté du brun, K.O devant autant de miel à la crème. Je t’ai vu le glisser dans ta poche tout à l’heure !
– Bon, VOS GUEULES TOUS ! – s’énerva Gabri’el, qui commençait cruellement à perdre patience et qui avait vraiment envie d’enfin pouvoir en placer une.
S’adressant directement à l’Aar’on, il l’attrapa par le col, le redressa à hauteur d’yeux et lui cria dessus :
– Non, parce que si tu m’avais laissé finir la dernière fois, j’aurais PU te dire que ton chaton était PASSÉ sur Baldr, mais qu’il n’y est PLUS ! Baldr, j’y suis déjà allé avec ton prédécesseur, et y avait déjà plus de Néko ici ! Mais non ! Monsieur l’Aar’on n’en fait qu’à sa tête et fonce droit devant lui sans réfléchir, comme un Kili’an !
Choqué, le brun se laissa tomber à genoux, bouchée bée. C’était un choc :
– Mais… Mais… Du coup, tu sais où il est ?
– BIEN SÛR ! – hurla le châtain. Ça fait trois putains de génération que j’essaie de le dire, mais personne ne m’écoute ! Bon, j’avoue, ces derniers temps, j’ai été pas mal pris par la redéco de Thot, donc j’ai « peut-être » un peu oublié d’en parler. Mais oui. Il est sur Ahequet, ton Ukas. La planète la plus proche d’Horus ! On aurait pu y être en deux heures !
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florks · 7 years ago
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La vie dans le train - Il est fascinant de constater à quel point la longue proximité casse toute barrière ici. Le gros rustre géorgien fait marrer la prof toute mimi, les gamins jouent avec les mecs un peu bourrés ce qui fait rigoler tout le monde dans le wagon. Les discussions s'entament très vite entre gens inconnus, des discussions qui peuvent être très longues dans un pays où on peut rester plus d'une semaine dans un train avant de passer une frontière. Même la mamie qui dormait sur sa banquette et que je n'avais pas vu me lance un «sprechen sie deutsch ?» sorti d'on ne sait où. Le petit sourire gêné qui suit est tellement drôle, J’ai une soudaine bouffée d’affection qui me donne envie de lui faire un câlin. Y a aussi Yevgeny, un type qui commence à boire à peine dix minutes après le départ du train, je l'accompagne pendant deux verres et le laisse en roue libre ensuite. Il me brisera le cœur lorsque, me demandant mon téléphone et tapant sur le traducteur, je vis apparaître le mot « tristesse » puis découvrit une larme coulant sur sa joue. On dirait que toute l’histoire de sa vie s’écrase sur ses épaules à ce moment là. Et pendant ce temps le train offre son roulis lamentable au paysage dur, silencieux et froid. Un roulis dont le son résonnera toute ma vie dans la tête je crois. Le soleil de Sibérie si éclatant peine désormais à percer le voile terne des provinces de l’ouest. Les températures plus clémentes font réapparaître les chutes de neige. L’hiver n’est pas fini ici. Je suis toujours très curieux à l’arrêt des nombreuses gares. Qui pour remplacer Mamie, qui pour déloger un mec bourré qui dort sur sa table. La provodnitsa mettra cinq minutes pour le réveiller et lui dire qu’il est arrivé à destination. Cette fois-ci une famille de six personnes entrent avec un toutou. Tous plus énormes les uns que les autres. Sauf le toutou. Ils trimballent des gros cartons et, je le saurais par la suite, des litres de bières. Les mastodontes passent dix, minutes à caser leurs cartons dans l’espace le plus haut du train, découvrant au passage un ventre au nombril d’une profondeur abyssale. Quand ce n’est pas un bout de fesses transpirantes. Je m’allonge sur ma couchette en laissant passer l’affront. Enfin installés ils sortent le goûter. Et me propose une bière en sous-main. Ravis de me rencontrer, l'un deux sort une blague que je ne comprends pas, mon voisin, en train d'avaler un biscuit genre petit écolier explose de rire. Puis s’écroule sur moi. Le malheureux s’étouffe et devient rouge sang. J'aurais été bien incapable de passer derrière lui et de pratiquer la manœuvre de heimlich pour déloger le vil biscuit. Je ne sais même pas si mes bras font le tour du pachyderme. A ce moment là, et je n’oublierai jamais ses yeux, son copain ni une ni deux décide de lui donner une série de quinze frappes incroyables dans le dos. Des tapes a faire décoller le plexus et ouvrir la cage thoracique en deux. Je me dis que si il ne meurt pas d’étouffement il mourra du fait de poumons projetés à quinze mètres. Le bougre reprend ses esprits, non sans avoir rejeté la pâte de biscuit chocolatée sur la couche de la dame assise en face de moi. Le pauvre, après avoir retrouvé sa couleur normale, c’est-à-dire quand même un peu rouge, il se fait enguirlander par sa voisine pour avoir salopé son drap. Son copain ose une blague : «plus de petit écolier pour toi ! Que des twix ou des Mars !» Pendant ce temps le monsieur triste s’amuse avec le chien et le sourire tout simple qui se dessine sur son visage me fait du bien. Brave toutou. La vie dans le train est rythmé de différentes façons. Par le changement de provodnitsa, par la faim et par le gouzi gouzi de la maman qui s’amuse avec son fiston. Je lis trois livres : "les récits de la Kolyma", récits glaçant d’un survivant du goulag. "No home" , de Aya Gaisi, grande fresque sur l’histoire d’une famille qui débute au temps de l’esclavage sur la côte d’or et "la vie devant soi" d’Émile Ajar/Romain Gary. Trois livres exceptionnels qui me plongent dans des voyages tellement profonds que parfois, après avoir somnolé sur un chapitre, je me réveille complètement perdu et j’ai besoin de cinq bonnes minutes pour me situer. La nuit apporte son lot de réjouissances. L'ambiance des petites gares de nuit est inimitable, les gens qui travaillent la dedans sont comme des fantômes, ils seront là jusqu’à leur vraie mort on dirait. Je peux sortir en chaussons, nous longeons la frontière mongole et la température passe au dessus de zéro pour la première fois depuis mon arrivée en Russie. Je remonte dans le train en essayant d’éviter de me cogner la tête contre une paire de pieds qui dépasse des couchettes du haut. Les vieilles dames peroxydées pendues à leur tricots sont imperturbables, elles me font penser à toutes ces femmes perdues dans ces salles vides de musées soviétiques, de dressing de bar et autre guichet de toilettes, s’attachant à la maîtrise de leur crochet et rien d’autre. Un russe me parle de Napoléon et de sa campagne désastreuse de 1812 en Russie. Une énorme fierté encore aujourd‘hui pour eux. Il suffit de mentionner Napoléon ici pour que les esprits frétillent et que les yeux brillent de fierté. Alors quand je dis que je connais le valeureux général Koutouzov, héros cosaque et artisan du boutage de l’empereur hors de Russie, on est pas loin de l’extase. Je me garde cependant de dire que selon le point de vue français et via les textes du sergent Bourgogne notamment que j’avais lu avant de partir, la déroute napoléonienne n’en est pas vraiment une, que la fameuse bataille s’est révélée plus meurtrière pour la Russie que pour la France et que l’empereur à réussi un tour de force en se soustrayant à l’armée cosaque plusieurs fois d'affilée. Je ne sais ce qui est vrai et je m’en fous pas mal de savoir qui a raison mais je veux surtout ne pas priver mes interlocuteurs de leur sentiment de fierté. Nous refaisons la bataille aux échecs pour rigoler. Je me prends une tôle, c’est que les échecs sont une discipline nationale ici en Russie. Enseigné à l’école même. Alors même à trois grammes le russe survole la partie. Je m’arrête bientôt en ville, la provodnitsa me souhaite un bon voyage. Tout le monde semble ravi d’avoir passe un bon moment. Ce voyage confirme une certitude. Les russes sont froids comme la glace, aussi indifférents à ton existence qu’ils le sont pour leur conditions climatiques. Aucun effort pour te plaire mais passées quelques barrières, quelques heures et quelques verres parfois, ils sont prêt à n’importe quel sacrifice pour t’aider si jamais tu en as besoin. Je quitte le train et m’enfonce dans la puissante et froide Novossibirsk. Non sans m’être fait broyer la main de poignées sincères et vigoureuses. Bisous, merci, bisous.
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tailspinfr · 7 years ago
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Comment j’ai appris à m’en faire
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Récemment, j'ai eu un petit bouton sur la poitrine, qui a muté en une grande aile sur mon dos et une grosse fleur au-dessus du sein gauche. Très vite, j'ai vu que cette prolifération n'était autre que mon anxiété qui, lassée d'être contenue à l'intérieur, cherchait par tous les moyens à sortir, à percer les limites de la chair, à irradier.
On m'a toujours dit que l'anxiété, comme l'acné et la timidité, passerait avec le temps. L'anxiété c'était bon pour l'université, quand on pensait qu'un exposé sur Djuna Barnes allait définir le reste de son existence. (un jour, on réalise que tout le monde s'en fout totalement de Djuna Barnes) L'anxiété c'était bon pour l'enfance, quand on pensait que la moindre connerie marquait la fin nette et précise de l'existence. L'anxiété, c'était bon pour l'avant.
En grandissant, force est de constater que tout est toujours la fin du monde. J'ai toujours l'œil fou et les mains fébriles à la moindre micro-contrariété. Un papier en retard ? La fin du monde. Une interview à faire ? La fin du monde. Une engueulade ? La fin du monde et des jours à ressasser les mêmes mots, encore et encore. Et bien sûr il y a tout le reste, proche ou loin, le chaos ambiant, la peur que l'on lit parfois dans le regard des autres.  
J’imagine mon anxiété comme un duo diabolique. Il y a d'abord le marcheur fou. Il fait les cent pas dans mon esprit autour d'une idée fixe. Il tourne autour et me la montre du doigt, jusqu'à ce qu'elle devienne inévitable. C'est un vinyle qui rippe et répète la même seconde inlassablement, cette seconde où les choses ont commencé à quitter les rails de ce que j'avais prévu. Ce personnage grotesque n'arrive pas à prendre un autre chemin. Il marche, marche, marche en rond jusqu'à ce qu'il m'épuise et que je m'endorme, éteignant les lumières là-haut. Parfois, je l'imagine aussi comme un lemming qui bute contre un mur, mais qui ne peut rien y faire. On bute contre ce problème comme des idiots et plus rien n'existe que l'immense, l'inévitable idée fixe.
C'est là que la deuxième monstre apparaît. Il vit dans mon estomac et se nourrit de mes intestins. Quand l'un marche là haut, l'autre se régale. Les douleurs ne sont pas vives, elles sont lancinantes, elles durent. Dix minutes, deux heures, deux jours, deux semaines. Ça dépend. Je bute et je me ronge. À ce moment donné, le problème n'existe plus. Le problème n'est plus important. Y avait-il un problème en premier lieu ? L'angoisse est tout ce qui importe. Il n'y a plus rien d'autre.
L'anxiété c'est cet ami qui revient toujours au moment où on n'a pas la place de le recevoir. Et pas la force non plus de lui dire de crécher ailleurs. Alors on lui trouve une petite place. Et il s'étire et prend ses aises, il déploie ses ailes sur l'épiderme. Bientôt, plus rien d'autre n'a sa place. Et j'en viens à me demander si cet ami encombrant ne m'a pas aussi poussée hors de mon enveloppe corporelle, s'il n'est pas un peu devenu moi, imitant mes faits et gestes. J’en viens à penser que je ne peux plus le chasser, par peur de ne plus être tout à fait moi-même. Parfois, ne m'a-t-il pas aidée à aller un peu plus loin ? N'a-t-il pas nourri mes réflexions ? N'a-t-il pas été le moteur de mes décisions, la pédale d'accélération ? Que serais-je sans lui, sans sa pression continue ? 
Il y a une scène de la nouvelle saison de Twin Peaks qui m'a particulièrement effrayée, dans l'épisode 8. Cette scène a nappé mon cerveau, et j'y ai pensé sans cesse pendant des jours. Une jeune fille est sur son lit, assise puis couchée. Elle écoute My Prayer de The Platters, ce genre de vieilles ritournelles qui font fondre son cœur et le mien dans un même mouvement. Une bête, née plus tôt des profondeurs du mal, pénètre dans sa bouche. C'est une image d'une beauté et d'une violence incroyable, qui a fait germer ce sentiment d'attirance et de répulsion qui m'est si familier. En la voyant, elle m'a évoqué de la reconnaissance et du rejet. De la reconnaissance parce que je voyais en cette bête affreuse ce monstre qui naît de moi-même parfois, qui entre dans ma bouche et me coupe la respiration. Ce spectre de la mort, de l'échec, de l'abandon, ce magma dégoûtant de pensées inavouables, de basses jalousies, d'envie, cette matérialisation soudaine d'une part obscure que j'essaie d'enfouir au plus profond.
Est-ce que l'angoisse n'est pas finalement ce que l'on est le seul à savoir de soi-même ?
Souvent, je lis des articles sur ce que l'on peut faire pour chasser l'anxiété. Il y a le tricot, le yoga, la sophrologie, respirer longuement et profondément, méditer, apprendre à dompter ses peurs, faire une psychothérapie. Pour moi il n'y a bien que la musique qui marche. Il n'y a que mettre mon casque, brancher ma moelle épinière sur Jubilee Street de Nick Cave et l'entendre répéter inlassablement I am flying, I'm vibrating, look at me now. Là, les petites décharges électrique me libèrent, un instant, des flux et reflux des inquiétudes. Je sais qu'il y a cet endroit hors de moi où le sens n'a plus d'importance.
Il y a une chanson du Velvet Underground où Lou Reed raconte l'histoire d'une fille sauvée par le rock'n'roll. She started shaking to this fine fine music, you know her life was saved by rock'n'roll. J'ai toujours un peu pensé que l'histoire de cette fille, c'était la mienne. Quand je marche dans la rue avec mes écouteurs, plus rien ne m'inquiète. Je m'imagine chez Jacques Demy, tout le monde ondule dans un même mouvement et rien ne pourrait me rassurer plus que cette impression totalement illusoire que nos os sont pénétrés par le même son.
Récemment je ressassais une angoisse, je me sentais en transition, l'état dont se régalent le plus mes deux entités démoniaques. Il n'y a rien que mon anxiété aime plus que cet instant où je n'ai foutrement aucune idée de ce que je vais bien pouvoir faire. Je marchais dans la rue en tournant autour de cette idée fixe. D'un coup, j'ai repensé à une chanson que j'écoutais souvent à l'université, Not on Top d'Herman Düne. Je n'avais pas écouté cette chanson depuis plusieurs années. Dès que je l'ai entendue j'ai réussi à faire déraper l'idée fixe. Je me suis assise sur un banc et j'ai regardé les gens passer, et je me suis mise à rire. Certaine, non pas que tout allait bien se dérouler, mais que rien n'avait changé.
Quand j'enlève mon casque et que je retourne à la maison, les yeux écarquillés devant la feuille blanche, je rebranche la machine et on est repartis pour un tour. Comment ne pas s'en faire ? Comment ne pas penser à la bombe nucléaire, au mal, à la peur, au chaos, aux matins où la paralysie du sommeil m'enferme en moi, aux gens qui réussissent, aux messages flippants des entrepreneurs heureux de Linkedin, au temps qui passe ? Je n'en sais rien. Il suffit d'aller dans la rue et de se concentrer sur le visage des autres. Sont-ils rongés par l'angoisse ? Ont-ils dans leur chair la peur du lendemain ? Ou sont-ils, finalement, simplement en train de rire en se disant que rien, rien du tout, n’a changé ?
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chachapossum · 7 years ago
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Le prophète en forme de 4 [2010]
Possum Pizza bonsoir ?
- Oui euh bonsoir c’est pour commander des pizzas…
Bah oui espèce d’abruti tu ne vas pas appeler pour faire la causette avec le pauvre larbin aux tympans saignants que je suis.
- Je vous écoute ?
- Alors y’aurait une Rocka’bacon et une Mozzakipik.
Si je bosse ici c’est dans l’unique espoir d’un jour avoir assez de fric pour consommer les mêmes drogues que les inventeurs des noms de pizzas.
- Deux personnes ? Pâte normale ou crusticrou ?
Une pâte peut elle être anormale ? N’est ce pas de la discrimination d’utiliser de tels qualificatifs ? Mais la pâte à pizza a-t-elle seulement sa place à l’ONU ? Il me faut un café.
- Euh oui oui normale, deux, et…
- Vous payez comment ?
- En ticket resto.
Encore un livreur qui va se faire un bon pourboire.
- Ok, alors une Rocka’bacon, une Mozzakipik en pâte normale à livrer au 5 rue Hector Berlioz ?
- Euh… oui oui c’est ça.
Ah ça t’en bouche un coin que je sache où t’habites alors que hier c’est Medhi que t’as eu au téléphone pour commander ta Granoska hein.
- Vous serez livré dans 45 minutes, merci d’avoir choisi Possum Pizza et à très bientôt.
Je hais ce boulot. Je hais tous ces glandeurs boutonneux aux cheveux gras à qui je parle en souriant. Le sourire s’entend, c’est stipulé à l’alinéa 14 de mon contrat. Donc je dois montrer mes canines à l’ordinateur. Toute la soirée.
Faut bien payer le loyer. Quand j’étais en âge de perdre mes dents de lait je voulais être archéologue. Sortir de ma tente à dix heures du matin pour aller déterrer un squelette de T-Rex à l’aide d’un pinceau. Le rêve.
Puis j’en ai parlé à ma maîtresse qui m’a gentiment expliqué que faudrait faire 20 ans d’études après le CM2 pour avoir la chance d’exhumer des pots cassés en terre cuite avant d’un jour peut être atteindre la consécration en tombant sur un fossile de trilobite.
Moi je voulais un T-Rex après le bac.
J’ai rayé le mot ambition de mon vocabulaire et me suis réorienté. J’adorais écrire. Je passais des nuits fiévreuses à noircir des cahiers entiers jusqu’à la crampe du poignet. Je rêvais d’une histoire gigantesque et divinement bien articulée, avec des retournements de situation à faire pâlir le Scoobygang. Les mots ont un pouvoir fascinant, illimité. On peut même dépasser l’infini à coup de néologismes. Écrivain. J’avais trouvé.
