#façons dont elle a et continu de blesser son fils
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martinmynster · 2 years ago
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how can you misinterpret a piece of media so badly have you no empathy have we not suffered enough at the hands of others that we must endure it as well from our own people what is wrong with you
#fuck english depuis que j'ai lu ce commentaire hier il me tourne en boucle en tête#une interprétation complètement différente de la mienne mais l'une comme l'autre à des années lumière de cette ignominie#je peux comprendre détester Mol c'est une chose de comprendre son trauma et une autre de pardonner toutes ces actions et les millions de#façons dont elle a et continu de blesser son fils#mais d'avoir de la rancœur pour Inthawut ?? please get a heart and go do some self reflection#how can you celebrate Wang leaving him to ''rot'' in his cave im sorry im going insane what even is this wording do you hear yourself????#ah yeah so the comment i read was something along the line of#''it is a tragedy. the reality that sometimes you have to leave behind some good people in order to move on in life yourself.''#and it breaks my fucking heart to think of all the ones that will not finish the journey with us#and it's the same sentiment the director of your name engraved herein wanted to depict in a way#''an ode to the generation that missed the train of happiness''#paraphrasing but the idea is there#In being isn't old. he still got time and where i interpreted it as something hopeful it can also be something miserable#the knowledge that for the remaining of his life he will not break free of the cage he built for himself#some us are too broken and there's nothing you can do about it if you want to have a shot at happiness yourself#it's the tragedy of witnessing and accepting that all you can do is remember#180 degrees
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lilithdusk · 3 years ago
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Avant que tout implose - partie 10
A écouter durant la lecture : “Take the crown” de Secession Studios
https://youtu.be/aLNlAj2x4sw
Disponible sur wattpad!
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Gabriel Agreste se releva, visiblement affaibli. Ses vêtements autrefois propres et lisses étaient salis et son arcade sourcilière était fendue. Pourtant, ce qui perturba le plus son fils fut l'absence de son habituel foulard rouge, autour de son cou. A la place, le miraculous du papillon orné fièrement sur sa chemise. Aussitôt, alors que Ladybug quittait son compagnon pour se précipiter vers ses amis, Gabriel se transforma en échangeant un regard avec Chat Noir. Ce dernier réalisa avec peine que son père n'avait même pas la force de l'affronter avec son vrai visage, lâche jusqu'au bout.
- Alya ! Nino !
Ladybug tomba à genoux devant eux et vérifia rapidement s'ils respiraient toujours. Hypothèse qui fut confirmée quelques secondes plus tard. Elle souffla de soulagement et, au moment de tourner la tête vers son adversaire, Ladybug sentit sa canne appuyée contre sa gorge. Elle déglutit et ne fit aucun mouvement. Elle s'apprêtait à ouvrir la bouche quand son coéquipier la devança.
- Nous ne te donnerons jamais nos miraculous, père.
L'atmosphère autour d'eux s'alourdit. Le ton détaché qu'avait utilisé Chat Noir fit hausser les sourcils de Papillon, aussi surpris que Ladybug de la manière avec laquelle son partenaire adressait la parole à leur plus grand ennemi. Chat Noir était fatigué, épuisé de devoir se battre. Il pensait qu'il allait déborder d'énergie, de rage devant son père ; ce fut en fait tout le contraire. Il en avait marre, exaspéré de devoir tout négocier dans sa vie. Même en sachant pertinemment qu'il allait blesser son fils, son père avait préféré kidnapper ses meilleurs amis. Et il menaçait maintenant Ladybug. Que lui faudrait-il encore ?
- Adrien, tu ne comprends pas ! Je fais tout ça pour nous, pour qu'Emilie revienne et que nous form-
- Nous ne serons jamais une famille, coupa court le héro. Ton souhait est devenu irréalisable le moment où tu as préféré consacré ta vie à te servir du malheur des autres plutôt que de t'occuper de ton propre fils.
Papillon relâcha la pression qu'il exerçait sur la gorge de Ladybug un instant, stupéfait de la façon dont Adrien lui répondait. Ce fut ce qu'il fallait pour que Ladybug se défasse de son emprise et s'éloigne. De son côté, Chat Noir bougeait enfin, avançant sereinement jusqu'à son père ; ses mots plus tranchants les uns que les autres.
- Pendant très longtemps, je m'en suis voulu d'avoir pensé qu'une seule petite seconde que la mort de maman allait nous rapprocher. Comment pouvais-je être aussi cruel d'espérer que tu m'accorderez plus de temps, maintenant qu'elle était partie.
Chat Noir se planta devant lui, la tête haute, les larmes menaçant de couler. Les poings serrés, le visage déformé par la douleur et la gorge nouée, il continua.
- Mais à présent, je me sens juste idiot. Idiot d'avoir cru un seul instant que vous vous intéresseriez à moi, que vous vous rendriez compte de ma présence. J'ai toujours été invisible à vos yeux ! Cria-t-il.
Ladybug détourna le regard, incapable de continuer à endurer ce drame aux premiers rangs. Papillon lui, ne répondit rien. Un silence tomba dans la pièce, aussi glacial qu'une bourrasque en pleine tempête d'hiver. Chat Noir retint ses pleurs et sa respiration en dévisageant l'homme qui ne l'aimerait jamais ; tant qu'il le pouvait, jusqu'à ce que son instinct de survie reprenne le dessus sur sa volonté. Alors, une inspiration entremêlée d'un sanglot qu'il essayait de ravaler brisa le silence. Face au peu de réaction de la part de Papillon, Chat Noir secoua la tête alors que ses larmes s'écrasaient au sol. Dans un dernier élan de courage, il baissa la tête et posa son front contre le torse de son père alors qu'il murmurait :
- Pourquoi ?
Mais au moment même où sa peau toucha le corps de Papillon, il s'envola en fumée. Chat Noir écarquilla les yeux, se demandant un instant s'il avait cataclysmé son père sans le vouloir. Cependant, ce fut de la fumée orange qui s'évapora vers le plafond et le jeune garçon fit alors le rapprochement. Il venait de discuter avec une illusion. Sa théorie se confirma correcte quand Alya disparut de la pièce. Seul Nino demeurait ligoté et inconscient. Son sang ne fit qu'un tour. Son père n'avait même pas eu le courage de l'affronter lui-même. Il avait jugé bon qu'une simple illusion de lui permettrait de soumettre son fils à ses choix et, par la même occasion, trahir sa partenaire. Adrien était faible pour lui ; pire encore, il ne le percevait seulement comme un jouet qu'il pouvait magner à sa guise quand cela l'arrangeait puis le jeter aussitôt lorsqu'il devenait encombrant. S'il considérait Adrien faible, soit ; il allait lui montrer à quel point Chat Noir était lui dangereux.
