#jardins des feuilles riantes
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barbiepinklady · 9 months ago
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coovieilledentelle · 2 months ago
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C'Ă©tait travail au jardin cette aprĂšs-midi...
Mon jardin si petit, si riant, si coquet Propose gentiment son calme et sa fraßcheur Groupant toutes ses fleurs, il forme un grand bouquet Le chÚvrefeuille ocré diffuse sa senteur....
Le rosier vermillon croule sous le portail Offrant au vent lĂ©ger son parfum Ă©picĂ© Et s'ouvre pleinement en un large Ă©ventail Sur le support ancien de bois entrelacĂ©. Le lierre allĂšgrement monte le long du mur Dans ses feuilles parfois se faufile un oiseau Ce minuscule Eden couronnĂ© par l'azur S'arrĂȘte court devant les perles d'un rideau.
Marie-Antoinette CORDINA-FONTANA
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mediefictions · 4 months ago
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Bonjour Ă  toutes et tous, ma campagne Ulule continu.
Faisons un retour sur les oblats et les périls qui se sont dressés sur leur route de Lhynn aux jardins de Sainte Hildegarde
LES BRITS
Les aides de camp de Brida la Brit ne sont pas des enfants de chƓur. Ils bastonnent les nageurs Ă  la moindre incartade et mĂȘme, au moindre manquement. Il ne fait pas bon se rebeller, comme l'apprendra un pauvre hĂšre dĂšs le tome 1, au chapitre : le sang coule.
Continuons avec la partie plus méta - Jeu de rÎle. Comme tout personnage évoqué, les brits ont un passée, du passif et une feuille de perso. N'hésitez pas à visiter le site de pathfinder pour y dénicher des pépites !
HISTOIRE DES AIDES DE CAMP
Ils s'appellent Aethelflaed, Aelfwynn, Eadwin, Eathelstam, et leur histoire personnelle n'est pas trÚs différente. Malheureusement pour eux, elle reste tragique.
Ces quatre demi-elfes sont le reliquat d'un temps ancien, quand les barons Ă  moitiĂ© angĂ©lisĂ©s versaient un impĂŽt Ă  l'exarque d'Armandia, mais aussi un tribut au terrible royaume d'Albion, par delĂ  les montagnes. Afin de former des alliances, les roitelets et les barons britons s'Ă©taient alliĂ©s aux elfes de la forĂȘt au centre dans l'ancienne province angĂ©lique de Britia. Qui dit alliance, dit mariage et pour que les mariages soient valides, ils devaient ĂȘtre fĂ©cond.
Nos quatre demi-sang sont des filles et fils de sang bleu, des filles et fils de sang. Mais ces époques furent révolues quand la cité impériale d'Ornan récupéra la suzeraineté sur les anciens territoires Britons et que les jardins d'Hildegarde furent édifiés.
DĂšs lors, il n'Ă©tait plus question de compromissions avec la perfide Albion.
Castelwit, la puissante forteresse et citadelle-port menait une guerre impitoyable au dernier grand royaume Kelt.
Comme tous les demi-sang bĂątards, Aethelflaed, Aelfwynn, Eadwin et Eathelstam furent contraints Ă  l'exil alors qu'ils n'avaient pas encore quittĂ© le sein de leur nourrice. RenvoyĂ©s des terres humaines, ils ne purent trouver refuge auprĂšs des elfes. En effet, ces derniers continuaient de se refermer sur eux-mĂȘmes et sur les insondables souffrances de la forĂȘt. Une guerre violente Ă©clata alors, car les elfes rejoignirent la perfide Albion. De nouveau, aprĂšs 300 ans d'absence, les druides kelts arpentaient les profondes forĂȘts britonnes. GrĂące Ă  la souffrance et Ă  la fureur de la nature, ils dĂ©chaĂźnĂšrent leurs terribles pouvoirs. Certains anges des forĂȘts se joignirent Ă  eux, mais d'autres restĂšrent fidĂšles Ă  Kernunos, le dieu-ange cornu.
Aethelflaed, Aelfwynn, Eadwin et Eathelstam furent Ă©levĂ©s Ă  la frontiĂšre entre ces deux mondes, sur une mortelle zone de conflit. Pour survire, ils durent se cacher et subsister en rapinant l'un ou l'autre camp. À cette Ă©poque, les quatre malheureux rentraient dans l'adolescence, aprĂšs une enfance de souffrance et de privation. C'est alors qu'ils rencontrĂšrent Brida la Brit. De lointains liens familiaux les unissaient, et celle qui s'Ă©tait un jour appelĂ©e Aethelwynn de Hwistaetan dĂ©cida de materner ces jeunes gens. Elle leur apprit Ă  tuer, Ă  utiliser un arc, mais aussi Ă  profiter de la vie en chantant, riant, jouissant. Brida la Brit frĂ©quentait alors, entre autres mĂąles, un druide apostat qui avait dĂ©cidĂ© de suivre les enseignements de Kernunos. Il est possible que ce prĂȘtre-druide des anges des forĂȘts soit le pĂšre de Bridilia, mais rien n'est moins sĂ»r.
Les mƓurs trĂšs libres prĂȘchĂ©es par les anges des forĂȘts eurent un impact sur les quatre adolescents qui apprirent Ă  jouir de l'instant prĂ©sent, mais en silence, car la menace d'ĂȘtre dĂ©couverts et tuĂ©s marqua jusqu'Ă  l'Ăąme les quatre malheureux.
Il fallut se rendre Ă  l'Ă©vidence : l'avancĂ©e humaine Ă©tait inĂ©luctable. Elle entraĂźnerait des consĂ©quences dĂ©vastatrices, et il fallut fuir, encore. Si Sainte-Hildegarde installa les anges des forĂȘts et leurs forestiers sur ses terres, ils ne furent pas admis dans les abbayes. RejetĂ©s une fois encore, ces forestiers purent nĂ©anmoins s'Ă©tablir dans les contrĂ©es sauvages Ă  l'est de la Gwarna, sans pour autant s'avancer sur le territoire de la Reine Rouge. Aethelflaed, Aelfwynn, Eadwin et Eathelstam dĂ©cidĂšrent de suivre Brida dans ses aventures. Ils n'avaient connu que la fuite, la dissimulation et le rejet, aussi ne purent-ils rejoindre les communautĂ©s forestiĂšres.
De leur passĂ©, les quatre aides de camp conservent une haine farouche Ă  l'encontre des humains, un attachement profond pour la capitaine Brida, une indiffĂ©rence Ă  la souffrance d’autrui ainsi qu'un rĂ©flexe communautaire maladif.
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tolivealone · 4 years ago
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✟ Nature, vous avez fait le monde pour moi Pour mon dĂ©sespoir et ma joie  Le soleil pour qu'il glisse entre mes bras Ă©troits Et l'air bleu pour que je m'y noie ! Vous avez fait l'odeur du lin, du mĂ©lilot Et de la verveine si bonne Pour que mon Ăąme soit comme un riant Ăźlot Que l'immense ivresse environne. Vous avez fait pour moi le sensible oranger Les soirs percĂ©s d'Ă©toiles vives La feuille courbe oĂč la cigale vient loger Les eaux avec leurs belles rives ! Mais quand je suis, si chaude et tout ivre de moi Debout dans les jardins du monde La rose de mon rĂȘve enfonce dans mon doigt Son Ă©pine la plus profonde : Savoir qu'un jour ma tiĂšde et lĂ©gĂšre beautĂ© N'aura plus ses rayons qu'on frĂŽle Savoir que je n'aurai plus l'Ăąge de l'Ă©tĂ© Cela fait si mal aux Ă©paules ! Cela blesse le cƓur, la langueur, le dĂ©sir Le sang, plus qu'on ne pourrait croire  Ô juvĂ©nile ardeur, voluptueux plaisir C'est vous la seule verte gloire ! Ô animale terre, amoureuse du jour  Ô soleil fier d'un beau visage  Vous savez que je n'ai d'orgueil, de grave amour Que le doux honneur de mon Ăąge Que ferai-je plus tard du dĂ©licat dĂ©dain Qui gonfle mon cou vif que j'aime  Vous verrai-je souffrir pendant le bleu matin Mon orgueil plus fort que moi-mĂȘme  Attendrai-je que l'ombre atteigne mes genoux  Que les regrets sur moi s'avancent  Il faudrait, quand on est aussi tendre que nous Mourir au cƓur des belles chances...
Anna de Noailles
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traitor-for-hire · 5 years ago
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Le Camp Laurence
Beth était la receveuse des postes, car étant le plus souvent à la maison, elle pouvait s'en occuper réguliÚrement, et elle appréciait beaucoup sa tùche quotidienne de venir déverrouiller la petite porte et distribuer le courrier. Un jour de juillet elle rentra avec les mains pleines, et traversa la maison en déposant lettres et paquets, comme le facteur.
« Voici ton bouquet, MÚre, Laurie ne l'oublie jamais, » dit-elle en disposant les fleurs fraßches dans le vase du « coin de Marmee », toujours approvisionné par l'affectueux garçon.
« Miss Meg March, une lettre, et un gant, » continua Beth en livrant les articles Ă  sa sƓur, qui Ă©tait assise prĂšs de leur mĂšre pour coudre des manchettes.
« Quoi ? J'ai laissé une paire là-bas, et en voici un seul, dit Meg en regardant son gant de coton gris. Tu n'as pas laissé tomber l'autre dans le jardin ?
—  Non, j'en suis sĂ»re, il n'y en avait qu'un dans le bureau de poste.
—  Je dĂ©teste avoir des gants dĂ©pareillĂ©s ! Peu importe, on pourra peut-ĂȘtre trouver l'autre. Ma lettre n'est que la traduction d'une chanson allemande que je voulais. Je suppose que c'est Mr. Brooke qui l'a faite, ce n'est pas l'Ă©criture de Laurie. »
Mrs. March jeta un coup d'Ɠil Ă  Meg, si jolie dans sa robe de guingan, avec les petites boucles qui retombaient sur son front, et si fĂ©minine derriĂšre sa table Ă  ouvrage couverte de rouleaux blancs soigneusement ordonnĂ©s. Inconsciente du tour qu'avait pris les pensĂ©es de sa mĂšre, elle cousait en chantant, l'esprit plein de rĂȘves de jeune fille aussi frais et innocents que les fleurs qui ornaient sa robe ; et Mrs. March sourit, satisfaite.
« Deux lettres pour Docteur Jo, un livre, et un drĂŽle de vieux chapeau qui recouvrait tout le bureau de poste, » dit Beth en entrant dans l'Ă©tude oĂč Jo Ă©crivait.
« Quel gros malin, ce Laurie ! J'ai dit que j'aurais aimé que la mode soit aux grands chapeaux, parce que je prends des coups de soleil dÚs qu'il fait chaud. Il a dit, "Pourquoi se soucier de la mode ? Porte un grand chapeau, et sois à l'aise !" Je lui ai dit que je le ferais, si j'en avais un, et il m'a envoyé celui-ci pour me tester. Je le porterai, pour m'amuser et lui montrer que je me moque de la mode. » AprÚs avoir posé l'antique chapeau à larges bords sur un buste de Platon, Jo lit ses lettres.
L'une, venue de sa mĂšre, lui mit le feu aux joues et lui emplit les yeux de larmes, car voici ce qu'elle disait :
« MA CHÉRIE,
« Je t'Ă©cris ce petit mot pour te dire avec quelle satisfaction je vois les efforts que tu fais pour rĂ©former ton caractĂšre. Tu ne dis rien de tes Ă©preuves, de tes Ă©checs ou de tes succĂšs, et tu penses peut-ĂȘtre que nul ne les voit en dehors de l'Ami dont tu demandes l'aide quotidiennement, Ă  en juger par la couverture bien usĂ©e de ton petit livre. Mais j'ai tout vu, moi aussi, et je crois de tout mon cƓur en la sincĂ©ritĂ© de ta rĂ©solution, puisqu'elle commence Ă  porter ses fruits. Continue, ma chĂ©rie, courageusement et patiemment, et sois toujours sĂ»re que personne ne sympathise davantage avec toi que ta mĂšre aimante. »
« Voilà qui me fait du bien ! Cela vaut bien des millions de dollars, et des boisseaux de louanges ! Oh Marmee, je fais de mon mieux ! Je vais continuer d'essayer, et de ne pas me lasser, puisque tu es là pour m'aider. »
Reposant la tĂȘte sur ses bras, Jo laissa tomber quelques larmes de joie sur son petit roman, car elle avait effectivement pensĂ© que personne ne remarquait ni n'apprĂ©ciait ses efforts pour ĂȘtre bonne, et cette lettre lui Ă©tait doublement agrĂ©able, car inattendue et venue de la personne dont l'approbation lui Ă©tait la plus prĂ©cieuse. Se sentant plus forte que jamais pour affronter son Apollyon, elle Ă©pingla la lettre dans son corsage, comme un bouclier et un rappel, de peur d'ĂȘtre prise au dĂ©pourvu, et ouvrit son autre lettre, prĂȘte pour toute nouvelle, bonne ou mauvaise. De son Ă©criture grande et Ă©lĂ©gante, Laurie avait Ă©crit,
« CHÈRE JO,
« Salut !
« Quelques garçons et filles d'Angleterre viennent me voir demain, et je veux passer un bon moment. Si le temps le permet, je planterai ma tente Ă  Longmeadow, et nous y irons tous en canot pour pique-niquer et jouer au croquet - faire un feu Ă  la bohĂ©mienne, et avoir toutes sortes d'aventures. Ce sont des gens sympathiques, qui aiment ce genre de choses. Brooke viendra, pour garder les garçons Ă  l'Ɠil, et Kate Vaughn veillera sur les filles. Je veux que vous veniez toutes, mĂȘme Beth, Ă  tout prix, et personne ne l'embĂȘtera. Ne vous souciez pas des provisions - je m'en occupe, et de tout le reste - mais venez, soyez gentilles !
« Ton LAURIE, trÚs pressé. »
« En voilĂ  une bonne nouvelle ! » s'Ă©cria Jo en se prĂ©cipitant pour l'annoncer Ă  Meg. « Bien sĂ»r que nous pouvons y aller, n'est-ce pas, MĂšre ! Ça aidera beaucoup Laurie, car je peux ramer, et Meg aider au dĂźner, et les petites seront utiles d'une maniĂšre ou d'une autre.
—  J'espĂšre que les Vaughn ne sont pas des gens trop raffinĂ©s. Sais-tu quelque chose Ă  leur sujet, Jo ?
—  Seulement qu'ils sont quatre. Kate est plus ĂągĂ©e que toi, Fred et Frank, des jumeaux, ont Ă  peu prĂšs mon Ăąge. Et il y a une petite fille, Grace, qui a neuf ou dix ans. Laurie les a connus en Europe, et s'est pris d'amitiĂ© pour les garçons ; j'ai cru comprendre, Ă  la façon dont il fait la moue en parlant d'elle, qu'il n'apprĂ©cie pas trop Kate.
