#guembri (basse gnaoui interdite aux femmes)
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Critique: Hasna sur la corde rebelle.
par Bouziane DAOUDI publié le 30 novembre 2001 à 1h46
«Mon père avait beau me frapper, je jouais de la guitare, j'en étais folle. Je découpais des photos de l'instrument pour les coller sur les murs de ma chambre. Ça m'a pris vers 9-11 ans.» Ainsi parle Hasna el Bécharia, marginale adulée au coeur de la 5e édition des Belles Nuits du ramadan, entre les mélopées de Chérifa, Berbère de l'Atlas, et les complaintes de l'Ouzbèke Munadjat Yulchieva.
Multicordes. Hasna el Bécharia, fille d'un maître gnaoui, chante un mélange de ses compositions et d'airs traditionnels maroco-algériens. Elle joue aussi des cordes: oud, hajouj (instrument négro-maghrébin), guitare électrique, banjo, guembri (basse gnaoui interdite aux femmes). Bref, une artiste inédite dans une Algérie où l'on ne voit pas une guitariste en leader de groupe. Hasna n'a d'ailleurs donné qu'un seul concert local, il y a vingt ans à Adrar. Dans le désert.
Comme son nom l'indique, Hasna el Bécharia vient de Béchar, ex-Colomb-Béchar, cité garnison du temps des colonies, dans le Sahara, à un jet de pierre de la frontière marocaine. «Ma famille est originaire d'Arfoud. Nous sommes d'une lignée de gnaouis. Mon père jouait pour soigner les gens.» Hasna a appris des ténors de la chanson marocaine, Hamid Zahir, Brahim el Alami ou Abdelhadi Belkhayat, et tous les jeudis au cinéma en suivant les comédies musicales égyptiennes de Mohamed Abdelwahab et Farid El Atrache. «Mais, dès qu'il n'y avait plus personne à la maison, je ressortais Enrico Macias pour apprendre à le jouer, sur la guitare que j'empruntais à mon cousin moyennant une pièce de monnaie.» Dès l'âge de 16 ans, Hasna se produit devant les copines, avant que le bouche à oreille ne l'oriente vers les fêtes de mariage. «J'étais bouleversée quand j'ai gagné mes premiers 100 dinars. Je pouvais aider financièrement ma mère et ma grand-mère, confie celle que son père marie vite à un cousin. Je suis tout de suite tombée enceinte et, dégoûtée de mon mari, j'ai divorcé.»
Maison des parias. Sollicitée pour sa musique, réprouvée pour ses moeurs, Hasna buvait beaucoup, «à l'époque. Ma maison était pleine tous les jours de ceux dont on ne voulait pas: divorcées, veuves, paumés, enfants affamés, et fous que je soignais et lavais. J'avais de plus en plus mal à la tête et jouais de moins en moins.»
A Paris, en 1999, un minifestival organisé au Cabaret sauvage, rassemble quelques chanteuses d'Algérie, dont Hasna: «J'étais venue à cinq reprises en France, cette fois, je ne suis plus repartie. Je n'ai plus mal à la tête, la première chose que j'aie faite en débarquant ici: sortir une cigarette, avaler une grande bouffée et soupirer.».
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