Arrivée au collège j’ai compris qu’un romancier ne pouvait pas se payer un loft en face de Beaubourg à moins de savoir toucher les adolescentes pré-pubères et les mères au foyer fans de Patrick Sébastien qui lisent parce que c’est important de se culturer quand même. J’ai aussi vu tellement de camarades prendre la plume et inonder skyblog de leurs créations... Je n’arriverai jamais à me faire une place.
Alors quoi ? Le journalisme me tendait les bras. Des colonnes lues par d’autres gens que ma mère et mon chat, ma passion serait utile à la société, je n’aurais même pas l’impression de travailler. Donnez moi un sujet, je vous le raconte. Je serais capable de rendre intéressant un article sur les bégonias à un fan de tunning.
C’est au lycée que j’ai découvert à quel point c’était un métier gangréné, qu’on était promu à condition d'arborer la même moustache blanche que Jean Luc Delarue. J’ai décidé de boycotter TF1, c’est Victor qui me l’a conseillé, le pote avec qui j’échangeais des pin's du Che Guevara contre des bracelets cloutés.
Les années ont filé, les diplômes se sont accumulés sans savoir vraiment où est ce que j’allais. Un jour j’en ai eu marre que mon père me gronde lorsque je me couchais après minuit. À 24 ans il était peut-être temps de quitter le nid moisi, et puis je ne pouvais plus faire trois mètres à Paris sans avoir l’impression de croiser mon ex. Je suis partie loin de mes problèmes, sauf qu’ils m’ont suivie dans le déménagement.
- Possum Pizza bonsoir ?
- Bonsoir mademoiselle, j’allais commander une Bouldepux mais votre voix est si suave que je vais me rabattre sur la Rosécarlate
- Vic je bosse là, je finis à 23h et tu sais très bien que je vais devoir mettre fin à cette communication immédiatement
- Mais vous faites erreur, je ne suis qu’un innocent client qui n’a pas encore eu sa dose d’huile et...
Clac. Une commande prend en moyenne 2 minutes et 22 secondes, Possum Pizza a payé une boite spécialisée dans le chronométrage des opérateurs téléphoniques pour obtenir ce chiffre. Si un appel dépasse trois minutes j’ai le droit à une écoute en direct de la conversation par un manager, celui qui gagne dix balles de plus que moi, dix balles de plus que le smic, et le droit de mettre fin à mon CDD.
Parfois on se croirait dans Brazil, la torture en moins. Enfin je crois, j’espère.
Tiens, un numéro inconnu, un nouvel estomac à fidéliser.
- Bonsoir je voudrais commander une Gouinamane s’il vous plaît.
Je me souviens que les premiers jours fallait parfois me mordre la langue jusqu’au sang pour pas exploser de rire à ce nom là. Aujourd’hui mon sourire en carton ne tremble même plus. Je vieillis. Ou j’ai peut-être juste besoin d’une reconversion professionnelle.
- Alors je vais avoir besoin de votre numéro de téléphone fixe, téléphone portable, nom, prénom et adresse s’il vous plaît.
- Oui…
Il trouve ça normal de me photocopier sa carte d’identité pour commander une pizza.
J’ai en moyenne 28 nouveaux tas de cholestérol qui viennent grossir le fichier client quotidiennement. On ne sait pas ce qu’ils ont fait l’été dernier mais on sait tout le reste. L'ordinateur central réussi même parfois à choper la photo du client sur Internet, aidé par un sombre réseau social au nom ridicule quand on ose le traduire en français.
***
- Je préfèrerais subir un toucher rectal par un lépreux plutôt que d’être client chez Possum Pizza.
- Putain Vic t’es sale…
- Non mais sérieusement ça te dégoute pas de travailler pour une boite qui gère autant d’informations personnelles dans le seul but de livrer des pizzas ?
- Ce qui me dégoûte c’est ta barbe recouverte de sauce tomate mec… Et arrête de faire fumer Pixel !
- C’est pas ma faute si ton chat aime nuire à ses spermatozoïdes et réduire sa fertilité, mais il peut se faire aider pour arrêter de fumer en téléphonant au 113… C’est fou les romans qu’ils arrivent à caser sur six centimètres de carton.
Y’a onze ans Victor a fumé son premier joint avec moi. À l’heure actuelle il est héroïnomane et doit prostituer sa sœur de sept ans et demi pour se payer sa dose. C’est ce que Laurence Ferrari aurait bien aimé constater. La vérité c’est que ce soir là, le joint roulé par le dealer contenait autant de shit que pixel de spermatozoïdes.
Pixel est castré.
- Et sinon t’as toujours pas fini ton roman ?
- Tu sais très bien que c’est ni un roman ni un truc à finir et encore moins une chose commencée…
- Mais j’aime beaucoup tout ce que t’as écris, même si finalement c’est vrai que ça veut pas dire grand chose, mais j’suis certain que si tu bossais dessus tu pourrais te faire publier et...
- T’as fait le salon du livre cette année ?
- Bah je pouvais pas y’avait un raid organisé qui tombait pile sur le weekend en question et ma guilde avait vraiment besoin de moi...
- T’as rien loupé. Quand j’ai vu le gratin à la soirée d’inauguration j’ai eu envie de vomir par le nez. Ils sont tous agglutinés dans des carrés VIP entre un p’ti four et trois coupes de champagne, si tu passes assez près tu peux attraper un de leurs “Je suis auteuuuuhrr” sortant de leur orifice bucal en compagnie de postillons au saumon. Ce soir là je me suis dit que si j’avais de l’imagination et savais structurer mes textes, je pourrais atterrir là moi aussi. Je me suis rendue compte que je ne savais pas pourquoi j’écrivais, ni pour qui, mais que je n’avais pas envie de me retrouver à vendre des bouquins au nom d’un p’ti four au saumon.
Vic me regarde à travers un brouillard de nicotine, pas besoin d’y voir clair pour savoir qu’il sourit et n’est pas vraiment convaincu.
- Écoute, je veux pas te tenir de discours de rebelle en crise d’acné mais juste le fait que tu passes 35 heures par semaine à perdre ton temps pour que la pâte crusticrou domine le monde ça me fout un peu les glandes...
- 39.
- Quoi ?
- J’ai fait 39 heures cette semaine.
Le vide intersidéral qu’était ma vie sentimentale depuis cinq mois me laissait beaucoup -trop- de temps à tuer. J’avais fui Paris pour me retrouver paumée à 400km de mon ex. Au moins ici j’étais certaine de ne pas croiser ses sneakers à scratch vertes fluos. Les seules pompes sympathiques rencontrées depuis mon déménagement étaient celles d’un gamin qui courrait en hurlant qu'il avait trouvé la plume magique, il brandissant fièrement une plume de pigeon noire de crasse et sa mère trottinait derrière lui le visage assorti à son rouge à lèvre. Je ne juge pas les gens à leurs chaussures mais je reste persuadée que les êtres exceptionnels balancent des lasers d’un coup de talon.
Et j’avais plus envie de rencontrer autre chose que des êtres exceptionnels.
- Tu repars à quelle heure demain Vic ?
Il sort de son sac le dernier Mad Movies puis en extirpe un ticket racorni siglé SNCF.
- 12h08, j'arrive à 16h47 à Lille, juste à temps pour mon cours sur Malevitch.
- Ne me dis pas que vous êtes encore en train de disserter sur des toiles vierges ?
- T'es trop rustre pour apprécier la beauté du carré blanc sur fond blanc, déjà t'avais pas réussi à reconnaître la puissance du travail de Piero Manzoni, alors Malevitch...
Le jour ou Vic a quitté le palais de Tokyo en larmes après m'avoir traité de pauvre écervelée insensible à la beauté abstraite du monde, j'ai passé trois heures à culpabiliser en observant la toile blanche imbibée de vomi d'albatros en son coin inférieur droit. C'est la seule dispute qu'on ait connue en onze ans, je change donc subtilement de sujet quand on s'approche trop d'une discussion sur l'art content pour rien.
- Ca te dis pas qu’on se mate un film et qu’on aille se coucher ? J'ai reçu L'attaque de la Moussaka géante en version director's cut, mais j'ai aussi La créature du lagon hanté, Le crâne hurlant, Chromosome 3, ou sinon on peut mettre Black Dynamite...
Le visage de Vic s'illumine au fur et à mesure que je liste ces merveilles. L'hémoglobine et la chair putréfiée ont toujours été nos éléments eucharistiques favoris.
“Donuts don’t wear crocodile shoes”
C’est ce que cracha mon ordinateur au moment ou je rejoignis Vic dans les draps de Morphée.
***
J’étais en train de mastiquer une plume de poulet au curry afin d’acquérir le pouvoir de diriger l’armée des ratons laveurs albinos quand on m’annonça à plein volume que la base de données avait été mise à jour.
J’ai frôlé l’arrêt cardiaque et envoyé mon poing directement dans la mâchoire du troubadour, à m’en briser les phalanges. J’aurais préféré un réveil Ricoré. Au lieu de ça j’ai du vider une bouteille de mercurochrome sur mes doigts zébrés de sang en maudissant les sadiques programmeurs d’antivirus. Je n’ai pas pu me rendormir.
Heure du décès 9h14.
Mon PC portable ressemble à un cyclope, son œil béant ouvert sur l’infini de mon 28 mètres carrés. Je viens de commettre un homicide involontaire en la personne de ma seconde vie, celle qui me redonnait le sourire après une nuit passée à dispatcher 133 pizzas.
J’ai acheté World of Wacraft après des efforts monumentalement infructueux pour oublier mon ex... Je m’étais laissée convaincre que seule une immersion totale dans un nouveau monde immaculé de sa présence pouvait me changer les idées. Le fameux jeu vidéo en ligne avait déjà plus de 11 millions de victimes à son actif, il fallait au moins que je teste. Au fur et à mesure que je me concentrais sur mon personnage, c’est à travers ses actions que je ressentais à nouveau de la joie, du bonheur, de la fierté et tout un tas d’autres émotions qui avaient déserté ma vie. J’aidais des vieillards à fabriquer des dentiers en crocs de dragons, je pourfendais des golems de marbre, je me battais à mains nues contre des oursons malfaisants, je sauvais des elfes de la nuit en détresse… Je me sentais enfin utile, je construisais quelque chose de solide entre les champignons grands comme des baobabs et les tigres à dents de sabre domestiques.
Et Vic trouvait ça pathétique.
Et Vic me regarde depuis trois minutes sans oser bouger un sourcil. Il sait que mon salaire ne me permet même pas d’acheter assez de PQ pour le mois, alors un nouvel ordinateur…
- Je veux bien me torcher avec les serviettes en papier de verre de Possum Pizza à chaque fois que je viens si ça peut t'aider… Et j’te prêterai ma Game Boy, j’ai Pokémon Rouge dessus.
J’ai envie de lui dire que non, ce n’est pas la peine de s’en faire, qu’il n’y a pas si longtemps que ça on passait des nuits entières sans écrans, que j’ai des livres qui prennent la poussière depuis Noël, que je vais sortir voir autre chose que le trajet de chez moi à mon boulot et…
- Ma vie est une merde.
Je n’aime pas qu’on fume le matin chez moi, mais lorsqu’il glisse une cigarette entre ses lèvres gercées j’ai presque envie de lui en demander une. De faire quelque chose d’inhabituel, sortir de mes gonds comme un porte de véranda trop bien huilée qui aurait soudain envie d’être un vélux.
Et puis je me rappelle que j’suis pas une porte, ni même une fenêtre. Et quitte à choisir je préfèrerais être un pont-levis. En bois.
Un bois aussi lourd que le battant sur lequel mon frère s’est éclaté le pouce il y a une dizaine d’années dans notre maison de campagne. Une bâtisse en pierre à moitié écroulée au cœur d’un village dont la moyenne d’âge ne descendait jamais sous le seuil des 80 ans. Je me souviens encore de ces matins où on fourrait dans un sac en toile la panoplie complète d’Indiana Jones afin de partir à l’assaut de la lande sauvage traquer les chevreuils. On pouvait être certains que les grognements venus des fougères étaient ceux d’un sanglier en rut que les chasseurs n’avaient pas encore réduit en trophée. Quand nous n’avions pas le regard vissé sur une queue verte à attendre que le lézard repousse, on animait Fort Escargot. La coquille bariolée de gouache, les concurrents devaient se démener corps et bave dans les épreuves impitoyables qu’on avait concoctées. France 2 nous a beaucoup encouragé à traumatiser des mollusques au nom du père Fouras. Le reste des vacances s’écoulait à l’ombre des chênes centenaires ou dans les ruelles du village à éclater des bulles de goudron, on délaissait même la télévision. Quand je regarde cette gamine la face tartinée de rouge à lèvres qui clame à qui veut l’entendre qu’elle est aigle courageux de la montagne rousse et que plus tard elle sera présidente du monde, je me rends compte qu’elle vivait sans arobase.
Pixel me sort de ma torpeur en mordillant mon orteil, Vic a terminé sa cigarette, il caresse ce qui reste de mon ordinateur, l’air désemparé. J’ai la désagréable impression qu’une partie de moi hurle de joie tandis que l’autre s’énerve et s’épuise à chercher des solutions inexistantes afin de retrouver ma vie deux point zéro au plus vite.
Victor n'ose rien dire, il ne sait jamais quoi dire quand je transpire des yeux. J'essaie de réfléchir. Je ne sais même pas pourquoi je vois Gandhi quand je ferme les paupières. Je me calme et pense à mon frère qui aurait déjà réduit en bouillie la bécane blessée en insultant la terre entière. Je me calme et me fais un sermon sur le matérialisme et la société de consommation. Je me calme et retrouve un rythme cardiaque normal. Je me  calme. Ce n'est pas un amas de composants électroniques qui va me guider dans la vie. Je ne m'appelle pas Tetsuo. Je n'ai pas besoin d'ordinateur pour être heureuse. Je me rends compte que je pense comme un alcoolique à qui il ne reste qu'une bouteille de bière Leader Price au frigo. Comment ai-je pu en arriver là ?
- Bon au moins le disque dur est pas atteint je pourrai toujours récupérer mes textes et photos... c'est pas la fin du monde hein... Et puis ça va me faire du bien de faire autre chose que tuer du gobelin et poker mes potes. J'ai même envie de me remettre à écrire, j'ai eu une super idée cette nuit c'est vraiment dommage que je ne fasse pas dans la fantasy parce que c'était un truc du genre à détrôner Tolkien... Mais je vais avancer sur mon roman, le mois prochain je t'envoie des chapitres frais... en colissimo.
Il ne me croit pas une seule seconde.
Forcément. Ce n’est pas la première fois que je lui fais le coup de l’illumination divine qui m’ordonne de réussir ma vie. Au lycée je lui ai promis qu’il serait le premier à avoir mon bouquin dédicacé, j’ai écris vingt deux pages puis j’ai laissé jaunir le papier jusqu’à ce que l’encre soit complètement effacée. L’année dernière j’ai monté une association pour la réinsertion de Burger King en France. Ma crédibilité s’est évaporée le jour où la co-présidente a annoncé en pleine réunion qu’il faudrait remplacer la viande par du tofu si on voulait vraiment concurrencer Ronald. Depuis ce jour je me suis désintéressée de toute forme de politique. Même Sarkozy m’évoque plus un champignon vénéneux qu’un nain sous stéroïdes. Avant de me convertir à Possum Pizza je voulais monter un site web avec Victor pour regrouper toutes nos chroniques de films gores, ceux dont les monstres en carton-pâte sont doublés par des poulets transgéniques. On a passé des nuits blanches entières à en parler sans jamais coder une ligne.
Mais cette fois ci c’était différent. Il fallait que ça marche. Je voulais que ça marche.
- Tu peux me laisser un stylo avant de partir?
***
“Alice pénétra dans l’amphi bondé avec une bonne demi heure de retard, elle ne pensa même pas à regarder à quoi ressemblait son voisin quand elle posa son séant sur le seul siège de libre. Le ptérodactyle qu’elle avait dans l’estomac sentait la présence toute proche de nourriture, ses grognements attireraient bientôt l’attention du professeur avant même qu’elle ait pu enlever son manteau. Il fallait réagir. Elle sortit de sa poche un kiri déformé qu’elle écrabouilla en vitesse sur le morceau de pain rassis qui dépérissait au fond de son sac depuis lundi.
- C’est ton pti déj ou ton goûter ?
Deux grands yeux bleus océan accompagnaient un sourire Colgate qui avait attendu la mise à mort de la tartine pour poser sa question. Hésitant entre consteller son visage de postillons au fromage ou exhiber ses maxillaires la bouche fermée, Alice se contenta finalement d’esquisser un sourire sans trop montrer les dents. C'est le moment que”
L’horreur sans nom qui se posa dans la marge m’arracha un cri. S’éjecter de la chaise. Écraser au passage le stylo bic. Saisir le premier truc qui me tombe sous la main. Tenter de frapper l’intrus. Être tétanisée. Retenir un cri. Hurler. Ne pas avoir réussi à lever le bras. Regarder l'indicible galoper sur le papier. Sur mes phrases. Faire une pause entre deux virgules, repartir vers une majuscule puis escalader la part encore tiède de Torahzola. Je dois réagir. Je psalmodie une prière improvisée aux tortues ninjas puis trouve la force de mouvoir mon bras en soufflant bruyamment. Du courage. Le premier coup fait voler trois rondelles de chorizo, l’ennemi s’embourbe dans le gorgonzola fumant, je frappe frénétiquement de toutes mes forces, il trouve le moyen de se réfugier sous une olive, j’abats mon arme sans pitié pendant que mon tshirt encaisse les giclées de sauce tomate. C’est une véritable boucherie. Ce n'est qu'au bout de trois minutes que je fais une trêve à cause de la douleur qui me vrille le bras. Mon rythme cardiaque redescend tout doucement à mesure que mes crampes disparaissent. J’ouvre avec difficulté des yeux imbibés de sauce piquante pour constater qu’il est impossible de faire la différence entre ce qu’il reste de ma pizza et feu ma petite culotte préférée. Les deux ressemblent à s’y méprendre au masque de leatherface.
Vic aurait été fier de me voir manier un slip avec autant de dextérité.
C’est la seule pensée constructive qui heurte mon cortex alors que je contemple la moitié de la bête frémir à six centimètres du reste de son corps noyé de garniture huileuse.