—  Je suis si heureuse que ma robe Ă  imprimĂ© soit propre ! C'est juste ce qu'il faut, et elle me va trĂšs bien, observa Meg avec complaisance. As-tu quelque chose de dĂ©cent, Jo ?
—  Mon habit de canotage gris et rouge, bien assez bon pour moi ; je veux ramer et bĂątifoler, aussi je ne veux rien d'empesĂ©. Tu viendras, Bethy ?
—  Si tu ne laisses aucun des garçons me parler.
—  Pas un seul !
—  J'ai envie de faire plaisir Ă  Laurie, et je n'ai pas peur de Mr. Brooke, il est si gentil. Mais je ne veux ni jouer, ni chanter, ni parler. Je travaillerai dur, et ne gĂȘnerai personne, et tu prendras soin de moi, Jo, alors j'irai.
—  Bravo ! Tu essaies de combattre ta timiditĂ©, et je t'aime encore plus pour cela. Il n'est pas facile de lutter contre ses dĂ©fauts, je le sais bien, et un mot d'encouragement aide beaucoup. Merci, MĂšre, » et Jo donna un baiser reconnaissant Ă  la joue maternelle, bien plus prĂ©cieux Ă  Mrs. March que s'il lui avait redonnĂ© l'Ă©clat de la jeunesse.
« J'ai eu une boßte de truffes au chocolat, et la gravure que je voulais copier, » dit Amy en montrant son courrier.
« Et j'ai eu une note de Mr. Laurence qui me demande de venir jouer pour lui ce soir, avant qu'on allume les lumiÚres, et je n'y manquerai pas, » dit Beth, dont l'amitié avec le vieux monsieur faisait de grands progrÚs.
« Maintenant mettons nous à l'ouvrage, et faisons le double de travail aujourd'hui, pour pouvoir jouer l'esprit libre demain, » dit Jo en se préparant à remplacer sa plume par un balai.
Quand le soleil pointa dans la chambre des filles, tĂŽt le lendemain matin, annonciateur d'une belle journĂ©e, il fut accueilli par un spectacle des plus comiques. Chacune s'Ă©tait prĂ©parĂ©e pour la fĂȘte de la maniĂšre qui lui avait semblĂ© la plus appropriĂ©e. Meg avait une rangĂ©e supplĂ©mentaires de papillotes sur le front, Jo avait copieusement badigeonnĂ© de cĂ©rat son visage brĂ»lĂ© par le soleil, Beth avait dormi avec Joanna pour se faire pardonner de la sĂ©paration Ă  venir, et pour couronner le tout, Amy s'Ă©tait couchĂ©e avec une pince sur le nez, pour redresser l'appendice rĂ©calcitrant. C'en Ă©tait une du genre que les artistes utilisent pour maintenir la feuille sur la planche Ă  dessin, et donc tout Ă  fait appropriĂ©e et efficace. Ce drĂŽle de tableau sembla amuser le soleil, car il brilla avec tant d'ardeur que Jo se rĂ©veilla, et rĂ©veilla ses sƓurs en riant de bon cƓur de l'ornement d'Amy.
Soleil et rires Ă©taient de bons augures pour une fĂȘte rĂ©ussie, et bientĂŽt un joyeux remue-mĂ©nage commença dans les deux maisonnĂ©es. Beth, prĂȘte la premiĂšre, rapportait en continu ce qui se passait chez les voisins et animait la toilette de ses sƓurs par de frĂ©quents tĂ©lĂ©grammes depuis la fenĂȘtre.
« Voici l'homme avec la tente ! Je vois Mrs. Barker en train d'emballer le dĂźner, dans deux grands paniers. Maintenant Mr. Laurence regarde le ciel, et la girouette ; j'aimerais qu'il vienne, lui aussi ! Voici Laurie, qui ressemble Ă  un marin - qu'il a bon air ! Oh, misĂ©ricorde ! Voici une voiture pleine de gens - une grande dame, une petite fille, et deux horribles garçons. L'un d'eux est infirme, le pauvre, il a une bĂ©quille ! Laurie ne nous l'avait pas dit. DĂ©pĂȘchez-vous, les filles ! Il se fait tard. Juste ciel, voici Ned Moffat. Regarde, Meg ! Est-ce que ce n'est pas le jeune homme qui t'a saluĂ©e bien bas quand nous faisions des emplettes ?
—  Si, c'est lui ; c'est Ă©trange qu'il vienne ! Je croyais qu'il Ă©tait dans les montagnes. Voici Sallie ; je suis contente qu'elle soit revenue Ă  temps. Suis-je bien mise, Jo ? s'Ă©cria Meg, dans tous ses Ă©tats.  
— Une vraie fleur des champs ! RelĂšve ta robe et redresse ton chapeau, il te donne l'air sentimental inclinĂ© de cette façon, et il s'envolera au premier courant d'air. Bon, maintenant, allons-y !
—  Oh, oh, Jo ! Tu ne vas pas porter cet horrible chapeau ? C'est trop absurde ! Ne va pas te ridiculiser, » protesta Meg comme Jo nouait avec un ruban rouge le vieux chapeau de paille aux bords immenses que Laurie lui avait envoyĂ© pour la blague.
« Oh mais si ! Il est Ă©patant ; trĂšs lĂ©ger, trĂšs grand, et il m'abritera bien du soleil. Ce sera amusant, et je me moque d'ĂȘtre ridicule, si je suis Ă  l'aise. » LĂ  dessus Jo s'en fut, et ses sƓurs la suivirent ; elles Ă©taient toutes radieuses dans leurs robes d'Ă©tĂ©, quatre visages joyeux sous les coquets chapeaux Ă  large bord.
Laurie accourut Ă  leur rencontre, et les prĂ©senta Ă  ses amis, d'une façon des plus cordiales. La pelouse servit de salle de rĂ©ception, et durant quelques minutes il s'y joua une scĂšne des plus animĂ©es. Meg fut heureuse de constater que Miss Kate, bien qu'elle eut vingt ans, Ă©tait vĂȘtue avec une simplicitĂ© que les jeunes amĂ©ricaines feraient bien d'imiter ; et fut trĂšs flattĂ©e des assurances de Mr. Ned qu'il Ă©tait venu tout spĂ©cialement pour la voir. Jo comprit pourquoi Laurie « faisait la moue » en parlant de Kate, car la jeune femme avait un air froid et guindĂ© qui contrastait fortement avec l'attitude libre des autres jeunes filles. Beth observa les nouveaux garçons, et dĂ©cida que celui qui boitait n'Ă©tait pas « horrible », mais gentil et faible, et qu'elle serait bonne avec lui. Amy trouva en Grace une joyeuse petite personne aux bonnes maniĂšres ; et, aprĂšs s'ĂȘtre dĂ©visagĂ©es bĂȘtement pendant quelques minutes, elle devinrent soudain trĂšs bonnes amies.
Les tentes, le pique-nique, et le matériel de croquet ayant été envoyés sur place en avance, les jeunes gens eurent vite embarqué, et les deux canots partirent ensemble, laissant Mr. Laurence sur la rive en train d'agiter son chapeau. Laurie et Jo pilotaient l'un des canots, Mr. Brooke et Ned l'autre ; tandis que Fred Vaughn, le plus chahuteur des jumeaux, faisait de son mieux pour les renverser tous deux en allant et venant à bord d'un bachot, comme une punaise d'eau agitée. Le drÎle de chapeau de Jo méritait des remerciements, car il se montrait d'utilité générale ; il avait permis de briser la glace dÚs le départ en provoquant les rires ; il créait une brise rafraßchissante tandis que Jo ramait, en s'agitant d'avant en arriÚre ; et, dit-elle, il ferait un parapluie parfait pour tout le monde, en cas d'averse. Kate avait l'air assez étonnée des maniÚres de Jo, en particulier quand elle s'exclama « Par Christophe Colomb ! » aprÚs avoir perdu son aviron, et quand Laurie, qui lui avait marché sur le pied en prenant sa place, lui dit « Je t'ai fait mal, camarade ? » Mais aprÚs avoir porté sa lorgnette à ses yeux pour examiner l'étrange jeune fille à plusieurs reprises, Miss Kate décida qu'elle était « bizarre, mais plutÎt intelligente », et la gratifia d'un sourire, de loin.
Meg, dans l'autre canot, était délicieusement placée en face des deux rameurs qui admiraient tous deux la vue, et maniaient leurs avirons avec « un talent et une dextérité » peu communs. Mr. Brooke était un jeune homme grave qui parlait peu, aux beaux yeux bruns, et à la voix agréable. Meg aimait ses maniÚres calmes, et le considérait comme une encyclopédie vivante, pleine d'un savoir utile. Il ne lui parlait jamais beaucoup, mais la regardait souvent, et elle était sûre qu'il ne la voyait pas avec aversion. Ned, étant à l'université, prenait bien évidemment les airs que les étudiants de premiÚre année se croient obligés de prendre. Il n'était pas trÚs avisé, mais d'une nature trÚs amicale et joyeuse, et, finalement, quelqu'un de tout à fait plaisant pour un pique-nique. Sallie Gardiner était trÚs occupée à préserver sa robe de piqué blanc, et discutait avec Fred, qui était partout à la fois et terrifiait la pauvre Beth avec ses farces.
Il n'y avait pas loin jusqu'Ă  Longmeadow, mais la tente Ă©tait dressĂ©e, et les arceaux en place quand ils arrivĂšrent. Un agrĂ©able champ verdoyant, avec trois gros chĂȘnes au milieu, et une belle bande de gazon pour le croquet.
« Bienvenue au Camp Laurence ! » dit le jeune hĂŽte comme ils accostaient avec des exclamations ravies. « Brooke est le commandant en chef, je suis l'intendant gĂ©nĂ©ral, les autres garçons sont officiers d'Ă©tat-major et vous, mesdames, ĂȘtes l'aimable compagnie. La tente est rĂ©servĂ©e Ă  votre usage spĂ©cial, et ce chĂȘne est votre salon. Celui-ci est le mess, et le troisiĂšme est la cuisine du camp. Maintenant jouons au croquet avant qu'il ne fasse trop chaud, et nous verrons pour le dĂźner ensuite. »
Frank, Beth, Amy et Grace s'assirent pour regarder la partie. Mr. Brooke choisit Meg, Kate et Fred ; Laurie prit Sallie, Jo et Ned. Les Anglais jouaient bien, mais les AmĂ©ricains jouaient mieux encore, et disputaient chaque pouce du terrain, comme animĂ©s par l'esprit de 76. Jo et Fred s'accrochĂšrent plusieurs fois, et en une occasion manquĂšrent d'Ă©changer des mots. Jo avait passĂ© le dernier arceau, et avait manquĂ© son coup, ce qui l'avait pas mal contrariĂ©e. Fred n'Ă©tait pas loin derriĂšre elle, et son tour vint avant celui de Jo ; il donna un coup, sa boule frappa l'arceau et s'arrĂȘta tout juste du mauvais cĂŽtĂ©. Personne n'Ă©tait Ă  proximitĂ©, et en se pressant pour aller voir, il poussa lĂ©gĂšrement la boule du bout du pied pour la faire passer du bon cĂŽtĂ©.
« Je suis passĂ© ! Maintenant, Miss Jo, je vais m'occuper de vous, et passer en tĂȘte, » s'Ă©cria le jeune homme en balançant son maillet pour un autre coup.
—  Vous l'avez poussĂ©e, je vous ai vu, c'est mon tour maintenant, dit vivement Jo.
—  Je vous jure que je ne l'ai pas touchĂ©e ! Elle a peut-ĂȘtre roulĂ© un peu, mais ce n'est pas interdit ; alors Ă©cartez-vous, je vous prie, et laissez-moi atteindre le piquet.
—  Nous ne trichons pas, en AmĂ©rique, mais vous le pouvez, si vous voulez, dit Jo avec colĂšre.
—  Les Yankees sont les plus retors, tout le monde le sait. Et voilĂ , » dit Fred en croquant la boule de Jo, ce qui l'envoya au loin.
Jo ouvrit la bouche pour répliquer avec rudesse, mais se retint à temps, rougit jusqu'au front, et resta là une minute à marteler un arceau, tandis que Fred frappait le piquet et quittait le jeu avec jubilation. Elle partit chercher sa boule, et mit longtemps à la trouver, au milieu des buissons ; mais elle revint, l'air calme et détachée, et attendit son tour patiemment. Il lui fallut plusieurs coups pour regagner la place qu'elle avait perdue, et quand elle y parvint l'autre camp avait presque gagné, car il ne restait que la boule de Kate dans la course, et trÚs proche du piquet.
« Fichtre, c'est fini pour nous ! Adieu, Kate, Miss Jo vient prendre sa revanche, » s'écria Fred avec excitation, quand ils se rapprochÚrent tous pour observer la fin de la partie.
« Les Yankees ont cette manie de se montrer gĂ©nĂ©reux avec leurs ennemis, » dit Jo, avec un regard qui fit rougir le garçon. « En particulier quand ils les battent, » ajouta-t-elle, en gagnant la partie d'un coup habile qui ne toucha mĂȘme pas la boule de Kate.
Laurie jeta son chapeau en l'air, avant de se rappeler qu'il ferait mieux de ne pas s'enthousiasmer de la défaite de ses invités, et s'interrompit au milieu d'un « Hourra ! » pour venir murmurer à son amie :
« Bien joué, Jo ! Il a triché, je l'ai vu. Nous ne pouvons rien lui dire, mais il ne recommencera pas, je te le garantis. »
Meg la prit à part, sous le prétexte de rajuster une tresse défaite, et dit avec approbation :
« C'était terriblement provocant, mais tu es restée calme, et j'en suis trÚs heureuse, Jo.
—  Ne me fĂ©licite pas, Meg, car je pourrais bien le gifler en cet instant. Ma colĂšre aurait certainement dĂ©bordĂ©, si je n'Ă©tais pas restĂ©e au milieu des orties jusqu'Ă  la maĂźtriser suffisamment pour tenir ma langue. Elle bouillonne encore maintenant, aussi j'espĂšre qu'il ne me cherchera pas, » rĂ©pondit Jo, qui se mordillait les lĂšvres tout en jetant un regard noir Ă  Fred par dessous son grand chapeau.
« Il est l'heure du dĂźner, » dit Mr. Brooke en regardant sa montre. « Monsieur l'intendant gĂ©nĂ©ral, veuillez faire le feu, et aller chercher de l'eau, tandis que Miss March, Miss Sallie et moi-mĂȘme mettons la table. Qui sait faire du bon cafĂ© ?
