#il devrait savoir que ça finit toujours mal
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Mal-barré tout seul
Ce qui m'impressionne à chaque fois, avec les Dalton (ici Averell, et toute la fratrie dans "Tortillas"), c'est la relative placidité avec laquelle ils acceptent la mort quand ils sont à deux doigts de se faire exécuter. Pas de cris, pas de suppliques, pas de claquements de dent ou de tremblements (alors que Joe tremble littéralement de peur à l'idée d'être abandonné sur son rocher à la fin de "Tortillas"). Juste un pauvre regard de chien battu même pas tourné vers leur bourreaux.
C'est qu'ils ont une certaine dignité, tout de même.
#désolé Averell#si tu comptes sur tes frères ou Luke pour te sauver...#Jack compte déjà les morceaux#D'ailleurs c'est un peu de la faute de Jack s'il se retrouve là#mais surtout celle de Joe#pourquoi il a encore laissé Averell tout seul?#il devrait savoir que ça finit toujours mal#... pour notre plus grand plaisir#averell dalton#lucky luke#album : l'héritage de rantanplan#morris#rené goscinny#bd#bande dessinée
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𝐡 𝐞 𝐫 𝐬 𝐭 𝐨 𝐫 𝐲 ;
Aeri est née dans une famille avec certes très peu de moyens, mais franchement soudée. Elle est la première fille d’un ouvrier dans le bâtiment, et d’une serveuse de restaurant, mais jamais ils ne la font sentir de trop. Pas même quand elle ne grandit pas comme les autres enfants, parce qu’elle prend plus en largeur qu’en hauteur, et pas même quand ils donnent naissance à son petit frère, Hyeon. Elle reste Aeri, leur petite fille, leur premier enfant, et ils l’aiment plus que tout. Aeri et Hyeon sont également très soudés, parce qu’ils ont un écart d’âge très restreint, et on pourrait les penser jumeaux, tant ils ne se lâchent pas. Alors certes, le cadre n’est pas idéal, mais il n’y a que de l’amour, dans cette famille, qui parvient tant bien que mal à joindre les deux bouts, et à mettre des plats chauds sur la table.
En grandissant, forte de cette affection, Aeri a l’impression qu’elle pourra se développer normalement. Elle aime plutôt bien l’école - et cette dernière lui rend bien, parce qu’elle est scolairement brillante, et réussit plus que son frère. Mais le collège, lui, lui rend moins bien son affection. Aeri, c’est le cliché de l’intello, qui n’est pas très jolie, un peu rondelette avec ses lunettes, qu’il est facile de pointer du doigt en rigolant, mais dont on a pas envie d’être l’amie. Et certes, elle a son frère, mais ça ne devient plus suffisant pour Aeri qui n’a juste… pas d’amis. A part lorsqu’il s’agit des devoirs, personne ne vient vraiment lui parler - et on passera son coup de cœur pour la fille la plus populaire du collège, qui ne lui adresse que des regards moqueurs. Le tableau est vraiment parfait : la lesbienne un peu forte, avec ses lunettes épaisses, son acné, et son air un peu trop intelligent. Aeri, donc, finit par détester sa propre personne - elle se voit à travers les yeux des autres, et devient désespérée à l’idée d’être parfaite, jolie, quelqu’un qu’on regarderait avec respect. Le fait qu’elle ait un an de moins que ses camarades parce qu’elle a sauté une classe n’aide évidemment pas son cas. C’est parce qu’elle veut se fuir qu’Aeri commence à se faire du mal. Et puis, elle donne tout pour perdre un maximum de poids, quitte à s’affamer, Aeri ne veut plus être elle-même.
Elle veut être parfaite.
Son entrée au lycée se fait avec perte et fracas - elle se traîne le même groupe qu’au collège, et même si elle a manifestement perdu du poids, même si la puberté a fait son œuvre, et qu’elle est maintenant blonde, personne ne la voit autrement que la petite grosse de sixième. Ça devient obsessionnel chez Aeri, qui s’en rend presque malade. S’il y en a qui ne sont pas aveugles à la douleur d’Aeri, ce sont ses parents. Conscients à la fois de sa peine, mais aussi de son intelligence rare, il devient évident pour eux de l’envoyer dans un établissement privé, pour tout recommencer à zéro. Ils ne peuvent pas nécessairement se le payer, et ils se saignent littéralement pour qu’elle soit en capacité de rentrer à l’Académie.
Si Aeri devrait prendre ce nouveau départ positivement, elle vit mal la séparation avec son frère - et elle passe donc toute son énergie dans son apparence, pour se distraire du manque d’Hyeon. Aeri a beau être bien placée pour savoir que l’Académie est rude, et cherche à tout faire pour casser les jeunes qui l’intègrent, la blonde n’a pas besoin de passer par ces traitements-là. Elle est déjà malléable, excessivement docile, et qu’on l’apprécie, elle est pr��te à faire tout ce qu’on lui demande.
Parce qu’elle est excessivement attirée par les désirs de perfection, il est naturel pour Aeri de chercher à toujours atteindre la première place du classement lorsqu’il s’agit des évaluations. Mais elle trouve rapidement une rivale sur sa route - Raven.
Raven, c’est tout le contraire d’Aeri, celle qui finit toujours par lui faire froncer les sourcils quand elle la dépasse. Depuis son entrée à l’Académie, Aeri a bien fait les efforts nécessaires pour cacher son homosexualité - c’est une des règles de base, pas de fraternisation entre les élèves et encore moins les étudiants du même genre. Peut-être que c’est pour ça, finalement, quand l’adolescente devient un jeune adulte, que sa frustration envers Raven grandit. La brune est tout ce qu’elle voudrait être, et avoir, en une seule personne.
Quelques années après son intégration à l’Académie, c’est Hyeon qui la rejoint, et le tableau se complète un peu plus pour la blonde, qui est pourtant toujours cachée derrière cette façade. Quand le choix lui est proposé de continuer ses études dans l’Académie ou de partir, la blonde sait qu’elle ne se voit pas quitter l’internat. C’est plus fort qu’elle, ici, elle a l’impression qu’on l’aime, même si c’est aussi hypocrite que l’image parfaite qu’elle cherche à renvoyer. Mais les barrières sont tellement montées, et les masques en place depuis si longtemps que dans le fond, même Aeri ne sait plus qui elle est vraiment.
𝐡 𝐞 𝐫 𝐭 𝐫 𝐢 𝐯 𝐢 𝐚 ;
⁕ Comme de nombreux autres étudiants, Aeri a un emploi du temps très millimétré : elle consacre tout son temps libre du matin au sport, se levant ainsi aux aurores, et tout son temps libre du soir aux études. Son dimanche après-midi, lui, est réservé à son frère, comme ils faisaient toujours avant l’Académie.
⁕ Aeri a commencé le piano en entrant à l’Académie, comme simple exutoire, et aujourd’hui, elle convoite la place de soliste au sein de l’orchestre. Elle écrit également ses propres partitions, mais refuse de les jouer devant qui que ce soit. La plupart de ces dernières sont tournées vers ses parents.
⁕ Il a fallu faire des pieds et des mains pour que l’Académie accepte de loger Aeri et Hyeon ensemble, et la blonde a dû céder une bonne partie de ses privilèges pour assurer la présence de son frère à ses côtés.
⁕ Aeri a rejoint l’Académie l’année de ses quinze ans, au lieu de continuer sa scolarité dans un lycée classique, pour échapper à l’harcèlement qu’elle subissait. Aeri a un besoin viscéral de validation et de ce fait, elle est extrêmement compétitive, et se bat constamment pour la première place, même si ça entraîne des conflits avec Raven. Le fait qu’elle soit autant en demande de validation de la part de ses pairs signifie aussi qu’elle n’a pas tendance à transgresser les règles, au contraire, elle a plutôt tendance à obéir bêtement.
𝐚 𝐩 𝐩 𝐞 𝐚 𝐫 𝐚 𝐧 𝐜 𝐞 ;
Physiquement, Aeri est plutôt petite, et elle fait tous les efforts du monde pour rester mince, quitte à s’en rendre malade. Elle est née brune, mais elle est blonde depuis ses quatorze ans, et souhaite que ça reste ainsi, associant le brun à son passé et ce qu’elle était avant. Elle n’est définitivement plus la fille qu’elle était il y a dix ans - elle possède de nombreuses cicatrices sur ses avant-bras, ou sur ses cuisses, raison pour laquelle elle ne porte pas de manches courtes ou de robes. Hyeon a réussi à la convaincre de se faire tatouer un papillon sur l’épaule, mais elle n’est pas très friande de manière générale. Elle ne porte plus ses lunettes.
𝐩 𝐞 𝐫 𝐬 𝐨 𝐧 𝐚 𝐥 𝐢 𝐭 𝐲 ;
Aeri est quelqu’un d’excessivement loyal, et elle est entièrement tournée vers sa famille. Elle est généreuse, bien qu’elle soit assez discrète, et elle préfère que son affection reste silencieuse, parce qu’elle n’a pas besoin d’être reconnue pour cela. On la considère régulièrement comme une travailleuse acharnée. Une des qualités premières d’Aeri est qu’elle est très serviable. Elle est d’une extrême timidité, et par conséquent, elle a de la difficulté à prendre la parole en public. Aeri manque extrêmement de confiance en elle, ce qui est à la source de son trouble alimentaire.
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🔕🔕- RENDONS TOUJOURS GLOIRE À DIEU,JÉSUS-CHRIST POUR LE FRUIT DE NOTRE TRAVAIL ICI-BAS 🔕🔕
- Bien-aimé(e) dans le seigneur,ici-bas,quelque soit (l'endroit où Dieu,Jésus-christ nous a positionné,la paresse n'a jamais été approuvée par lui,non,ce n'est même pas une option qu'on pourrait prendre ou mettre en pratique parmi tant d'autres),non.
👉- Car (ceci nous ralentie,limite,rend stagnante,et empêche qu'on soit productif).
💥- Et quand (ceci à déjà prie totalement contrôle en nous,ceci peut être et devenir un très grand danger pour la personne qui agit ainsi).
👉- Parce que parfois,pour (certains d'entre nous,le problème ce n'est pas qu'on manque quoi faire,ou qu'on n'a pas un emploi),non.
👉- Mais (bien que Dieu,Jésus-christ les a bénis,ils ne peuvent même pas se réjouir et Jouir de ce que ce Dieu créateur les a donnés).
💥- Ceci,pas parce (que qui que ce soit les en empêchent),
👉- Mais parce qu'ils (se sont eux-mêmes imposés la loi de la paresse,et ceci,d'une autre façon ; on dirais même que celle-ci est encore plus pire).
💥- Car (certaines personnes,bien qu'ils travaillent,et ont de quoi s'occuper,ils ont non seulement la paresse de manger ce que Dieu leur donne,oui,de manger le fruit de leur travail)
💥- Mais en (plus,on surtout du mal à partager ce qu'ils ont avec les autres).
👉- Pourtant (Ecl 2,24) ; nous dit : << IL N'Y A DE BONHEUR POUR L'HOMME QU'A MANGER ET À BOIRE,ET À FAIRE JOUIR SON ÂME DU BIEN-ÊTRE,AU MILIEU DE SON TRAVAIL; ...>>
💥- Ce qui signifie ici que,(non seulement notre créateur Dieu,Jésus-christ veut qu'on soit productif ici-bas,mais qu'en plus de cela) ;
💥- (NOUS pouvons en jouir du bénéfice de ceci,et manger ses fruits).
👉- Alors (comment comprendre que certains êtres-humains travaillent durement,mais n'arrivent pas à manger le fruit de leur travail ? Ou nous dirons plus précisément : ont de la paresse à le faire ?)
💥- Et bien que ça (peut paraître étrange,bizarre et même très étonnant de l'entendre ; c'est pourtant la vérité ; oui,la paresse est très dangereuse,quand ça nous tient captive).
👉- Et le fait qu'il finit ici, en disant : <<,... MAIS J'AI VU QUE CELA AUSSI VIENT DE LA MAIN DE DIEU >>
💥- Devrait nous (poussés à comprendre ici que,c'est vrai que c'est peut-être nous qui travaille,mais cette force,cette envie,cette capacité,ce désir du vouloir faire,et surtout cette réussite dans ce qu' on fait venir de Dieu,Jésus-christ,celui qui nous a créé).
💥- Et si ça (vient de lui,ça signifie qu'il n'existe aucune raison valable pour laquelle on devrait se privé,après avoir travaillé,de jouir du bonheur et des fruits produits par notre travaille ici-bas).
👉- Mais quand on se (prive déjà,et qu'on n'a la paresse de manger ce qu'on n'a travaillé,ceci est déjà très mauvais pour nous,parce qu'on devient esclave de ce travail et de soi -même).
👉- Et non seulement (Dieu,Jésus-christ est le donateur,et celui-là même qui nous donne les capacités et la possibilité d'avoir ce désir de vouloir travailler,et le faire),
👉- Mais en plus,il nous fait savoir et nous démontrons par ce verset de (Lc 12,15) que : << PUIS IL LEUR DIT : GARDEZ-VOUS DE TOUTE AVARICE; CAR LA VIE D'UN HOMME NE DÉPEND PAS DE SES BIENS,FÛT-IL DANS L'ABONDANCE >>
💥- Que (nul ne devrait se glorifié ici-bas,pour quoi que ce soit)
💥- Et cela (devrait dissuader et permettre à tous ceux d'entre nous qui se disent : puisqu'ils sont bénis, personne ici-bas, ne devrait plus leur dire : quoi que soit que toutes choses viennent de Dieu).
💥- Et savoir aussi que (notre vie ne dépend pas de ce qu'on possède, mais de celui qui nous maintient en vie pour les avoir),
👉👉- Nb : Alors mon Frère et ma Sœur dans le seigneur,créatures et enfants de Dieu,(sachons que quelque soit à quel niveau Dieu nous a élevé ici-bas,ceci ne devrait point être une raison d'utiliser ceci pour mépriser tout ceux qui sont dans le besoin ou ne sont pas encore bénis comme nous),
💥- Ou encore moins (utiliser cela comme un prétexte pour se priver le privilège de jouir du fruit de notre travail, au point de devenir paresseux envers nous-mêmes).
👉- Et vue que (l'amour doit toujours prôner,gouverner dans notre cœur,notre vie,et que ceci est la première chose qui nous identifie à notre créateur),
💥- Nous devons (toujours manifester ceci,que ça soit envers notre créateur Dieu,envers nos semblables et même envers nous-mêmes).
👉- Quand nous allons dans....
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Au tennis, c’est pas les côtes qui m’intéressent le plus, mais savoir qui va gagner l’match, c’qui se passe dans le tournoi, quel joueur est en forme, quelle rivalité est en place et vers qui la balance de l’histoire peut ou pas pencher. Bien sûr, comme tout l’monde, j’aime bien essayer d’deviner les surprises, qui est surcoté ou qui va faire une percée alors qu’on ne l’attendait pas. Mais ça, jouer juste pour la côte ou tenter la surprise ça n’me réussit pas…pas parce que ça ne marche pas, non, j’en sais rien d’ailleurs, mais juste parce que ça me parle pas, j’me sens mal à l’aise. J’ai l’impression de ne pas maitriser, de ne rien y voir, juste une affaire de chiffre, de chance et de prédiction. Statistiquement, en jouant des joueurs qui sont trop haut contre des joueurs qui sont trop bas en puissance réelle on devrait gagner, mais c’est plus compliqué que ça…tout simplement parce qu’on ne joue pas tous les matchs et que les lois générales sont vérifiées, seulement si elles sont vérifiées, au bout d’un échantillonnage d’au moins plusieurs milliers de paris, ce qui implique de détenir une banque conséquente, et de ne pas sourciller ni changer de tactique malgré les bonnes ou mauvaises séries. Cela demande un mental et une routine de machine. Ce que je ne suis pas.
Moi je suis là pour m’amuser et trouver mes qualités, ce qui me réussit. C’est pourquoi je préfère jouer en tentant de comprendre les histoires, les tendances, les pattern, le sens du vent, pour jouer le bon pari au bon moment. Parce que tu vois, tu peux jouer des values (pari bien côté) et en passer aucune, parce qu’au tennis, si tu joues la Money Line, y’a que l’résultat final qui compte, pas ce qui se passe entre, même si c’était serré ou que l’issue, sportivement, est injuste. Après, tu peux jouer le 1 set, l’over de jeux, t’amuser à couvrir et plein d’autres choses si tu as des idées de scenarii possibles, et que pour toi ils sont côtés correctement ou juste très probables. Il y a 1000 façons de s’amuser, plein d’angles d’attaques éventuels sur lesquels se positionner, prendre un pari.
D’ailleurs, gare aux paris proposés par les sites qui savent comment nous attraper et nous faire saliver. Souvent, face à une côte alléchante ou à un scénario qui semble logique on va se positionner, en pensant que c’est un choix rationnel. Mais c’est là qu’on s’trompe, le bon pari on l’a souvent déjà en tête. Le reste c’est juste l’appât du gain, la soif insatiable du joueur ou la peur de manquer. Et quand on joue pour jouer, même si c’est excitant, comme un ticket d’loto ou grosse trace de cocaïne, de la pure sensation en barre, on dit rarement non et on finit toujours par y perdre, se fatiguer, se dégouter, et ne plus y croire. Enfin c’est ce que je crois, moi. Du coup, j’préfère me chercher un plan et tenter d’m’y tenir, en restant flexible, prêt à l’ajuster face aux données et aux expériences que je récolterai, que je rencontrerai. Le jeu ça se prévoit mais ça se vit aussi, c’est vivant. Et tout change toujours, il faut pouvoir rester ouvert, intelligent. Prêt à sortir et re rentrer, si l’on flaire le piège ou la belle opportunité. Ca demande de l’entrainement, des heures et des années d’pratique avant d’être bon, réellement bon, de s’être trouvé, et d’y arriver.
Dans l’idéal, pour moi, je me lèverai un jour capable de deviner qui va gagner un tournoi. Je m’explique. Il y a plein de moments dans la saison où je ne vois rien, les cartes sont brouillées, même pas mélangées ni jouées. Il n’y a pas grand-chose à voir, si ce n’est des coups de poker, des statistiques. Là-dedans, comme expliqué au-dessus j’suis plutôt mauvais, j’aime pas. Par contre, si par miracle et un peu d’travail sérieux, régulier, se présente un moment, une fenêtre où je crois voir avant le marché, et donc savoir qui va faire quoi, comment, et contre qui, là je deviens un joueur intéressant, car je devine les cartes et dans quel ordre elles seront potentiellement jouées. Les paris, comme la réussite, ça ne se joue pas à grand-chose. Il suffit d’une fois : on peut tout perdre comme tout gagner très rapidement. Un jour, j’ai vu un joueur faire une montante (c’est-à-dire rejouer la totalité de la somme à chaque fois) en une journée parce qu’il avait capté qu’en Bundesliga (foot allemand), il y aurait de grandes chances de matchs nuls. Ces jours-là, c’est comme des éclipses, et y’en a, va savoir pourquoi, ils savent, ils sentent, et ils jouent l’alignement, l’improbable devenu hautement probable. Et ce joueur, si je ne dis pas de bêtises, il a parié quatre ou cinq matchs nuls à la suite et en simultanés (combinaison), avec 100 euros de départ pour arriver à plus de 100 000 euros d’gains au final. Et il n’a pas fait ça seulement au hasard. Interviewé, il a dit qu’en regardant la carte ce jour-là il l’avait sentie. Et il a osé. Grandement récompensé l’garçon ! Chapeau, accès direct en première classe au pays de Valhalla, là où les grands guerriers viennent se reposer en paix.
Bon, c’est pas comme ça toute l’année, ces moments peuvent d’ailleurs ne jamais arriver. Parce que d’une, faut qu’ils arrivent, ensuite, faut les voir arriver, puis en troisième et dernier point, le plus important, il faut avoir les couilles de jouer, les poser sur la table comme on dit. Et pas tout petit, même assez gros, pour gagner le pactole, la somme qui fera la différence, qui fera de vous quelqu’un qui a vraiment gagné, pas l’abruti du coin qui a rentré une côté à 700 avec 38 centimes ; « wallah si j’aurais mis 100 euros j’aurai mis la daronne à l’abris mon sang ».
Bref, pour ça, LA VICTOIRE, il faut bien s’échauffer, apprendre à s’connaitre et connaitre de long en large le sport ou la discipline sur laquelle on parie. Il faut être patient et surtout, apprendre à bien choisir. Se chauffer tout en s’économisant, en restant léger, dans un jeu qu’on maitrise, où on s‘sent bien. Si vous avez trop de paris en cours, enfin c’est le cas pour moi, vous ne voyez plus rien, vous ne sentez pas. C’est juste la sale sensation d’avoir la tête sous l’eau et d’avoir joué beaucoup trop, la peur de perdre, la nausée. Et ça c’est traumatisant, le corps s’en rappelle, c’est pas des conditions saines pour gagner et surtout continuer. Parce que pour parier et gagner un jour, il faut parier et pouvoir continuer, tout court, jusqu’au jour où…viendra peut être la récompense d’avoir osé croire en quelque chose que vous avez vu avant les autres ! Good luck 😊
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Retour de CF ! (pour changer des billets où je me plaints) : Chapitre 12 et 13 du canon, la maladie
Et voilà ! J'espère que ça te plaira @ladyniniane !
Petit retour à CF avec un chapitre un peu plus lourd que les précédents : à force de s'épuiser pour tenir le Royaume en un seul morceau, les jumeaux finissent par tomber malade d'épuisement, et Rodrigue est le plus sévèrement touché. Quand il l'apprend, Félix rentre chez lui pour s'occuper d'eux.
Comme toujours, "petit" point de contexte !
=> j'utilise ma version des Braves + 3nopes n'existe pas
=> Lachésis Charon a déjà été mentionné avant. C'est une des grandes soeurs de la mère de Dimitri, Héléna, et une des membres de la grande fratrie Charon qui sont douze (même s'ils ne sont plus que neuf après la mort d'Héléna, et de deux d'entres eux à Duscur). Avec les jumeaux, ce sont eux qui tiennent le Royaume mais, Rufus s'entend très mal avec sa première belle-famille donc, ça finit souvent avec les Charon chassé quelques temps alors, Rodrigue récupère leur travail... alors qu'il fait lui-même son travail, celui du régent, et le côté administratif du métier de chef de la garde (le remplaçant de Gustave est compétent et pas assoiffé de sang de duscurien mais, il a beaucoup de mal avec l'administration alors, il le remplace), ce qui lui met encore plus de boulot sur les bras, d'où ses journées de travail à rallonge qui lui usent la santé.
=>Rufus n'encadre plus non plus les jumeaux, et vu que Rodrigue est juste à côté et peut difficilement lui répondre vu qu'il est le régent, il en profite en le pourrissant tout le temps dans son ivresse. Il lui reproche de ne pas avoir empêché Lambert d'aller à Duscur (alors que Rufus lui-même n'a pas levé le petit doigt) alors, il l'attaque en lui disant qu'il devrait lui faire couper la tête pour incompétence, celle d'Alix pour savoir ce que ça fait de perdre un frère et il menace de plus en plus souvent de couper la tête de Félix quand il sera majeur. Rodrigue utilise souvent Vitalis pour le faire décuver d'un coup et l'endormir mais, il doit techniquement éviter d'utiliser un sort sur le régent alors, il doit subir plusieurs longues minutes d'insulte gratuite.
=>Grigri est introduit avant, c'est le chat que peut garder Rodrigue à Fhiridiad, même si Rufus lui a interdit d'en avoir d'autres sous couvert que sa maitresse ne les aime pas car, ça lui permet de lui enlever quelque chose qu'il aime et qui lui apporte un peu de réconfort. Ce n'est pas un petit de Fleurette (le chat de Félicia) mais, un chat gris minuscule (gabarit d'un singapour) alors, il est discret et Rodrigue peut le garder. C'est d'ailleurs un chat qui vient de Duscur qu'Ivy a ramené d'un de ses voyages.
=>Le fait qu'Alix lui manque énormément a également été introduit avant. Les jumeaux savent se séparer même s'ils sont fusionnels mais, quand c'est contraint et forcé dans ses conditions, ils ne le supportent pas et ça leur fait mal physiquement et surtout psychologiquement d'être séparés.
=>Bon... autant vous dire que c'est très dur pour Rodrigue de rester à Fhirdiad psychologiquement, vu que tout ce qui se passe là-bas lui mine un peu plus le moral et la santé (dans le premier chapitre du canon, il est pratiquement dans un état dépressif tellement il n'en peut plus). Il y reste par devoir, car il tient au Royaume et ne veut pas qu'il s'effondre ou que Dimitri trouve un champ de ruine (enfin, encore plus) en arrivant sur le trône mais, c'est une épreuve pour lui.
=>pour la phrase "comme si l’un ou l’autre des frères leur laissait le temps pour quoi que ce soit en politique", c'est une référence à ce qui s'est passé pour Duscur : en gros, Lambert a discuté de lui-même, tout seul de son côté avec le conseil de chef et la famille de prêtre qui règne sur Duscur sans passer l'administration car, il trouvait que cela irait plus vite et montrerait que le Royaume était de bonne volonté pour arranger les choses (surtout qu'il parle couramment leur langue alors, il n'a pas besoin de traducteur). Sauf que la rencontre de paix est prévu dans - quand il l'annonce au conseil - deux mois afin de coller à une fête religieuse duscurienne qui marque l'entente et le renouveau donc, à part rajouter des problèmes, ils ne peuvent pas déplacer la rencontre à cause de ce côté symbolique. Autant vous dire que c'est beaucoup trop court pour tout le monde et le convoi est préparé dans la précipitation. Personne n'a le temps de souffler, surtout que personne ne veut y aller comme ça en catastrophe (et Lambert s'est mis tout le corps des diplomates et de la chancellerie à dos en ne passant pas par eux, ce qui est pris comme une insulte à leur travail et leur compétence).
=>Toujours avant Duscur, Lambert se disputent assez violemment avec les jumeaux (plus de détail dans ce billet). Félix résume un peu ce qu'il a vu dans le chapitre 13 mais, en gros, Rodrigue est juste tétanisé en entendant son ami lui dire "C'est un garçon intelligent, Rodrigue. Même s'il devait perdre son père, je sais qu'il deviendrait un homme bon et respectable." Pour rappel : dans cette histoire, les jumeaux sont orphelins de père depuis qu'ils ont six ans, Guillaume a reçu un coup de poignard en pleine poitrine à la place du roi Ludovic et est mort à cause de ça, ce qui a été leur première confrontation direct avec la mort (vu que leurs grands-parents paternels sont aussi morts pour la couronne quand Guillaume avait trois ans), la seule image dont ils se souviennent de leur père à part les grandes lignes de sa personnalité est la "boite" où il a été enterré, et ils ont subi une régence, ce qui n'est jamais une partie de plaisir (heureusement qu'Aliénor était là et compétente). Evidemment, ils prennent très mal ce genre de phrase. Cela tétanise Rodrigue qui finit juste par éclater en pleurs car, ça fait des semaines qu'ils travaillent tous à s'en tuer, ils sont sous pression, il ne veut juste pas que cette rencontre ait lieu comme ça car c'est dangereux, et il veut encore moins que son fils soit dans le convoi alors, cette phrase, c'est le coup de grâce. Il se fige sur le coup puis, une fois qu'il a eu le temps de bien la faire tourner dans sa tête et qu'il est avec Alix, il craque (les pleurs sont sa manière d'évacuer, il pleure beaucoup pendant la partie académique du jeu et fait même des crises de larmes à Fhirdiad quand il est seul pour évacuer son mal-être et son stress). Alix est furieux quand il apprend ce qui s'est passé et va engueuler Lambert en lui envoyant dans la figure tout le mal qu'il pense de lui pour le coup et qu'il est un imbécile heureux en pensant que tout se passera toujours bien dans le meilleur des mondes. Il se retient même de le frapper par peur des conséquences sur sa famille, et se contente de taper du poing sur la table avec son emblème qui s'active tellement il est hors de lui.
