#en vrai c'était quand même plus rapide et moins fatiguant que si j'avais pas fait de liste
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Ce qui est moins bien, quand tu as ta petite liste bien triée, et que tu ajoute un truc au dernier moment parce que arf shit j'ai plus d'oeufs c'est que si c'est pas à la bonne place dans la liste ton cerveau le vois pas.
Et vu que tu suis ta ✨petite liste ✨bah tu te pose pas la question de ce que t'as oublié...
Du coup chuis retournée chercher mes oeufs.
Ce qui est bien, quand tu vas faire tes courses avec une liste, c'est que tout parait plus facile : pas besoin de réfléchir, c'est tout regroupé par zone/type, hop hop tu ramasse les items et zou, 10 minutes plus tard tu passes en caisse et t'es sûr d'avoir rien oublié
#en vrai c'était quand même plus rapide et moins fatiguant que si j'avais pas fait de liste#même avec DEUX voyages#(bon le carrouf et à deux rues de chez moi aussi donc ça aide)#(sinon je serais juste allée au vival du coin ça fait le taff aussi)#sworny raconte sa vie
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Le commencement (1er trimestre)
Hello, donc aujourd'hui on va commencer par le tout début, le début du commencement. Pour résumé grossièrement, j'ai eu les premiers symptômes assez rapidement (au bout d'environ une semaine voir une semaine et demie). Symptômes plutôt classiques: fatigue extrême (il faut savoir que je suis une grosse dormeuse de base mais là c'était encore pire), perte d'appétit, puis un peu plus tard les nausées, le mal de transport, sauts d'humeurs et les flatulences xD. Quand on se connait bien et qu'on connait bien son corps, on remarque assez rapidement la différence dès qu'il se passe quelque chose d'inhabituel. Donc assez rapidement quand j'ai remarqué le retard des règles au bout de 2-3j. J'ai fais un test qui est sorti positif (même si à ce moment là j'étais déjà quasiment sûr de la positivité du test). Donc j'ai pris un premier rdv (a environ 6semaines de grossesse) chez le sage femme pour confirmer la présence d'un embryon et faire l'échographie de datation (ce moment où il vous fait écouter les battements du cœur incroyable, j'ai lâché ma larme). Il m'a prescrit des médicaments contre les nausées, les examens médicaux à faire puis m'a expliqué tout ce qu'il fallait en démarches, donc commencer a chercher une maternité proche de la maison, faire un suivi de grossesse si possible avec sage femme, généraliste ou gynécologue proche de la maison (il partait en vacances prolongés donc n'allait pas pouvoir le faire), posé des questions sur les antécédents médicaux, il m'a expliqué pas mal de choses vu que c'était une première pour moi etc tout s'est bien passé en somme.
Mon deuxième rdv fut avec ma gynécologue et RAS tout s'est bien passé cependant elle ne pouvait pas faire mon suivi non plus, du moins pas pour plusieurs mois, car elle partait en congés maternité fiou...
Ce fut après un troisième rdv chez une autre sage femme que j'ai trouvé enfin quelqu'un qui a accepté de faire mon suivi. Ce troisième rdv a donc été ma première échographie (il faut savoir qu'au cours de la grossesse il y a 3écho a faire, un par trimestre, et j'étais a 2mois et demi a ce moment là). On a donc les premières images du bébé, on commence a voir un semblant de forme de bébé avec une tête mais c'est encore très petit à ce stade. Elle me prescrit aussi les ordo pour les tests a faire chaque mois (donc on a un test urinaire pour les protéinuries pour toutes et pour celles qui ne sont pas immunisées contre la toxoplasmose, une prise de sang a faire mensuellement, ce qui est mon cas et par la même occasion me dit toutes les précautions a prendre pour la toxo donc plus aucune viandes, œufs ou poissons crus, faut que ce soit très bien cuits, on évite lait cru et fromages au lait cru, les litières de chat, on lave très bien les fruits et légumes) et le tri-test (test de la trisomie21) a faire si l'on souhaite, que j'ai fait.
C'est ainsi que mon premier trimestre s'est terminé, ce fut un premier trimestre relativement cool en vrai. Les nausées avaient fortement diminuées avec les médicaments, j'étais fatiguée mais j'étais plutôt bien comparé a certaines personnes. Alors c'est vrai que j'avais des sauts d'humeurs, un rien pouvait m'énerver mais ca n'a pas duré longtemps et y'avait quelques désagréments mais rien de bien méchant au final.
Ah oui j'ai eu des boutons mais rien de méchant non plus vu que j'ai traité ca assez rapidement.
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Les Archives Magnus – Episode 3 : De l'autre côté de la rue
ARCHIVISTE
Déposition d'Amy Patel, concernant la disparition présumée de sa connaissance Graham Folger. Déclaration originale faite le 1er juillet 2007. Enregistrement audio par Jonathan Sims, archiviste en chef de l'Institut Magnus, Londres.
Début de la déposition.
ARCHIVISTE (DÉPOSITION)
J'ai rencontré Graham pour la première fois il y a deux ans environ. Il est difficile de dire exactement quand nous nous sommes rencontrés pour la première fois ou même quand nous avons commencé à parler, puisque nous suivions un cours ensemble à l'époque. Je suis sûre qu'il y a eu beaucoup de discussions ou d'interactions avant que nous n'apprenions le nom de l'autre, mais j'ai commencé mon cours en septembre 2005, donc oui, il y a environ deux ans. J'avais décidé de suivre un cours de criminologie à l'université de Birkbeck pour me sortir de la routine de mon travail de bureau - je suis Analyste Conformité Associé chez Deloitte, et si vous pensez que cela vous semble ennuyeux, eh bien... oui. Ça l'est. Je savais qu'un cours du soir en Criminologie ne servirait à rien, bien sûr, même si je l'avais suivi jusqu'au bout. Je voulais juste faire quelque chose pour trouver un peu d'intérêt dans ma vie, et c'était soit ça, soit devenir alcoolique, alors...
Désolée, je m'écarte du sujet. J'ai d'abord trouvé Graham un peu rebutant, pour être franche. C'était un fumeur invétéré et il portait beaucoup trop de déodorant pour essayer de couvrir l'odeur. Il était un peu plus âgé que moi, peut-être dix ans environ. Je n'ai jamais demandé son âge, à vrai dire, nous n'étions pas si proches, mais il commençait à grisonner sur le bord de ses cheveux, et vous pouviez voir que la fatigue sur son visage n'était pas due au fait qu'il aurait manqué une nuit de sommeil. Ce n'est pas pour autant qu'il était moche : il avait un visage rond et dégagé et des yeux bleus assez profonds, mais ce n'était pas du tout mon type. Il s'exprimait bien dans les travaux de groupe, du moins lorsqu'il parlait, et je crois qu'il a mentionné une fois être allé à Oxford, bien que je ne sache pas dans quelle université.
J'avais remarqué plus tôt que pendant les cours, il semblait toujours griffonner furieusement dans un cahier, même lorsque le prof ne parlait pas. Au début, je pensais qu'il était minutieux, mais je vous jure que je l'ai regardé remplir un cahier A5 entier en un seul cours. Je me souviens que c'était une présentation sur les jeunes et le système judiciaire où l’intervenant était si lent qu'il n'aurait pas rempli ce cahier même si Graham avait écrit littéralement chaque mot. Sans compter que j'ai demandé à emprunter ses notes une fois pour une dissertation, et il m'a lancé ce regard bizarre et m'a dit qu'il ne prenait pas de notes.
Donc oui, le fait est que je ne l'aurais pas appelé un ami, mais nous nous entendions bien. C'est environ quatre mois après le début de mon cours que j'ai croisé Graham pour la première fois en dehors de l'université. Je prenais le bus de nuit pour rentrer chez moi, après être allé boire quelques verres et avoir manqué le bus habituel. J'habite à Clapham, donc il y a un service de bus de nuit assez régulier qui s'y rend. Bien sûr, "régulier" signifie aussi "vomisseurs en colère et ivres", alors oui, j'essaie généralement d'être le plus discrète possible, en m'asseyant sur un siège à l'étage.
C'est là que j'ai vu Graham. Il était assis tout devant, regardant par la vitre. Observer les gens est un de mes plaisirs coupables, alors j'ai décidé de ne pas dire bonsoir, du moins pas tout de suite. Je n'ai pas été déçue non plus - il était plus seul qu'il ne l'avait jamais été pendant les cours.
C'était le milieu de l'hiver à ce moment-là, donc les vitres étaient pleines de condensation, mais il essuyait la vitre presque obsessionnellement quand elle commençait à obscurcir sa vue. Il semblait scruter attentivement la rue à la recherche de quelque chose, sauf que parfois il tordait le cou pour fixer les toits des bâtiments qui passaient. Il semblait également nerveux, et respirait bien plus vite que la normale, ce qui embuait encore plus sa fenêtre. C'était un peu inquiétant à regarder, pour être sincère, et je me suis finalement décidé à lui dire que j'étais là.
Il a sursauté un peu quand je l'ai salué, et je lui ai demandé s'il allait bien.Il m'a dit qu'il n'avait pas l'habitude de rester dehors si tard et qu'il trouvait les transports publics nocturnes gênants. Je me suis assise à côté de lui, et il semblait beaucoup plus détendu, alors je n'ai pas insisté sur la question.
Nous avons parlé pendant un moment de rien en particulier, jusqu'à ce que le bus commence à s'approcher de mon arrêt. En me levant, j'ai remarqué que Graham s'était levé exactement au même moment que moi, et j'ai réalisé avec un certain malaise que nous devions vivre au même arrêt. J'aimais bien ce type, ne vous méprenez pas, mais je ne me sentais pas encore à l'aise avec le fait qu'il sache où j'habite. Mais ouai, il était évident que je m'étais levée pour descendre du bus, donc je ne pouvais pas vraiment rester jusqu'au prochain arrêt, et ce n'est même pas que je me sentais en danger avec Graham, je suis juste une personne discrète.
J'ai décidé de marcher avec lui aussi loin que cela était nécessaire et de m'assurer qu'il ne voit pas dans quel bâtiment je suis entré. Peut-être que nous ne marchions même pas dans la même direction. Ouais, on marchait exactement dans la même direction. On avait même l'impression de se diriger vers la même rue.
C'est à ce moment-là que j'ai senti une main me saisir l'épaule et me jeter sur la route. Je ne sais pas comment le décrire autrement, j'étais en train de marcher, et l'instant d'après je fonçais vers le sol. Ça ne pouvait pas être Graham - il était devant moi à ce moment-là, et j'aurais juré qu'il n'y avait personne d'autre dans la rue. Il n'y avait pas de voitures qui arrivaient, mais je me suis cogné la tête. Je pense que j'ai dû être inconsciente pendant quelques secondes, parce que la prochaine chose dont je me souviens c'est un Graham paniqué au téléphone avec une ambulance. J'ai essayé de lui dire que j'allais bien, mais je n'ai pas vraiment réussi à faire sortir les mots de ma bouche, ce qui, en effet, signifiait probablement que je n'allais pas bien.
L'ambulance est arrivée assez vite, vu qu'on était à Londres un vendredi soir, et les ambulanciers m'ont examiné rapidement. On m'a dit que la blessure en elle-même n'était pas grave - apparemment, les blessures à la tête saignent toujours autant et il n'y a pas lieu de paniquer - mais que j'avais une méchante contusion et que je ne devrais pas rester seule pendant les prochaines heures.
Même si nous étions à deux pas de ma porte, j'avais, pour une raison ou une autre, décidé que Graham ne devait jamais savoir où j'habitais. Avec le recul, c'est probablement la contusion qui a parlé, mais le résultat est que j'ai accepté de retourner à l'appartement de Graham pour me rétablir. Il était assez gêné par toute cette histoire et s'est donné beaucoup de mal pour m'assurer qu'il n'y avait rien de gênant dans cette situation ; apparemment, il était gay, ce qui, je l'admets, m'a en fait un peu rassuré. Mais il était clair que ce n'était pas de cette façon que l'un de nous deux avait espéré mettre fin à cette nuit.
En fait, l'appartement de Graham se trouvait juste en face du mien, quelques étages plus bas. Je me demandais si je pouvais voir ma fenêtre depuis la sienne, et je me souviens que j'ai eu la curieuse idée que, si je devais regarder dehors, je devrais faire attention à sa jardinière, car je pouvais voir les crochets qui la fixaient au cadre de la fenêtre. Je lui ai demandé ce qu'il avait planté, et il m'a jeté un coup d'œil, comme si ma contusion m'avait rendu folle. Peut-être que c'était le cas, car lorsque j'ai à nouveau regardé la fenêtre, les crochets avaient disparu et il n'y avait aucun signe de jardinière. À ce moment-là, je l'ai mis sur le compte de ma blessure à la tête, et même maintenant je ne suis pas sûre.
L'appartement lui-même était une assez simple, assez grand selon les normes londoniennes. Il n'avait que quelques meubles et beaucoup d'étagères, chacune couverte de rangées et de rangées de cahiers identiques, sans système de marquage apparent ni indication du contenu. J'ai commencé à poser des questions à leur sujet, mais j'avais la tête qui tournait et je ne me sentais pas en état de réfléchir suite à la réponse qu'il aurait donné.
Graham m'a conduite au canapé et a disparu pour aller me chercher un pack de glace et une tasse de thé sucré. J'ai gracieusement accepté les deux, même si je n'étais pas d'humeur à parler. Graham se sentait manifestement assez gêné par le silence pour parler à notre place à tous les deux, et j'en ai appris plus sur lui au cours de l'heure qui a suivi que je n'avais jamais eu envie de savoir. Apparemment, ses parents étaient morts dans un accident de voiture quelques années auparavant et avaient laissé beaucoup d'argent et le droit de propriété de cet appartement. Il n'avait plus besoin de travailler et s'était donc retrouvé un peu à la dérive, prenant des cours du soir à l'université pour passer le temps et s'ouvrir l'esprit - ses mots, pas les miens. Il a dit qu'il essayait de trouver quoi faire de sa vie.
Il a continué à parler pendant un moment, mais j'ai fini par arrêter d'écouter, car j'étais fasciné par la table sur laquelle il avait posé mon thé. C'était un objet en bois orné, avec un motif de lignes serpentines qui se dirigeaient vers le centre. Le motif était hypnotique et se déplaçait sous mes yeux, comme une illusion d'optique. Mes yeux suivaient les lignes vers le milieu de la table, où il n'y avait rien d'autre qu'un petit trou carré. Graham a remarqué que je la regardais et m'a dit que les meubles anciens intéressants étaient l'une de ses rares véritables passions. Apparemment, il avait trouvé la table dans un magasin d'occasion pendant ses études et en était tombé amoureux. Elle était en assez mauvais état, mais il avait passé beaucoup de temps et dépensé beaucoup d'argent pour la restaurer, sans jamais pouvoir trouver ce qui devait aller au centre. Il a supposé que c'était une pièce séparée et n'a pas pu la retrouver.
Et ouai, comme la plupart de ses conversations, j'aurais trouvé ça ennuyeux même si je n'étais pas commotionné. Mais à ce moment-là, je commençais à me sentir assez bien pour partir, et je me suis mis à présenter mes excuses à Graham. Il a exprimé son inquiétude, a dit que cela n'avait pas été assez long, comme l'avaient suggéré les médecins, mais que si je devais rentrer... Eh bien, vous voyez le tableau. Enfin, je suis parti, car je me perdais dans les lignes de la table, et les tuyaux à l'extérieur de la fenêtre faisaient un bruit si étrange que je ne pensais pas que rester allait m'aider à récupérer.
