#identité numérique
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laurietallandier · 2 years ago
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SÉANCE #06 — Choisir qui on est face aux pressions sociales.
« L’exposition de soi est le principal ressort des pratiques des réseaux sociaux en ligne » (Cardon, 2010).
Le numérique a permis la création d’un nouvel espace d’échange où une multitude de plateformes et de réseaux sociaux numériques ont vu le jour. En outre, avec la tendance à l’individualisation dans les sociétés occidentales, les individus sont de plus en plus amenés à affirmer leur singularité devant autrui, ce qui se passe notamment sur les réseaux sociaux numériques. Ainsi, afficher sa différence et son originalité permet d’être identifié par les autres.
Fanny Georges a étudié les représentations de soi et les identités numériques. Elle définit ces termes comme un « ensemble de transpositions graphiques, sonores et visuelles de représentations en pensée. Elles ont pour fonction technique l’identification et la mise en relation d’un individu avec la communauté » (Georges, 2009). Pour exister sur les plateformes numériques, il faut s’exposer afin d’être reconnu. Cependant, dans l’anonymat à l’inscription (si nous ne comptons pas les données personnelles récoltées par les plateformes) l’utilisateur a le choix de ce qu’il veut partager, montrer ou non. Il peut choisir de se représenter comme il le souhaite. Le numérique et Internet apportent une nouvelle façon de se présenter aux autres et de paraître.
Bien que les réseaux sociaux numériques semblent permettre la liberté de se présenter et se représenter comme on le souhaite, cela pousse souvent à ne montrer que les bonnes choses qui nous arrivent et les bons côtés de notre personne. En effet, le numérique n’enlève pas la pression sociale, ce qui pousse les utilisateurs des réseaux sociaux à construire des « identités narratives », qui sont la mise en récit d’une image valorisante de sa personne. (Granjon, 2012) Un système de surveillance des autres s’opère sur les réseaux sociaux (Bertrand, 2018) et, ainsi, des mal-être comme la dysmorphie ou des troubles psychologiques peuvent prendre place ou s’accentuer. Une étude réalisée par le CHU de Montréal a montré que les médias sociaux ont un impact sur notre estime de soi et intensifient les signes de dépression (article).
Finalement, l’identité numérique joue un rôle important aujourd’hui dans la mise en relation aux autres ainsi que dans l’identification de sa propre personne.
Bibliographie :
Article. (2022, mai 12). https://nouvelles.umontreal.ca/article/2019/07/15/medias-sociaux-et-television-lies-a-la-depression-chez-les-adolescents/
Bertrand, D. (2018). L’essor du féminisme en ligne: Symptôme de l’émergence d’une quatrième vague féministe ?. Réseaux, 208-209, 232-257. https://doi.org/10.3917/res.208.0229
Cardon, D. (2010). Les réseaux sociaux en ligne et l’espace public. L'Observatoire, 37, 74-78. https://doi.org/10.3917/lobs.037.0074
Georges, F. (2009). Représentation de soi et identité numérique : Une approche sémiotique et quantitative de l'emprise culturelle du web 2.0. Réseaux, 154, 165-193. https://doi-org.scd1.univ-fcomte.fr/10.3917/res.154.0165
Granjon, F. (2012), Reconnaissance et usages d’Internet : une sociologie critique des pratiques de l’informatique connectée, Paris, Presses des Mines.
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henripaquette · 9 months ago
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Séance #6 - Les deux extrêmes de l’identité numérique
Les réseaux socionumériques ont cette particularité fabuleuse de permettre à leurs utilisateurs de se créer une identité virtuelle, laquelle peut être publique (et réelle) ou anonyme selon le désir de l’internaute. Pendant que certaines personnes se présentent de manière décomplexée et répétitive devant leurs publics élargis, d’autres, opèrent sur les réseaux sociaux en ne révélant jamais leur identité réelle. Découvrons ces deux possibilités qu’offrent ces technologies numériques.
La première consiste, pour l’utilisateur, à exposer et à dévoiler de manière claire l’image qu’il souhaite véhiculer de lui-même. Le but pour l’individu est alors de se construire une personnalité, un profil, qu’il pourra présenter à ses abonnés. Cette possibilité revêt d’une situation où l’individu étale une partie de son identité personnelle sur la place publique. Ainsi assistons-nous souvent au recours à certaines techniques pour y arriver, par exemple l’utilisation d'égoportraits (« selfies ») ou encore de « reels ». À cet effet, une publication de la vice-première ministre québécoise, Geneviève Guilbault, résume bien mon propos.