—  Jo ! » dit Meg, heureuse de recommander sa sƓur. Et Jo, sentant que ses rĂ©centes leçons de cuisine allaient lui faire honneur, vint veiller sur la cafetiĂšre, tandis que les fillettes ramassaient du petit bois et que les garçons allumaient le feu et puisaient l'eau Ă  un ruisseau proche. Miss Kate dessinait, et Frank parlait Ă  Beth qui tressait des joncs pour en faire des assiettes.
Le commandant en chef et ses aides eurent tĂŽt fait d'Ă©tendre la nappe et d'y disposer tout un Ă©talage de nourriture et de boissons, avec un joli dĂ©cor de feuilles vertes. Jo annonça que le cafĂ© Ă©tait prĂȘt et tout le monde s'installa pour prendre un copieux repas, car la jeunesse souffre rarement d'indigestion, et l'exercice avait avivĂ© les appĂ©tits. Ce fut un dĂźner des plus joyeux, car tout semblait neuf et amusant, et les frĂ©quents Ă©clats de rire surprirent un vĂ©nĂ©rable cheval qui paissait non loin. La table Ă©tait plaisamment inĂ©gale, ce qui provoqua de nombreux accidents avec les verres ou les assiettes ; des glands tombaient dans le lait, des fourmis vinrent prendre part aux festivitĂ©s sans y avoir Ă©tĂ© invitĂ©es, et des chenilles poilues descendaient de l'arbre pour voir ce qui se passait. Trois enfants passĂšrent la tĂȘte par dessus la barriĂšre pour les observer, et un chien dĂ©sagrĂ©able aboya aprĂšs eux de toutes ses forces depuis l'autre cĂŽtĂ© de la riviĂšre.
« Il y a du sel, si tu préfÚres, dit Laurie en tendant à Jo une soucoupe de baies.
—  Merci, mais je prĂ©fĂšre les araignĂ©es, » dit-elle en repĂȘchant deux de ces Ă©tourdies noyĂ©es dans la crĂšme. « Comment oses-tu me rappeler cet horrible dĂźner, quand le tien est parfait en tout point ? » ajouta Jo, et ils rirent en chƓur, tout en mangeant dans la mĂȘme assiette, car il en manquait.
« J'ai passé un moment extraordinaire aujourd'hui, et je ne m'en suis pas encore remis. Je n'ai aucun mérite, tu sais, je n'y suis pour rien. C'est toi, et Meg, et Brooke qui avez tout fait, et je vous en suis infiniment reconnaissant. Que devrions-nous faire quand nous aurons fini de manger ? » demanda Laurie, qui avait l'impression d'avoir joué sa carte maßtresse avec le dßner.
« Jouer à des jeux de société jusqu'à ce qu'il fasse moins chaud. J'ai apporté le jeu des auteurs, et je suis sûre que Miss Kate connaßt des jeux nouveaux et intéressants. Va lui demander ; elle est ton invitée, et tu devrais passer plus de temps avec elle.
—  N'es-tu pas mon invitĂ©e, toi aussi ? Je pensais que Brooke l'apprĂ©cierait, mais il ne fait que parler avec Meg, et Kate se contente de les regarder avec cette lorgnette ridicule. J'y vais, ainsi tu n'auras pas Ă  tenter de m'enseigner ce qui est propre ou non, alors que tu en es incapable. »
Miss Kate connaissait en effet plusieurs nouveaux jeux ; et comme les filles ne voulaient plus manger, et que les garçons ne le pouvaient plus, ils se retirÚrent dans le « salon » pour jouer à Rigmarole.
« Quelqu'un commence une histoire, ce qui lui plaïżœïżœt, n'importe quoi, et raconte aussi longtemps qu'il le veut, en prenant seulement soin de s'arrĂȘter Ă  un moment palpitant, pour que le suivant continue, et fasse de mĂȘme. C'est trĂšs drĂŽle, quand c'est bien jouĂ©, et crĂ©e un parfait mĂ©lange de fantaisie tragi-comique des plus amusants. Commencez s'il vous plaĂźt, Mr. Brooke, » dit Kate avec un geste autoritaire qui surprit Meg, qui traitait le tuteur avec autant de respect que n'importe quel gentleman.
Étendu sur l'herbe au pied des deux jeunes filles, Mr. Brooke obĂ©it et commença l'histoire, ses beaux yeux bruns fixĂ©s sur la riviĂšre, Ă©tincelante sous le soleil.
« Il Ă©tait une fois un chevalier, ne possĂ©dant rien d'autre que son Ă©pĂ©e et son bouclier, qui partit dans le monde chercher fortune. Il voyagea longtemps, presque vingt-huit ans, et connut des moments difficiles, jusqu'au jour il arriva au palais d'un vieux et bon roi qui avait offert une rĂ©compense Ă  qui dompterait et dresserait un poulain magnifique mais trĂšs sauvage, qu'il aimait beaucoup. Le chevalier accepta d'essayer, et progressa lentement, mais sĂ»rement, car le poulain Ă©tait une noble bĂȘte qui apprit bientĂŽt Ă  aimer son nouveau maĂźtre, bien qu'il soit capricieux et emportĂ©. Chaque jour, quand il donnait sa leçon Ă  cet animal royal, le chevalier le montait Ă  travers la ville, et ce faisant, cherchait un certain beau visage qu'il avait souvent vu dans ses rĂȘves mais n'avait jamais trouvĂ©. Un jour, alors qu'il caracolait dans une rue tranquille, il vit la charmante figure Ă  la fenĂȘtre d'un chĂąteau en ruines. Ravi, il demanda qui vivait dans la vieille demeure, et apprit que plusieurs princesses y Ă©taient retenues captives par un sort, et filaient toute la journĂ©e pour gagner assez d'argent pour acheter leur libertĂ©. Le chevalier souhaitait de toute son Ăąme pouvoir les libĂ©rer, mais il Ă©tait pauvre, et ne pouvait que passer dans les parages, pour regarder le doux visage, et se languir de le voir un jour Ă  la lumiĂšre du soleil. Enfin, il rĂ©solut d'entrer dans le chĂąteau, et de demander comment il pouvait les aider. Il frappa Ă  la porte, qui s'ouvrit en grand, et il vit -
—  Une dame sublime, qui s'exclama avec ravissement, "Enfin ! Enfin !" », poursuivit Kate, qui avait lu de la littĂ©rature française et en apprĂ©ciait fort le style. « "C'est elle !" s'Ă©cria le comte Gustave, qui tomba Ă  ses pieds, en extase. "Oh, levez-vous", dit-elle en lui tendant une main d'une blancheur de marbre. "Jamais ! Tant que vous ne m'aurez pas dit comment je puis vous secourir", jura le chevalier, toujours Ă  genoux. "HĂ©las, un sort cruel me condamne Ă  demeurer ici jusqu'Ă  ce que mon tyran soit dĂ©truit. —  OĂč est le misĂ©rable ? — Dans le salon mauve. Allez, brave cƓur, et sauvez-moi du dĂ©sespoir ! — J'obĂ©is, et reviendrai victorieux, ou mort !" Sur ces paroles ardentes il partit en trombe, et, ouvrant Ă  la volĂ©e la porte du salon mauve, Ă©tait sur le point d'y entrer quand il reçut -
—  Un Ă©norme dictionnaire de grec sur la tĂȘte, lancĂ© par un vieil homme en robe noire, » dit Ned. « Sir Je-ne-sais-plus-quoi se reprit aussitĂŽt, jeta le tyran par la fenĂȘtre et fit demi-tour pour rejoindre sa dame, victorieux, mais avec une bosse sur le front. Il trouva la porte verrouillĂ©e, dĂ©chira les rideaux et se fit une Ă©chelle de corde, en avait descendu la moitiĂ© quand elle rompit, et plongea tĂȘte la premiĂšre dans les douves, vingt mĂštres plus bas. Nageant aussi bien qu'un canard, il fit le tour du chĂąteau jusqu'Ă  trouver une petite porte gardĂ©e par deux hercules. Il cogna leurs tĂȘtes ensemble jusqu'Ă  les fendre comme des coquilles de noix, puis, dans une dĂ©monstration de sa force prodigieuse, il enfonça la porte, monta quelques marches couvertes d'une Ă©paisse couche de poussiĂšre, de crapauds gros comme le poing et d'araignĂ©es qui vous auraient plongĂ©e dans l'hystĂ©rie, Miss March. En haut de ces marches il trouva un spectacle qui lui coupa le souffle et lui glaça le sang -
—  Une grande silhouette, toute en blanc, le visage dissimulĂ© par un voile et une lanterne dans sa main dĂ©charnĂ©e, » continua Meg. « Elle lui fit signe de la suivre, en glissant sans bruit devant lui le long d'un corridor aussi sombre et froid qu'un tombeau. De chaque cĂŽtĂ© se tenaient des statues en armure, un silence de mort rĂ©gnait, la lampe produisait une lueur bleue, et la figure fantomatique se tourna vers lui, montrant la flamme d'yeux terribles Ă  travers son voile. Ils atteignirent une porte derriĂšre un rideau, au delĂ  de laquelle rĂ©sonnait une douce mĂ©lodie ; il se prĂ©cipita en avant, mais le spectre le retint, et agita devant lui, d'un air menaçant, une -
—  TabatiĂšre, » dit Jo d'une voix sĂ©pulcrale qui fit se tordre de rire son auditoire. « "Merci bien", dit poliment le chevalier en prenant une prise. Il Ă©ternua alors sept fois, si violemment que sa tĂȘte se dĂ©tacha de son corps. "Ha ! Ha !", rit le fantĂŽme, et, aprĂšs avoir observĂ© par la serrure les princesses qui filaient encore et encore, l'esprit malĂ©fique ramassa sa victime et la plaça dans une grande boĂźte en fer-blanc oĂč se trouvaient dĂ©jĂ  onze autres chevaliers sans tĂȘte, serrĂ©s comme des sardines, qui se dressĂšrent tous et commencĂšrent Ă  -
—  Danser la gigue, » la coupa Fred quand elle reprit haleine, « et tandis qu'ils dansaient, le vieux chĂąteau dĂ©crĂ©pit se changea en un vaisseau de guerre aux voiles dĂ©ployĂ©es. "Hissez le foc, serrez la grand voile, et armez les canons", rugit le capitaine, alors qu'apparaissait un navire pirate portugais arborant un pavillon d'un noir d'encre. "À l'abordage, et rapportez-moi la victoire mes gaillards", dit-il, et une terrible bataille dĂ©buta. Bien sĂ»r les Britanniques l'emportĂšrent - ils l'emportent toujours - et aprĂšs avoir capturĂ© le capitaine pirate, ils abordĂšrent le schooner, au pont jonchĂ© de cadavres et aux dalots dĂ©gueulant du sang. "MaĂźtre d'Ă©quipage, ligote-moi ce forban et fais le marcher sur la planche s'il ne confesse pas ses mĂ©faits sur le champ", dit le capitaine britannique. Le Portugais tint sa langue et fit le plongeon, sous les hourras des joyeux marins. Mais le fourbe nagea jusque sous le vaisseau de guerre, le saborda, et il coula, toutes voiles dehors, "jusqu'au fond de la mer, mer, mer", oĂč -
—  Oh, bontĂ© divine ! Qu'est-ce que je vais pouvoir dire ? » s'exclama Sallie quand Fred eut terminĂ© sa rigmarole, dans laquelle il avait mĂ©langĂ© en vrac phrases nautiques et passages d'un de ses livres prĂ©fĂ©rĂ©s. « Eh bien, ils arrivĂšrent au fond de la mer, et furent accueillis par une jolie sirĂšne, qui fut trĂšs triste en dĂ©couvrant la boĂźte de chevaliers sans tĂȘtes. Elle les conserva gentiment dans la saumure, espĂ©rant percer un jour le mystĂšre qui les entourait, car Ă©tant femme, elle Ă©tait de nature curieuse. Finalement, un plongeur passa dans les parages, et la sirĂšne lui dit "Je vous donne cette boĂźte de perles si vous arrivez Ă  la remonter", car elle voulait rendre la vie Ă  ces pauvres crĂ©atures mais ne pouvait pas soulever elle-mĂȘme la lourde charge. Alors le plongeur remonta la boĂźte sur le rivage et fut trĂšs dĂ©sappointĂ© de ne pas y trouver de perles en l'ouvrant. Il l'abandonna dans un grand champ isolĂ©, oĂč elle fut dĂ©couverte par -
—  Une petite gardeuse d'oies, qui conduisait cent oies grasses dans le champ, » dit Amy quand Sallie fut Ă  court d'idĂ©es. « La petite fille fut dĂ©solĂ©e pour les chevaliers, et demanda Ă  une vieille femme ce qu'elle pouvait faire pour les aider. "Tes oies te le diront, elles savent tout", dit la vieille femme. Alors elle leur demanda ce qu'elle pourrait utiliser pour remplacer leurs tĂȘtes, puisque les anciennes Ă©taient perdues, et toutes les oies ouvrirent grand leurs becs, et criĂšrent -
—  "Des choux !" continua promptement Laurie. "J'ai juste ce qu'il faut", dit la fillette, et elle courut chercher douze beaux choux dans son jardin. Elle les mit en place et les chevaliers reprirent vie aussitĂŽt, la remerciĂšrent, et s'en allĂšrent tout joyeux, ne s'apercevant jamais de la diffĂ©rence, car les tĂȘtes comme les leurs ne manquaient pas de par le monde. Le chevalier qui m'intĂ©resse partit retrouver l'aimable figure, et apprit que toutes les princesses avaient gagnĂ© leur libertĂ©, et Ă©taient toutes parties se marier, sauf une. Dans un Ă©tat de joie fĂ©brile, il enfourcha le poulain, qui l'avait suivi contre vents et marĂ©es, et se prĂ©cipita au chĂąteau pour voir laquelle restait. Jetant un Ɠil par dessus la haie, il vit la dame de ses pensĂ©es qui cueillait des fleurs dans le jardin. "Me donnerez-vous une rose ?" dit-il. "Vous devez venir la chercher, je ne peux venir jusqu'Ă  vous, ce n'est pas sĂ©ant", dit-elle de sa voix de miel. Il tenta de grimper par dessus la haie, mais elle semblait grandir et grandir encore, puis il essaya de passer au travers, mais elle se fit de plus en plus Ă©paisse, et il Ă©tait au dĂ©sespoir. Alors il cassa patiemment brindille aprĂšs brindille, jusqu'Ă  avoir fait un petit trou, par lequel il implora, "Laissez-moi entrer ! Laissez-moi entrer !" Mais la jolie princesse ne sembla pas le comprendre, car elle ramassa ses roses sans dire un mot , et le laissa se frayer un chemin par lui-mĂȘme. Quant Ă  savoir s'il y parvint ou non, c'est Frank qui va nous le dire.
—  Je ne peux pas ; je ne joue pas, je ne joue jamais, » dit Frank, consternĂ© de l'embĂ»che sentimentale de laquelle il devait tirer l'Ă©trange couple. Beth avait disparu derriĂšre Jo, et Grace dormait.