Je suis rentrée directement chez moi, en m'assurant que Graham ne me voyait pas de sa fenêtre, et j'ai passé quelques heures à regarder la télévision jusqu'à ce que je sois suffisamment rétablie pour aller dormir. En me réveillant le lendemain matin, je me sentais plus ou moins bien, bien que j'aie gardé un pansement sur la coupure de mon front, et j'ai essayé de ne pas trop penser à la nuit précédente.
Mais un soir, quelques jours plus tard, je me suis retrouvée à regarder par la fenêtre, celle qui donne sur la rue, et je me suis souvenue d'à quel point Graham vivait près de moi. J'ai regardé pour savoir si je pouvais voir quelle fenêtre était la sienne et, oui, bien sûr, elle était là. C'était en fait une vue extrêmement claire de son appartement, et je pouvais le voir assis sur le canapé, lisant un des carnets de son étagère. Je me suis rendue compte que si je le voyais si bien, il pourrait probablement me voir tout aussi bien s'il choisissait de lever les yeux, et, avec un peu de mon appréhension de ce vendredi-là, j'ai décidé d'éteindre la lumière dans mon appartement, pour qu'il ne me voie pas s'il levait les yeux. Et puis, je suis retournée le regarder.
Ouai, je sais que c'est plutôt glauque. Ce n'était vraiment pas censé l'être. J'ai dit tout à l'heure que j'aimais beaucoup observer les gens et, même s'il était très barbant de parler avec lui, Graham était étrangement fascinant à regarder. C'est donc exactement ce que j'ai fait. Et pas seulement cette nuit-là, d'ailleurs. Oui, il n'y a pas de façon non glauque de dire que regarder Graham est devenu mon passe-temps. C'était bizarre, je le reconnais. Mais je n'ai pas pu m'en empêcher. Je me suis dit que je ne le regardais pas dans un but précis ou dans un but malveillant. C'était simplement un intérêt détaché pour sa vie. Et pour ma défense, j'aurais arrêté beaucoup plus tôt s'il n'avait pas commencé à faire des trucs bizarres. Il réorganisait constamment ses carnets, sans aucun système apparent d'organisation, la plupart du temps sans même les ouvrir. Parfois, il prenait un carnet apparemment au hasard sur les étagères et commençait à y griffonner, même si je pouvais voir que la page était déjà couverte d'écritures.
Une fois, et je jure que c'est vrai, je l'ai vu prendre un de ses carnets et commencer à déchirer les pages une à une. Et puis, lentement et délibérément, il les a mangées. Cela a dû lui prendre trois heures pour finir tout le livre, mais il ne s'est pas arrêté, il n'a pas fait de pause, il a juste continué à les avaler.
Même quand il ne faisait rien avec les carnets, il y avait une étrange énergie qui émanait de lui. D'après ce que je voyais, il était constamment sur les nerfs et sursautait à chaque fois qu'un bruit fort se faisait entendre dans la rue en bas. Une sirène de police, une bouteille qui se brise, et je l'ai même vu une fois paniquer au passage d'un camion de glaces. À chaque fois, il sautait sur ses pieds, courait à la fenêtre et commençait à regarder dehors, en tordant le cou d'un côté à l'autre. Parfois, levait les yeux, mais j'avais appris ses habitudes suffisamment bien pour ne pas être repérée. Puis, d'un seul coup, il décidait qu'il n'y avait pas de problème et revenait à ce qu'il faisait avant.
Et par "ce qu'il faisait avant", voyez, je veux dire rien. Il n'avait apparemment ni télévision ni ordinateur - les seuls livres qu'il semblait posséder étaient ses propres cahiers, et je ne l'ai jamais vu manger autre chose des plats à emporter. Je ne sais pas combien de fois je l'ai vu manger la même pizza - pepperoni aux piments jalapeños et anchois. Ouai, je sais. Mais le reste du temps, il restait assis là, à fumer ; parfois à regarder dans le vide, parfois à fixer sa table en bois. Et oui, je me suis souvenu que le motif était en quelques sortes hypnotique et j'ai passé plus de deux minutes à le fixer moi-même quand j'étais là, mais il ne faisait presque rien d'autre.
Qui sait, peut-être qu'il avait une vie riche et épanouie en dehors de l'appartement. Il le quittit assez régulièrement, et non, je n'étais pas allé jusqu'à le suivre. En fait, je faisais toujours en sorte d'attendre un bon moment avant de quitter mon propre immeuble pour m'assurer de ne pas le croiser. Je ne voulais toujours pas qu'il sache où j'habitais, bien qu'à ce moment-là, c'était pour des raisons très différentes. Mais en fin de compte, c'était un passe-temps, pas une obsession, et souvent les jours passaient où je ne voyais pas du tout Graham. Il y avait peut-être des choses qui m'échappaient et qui auraient pu expliquer son comportement. J'aurais juste aimé ne pas voir ce qui s'est passé le 7 avril. J'aurais peut-être alors pensé qu'il était passé à autre chose ou... je ne sais pas. J'aurais juste souhaité ne pas l'avoir vu.
Le travail était intense depuis quelques mois, avec tant de nuits tardives que j'avais dû abandonner mes études. Je n'avais pas parlé à Graham depuis la nuit où j'ai subi ma blessure à la tête. Je pense qu'il se sentait encore mal à l'aise, et je l'avais vu faire tellement de choses bizarres seul dans son appartement que je pense que j'aurais eu du mal à avoir une conversation normale avec lui. De toute façon, cette semaine-là, j'avais à peine eu le temps de manger, et encore moins d'observer Graham, alors quand je suis rentré à la maison vers dix heures et demie du soir, ma première pensée a été de tomber dans le lit. Mais c'était un vendredi et j'avais bu une énorme quantité de café pour continuer à travailler, alors oui, j'étais sur les nerfs et j'avais hâte de faire une longue grasse matinée le lendemain. Alors, quand j'ai vu que la lumière de Graham était encore allumée, j'ai décidé de passer quelques minutes de détente à le surveiller.
Sa lumière était peut-être allumée, mais je ne le voyais pas, et je me demandais s'il n'était pas allé se coucher et avait simplement oublié de l'éteindre. Il était probablement dans la salle de bain, j'ai donc décidé d'attendre un peu plus longtemps. En regardant cette fenêtre, j'ai réalisé qu'il y avait quelque chose... je ne sais pas, de bizarre. Quelque chose avait l'air différent, mais je n'arrivais pas à savoir ce que c'était.
Puis je l'ai remarqué. Au début, je l'avais juste pris pour une conduite d'eau qui coulait sur le côté du bâtiment, attachée juste en dessous de la fenêtre ouverte de Graham. La lumière des lampadaires ne parvenait pas jusqu'à son appartement du quatrième étage, et le rebord de la fenêtre projetait une ombre qui empêchait la lumière de la pièce de l'éclairer, mais elle était longue, droite, sombre, et de ce que je pouvais voir, elle ressemblait à un tuyau, sauf que je regardais cette fenêtre depuis des mois maintenant, et j'aurais juré qu'il n'y avait jamais eu de tuyau à cet endroit auparavant.
Et pendant que je regardais la chose, ça a bougé. Ça a commencé à se plier, lentement, et j'ai réalisé que je regardais un bras, un bras long et mince. Alors que l'articulation au bout du bras se pliait, je pense que j'ai vu une autre articulation plus bas, qui bougeait aussi, et qui pliait ce que je ne peux que supposer être des coudes ; elle faisait s'accrochait l'extrémité du membre à travers la fenêtre. Quand je dis "bougé", ce n'est pas tout à fait exact. Elle s'est décalé. Comme quand vous regardez une de ces dessins magiques d’yeux et l'image change d'une à l'autre.
Je n'ai jamais rien vu que je puisse vraiment appeler une main, mais ça s'est quand même hissé par la fenêtre. Cela a pris moins d'une seconde, et je n'ai pas bien vu ce que c'était, j'ai juste vu ces... bras, jambes ? Au moins quatre, mais il y en avait peut-être plus, et ils se sont en quelque sorte repliés à travers la fenêtre dans un éclair de gris tacheté. Je pense que c'était la couleur - c'était surtout une silhouette, et s'il y avait un corps ou une tête, ils se déplaçaient à l'intérieur plus vite que je ne pouvais le voir. Dès que ça fut à l'intérieur, la lumière dans l'appartement de Graham s'est éteinte et la fenêtre s'est refermée derrière lui.
Alors ouai, je suis resté là pendant un bon moment, à essayer de digérer ce que je venais de voir. Je pouvais distinguer quelques vagues mouvements de l'intérieur de l'appartement de Graham, mais je ne voyais rien clairement. J'ai finalement décidé que je devais appeler la police, bien que je n'aie aucune idée de ce qu'il fallait leur dire. Finalement, j'ai simplement dit que j'avais vu quelqu'un de suspect entrer par la fenêtre du quatrième étage à son adresse et j'ai raccroché avant qu'ils puissent me demander qui appelait. Puis j'ai attendu et j'ai regardé l'appartement sombre d'en face. Je ne pouvais pas détourner le regard - j'étais convaincu que si j'arrêtais de regarder ça... quoi que ce soit, ça se replierait, se hisserait et entrerait dans chez moi. Rien n'en sortit.
Environ dix minutes plus tard, j'ai vu une voiture de police qui roulait dans la rue. Pas de sirènes, pas de gyrophare, mais ils étaient là, et tout de suite j'ai commencé à me sentir mieux. Mais en levant les yeux, j'ai vu que la lumière s'était allumée dans l'appartement de Graham. Il n'y avait aucun signe de la chose que j'avais vue entrer, mais alors que la police pressait la sonnette à l'entrée de l'immeuble, j'ai vu quelqu'un se diriger vers la porte pour les laisser entrer. Ce n'était pas Graham.
Je ne saurais trop insister sur le fait que ce n'était pas Graham. Il avait l'air complètement différent. Il était peut-être plus petit de quelques centimètres et avait un visage long et carré surmonté de cheveux blonds bouclés, là où Graham les avait foncés et coupé courts. Il était habillé avec les vêtements de Graham, par contre ; j'ai reconnu la chemise grâce à mes mois d'observation, mais ce n'était pas Graham. J'ai regardé le Non-Graham se diriger vers la porte et laisser les deux policiers entrer. Ils ont parlé un moment, et le Non-Graham a eu l'air inquiet et ensemble, ils ont commencé à fouiller l'appartement. J'ai regardé, en attendant que la chose émerge, ou qu'ils trouvent le vrai Graham, mais ils ne l'ont pas fait.
À un moment donné, j'ai vu une policière ramasser une forme rouge foncé que j'ai reconnue comme étant un passeport. Mon cœur a battu plus vite quand je l'ai vue l'ouvrir et regarder le Non-Graham, en comparant clairement, attendant le moment où elle détecterait l'imposteur. Mais au lieu de cela, elle a simplement ri, a serré la main du Non-Graham, et ils sont partis.
J'ai regardé la voiture de police s'éloigner, ressentant un sentiment d'impuissance, et quand j'ai levé les yeux, il se tenait à la fenêtre de Graham, me regardant en retour. Je suis restée figée alors que ses grands yeux fixes rencontraient les miens et qu'un sourire froid et denté se dessinait sur son visage. Puis, d'un geste rapide, il a tiré les rideaux et a disparu.
Je n'ai pas dormi cette nuit-là, et je n'ai jamais revu Graham. Mais j'ai vu cette nouvelle personne, tout le temps. Pendant la semaine suivante, je l'ai vu sortir plusieurs fois par jour de gros sacs poubelles qui avaient l'air lourds. Il m'a fallu un certain temps pour réaliser qu'il se débarrassait des vieux carnets de Graham, mais l'appartement s'en est vite trouvé vidé. Je pense qu'il a fait d'autres changements de décor, mais je n'ai jamais pu le voir, car la seule fois où il a ouvert ses rideaux, c'était quand il regardait attentivement mon appartement, ce qu'il faisait maintenant tous les soirs. J'ai essayé de trouver des preuves de l'existence de l'ancien Graham, mais tout ce que je pouvais trouver en ligne avec une photo - c'était toujours des photos de cette nouvelle personne. J'ai même demandé à certains de mes anciens camarades de classe, mais aucun d'entre eux ne semblait se souvenir de lui.
J'ai fini par déménager. J'aimais beaucoup mon ancien appartement à Clapham, mais ouai, c'était devenu trop pour moi. La dernière goutte d'eau, c'est quand je suis parti au travail un matin, et que je n'ai réalisé que trop tard que le Non-Graham avait quitté son immeuble au même moment. Il m'a salué par mon nom, et sa voix n'était pas du tout comme elle aurait dû l'être. J'ai commencé à m'excuser et à me dépêcher de partir, mais il m'a juste regardé et a souri.
"N'est-ce pas curieux, Amy, de ne jamais rien remarquer tout en habitant si près. Je devrai rendre visite en retour un jour"
J'ai déménagé une semaine plus tard, et je ne l'ai plus jamais revu.
ARCHIVISTE
Fin de la déposition.
Je serais tenté de considérer cela comme une hallucination résultant de complications liées à un traumatisme crânien à long terme, mais Tim est parvenu à mettre la main sur le dossier médical de Mme Patel. Dieu sait comment il les a obtenus, mais il ferait mieux de ne pas utiliser les fonds de l'Institut pour séduire à nouveau les secrétaires au classement. Les dossiers ne confirment pas l'idée qu'elle souffrait de ce genre de problèmes. Sans compter que je me fie généralement aux témoignages de mes collègues pour autant que je puisse, mais son travail ne semble vraiment pas être le genre de chose que l'on peut faire avec un sens de la réalité compromis. Mme Patel a refusé notre demande d'entretien supplémentaire et semble essayer de prendre ses distances par rapport à ces événements.
Graham Folger a bel et bien existé, et semble correspondre à son histoire. Selon les dossiers du coroner, Desmond et Samantha Folger, ses parents, sont morts sur la M1 près de Sheffield le 4 août 2001, et le nom de Graham Folger figure sur le registre de plusieurs collèges et universités de Londres et des environs au cours des années suivantes. L'appartement qu'elle a mentionné appartenait bien à M. Folger, mais il a été vendu par l'intermédiaire d'une agence au début de l'année 2007. Toutes les photographies que nous avons pu obtenir semblent correspondre à la description de ce "Non-Graham" que Mme Patel a décrit, à l'exception de quelques Polaroids, ci-joints, qui semblent dater de la fin des années 80 et montrent les deux parents aux côtés d'un adolescent aux cheveux foncés qui ne correspond pas du tout aux photos ultérieures.
Il ne semble pas qu'il y ait beaucoup plus à faire ici. Mme Patel, comme nombre de nos sujets, semble avoir été plus intéressée à faire sa déposition comme une forme de clôture personnelle, plutôt que comme le début d'une enquête sérieuse. Elle n'était même pas intéressée lorsque Sasha lui a dit que nous avions réussi à retrouver ce que nous pensions être un des carnets de Graham Folger. Je doute que cela aurait été très utile. Il dit simplement la même chose sur chaque page : les mots "Continues de regarder" encore et encore.
Fin de l'enregistrement.
#the magnus archives#the magnus archives french#the magnus archives français#jonathan sims#the magnus institute#tma#tma french#les archives magnus#magnuspod#magnuspod french
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Bienvenue Suzanne : récit d’accouchement
Les prémices
Le mercredi 3 février au soir j'ai senti un premier signe qu'il pourrait commencer à se passer quelque chose. J'avais des contractions depuis le mois de novembre mais ce soir-là elles se sont rapprochées aux 7 minutes, 5 minutes puis 3 minutes, de 17h à mon coucher, avec une légère douleur. Ça s'est arrêté pendant la nuit, puis ça a repris le lendemain à 17h, en moins fort, avant de s'arrêter à nouveau à mon coucher. J'avais connu 2 semaines de "pré-pré-travail" comme ça pour Lou donc je sais que ça peut encore être long. Je commence quand même à m'impatienter, je me rapproche du terme et j'ai peur qu'un confinement soit annoncé avant que j'accouche et que ça empêche Rémy de rester avec moi à la maternité la nuit. En plus, Lou (qui n'est habituellement jamais malade) commence à tousser, je sais que j'ai un test PCR à faire à mon arrivée à la maternité, s'il est positif Rémy doit s'en aller, je devrais alors accoucher seule et faire le séjour également seule.