=>ce n'est pas le premier signe de réconciliation dans cet histoire entre Félix et son père. Il a déjà envoyé une lettre de lui-même quand Rodrigue s'inquiète pour lui lors de son tour à GM, même s'il refuse de lui parler en face (c'est le contenu d'un des sachets de Rodrigue, cette lettre plus l'éclat de verre poli par l'eau qu'il lui a envoyé avec, alors que le deuxième contient une partie de la parure de sa femme Félicia et l'autre éperon de Glenn qu'il avait oublié chez eux avant de partir pour Duscur), et il s'est aussi inquiété pour lui lors de la scène qui rejoue leur paralogue, où Félix aide Rodrigue à soigné son bras brûlé de magie après le combat (chose qu'il fait avec d'autres personnes dont il est proche) et ils recommencent à vraiment s'écrire régulièrement et normalement à ce moment-là (avant, les lettres de Félix était très froide). Ils recommencent donc à se parler et le fait que Félix s'occupe de Rodrigue alors qu'il est malade ne sort pas de nulle part.
=>Pour les blessures des quatre amis, elles datent de la bataille du lion et de l'aigle, tous les cerfs et les lions ont fini au repos complet pendant un mois vu qu'Edelgard, Hubert et Byleth n'ont pas retenu leurs coups.
=>pour Gilbert, les personnes resté après Duscur le détestent pour les avoir laissé tomber. Rodrigue a déjà craqué et bien mordu quand il est allé à Fhirdiad pour prévenir de ce que prévoyait de faire l'Eglise après Lonato. En plus, je triche avec le canon car, au lieu d'un an, Gustave a filé au bout de quelques mois alors, tout le monde lui en veut encore plus.
=>tout ce dont parle Alix a été montré dans des chapitres précédents. Et ses sentiments vis-à-vis de Lambert sont compliqués vu tout ce qui s'est passé, d'où le fait qu'il le charge dans sa tête pendant le chapitre.
=>l'incohérence avec la vraie mort de Glenn dans le cauchemar de Rodrigue est volontaire : il sait qu'il est mort d'un sort en pleine poitrine et de ses blessures, mais dans son cauchemar, il se fait poignarder dans la poitrine avec une lance, à la manière de Guillaume qui est mort d'un coup de poignard (car la mort de Glenn, c'est grosso modo la mort de Guillaume en pire qui recommence dans sa tête). Les choses autour de sa mort ont aussi été instauré avant...
=> ...tout comme les chansons qui ont toute été chanté avant (la quatrième est notamment celle que Rodrigue a chanté pendant qu'il passait l'eau du lac sur les brûlures de Félix afin de le soigner, et il est de tradition que ce soit l'auditoire qui dise le nom de Fraldarius pour montrer qu'ils savent de qui ont parle)
=>pour l'emblème d'écaille dans le dos de Félix, c'est la marque laissé par la magie de son ancêtre Fraldarius quand les eaux du lac l'ont soigné de ses brûlures.
=>après Duscur, Rodrigue pense qu'il fait honte à sa famille pour ne pas avoir réussi à empêcher Lambert de faire une erreur monumental (le "c'est mon boulot de t'empêcher de faire des conneries" est notamment une phrase que disait souvent son père et qui illustre bien le rôle de leur famille pour les jumeaux), d'où ses mots à Félix
=> le "tu es en vie... tu es en vie..." a été dit peu de temps après Duscur. Rodrigue et Félix sont toujours à Fhirdiad en attendant qu'on retrouve le corps de Glenn mais, Dimitri se fait attaquer par un comploteur qui tente de le poignarder, et Félix se met entre lui et l'assassin pour le protéger. Rodrigue ne serait pas arriver pile à temps et ne les aurait pas protéger, Félix aurait été poignardé à mort et il en est conscient alors, il ne peut que répéter ses mots tout en se jurant de protéger son louveteau, notamment en l'éloignant de Fhirdiad qui est un vrai coupe-gorge. C'est quand Félix doit repartir sans Rodrigue (car il est tellement débordé qu'il ne peut même pas aller enterrer Glenn) que la dispute qui va les séparer arrive.. le coup de poing est plus tard par contre, cela arrive après la révolte que Dimitri et Félix ont réprimé deux ans avant l'histoire.
=>le coup de la cape où Rodrigue a l'impression de dormir quand il se calme vient aussi de Guillaume : son père prenait les jumeaux dans sa cape pour les garder près de lui (dans l'introduction de l'histoire, Rodrigue repense au fait qu'il dit souvent à son père qu'il portera les mêmes grandes capes que lui quand il sera grand, ce qui le fait toujours rire, même s'il a oublié entre temps qu'il le disait)
Bon... je crois que j'ai rien oublié... désolé pour les notes de 10km de long, c'est que ces chapitres sont bourrées de références à ce qui s'est passé avant alors, faut bien faire le point ! Si j'en ai oublié une, n'hésitez pas à me demander et je corrigerais ça ! Sur ce, je vous laisse tranquille et bonne lecture !
(évidemment, suite sous la coupe)
**************Chapitre 12**************
Rodrigue était encore plus débordé que d’habitude. Rufus se reposait encore plus sur lui en ce moment, lui envoyant presque directement les textes que le régent devait lire et signer lui-même. Il s’était encore pris le bec avec Lachésis Charon mais cette fois, il avait renvoyé la femme de loi dans son fief avec ses frères et sœurs présents à la capitale, lui ordonnant d’y rester jusqu’à ce qu’il les autorise à revenir alors, il avait récupéré une partie de leur travail, même si les assistants Charon en envoyaient autant que possible à leurs supérieurs…
Bon, ça lui permettait de trier les ordres et d’en « perdre » certains à cause de la surcharge de travail, comme cet ordre d’envoyer des troupes à Kleiman pour réprimer des duscuriens qui se seraient soulever, alors qu’ils tentaient de se réorganiser de manière traditionnelle chez eux. Bon, la demande d’aide s’était tellement perdue dans la montagne de papier qu’il l’avait fait passer avec deux mois de retard – tellement que la nouvelle avait pu passer dans les mains d’Alix puis dans le courrier de Dimitri et Dedue – les mouvements de foules qui avaient pu y avoir s’étaient calmé d’eux-mêmes. Mais ça, le duc ne pouvait pas le faire à chaque fois. Il était un conseiller, pas le régent, il faisait déjà bien plus que ces fonctions ne lui en demandaient, voir l’autorisaient comme pour cette fois-là… Rufus le saurait, il risquait de mettre ses menaces à exécution… il lui rappelait presque toutes les semaines… il était si fatigué… même dormir ne lui semblait pas reposant… il n’avait pas la capacité de travail de ses parents… mais bon, il avait encore du boulot. Pas le temps de se poser.
Ces journées se rythmaient ainsi, en se calant sur les offices des moines pour avoir de bons repères dans la journée : levée un peu avant les laudes, entrainement pour ne pas perdre la main pendant une heure jusqu’à prime, travail jusqu’aux prières de sexte. Puis, après avoir mangé et lu son courrier personnel avec Grigri qui ronronnait sur ses genoux, dévorant les lettres d’Alix et Félix autant de fois qu’il pouvait pour avoir l’impression qu’ils étaient là, il retournait travail jusqu’à après les vêpres, jusqu’à ce que le soleil commence à se coucher pour pouvoir aller prier aux complies avant de dormir puis, il recommençait le lendemain. La routine la plus aléatoire, c’était quand Rufus venait « briser sa routine » pour le traiter d’incompétent, en insultant toute sa famille au passage et dire qu’ils méritaient tous d’être décapité, vite endormi par un Vitalis quand sa patience cédait. Le tout en essayant d’ignorer son dos qui lui faisait mal à force de rester assis dans la même position et ses maux de ventre vu qu’il mangeait assez peu. Il n’avait jamais été un gros mangeur de toute façon mais, il prenait à peine le temps de picorer son repas avant de retourner au travail… il n’avait même pas faim et tout semblait fade de toute façon… son esprit lui rappelant à chaque fois que les aliments retrouveraient leur bon gout à Egua avec Alix mais, ses obligations l’empêchaient de rentrer chez lui et d’enfin revoir son frère. Il évitait d’y penser… à chaque fois qu’il rêvassait de retourner chez lui, il devait se retenir d’hurler qu’il voulait retrouver son jumeau tellement il lui manquait… même si les deux options étaient aussi douloureuses l’une que l’autre… C’était un rythme éreintant et Rodrigue sentait que son organisme se vengeait en étant tout le temps fatigué et douloureux mais, ce n’était pas comme s’il avait d’autre choix que de lui imposer ça.
« Pardonne-moi… il faut que tu tiennes… au moins jusqu’à la fin de l’année… »
Il ne sut même pas comment prendre le soulagement de son corps à l’idée de pouvoir dormir un peu plus quand, en pleine lune du Loup Rouge, il reçut une lettre lui annonçant qu’Alix était malade et alité. Il maudit son propre organisme de se réjouir de cela, prenant même la mauvaise santé de son propre frère comme une occasion de se reposer. Le duc prit les dispositions qu’il pouvait avec Rufus en le tirant d’il ne savait quel bordel (si Oncle Sa Majesté Ludovic le voyait… ou même Lambert… il n’était pas comme ça de leur vivant…), puis rentra chez lui dès que possible avec Grigri, même s’il fut monstrueusement en retard.
Le temps d’arriver, Alix s’était remis un peu, encore heureux. Il put même quitter son lit pour aller s’asseoir au bord du lac, profitant du bon air de leur fief et de la vue familière. Le simple fait de revoir sa surface lisse et calme comme un miroir l’apaisait… et être avec Alix après tout ce temps à ne se voir qu’en coup de vent, c’était comme une libération… l’impression d’épuisement semblant diminuer un peu maintenant qu’il l’avait retrouvé… même si c’était pour trop peu de temps… il avait pu rentrer si tard…
« Je suis désolé de ne pas être arrivé avant… s’excusa l’ainé, son épaule contre la sienne en buvant la brise saine et rassurante survolant l’étendue d’eau.
– T’inquiètes, je sais que tu es surmené aussi. Je veux dire… t’as vu ta tête ? Lui demanda son frère, posant un pan de sa couverture sur son épaule.
– Oui, en te regardant, je voie ma propre tête.
– Alors, je suis encore malade, t’as des cernes de trois cordées de long et les joues creusées, rétorqua-t-il. Faut dire, déjà que t’es toujours débordé, avec les Charon forcés de rester piaffer dans leur fief, ça doit être encore pire… Avec Rufus qui continue de te vomir des horreurs dessus je parie, alors que tu fais tout son travail à sa place histoire que son foutu Royaume tienne encore debout…
– Vu l’endroit où j’ai dû aller le chercher… j’ai bien cru que c’était un bordel… marmonna-t-il. Déesse, j’aurais préféré ne jamais voir une chose pareille.
– Eh bien, je n’ose même pas imaginé… que la Déesse te nettoie les yeux pour ça. Enfin, tu vas pouvoir te poser un peu… et comme dirait maman, il n’y a rien de meilleur que l’air du lac…
– Elle avait bien raison… Hum… » Il prit une grande aspiration, goutant l’odeur fraiche de l’eau scintillante, chargé des parfums des environs, se sentant vraiment bien pour la première fois depuis longtemps en étant aux côtés d’Alix. « Ça fait du bien… ça fait longtemps…
– Trop… » souffla-t-il en posa sa tête sur son épaule, le premier-né calant un peu la sienne contre celle de son frère.
Ils restèrent encore un peu mais, ils durent s’endormirent à un moment ou un autre car, leur médecin vient les secouer pour leur dire de rentrer avant qu’Alix ne retombe malade. L’homme les réprimanda un peu, habitué à le faire depuis qu’ils étaient des jeunes adultes.
« Faites attention vous deux ! Surtout vous Rodrigue ! À chaque fois, c’est la même chose ! Si vous ne tombez pas malade en même temps, l’autre va suivre ! Faites gaffe !
– On fait attention. On va pouvoir dormir un peu en plus, ça devrait aller, lui assura Alix.
– Hun… faites tout de même très attention… vous êtes bien comme votre père tient… d’après mon maitre, les seules fois où Guillaume tombait malade, c’était à cause du surmenage… ce n’est même pas une maladie, c’est juste que votre corps a lâché à cause de la fatigue… faites attention vous deux…
– On fait ce qu’on peut Pierrick, lui assura Rodrigue. On a simplement beaucoup de travail aussi à faire et que nous ne sommes pas aussi endurants à la tâche que lui ou notre mère…
– Les dignes fils de leur père… enfin, dormez et manger bien. Vous êtes bien maigres… »
Les jumeaux essayèrent de le rassurer tout en lui promettant de lever un peu le pied. Rodrigue ne demandait que ça, même s’il devrait rentrer dès demain vu qu’Alix allait mieux, il ne pouvait pas vraiment se permettre de rester loin de Fhirdiad. Rufus pourrait mettre le feu au Royaume à n’importe quel moment dans son ivrognerie… même si ça faisait mal de juste penser à la séparation… les jumeaux restèrent ensemble pour rattraper tous les mois où ils ne se voyaient pas, puis allèrent se coucher.
En se réveillant un peu tard, Rodrigue se maudit en voyant le soleil se lever en même temps que lui, croyant même sur le coup qu’il était midi tellement il brillait fort pour la saison… il devait repartir au plus vite, même s’il aurait préféré rester chez lui. Il lui manquait déjà une main et un bout de cœur avant même de partir. En se mettant sur ses pieds, sa tête tourna un peu, lourde comme du plomb alors qu’il se préparait pour la route. Peut-être qu’il devrait rester plus longtemps… puis le duc se rappela la montagne organisée de travail sur son bureau, ayant encore grossi avec une autre pile de parchemin que Rufus lui avait laissé pile avant son départ pour Fort Egua en lui disant bien de prendre son temps… comme s’il en avait… comme si l’un ou l’autre des frères leur laissait le temps pour quoi que ce soit en politique…
L’homme rangea soigneusement ses sachets dans la poche sur son cœur, retrouva Grigri qui était une de ses seules compagnies en plus de ses hommes à Fhirdiad puis, alla rejoindre en vitesse Alix pour le saluer et lui parler encore un peu avant son départ. Sa tête tournait de plus en plus… il avait l’impression que chaque pas le sortait de son propre corps… il voudrait tellement rester ici…
« Tu es sûr que tout va bien ? Lui demanda son frère à peine levé en le voyant, posant sa main sur son épaule.
– J’ai connu mieux mais, pas vraiment le choix… j’ai mal à la tête…
– T’es brûlant… eh ! Rod ! »
Les jambes de l’ainé des jumeaux cédèrent sous son poids, alors que le monde autour de lui devient de plus en plus flous et tournait de plus en plus vite. Il garda seulement le visage de son frère clair avant de s’évanouir de fatigue, vidé de ses forces…
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Félix reçut une lettre d’Alix le vendredi quatorze de la lune du Loup Rouge lui annonçant que son vieux était alité, et partit le quinze au petit matin avec l’autorisation d’Hanneman et l’aval de Manuela. Enfin, il serait parti quand même avec ou sans de toute façon, sa blessure à la tête ne lui faisait plus mal depuis quelques jours. Ce n’était pas qu’il était vraiment inquiet, Rodrigue était solide mais, quand un des jumeaux était souffrant, fallait toujours surveiller l’autre pour qu’il ne fasse pas de connerie… genre coller son frère contagieux… Visiblement, c’était plus dû à la surcharge de travail et à l’épuisement qu’à une maladie mais, on ne savait jamais.
En plus, l’épéiste n’était pas parti seul. Évidemment, le phacochère avait suivi, tout comme Sylvain et Ingrid, morts d’inquiétude, ainsi que Gilbert qui les chaperonnait sur ordre de Seteth. Le vieux préférerait surement voir le double assoiffé de sang de Dimitri que lui de toute façon alors, quitte à ce qu’ils soient deux sur les routes avec l’ancien chevalier, autant à ce qu’ils y aillent tous les quatre, surtout qu’Hanneman avait été compréhensif. Dedue n’aurait pas pensé qu’il aurait été de trop et n’aurait pas encore deux côtes, une épaule et une jambe en train de cicatriser à cause de la bataille du Lion et de l’Aigle, il aurait aussi pu suivre sans problème.
Le groupe d’ami arriva à Fort Egua le samedi en milieu d’après-midi, et fut accueilli par Pierrick, qui leur expliqua la situation.
« Il est très fatigué avec pas mal de fièvre qui le fait délirer et des douleurs musculaires. Ce sont des syndromes typiques du surmenage, et les deux ont toujours eu du mal à rester lucide quand ils ont de la fièvre. Il n’est pas vraiment malade, il est juste épuisé et son corps l’a lâché. Alix a eu exactement la même chose… quand je leur disais que quand l’un est malade, l’autre suivait… Ce n’est pas les fils du seigneur Guillaume pour rien… leur père faisait souvent des phases de « maladies » comme celle-ci car, il travaillait trop. C’est juste qu’à force de s’épuiser, le corps craque, c’est normal. Ils doivent aussi plus manger, ils sont bien trop maigres, surtout Rodrigue. Je leur avais dit que leur appétit de moineau leur jouerait des tours un jour… avec le stress et séparés, ils devaient encore moins manger…
– Et il va se remettre ? Demanda le phacochère sans cacher à quel point il était inquiet.
– Oui… ! Il est solide. Par contre, repos complet pendant un mois, minimum, il a besoin de dormir et de manger un peu plus pour se remettre. De ce que j’ai compris, Rufus lui laisse tout son travail pour qu’il le fasse à sa place donc, le régent va devoir se faire violence et aller bosser un peu. Ça changera que ce ne soit pas les gens de chez nous qui fassions tout le boulot…
– Pfff… mon père ne sait vraiment pas dire non ou s’occuper de lui… grogna Félix. Je parie qu’Alix est avec lui. Il est dans un meilleur état ?
– Oui, il en sort de son épisode de fièvre alors, ça devrait aller, même s’il était dans un état moins pire que son frère. Ils sont tous les deux dans la chambre de Rodrigue. Étant donné que ce n’est « que » de la fatigue, vous pouvez aller le voir sans risque. Par contre, allez tous prendre un bon bain avant. Vous en avez tous besoin après une telle chevauchée et dans un état de fatigue pareil, on a les défenses naturelles d’un nouveau-né. Il risque d’attraper tout ce qui passe, il faut faire très attention.
Les quatre amis se plièrent aux demandes de Pierrick sans problème, ayant tous besoin de se rincer, surtout que la chevauché avait réveillé la douleur de leurs blessures de la bataille du Lion et de l’Aigle. Ils prirent une grande bassine chacun et se lavèrent dans la salle d’eau. La forteresse était bien aménagée et moderne, tout comme toute la ville afin d’éviter les épidémies, en particulier le paludisme qui faisait des ravages dans les zones humides comme Fraldarius. Il fallait faire très attention à garder les installations en état pour éviter ces fléaux, même si l’eau toujours pure du lac aidait beaucoup à garder la ville propre et saine. En tout cas, ils allaient se désinfecter en vitesse puis, ils iraient voir comment le vieux allait, et si Alix n’était pas sur le point de retomber malade en s’occupant de lui.
« Faut les surveiller comme le lait sur le feu ces deux-là… » songea Félix en plongeant l’éponge dans l’eau clair.
Remettant le linge dans sa bassine d’eau froide, enveloppé dans une couverture bien chaude, Alix veillait sur Rodrigue alors que son frère dormait, assis à côté de lui sur son lit. S’il avait bien entendu et se fiait à l’agitation dehors, Félix devait être arriver, il ne tarderait surement pas à les rejoindre. Il ferait peut-être mieux de filer quand il rentrerait… son neveu n’aimait pas vraiment s’inquiéter en public alors, il ne voulait pas faire de trop… il préférerait qu’on lui coupe une jambe plutôt que de s’éloigner de son jumeau mais, le cadet savait aussi que ce serait mieux pour son frère s’il pouvait rester un peu avec son fils, même inconscient.
Rodrigue se mit à s’agiter dans son sommeil, les lèvres tremblantes alors qu’il hachait, brûlant de fièvre.
« Fe… Félix… Félix… ou… où es-tu…
– Chuuut… ça va aller, lui souffla-t-il en passant un chiffon frais sur son front en feu, en espérant que cela l’apaiserait un peu. Ton petit va vite arriver, ne t’inquiète pas.
– Alix… le reconnut-il à sa voix, même s’il dormait toujours, ou ce qui devait être une sorte de sommeil à cause de la fièvre. Félix… Je… je ne te voie plus… où es-tu… je ne le voie plus… où est-il… Félix… je ne le retrouve plus… je ne voulais pas… il a disparu… où est-il… mon louveteau a disparu… il… non… non… non… les feux follets… les brûlures violettes… les mages noirs… non ! Non ! Félix ! Mon fils a disparu ! Ils me l’ont arraché cette fois ! Ils le brûlent vif ! Félix ! Félix ! Où es-tu ?!
Il se mit à se tordre sous l’effet de la fièvre et du cauchemar, s’agitant comme un possédé qui voulait se lever, récupérer Aegis et Moralta, puis aller chercher son louveteau qui semblait aux mains des mages noirs. Il devait se souvenir de cette nuit-là sauf que dans sa tête, l’intrus avait réussi à enlever Félix, et mélangeaient avec ce diable d’Arundel en prime. Des mages noirs semblable à cet intrus accompagnaient Lonato, et ils semblaient rôder autour de Garreg Mach, Rodrigue avait dû y repenser dernièrement et s’inquiéter pour son louveteau. Dans les lettres qu’il lui avait écrit au moment de la rébellion, il donnait l’impression d’être terrifier à l’idée même que ces mages noirs s’approchent de son fils.
Prit de court, Alix se releva et maintient son frère comme il put en place. Pierrick lui avait dit qu’il n’aurait surement pas assez de force pour se redresser et il devait impérativement rester couché. Hors de question qu’il se blesse encore plus !
– Rod ! Rodrigue ! Calme-toi !
– Lâche-moi ! Ils ont Félix ! Ils vont le brûler à nouveau ! Ils vont le tuer ! Il faut que j’aille le retrouver ! Mon fils est en danger ! Il est loin du lac ! Je refuse de le perdre ! Pas lui aussi ! Je dois…
– Ce n’est qu’un cauchemar ! C’est la fièvre qui te fait délirer ! Du calme… » il prit la tête de son frère contre sa poitrine, la main dans ses cheveux et l’autre dans son dos pour tenter de le garder en place et de l’apaiser un peu, répétant les mots que disait toujours Aliénor pour les calmer, même si son jumeau le griffait pour se libérer de son étreinte et retrouver son fils. « Ça va aller… ça va aller… Félix va bien, j’en suis sûr… il est devenu très fort maintenant, il pourra se défendre… il en fait du chemin le louveteau minuscule pressé d’arriver. Ça va aller… il est aussi avec ses amis, ça va aller… il va s’en sortir… tu le sais… chut… ça va aller… ça va aller…
– Alix… » son frère s’agrippa à lui, des larmes coulant sur ses joues alors qu’il marmonnait. Il n’avait aucune idée s’il était réveillé ou non, ou même à qui il pensait parler… ce n’était pas le plus important. « J’ai tout gâché… j’a… j’avais promis… Félicia… son nom… Glenn… Félix… je devais… mais j’ai tout gâché… Félix… je… je suis désolé… je suis désolé… j’aimerais… j’aurais voulu… je suis désolé…
– Chuuut… tu as encore du temps… il vit encore donc, vous pouvez encore, souffla-t-il, sachant que son frère saurait où il voulait en venir s’il comprenait les mots qu’il lui disait, et pas juste le ton et la voix. T’essaye, c’est déjà plus que beaucoup… ça s’améliore un peu en ce moment… il a encore le temps de bien porter son nom, j’en suis sûr… et Félicia, elle ne pouvait pas deviner que vous alliez finir dans la pire des situations… t’as fait ce que tu as pu… ça aurait pu être mieux mais, personne ne pouvait prévoir que ça allait tourner comme ça quand tu as promis… personne… on a fait tout ce qu’on a pu pour empêcher ce merdier mais, ce n’est pas notre faute si ce chien idiot s’est encore bouché les oreilles en hurlant que ça allait bien se passer, et en nous insultant au passage… et tu peux t’autoriser à pleurer si tu en as besoin… répéta-t-il. Pleure encore si ça te fait du bien… tu ne peux pas tenir tout le temps… si quelqu’un vient te dire quelque chose, je le coupe en tranche… ça, ça ne change pas… aussi sûr que je serais toujours toi, et que tu seras toujours moi… ça va aller… ça va aller…
– Je suis désolé… je suis désolé… Félix…
Le cadet le garda dans ses bras jusqu’à ce que son jumeau se calme et le lâche de lui-même, replongeant dans un sommeil aussi profond que le lac. Il le rallongea dans son lit et remit ses couvertures correctement, soulagé que le délire de fièvre soit passé assez vite. Ce n’était pas la première fois qu’ils en faisaient quand ils étaient malades.
« Enfin, la dernière fois qu’on en a fait des pareils, papa devait avoir quitté ce monde depuis pas longtemps… »
Est-ce que leur père en avait aussi quand il s’épuisait au travail ? Est-ce qu’il avait aussi peur pour eux dans ses cauchemars ? Est-ce qu’il les prenait dans ses bras quand ils en faisaient ? Pour la dernière question, il en était sûr… sûr qu’il venait aussi les calmer quand ils étaient malades… peut-être qu’il chantait… surement… c’était trop flou et perdu dans le flot de leur mémoire pour qu’Alix puisse en être vraiment sûr… ce n’était pas vraiment le plus important pour le moment… ils savaient comment agissait Aliénor et c’était le principal…
Il redressa la tête en entendant la porte grincer sur ses gonds, le mouvement furtif pour essayer de la fermer sans les déranger. Échec cuisant.
Le cadet soupira à l’idée qu’il ait pu voir Rodrigue comme ça, en se levant pour aller à leur rencontre, ils ne le feraient pas d’eux-mêmes.
« Vous êtes là depuis quand ? Demanda-t-il en découvrant bien Félix, Dimitri, Sylvain et Ingrid dans le couloir. Ah, et Gustave – oh pardon, « Gilbert » – aussi… comme s’il avait envie de le subir celui-là…
– On va dire depuis qu’il a dit qu’il avait perdu Félix de vue… répondit Sylvain, un peu gêné.