Avant même qu'il ne réalise ce qu'il faisait, le sol se dérobait déjà sous leurs pieds, réduit en cendre par son cataclysme. Ladybug et lui chutèrent dans l'obscurité quelques secondes avant d'être aveuglés par une vive lumière. Ladybug lança son yoyo pour pouvoir rattraper Chat Noir avant qu'il ne s'écrase sur le sol, dix mètres plus bas. Ce qu'elle n'anticipa pas fut qu'il tombe parfaitement sur ses deux pieds, accroupi pour amortir sa chute. Sans même regarder au dessus de lui, il lança son bâton qui se déplia aux extrémités des deux murs de la pièce dans laquelle ils étaient tombés. Tendu à l'endroit pile où Ladybug chutait, elle se rattrapa à lui, son yoyo s'enroulant autour. Chat Noir s'éloignait déjà quand Ladybug mit les pieds au sol.
Ils étaient dans un sous-terrain s'apparentant à un jardin. La végétation était bien verte, et un pont principal menait jusqu'au fond de la pièce, vers ce qui semblait être de loin un cercueil de verre. Près de ce dernier, le vrai Papillon et Mayura qui avait un bras autour de la gorge de Rena Furtive. Plus Chat Noir avançait vers eux, plus il découvrait le corps allongé dans le cercueil. Des vêtements clairs, la peau blanche, des cheveux blonds parfaitement coiffés, la douceur des traits du visage de sa propre mère qui semblait dormir. Gabriel lui avait ouvertement menti, le prenait pour un idiot du début jusqu'à la fin. Ils avaient enterré sa mère. Adrien se revoyait encore le jour de l'enterrement, vêtu de noir, pleurant et espérant silencieusement que son père le soutiendrait. Il n'était jamais venu, avait préféré tenir compagnie aux invités de ce triste événements, laissant le blond faire son deuil dans son coin.
Il n'adressa aucun regard à Mayura, qu'il reconnaissait sous les traits de Nathalie à présent, ni à sa camarade de classe qui se débattait comme elle le pouvait. Ses pupilles se changèrent en deux maigres lignes alors qu'il se retint d'attaquer.
- Pourquoi maman est ici ? Demanda-t-il simplement.
Son père échangea un regard avec Mayura puis avança prudemment vers son fils, les mains relevées.
- Ta mère n'est pas morte. Elle est tombée dans le coma suite à sa maladie. J'ai alors cherché sans relâche un remède contre cela. Avant de tomber sur un vieux grimoire qui indiquait que le miraculous de la coccinelle et celui du chat noir assemblé permettait un vœu.
Gabriel continuait d'avancer. Il était calme, en comparaison aux fois où les deux héros l'avaient croisé en personne sous son costume, combattant. Papillon adressa un regard déterminé et confiant à son fils. Il se décala sur le côté pour désigner d'un coup de main le cercueil.
- N'importe quel vœu, ajouta-t-il. Je sais à quel point ta mère te manque Adrien, et nous pouvons la faire revenir à deux. Elle pourrait à nouveau te serrer dans ses bras d'ici quelques minutes. Il suffit juste que tu me donnes ton miraculous et celui de Ladybug. C'est tout ce qu'il te coûte pour faire revenir Émilie.
Ladybug n'entendit que des brides de conversations jusqu'à ce qu'elle se rapproche suffisamment pour comprendre que Papillon essayait de convaincre son fils par la manière douce. A défaut d'avoir essayé par la violence physique durant presque une année, il pensait pouvoir réussir en se servant de la douleur émotionnelle de son fils.
Chat Noir ferma une seconde les yeux puis les rouvrit.
- Ordonne à Nathalie de relâcher Alya.
Papillon considéra cette option puis se tourna vers sa partenaire et lui indiqua d'un geste de la main de s'exécuter. Mayura relâcha alors Rena Furtive qui tomba à genoux, toussant à cause du manque d'oxygène.
- Nous sommes quittes mainten-
- Je ne veux plus jamais que tu menaces mes amis, ordonna Chat Noir.
La colère grondait en lui et Papillon commença à s'en apercevoir. Ladybug jeta un regard inquiet vers sa meilleure amie et envisagea rapidement les sorties. A part celle qu'avait créé Chat Noir, elle n'en détectait aucune autre pour échapper à la fureur de son compagnon. Il fallait qu'elle trouve un plan si elle voulait que ses deux meilleurs amis s'en sortent avant qu'Adrien n'explose.
- Si ce sont les conditions à un accord-
- Que plus jamais tu n'akumatises qui que ce soit dans cette ville, le coupa à nouveau le jeune garçon.
Ladybug se figea. Elle était persuadée du choix de son coéquipier ; jamais il ne mettrait ses désirs au dessus de l'équilibre naturel mais face au désespoir et à la rage, pouvait-il toujours prétendre à cet idéal ? La brune considéra alors que Chat Noir fixait bien des conditions à une négociation avec Papillon pour récupérer les miraculous. Son regard quitta le dos de son meilleur ami pour observer leur ennemi qui en venait à la même conclusion qu'elle, si elle en croyait son léger rictus. Son partenaire avança et s'arrêta devant le corps sans vie de sa mère. Il pose sa main gantée sur le verre et souffla. Son autre main était libre, creuse et pouvait à tout moment déclencher un cataclysme. Il fallait encore qu'il trouve le bon moment pour lancer sa seule attaque. Il n'aurait qu'une seule chance.
- Je n'aurai plus à le faire si tu me donnes ton miraculous, mon fils.
La mâchoire du héro se contracta durant un bref instant. A côté, Mayura observait le jeune garçon qu'elle avait vu grandir et réalisa quelque chose que Gabriel ne comprendra jamais. A la place de Gabriel et même d'Emilie ces dernières années, c'était Nathalie qui avait vu grandir Adrien. Elle l'avait regardé se forger ses propres idées, devenir une personne douce et généreuse ; l'opposé de l'homme qu'elle aimait. Chat Noir leva sa main libre au dessus de celle posée sur le cercueil de verre. Ses doigts frôlèrent sa bague. Le temps de Nathalie était compté.