« Donc le pauvre chevalier reste coincé dans la haie, c'est cela ? » demanda Mr. Brooke, qui contemplait toujours la riviÚre en jouant distraitement avec la rose sauvage à sa boutonniÚre.
« Je suppose que la princesse lui a offert une fleur, et a fini par ouvrir la porte, » dit Laurie en souriant à part lui et en jetant des glands à son tuteur.
« Quelles absurditĂ©s ! Avec la pratique nous arriverions peut-ĂȘtre Ă  quelque chose de sensĂ©. Connaissez-vous "La VĂ©ritĂ©" ? » demanda Sallie quand ils eurent bien ri de leur histoire.
« Je l'espÚre, dit gravement Meg.
—  Je veux dire, le jeu ?
—  Qu'est-ce que c'est ? demanda Fred.
—  Eh bien, on empile nos mains, on choisit un chiffre et chacun retire une main Ă  son tour, et celui dont le tour tombe au chiffre choisi doit rĂ©pondre franchement Ă  toute question posĂ©e par les autres joueurs. C'est trĂšs amusant.
—  Essayons, » dit Jo, qui aimait les nouvelles expĂ©riences.
Miss Kate et Mr. Brooke, ainsi que Meg et Ned, déclinÚrent, mais Fred, Sallie, Jo et Laurie joignirent les mains et comptÚrent, et le sort tomba sur Laurie.
« Qui sont tes héros ? demanda Jo.
—  Grand-pĂšre et NapolĂ©on.
—  Quelle jeune fille trouvez-vous la plus jolie ? demanda Sallie.
—  Margaret.
—  Laquelle prĂ©fĂšres-tu ? fut la question de Fred.
—  Jo, bien sĂ»r.
— Vous en posez, des questions ridicules ! » dit Jo avec un haussement d'Ă©paules dĂ©daigneux tandis que les autres riaient du ton dĂ©tachĂ© de Laurie.
« Essayons encore, La Vérité n'est pas un mauvais jeu, dit Fred.
—  C'en est un trĂšs bon pour toi, » rĂ©torqua Jo, sotto voce.
Son tour vint ensuite.
« Quel est votre plus gros défaut ? » demanda Fred, comme pour éprouver chez elle la vertu dont il manquait.
« Mon caractÚre emporté.
—  Que dĂ©sires-tu le plus ? dit Laurie
—  Une paire de lacets pour mes bottes, » rĂ©pliqua Jo, devinant son intention et la dĂ©jouant.
« Ce n'est pas une vraie réponse, tu dois dire ce que tu souhaites vraiment par dessus tout.
—  Le gĂ©nie ; tu ne souhaiterais pas pouvoir me le donner, Laurie ? » dit-elle avec un sourire narquois devant son air dĂ©sappointĂ©.
« Quelles sont les vertus que tu admires le plus chez un homme ? demanda Sallie.
—  Le courage et l'honnĂȘtetĂ©.
—  À mon tour maintenant, » dit ensuite Fred.
« Ne le ratons pas, » murmura Laurie à Jo, qui acquiesça et demanda aussitÎt,
« Est-ce que tu n'as pas triché au croquet ?
—  Eh bien, si, un petit peu.
—  Bien ! Est-ce que tu n'as pas tirĂ© ton histoire du Lion de Mer  ?
—  Plutît.
—  Ne pensez-vous pas que la nation anglaise est parfaite en tous points ? demanda Sallie.
—  J'aurais honte de moi-mĂȘme, dans le cas contraire.
—  Un vĂ©ritable John Bull. Maintenant, Miss Sallie, c'est Ă  votre tour, sans avoir Ă  tirer au sort. Je vais d'abord vous malmener un brin en vous demandant si vous ne pensez pas ĂȘtre un peu flirt, » dit Laurie, tandis que Jo faisait la paix avec Fred d'un signe de tĂȘte.
« Quel garçon impertinent ! Bien sûr que non ! » s'exclama Sallie avec un air qui prouvait le contraire.
« Que détestez-vous le plus ? demanda Fred.
—  Les araignĂ©es et le riz-au-lait.
—  Qu'est-ce que tu aimes le plus ? demanda Jo.
—  Danser, et les gants français.
—  Eh bien, je pense que La VĂ©ritĂ© est un jeu stupide, faisons plutĂŽt une partie du jeu des Auteurs pour nous rafraĂźchir les idĂ©es, » proposa Jo.
Ned, Frank, et les petites filles se joignirent à eux, et pendant la partie, les trois aßnés restÚrent assis à part à discuter. Miss Kate reprit son dessin, et Margaret la regardait, tandis que Mr. Brooke était étendu sur l'herbe, avec un livre qu'il ne lisait pas.
« Comme c'est beau ; j'aimerais savoir dessiner, » dit Meg d'une voix oĂč l'admiration se mĂȘlait au regret.
« Pourquoi n'apprenez-vous pas ? Je suis sûre que vous avez suffisamment de goût et de talent, répondit gracieusement Miss Kate.
—  Je n'ai pas le temps.
—  Je suppose que votre maman privilĂ©gie d'autres talents. La mienne aussi, mais je lui ai prouvĂ© que j'Ă©tais douĂ©e en prenant quelques leçons en privĂ©, et elle a Ă©tĂ© d'accord pour que je continue. Ne pouvez-vous faire la mĂȘme chose avec votre gouvernante ?
—  Je n'en ai pas.
— J'oubliais, les jeunes filles d'AmĂ©rique vont plutĂŽt Ă  l'Ă©cole. De trĂšs bonnes Ă©coles, d'ailleurs, dit Papa. Vous allez dans une Ă©cole privĂ©e, je suppose ?
—  Je n'y vais pas du tout, je suis moi-mĂȘme une gouvernante.
—  Oh, bien sĂ»r ! » dit Miss Kate, mais elle aurait tout aussi bien pu dire « Oh non, c'est horrible ! », et quelque chose dans son expression fit monter le rouge aux joues de Meg, et elle souhaita avoir Ă©tĂ© moins franche.
Mr. Brooke leva les yeux, et dit rapidement, « Les jeunes filles amĂ©ricaines aiment tout autant l'indĂ©pendance que leurs ancĂȘtres, et sont admirĂ©es et respectĂ©es pour ĂȘtre capables de subvenir Ă  leurs besoins.
—  Oh, oui, bien sĂ»r ! C'est trĂšs convenable de leur part. Bien des jeunes femmes respectables et mĂ©ritantes font de mĂȘme par chez nous, et sont employĂ©es par la noblesse, parce que, 'tant filles de gentlemen, elles sont Ă  la fois bien nĂ©es et accomplies, voyez-vous, » dit Miss Kate, sur un ton moralisateur qui blessa la fiertĂ© de Meg en faisant paraĂźtre son travail non seulement de mauvais goĂ»t, mais aussi dĂ©gradant.
« Est-ce que la chanson allemande vous a plu, Miss March ? » s'enquit Mr. Brooke, rompant un silence gĂȘnĂ©.
« Oh, oui ! C'était trÚs joli, et je suis trÚs reconnaissante à la personne qui l'a traduite pour moi ; » et le visage abattu de Meg sembla s'éclairer.
« Vous ne lisez pas l'allemand ? » demanda Miss Kate, l'air surprise.
« Pas trÚs bien. Mon pÚre, qui me l'enseigne, est absent, et je ne progresse pas trÚs vite toute seule, puisque je n'ai personne pour corriger ma prononciation.
—  Essayez un peu, maintenant. Nous avons Mary Stuart de Schiller, et un tuteur qui aime enseigner, » et Mr. Brooke lui posa son livre sur les genoux, avec un sourire encourageant.
« C'est si difficile, j'ai peur d'essayer, » dit Meg, reconnaissante, mais intimidée par la présence de la jeune lady accomplie.
« Je vais lire un peu, pour vous encourager. » Et Miss Kate lit l'un des plus beaux passages, d'une maniÚre parfaitement correcte, mais parfaitement dénuée d'expression.
Mr. Brooke ne fit pas de commentaire quand elle rendit le livre Ă  Meg qui dit, innocemment,
« Je croyais que c'était de la poésie.
—  Par moments. Essayez ce passage. »
Un Ă©trange sourire flottait sur les lĂšvres de Mr. Brooke, quand il ouvrit le livre sur la lamentation de la pauvre Mary.
Meg, suivant docilement le long brin d'herbe que son nouveau tuteur utilisait pour pointer sur la page, lit, lentement et timidement, transformant inconsciemment les mots rudes en poésie par la douce intonation de sa voix musicale. Le guide vert descendit sur la page, et, oubliant son audience dans la beauté de la triste scÚne, Meg lit comme si elle avait été seule, donnant une touche de tragédie aux mots de la reine malheureuse. Si elle avait vu, alors, les beaux yeux bruns, elle aurait stoppé net ; mais elle ne leva pas les yeux, et rien ne gùcha sa leçon.
«  TrÚs bien, en effet ! » dit Mr. Brooke quand elle se tut, ignorant ses nombreuses erreurs, et ayant en effet l'air « d'aimer enseigner ».
Miss Kate leva sa lorgnette, et, aprĂšs examen du tableau devant elle, referma son carnet Ă  dessin en disant avec condescendance,
« Vous avez un bon accent, et avec le temps, vous deviendrez une lectrice accomplie. Je vous conseille d'étudier, car l'allemand est un talent estimable chez les enseignants. Je dois aller surveiller Grace, elle est en train de faire la folle » ; et Miss Kate s'éloigna, en ajoutant à part elle avec un haussement d'épaules, « Je ne suis pas venue pour chaperonner une gouvernante, aussi jeune et jolie soit-elle. Quels étranges personnages que ces Yankees ! J'ai peur que le caractÚre de Laurie ne se gùte à leur contact. »
« J'oubliais que les Anglais n'ont pas une grande opinion des gouvernantes, et ne les traitent pas de la mĂȘme façon que nous, » dit Meg en la regardant s'Ă©loigner, avec une expression ennuyĂ©e.
« Les tuteurs ne sont pas mieux lotis, Ă  mon grand chagrin. Il n'y a nulle part comme l'AmĂ©rique pour nous autres travailleurs, Miss Margaret, » et Mr. Brooke avait l'air si joyeux et satisfait de son sort, que Meg eut honte de s'ĂȘtre plainte.
« Je suis heureuse d'y vivre, alors. Je n'aime pas mon travail, mais j'en tire tout de mĂȘme une certaine satisfaction, aprĂšs tout, aussi je ne me plaindrai pas. Je voudrais seulement aimer enseigner, comme vous.
—  Je pense que ce serait le cas, si vous aviez Laurie comme Ă©lĂšve. Je serai navrĂ© de le perdre l'an prochain, » dit Mr. Brooke, occupĂ© Ă  creuser des trous dans la pelouse.
« Il va à l'université, je suppose ? » demanda Meg à voix haute, mais ses yeux ajoutÚrent, Et qu'en est-il de vous ?  
« Oui, il est grand temps qu'il y aille, il est presque prĂȘt ; et sitĂŽt qu'il sera parti je me ferai soldat.
—  J'en suis contente ! s'exclama Meg. Je pense que tout jeune homme devrait vouloir faire de mĂȘme, quoique ce soit bien difficile pour les mĂšres et les sƓurs, qui restent Ă  la maison, ajouta-t-elle tristement.
—  Je n'ai ni mĂšre ni sƓur, et trĂšs peu d'amis, qui se soucieraient que je vive ou meure, » dit Mr. Brooke avec amertume, tandis qu'il plaçait distraitement la rose fanĂ©e dans le trou qu'il avait creusĂ© et la recouvrait, comme une petite tombe.
« Laurie et son grand-pÚre s'en soucieraient beaucoup, et nous serions toutes trÚs tristes s'il vous arrivait quoi que ce soit, dit chaleureusement Meg.
—  Merci, c'est trĂšs gentil, » commença Mr. Brooke, l'air ragaillardi ; mais avant qu'il puisse continuer sa phrase, Ned, montĂ© sur le vieux cheval, s'amena dans leur direction pour faire montre de ses talents de cavalier devant les jeunes dames, et il n'y eut plus un moment de paix ce jour lĂ .
« Tu aimes monter à cheval ? » dit Grace à Amy, tandis qu'elles se reposaient aprÚs avoir couru tout le tour du champ avec les autres, menés par Ned.
« J'adore ça. Ma sƓur Meg montait, autrefois, quand Papa Ă©tait riche, mais nous n'avons aucun cheval maintenant - Ă  part Ellen Arbre, ajouta Amy en riant.
—  Parle-moi d'Ellen Arbre, c'est une mule ? demanda Grace avec curiositĂ©.
—  Eh bien, tu vois, Jo est folle d'Ă©quitation, et moi aussi, mais nous n'avons qu'une vieille selle d'amazone, et pas de cheval. Dans notre jardin il y a un pommier, qui a une belle branche basse ; alors je pose la selle dessus, fixe des rĂȘnes sur la partie qui se redresse, et nous chevauchons Ellen Arbre autant qu'il nous plaĂźt.
—  Comme c'est drĂŽle ! dit Grace en riant. J'ai un poney chez moi, et je le monte presque tous les jours dans le parc, avec Fred et Kate, c'est trĂšs agrĂ©able, car mes amis viennent aussi, et le Row est plein de ladies et de gentlemen.
—  Oh, comme c'est charmant ! J'espĂšre pouvoir me rendre en Europe, un jour, mais j'aimerais mieux voir Rome que le Row, », dit Amy, qui n'avait pas la moindre idĂ©e de ce qu'Ă©tait le Row, et n'aurait pas posĂ© la question pour tout l'or du monde.
Frank, assis juste derriÚre les fillettes, entendit ce qu'elles disaient , et repoussa sa béquille dans un mouvement d'humeur, tandis qu'il regardait les garçons s'activer et faire toutes sortes de gymnastiques des plus comiques. Beth, qui rassemblait les cartes éparpillées du jeu des Auteurs, leva les yeux, et dit, à sa façon timide mais amicale,
« J'ai peur que vous ne soyez fatigué, puis-je faire quelque chose pour vous ?
—  Parlez-moi, s'il vous plaĂźt. Je m'ennuie, assis dans mon coin, » rĂ©pondit Frank, qui avait de toute Ă©vidence l'habitude d'ĂȘtre plus choyĂ© Ă  la maison.
La timide Beth n'aurait pas Ă©tĂ© plus embĂȘtĂ©e s'il lui avait demandĂ© de lui faire un discours en latin, mais elle n'avait nulle part oĂč fuir, nulle Jo derriĂšre laquelle se cacher, et le pauvre garçon la regardait avec une telle mĂ©lancolie, qu'elle dĂ©cida bravement de faire de son mieux.
« De quoi aimez-vous parler ? » demanda-t-elle en manipulant maladroitement les cartes, faisant tomber la moitié du paquet.