Effectivement dans la nuit sa toux s'aggrave, je reconnais immédiatement la toux rauque et "aboyante" de la laryngite, on passe un moment en début de nuit à essayer de la soulager puis Rémy part dormir dans sa chambre pour la surveiller et la rassurer. La nuit sera courte pour tous les 3.
Le vendredi 5 février je suis au terme auquel j'ai accouché pour Lou : 39SA+5. Je le dis à la sage-femme que je vois ce matin-là à la maternité pour mon monitoring hebdomadaire, elle me dit "la journée n'est pas finie !", je ris en disant qu'il y a peu de chances que j'accouche aujourd'hui. Elle m'examine, mon col n'est effectivement pas très ouvert, à 1 cm seulement si on cherche bien, il est encore très haut, elle m'explique que le bébé n'appuie pas sa tête dessus. Pourtant je la sens appuyer fort quand je marche, la veille j'ai justement fait une bonne balade autour d'un étang près de chez nous pour que la gravité fasse son travail.
Je rentre à la maison, Lou n'est pas allée à l'école et Rémy a posé un jour enfant malade pour la garder pendant mon rendez-vous. On passe une bonne journée tous les 3 malgré la fatigue, on joue, Rémy fait des éclairs pralinés, je sors faire des petites courses histoire de marcher encore. En fin d'après-midi je bois un verre de jus de choucroute, j'avais lu qu'en Allemagne c'est conseillé pour déclencher l'accouchement, je suis prête à tout et ça tombe bien j'aime les saveurs lactofermentées (Lou aussi, elle me pique une partie de mon verre).
L’accouchement
À 17h20, comme les deux soirs précédents, les contractions s'intensifient, cette fois-ci un peu plus fort. Mais je n'y fais pas trop attention, je suis sûre que je vais avoir ça chaque soir pendant un moment encore. Rapidement je me rends compte que j'ai perdu un peu de bouchon muqueux, je sais que ça ne veut rien dire, ça peut durer encore des semaines, et en même temps pour Lou ça avait vraiment signifié le début du pré-travail, avec une fissure de la poche des eaux quelques heures plus tard.
Je cuisine et je sens que les contractions continuent, ça pique un peu, dans le dos surtout, comme pour Lou. On passe à table et en étant assise ça diminue d'intensité, je me dis que c'était une fausse alerte. Puis après manger ça repart, je perds cette fois-ci une grande quantité de bouchon muqueux. C'est l'heure de coucher Lou, on se dit qu'on va commencer à se préparer au cas où, on termine son sac et je vais prendre une douche pour voir si ça fait passer les contractions. Non, et je perds cette fois un peu de liquide rosé, très peu et ça ne coule plus mais avec ma première expérience je suis quasi certaine que c'est du liquide amniotique, il est alors 20h30.
Je tiens mes parents au courant : on ira à la maternité au matin pour vérifier s'il s'agit bien de liquide amniotique, donc il faudra qu'ils se tiennent prêts à venir chercher Lou.
Je ne compte pas mes contractions mais je sens qu'elles sont encore irrégulières donc pas besoin de se précipiter à la maternité. Je suis un peu déçue de commencer à nouveau le pré-travail par une fissure de la poche, je n'aurai pas le droit de prendre le bain à la maternité, pas l'opportunité de faire une partie du travail à la maison, je risque un déclenchement si le travail met trop de temps à se lancer, et si la poche se rompt totalement je sais que la douleur sera décuplée, bref c'est le scénario que je voulais éviter de revivre mais on ne choisit pas, je ne m'attarde pas trop sur cette déception.
On se couche vers 22h pour prendre des forces, on est quasi certains que le lendemain sera le jour de l'accouchement. En tout début de grossesse j'avais rêvé une nuit de la date du 6 février comme de celle de mon accouchement, je me dis que j'ai eu du nez !
Je pense qu'une fois allongée les contractions vont se calmer, mais à 22h30 elles montent en intensité, je suis à 3-4 sur 10 sur l'échelle de la douleur, c'est trop fort pour que je puisse m'endormir. Mais je suis bien, je sens mon bébé bouger, je sais que ça fait partie des derniers instants où je la sentirais comme ça, je savoure. J'entends les respirations profondes de Rémy et Lou endormis, je me sens dans ma bulle, je respire moi aussi profondément par le ventre, avec une bouillotte chaude contre mon dos pour apaiser la douleur. Rapidement j'ai l'impression que les contractions sont maintenant régulières, je monitore sur une appli et je vois qu'elles sont de même durée, environ 45 secondes, et espacées de 7-8 minutes.
Pour un deuxième je me souviens avoir lu, selon les sources, qu'il faut partir au bout de 2 heures de contractions toutes les 5 minutes, ou de 1 heure toutes les 10 minutes. Je suis entre ces deux situations donc je commence à réfléchir à ce que je vais faire : à quel moment je réveille Rémy et j'appelle mes parents ? Je pense que le temps de les appeler, qu'ils viennent et qu'on arrive là-bas il faut bien compter une heure, je dois prendre ça en compte dans l'équation, je veux partir ni trop tôt ni trop tard.
Toujours allongée dans mon lit je me sens chanceuse de connaître enfin un "vrai" début de travail, avec des contractions qui montent crescendo, entre 2 je me sens détendue et soulagée, je n'avais pas eu ça pour Lou, la rupture de la poche m'avait fait immédiatement passer à des contractions ultra douloureuses toutes les minutes, ça avait été très brutal et sans répit entre chaque.
À minuit passé j'en suis à 6 sur l'échelle de la douleur, je me lève et j'appelle la maternité. Ils me disent de venir. Je réveille Rémy et j'appelle mes parents. En les attendant on finit notre valise de maternité. Les contractions sont maintenant espacées de seulement 3-4 minutes, je commence à avoir bien mal.
Mes parents arrivent à 1h du matin, on réveille Lou et on monte tous dans leur voiture, à 1h40 on arrive à la maternité. Les dernières contractions sur la route deviennent presque intolérables à supporter, je respire profondément en me tenant à la poignée du plafond, je ne veux pas inquiéter Lou.
Mes parents repartent avec Lou chez eux pendant qu'on arrive aux urgences de nuit. Un brancardier sort en courant en me voyant marcher à moitié pliée et file chercher un fauteuil roulant. Il court ensuite avec moi dans le fauteuil pour accéder à la maternité, je le sens inquiet à l'idée que j'accouche là dans la minute, "je suis brancardier moi, je sais pas gérer les accouchements !" ça nous fait rire et je le rassure, on a encore un peu le temps.
Aux urgences maternité on me pose des questions, fait quelques examens, mon col n'est ouvert qu'à 2-3 cm, mais je commence à vraiment avoir du mal à gérer les contractions. On me demande si je veux une péridurale, je dis que je veux attendre encore un peu.
On nous amène en salle de pré-travail pour me poser un monito, on me pose aussi un cathéter dans le bras et j'ai droit au test PCR. Je me pose sur le ballon pendant le monito mais il est beaucoup trop haut pour moi je suis obligée de me crisper pour tenir dessus, ce qui ne m'aide pas à gérer les contractions. Finalement je suis mieux penchée sur le lit, le ventre dans le vide, pendant que Rémy me frotte fort le bas du dos ou me serre la main, faisant au passage un point Bonapace entre le pouce et l'index. J'ai vraiment mal et je n'arrive plus à récupérer entre deux contractions. Je continue cependant à les gérer en silence en respirant profondément, je ferme les yeux, je m'imagine sur un petit bateau en pleine tempête.
Les résultats du test PCR arrivent : négatif, Rémy peut rester, ouf ! J'en profite pour dire que je souhaite une péridurale, je sens que j'atteins bientôt mes limites niveau gestion de la douleur, je me situe maintenant à 9 sur mon échelle, mes contractions durent une minute (une soignante me dit à 2 reprises qu'elle les trouve longues) et je n'ai qu'une minute de répit entre deux.
On part donc en salle de naissance, la péri est posée à 3h15, quelques contractions plus tard j'ai toujours mal au niveau de l'utérus et du col mais plus dans les "reins" et rien que ça, ça change tout. Je valide deux théories que j'avais : les contractions dans le dos sont vraiment particulièrement douloureuses, de même que les contractions sans poche des eaux. La mienne est toujours intacte et même si j'ai très mal je me souviens que c'était encore plus insoutenable pour Lou, où je dépassais les 10/10 en douleur. Sur ce deuxième accouchement c'est surtout le peu de répit entre deux contractions qui fait que je ne tiens plus.
Je sens que la péri est très peu dosée car malgré tout j'ai toujours mal et je sens que ça pousse très fort. Après l'accouchement l'équipe me dira que c'était en fait à moi d'ajouter des doses via une pompe, l'anesthésiste ne me l'avait pas dit.
À 4h mon col est dilaté à 4 cm. Je dis à Rémy que je pense accoucher entre 6 et 7 heures, lui pense plutôt à 8 heures du matin.
À 5h15 je redemande un contrôle car la pression sur le périnée est tellement forte et douloureuse que c'en est presque insupportable. Effectivement le col s'est dilaté super vite : je suis à 9 cm ! La sage-femme commence à installer ses affaires, elle me dit que la poche des eaux ne va pas tarder à se rompre et qu'ensuite ça ira très vite. On doit l'appeler illico si ça arrive ou si je sens une envie de pousser encore plus forte. Comme pour Lou je ressens un sentiment d'urgence, j'ai peur d'accoucher sans que les soignants arrivent à temps.
À 5h35 la poche se rompt, la sage-femme revient et me demande de faire une poussée de test pour voir si le bébé est suffisamment descendu. C'est bien le cas, elle finit de s'installer et je commence à pousser à 5h45.
À la place de la position gynécologique j'ai demandé à rester allongée sur le côté gauche, un pied dans un étrier pour maintenir ma jambe droite en l'air, repliée. Je pousse principalement en poussée soufflée, un peu en poussée bloquée. Je sens tout, je me sens découragée quand la tête passe mais je ne lâche rien pour être vite débarrassée, je sens que ça brûle, j'ai envie que ça s'arrête, je gémis que j'ai mal. Le plus gros de la tête passe puis je sens le visage, le nez, et enfin les épaules. Je garde les yeux fermés tout le long, dans l'effort, j'ai les mains dans celles de Rémy, que je serre très fort, mon visage contre le sien.
À 5h55 la sage-femme me demande si je veux attraper ma fille, je dis oui, je me redresse et j'attrape ce petit corps chaud et humide, Suzanne est née. On me la met contre moi en l'essuyant dans du papier, elle a du papier sur le visage, j'ai peur que ça l'empêche de respirer, pourtant non elle pleure fort. Moi non, tout comme je n'avais pas pleuré quand Lou est née, là je suis trop concentrée sur le fait que je veux qu'on enlève vite ce papier de sa tête. J'ai toujours mon masque chirurgical depuis le début de l'accouchement, je ne vois donc pas vraiment son visage. Rémy coupe le cordon. Je délivre le placenta, on me recoud un point pour déchirure, puis Suzanne a droit à quelques soins et mesures dans la salle, son papa à ses côtés, j’observe depuis la table d’accouchement. 3,170 kgs, 48,5 cm, finalement pas la géante qu'on nous avait prédit ! Pendant ce temps je tremble énormément de façon incontrôlée, la sage-femme me dit que mon corps réagit à l'effort fourni pendant la poussée.
On me remet Suzanne sur moi en peau à peau, je la couvre de mots d'amour, je lui explique qu'on est ses parents et qu'elle a une grande sœur, et très rapidement on fait une première tétée, je suis surprise de voir à quel point elle se débrouille tout de suite très bien !
On nous laisse tout seuls la plupart du temps de surveillance, ce qui nous permet d'enlever nos masques. On appelle nos familles pour leur présenter ce nouveau petit membre. 2-3 heures plus tard on monte en chambre prendre un petit-déjeuner et commencer notre première journée à 3 !
Les premiers jours
Le séjour à la maternité s'est bien passé. Je ne suis volontairement pas retournée dans la maternité où j'ai eu Lou, l'hôpital d'Antony, où mon suivi laissait à désirer et où j'avais subi des violences obstétricales après l'accouchement.
La nouvelle maternité que j'ai choisi, l'institut Mutualiste Montsouris, a été parfaite en tout point, le suivi, les services proposés (acupuncture, plusieurs rendez-vous pour discuter en profondeur de ma première grossesse et de mes attentes), une attention particulière portée à mes angoisses liées à mon premier post-partum, mes différentes pathologies ont aussi été bien mieux surveillées, les cours de préparation à l’accouchement en sophrologie étaient excellents, et enfin l'accouchement et le séjour se sont très bien passés, tout le personnel a été adorable et aux petits soins, la chambre était spacieuse et agréable, Rémy a eu droit à un vrai lit et pas juste un fauteuil inclinable, on nous a dit que l'allaitement était à la demande (aucune pression sur ce sujet ou sur la perte de poids du bébé), on m'a aidé à installer Suzanne en cododo dans mon lit, on m'a même remis mon compte-rendu d'accouchement en partant, alors que j'avais dû batailler pour avoir le premier et qu'il était incomplet. Seul petit bémol, les plateaux repas sont peu copieux mais ça restait bon et on avait emmené beaucoup de nourriture pour compenser. J'apprécie aussi le fait qu'il n'y ait pas de dépassement d'honoraires sur les actes médicaux.
Bref, une bonne expérience, on s'est dit qu'on aurait vraiment mieux fait d'aller là pour Lou, mais à l'époque je ne connaissais pas cette maternité.
Suzanne a été un peu agitée la première nuit mais j'ai quand même pu dormir 1h ou 2 au matin, quel changement par rapport à Lou, l'hypervigilance et les angoisses m'avaient empêché de dormir pendant 2 semaines. Suzanne est restée très calme les journées à la maternité, et a bien dormi la deuxième nuit (emmaillotée et en cododo contre moi, ce qui fait que moi j'ai moins bien dormi mais tout de même quelques heures), ainsi que la troisième chez nous.
Le quatrième jour, hier au moment où j'écris, a été celui du premier pic de croissance, rythmé par d'innombrables tétées toute la journée, et la nuit a suivi le même schéma, ça a été la plus dure jusqu'ici. On croise les doigts pour que ce soit un cas isolé ! On a aussi attrapé la laryngite de Lou, ce qui n’aide pas à bien se reposer.
Je n'ai pas (encore ?) eu de baby blues, et le post-partum est plus facile que le premier en tout point (douleurs, saignements, récupération, chute d'hormones). Mais on redoute quand même de retraverser les mêmes difficultés qu'avec Lou, même si Suzanne semble être plus apaisée pour l'instant. À suivre...
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7 - La der (Le Tyrolien de la Formule 1)
Avant la saison 1992, Berger ne s'est pas investi dans de longues séances d'essais, préférant pratiquer beaucoup de sports. En 1992, la caravane de la Formule 1 fait son retour en Afrique du Sud. Ce premier Grand Prix disputé sur le circuit de Kyalami sera, à l'image de la saison, très largement dominé par les Williams Renault et surtout par celle de Nigel Mansell. Le Britannique a ainsi mis un terme aux années glorieuses de Mac Laren. Pour sa part Ron Dennis a attendu les plaintes de ses pilotes pour sortir la nouvelle MP4/7. La dernière Mac Laren devait révolutionner le monde de la Formule 1. En fait, elle souffrira d'un manque de développement et sera toujours en retard face à la concurrence. En conservant ses vieux châssis lors des premiers Grands Prix pour assurer des points, Ron Dennis a choisi la carte de la prudence.