Le prince déclara, mal à l’aise de ne pas être venu l’aider.
– Pardonne-nous… on est… on est resté figé sur place…
– Pour vous quatre, ce n’est rien, c’est normal d’être tétanisé quand quelqu’un est comme ça, surtout à vos âges. Pour Gust… Gilbert, » se trompa-t-il exprès, n’en ayant juste rien à foutre de griller la vraie identité de ce lâcheur, « je ne suis pas étonné par contre. À force, on connait. Enfin, je ne pense pas que Rodrigue aurait voulu que quelqu’un le voie comme ça. Moi, ça passe mais, c’est parce qu’il est moi et je suis lui. Une vie commune entière et neuf mois de colocation dans le ventre de notre mère, ça aide.
Le déserteur baissa les yeux devant l’insinuation – il devait se souvenir de la colère de Rodrigue et deviné que la sienne serait surement du même acabit – alors qu’Ingrid demandait, surement pour calmer un peu les esprits.
– Vous voulez qu’on revienne plus tard ? Vous devez vouloir rester avec le Seigneur Rodrigue…
– Pas la peine de me vouvoyer et d’être aussi grave Ingrid. On n’est pas à la cour, je vous connais tous depuis que vous étiez des gros poupons tout rouges, et je suis trop fatigué pour être pointilleux sur la politesse… déjà que c’est pas mon fort…
– Ça se voie, tu tiens à peine debout, grommela son neveu. Y en a pas un pour rattraper l’autre. Va te poser avant qu’on ait deux fiévreux sur les bras, je surveillerais le vieux.
– C’est pas de refus… » ne nia-t-il pas, épuisé. Il avait plus dormi ces derniers jours que ces derniers mois – voir ces dernières années – mais, il était encore fatigué et avait du mal à tenir sur ses jambes sans avoir la tête qui tourne au bout de cinq minutes.
Félix se glissa dans la chambre de son père sans un mot ou un regard, mais qu’il y aille sans hésité une seconde fit plaisir à Alix. C’était important à ses yeux… aidé par Dimitri, il arriva à aller jusque dans une pièce à vivre où on leur servit du thé. Épines de pin d’Almyra… ça faisait du bien… il vida une tasse d’une traite en la tenant à deux mains pour se réchauffer un peu avant de déclarer.
« Excusez-moi de ne pas avoir pu venir vous accueillir, pas vraiment en état de le faire. J’espère que le voyage s’est bien passé…
– Oui, nous n’avons eu aucun problème et ce n’est pas grave, lui assura Dimitri, tu dois te ménager. Comment te sens-tu ?
– Fatiguée comme jamais mais, ça va un peu mieux. Je n’ai plus de fièvre, ce qui est pas mal mais, je dois faire attention pendant au moins un mois selon Pierrick. Je travaille trop et ça m’a rattrapé, c’est tout. Ça fait un moment qu’on tire sur la corde avec Rod, fallait que ça nous tombe dessus un jour ou l’autre.
– D’accord. Au moins, vous allez lever un peu le pied tous les deux. Ça vous fera du bien et vous pourrez rester ici tranquille, arriva à sourire un peu Sylvain en le resservant.
– Merci, et il faudra juste qu’on trouve le moyen de s’assurer que personne ne refile la clé des coffres du trésor à Rufus, histoire qu’il ne dilapide pas ce qui reste en alcool et en femme mais ouais, on ne va pas refuser ça… c’est reculer pour mieux sauter après mais, pas vraiment le choix…
– Ne vous tuez pas à la tâche… lui demanda le prince. J’aimerais pouvoir vous aider… si je peux faire quoi que ce soit…
– Merci, mais t’es trop jeune pour ça, et il faut du plomb dans la tête pour être un bon roi. C’est pour ça qu’il y a un âge minimum pour l’être, ça permet d’être à peu près sûr que le gars n’est pas un idiot fini, le coupa-t-il tout de suite, chassant la remarque désagréable sur Lambert qu’il avait sur le bout de la langue, Dimitri n’avait pas besoin d’entendre ça. Normalement. Et ça empêche pas de tomber sur des connards bornés.
– Si je me souviens bien, votre père est devenu duc très jeune pourtant, et il a toujours régné d’une main de maitre, fit remarquer Ingrid.
– Là, c’est un cas un peu particulier. Il n’y avait plus de duchesse depuis douze ans, Guillaume était devenu duc à trois ans avec le roi pour tuteur et les vassaux commençaient à prendre leurs aises, voir à lorgner sur sa place. Clovis n’était pas bien compétent en plus, ça n’aidait pas. Et si on a bien compris ce qu’on nous a raconté, notre père n’était pas le genre de caractère à rester dans son coin à se faire plumer. Alors, il est rentré de Garreg Mach après y être allé à quatorze ans, s’est marié avec notre mère et ils ont calmé tout le monde dans le fief pour rappeler qui était le couple ducal légitime. Faut dire, il a fallu mettre une raclée à plusieurs d’entre eux avant qu’ils ne rentrent dans le rang… Mais, notez qu’il a fait ses études en premier, et d’après Aliénor, il a continué à étudier toute sa vie. Nous aussi, on est techniquement duc depuis qu’on est enfant mais, on a pris le pouvoir officiellement qu’après notre majorité ainsi que nos études. La régence aurait été aussi difficile que celle de Guillaume si Aliénor n’était pas la femme la plus compétente du nord et elle a toujours mis notre éducation en premier. Donc, fait toi une bonne tête avant de te faire une couronne. Ça te sera toujours utile Dimitri. Surtout que tu pars avec une longueur d’avance comparé à ce chien idiot. T’as hérité tes neurones d’Héléna.
– C’est vrai que le seigneur Guillaume était une très forte personnalité. Même la margravine Gautier craignait ses colères, elles étaient légendaires… et il n’hésitait pas non plus à insulter le roi s’il faisait quelque chose de mal… ça a été reproché à Ludovic au début de son règne d’ailleurs », se remémora Gilbert – et heureusement pour lui qu’Alix était trop à plat pour le jeter dehors. Il luttait déjà assez pour rester éveiller et ne pas échapper son opinion de Lambert devant Dimitri… enfin pas plus que tout à l’heure avec Rodrigue. « Plusieurs critiques le trouvaient bien trop effacé par rapport à son conseiller et disait que c’était Guillaume qui faisait la pluie et le beau temps dans le Royaume.
– Encore cette histoire… sa politique n’a pas changé d’un pouce de tout son règne je te signale, dont son idée de faire une monarchie élective qu’il avait dès son accession au trône, t’es mieux placé pour t’en souvenir que nous vu que pendant une bonne partie, on était encore à l’école alors que toi, t’étais écuyer… Et c’est difficile de dire en toute bonne foi que Ludovic était effacé, il a fomenté un quasi coup d’État à quatorze, quinze ans pour chasser son père du pouvoir ! Clovis serait resté plus longtemps, le Royaume aurait sombré bien avant ! Et t’es mieux placé pour le savoir que nous vu qu’à ce moment-là, on était à peine né ! Avec ça, c’est notre boulot d’empêcher le roi de faire des conneries dans la famille. Il n’a jamais quitté le roi Ludovic ! Clovis pouvait bien aller se faire foutre vu que c’était un incapable assoiffé de guerre mais, Ludovic avait su gagné son respect ! Hein… de toute façon, on ne se souvient clairement que de deux choses sur notre père, ce qu’a dit Ludovic pour nous consoler vu qu’on nous l’a répété ad nauseam, et la boite où il est enterré, ainsi que la dernière chanson qu’il a chanté dont Rodrigue s’est souvenu après avoir été blessé, il en a rêvé. Tout le reste, c’est du grand vague… et il était assez différent avec nous qu’avec les gens qu’il n’appréciait pas. Donc bon, à part les mots d’un gamin de six ans qui adorait son père, je n’aurais pas grand-chose à dire sur lui.
– D’accord… mais, est-ce que tu as compris ce que Rodrigue racontait à cause de la fièvre ? Demanda la jeune femme blonde. Il parlait de feu follet et de mages noirs… pour les brûlures, on voie tous de quoi il parle mais, pour le reste… je me doute que c’est la fièvre qui le faisait délirer mais, c’est trop précis pour que ce ne soit que ça.
– Pour les mages noirs, c’est à cause d’un incident qui s’est produit à Fhirdiad quand vous aviez un et quasi quatre ans. Un type avec un poignard et un masque de médecin de la peste est entré on ne sait comment dans le palais. Il a tué quelqu’un et il a enfoncé la porte de Félix. Rodrigue ne l’aurait pas arrêté, il l’aurait surement enlevé. Il y avait eu une tentative d’enlèvement du même genre sur Cassandra Charon l’année précédente alors, on pense qu’il en avait après leur emblème majeur. On n’a jamais su, il est mort trop vite et l’agresseur de Cassandra aussi. Vu que des mages avec des masques semblables sont réapparus depuis Lonato, ça l’a beaucoup inquiété.
– Je ne m’en souviens pas trop mais après, j’étais pas bien vieux… je crois que la seule chose dont je me rappelle, c’est de l’agitation quand on était à Fhirdiad… et pour les feux follets ?
– C’était à cause des histoires qu’on raconte autour du lac pour que les gens ne s’en approche pas de nuit ? Le questionna Ingrid. Comme pour le Cheval Mallet ?
– Ah ! Mais les feux follets existent, on en a vu quand on était petits… souffla-t-il, les paupières lourdes en se remémorant ces maudites boules de feu sur l’eau. Ils étaient sur le lac…
– Je crois que votre fièvre vous reprend Alix, marmonna Gilbert, le piquant au vif. Les feux follets n’ont jamais existé…
– Ferme-là toi ! S’écria le malade avec l’énergie qui lui restait. Je pourrais bouger sans m’évanouir, je t’aurais déjà foutu à la porte ! Je n’ai pas envie de subir quelqu’un qui nous a tous laissé dans la merde jusqu’au cou pour aller se planquer ! T’as fait que déserter le poste après que… rha ! »
Il grogna comme il put malgré sa fatigue, tout en mordant tout ce qu’il rêvait de hurler depuis des années et encore plus depuis qu’il était séparé à ce point de son frère. Une fois sûr et certain qu’il ne vomirait pas tout le mal qu’il pensait de ce chien idiot devant son gamin, il reprit, ayant l’impression d’être sur le point de se rendormir.
« Les feux follets, ça existe, on les a vus avec Rodrigue ! On s’en souvient bien car, on les a pris pour notre père et ils ont failli réussir à nous attirer dans le lac… c’était quelques semaines après sa mort et notre mère devait partir pour le nord sans nous… on devait être des proies faciles… Aliénor ne serait pas arrivé, on serait sans doute mort noyés dans le lac en voulant le rejoindre… on était persuadé que c’était Guillaume, alors… ... ... les feux follets, c’est vraiment les feux de la mort… hein… il s’affaissa un peu plus dans sa couverture et son siège, sentant le sommeil le gagner à nouveau. De belles saloperies ces trucs… et vicieux… on n’avait pas encore compris… qu’il ne reviendrait pas… on voulait juste le revoir… au moins une fois… même si Ludovic a dit qu’il était mort… comme un vrai chevalier…
– Attends… quoi ?! C’est de là que ça vient ?!
– Bein oui… on ne vous l’avait jamais dit ? Enfin bon… vu ce qui s’est passé la dernière fois… mieux vaut pas le redire… ça fait trop mal de le redire… c’est juste une canne… souffla-t-il en sombrant dans le sommeil.
– Non… c’est la première fois que… Alix !
Dimitri se redressa un peu mais, l’homme aux cheveux noirs s’était endormi sur sa chaise à bras, épuisé. Gilbert soupira un peu en voyant cela, même s’il n’avait pas l’air étonné.
– Le digne fils de son père en tout point… Guillaume pouvait dormir n’importe où pour rattraper son sommeil à gauche à droite… Il vaudrait mieux le ramener dans sa chambre avant qu’il ne se fasse mal à dormir assis ainsi… et s’il ressemble encore plus à Guillaume, il sera d’humeur massacrante si ça le réveille pour quelque chose qui n’est pas urgent.
– Gilbert… vous étiez au courant qu’on leur avait dit que leur père était mort comme un vrai chevalier ? Le questionna le prince, éberlué.
– Oui, c’était une phrase qu’on a dû beaucoup leur répéter. Je n’étais pas à l’enterrement mais, on m’a rapporté que c'était dans l'oraison funèbre, et que Sa Majesté Ludovic l’aurait dit pour rendre sa mort moins violente. Il s’était fait un devoir de leur annoncer la mort de leur père, vu qu’il avait pris un coup de poignard à sa place. Il avait pris sur lui la responsabilité d’expliquer à des enfants de six ans la mort alors, il devait trouver une solution pour rendre cela un peu moins… cruel… surtout que les derniers mots de Guillaume, c’était qu’il ne voulait pas mourir et qu’il voulait retrouver sa famille… on le disait aussi pour la mort de leurs grands-parents aussi maintenant que j’y pense… pourquoi ?
– Si Félix ne s’entend plus avec Rodrigue, c’était au départ parce qu’il avait dit que Glenn était mort comme un vrai chevalier, avant que ça n’empire après la rébellion d’il y a deux ans… c’est à cause de ça et du fait qu’il ait nié le penser que Félix l’a rejeté… oh bordel… lâcha Sylvain. C’est encore un plus gros malentendu qu’on ne le pensait…
– Je parie qu’ils n’en ont jamais parlé à personne depuis des années alors, personne n’a pu lui expliquer, surtout une aussi vieille histoire… toutes les personnes adultes qui étaient avec eux à cette époque était soit mortes, soit en phase de l’être de vieillesse, soit n’avait surement pas envie d’en parler comme Nicola, ajouta Ingrid. Et Félix étant Félix, il a surement dû essayer de les repousser s’ils ont essayé de lui expliquer, que ce soit l’un ou l’autre… déjà qu’à sa tête, il ne savait pas comment gérer que Rodrigue s’inquiète plus pour lui que pour Dimitri…
Gilbert ne cacha pas son étonnement, n’étant pas au courant de ce qui s’était passé alors, Sylvain ferma la question avant qu’elle ne soit posée. Ils avaient juste la tête un peu trop pleine pour lui expliquer tout ce qui s’était passé d’une traite.
– On vous expliquera plus tard. C’est trop long pour être résumé en cinq minutes. Là, on n’a pas le temps.
– Par contre, on ferait mieux d’aller le voir pour lui expliquer… souffla Dimitri en resserrant doucement la couverture d’Alix autour de lui, il grelottait un peu de froid.
– Ça n’arrangera rien, il demandera juste pourquoi ils ne leur ont jamais parlés ou alors, comment ils pouvaient encore croire à la chevalerie alors qu’on leur a aussi dit que c’était par devoir chevaleresque que leur père était mort, encore moins si ça vient de toi ou moi Dimitri, le reprit la jeune femme. Sylvain à la rigueur mais, il n’est clairement pas en état de se rappeler que des enfants de six ans ont beaucoup moins de recul sur les choses, surtout si on leur rabâche tout le temps. Plus tard, surement mais là, non. Ça ferait beaucoup trop d’un coup.
– Ramenons Alix dans son lit et, attendons un peu de voir comment Félix gère ce qu’il a entendu tout à l’heure, proposa Sylvain. On avisera à ce moment-là. Si on se précipite et qu’on met les pieds dans le plat, on va juste arriver à empirer les choses et ce n’est vraiment pas le moment.
Dimitri hocha la tête en prenant Alix dans ses bras sans difficulté. Il faisait sa taille après tout à présent et il était tout léger, personne n’était bien épais dans leur famille. Il se rappela de ces mots… « il est mort comme un vrai chevalier »… ils décrivaient d’abord leur père mais, aussi leurs grands-parents… eux aussi étaient morts pour la couronne et Faerghus… ils étaient tous mort pour les Blaiddyd…
« On va finir par en faire une mort naturelle dans la famille… à se demander comment notre lignée survie… »
Dimitri vit Glenn traverser le mur pour voir comment allait son oncle, lui lança un regard mauvais puis, fila à nouveau rejoindre son père et son frère. Il ne les lâchait jamais quand ils n’étaient pas loin…
« Je suis désolé… ça ne devrait pas arriver… je suis désolé… au moins, je pourrais te venger toi… c’est promis… ce n’est pas grand-chose comme dédommagement pour une lignée quasiment sacrifiée pour la nôtre mais, au moins, tu seras vengé… »
En entrant dans la chambre d’Alix, le jeune homme blond regarda le portrait qui y tronait, représentant une femme à la chevelure blonde avec des reflets roux, ainsi qu’un homme aux longs cheveux noirs liés en tresse désordonnée, comme celle de Glenn et de Félix autrefois, les mèches qui s’en échappaient révélant qu’ils étaient bouclés. Aliénor et Guillaume… ce que les jumeaux pouvaient ressembler à leur père…
« Je me demande ce qui se serait passé si vous étiez encore en vie, il y a quatre ans… si vous auriez réussi à empêcher mon père de se rendre directement en Duscur…
– Évidemment, si je ne m’étais pas fait éventrer pour ton grand-père, lui répondit le tableau en fronçant les sourcils, la peinture figée dans une expression de fureur qu’il n’avait jamais vu au visage de ses fils… il était terrifiant ainsi. Que le roi aille se faire décoller la tête des épaules tout seul en Duscur s’il y tient mais, j’aurais au moins sauvé mon petit-fils et mon meilleur ami ! Glenn est mort à cause de vous ! Encore ! Ma mort et celle de mes parents ne vous ont pas suffi ?! Mes fils ont survécu alors, il vous a fallu prendre et mon petit-fils même pas majeur partout, et l’unité de ma famille avec ?! Rends-les-nous ! Et maintenant, ils se tuent à la tâche pour faire ton travail à ta place ! Comment osez-vous exploiter mes louveteaux jusqu’à la mort ?! Ce sont des êtres humains ! Pas des machines ! T’as intérêt à payer pour ça !
– Je suis désolé… je suis désolé surtout que je m’attache encore à eux ou à Félix… je sais que je devrais les repousser pour… mais j’en suis incapable… je ne veux pas les perdre eux aussi… je vengerais au moins Glenn, c’est promis… c’est promis Guillaume… »
************** Chapitre 13 **************
Rodrigue ne savait pas vraiment où il était… il avait si peur… Félix avait disparu ! Il avait eu beau chercher de partout, c’était impossible de le retrouver ! Il avait cherché dans tous les coins, pas une seule trace de son fils ! Aucune ! La seule chose qu’il avait trouvé, c’était du sang, scintillant comme dans le vase d’Aegis, à côté du masque de médecin de la peste de ce voleur d’enfant… rien d’autre… où était-il ? Qu’avait-il fait à son fils ?! Il devait bien être quelque part !
« Rendez-le-moi ! Félix ! »
Le père avait continué à tout retourner autour de lui, chaque pierre sentant de plus en plus le brulé, le fer, le sang et la putréfaction. Non… non… non ! Pas lui ! Pas lui aussi !
Il vit alors de longs cheveux noirs lié dans une tresse ruinée devant lui, une peau pale recouverte d’écarlate, un œil aussi bleu que les siens fixés dans le vide, le visage à moitié picoré, griffé par les serres d’un corbeau qui prenait appui dessus. L’oiseau de malheur avait le deuxième globe dans son énorme bec, après l’avoir retiré de l’orbite de Glenn. Tout son corps était recouvert de charognard en train de lui dévorer les tripes, une grande lance le clouant au sol après lui avoir éclaté la poitrine. Le corbeau eut le temps de l’avaler avant que Rodrigue ne les chasse du corps de son fils. C’était encore pire que dans ses cauchemars !
« Glenn ! Argh !
Une de ses mains lui empoigna la gorge avec les doigts qui lui restaient, une voix semblable à un gargouillis de sang grondant dans ses oreilles.
– Je ne te pardonnerais jamais… tu n’as pas empêché Lambert de faire des conneries… je suis mort par ta faute… c’est ta faute…
– Je… j’ai essayé… Glenn…
– En plus, t’a abandonné Félix et tu lui as fait du mal… grogna-t-il alors que les os s’enfonçaient de plus en plus dans sa gorge. Je te le pardonnerais encore moins…
– Je ne voulais pas… j’ai essayé… j’ai fait une énorme erreur… je sais…
– Non seulement une erreur… des doigts froids s’enroulèrent dans les siens, tirant sur son alliance. Mais tu as aussi trahi ta promesse… tu m’avais promis Rodrigue ! Tu m’avais promis qu’ils seraient aussi heureux que moi ! Tu lui as même donné mon nom pour me le jurer ! Et regardes où ils en sont !
– Félicia ! Je…
– Tu croyais quoi ? Demanda sa propre voix en enlaçant ses épaules. Il n’est même pas capable de tenir celle qu’il se fait à lui-même. Il n’allait pas tenir celle envers les autres. On était censé être toujours ensemble je te signale !
– Al… non… non… c’est un cauchemar… » se força-t-il à réaliser. « C’est un cauchemar… c’est la fièvre… Alix ne dirait jamais ça ! Je le sais ! Félicia et Glenn aussi !
– Tu es sûr d’encore assez nous connaitre pour en être certain ? Demandèrent-ils en chœur, se serrant de plus en plus près de lui, l’étouffant dans leur étreinte.
– J’en suis sûr ! Malgré tout, je pourrais toujours reconnaitre mon propre jumeau ! Même si le monde s’effondrait, ça resterait gravé en nous que nous sommes identiques ! Alix ne… non ! Félix ! Félix !
Son cadet venait de réapparaitre, lui tournant le dos, ses cheveux remontés en chignon dévoilant son dos nu. Sa marque, l’emblème de leur famille, le recouvrait entièrement, gravé à l’intérieur de lui mais au lieu d’écailles sarcelles, elle était faite de brûlures noires et violacées… il marchait au bord du lac, comme il l’avait fait mille fois, les pieds dans l’eau… des petites lumières pourpres et visqueuses glissaient devant lui… lui montraient le chemin vers les profondeurs… Non ! Non ! Ne les suis pas ! …
– …Félix ! Ne les suis surtout pas ! S’écria-t-il en se débattant pour se libérer de leur étreinte. C’est des feux follets ! Les feux de la mort ! Ils vont te noyer ! Félix !
Les flammèches hantées se mirent à se moquer de lui, guidant son fils vers l’eau. Rodrigue savait qu’il était un excellent nageur mais, face à un feu follet, la fascination pouvait faire oublier jusqu’à comment respirer… il ne fallait surtout pas qu’il le suive ! Il fallait qu’il le rejoigne ! Qu’il l’empêche d’avancer ! Le tirer loin de l’eau ! Comme l’avait fait Aliénor ! Il devait le tirer de là !
– Tu n’es jamais arrivé à le suivre ou à le rejoindre à temps… susurra Glenn en enfonçant encore plus ses doigts dévorés dans sa gorge. Qu’est-ce qui te fait croire que t’y arrivera cette fois ?
– Lâchez-moi ! Vous n’êtes pas réel ! Félix ! Félix !
Son fils lui jeta un coup d’œil avant de reprendre sa route, refusant de l’entendre… même là, ils n’y arrivaient pas…
Les ombres grandissaient, s’étalaient de partout à part sur la surface du lac, brillant à la lumière de la Lune et des feux follets qui riaient de plus en plus fort. Des lames sortirent de l’ombre avec des masques, ceux des médecins de la peste, grouillant comme des rats dans l’obscurité, prêt à lui sauter dans le dos. Il fallait absolument qu’il se libère ! Félix ! Il fallait qu’ils le lâchent !
– Félix ! Félix ! Attention ! Derrière toi !
L’emblème brûlé se mit à saigner.
L’écarlate recouvra sa peau si pale, comblant les trous là où elle n’était pas calcinée. Félix allait mourir exsangue si ça continuait ! Félix ! Lâchez-moi ! Il devait le soigner !
– Félix ! S’écria-t-il en réussissant à se débarrasser de l’emprise de celui qui se faisait passer pour son jumeau. Félix !
Rodrigue essaya de le guérir mais, ça ne fonctionna pas, la magie ne venait pas dans ses mains, faisant ricaner tous les cauchemars présents, le sang et les brûlures maudites dévoreuses de cœur.
Une silhouette se forma et s’enroula autour de son fils alors que ses traits se précisait. Ses contours d’eau se précisait, son interminable tresse s’échappant de son chignon pour entourer le benjamin de leur famille à qui il ressemblait tant… encore plus maintenant… ses yeux bleus en amande ancrés sur lui, rempli de reproche, alors qu’il serrait de plus en plus Félix près de lui, ses mains palmées sur sa tête et son dos, les mages noirs se rapprochant de plus en plus, leur masque se tordant pour sourire cruellement.
– Fraldarius !
Par pitié ! Sauve-le !
– Protège-le de ces mages !
Comme tu l’as déjà fait !
– Comme tu l’as toujours fait !
Mieux que je ne le fais !
– Ne les laisses pas tuer Félix aussi !
Ils se rapprochent ! Ils sont armés !
– Félix ! Attention !
Félix ! Prenez mon sang si vous voulez ! Mais pas le sien !
– Ne le touchez pas ! Ne lui faites pas de mal !
Pas Félix ! Pas lui ! Pas lui aussi ! Félix !
– Félix !
« Le petit bateau flotte sur le lac bleu azur…
Son fond est tout plat, sans fioritures…
Tu te demandes s’ils ont des jambes…
Je te réponds alors en riant,
Tu te demandes s’ils ont des jambes…
Ils ne pourraient nager sans. »
Tout se figea alors que des notes maladroites et hésitantes arrivaient… il serait incapable de dire d’où elle venait… elles comme celles qui suivirent…
« Au clair de la lune, le vent chante
Tu pleures dans cette forêt de cendres,
Les nuages vont alors tous descendre,
Pour que plus jamais, le mal te hante
Au clair de la lune, les loups murmurent,
Sans un bruit, ils s’approchent de tes blessures,
Ils t’entourent, te réchauffent avec leur fourrure,
Cette protection douce, elle te rassure.
Au clair de la lune, la forêt te protègera toujours ici,
Aux hurlements des loups, la brise te réconforte
Tous pansent tes blessures et au loin les emporte,
Dans leur rassurante étreinte, enfin tu t’endors guéri. »
Tout craqua autour de lui, le mauvais rêve se fendillant de toute part, comme un œuf sous les efforts du poussin à l’intérieur voulant connaitre le monde, comme si les toutes petites notes avaient autant de force qu’un géant. À chaque nouveau son, c’était une nouvelle fêlure… à chaque mot, c’était une partie du cauchemar qui tombait en morceau… laissant de plus en plus passer la lumière à travers la coquille…
« Je pars ce matin avec les chants des laudes,
Mes pieds vont d’un côté,
Mais mon cœur reste figé
Il reste ici dans vos petites mains chaudes
Ne pleurez pas mes tous petits,
Je reviendrais sans être meurtri
Je pars à reculons, je pars sans jamais vous oublier
Je pars en ce jour en pensant toujours à vous,
Je parcours toujours ce chemin mais, je l’avoue,
Je vous voie derrière moi et souhaite m’en retourner.