« Eh bien, j'aime parler de cricket, de canotage, et de chasse, » dit Frank, qui n'avait pas encore appris à accommoder ses loisirs à son état de santé.
« Seigneur ! Qu'est-ce que je peux faire ? Je ne connais rien à tout ça, » pensa Beth ; et oubliant dans son désarroi la condition du garçon, elle dit, espérant le faire parler,
« Je n'ai jamais vu chasser, mais je suppose que vous savez tout là dessus.
—  Autrefois oui, mais je ne chasserai plus jamais, parce que je me suis blessĂ© en sautant une fichue barriĂšre, donc plus de chevaux et de chiens pour moi, » dit Frank avec un soupir. Beth se maudit pour son innocente bĂ©vue.
« Vos cerfs sont bien plus jolis que nos vilains buffles, » dit-elle en se tournant vers la prairie comme pour appeler à l'aide, et bien contente d'avoir lu l'un des livres pour garçons que Jo aimait tant.
Les buffles s'avĂ©rĂšrent ĂȘtre un sujet apaisant et satisfaisant, et, dans son empressement Ă  amuser quelqu'un d'autre, Beth s'oublia, tout Ă  fait inconsciente de la surprise et du ravissement de ses sƓurs devant le spectacle inattendu de la fillette en train de parler avec l'un des horribles garçons contre lesquels elle avait rĂ©clamĂ© protection.
« Bénie soit-elle ! Elle l'a pris en pitié, alors elle est gentille avec lui, » dit Jo en la regardant depuis le terrain de croquet avec un large sourire.
« J'ai toujours dit qu'elle était une petite sainte, » ajouta Meg, comme si cela ne faisait aucun doute.
« Je n'avais pas entendu Frank rire autant depuis longtemps, » dit Grace à Amy, tandis qu'elles parlaient poupées et fabriquaient des services à thé en cupules de glands.
« Ma sƓur Beth est tout Ă  fait fastidieuse, quand elle le veut bien, » dit Amy, heureuse du succĂšs de Beth. Elle voulait dire fascinante , mais comme Grace ne connaissait le sens exact d'aucun des deux mots, fastidieuse sonnait bien et fit bonne impression.
Une promenade, un jeu de l'Ă©pervier, et une amicale partie de croquet terminĂšrent l'aprĂšs-midi. Au coucher du soleil la tente Ă©tait dĂ©montĂ©e, les paniers prĂȘts, les arceaux rangĂ©s, les canots chargĂ©s, et la petite compagnie descendit la riviĂšre en chantant Ă  pleins poumons. Ned, d'humeur sentimentale, entonna une sĂ©rĂ©nade au refrain pensif,
« Seul, seul, oh ! malheur, tout seul, »
et arrivé aux vers
« Nous sommes jeunes tous deux, nous avons un cƓur,
Oh ! Pourquoi devrions nous rester si distants ? »
il regarda Meg avec une expression si apathique, qu'elle rit tout de bon, et lui gĂącha sa chanson.
« Comment pouvez-vous ĂȘtre si cruelle avec moi ? murmura-t-il tandis que tous chantaient en chƓur, vous n'avez pas quittĂ© cette anglaise collet-montĂ© de la journĂ©e, et maintenant vous me snobez.
—  Ce n'Ă©tait pas mon intention, mais vous aviez l'air si drĂŽle que je n'ai vraiment pas pu m'en empĂȘcher, » rĂ©pondit Meg, ignorant la premiĂšre partie de son reproche, car il Ă©tait bien vrai qu'elle l'avait Ă©vitĂ©, se rappelant la fĂȘte chez les Moffat et la discussion qui avait suivi.
Offensé, Ned se tourna vers Sallie pour chercher consolation, en lui disant, de maniÚre assez mesquine, « Il n'y a pas une once de flirt chez cette fille, n'est-ce pas ?
—  Pas un gramme, mais c'est un vĂ©ritable agneau, » rĂ©pondit Sallie, dĂ©fendant son amie tout en admettant ses faiblesses.
« En tout cas ce n'est certainement pas une brebis égarée, » dit Ned, essayant de se montrer spirituel, et y parvenant à peu prÚs aussi bien que n'importe quel autre jeune gentleman.
RassemblĂ©e sur la pelouse devant la maison, la petite troupe se sĂ©para avec en se souhaitant bonne nuit et bon voyage, car les Vaughn partaient pour le Canada. Miss Kate regarda les quatre sƓurs rentrer Ă  la maison en traversant le jardin, et dit, sans la moindre condescendance, « En dĂ©pit de leurs maniĂšres dĂ©monstratives, les jeunes filles amĂ©ricaines sont trĂšs gentilles quand on les connaĂźt.
—  Je suis tout Ă  fait d'accord avec vous, » dit Mr. Brooke.
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vert-sauvage · 7 years ago
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Juliette passion chaussettes
j’aime les Ă©pinards la lumiĂšre de fin d’aprĂšs-midi les couleurs de l’automne avoir plein de thĂ©s diffĂ©rents mettre des jolies chaussettes mĂȘme quand personne ne les voit les gros pulls en hiver et surtout les pulls de noĂ«l kitsch et les sapins de noĂ«l et l’odeur de noĂ«l et les gĂąteaux de noĂ«l la cannelle les couchers de soleil regarder le ciel les citrouilles mon chien les renards le canard-dindon les animaux moches que personne n’aime ma collection de vernis porter du rouge Ă  lĂšvres le chocolat chaud Ă  la fleur d’oranger le cafĂ© noisette sĂ©cher le latin pour aller dans un salon de thĂ© avec la fille-papillon regarder tressauter mes vinyles le brouillard du matin quand la nuit tombe et que je suis bien au chaud sous ma couette les feux de cheminĂ©e mes stylos de toutes les couleurs et mes tampons et tous mes masking tapes et mes carnets Ă©crire des lettres aux gens que j’aime et aux inconnus parler anglais voyager dans des villes dont je ne me lasse jamais et dĂ©couvrir de nouveaux endroits et de nouveaux pays aller chez ikea allumer des bougies qui sentent bon les aprĂšs-midi toutes douces de l’appartement-cocon passĂ©es Ă  lire un livre ou Ă  boire du thĂ© avec la fille-papillon aller faire les magasins et acheter plein de choses ma boĂźte-valise remplie de tous mes trĂ©sors d’écureuil les choses mignonnes et inutiles les Ă©cureuils les nuages surtout quand ils ont des formes bizarres mes plantes qui ont toutes des prĂ©noms les jardins botaniques qui donnent l’impression d’ĂȘtre dans un autre monde retourner en alsace les marchĂ©s de noĂ«l les musĂ©es d’histoire naturelle et les cabinets de curiositĂ© un peu Ă©tranges les saules pleureurs les vieux manoirs porter des jupes les endroits abandonnĂ©s le street art qu’on dĂ©couvre par hasard et qui fait sourire et prĂȘter attention Ă  ce qui nous entoure mettre des bagues harry potter regarder les Ă©toiles le petit prince avoir tellement de tasses mignonnes que je ne sais plus oĂč les mettre les fleurs les cactus mes pailles de toutes les couleurs le hasard les aventures spontanĂ©es les longs trajets en voiture avec la vitre ouverte et la musique trĂšs fort me sentir libre ne pas avoir d’obligations lire de la poĂ©sie Ă  voix haute raconter des histoires les moments oĂč je me sens d’humeur bĂȘte et oĂč je dis n’importe quoi en riant pour tout et pour rien les Ă©lans qui me donnent envie d’aller vers quelque chose pendant lesquels je suis incapable de rester en place tellement je suis excitĂ©e les sapins les dĂ©tails des feuilles des arbres les choses bizarres les fantĂŽmes boire mon thĂ© Ă  la petite cuillĂšre les stations-service la nuit et tous les endroits oĂč le temps semble s’arrĂȘter et oĂč tout est en dĂ©calage aprĂšs minuit les rĂȘves remarquer des dĂ©tails regarder des inconnus dans le mĂ©tro me perdre dans les livres et dans d’autres univers et l’impression d’étrangetĂ© quand je reviens Ă  la rĂ©alitĂ© comme si ce n’était pas normal les tĂ©lĂ©films dĂ©biles de noĂ«l et deviner la fin aprĂšs les cinq premiĂšres minutes mais les aimer quand mĂȘme accrocher des cartes sur mon mur les jolies citations les bateaux les oiseaux en papier accrochĂ©s au-dessus de mon lit qui ressemble Ă  un nid les tipis me promener en forĂȘt les grands parcs au milieu de la ville qui nous font oublier qu’on est dans la ville le parfum les choses qui me font penser Ă  quelqu’un que j’aime ou qu’on me dise ça m’a fait penser Ă  toi le sourire de la fille au sourire paillettes rĂ©cupĂ©rer des pellicules chez le photographe faire quelque chose pour la premiĂšre fois les diabolos Ă  la violette le vert Ă©meraude et le bleu turquoise et le mint et les couleurs pastel les guirlandes lumineuses passer des heures dans les petites librairies jolies les coĂŻncidences retrouver des amis les rencontres Ă©phĂ©mĂšres les stylos Ă  encre fouiller dans les greniers les archives du passĂ© la mer la plage les jours gris quand il n’y a personne les endroits dĂ©serts les vieux appareils photo mes cheveux quand ils bouclent mes souvenirs de voyage les tatouages Ă©crire les orages les clĂ©mentines
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apreslapluielebeautemps · 5 years ago
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Entre dos aguas
Ma mamie aimait rire d’un rien, les rouges Ă  lĂšvres, les robes Ă  fleurs. Elle disait toujours que j’étais la plus belle. Elle parlait provençal et espagnol. Hier soir, elle a regardĂ© Manon des sources en riant. Elle est parti se coucher, et comme le Papet, ne s’est pas rĂ©veillĂ©e.
Antoinette, Marie-Antoine, Toinet, Tonija, est morte au petit matin. Elle est partie sur la pointe des pieds, dans son sommeil. Un pouls Ă  peine palpable, puis le nĂ©ant. Mon pĂšre est avec elle, il la regarde, allongĂ©e sur le lit, il me dit : « Sur son visage, il n’y a pas de trace de souffrance, on dirait qu’elle dort. »
Elle est morte comme ça, comme une feuille tomberait de l’arbre. On dit souvent ça des personnes ĂągĂ©es. Que du jour au lendemain, elle partent quand on ne s’y attend pas rĂ©ellement. MalgrĂ© ses 90 ans d’une vie bien consommĂ©e, on a pas trop envie d’y croire. On aurait voulu que ce ne soit pas pour tout de suite. 
Elle n’a pas souffert, n’a pas eu peur. Elle avait encore toute sa tĂȘte, sa mĂ©moire. Elle marchait, mangeait, discutait, rigolait. S’asseyait toujours en bout de table, se mettait Ă  crier quand on se disputait. Pleurait Ă  chaque fois que je lui disais au revoir. Me disait qu’elle m’aimait. Elle assurait parfaitement son rĂŽle de matriarche. Sa perte est un dĂ©chirement qui Ă©clate notre famille.
A 600 kilomĂštres des miens, le monde m’a dĂ©possĂ©dé de mon deuil, paralysĂ© par une guerre bactĂ©riologique qu’il mĂšne de front contre un virus baptisĂ© Covid-19. Ma grand-mĂšre est morte, et je ne peux pas aller la voir. Mon arme Ă  moi, c’est de rester enfermĂ©e, « confinĂ©e », ce mot Ă  la mode, dans mon appartement, prise au piĂšge entre quatre murs.
Je ne pourrai pas dire au revoir Ă  ma grand-mĂšre.
Je ne pourrai pas me glisser dans les bras de mon pÚre pour pleurer. 
Demain aprĂšs-midi, Antoinette sera enterrĂ©e dans un huis clos terrifiant, sans fleurs, sans embaumement, sans cĂ©rĂ©monie religieuse. Ce soir, elle passe une nuit de plus dans son lit, il n’y a pas de funĂ©rarium. On viendra la chercher Ă  16 heures, elle ira rejoindre ses parents, son mari.
J’ai demandĂ© Ă  mon pĂšre de rĂ©cupĂ©rer la petite carte rose de la Bonne MĂšre, qu’elle avait accrochĂ©e prĂšs de son lit, sur un mur plein de fleurs. Je lui ai demandĂ© ce qu’on ferait des plantes. De la broderie sur sa table de chevet, du rĂ©veil couleur pastel, des tiroirs remplis de cartes postales et de photos. Du jardin dans l’arriĂšre cour laissĂ© Ă  l’abandon depuis la mort de mon grand-pĂšre, il y a sept ans. Du cerisier, de la longue corde Ă  linge rouillĂ©e. 
C’est la fin de notre vie ensemble.
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omgmykpopfictionsandstuff · 6 years ago
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Open up your eyes
Aujourd'hui c'était un grand jour. Ils allaient enfin faire face aux  nouveaux propriétaires... et quand Mark observa son nom sur l'affiche il resta interdit. Il avait été prit pour apparaßtre dans un clip de la Grande Patronne. Il tremblait comme une feuille quand son manager l'emmena sur le tournage. Une réplique d'un chùteau médiévale s'y trouvait et il vit au loin une femme habillée de noir.... Elle faisait peur.
« She looks like Morticia... » fit Mark effrayer.
« Yeeahh » Fit Elrick en arrivant « You haven't heard the song boy ? » fit-il amusé
« Nan. » marmonna Mark quand il vit la dame se tourner vers eux « Elle fait peur... »
« Aha » Elrick mourrait de rire en regardant Morganna s'approcher d'eux. « Mona babe, the baby is scared of you. » fit-il calmement
« Oh poor thing. » fit Morganna en caressant les cheveux de Mark « Faites lui écouter la chanson et qu'on lui explique. » dit-elle en sortant de la salle
Et elle commença les shooting pour les close-up de son visage. On fila deux trucs a Mark. Un script et un Ipod. Il lut le script du clip et Ă©couta la chanson pour mieux comprendre. Morganna incarnait une reine noire... lui son fils. Il fixa Morganna traverser plusieurs styles, plusieurs robes... Une robe de mariĂ©e, une robe rosĂ© du bonheur et enfin la robe noire... Il entra en scĂšne vĂȘtue d'habits d'Ă©poque noirs, la tĂȘte basse. On lui demanda des expressions pendant le premier couplet ou Morganna chantait de dos Ă  lui. Devant un trĂŽne  effrayant.