En 1991, quand Senna gagnait ses courses et qu'il se plaignait avec Gerhard, personne ne les croyait. Pour que la direction technique prenne conscience que leur équipe n'est plus la meilleure, il est nécessaire que les "Mac Laren boys" soient battus. Dès ce début de saison 1992, toute une équipe constate avec retard un certain échec. Gerhard Berger et Ayrton Senna ont évolué dans un contexte d'attente et de frustration. Seul leur génie tactique leur a permis de sauver l'honneur à cinq reprises : Monaco, Canada, Hongrie, Italie et Australie. Dans l'entourage de Ron Dennis, personne n'a ménagé ses efforts pour tenter de combler l'énorme fossé les séparant de Williams. Comme à Interlagos où les stands Mac Laren ont été occupés par trois MP4/6 et trois nouvelles MP4/7. Honda a apporté son dernier RA 122 E/B, un V12 ouvrant à soixante-quinze degrés qui utilise un système de trompettes à longueur variable. Même la boîte est dotée d'un nouveau procédé fly by wire - appellation venant de l'aéronautique - permettant aux pilotes de garder le pied au plancher lors des changements de vitesse. Malheureusement la révolution entreprise par Ron Dennis a été totalement manquée. Après un tiers de course, plus aucune Mac Laren ne figure au classement provisoire du Grand Prix du Brésil.
Le 14 juin 1992 Gerhard Berger triomphe enfin sur le circuit Gilles Villeneuve de Montréal. Il tient du même coup sa revanche sur 1990. Deux ans avant, l'Autrichien avait été le premier à franchir la ligne d'arrivée. Mais il avait écopé d'une minute de pénalisation pour avoir volé le départ. Cette année, malgré quelques abandons, la course canadienne n'a pas été de tout repos pour le Tyrolien.
Parti quatrième, Gerhard comprend très vite qu'il peut facilement augmenter le rythme de sa Mac Laren. Mais il préfère rester derrière Patrese pour ne pas quitter la bonne trajectoire. Question de discipline. Mansell est alors second dans le sillage de Senna. Le Britannique commence à montrer quelques signes d'impatience. Au quinzième tour, Nigel attaque Ayrton dans la chicane précédent la ligne droite des stands. “J'ai pensé qu'il n'avait aucune chance de passer expliquera Gerhard, parce que j'avais essayé de doubler Patrese à cet endroit et je m'étais rendu compte que la piste était trop sale." Tous les mécaniciens accostés sur le muret des stands voient donc débouler en tête la Williams numéro cinq, mais en marche arrière.
Berger profite de la confusion pour surprendre Patrese et se retrouve ainsi second derrière Senna. “Je me suis rendu compte que j'étais plus rapide que lui, mais de nouveau c'était impossible de doubler." L'abandon du Brésilien au trente huitième tour récompense la sagesse de l'Autrichien. La victoire n'arrivera cependant pas sur un plateau. Car Gerhard a perdu l'usage de sa boîte automatique et mettra sept tours pour s'habituer de nouveau au changement de rapports manuel. Au terme de cette manche québécoise, inutile de demander à Gerhard Berger s'il est heureux. Une joie qui transparaît également dans tout le stand Mac Laren. Un autre longiligne Autrichien a de quoi être heureux ce Dimanche : Karl Wendlinger. Au volant de sa modeste March, le protéger de Berger a réussi à terminer à la quatrième place. Les Mac Laren ont cependant continué à être dominées par les Williams et quelquefois par les Benetton. En 1990, le moteur a été mis en cause, en 1991 le châssis a été montré du doigt et cette année l'ensemble châssis-moteur est critiqué. Honda annonce au passage qu'il quittera la Formule 1 dès le dernier Grand Prix de la saison. Après avoir marqué de son emprunte la catégorie reine du sport automobile, le constructeur nippon se retire, prétendant une nouvelle orientation politique.
En fin de saison, Gerhard Berger prouve que la motivation est toujours présente. Son contrat 1993 dans la poche dès le mois de septembre, il n'a plus à se soucier de son avenir et s'est complètement détendu. Au Portugal, il termine second, choqué par l'incident de course survenu avec Riccardo Patrese. Cette incompréhension entre les deux pilotes, survenue alors que l'Autrichien allait s'arrêter pour changer ses pneumatiques, aurait pu prendre une tournure tragique. A la suite d'un contact de roues, la Williams s'est envolée pour s'écraser contre le muret des stands. Lors du Grand Prix suivant disputé au Japon, Gerhard se souvient de cet événement d'Estoril. Avant de s'engager dans la piste de décélération qui conduit aux stands, il agite énergiquement le bras droit puis le bras gauche tout en scrutant ses rétroviseurs. En finissant une nouvelle fois deuxième, l'Autrichien a sauvé l'honneur de Honda dans le fief du motoriste japonais. Peter Collins se souviendra longtemps de cette course de Suzuka, du moins d’une longue soirée de ce week-end de Grand Prix. Le Britannique est en effet tombé dans le piège du testeur de Schnaps artisanal tendu par Berger. "Tu dois le boire d’un coup sec comme ça" lui aurait conseillé le pilote Mac Laren. Cette forte boisson peut donner des sensations de brûlures, mais Collins s’est exécuté. "Ok, maintenant que tu en as pris un, tu dois en prendre quatre autres avant de partir…"
Les titres pilotes et constructeurs ont été attribués depuis plusieurs Grands Prix. C'est pourquoi tout le monde rejoint très décontracté les rues d'Adélaïde pour la dernière épreuve de la saison. En Australie, Gerhard a de nouveau transporté de joie le motoriste nippon en lui offrant sa soixante et onzième victoires coïncidant avec son retrait de la Formule 1. Ce soir du 8 novembre 1992, Gerhard est également fier d'avoir conclu un mariage de trois ans avec Mac Laren sur une bonne note.
Pourtant tout a commencé de travers avec un mauvais départ le reléguant à la sixième place, ce qui a forcé l'Autrichien à attaquer très fort. Sur un circuit exigeant en consommation, tous les soucis étaient donc permis. Les incidents en tête de la course ont aidé Berger. Mais il a néanmoins su construire sa victoire sur sa tactique de course, et pas uniquement sur son sens de l'attaque. “Aujourd'hui nous avons réussi la meilleure stratégie jamais appliquée en course se vante Ron Dennis, vers la mi-course nous avons délibérément accéléré le rythme pour creuser le trou”.
Ensuite Gerhard a levé le pied dans l'espoir de soulager son gourmand moteur, laissant Michaël Schumacher revenir sur lui. “Dans les derniers tours je me suis contenté de contrôler la remontée de Michaël espérant pouvoir aller jusqu'au bout. C'est vrai, j'ai coupé la ligne d'arrivée avec une courte longueur d'avance sur la Benetton. Mais quelle différence y-a-t-il entre une victoire gagnée avec vingt secondes, dix secondes ou une seconde d'avance ?” rétorquera Berger. “Ce fut la plus difficile de nos courses au point de vue de la consommation reconnaîtra Akimasa Yasuoka, la coordination de l'équipe fut excellente et Gerhard a lui-même parfaitement maîtrisé la situation”.
Gerhard Berger termine à la cinquième place du Championnat du monde des pilotes 1992. Jamais il n'aura été aussi compétitif vis-à-vis de son coéquipier brésilien. Après seize Grands Prix disputés, seul un petit point sépare les deux hommes à l'avantage de Senna. A Spa-Francorchamps, lors du Grand Prix de Belgique, Gerhard annonce qu'il quittera la sécurité de Mac Laren pour retourner à Maranello, rejoignant le Français Jean Alesi. L'Autrichien aurait pu rester une quatrième année dans l'équipe de Ron Dennis, alors pourquoi avoir accepté ce nouveau défi ? “Je savais très vite que mon choix allait se faire entre Mac Laren et Ferrari... Mais les tractations commençaient sérieusement à me fatiguer. Je déteste cette période, alors j'ai pris l'initiative”. Les pâtes italiennes, son plat préféré, ont peut-être attiré Berger. Plus sérieusement, son retour chez les rouges coïncide avec celui de l’ingénieur John Barnard et l'arrivée du conseiller sportif Niki Lauda, tous deux appelés à la rescousse par le président Luca di Montezemolo. "Niki a toujours été du côté de Ferrari dans les négociations" justifie Berger. Le Tyrolien possède une certaine maturité. Ses trois saisons passées chez Ron Dennis lui ont offert une expérience redoutable. Germanique jusqu'au bout des ongles, il ne vit que pour son travail et ne pense qu'à son travail. Son objectif est simple : conduire du mieux possible et donner son maximum en se concentrant sur chaque Grand Prix. La fin de saison venue, seulement alors il fera ses comptes. Entre temps, il retournera dans ses alpages pour se ressourcer, gérer consciencieusement sa flottille de camions. Si dormir figure parmi ses hobbies, son attitude décontractée l'a sûrement préservé des pics qui blessent ses rivaux.
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31 - Représailles
- Ça me fatigue, tout ça, si tu savais.
A mi-voix dans la pénombre, la fille a rompu le silence. Assise entre les coussins, à ses côtés, j'ai levé les yeux de mon bouquin d'histoire pour la fixer.
- De quoi tu parles ?
C'était une soirée ordinaire au squat, Face m'avait demandé de veiller sur les filles. Il n'y avait pas grand monde au QG, la plupart des membres étaient dehors, à dealer où peindre nos symboles sur les murs. Allongée sur le grand lit, mon interlocutrice s'est redressée et a allumé une clope. C'était une fille élancée, au corps sec et à la peau chocolat, avec quelque chose de dur et irrésistible au fond des yeux. Elle avait fait partie de celles qui, en entrant dans la Meute, avaient changé de nom et s'était choisi celui de Jezebel - comme la chanson. C'était ironique, en quelque sorte, puisque le morceau parlait d'une pute mais que notre Jezebel refusait de coucher. Comme la plupart de nos recrues féminines, elle dansait, à la place, là où Hakeem l'amenait.
- ... tout.
Elle a tendu la main et commencé à tracer des cercles avec ses doigts.
- ... la danse, les regards des clients, rester ici à rien foutre à part fumer toute la journée.
Je me suis redressée : c'était ce genre de discours auquel Face m'avait demandé de faire gaffe. Alors que Jezebel fixait les fissures du plafond, je me rappelais les recommandations ("Les filles ne doivent pas se mettre en tête qu'on les utilise, qu'elles valent mieux que ça."), me suis mordue les lèvres.
- Si tu le dis.
Je me suis étirée, ai feint une nonchalance qui faisait bien.
- T'as envie de retourner chez toi ?
- Hmmm.
Je devais me faire violence pour ne pas la secouer en attendant qu'elle réponde. Au bout de quelques secondes, elle a fini par concéder :
- ... pas vraiment, non. Mais...
- Mais quoi ?
- Des fois, je me demande si j'aurais pas pu vivre différemment. Mieux.
Ses yeux noirs se sont posés sur moi.
- Pas toi ?
- Arrête tes conneries, Jez. Je vis bien et toi aussi.
Plus nerveuse que ce que j'aurais préféré ne l'admettre, j'ai sauté à bas du lit et ai commencé à faire les cent pas.
- Bien sûr que tu bosses, mais ça, va, c'est quelques heures le soir. Tu te fais ton fric, t'as de quoi boire, manger, un endroit où dormir... et tu fais partie d'une famille, bordel. La nôtre.
Je me suis rassise sur le bord du lit.
- Tu sais très bien qu'on tient à toi, que jamais Hakeem laisserait ces mecs te faire du mal.
Jezebel a haussé un sourcil.
- Pourtant, vous laissez les autres filles passer à la casserole.
- On les force pas.
J'étais sèche, intraitable : j'avais dû me faire plus dure encore, depuis que je sortais avec Leïla, pour que personne ne remarque de changement. Jezebel est restée silencieuse quelques instants, puis a haussé les épaules.
- ... c'est vrai. On fait tous ce qu'on peut, j'imagine.
- Bien sûr.
Un silence un peu gênant, que j'ai brisé :
- On va faire des courses ? J'ai besoin de bouger.
Souvent, c'était moi qui achetait les clopes et les capotes de tout le monde - Hope avait commencé à en exiger pour elle et les autres, question de sécurité - à ce qu'il paraissait. Jezebel a acquiescé et commencé à enfiler des collants pendant que j'allais voir si quelqu'un avait besoin de quoi que ce soit d'autre.
Il faisait frais, on sentait que l'automne touchait à sa fin. Jezebel marchait avec détermination, impériale dans ses talons de dix centimètres au moins. C'était toujours compliqué, pour moi, de voir les filles se fringuer comme les putes qu'elles étaient : une part de moi admirait leur panache, une autre avait envie de juger ; au final, je fermais ma gueule et c'était très bien comme ça.
Sans nous attarder trop dans les rues sales, on est rentrées dans la supérette la plus proche - une espèce de petite station avec une sorte de café dedans. Comme souvent, quelques de regards se sont posés sur nous en un mélange de lubricité et de crainte. Je les ai ignorés, ai récupéré ce dont on avait besoin avant de passer à la caisse. Au moment de scanner les clopes, le caissier m'a jeté un regard morne.
- Vous avez une pièce d'identité ?
- Je l'ai oubliée à la maison. Ça pose problème ?
Je ne le connaissais pas, il avait l'air d'être nouveau. Sans ciller, j'ai soutenu son regard. Un peu embarrassé, il a répliqué :
- C'est-à-dire que... il me faut une pièce pour attester que vous êtes bien majeure.
J'étais loin de l'être et Jezebel n'avait pas 21 ans non plus. J'ai adressé un sourire crispé au type.
- Ecoute-moi bien, fils de...
- Rain.
Jezebel m'a posé la main sur l'épaule.
- C'est pas grave, on peut aller ailleurs.
J'ai foudroyé le mec du regard mais me suis laissée entraîner : si ce type était nouveau, c'était normal qu'il n'ait pas appris à nous craindre.
Dehors, on a marché jusqu'au kebab qui se situait à mi-chemin entre le QG et mon appart. Le tenancier nous a saluées avec chaleur avant de nous laisser commander ce qu'on voulait. On est reparties avec de la bière, des clopes et un kebab gratuit parce que je bouffais comme mille et que j'avais faim. Sur le chemin, Jezebel picorait dans mes frites et fixait le ciel.
- On voit jamais les étoiles, dans le coin.
Sans trop savoir quoi répondre, j'ai tenté de la dérider :
- C'est une bonne soirée quand même, non ?
Je souriais, ignorais ma propre mauvaise humeur. Elle m'a adressé un regard indéchiffrable et a concédé :
- ... ouais.
Quelques heures plus tard, à la sortie de la supérette, le même caissier éteignait les lumières et se cassait en fermant derrière lui la porte de l'établissement. Comme dans un mauvais film, il s'est retourné pour faire face à Dog, Chuck et moi, entre eux, qui lui ai adressé un sourire aimable.
- Mais que...
- Tu te souviens de moi ?
Il n'a pas répondu que Dog le fauchait d'un coup de batte un peu en-dessous des genoux. Je l'ai regardé s'écrouler avec un cri de surprise et me suis penchée. Je voyais ses épaules trembler, l'entendais gémir doucement. Ma main l'a cueilli au menton et je l'ai forcé à me fixer.
- T'es nouveau dans le quartier, à ce que je vois. Et parce que t'es nouveau, je vais me contenter d'un avertissement.