Vers la fin du « reel », nous apercevons la ministre en compagnie de ses jeunes enfants pour aller saluer le Bonhomme Carnaval. Constat : « la barrière entre la vie professionnelle et privée s’amenuise avec les réseaux sociaux. Plus les gens s’y affichent, plus les personnes de leur entourage peuvent tout savoir sur eux » (Noovo Moi, 2024, paragr. 11).
Au contraire, la deuxième possibilité permise par les réseaux socionumériques mise beaucoup plus sur la discrétion des individus souhaitant ne pas révéler leur identité personnelle en ligne. De là sont apparues d’autres formes de représentations pour ces utilisateurs, comme les pseudonymes et les avatars. Selon Barbara Seigne, blogueuse pour le réseau professionnel « Metricool », les utilisateurs matérialisent leurs avatars lors de leur connexion en ligne pour ne pas avoir à présenter une image véritable de leur personne (Seigne, 2023, paragr. 6). Cette description correspond à ce que l’on pourrait appeler une pratique de « travestissement identitaire » utilisant « l’anonymat […] afin d’expérimenter de nouveaux soi [représentations de soi] » (Raffin, 2011, p. 18).
Bref, comme nous avons pu le constater, les réseaux sociaux permettent un éventail de possibilités en termes de représentation de soi. Ils permettent à chaque utilisateur d’utiliser la technique de leur choix parmi toutes celles proposées allant de l'identité numérique réelle à l'identité anonyme.  
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immunobiz · 1 year ago
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On vous vendra l'idée que l'identité numérique c'est pour mieux protéger vos informations personnelles mais en réalité ça sera pour vous mettre au pas .
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chloematrot · 2 years ago
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SEANCE #06 – Identité numérique : réalité ou mensonge ?
Pour le sociologue Pascal Lardellier, l’identité numérique existe dans le rapport aux autres. Il parle notamment du développement de l’ego avec le web 2.0. Le web 2.0 caractérisé par la socialisation, le partage, l’interaction et la participation a amené les utilisateur.ice.s de ce dernier a créé un « Je expressif numérique » (Lardellier, 2010). Par ego, le chercheur renvoie à la représentation que l’on a de soi-même, en tant que personne séparée des autres, cherchant à être valorisé.
D’un autre côté, Dominique Cardon explique que l’identité numérique est souvent plus une « projection de soi » (Cardon, 2009) que de sa réelle identité. C’est-à-dire qu’à travers notre identité numérique, nous pouvons laisser transparaître une image différente (souvent améliorée) de ce que nous sommes vraiment.
Nous allons utiliser l’exemple de la plateforme Instagram afin d’illustrer ces définitions. L’essence initiale de ce réseau est de poster des photos. Selon une étude réalisée par Statista Research Department en 2017, plus de 50 % des utilisateur.ice.s (Français.e.s) postent des photos sur Instagram après un voyage (toutes tranches d’âge confondues). J’en suis l’exemple parfait… 
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Finalement, en faisant ça, l’idée est de se mettre en avant (question d’ego) afin de projeter l’image de ce que nous voudrions être aux yeux des autres. Cependant, la vie ne peut pas être faite que de voyage, de joie et de bonne humeur. Cela vaut aussi pour d’autres thèmes de photos et stories récurrentes (les fêtes par exemple, que ce soit les anniversaires, noël, halloween, etc.).
Certain.e.s influenceur.euse.s essaient justement de contrer ces représentations idéalisées. Par exemple, en montrant tous les moments de leur vie, sans exclure ceux tristes. Cela a pour but de rendre compte de la réalité en essayant de transmettre une identité numérique la plus proche de ce qu’il.elle.s sont vraiment et sans flatter leur égo en permanence.
Qu’en est-il pour vous, avez-vous déjà posté des photos de voyage en pensant que cela allait renforcer l’image qu’ont les autres de vous, qu’il.elle.s allaient vous enviez ?
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timriva-blog · 3 months ago
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¿Qué significa que algo es “borgiano”?
La sugestiva obra del escritor argentino ha dado lugar a la creación de un adjetivo, Qué elementos nos llevan a él y qué situaciones señala el término Lo borgiano, parte de nuestra vida. Jorge Luis Borges, uno de los gigantes de la literatura universal, dejó una marca indeleble en el mundo de las letras con sus laberintos narrativos, sus espejos infinitos y sus paradojas metafísicas. Sin…
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maintenantjesais101 · 1 year ago
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Devrait-on se faire payer pour nos données?