D'un côté, il y avait Gabriel, son employeur, l'homme dont elle était tombée amoureuse ces dernières années. Elle avait essayé en vain de faire taire ses sentiments ; après tout, elle n'était qu'un employé chargé d'être sa secrétaire et celle de son fils. Pourtant, le destin avait d'autres projets pour elle. Nathalie était professionnelle, dans n'importe quelle situation. Seulement, après l'annonce de la maladie d’Émilie, d'un traitement introuvable, d'un mari désespéré qu'elle retrouvait souvent à une heure tardive la nuit, ou encore d'un garçon qui allait devenir orphelin, son nom de famille ne lui parut jamais aussi faux. Alors, elle avait décidé de suivre le plan de Gabriel. C'était simple : mettre la main sur les miraculous de Ladybug et Chat Noir. Ramener Émilie. Réunir à nouveau la famille Agreste. Gabriel retrouverait alors l'amour de sa vie, sans qui il ne supporte pas de vivre, et Adrien, sa mère adorée, celle qui prenait soin de lui et lui donnait un amour inconditionnel.
Cependant, devant la scène se déroulant sous ses yeux, Mayura se rendit compte de l'impossibilité de ce rêve. La famille Agreste était déjà brisée, et ce, pour de bon. Rien ne pourrait à nouveau les réunir ; Adrien était devenu le contraire de son père. Et ce dernier avait bien trop abusé d'un pouvoir qu'il ne méritait pas, tout comme Nathalie. Ses sentiments l'avaient aveuglée, l'avaient convaincue qu'il n'y avait pas d'autres alternatives possibles ; Gabriel devait se servir du malheur des uns pour voler deux bijoux. Et le cœur de Mayura avait suivi, entêté.
- Adrien, tu connais mes raisons maintenant. Fais-moi confiance, s'impatienta Gabriel.
Chat Noir tendit l'oreille, attendit qu'il s'approche de quelques mètres, dans son dos. Il sentit son cataclysme se former. Au moment de se retourner, il croisa le regard de Nathalie et crut lire dans ses yeux de l'hésitation pendant une seconde. Face à son père, Adrien tendit la main pour toucher son miraculous. Il n'y avait pas d'autres solutions ; il fallait mettre un terme à la terreur de Papillon. Alors, Chat Noir fit ce qu'il savait faire de mieux. Détruire.
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nuit-pourpre · 3 years ago
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Lohorie Valendrin [ep.09]
[Fantasy]
J’ai plus d’une vingtaine d’hivers, dont cinq passés avec les patrouilleurs Impériaux. Je suis assez cultivée, pour une fille née dans un lupanar. Je m’appelle Lohorie Valendrin.
J’écume l’Archipel du Cyan depuis presque un an. J’étais jusqu’à récemment au service d’un Commandeur. Je l’ai perdu en mer après un abordage et une tempête. J’ai survécu à deux embuscades, un naufrage, une hypothermie au fond d’un tonneau de bière, une sieste dans une fosse commune et une rixe de taverne, le tout avec une fracture au bras. Et j’ai survécu au feu des arcanes.
La fracture de mon bras couve encore sous une attelle robuste. J’ai des réminiscences. Le grincement de la charrue. Moi, ballottée sur une épaule jusqu’à un talus.
Une spatule en bois, un cataplasme. Une haleine de soupe aux champignons. Mon dos embrasse tendrement l’aspérité d’une pierre.
Le sol est dur et sauvage. Aucune paillasse. Une anfractuosité. Mes yeux plissent en regardant le jour blanc qui s’y engouffre.
Il fait tiède. Je suis seule là-dedans. Les braises froides répandent leur cendre humide jusqu’à mon nez. Je crois qu’il pleut dehors. Et la plaie maléfique, sur mes hanches, n’est plus qu’une tache imprécise, comme une impressionnante mais ancienne, très ancienne cicatrice. J’ai la sensation d’avoir été piétinée par un troupeau de centaures. Étrangement il y a là quelque chose d’agr��able… Je suis reposée.
Mais je ne suis pas sereine. Je crois que l’idée me frappe pour la première fois de ma vie. Quelque chose pulse, à l’intérieur. Dans ma poitrine et dans ma tête. Quelque chose qui m’a maintenue en vie, et qui me réclame désormais sa dette. Quelque chose qui m’a toujours accompagnée et qui veut maintenant que je la reconnaisse et l’accepte.
Face aux coups et aux insultes, face à la peur permanente, j’ai toujours pensé qu’il y avait cette barrière de glace. J’étais à l’abri derrière elle. Inaccessible. Grâce à elle, je pouvais errer, en ne suivant que ma curiosité. Mais je n’errais pas : je fuyais. Je n’étais pas seule non plus. Ma colère m’accompagnait. Elle m’accompagne toujours.
Elle se faisait humble et discrète, ma colère. À quoi aurait-elle servi ? On ne pouvait me blesser, ni par les mots, ni par l’épée, ni par l’amour. C’est toujours le cas.
Mais ça n’a pas suffi. Et la colère est là. Elle attend à mon seuil. C’est une vieille amie gênante que je voudrais oublier. Qui me rappelle des choses. Les cauchemars, nuit après nuit, qu’elle m’a aidée à chasser. La terreur qu’elle m’a mise devant les yeux pour que je puisse l’affronter. Elle me rappelle aussi le déni, le rejet, l’abandon, l’ostracisme. Les trahisons, les violations et la haine pure. La façon dont les hommes me traitaient. La colère me rappelle que je ne pourrais jamais équilibrer les comptes. Il faut continuer. Survivre, se taire un peu, renoncer beaucoup, et choisir ses combats parmi les centaines qui devraient être menés.
Mais la colère réclame son dû. J’ai tenté de m’y soustraire. J’ai suivi le métier de mercenaire et embrassé les projets les plus inutilement périlleux pour ne pas avoir à y penser. Je n’y arriverai plus.
Le triangle poli, plus beau que jamais, sombre comme le vide et vide comme le Temps avant le Commencement… Il est à mes côtés. On l’a délicatement posé à côté des flammes, autour de sa ficelle. Je l’emporte, résolue, autour de mon cou.
Je glisse hors de la tanière. Mon corps est plus détendu que jamais, et mon esprit troublé. Plus que jamais, lui aussi. Ma vie a joint ses deux extrêmes. Toucher le fond tout en atteignant l’apogée, pour revenir à son vrai soi. Les philosophes de Cocybée avaient un mot pour cela : anaptôsis. Je l’ai accomplie. Je suis revenue à moi. Mais je ne crois pas que ce soit une bonne nouvelle.
La forêt de Sansonaïth est encore plus belle que dans les récits. D’une beauté effrayante.
Les épicéas craquent dans la brise, enracinés entre les failles et les éboulis du relief. Leur écorce a la douceur brune du silex, comme si on l’avait lustrée, ou que le temps avait fossilisé les troncs. Ils sont si hauts que les gouttelettes de bruine ne mouillent jamais le sol.