***
- C’était juste une araignée, tout va bien merci, j’ai juste perdu mon unique stylo dans la bataille.
C’est ce que je déclare à Laura, venue sonner à ma porte car elle entendait son plafond agoniser depuis une dizaine de minutes. Je n’ose même pas imaginer ce qui doit défiler dans son esprit à la vue de ma personne. Les cheveux gluants parfumés au gorgonzola, le tshirt maculé de taches écarlates, les yeux injectés de sang et la main droite encore tremblante, je m’excuse du dérangement et lui souhaite une bonne soirée. A aucun moment je n’avais envisagé la possibilité qu’elle m’adresse la parole. Mes voisins ont pour coutume de m’ignorer.
- Tu écris ?
- Et bien non enfin je, j’essaye d’écrire des trucs mais rien de très constructif… et toi tu débutes ?
Elle rougit en rentrant sous son tshirt un badge doré où son prénom est précédé d’un « je débute » en italique.
- Ah ça c’est pour mon boulot... À la FNAC ils ont une certaine vision de la hiérarchie et de la communication. Je dois porter la mention “Je débute” pendant encore trois mois… Va conseiller quelqu’un avec une pancarte “je suis nouvelle donc incompétente bonjour”. D’ailleurs je dois remonter me préparer, je suis déjà à la bourre là… si tu as d’autres soucis sur pattes hésite pas à venir sonner chez moi, je suis juste au dessus.
Je ne sais pas si c’est le timbre de sa voix ou le simple fait qu’elle ne se soit pas enfuie en courant à la seconde ou j’ai ouvert la porte mais en regardant ses chaussons j’ai presque l’impression de voir les talons clignoter.
Une fois le parfum de Laura dissipé par les relents de pizza, je me laisse tomber dans mon canapé trop mou et essaie de me concentrer sur la suite de ma journée, sur mon seul jour de repos.
Je voulais écrire. Je revois Victor me demander de raconter ma vie sentimentale en 32 tomes car là dessus au moins même sans imagination j’aurais de quoi vendre des pavés qui rendraient jaloux Musso et Lévy… Mais si je crée un roman, je n’ai pas envie qu’il se résume à ce qui a torturé mon myocarde pendant une dizaine d’années, à la limite ça peut être un prétexte pour me lancer mais je veux m’écarter de cette voie le plus rapidement possible, pour aller je ne sais où. Et puis il y a ce scénario proposé par mon ex. Alice rencontre Max, un étudiant impliqué dans la mafia locale, s'en suit une folle histoire d'amour teintée de sang. J'en suis au troisième chapitre et ne connais même pas les noms des futurs cadavres, encore moins leur nombre. Je me demande soudain si écrire sans connaître la fin ni le milieu de son histoire n’est pas une entreprise vouée à l’échec. Des milliers d’heures qui ne mènent à rien, des hectolitres d’encre gâchés, des forêts assassinées gratuitement. Je suis un monstre.
Le stylo git sur le sol, pas besoin de m’approcher pour savoir qu’il est décédé. Ce fin cylindre en plastique contient de quoi écrire trois kilomètres mais si on brise sa carapace de plexiglas non seulement il perd ce merveilleux pouvoir mais en plus devient nocif et noirci tout ce qu’il touche. C’est terrifiant la mort d’un Bic.
***
L’unique avantage de mon boulot réside dans le fait de ne jamais commencer avant que la petite aiguille de ma flick-flack n’atteigne le dix. Mais Pixel n’a toujours pas compris le principe de la grasse matinée. Pas besoin de réveil quand ses griffes traversent la couette à huit heures du matin afin d’allumer le distributeur de croquettes. À mesure que ma main se couvre de poils, je pense à mon roman.
Ce n’est pas un roman. C’est un puzzle géant dont je n’ai jamais vu la boîte. Pas moyen de savoir si j’aurais un chaton ou un poney une fois la dernière pièce posée, de toute façon je préfèrerais un T-Rex. Pixel pose négligemment ses 8 kilos sur mon visage. Il ne compte pas attendre la fin de mes élucubrations matinales pour remplir son estomac.
Après m'être décroché la mâchoire et récuré les yeux je constate que le cadavre du bic n'a pas bougé depuis la veille. Je gratouille Pixel sous le menton et vais relever le courrier.
Échec cuisant. Ma mémoire a décidé d'occulter complètement cette tragédie, technique du poisson rouge. La mort de mon ordinateur n’était pas un cauchemar.  
Vexée comme un pou, je décide de me traîner jusqu’à ma boîte aux lettres matérielle histoire de prendre ma revanche sur le monde virtuel sans attendre. Pourquoi n’a-t-on pas encore inventé ce porte-clés qui répond quand on l’appelle ? Celui dont on parle à chaque fois qu’on cherche son trousseau en se disant que l’exercice est mille fois plus difficile que de trouver Charlie dans la dernière page du bouquin, celle ou il est paumé parmi des centaines d’individus qui ont eu le bon goût de se fringuer avec des rayures rouges et blanches. Même mon mot de passe hotmail est plus facile à retrouver. J’abandonne rapidement, incapable de me concentrer car obsédée par une question existentielle de la plus haute importance : comment savoir qu’un pou est vexé ? Google est mon ami. Mais pas aujourd’hui.
J’ai envie de pleurer. Je hais le matin. Quand j’étais petite, j’entendais dire que araignée du matin : chagrin. Il a fallu que je souffle une vingtaine de bougies pour me rendre compte qu’on pouvait remplacer araignée par à peu près l’intégralité des noms communs du Larousse, ça rimerait toujours avec chagrin du moment que ça se passe le matin.
J’essaie de ne plus penser aux poux, surtout en prenant ma douche. De ne plus penser à mon amis Google devant le miroir.Des cheveux en bataille cachent des yeux bleus aussi jolis que myopes. Peau blanche quasi transparente qui a certains endroits du corps permet de cartographier précisément mon réseau sanguin, une méduse en serait jalouse. Je n’ai pas beaucoup changé depuis hier. J’adresse un clin d’oeil à mon reflet avant d’enfourcher mes lunettes rectangulaires, celles qui me rendent physiquement intelligente.
8h45, je sors les raviolis du micro-ondes. Ce que je préfère dans les raviolis c’est la nappe de gruyère fondu qui croque sur les bords quand le bol a passé la nuit au frigo. Si je bossais chez Buitoni, il n’y aurait pas deux pièces contenant une garniture identique, ce serait 38 mini pochettes surprises dans chaque boîte. Y’en aurait même une au beurre de cacahuètes. J’explique mon projet à Pixel pendant que mon tshirt se transforme en pull angora, il me regarde et ronronne comme s’il croyait en moi et mes formidables idées culinaires. Ce chat est merveilleux. Je balade ma main sur son dos à rebrousse poil jusqu’à l’oreille gauche déchirée.
La blessure de guerre remonte à la période où j’étais un chef indien à mes heures perdues, occupée à explorer le désertique bac à sable en compagnie de Pixelor, mon féroce tigre du Bengale. Je n’avais pas vu arriver le berger allemand, je ne savais même pas qu’un mastodonte pareil pouvait être nommé. Quand il a commencé à boitiller dans ma direction en grognant, Pixel a triplé de volume et s’est mis à cracher en remuant les moustaches. Le molosse s’est arrêté net en face de cette boule de poils qui osait le défier. J’ai lâché mon arc au premier aboiement, mon chat ne bougeait pas, il émettait des sons rauques en continu. Je n’ai pas fait attention à ma mère qui me hurlait depuis le balcon de reculer puis je me suis pissé dessus au moment où le chien a recommencé à avancer vers moi. Pixel lui a sauté à la gorge, planté ses griffes dans l’épaule et s’est hissé sur son dos pour lui labourer la nuque. Une pluie de bave et de sang m'éclaboussait, le chien sautait dans tous les sens pour déloger son adversaire. Puis il roula sur lui même et Pixel s’éjecta juste à temps pour éviter d’être réduit en bouillie par 50kg de muscles. Il galopa  vers la rue, ne devant son avance qu’à la patte blessée du chien enragé. J’ai attendu toute la journée dans le bac à sable en pleurant. Ma mère tenta de me consoler sans succès en épongeant mes litres de morve. Le lendemain Pixel a gratté à la porte l’oreille en sang et le pelage couvert de cambouis. Il s’est mis à ronronner avant même que je ne l’étouffe dans mes bras.
Quand j’ose raconter cette aventure en société je peux déduire lequel de mes auditeur possède un chat, il a toujours les yeux qui brillent à la fin de l’histoire, les autres se marrent tout le long. Surtout Vic.
C'est en posant le bol sur la pile de vaisselle sale que je marche sur mes clés. Vu l'heure qu'il est je vais même avoir le temps de vidanger ma boîte aux lettres.
- Bonne journée mon petit amour, je ne rentre pas trop tard ce soir !
Je claque la porte et me pétrifie quand j'entends un écho. Je n'aime pas trop que mes voisins me surprennent en train de parler à mon chat. Laura dévale les marches, un morceau de croissant entre les dents et des miettes incrustées dans le labelo. Elle me crache un bonjour à la face sans s'arrêter de courir. Avant que j'ai eu le temps d'articuler quoi que ce soit l'escalier est déjà désert. C’est le plus joli sourire qu’on m’ait adressé depuis une éternité. J’ai un faible pour la nourriture.
***
Nina ? Stéphanie ? Vanessa ? Charlotte ? Cécile ? Marine ?
Impossible de me rappeler comment se prénomme la barbie qui pianote sur le poste voisin. Remarque cela ne fait que trois semaines qu'elle occupe cette place, et je me suis promis de n'avoir aucun échange social avec une personne dont le fond d'écran représente un nouveau né souriant à un géranium rose. Chez Possum Pizza, la seule chose qu'on a le droit de personnaliser dans notre espace de travail est le papier peint windows. Depuis deux semaines Edward Norton me souhaite la bienvenue en vomissant ses dents sur la barre des tâches.
- Excuse moi, t'aurais un stylo à me dépanner ?
Elle sursaute et me dévisage trois bonnes minutes. J'ai l'impression qu'elle va me sortir la carte de visite de son esthéticienne ou m'imprimer la liste de ses anticernes préférés. Je hausse mon sourcil droit en gardant le gauche bien à plat jusqu'à ce qu'elle se décide enfin à me donner un de ses 5 stylos Possum Pizza flambants neufs que je glisse dans mon sac avant de la remercier.
11h10. Le premier appel ne devrait plus tarder.
- Possum Pizza bonjour.
La fiche de la cliente apparaît, son double menton aussi. Je me demande quel est l'intérêt d'encombrer les serveurs avec toutes ces photos, est-ce seulement légal ? Je me prépare à noter la commande au moment où je lis son prénom. J'ai toujours pensé que c'était une légende urbaine, ces parents assez malades pour baptiser leur fille Clitorine. Remarque c'est peut être un acte purement artistique ou simplement sadique, ou c'est juste que mon esprit obtus n'arrive pas à percevoir la beauté intrinsèque de ce prénom. Quoi qu'il en soit je transfert l'appel à ma voisine histoire d'éviter de me faire virer pour fou rire intempestif.
Il est très rare que je délègue un appel, même lorsque je tombe sur un bègue ou quelqu'un qui a eu la bonne idée de composer le numéro avant même de choisir sa pizza.
- Possum Pizza bonjour ?
- Bonjour je voudrais une Tikenja à livrer rue des chênes au 14, non attendez plutôt une Razzorizo, la garniture est bio n'est ce pas ?
J'ai même droit à l'éternel indécis. Au bout de trois minutes un œil rouge clignote sur l'écran. Une oreille aurait été plus juste, le manager n'est pas branché en visioconférence, il ne fait qu'écouter. Mais se sentir observé est beaucoup plus intimidant, on se demande même si un bout de ravioli n'a pas échappé au brossage matinal. Sauron aurait-il été aussi terrifiant si il avait décidé de surmonter sa tour d'une oreille enflammée ?
Un appel coupe le fil de mon épique réflexion. Madame Béchade demande si les pizzas végétariennes contiennent des crevettes parce que vous comprenez elles aussi ont un système nerveux. Madame ne fait pas partie des traîtres carnivores qui osent se vanter d'appartenir à la race supérieure des bouffeurs de tofu alors qu'ils croquent sans pitié du poisson mort né.  
Je hais les végétariens. Les raisons obscures qu'ils avancent pour justifier leurs carences alimentaires rivalisent d'absurdité. Je peux encore voir les yeux d'Alex briller lorsque je lui parlais des centaines d'hectares de sapins cultivés dans le seul but d'être sauvagement tranchés pour Noël, combien de litres de sève sa famille avait-elle fait couler depuis sa naissance ? Et en quoi étaient fait son sac Marc Jacobs ? Et qui avait tricoté son top acheté chez Primark ? Puis je l'avais achevée en lui demandant si la viande lui manquait parfois. Non, pas vraiment, et puis c'était tout à fait normal de rêver qu'une dizaine de poulets rôtis l'invitaient à danser la farandole puis qu'elle se battait avec Jeanne Calmant pour avoir droit à du jambon mouliné, non ? C'est après son exposé passionnant sur Borges que j'avais proposé à Alexia de manger avec moi pour éclaircir quelques points. Face à mon assiette de charcuterie elle avait tenté de me faire comprendre qu'élever des bêtes dans l'unique but de les dévorer était une abomination. Je lui avais donc parlé des conifères, de ses fringues fabriquées par des esclaves, du refoulement de ses pulsions, d'une idéologie nuisible à sa santé, puis avait noté que son sac était tissé de peaux mortes et son mascara testé sur des lapins nains. On avait continué de se voir après la fac en préférant les bars aux restaurants.
- Possum Pizza bonjour ?
Ils ne se rendent pas compte qu'ils me dérangent, ils trouvent ça normal de troubler les tribulations de ma pensée toutes les neuf minutes.
À 17h28 je dépose mon casque et gobe un doliprane pour faire taire le grésillement de mes oreilles fondues. J'hésite à en avaler un second pour supporter l'ascenseur. Depuis trois jours l'escalier est condamné pour rénovations, Possum Pizza préfère dépenser ses bénéfices dans un nouveau revêtement de sol feng shui plutôt que dans une augmentation des salaires, normal. Je me faufile dans la boîte métallique aux angles noircis de crasse puis presse le bouton zéro. J'essaie de ne pas penser aux staphylocoques et autres joyeusetés que je viens d'accueillir sur mon pouce. Maintenant que la mâchoire d'acier s'est refermée il n'y a plus qu'à attendre docilement que les chiffres rouges se mettent à défiler. Je ne supporte pas les endroits confinés desquels il m'est impossible de sortir quand bon me semble. Si je ferme les yeux je vois le vide insondable au dessus duquel la cabine tangue au bout d'un câble usé. Se concentrer sur la tâche de sauce tomate qui orne ma braguette est une excellente diversion.
Une fois sortie de mon calvaire métallique j'entends un manager insulter météo france, le peu d'estime que j'avais pour lui est réduit à néant quand il ose m'apostropher.
- T'as vu ce temps pourri ? Une semaine qu'il fait moche !
- Vous avez raison, vivement l'été.
Toujours suivre le manager et balancer une banalité en fin de réplique garantie la possibilité de négocier son planning hebdomadaire.
- Mais on est le 29 juin !
- Oui en effet, il devrait y avoir du soleil.
Je m'éclipse vers la sortie avant que l'échange ne se transforme en dialogue digne de Ionesco. Mes lunettes se couvrent de gouttes avant même que le vent détruise ma structure capillaire. Je lève mes yeux vers les nuages.
À l'âge de huit ans j'étais fascinée par ces gros paquets de mousse dans le ciel, on aurait dit qu'ils étaient posés sur une plaque transparente faisant le tour de la Terre. Et puis un jour Fred et Jammy m'ont expliqué qu'il s'agissait de cumulus établis dans la troposphère. Ils ont brisé ce fantastique dôme de verre à coup de maquettes conçues par des daltoniens sous LSD. Ils en ont profité pour parler des dangers du soleil. Moi j'adorais fixer cette boule de feu jusqu'à la voir devenir noire, ensuite je fermais les yeux et ma tête devenait une discothèque silencieuse.
C'est au lycée que ma myopie est devenue trop handicapante pour continuer d'être ignorée. À force de confondre humains et lampadaires, progressivement plus personne ne s'est mis à me faire signe en souriant le matin. J'ai compris que le monde n'était pas flou, que c'était moi le problème, que mes beaux yeux devaient être parqués derrière des carreaux afin de mettre ma vie sociale et professionnelle hors de danger. Et que j'aurais du suivre les conseils fachistes de Fred et Jammy.
À mesure que je me rapproche du tramway je distingue une masse sombre qui tremble sous le toit de béton. Les gens sont littéralement agglutinés sur la partie du quai protégée de la pluie, on se croirait face à un régiment auquel Biggus Dickus a ordonné la formation en rectangle. Je décide de rentrer à pieds, les gouttes d'eau claquent sur ma peau, sensation grisante, j'aimerais qu'aucune parcelle de mon corps ne soit épargnée. Mes lunettes fondent, le paysage qui m'entoure se rapproche du pays des merveilles kaléidoscopiques. Il fait beau.
***
Il règne dans mon appartement un capharnaüm sans nom. Une caverne tapissée de cafards confits ? Je n'ai strictement aucune idée de l'étymologie du mot, en le griffonnant sur un post-it je réalise que je ne connais même pas son l'orthographe. J'irai voir sur Wikipédia plus tard. C'est la première chose qui me passe par l'esprit.
C'est toujours la première chose qui me passe par l'esprit.
La couche de poussière qui orne mes quatorze volumes d'encyclopédie Larousse est vierge de toute trace de doigt. Il est loin le temps où j'avais envie de disséquer un bébé phoque pour savoir si il était rempli de guimauve comme le prétendait mon frère. Mon cerveau s'est mis en veille à la seconde où il a été traversé par une onde wifi. Je suis devenue une assistée du clavier. Après m'avoir assommée, cette constatation déclenche une crise d'angoisse. Aussi aberrant que cela puisse paraître j'ai besoin de savoir d'où vient le mot capharnaüm. Une multitude d'images défilent. Un amas de turbans, une urne en terre cuite, un tas de cafards grouillants, une pierre tombale romaine, mais les romains avaient-t-ils des cimetières ? Je ne sais pas. Internet sait. Mon appartement n'est pas connecté. Il faut que je sorte. Il faut que ça cesse. Il faut que je trouve une explication rationnelle à Laura quand elle ouvrira la porte.