Ne pleurez pas mes tous petits,
Je reviendrais sans être meurtri
Je vous promets de revenir un soir,
Je reviendrais à vous un jour,
Cette promesse de velours
Je ne la laisserais jamais choir,
Ne pleurez pas mes tous petits,
Je reviendrais sans être meurtri
Et quand nous nous serons retrouvés
Ce sera pour ne plus jamais se lâcher. »
Comme les vagues effaçant les pas dans le sable, le flot du chant maladroit balaya toutes les illusions, le laissant en paix dans un espace flou, alors qu’une bande de tissu frais était posé sur son front et ses yeux. Rodrigue savait qui s’était… il était incapable de reconnaitre sa voix, trop déformé par le cauchemar et le temps mais, c’était forcément lui… un chant de l’armée… quelqu’un qui chantait pour l’apaiser… son dernier chant… ça ne pouvait être que…
« Papa… »
Félix sursauta en entendant la voix de Rodrigue. Il le veillait depuis un moment et à part quelques gémissements où il l’appelait, il n’avait pas eu d’autres crises de spasmes comme tout à l’heure. Enfin… il disait ça mais, c’était clair qu’il faisait un autre cauchemar et que la seule raison pour laquelle il ne se réveillait pas, c’était que la fatigue était plus forte. La déesse savait ce qu’il voyait…
Même s’il ne l’admettrait jamais à voix haute, le jeune homme s’était mis à l’imiter… faisait la même chose que son père quand Glenn ou lui était malade et qu’ils étaient petits. Il restait autant qu’il pouvait avec eux, les tenaient quand ça faisait trop mal et chantait pour les apaiser. Ça marchait toujours… surtout avec ces maudites brûlures. Les jumeaux avaient toujours eu une belle voix, fluide et claire, qui s’élevait facilement, parfaite pour chanter des hymnes religieux ou des berceuses… celle de Glenn aussi sonnait très juste en plus énergique… celle de Félix par contre était beaucoup plus craquante, sonnait souvent faux et il avait du mal à se synchroniser avec les autres… un héritage tardif de sa grand-mère Aliénor qui chantait très mal, surtout comparée à son mari, connu pour chantonner tout le temps. Enfin, quand il était seul, ça pouvait passer et pour une fois, il n’avait pas fait trop de fausse note… ne sachant pas trop quoi chanter, et n’ayant clairement pas autant d’inspiration qu’Annette ou Rodrigue pour improviser, ou la voix pour le faire, le jeune homme avait repris des chansons qu’il connaissait : une comptine entendue mille fois, un cantique rassurant promettant guérison et protection, une chanson de l’armée, un dernier souvenir de leur père que les jumeaux fredonnaient souvent. Même s’il n’aimait pas ce chant militaire qui était juste un ramassis de mensonge, cela semblait mieux que le silence. Il préférait ce dernier d’habitude, sauf dans ce genre de situation où le bruit était bien moins angoissant.
Mais Félix ne pensait pas que son père comprendrait ce qu’il disait ! Ni qu’il le prendrait pour Guillaume ! Comment il était censé gérer ça ?! Il aurait eu les yeux découverts, Félix aurait accusé sa natte – il n’avait pas pris le temps la peine de les remonter en chignon, et ça tirait moins, son bandage était déjà assez gênant – d’être la responsable de la confusion à cause de sa vue surement trouble. Mais il devait se rendre à l’évidence, Rodrigue l’avait reconnu à la voix, ou plutôt à la chanson. Aucune chance qu’il se souvienne de la voix de son père.
– Papa… gémit encore Rodrigue. Papa… est-ce que c’est toi ? Papa…
Il avait l’air à moitié désespéré, et l’autre moitié soulagé, sa main tremblant dans sa direction… son vieux était toujours incompréhensible pour quelqu’un d’autre qu’Alix ! Il était censé gérer ça comment ?!
– Ne t’agite pas, t’es déjà épuisé, grogna-t-il en appuyant peu plus le chiffon sur sa tête, il en avait besoin pour refroidir un peu avec une fièvre pareille. Que de la fatigue… tu parles ! Qu’il ait choppé une grippe que ça ne m’étonnerait pas ! Faut toujours les surveiller ces deux-là !
– C’est toi… soupira de soulagement son père en l’entendant. Tu m’as manqué…
– Tu m’étonnes… » marmonna-t-il. Au moins, ça confirmait qu’il était réveillé et plus ou moins conscient, c’était déjà ça.
« Je suis désolé de te faire honte…
Félix allait lui dire d’arrêter de s’excuser quand il tiqua. Pourquoi Rodrigue disait qu’il faisait honte à Guillaume ? La fièvre et la fatigue n’aidaient clairement pas mais, ce n’était sans doute pas sorti de nulle part. Il demanda alors, à peu près sûr qu’il n’aurait pas des mensonges en réponses dans l’état où il était.
– Pourquoi tu lui ferais honte ?
– J’ai échoué… j’ai échoué de partout… je ne suis pas arrivé à convaincre Lambert de ne pas aller en Duscur… deux mois pour tout préparer… ce n’était pas suffisant… on n’a pas eu le temps… toi, tu aurais pu l’arrêter… c'est notre boulot de l'empêcher de faire des conneries... c'est toi qui le disait... résultat, ça l’a tué et surtout… ça a tué Glenn… et ça a tué tant de gens… trop… même Nicola… alors qu’il était aussi fort que toi… c’était un vrai bain de sang… j’ai trahi ma promesse envers Félicia… je lui avais promis de les protéger… qu’ils soient heureux… comme elle… et j’ai tout gâché avec Félix… je ne suis pas arrivé à le protéger… je ne lui ai fait que du mal… je ne voulais pas… j’étais triste… j’étais épuisé… j’avais peur… j’avais peur pour sa vie… j’ai lâché les mots de Ludovic… ils me tenaient à peu près entier avec lui mais, je savais que je n’aurais pas dû lui dire… puis j’ai encore plus tout gâché en ne le croyant pas… je savais qu’il était honnête, même si je ne voie toujours pas ce phacochère… je sais qu’il était honnête mais, je n’arrive pas à le croire… j’ai encore plus tout gâché… je ne sais même pas comment faire pour lui dire… j’ai… j’ai si peur de le perdre… c’est arrivé si souvent… je ne veux pas le perdre alors qu’il est encore vivant…
Il gémit encore plus faiblement que le reste, la voix remplie de désespoir malgré la fatigue. Le jeune homme était sûr qu’il était sur le point de pleurer à nouveau…
– Je ne sais plus quoi faire…
Félix était complètement perdu. Il ne savait pas si Rodrigue était conscient de ce qu’il disait en croyant parler à son père, ou s’il délirait à nouveau à cause de la fièvre mais, sans spasme cette fois. Il n’osait même pas enlever le linge sur sa figure, de croiser des yeux aussi lucides qu’ils pouvaient l’être dans la fièvre plutôt que des paupières fermées et juste des mots débités au hasard dans un délire… il n’avait pas envie de savoir… le jeune homme refusait d’admettre qu’il avait peur de savoir…
Il essaya de récapituler ce que son vieux avait dit pour s’y retrouver. Il avait commencé sur le fait qu’il n’était pas arrivé à empêcher Lambert à aller en Duscur… bon, c’était vrai, même s’il avait essayé de le nier après coup…
Son père et son oncle effondrés… Glenn en colère… Nicola affligé… tout le monde qui courre partout pour tout préparer… le nombre de jour avant ce qui semblait être la fin du monde compté avec appréhension… tout le monde de perdu… les « deux mois » et les « pas assez de temps » sur toute les lèvres… son père qui s’effondre en pleurs après une discussion avec Lambert… son oncle qui revient avec un poing en sang et avoue s’être retenu de frapper leur ami qu’il traitait à présent de connard… Estelle, Bernard et une bonne partie de leurs hommes qui ne cachaient plus tout le mépris qu’ils ressentaient à l’égard du roi… Glenn qui le cache devant eux mais l’hostilité qui émanait toujours de lui, les « chien idiot » qui lui échappaient de temps en temps quand il parlait du roi… … … lui-même qui va disputer Lambert pour avoir fait pleurer son père et l’inquiéter à ce point, de pousser les jumeaux jusqu’à l’épuisement… son grand frère qui souffle qu’il rentrera bientôt définitivement à la maison, avouant à mi-mot qu’il abandonnait son rôle de chevalier du roi… son père qui semble plus que soulager à cela… les débats pour savoir qui des trois sera envoyé à Duscur… Glenn qui insiste pour que ce soit lui qui aille protéger Dimitri, afin qu’en cas de problème, Faerghus ait toujours une tête… que lui ait toujours… un père… le visage mortifié de tout le monde quand le convoi part pour l’abattoir… comme si le glas était déjà sonné pour tout le monde avant même que le sifflement des épées ne brise le silence de mort…
Ensuite, il avait parlé de sa promesse envers Félicia de les protéger et qu’ils soient heureux… échec total sur toute la ligne, effectivement… c’était dur d’échouer encore plus… mais une petite voix étranglée et noyée au fond de son esprit lui rappela les mots d’Alix, quelques heures auparavant… « elle ne pouvait pas deviner que vous alliez finir dans la pire des situations », « personne ne pouvait prévoir que ça allait tourner comme ça ». Bon, s’il avait bien compris, pas si imprévisible que ça pour Duscur mais, il était forcé d’admettre que Félicia n’aurait jamais pu imaginer tout ça… c’était une inconsciente de première, avec sa propre maladie en particulier alors, pour les autres, Félix n’osait même pas imaginer… mais ça n’empêchait pas l’échec total pour tenir sa promesse…
« Tu es en vie… tu es en vie… »
Il n’arriva pas à chasser ses mots de sa tête, même en faisant hurler tous ses reproches. Rodrigue venait d’avouer qu’il avait menti, et même s’il avait peur de le perdre, qu’il n’aurait jamais dû parler de Glenn ainsi, dire ce qu’il appelait « les mots de Ludovic » auxquels il penserait après, il s’entêtait quand même à ne pas le croire alors qu’il savait que le jeune homme disait la vérité…
Sa main lui faisait encore mal… brulait… il sentait encore ses ongles rentrés dans sa chair, ses articulations se tendre au maximum pour former un poing serré… la lumière de son emblème enflammant ses veines à cause de sa rage… le bruit de l’os qui craque… pas les siens… malgré la douleur, il n’avait rien…
Il avait frappé son père en plein visage…
Félix n’avait pas réfléchi… crut sur l’instant qu’il se sentirait mieux après… qu’il le méritait…
Il n’en fut rien… il se sentait encore plus mal qu’avant…
Le jeune homme essaya de se persuader qu’il n’avait rien à se reprocher, que son vieux méritait ce coup de poing… il n’arrêtait pas de mentir, il le méritait… il lui mentait même s’il le croyait, tout ça pour ne pas voir que son fils préféré était un phacochère assoiffé de sang… son emblème était intervenu quand il l’avait frappé… c’était un signe non ? Ça voulait dire qu’il avait bien fait ? Il ne croyait pas assez pour savoir…
Sa marque le lançait dans son dos… le picotait de partout en répétant qu’il s’était mal comporté… de faire demi-tour, de retourner voir son vieux et de s’excuser… ça recommençait… dès qu’il disait la vérité en jurant haïr son père, sa marque semblait dire qu’il mentait… c’était la seule interprétation possible de son énergie qui se diffusait ainsi dans son corps… il avait beau tenté de l’ignorer et de la faire taire mais, elle revenait toujours à la charge, son énergie insupportable tellement elle était rassurante et trop semblable à celle du pire menteur de leur famille coulant en lui pour le rappeler à l’ordre… la seule chose qui la faisait taire, c’était quand il acceptait de retourner au lac, de plonger, de récupérer des bibelots dans la vase jusqu’au soir puis, de rentrer à la maison pour en discuter avec son père car, soi-disant, il lui manquait… même cette maudite marque mentait tout le temps… ce qu’il ne donnerait pas pour arracher ses écailles pour qu’elles se taisent enfin ! Pourquoi cette marque était restée dans son dos ?!
Une fois rentrée chez lui, il retrouva Alix et se maudit… il n’avait jamais confondu les deux jumeaux, jamais… pas une fois, ils n’avaient pu le tromper… mais là, en voyant le visage de son oncle identique à celui de son père… il faillit… il se rappela Rodrigue… il se rappela ses cernes dû à l’épuisement à force de travailler sans s’arrêter, il se rappela la marque rouge de son poing sur sa joue… se rappela son visage choqué, son corps figé de stupeur… lui qui avait tout fait pour oublier sur le trajet !
Il esquiva alors son oncle, s’enfuit de lui et de son jumeau. Félix fila sur la berge, trouva l’amas de rocher et le ponton de pierre, courut dessus puis plongea tout habillé dans le lac, restant sous la surface là où personne ne pourrait le voir. L’eau était glacée… quelqu’un le verrait, il lui dirait qu’il allait attraper la mort… jamais… l’eau ne lui avait jamais fait de mal… il avait juste besoin de rester au calme à l’intérieur, habitué à rester longtemps sans respirer… noyer encore et encore ces souvenirs, faire taire cette marque et s’obliger à se rappeler qu’il n’avait plus de père depuis deux ans, comme il n’avait plus de frère ni de meilleur ami…
« Tu peux regretter tout ce que tu veux, tu n’en as que pour Dimitri… »
L’épéiste allait lui dire, il voulait le dire, l’envoyer en pleine figure de Rodrigue, tant pis s’il était cruel. Tant pis s’il croyait que c’était Guillaume qui le sermonnait. Tant pis si une des choses qui revenait le plus à propos de lui, c’était qu’il mordait tout le monde sauf ses fils. Que sa famille fût le plus important à ses yeux, qu’il aurait été prêt à tout pour protéger sa meute et ses louveteaux. Tant pis s’il devait lui briser le cœur…
Mais Félix n’y arriva pas. Les mots s’obstinèrent à rester dans sa gorge et à ne pas à tous sortir… seuls trois acceptèrent de passer ses lèvres…
– Tu as Dimitri…
– Hum… c’est vrai que j’aime beaucoup Dimitri… il avait besoin de moi après Duscur… Rufus lui aurait fait du mal… il ne pouvait pas quitter Fhirdiad… ça aurait provoqué une autre émeute… même si j’aurais préféré… surtout après… j’ai bien cru perdre Félix ce jour-là… il a failli se faire éventrer… comme toi… il avait failli mourir comme toi… et même avec les mots de Ludovic… j’avais l’impression de… de devenir fou… je voulais juste le protéger… je ne voulais pas le quitter… mais le chaos… les émeutes… c’était trop dangereux… je ne pensais pas que… je ne voulais pas que… que mon fils reste dans ce coupe-gorge… j’avais peur… sans lui…
– Sans lui quoi ? Le pressa sans le vouloir le jeune homme, les mots allant aussi vite que les poings.
– Je n’aurais pas tenu… sans lui… sans Glenn… après que Félicia… mais Glenn et Alix étaient là… Félix aussi… il était si fort… j’avais l’impression qu’il me répétait… de toujours me battre aussi… même quand il pleurait… le gémissement fut remplacé par un sourire. Il s’est toujours battu… même aux portes de la mort… tu dois être… fier de ton petit-fils…
Le principal concerné allait mordre qu’il le confondait avec Glenn, ce ne serait pas le premier à le faire… même si ça serait la première fois pour Rodrigue… l’habitude de vivre avec son propre reflet surement… c’était tout ce qu’il acceptait comme explication logique… mais il savait que c’était faux, savait que son père ne confondait toujours pas ses fils. Les portes de la mort… il devait parler de la peste… même si les deux frères l’avaient eu, Glenn s’en était vite remis et lui avait failli mourir, trop prématuré pour pouvoir y résister aussi bien… ou alors, il parlait de ces maudites brûlures qui lui avait rongé le cœur… Félix chassa encore plus fort que le reste une conversation avec son grand frère au sujet de sa peste, ou ses souvenirs sur le moment où il avait enfin pu rouvrir les yeux grâce à ce qui était honnêtement un miracle de leur Ancêtre.
« Tu t’accrochais toujours à… »
« Fraldarius chantait… il ressemblait beaucoup et avait la voix de… »
Lui donnant doucement à boire pour se donner une seconde de plus afin de réfléchir, le jeune homme préféra détourner la conversation sur un point qui l’intriguait, se bouchant surement les oreilles dessus.
– Tu parles des mots du roi Ludovic depuis tout à l’heure… c’est quoi ?
– Tu ne le sais pas… tout le monde nous les disait… mais c’est lui qui nous les a dits le premier… ça nous a fait tenir quand… tu es revenu dans ta boite… souffla-t-il alors que le cœur de Félix commençait à battre à toute vitesse, remplissant le silence de la chambre avec son rythme erratique. Ludovic disait que tu… étais mort… comme un vrai chevalier… pour le protéger…
Le monde entier aurait pu voler en éclat à l’instant que Félix aurait été moins ébranlé. C’était comme se prendre un coup d’Épée du Créateur en pleine tête, il avait l’impression qu’on tentait de le couper en deux ! Même ses jambes tremblaient, tellement qu’il fut obligé de s’affaisser au sol, comme un gosse à qui ont tordait le bras pour lui apprendre à ne pas frapper ses camarades… et il était incapable de dire si ça faisait mal ou non… c’était… impossible à décrire… son esprit était trop vide pour le faire…
« Il est mort comme un vrai chevalier »… le roi Ludovic l’avait dit aux jumeaux quand leur père était mort ?! Bordel ! Il n’était même pas au courant ! Le jeune homme savait juste qu’ils adoraient Guillaume, les rares brides de souvenirs qu’ils avaient et connaissait les histoires que le vieux Nicola racontait avant d’être aussi massacré à Duscur mais, c’était tout ! Ils ne parlaient jamais de sa mort ! Et ils continuaient à être aveuglé par la chevalerie ?! Alix moins mais, Rodrigue y croyait dur comme fer alors que ça avait tué son père ! Ça avait tué son père avant même de tuer son fils ! Il était aussi stupide que ça ?!
Non… ils avaient six ans… Félix était bien obligé de s’en souvenir… ça gobait tout à cet âge… si tout le monde leur disait, c’était facile de leur bourrer le crâne avec…
– Merde… gronda-t-il en croisant les bras sur le matelas pour cacher sa figure au monde entier, sentant une énergie qu’il ne prit pas la peine de décrypter se déverser de sa marque. Comment je gère ça ? Tu ne me l’avais jamais dit…
– Dans ta lettre…
Bon, là au moins, il connaissait. Son père lui avait montré deux boites en bois enterré dans le jardin, sous les fleurs de potentilles, une pour Guillaume et l’autre pour Aliénor… elles contenaient des souvenirs d’eux et une lettre… il lui avait dit qu’il les déterrait peut-être un jour avec Alix, peut-être pas mais, il lui avait demandé de ne jamais les rouvrir à leur place. Au moins, ça faisait un truc dont le jeune homme était au courant….
– Ça me faisait… tenir… tous les deux… tu n’étais pas… parti… sans raison… continua-t-il plus faiblement. Même si je ne sais pas… de moi-même… comment tu… aurais réagi… je ne sais plus… maman disait que… tu serais en… en colère… je voulais… le garder pour moi… je ne voulais pas…
– Tu aurais pu me le dire avant… mordit-il malgré tout. Si tu ne voulais pas me le dire, pourquoi tu ne me l’as jamais expliqué ?! Ça n’aurait pas arrangé ton cas mais, ça aurait eu une logique !
– Je voulais lui dire… mais il y avait… tant de chose à faire… des morts dans tous les coins… Nicola mort… Gustave envolé… tout détruit… hacha-t-il de plus en plus difficilement comme s’il allait à nouveau sombrer dans le sommeil. Je l’ai manqué… puis… pas trouvé… l’occasion sans… encore plus gâcher… quand je pouvais lui parler… le lac… puis jamais… j’ai tout gâché… et je l’ai perdu… alors que… papa…
Le jeune homme leva le nez de ses bras en entendant le froissement faible de la couverture, vit la main de son père s’agiter autant qu’il pouvait, comme s’il cherchait quelque chose… sans trop réfléchir, il la prit dans la sienne, tout aussi perdu que Rodrigue devait l’être dans sa fièvre.
– Comment faire… ? Les doigts se serrèrent dans sa paume. Comment faire pour le retrouver… ?
– Qu’est-ce que j’en sais… murmura-t-il si bas que personne n’aurait pu l’entendre.
La main devient un peu plus molle de sommeil. Il aurait pu la repousser que Rodrigue n’aurait surement rien sentit… il semblait dormir comme une souche… après s’être tué à ce point au travail, pas étonnant…
Félix s’accrocha à la grande main, incapable de la lâcher…
******************************************************************
Rodrigue frémit dans son sommeil, sortant doucement des pans de la cape où il avait l’impression d’être. Pourquoi une cape… et pourquoi il était dedans ? Il ne savait plus… c’était juste une impression familière gravé au fond de sa mémoire… Guillaume ? Peut-être… il avait rêvé de lui après tout, peut-être que cela avait fait ressortir de vieilles brides du passé enfouies tout au fond de sa mémoire… comme pour sa dernière chanson… il ne pouvait plus s’en souvenir vraiment…
En entrouvrant les yeux, il vit une silhouette pale et aux cheveux noirs, calme et immobile dans un coin de la pièce, le bruit du fer qu’on entretenait occupant le silence avec quelques notes maladroites, qu’il reconnut tout de suite. Une chanson qui semblait faite pour les éveiller après un long sommeil…
« Sur le lac, le savais-tu ?
Un être a marché dessus.
Dans le lac, le savais-tu ?
Cet être y a respiré en sus.
Cet être sans peur le parcourt,
Pour protéger tout son peuple et son sang,
Le lac, il parcourt à tout bout de champ,
Tout trajet lui semble court.
Un grand bouclier incassable au bras,
Une douce épée brillante dans sa main,
Il est petit mais c’est un défaut bénin,
Dans le lac, jamais il ne sombrera,
Il est fier et têtu, insaisissable comme l’eau
Il s’entraine sans fin, en fait toujours plus,
Tu connais le nom de cet épéiste, ce héros,
Le nom de ce grand sorcier est…
– Fraldarius… Félix…
Le jeune homme redressa la tête de la côte de maille qu’il graissait, croisant le regard de Rodrigue, bien plus lucide qu’il ne l’avait été ces derniers jours. Au moins, il avait l’impression qu’il le regardait vraiment au lieu de fixer le vide.
– T… ta tête va mieux ?
– J’aurais dû parier… Penses à toi pour une fois, le réprimanda-t-il un peu car, il le méritait. Ça fait quatre jours que tu dors quasi sans t’arrêter.
– Quatre jours… alors on est…
– Lundi, oui. Le phacochère, Sylvain et Ingrid sont repartis hier après-midi.
– Mais tu es resté…
– Évidemment. Sinon, Alix se serait aussi évanoui à force de s’occuper de toi. On n’a pas besoin de deux fiévreux. Pierrick n’aurait pas tenu le coup.
– Alix va bien ? S’inquiéta-t-il à sa voix.
– Oui, il reste couché de son côté car, vous avez oublié de dormir ! Comment tu as fait pour te foutre dans un état pareil ?! S’écria-t-il en se rapprochant de lui. Il m’a donné son explication fumeuse, à toi maintenant ! Que je sache si vous êtes aussi stupide l’un que l’autre ?!
– Levée avant le soleil, puis suivre les heures des prières pour ne pas se perdre sans m’arrêter… ma table aurait craqué sous le poids du travail que me laisse Rufus… hein… on a tous les mêmes défauts dans la famille… souffla-t-il en frémissant un peu, surement pour aller retrouver son jumeau.
– Tu parles. Et n’essaye même pas de te lever ! Pierrick t’interdit de quitter ton lit pendant au moins une semaine ! Et repos complet pendant un mois ! Tu t’es évanoui de fatigue je te rappelle ! Tu restes ici jusqu’à nouvel ordre !
– Il faudra qu’on trouve un moyen pour que personne ne donne la clé des coffres à Rufus… il aurait le temps de ruiner le Royaume en alcool et en femmes…
– Alix a dit exactement la même chose. Il fera son travail lui-même pour une fois, ça le changera. On n’est pas des chiens dans la famille. T’es un bon toutou obéissant au lieu d’un loup mais, faut pas exagéré non plus.
Félix mordait comme qu’il pouvait, essayant de cacher ce qu’il pensait autant que possible sous l’agressivité. Cependant, Rodrigue dut voir à travers car, il arriva à rire un peu malgré la fatigue en ajoutant.
– Le digne petit-fils de Guillaume…
– Tu ne t’en souviens même pas toi-même.
– Peut-être… même si j’ai cru qu’il était là… je crois que je lui ai parlé… avoua-t-il vaguement. Je ne sais plus de quoi… juste d’un cauchemar puis, il était là… même s’il doit être réincarné depuis longtemps…
– Vu l’état où tu t’es mis, tu as du te l’imaginer… t’as pas arrêté de parler samedi.
– J’espère juste que je n’ai rien dit de mal…
– Pas grand-chose de cohérent, mentit Félix, son père n’était pas assez réveillé pour le remarquer de toute façon. Faudra que tu me le dises en étant lucide pour que je te crois vraiment.
C’était ce qu’il avait décidé. Les mots de la fièvre ne comptaient pas, c’était juste la fièvre. Son père pouvait bien dire tout et n’importe quoi à cause de ça. Même si pour « les mots de Ludovic », ils étaient vrais… il s’était bien gardé de leur dire ce qui s’était passé quand Sylvain, Ingrid et le phacochère étaient venus les voir, même si à leur tête, ils allaient le faire passer aux aveux une fois qu’il serait rentré à Garreg Mach. Rodrigue hocha autant que possible la tête, tout en fixant le bandage autour de celle du jeune homme qui marmonna en posant une main dessus.
– Ce n’est rien. Juste pour bien maintenir un peu la pommade. Ça n’a rien tranché, le plat de l’épée m’a seulement enfoncé le crâne.
– Fait attention… les blessures à la tête sont les plus vicieuses… lui souffla son père, visiblement inquiet.
– Je te dis que je n’ai rien ! Ça fait deux semaines, ça a pratiquement fini de cicatriser ! Et Manuela m’a déjà remis l’os correctement ! Hum… j’ai pas le droit de m’entrainer jusqu’à la fin de la lune mais sinon, ça va.
– Tant mieux… l’hôpital se moque surement de la charité mais, respecte bien la consigne… tu risquerais d’avoir des séquelles ou de gros maux de tête.
Félix fuit son regard, ne voulant pas admettre que c’était exactement ce qui s’était passé durant le chemin, même s’il l’avait gardé pour lui. Il détourna plutôt la conversation, ne voulant pas continuer dessus et devant bien lui dire.
– Hum. De toute façon, je reste ici jusqu’à la fin de la semaine, histoire que tu appliques tes propres conseils.