Avec un sourire flippant, Dog a levé sa batte à nouveau. J'ai senti le mec se crisper et lever un bras, mais le coup n'est pas venu. A la place, le punk s'est marré et je me suis senti sourire. J'adorais cette sensation de pouvoir qui filait dans mes veines, me donnait l'impression d'être tellement plus grande et forte que je ne l'étais.
D'un coup de genou, j'ai cueilli le mec à l'estomac. Il a encaissé, s'est écroulé dans la ruelle. Je me suis accroupie pour maintenir le contact visuel.
- V-vous... vous allez me t-tuer ?
- Non. Pourquoi on le ferait ?
Je me suis tournée vers les deux autres.
- Vous avez entendu ? Ce mec croit qu'on va le crever ??
Dog a éclaté d'un rire dément, presque ridicule tant il était caricatural. A côté, Chuck ricanait avec retenue et moi je feignais une joie de vivre écoeurante. Je me suis retournée vers l'employé. Ma main s'est abattue sur son crâne et j'ai commencé à lui ébouriffer les cheveux. Il s'est laissé faire, abasourdi et craintif - c'était dingue de voir à quel point la confiance bête que les gens avaient en leur petite sécurité les rendaient dociles au moment où l'illusion se brisait.
- Ecoute-moi bien, beau gosse. Si tu refuses encore de nous passer les trucs pour lesquels on paie, tu vas avoir de gros ennuis. Avec nous ou le reste de la Meute. Compris ?
Il a hoché la tête, des larmes pathétiques au coin des yeux. Je me suis redressée, ai remis ma veste en place.
- C'est bizarre, que tes collègues ne t'aient pas prévenus.
Il n'a rien dit, s'est relevé avec peine. En voyant qu'il glissait la main dans sa poche, j'ai été plus rapide et ai sorti le flingue qui sommeillait dans la mienne.
- Oh, tu vas pas appeler les flics maintenant.
Il s'est figé.
- Lève les mains.
S'est exécuté.
Je lui ai adressé un regard glacial et absolument sincère : je détestais que nos victimes manquent de docilité.
- Casse-toi maintenant. Avant que je change d'avis.
D'un pas inégal et précipité, il a obéi et a remonté la rue avant de disparaître. J'ai rangé mon flingue.
- Ça, c'est fait.
J'étais déterminée à rentrer vite chez moi. Alors que je suivais Chuck, Dog s'est glissé à côté de moi et, d'un geste de bras, m'a attirée à lui. J'ai voulu me décoller mais il me maintenait.
- Tu sais que t'es particulièrement séduisante, quand t'es comme ça ?
- Fous-moi la paix.
Je détestais quand il faisait ça, surtout qu'il évitait de se comporter de la sorte quand Hakeem était dans les parages. Je me suis débattue et l'ai bousculé, retrouvant mon espace.
- Toujours aussi farouche, à ce que je vois.
Je me suis retenue de lui en flanquer une, me suis contentée de marcher plus vite. Dog n'était pas constamment comme ça, mais quand il l'était, c'était avec moi seule. Ça avait toujours rendu notre relation compliquée et c'était encore pire, maintenant que j'étais en couple.
- Allez, Rain, tu sais bien que je déconne...
- Mais tu me déranges, putain. Ça t'a jamais traversé l'esprit ?
- T'es sûre que c'est pas plutôt le fait que t'aies déjà quelqu'un ?
- Ta gueule !
Je n'avais jamais répondu à son hypothèse, ce qui ne l'empêchait pas de me la balancer régulièrement, dans l'espoir, sans doute, que je la confirme enfin. Ça avait été flippant, cependant, de voir qu'il la vitesse à laquelle il avait pigé le changement.
A nouveau, il s'est rapproché. Assez pour pencher la tête vers moi et me susurrer des trucs à l'oreille.
- T'es moins chiante quand tu bois.
Frisson. Je me suis dégagée et rapprochée de Chuck, laissant le punk derrière.
Avec du recul, je me rends bien compte que son harcèlement obsessionnel n'avait rien de sain ni de normal. Mais, d'un autre côté, je ne l'avais pas détecté car rien de ce qu'on faisait avec la Meute ne l'était réellement. Au QG, j'apprenais et enseignais que c'était courant, pour une fille, de coucher avec ses potes par reconnaissance ou de s'offrir même si on ressentait ça comme une forme d'obligation. J'apprenais aussi que c'était pas grave, de se réveiller encore ivre et à poil à côté de quelqu'un que t'aurais jamais calculé en temps normal, tout ça parce que la fête de la veille avait été trop intense. C'était sans doute pour ce genre de raisons que je grognais contre Dog sans jamais le frapper, que, d'une certaine manière, je finissais par accepter les avances qu'il me faisait - surtout que je savais que si j'en avais parlé à Hakeem, ça se serait réglé vite. Oh, ça et la suite - surtout la suite - ont fait partie des choses que j'ai regrettées pendant longtemps.
Cette nuit-là, j'étais censée rentrer chez moi - Leïla m'y attendait - mais Dog et Chuck m'ont proposé de rester un peu, le temps de boire une bière pour fêter une intimidation réussie. Je m'en veux terriblement d'avoir accepté.
J'ignore, pourtant, ce qui s'est passé directement après.
Je me souviens, quelques heures plus tard, d'une sorte de réveil, de mon corps étalé sur le carrelage, comme désarticulé et du fait que, sur ma peau, il y avait de nouvelles marques que je n'ai identifiées au complet que quelques jours après. Par saccades - image après image - je me souviens m'être relevée douloureusement, pantelante, avant de rassembler mes affaires et de partir du QG. Est-ce que j'avais pris la peine de voir s'il y avait quelqu'un ? Dans mon souvenir, j'avais la sensation d'être seule au monde. Sur le chemin du retour, il pleuvait : une honte crasseuse et comme sortie de nulle part me nouait la gorge et mes cuisses me brûlaient.
Le plus déroutant, c'est que ce qui s'est passé avant - entre la décision et le moment où mes souvenirs sont redevenus nets - ne ressemblait à rien. Et quand j'ai tenté de m'en rappeler, le lendemain et les semaines qui ont suivi, il n'y a eu que du vide. Pourtant, au fur et à mesure que le temps passait, j'avais comme l'impression que je pouvais y parvenir, si je le voulais. Comme si ma mémoire avait été une porte entrebâillée qu'il m'aurait suffi d'ouvrir avec un peu de force.
Seulement, j'avais peur.
Sans totalement comprendre pourquoi.
Je repensais à mon coeur qui cognait contre ma poitrine, à ce qui ressemblait à une fuite le long des rues. A la culpabilité qui me serrait au ventre, sans que j'ose en imaginer la cause. J'avais comme l'impression que - même si le vide m'effrayait - rien ne serait plus pire que d'ouvrir la porte et faire face.
Alors je me suis tue. Hakeem n'en a rien su.
Lorsque, des années après, la porte s'est ouverte, ça a été terriblement dur.
Et j'ai mis si longtemps à me pardonner que, parfois, j'oublie encore que ce n'était pas ma faute.
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Don’t mess with Winchester
L'hôtel du Mort était richement décoré, entièrement occupé par cette organisation peu recommandable. Dans l'une des grandes suites de l'avant-dernier étage les sept garçons avaient été installé, sans grands ménagements. Un infirmier apeuré s'occupa des 6 moins amoché, un homme au cheveux rouge gardant son arme braqué sur son front tout au long des processus... pour le plus jeune, c'est Ewan en personne qui s'en occupa. Il entra avec une blouse blanche et une mallette dans la chambre ou le plus jeune avait été déposer.
« T'es vachement bandant comme ça... » marmonna le jeune homme
« Je prend cela comme un compliment. » fit le roux doucement
« Ewan... fais pas genre... » marmonna le jeune
« Désolé Jungkook... » Ewan sourit peiné « Je suis pas celui que tu crois... »
« J'savais qui t'étais dés l'moment ou t'es entré dans la chambre quand on a coucher ensemble pour la première fois... J'suis jeune Ewan. Pas con... » dit Jungkook en grinçant des dents...
Ewan écarquilla les yeux, observant le plus jeune et resta sans voix. Il savait et il n'avait rien dit ? Le roux secoua la tête et ouvrit sa mallette pour disposer ses affaires. Il aida Jungkook a enlever son t-shrit et observa le bandage de merde fait à l'arrache par Taehyung. Le roux se crispa et enfila des gants avant d'enlever avec précaution le bandage. La plaie était entrain de s'infecter ... elle était profonde et longue. Elle devrait être recousue. L'anglais commença d'abord par sortir une seringue stérile et un produit. Jungkook fronça les sourcils.
« J'fais pas d'drogues.. » grogna le coréen
« Moi non plus. » fit l'anglais « C'est un anesthésiant local. » dit-il
« J'supporte la douleur. » ronchonna Jungkook
« Je ne te laisse pas le choix. » fit l'anglais en plantant l'aiguille juste au dessus de la plaie
« Argh ! Ewannn » grogna sourdement le jeune
« J'aurais préféré entendre mon prénom de la sorte en d'autres circonstances. » fit le roux calmement
Le roux sortit une seconde seringue. Il y mélangea un anti-inflammatoire et une anti-douleur, qu'il administra avec douceur avant de commencer a désinfecter la plaie en profondeur puis il le recousu dans le plus grand silence, une expression grave sur le visage. Si Jungkook n'avait passer qu'une semaine dans ses draps... il commençait a connaître cet homme. Et sa main se posa dans les cheveux roux flamboyant, créant chez l'homme un frisson.
« J'ai presque terminé. » fit-il
« Ewan... » marmonna Jungkook
« encore un point. » dit-il
« Ewan.... » appela encore Jungkook
« Patience. » soupira le roux
« Ewan... » fit il encore
« Quoi ? » fit-il enfin en se redressant
« T'as un air de tueur sur le visage. » fit Jungkook
« J'ai une nouvelle pour toi... » fit l'anglais en déposant son aiguille et en désinfectant encore la plaie recousue « J'en suis un. »
« Et tu vas tuer qui là ? » demanda Jungkook en se redressant
« Coucher. » dit l'anglais en recouchant d'une main le plus jeune. « J'ai pas fini. » il posant un gaze stérile, puis une compresse et enfin un pansement compressé stérile et autocollant sur la blessure « Je compte avoir la tête de celui qui t'as fait ça. Dus-ai-je à le tuer de mes propres mains. »
« Ewan... j'en vaut pas la peine » marmonna Jungkook
« Que du contraire. » fit le roux
« Ewan... » soupira Jungkook « Ils sont dangereux. »
« Pas autant que moi. » dit Ewan
« T'es pas si flippant. » fit Jungkook
« Parce que tu n'es pas objectif. » Dit Ewan « Tu ne m'as jamais vu avec une arme en main. » dit-il en rangeant ses affaires et en enlevant la chemise
« Nan c'est vrai. » Jungkook se redressa et fixa le roux « Parrain de la mafia ... t'as pas le look pour.. »
« Je préfère Dirigeant du Crime Organisé. » fit Ewan en souriant
Jungkook rit doucement et tendit les bras dans lesquelles le roux vint s'installer. Ils s'embrassèrent avec tendresse quand on frappa à la porte.
« My King. » la voix de la petite blonde
« Yes ? » Ewan se redressa blasé
« We found them. » dit-elle
« Good. » Les d'Ewan avait soudain prit une toute autre expression. Il embrassa Jungkook. « Je reviens »
« Yah... » Jungkook le retint « ... te fais pas tuer. »
Ewan rit, et sortit de la chambre. La petite blonde posa des gants en cuirs dans la main de l'anglais devant les yeux des membres du Bangtan gang.
« Yo dude... » fit le leader, nommé Namjoon
« I am no dude, dear. » fit Ewan sèchement « If you weren't close to Jungkook I would've killed you for that. » fit l'anglais en enfilant ses gants et tendant la main dans laquelle un premier revolver se posa « I will be mercyfull, for this once. » Il plaça l'arme dans son holster puis prit la seconde et la glissa dans son second holster. « But I'd prefer you to never say that again when calling me. » fit-il alors que la Blonde passait sa veste. « I would be safer for you. » On lui tendit deux chargeurs remplis que le roux plaça dans ses poches. « Shark, more information please. » fit-il serrant sa cravate.
« Yes my King. » La jeune femme aux cheveux multi-colore s'avança avec une liste détaillé et la donna au Roux
« Anything else » demanda le roux
« They look way less as dangerous as the Sanada's were My King.. » fit la multi-colore nommé Malia
« I guess you'll be going alone then? » fit un homme aux cheveux blancs
« You guessed right. » fit le roux.
« Ewan... » la voix de Jungkook et l'utilisation du prénom du roux surprit tout le monde.
« Jungkook. » Ewan se tourna vers lui. Il n'avait plus rien du médecin gentil et souriant... il ressemblait à un assassin.
« Si... t'y va seul tu vas te faire tuer. » dit Jungkook
« Je ne crois pas. » fit l'anglais, on lui tendit ses lunettes de soleil qu'il mit. « J'ai eu affaire à pire que ça. » Il s'approcha de Jungkook « Va te reposer, je n'en ai pas pour longtemps. »
« Ewan tu vas pas revenir vivant... » fit Jungkook en serrant les dents
« Tu connais l'histoire du clan Sanada ? » demanda Ewan
« Le clan yakuza tuer par un seul type .... ? » fit un membre du gang, Jin.
« Exactement. » dit Ewan « Je n'en suis pas fier, mais leur assassin c'est moi. » fit Ewan « Je ne suis pas un ange Jungkook. J'en suis même l'opposé. » fit le Roux
Jungkook cligna un peu des yeux, puis vint enlacer l'anglais. Quel idée avait-il de tomber amoureux de l'homme le plus dangereux de la terre ? Il avait entendu l'histoire des Sanada, il savait la boucherie que cela avait été... et si c'était bien Ewan qui les avait tous tuer... alors il reviendrait vivant. L'anglais vint l'embrasser avant de sortir de l'hôtel.
« Il ne reviendra pas. » dit Namjoon
« Haha mon chou... Notre Roi n'est pas comme vous. » fit une voix féminine « Il est le meilleur tireur que je connaisse. » fit-elle
« Le clan Sanada qui dit qu'ils étaient si dangereux. » fit une autre membre, Hoseok
« Moi. » fit une jeune femme en approchant. Elle était asiatique mais son regard bleu était déroutant. « Car ils ont massacré nombreux des miens. » fit-elle
« Et t'es qui toi ? » demanda Yoongi, encore un membre de Bangtan
« Asuka Amano. » fit-elle
« Oh putain... » Yoongi avala de travers
« Je ne crains pas pour la vie d'Ewan »
--
Les heures s'étaient écouler et Ewan avait appeler pour que Jungkook, et le Gang descendent au sous-sol. Dans le sous-sol tous les membres du gang qui les avaient attaqué étaient allongé, presque mort et Ewan s'essuyait le visage. Il semblait éreinté, on pouvait voir la fatigue dans ses yeux, et quand il croisa le regard de Jungkook un sourire se forma sur ses lèvres. Il s'approcha du groupe puis de Jungkook et le fixa.
« Je ne les aie pas tuer... exprès pour savoir lequel en particulier t'as blessé. » fit Ewan
Jungkook montra le leader du gang, et le roux claqua des doigts. On l'emmena ailleurs.
« retourner vous reposer. C'était tout ce que j'avais besoin de savoir. » fit le roux.
--
Pauvre homme... Pauvre âme damné a subir toutes les pires tortures pour avoir oser blesser celui qu'Ewan aimait. Chaque os du corps de l'homme fut brisé et une fois cela fait. Ewan s'assit devant lui les bras croisé.