- Euh salut, c'est moi, ta voisine du dessous tu te souviens ?
Elle me dévisage de longues secondes, je grimace un sourire nerveux, une main tendue qu'elle attrape.
- Oui, oui qu'est ce qui se passe ? T'as pas l'air bien... Maïtica est revenue ?
- C'est à dire que j'aurais besoin d'aller sur Internet et mon ordinateur est mort donc je me disais que peut être je pourrais utiliser le tien...
- Ah c'est tout ? Mais rentre, fais comme chez moi, l'ordi est là.
Une plaque d'aluminium à la pomme traine sur le lit, unique meuble de l'appartement. J'essaie de ne pas trembler en relevant l'écran puis me calme lorsque s'affiche le multicolore Google. Je n'ai qu'à taper le début du mot pour qu'il apparaisse intégralement, une pression sur entrée, un clic, parfait. Capharnaüm était une ville de l'ancienne province de Gallilée, sur la rive nord-ouest du lac de Tibériade au nord de l'état d'Israël, son nom vient de l'hébreu : village et compassion. Tout simplement.
- Tu veux un café ?
Au son de sa voix je déconnecte instantanément et rougis devant l'absurdité de mon acte, je ne me souviens même pas comment j'ai pu réussir à frapper à sa porte. Je m'apprête à bafouiller une réponse lorsque je croise son regard. Il m'enveloppe littéralement. La seule chose qui a le pouvoir de me calmer aussi rapidement c'est un mètre de papier bulle à éclater. Je hoche la tête puis m'entends dire que je ne suis pas contre une tasse du moment qu'elle contient plus de sucre que de café.
- Et ton roman avance bien ? Ca parle de quoi ?
- Euh c'est pas vraiment un roman, en fait je suis coincée au chapitre trois depuis pas mal de temps et ça ne ressemble pas à grand chose...
- Mais t'as pas tout perdu à cause de ton ordinateur au moins ?
- Non, non c'est un manuscrit uniquement papier, au fin fond de mon disque dur il y a mes chroniques de film et des souvenirs en jpeg que je dois récupérer.
Après avoir bu la moitié de son paquet de sucre et raconté ma vie en diagonale, je sors de chez Laura avec la ferme intention d'écrire le chapitre quatre avant l'aube.
***
Je n'arrive plus à écrire. Le stylo écarlate tatoué PP me nargue. La feuille est couverte de ratures. Cela n'a aucun sens. Je revois mon ex poser sur moi un regard emprunt de pitié puis me dire que Alix au moins sait exploiter brillamment ses talents de guitariste. Elle ne loupait pas un seul de ses concerts. Je revois sa bouche tordue me cracher qu'il est lamentable que ma plume ne serve qu'à remplir mes statuts facebook.
Quand est ce qu'on a décidé pour moi que je devais être écrivain sous prétexte que j'aimais écrire ?
Pas de message politique à délivrer, pas de révélations extraordinaires à dévoiler, pas d'histoire originale à conter, je n’ai strictement rien de nouveau à offrir en pâture aux libraires, ni aux analphabètes en quête d'auteurs à critiquer. Je remplis des cahiers entiers parce que j'en ressens le besoin, je communique par lettres car je ne peux pas faire autrement. Ce n’est pas une lubie ni une manière de tuer le temps, c’est une nécessité. Le sac de nœuds qui emplit mon crâne se transforme sur le papier, les kilomètres se démêlent pour former des mots, des phrases, du sens. Lorsque j'ai découvert les langues étrangères et la typographie, les limites de l'écriture ont explosées. L'intégralité du monde peut être traduite, même l'absence de mots prend sens. Je ne cherche pas à trouver mon style ou à être publiée, pour cela il faudrait savoir quel lectorat je veux toucher. Seules mes lettres sont véritablement travaillées, je retouche jusqu'aux virgules afin d'atteindre la perfection. Mon correspondant ne doit pas simplement comprendre mon propos, il doit le ressentir. C’est une façon de parler clairement sans être interrompue. Là où j’échoue à articuler un 'je t'aime', une lettre le crie sans que j'ai à écrire une seule fois les mots fatidiques.
Comme à son habitude Pixel me sors de mon état catatonique juste avant que je visage de mon ex submerge mes pensées.
- Merci, j'ai même pas eu le temps de distinguer ses tâches de rousseur cette foi-ci.
Je repousse doucement mon chat du bureau puis relis mon ébauche. Alice était sur le point de postillonner au visage de Greg, le fameux étudiant trempé dans la mafia locale. Mon ex disait toujours qu'un bon bouquin contenait au moins un mort. Quoi qu'il en soit j'avais commencé la rédaction de ce qu'on exigeait de moi : un bébé Goncourt. C'est après avoir terminé le troisième chapitre que j'avais reçu son dernier texto. Il ne m'était absolument pas destiné. Il eu le mérite de m'arracher les paupières, celles que j'avais cousues le jour ou j'avais entendu parler de son pote guitariste pour la première fois. Après la rupture je me suis attachée à cet embryon de vingt huit pages comme on s'agrippe à sa dissertation au moment où le professeur annule l'épreuve. Ce n'est qu'aujourd'hui que je me rends compte que je n'ai jamais voulu écrire cette histoire. Je lance un regard dramatique à Pixel, je suis à peu près certaine qu'il me trouve aussi touchante qu'un cochon d'inde atteint de strabisme divergent. Interminable soupir. Des pages nourries de peur et d'orgueil. Devant moi pourrit une fausse couche gorgée de bile.
Je n'ai jamais voulu écrire cette histoire.
***
En quelques secondes j’assassine sauvagement Alice. Pixel s’occupe de réduire son cadavre en charpie mieux que n’importe quel destructeur de documents. J’étais en pleine contemplation de mon nouveau parquet en papier mâché quand mon portable sonna.
- Salut Victor
- Wow je m’attendais pas à tomber sur Daria ! Il t’arrive quoi ? La dernière fois que t’as eu ce ton c’est à la fin de l’épisode ving-deux de la septième saison de Buffy. Me dis pas que t’étais en train d’écouter Thom Yorke gémir en pensant à ton ex ?
- Non, je viens juste de déchirer mon manuscrit en assez de morceaux pour que Valérie Damidot jalouse la déco de mon salon
- Ah mais oui, l’histoire d’amour entre Greg et Alice qui termine dans un bain de sang c’est ça ? Le scénario redoutablement original pondu par ton ex ? C’est pas plus mal que tu t’en sois débarrassée, quoique t’aurais pu remplacer Greg par un fille ça aurait été un pas vers la sortie de la bibliothèque des ménagères ménopausées…
- ouais c’est ça j’ai vraiment envie d’écrire un bouquin sponsorisé par Pink tv, tu sais être lesbienne c’est pas un phénomène socio-culturel fait pour remplir les rayons indés de la fnac hein…
- t’énerves pas je t’appelais juste pour avoir de tes nouvelles, maintenant que t’es plus sur le net je vois des pixels morts partout, sans vouloir offenser ton chat hein..
J’écourtais la conversation, moins parce que Vic m’avait gavé que parce que j’avais envie d’écrire. Le mot lesbienne méritait quelques lignes et si je laissais filer cette envie impulsive elles ne seraient jamais écrites. Je hais ce mot. Je l’entends comme un ongle rayant un tableau noir puis rebondir avec la grasse d’un bourrelet moite pour terminer en une trainée de bave tachant le reste de la phrase qu’il infecte. LESBIENNE.
Ce mot suinte, il me lèche l’intérieur de l’oreille, avec une langue râpeuse comme celle d’un chat, qui laisse des petits grumeaux de pâté saveur lapin partout où elle passe. Je n’assume pas cette intolérance, j’aimerais apprendre à aimer ces neuf lettres. Je les écris au centre d’une page blanche. J’essaie de les regarder sans les lire. LESBIENNE. J’aimerais être analphabète, admirer les caractères sans les lier à un son, prendre les mots comme des illustrations minimalistes stylisées. Je me force à fixer LESBIENNE, le brosse du regard dans tous les sens, je veux le décaper, qu’il soit nu et incompréhensible. LESBIENNE.
La migraine finit par s’installer, j’ôte mes lunettes et frotte mes yeux jusqu’à perdre un cil. Je ne peux pas désapprendre à lire. J’enrage contre mon cerveau formaté qui transforme la moindre matière brute en produit fini, lisse, transparent. La drogue pourrait m’aider à y voir moins clair mais ce serait un artifice, une grossière béquille plus encombrante qu’utile. Le stylo tremble entre mes doigts crispés. LESBIENNE. J’ai encore envie d’écrire sans savoir pourquoi et encore moins pour qui. Cela n’a aucun sens. Je suis Astérion qui se moque de savoir s’il y a une issue, je suis le rat qui prend plaisir à errer dans son labyrinthe. L’écriture est une fin en soi, je ne veux pas créer une histoire comportant un point final. Alors juste un début ? Même l’histoire sans fin a une fin... Ou alors quoi ? Juste un paragraphe ? Et si ce n’est pas une histoire je ne suis pas obligée de lui donner une fin. Ou une lettre ? Je sais écrire des lettres, il faut juste connaître le destinataire, ça n’a pas vraiment de fin ni de début, pas même de milieu, c’est juste des paroles figées. Une manière de s’adresser à quelqu’un en affinant notre propos à l’extrême tout en lui laissant le loisir de prendre son temps pour le lire, le comprendre, et surtout le faire à l’abri de notre jugement. Ce n’est pas un dialogue ouvert qui place l’introverti en position de faiblesse, qui permet par des acrobaties verbales de piéger l’autre, le convaincre ou l’empêcher de s’exprimer. Le papier est sourd, muet, aveugle, le papier ne demande pas une réponse, le papier ne demande pas d’être lu, compris, accepté il existe. Il est ce qu’on devrait être. On devrait juste vivre par et pour soi-même, sans jamais rien attendre de l’autre, vivre gratuitement,  sans exigences déguisées en innocentes demandes, sans sous-entendus.  Lisibles. J’en suis à me comparer à mon moleskine quand les manifestants passent sous mes fenêtres en hurlant. J’ai trouvé à qui écrire ma lettre.
***
J’ai compris quand j'étais au lycée. J'avais embrassé la même fille plusieurs fois, c'était ma “copine”, il était temps d'en parler à ma maman. Je savais déjà qu'elle accepterai, mais ne m'attendais pas à sa réponse : “oh tu sais ma chérie, je m'en doutais depuis la maternelle que tu préférais les filles et je suis très heureuse que tu m'en parles, n'oublie jamais que du moment que tu es en bonne santé et bien dans ta vie je suis une maman comblée”. Bon soit dit en passant j'aurais bien aimé qu'elle me tienne au courant que j'étais lesbienne, ça m'aurait évité des nuits entières de questions existentielles du genre “est ce normal d'être jalouse du mec de sa meilleure amie”. La suite de mon coming out s'est très bien passé, jusqu'à ma grand mère de 89 ans me disant qu'elle trouvait ça parfaitement normal, du moment qu’il y avait de l'amour et des personnes majeures consentantes. Oui je sais, j'ai une famille en guimauve, j'assume. Tout ça pour vous dire que j'ai grandi dans l'idée que j'étais parfaitement normale, saine et équilibrée, et que l'amour n'avait pas de sexe (ces idées déviantes ne m'ont pas pour autant fait flasher sur mon cochon d'inde ou me constituer un harem d'amantes). Aujourd'hui, pour la première fois de ma vie, je me sens mal d'être lesbienne. Ce qui était une chose anecdotique et que j'avais complètement intégré comme faisant partie de moi est une tare à vos yeux. Je ne comprends pas en quoi je suis moins saine d’esprit que vous, j’ai eu mon bac du premier coup, j’ai raté mon permis, je paye des impôts, je connais mes tables de multiplication. Non, vraiment je ne vois pas en quoi ma vie sexuelle influe de manière néfaste sur tout ça, à vrai dire je ne m’étais pas posé la question. Je n'ai jamais choisi de tomber amoureuse d'une fille, j'ai choisi de bien le vivre et d'être heureuse, tout comme ma meilleure amie a choisi de bien vivre le fait d'être en couple avec un homme. Je suis toujours restée à l'écart de la communauté gay, pour tout vous dire je la méprisais un peu, de vouloir se revendiquer comme des marginaux et afficher des arcs en ciel jusque sur l'élastique du slip. Aujourd'hui, pour la première fois de ma vie, je me sens plus à l'aise dans une gay pride que dans le bus. Lorsque je marche dans la rue je dévisage les passants à qui je souriais la semaine dernière, si ça se trouve, lui aussi il défile en lycra argenté en hurlant qu'on ne ment pas aux enfants… Si ça se trouve elle était à Paris le 13 janvier, la dame à qui j'explique mieux qu'un GPS je trajet pour aller au Palais des Beaux Arts. Alors je me retrouve à porter un ridicule bracelet rainbow que j'exhibe au monde entier, un peu comme un bouclier, et je me sens mal. De voir 20 ou 300 000 personnes se rassembler et hurler que je suis différente, contre nature, malade, incapable d’élever sainement un enfant, je me sens mal. J'ai l'impression d'être un sans papier à un meeting UMP. Pour la première fois de ma vie je me sens mal à cause de ma sexualité, c'est complètement absurde, ça ne devrait pas arriver. Je ne fais de tort à personne, et je ne viens pas vous demander quelles sont vos pages préférées du kamasutra, pourquoi vous vous intéressez à ce qui se passe dans mon lit ? C’est censé ��tre utile pour élever des enfants ces détails ? J'ai l'immense chance d'avoir une famille et des proches qui me soutiennent et n'ont pas le discours hypocrite “on est pas homophobe mais tout de même accorder le mariage…”. Il n'y a rien de pire que ces gens qui se disent tolérants, qui pensent sincèrement ne pas être homophobes, mais qui sont en fait l'exemple parfait de l'homophobie latente, celle qui nous explique qu'à certains détails près, on ne doit pas être égaux. Je veux que vous sachiez à quel point je suis blessée de vous voir vous mêler d'une chose qui ne vous regarde pas, de parler au nom de l'enfant, comme si vous lui demandiez son avis avant de le faire, comme si le couple hétérosexuel était le seul capable d'élever sainement des enfants, comme si les milliers d’enfants maltraités étaient issus de couples non hétérosexuels, comme si l’actuelle société ne comptait pas déjà des familles heureuses avec deux mamans ou deux papas, handicapées par l’administration quand tout le reste de leur vie fonctionne très bien, comme si ça allait changer votre vie qu'une minorité de la population payant les mêmes impôts que vous puisse avoir les mêmes droits. Mais si vous faites tout ça c’est pour protéger l’enfant, qu’on lui assure une famille biologique avec des bonnes grosses racines, qu’il puisse remonter jusqu’au moyen âge pour savoir de quel ancêtre il tiens ses yeux bleus. Oui c’est important de savoir d’où l’on vient, et on apprendra pas à nos enfants qu’ils sont nés dans des choux, on ne veut pas transformer le monde, on veut juste en faire partie sur le papier, car on y est depuis le premier homme, nous et des centaines d’autres espèces d’être vivants qui ont des relations homosexuelles, on est déjà là, c’est un phénomène naturel et normal, pas un choix ou un style de vie. Heureusement qu’au vingt et unième siècle on arrive enfin à avoir des droits et ne plus être considérés comme malades mentaux, enfin cela dépends par qui, quand je vous vois défiler dans la rue pour me dire que vous m’aimez bien mais uniquement si vous ne me voyez pas trop. Vous vous trompez de croisade, l’enfant a besoin de repères, de compréhension et d’amour, et ça n’importe quel être humain est capable de lui donner ou de l’en priver, quelle que soit sa sexualité. Vous ne vous rendez pas compte à quel point on se sent mal face à tant d’incompréhension et de jugement, mais si vous êtes dans la rue aujourd’hui c’est qu’il y a un problème de communication. Rencontrons-nous, posez-moi toutes les questions qui vous démangent, comprenez moi au lieu de me »
Une atroce douleur stoppe la course de ma main au moment où j’entame la troisième page. Ma maîtresse de CE1 répétait que je n’étais pas faite pour l’écriture, mes lettres ne tenaient pas en place, mes capitales débordaient sur tous les carreaux, on avait le mal de mer rien qu’en lisant mon prénom. Et puis il y avait ma façon de manier le crayon. C’était une honte de tenir sa plume comme une truelle. À l’époque wikipédia n’était pas là pour définir ce mot barbare qui taillait en pièce le peu de confiance qu’un enfant de sept ans peut avoir en soi, j’imaginais un affreux ustensile et n’osait même pas demander d’explications à ma maman tellement j’avais honte d’être si nulle. Une truelle tout de même, ça devait être plus terrible que tout. Je n’ai jamais appris à manier le stylo proprement, les crampes me rappellent que je suis dans le monde réel. La douleur, rien de tel pour se sentir vivant. Je relis en diagonale ce que j’ai commencé, ça me plaît mais c’est plein de tournures maladroites et il peut se passer cinq ou six lignes sans autre ponctuation que des virgules qui soulignent des répétitions. Je corrigerai plus tard. L’écriture spontanée n’est que matière brute, seuls les dadaistes lui permettent d’exister par et pour elle-même, dans le monde réel elle ne peut se passer de corrections. Corrections. Un mot qui sonne comme une sanction d’écolier, le lire décrédibilise le propos, et pourtant elles sont essentielles et salvatrices, elles transforment un pavé illisible en une phrase claire, un dialogue kitchissime en échange passionnant, une histoire vraie en une histoire crédible. Il me faut un thé.
Quelle force métaphysique pousse l’être humain à boire des infusions quand il emménage dans son premier appartement ? J’ai vus mes amis se convertir au Earl Grey du jour au lendemain, certains ont même acheté des boîtes en métal accordées au papier peint. Je me brûle quelques papilles. Ma langue existe. Ma cuisse droite aussi, celle dans laquelle Pixel enfonce ses griffes pour me signifier qu’il m’aime. Mon chat est formidable, mon Levis est foutu. Dehors les manifestants sont déjà loin et leur slogans enfin inaudibles.