Les aiguilles font un bruit de cristaux de glace sous mes bottes. Un cri d’aigle retentit.
Je regarde autour de moi à la recherche d’une piste. La cavité est coiffée d’un buisson d’épines où poussent des baies rouge vif.
J’ai déjà vu ce buisson.
La fatigue crée souvent ces impressions. Une fantaisie de l’esprit épuisé, qui prend des sensations banales pour des souvenirs marquants. Je n’ai jamais cru aux explications prophétiques de ce phénomènes. La mémoire humaine est une artiste, pas une chroniqueuse. Comment je le sais ? Quand je pense à mon passé, l’agréable et le douloureux s’invertissent. Les narrations me semblent toujours tellement prisonnières de mon présent… Souvent je chéris les pires réminiscences, et je regrette les meilleures.
Je n’ai jamais vu ce buisson auparavant. Même si toutes les fibres de mon âme me le hurlent comme un pasteur fiévreux devant un parterre de bigotes.
Je me retourne. Une branche a cassé. Il y a quelqu’un, ou quelque chose, non loin de moi. Entre les arbres, je déambule. L’air vibre du son de quelques mouches. Il flotte une vague odeur de lisier, comme dans la fange d’une laie.
La pluie cesse après quelques instants. Un rais de soleil s’engouffre entre des rameaux d’épines. Dans une clairière détrempée, je hume l’odeur du sous-bois, devenue fruitée, estivale, presque.
Et un ruisseau fredonne à mes oreilles comme une harmonie de petites clochettes.
Une autre impression de déjà-vu. Cette fois j’y associe une autre idée fausse, plus précise : ça me rappelle la Mélusine. C’est la Mélusine. À l’été 139 ou 140, par une douce nuit.
Mais mes os sont gelés, et le zénith décline à peine. Je suis si différente d’alors que si je me rencontrais à l’époque, j’aurais besoin de longues discussions pour me reconnaître.
Des feuilles remuent, comme si un cerf ou un sanglier les avait arrachées sur sa route. Je fais volte-face, le poing serré. Je n’ai aucune arme.
Je ramasse une pierre saillante.
Je m’avance jusqu’au talus. Le bruit venait de derrière.
Le spectacle au-delà est à couper le souffle. Je trouve une combe, nichée dans un dévers perdu au fond de la forêt. Une énorme ruine s’y dresse. Elle est bouffée par les orties, et constituée de trois vieux bâtiments à colonnades, qui forment un hémicycle autour d’une cour déserte. Premier Empire. Presque deux millénaires.
Depuis combien de temps est-ce abandonné ? L’est-ce vraiment ? La végétation, au fil du temps, a donné aux restes de colonnes l’aspect de jeunes arbustes. Une dalle de pierre s’étend, vaguement surélevée entre les ailes du temple effondré.
On a entretenu cette dalle. C’est une mosaïque. Les siècles ont terni les couleurs. Il n’y a rien aux alentours. Mais je suis convaincue qu’on me suit.
Je ne reconnais pas le style du motif. Les tessons forment une toile indistincte et multicolore, qui oscille entre laideur et étrangeté. Mais un glyphe perce le centre. Argenté. Plus net que le reste. Symétrique, presque rond. Une sorte de carapace de tortue, en plusieurs parties. Un contour en hexagone, avec une sorte de rosace à trois pétales qui fleurit au milieu.
Je lève la tête. Je pense à inspirer. Et j’annonce dans la clairière :
C’est vous, qui m’avez sauvé la vie ? Montrez-vous, de grâce ! Je n’aime pas être suivie.
Les brindilles bruissent sous une botte, ou plutôt un pied nu. Une silhouette dans une robe carmin apparaît au détour d’un mur. Âgée. Glabre. Une petite casserole refroidit d’un mélange fumant d’herbes des bois au-dessus des braises, derrière elle. À côté du maigre feu de camp, des couvertures et un bardas sont affalés, traversés par le licol qui attache une mule placide à l’écorce d’un pin.
Son crâne nu est tacheté d’éruptions brunes, comme un vieux parchemin. Une bouche duveteuse pend, sous le champ de bataille pourpre de ses yeux. Elle ressemble à une vieille courtisane de Syphoride. À ma mère. Si elle était toujours en vie. Mais son visage n’est pas le sien. Et sa voix non plus. Elle est rauque et fatiguée. Elle n’a pas cette énergie désespérée que ma mère avait au plus funeste de son agonie. Elle est sereine.
Tu n’aimes pas être suivie ? C’est moi, pourtant, qui me sens traquée !
Ma langue maternelle. Ici, maintenant, ça sonne comme un dialecte lointain. Pourquoi diable…
Je vois à ton air que tu ne me reconnais pas, conclut mon hôte.
C’est que je ne m’attendais pas à ce que quelqu’un parle autre chose qu’un agrégat de jurons insulaires, dans le coin.
La silhouette rit.
Tu as développé un accent dans ta propre langue ! Tu dois être sur les routes depuis longtemps.
Pas seulement sur les routes…
Ton corps est marqué. Mais je me félicite néanmoins du résultat. Mon art a fait de toi la plus belle femme du monde !
Je… c’est gentil de m’avoir ramenée d’entre les morts, mais…
Lohorie, bon sang ! Je n’ai fait que rafistoler ce que j’avais modelé. Tu as changé depuis notre dernière rencontre. En bien. Tu es moins jolie. Plus bourrue. Plus athlétique. Plus déterminée.
Mon regard s’illumine en croisant le sien. Désemparée, je lâche ma pierre et sens le monde s’effondrer sur lui-même. Mes mots tremblent, mais parviennent à sortir.
C’est… vous ? Vous étiez au Pic des Saintes Ténèbres. L’enchanteresse !
À dire vrai, quand le charretier m’a amené ta dépouille mourante, j’étais au moins aussi décontenancée. Et puis j’ai remercié les Destins d’avoir tenu compte de notre pacte. Tu vas pouvoir régler ta dette, Lohorie.
Le fil me revient. Comme si sept années étaient devenues sept heures. Elle m’avait demandé de la rejoindre sur la demoiselle coiffée. Tout en haut de ce piton rocheux dont le bulbe dominait la plaine. Le vent mordant. Sa face burinée, une pagaille noir de jais qui chevauchait son crâne. Elle avait des boucles d’oreille scintillantes. De la pyrite. Je me revois essoufflée, au terme de l’ascension. Je la ressens me toucher l’épaule, relever mon menton et d’un bref coup d'œil, me détailler de bas en haut. Tu souffriras, m’avait-elle dit. Mais je te rendrai à toi-même. À celle que tu aurais dû être.
