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POST-SCRIPTUM 695
UNE RÉACTION À LA CRISE DE LA FORME
Ci-après, un extrait d’un entretien avec Jacques Oger (Axolotl, Potlatch) faisant partie d’un ouvrage autour de l’underground musical en France ; ouvrage d’ailleurs quasi exclusivement constitué d’interviews, entre autres avec Christian Vander, Jac Berrocal, Dominique Grimaud, Yann Goudon, Dominique Répécaud, Jean-Marc Foussat, Bruno Meillier, Richard Pinhas, Michel Bulteau, Romain Perrot, Dominique Grimaud, Jérôme Noetinger, Daunik Lazro, Jean-Jacques Birgé… Une quarantaine à peu près. Soit un peu de l’histoire de Catalogue, Magma, Vidéo-Aventures, Soixante Étages, Étage 34, M.I.M.E.O., Vomir, Etron Fou Leloublan, entre autres…
EXTRAIT…
Comment te présenter ?
J’ai commencé à écouter Coltrane, Ornette Coleman, Archie Shepp, Hendrix, Zappa, vers 1966-1967. J’ai suivi de près le free jazz français au début des années 1970. J’ai découvert la musique improvisée européenne vers 1975. Puis j’ai été saxophoniste et j’ai participé au groupe Axolotl (l’un des tous premiers groupes de musique totalement improvisée en France) à la fin des années 1970.
J’ai aussi joué avec Jac Berrocal, Daunik Lazro, Jean-François Pauvros. Puis j’ai cessé toute activité musicale vers 1985-1986. Jean-Marc Foussat, que je connais depuis vingt ans, a eu l’occasion d’enregistrer tous les musiciens de la scène de la musique improvisée européenne. Nous avons créé ensemble le label Potlatch.
Pourquoi choisir de le consacrer aux musiques improvisées ?
Depuis de nombreuses années, les musiques improvisées agissent comme si elles étaient le refoulé des autres musiques qu’elles dynamitent de l’intérieur : le jazz, le rock, la musique contemporaine, l’électroacoustique. La plupart des musiques dominantes sont devenues ennuyeuses. Ne parlons pas des musiques « à la mode », tristes à mourir et tellement dénuées d’invention et d’imagination. Les majors ronronnent à coups de rééditions faciles, et la plupart des journalistes, qui ne veulent surtout pas déranger cet ordre établi (sans doute afin de préserver leur gagne-pain), se déculpabilisent en faisant de la pédagogie rédactionnelle, toujours avec un métro de retard (sur l’histoire du jazz par exemple) – ce qui n’empêche d’ailleurs pas l’inculture générale de progresser. Autre facette du même phénomène : on entend dire partout qu’il n’y a plus de grands génies musicaux. Je dis : « Ras-le-bol ! » Aujourd’hui, pourquoi faudrait-il attendre d’hypothétiques nouveaux Coltrane ou Hendrix ? En fait ils sont là (et peu importe qu’ils aient ou non leur talent). La musique bouge, elle vit, il y a plein de choses extraordinaires à écouter. C’est le sens du titre du premier disque que nous avons produit sur Potlatch : No Waiting. Toutefois, je ne veux pas être non plus un inconditionnel de la musique improvisée, qui, elle aussi, peut parfois sombrer dans des styles figés (mal qui guette n’importe quelle musique). Elle ne doit pas être une fin en soi, et elle n’est pas immunisée contre le répétitif, le conformisme, le conventionnel. En revanche, l’improvisation totale (dont l’origine est à trouver dans le free jazz) est une réaction à la crise de la forme de la musique occidentale en général. Si on la considère tout simplement comme une méthode appliquée à n’importe quel matériau, elle peut conduire à des expérimentations, des découvertes extraordinaires. Les exemples – concerts, enregistrements – abondent. C’est un lieu très fertile qui attire des musiciens de pratiques très différentes: aussi bien Fred Frith, John Zorn que le noise rock japonais, Otomo Yoshihide et Keiji Haino par exemple. On peut juste regretter que ce mouvement, qui correspond à ce qui se fait de plus riche en musique depuis plus de vingt-cinq ans, soit trop occulté aujourd’hui. Avec Potlatch, Jean-Marc Foussat et moi voulons simplement nous battre pour mieux faire connaître cette musique. Comme d’autres le font aussi en France et bien que celle-ci soit gangrénée par des institutions sclérosées. Nous avons des artistes qui sont invités dans de grands festivals étrangers et qui n’ont pas la reconnaissance qu'ils méritent ici. Je pense à Lê Quan Ninh et au quatuor Hélios, à Erik M., Michel Doneda, Jean-Luc Guionnet. Quand vous parlez avec Thurston Moore et Lee Ranaldo de Sonic Youth, ils ne jurent que par eux ! Sais-tu que l'un des plus grands innovateurs à la guitare, Keith Rowe (AMM), habite près de Nantes et qu’il ne joue presque jamais en France ? Il faut que ce soit Sonic Youth qui l’invite en première partie d'un concert ! Thurston Moore passait en public le disque de Derek Bailey et Joëlle Léandre sur Potlatch avant les concerts de leur tournée aux États-Unis ! J’espère tout simplement que les recommandations qu’ils délivrent à longueur d’interviews finiront par porter leurs fruits auprès du public car je pense que, lorsqu’on aime Sonic Youth, on est prêt à aimer ces nouvelles musiques. Que souhaiter de mieux ?
Les choix du label sont politiques ?
Le débat politique / musique est toujours d’actualité, Les musiques intéressantes doivent certes affronter un système économique, mais elles représentent surtout un imaginaire qui est intrinsèquement dangereux pour les valeurs du système en place. Bien sûr, je ne crois pas que c'est la musique qui va changer le monde, mais ces musiques sont par nature dérangeantes. Alors, pour en revenir à Potlatch, ce nom fait référence à une pratique souvent rencontrée dans les tribus indiennes d’Amérique du Nord, l’échange par le don, pratique étudiée par le père de l’ethnologie moderne, Marcel Mauss. Ce terme a déjà été utilisé dans les années 1950 par un groupe de l'Internationale lettriste pour..., ..., ...
( Jacques Oger, par là )
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Bataille. The word silence has a saying in itself, indicating itself, that was conceiving of knowing, and it must not be said to stop knowing. The sand made my eyes opened. Words were just used for escaping. When I stopped escaping, words brought me back to the state of escaping. This was true when I opened my eyes, but it should not be said, and I should remain dull as a fool.
Geoges Bataille, L’Experience Interieure
‘Silence is a sound’
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Escrevo para apagar meu nome.
Geoges Bataille
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A partir d'une ignoble souffrance, à nouveau, l'insolence qui, malgré tout, persiste de façon sournoise, grandit, d'abord lentement, puis, tout à coup, dans un éclat, elle m'aveugle et m'exalte dans un bonheur affirmé contre toute raison. Le bonheur à l'instant m'enivre, il me saoule. Je le crie, je le chante à pleine gorge. En mon coeur idiot, l'idiotie chante à gorge déployée. JE TRIOMPHE !
le bleu du ciel
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