« Maintenant je vais te demander... si tu sais, pourquoi tu subis ça ? » fit le roux...
« Pitié tuer moi... pitié ... »
« Oh non. Je veux une réponse si elle me plaît tu auras une mort rapide... si elle ne me plaît pas.... J'aviserais. » fit l'anglais sèchement
« Parce que... parce que j'ai ... blessé votre ami... ? »
« Tu n'es pas si stupide. Hélas, c'est la mauvaise réponse. » fit le roux.
« Quo....quoiiii ?? »
« Jungkook n'est pas mon ami. » fit Ewan « C'est mon amant. » siffla-t-il « balancez le dans l'incinérateur. »
Les hurlements de douleurs n'empêchèrent pas le roux de s'en aller. Il remonta calmement jusqu'à l'avant-dernier étage et vint se poser dans le salon. Jungkook le fixa de haut en bas, alors que Namjoon avait maintenant compris qu'il ne fallait pas plaisanter avec lui.
« Il est mort ? » demanda Yoongi
« Oui. » Ewan soupira en fixant Jungkook « Je t'avais dis que je n'étais pas celui que tu croyais. »
« M'en fou.. » marmonna Jungkook. Il se posa à côté d'Ewan « Tu m'apprendras à tirer ? »
« Quand j'estimerais que tu es rétablis. » dit le roux.
« Mec t'as couché avec le type le plus flippant de la terre. » fit Hoseok
« Le plus flippant je dirais que c'est Elrick. » dit la douce voix de la petite blond prénommé Lily
« Et toi ... comment t'as atterrit dans la mafia ? » fit Jimin un membre de Bangtan.
« Crime Organisé s'il vous plaît. » soupira Ewan avec le sourire « Lily était... une esclave sexuelle, ça a tuer ses sœurs.... Quand j'ai plomber la famille Sanada... Elle était dans une cage. »
« Le Roi m'a sauvée... » fit Lily doucement
« Oh... »
Jimin vint doucement lui prendre la main et la petite blonde sourit tendrement. Ewan observa le petit manège et souffla un peu. Il espérait pouvoir redresser Jimin et le renvoyer dans la vie civile. Peut-être qu'il pourrait renvoyer Lily avec lui ?
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Partie 1
Allongée sur mon lit 2 place, des souvenirs douloureux me revinrent brutalement à l'esprit. Me relevant doucement pour essayé de chasser ces images, une question torturait mon cerveau : comment cela a t-il pu arriver? Je pense que pour répondre à cette question, il faut revenir deux ans auparavant.
J'étais en deuxième année de droit dans une grande ville française réputée pour ses monuments anciens et sa nourriture gastronomique. Il y a forcémement un jour ou un événement qui marque le début de quelque chose. Pour moi cet évènement c'était la rentrée. Vous voyez ce jour, où l'on veut se faire beaux ou belles pour marquer le coup, impatients de montrer les dernieres folies que l'on a faites pendant les vacances ou sa nouvelle coiffure tendance. Ce jour, qui nous met cette petite boule au ventre la veille pour bien nous rapeller qu'à partir de demain les vacances seront finies, ce qui veut dire plus de sorties jusqu'à 3h du mat, plus de glandouille à la maison toute la journée, plus de plage, plus de soleil à part pour les sudistes mais que du travail pendant 8h par jour.
Je m'en souviens, ma rentrée était un lundi. Je commençais à 15h30, j'avais donc le temps de me préparer. En ce jour si " spécial " pour les écoliers, je n'ai pas palier à la règle de me mettre au top. Si ma mémoire est bonne, je pense que je portais un haut manche courte rouge avec un pantalon boy-friend délavée et des baskets blanches. La description de ma tenue n'a pas réellement d'importance mais comme je m'en souviens, je le partage avec vous.
Quelle impolitesse de ma part je ne me suis pas présentée! Qu'est ce que je peux être étourdie parfois!Je m'appelle Lara. Au moment de l'histoire j'allais sur mes 20 ans. J'ai 2 grands frères, Jordan 24 ans et Jaden 22ans. J'ai également une grande soeur, Julie, 20 ans. Julie est en réalité ma demi-soeur. Si je vous fais cette confession c'est parce que cette différence à son importance dans mon recit. Cependant, il n'en demeure pas moins que mes frères, ma mère ( belle mère de Julie ) et moi même l'a considérons comme un membre à part entière de la famille.
Revenons à nos moutons. À cette période, j'avais eu mon code mais pas encore le permis, par conséquent mon meilleur ami était le métro. J'avais environ 20min de trajet. Pour passer le temps j'écoutais en boucle " I need a girl " de P Diddy et Usher. Arrivée à bon port, je marchais tranquillement, lorsqu'un jeune homme me bouscula brusquement. Il était grand de taille, assez jolie garçon je dois vous l'avouer, et ses yeux gris lui rajoutait une beauté unique. Il était vêtu d'un smoking bleue marine et, il avait dans sa main gauche une malette noire. Un vrai working boy. C'était le genre d'homme qui en tant que gendre aurait ravi le père le plus réticent à donner sa fille en mariage. Remarquant sa bousculade, il s'arrêta net, me regarda de haut en bas puis me fit un " signe " pour s'excuser et me souria. Son sourire ravageur attendrit sa maladresse. Pour lui faire comprendre que son message était reçu, je lui souria en retour. Ensuite, comme si de rien était, je continua ma route. Au loin, je vis mon gigantesque campus. Rien qu'à cette vue, j'esquissa un petite sourire. Je ne sais pas pour vous, mais moi et l'université c'était une très grande histoire d'amour. J'adorais le campus, la bibliothèque universitaire, les élèves, les profs, les soirées étudiantes, les études quoi. Un peu plus près de moi, j'aperçus Yvanna qui je pense s'aprêtait à m'appeler. Lorqsue son regard croisa le mien, on courut l'une vers l'autre et on se prit dans les bras. Cette scène était digne des plus grands films quand j'y repense. À ma Yvanna, qu'est ce qu'elle m'avait manqué! C'était mon petit rayon de soleil. Une vraie femme fatale . Elle était grande de taille, brune, mince, les yeux bleues extrêmement expressifs, on pouvait lire à travers qu'elle n'avait pas eu la vie facile. Mis à part sa beauté ravageuse, elle était aussi très intelligente. Elle n'avait rien à envier à personne et surtout elle avait tout pour elle. Après ses embrassades chaleureuses, on se rendit dans l'amphithéâtre destiné à notre licence. Attendant que le corps enseignant n'arrive pour son fameux discours, nous nous racontions nos vacances passés. Je me souviens que nous nous sommes impatientés pendant au moins 30min. Les profs de faculté décidemment, quand il s'agit d'être en retard ceux sont les 1ers toutes catégories confondues. À la suite de ces 30min interminables, ils ont enfin sortis le bout de leurs nez et pour être honnête le discours du doyen ne vallait pas cette attente. C'était le même que l'année dernière sauf que les blagues étaient différentes. Pendant les 10 premières minutes de son discours j'étais avachis sur ma chaise écoutant à moitié ses paroles. Yvanna on l'avait perdu. Elle dormait profondément et silencieusement. Mais à la 11ème minute, il donna la parole à un homme qui m'était familier, c'était le type de tout à l'heure. Autant vous dire, que je me suis immédiatement redressée sur ma chaise, pour écouter attentivement ses paroles. Il avait une voix grave et cassée, cela lui ajoutait un charme supplémentaire. De sa petite présentation, j'avais retenu qu'il s'appelait Liam De Lange, qu'il était prof en droit des affaires et qu'il serait tout au long de l'année le responsable de la licence droit. La présentation finie, Yvanna me proposa de se faire un petit resto. J'ai accepté avec plaisir. On se rendit au " Petit Palais ". J'aimais beaucoup cet endroit. Déjà, parce que j'y avais mes habitudes mais aussi parce que le nom me faisait rire. Comment un palais pouvait il être petit?
Yvanna : Tu prends quoi chaton ? C'était le petit surnom qu'elle m'avait trouvé à cause de ma peur abusive des chats.
Moi : Une salade, je pense... Quoi que une pizza 4 fromages me tenterai bien. Ou alors les tacos mexicains.. je ne sais pas trop.
Yvanna : Oh toi vraiment, tu es toujours indécise. Je vais choisir pour toi. Ça sera hamburger au saumon me fit-elle un sourire au coin des lèvres.
Ce jour là, je m'étais régalée. Heuresement que Yvanna m'a amené manger là bas. Elle sait toujours ce qui me fera plaisir. Elle me connait si bien. Il faut savoir qu'à cette époque, je n'avais pas énormément d'amies. Des connaissances, j'en avais des milliers mais les vraies amies, je les comptais sur les doigts d'une main et autant vous dire qu'une main c'était beaucoup. Ce grand gouter finit, on décida de rentrer. Il devait être aux environs de 19h. Comme Yvanna et moi habitions à 10 minutes à pied l'une de chez l'autre, on prit le métro ensemble, pour ensuite se quitter devant la boulangerie, notre point de rencontre. Impatiente de retrouver ma petite famille, je céda à la tentation d'emprunter une longue mais étroite ruelle. Quelle erreur de ma part ! Je marchais tranquillement, écouteurs aux oreilles, lorsque je remarqua enfin qu'une voiture rouge avec les vitres teintées roulait anormalement derrière moi. Dieu seul sait combien de temps elle était là. Dans mon incroyable naïveté, je pensais que si cette voiture avait un rythme presque inexistant, c'était peut être parce que la ruelle était justement trop petite et que le ou la conductrice ne voulait pas se risquer d'accidenter un piéton sans défense. Il commençait à faire nuit et la ruelle peu éclairée fesait remonter dans mon esprit toutes les scènes de kidnapping dans les films. Cependant, ne voulant avoir une attitude trop stupide au risque de montrer ma peur, je m'arrêta brusquement et me mis de manière a ce que la voiture ait plus de place pour se déplacer. Mais au lieu de prendre la perche que je lui tendais, le conducteur inconnu enclencha son frein à main. Prise d'une panique ingérable, j'emboita le pas rapidement pour sortir de cette foutue ruelle. Au même moment, la voiture redémarra. Mon coeur s'est mis à battre à toute vitesse et sans réfléchir, je me suis mise à courir. Plus je courrais et plus la voiture se rapprochait.
Je suis même arrivée à me demander comment j'ai fait pour me mettre dans cette panade. Le dérapage brusque de la voiture me fit sortir de mes pensées. La ruelle était désormais barrée par cette dernière. Je ne me suis pas dégonflée pour autant. J'ai tout de suite fait demi tour, en courant, prenant le soin de faire le tour de mon quartier pour avoir la certitude de ne plus être suivie. Arriver à la maison, je suis immédiatement allée dans ma chambre ne réalisant pas assez la gravité des évènements. Pour me changer les idées, je prépara à manger. Ce soir c'était lasagnes pour tout le monde sauf pour moi. Je n'avais plus tellement faim. Un peu plus tard dans la soirée ma mère me rejoignit dans la chambre. Toc toc toc Moi : Oui !
Maman : Je peux entrer ma chérie? C'est maman! me fit-elle.
Moi : Bien sûr! répondis-je.
Elle entra, puis s'assit au bord du lit.
Maman : Mon amour, pourquoi tu n'as pas mangé? C'est toi qui prépares le diner mais tu ne viens même pas pour nous tenir compagnie, ce n'est pas normal, s'indigna t-elle Tu n'es pas dans ces histoires de régimes, j'espère? rencherit-elle inquiète.
Moi : Mais non Maman enfin, ce n'est pas parce que je décide de ne pas manger une fois, que je crie à l'anorexie, lançais-je agacée.
Il y eu un petit silence.
Maman : Ce n'est pas ce que j'ai dit Lara, mais tu pourrais faire un effort tout de même. J'ai l'impression que ces derniers temps tu t'éloignes de nous, tu t'éloignes de moi, concéda t-elle d'un air tristounet.
Moi : Mais pas du tout, c'est juste que je suis fatiguée, dis-je pour ma défense.
Maman : Et ta fatigue t'empêche de passer du temps avec ta famille? " me demanda t-elle.
Cette conversation commençait à tourner au vinaigre, il fallait y mettre un terme. De plus, l'image de la voiture me pourchassant me donnait mal à la tête.
Moi : Maman, je ne veux pas me disputer avec toi cette nuit, entonnais-je exaspérée.
Maman : D'accord. Je vais te laisser dans ce cas, reposes toi bien ma Chérie.
Puis elle se leva, lorsqu'elle eu franchit le seuil de ma porte je l'apella Moi : Maman!?
Elle se retourna vers moi sans rien dire.
Moi : Je t'aime tu sais
Maman : Moi aussi, ma puce. Et ces sur ces douces paroles, que je m'endormis. Le lendemain, une paresse épouvantable envahissait mon corps mais je ne pouvais pas prendre le risque de rater mon premier jour de cours. Je me rendis assez vite compte que j'étais toute seule à la maison. Tout le monde était partit. Je me préparais dans la salle de bain musique à demi à fond lorsque que le téléphone fixe sonna. Je déteste répondre au téléphone mais étant toute seule, je me devais de répondre au cas où se serait pour une urgence.
Moi : Allo ?
Inconnu : Bonjour Lara,me lança la voix glaçante au bout du fil.
C'était une voix déformée. La personne au bout du fil ne parlait pas mais chuchotait ce qui était d'autant plus effrayant.
Moi : Bon-bonjour répondis-je effrayée.
Inconnu : Alors ma jolie, tu te sens comment toute seule? Oh je suppose qu'avant mon appelle tu te portais comme un charme, me lança la voix. Moi : Mais comment vous sa..., je m'interrompis brusquement. Je n'allais pas risquer d'affirmé ses dires à mes dépends donc je me tus.
Inconnu : On a perdu sa voix jolie demoiselle?.
Franchement, je ne savais pas ce que cette personne me voulait.
Moi : Mais qui êtes vous ?m'écriais-je violemment.
Inconnu : Pour l'instant tu dois juste savoir, que je suis quelqu'un qui te connais mais que tu ne connais pas vraiment.
Qu'est ce que cela voulez bien dire? Puis la voix ajouta d'un ton autoritaire : " rapproche toi de la fenêtre du salon ". Je m'exécuta. Par la fenêtre je vis la voiture rouge d'hier, il en sortis une main gantée. Tandis que la voix me fesait un signe de salutation, la voix me chuchota " coucou " puis se mit à rire à tout va. J'étais tétanisée et je fis tombée le téléphone par terre. Lorsque je le repris, la personne avait racroché et la rue était déserte. Je m'assis un moment sur l'une des chaises de la salle à manger, puis pris mon portable en composant le numéro d'Yvanna. Moins de 10min plus tard, elle était à mes cotés. Toujours là quand il faut mon petit rayon de soleil. Qu'est ce que je ferais sans elle. Lorsque je retrouva mes esprits, je lui expliqua la poursuite de la voiture hier et l'appelle d'aujourd'hui. Elle qui trouvait habituellement les mots, cette fois ci elle ne put en trouver de juste. Mais elle était là et c'était l'essentiel. Je me demandais comment cette voiture avait trouvée mon adresse et connaissait la conception de ma maison. Pour penser à autre chose, il était impératif que j'aille en cours. J'avais un cours magistral que l'on appelle CM à 14h40 et un travail dirigé ( Td) de droit des affaires qui avait lieu à 16h30. La seule chose qui avait un peu égaillée ma journée, c'était de savoir qu'Yvanna et moi étions ensemble à la plupart des td. Pile à l'heure pour le CM, on se fit petite en écoutant silencieusement le cours du prof. Entre les 2 cours, on s'est assises sur un banc à coté des amphitéâtre pour souffler. Ensuite c'était repartit pour le dernier cour de la journée. On se rendit donc dans la salle de classe dédiée aux td. La classe était ouverte mais il n'y avait pas grand monde. Premieres arrivées, premières servies. On choisit une place à un endroit stratégique de la classe. Ni trop près, ni trop loin du bureau du prof. Petit à petit, la classe se remplissait. Je revis d'anciennes têtes. Certaines me fesaient plaisir, d'autres un peu moins. Parmis les un peu moins il y avait Agnès Dubois. Celle là, je ne pouvais pas me la voir, ou l'inverse. Ce dédain mutuel est survenu l'année dernière. Moi je n'avais rien contre elle, c'était plutôt elle qui avec quelque chose contre moi! Pendant que j'essayais de me remémorer ce qui nous a poussés à nous détester mon prof Mr De L'Ange fit son entrée. Qu'est ce qu'il était beau dans son costume sur mesure armani. Ça se voyait qu'il avait les moyens. Il nous salua avec un mélodieux " Bonjour " puis se mit à sourire. J'ai eu l'impression que son sourire était plus dirigée vers moi que central. Avant de commencer le cours, il fit l'appel. Arrivée, à St André, mon nom de famille, je remarqua qu'il fronça discrètement les sourcils puis leva la tête attendant une réponse " présente " lançais-je tout timidement. Après avoir fait l'appel, il demanda à chacun d'entre nous de se présenter brièvement. Je fus la 1ère à ouvrir le bal.