Je me réentends, lui demander, de ma voix sourde et caverneuse, combien son rituel me coûterait. Elle n’a pas répondu, ce soir-là.
Ce soir-là, elle m’a seulement conduite dans le boyau secret de la montagne, d’où je voyais la voûte par une faille rocheuse. Fixant une constellation dont je revois la forme de faucille, aujourd’hui encore. Je la fixais pour ne pas penser à ce qui m’arrivait. Je me souviens. Je suis nue. Rivée par une pesanteur terrible dans une flaque argileuse. L’odeur des herbes qui brûlent ma gorge, mon sang qui vibre et chatouille mes muscles. Frappée par la foudre alors que le temps est immobilisé. Une sensation entre l’orgasme et la mort. Un gouffre blanc qui m’aspire, qui gèle mes doigts. La sensation que mon foie éclate. Que mes poumons se décomposent. Que mes pores suent un liquide toxique. Et la peur suprême. Sans possibilité de fuir. Un esprit lucide coincé dans un corps en fièvre délirante.
Plusieurs cycles de jour et de nuit passèrent. Je ne me souviens ensuite que du grand vide qui les remplit. Ma mémoire est une page vierge, laissée en politesse entre deux chapitres du récit, comme si l’Ecclésia avait mis cette partie à l’index. On ne chronique pas de telles horreurs.
Je me frotte les yeux. J’inspire. Je reviens à la présence du sous-bois de Sansonaïth. Ma voix vacille jusqu’à l’enchanteresse qui m’a rendu la vie une seconde fois.
Vous m’avez relâchée. J’étais libre. Pourquoi ne pas m’avoir annoncé votre prix à la fin ?
Elle éclate de rire.
Pour qui me prends-tu ! Une rétameuse ? Je savais que si le sort le voulait, tu reviendrais à moi.
Par accident, pour le coup…
Et que ce jour-là, tu aurais enfin les moyens de t’en acquitter. J’ai un travail pour toi, Lohorie Valendrin.
Je rends toujours un service pour en rétribuer un autre, fis-je en soupirant. Mais je n’ai aucun moyen de quitter cette île de toute manière.
Tu en trouveras un. Grâce au trésor que tu portes en pendentif.
Je tâte le fragment, comme si je voulais m’assurer qu’elle ne l’avait pas escamoté. Elle se fend d’un rictus.
Ainsi tu connais sa valeur !
Marchande, oui.
Il n’en a aucune. Pour le moment.
Vous en savez quelque chose ? On m’a payé très cher pour le retrouver.
Et ton employeur est mort en mer, oui… Tu m’as déjà raconté toute l’histoire, quand tu étais fiévreuse et délirante. Je te parlerai peut-être de cette relique, quand nous nous reverrons.
Que dois-je faire ?
Oh ! Seulement assassiner un Archimage pour moi.
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heureatelier · 5 years ago
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À l’heure de la transition #3  Echo et Narcisse
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John William Waterhouse, Echo et Narcisse, 1903
Echo est la plus connue des Oréades ou nymphes des grottes et des montagnes. Dans la mythologie grecque les nymphes sont considérées comme des esprits de la nature. Elles ne sont pas immortelles mais vivent plusieurs milliers d’années. Toujours exceptionnellement belles et gracieuses elles sont source d’émotion et, comme les Muses, d’inspiration. Ovide dans ses Métamorphoses décrit en détail la jalousie de Junon (Hera) sans cesse trompée par son époux Jupiter (Zeus). Plusieurs fois sur le point de le prendre en faute, elle est distraite par Écho, qui l'entraîne dans d'interminables conversations. Quand elle comprend le rôle joué par Écho, Junon dans sa colère condamne la nymphe trop bavarde à perdre la parole : il lui sera seulement possible de répéter les derniers mots qu'elle vient d'entendre. 
Quelque temps plus tard, Écho aperçoit Narcisse, fils d’une naïade, nymphe aquatique, et du fleuve Céphise. Il chasse le daim avec ses compagnons. Elle tombe aussitôt amoureuse de lui, et entreprend de le suivre à distance. La beauté du jeune homme est telle que l'amour d'Écho grandit chaque fois qu'elle le regarde. De tout son cœur elle voudrait lui parler et lui avouer son amour, mais la terrible punition infligée par Junon l'en empêche. La partie de chasse se poursuit longtemps, et Narcisse est séparé de ses compagnons. Il appelle à l'aide : «y a-t-il quelqu'un ici ? » Et il entend la nymphe répéter ses paroles. Étonné, il répond : «viens vers moi», et la même voix lui répond les mêmes mots, mais personne ne sort de la forêt pour le rejoindre. 
Craignant que celui qui lui parle n'ait eu peur de lui, Narcisse lui crie : « viens vers moi, rejoignons-nous ! ». Écho, croyant qu'il partage son amour, répète en extase ses derniers mots : « rejoignons-nous » ; en même temps, elle court vers lui pour l'enlacer. Narcisse, surpris et effrayé, la repousse brutalement :« Retire ces mains qui m’enlacent! Plutôt mourir que m’abandonner à toi » ! La pauvre Écho, bouleversée, avoue son amour en choisissant judicieusement les mots qu’elle répète : « m’abandonner à toi » ! Elle se retire en pleurant et implore vengeance auprès des dieux. Junon décide alors de punir Narcisse : il souffrira lui aussi d’amour et cet amour sera impossible ! Triste et honteuse, Echo erre dans les montagnes. Sa beauté se fane, sa peau se dessèche, ses os finissent par s’imprimer sur un rocher. Elle s’est minéralisée ! Sa voix, répétant les mots des autres est tout ce qu’il reste d’elle ! Quant à Narcisse, il affronte la punition des dieux ! Un jour qu'il voulut boire l'eau d'une source, il aperçut son image et tomba amoureux de lui-même. Son reflet ne pouvant l'aimer, il mourut de désespoir. Les nymphes le pleurèrent et quand elles voulurent l'incinérer, il s'était transformé en une fleur d'or entourée de feuilles blanches qu’on appelle aujourd’hui narcisse !
Pistes de réflexions et d’inspirations en rapport avec le thème de la transition 
Il y a deux histoires en une et les pistes de réflexion sont assez nombreuses. Les deux histoires touchent en effet à des aspects fondamentaux de l’être humain : comment il communique avec les autres, ce qu’il ressent, comment il se voit et comment il est vu : l’image et le son, l’allure et la voix. Les deux histoires se complètent : l’écho est au son ce que le reflet est au miroir !