Certains pensent que oui, comme le directeur principal de la recherche au laboratoire de Microsoft en Nouvelle-Angleterre, Glen Weyl. Il estime « qu’un utilisateur issu de la classe moyenne dans un pays riche devrait recevoir entre 500 $ et 1 000 $ [par an] en échange de l’ensemble de ses données. » Il explique qu’elles servent à entraîner les systèmes d’intelligence artificielle (IA), et que « l’apprentissage machine étudie la façon dont les humains font certaines choses et tente de le reproduire. » Il compare les humains à des acteurs dans un film « dans lequel nous jouons tous » et que notre contribution au film devrait être rémunérée.
Quels types de données sont recueillies et à quoi servent-elles?
Tout ou presque! Ce que vous consommez comme contenu sur Internet, vos informations personnelles, vos champs d’intérêt, vos achats en ligne, vos besoins ponctuels (naissance d’un enfant, rénovations de votre maison, retour aux études, etc.). Elles constituent des renseignements forts utiles pour de fins de marketing notamment. Différentes publicités ciblées se glisseront sur la prochaine page web consultée en fonction du profil élaboré en fonction de vos données.
La vie privée des internautes est-elle compromise?
Selon Edward Snowden, ancien analyste de la National Security Agency (NSA) : la vie privée, c’est chose du passé. Chaque utilisation de n’importe lequel de nos appareils numériques connectés à Internet présente une occasion pour les « collectionneurs » de données d’en apprendre un peu plus sur vous et vos habitudes de vie. Ces informations ainsi recueillies sont très convoitées, et, pour les obtenir, on viole notre droit fondamental à la vie privée en échange d’une grasse somme d’argent.
N’hésitez pas à diffuser cet article pour éveiller la conscience collective sur les nouveaux enjeux liés à la technologie et à nous faire part de vos réactions à ce sujet en commentaire!
Sources consultées :
Gagnon, J-S. (2018, 25 avril). Et s’ils vous payaient pour vos données? La Presse. https://plus.lapresse.ca/screens/ca5a9c21-3f94-4e33-a546-58ba3495176b%7C_0.html
Fortier, M. (2014, 19 juillet). Requiem pour la vie privée. Le Devoir. https://www.ledevoir.com/societe/413866/technologie-requiem-pour-la-vie-privee
Fortier, V. (2021, 28 avril). Nos données personnelles : un marché convoité. CScience. https://www.cscience.ca/2021/04/28/nos-donnees-personnelles-un-marche-convoite/
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anthonie7 · 1 year ago
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SÉANCE #06 | Identité numérique chez les jeunes, l'importance de l'éducation.
Pour ceux qui ne le savent pas encore, l’identité numérique est l’ensemble d’informations personnelles que vous et moi laissons sur Internet lorsque nous nous inscrivons sur la majorité des sites web. Jusqu’ici, rien d’anormal, me diriez-vous. Et pourtant… c’est à l’aide de celle-ci que nous nous créons une e-réputation, image numérique que renvoie Internet de nous-mêmes vers d’autres personnes également connectées, souvent bien différente de la réalité. C’est entre autres le cas pour de nombreux jeunes aujourd’hui.
Effectivement, aujourd’hui, nous vivons dans un monde dans lequel les jeunes reçoivent de + en + tôt leur premier smartphone et bien que les réseaux sociaux soient normalement interdits aux jeunes de moins de 13 ans, une large majorité s’inscrivent sur des réseaux sociaux bien avant cet âge-là et ce très souvent sans l’accord de leurs parents parfois sous pression des copains dans la cour de récréation ou juste par simple désir personnel de sociabiliser.
   A cette tranche d’âge-là (les 7-12 ans) je trouve qu’il est encore difficile pour ces derniers de savoir ce qui est bon à faire ou non en ligne, mais aussi de savoir qui ils sont vraiment. Ceux-ci peuvent facilement se cacher derrière une identité qui n’est en réalité par la leur, beaucoup de moyens existent pour cela : création d’avatars, fausses photos de profils et j’en passe.
Les jeunes voudront toujours essayer de se faire remarquer et se sentir mis en valeur par le monde qui les entoure, un monde virtuel… De ce fait, ils peuvent être influencés par leurs aînés présents sur les plateformes en les incitant parfois à adopter des comportements inappropriés, à suivre des tendances malsaines ou à s’inventer parfois une, deux, voire plusieurs identités, dont ils rêvent peut-être, mais qui ne reflète pas forcément qui ils sont.