Le prof : Mlle St André , on vous écoute ! entonna-t-il en se levant de sa chaise pour se diriger vers moi. Moi : Moi? répétais-je sachant qu'il n'y avait qu'une St André.
Le prof : Oui, vous ! affirma t-il tout sourir.
Moi : À vrai dire...je ne sais pas trop quoi dire.
Le prof : Eh bien parlez nous de vous, vos projets, votre parcours.
Moi : Euh...je m'appelle Lara, j'ai 19 ans, j'ai eu ma première année avec mention Bien. Mais j'hésite à me réorienter, je ne sais pas si le droit est réellement ma voie. Euh...j'aimerais si possible faire un master en ressources humaines et voilà, dis-je fière de ma petite présentation.
Il se mit en face de moi.
Le prof : Le droit ça ne vous intéresse plus ?
Moi : Si mais à petites dose.
Le prof : Et que font vos parents dans la vie?
Moi : Mon père est diplomate, donc il n'est pas souvent à la maison et ma mère est secrétaire dans une boite d'assurance. repondis-je.
Le prof : Quelle famille dis donc! fis t'il en me souriant. Je lui souris en retour en guise de réponse. Du coin de l'oeil, je vis Agnès me dévisager de ses yeux noirs, et, Yvanna me le fit bien remarquer. Par la suite, il interrogea un peu tout le monde. Les présentations finies, le cours toucha à sa fin. Mr De L'Ange prit cette occasion pour échanger quelques mots avec moi.
Yvana : Chaton, je t'attends devant le fac, ne tardes pas trop, me lança Yvanna.
Moi : T'inquiète biquette, répondis - je en lui fesant un clin d'oeil.
Elle partit et il ne restait plus que Mr De L'Ange et moi. Je rangeais le peu d'affaires qui était sur ma table, lorsqu'il decida de briser ce petit silence.
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John Cage: Seven2 (1990) LE PARI nouvelle La nuit, gauchement tombée, et comme toujours à l'insu des clients, titubait a grosses gouttes de coin en coin à l'intérieur du bar adjacent au Palais de Justice situé en plein quartier des affaires, où juges, avocats et accusés pactisaient. Les rires, les propositions et les verres, comme chaque soir, suintaient bruyamment. Passé une certaine heure et un certain taux d'alcool, les gens ont une sale tendance à oublier leur position tout en maintenant, essayant du moins, par mandat vocatif -ou provo-catif- un certain standing : de la gélatine humaine, voilà tout ce qu'il restait à cette heure sous l'astre nocturne : une fondue lunaire. A une des tables on joue aux cartes, à l'autre on se frotte explicitement tandis qu'à l'écart on se plonge dans les gros titres du matin. Au fond, vraiment dans le fond, une fille va s'assoir près de la table d'un juge aux cheveux plutôt fournis qui vient d'étaler des cartes sur la table, comme s'il s'apprêtait à exécuter le cou de son spectacle. En jetant un oeil rapide en direction de la goth , il lui demande si elle sait jouer. Dépend quel jeu, paquet voleur? Viens Viens t'asseoir devant moi Impossible de dire si c'est un ordre ou une invitation. En fait, un peu les deux. Le juge, c'ést moi I au début ça ne voulait rien dire. Un jeu. Juste un jeu. Un passe-temps.. (Audioslave tapisse les murs a tue-tête). J'aimais tracer les contours d'une tête, saisir les plus légères variations d'une à l'autre. C'est seulement après, beaucoup plus tard, après être tombé sur des photos de grands tueurs en série que je m'amusai à reproduire, que j'ai commencé à faire des constats, des comparaisons plus poussées Et ce qui m'a le plus effrayé alors, c'était la justesse de celles-ci, leurs précisions infaillibles : absolument infaillibles évidemment, à l'époque ou je suivais mes cours de droit, on avait un peu touché la criminologie Mais tout ça c'était loin quand j'aie commencé à dessiner Du reste, au début mes ambitions étaient plutôt artistiques, j'étais plus inspiré par Mark Prent que par les thèses morphologiques de Lombroso j'ai jamais eu les cheveux aussi longs, ça prend une éternité pour les sécher pis j'hais ça Une grosse perte de temps Et la barbe! Quelle horreur pour le moment, elle dort sur le divan, ses jambes sont longues -son pied gauche traîne presque sur le sol, comme prêt à se lever...ou à fuir (s'écartant dans une magnifique gestuelle soléciste Mais le fait que son pubis soit complètement rasé rend son sexe moins excitant Moins humain, moins bestial Pas excitant du tout, même Aucune cachette Une petite exclamation juste en haut des cuisses Elle est belle quand même, juste pas excitante Quand elle va se réveiller j'y dirai de s'en aller Je jette un œil sur mon dessin, je viens de dessiner le contour de son crâne, à elle, la fille au crâne rasé Au crâne et au pubis rasés Plutôt ordinaire son crâne, une fille sans histoire Mais son pubis m'intrigue... de quelle importance peut être ma découverte? aurais-je mis au point, sans le vouloir, un procédé d'une haute précision scientifique? Ou tout ça rimait à rien, un hasard tout simplement À combien doit se chiffrer le nombre de « modèles » pour que le hasard n'ait plus cours ou qu'il s'impose comme nécessité? j'avais noté ces mots dans mon journal : un hasard? Je ne crois pas Et pourtant, ce que je donnerais pour que c'en soit un après quelques étirements, la fille se réveille Évidemment, son premier réflexe est de cacher sa petite fente avec sa main Pas besoin de la cacher, elle m'excite pas du tout En disant ça, je fouille dans mon pantalon, en tire une poignée de billets bleus, vraiment pas une grosse somme, que je lance sur la table prends ça, habille-toi pis va-t-en elle se fait pas prier Avant de partir, elle se regarde dans le miroir et je sens quelques larmes lui monter aux yeux, mais elle se retient Ça repousse, dis-je, impatient elle sort Et même si ça repoussait pas, si tu savais comme je m'en crisse, que j'ajoute pour ma tête on avait fait une sorte de pari, la fille et moi Elle m'avait abordé en me demandant si j'avais un peu de change Je l'avais invité à ma table et en déposant un dollar devant elle, je lui ai dit : je peux te donner la chance d'en faire pas mal plus, si tu veux ah oui, comment? alors j'ai sorti une poignée de billets de ma poche, cinquante piasses en tout, peut-être, et je lui ai tendu en disant ça pourra te servir de mise de départ Tu sais jouer aux cartes? Anyway, c'est pas compliqué, je t'expliquerai au fur et à mesure je m'allumai un petit cigare, puis demanda à nouveau : alors, tu veux parier ou non? elle avait fini par accepter, plus ou moins convaincue On alla s'installer dans un des coins isolés du bar On s'assit et je sortis les cartes de ma poche Je lui expliquai rapidement les règles du jeu, elle eut l'air de comprendre Bon, commençais-je, combien tu mises en partant? euh..., marmonna-t-elle, hésitante, puis, au bout de ce qui semblait être une véritable torture mentale, elle finit par poser un dix sur la table à ce rythme-là, mon cœur, tu vas toucher ta pension avant le jack-pot Bon, on embraye, j'égale ton dix un conseil : pour gagner il est d'abord essentiel d'apprendre à perdre Systématiquement, de manière ordonnée La logique de la défaite constitue un élément primordial d'une logique de la victoire, son moteur en quelque sorte alors les premiers tours je l'ai délibérément laissé empocher Elle s'est vite retrouvée avec à peu près six-cent dollars en poche, ça la rendait toute excitée -en ce qui me concerne, juste à point pour foncer Certes, elle aurait pu partir tout de suite et garder l'argent, ça fait partie de la game aussi J'aurais accepté la défaite Mais l'appât du gain facile et surtout l'illusion de contrôler le hasard, font que les gens deviennent vite irraisonnables, irréfléchis Et ma force est là Je double tout ce que t'as gagné, lançais-je subitement cette fois, elle avait hésité pour de vrai « et si je perdais tout », qu'elle devait penser, « mais si gagnais... » Je la laissai se torturer un peu les neurones Je suis patient Surtout quand je connais la réponse ok elle a tout perdu Évidemment Comment avait-elle réellement pu penser qu'elle pouvait me battre J'ai eu de la chance, avais-je dit en forme de consolation elle s'était tu, au bord des larmes, des rêves écroulés tu veux miser encore? lui demandai-je en ramassant les cartes avec quoi? j'ai plus rien, j'ai tout perdu il te reste le dollar que je t'ai donné... non ...ou tes cheveux quoi? tes cheveux Si tu perds, je rase tes cheveux Tu sais, t'étais bien partie... pourquoi tu veux raser mes cheveux? pour dessiner ton crâne, c'est comme le tarot pour moi, je vois l'avenir des gens sous leur cuir chevelu je laissai un temps passer Mille deux-cent dollars et qu’q’, c'est quand même un pensez-y bien Mais tu sembles pas intéressée, je respecte ta décision, disais en me levant et en feignant de partir attendez! Euh... Ok...ok, je mise petit diable, lui souriais-je c'était un peu froid On a marché jusqu'à chez moi J'ai ouvert la porte et j’ai fait de la lumière excuse le désordre, j’ai eu une grosse semaine Donne-moi ton manteau après l'avoir retiré, elle me le tendit et je le lançai sur le divan tu veux boire un thé? Du thé Hollandais?... on a bu tranquillement Curieuse, elle promenait son regard dans la pièce C'est des originaux? pas tous Le Poussin c'est moi qui l'ai peint quel poussin? Poussin Nicolas Poussin Là Bon, à poil maintenant lentement elle commença à se déshabiller, je la rejoins pour accélérer le service On a pas toute la semaine, sors-le ton cul une fois celui-ci à l'air, j'installai le petit diable devant un grand miroir et allai chercher mon rasoir En dix minutes, elle fut complètement chauve, un vrai petit poussin Elle semblait malheureuse Aucune importance est-ce que je peux m'asseoir un peu, je me sens toute étourdie?... du menton, je lui ai indiqué le divan Elle alla s'y allonger Au bout d'un moment elle s'est endormie ou plutôt affaissée de fatigue, une fatigue toute Hollandaise Alors j'ai commencé à dessiner son crâne Une fois terminé, je l'ai fixé longuement, plutôt déçu, une tête sans histoire, sans scénario C'est à ce moment-là que l'idée m'est venue de lui raser la touffe Ça faisait pas partie de la mise mais qui s'en souciait? Je lui laisserai un peu de fric, le montant d'une fellation, à peu près Et je pourrais même l'oublier T'auras juste à aller en sucer une au terminus Ou te faire bouffer le petit trou fraîchement rasé par une bonne femme, à peu près n'importe quoi les excitent les putains Je reviens aux choses sérieuses, j'allonge quelques traits sur le papier Canson, son pubis, une horloge sans chiffre Je prend quelques notes j'arrivais pas à me défaire de cette impression, quelque chose m'intriguait dans le haut de ses cuisses, mais j'arrivais pas à dire quoi Je me levai et allai me faire un thé -sans petite pilule Bien sûr, l'idée m'a traversé le ventre d'aller lui foutre mon pieu dans sa petite ligne d'horizon verticale, mais j'arrivais pas à bander J'aurais dû la raser après, pensai-je « et même si ça repoussait pas, si tu savais comme j'm'en crisse » À l'instant où l’idée m'ait traversé, elle venait juste de sortir avec son air de chien battu Ça m'avait donné une autre idée, une petite inspiration charitable Je suis sorti la rechercher On a remonté l'escalier et je l'ai fait entrer à l'intérieur de nouveau je vais te donner une chance de te racheter, lui ai-je dit en baissant son pantalon qu'est-ce vous faites?... t'inquiète pas, j'ai pas l'intention de te fourrer, tu m'excites pas je te l'ai déjà dit j'ai lancé ses souliers, ses bas et son pantalon par terre, dans le fond de la pièce, puis, je lui ai retiré sa petite culotte à deux sous, style St-Vincent-de-Paul va chercher un de tes bas, lui ordonnai-je voyant qu'elle hésitait, j'usai de la même stratégie, d'une voix forte cette fois : tu veux du fric ou t'en veux pas? Alors, docile, elle alla ramasser ses bas en laine noire c't'agaçant toutes ces hésitations-là, marmonnai-je elle revint avec les deux bas, j'en relançai un dans le coin J't'en ai demandé un, pas deux Va t'asssoir sur la chaise Elle ne portait que son chandail mauve Elle s'assit et je lui bandai les yeux avec le bas Elle vint pour dire quelque chose mais se ravisa j'organise un tirage, lançai-je Avec une paire de ciseaux un peu rouillée, je découpai sa petite culotte en morceaux plus ou moins égaux Puis sur chacun d'eux, j'inscrivis un montant à l'encre de chine, ça allait de deux dollars à douze et demi Une fois chaque morceaux tarifiés, je lançai le tout sur la table en lui expliquant, grosso modo, le jeu, sans lui révéler les montants inscrit et lui demandai de piger Quand ses doigts touchèrent le tissu de sa culotte, je vis son front se plisser, elle devait s'attendre à du papier, évidemment Elle pigea le zéro, un petit zéro que j'avais rajouté à la dernière minute Je commençais à penser que cette fille courait vraiment après les emmerdes zéro, annonçai-je en dénouant le bas derrière sa tête : elle fixait le morceau de culotte dans sa main, puis les miettes sur la table Sans attendre, je lui remis le bas : je te donne une autre chance Pige Mais concentre-toi un peu, merde, pense à des choses positives, je sais pas moi d'un geste lent, elle brassa les bouts de tissu Puis elle sortit le huit dollars et dix-sept sous Je détachai le bas et je la vis jeter un œil intéressé, mais vite déçu c'est mieux que rien, lançai-je en allant jeter le bas dans le bac à fleurs rempli d'eau sale mon bas... ah, excuse-moi, distraction Je repris le bas et lui relançai assez raidement, tant pis s'il tombe un peu d'eau sur le plancher, pensai-je, la plus grosse bordée c'est elle qui va la prendre sur le visage et les cuisses Avec sa main elle essuya la terre humide sur ses lèvres Je sortis l'argent de ma poche et lui lançai sur la table accompagné de cette remarque : fais pas trop de folie elle ramassa l'argent et alla récupérer son pantalon et ses running dans le coin de la pièce Elle se rhabilla en vitesse et attrapa son autre bas sans le mettre tu veux miser ton pantalon? non elle est sortie juge! Jeune, je rêvais de devenir peintre, un grand artiste Mais mis à part ma capacité et mon habileté à dessiner le contour d'une tête, aucun talent Niet! Alors j'ai refait le parcours qu'avait suivi mon père avant moi et je suis devenu avocat Puis juge Qu'espérer d'autre quand on a un cerveau purement raisonnable? quand tout ce qu'on est, quand tout ce que ça crie qu'on est en dedans, tout ce qu'on peut être c'est un être de raison, codifié, normé? Mais trop de raison finit par nous entraîner dans la perversité, le vice m'apparaît comme l'aboutissement logique de toutes les formes de comportements raisonnables Et ici je tiens à faire une mise au point Le mathématicien, le