Echo
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 Echo (détail), d’Alexandre Cabanel (1823-1889). Huile sur toile, 1874.
Elle est punie d’avoir trop bavardé. Toujours le sens de la mesure des Grecs de l’Antiquité : rien de trop ! Mais elle est surtout punie d’avoir utilisé son don pour la parole à mauvais escient : occuper Junon pendant que son mari batifolait avec d’autres ! Il n’y a donc pas qu’un problème de quantité il y a aussi un problème de mauvais usage. Ce qui peut être une occasion de «conversation» entre nous par rapport à notre réflexion sur la société. 
Nous vivons une époque où la communication est abondante, voire trop abondante, mais est-elle bien utilisée ? 
Nous avons à notre disposition des téléphones, des tablettes, des ordinateurs pour converser oralement ou par écrit avec qui on veut et dans le monde entier. Nous avons les journaux, les revues, la radio, la télé pour recevoir des informations du monde entier et en temps réel. En cette période de confinement c’est vraiment appréciable ! Et notre blog nous permet aujourd’hui de nous donner des nouvelles, de dialoguer, de réfléchir séparés, mais ensemble quand même, à notre projet et cela fait du bien ! 
Pour autant, en temps normal, en dehors de cette période de confinement, tous ces outils de communication permettent-ils vraiment de «communiquer» ? Posons-nous la question dans un wagon de train par exemple : au moins la moitié des passagers est en conversation mais … sur son téléphone avec quelqu’un qui n’est pas là ! De communication avec les autres passagers qui eux sont là, à côté, il n’y en a pas. Chacun reste dans son monde ! Nous avons accès, sur internet, à tous les journaux mais aussi à tous les commentaires de gens inconnus dont on se demande à qui ils parlent : avons-nous l’impression d’une “conversation” ? Il y a facebook et les “amis” qui nous suivent : ressentons-nous un échange ?
Ne nous condamnons-nous pas aussi nous-mêmes, comme Echo, à répéter les mots des autres ? Comme avec la publicité dont nous sommes submergés quels que soient les médias consultés ! Comme avec les rumeurs, les fausses nouvelles, les fake news, pour parler moderne ! 
Et que penser du recours à des mots blessants quand les arguments manquent dans une conversation ou qu'on s'est senti menacé, que penser des caricatures de tel ou tel, ou des insultes même, sous prétexte d'humour, que penser des médias qui confondent parfois, information et mise en accusation : les mots ne peuvent-ils blesser autant qu'une arme! 
Echo est rejetée et blessée par les mots de Narcisse. Elle réagit d’abord, en exprimant ce qu’elle souhaite mais sans succès puis en demandant et obtenant justice, mais sans soulagement. Enfin, ayant perdu l’estime d’elle-même, elle décide de s’effacer ! Et ça ne lui réussit pas non plus !!
Notre société saura-t-elle s’organiser pour n’être ni dans le rejet de l’autre ni dans l’effacement de soi? 
Pour entendre la voix de tous et faire entendre la sienne ? Comment faire ? Imaginons une classe : si tout le monde parle en même temps, c’est la cacophonie, personne ne s’entend. Si le prof s’efface, la cacophonie continue : il n’y a pas de communication. Mais si tous les autres sont réduits au silence, il y a de l’ordre mais il n’y a pas non plus de communication ! C’est un équilibre difficile à trouver mais n’est-ce pas un bel objectif ! 
Et à l’échelle du monde ? L’ouvrier exploité dans les mines de coltan en Afrique, entend-on sa voix ? Et le migrant prisonnier dans un camp de réfugiés, entend-on sa voix ? Ils ne décident pas de s’effacer mais ne le sont-ils pas quand même ? Se poser la question ne pourrait-il pas déjà être une première démarche pour les entendre ? 
L’art est un moyen d’expression. Créer c’est faire entendre sa voix en donnant à voir, en suscitant une émotion, un questionnement. Créer c’est communiquer ! Alors, créons ! 
Comment visualiser artistiquement les difficultés de communication entre les individus ? Ce seront vos choix ! Faites entendre « votre » voix et laissez-vous inspirer !
Narcisse
En repoussant Echo, il a choisi de ne pas communiquer du tout : il renonce à sa voix. Il ne lui reste plus que son image, son apparence. Et cela ne va pas lui réussir ! En se penchant sur l’eau, il devient le prisonnier de son reflet !Si Echo est limitée aux mots des autres, Narcisse est limité à son propre reflet ! La prison est encore plus étroite ! Echo pouvait se déplacer et intervenir dans la vie des autres même de façon très limitée. Narcisse est paralysé et ne voit même plus les autres !
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Le Caravage, Narcisse, 1596
Mais que voit-il ? Le poète Ovide nous dit qu’il découvre un visage tellement beau qu’il ne peut en détacher les yeux. Et le poète décrit longuement, ses cheveux, ses joues, son teint, ses yeux… ! Est-ce de cela aussi que les dieux veulent le punir : le « trop » de beauté ? Un devin, à sa naissance, avait prédit qu’il vivrait longtemps s’il ne se connaissait pas !Narcisse dépérit parce qu’il ne peut se toucher dans l’eau puisque le reflet se trouble dès que sa main trouble l’eau. C’est l’impossibilité de toucher le visage reflété qui le tue peu à peu ! Ce qui le séduit est inaccessible !Il ne peut le contr��ler ! 
Le tableau de Caravage, au 16ème siècle, nous montre un jeune homme, Narcisse, observant le visage d’un homme plus mûr que lui ! Faut-il comprendre que Narcisse ne voit pas ce qui est mais ce qu’il pense être, ce qu’il voudrait être ou paraître ou ce qu’il redoute de devenir ? Ovide avait attribué la mort de Narcisse au fait qu’il s’était vu dans l’eau et avait ainsi accompli la prédiction du devin : « il vivrait s’il ne se connaissait pas ». S’étant vu, l’éblouissement de sa beauté l’avait pétrifié et il était mort ! Le Caravage a-t-il voulu nous dire que Narcisse était mort de ne pas savoir qui il était ? Quoi qu’il en soit de se connaître ou pas, Narcisse meurt de se regarder lui, et rien d’autre ! 
A l’époque du selfie, des pages « profil », des Avatars des réseaux sociaux, la société sera-t-elle capable de regarder autre chose qu’elle et tenir compte des besoins de tous ?