     Je pense donc qu’il est essentiel que les parents, éducateurs et les jeunes eux-mêmes soient conscients de l’importante de l’éducation sur l’identité numérique. Il est crucial de fournir aux enfants des conseils sur la manière de distinguer l’information en ligne fiable des contenus potentiellement nuisibles afin d’éviter des conséquences négatives sur eux-même.
https://actu.fr/societe/controle-parental-sur-les-reseaux-sociaux-les-jeunes-s-inscrivent-de-plus-en-plus-tot_57823978.html
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ladyniniane · 7 months ago
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Je suis en train de créer mon identité numérique avec La Poste pour pouvoir utiliser mon CPF. J'y suis depuis hier (enfin du moins dans ma tête) vu que les mails et les SMS qu'on est censés recevoir en quelques minutes sont en fait envoyés des heures après.
Vive la France !
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raisongardee · 9 months ago
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"La démolition de la morale, de la religion et de la spiritualité au profit d’une pseudo-science – le scientisme technocratique – est facilité par le gouvernement en collusion avec des entités universitaires et des entreprises. Ces institutions promeuvent un nouvel ordre mondial radical et dystopique. Les technocrates totalitaires mondiaux ont remplacé l’éducation par l’endoctrinement et ont pris le contrôle des canaux d’information – tant scientifiques que politiques – en censurant toutes les idées et sources d’information contraires. Les médias aux ordres façonnent l’opinion publique pour qu’elle se conforme au récit unique et contrôlé. Les nazis transportaient les Juifs et autres "indésirables" vers les camps de concentration, les camps de travail forcé et les camps de la mort, dans des wagons à bestiaux. Cette fois, l’objectif est le génocide mondial. Les cartes d’identité numériques sont conçues pour enfermer la multitude dans des camps de concentration contrôlés numériquement, dans lesquels nous serons incarcérés et d’où il n’y aura aucune possibilité de s’échapper. Si nous ne résistons pas et ne refusons pas de nous soumettre à un identifiant numérique, nous perdrons à jamais notre identité individuelle."
Véra Sharav, préface à Ariane Bilheran, Psycho-pathologie du totalitarisme, 2023.
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christian-dubuis-santini · 4 months ago
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Le nazisme numérique c’est quand la police ne te laisse pas rentrer chez toi parce que tu n’as pas le "cul-erre-code", tu peux parfaitement justifier de ton identité et de ton adresse, mais le problème n’est pas là, tu DOIS te soumettre à leur contrôle numérique, collaborer…
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clairikine · 4 months ago
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Vous avez besoin de faire une procu pour dimanche et vous ne savez pas si c'est encore possible? Toutes les infos sont ici! ⬆️
Quelques points qui sont bon à savoir et que vous ne saviez peut-être pas encore:
il est possible de faire valider sa demande de procuration dans n’importe quel commissariat de police, brigade de gendarmerie ou consulat. Ca vaut pour les inscriptions sur les listes en France comme sur les listes consulaires. Si par ex vous êtes inscrit·e pour voter en France mais que vous êtes à Berlin ou Munich pour l'euro, vous pouvez passer au consulat sur place! Pas besoin de prendre rendez-vous.
Vous (mandant·e) n'avez pas besoin d'être sur la même liste électorale que votre mandataire (par contre iel doit bien se rendre dans votre bureau de vote pour voter pour vous).
Votre mandataire n'a pas besoin de se déplacer avec vous pour faire valider votre procuration, et vous n'avez pas besoin d'être en possession de sa pièce d'identité.
Un·e mandataire peut prendre une procuration établie en France maximum; deux procurations maximum si au moins une des procurations est établie à l'étranger; trois maximum (dont maximum une établie en France) si au moins une des procurations est donnée par un·e mandant·e inscrit·e sur une liste consulaire.
Il est possible de faire sa demande de procuration en ligne (au lien ci-dessus) et de la faire valider en ligne si vous avez une identité numérique certifiée France Identité
Et si vous êtes inscrit·e sur une liste consulaire, n'oubliez pas que vous pouvez voter en ligne au second tour du mercredi 3 juillet à midi au jeudi 4 juillet à midi (heure de Paris), sous réserve d'avoir mis vos coordonnées à jour jusqu'au 28 juin 2024!
Si vous cherchez un·e mandataire, addressez-vous de préférence aux partis locaux! Ils centralisent les demandes.
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contesdefleurs · 6 months ago
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Dépolitiser la littérature met des vies en danger
Permettez-moi de faire au plus simple dans ce billet, parce que je m'adresse essentiellement à des personnes qui, comme moi, à l'époque où je ne comprenais pas ce que le mot "politique" impliquait, n'ont que peu de notions. Si vous souhaitez nuancer mon propos ou partager des ressources, n'hésitez pas à laisser des commentaires.