«  It's time you learned a lesson, it's time that you understand. Don't ever count on anybody else in this or any other land...I once hoped for friendship to find a place among my kind... But those were the childish wishes.... of someone who was blind. » Elle se tourna vers lui dramatiquement devant le trĂŽne et entama le couplet du refrain «  Open up your eyes, see the world from where I stand. Me, among the mighty.You, caged at my command. Open up your eyes give up your sweet fantasy land » Elle descendit les marches du trĂŽne et vint prendre son menton entre son index et son pousse. « It's time to grow up and get wise....Come now, little one, open up your eyes » Elle quitta la salle du trĂŽne, suivit dans les couloirs par Mark « We all start out the same with simple naive trust shielded from the many ways. That life's not fair or just. But then there comes a moment, a simple truth that you must face » Elle avait chanter de dos puis se tourna vers lui prenant sa main d'une mine trĂšs grave. « If you depend on others, you'll never find your place » Elle continua d'avancer avant de s'arrĂȘter dans un jardin devant une tombe...ça c'Ă©tait le moment des flashback de la Reine noire qui perdait son mari Ă  cause des hommes du Roi Blanc puis Morganna se changea dans une armure noire, enfourcha un frison tout aussi noir, alors que Mark monta sur un cheval gris. « And as you take that first step upon a path that's all your own. You see it all so clearly the best way to survive is all alone » Elle se tourna vers lui alors qu'elle montrait un champ qui serait incrustĂ© d'un village a feu et Ă  sang « Open up your eyes. See the world from where I stand. Me, among the mighty. You, caged at my command. » Elle fit demi-tour avec son cheval et passa Ă  cĂŽtĂ© de Mark « Open up your eyes ... and behold the faded light. It's time to grow up and get wise. Come now, little one, open up your eyes. » elle le fixa dans les yeux avant de s'en aller « Open up your eyes! » et on arrĂȘta ....
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Taeyong regardait le MV et cligna des yeux.
« Wohhh...c'était badass.. » fit Taeyong
« Comme quoi il se démerde pas trop mal. » fit Haechan amusé.
« Et si on suit le MV toi, t'es le fils de Morganna et Yunho ? » fit Jeno
« Ouais... la classe hein ? » Mark se fit légÚrement mousser
« J'ai pitié d'eux... » fit Haechan en riant « Un fils comme toi. »
« Ah j'vous emmerde. » soupira Mark
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« AND YET ANOTHER FANDOMETRICS / KPOPSTYLE ! » Fit Miyuki en riant « Open up your eyes is the first song to be released after the anouncements concerning the upcoming drama 'Game of Chess' Evil against Good, good against evil... Who's gonna be the big winner ?  I'm rooting for evil to be honest because look at the Black side ... we have Mark from NCT and Morganna... and boi have you seen the guards ? No ? Well I did aaaand having Siwon, Amber and Yoona on the Evil part sided by Minho... heck I'm waiting for the White Side but my ultimate bias is actually Evil soooo i'm holding my breath for the upcoming MV's... »
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alphabetpoetique-blog · 7 years ago
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Jardin léthargique
Dans la douceur automnale du matin La salle de classe devient jardin Et le soleil passant par les fenĂȘtres Dessine sur les tables les pauvres ĂȘtres Avachis, vaincus, rabougris Par le sommeil et par l’ennui
Les plantes dĂ©sespĂ©rĂ©es se tournent Comme de mimĂ©tiques tournesols Vers les vitres entrouvertes Leurs lourdes tĂȘtes molles Leurs tiges alanguies Et leurs feuilles, plus si vertes A force d’attendre la sonnerie
Devant eux, un chĂȘne noueux Enfonce dans le sol ses racines Et sournoisement rapine Des plantes l’énergie A force de problĂšmes Ă©pineux Qu’il dĂ©roule dans leurs esprits fermĂ©s Tout entiers dans l’attente, tournĂ©s Sans plus donner signe de vie
LĂ , une belle rose s’inquiĂšte de son teint Un sulfureux camĂ©lia exhale son parfum De complices roses trĂ©miĂšres s’entremĂȘlent Comme heureuses de retrouver celle Avec qui elles se sentent complĂštes De timides pervenches pointent leur tĂȘte Voulant participer Ă  la fĂȘte De ce doux jardin, et Ă  sa vie secrĂšte
Au fond, les pois batailleurs Se touchent, frappant leurs cosses Cherchant le plus fort, le meilleur Se prenant pour de terribles colosses Mais n’étant que des plantes immatures RĂȘvant de voyages et d’aventures Dans le secret de leur sĂšve
Et le jardin semble lĂ©thargique Comme engourdi de silence De sĂ©rieux, de rĂ©flexions, de devoirs Et les plantes meurent, pathĂ©tiques Se flĂ©trissent et se tendent de noir Le chĂȘne les achĂšve sans le savoir
Alors la sonnerie dĂ©chire l’air Des plantes, se lĂšvent des enfants Qui sortent, chahutant, riant Oubliant du jardin le souffle mortifĂšre
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nikkimagnesia-blog · 7 years ago
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Seven sur l’autre rive
L'air frais se boirait presque ; le ciel bleu se fonce, pur, entre l'or roux des réverbÚres. 
Un tout petit chien double crÚme promÚne une vieille en tas de chair à rideaux. Il est aussi précieux qu'elle est laide. Elle a un léger réflexe de protection craintive lorsqu'elle croise mon regard amusé sur son clebs déguisé en panache d'écureuil. 
Un peloton de trois ou quatre cycles grillent un feu ; des types aux cheveux trĂšs longs filent en riant aux Ă©clats dans leurs costumes perle.
Le coin de cette rue-lĂ  est saturĂ©e de leds d'un vert hurlant : pharmacie de la surenchĂšre et passages cloutĂ©s signalent un danger invisible. Trois pas plus loin, Ă  la fontaine d'huĂźtres en tas, c'est la mĂȘme Ă©blouissance Ă©pileptique, l'Ă©cran-cascade numĂ©rique du fond des mers, et les voituriers qui fument. 
Mini-rue pavée. 
Et cette persistance de campagne lorsque les feuilles vertes des riches qui ont des jardins débordent des murs, alors qu'un clocher sonne la mort du jour.
J'adore travailler dans les hauts quartiers.
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feluz9 · 7 years ago
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Je vais sur la pelouse humide
Charles Guérin
Je vais sur la pelouse humide de rosĂ©e, D'un pas lĂ©ger, les yeux riants, l'Ăąme brisĂ©e De tendresse, de joie indicible et d'amour. Le jour descend en moi comme un baiser, le jour Me pĂ©nĂštre et m'enlĂšve Ă  la terre. J'adore. Le jardin resplendit sous le ciel frais. L'aurore A trouĂ© les pins drus et noirs d'un rouge orteil. Une perle d'eau claire Ă©tincelle au soleil. L'herbe est comme une mer oĂč l'onde poursuit l'onde. L'allĂ©e a de lascifs contours de femme blonde. Le lierre en feu frissonne Ă  la crĂȘte d'un mur. Un oiseau que le vent balance dans l'azur Chante sur le bouleau sans feuille encore. Je rĂȘve, Au sein d'une lumiĂšre heureuse, ivre de sĂšve Et d'air, le front tournĂ© vers l'orient, et tel Qu'un jeune dieu qui vit son matin immortel. Ainsi, dans le jardin lustrĂ© de pousses vertes, Je vais, joignant les mains et les lĂšvres ouvertes Pour rĂ©pandre l'amour dont mon cƓur s'est gonflĂ© Devant l'aube, le vierge azur, le lierre ailĂ©. L'oiseau chante, le ciel sourit et l'herbe pleure. « Seigneur, dis-je, votre Ɠuvre est belle et voici l'heure, PĂšre infiniment bon et sublime ouvrier, OĂč je voudrais des mots surhumains pour prier, Des vers religieux et purs comme les psaumes Qu'entonnent sous le vent les pins aux vastes dĂŽmes. Par un hymne de joie et d'adoration, Rendre grĂące Ă  l'auteur de la crĂ©ation, Oui, Seigneur ! Mais je porte, hĂ©las ! Pauvre poĂšte, La malĂ©diction d'une langue muette : Tout ce qui chante en moi de confuse beautĂ© S'Ă©teint dans mon esprit avant d'avoir Ă©tĂ©, Et ce brin d'herbe avec la perle qui le courbe, Rit de ma plume oĂč point une goutte de tourbe. » Ayant dit, et soudain dĂ©chu de mon orgueil, Je m'arrĂȘte et j'embrasse encore, d'un long coup d'Ɠil, Le grand jardin natal aux brillantes allĂ©es ; DerriĂšre elle laissant les heures Ă©coulĂ©es, L'ombre plus courte atteint le milieu du cadran. Chaque toit bleu chatoie au soleil comme un paon ; Et tandis que le ciel de midi sur le sable Epanche en flots de feu son urne intarissable, IndiffĂ©rente au drame obscur de mon esprit, La nature fĂ©conde et forte me sourit.
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thalia-rose · 8 years ago
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Hier, pour rentrer chez moi je devais traverser le parc. Il avait plu sur L' Île-de-France pendant plusieurs jours. Le ciel Ă©tait devenu juste un peu plus clair en milieu de journĂ©e. La pluie avait cessĂ© mais les pelouses, la terre et les bancs restaient trempĂ©s. Les oiseaux chantaient sautillant de branches en branches d’oĂč tombaient les fraĂźches gouttes de pluie. Les feuilles mortes de l’automne dernier s’enchevĂȘtraient aux pĂ©tales des camĂ©lias rouges, roses et blancs, des rhododendrons violines et des magnolias Ă©toilĂ©s qui volaient et chutaient dĂ©licatement sous le vent. Les cerisiers du Japon aux ravissantes fleurettes laiteuses roses et blanches les dominaient. Peintres et photographes n’auraient pu rester insensibles au charme enchanteur de ce tableau d'un dĂ©but de printemps trĂšs prĂ©coce. Pourtant en cette fin d’aprĂšs-midi le parc est dĂ©sert, vide, probablement Ă  cause du temps mi-figue mi-raisin. Est-ce dĂ» Ă  mon enfance passĂ©e Ă  jouer dans les jardins de mon village, je reconnais de loin l’odeur d’une fleur, d’un fruit, d’une plante. Des notes de parfum exceptionnelles saturaient l’air, celui des jacinthes, mais je ne les voyais pas. A ce moment-lĂ , un homme d’une quarantaine d’annĂ©es dĂ©boucha du sentier, s’arrĂȘta : « C’est beau ! J’aime les fleurs ! me dit-il en riant de tout son cƓur ». « Oui, j’adore cet endroit, lui rĂ©pondis-je ». « Est-ce que vous ĂȘtes allĂ©e de l’autre cĂŽtĂ© ? demanda-t-il, tout en tournant sa tĂȘte vers l’Ouest. » « Je lui confiai, pas encore. » « Vous verrez, c’est fabuleux ! ajouta-t-il d’une voix puissante et  joyeuse, avec un fort accent, roulant les r. Il s’éloigna Ă  grandes enjambĂ©es. Je vis qu’il portait un lourd sac Ă  dos bleu marine. L’odeur suave et enivrante des jacinthes me conduisit au jardin potager et arbres fruitiers. Les jardiniĂšres façon terre cuite gĂ©antes grouillaient d’harmonies de pensĂ©es soyeuses, de narcisses lumineux Ă  cĂŽtĂ© de quelques tulipes jaunes, orange et roses se faisant remarquer par leur raretĂ© tandis-que des dizaines et dizaines de jacinthes en rangs serrĂ©s les unes contre les autres se mĂȘlaient en s’accordant Ă  toutes les autres fleurs. ©rose ceraudo - La Banlieue Parisienne
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traitor-for-hire · 5 years ago
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Entre voisins
« Qu'est-ce que tu vas faire maintenant, Jo ? » demanda Meg par un aprĂšs-midi enneigĂ©, quand sa sƓur traversa le couloir d'un pas lourd, en bottes de caoutchouc, vieux manteau et capuchon, avec un balai dans une main et une pelle dans l'autre.
« Je sors faire de l'exercice, rĂ©pondit Jo avec une lueur malicieuse dans l'Ɠil.
— J'aurais pensĂ© que deux longues marches ce matin t'auraient suffi ! Le temps est froid et sinistre, et je te conseille de rester au chaud et au sec prĂšs du feu, comme moi, dit Meg avec un frisson.
— Comme si j'allais t'Ă©couter ! Je ne peux pas rester tranquille toute la journĂ©e, et je n'ai rien d'un matou, je n'aime pas somnoler prĂšs du feu. J'aime les aventures, et je vais en trouver. »
Meg s'en retourna se rÎtir les pieds et lire Ivanhoé, et Jo commença à creuser des chemins avec beaucoup d'énergie. La neige était fraßche, et avec son balai elle eut tÎt fait de déblayer un chemin tout autour du jardin pour que Beth puisse se promener et faire prendre l'air aux poupées invalides quand le soleil sortirait. Il faut savoir que le jardin séparait la maison des March de celle de Mr. Laurence. Toutes les deux se trouvaient dans un quartier en banlieue de la ville, qui avait encore des allures de campagne, avec des bosquets et des pelouses, de grands jardins, et des rues calmes. Une haie basse séparait les deux propriétés. D'un cÎté se trouvait une vieille demeure aux murs bruns, l'air nue et miteuse en l'absence des plantes grimpantes qui la couvraient durant l'été et des fleurs qui l'entouraient alors. De l'autre cÎté se tenait un majestueux manoir de pierre, qui respirait le confort et le luxe, depuis le grand hangar pour les voitures et les jardins bien entretenus jusqu'à la serre et à toutes les belles choses que l'on pouvait entrapercevoir entre les luxueux rideaux.
Pourtant cela semblait ĂȘtre une maison solitaire et dĂ©pourvue de vie, car nul enfant ne jouait sur la pelouse, nulle figure maternelle ne souriait aux fenĂȘtres, et peu de personnes entraient et sortaient, Ă  l'exception du vieux monsieur et de son petit-fils.
Pour l'imagination vivace de Jo, cette belle maison Ă©tait un genre de palais enchantĂ©, plein de splendeurs et de dĂ©lices dont nul ne profitait. Elle avait depuis longtemps voulu contempler ses trĂ©sors cachĂ©s, et faire connaissance avec le jeune Laurence, qui avait l'air d'en avoir envie, lui aussi, s'il savait seulement par oĂč commencer. Depuis la fĂȘte, elle avait Ă©tĂ© plus dĂ©cidĂ©e que jamais, et avait planifiĂ© bien des façons de se lier d'amitiĂ© avec lui, mais il ne s'Ă©tait pas montrĂ© derniĂšrement et Jo commençait Ă  penser qu'il Ă©tait parti quand elle avait repĂ©rĂ© un jour une tĂȘte brune Ă  une fenĂȘtre de l'Ă©tage, regardant tristement vers leur jardin oĂč Beth et Amy se lançaient des boules de neige.