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Salvador Dali, La Métamorphose de Narcisse, 1934
Le tableau de Dali raconte plus largement l’histoire de Narcisse : il donne à voir sa paralysie, sa mort et...sa métamorphose en ...fleur ! On voit, à gauche, le personnage d’abord écrasé dans sa propre contemplation, en feu, se consumant peu à peu, puis, à droite, sa progressive végétalisation : dans la même position, fixant encore l'eau, même après sa mort, son corps se dessèche prenant l'allure d'une sorte de main géante, sa tête se transforme en bulbe d'où une fleur est en train d'éclore, des pétales blancs entourant un pistil orangé : le narcisse ! En le donnant à voir, ce narcisse, il rappelle encore, en quelque sorte, la stupeur qui a paralysé Narcisse : en effet, cette fleur dégage un parfum entêtant qui peut aller jusqu’à provoquer de la torpeur, de l’engourdissement. Cet effet a même été recherché en pharmacie et on utilise encore son nom pour désigner les « narcotiques » ou médicaments calmants. Narcisse est mort pétrifié et la fleur qu’il est devenu engourdit encore !
Notre société, bousculée comme elle l’est aujourd’hui, saura-t-elle sortir de sa torpeur, se mettre en mouvement et se réinventer avec de nouveaux paramètres ?
Saura-t-elle accepter de remettre en question le modèle autour duquel tout s’est construit et notamment la priorité au profit, quitte à délocaliser les moyens de production et à faire circuler dans le monde entier tout ce dont nous avons besoin et, par la même occasion, le virus dont on se serait bien passé ! Saura-t-elle, par exemple aussi, se soucier de ceux qui, à force d’être ignorés, n’ont même plus conscience d’avoir une image ou qui ne veulent plus la voir parce que cette image leur déplaît ? ... 
Les artistes, au fil du temps, ont interprété, à leur manière, l’histoire de Narcisse. Comment pourrait-on le faire aujourd’hui ? Cette histoire colle en tout cas, à notre époque, comme un écho, si on peut dire, renvoyé au passé. On peut en effet, constater qu'internet et plus particulièrement les réseaux sociaux en offrent une synthèse assez intéressante : il s'agit bien d’y parler, souvent trop et pas toujours en étant sûr de ce qu’on y raconte quitte à répandre des rumeurs, fake news et autres propagandes (=Echo) en étant obnubilé par une image de soi, un avatar numérique que l'on aura passé beaucoup de temps à mettre au point, qui nous plaît, tout en n’étant pas nécessairement très réel mais dont on se dit qu’il nous rendra séduisant (=Narcisse). 
Comment visualiser les différents aspects et questions sociétales de l’histoire ? A vous de décider? On peut donner à voir l’univers des Bitmojis de Snapchat, des Avatars Facebook, de la manie des selfies, des accrocs de leur téléphone ou tablette… on peut donner à voir l’isolement, le confinement (c’est d’actualité!), on peut donner à voir des reconstructions du réel : cela ressemble à ce qu’on connaît mais c’est déformé pour donner une allure meilleure ou pire, on peut introduire des éléments miroirs (eau, jumelles, longue vue, lunettes, miroir …) pour présenter une réalité et une autre en reflet. On peut présenter aussi le principe d’une chose ou de quelqu’un qui se métamorphoserait en quelque chose d’autre, fleur, animal, arbre, objet… 
Le narcisse est aussi symbole de renaissance parce qu’il est une des premières fleurs du printemps ! Petite présentation de la fleur ci-dessous :
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Le thème a été très inspirant depuis les fresques de Pompéi jusqu’à nos jours. Je vous propose quelques œuvres :
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Narcisse, Ernest Hiolle, 1868. Musée des beaux-arts de Valencienne 
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Écho et Narcisse, c.1629 - 1630, Nicolas Poussin, Musée du Louvre
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Conda de Satriano, Narcissus, 1893
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ghostlybearmilkshake · 6 years ago
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Qeltober semaine 2: Wisterias
Deuxième semaine de Qeltober ! Encore une fois, la version anglaise, taguée pour Qeltober est ici. Cette fois j’ai utilisé deux personnages canon et un OC donc: Áed et Lasair sont les personnages canon de @linkedsoul. Quelques indications s’imposent pour la version française: j’ai décidé de ne pas donner de genre à Phærmos mais en français, on n’a pas le pronom they et tous les pronoms personnels sont genrés. Tous ? non un pronom résiste encore et toujours à l’envahisseur: J’ai utilisé “on” pour désigner Phærmos. le pronom indéfini donne aussi un côté hivemind, impersonnel (c’est marrant pour un pronom personnel. faut que j’arrête mes conneries et que j’aille me coucher moi) que j’aime bien au final. j’utilise aussi “les” à un moment pour pas utiliser le ou la. Deuxième indication: je connaissais pas les wisterias mais selon wikipedia leur nom français est glycine. mais j’ai gardé wisteria. parce que glycine c’est moche (ça me fait penser à nitroglycérine, pas à des plantes) et de toute façon c’est le genre de la famille de plante donc c’est pas grave.
La nuit régnait sur Qelt et seules deux sources de lumière perçaient au travers de son voile noir. Dans le ciel, la lune déversait ses rayons au dessus sur une clairière. Sur la terre, une silhouette avançait brillant d’une lueur orangée. Dans ses bras, une jeune fille inconsciente lui renvoyait sa lumière, amoindrie. La lumière semblait avoir pour foyer le cœur de l’homme. Elle se propageait par ses mains jusqu’au cœur de la jeune fille et se répandait à travers son corps. Les jambes de la jeune fille en revanche restaient sombres comme la nuit. Lorsqu’elle se crispait, la lumière du jeune homme grandissait pour apaiser sa douleur. Áed pressa le pas. Il aurait préférer venir le jour où il était plus fort. Il aurait préférer venir le jour où il/elle serait plus raisonnable. En vérité, il aurait préférer ne pas venir du tout, mais le temps manquait à Lasair. À ses pieds, des fleurs s’étalaient des fleurs de toutes espèces. Son allure était déterminée, son regard fixé sur son objectif, tous ses sens en alerte. Au centre de la clairière trônait une silhouette recroquevillée dont la base était recouverte de wisterias. Il s’arrêta face à la silhouette et brilla un peu plus intensément. La silhouette se redressa, laissant apparaître une tête humanoïde. Son visage au teint gris était taché de bleu le long de son front et de l’arrête de son nez. Ses yeux d’un jaune profond étaient ornés d’iris d’un vert éclatant. Le reste de son corps était recouvert par ses longs cheveux violets semblables à des fils de soie. La silhouette avait la taille d’un arbre et dominait Áed de toute sa hauteur mais celui-ci la toisait, du feu dans les yeux.