***
Il me fait penser à un grain d'orge. Gros. Gras. Grand.
Je sens qu’il va encore payer une langue de veau ou des capotes au piment d’Espelette en pièces de cinq centimes. Le voilà qui attend nerveusement derrière une petite vieille, ses cheveux sont moins gras que dimanche, ou c'est peut être mes yeux qui ont finit par s'habituer à l'éclairage au néon. Client suivant. Je salue sa chemise à motifs auréoles-sous-les-bras puis bipe un os en plastique de 40 centimètres. J'aimerais savoir ce qui pousse les gens à commercialiser des répliques de fémurs humains à destination d'animaux domestiques. Peut-être est ce un complot à échelle mondiale, destiné à entrainer les caniches, ce qui expliquerait la dextérité de ces derniers à choper le mollet du premier coup. Mystère. Après s'être gratté le cortex en passant par sa narine gauche il me tend l'appoint en pièces brunes puis s'empresse de ranger son achat.
Il ne rougit pas autant que le jour où il a acheté dix kilos de litière à la lavande et un masque de plongée.
Bosser comme caissière à monoprix est une expérience anthropologique fascinante, j’y suis tous les dimanches, j’avais le choix entre un boulot en plus ou dix mètres carrés en moins, et Pixel a besoin d’espace. Je préfère bosser chez Possum Pizza, au moins là bas je n’ai que la voix, ici j'ai les postillons qui vont avec, sans mes lunettes j’aurais déjà chopé une conjonctivite.
Client suivant. Pouce. Lui je l'aime bien. L'étudiant qui dépense l'intégralité de sa bourse dans le loyer d'un neuf mètres carrés et des boîtes de cassoulet pouce, celles à 39 centimes avec de la gélatine de porc en forme de haricots et assez de flotte en rab pour avoir droit à la mention "500 grammes".
Parfois je bipe des produits périmés, ça me permet de faire de beaux cauchemars la nuit. Madame Dubroca assaillie de tremblements pendant que sa choucroute bio à moitié digérée lui déchiquette l'estomac, un geyser de sang sortant de son nombril. Ridley Scott devrait exploiter la choucroute.
Aurélie m'a expliqué qu'on pouvait toucher une prime à la fin du mois selon le nombre de produits périmés qu'on avait réussi à vendre. C'est ma deuxième semaine de boulot et j'ai déjà l'impression d'être auteur d'un génocide à coup de vache qui rit moisie.
- Tu savais que le rayon animalerie de Monoprix c’était un peu le sex-shop du pauvre ?
- J’en doute pas une seule seconde Vic’, tu peux m’attendre en terrasse du Sun Café ? J’vais pas tarder je termine à 19h mais si mon boss me voit encore te faire la causette je vais me taper la corvée des cartons et tu me verras pas avant la fermeture du bar…
- Pas de problème, et j’ai une surprise pour toi tu verras !
Je ne sais pas combien de bisounours Vic a mangé dans sa vie mais il est tout le temps heureux, tout est toujours beau, et quand ça ne l’est pas c’est que ça le deviendra, même au fond du trou il serait capable de dire qu’il est content de savoir qu’il ne peut que remonter. En tout cas ça fait du bien, j’ai presque le sourire alors que le client suivant est le collectionneur de bons d’achats, à voir sa liasse du jour j’en ai pour un bon quart d’heure de lecture...
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Comme à son habitude Vic  a attendu la deuxième pinte pour sortir la surprise de son sac, et cette fois-ci ce n’était pas un hand-spinner qui joue du Patrick Sébastien quand il est lancé à une certaine vitesse mais un tas de feuilles A4 vieilles comme le monde, ou plutôt comme notre monde à tous les deux. C’est notre rencontre au collège cristallisée sur un devoir à la maison. Vic avait ramassé la note interdite en rédaction grâce à elles : un vingt sur vingt. Il est tout excité et les agite devant mes yeux en me racontant l’histoire comme si je ne la connaissais pas déjà par cœur. Il était une fois un gamin doué d’une imagination débordante et une enfant née avec un talent certain pour l’écriture, quand en commun ils mettaient leur savoir, leur travail ainsi obtenu était tel un mégazord : un monstre gentil prêt à tout écrabouiller sur son chemin pour triompher du mal et du prof de français. Une amitié était née, que rien sinon Malévitch n’avait pu altérer depuis dix-sept ans maintenant.
- Oui je connais cette histoire Vic, t’avais eu une super note, c’est celle du détective inachevée non ?
- C’est ça ! Et je te propose un truc, j’aimerais terminer cette histoire ! Vingt ans plus tard certes mais j’aimerais vraiment qu’on se remette dessus ensemble, ça te dis ?
Je n’arrive pas à savoir si il est sérieux ou si il fait ça uniquement pour que je me remette à écrire. Il me propose un prétexte, un cadre. C’est exactement ce dont j’ai besoin. Je range les feuillets dans mon sac et commande une troisième pinte.
***
Je m’appelle Mike Hammond. Cette première ligne n’est pas très aguicheuse. Elle n’annonce pas un bouquin original visant à concurrencer Musso. Non. Ce que j’ai à vous raconter n’est pas un récit sorti du bulbe rachidien d’un écrivain. Simplement les cauchemars se sont atténués le jour où j’ai décidé d’écrire cette histoire. Et puis Mike Hamond n’est pas mon vrai nom, c’est juste le premier qui me vient à l’esprit quand je pense à un détective. Le simple fait de coucher sur le papier ce que j’ai pu vivre en 2009 est synonyme de risque. Risque de perdre mon boulot, risque d’être interné en hôpital psychiatrique. Il est bien plus puissant que moi, en un sms il supprimerait mon existence. Ca y est le stylo glisse entre mes doigts moites. Il faut que je me calme pour ne pas céder à la panique et perdre sang froid et lecteur simultanément. Je vais parler en tant que Mike Hamond, cette mise à distance artificielle est un brin schyzophrénique mais salvatrice. Je m’appelle Mike Hamond.
Comme tous les mardis je regroupais mes notes et harcelait mon clavier jusqu’à ce que mes colonnes soient pleines. En sortant du CFPJ dix ans plus tôt je me voyais déjà rédacteur en chef du Monde Diplomatique. Ce n’est qu’après trois moi à vivre chez ma mère sénile en essuyant refus sur absence de réponse que je me suis résigné à chercher du côté des journaux les plus lus. Ceux qui débordent d’histoires sordides qui fond bander monsieur tout le monde, celui dont la vie est si creuse qu’il a besoin de savoir de quoi est morte Amy Winehouse pour se sentir vivant. Je n’ai jamais été très doué pour concurrencer les scénaristes des feux de l’amour, par contre mon ex m’a laissé de quoi remplir des milliers de pages à coup de textes morbides. Je l’ai tuée quatre cent douze fois au cours des nuits qui ont précédé ma décision d’aller voir un psy, de quatre cent douze manières différentes, avec trois cent quarante quatre accessoires divers et variés dont son propre intestin grêle. Mon psy dit que c’est sain d’avoir beaucoup d’imagination. Le Nouveau Détective a été conquis par ma lettre de motivation. L’entretien ne fut qu’une formalité, une visite de mon futur lieu de travail. Au départ j’ai continué de chercher un autre job en parallèle. Entre un article sur le zoophile de Calais et le laboratoire de crack de le none Ghislaine, je trouvais le temps de contacter d’autres journaux, sans oser inscrire le Nouveau Détective à mon C.V. C’était le genre de feuille de choux dont j’avais lu deux ou trois numéros pour animer des soirées alcoolisées, c’était le running gag de l’école, si t’as pas la moyenne tu finiras au ND disaient les copains… j’ai eu mention très bien. Mais quand ma mère a commencé à me confondre avec son amant prussien tous mes préjugés se sont évaporés. J’étais l’homme le plus heureux du monde avec ma nouvelle carte de presse. C’était mon passeport pour sortir de l’enfer et me retrouver dans un purgatoire de trente mètres carrés avec les chiottes sur le palier, le paradis Parisien.
Ce mardi 7 juillet 2009 je n’avais plus qu’un paragraphe à saupoudrer d’adverbes pour boucler ma rubrique, j’avais passé mon weekend à interviewer la mère d’un bébé cannibale, j’avais même récupéré une photo de son téton gauche lacéré, et une autre du petit Teddy et son sourire rouge et blanc, l’auriculaire de son grand père coincé entre deux molaires. J’en étais à effroyablement quand Jack m’a balancé une enveloppe kraft bariolée de hiéroglyphes rouges.
- C’est urgent, bouge ta viande rue des mésanges, au 9, voilà ta carte pour passer les cordons de poulets, allez t’es encore là ?
- Mais Jack j’étais en train de boucler et –
Son front humide s’est barré d’une veine pourpre.
- Putain si je dis d’y aller immédiatement tout ce que t’as à foutre c’est commander à tes guiboles de trainer le sac à cendres qui te sers de tronc hors d’ici et plus vite que ça !
J’étais déjà dehors quand il a claqué la porte de son bureau à en faire péter les gonds. Jack était le genre de mec qui s’excitait rarement mais sûrement. Quatre vingt kilos de cholestérol armés d’une main droite tapissée de verrues était la dernière chose que j’avais envie de contrarier.
J’aurais aimé écrire qu’il pleuvait des cordes, que la ville était voilée de crasse, sépia… Mais la vérité c’est que ma chemise beige avait eu le temps de changer de couleur entre mon bureau et la rue des mésanges, de couleur et d’odeur. Il faisait chaud. Trop chaud.
Un cadavre se décompose trois fois plus vite au soleil, c’est le genre de banalités qu’on apprend dès la première semaine de boulot au Nouveau Détective. Le corps était au salon donc encore frais, je n’avais qu’à faire la mise au point pour que le téléobjectif capte le moindre détail, les flics avaient oublié de condamner les fenêtres, j’ai mitraillé jusqu’à ce que Viviane m’apporte un café à la ricoré, je l’ai poliment remercié en la regardant comme si elle avait encore toutes ses dents, je me souviens encore de ses bigoudis pailletés, ça m’avait surpris qu’on puisse en vendre avec des paillettes.
- Alors vous allez m’interviewer aussi monsieur ? J’aurai ma photo dans le journal ?
Ma carte de presse n’a jamais essuyé un seul refus, ce n’est pas à la flicaille que je la montre mais aux voisins. Mes collègues restent à trois kilomètres de la barrière «CRIME SCENE » en attendant sagement qu’un képi sur pattes accepte un pot de vin contre des renseignements stériles. Moi je contourne le moindre porte-matraque et j’agite ma carte sous les yeux vitreux des plus de soixante ans, ça marche à tous les coups et ce jour là j’ai tiré le gros lot
.
- Et bien Viviane je veux tout savoir, je suis certain que votre témoignage sera le pilier central de mon article !
Après avoir passé six mois à vivre avec ma mère j’avais pris la salle habitude de cimenter mes phrases avec des couches de pléonasmes. Dépasser la précision, transcender la répétition. Communiquer avec un être doté d’un QI d’huitre anémique était devenu ma spécialité. J’observais ses dents blanches parfaitement alignées sur le velours de sa gencive en caoutchouc, j’étais à deux doigts de fantasmer sur ce sourire au moment où elle a plongé sa main dans le verre pour l’attraper entre ses doigts fripés. J’aurais juré que du plancton tourbillonnait désormais à la place du dentier. Mais je n’ai pas eu le temps d’être dégouté, elle a décroché ma mâchoire en une phrase :
- Eh bien monsieur le journaliste détective, c’est mon petit-fils qui a découvert le corps du pauvre monsieur Hubert tout à l’heure, il en a vu d’autres avec ses jeux vidéos mais là c’est pas pareil mon pauvre petit… Léo croyait que monsieur Hubert dormait, il est entré par le jardin comme d’habitude, vous savez monsieur Hubert était très gentil, il laissait ouvert la véranda pour que Léo puisse venir jouer avec ses poissons, il a un très bel aquarium, enfin il avait, oh ça fait tout drôle de parler de monsieur Hubert au passé, mais j’ai des photos de ses poissons, même si je n’encourage pas l’aquariophilie car les poissons sont des êtres sensibles et devraient nager en liberté dans l’océan plutôt que dans un bocal vous savez, et
Aspirine. Doliprane. Lexomil. Valium. Si elle continue je vais avoir besoin d’un goûter chimique. Il faut la guider, je dois parler à son petit-fils, le patron aura son scoop et moi une prime, les dessins de témoins ont beaucoup de succès dans notre journal, surtout quand il s’agit d’un enfant.
- Viviane permettez moi de vous interrompre en vous coupant la parole de la sorte mais je n’ai pas beaucoup de temps, serait-il possible de parler à Léo ?
- eh bien la police doit le garder jusqu’à ce soir mais après peut-être que oui, vous êtes si gentil, vous n’avez qu’à rester dîner à la maison ce soir j’ai fait un rôti végétarien, les parents de Léo ne seront pas là par contre car ils sont au japon en ce moment, c’est moi qui garde le petit bout de chou jusqu’au 10, je me suis proposée car il est vraiment adorable, regardez je vais vous montrer des photos de lui bébé vous allez fondre…
Je ne saurais pas vous dire pourquoi je suis resté, j’avais assez de matière pour remplir une double page, pas besoin de m’infliger le repas de famille je pouvais dessiner moi-même à la place de Léo et demander une photo du petit à Viviane, ça serait passé crème… Mais non. J’ai attendu que le gamin rentre, je voulais voir ce gosse, écouter son histoire. Peut-être étais-je en train de me transformer en lecteur du Nouveau Détective, un zombie malsain vivant par procuration du malheur des autres. Je préférais éluder la question, de toute manière j’avais déjà un énorme travail sur moi même pour me calmer à l’idée de rencontrer un enfant.
Je déteste les enfants. La seule vision d’un être de moins de 12 ans me transforme en framboise. L’urticaire peut s’additionner au rougissement si le spécimen ose m’adresser la parole, le cas échéant je me débrouille pour répondre avec autant d’assurance qu’un bègue à un concours de poésie, en évitant bien sûr tout contact visuel. Si Viviane n’avait pas sauté sur le gosse pour lui expliquer qu’un journaliste détective voulait lui poser des questions j’aurais bredouillé une excuse pour m’enfuir. Mais trop tard, le gamin s’est approché de moi avec des yeux brillants
Et voilà, fin de la non-fin de l’histoire. L’exercice était clair, on devait en quelques pages écrire le début d’un roman policier et s’arrêter juste à temps pour frustrer le lecteur, qu’il ait envie de connaître la suite, qu’il rage et peste contre l’auteur qui le trahit, qui pose un cadre sans le remplir. Vingt sur vingt, faut croire que le prof de français voulait vraiment savoir ce qu’un gamin de douze ans avait à raconter au sujet de sa première rencontre avec un cadavre. Moi aussi je me suis prise au jeu, j’ai bien envie de connaître la suite, le seul problème c’est que c’est à moi de l’écrire. Mais c’est aussi la solution.
- Moi aussi plus tard je veux être détective, j’ai même pas peur du sang !
Portait-il encore des couches ? Devais-je m’abaisser à en faire crisser mes rotules ? Rester debout ? Était-il assez intelligent pour mépriser le Nouveau Détective ? Est-ce qu’il savait seulement lire ? Était-il en CP ou en troisième ? Fallait-il sourire en lui parlant ? À quand remontait mon dernier brossage de dents ? Fallait-il clore chaque phrase par un point d’exclamation pour l’intéresser ? Lui offrir une image ? En une seconde des milliers de questions ont surgit comme autant de pop-up apparaissent sur Internet Explorer sans Adblock. J’avais beau cliquer sur les croix rouges, ça continuait de clignoter.
- euh.. je ne suis pas vraiment détective en fait je suis plutôt un journaliste.. j’écris des mots, avec des lettres pour faire des phrases dans un journal… ton papa lit peut être le journal ? c’est tout plein de grandes feuilles de papier très fin avec beaucoup de pointillés noirs dessus, quand on s’approche on voit que ce sont en fait des lettres, comme des mini dessins différents les uns des autres mais qui ensemble racontent une histoire tu vois…
- Je sais ce que c’est un journal je suis abonné à Picsou Magasine moi !
Une momie dont les bandages élimés laissaient dépasser des plumes sales a surgit de mon esprit. Depuis combien de temps n’avais-je pas lu trois cases des aventures du canard le plus malchanceux et cool de l’univers ? Léo venait à son insu de déterrer les maillons d’une chaîne, l’encre rouillée remontait à présent les parois de ma gorge, et la nostalgie remplaçait le souvenir. Comment avais-je pu me piéger de la sorte ? J’avais bien établi un semblant de plan. Je savais quand est-ce que Mike Hamond allait se prendre une balle, combien de cadavres s’accumuleraient avant l’épilogue, le prénom du meurtrier… j’avais le squelette de mon histoire et m’amusais à le remplir d’organes plus ou moins peuplés de mélanomes. Je n’avais pas réalisé que le monstre pouvait échapper à mon contrôle.
Le caissier du Relay m’a dévisagé quand je lui ai tendu un billet de cinq euros trempé de sueur, je n’ai pas osé ouvrir la bouche pour articuler un merci de peur que l’écume pressant mes lèvres ne lui éclabousse le visage à la seconde où j’oserais desserrer les mâchoires. Rentrer chez moi. Passer la nuit avec Donald. Régresser de quinze années.
***
Je ne sais pas depuis combien de temps Pixel nettoie consciencieusement mon pouce droit de sa langue rose, ma montre indique neuf heures du matin. C’est en voyant une médaille des Castors Juniors sur mon oreiller que je me souviens de ma crise d’hier soir, celle qui m’a poussé à courir jusqu’au kiosque le plus proche et acheter le dernier Picsou Magazine. Tout ça à cause d’une réplique tiré d’une ébauche de nouvelle policière écrite par deux collégiens… Est-ce qu’un écrivain projette inconsciemment des éléments personnels dans ses écrits ? Peut on complètement s’abstraire ?