Le jeune homme jeta un coup d’œil à son père. Il s’attendait à une réprimande pour sauter une semaine de cours, qu’il devrait rentrer à Garreg Mach, que ce n’était pas raisonnable, qu’il devrait prendre plus au sérieux le côté intellectuel de sa formation et pas seulement le côté physique, qu’il était le prochain duc et qu’il devait apprendre à gérer son fief ou quelque chose du genre…
Cependant, rien de tout cela ne vient. Félix vit juste un petit sourire qu’il ne décrirait pas se dessiner sur le visage encore endormi de son père. Ce dernier souffla avant de fermer à nouveau les yeux et de replonger dans le sommeil.
– Je suis content que tu sois là…
Félix ne répondit pas, se justifiant à lui-même que cela ne servait à rien, Rodrigue ronflait à nouveau… et personne n’avait à savoir quel sentiment cela lui faisait ressentir malgré lui. Il remonta la couverture jusqu’à ces épaules, juste pour ne pas devoir rester plus longtemps car, le vieux avait attrapé une grippe.
Le jeune homme ne quitta pas beaucoup son père de la semaine, à part quand Alix trouvait assez de force pour venir le voir ou parce qu’il lui manquait trop. La Déesse seule savait comment ils restaient séparer aussi longtemps ces deux-là… et comment ils arrivaient à le vivre… surement pas bien… vivement la fin de l’année qu’ils puissent se retrouver plus souvent, ils s’empêcheraient mutuellement de s’épuiser comme ça. Ils mangèrent aussi tous les trois, les jumeaux semblaient retrouver tous leur appétit quand c’était le cas, et assez d’énergie pour qu’Alix propose d’échanger leurs assiettes quand son neveu se retournait, avec les aliments qu’ils n’aimaient pas. Sur certains points, son oncle ne grandirait jamais. Ça faisait aussi rire Rodrigue quand Félix le disputait comme un gamin. Son esprit stupide lui rappela que cela faisait des années qu’il n’avait plus entendu un rire aussi léger de sa part. Il ne trouva pas l’envie de noyer ses souvenirs… surement la fatigue, rien de plus.
Il resta jusqu’à dimanche midi, puis repartit pour Garreg Mach et effectivement, dès qu’il remit le pied au monastère, les trois pires amis d’enfance de l’Histoire de Fodlan lui firent passer un véritable interrogatoire. Félix ne voulait rien dire mais, en voyant ses mines de chiens battus ou sévère, il leur avoua ce que lui avait dit Rodrigue en croyant parler à Guillaume. L’épéiste ne pouvait même pas passer sur les moments où il parlait du phacochère, ils savaient tous quand il leur cachait quelque chose.
« …Ne vous étonnez pas si je deviens aussi sympathique qu’Alix avec Gilbert, grommela-t-il à la fin, après avoir mentionné qu’avec Gustave qui s’était enfui la queue entre les jambes, ils les avaient laissés à moitié écrasé sous le travail. Je crois que même Rodrigue lui a soufflé dans les bronches si j’ai bien saisi ce qu’ils se racontaient…
– Je crois qu’une bonne partie des personnes de l’administration et des gardes qui étaient contre le massacre sont dans ce cas… marmonna le phacochère, mal à l’aise. Évite simplement de l’être trop ouvertement devant Annette…
– C’est possible d’être énervé quand elle est là maintenant ?
– Enfin, au moins, tu sais pourquoi il a agi ainsi et son état d’esprit. Il le reconnait, il s’en veut, et il ne sait juste plus quoi faire pour tenter de te reparler. Et tu ne me feras pas croire que tu ne veux pas lui reparler aussi, trancha Ingrid.
– À t’écouter, tu lis dans ma tête.
– Que ça te plaise ou non, on n’a juste une quasi-vie ensemble en commun tous les quatre, rétorqua-t-elle. Ça aide un peu pour se lire les uns les autres. En plus, t’étais pas vraiment en bon état après l’avoir entendu.
– Ça, personne ne pourra dire le contraire. T’étais encore plus pale que tu ne l’es et on aurait dit que tu avais vu un fantôme, ajouta Sylvain.
– Hum… c’est la fièvre qui lui a fait dire ça, grogna Félix. Il aurait été lucide, il ne l’aurait jamais dit à voix haute.
– Car tu t’enfuis à chaque fois ? Et tu vas mettre tout ça sur le dos de la fièvre ? S’outragea Ingrid. Pourquoi pas le mensonge pendant que tu y es !
– Il pensait parler à Guillaume, Guillaume qui est mort et réincarné depuis longtemps. Il répondait plus ou moins aux questions mais, il était tout sauf lucide. Rodrigue ne se souvenait même pas de ce qu’il a dit quand il s’est réveillé. Il ne mentait surement pas mais, il ne l’a pas dit volontairement non plus. T’aurais été à ma place, tu ferais la même chose, ait le courage de l’admettre !
Ingrid prit la pique sur elle, puis soupira, visiblement fatiguée.
– Tu es impossible Félix.
– T’es pire. Je ne voie même pas pourquoi vous vous mêlez de ça.
– Car c’était évident que tu n’allais pas bien après l’avoir entendu et qu’on s’inquiète pour toi, déclara Sylvain. Enfin, si tu préfères attendre qu’il te le dise consciemment, ça se comprend. Au moins, tu sais un peu mieux d’où ça vient. Ça ne l’excuse pas mais, au moins, ça explique un peu sa réaction.
L’épéiste garda le silence mais, ne mordit pas non plus. Ça devrait suffire pour qu’ils comprennent, et heureusement, cela suffit. Après encore quelques mots, Ingrid et Sylvain le laissèrent tranquille et le phacochère semblait aussi bien partit pour le faire mais, il resta un peu plus. Il eut un instant de silence bien trop long avant qu’il finisse par hacher, essayant de paraitre timide et prudent comme l’aurait été le vrai Dimitri.
« Je… je sais que j’ai surement une part de responsabilité… Rodrigue ne m’a pas beaucoup lâché après la Tragédie… mais… mais je voudrais te dire que… je crois qu’il pensait tout le temps à toi… il essayait déjà… ou au moins il espérait avoir l’occasion de s’expliquer qui ne casserait pas tout… enfin, pas encore plus…
– Avoue ce à quoi tu penses seulement, qu’on n’y passe pas la nuit.
– Bon. Tu te souviens de notre cachette ? Tu sais, là où on allait tout le temps pour écouter les adultes chantés dans la cathédrale quand on était petit ?
– Ouais… dur à oublier les roustes qu’on se prenait pour aller là-bas. Tout ça pour écouter les grenouilles de bénitiers réciter les prières quand on ne pouvait pas y aller car, on était trop petit et que ce n’était pas notre office. Le rapport ?
– J’y viens. Je m’y rendais encore quand j’étais à Fhirdiad après la Tragédie. Je n’arrivais pas à dormir alors, j’y allais pour essayer de me calmer et trouver le sommeil…
– Je sais, tu nous réveilles à chaque fois avec Sylvain, et c’est toutes les nuits en ce moment. Pour la dernière fois, va voir Manuela ! Ce n’est pas normal de faire autant de cauchemar ! Je critique le vieux mais, t’es pas mieux !
– J’irais la voir mais, écoutes-moi. À chaque fois, j’entendais Rodrigue faire ses prières du soir. Il s’y rendait toujours très tard vu qu’il était débordé en journée. Je l’entendais prier Saint Cichol à chaque fois…
– Rodrigue prie toujours Saint Cichol. Il manipule tellement la breloque qui représente son emblème qu’il faudrait la changer, même s’il ne le fera jamais, ou pas avant qu’elle soit juste tombée toute seule. Où tu veux en venir ?
Les yeux d’ambre de Félix étaient plissés, le défiant de faire le moindre faux pas sous peine de le mordre à la gorge. Il se souvenait encore de la dispute entre leurs pères, quand Arundel l’avait blessé avec cette magie étrange. Il ne s’en rendait pas encore compte car, ils faisaient attention à enterrer la discorde devant eux mais, les nobles à la cour n’arrêtaient pas de dire que finalement, Rodrigue avait les yeux de son père… les yeux d’un loup féroce, toujours prêt à mordre tout ce qui s’approchait trop près de sa meute… et que Guillaume aurait été encore en vie, il ne se serait pas contenté de se retirer dans son fief avec sa famille pour marquer sa fureur… même si la couleur venait de sa mère, la forme était bien celle de toute sa famille paternelle… même si l’épéiste le nierait, c’était un Fraldarius jusqu’au plus profond de son sang… une famille qui avait choisi un loup pour blason…
Dimitri ne devait pas trembler ou faire de faux pas… il n’avait pas peur mais, à la moindre occasion, Félix le chasserait et se refermerait complètement, quitte à lui arracher la gorge pour le repousser. Après tout, les loups pouvaient tuer un sanglier alors, un phacochère, surement aussi…
– Et bien, la plupart du temps, quand il s’adressait au Père, ce n’était pas pour moi qu’il priait, ni pour mon père. Je crois… si je comprenais bien ses prières, je crois qu’il priait pour toi…
– Qu’est-ce que tu en sais ? Rétorqua-t-il. Le vieux est comme Annette avec ses chansons, il brode toujours ses prières. Il reprend la structure mais, il invente les paroles pour que ça colle mieux, et à moins de s’appeler Alix, personne à part la Déesse ne peut savoir ce qu’il avait dans la tête.
– Ce n’est pas faux, surtout qu’elles peuvent être assez cryptique pour toute personne qui n’est pas Alix… mais je suis sûr que c’est de toi dont il parlait. Moi, je n’ai jamais été bien loin, ou il ne parlerait pas d’avoir « perdu » quelqu’un, et pour les prières aux morts, il invoque toujours leurs noms.
– Car c’est comme ça qu’on prie pour les morts, rétorqua-t-il, clairement sur la défensive.
– Oui… mais dans ses prières, il demandait toujours à retrouver quelqu’un… il priait pour retrouver quelqu’un… il demandait à Cichol le Père de l’aider à retrouver quelqu’un et à réparer ses erreurs, car il était dans la même situation que lui…
Félix détourna le regard à ses mots, soit sa manière de nier quelque chose, même quand il savait que c’était vrai… surtout quand il savait que c’était vrai. Dimitri n’oserait plus lui dire en face mais, c’était un tic qu’il avait pris de Rodrigue. Quand son père niait quelque chose qu’il ne pouvait pas accepter, il fermait souvent les yeux ou les détournait pour rompre le contact visuel, comme son fils…
« Tu lui ressembles plus que tu ne le penses… »
#papa#fe3h#route cf + divergente canon#écriture de curieuse#merci beaucoup d'avoir tout lu !#Déesse ! J'ai oublié de mettre les tag !#désolé il est tard et je me lève tôt#faut vraiment que j'arrête de publier à 22h en me levant à 5h30 j'ai même oublié de tagguer Ladyniniane !#et j'ai pas grand chose à dire... à part que j'espère que ce chapitre reste compréhensible malgré toutes les références...#Félix était très collé à son père quand il était petit#dans ma version de l'histoire en tout cas où vraiment c'est tout le temps et il adore sa famille !#Avant... le grand gâchis qu'est Duscur... maudite tragédie...#sans ça la meute Fraldarius serait toujours très unie#et Félix aime toujours son père même s'il ne l'assume pas et s'inquiète beaucoup pour lui (au courant de ce que dit /fait Rufus)#il va finir par l'admettre promis#mais apprendre d'où vient LA phrase lui donne un gros coup de pied et le force un peu à se mettre à la place de son père#pour réfléchir un peu à ce qui s'est passé ces jours-là et finir par admettre (même si là il n'est pas encore prêt)#mais ça ne va pas tarder jurer#en tout cas j'espère que ça vous aura plu ! merci encore !
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J'avais écrit "moments oubliés", des petits passages qui je trouve auraient été super à voir sur le jeu. J'avais écrit d'autres choses et je suis toujours motivée en attendant le mariage. Voici un nouveau bout de "moments oubliés " qui suit directement la première partie. Merci à vous qui me lisez et si vous avez des retours à me faire, que vous ayez aimé mon histoire ou non, n'hésitez pas ! (Désolée s'il y a quelques coquilles, j'écris sur mon tel et le correcteur de Notes me fait de drôles de corrections)
Moments oubliés (part 2) POV Nath
Le Cosy Bear est rempli quand j'arrive. Nina s'active dans tous les sens. Ce n'est pourtant pas l'heure du rush. J'imagine que c'est plutôt bon signe. Je rentre dans le café et Su' est également en train de s'occuper de plusieurs personnes à la fois. Elle file jusqu'à la machine à café et je la suis discrètement. Elle prépare 3 cafés tout en parlant avec une jeune femme d'une exposition. Elles échangent leurs coordonnées et Su' repart apporter les cafés à ses clients. J'avoue m'amuser un peu à la regarder dans son élément. Elle sourit et met toute son énergie dans ce qu'elle fait. Je suis heureux qu'elle soit épanouie dans son travail.
Elle finit par me remarquer et ouvre de grands yeux.
- Nath! Je ne m'attendais pas à te voir si tôt !
- J'ai réussi à m'extirper du commissariat plus tôt que prévu alors je me suis dit que j'allais venir voir ma charmante fiancée mais visiblement je tombe mal.
- Je suis un peu occupée oui mais... installe-toi au comptoir, je vais te servir quelque chose.
Elle sort de la cuisine avec un plateau rempli de bonnes choses à manger.
- Je parie que tu n'avais pas encore mangé ! Tu me diras si ça te plaît. J'espère pouvoir me libérer d'ici une petite heure.
Elle m'embrasse rapidement et repart aussitôt s'occuper de nouveaux clients. Je prends un petit moment pour observer la clientèle. Il y a des familles, des étudiants, des gars en costumes qui travaillent sur leurs ordinateurs portables en prenant leur café, des petits groupes de filles... apparemment le café plaît à tout le monde. Certaines personnes s'attardent sur les tableaux exposés, d'autres sur les vitrines remplies de gâteaux colorés. Je ne me souviens pas avoir vu le café si rempli quand on venait à l'époque du lycée. Je ressens une grande fierté à l'idée que Su' ait pu transformer cet endroit à son image.
Je finis mon repas et Su' réapparaît avec un café. Elle me sourit mais je sens qu'il y a quelque chose qu'elle souhaiterait me dire.
- Tout se passe bien?
- Oui oui, encore une journée bien remplie mais tout se passe super bien.
Je ne la quitte pas des yeux, attendant qu'elle me dise ce qui la chiffonne. Elle semble chercher ses mots. Elle sait que j'ai compris qu'elle a quelque chose à me dire.
- Hum... j'ai reçu un message de ma mère. Elle m'a dit qu'elle et mon père ont pas mal de choses à faire et qu'ils ne pourront venir nous voir que d'ici un mois... mais...
Elle me fixe et se mord la lèvre.
- J'aimerais les appeler en visio pour leur dire... pour leur annoncer...
Elle me montre sa main gauche où une certaine bague devrait se trouver.
- J'aimerais mettre tout le monde au courant mais je voudrais que mes parents soient dans les premiers informés. Bien sûr j'aurais préféré qu'ils puissent être là pour leur dire en face mais bon...
- On fait ça ce soir ?
- Oh... et bien si tu es d'accord... oui...
Je lui fais un clin d'œil et elle me sourit. Une fois que tous nos proches seront au courant que nous allons nous marier l'année prochaine, les choses sérieuses vont vraiment commencer.
Le soir venu, je dois m'empêcher de rigoler doucement devant ma fiancée qui s'est transformée en pile électrique, guettant le moment où ses parents vont appeler. Elle a vérifié la connexion sur son ordinateur une dizaine de fois.
Je la prends par la main et on s'installe sur le canapé. Blanche arrive une seconde plus tard.
- Blanche, tu veux parler à mes parents aussi? Tu veux partager la bonne nouvelle ? Malheureusement je ne suis pas sûre que nous puissions avoir des croquettes pour chat au menu pour notre grand jour.
Blanche se contente de s'étirer avant de se mettre en boule sur mes genoux.
- Ma mère devrait lancer l'appel d'ici quelques minutes... au fait Nath... tu as des nouvelles de ta soeur?
- Elle est toujours en voyage.
- Et?
- Hum? Oh tu veux savoir quand est-ce que je vais lui dire? Je vais essayer de savoir quand elle passera dans le coin pour qu'elle prépare son agenda. On dirait une vraie business woman !
Su' pose ses yeux sur le calendrier dans un coin du salon.
- Il faut vraiment qu'on fixe une date...
- Une fois qu'on aura mis nos proches au courant, on essaiera de voir ce qu'ils en pensent. Et on se mettra d'accord.
Notre discussion est interrompue par la sonnerie de l'application de visio. Belle-maman est pile à l'heure. Su' lance la caméra et répond à l'appel. L'image de ses parents apparaît sur l'écran.
- Bonsoir vous deux! Ça fait plaisir de vous voir! On devrait faire ce genre d'appels plus souvent! J'étais étonnée que tu nous proposes cet appel d'ailleurs, Su'... tout ça bien dans vos vies professionnelles ?
Nous avons à peine le temps de les saluer que les questions fusent...
- Maman, papa, tout va bien ne vous en faites pas! Côté boulot on gère ! Et si on a voulu vous parler ce soir... c'est pour partager une très bonne nouvelle avec vous.
- Oh... on vous écoute...
Un petit silence s'installe et je vois bien que les parents de Su' sont en train de retenir leur souffle, attendant une grande nouvelle. Ils vont être servis... Su' me regarde, m'encourageant à prendre la parole en premier.
- Lucia, Philippe, j'ai la chance d'avoir Su' à mes côtés depuis un petit nombre d'années maintenant et nous allons officialiser notre relation l'année prochaine.
OK j'avoue je n'avais pas réfléchi à comment annoncer la chose. En tout cas mes futurs beaux-parents sont figés sur l'écran, comme si la connexion avait été interrompue.
- Maman, papa, on va se marier !!!!
Su' montre la bague qu'elle s'était empressée de porter sitôt rentrée à la maison après le travail. Ses parents ouvrent grands leurs yeux et c'est son père qui parvient à trouver ses mots en premier même s'il paraît ému.
- Je... nous... nous sommes ravis pour vous, c'est une excellente nouvelle.
- Mais qu'est-ce que tu racontes Philippe, c'est la nouvelle du siècle tu veux dire, notre Su' va se marier!
Lucia paraît presque sur le point de pleurer et elle se met à parler à toute allure de l'aide qu'elle souhaite nous apporter et son excitation est telle qu'elle ressemble un peu à sa sœur Agatha. C'est drôle et attendrissant à voir.
- Maman, respire, calme-toi. Maintenant que vous êtes au courant, on va l'annoncer à tout le monde et on va lancer les préparatifs. On espère arrêter une date bientôt.
- Oh Philippe tu es sûr que nous ne pouvons pas prendre la route de suite pour aller les voir?
Philippe soupire lourdement.
- Je suis vraiment navré, j'aurais voulu être disponible mais j'ai encore quelques semaines de travail sous tension et...
- Je sais mon chéri, c'est juste que... oh et si on faisait comme... ah comment ça se dit déjà... un apero virtuel?
Su' se met à rire. Son père hausse un sourcil interrogateur en regardant sa femme.
- Maman... on peut très bien attendre...
- Tut tut tut... Nathaniel, tu es partant ?
- Je vais chercher une bouteille et des verres.
Je me lève sous le regard amusé de ma fiancée et j'entends sa mère indiquer à Philippe de prendre une bouteille spéciale "grandes occasions". Quelques instants plus tard, nous trinquons à distance.
- A votre santé les enfants ! Surtout ménagez-vous autant que possible, un mariage c'est énormément de travail.
- On sait, maman. Je pense même engager un wedding planner pour être sûre de ne rien laisser au hasard.
- Du coup on va essayer de passer vous voir aussi vite que possible. On vous invitera dans un super restaurant pour fêter ça ! On va arranger nos plannings pour vous aider autant que vous en aurez besoin!
- Merci à vous deux. Ça nous touche beaucoup d'avoir votre soutien.
- C'est normal Nathaniel, on fera en sorte que vous ayez le mariage que vous voulez.
Philippe toussote.
- Il faudrait aussi peut-être... dire à Agatha de ne pas sortir toutes ses robes à froufrous avec des arc-en-ciel.
- Oh Philippe, ne t'en fais pas. Ma sœur a pas mal de contacts donc je suis sûre qu'elle pourra aussi les aider. A sa manière.
- On peut aussi éventuellement vous aider à payer certaines choses.
Lucia lève les yeux au ciel.
- Ne vous inquiétez pas. Il veut juste savoir à quelle hauteur on doit braquer notre banquier.
- Vous avez déjà investi de l'argent dans le Cosy Bear et c'est très gentil de votre part. On aura juste besoin de votre soutien et de vos conseils avisés.
Nous avons parlé une bonne heure au final. Su' s'affale sur le canapé une fois l'appel fini.
- Je me doutais bien que mes parents seraient quasiment en train de faire des bonds... je suis sûre qu'ils vont en parler pendant des heures maintenant.
- Je n'en attendais pas moins d'eux.
Elle se redresse et caresse mon visage.
- Merci d'avoir joué le jeu pour "l'apéro virtuel" et d'avoir laissé ma mère parler pendant tout ce temps.
- Tes parents m'ont accepté il y a longtemps. C'est la moindre des choses que de les laisser exprimer leur joie pour l'occasion.
- Monsieur Carello, seriez-vous vraiment le gendre idéal ?
- J'y travaille depuis que je vous connais ma chère demoiselle... même si je n'ai pas toujours pris le chemin le plus facile pour y arriver.
Son regard est tout ce dont j'ai besoin pour avoir envie de la soulever du canapé pour la porter jusqu'à notre lit.
#my candy love#mcl nathaniel#amour sucre#amour sucre love life#amour sucré#mcl wedding#amour sucré nathaniel
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Photo
Le journal est en vacances mais…
Première parution le 13 décembre 2013 avec une photo du 16 décembre 1976.
Jeudi 16 décembre 1976. L’unique scoop de ma carrière de photographe. Enfin presque…
Dans la série on me faisait faire des reportages qui ne m’intéressaient pas, mais alors vraiment pas, cette journée a est à marquer d’une croix*.
L’agence Sygma m’envoya à la légation de Monaco à Paris où le prince Rainier devait remettre des médailles. J’étais quand même impressionné. Et devant une altesse, j’avais eu très peu de temps pour travailler, alors Je shootais vite cette scène mémorable de dix personnes en costumes cravates entourant le Prince, juste après avoir reçu des médailles. Je rembobinais vite.
Retour à l’agence.
Il y avait un photographe spécialisé dans le people, les gens célèbres. Il gagnait déjà en 1976 des fortunes. j.A avait toujours un cigare à la bouche et n’arrêtait pas de parler de ses « coups impressionnants » et d’argent. Je le trouvais quand même bizarre, tant il était éloigné de ce que j’aimais dans le métier. On ne peut pas dire que le personnage respirait la finesse, mais pour des raisons que je suppute un peu – j’avais toujours dit, au moins au début de ma collaboration avec Sygma, que je souhaitais gagner de l’argent et ensuite repartir voyager à la routarde, comme je l’avais fait plus jeune- J.A m’aimait bien. Il m’appelait Keler, sans le prénom, pourtant presque exclusivement utilisé dans notre profession.
Donc de retour à l’agence de la légation de Monaco, J.A m’aborda.
« Keler, j’ai loupé un gros coup hier soir. Il y avait une répétition au palais des congrès de Rika Zaraï pour son nouveau spectacle qui doit commencer dimanche. Mais elle est fatiguée. Gilles Paquet – le grand manitou du showbiz- m’a dit qu’elle est arrivée en retard pour la répétition, qu’elle a commencée à chanter, et qu’au bout de quelques minutes elle s’est roulée par terre. Crise de nerfs. Il y a une nouvelle répétition ce soir, je ne peux pas y aller. Tu vas me remplacer. Je vais prévenir Gilles. S’il se passe ma même chose qu’hier soir, et si elle se roule par terre, tu ne laisses personne t’empêcher d’aller sur la scène et de photographier. Il va y avoir une attachée de presse avec toi, si elle t’empêche, tu te bats s’il le faut, tu fonces.
Perplexe, j’acceptais** ce qui était en fait un véritable cadeau, et qui valait sans doute beaucoup d’argent à la revente, ce reportage justifiant entre autre le report du concert de la chanteuse.
Le soir, j’étais attendu dans l’immense salle du palais des congrès de la porte Maillot. Il y avait déjà l’orchestre sur scène. J’entrevoyais le grand manitou Gilles Paquet, qui me vit mais m’ignora splendidement. Dans la salle, déjà assise sur un fauteuil, l’attachée de presse, celle qui devrait être l’ultime rempart entre moi et la fortune d’un premier scoop. Elle était sympa. Grande, blonde aux longs cheveux. Elle semblait déjà avoir pas mal d’heures de vol, mais bon. Je m’asseyais à ses côtés.
L’orchestre commença à jouer sans la chanteuse. Quinze minutes, trente minutes. Au bout peut-être de quarante cinq minutes, elle arriva en compagnie de son mari. Elle semblait passablement énervée. Elle monta sur la scène, commença à chanter. Mais on sentait que quelque chose clochait. Au bout de dix minutes, elle craqua, se roula par terre. Je ne savais pas quoi faire, paralysé par ce que je voyais. A ce moment précis, celle qui devait s’interposer tapa sur mon bras du revers de sa main et me dit : « vas-y, vas-y ! » J’y allais. Je me précipitais sur la scène et photographiais la vedette allongée par terre. J’étais venu avec deux appareils. Celui avec lequel je photographiais, muni d’un gros flash attaché par une barrette facilement amovible, et un deuxième boitier, prêt à prendre le relais du premier appareil, celui qui m’avait accompagné quelques heures plus tôt à la légation de Monaco. Au bout de quelques minutes de ce drame du show business, et sans doute après avoir jugé que j’avais rempli mon rôle de photographe, deux personnes vinrent chercher la chanteuse, son mari et une autre blonde bien coiffée, et elles l’emmenèrent en direction de l’ascenseur qui montait vers les loges. Je suivis le mouvement, serein, maintenant que j’étais convaincu d’être le sauveur du spectacle. Le compteur de l’appareil muni du flash affichait 34 vues. J’avais fait 34 photos sur la scène. Pour ne pas être pris de court, je retirais la barrette et le flash que je vissais sur mon second boitier. J’accompagnais tout ce petit monde dans l’ascenseur, puis dans le couloir jusqu’à la porte de la loge, où le mari de Rika me dit très gentiment d’arrêter.
Ma mission terminée, je redescendis dans la grande salle où l’attachée de presse se trouvait encore, assise au même endroit. Je m’asseyais à ses côtés en me disant que plus tard, lorsque j’aurai de la bouteille, je raconterai cette soirée à mes petits enfants. C’était une époque ou j’étais encore optimiste sur mes facultés de réussir à faire une famille. Je pris le premier boitier, celui du scoop, celui où j’avais enregistré cette scène invraisemblable d’une vedette en perdition. Ma voisine me parlait. Je rembobinais mon film. Ca tournait. Ca tournait. Ca tournait. Ca ne s’arrêtait pas de tourner. Une espèce de courant d’air chaud commença à remonter le long de mon corps qui commençait à se décomposer, jusqu’à atteindre mon visage. Ma voisine me parlait toujours. Je ne l’écoutais plus. Je ne pensais plus du tout qu’un jour je raconterai à des hypothétiques petits enfants ce qui s’était passé ce soir là.