« Ce garçon manque cruellement de compagnie et d'amusements, se dit-elle. Son grand-pÚre ne sait pas ce qui est bon pour lui, et le garde enfermé tout seul. Il a besoin d'une bande de joyeux garçons pour jouer avec lui, ou de quelqu'un de jeune et plein de vie. J'ai trÚs envie d'aller sur place et de le dire au vieux monsieur ! »
L'idĂ©e amusa Jo, qui aimait Ă  faire des choses osĂ©es et scandalisait toujours Meg par ses actes saugrenus. Ce plan « d'aller sur place », ne fut pas oubliĂ©. Et quand vint cet aprĂšs-midi de neige, Jo se rĂ©solut Ă  tenter ce qu'elle pouvait. Elle vit Mr. Laurence quitter la maison en voiture, et elle se creusa un chemin jusqu'Ă  la haie, oĂč elle s'arrĂȘta pour observer les environs. Tous les rideaux Ă©taient fermĂ©s aux fenĂȘtres les plus basses, les domestiques hors de vue, et rien d'humain n'Ă©tait visible Ă  l'exception d'une tĂȘte aux boucles brunes inclinĂ©e sur une main fine, Ă  une fenĂȘtre de l'Ă©tage.
« Le voilà, pensa Jo. Pauvre garçon ! Tout seul et malade en ce jour lugubre. Comme c'est dommage ! Je vais lui jeter une boule de neige pour le faire regarder au dehors, et lui dire quelques mots gentils. »
Une poignĂ©e de neige s'envola, et la tĂȘte se tourna vivement, montrant un visage qui perdit son air apathique dans l'instant, comme les grands yeux s'illuminĂšrent et la bouche commença de sourire. Jo hocha la tĂȘte et rit, et agita son balai en appelant :
« Comment allez-vous ? Êtes-vous malade ? »
Laurie ouvrit la fenĂȘtre, et croassa d'une voix rauque :
« Je vais mieux, merci. J'ai eu un mauvais rhume, et je suis resté dans ma chambre toute la semaine.
—  Je suis dĂ©solĂ©e. Avec quoi vous amusez-vous ?
—  Rien du tout. C'est aussi morne qu'un tombeau ici.
—  Ne lisez-vous pas ?
—  Pas beaucoup. On ne me laisse pas faire.
—  Personne ne peut vous faire la lecture ?
—  Grand-pĂšre le fait parfois, mais mes livres ne l'intĂ©ressent pas, et je dĂ©teste devoir tout le temps demander Ă  Brooke.
—  Faites-venir quelqu'un pour vous voir, alors.
—  Il n'y a personne que je veuille voir. Les garçons font trop de tapage, et j'ai mal Ă  la tĂȘte.
—  Il n'y a pas de gentille fille pour vous faire la lecture et vous distraire ? Les filles sont calmes et aiment jouer les infirmiùres.
—  Je n'en connais pas.
—  Vous nous connaissez, commença Jo, qui rit et s'interrompit.
—  C'est vrai ! Voulez-vous venir, s'il vous plaĂźt ? s'Ă©cria Laurie.
—  Je ne suis ni calme ni gentille, mais je viendrai, si MĂšre le veut bien. Je vais le lui demander. Fermez la fenĂȘtre, comme un gentil garçon, et attendez que je vienne. »
Sur ce, Jo repartit vers la maison, le balai sur l'Ă©paule, en se demandant ce que les autres lui diraient. Laurie Ă©tait tout excitĂ© Ă  l'idĂ©e d'avoir de la compagnie, et se prĂ©cipita pour se prĂ©parer, car, ainsi que Mrs. March l'avait dit, il Ă©tait « un petit gentleman », et pour faire honneur Ă  l'invitĂ©e Ă  venir il passa une brosse dans ses cheveux bouclĂ©s, enfila un col propre, et tenta de mettre de l'ordre dans la piĂšce qui Ă©tait tout sauf rangĂ©e, malgrĂ© la demi-douzaine de domestiques. À ce moment retentit un coup de sonnette, puis une voix dĂ©cidĂ©e, qui demandait Ă  voir « Mr. Laurie », et une servante stupĂ©faite vient en courant annoncer une jeune dame.
« TrÚs bien, faites-la monter, c'est Miss Jo, » dit Laurie en allant à la porte de son petit parloir pour retrouver Jo, qui apparut, les joues roses et l'air ravie et tout à fait à son aise, avec une assiette couverte dans une main et les trois chatons de Beth dans l'autre.
« Me voici, avec armes et bagages, dit-elle sans préambule. MÚre vous envoie son amour, et était contente que je puisse faire quelque chose pour vous. Meg a voulu que je vous amÚne un peu de son blanc-manger, qu'elle réussit fort bien, et Beth a pensé que ses chats vous apporteraient un peu de réconfort. Je savais que vous en ririez, mais je ne pouvais pas refuser, elle avait tellement envie de faire quelque chose. »
Il se trouva que la drÎle d'idée de Beth était juste ce qu'il fallait, car tout en riant des chatons, Laurie oublia sa timidité, et devint aussitÎt plus sociable.
« Cela semble trop beau pour ĂȘtre mangĂ©, » dit-il en souriant de plaisir quand Jo dĂ©couvrit l'assiette pour lui montrer le blanc-manger, entourĂ© d'une guirlande de feuilles vertes et des fleurs Ă©carlates du gĂ©ranium prĂ©fĂ©rĂ© d'Amy.
« Ce n'est rien, elles ont toutes eu envie de faire quelque chose pour vous. Dites à la femme de chambre de le mettre de cÎté pour votre thé. C'est un mets si simple que vous pouvez en manger, et si moelleux, qu'il glissera sans vous faire mal à la gorge. Quelle belle chambre est-ce là !
—  Elle le serait si elle Ă©tait mieux rangĂ©e, mais les domestiques sont paresseuses, et je ne sais pas comment les faire obĂ©ir. Cela me dĂ©range, nĂ©anmoins.
—  Je vais arranger ça en deux minutes. Il y a seulement besoin de balayer l'Ăątre, comme ça, et de redresser ce qu'il y a sur le manteau de la cheminĂ©e, comme ça, et de mettre les livres ici, et les bouteilles lĂ , et de dĂ©tourner votre sofa de la lumiĂšre, et de regonfler un peu les oreillers. VoilĂ , maintenant, vous ĂȘtes bien installĂ©. »
Et en effet, tandis qu'elle parlait et riait, Jo avait remis les choses en place et donné un air bien différent à la piÚce. Laurie la regardait dans un silence respectueux, et quand elle lui fit signe de s'installer sur le sofa, il s'assit avec un soupir de satisfaction, en disant avec gratitude :
« Comme vous ĂȘtes gentille ! Oui, c'est ce que je voulais. Maintenant s'il vous plaĂźt prenez le grand fauteuil et laissez-moi vous distraire.
—  Non, je suis venue vous distraire, vous. Voulez-vous que je lise Ă  voix haute ? » dit Jo en regardant avec affection en direction de livres trĂšs tentants juste Ă  portĂ©e de main.
« Merci ! J'ai lu tous ceux là, et si cela ne vous dérange pas, j'aimerais mieux discuter, répondit Laurie.
—  Cela ne me dĂ©range pas du tout. Je parlerai toute la journĂ©e si vous me laissez faire. Beth dit que je ne sais jamais quand m'arrĂȘter.
—  Beth, c'est celle aux joues roses, qui reste souvent Ă  la maison et sort parfois avec un petit panier ? demanda Laurie avec intĂ©rĂȘt.
—  Oui, c'est Beth. C'est ma petite fille à moi, et elle est trùs gentille.
—  Meg est la jolie jeune fille, et celle aux cheveux bouclĂ©s est Amy, je crois ?
—  Comment savez-vous cela ? »
Laurie rougit, mais rĂ©pondit franchement, « Eh bien, vous voyez, je vous entends souvent vous appeler les unes les autres, et quand je suis seul ici, je ne peux m'empĂȘcher de regarder vers votre maison, vous avez toujours l'air de bien vous amuser. Je vous demande de pardonner mon impolitesse, mais parfois vous oubliez de baisser le rideau de la fenĂȘtre aux fleurs. Et quand les lampes sont allumĂ©es, c'est comme regarder un tableau ; voir le feu, et vous toutes autour de la table avec votre mĂšre. Son visage est juste en face, et elle a l'air si douce, derriĂšre les fleurs, que je ne peux pas m'empĂȘcher de regarder. Je n'ai pas de mĂšre, voyez-vous. » Et Laurie se mit Ă  tisonner le feu pour dissimuler un lĂ©ger tremblement des lĂšvres qu'il ne pouvait contrĂŽler.
L'expression solitaire, avide, de ses yeux toucha le cƓur tendre de Jo. Son Ă©ducation simple l'avait dotĂ©e d'un caractĂšre droit, et Ă  quinze ans elle Ă©tait aussi innocente et franche qu'une enfant. Laurie Ă©tait malade et seul, et se rendant compte combien elle Ă©tait riche de son foyer et de son bonheur, elle tenta avec joie de les partager avec lui. Son visage empourprĂ© Ă©tait trĂšs amical, et sa voix perçante inhabituellement douce quand elle dit :
« Nous ne tirerons plus jamais les rideaux, et je vous autorise à regarder autant que vous le souhaitez. Mais j'aimerais mieux que vous veniez nous voir, au lieu de nous observer. MÚre est si merveilleuse, elle vous apporterait beaucoup, et Beth chanterait pour vous si je la suppliais, et Amy danserait. Meg et moi vous ferions rire avec nos accessoires de théùtre, et nous nous amuserions bien. Est-ce que votre grand-pÚre ne vous laisserait pas venir ?
—  Je pense que si, si votre mĂšre le lui demandait. Il est trĂšs gentil, mĂȘme s'il n'en a pas l'air, et il me laisse plus ou moins faire ce que je veux. Il a seulement peur que je dĂ©range des Ă©trangers, » commença Laurie, de plus en plus animĂ©.
« Nous ne sommes pas des étrangers, nous sommes voisins, et vous n'avez pas besoin de penser que vous dérangeriez. Nous voulons faire votre connaissance, et je tentais d'y parvenir depuis un moment. Nous ne sommes pas là depuis trÚs longtemps, voyez vous, mais nous avons fait la connaissance de tous nos voisins à part vous.
—  C'est que, Grand-pĂšre vit parmi ses livres, et ne s'intĂ©resse pas trop Ă  ce qui se passe au dehors. Mr. Brooke, mon tuteur, ne reste pas ici, vous voyez, et je n'ai personne avec qui sortir, alors je reste juste Ă  la maison et me distrais comme je peux.
—  Ça n'est pas une bonne chose. Vous devriez faire un effort et accepter toutes les invitations que l'on vous envoie, ainsi vous aurez plein d'amis et d'endroits plaisants oĂč vous rendre. Ce n'est pas grave que vous soyiez timide. Ça ne durera pas si vous persistez. »
Laurie rougit Ă  nouveau, mais ne s'offusqua pas d'ĂȘtre accusĂ© de timiditĂ©, car Jo Ă©tait de si bonne volontĂ© qu'il Ă©tait impossible de ne pas voir la gentillesse derriĂšre son franc-parler.
« Aimez-vous votre école ? » demanda le garçon, changeant de sujet, aprÚs une courte pause durant laquelle il avait contemplé le feu tandis que Jo regardait autour d'elle, l'air contente.
« Je ne vais pas à l'école, je suis homme à tout faire - fille, je veux dire. Je m'occupe de ma grand-tante, cette chÚre vieille ronchon, » répondit Jo.
Laurie ouvrit la bouche pour poser une autre question, mais se rappelant juste Ă  temps qu'il est impoli de trop mettre le nez dans les affaires des autres il la referma, l'air mal Ă  l'aise.
Jo aimait ses bonnes maniÚres, et rire aux dépens de Tante March ne la dérangeait pas, aussi lui fit-elle une description vivace de l'impatiente vieille dame, de son caniche obÚse, du perroquet qui parlait espagnol, et de la librairie qui faisait sa joie.
Laurie s'en amusa immensĂ©ment, et quand elle lui parla du vieux monsieur guindĂ© venu un jour pour courtiser Tante March, et comment, Ă  son grand dĂ©sarroi, Poll lui avait arrachĂ© sa perruque au milieu d'un beau discours, le garçon rit de si bon cƓur que des larmes roulĂšrent sur ses joues, et une bonne vint passer la tĂȘte Ă  la porte pour voir ce qui se passait.
« Oh ! Cela me fait un bien fou. Continuez, s'il vous plaĂźt, » dit-il en dĂ©tachant son visage rougi et rayonnant du coussin du sofa oĂč il l'avait enfoncĂ©.
Enhardie par son succĂšs, Jo continua, et lui raconta tout de leurs piĂšces et de leurs plans, leurs espoirs et leurs craintes pour PĂšre, et tous les Ă©vĂšnements les plus intĂ©ressants du monde oĂč elle vivait avec ses sƓurs. Puis ils en vinrent Ă  parler de livres, et au ravissement de Jo il se trouva que Laurie les aimait tout autant qu'elle, et en avait mĂȘme lu davantage.
« Si vous les aimez tant, venez voir les nÎtres. Grand-pÚre est sorti, aussi vous n'avez pas à avoir peur.
—  Je n'ai peur de rien, rĂ©pliqua Jo en relevant fiĂšrement le menton.
—  Je vous crois ! » s'exclama le garçon en la regardant avec admiration, tout en pensant qu'elle aurait de bonnes raisons d'ĂȘtre effrayĂ©e si jamais elle croisait le vieux monsieur dans un de ses accĂšs de mauvaise humeur.
Comme il faisait bon dans toute la maison, Laurie put les mener de piĂšce en piĂšce, laissant Jo examiner tout ce qui attirait son attention. Ainsi ils parvinrent enfin Ă  la bibliothĂšque, oĂč elle joignit les mains et se mit Ă  bondir sur place, ainsi qu'elle le faisait toujours quand elle Ă©tait particuliĂšrement ravie. Les murs Ă©taient tapissĂ©s de livres, et il y avait des gravures et des statues, de petits cabinets pleins de piĂšces et d'autres curiositĂ©s qui attiraient le regard, des fauteuils capitonnĂ©s, des tables, des bronzes, et, cerise sur le gĂąteau, une large cheminĂ©e toute entourĂ©e d'une Ă©lĂ©gante mosaĂŻque.
« Quelle richesse ! » soupira Jo, en sombrant dans les profondeurs d'un fauteuil en velours et en regardant autour d'elle avec un air d'intense satisfaction. « ThĂ©odore Laurence, vous devriez ĂȘtre le garçon le plus heureux du monde, ajouta-t-elle solennellement.
—  Personne ne peut vivre rien qu'avec des livres, » dit Laurie en secouant la tĂȘte, perchĂ©e sur une table en face d'elle.
Avant qu'il ne puisse en dire plus, une cloche sonna, et Jo se leva d'un bond en s'exclamant, alarmée, « Miséricorde ! C'est votre grand-pÚre !
—  Eh bien, qu'est-ce que cela fait ? Vous n'avez peur de rien, aprĂšs tout, rĂ©pliqua le garçon d'un air malicieux.