Cela semble exagéré comme titre ? Et pourtant, il n'en est rien. Depuis que je suis sur les réseaux sociaux, et en particulier dans la sphère littéraire de divers milieux numériques, beaucoup ont clamé haut et fort qu'il fallait "cesser de tout politiser" ou d'arrêter d'évoquer les questions relatives à la place de la politique dans nos ouvrages. Comme si dire que la littérature a un rôle social et politique, c'était prêter trop d'importance, ou trop de sérieux, à "un simple loisir". Chose que beaucoup de personnes pensent, la réduisant ainsi à un rôle unique : celui de nous divertir. Or, notre manière de nous divertir est bien plus politique que vous ne le pensez.
Introduction
Si vous n'en êtes pas convaincu-e, c'est peut-être que vous ne vous êtes pas interrogé-e sur le sujet, ce qui est normal, personne ne l'a vraiment appris. C'est en faisant des recherches, en rencontrant des gens ou en militant qu'on peut en venir à se questionner. Au cœur de notre imaginaire collectif, nous n'avons de cesse de voir partout des domaines relatifs au divertissement être réduits à une seule fonction : divertir. Certes, elle n'est pas négligeable, et elle est tout aussi importante à considérer. Sauf que c'est aussi un moyen de porter des idées. La mentionner chaque fois que l'on parle de politique a été, dans bien des situations, une façon de délégitimer des critiques, qui visaient, entre autres, des idées conservatrices et oppressives. Donc des idées susceptibles de mettre des personnes en danger, car les mettre en avant et les banaliser normalise des violences : le racisme, la misogynie, le validisme, la grossophobie, etc.
Quelques notions
"Discriminations", "oppressions". Voici des formes de violences dont vous connaissez peut-être les noms, ou que vous avez pu lire sur les réseaux. Ce sont des violences basées sur des critères arbitraires qui consistent à marginaliser, exclure, des groupes de personnes du fait qu'elles ne correspondent pas à des normes établies ou à un modèle social défini selon des hiérarchies, et cela varie en fonction des pays et cultures (aux causes et conséquences sociologiques et historiques différentes). Le fait d'être un homme blanc (au sens littéral comme au sens social), cisgenre, riche, valide, neuroT, hétéro, mince, etc fera que vous serez valorisé-e en France par exemple. Il vous sera plus facile d'obtenir un logement, un travail et d'autres avantages, au détriment d'autrui parfois. Pour peu que vous n'entriez pas dans ces critères, et que vous ne faisiez pas partie d'un groupe haut dans la hiérarchie, vous pouvez donc subir des violences. Les degrés dépendent du milieu où vous évoluez en société, de l'exposition à ces dernières, de vos liens sociaux et divers autres facteurs.
Le conservatisme est, d'après le dictionnaire de l'Académie française : "une doctrine ou état d’esprit qui tend à s’opposer à toute modification ou innovation, par attachement aux pratiques traditionnelles ou à un ordre existant". C'est donc un ensemble d'idées qui tend vers le maintien de ces dernières. Dans une société aux pensées conservatrices, il est donc fréquent que les normes, injonctions et modèles soient défendus au point de réprimer des idées qui osent s'y confronter, puisqu'elles sont banalisées et institutionnalisées. Cet "attachement" décrit dans cette définition n'existe non pas que pour la valeur sentimentale des traditions (argument souvent utilisé par la droite et l'extrême droite qui jouent sur les paniques morales et la fameuse "perte des valeurs et de notre identité"). Il est aussi présent parce que conserver ces hiérarchies favorise et avantage des groupes privilégiés (ceux qui sont donc en haut) au détriment des autres par leur exploitation. Il s'agit là d'un rapport de force se trouvant être le résultat d'évènements socio-historiques, et cet ensemble d'éléments (idées, rapport de force et un pouvoir institutionnel et gouvernemental) forme un système.
À présent que vous avez quelques notions, humblement définies, sachez que les idées (vous vous en doutez) ne se présentent pas que sous la forme d'injonctions. Elles circulent à travers notre manière de vivre, et bien sûr, notre manière de se divertir. Et oui. Même l'humour est un vecteur d'idées. C'est parce qu'on normalise certaines blagues, basées sur des clichés oppressifs, qu'elles perdurent. En les réduisant à du divertissement, on minimise et sous-estime l'impact qu'elles peuvent avoir dans nos représentations et elles finissent par perdurer en perpétuant des violences déjà existantes (parfois en les augmentant dans des périodes de tensions politiques, comme lorsque des idées progressistes ou des luttes prennent de l'ampleur ou que des droits sont enfin obtenus).