Je cru avoir compris : le boitier du scoop était vide. Je l’ouvrais pour constater que je n’étais pas si con que ça. Le boitier était vide. Impressionné par le prince Rainier un peu plus tôt dans l’après midi, j’avais rembobiné vite sans remplacer mon film.
Je me sentais mal. Je pris ma voiture et allais sonner à la porte de ma copine de l’époque. Elle n’ouvrit pas. La bienheureuse dormait.
Je rentrais chez moi. La nuit fut passable.
Le lendemain matin, sur les coups de dix heures, j’allais à l’agence rue des vignes, dans le 16ème. Courageux, je me dirigeais vers le bureau de Monique. A cette époque, elle était l’incontournable prêtresse du show biz et des tournages de films, pour les agences photo. Elle était au téléphone. De l’entrée de son bureau, j’entendais la conversation : « Oui, j’ai vu les photos, oui on la voit se rouler par terre, oui elles sont bien » (les photos). J’ai toujours pensé que dans les situations les plus merdiques, il fallait savoir rester digne. Monique ne faisait que répondre aux descriptions données par son interlocuteur, le grand manitou Gilles paquet. Elle raccrocha.
Moi : « Monique, je ne comprends pas comment c’est possible, mais j’ai perdu un film. Il ne m’en reste qu’un. » Celui qui avait échappé au terrible sort de la famille de Monaco. C’était celui de l’ascenseur et du couloir, celui où les photos n’étaient pas terribles. Ca, je ne lui ai dit pas.
Monique : « Ah bon, c’est embêtant, j’avais justement Gilles paquet au téléphone –j’avais compris- et je lui disais que les photos étaient bonnes ». Puis elle rajouta : « puisque vous avez commencé l’histoire, vous allez la continuer et aller devant sa maison (Rika Zarai ), dans une allée privée du 16ème- et vous allez la photographier lorsque l’ambulance l’emmènera à l’hôpital ».
Devant la maison de Rika zaraï, il y avait deux autres photographes. Le premier travaillait pour Ici Paris, et le second pour France Dimanche. Deux grands journaux d’information! L’ambulance arriva. La chanteuse portée par deux ambulanciers fut amenée dans le véhicule. Nous photographions. J ‘apercevais au loin un homme qui surveillait la scène. C’était Gilles Paquet, l’homme qui m’avait copieusement ignoré la veille, à mon arrivée au palais des congrès, le grand Manitou du Show Biz. L’ambulance s’en alla. C’était finit. Ou presque.
Paquet m’emboita le pas alors que je me dirigeais vers ma voiture, garée non loin. J’accélérais. Il accélérait. « Comment étaient les photos », me demanda-t-il. J’augmentais une nouvelle fois mon allure. Tel un sprinter de compétition, il restait dans ma roue, comme au Vel d’hiv pendant les six jours de Paris. Je finis par lui lâcher un timide « pas mal », puis j’ouvris la porte de mon véhicule sauveur.
Je crois que Monique m’aimait bien. Elle avait essayé plusieurs fois de me confier des reportages. J’avais photographié pour elle deux ou trois tournages de films secondaires, des répétitions de pièces de théâtre. Mais elle a du réaliser assez vite que je n’étais pas un photographe très « glamour ». Je n’ai plus jamais travaillé pour elle.
Mais comment aurais-je pu être « glamour » avec un père qui transformait le nom du compositeur préféré de ma mère, Ludwig Von Beethoven, en « Bitovant » (bite au vent = traduction de l’auteur), au grand désespoir de cette dernière.
*Légende de Sygma : « Au cours de la dernière répétition générale avant sa première au palais des congrès, Rika Zarai s'est écroulée. Elle souffre d'un syndrome neuro dépressif, du à l'absorption de médicaments contre indiqués. Rika a été transportée d'urgence le lendemain matin dans une clinique de Montmorency pour subir des soins intensifs. Son producteur Henri Soumere a retardé le spectacle d'une semaine".
** J’étais surtout dans l’impossibilité de refuser.
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“Le karma est une saloperie...”
Ma participation au deuxième concours de @nayialovecat! Dans les deux langues, bien sûr... Un (immense!) merci à @waruihoshi pour sa correction de la VA, sans elle j’aurais eu trop honte pour participer! C’est vraiment une petite nouvelle, pas la meilleure, mais c’est la première fois que je participe à un concours et surtout pour un texte en anglais. Voilà voila :) (La version anglaise est juste au-dessus.)
Quinze ne méritait pas ça. Il n'était pas une mauvaise... Personne, et d'aussi loin que remontaient ses souvenirs (c'est-à-dire jusqu'au matin précédent), il n'avait rien fait qui justifie qu'il se retrouve ficelé et laissé en patûre au Démon. À part tomber dans un piège, bien sûr. Ce n'était pas juste. Il lui restait encore plusieurs heures à vivre, il ne voulait pas finir comme ça ! Bon, il reviendrait à la vie au prochain cycle, mais depuis quelque temps, ils étaient devenus anormalement longs. Qui sait s'ils ne cesseraient pas tout simplement un jour ? Aujourd'hui, par exemple ? Avec la poisse que se traînait Quinze, s'était tout à fait possible ! Alors quand le Démon lui proposa une chance de survivre, il sauta sur l'occasion. Deux minutes, c'était toujours ça. Quinze ravala sa première impulsion , qui était de s'asseoir par terre pour pleurer et réfléchit tout en faisant mine de négocier avec Bendy. Il devait le surprendre. Faire preuve d'ingéniosité. Pas évident, ça, pour des êtres faits d'encre, de magie noire, de désespoir et de petites habitudes. Mais Quinze n'était pas idiot. Et surtout, il était ami avec John. John qui revenait toujours de chez Sammy avec un sourire béat. Il ne croyait pas une seconde que l'abomination en face de lui était un dieu. Non, c'était un pauvre monstre comme eux tous, mais un monstre avec des crocs, des griffes et un sale appétit. Oui, mais avec une ou deux faiblesses...
- Plus qu'une minute vingt, mon joli petit snack, grinça Bendy d'un ton narquois.
Quinze tressaillit. Et s'élança. Ils n'étaient pas si loin de son but. Et à ce moment-là du cycle, Quinze était pratiquement certain de savoir où le trouver. Il courait aussi vite que possible. Si le Démon était fair-play, il garderait cette forme de grand diable biscornu à la jambe abîmée, ce qui lui laisserait une chance de le battre niveau vitesse. Mais Bendy avait faim... Quinze se força à ne pas penser à ce qui lui arriverait si le Démon prenait sa forme bestiale. Il se cognait aux murs en tournant dans les couloirs, sautait par-dessus les flaques noires qui clapotaient sous le martèlement de ses pieds, se faisait mal aux mains en repoussant les portes... Mais il n'y pensait pas. Tout en fuyant, il essayait de mobiliser tout ce qui lui restait comme persuasion. Il était incapable de dire depuis combien de temps il courait, ou même si Bendy le poursuivait déjà. Et il n'allait pas s'arrêter pour écouter. Sur les murs s'étalaient les slogans de Sammy, ce qui lui confirmait qu'il était sur le bon chemin.
Le chemin qu'ils évitaient tous soigneusement, d'habitude.
Et il tomba sur lui. Littéralement. En ouvrant la porte de la salle de radio, il percuta Sammy et le renversa par terre, emporté par sa vitesse et son soulagement. Avant que l'ex-musicien ne puisse ouvrir la bouche pour l'insulter (et sûrement lui promettre une punition très douloureuse), Quinze inspira profondément, se releva sur les mains pour le regarder dans les yeux - dans le masque plutôt - et brailla avec conviction :
- JE VEUX ME CONVERTIR !
Sammy en resta saisi. C'était la première fois qu'un de ces... Trucs inutiles venaient volontairement vers lui.
- C'est... C'est vrai ? Je veux dire... Bien sûr.
Quinze opina frénétiquement, persuadé d'entendre déjà arriver le Démon.
- Euh... Et bien, nous allons d'abord te parler de notre Seigneur, et...
- NON! Non. Erm, excusez-moi. Trop de foi. S'il vous plaît, cher prophète, pourriez-vous me baptiser tout de suite ? J'en ai BESOIN, vous comprenez ? Ca ne peut pas attendre !
Quinze pouvait voir briller les étoiles dans les yeux de cartons de Sammy. Cette capacité qu'il avait d'animer son masque lui avait toujours fichu la frousse. Mais si ce taré parvenait à lui sauver la vie, il se jurait de... De... D'éviter de se moquer de lui trop souvent avec ces potes. Voilà. Il lui devrait bien ça.
Il se poussa et sauta sur ses jambes, puis tendit la main et releva Sammy. Il le poussa ensuite le plus respectueusement possible dans la salle de radio et ferma la porte. C'était une protection dérisoire contre Bendy, mais peut-être qu'elle lui laisserai quelques secondes de plus ? Il fallait essayer.
Sammy se tenait au milieu de la pièce, les bras ballants. Il semblait complétement dépassé par les événements. Quinze, pressé de sauver sa peau, se jeta à genoux devant lui. Il baissa ensuite la tête et joignit les mains, comme il avait parfois surpris John le faire. Sammy parut sortir de sa stupeur ravie. Il galopa jusqu'au fond de la pièce, farfouilla dans une étagère et revint vers lui d'un pas que Quinze jugea joyeux, même du fond de sa peur. Il planta ensuite des bougies autour de Quinze en formant un cercle, les alluma avec une dextérité née de l'habitude (et de l'ennui aussi). Curieux, Quinze releva un peu la tête. Sammy portait un masque propre, qui arborait un sourire plus large que celui du petit diable lui-même. Il avait dressé derrière lui un grosse représentation de Bendy en carton et il se tenait devant Quinze, les bras levés et une petite coupelle dans la main droite.
- Mon cher... commença Sammy d'une voix puissante.
Il baissa soudain la tête vers son futur adepte, qui frémissait d'impatience et de terreur.
- Tu t'appelles comment ?
- Quinze, cher prophète, répondit Quinze en appuyant sur les derniers mots. Il aurait juré que Sammy se redressa en répétant d'un air incrédule " Cher prophète".
- Mon cher Quinze, j'ai le plaisir de t'accueillir parmi les disciples de notre Seigneur Bendy. Tu as fait un long chemin pour arriver ici...
" Mais très rapidement, crois-moi !" pensa Quinze aigrement.
- ... et nous te rassurons. Tu as fait le bon choix. Une vie pleine de joie et de devoirs t'attend! Tu vas nous...
Quinze n'écoutait pas vraiment. Il dressait l'oreille, en levant intérieurement les yeux au ciel, agacé par la grandiloquence de Sammy. Qui finit enfin par se taire, peut-être à court d'inspiration. L'ex-musicien leva sa coupelle vers le plafond. Puis il la lui versa sur la tête. C'était froid et bizarrement épais. Et ça sentait...
" ... le bacon ? Il est vraiment en train de me baptiser avec de la soupe?"
- Tu fais à présent partie de notre communauté. Nous sommes quand même trois !
Et Quinze l'entendit enfin. Le bruit sourd de lourdes mains griffues sur le plancher. Il essaya de garder son calme. Il lui restait encore une poignée de secondes, alors il fallait tout tenter.
- Prions ! s'exclama-t-il fortement. Il espéra que Sammy prendrait la tension dans sa voix pour une foi nouvelle et vibrante.
Sammy eut l'air si ravi de sa proposition spontanée que Quinze sentit naître un début de culpabilité. Qui disparut bien vite quand il se souvint que son "cher prophète" l'avait précédemment condamné à une mort affreuse.
Frissonnant, il joignit sa voix à celle de Sammy, entonnant avec lui une prière qui lui sembla ridicule, même s'il avait oublié à quoi elles ressemblaient. Il baissait la tête, agenouillé dos à la porte, avec le taré qui récitait joyeusement à côté de lui quand la porte fut arrachée de ses gonds. Il ne bougea pas, priant plus fort, alors que Sammy tournait la tête.
- Mon Seigneur! Quelle heureuse surprise ! J'ai une excellente nouvelle : vous avez de plus en plus de croyants !
Du coin de l'œil, Quinze vit distinctement le grand méchant Démon de l'Encre tressaillir et faire un pas en arrière devant la chaleur de l'accueil du fanatique masqué. Il passa seulement sa grosse tête cornue par l'encadrement de la porte.
- J'avais oublié que t'étais là, Sally.
- ... Sammy, Seigneur.
- Oui, c'est ce que j'ai dit, répliqua Bendy de sa voix grave et grinçante. Attends... Qu'est-ce que tu me racontes ? Quels croyants ?
- De nouveaux agneaux égarés ouvrent les yeux et viennent pour vous adorer ! C'est magnifique ! Nous allons pouvoir vous honorer comme il se doit. Trois croyants ! Imaginez le nombre d'autels que nous pourrons construire ! - Q... Quoi ?
- Vous serez enfin satisfait ! D'ailleurs, votre présence ici est une preuve. Je n'ai jamais l'honneur de vous voir à ce moment-là du Cycle. D'habitude, je dois vous chercher longtemps, voire me cacher pour vous voir. Mais vous êtes venu de vous-même. Vous avez dû sentir la puissance de notre amour. Alors plus vous nous ferez la joie d'être parmi nous, plus notre foi sera forte !
Quinze continuait à prier distraitement, en disant tout ce qui lui passait par la tête et qui avait l'air un peu religieux, mais en ne ratant pas une miette de ce qui se passait près de lui:
- Et nous vous remercions, O Encre Noire, pour tous ces merveilleux films que vous avez faits. Pour la solidité de leur pellicule, qui nous permets de continuer à vous admirer... Ainsi que pour, euh... Le mobilier... Non... Pour la soupe au bacon. Oui, ça par contre, c'est vraiment un miracle qu'on en trouve encore !
Il vit Bendy lui jeter un coup d'œil plein d'envie, avant de reporter rapidement son attention sur Sammy, illuminé de bonheur, qui avançait vers lui les bras grands ouverts. Le Démon de l'Encre eut l'air d'avoir peur de ce qu'il avait l'intention de faire et recula encore comme un grand chat nerveux.
- C'est pas la peine, vraiment... grommela Bendy.
Sammy approchait toujours, l'air terriblement affectueux, et le Démon fit carrément volte-face pour partir à toutes jambes dans le couloir. Le prophète baissa les bras lentement, la déception inscrite sur son masque en carton. Puis il se tourna vers Quinze, qui en avait profité pour se relever et qui ne pouvait contenir son sourire. Il était vivant ! Il avait échappé à Bendy! C'était un merveilleux, un magnifique cyc...
- Bien! Visiblement, notre seigneur, submergé de joie, a dû partir. Nous devons maintenant nous montrer digne de sa confiance ! Je vais t'apprendre les slogans que nous allons peindre sur les murs, et te montrer comment faire des autels. Mais je pense que nous allons aussi devoir innover. Nous sommes plus nombreux, donc nous devons faire de nouvelles choses. Nous n'allons plus nous quitter, maintenant, Quinze. Il y a tant à faire !
Quinze sentit son bonheur d'avoir survécu s'éteindre à la perspective de devoir passer tous les cycles suivants à faire des trucs idiots et inutiles, prisonnier d'un fanatique beaucoup trop enthousiasmé par sa foi. Qui parlait beaucoup. Et qui était bien trop dangereusement doué avec une hache pour que Quinze puisse s'enfuir aussi.
Peut-être qu'être mangé par Bendy n'était pas si mal, finalement. Au moins c'est rapide.
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Préquel : Soirée de fin d’année - Partie 4
Suite de la longue préquel de juin. Pour lire la partie 1, c’est par là, pour lire la partie 2, c’est par ici et pour la partie 3, c’est par ici !
Pour un rappel de mes affreux jojos et de leurs relations, c’est par là.
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TW : tension sexuelle, Dan triste (pour changer), virilité toxique de Milo, Maël se fait victim (pour changer), alcool, amours unilatéraux
Quand elle vit la grande blonde arriver, Adia courut vers elle. Enfin une tête connue. Plus exactement une tête connue qui n’en voulait pas à son cul, ce qui était non négligeable. Un peu en retrait, elle aperçut Eric, qui faisait semblant de ne pas les voir. Ce qu’il pouvait être relou quand il s’y mettait. N’empêche qu’il avait accordé son nœud papillon à la robe d’Alinne. Elle sourit. Elle avait envie que ça s’arrange entre eux. Ils s’aimaient, c’était évident. Mais c’était pas toujours aussi simple. Elle sourit à Alinne pendant qu’elles échangeait des banalités. Comme elle avait l’avantage de ne pas être au cœur des dramas de couples, elle avait tout loisir de s'inquiéter. Sa mère serait surement demandée bientôt à la capitale au vu de son boulot de chirurgienne. Elle se demandait si ça allait vraiment dégénérer. Comment ses petits frères allaient vivre tout ça. Elle encore, son lycée était presque finit, mais eux c’était des petits gosses. Merde. Penser à la soirée. Elle pris un verre de bière et se concentra sur sa discussion avec Alinne. C’est vrai qu’ils avaient passé leur bac de science, les L. Elle aurait crié veinards si elle n’aimait pas autant ça. Eric s’approchait. Elle aurait bien parlé de ça avec lui, mais quelque chose lui disait qu’ils voulaient rester seuls. Remplissant son verre à nouveau, elle s’éclipsa en silence.
Si elle avait cru être discrète c’était raté. Eric soupira. Au moins maintenant, ils pourraient parler. Il ne savait pas comment aborder la discussion. Rien n’était clair déjà dans sa petite caboche, alors le formuler. Il se racla la gorge… et les lumières s'éteignirent. Flash sur la scène, le directeur au micro. Putain, le discour. Quel timing. Il sentit un petit coup de coude, et tourna la tête. Alinne souriait. Elle lui pointa son nœud papillon. Il sourit maladroitement en retour. Bon, elle avait remarqué. C’était déjà ç… Il sentit clairement un pied contre le sien. Des doigts frôlant les siens. Il ne voulait pas tourner la tête. Il savait très bien. Merde, il allait vraiment finir par bander. Il respira et essaya de se concentrer sur le discours du directeur. Les mots se mélangeaient et rien n’était clair, surtout quand il sentit un souffle dans son cou. Il ne devait rien laisser paraître. Ça faisait partie du charme. Il se mordit la lèvre. Raté. Il ne pu s’empêcher de laisser ses yeux suivre Alinne qui souriait déjà bien trop.
Les lumières venaient de se rallumer. Dan reporta ses yeux sur Martin. Il avait vraiment soigné son look ce soir, ça se voyait. Déjà qu’il faisait attention de base. C’est surement pour ça qu’il avait pensé qu’il pourrait être intéressé. Oui, c’était con de se fier à des fringues et un sidecut teint mais il avait 15 ans à l’époque et il était idiot. Il l’était encore d’ailleurs pour s’amuser à se faire encore subir ça. Pourquoi il ne prenait pas du recul, comme Selim ? C’est pas comme si il y avait un espoir. Mais Martin… Martin lui faisait du bien. Au moins autant qu’il lui faisait du mal, alors ça lui allait. Il était vraiment mignon dans sa petite chemise fleuri. Et son air embêté quand il galérait avec ses bretelles. Merde. Stop Dan. Il se dit qu’il devrait peut être aller plutôt avec Alinne pour ne pas trop penser à son “meilleur ami”, mais elle semblait déjà bien occupée à chauffer ce relou d’Eric. Tant pis. Au moins il était content d’être là. Avec Martin. Et tant pis pour le reste.
Milo les avait vu entrer. Est ce qu’ils se tenaient la main ? Non, il avait dû mal voir. Et elle souriait en plus. Elle avait toujours l’air mal à l’aise quand lui le faisait. Elle disait que c’était un peu trop niais pour elle. Mais là elle ne se gênait pas pour le faire. Avec lui. Pourquoi lui ? Il était pitoyable dans sa chemise beaucoup trop grande. Une pichenette et il tombait. Il était sur que c’était même pas lui qui avait fait le nœud de sa cravate. Pathétique. Il serra les poings. Et elle était si belle à côté. Son dos large, son regard posé, ses lèvres rouges. Si seulement… Si seulement elle n’avait pas tout gâché. Merde. Il s’approcha d’Alexia, essayant de faire fit de la main de cette dernière dans celle de Maël. Quelques banalités sur la soirée, le discours chiant. Elle avait l’air souriante pourtant. Ça lui faisait plaisir qu’ils parlent, alors ? Il espérait. Quand est ce qu’elle allait se réveiller ?
Quand est ce que ce gros con allait se réveiller ? Maël fulminait. Il voyait bien comment Milo regardait Alexia. Et comment il le regardait lui. Son putain de dédain, cette sale condescendance, il allait la lui faire ravaler. Enfin, il l’aurait fait il si il avait eut ne serait qu’un peu de répartie, ce dont la vie ne l’avait pas doté. Alors il le regardait en silence, l’envie de cracher sur son “si beau costard” bien trop prégnante.
“Haha, dommage que tu ais rien trouvé à ta taille du coup.”
Gros con. C’est pas parce que tu fais 1m84 et que tu sais faire des pompes claquées que tu as le droit de m’humilier, ruminait Maël.
“C’est con, ouais.”
S’écraser était une seconde nature chez lui des fois.
Marina voyait bien que son meilleur pote avait clairement besoin de se changer les idées. Il serrait son verre de vodka-ananas bien trop fort pour le bien de cette petite merde en carton. Elle s’approcha avec sa pseudo désinvolture naturelle et posa une main sur l’épaule de Maël.
“Allez, tu viens danser ? Alex, je peux te le piquer ?”
Alexia comprendrait très bien, et ça se voyait à 10 kilomètres qu’elle était gênée par la situation. La pauvre, se coltiner une sangsue telle que Milo. Elle, elle n’aurait pas tenue, elle aurait fini par exploser. Enfin, c’est ce qu’elle aimait se dire. C’était facile de jouer la grande gueule quand ça concernait les autres.
Elle pris le bras de Maël, l'entrainant danser sur un tube commercial à la con. Elle se trémoussait bêtement, mais ça faisait du bien. Reprenant quelques gorgées d’alcool, elle entendit son pote maugréer :
“Mais quel sale connard quand même”
Difficile de le nier. Elle aussi trouver Milo détestable. Et puis il faisait chier Maël, et ça c’était déjà impardonnable. En plus c’était un sacré social traître avec de la virilité toxique à ne plus savoir quoi en foutre. Que des défauts.
“Évidemment, ça je vais pas le nier. Mais t’inquiètes, Alex sait très bien où elle en est. Penses pas à ça, profites”
Facile à dire pour elle. Mais si elle avait été à sa place elle aurait aussi ragé. Elle était facilement salée, elle aussi. D’ailleurs à ce propos… Elle chercha Selim des yeux. Ce n’était rien de concret, se disait-elle. Juste… Juste comme ça ? Il était cool, de gauche, et en plus il lui envoyait de bons memes. C’était pas mal. Elle se renfrogna. Il dansait pas avec cette conne de Charlène, dans sa classe ? Elle était pas de droite, elle déjà ? Aaaah merde, ne pas penser à ça. C’était con. Elle ramena son attention sur Maël qui dansait maladroitement en bougeant son bassin plus ou moins en rythme. Marina eut un petit rire. Elle n’avait pas besoin de drama pour elle ce soir, les autres en aurait suffisamment. Et puis il y avait la guerre qui arrivait. C’était assez dingue d’être ici et de faire les cons alors qu’à Paris, les répressions policières étaient de pire en pire, et que les pays refusant de payer la dette étaient mis dos au mur. Elle sentit sa culpabilité pointer. Celle qui lui disait que c’était une mauvaise militante, qui n’en faisait pas assez. Qu’elle ne changeait rien, qu’elle parlait beaucoup mais ne faisait pas grand chose. Merde, pas ce soir. Oui, elle avait la chance d’être là. De se dire ça. Mais à ce moment, elle n’avait pas envie d’y penser. Elle calqua ses mouvements de bassin sur ceux de Maël et fit un regard exagérément intense. Elle le vit ricaner en tournant un peu la tête et sourit à son tour, avant de reprendre un peu de bière. Elle était là, autant en profiter.
Milo la regardait beaucoup trop intensément depuis tout à l’heure. Alexia ne savait pas dire si elle préférait quand Maël était encore là pour assister au massacre, ou maintenant qu’il était parti danser, la laissant en tête à tête avec son ex. C’était surement mieux comme ça, c’était à elle de régler ça. Alors pourquoi elle souriait avec malaise depuis tout à l’heure ? Pourquoi elle ne l’envoyait pas chier une fois pour toute ? Elle en était incapable. Comme ces fois où elle lui avait assuré des “je t’aime” sans en penser un mot. Merde, il était sur sa lancée en plus.
“Et tu voudrais pas aller danser ? Comme au bon vieux temps ?”
Putain. Comment répondre à ça ? Elle n’était pas gênée de danser avec Milo, mais elle savait bien ce qu’il y mettait derrière.
“Ok, mais pas longtemps, je rejoindrais Maël après, et… ça ne veut rien dire, d’accord ?”
Alexia le vit déglutir. Qu’est ce qu’il contenait ? Sa colère, sa tristesse ? Elle lui aurait bien hurlé de dire les choses mais elle aurait bien été mal placée pour ça. La main de Milo attrapa la sienne. Il avait bien plus de poigne que Maël. Il jouait là dessus, là maintenant. Qu’est ce qu’il pensait ? Ca n'allait rien changer. Il la fit tourner doucement. C’est vrai qu’il n’allait pas danser avec elle comme tout le monde. C’était vulgaire, monsieur ne dansait pas comme les gens en boite, comme les salopes et les poivrots. Ce qu’il l’agaçait, là maintenant. Oui, elle s’en voulait, oui il lui avait fait du mal, et devait toujours en faire. Mais merde.
Milo sentir les mains calleuses d’Alexia au creux des siennes. Voilà là où elles auraient dû toujours être. Cette chaleur l’envahissait, il profitait du moment, les yeux mi clos, au milieu de cette fête stupide et de ces musiques de merde. Si seulement tout redevenait comme avant. Si seulement elle pouvait réaliser. Les lumières criardes jouaient sur son beau visage et sur ses cheveux rasés. Quand il faisait un pas vers elle, elle trouvait toujours le moyen de reculer. Merde… C’était vraiment peine perdu ?