Pendant que je me prépare un petit déjeuner équilibré je relis en diagonale les feuillets rédigés la veille. Rien. Le piège dans lequel je suis tombée n’est préparé nulle part. Mike Hamond poursuit son histoire en toute logique, selon le schéma dont je suis l’architecte. Puis tout d’un coup il relève la tête et me plante ses crocs. Personne n’a rien vu, j’ai tout encaissé. Cette histoire n’a strictement aucun rapport avec moi, je ne fais que jouer avec des ingrédients déjà existants. Un meurtre, un journaliste, du monologue intérieur, des dialogues… Peut-on envisager l’aliénation à force de manier inlassablement vingt-six lettres ? Un écrivain peut-il perdre le contrôle de ce qu’il produit ? Je me sens comme une mère dont la chair de la chair décide un jour de se faire percer le nombril pour plaire à Kévin, celui qui fait du tunning et cultive le plus beau mulet gominé de Roubaix. Alfred dessinait ses films intégralement avant de commencer le tournage. Il suivait les moindres coups de crayons apposés sur le storyboard au coup de gomme près. Avait-il des surprises ? Un détail qui lui échappait était il considéré comme créatif ? Brillamment hitchcockien ?  J’ai envie d’être prof de philo et infliger aux lycéens une problématique du genre « peut-on contrôler sa création artistique ? ». Je gobe un doliprane. Si j’étais prof de philo je possèderai sans doute déjà la réponse à cette question. Mais les profs de philos n’ont sans doute pas de réponses valables à offrir aux milliers de questions dont ils remplissent les tableaux Velléda. Avant de me demander quelle est l’exacte définition de « réponse valable » j’empoigne mon stylo pour attaquer la description du premier cadavre, ce n’est pas aujourd’hui qu’un canard m’arrêtera.
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craycraylei · 8 years ago
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Anthony Perkins : interview
Il pourrait être l'une des vedettes le mieux payées du monde, mais cela lui est indifférent et aux films coûteux, il préfère les bons films : souvent ce ne sont pas les mêmes. L'Amérique est aujourd'hui toute prête à faire de lui l'un de ses dieux et pourtant il la quitte à demi puisqu'il a décidé de vivre, chaque année, six mois en France. Guy Abitan, envoyé spécial de « S.L.C. » est allé à Nice lui poser vingt questions qui se résumeraient en une seule : « Qui êtes-vous, Tony Perkins ? »
Le premier soir que je l'ai vu, c'était à Juan-les-Pins, il y a un peu plus d'un mois, sur cette longue jetée, toujours grouillante d'une foule paisible, paresseuse et demi-nue, qui borde la plage. Là, face à un café tout brillant où un nombre de plus en plus grand de curieux avaient commencé de s'assembler, et même, bientôt de s'entasser, vous auriez pu voir une énorme caméra noire et grise, inquiétante vraiment avec ses objectifs compliqués, sa sorte de museau dressé, son air romane de vous donner des ordres : on allait tourner (c'était le début la nuit) une scène du nouveau film d'André Cayatte, « Le Glaive et la Balance ». Vedettes : Jean-Claude Brialy, Pascale Audret, Tony Perkins. Cette fois, il s'agissait d'une séquence où Tony devait paraître seul ; on l'attendait ; tout le monde savait bien qu'il était caché quelque part, tout près, peut-être même dans le petit square situé à dix mètres de là – mais tout le monde faisait semblant de croire qu'il se trouvait encore loin, très loin, et qu'il arrivait, qu’ « il allait arriver, comme je l'ai entendu dire à André Cayatte, le réalisateur « D'une Minute à l'Autre ». En somme, c'était un jeu – et chacun l'acceptait.
Brusquement, a côté de moi, une jeune fille crie : « Le voilà ! » Je regarde. Je ne vois rien. Ah ! Tout au bout de la rue, j'aperçois un long jeune homme très mince, vêtu d'un pantalon de toile blanc et d'un léger pull-over de couleur noire, et qui avance vers nous, vers cette jetée contre la plage où nous nous trouvons. La démarche rapide, mains enfouies, toutes droites, au plus creux des poches. C'est drôle : moi, Tony Perkins, bête comme je le suis, je croyais presque qu'il ne parviendrait pas vivant jusqu'ici ; j'imaginais milles horreurs, qu'on me l'aurait dévoré en cours de chemin par exemple, ou qu'il serait entouré d'une cohorte de jeunes gens passionnés et ravis… Et je vous en assure, des histoires de vedettes coupées en morceaux par leurs admirateurs, ça n'est pas du tout, mais alors pas du tout ma nature, ni mon habitude d'y accorder nulle importance. Enfin, quand même, Tony traversant seul, sans être dérangé, avec l'allure d'un petit garçon qui se promène, les rues d'un village aussi « bousculé » que Juan-les-Pins, je dois vous le confier, cela m'a fort surpris. Et puis aussi, j'en ai eu le plaisir : ces gens qui attendaient, massés, bruyants, mais sans impatience, le début de la séquence, étaient des gens polis : ils n'avaient rien à voir avec ces imbéciles qui prononcent le moms de leurs « idoles » en se pinçant les lèvres, et se battraient pour la petite joie d'être passé à vingt centimètres d'elles. Première leçon bien agréable : Tony Perkins n'est pas une idole ; c'est un comédien – et un grand comédien – qui se soir se rendait à son travail ; et les curieux ne m'ont semblé curieux que de le voir à cette besogne. Excusez-moi : je trouvais ça beaucoup plus sympathique. On tourne. Deux, trois fois le même passage, Tony doit marcher pendant quelques minutes le long du trottoir, devant la caméra, avant de se faire happer par une voiture où hurlent une demi-douzaine de jeunes filles et de garçons un peu ivres, et trop gais. Quelque chose ne va pas. Sans cesse, quelque chose ne va pas. Il faut recommencer – on est en retard sur le temps prévu – chacun bientôt s'énerve… seuls. Tony et André Cayatte restent calmes. « C'est un réalisateur merveilleux », dit Tony de Cayatte – « C'est un ange », dit Cayatte de Tony. Tout paraît simple alors ; les nerfs des autres, bientôt, ne comptent plus.
La travail achevé, Tessa Sigrist, la grande amie française de Tony Perkins, nous présente l'un à l'autre. Affable, souriant, Tony s'inquiète : « What do you want? » À cette seule occasion il m'aura parlé anglais ; ayant vécu en France six mois à peine, il possède déjà la maîtrise de notre langue avec une vivacité et une assurance vraiment déconcertantes. Je nomme « Salut les Copains » ; il demande : « C'est en rapport avec l'émission ? », puis il me donne un rendez-vous pour le lendemain, dans l'après-midi, aux studios de la Victorine, qui sont situés juste en arrière de Nice, au dessus du bleu très riche, très profond de la mer, contre une colline tout en herbes, en palmiers, … soleil. – Nous nous sommes vus une heure. J'ai indiqué la gentillesse, le côté rieur, léger de Tony. Pour que l'image soit plus juste, sans doute dois-je vous parler aussi de ce mince regard brun, aigu, extraordinairement mobile, dans un visage clair et fin d'adolescent – de cette voix aimable et souvent douce, mais parfois encore nerveuse, coupante, agacée – de ses mains enfin, belles et souples, qui soudain se lèvent et s'agitent, et sans que Tony ait eu même à parler, leur éloquence a déjà suffit à vous expliquer… Il n'arrêtait pas de me répéter que tout allait bien, et je n'arrêtais pas de le trouver tendu. Et nous avons parlé de lui, voici comment.
Un métier ? Non : une vie
— Alors Tony, ce nouveau film…
— C'est l'histoire d'un enlèvement ; un gosse a disparu : des témoins racontent que, la dernière fois, ils l'ont vu en compagnie de deux hommes… J'aime les histoires où tout n'est pas net, où il y a toujours une possibilité de se tromper. Ici, ok s'attendait à rejoindre deux coupables seulement : on en trouve trois, et chacun d'eux va s'efforcer d'accuser les deux autres ; mais rien ne sera jamais éclairci… Cela me vient sûrement de mon enfance, cette habitude de mieux comprendre ce qui est mystérieux. Quand j'avais treize, quatorze ans (j'étais alors écolier à New York), ma mère m'envoyait chaque semaine, pendant les grandes vacances, a un théâtre pour enfant qui s'appelait le « Little Summer Theater ». C'était, à vrai dire, un drôle de théâtre : si on voulait obtenir un rôle dans l'une des pièces, toujours les mêmes à être reprises, il fallait d'abord pendant un certain temps travailler dans la coulisse – vous clouiez les poutres, vous aidez à tirer le rideau, vous changiez les meubles des décors… Bien évidemment, dans ses conditions, vous n'entendiez jamais une pièce toute entière. Alors j'étais obligé d'inventer, de refaire sans cesse une histoire : mais il restait toujours un trou, une faille, ça ne marchait pas jusqu'au bout. Et c'est ce qui me séduisait.
— Vous avez vingt-neuf ans, vous êtes né d'une grande famille new-yorkaise, et vous avez passé, je crois, une licence d'histoire et une licence de lettres. Qu'est-ce qui vous a conduit au métier de comédien ? Un hasard ? Ou y songiez-vous depuis longtemps ?
— Depuis longtemps ? Mais je n'ai jamais songé (et je ne songe encore jamais) qu'à cela. Pour moi, la comédie n'est pas un métier, elle se confond avec ma vie même…
— Oui mais…
— Et vous avez oublié une chose essentielle : que mon père, Osgood Perkins, fut considéré pendant une vingtaine d'années, au début du siècle, comme le plus surprenant comédien de théâtre que Broadway eût connu.
— Vous estimez donc lui devoir votre goût pour ce « métier » – si vous me passez encore ce mot ?
— Non, il vaut mieux que je ne mente pas, peut-être ; mon père est mort comme je venais d'avoir cinq ans. Probablement lui dois-je un certain penchant pour la carrière de comédien ; mais non mes goûts profonds, non ma nature… A force de clouer, de tirer, de changer, et comme je devais être terriblement ennuyeux avec mes plaintes continuelles, j'ai enfin eu droit à un rôle minuscule, et puis à un autre moins minuscule, et à un autre encore… Ma mère gardait de nombreux amis, parmi les gens de théâtre ; une fois, l'un d'eux, qui s'était occupé à me faire un peu travailler durant mes quatre ou cinq années d'adolescence, me suggéra d'essayer – je dis bien : d'essayer – de jouer le rôle du jeune homme dans Thé et Sympathie. J'ai donc « essayé » : il paraît que cela fut à peu près … mais moi, je ne l'affirmerai pas. J'avais alors dix-neuf ans, et le plaisir d'être aidé par une partenaire excellente et attentive : Joan Fontaine.
— Et le cinéma ? Vous n'y êtes venu que plus tard ?
— Oui (j'étais âgé de vingt-et-un ans), pour paraître dans un film qui s'intitulait l'Actrice et qui aurait pu être très bon si… on avait pas eu le tort de m'y proposer un rôle. J'y ai été absolument affreux, détestable ! Alors je me suis mis à mépriser le cinéma, et j'ai quitté Hollywood en hâte pour revenir vers Broadway. En somme, sans Hitchcock, je n'aurais jamais fait de cinéma…
— Ç'aurait été un bonheur, ou un ennui ?
— Je le dis sans rire, je deviendrais parfaitement fou si de ce métier, je me voyais privé.
— Et la musique ?
— Comment ?
— Je dis : et la musique ? L'aimez-vous ?
— Si je répondais non ?
— Je penserais que vous vous moquez.
— Très bien ; alors je l'aime ; et d'abord celle des autres siècles : Mozart, Vivaldi, Beethoven, et surtout Bach, toutes les cantates de Bach ; certains jours, je voudrais en entendre à longueur d'instants. Mais le jazz aussi me passionne. Connaissez-vous Miles Davis ?
— On m'a dit, et d'ailleurs, j'ai pu le constater, que vous dansiez le « twist » de manière admirable. L'autre soir, chez « Tétou », – nous ne nous connaissions pas encore – je vous ai vu danser, deux heures, avec une fougue extrême ; peut-on aimer Bach et le « twist » ?
— Ne mêlez pas tout ainsi. Le « twist » cela me semble être fait pour la seule danse, et voilà qui n'est pas si mal : essayez donc de « twister » sur une cantate de Bach ! Mais essayez aussi de vous sentir déchiré, défait par une chansonnette…
— Pensez-vous à Ray Charles ?
— Pour Ray Charles, il s'agit d'un autre problème. Je tiens « Lonely Avenue » pour un chef-d'œuvre.
— N'avez-vous pas enregistré, vous-même, un petit disque ?
— Mais si, en effet ; je n'ai jamais dit – bien au contraire – que je n'aimais pas les chansons ; simplement j'ai le goût de les remettre à leur mesure.
Dans un mois, à New York
— Qu'allez-vous faire à présent ?
— Dans un mois, je serai rentré à New York, où je vais participer à la création d'une nouvelle pièce, Harold. Mais je reviendrai assez vite en France ; j'y ai acheté un appartement : à Paris, tout près des Invalides. Ici, je puis respirer. Vous ne croyez pas qu'à force de ne plus respirer…
— Qu'allez-vous faire, tout de suite ?
— Comme j'aime mon métier, je vais d'abord travailler. Ensuite, comme j'aime la mer et les beaux corps, j'irai sur la plage. Mais j'ai du temps encore ; restez.
— Cela ne vous ennuie pas ?
— Si vous cessez de m'interroger, cela ne m'ennuiera pas.
— Alors je vous ferez une seule question. Y a-t-il une folie, à quoi vous croyiez tenir un peu fort ?
Un rire énorme, charmant, – puis plus grave, Tony me dit :
— Eh bien, par exemple, l'idée d'avoir un fils… Ce n'est pas une folie trop naïve, non ?
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tired-fics · 8 years ago
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Les Conséquences d’un Pari
N.d.A.: Hey! Voici la version originale de Aftermaths of a Bet que je viens de poster. Au cas ou quelques francophones se baladeraient sur Tumblr, comme moi ;)) (Bonus si tu es Belge x)).
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Fandom: One Piece Sabo x OC Compteur de mots: +/- 2000 Warnings: none Résumé: Leïla a été traînée dans une boite de nuit par sa meilleure amie. Elle se faite toute petite afin de gagner son pari. La soirée prend une tournure inattendue lorsqu’elle rencontre Sabo. Il se trouve qu’elle n’était pas la seule à avoir fait un pari.
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Qu'est-ce que je fous ici ?
Voici la question que je me pose depuis que j'ai mis un pied dans cette boîte de nuit où ma meilleure amie m'avait trainé. Me clamant que j'avais besoin de sortir et de voir des gens. Mais moi je n'avais pas envie. J'étais très bien seule dans mon coin, dans mon petit monde. Donc elle avait dû marchander. Je lui payai un verre si quelqu'un m'invitait à danser et que j'acceptai, elle m'offrait un mois de tranquillité si ce n'était pas le cas. Je vous dis pas à quel point j'essayai d'être discrète afin que personne ne vienne me proposer une danse.
Assise dans un fauteuil au milieu des gens qui avaient trop bu et ne tenaient plus debout, je faisais assez tache avec mon pull tout blanc et mon vieux jean déchiré au niveau des pieds. Mon occupation ? Observer les autres. Depuis toute petite je fais cela. Observer la façon dont ils se comportent, leurs réactions, leurs vêtements.
Une fille qui essaye d'en draguer une autre (si elle savait qu'elle avait un copain), des potes qui font un concours de boisson, un mec qui se prend une claque et retourne chez ses amis qui se moquent de lui. Bref, la classique dans les boîtes de nuit.
Mais parmi tout ce monde, un trio m'intriguait. Trois mecs, trois potes. Le premier grand, ténébreux et qui ferait tomber toutes les filles à ses pieds sans trop de problèmes. Le second plus petit, aux cheveux ébène et avec un grand sourire et finalement le troisième qui faisait à peu près la même taille et aux cheveux blonds. Tous trois semblaient bien s'amuser, riant, parlant et matant également un petit peu. Pas des masses, mais on voyait des œillades se perdre sur le corps de belles jeunes femmes.
Le blond se tourna vers moi et m'adressa un sourire. Je lui en rendis un, bien plus petit. Je me tournai vers une autre partie de la boîte et observai ma meilleure se déhancher contre un homme qui m'était totalement inconnu. Celui-ci avait des cheveux rouges et aurait très bien pu se faire passer pour un vampire. Pourquoi est-ce qu'elle finissait toujours avec ce genre de mec... flippant ?
-Dites, vous croyez que j'ai une chance avec elle ? Demanda Sabo à ses amis.
-J'sais pas, elle n'a pas l'air très motivé, lui avoua son ami aux cheveux ébène.
-Ça ne veut rien dire.
-Vas-y je dirai. Au pire, si elle ne veut pas ça nous permettra de rire un peu, l'encouragea Law à sa façon.
-Ouais, fonce ! Le poussa Ace.
Le jeune homme blond finit son verre et parti en direction de la jeune femme aux cheveux roux.
-De toute façon, s'il n'arrive pas à en avoir une ce soir c'est lui qui doit nous inviter au resto la prochaine fois qu'on se voit, rajouta Law pour Ace et lui-même.
-Je ne sais pas si je dois l'encourager ou non du coup.
-Excusez-moi ?
Je me retournai vers la provenance de cette voix et me retrouvai nez à nez avec le jeune homme blond du trio. Qu'est-ce qu'il foutait là ?
-Vous dansez ?
J'allais lui répondre que non, n'oubliant pas mon marché avec ma meilleure amie, mais je vis ses amis rire au bar. Ils étaient sans doutes persuadés que ma réponse serait un non indiscutable, alors autant joué un peu, quitte à perdre mon pari. J'observai un instant ses amis avant de me retourner vers lui qui attendait toujours une réponse.
-Attendez le prochain slow et j'accepte.
Ma réponse sembla le surprendre, mais il ne protesta pas et s'assit à mes côtés.
-Puis-je connaître votre nom ? Me demanda-t-il poliment.
-N'est-on pas censé se présenter soi-même avant de poser la question à l'autre ? Questionnai-je avec un petit sourire taquin.
-Euhm, oui... Je m'appelle Sabo, m'informa-t-il avec un sourire maladroit.
-Leïla, répondis-je simplement à mon tour.
-C'est un joli prénom.
-Merci..., murmurai-je, ce qui n'était pas une idée en or dans une boîte de nuit.
Je jetai un coup d'œil en direction de ses amis. Ils semblaient attendre quelque chose. Que je le repousse ? Dans ce cas ils courent droit dans un mur.