Dire "ce n'est qu'un récit" quand on parle de littérature en ignorant (volontairement ou non) son rôle politique, cela fait partie de la dépolitisation. C'est-à-dire nier ou retirer dans notre propos le caractère, le rôle et l'impact politique (au sens social du terme) que peuvent avoir des livres. Des personnes vont les lire et des idées seront diffusées à travers ces lectures, d'une manière ou d'une autre. En dépolitisant des sujets qui concernent des vies humaines (souvent des groupes oppressés et discriminés), nous les mettons donc en danger. En dépolitisant la littérature, nous maintenons des idées destructrices.
La dépolitisation de la littérature
Plusieurs auteurices ont présenté des œuvres avec des idées oppressives (participant de fait à des violences visant des groupes de personnes pour leurs origines, couleur de peau, handicaps, identité de genre, religion, orientations romantico-sexuelles, et bien d'autres choses...). Que cela soit volontaire ou non, les mêmes arguments, plus que discutables, sont encore tenaces de nos jours : "ce n'est que de la fiction" ; "mon livre n'est pas politique, il est divertissant" ; "il faut arrêter de tout politiser, c'est juste un récit".
La politique n'est pas détachable de toute sphère ou domaine, car elle les influence en permanence. Elle est présente dans notre langage et nos représentations, d'où l'importance de ne pas négliger sa présence dans la littérature. Certain-e-s pourraient dire qu'il ne s'agit là que de questions culturelles : en réalité, les deux sont très liés. Les cultures se sont construites autour d'environnements, de sociétés, elles-mêmes grandement liées à des évènements et évolutions socio-historiques, comme mentionné plus tôt, qui ont émergé parce qu'elles ont été portées par des idées.
Répandre l'idée selon laquelle il faut différencier politique et divertissement/littérature, c'est passer à côté du rôle que l'on a. C'est aussi dépolitiser notre propre place d'écrivain-e et/ou lecteurice. En tant qu'individu membre d'une société, qui que l'on soit, on porte, diffuse, partage un regard politique sur notre monde de manière consciente et/ou inconsciente. Ignorer cela, ne pas prendre en compte la place que la politique prend dans les milieux littéraires, c'est participer, volontairement ou non, au maintien de violences. Ne pas agir, c'est devenir complice.
Conclusion
Il est vrai que se positionner, agir, sur des sujets politiques, s'éduquer, apprendre, n'est pas toujours chose aisée. C'est un inconfort que l'on doit surmonter si l'on souhaite contribuer à une littérature plus éthique et engagée. L'esprit critique garantit une forme d'autonomie et une liberté de penser, qu'il faut considérer avec sérieux, selon moi, au-delà de l'aspect moral (ce n'est pas un combat entre le bien et le mal). N'est-il pas plus enviable de prendre conscience et comprendre la société dans laquelle on évolue ? Dans les milieux centrés sur l'écriture, on parle davantage de diversité, d'inclusivité, ce qui montre que les mentalités ont évolué et qu'il est possible de surmonter cet inconfort. Il devient moindre grâce au travail collectif réalisé dans nos luttes et nos efforts individuels.
Plus tard, j'envisage de présenter quelques ressources pour compléter ce modeste billet. J'espère qu'il éclaircit un peu plus les enjeux présentés. La dépolitisation touche bien d'autres domaines, alors gardons en mémoire que la politique ne concerne pas que le vote ou les débats.
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Merci pour ta lecture, à bientôt pour de nouvelles aventures ! 💜
Si cela vous intéresse, vous pouvez me retrouver sur les réseaux sociaux et lire mes projets publiés ici, à bientôt ! :
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timriva-blog · 3 months ago
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De Juan Gabriel a Chico Buarque: la música de Latinoamérica en 600 discos
Diecinueve periodistas de distintos países de la región presentan un listado kilométrico que dibuja una panorámica sonora de la riqueza musical de la región Chico Buarque actúa durante el festival Lula Free en Río de Janeiro, Brasil, el sábado 28 de julio de 2018. Leo Correa (AP) Escrito por Ricardo Pineda No han sido pocas las veces en que se ha intentado documentar la historia e identidad de…
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rosesinvalley · 3 months ago
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Ciseaux Fanzine
Des fanzines queer mais pas que…
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Pourquoi pas interviewer des acteurs du DIY ?
J’ai rencontré Ophélie au Salon « DIE or DIY » en décembre 2021, une autre fanzineuse posée à coté de mon stand. Nous avons donc pris le temps de discuter, échanger nos fanzines et ça a accroché.