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“La vie conne et fine de Gustave F.” [épisode 51]
[Lire les épisodes 1, 2, 3, 4, 4 bis, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14, 15, 16, 17, 18, 19, 20, 21, 22, 23, 24, 25, 26, 27, 28, 29, 30, 31, 32, 33, 34, 35, 36, 37, 38, 39, 40, 41, 42, 43, 44, 45, 46, 47, 48, 49, 50] Le jour 51, Gustave buvait. Gustave buvait beaucoup, enfin pas mal, des quantités difficilement mesurables le lendemain quand il y pensait, et il y pensait peu, à partir d’un cubi qui durait plusieurs jours cependant, deux, parfois trois, et qui versait par son petit bec intarissable et miraculeux un excellent chinon à la suave robe rubis. Il y avait les canettes de 16 aussi, certaines nuits, la bière glacée qui donne soif et il serait bien allé en chercher d’autres s’il avait osé, s’il avait pu, près de la gare, mais il n’osait pas braver le couvre-feu probable – promulgué, annulé, repromulgué, réannulé, il ne savait plus. Dans l’appartement, l’espace se segmentait autrement, il découvrait de nouvelles associations. L’abat-jour vert de la lampe de la cuisine avait une affinité profonde avec le radiateur électrique, il la sentait profondément à certaines heures de la nuit. Il regardait une fissure sur le mur de sa chambre, des éclats, des traces. Il examinait les rapports de proportion entre les murs et le parquet, les fenêtres et le plafond. Des tornades de sens se soulevaient dans le soir, il ouvrait grand les yeux. Il se demandait ce qu’il resterait de lui. Il se souvenait de ses rêves. Il continuait les parties contre la charogne informatique mais avec moins d’allant qu’autrefois, comme on regarde un porno sans entrain, un peu par acquit de conscience, comme pour dire adieu aux actrices et aux acteurs qui ne nous intéressent plus, et on est désolés, Gustave en tout cas était désolé, disait à la machine, disait aux acteurs/trices qui se démenaient pourtant : adieu, adieu, ce n’est pas de votre faute, vous ne m’êtes plus rien, et je peux même vous le dire à présent, puisque vous ne m’écoutez pas, je me demande bien comment vous avez pu m’intéresser un jour. Il pensait à la qualité de ses chaussettes. La qualité de ses chaussettes était un désastre. Son gros orteil le narguait sans cesse, bizarrement obscène, rose et desséché. Une seule paire franchissait sans peine les années, une sorte de coton bleu strié de haut en bas dont il ignorait tout, la fibre, la marque, le lieu d’achat. Quand, où, et pourquoi avait-il su acheter une seule fois des chaussettes indestructibles, imperçable même par le plus tenace des gros orteils (le tien, Gustave) ? « Tu ne sais pas thésauriser », lui disait souvent son père. « Sauf ma belle paire bleue », répondrait-il aujourd’hui. Gustave se coupait les ongles, réfugié dans son cagibi derrière le frigo, accroupi sur le carrelage, épiant les bruits du couloir. La période était trouble, tout devenait possible, le Premier ministre à l’énigmatique barbe blanchissante finirait par annoncer que deux et deux font cinq et il faudrait le croire. Il était inéluctable que, tôt ou tard, il fasse cette déclaration sans ciller. Un contrôle inopiné d’attestation à domicile pouvait survenir, ou une « équipe mobile chargée de casser les chaînes de contagion jusqu’au sein des familles », fussent-elles imaginaires. Il rêvait de deux fils, il leur octroyait un prénom, il devrait donc s’en expliquer si nécessaire, et répondre de leurs actes. Il était fatigué, il se souvenait mal, il avait peut-être deux fils pour de bon qui ne respectaient pas les consignes de distanciation et crachaient sur les surveillants. Alors qu’il pensait à ses rejetons putatifs, il imagina que le coupe-ongles dans sa main, arme par destination, était une circonstance aggravante, une preuve matérielle d’activités subversives. Est-ce qu’il avait eu des pensées subversives cette nuit ? ou la nuit d’avant ? Comment savoir ? Avait-il douté du bien-fondé du couvre-feu en doutant de sa réalité même ? Avait-il sans le savoir rejoint la cinquième colonne que commençait à former l’opposition bolchevique en remettant en cause l’Union sacrée ? Sur quelle ligne de front se situait-il ? Pas la première sans doute, ni la seconde, mais où commençait la troisième ? Dans le doute, il valait mieux guetter l’avenir derrière le frigo et rester sur ses gardes. Ramassant soigneusement les coupures d’ongles pour les jeter sur un début de compost sous l’évier (nouveau projet commencé la semaine dernière, et pourquoi pas ?), Gustave examina ses anciennes passions. Il avait aimé l’histoire de Charles le Téméraire, dit le Hardi, dit le Travaillant, violent et magnifique, qui s’opposa à Louis XI, l’Universelle Aragne, et fut retrouvé à demi dévoré dans la neige ; il avait aimé Bobby Fischer qui triompha du champion russe des échecs Boris Spassky et finit à demi fou en Islande ; il avait aimé tous ces désastres tapageurs, ces grandes vies fastueuses exposées sobrement, impeccablement dans les volumes de son encyclopédie, à côté de planches en couleur, qui étaient comme des émerveillements soudains au milieu des pages. Il aimait tenir ces vies entre ces doigts, indubitables. Elles l’emmenaient très loin de son quotidien confiné, débarrassées qu’elles étaient des mille détails affreux de son corps à nourrir et entretenir (les ongles, les salades de pâtes au thon, les choses à acheter, etc.). Ayant appris qu’il guérissait scrofules et écrouelles, Gustave s’était plongé dans la vie de l’actuel président, l’ancien banquier d’affaires devenu roi thaumaturge depuis la nouvelle ère. Les témoignages variaient considérablement et il était difficile de démêler le vrai du faux, comme toujours pour les phénomènes surnaturels ou religieux. Christophe Barbier et Alain Duhamel, les deux principaux chroniqueurs du règne, rapportaient qu’aux jours du toucher, comme aux temps des Plantagenêt, des foules de citoyens s’approchaient d’Emmanuel, dont le nom théophore signifie : « Dieu avec (ou parmi) nous ». Tout ce peuple pressant et plein d’adoration obligeait parfois le jeune président à fuir sous la protection de sa garde, comme dans un théâtre parisien en janvier dernier. Comme les pieux guérisseurs dont le père de Gustave lui avait raconté l’histoire, Emmanuel touchait de la main les malades, le plus souvent, semble-t-il, sur les parties infectées elles-mêmes, aussi honteuses et dissimulées soient-elles. Il répétait ainsi un très antique usage, contemporain des plus anciennes croyances de l’humanité : le contact de deux corps, obtenu d’une façon ou d’une autre et plus particulièrement par l'intermédiaire de la main, n’avait-il pas toujours paru le moyen le plus efficace pour transmettre d'individu à individu les forces invisibles ? À ce vieux geste magique, il en ajouta un autre, spécifiquement gaulliste : le signe de la croix lorraine fait sur les patients ou sur leurs plaies. De même que les rois en accomplissant l’acte thaumaturgique ne gardaient pas le silence, Emmanuel prit l’habitude d’accompagner le double geste traditionnel de quelques mots consacrés. Geoffroy de Beaulieu nous rapporte de Saint Louis qu’en touchant les parties malades il prononçait certaines paroles « appropriées à la circonstance, et sanctionnées par la coutume, parfaitement saintes d'ailleurs et catholiques ». Le président quant à lui disait habituellement : « Il n’y a pas d’argent magique ». Un exégète expliquait que cette formule sibylline reprenait le fameux « Rendez à César ce qui appartient à César » des Évangiles. Si l’argent, dépendant de ce monde-ci, était triste et légèrement répugnant comme toutes les choses sublunaires qui n’ont pas été touchées par la grâce, le toucher et le verbe présidentiels dispensaient un autre pouvoir, une autre puissance, car l’homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche de l’Emmanuel. Il soupçonnait que ces amoncellements pieux de savoir dans les volumes de son encyclopédie, qui l’avaient tant ému adolescent, et où il se replongeait depuis qu’il tournait dans ses murs, n’étaient pas si neutres qu’ils le prétendaient (et le prétendaient-ils seulement ?). Les vies donc, les vies splendides jusque dans leurs désastres, en quoi le concernaient-elles, au fond ? C’était une question profonde et lourde de conséquences, qui nécessitait un temps de réflexion. Elles ne l’aidaient en rien, conclut-il bien vite. Je vais y aller là, je vais m’habiller et je vais y aller. Il le répéta plusieurs fois. Je vais y aller là, je vais m’habiller et je vais y aller. Ses enfants imaginaires lui disaient : Oh ça va papa, ça fait un milliard de fois que tu l’as dit là, ça va hein, vas-y donc. Il décida qu’il serait dans un roman américain, un roman noir, avec un personnage accomplissant des actions brèves et efficaces, un sujet défini par ses seuls actes visibles et mesurables qui ne s’embourbe pas toutes les cinq minutes à chercher son âme. Un personnage qui marche dehors, debout ou couché, jamais affalé entre deux stations corporelles, qui regarde bien franchement, qui décrit les « marquises délabrées des anciens entrepôts » et les « vieux bidons rouillés près des appontements, les camions, les pelleteuses, les grues » avec une « voiture banalisée qui roule vers le nord dans Hudson Street ». Hop, hop, une deux, une deux. Deux pages plus loin il croiserait la voisine qui rit du cinquième et il lui dirait un truc technique et précis d’abord, énigmatique et fascinant ensuite. Ils feraient l’amour avec une sorte de détermination, leurs deux souffles conjugués. Il serait mince et agile. Elle se surprendrait à lui griffer les épaules, animée d’un mouvement étrangement intense. Il commencerait à transpirer légèrement, à respirer plus profondément, et ses joues piquantes lui laboureraient le visage et le cou. Il y aurait de nombreux adverbes dans les phrases. Étroitement imbriqués l’un dans l’autre, compacts, ils s’activeraient en cadence. Qui est ce salaud, se demanderait-elle ? Il sortit, marcha sans but, longtemps, vers la gare. Rejoignit la mairie, sillonna le centre-ville, sans rien voir. Il respirait à pleins poumons le vent qui se levait par intermittences. Des nuages lourds passaient dans le ciel, ne crevaient pas, Gustave sans parapluie marchait droit devant. De cela il se souvenait, il avait respiré à pleins poumons. Il était entré dans un supermarché, pour acheter un pack de 16, une bouteille de Volvic, un sandwich poulet-mayonnaise qu’il avait donné au clochard qui attendait devant. Sinon rien, il ne se souvenait de rien. Il avait de vagues repères visuels dans la ville mais il ne faisait attention à rien. Etait-il donc trop occupé des fantômes du Téméraire, du champion américain, du jeune psychopathe photogénique élu président ? Il s’interrogeait. Il n’avait rien vu, il ne se souvenait de rien ou presque : le vent léger qu’il aspirait à pleins poumons, la course absurdement minimale dans le supermarché de la rue des Fontaines. Une fois revenu chez lui, il réfléchit un moment, assis à la table de sa cuisine. Il avait envie de regarder mais il lui manquait les mots, pas tous mais quand même beaucoup. Alors il prit son téléphone, un appareil assez moderne qui, outre les communications vocales, permettait de prendre des photos et indiquait l’heure avec une grande fiabilité, lui avait garanti le vendeur. Il allait faire des relevés dans la ville, peut-être même essayer d’imaginer les vies des gens qu’il croisait. Ce n’était pas si simple, les passants passaient vite, se laissaient à peine décrire, le visage recouvert de masques. Des propriétaires de chiens regardaient avec tendresse leur animal respectif se lécher le cul. C’était amusant quoique un peu pénible, mais quoi en dire de plus ? Alors Gustave examina les vitrines. À côté d’une boutique de lingerie, « Mon corps, mon soleil », il lut un graffiti : l’Amour court les rues. Mais la plupart étaient vides, et les enseignes énigmatiques. ORIS avait pour slogan : Go your own way, qu’il préféra traduire en japonais sur son logiciel de traduction, une fois rentré : 己の道を行け. Une autre, THE KOOPLES, vendait des couples apparemment. Au-dessus d’un rideau de fer abaissé, il lut « Other stories ». Puis successivement, les photographiant l’une après l’autre pour y réfléchir plus tard :
Atelier de haute parfumerie sur mesure Espace Kiliwatch Store Hours Bonobo, puis bonobo-days : – 50% Cercle/résidence de chefs La part des ours Templon OFFO LAUV – I’m feeling Espaces atypiques (À suivre).
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Le Covid mis à part… comment en est-on arrivé à un tel désastre ?
Un jour sans Covid ? On pourrait parler des manifestations qui ont pris sa suite, pour de mauvaises raisons qui peuvent mal se finir… (pour qui ?). Depuis l'ouverture de ce blog, nous dénonçons la pensée de gauche, hélas dominante. ’'Hors sol” par système et n’ayant rien compris aux évolutions du monde, elle s'est retrouvée paralysée devant le défi que l'islamisme en guerre a lancé à la terre entière… Devant l'ampleur des problèmes, les dirigeants ont pensé que un coronavirus travesti en pandémie énorme allait permettre de cacher sous le tapis ce qui est vraiment grave et qui menace pour de bon notre futur. Las ! La pseudo “pandémie” n'est même pas complètement vaincue que… tout “pète à la gueule” des apprentis-gribouille, comme c'était prévu et annoncé depuis des années : on ne joue pas avec “le réel”, qui finit toujours par rattraper ceux qui trichent avec lui !
1- Historiquement : quelques “lanceurs d'alerte” ont annoncé à peu près tout ce qui allait se passer : aux dates et aux modalités près, les grandes lignes de cette “guerre” (comme l'ont appelée nos deux derniers présidents, sans comprendre ce que cela signifiait !) étaient prévisibles pour qui osait appeler “chat” un chat. Parmi les premiers, Jean Raspail avait décrit (dans le “Camp des Saints”, 1973) ce qui est aujourd'hui le quotidien des zones les plus “sous pression” d'Europe (l’Italie du sud, les îles grecques, Menton, Calais, ou trop de banlieues de nos métropoles, pour le moment perdues pour la République… Mais le mal s'étend !). Vingt ans plus tard, ’‘Le choc des civilisations'’ de Samuel Hundington était tellement prémonitoire qu'il fut interdit par l’intelligentzia crypto-gaucho qui régnait alors et qui préparait (déjà !) notre décadence… Mais les choses inévitables se moquent pas mal d'être ‘’politiquement correctes’’ ou pas : elles arrivent, un point c'est tout !
2- Plus récemment (disons… depuis mai 2012 !), les islamistes envoient assez de signaux clairs, qui ne rebutent pas ceux que Lénine appelait ‘’les idiots utiles’’ (vraiment idiots, mais pas du tout utiles !) : ce qui était annoncé se réalise, covid 19 ou pas, En réalité, c'est depuis Hollande qui tout a basculé. Profitant de la bêtise masochiste des “anti-racistes sélectifs”, les islamistes ont exploité au mieux de leurs intérêts l'ignorance doctrinaire du Pouvoir sur et pour tout ce qui touche au religieux en général et à l'Islam en particulier. Sous le prétexte d'être une nouvelle religion obligatoire, l'anti-racisme est devenu une arme de guerre contre laquelle nos sociétés s'interdisent toute défense, piégées par leur vocabulaire suicidaire et leurs prises de positions létales, et poussées vers le néant par la partie de la jeunesse qu'ils ont réussi à “pavloviser.”..
3- Pourquoi la France est-elle en position d'accusée ? Il est à la mode de se gargariser de ce qu'une relecture mensongère de l'histoire a fait de notre passé colonial, et d'appeler “crime’’ ce qui fut, globalement, un succès formidable à l'échelle de l'Histoire : le XIX ème et le XX ème siècles ont fait naître des Etats modernes et pérennes sortis du néant -ou peu s'en faut. Comme si le fait de ne rien savoir autorisait tout (Audiard disait ça mieux que moi !), “on” (des “on” incultes mais militants !) ont raconté n'importe quoi sur les Croisades et sur notre passé de ’'Fille aînée de l'Eglise”, La vérité importe peu : réquisitionnés par la stratégie islamiste, les mots des “antiracistes’‘ont été retournés contre leur sens : ce sont les immigrés qui fournissent maintenant le gros des bataillons qui partent à l'assaut permanent de l'Occident-civilisation et de sa jeunesse. A eux de remplacer, dans le rôle des ex- ’'idiots-utiles’'qu'on va bientôt jeter, les bobos, la gauche-caviar et les ’'pseudo-corrects-contre-tout-bon-sens’’ !
La vérité est cruelle : le laïcisme pathologique de la Gauche, devenu caricatural à en mourir (elle en meurt, d'ailleurs !), est à incriminer : les lois anti-catholiques de 1905 (dites ’'intouchables” alors qu'elles ont été bricolées 52 fois en un siècle !) rendent insoluble le problème que pose la construction des mosquées et le choix des imams… Autre exemple : combien le faux mariage’’gay’’, cet apex du rejet de notre pays par l'Oumma al islamyia (le monde musulman), a-t-il fait naître de convaincus que la décadence de l'Occident était sans espoir, et qui ont -“gaiement” si on peut dire- basculé dans la Charia'a, et la pureté (?) de mœurs qu'elle impose ? Et la relecture mensongère de toute l’'Histoire de France”, citée plus haut, a achevé de renforcer le camp des ennemis du Bien, du Bon, du Vrai… et même du Beau ! Contre le “récit” des anti-tout qui invoquent l'anti-racisme à tout propos, nous sommes désarmés : le poids des mensonges a étouffé la vérité !
4- Vers un réveil… ou ce qui lui ressemble ? Le temps passant, il est devenu bien difficile de ne pas ouvrir les yeux sur les horreurs commises par des fous d'islam (NDLR – mais attention ! Cette plongée dans le réel à peine énoncée, il est obligatoire de psalmodier l'incantation rituelle “tous les musulmans ne sont pas islamistes”... et le mantra “l'islam, c'est pas ça”… Pourtant, s'il est vrai que tous les musulmans ne sont pas des islamistes, en revanche, tous les islamistes sont musulmans. Où commence l'amalgame, et où, l'imbécillité ? Car Islam et islamisme ne sont pas deux “machins” sans aucun lien entre eux, tout de même !). Mais comme la gauche a du mal à voir le jour en plein midi, et combien de barrières doctrinales s'opposent à ce qu'elle devienne intelligente ! Du coup, les sectateurs de la contre-vérité continuent à encourager indirectement, sous une aliénation-excuse, les coupables d'attentats, qui seraient tous des “dérangés mentaux” (tous les dingues de tous les temps ont toujours crié Allahou Akbar en passant à l'acte !), et à réclamer le désarmement moral de la Police à chaque ‘’bavure’’ (certes condamnable intrinsèquement, mais qui ne justifie ni la régularisation de tous les irréguliers ni le pardon à tous les individus, même plus ou moins fréquentables !
Réveillez-vous, avant qu'ils n’assassinent notre monde. Il était antérieur au leur, et tellement meilleur en tout, même et surtout pour eux ! Arrêtez de brandir un soi-disant ‘’vivre ensemble’’ qui est inopérant, mortifère, pas vrai, dystopique, pour désigner ce qui est à peine une coexistence… de moins en moins pacifique ! Arrêtez de nous imposer votre fausse ’'diversité”, qui n'a jamais existé que dans vos têtes. Pour eux, en tout cas, c'est clair : ce sera eux ou nous. Pourquoi vos yeux ‘’grands fermés’’ refusent-ils de le voir ?
5- Et maintenant ? Tout le monde sait ce qu'il faut faire. Mais voilà : il en faut, du courage, pour reconnaître que l'on s'est trompé pendant dix, vingt ou trente ans, et son père avant soi ! Le long mûrissement du Djihad a trouvé sa force dans le silence de ceux qui savaient, le ”silence des pantoufles“ de Martin Niemöller, ce silence qui tue, lorsqu'il devient non-assistance à pays en danger ! L'ennui, c'est que ce silence des agneaux attendant passivement l'abattoir a tout pollué, tout contaminé, tout pourri, par la faute de journalistes masochistes et pervers au delà du supportable, dont la responsabilité est indéniable, nous y reviendrons !
Il est urgent d'abandonner très vite leurs concepts foireux dont pas un seul n'a jamais fonctionné, nulle part : le métissage, le multiculturalisme, la priorité donnée aux seules minorités, le mélange pour le mélange, les rapprochements contre nature (cf. l'impossible “France bleu-blanc-beur –ou black” dont mon ami le Roi Hassan II se moquait déjà… en mai 1993 !), qui ne sont que des formes plus ou moins camouflées d'un autre racisme, anti-homme-blanc celui-là,… qui ne devrait pas être moins condamnable que tous les autres racismes, même aux yeux de ses partisans, s'ils étaient honnêtes. Cette version est la plus largement pratiquée, et c'est pourtant la seule pour laquelle personne ne défile dans nos rues…
Et pourtant, le chemin est balisé : il faudrait et il suffirait de faire le contraire de ce que la gauche mortifère a imposé à la France depuis des décennies et qui, “macronisé” au goût du jour, progressisme au lieu de socialisme, continue ses ravages qui vont finir par être irrattrapables. Ce jour-là, en ouvrant les yeux, nous serons orphelins de la civilisation judéo-chrétienne, la plus belle qui ait été, de très loin, celle qui a apporté à l'humanité ce dont personne, jamais, n'avait osé rêver… pour plonger dans une barbarie rétrograde et hostile à l'épanouissement de l'Homme… qui étale ses affreux aboutissements partout où elle s'est imposée.
Et quand tous les laïcistes de combat et les foules d'anti-racistes de pacotille défilent et menacent en demandant l'impossible (en cassant, quand ça les amuse), c'est au nom de raisons qui ne sont pas celles qui les mettent dans la rue : le discours cache des intentions moins “pures’' ! En fait, il faut les ‘’sauver d’eux-mêmes’’ avant que le seul choix qui leur reste soit ’'de se soumettre” à leurs nouveaux colonisateurs, qui seront des vrais, ceux-là… et, en plus avec l'obligation de prier Allah… Ils regretteront alors amèrement leurs aveuglements et nous, nos lâchetés ! Mais alors… il sera trop tard.
H-Cl.
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On pense trop pour ne ressentir que de petites choses.
Nos vies ne nous appartiennent pas. Nous sommes liés aux autres, passés et présents, et par chaque crime et chaque gentillesse, nous faisons naître notre avenir.
Il y a tellement de douleurs dans ce monde et on se demande « pourquoi moi ? », « pourquoi est-ce tombé sur moi ? » Mais qu’est-ce qui ne va pas ? Est-ce nous ? Il y a trop de choses qui ne vont pas chez nous. Mais on ne peut rien y changer car on n’a pas besoin d’être réparé on est ce que l’on est. On essaye tellement mais on n’est jamais le premier choix. Que ce soit dans l’amour, dans tout ce qui encombre ce monde. Tous les gens qui nous entourent sont toujours là à nous dirent que tout va bien, que tout ira bien, que ce n’est rien mais cela ne fait absolument rien de dire que... non. Ça n’ira pas. Pas maintenant. On pense beaucoup trop pour ressentir seulement que quelques petites choses. Mais ces petites choses ont un degré des plus innombrables dans le cœur. Alors on ne veut plus rien ressentir, et on se dit que c’est plus facile d’être seule. Mais on ne peut rien y faire : on hait pleurer, on hait rire, on hait la solitude, le manque d’affection mais le pire c’est que l’on ne hait pas la personne qui nous fait ressentir toutes ces choses. Le monde était autrefois plus grand, non, le monde est toujours le même. Il y a juste moins de bonheur en lui.
Romance, les poèmes, l’amour : c’est pour cela que l’on est en vie. Ah oui… Mais on n’est pas immortel. Alors tout se finit un jour. Le fait est que ce n’est pas de vivre pour toujours, mais de vivre pour toujours avec soi-même. On devrait tous penser comme ça. Les idées du monde ne peuvent pas changer le monde tel qu’il est. Tel qu’il restera. On est juste humain. Humanité, les choix que nous faisons, le passé que nous choisissons, tout ça pour comprendre le cœur humain. Tous les gens dont nous avons besoins, tout le gens que nous aimons : comment est-on nous arrivé là ?
L’amour, la rupture. Nous brûlons pour mieux se reconstruire. Mais ça dure si longtemps. Et ça fait si mal, d’essayer d’oublier le passé. Et on commence à devenir fatigué, fatigué de trouver des excuses, fatigué d’essayer pour savoir que cela ne finira jamais. Mais quelquefois c’est bon, cela fait du bien d’oublier le passé.
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Les Chroniques de Livaï #401 ~ ÊTRE POLI COÛTE PEU ET ACHETE TOUT (octobre 845) Darius Zackley
L'histoire de Livaï comme vous ne l'avez jamais lue. Le personnage le plus populaire de L'Attaque des Titans, le soldat le plus fort de l'humanité… Qui est-il vraiment ? Qu'a-t-il dans le coeur ? Qu'est-ce qui a fait de lui ce qu'il est ? Je me suis mise en devoir de répondre à ces questions en vous livrant ma propre vision de sa vie, de ses pensées, des épreuves qu'il a traversées, ainsi que celles des personnes qui l'ont côtoyé, aimé, admiré, craint, détesté. Si j'essaie le plus possible de respecter le canon, quelques libertés seront prises sur les aspects de sa vie les plus flous. Quelques personnages seront également de mon invention. Livaï, un homme que l'on croit invincible et inatteignable… Est-ce bien sûr ? Jugez-en par vous-mêmes.
La soirée bat son plein. Le soleil est à peine couché et tous les invités semblent arrivés. Il y'en a que j'ai plus de plaisir à voir que d'autres... mais je ne peux pas organiser ce type de réception en oubliant les grandes têtes, ce serait inconvenant. Tant que je devrais donner le change... autant soigner ces gens qui se pensent si importants.
Je me fraie un chemin parmi les groupes qui encombrent le petit salon, mon verre à la main, et me dirige vers le hall surplombé du grand escalier. De la musique filtre par la porte du grand salon et se mêle au bruit des conversations. J'ai loué cet orchestre pour ce soir, avec l'ordre de jouer en sourdine. Il est nécessaire de camoufler juste ce qu'il faut afin de pouvoir discuter en privé mais aussi écouter ce qui se dit. Il est possible que certaines informations fuitent de la bouche d'invités éméchés. Après tout, certains proches du roi sont là.
Je m'intéresse particulièrement aux projets de reconquête du Mur Maria, et j'aimerais savoir si quelque chose a déjà été planifié. J'ai beau être le chef des armées, ces secrets ne sont pas encore à ma portée. Plus j'y pense, plus je me fais l'effet d'un pantin...
Les convives me font de la place et j'essaie de repérer les explorateurs qui viennent d'arriver. Où sont-ils passés, déjà accaparés par les curieux ? Smith devrait être facile à repérer. Ah, je le vois, il fait la discussion à un groupe de gens parmi lesquels je reconnais Pixis et sa femme. Je pose mon verre sur le plateau d'un serveur, et me dirige vers eux.
Smith est très avenant, avec sa queue-de-pie bleue nuit. Il fait de grands sourires et tente de répondre à tout le monde. J'imagine que ça doit le satisfaire, je sais comment marche le bataillon ; c'est une occasion rêvée pour charmer les donateurs et récupérer des fonds. Il va donner tout ce qu'il a... J'ai du mal à savoir s'il prend un réel plaisir à faire ça ou s'il se force. C'est un excellent acteur, je dois dire, et j'en sais quelque chose... Je me demande bien où se trouve Livaï.