-Et si on parlait en attendant le prochain slow ? Me proposa le blond.
-Mhm, fis-je simplement en acquiesçant.
-Qu'est-ce que t'aime faire quand t'as du temps libre ?
-J'aime beaucoup de choses, mais principalement c'est films, jeux vidéo et bouquins.
-À quoi tu joues ?
-Ces derniers temps je me suis remise aux Tomb Raider. Tu joues ?
-Ouais, un peu, mais je suis vraiment nul.
-T'as mieux à faire ?
-Les études me bouffent tout mon temps libre.
-Études de quoi ?
-Droit. Toi, t'as fait l'uniff ?
-Non, mais j'ai faits une haute école d'infographie.
-C'était cool ?
-C'était sympa ouais, mais là je cherche toujours un contrat. C'est difficile de se faire embaucher quand t'es nouveau dans le domaine, racontai-je avec un petit sourire triste.
-T'y arriveras ! M'encouragea Sabo.
-J'espère que tu dis vrai.
Une autre œillade en direction de ses amis qui ne nous avaient toujours pas lâcher des yeux. Ils attendaient vraiment qu'il se bouffe une claque ?
-Dis, tu crois qu'ils vont encore causer longtemps ? Demanda Law à son ami.
-J'sais pas, c'est bizarre qu'il ne se soit pas encore fait remballer. D'habitude il se mange une claque au bout de deux minutes. Tu crois qu'elle le fait exprès pour nous emmerder ?
-Non, je ne pense pas... Elle a vraiment l'air de bien l'aimer... Bon Ace, il va falloir qu'on lui foute la paix pendant un mois.
-Et merde...
-T'as pas l'air habitué aux boîtes en tout cas...
-Ça se voit tant que ça ? Questionnai-je avec un sourire maladroit. Il acquiesça.
-Moi non plus, tu sais, ce sont mes potes qui m'ont traîné ici.
-Moi aussi, ma meilleure amie. J'ai un marché avec elle.
-Lequel ? Me demanda le blond, curieux.
-Je ne danse pas de la soirée et elle me fout la paix pendant un mois, mais si je m'amuse je dois lui payer un verre la prochaine fois qu'elle me traine dans une boîte.
-Haha ! Je connais.
-Tu crois qu'il lui a raconté notre pari ? Demanda Ace.
-Je ne pense pas, sinon elle serait déjà partie.
-Tu crois qu'il risque de le raconter ?
-Oui.
-Pourquoi ?
-J'ai moi-même un pari de ce genre avec mes potes. J'eus un regard interrogateur. Si je danse avec une fille ils me foutent la paix pour un mois, sinon je dois leur payer un resto.
Mon sourire joueur refit son apparition.
-Tu veux gagner ton pari ?
-Si tu danses avec moi tu perds le tien.
-Je ne parlai pas de danser moi.
Son regard se fit inquiet et mon sourire ne fit que s'agrandir. Je me levai et me dirigeai vers le bar.
-Benn ! Tu veux me passer le micro ?
-Pourquoi t'en as besoin gamine ?
-Si j'te fais gagner un peu d'argent en plus ça te suffit ?
-Fais ce que tu veux !
-Baisse un peu la musique, laisse-moi monter sur le bar et parler dans le micro et c'est réglé.
-Dac' ! Rapporte-moi au moins cent boules dans ce cas.
Il cria au DJ de baisser le son et je me mis debout sur le bar, me baladant d'un côté à l'autre en faisant mon annonce.
-Mesdemoiselles, mesdames, il y dans cette boîte de nuit un jeune homme charmant à la recherche d'une partenaire pour danser. Si vous êtes intéressés, rendez-vous au niveau des fauteuils au centre de la boîte. Vous y trouverez un jeune homme aux cheveux blonds et avec une gueule d'ange. Mais cela a un prix. Lequel ? C'est vous qui en déciderez puisque ce dernier est mis aux enchères. Et pour la petite précision, si c'est vous qui l'emportez, vous en faites ce que vous voulez, cela ne nous regarde pas. Allez qui lance les enchères ?
Immédiatement une voix se fit entendre dans la boîte.
-J'offre dix !
-Vingt !
Un petit silence.
-Allez mesdames. Ne me dîtes pas que les négociations sont déjà finie. Un beau mâle comme lui pour vingt euros ?
-Cinquante ! Cria une jeune femme au fond de la salle.
-J'entends cinquante.
-Soixante ! Hurla une autre
-Allons, mesdames, c'est pour la nuit que vous l'aurez.
-Quatre-vingts, revint la fille au fond à la charge.
-Cent ! Cria une blonde qui se tenait juste derrière Sabo.
-Cent vingt ! Continua la brune au fond.
-Cent-cinquante !
-J'entends cent cinquante ! Personne ne monte à deux cents ?
-Deux cents cinquante ! Fini par hurler la brune.
-Vendu pour deux cents cinquante euros à la demoiselle du fond ! Conclus-je.
Je rendis le micro à Benn et m'avançai vers Sabo qui semblait perdu.
-Tu gagnes ton pari.
-Je ne sais pas si je dois être heureux ou pleurer toutes les larmes de mon corps.
-Tu ne sauras peut-être jamais.
La brune arriva, me tapa l'argent dans les mains et se dirigea vers le blond que j'abandonnai à son sort.
-Tiens Benn, voilà tes deux cents cinquante balles.
-Merci gamine. J'espère te revoir plus souvent.
-Tu sais bien que non.
Je partis, un petit sourire victorieux sur le visage. On avait tous deux gagné nos paris et on aurait tous les deux la paix durant un mois complet.
Un mois était passé, deux même et j'étais une nouvelle fois dans cette boîte. Et une fois de plus je le devais à ma meilleure amie.
-Tu reviens bosser Leïla ?
-Tu sais bien que ça n'arrivera pas, répondis-je à Benn avec un petit sourire.
-J'te sers quoi ?
-T'as toujours les mojitos sans alcool ?
-Un mojito sans alcool pour mademoiselle, j't'apporte ça.
Je souris et me tournai vers la piste de danse. Mon obsession à regarder les autres n'avait pas changé d'un pouce et je m'en amusai toujours autant.
Ma meilleure amie qui dansait avec un nouvel inconnu, un mec qui essayait d'en draguer un autre (s'il savait qu'il avait déjà un copain), une fille qui se faisait remballer. Bref, la classique pour une boîte de nuit.
Mais parmi tout ce monde, un trio m'intriguait. Trois mecs, trois potes. Le premier grand, ténébreux et qui ferait tomber toutes les filles à ses pieds sans trop de problèmes. Le second plus petit, aux cheveux ébène et avec un grand sourire et finalement le troisième qui faisait à peu près la même taille et aux cheveux blonds. Tous trois semblaient bien s'amuser, riant, parlant et matant également un petit peu. Pas des masses, mais on voyait des œillades se perdre sur le corps de belles jeunes femmes.
Le blond se tourna vers moi et m'adressa un sourire. Je lui en rendis un, bien plus petit et il s'avança jusqu'à mon niveau.
-Tu as un nouveau pari avec ta meilleure amie ou je dois risquer de me faire vendre aux enchères une seconde fois ?
-Je n'ai plus de pari. Et toi ?
-Non, ils me foutent enfin la paix... 'fin plus ou moins.
Je souris. C'était étrange de me retrouver à nouveau en face de lui. Je bu une gorger de mon mojito et le trainai sur la piste de danse.
Ce soir, il est à moi.
N.d.A.: Merci d’avoir lu! Comment est-ce que vous trouviez ce petit One Shot ?
Combien est-ce que vous auriez donné pour avoir Sabo pour la nuit ?
Ou si ça avait plutôt été Law ou Ace ?
Dites-moi tout ça dans une petite review ! ^^
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friends-passion · 8 years ago
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S01E05: Celui qui lave plus blanc (The One With the East German Laundry Detergent)
On salue au passage ce magnifique titre en VF, une belle référence aux plus glorieuses heures de la publicité pour les lessives (rappelez-vous qu’on parle quand même de l’époque où Maïté faisait de la pub pour Bonux).
(« Choisireuh Bonux, c’étune questiong de bong sansse ! »)
Bref.
L’épisode s’ouvre, comme depuis le pilote, sur une discussion mecs/nanas avec les avantages d’un sexe par rapport à l’autre – et on voit que les scénaristes ont galéré à trouver des trucs sur les avantages d’être une femme, puisqu’ils n’ont gardé que du menu fretin, style « les femmes peuvent voir leurs nichons quand elles veulent » (et ?) (non parce que toi aussi tu peux voir ta propre quéquette quand tu veux, à ce moment-là) et « les orgasmes à répétition » (parce que c’est connu que les femmes sont les grandes gagnantes à ce jeu-là). Alors que les mecs ont quand même l’argument qu’ils peuvent FAIRE PIPI DEBOUT.
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(Si t’as déjà été forcée d’utiliser des toilettes portatives de festival pendant que tes potes pissaient nonchalamment contre un arbre, à la fraîche, alors tu sais de quoi je parle.)
(Idem si t’as déjà dû t’enfoncer dans les bois pendant trois heures pour trouver une souche derrière laquelle abriter ton popotin des regards indiscrets, pendant que ton mec faisait tranquillement son affaire sans même quitter le sentier.)
Bref bref.
Cet épisode est le premier de la série à introduire le personnage de Janice, dans lequel elle est… franchement très normale, comparée à ceux dans lesquels on va la voir plus tard.
Sa voix est beaucoup moins nasillarde, et, même si elle nous gratifie du fameux « rire Janice » une fois, elle est somme toute plutôt attachante.
(Et pas encore de OH.MY.GOD.)
En fait, c’est Chandler qui fait n’importe quoi dans cet épisode, parce qu’étant trop anxieux à l’idée de rompre avec elle, il boit dix expressos et finit par la cogner dans l’œil.
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(Champion du monde.)
Au final, c’est Phoebe qui utilisera ses pouvoirs magiques de fille cool pour rendre la rupture plus facile.
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(Yeuh ils sont tellement mignons.)
Allez, bobye Janice, on se revoit dans l’épisode 10 !
Joey, de son côté, re-croise Angela, une de ses ex, et décide qu’il se la re-taperait bien, mais, pas de bol, elle s’est trouvé un mec entre-temps.
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(Par contre elle s’est pas vraiment trouvé des cours de comédie, si tu vois c’que j’veux dire.)
Joey improvise en disant qu’ils n’ont qu’à faire un « double date » en tout bien tout honneur, et entraîne Monica dans l’histoire à son insu, en lui disant qu’il lui a arrangé un rencard avec Bob, le « frère » d’Angela. Evidemment, une fois sur place, ça part en couille :
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Et je dirais bien que le coup du « personnage qui est dans un rencard et on ne lui a pas tout dit et il y a des malentendus » est super éculé, mais sans déconner, ces passages sont tordants:
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(Par contre, même pour des gens normaux en couple, c’est absolument dégueulasse de mettre sa langue dans l’oreille de son mec – a fortiori quand on est dans un restaurant et qu’il y a des gens en train de manger qui doivent se farcir ce spectacle. A bon entendeur.)
Du coup je ne dirai rien de plus sur cet arc narratif, vive Monica et Joey les briseurs de couple. 
(Par contre, si vous pouviez éviter de caster vos acteurs secondaires chez Plus Belle la Vie, ce serait cool.)
(Je sais qu’on est à la saison 1 et que le budget est maigre, mais franchement, cette blonde, c’est pas possible.)
Enfin, on va s’intéresser à notre power couple préféré (NOPE), j’ai nommé Ross et Rachel.
(Rossel ?) (Rachoss ?)
Rachel est déprimée parce que son pôpa veut qu’elle rentre à la maison, et la bassine en lui répétant sans cesse qu’elle n’y a  rrivera jamais toute seule.
(Qu’elle n’arrivera pas à quoi, au juste ?)
(A vivre toute seule et à avoir un travail ?)
(Comme cinq milliards de gens sur terre ?)
(Ça va, j’veux dire, c’est pas comme si elle essayait de devenir cosmonaute, non plus.)
Ross, après cinq épisodes à faire des yeux de loutre, décide de passer plus de temps auprès de Rachel.
Et au lieu de dire simplement « Eh Rachel tu te rappelles dans l’épisode 1 quand j’avais fait flotter l’idée de sortir un soir et que t’avais l’air éventuellement d’accord ? Eh ben ça tient toujours, on se fait un ciné et un restau et peut-être des bisous après ? », à la place, il décide de rester planté comme un poireau à ses côtés en permanence, en espérant qu’elle devine magiquement qu’il est amoureux d’elle sans qu’il ait jamais besoin de le dire ouvertement, des fois qu’elle serait pas open et que du coup elle le remballe et ça lui ferait bobo à son petit cœur d’homme fragile.
Ce qui s’appelle la technique du « Nice Guy » et qui est une bonne grosse daube (mais c’est Ross, donc bon) – allez en lire plus là-bas.
Le gars a donc l’idée de génie de passer une soirée avec elle au lavomatic (romance romance), qui est l’idée la plus nulle du monde vu que, de un, Rachel flaire tout de suite que c’est pas logique :
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(Je tenais à mettre cet extrait en entier, pour que vous saisissiez un peu à quel niveau de bullshit on est, là.)
Donc de un, c’est l’excuse la plus bidon que j’aie jamais vue, et de deux, VOUS PASSEZ DEJA TOUT VOTRE TEMPS ENSEMBLE AU CAFÉ !
(Et ne venez pas me dire « Oui mais là c’est différent, ils seront tous les deux » puisqu’au départ Monica était censée être là – elle annule finalement à la dernière minute pour cause de double date avec Joey).
Ensuite on a Chandler qui rajoute de l’huile sur le feu en disant à Ross qu’il faut qu’il se prépare comme si c’était un rendez-vous amoureux :
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Ce qui est totalement gole-mon puisque Rachel n’est pas au courant des sentiments de Ross, et puis QUI irait s’imaginer que faire la lessive ensemble est une activité romantique?
Et puis, tant qu’on y est, QUI veut écouter les conseils amoureux de Chandler Bing? Vous l’avez vu gérer la rupture avec Janice tout à l’heure?
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(Le mec est une truite en relations humaines jusqu’à la saison 7.)
(Et encore, je suis généreuse.)
Du coup il passe la moitié du temps à faire le kéké, en mode « ouais je suis un vrai mec, j’utilise pas d’assouplissant » (WTF mec ?) 
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Et l’autre moitié du temps c’est encore pire, puisque Ross fait son gros prude, genre il a littéralement PEUR des culottes de Rachel :
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(Sérieusement, mec?)
(T’étais MARIÉ!)
Pour Rachel, c’est une soirée importante, puisque comme elle l’explique à Ross, elle n’a jamais fait la lessive avant, et c’est un peu une étape symbolique dans son émancipation – en gros, si elle peut faire la lessive toute seule, elle prouve à son père que c’est pas une ratée.
Et là je vais pas blâmer Rachel parce qu’elle est pas au courant, mais encore une fois : la lessive, c’est probablement la tâche ménagère la plus facile au monde. J’veux dire, tu fous tes fringues dans le truc et tu lances et c’est marre. Même passer l’aspirateur c’est plus compliqué !
(Si, faut se souvenir qu’il faut mettre le mode brosse sur les tapis et pas sur les carrelages – ou bien c’est l’inverse ?)
(En plus après t’as les trois mini embouts qui sont cachés dans l’aspirateur, et tout.)
(C’est chaud.)
Bref, Rachel trouve le moyen de foirer sa lessive quand même, en laissant une chaussette rouge avec tous ses vêtements blancs.
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Ce qui amène deux questions :
1. QUI porte des chaussettes rouges ?
2. QUI porte assez de vêtements blancs pour en faire une machine complète ?
(Parce que moi perso, l’intégralité de mon linge blanc se résume à une chemise, un t-shirt, deux débardeurs et deux slips. Je suis pas prête de remplir ne serait-ce qu’un quart de machine.)
Bref, elle est plutôt démoralisée, mais, encouragée par Ross, elle décide tenir tête à une méchante dame du lavomatic :
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(Qui a très sérieusement un look de méchant Disney, d’ailleurs.)
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Et là, c’est le grand moment : victoire, exultation, et RACHEL FAIT UN BISOU A ROSS OH. MY. GOD.
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Chose que Ross gâche complètement, puisqu’au lieu d’enchaîner en mode « Hé Rachel, maintenant que tu me vois comme ton héros et que tu m’as même embrassé brièvement sur la bouche, ça te dirait de sortir un soir, ciné, restau, bisous, tout ça ? », à la place il fait genre il ne s’est rien passé.
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(DU BEURRE AUX COCHONS.)
Je termine sur un bonus « années 90 » (parce que je sais que ça vous avait manqué) : Ross a un téléphone dans sa chambre (ce qui en soi est très daté, puisque ça veut dire que c’était l’époque d’avant les téléphones sans fil) mais en plus de ça, c’est un téléphone AVEC LE CADRAN ROTATIF::
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(T’sais, le truc qui te prenait mille ans à composer un numéro – et deux mille ans s’il y avait beaucoup de neufs ou de zéros.)
(Quelle merveille, la technologie.)
Allez, à bientôt pour l’épisode suivant – on va parler des fesses de Joey.
(T’as hâte?)
(Moi j’ai hâte.)