Le caractère éclectique et du genre LGBT / Queer m’a interpellé ainsi que le style punkzine à l’ancienne. Elle a donc susciter ma curiosité sur son travail de longue haleine et je lui ai proposé une interview. 
Elle m’a aussi appris le mot « DYKE »  qui n’est pas dans le contexte une lame de roche magmatique à vous de chercher.
Elle a posé avec un tee shirt RIV qui lui va à ravir dans la thématique Cult of ride. Merci !!!
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Peux-tu présenter « Les Ciseaux Fanzine » ?
« Les Ciseaux Fanzine », c’est un ensemble de fanzines autour des thématiques féministes et queer et de façon plus générale, sur la culture, le cinéma, la littérature, la musique avec parfois un humour décalé.
J’utilise le terme « queer », signifiant à l’origine « bizarre », « inadapté », pour désigner une identité, une culture et une communauté aussi qui remet en question les genres et une société dans laquelle le patriarcat est le modèle dominant. Pour moi, c’est un terme avec un sens politique qui sous-entend un certain engagement. Se revendiquer « queer » revient à politiser sa sexualité en remettant en question la société dans laquelle cette dernière doit/essaie de s’épanouir. Être « queer », c’est remettre en question les injonctions genrées de notre société. 
J’ai choisi le format du fanzine à l’ère du numérique car j’aime énormément l’objet livre et la libert�� qu’offre ce moyen d’autoédition (mise en page, distribution, thèmes, écriture etc.) à travers le DIY et j’adore aussi l’esthétique « punk ».
Quand et pourquoi avoir commencé à écrire ?
Vers l’âge de 10-11 ans j’ai commencé à écrire mes premiers textes et des sortes de fanzines. Je créais mes propres magazines de A à Z. J’avais envie de partager des articles, des illustrations, des jeux, et surtout un objet « livre ». J’étais fascinée par cet objet et par l’univers de l’édition. J’aimais l’idée d’être libre, d’illustrer mes propres histoires et de les partager. Je me réfugiais aussi dans l’écriture pour réfléchir aux premières attirances, à une identité en construction. La fiction permettait davantage de libertés, on ose davantage écrire ce que l’on a peur de dire. Ainsi, mon premier « roman » racontait une histoire d’amour entre deux ados. C’était une sorte de refuge.
Tes ources d’inspiration ? Pour qui ?
J’ai toujours été inspirée par la culture féministe et lesbienne. J’avais lu Mémoires d’une jeune fille rangée de Simone de Beauvoir en 3ème. C’était un peu complexe mais je l’avais dévoré avec passion. Dans la bibliothèque familiale, vers l’âge de 16 ans je suis tombée sur Claudine à l’école de Colette et ce fut une révélation. J’ai ensuite imprimé les poèmes de Sappho traduits par Renée Vivien puis les poèmes d’amour lesbien de Renée Vivien elle-même. J’ai ensuite découvert, via internet, d’autres artistes, auteures, réalisatrices lesbiennes et féministes. Et j’ai eu envie d’écrire pour partager toutes ces découvertes car souvent c’étaient des femmes peu connues du grand public. J’avais envie de partager ces références dans les cultures féministe et lesbienne. Ado, j’aurais aimé tomber sur un fanzine me présentant toutes ces icônes inspirantes. C’est vrai qu’à présent il y a les séries et les influenceuses des réseaux sociaux…
Le public visé est principalement les femmes, les personnes queer mais en réalité, il est important que chacun·e se sente concerné·e et curieux·se de toute cette culture pour déconstruire les préjugés et vivre dans une société plus inclusive et donc égalitaire. On revient ici à l’idée d’engagement liée au terme « queer ».
Tu as de multiples facettes parfois satirique puis poétique dans ton écriture ?
Documentaires, poétiques et parfois satiriques, il y a un peu de tout dans mes fanzines. La tonalité peut varier parfois d’une page à l’autre. J’ai une petite préférence pour la poésie pour la beauté du mot et des images.
Concernant l’aspect satirique, l’idée est de faire bouger les lignes, d’heurter le lecteur ou la lectrice pour le/la faire sortir de sa zone de confort et réfléchir…
Le Statut LGBT revendiqué ? Vulve féministe ? Sororité ? Explique nous?