—  Je pense que j'ai un peu peur de lui, mais je ne sais pas pourquoi je le devrais. Marmee a dit que je pouvais venir, et je ne pense pas que vous vous en portiez plus mal, » dit Jo en se donnant une contenance, quoiqu'elle ne quittĂąt pas la porte des yeux.
« Je m'en porte mĂȘme bien mieux, et je vous en suis trĂšs reconnaissant. J'ai seulement peur que vous en ayez assez de me faire la discussion. C'Ă©tait si plaisant, je ne voudrais stopper pour rien au monde, dit Laurie.
—  Le docteur est ici pour vous voir, vint appeler une servante.
—  Cela vous dĂ©rangerait-il si je vous laissais une minute ? Je suppose que je dois aller le voir, dit Laurie.
—  Ne vous occupez pas de moi. Je suis comme un poisson dans l'eau ici, » rĂ©pondit Jo
Laurie s'en vint, et son invitĂ©e s'amusa par ses propres moyens. Elle se tenait devant un beau portrait du vieux monsieur quand la porte se rouvrit, et sans se tourner elle dit avec conviction « Je suis sĂ»re maintenant que je ne devrais pas avoir peur de lui, car il des yeux pleins de bontĂ© mĂȘme si sa bouche est sĂ©vĂšre, et il a l'air d'avoir une volontĂ© formidable. Il n'est pas aussi bel homme que mon grand-pĂšre, mais il me plaĂźt.
—  Merci, m'dame, » dit une voix rude venue de derriĂšre elle, oĂč se tenait, Ă  sa grande dĂ©tresse, le vieux Mr. Laurence.
La pauvre Jo rougit jusqu'Ă  n'en plus pouvoir, et son cƓur se mit Ă  battre la chamade tandis qu'elle pensait Ă  ce qu'elle avait dit. Pendant un instant elle eut la folle envie de fuir, mais cela aurait Ă©tĂ© lĂąche, et ses sƓurs se seraient moquĂ©es d'elle, aussi rĂ©solut-elle de rester et de se tirer d'embarras comme elle le pouvait. Au second regard elle s'aperçut que les yeux, sous les sourcils broussailleux, Ă©taient plus aimables encore que ceux du portrait, et qu'il s'y trouvait une lueur espiĂšgle, ce qui attĂ©nua grandement ses peurs. La voix du vieux gentleman Ă©tait plus rude que jamais quand il reprit abruptement, aprĂšs ce terrible moment de pause, «  Alors vous n'avez pas peur de moi, hein ?
—  Pas beaucoup, sir.
—  Et vous ne me trouvez pas aussi bel homme que votre grand-pùre ?
—  En effet, sir.
—  Et j'ai une volontĂ© formidable, n'est-ce pas ?
—  J'ai seulement dit que je le pensais.
—  Mais je vous plais tout de mĂȘme ?
—  Oui, sir. »
Cette rĂ©ponse plut au vieux monsieur. Il Ă©mit un rire bref, lui serra la main, et, lui passant un doigt sous le menton, fit pivoter son visage et l'examina gravement avant de dire avec un signe de tĂȘte,
« Vous avez le courage de votre grand-pĂšre, si vous n'avez pas ses traits. Il Ă©tait sĂ©duisant, ma chĂšre, mais mieux encore il Ă©tait brave et honnĂȘte, et j'Ă©tais fier d'ĂȘtre son ami.
—  Merci, sir. » Et Jo fut tout Ă  fait Ă  l'aise aprĂšs cela, car cela lui convenait parfaitement.
« Qu'avez-vous donc fait à mon garçon ? fut la question suivante, posée avec brusquerie.
—  J'ai seulement voulu ĂȘtre une bonne voisine, sir. » Et Jo lui raconta comment elle en Ă©tait venue Ă  leur rendre visite.
« Vous pensez qu'il a besoin de s'amuser davantage, alors ?
—  Oui, sir. Il semble un peu solitaire, et voir d'autres jeunes personnes lui ferait peut-ĂȘtre du bien. Nous ne sommes que des filles, mais nous serions heureuses d'aider si nous le pouvons, car nous n'avons pas oubliĂ© le splendide cadeau de NoĂ«l que vous nous avez envoyĂ©, dit Jo avec empressement.
—  Ta ta ta ! C'Ă©tait l'idĂ©e du garçon. Comment va la pauvre femme ?
—  Elle va bien, sir. » Et Jo se lança en parlant Ă  toute allure, et lui raconta tout sur les Hummel, sur lesquels sa mĂšre avait attirĂ© l'attention d'amis plus riches.
« La mĂȘme façon de faire le bien que son pĂšre. Je devrais venir voir votre mĂšre un de ces jours. Dites-le lui. VoilĂ  qu'on sonne la cloche pour le thĂ©, nous le prenons plus tĂŽt Ă  cause du garçon. Venez donc et continuez d'ĂȘtre une bonne voisine.
—  Si vous voulez bien de moi, sir.
—  Je ne vous le demanderais pas, si ce n'Ă©tait pas le cas. »
Et Mr. Laurence lui offrit son bras avec une courtoisie un peu vieux jeu.
« Que dirait Meg de tout cela ? » pensa Jo tandis qu'il l'escortait dans la maison, ses yeux pétillant d'amusement comme elle s'imaginait raconter l'histoire en rentrant.
« Hé ! Eh bien, que diable arrive-t-il à ce garçon ? » demanda le vieux monsieur quand Laurie surgit en descendant les escaliers quatre à quatre et stoppa net à la vision étonnante de Jo bras dessus bras dessous avec son redoutable grand-pÚre.
« Je ne savais pas que vous étiez là, sir, » commença-t-il, tandis que Jo lui lançait un regard triomphant.
« C'est évident quand on voit le fracas que vous faites en descendant. Venez prendre votre thé, sir, et conduisez-vous comme un gentleman. » Et aprÚs avoir affectueusement tiré sur les cheveux du garçon en guise de caresse, Mr. Laurence continua son chemin, tandis que Laurie s'adonnait dans leur dos à toutes sortes de pitreries, qui faillirent faire exploser de rire Jo.
Le vieux monsieur ne dit pas grand chose tout en buvant ses quatre tasses de thé, mais il observa les jeunes gens, qui bavardaient bientÎt comme de vieux amis, et les changements survenus chez son petit-fils ne lui échappÚrent pas. Il y avait maintenant de la couleur, de la lumiÚre, de la vie sur le visage du garçon, de la vivacité dans ses maniÚres, et un franc amusement dans son rire.
« Elle a raison, cet enfant est solitaire. Je vais voir ce que ces petites filles peuvent faire pour lui, » pensa Mr. Laurence tout en regardant et en Ă©coutant. Il aimait bien Jo, pour ses maniĂšres Ă©tranges et brusques, et elle semblait comprendre le garçon aussi bien que si elle en Ă©tait un elle-mĂȘme.
Si les Laurence avaient Ă©tĂ© ce que Jo appelait des gens « raides et guindĂ©s » ils ne se seraient pas entendus du tout, car les personnes de ce genre l'intimidaient et la mettaient mal Ă  l'aise. Mais les trouvant honnĂȘtes et simples, elle fut tout Ă  fait elle-mĂȘme, et fit bonne impression. Quand ils sortirent de table elle proposa de s'en aller, mais Laurie dit qu'il avait encore quelque chose Ă  lui montrer et l'emmena dans les serres, qui avaient Ă©tĂ© illuminĂ©es Ă  son intention. Cela sembla bien fĂ©Ă©rique Ă  Jo, de se promener dans les allĂ©es, profiter des murs fleuris de chaque cĂŽtĂ©, de la douce lumiĂšre, de l'air humide et parfumĂ©, et des merveilleuses plantes grimpantes et des arbres qui l'entouraient - tandis que son nouvel ami coupait les plus belles fleurs jusqu'Ă  avoir les mains pleines. Puis il les lia en un bouquet, et dit, avec l'air heureux que Jo aimait tant Ă  voir, 
« Veuillez les offrir à votre mÚre, s'il vous plaßt, et dites-lui que j'aime beaucoup le remÚde qu'elle m'a envoyé. »
Ils retrouvĂšrent Mr. Laurence dans le grand salon, mais toute l'attention de Jo se porta sur un grand piano, qui Ă©tait ouvert.
« Vous jouez ? demanda-t-elle à Laurie avec respect.
—  Parfois, rĂ©pondit-il modestement.
—  Jouez quelque chose, s'il vous plaüt. Je voudrais l'entendre, pour le raconter à Beth.
—  Ne voulez vous pas jouer d'abord ?
—  Je ne sais pas jouer. Je suis trop stupide pour apprendre, mais j'aime Ă©normĂ©ment la musique. »
Aussi Laurie joua et Jo Ă©couta, le nez voluptueusement plongĂ© dans les hĂ©liotropes et les roses thĂ©. Son respect et sa considĂ©ration pour le jeune Laurence s'accrurent considĂ©rablement, car il jouait remarquablement bien et ne prenait pas de grands airs pour autant. Elle aurait voulu que Beth puisse l'entendre, mais n'en dit rien, et lui fit compliment sur compliment jusqu'Ă  ce qu'il ne sache plus oĂč se mettre et que son grand-pĂšre vienne Ă  la rescousse.
« C'est assez, c'est assez, jeune fille. Trop de cajoleries ne lui valent rien. Il ne joue pas mal, mais j'espÚre qu'il s'en tirera aussi bien dans des matiÚres plus importantes. Vous partez ? Eh bien, je vous suis trÚs reconnaissant de votre visite, et j'espÚre que vous reviendrez. Mes respects à votre mÚre. Bonne nuit, Docteur Jo. »
Il lui serra affectueusement la main, mais avec un air contrariĂ©. Quand ils furent dans le hall, Jo demanda Ă  Laurie si elle avait dit quelque chose qu'il ne fallait pas. Il secoua la tĂȘte.
« Non, c'est à cause de moi. Il n'aime pas m'entendre jouer.
—  Pourquoi cela ?
—  Je vous le dirai un de ces jours. John va vous raccompagner, puisque je ne le peux pas.
—  Nul besoin. Je ne suis pas une dame, et ce n'est qu'à deux pas. Prenez soin de vous, voulez-vous ? 
—  Oui, mais vous reviendrez, je l'espùre ?
—  Si vous me promettez de venir nous voir quand vous irez mieux.
—  Je le ferai.
—  Bonsoir Laurie !
—  Bonsoir, Jo, bonsoir ! »
Quand Jo eut raconté toutes les aventures de l'aprÚs-midi, toute la famille fut prise d'envie de visiter leurs voisins, car chacune avait trouvé quelque chose d'attirant dans la grande maison de l'autre cÎté de la haie. Mrs. March souhaitait parler de son pÚre avec le vieil homme qui ne l'avait pas oublié, Meg se languissait des serres, Beth soupirait aprÚs le grand piano, et Amy avait grande envie de voir les beaux tableaux et les statues.
« MÚre, pourquoi est-ce que Mr. Laurence n'aime pas que Laurie joue du piano ? demanda Jo, qui était curieuse.
—  Je ne suis pas sĂ»re, mais je pense que c'est parce que son fils, le pĂšre de Laurie, a Ă©pousĂ© une Italienne, une musicienne, ce qui a dĂ©plu au vieux monsieur qui est trĂšs fier. La dame Ă©tait bonne et belle et talentueuse, mais il ne l'aimait pas, et il n'a jamais revu son fils aprĂšs son mariage. Ils sont morts tous les deux quand Laurie Ă©tait petit, et son grand-pĂšre l'a recueilli. J'ai l'impression que le garçon, qui est nĂ© en Italie, n'est pas de constitution trĂšs robuste, et que le vieil homme a peur de le perdre, c'est ce qui le rend si prudent. Laurie a un talent naturel pour la musique qu'il tient de sa mĂšre, et je pense pouvoir dire que son grand-pĂšre craint qu'il ne veuille devenir un musicien. En tout cas, son don lui rappelle cette femme qu'il n'aimait pas, et c'est pourquoi il "faisait la tĂȘte", comme a dit Jo.
—  Mon Dieu, que c'est romantique ! s'exclama Meg.
—  C'est stupide ! dit Jo. Qu'on le laisse faire de la musique s'il en a envie, au lieu de lui gĂącher l'existence en l'envoyant Ă  l'universitĂ©, alors qu'il dĂ©teste ça.
—  C'est pour cela qu'il de si beaux yeux noirs et de si jolies maniĂšres, je suppose. Les Italiens sont toujours charmants, dit Meg, qui Ă©tait un peu sentimentale.
—  Qu'est-ce que tu sais de ses yeux et de ses maniĂšres ? C'est Ă  peine si tu lui as jamais parlĂ©, s'exclama Jo, qui n'Ă©tait pas sentimentale pour deux sous.
—  Je l'ai vu Ă  la fĂȘte, et ce que tu racontes prouve qu'il sait se tenir. C'Ă©tait trĂšs joli, ce qu'il a dit sur le remĂšde que lui a envoyĂ© MĂšre.
—  Il parlait du blanc-manger, je suppose. 
—  Comme tu es bĂȘte ! Il parlait de toi, bien sĂ»r.
—  Vraiment ? » Et Jo Ă©carquilla les yeux comme si cela ne lui Ă©tait pas seulement venu Ă  l'esprit.
« Je n'ai jamais vu une fille comme toi ! Tu ne sais pas reconnaßtre quand on te complimente, » dit Meg, avec l'air d'une jeune dame qui connaissait son affaire.
« Je pense que ce ne sont que des sottises, et je te prierais de ne pas ĂȘtre ridicule et de ne pas me gĂącher mon plaisir. Laurie est un gentil garçon et je l'aime bien, et je ne veux pas entendre parler de choses sentimentales Ă  propos de compliments et d'autres sornettes. Nous serons toutes gentilles avec lui parce qu'il n'a pas de mĂšre, et il pourra venir nous rendre visite, n'est-ce pas, Marmee ?
—  Oui, Jo, ton ami est le bienvenu, et j'espùre que Meg se souviendra que les enfants devraient le rester aussi longtemps qu'ils le peuvent.
—  Je ne me vois plus comme une enfant, et je n'ai pas encore treize ans, observa Amy. Qu'est-ce que tu en dis, Beth ?
—  Je pensais Ă  notre Voyage du PĂšlerin, rĂ©pondit Beth, qui n'avait rien Ă©coutĂ©. À comment nous avons quittĂ© le Marais de la Tristesse et passĂ© le Portail en prenant la rĂ©solution d'ĂȘtre bonnes, et comment nous avons commencĂ© de grimper la colline en faisant de notre mieux. Et que peut-ĂȘtre cette maison pleine d'objets splendides sera notre Palais Merveilleux.
—  Il nous faudra passer les lions d'abord, » dit Jo, comme si cette perspective l'enchantait.
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