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1yourchristmas7-blog · 6 years ago
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on est le 24 décembre 2018, il est 03h21 je pense, comme cet ordinateur à toujours une ou deux minutes d’avance je sais jamais vraiment. j’ai l’impression qu’une semaine vient de s’écouler, ou même un mois et pourtant ça ne fait que 3 jours. 3 jours où tout a explosé. j’ai l’impression que la terre a explosé mais que j’ai été le seul à avoir été pris dans les flammes, bien que je sais que non, je ne suis pas le seul. enfin bref. ça doit faire une bonne heure que je tourne en rond. peut-être même plus en fait. je fais que réfléchir, réfléchir, réfléchir. ce qui est assez ironique d’ailleurs, parce que je suis totalement perdu. je ne sais même plus à quoi réfléchir en réalité. alors, j’ai essayé de me remémorer les 10 mois qui viennent de s’écouler. de repenser à tout ce qu’il s’est passé durant ces 312 jours, pour être exact. peut-être que ça me fera du bien, même si je devrais vraiment être raisonnable et aller dormir. mais j’ai la tête beaucoup trop pleine, il faut que je la vide, que je me décharge de tout ce qui me fait imploser petit à petit. 
je suppose que j’étais un petit bonhomme perdu qui cherchait à trouver une nouvelle voie vers le bonheur quand je suis arrivé. c’est bizarre parce que quand je rencontre de nouvelles personnes, c’est comme si j’en devenais une autre. ça devrait être normal, non? qui s’expose d’une façon 100% naturelle à des gens qu’on ne connait pas? chaque individu à sa part de secrets qu’il garde au fond de lui, qu’il dévoile ou non plus tard. mais là ce n’était pas qu’une question de petits secrets enfouis, c’était toute une part obscure que j’avais (in?)consciemment camouflée. on a l’impression que je parle d’une tendance psychopathe là mais bref, je sais que tu comprends de quoi je parle. c’était comme si cette part sombre de moi avait disparu pour toujours, comme à chaque fois. alors qu’en fait, elle était là, attendant cette opportunité de refaire surface pour tout détruire sur son passage. c’était un événement inévitable en soit, peu importe le déclencheur. et je t’ai rencontré. j’ai toujours de gros coups de coeur pour des personnes quand je les vois. c’est instinctif, et ça que ce soit amical ou non. j’ai une petite étincelle au fond de moi qui me murmure “hey, tu trouves pas que cette personne est vraiment cool?” et je m’y accroche. très très très fort. mais avec toi, ça a été tellement plus fort que ça. c’est bête à expliquer mais, tu sais c’est comme dans les films où deux personnes se rencontrent (généralement la scène est ridicule à mourir), et qu’elles vont tout de suite être sur la même longueur d’onde, à sortir les mêmes conneries en même temps et à en rire pendant dix minutes sans que personne comprenne pourquoi elles rigolent. c’était ce sentiment là que j’éprouvais envers toi. c’était, wow, puissant. et je m’y suis accroché encore plus. mais le fait d’avoir l’esprit occupé aussi longtemps et de façon aussi imposante a permis à cette part sombre de moi de s’éveiller et d’élaborer son petit plan pour tout foutre en l’air. j’ai envie de lui donner un nom à cette part sombre, pour que ce soit moins morbide et déprimant. brigette c’est bien non? mais pas brigette en mode brigdet jones, vraiment brigette à la bonne française. bref.
j’étais réellement sur un petit nuage. j’apprenais à vivre, littéralement. j’étais tombé amoureux, mais d’un façon si particulière que ça me déroutait complètement? c’était comme si chaque matin, une personne lamba me réveillait avec une énorme gifle tous les jours en me hurlant “salut beau gosse, c’est histoire de te rappeler que tu crèves le bonheur” et c’était le cas. ça a été ça pendant des mois. tous les matins, j’ouvrais les yeux, et je pensais au fait que j’étais vraiment fou amoureux. tellement heureux que ça en était illégal. je grandissais, petit à petit. j’apprenais de ce que tu me racontais, de tes expériences, de tes opinions bien que des fois différaient des miennes. j’apprenais à aimer, à chérir, à protéger. à donner tellement de ma personne que peu m’importait ce que je recevais. car je m’en fichais réellement. te voir heureux était pour moi mon objectif quotidien. apaiser tes peurs, tes angoisses, tes inquiétudes. te relever lorsque tu tombais, t’embrasser lorsque tu accomplissais quelque chose, peu importe sa nature. c’était la vie que j’avais réellement décidé de mener (sans mauvaise blague). dans tout ça, il n’était pas question que je m’oublie, que je m’efface. c’est juste que tu étais devenu cette part de mon être qu’il fallait conserver pour que jamais personne ne l’abimer. au début, je te voyais réellement comme une personne intacte. dans le sens où, tu étais si fort, si sûr de toi que tu brillais, tu vois? et au fur et à mesure, je voyais les cicatrices sur ta peau se révéler. une, puis deux, puis une dizaine, jusqu’à ce qu’elles apparaissent par centaines et centaines. tu n’étais pas aussi invulnérable que je l’avais naïvement cru lors de notre rencontre, mais pourtant je ne t’avais pas aimé moins. mais encore plus. ce but de te rendre heureux devenait mon devoir. pas un devoir comme à l’armée, où lorsque tu sers ton pays tu reçois une médaille pour te féliciter. j’avais déjà ma médaille, dès le jour n°1, il fallait simplement que je la conserve jusqu’au dernier jour. on dirait que c’est fini mais c’est pas le cas, c’est plus simple pour moi de m’exprimer de cette façon.
là n’est pas une satire pour décrire à quel point je me déteste à l’heure actuelle. tu me connais plus que je me connais moi-même, alors tu devrais déjà savoir ce que je pense de moi. j’ai toujours eu ce sentiment que, c’est complètement débile au fond, mais que j’étais la personne qui souffrait le plus au monde, que personne ne pourrait jamais comprendre ce que je ressentais et que j’allais mourir en étant si malheureux que ça m’aurait tué. c’est bête, hein? pourtant il y a tellement pire autour de moi. je pense aux gens qui n’ont pas de famille, à ceux qui se battent contre la maladie, à ceux qui sacrifie tout ce qu’ils possèdent pour ne serait-ce qu’une tranche de pain. j’ai peur de paraître stupide à penser à tout ça maintenant. mais j’y pense, et ces trois derniers jours m’ont apporté plus de leçon de vie que je n’en ai reçu de toute ma vie. je ne suis pas celui qui souffre le plus au monde. je dois certainement faire partie de ceux qui souffrent le moins quand j’y pense. et pourtant, j’ai l’impression que c’est quelque chose d’insurmontable. mais j’ai beau me lamenter sur mon sort, à me convaincre de certaines choses, mes pensées reviennent toujours vers toi. toujours. tu souffres tellement plus que moi. tu te bats, depuis si longtemps, dès la première minute où tes rêves s’achèvent jusqu’à ce qu’ils reprennent quelques heures après. tu te bats contre le monde entier, et contre toi-même. tu dois être si épuisé, si fatigué et pourtant tu tiens bon. tu puises une force indestructible au fond de toi qui t’aide chaque jour à passer au jour suivant. et pourtant, tu n’y crois pas. il t’arrive de t’installer sur ton petit lit, emmitouflé dans ta couette à te demander pour qui tu te bats, et pour quoi. tu te demandes sûrement si cela est réellement nécessaire car tu es persuadé que tous ces efforts seront vint. tu penses que tu es un problème, dans beaucoup de situation. tu penses que tu n’es jamais assez bon dans ce que tu fais, que tu n’agis jamais comme il faut ou même que tu ne dis pas les mots qu’il faut. tu te sens impuissant, face aux gens qui t’entourent, face aux problèmes que tu rencontres ou même face à toi-même. je sais que chaque jour est une épreuve de plus pour toi et que tu penses que tu vas échouer et ça, peu importe les efforts et la conviction que tu y mettras. mais j’aimerais te dire quelque chose, qui va sortir du plus profond de mon être. je te l’ai peut-être déjà dit, ou peut-être pas.
j’aimerais te dire que tu es merveilleux. c’est pas un simple mot que j’emploie pour définir une généralité, dans le flou sans pour autant qu’on sache pourquoi tu l’es. j’imagine bien que, même si je passais des années entières à l’écrire, il n’y aura jamais assez de place nul part. mais tu es merveilleux. tu l’es dans ta façon d’agir. de réagir. je l’ai vu, au quotidien. quand cela concerne une personne autre que toi, tout est réalisable à tes yeux. tu encourages chaque personne à donner le meilleur d’eux même, tu les encourages à aller au dela de leur conviction pour toujours faire mieux, et encore mieux, et qu’ils se rendent compte qu’ils en sont capables. si tu pouvais rendre heureux le monde entier d’une baguette magique, en te privant du bonheur toi-même, tu le ferais sans hésiter. sauf pour les racistes. ou les homophobes. ou les antisémites. enfin, toute cette tranche de personne qui ne tolère pas la présence d’autrui hormis la leur. tu pourrais mettre toutes tes activités en suspend, même pendant des années pour t’occuper des autres. tu te prives de l’argent que tu as, et donc d’un repas pour l’offrir à une personne qui en a plus besoin que toi. tu abandonnes volontairement des choses importantes pour aider quelqu’un qui quémande ton aide, peu importe l’importance de ce qu’on te demande. tu pourrais clairement t’arrêter de vivre si ça permettait à quelqu’un que tu aimes qu’il vive heureux. c’est pas quelque chose que n’importe qui ferait, crois-moi là dessus. tu as des valeurs, des convictions, des sentiments qui sont d’une rareté inégalable. tu te bats pour chaque cause qui paraît importante pour toi. et si ça veut dire partir en guerre contre des millions de personne, je suis persuadé que tu foncerais sans regarder où tu pourrais mettre les pieds. tu sais faire la part des choses, la plupart du temps. je dis ça car je sais que tu peux craquer et ne plus y arriver, mais pourtant tu te ressaisis et tu enfouis toute la peine, tout le stress, toute la souffrance que tu éprouves dans une petite boîte pour reprendre ce à quoi tu t’affairais. même lorsque tu n’as pas le temps, ou que tu es épuisé, quand tu commences quelque chose tu fais tout pour le finir sans qu’il n’y ait la moindre interruption. sauf bien sûr quand tu te lasses. parce que oui monsieur va toujours beaucoup trop vite, et comme son attention est dû genre dissipée, si le moindre élément, même un rayon de soleil te déconcentre c’est terminé. tu as un caractère fort, très très fort. mais pas ce genre de caractère tellement fort qu’il est impossible de lui faire changer d’avis, ça non. quand tu estimes que tu as raison, tu le prouveras par a+b et ça jusqu’à ce qu’on capitule. quand tu as tord, tu sais le reconnaître, et tu t’excuses immédiatement. quand tu ne sais pas, tu ne vas pas t’amuser à jouer à monsieur je-sais-tout et tu apprends, rapidement d’ailleurs. tu as une force d’esprit incroyable. tu ne vas jamais te contenter de ce que tu sais déjà, tu vas toujours plus loin, encore plus loin pour tout savoir et tout connaître. tu sais les limites à ne pas franchir et tu ne tentes jamais de mettre un seul pied dessus. tu n’as que de l’amour à donner, de l’affection, de la tendresse. tu es drôle, et ouvert d’esprit, ce qui fait un réel bon mélange car on pourrait rire de tout avec toi. tu es passionné, tu as cette curiosité qui est à couper le souffle, ou à essouffler carrément. il y a tellement de choses, tellement de détails à apporter à tout ça pour décrire la personne merveilleuse que tu es. mais, ça va paraître archi lourd, mais il y en a beaucoup trop pour qu’elles me viennent toutes en tête et que je les pose ici. ça laisse une part de secret et de mystère j’imagine. ça fait trois jours que je n’ai pas vu la couleur de tout ça. pas réellement en tout cas. ça me laisse un aperçu de ce que serait ma vie si je te perdais pour toujours. j’ai vécu des ruptures, des horribles ruptures, comme tout le monde. j’ai énormément souffert dans ma vie, et pourtant, rien n’est comparable à ce que je ressens aujourd’hui. une part de moi est entre tes mains. une énorme part de moi. une part vitale. tu as ma tête et mon coeur avec toi, alors je ne vis plus vraiment. je crois que j’ai jamais aussi souffert de toute ma vie. j’ai pris le temps, juste avant de commencer à écrire ce long, long loooong monologue de relire ce que tu avais écrit sur le tumblr que tu avais créé pour moi. peut-être que tu vas trouver ça intrusif, j’arrive plus réellement à juger s’il m’appartient toujours. et je peux définitivement dire que tu souffres beaucoup plus que moi. j’arrête pas de repenser à il y a 9 mois, quand à la simple pensée dirigée vers moi tu te sentais si apaisé que tu t’endormais. que tu te sentais léger dans un moment de stress intense. et je repense à avant-hier, quand j’ai fait l’effet totalement inverse. et je crois bien que c’est ce qui m’a le plus blessé. j’ai réussi, et loin de moi l’envie de me venter, à produire l’effet totalement inverse de ce que je te faisais ressentir il y a des mois. et j’ai beau essayé de me convaincre de l’inverse pour dédramatiser, je peux bien imaginer que ce n’est pas la première fois que ça arrive. je n’ai jamais souhaité vivre une telle réalité. te voir souffrir, dépérir dans un sens par ma faute. l’ironie du sort est que je t’ai finalement abimé. moi, haru asui, ton fiancé. je t’ai abimé. j’aimerais pouvoir mettre toute la faute sur cette fameuse brigette. que tout est de sa faute. mais c’était juste moi? moi et moi seul. c’est comme si van gogh avait détruit la nuit étoilée après avoir passé un an à la peindre. et je me sens totalement impuissant. j’ai bien trop de questions qui tournent en rond dans ma tête. est-ce que tu vas bien? qu’est ce que tu fais? est-ce que tu dors bien? est-ce que tu as suffisamment mangé? est-ce que tu as pris un cachet pour ton mal de tête? c’est des questions comme ça qui tournent et tournent et tournent sans cesse. j’ai même plus la force d’esprit de me demander si je te manque, si ton amour pour moi faiblit ou non. je me pose pas ces questions là, parce que ce serait beaucoup trop égoïste. j’ai instauré cette distance entre nous, par stupidité, et je n’ai d’autre choix que de respecter celle que tu instaures à ton tour. il est 4h37 maintenant. ce soir c’est le réveillon de noël et je ne sais pas si je peux t’envoyer un message pour te souhaiter de passer un bon noël malgré tout. j’ai peur de le faire. j’ai peur de te dire que tu me manques atrocement, de te dire que je t’aime plus que ma propre vie. je m’étais juré de ne pas répondre à ton message ce matin, pour que tu puisses pleinement te reposer. mais je l’ai fait, dans l’espoir de te rassurer, j’imagine. mais comme tu t’es directement mis hors ligne derrière, j’ai compris que c’était une erreur. je sais plus quoi faire. je vais prendre le temps de relire tout ce que j’ai écris, sans y toucher, et je reviendrais conclure. 
voilà, il est 4h55, et j’ai relu. j’ai pas vraiment suivi les lignes directrices que j’avais instauré à chaque début de paragraphes, mais je n’ai touché à rien pour que ça reste le plus sincère possible. je vais rapidement revenir sur mon bilan, qui je l’espère n’est pas un bilan définitif. j’ai passé les 10 mois les plus beaux de ma vie avec toi. je sais que c’est dur à croire avec tout ce qu’il se passe en ce moment, ou avec tout ce que j’ai pu dire, sans avoir à les énumérer. je suis une personne différente, c’est sûr, même si je ne peux pas réellement définir si je suis mieux ou pire que ce que j’étais avant. mais si je sais une chose, c’est que je t’aime. et c’est indestructible, et moi-même je ne pourras pas détruire ça, avec toute la volonté du monde. je me retrouve simplement au bout d’un chemin qui se sépare en deux autres. deux perspectives d’avenir dont je ne peux faire le choix. à gauche j’ai celui où je suis heureux, à tes côtés. mes erreurs ne sont pas effacées, elles ne le seront jamais, mais peut-être que j’aurais réussi à réparer la plupart. on serait mariés, certainement avec quelques petits bout de chous qui nous embêteraient pour aller au cinéma ou voir les animaux au zoo. toi et tes milliards de chats que je t’aurais cédé, parce que même si j’ai voulu te faire croire le contraire je pourrais t’en offrir des centaines si ça me permettait de te voir heureux. on aurait notre maison, pas si immense que ça car je sais que ce n’est pas ce que tu aimes ni ce que tu souhaites. un avenir simple mais heureux, rempli d’amour. puis de l’autre, le chemin où je devrais avancer seul. celui que je devrais arpenter en remémorant sans cesse pourquoi j’ai dû prendre celui-là, et pas l’autre. tu vois l’épisode des simpsons où ils sont sur l’eau, dans un radeau et que d’un côté il y a une musique douce et des arc-en-ciel et l’autre un chemin tortueux avec des monstres et tout est sombre? j’ai l’impression d’être face à ça. mais j’essaye de ne pas me lamenter. j’essaye de ne plus me plaindre. j’essaye d’accepter que, peu importe le chemin sur lequel je devrais marcher, la finalité est que tu seras heureux. peut-être que je suis réellement ton âme-soeur, l’amour de ta vie. ou peut-être que je ne le suis pas. peut-être que ton âme-soeur, la seule qui existe t’attend ailleurs, patiemment. que seul elle pour te combler de bonheur à 100%. je ne sais pas, j’essaye de ne pas y penser non plus. je perds pas espoir, mais je ne m’acharne pas encore. je sais pas vraiment ce que je dois faire.  quoi qu’il puisse arriver, je veux que tu saches que je suis désolé. pour tout. pour ne pas avoir été le soutien que tu espérais, pour ne pas avoir été l’amant rêvé. je suis désolé d’être cette personne qui te fait souffrir aujourd’hui. et je suis désolé d’être cette personne qui te fera probablement souffrir demain, et les jours suivants. je suis désolé de t’avoir déçu, et de t’avoir fait rendre compte que cette image parfaite que tu façonnais de moi était erronée. je suis désolé que tu aies perdu cette confiance en moi. et je suis désolé envers moi-même d’avoir tout perdu, que ce soit temporaire ou définitif. malgré tout, comme je l’ai déjà dit, mon amour pour toi ne sera jamais changé. il ne peut qu’être plus fort en fait. que ton long périple continue avec moi, ou sans, je t’aime. et je suis fier de toi. fier que tu prennes toutes ces décisions, fier que tu fasses tous ces efforts pour être encore mieux que tu l’es déjà. je suis fier de tout ce que tu as fait/que tu fais pour moi. je te suis reconnaissant pour ton aide, pour ton amour, pour tout ce que tu m’as appris et transmis. peut-être que tu liras ça, peut-être que tu ne le verras jamais. je ne suis pas en mesure de le décider ou de le prévoir. mais, je t’aime, et rien, pas même le temps, ni quiconque ne pourra changer ça. jamais. je resterais ton haru, ton ruru, le tien. je t’aime, même si c’est trop. et j’espère du plus profond de mon coeur que tu n’as pas une nuit trop agitée et que tu dors paisiblement.
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