Oui, je revendique le statut d’artiste LGBT+, queer même, parfois lesbien-queer. C’est vrai qu’il y a beaucoup de termes mais les sexualités et cultures liées à ces identités sont elles-mêmes extrêmement variées. Je ne me reconnais pas dans la culture « mainstream » très hétéronormée avec un humour qui repose très souvent sur des stéréotypes sexistes ou de genres qui, moi, ne me font pas vraiment rire, sur des rapports de domination homme/femme dans lesquels je ne me reconnais pas, et avec lesquels je suis en désaccord. Et comme je le disais plus haut, je me définis également comme une artiste queer dans le sens où je souhaite également lutter pour déconstruire les clichés de genre et faire exister, rayonner, grâce à mes mots, mes collages, mes dessins les cultures LGBT+ trop souvent écartées.
Plus que « vulve féministe », je n’avais encore jamais entendu cette expression, je dirai « clitoris féministe » car cet organe a trop longtemps été mis à part, oublié volontairement. Actuellement on en entend beaucoup parler, il était temps !
Et oui pour la sororité. C’est un mot extrêmement important dont encore certaines personnes méconnaissent encore l’existence. Il existe une fraternité dans notre société que l’on trouve presque naturelle, inconsciemment. Une union masculine est quelque chose de communément admis que l’on n’interroge jamais (on le voit bien au travail ou dans les émissions de télé-réalité ou de divertissement qui reflètent merveilleusement bien notre société). Tandis que la moindre union de femmes est immédiatement vue comme une dangereuse coalition à détruire le plus rapidement possible… car ce serait le signe d’un « féminisme » contre les hommes… Il y a un vrai problème sociétal à ce niveau-là. Une peur et un rejet des unions de femmes. Insister sur la sororité est pour moi un chemin vers l’égalité de tous, hommes, femmes, personnes non-binaires. Dans un idéal d’adelphité, terme sans dimension genrée.
La Place des femmes dans la société actuelle ? les femmes sont-elles biens dans leurs corps ?
Non, je ne pense pas que la plupart des femmes soient si bien dans leurs corps. C’est d’ailleurs encore une chose difficilement acceptée car cela passe pour un discours « victimisant ». Mais c’est un fait : le corps des femmes est encore trop souvent instrumentalisé, commenté et sexualisé dans tous les domaines. Dans le monde du ride, par exemple, on voit encore trop de meufs hyper sexualisées vs des mecs en t-shirts et pantalons larges… A quel moment on fait du skate ou du bmx en string et soutif ?!
Tu as fait un fanzine spécial Roller Derby, rider pour toi cela épanoui la femme ? Que penses-tu de notre  fanzine Cult of ride justement ?
Vous la retrouverez dans les salons DIY et les fanzinothèques lyonnaises comme Café Rosa ou La luttine ainsi que sur Etsy.
Et son univers sur instagram.
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lumeha · 5 months ago
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N'ayant pas pu faire ma procuration à temps pour dimanche (je n'avais pas vu qu'il me manquait un truc joie et bonheur), j'ai vérifié comment faire "vérifier son identité numérique"
et je dois aller dans une mairie habilitée à le faire, ce qui, jusque ici, pas de problème
...
La liste des mairies qui sont en capacité de le faire, dans le département où j'habite, est ridicule ?? Une seule des grandes villes peut le faire ?? Alors, coup de chance, l'une de celle où je peux aller est une des villes à côté de là où je bosse, mais
Si cette mairie ne le faisait pas, j'aurais du traverser le département ?? département connu pour sa circulation de merde plus on se rapproche de Paris ????? juste
Ca me fatigue en fait
(mais cette fois je l'aurais ma proc)
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lemondeabicyclette · 6 months ago
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Nous ne pouvons plus faire confiance à nos gouvernements, auxquels nous avons accordé tant de crédit, parce qu'ils s'en prennent à nous... Le Covid n'était qu'un petit aspect de ce que nous vivons actuellement. Ce transgenrisme qui nous prive à nouveau de notre identité sexuelle.
Ensuite, il y a la folie du climat, qu'ils utiliseront pour restreindre la mobilité individuelle, nos possibilités de visiter d'autres pays, de prendre l'avion et tout ça.
Ensuite, il y a la carte d'identité numérique, c'est la prochaine chose, donc le passeport Covid était en quelque sorte le ballon d'essai de la carte d'identité numérique, bien sûr la monnaie numérique qui sera le mécanisme de contrôle ultime pour chaque individu sur cette planète.
Et puis bien sûr la lutte contre le discours haineux, la désinformation, la fausse information, c'est la nouveauté maintenant.
Donc, ce sont toutes des mesures et, pour ainsi dire, des agendas qui sont mis en place et qui, en fin de compte, aboliront la liberté, la démocratie et l'État de droit. Et c'est vraiment rafraîchissant de voir que beaucoup de gens reconnaissent ces problèmes et commencent à comprendre ce à quoi ils ont affaire.
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