Je réussis à me glisser auprès d'Erwin et j'ai à peine le temps d'entendre madame Pixis minauder en secouant son décolleté fripé quand le nouveau major se tourne vers moi. Il me tend la main et je la secoue afin de le saluer. Entre militaires, le protocole est un peu plus souple. Il a dans l'autre main un verre à moitié plein. Je commence par le remercier d'êre venu, puis je m'inquiète de l'absence du caporal... Il n'aurait tout de même pas osé venir sans lui ! Puis je me rappelle vaguement qu'il n'est pas très grand et je parcoure l'assemblée des yeux dans l'espoir de l'apercevoir, mais Smith interrompt mes efforts. Il indique la grande porte vitrée donnant sur le balcon du premier étage et m'informe qu'il s'est senti mal en voyant tout ce monde et avait besoin de prendre l'air. Bien, je vais aller le saluer moi-même.
Je monte la première volée de marches et m'arrête sur le palier du premier étage. La lumière du croissant de lune à l'extérieur auréole une silhouette solitaire, accoudée à la rambarde du balcon. Il semble tout à fait ailleurs, et peut-être rêve-t-il que c'est le cas... Je ne l'ai pas invité pour mon plaisir personnel mais parce qu'on me l'a demandé. Je savais que la présence de ces deux héros ramènerait du monde parmi les sphères que je vise, s'ils avaient refusé - ou si Livaï n'était pas venu -, beaucoup auraient été déçus, vexés, et seraient peut-être partis. Disons que nous nous servons les uns des autres. Ils se serviront de cette réception pour renflouer leurs caisses, et moi je dois laisser traîner mes oreilles et écouter les rapports que mes serviteurs ne manqueront de me faire à propos des discussions privées des uns et des autres. A défaut d'informations importantes, je pourrais peut-être utiliser quelques secrets et ragots au Parlement afin de faire tomber des têtes gênantes.
Mais pour l'instant, essayons de nous amuser aux dépends de ce truand. Oh... ex-truand, devrais-je dire.
Je m'approche silencieusement derrière lui mais il décèle ma présence et j'arbore immédiatement mon air le plus bonhomme afin de le mettre en confiance. Il porte un costume queue-de-pie bleu foncé très semblable à celui de Smith. Cette couleur renforce la dureté de ses traits, elle le rend encore plus sévère. Je ne l'avais vu que de loin jusqu'à présent, et seulement une fois ou deux. Il ne m'intimide pas, peut-être parce que je sais d'où il vient. J'ai l'impression que cela me donne sur lui un pouvoir qu'il ignore. Je ne me présente pas et engage la conversation.
Il ne semble ni ravi ni mécontent de me voir et paraît très habile pour ignorer les gens. Mais j'insiste et lui demande comment il trouve la soirée. Il reste évasif et répond qu'il y a beaucoup trop de monde et de bruits, que Smith a insisté pour qu'il vienne. Le vin semble pourtant à son goût, même s'il aurait préféré du thé. Je m'accoude à mon tour au balcon et fait semblant de regarder le clair de lune. Puis je lui demande ce qu'il pense de la résidence. Un très léger sourire se dessine au coin de sa bouche et il finit par dire que les dorures et les lustres en cristal ne sont pas trop mal, mais que la statue qui se trouve dans le coin du vestibule - il doit parler de mon marbre d'Utopia, représentant une femme nue aux longs cheveux avec les mains liées et une pomme dans la bouche - est de très mauvais goût et qu'il ne faut pas avoir toute sa tête pour présenter ça en public.
Ah ah ! Je dois bien dire que son franc-parler me plaît, même s'il ignore toujours à qui il s'adresse ! Je prends un ton léger et hoche la tête, en lui répondant que c'est en effet une oeuvre assez étrange et peut-être peu à sa place dans cette maison, mais je l'ai obtenue à un très bon prix dans l'atelier d'un sculpteur en faillite d'Utopia, qui s'est trouvé très heureux d'empocher mon argent avant de fermer définitivement boutique.
Un silence étrange pèse un instant sur le balcon, puis le caporal se décide enfin à me faire face. Ce n'est pas la honte que je lis sur son visage, mais il semble persuadé pendant un moment d'avoir commis une bêtise gravissime et ne peut que se gratter la nuque pour masquer son inconfort. Allons, laissons cela. Je me présente : Darius Zackley, votre humble hôte de ce soir. Apparemment, mes goûts artistiques ne vous plaisent guère, mais vous n'êtes pas le seul !
Je mets ma main dans son dos pour le guider vers l'escalier et l'inciter à descendre mais je n'ai pas l'impression de le mettre à l'aise. Bah, qu'importe, tant qu'il divertit mes invités. Ses airs de chien battu vont sûrement attendrir les dames. Il faut qu'il se mêle aux convives. Le dîner sera servi dans une heure, j'espère que Smith aura le temps de le faire parader un peu.
Je le ramène parmi les invités et beaucoup de têtes se tournent à son entrée. Le prince Gisbert Fritz le toise de haut en bas avec sur le visage un air à mi-chemin entre le dédain et la curiosité, mais le caporal ne lève même pas les yeux. Des dames se cachent derrière leurs éventails en gloussant, et je ne peux m'empêcher de plaindre ce pauvre gars, jeté dans la fosse aux serpents. Espérons qu'il ait assez de répondant ou qu'il tombe sur les bonnes personnes.
Dès qu'il aperçoit Smith, il se met à marcher très rapidement pour s'en rapprocher et semble ne plus vouloir s'en détacher. Le major lui dit quelque chose et fait en sorte de ménager un passage vers la salle à manger. Les messieurs essaient d'écarter les dames afin de s'accaparer la compagnie des deux explorateurs et les deux sexes commencent alors à se placer dans les différents coins de chaque pièce selon une division qui semble ancestrale : les messieurs au milieu, qui parlent fort et se caressent le menton en hochant la tête de manière importante, et les femmes sur les côtés, le long des murs, debout ou assises sur des coussins, à discuter chiffons et potins.
Mais aucun ne lâche des yeux les deux hommes si intéressants que j'ai invités pour leur plaire...
#lc401#darius zackley#levi chronicles#les chroniques de livaï#fanfiction#fallenRaziel#snk#aot#attack on titan#shingeki no kyojin
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13 mai 2019
Rendez-vous avec ma psychologue.
Elle a directement vu que ça n'allait pas.
Alors on a commencé par parler de mes problèmes de santé.
"Votre corps vous dit stop. Il n'en peut plus. Il ne faudrait pas que ça empire vu que vous avez déjà une santé fragile."
Je dois me reposer mais c'est dur.
"Qu'est-ce qui vous est impossible dans le fait de vous reposer ?"
Les pensées. Qui tournent en boucle. Les flashbacks. Qui détruisent. La tristesse. Qui revient.
Être en mouvement me permet d'échapper à tout cela. De me sentir mieux, même si parfois ce n'est que superficiel. Qu'importe, si ça peut éviter une crise de larmes supplémentaire. Ou une crise d'angoisse. Ou n'importe quoi dans ce genre.
"Ce sont vos douleurs ou vos pensées que vous n'acceptez pas ?"
Les deux. Tout est lié intrinsèquement.
"Ça vous fait vous sentir comment ?"
DÉMUNIE. Dépassée. Submergée. Sans contrôle sur la situation. Comme si tout m'échappait.
Puis on a un peu tournées en rond. Sur le fait que je devais me reposer. Que c'était dur. Mais que je le faisais quand même. À quel prix ? Je ne sais pas encore. Mais si mon corps finit par me remercier, mon psychique fera peut-être de même.
Alors je lui ai expliqué. Que j'avais l'impression que tout était de ma faute, et que dans le fond, j'ai beau savoir que ce n'est pas le cas il m'est beaucoup plus simple de blâmer les autres. Si je les blâme eux, tout leur appartient, s'ils font quelque chose qui me rend triste alors ma tristesse leur appartient et donc je ne peux ni la gérer ni la faire partir, ni agir sur elle. Si je me dis que c'est de ma faute, et bien ça m'appartient et il n'est plus que de mon ressort de changer ou non les choses, et de leur donner la direction que JE souhaite.
"Comment vous vous représentez cette faute, qu'est ce que vous y mettez dedans ?"
Mes fautes... d'avoir toujours été au mauvais endroit, au mauvais moment, à la mauvaise place. Soit par mégarde, soit parce qu'on m'y a mise. Le résultat est le même.
Je me mets mes propres bâtons dans les roues parfois.
Il y a une bonne part en moi, qui veut s'en sortir, faire des efforts, faire des choses qui peuvent me rendre bien.
Puis l'autre part, la mauvaise, qui prend davantage de place (ou alors je lui en accorde plus car j'ai tendance à me focaliser sur le négatif ?) qui fait que je ne creuse jamais à fond les problèmes, que j'avance, que je fais des efforts mais que je finis toujours par partir en courant dans la direction opposée, dans l'autre sens ("mais vous finissez toujours par y revenir") quand cela devient trop compliqué à gérer. Alors ça me freine un peu dans mon travail, j'ai l'impression de faire perdre son temps à ma psychologue et qu'elle devrait le dédier à quelqu'un d'autre. Puis la souffrance, j'en ai ma claque.
"Vous n'êtes absolument pas consciente de la gravité de votre situation et de la gravité de ce dans quoi vous avez été embarquée que ce soit en 5ème ou avec votre famille. Le travail ne sera jamais linéaire ; il ne peut pas l'être, c'est normal que vous fuyiez, que quand cela commence à trop évoluer positivement vous rajoutez du négatif, pour l'instant vous avez besoin de ça et c'est ok, votre cas est compliqué ça va vraiment prendre du temps. C'est difficile de changer un fonctionnement ancré, personne ne le peut sans l'aide d'une tierce personne"
Elle m'a demandé quels étaient les bâtons dans les roues que je me mettais : rester dans cet environnement toxique, m'empêcher de parler de certaines choses, la violence envers moi-même, rester focaliser sur le négatif, etc.
Et ce que je faisais pour aller mieux : me remettre à l'écriture, essayer de trouver un équilibre et une vie saine petit à petit, faire davantage attention à moi, par moments du moins.
Mais surtout l'écriture oui. Ça me permet de pouvoir me plonger dans n'importe quel univers. De conscientiser certaines choses également.
Elle m'a dit que j'étais très lucide sur ce dont j'avais besoin et ce que je faisais de mal pour moi, mais elle m'a dit d'arrêter de considérer la deuxième part comme mauvaise parce qu'elle ne l'est pas, ce sont juste les traumatimes qui s'expriment et, si cette deuxième partie est là c'est pour en dire quelque chose.
J'ai peur d'entendre ce qu'elle a à me dire. Alors j'essaie encore de la rejeter.
"Vous évoluez beaucoup. Vous êtes à une période charnière de la thérapie, de votre vie, vous déposez des choses importantes pour votre futur en tant que femme."
Elle m'a reparlé du lien corps/esprit. Que c'était nécessaire que je réconcilie les deux, que les conflits entre les deux étaient beaucoup trop importants.
Elle m'a d'abord demandé si je croyais en dieu : je ne sais pas, je ne crois pas spécialement à un dieu en tant que personne mais plutôt à une énergie divine qui nous dépasse.
Elle me reparle de l'activité physique pour reconnecter corps et esprit. Je lui explique que je fais du sport déjà donc à ce niveau là cest compliqué parce que je m'en sers pour me défouler et me faire du mal, je lui dis : je fais du renforcement musculaire et elle me dit "oui renforcement musculaire, là ou ça fait mal en somme", pour m'épuiser et je lui avais parlé de l'équitation mais au final ce n'est pas une bonne idée pour cet objectif car l'équitation me fait beaucoup de bien et je me sens davantage unie avec mon corps et avec le cheval mais que si cela me fait autant de bien c'est parce que j'aime le danger. Que j'aime me sentir dans cet insécurité, j'aime le fait de ne pas pouvoir toujours contrôler le cheval, que parfois il te jette par terre et que tu te aies mal.
"Effectivement alors pour cet objectif ce serait inutile."
"Il faut que vous arrêtiez cette mise en danger. Je sais que c'est votre manière d'exister, mais vous devez existez sans vous mettre en danger et pour cela vous devez réunir votre corps et votre esprit".
Peut-être le yoga en conscience. Ou l'hypnose. On va continuer d'y réfléchir ensemble.
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DOULEUR ET GLOIRE - Et voila encore un réalisateur qui souffre d’être vieux, et qui pense que sa personne et toute l’anamnèse de ses problèmes médicaux vont nous passionner… Cette prétention n’a d’égal que l’ennui mortel que provoque le diagnostic final réalisé au terme de cette longue consultation hyper narcissique: bon pour la casse!
Donc les films DE Almodovar sont souvent excellents, voire géniaux, mais Pedro lui-même est chiantissime! Son bilan de vie longuement filmé est plutôt négatif, il demeure très descriptif et centré uniquement sur lui-même. C’est en effet toujours fascinant de voir ces célébrités penser que leur vie personnelle devrait intéresser leur public, et encore plus fascinant de se rendre compte que ça marche plutôt bien à chaque fois (il n’y a qu’à constater le nombre d’étoiles que récolte cet opus).
En définitive ce film a quand même le mérite de nous démontrer le vide sidéral qu’exprime le cinéaste, au point de ne ressentir ses propres émotions que par le mal être que lui transmet son corps. Il persiste et signe en listant de surcroît toutes ses douleurs dont il fait état en large et en travers, et donc uniquement en parlant toujours et encore de sa propre personne. Mais là où le film avait un véritable sens et aurait ainsi pu avoir l’impact attendu, c’est au niveau du travail d’introspection du réalisateur, quant à ce qu’il a raté sur le plan relationnel, un aspect essentiel totalement absent dans cette réalisation beaucoup trop terre à terre.
On n’assiste donc jamais à une seule analyse ou remise en question de la part du réalisateur, et ceci même au niveau des deux seules personnes qui ont compté pour lui, à savoir cet ancien amant Federico et sa mère qui lui reproche de ne pas avoir été un bon fils… En quoi au fond cette vie dorée et vide de sens dans ce bel appartement aussi cossu et confortable, nous apporte-t-elle quelque chose à nous spectateurs ? En quoi était-il essentiel de nous faire l’inventaire exhaustif des maux de cet homme très seul qui somatise à mort ? Tout se rapporte en effet à son égo, à ce qu’il ressent en lui et à travers lui !
Ceux qui l’entourent ne sont là que pour s’inquiéter de lui, le devancer et le servir sans qu’à aucun moment ils ne soient respectés ou vraiment considérés, ce qui devient à force plutôt pénible et pathétique. Et pourtant Antonio Banderas dans sa composition, met beaucoup de conviction à interpréter ce Salvador déprimé et déprimant, alias Pedro, sans que l’on se sente pourtant une fois concerné ou ému de son sort (pour lequel il est finalement responsable), sauf peut-être dans les tendres scènes de l’enfance plus sincères et touchantes dans leur approche.
La fin qui amorce une renaissance apparente avec le retour de ce fameux désir de la création, ne semble même pas mettre le cinéaste dans une nouvelle réflexion quant à sa relation aux autres, tant elle ne semble pas évoluer d’un iota. Ceci sans même l’espoir de voir poindre enfin quelques regrets par rapport à l’échec manifeste de sa vie privée, de cette solitude pesante, mais récoltée comme il se doit, c’est au moins ce que cette narration finit par démontrer avec brio.
NOTE 8/20 - La mise en abîme de la mise en abîme de pièce jouée au théâtre sur la vie passée de celui qui ne la raconte pas, nous a noyés dans néant de la vie de Pedro.
Bref, c’est nul, inintéressant, même pas agréable à regarder tellement c’est long. Pénélope surjoue comme au théâtre tant son rôle est vide. Le film est à l’image du réalisateur en berne: creux, pathétique, maladif.
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La pierre bleue
Vu que je me pose beaucoup de questions sur les bijoux de Nath, son look estival m'a inspiré un petit texte.
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Faire les 100 pas dans mon appart n'est décidément pas la chose la plus productive au monde mais j'en suis réduis là. J'attrape mon téléphone pour la millième fois ce matin... pas de nouveau message, j'ai du réseau donc... Je dois encore attendre. Attendre qu'elle me donne des nouvelles.
Su' est partie il y a 5 jours pour voir ses parents. Nous avons échangé des messages et quelques appels le soir mais je ne réalise que trop bien que je suis très tendu rien qu'à la savoir loin de moi. Elle doit rentrer aujourd'hui et j'attends qu'elle me tienne au courant. J'ai presque peur qu'elle m'envoie un message me disant qu'elle prolonge son séjour chez ses parents. Elle a vécu 4 ans là-bas, elle a peut-être plus d'attachement pour cet endroit que pour sa vie ici. C'est ridicule, je le sais. Mais je l'ai retrouvée il y a peu et il n'y a que dans ses bras que je peux avoir un semblant de quiétude.
J'ai du coup tué le temps pendant ces quelques jours en rangeant mon appartement. Une grande première depuis trop longtemps. Mais j'avais assez honte de la recevoir dans un appart en bordel. J'aimais l'ordre avant. J'y suis encore attaché en un sens même si je suis peut-être moins méticuleux sur certaines choses. Quoi qu'il en soit, avoir cet endroit propre est déjà une bonne chose. D'autant que ma sœur est venue me voir et elle a même applaudi en voyant mes affaires rangées.
-Moi qui avais peur de venir ici à cause des poubelles qui débordaient!
-Tu exagères Ambre.
-A peine!
-...
-Me regarde pas comme ça frérot, je suis contente que tu te bouges les fesses!
Ça a eu le mérite de la faire sourire. Elle avait toujours l'air fatiguée mais au moins elle a passé un bon moment ici et ça m'a fait du bien aussi.
Blanche me regarde tourner en rond avec un air que je qualifierai de moqueur. Heureusement que personne d'autre ne me voit tourner comme un lion en cage. L'ironie de tout ça c'est que je suis en manque d'elle, comme si elle était... ma drogue. Je n'ai jamais goûté aux saloperies que les abrutis pour qui je bosse vendent. Mais j'ai bel et bien une addiction quand il s'agit d'elle.
Je soupire lourdement. Il est peut-être temps que je m'habille. Il devrait faire chaud aujourd'hui donc je ne vais pas trop me vêtir. Une chemise ouverte et un short feront l'affaire. Je suis habillé en une minute et me voilà de nouveau face à mon ennui.
On sonne à ma porte. J'espère que ce n'est pas des vendeurs qui font le tour du quartier, je risque de les envoyer bouler sans ménagement.
J'ouvre la porte, un peu méfiant et je n'ai pas le temps de réagir avant que l'on ne me saute littéralement dessus, me faisant presque basculer en arrière. Mais ce corps contre le mien m'est terriblement familier... ses bras autour de mon cou me serrant fort, son odeur que je connais par cœur...
Elle s'écarte de moi légèrement et me lance un sourire radieux.
-Bonjour Nath! Tu m'as manqué!
Je devrais lui dire qu'elle m'a manquée aussi mais la surprise de la voir ici alors que je m'inquiétais de ne pas avoir de nouvelles me laisse silencieux. Je la serre contre moi.
-J'attendais de tes nouvelles, Su'...
-Je t'avais dit que je rentrais aujourd'hui. Mon train est arrivé il y a une trentaine de minutes et me voilà!
Je remarque le gros sac resté devant la porte. Elle est venue directement de la gare. Je le prends et le pose dans un coin avant de refermer la porte.
-Tu aurais dû m'appeler, je serais venu te chercher.
-Je voulais te faire une petite surprise.
Je n'ai pas envie d'attendre davantage, je la prends fermement contre moi et l'embrasse. Elle se laisse docilement faire et me rend mon baiser avec avidité. Je ne pouvais pas demander mieux. Je me laisse aller à descendre mes mains le long de son dos jusqu'au tissu de sa robe qui recouvre ses délicieuses courbes. Je suis un instant tenté de la transporter directement jusqu'à mon lit d'autant qu'une de ses mains passe sur mon torse nu sous ma chemise.
Elle met cependant fin à notre étreinte et me regarde en fronçant les sourcils. Elle fait un pas en arrière et me scrute de la tête aux pieds. Quelques secondes plus tard un petit sourire en coin apparaît sur ses lèvres.
-Il fait déjà super chaud ici apparemment!
Je hausse un sourcil. Comment je dois prendre cette remarque? Elle continue de me regarder et c'est en la voyant se mordre très rapidement la lèvre que je me dis que l'amener jusqu'à mon lit aurait été en effet une bonne idée.
-Tu as quelque chose à dire sur ma façon de m'habiller?
-Non non, ça te va très bien. Mais dis-moi... Tu as ressorti une chemise blanche que tu portais au lycée?
Je la regarde un instant sans comprendre avant que ça ne me percute. C'est vrai, au début du lycée ma penderie était bien fournie en chemises blanches.
Elle passe une main sur la chemise.
-Je trouve que ça te va encore mieux qu'à l'époque.
-Je n'ai plus mes chemises du lycée tu sais, elles ont été données!
-Je me doute, tu ne rentrerais plus dedans de toute façon.
Elle promène sa main sur mes muscles. Il est vrai que je fais plus de sport maintenant, j'ai pris du muscle aux épaules et aux pectoraux. Mes anciens vêtements ne m'iraient plus et ils ne me manquent pas du tout.
-Contente de ton séjour chez tes parents?
Elle m'en a déjà pas mal parlé par téléphone, elle avait l'air vraiment ravie d'être là-bas.
-Oui! On a beaucoup rigolé! J'ai cuisiné avec mon père, j'ai fait les boutiques avec ma mère... Je lui ai montré une photo de nous deux, elle te passe le bonjour!
Je suis un peu étonné qu'elle lui ai parlé de moi. Je ne pense pas être le gars dont les parents rêvent pour leur fille. Mais il est vrai que sa mère a toujours été compréhensive. Si je prends mes parents en exemple forcément j'en oublie que d'autres ont des comportements plus "justes" et "normaux".
Su' regarde autour d'elle et me prend par la main, m’entraînant dans ma chambre. A peine arrivée, elle saute sur le lit aux côtés de Blanche.
-Toi aussi tu m'as manquée Blanche! Je t'ai même ramené une friandise!
Elle dépose son sac à main sur mon bureau et en sort un petit paquet des friandises préférées de Blanche, qui ne se fait pas prier pour descendre du lit et avaler le snack.
-En tout cas je suis quand même contente d'être rentrée. La ville où se trouve mes parents... J'ai jamais réussi à m'y faire totalement. Je suis mieux ici.
-Ici dans cette ville ou plus particulièrement dans ma chambre?
J'ai envie de la taquiner un peu et elle le sait très bien.
-Dans cette ville ET dans ta chambre. D'ailleurs je suis fière de toi, tu as fait un beau ménage! J'ai toujours bien aimé cet appart, depuis la première fois que je suis venue.
Je rigole doucement. La première fois qu'elle a mis les pieds ici... Je m'approche d'elle en ne la quittant pas du regard et m'assoit tout près d'elle.
-Tu veux dire, la première fois qu'on a testé ce lit à deux?
Elle me regarde sérieusement.
-Oui, cette première fois-là. Merci pour le rappel mais je m'en souviens parfaitement bien.
Je pense qu'on s'en souvient aussi bien l'un que l'autre. Je commence à sacrément avoir envie de l'avoir entièrement contre moi. J'approche mes lèvres des siennes mais elle met un doigt sur ma bouche.
-J'ai ramené quelque chose pour toi aussi.
Elle a tout à fait compris que j'ai envie d'elle mais comme je prends un malin plaisir à la taquiner régulièrement, elle me rend la monnaie de ma pièce dès qu'elle le peut.
-Tu m'as ramené ma friandise préférée il me semble...
Je regarde ses lèvres à quelques centimètres des miennes. J'ai beau parler sur un ton léger, c'est totalement la vérité.
Elle sort une petite boîte d'une poche et me la tend. Je l'ouvre et y découvre un pendentif bleu. Je n'en ai jamais vus de semblables dans le coin. C'est très délicatement travaillé et la couleur est jolie.
-Je faisais les magasins avec ma mère et je suis tombée sur la boutique éphémère d'un artisan qui travaille avec des pierres extraites dans la région pour en faire des bijoux. Il y avait la queue pour en acheter. Ma mère a voulu jeter un coup d'oeil et j'ai adoré ce modèle. Je t'imaginais très bien avec. J'ai fait la queue pendant un bon moment et j'ai eu la chance d'avoir le dernier qui me plaisait le plus. Ça a même failli tourner au drame!
-Comment ça?
Elle hausse les épaules en riant.
-La femme qui faisait la queue derrière moi avait aussi jeté son dévolu sur cette pierre et a commencé à me supplier de la laisser l'acheter. J'ai dit non, je voulais vraiment te l'offrir. Elle a lourdement insisté, me disant qu'elle avait une soirée prévue et que ça irait parfaitement avec sa robe et que ça lui ferait un décolleté parfait. Pour elle ça avait l'air d'être un argument infaillible.
-Comment tu as pu t'en sortir?
Elle se tortille légèrement comme un peu gênée rien qu'en se souvenant de la scène.
-Je lui ai dit que mon mec était canon, qu'il porterait ce bijou divinement bien et que son décolleté devra s'en passer. Elle a ouvert la bouche et aucun son n'en est sorti. Ma mère a assisté à la scène et est partie dans un fou rire. J'avais déjà payé donc je suis partie avec ma mère toujours en train de rire.
Je ne m'attendais pas du tout à ça. Je suis presque sûr de rougir un peu. J'ai déjà eu un certain nombre de remarques sur mon physique et toutes sont tombées bien vite dans l'oubli. Mais quand *elle* parle de moi comme si j'étais le plus beau mec du monde, ça me touche plus que je ne saurai le décrire.
Elle prend le bijou pour le passer autour de mon cou. Pendant un bon moment elle m'observe et finit par hocher la tête, visiblement très satisfaite.
-J'avais raison, ça donne très bien sur toi. Je n'en avais aucun doute mais je suis bien contente de cet achat.
Je sens un sourire s'étirer sur mes lèvres. Comment pourrait-il en être autrement? Cette fille me désarme complètement. J'étais ici à me morfondre sans elle et elle... même loin d'ici elle pensait à moi. Je me sens un peu bête maintenant mais surtout incroyablement soulagé.
-Merci Su'. Ça me plait énormément. Et...
J'inspire profondément.
-Tu m'as beaucoup manquée. Je suis content que tu aies bien profité de tes parents mais je suis surtout heureux que tu sois de retour.
Un peu d'honnêteté ne me fera pas de mal surtout que ça lui fait plaisir. Elle s'installe un peu plus profondément dans le lit et son sourire satisfait se transforme en quelque chose de plus profond.
-Je dirais pas non à observer ce pendentif sur ton torse un peu plus en détails...
Ses désirs sont des ordres.
Je me redresse pour enlever ma chemise tandis que son regard se fait intense en parcourant mon corps. La chemise tombe à terre et je rejoins l'objet de mon désir. Ses doigts parcourent mon torse, s'arrêtent sur le pendentif et continuent leur course sur mes épaules. J'aime tellement chaque contact de sa peau que ma respiration s'accélère déjà. La voir me regarder avec envie me rend dingue.
Je pose mon front contre le sien.
-Bon retour Su'.
Je ne lui laisse pas le temps de répondre et l'allonge sur le lit. Mon manque d'elle se fait lourdement sentir et je sais déjà qu'on ne quittera pas la chambre de sitôt. Bien vite il n'y a plus entre nous que cette pierre bleue se frottant sur nos peaux.
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