« Hé bien hé bien, susurra une voix à son oreille, quelle surprise de te voir ici. »
On s’adressait à lui dans la langue des Fæs et la voix, ni féminine ni masculine ne correspondait au mouvement de ses lèvres.
« J’ai un travail pour toi. » Lui répondit Áed dans la même langue. À ces mots il leva Lasair toujours dans ses bras. On ne lui répondit pas pendant un moment puis les fleurs à ses pieds s’agitèrent sous l’effet d’une brise inexistante. L’irritation d’Áed augmenta encore : on se moquait de lui.
« Qui eu crut qu’un jour Áed, Fæ des flammes viendrait me demander de sauver une humaine. »
Áed se contenait à grand peine et la colère le consumait comme rarement elle l’avait fait. Il l’avait toujours détesté mais ce soir plus que tout autre il aurait voulu engloutir son jardin dans les flammes.
« Mais puisque tu te résous à requérir mon aide, appelle les choses comme elles le sont. C’est une faveur que tu me demandes là, pas un travail.
– Non. C’est un travail. Si tu parviens à la sauver je te récompenserai en ne réduisant pas ton jardin en cendre » siffla-t-il
La fæ resta interdite et Áed savoura un instant la peur qu’il lui inspirait.
« Très bien. Fais le. »
Les yeux d’Áed s’écarquillèrent et s’il ne savait pas qu’on s’adressait à lui de manière magique il aurait pensé qu’il avait mal entendu.
« J’ai survécu jadis à un blizzard. Voyons si je pourrais survivre à un incendie. Mais sache une chose : Cette jeune sorcière, elle, ne survivra pas à son mal. »
Áed fulminait. La vérité était qu’il n’était pas sûr de pouvoir poser un vrai danger à la Fæ. Autrefois sans doute mais aujourd’hui alors que ses pouvoirs étaient bridés il ne pensait pas pouvoir consumer le jardin. Malgré les apparences, Phærmos, Fæ des poisons et des remèdes n’était pas lié à un cercle. Jadis, la reine des fées l’avait fait naître d’une wisteria qui avait survécu à l’un des hivers les plus rudes de Qelt et depuis Phærmaos avait plongé ses racines si profondément qu’elles avaient traversé la frontière entre les mondes et avaient atteint Fæqelt qui l’approvisionnait donc directement en magie. La Fæ avait fait fleurir ce jardin et ne l’avait jamais quitté. La reine des Fæ avait volé à Áed se pouvoirs et sa liberté. Phærmos avait choisi de ne jamais quitté ce lieu. Pour cela, Áed les haïssait. Il aurait voulu pouvoir se dire qu’il pouvait se passer de leur aide, qu’il pouvait sauver Lasair seul mais il savait que le mal qui la rongeait finirait par la tuer s’il la laissait ainsi. Áed était un destructeur, pas un guérisseur. Pour détruire ce mal, il aurait fallu détruire avec lui les jambes de la sorcière, et il s’y refusait. Il refusait de ne plus voir Lasair courir à travers la forêt, de ne plus la voir trépigner d’impatience à l’idée de nouvelles aventures, de ne plus la voir s’autiller d’excitation lorsqu’elle faisait une nouvelle découverte. Áed était la Fæ des flammes. La chaleur ne l’avait jamais dérangé, même les flammes les plus ardentes. Pourtant l’idée même d’admettre à Færmos qu’il lui demandait une faveur semblait lui brûler la gorge. Mais ce n’était rien comparé au froid qu’il ressentait à l’idée de devoir blesser Lasair.
« Phærmos, croassa-t-il, je te supplie de sauver la vie ma sorcière.
Phærmos sembla réfléchir un moment.
– Pose-la par terre, » déclara-t-on finalement.
Áed l’allongea sur le sol mais garda sa main dans la sienne pour continuer à l’alimenter en magie. Deux bras sortirent alors de la chevelure de Phærmos. Il joignit ses mains au longs doigts noueux en un réceptacles. Un murmure incompréhensible emplit la clairière. Deux nouveaux bras surgirent à leur tour tenant chacun une fleur qu’on déposa au creux de ses mains. On en fit alors fleurir de nouvelles des paumes de ses mains et on les déposa avec les précédentes. Enfin, on cueillit à ses pieds des fleurs de wisteria qu’on déposa avec les autres. On fit alors apparaître une large feuille creuse et on la plaça sous le réceptacle de ses mains. On pressa alors les fleurs au creux de ses mains et un liquide coula à travers ses doigts dans la feuille en dessous.
« Qu’elle boive. » Ordonna Phærmos.
Áed souleva délicatement la tête de Lasair et lui fit boire la potion. Aussitôt qu’elle avala la dernière goutte, la sorcière poussa un grand cri et commença à convulser.
« LASAIR ! » s’écria Áed.
Les jambes de la jeune fille se boursouflèrent et on pouvait voir sous le noir des stries oranges comme de la braise sous du charbon. Áed, furieux, laissa éclater son pouvoir pour se venger de Phærnos. Un tourbillon de flamme s’éleva autour de lui et Lasair mais les fleurs du jardin ne semblaient innafectées.
« Assez ! Tonna Phærnos
– Tu vas payer pour m’avoir menti ! Rugit Áed
– Je ne fais que la sauver pauvre fou !
Les flammes d’Áed vacillèrent un instant sous l’hésitation.
– Tu ne te sers de tes flammes que pour détruire jusqu’à ne rien laisser derrière toi. Il est normal que tu ne comprennes pas ce qui se passe. La vie n’a pour finalité que la mort mais de la mort peuvent surgir des vies nouvelles. Comme le corps doit souffrir pour combattre une maladie, cette sorcière doit souffrir pour vaincre le mal qui la ronge. C’est à elle qu’appartient le choix de succomber ou de fleurir à nouveau. »
Au sol, les cris de Lasair continuaient de s’amplifier et ses jambes d’enfler. Le regard perdu, Áed révoqua ses flammes et repris la main de la sorcière. La lumière qui émanait de son corps gagna encore en intensité alors qu’il offrait de plus en plus de magie à Lasair. Après de longues minutes de cris et de convulsion, la sorcière hurla une dernière fois et ses jambes explosèrent en une collone de flamme qui aveuglèrent jusqu’à Áed. Quand il ouvrit les yeux Lasair était allongée sur un tapis de cendre. Il dirigea son regard vers ses jambes. Elles avaient repris leur aspect normales. Ses cris avaient cessé et sa respiration était redevenue régulière. Autour d’elle, les fleurs repoussaient déjà.
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