physicien, le philosophe ne sont pas à proprement parler des êtres raisonnables, les plus grands, j'entends, les individués, si je puis dire, ceux qui pensent dans l'abstrait, je veux dire dans un déséquilibre de concrétudes, leur conception du réel n'a rien à voir avec la raison -ou alors en douce, par la bande disons Toute précompréhension, tout postulat relève d’une violence irréductible La raison est une tare, mais pour un grand esprit ça devient un torticoli spirituel, une sorte d’architecture baroque et je n'ai pas cette élasticité pour imaginer des polygones, des intégrales, des bateaux ivres ou de la beauté sur un sexe de femme Je pense, certes, mais je n'en ai jamais déduit mon existence ni celle des autres : mes raisonnements relèvent d'une gravité classique, chaque pensée retombe lourdement dans la norme Quelle utilité aurait le cerveau d'un juge de paix s'il se mettait à tremper dans l'abstraction, dans les marges du code? pourrait-il, en toute honnêteté -car c'est bien de cela qu'il est question ici, l'honnêteté, et celle-ci n'est que la limite de ses moyens, ses normes, et du droit d'en user- pourrait-il... et malgré tout, malgré moi, je ne lui ai donné aucune sanction, aucune amende, pas même un reproche, à cette fille ce matin Elle m'a reconnu tout de suite quand elle est entrée dans la salle d'audience, elle a juste eu ce petit sourire plein de gaminerie et...quoi d'autre? Pendant que le procureur de la Couronne l'interrogeait, je ne pensais qu'à son pubis rasé, Sinead O'Connor des pauvres! On l'accusait d'avoir violemment agressé un homme âgé -ou était-ce une femme, je ne suis plus sûr La preuve était concluante Alors quand le maillet a frappé le bureau et que j'ai prononcé : l'accusée est libérée, fallait voir la tête du Procureur, des flics et même celle de son avocat Pourquoi ai-je agi de cette façon, pourquoi ai-je eu ce comportement déraisonnable en vertu de la norme? Toujours on m'a considéré comme un individu froid et un tantinet cruel parfois Et cette attitude m'a toujours semblé normale Mais cette fille... Cette douceur, cette naiveté qui l'espace d'un instant montre les dents et revendique une certaine violence : sa violence, sa cruauté opposée au monde, à la vie, un cogito qui éclate, cette anarchie du déraisonnable qui bat la raison sur son propre terrain Même moi je n'arrive pas à comprendre ce que je vais vous dire, mais...il y avait du poétique dans sa fureur, une sorte de redistribution de l'ordre du monde Voilà ce que je sentais s'opposer à mon autorité mandatée, à mes convictions, à ma raisonnabilité Ce matin j'ai franchi un seuil important, un seuil dissimulé derrière un épais brouillard : je me suis senti incapable et surtout injustifié à la condamner Sa révolte, sa poésie ne sont plus de mon ressort Et ça me revient maintenant, c'était une femme C.était une femme puisqu'elle a prononcé à un moment donné, pendant son témoignage, ça aurait pu être ma mère, choquant non? Ça vous choquent qu'une mère puisse être aussi maladroite quand elle fornique et procrée? Ç'aurait pu être ma mère et j'aurais pu être sa fille Mais ça qui s'en souci? Soyez raisonnables et condamnez cette mère! avait-elle raison? C'est la question que je me pose Pas tellement en ce qui concerne ce qu'elle a dit sur la mère, mais le type d'argumentation à travers lequel elle échappait à toute normalisation, qu'elle lui échappait À lui Quelque chose en lui s'accrochait à elle Évidemment ses paroles étaient d'abord et avant tout pur cynisme, mais le cynisme est toujours porteur d'une réelle profondeur, ce qui précisément découle du déséquilibre de deux concrétudes, de points de vue opposés comme deux yeux qui créent une perspective... on touche des petites enflûres qu'habituellement on aperçoit pas vraiment Son con... quel est le degré de variabilité de la notion de droit, au sens moral par exemple, d'une personne à l'autre, d'un peuple à l'autre, d'une culture à l'autre? Et d'abord le droit est-il une normalisation culturelle ou personnelle? À quoi se rapporte exactement et de manière précise la notion de droit? Qu'y a-t-il de criminel, de profondément criminel dans un acte jugé tel? Tu ne voleras pas ton voisin qui possède plus que toi Tu ne violeras pas cette femme que tu désires Sur quoi repose l'interdiction, sur quel principe supérieur? et l'érection? Peut-être trahissons-nous la sacro-sainte normalité en se retenant de bander devant une femme Peut-être avons-nous mal décrété quand nous avons décrété les Valeurs, les aliénant à un monde que nous avons nous-même forgés, engloutissant le signifiant dans le signifié D'un signifiant, un sexe tendu, nous avons transposé le justifiable dans le réceptacle, retournant ce justiciable en injustifiable Et pourtant, en tant qu'individu raisonnable, je reste fondamentalement convaincu qu'il nous faut « protéger le signifié » De même, grammaticalement, nous devons protéger la tasse du mot tasse, car les mots sont destructeurs de cela même qu'ils nomment, qu'ils volent Les mots sont les délateurs du monde Ce ne sont pas Dieu ou Diable qui nous terrifient mais les vocables qui les appellent, les font advenir à la présence en leur donnant forme sur les ruines du fond Le droit, sur quelles ruines repose-il? et pourquoi y renvoyer le sexe d'une femme, ce sexe qui s'ouvre, se fend? Peut-il y avoir une moralité du fond? la forme, le bien ne sont-ils qu'un fard du fond, du mal, n'est-ce pas le monde qu'il faut condamner? cette mère? et pourtant! peut-être ne suis-je qu'un individu faible, une fausse individualité, moi, homme de raison? La destruction n'est-elle pas préférable au droit qui maintient l'édifice dissimulé derrière les barreaux d'une architectonique? Le poète ne s'est-il pas affranchi de la trahison, de la forme? ne s'est-il pas donné carte-blanche, une page fuyante ou en vain nous le cherchons? La communication se voit déjouée, interrompue, mise en déséquilibre Aucun consensus préétabli ne peut aboutir, car cette impossibilité de communiquer s'appuie sur une codification inédite, individuée, en excession de sens et exige un travail de déchiffrement Or l'homme moderne, l'homme du droit est devenue un chômeur intellectuel, un chômeur-analyste Celui-ci renonce devant la complexité d'un langage qui innove, qui ruine les codes, les normes consensuels Il nous faut désormais communiquer par le vide d'une non-reconnaissance -wrong number Peut-être a-t-il « raison », Autrement que Raison, le poète, de laisser le monde ouvert, non suturé, sans pudeur, de lui retirer sa petite culotte morale une fois pour toutes? Demandera-t-il pardon ou acceptera-t-il la punition sans broncher? De nouveau, la rhétorique juridique m'arrache au monde, m'interdit de bander En somme, il n'y a aucune problématisation de la conduite d'un individu, mais une simple approche d'identification Une telle approche, qui est celle du droit dans sa pratique, mais aussi bien de toute institution, demeure désindividualisante, dépouillant l'individu de son Unité -fracturée et donc non identité en soi Unité inachevée, inachevable Potentialité active c'est ce qui m'intriguait chez elle : la revendication têtue d'une Valeur sans aliénation au monde, jouant d'égal à égal avec lui Le procureur, les enquêteurs, son avocat, la greffière, les curieux présents dans la salle, moi, tous nous avions l'air d'aliénés, nous étions subitement projetés au coeur d'un théâtre sans coulisses et par sa présence à elle ce théâtre de la Cruauté prenait Chair en consumant les consciences, trop bonnes Artaud aurait jubilé, oui, ici sur cette scène, personne ne savait, ou avait oublié, son texte, aucun ne savait réellement le rôle qu'il y jouait Il n'y a pas d'absolu dans l'être, aurait-elle pu hurler aux côtés d'Artaud, car s'il y en avait un ce serait un crime contre l'humanité, l'humanité humide que je porte en moi seule ! !!!, résonnait en moi L'accusée est libérée II après trois coups et un ding-dong, il se décide à aller ouvrir Ça l'a toujours agacé cette effronterie qu'ont les gens de se pointer sans s'annoncer, de frapper comme s'ils allaient sentencer Il tire brusquement la porte vers lui : hi, dit-elle : ELLE La petite fente énigmatique Et ELLE n'est pas seule, une femme, la trentaine environ, l'accompagne mais comme forcée, gênée, mal à l'aise Un sentiment de déjà-vu traverse la tête du juge, puis subitement ça lui revient, elle est greffière à la Cour Qu'est-ce qu'elle vient faire ici, qu'il se demande, et avec cette fille en plus, cette fille que je croyais jamais revoir on peut s'immiscer, demande celle-ci, ou tu préfères amener des chaises sur la galerie? se tassant contre le mur, il leur fait signe d'entrer Un fois à l'intérieur, elles retirent leur manteau et la fille immédiatement va s'assoir sur le divan après avoir ordonner à l'autre de rester debout Celle-ci obéit Qu'est-ce que cette histoire, se demande l'homme de loi vous voulez un thé? pas pour moi Mais madame, sûrement, dit Madyson « Ma fille » s'appelle Madyson, se souvient le juge ce dernier part à la cuisine faire du thé pour deux Sans petite pilule Quand il revient dans le salon avec les tasses, Madyson vient d'enlever la chemise et la brassière de la greffière, toujours debout, les seins maintenant bien en évidence Sur le coup, le juge fige légèrement, mais essaie de ne pas trop le laisser paraître Il dépose les tasses sur la table pas de thé pour madame, finalement, décrète Madyson, toujours le dos bien écrasé sur le divan, la jambe croisée, j'ai changé d'idée Tu sais que changer d'idée c'est le plus beau geste philosophique qui soit? c'est échapper à l'attraction de l'être, à la bouse métaphysique Tu sais que j'ai un bac en philo? eh oui, la petite délinquante a un bac le temps file à pas de loup Madyson s'allume une cigarette qu'elle respire lentement on apprend vite à gagner, poursuit-elle, et surtout : à perdre La victoire c'est pour les bons moments Elle aussi elle y a cru, la salope, et p'is pff! on se retrouve à parier ses dernières économies, ses principes, sa vertu... quelle charge affective avons-nous ici, monsieur le juge? Cartes Connotation : pari, victoire, domination, humiliation...vagin? sperme dans la bouche?... Et maintenant il est temps de sortir la 55° carte du jeu Elle sort un magnum de sa poche de veston Bon, awèye, à poil, toi, qu'elle ordonne à la greffière bien, maintenant informons-nous du personnel, puisqu'on a pas eu le temps de se présenter, tu t'appelles comment? Moi, c'est Madyson Tu peux m'appeller Mady, si ça te chante Ou pas m'appeler du tout, ça me passe dix pieds par-dessus la tête Charlie Charlie... Un peu masculin, tu trouves pas? Mon vrai nom c'est Charlette, mais je déteste ça Charlette, Chaplinette Rigolo pendant que celle-ci se déshabille, vide ses aiguilles, ses bas, sa culotte, Madyson s'adresse au juge elle te fait marcher ou c'est de l'amour tout ça? grosse question Vous pourriez aller loin vous deux si t'en faisais ta pute, ta femme à toi, quelq'chose qu'il faut que t'appelles quand ça fait un peu trop longtemps que ça traîne dehors, quelq'chose qui couche chez toi, dans tes dessins à deux sous, tes livres, tes codes, tes prisons, ton lit : toute nue, fourrable à volonté Madyson se lève et va caresser, crasser le corps nu de la greffière avec la pointe de son arme depuis tes E-mails toujours achalandés à l'heure de pointe, {je} te baiserai, sans loi, sans pleurs, sans chichis, sans histoires stupides, bourrée de fautes logiques...putain, garce, amante, femme exponentielle jusqu'aux bouts des orteils chaudes des longues et plaintives nuits diverses perdu dans la tempête de tes cuisses J'aime ton odeur quand tu transpires, quand tu te confies à moi, sans retenu Bon, va t'installer devant le grand miroir et envoie ton cul de notre côté qu'on rende jugement T'a trouves comment, monsieur le juge? elle t'excite ou tu la trouves plutôt nulle? Je suis sûre que tu savais même pas que les greffières avaient une fente sous leur jupe Alors, ta réponse, excitante ou nulle?...moi je sais pas trop, j'hésite...son trou de cul est pas si mal, penche-toi, voir...ouais, pas si mal, il incite à la sodomie, tu trouves pas? C'est pas un cul qui attire le respect tout de suite, en tous cas, on est d'accord? Moi si j'étais juge, probab' que je banderais comme un défoncé et que j'y enfilerais mon maillet entre les deux fesses Coupable! Coupable, la salope! Mais qu'est-ce tu veux, je suis pas juge, même pas phallesifiée C'est pas du Lacan ça?...bof, tiens pas trop compte, je mélange tout tout en faisant cette remarque, elle se dirige vers la greffière et la caresse de nouveau, la tripote serait un mot plus juste Ça te plairait une putain de bonne sodomie, ma chérie, notre petite Charlette à nous, notre petite Charlette qu'est venue à deux doigts de gagner, si seulement elle avait su s'arrêter à temps? Une queue super raide dans le trou de cul ça va te consoler, tu vas voir, ça efface tout?...et ça ouvre des portes quelquefois De toute façon une bonne perdante doit jamais refuser une bonne relation amicale Pas avec moi, sure, moi tout ce que je sais faire, c'est des petits paris et emmener une loser pour la distraction du maître Déshabille-toi, toi aussi, qu'elle lance à ce dernier P'is après va chercher ton clipper ces mots résonnent comme un impératif Sans discuter, l'homme de droit s'éxécute Puis, à poil, il revient dans le salon avec le rasoir Approche, qu'elle ordonne, viens frotter ta queue entre ses cuisses Je veux que tu bandes comme un malade Une bonne sodomie, mon coeur, ma fente, lui souffle-t-elle au visage tout en écrasant sa main sur ses seins Dès que t'es en service tu l'encules, lance-t-elle sèchement au mastermallet D'un coup sec honteusement enflé, le juge cale sa bite collante jusqu'au fond du trou de cul de la greffrée Celle-ci pousse un cri oui, c'est bon, Charlette, je sais, dit d'une voix calme, Madyson C'est super, c'est comme chier à l'envers, c'est comme si la merde t'expulsait Tu vas en redemander, ma grande, tu vas voir Pis toi, le juge, qu'est-ce t'attends pour sentencer cette saleté de trou? Coupable, la salope, coupable! T'as le clipper? Bon, rase-y la tignasse pis la touffe pendant que tu l'encules au moment où il commence à raser les poils pubiens de la greffière sodomisée, Mady lui cale trois doigts dans le vagin -c'est pour une saisie, dit-elle avec un sourire-, qu'elle agite violemment Étrange huis-clos, murmure-t-elle Puis, en se penchant légèrement, sans cesser de la masturber, Mady suce la pointe de ses seins, honteusement dressés Hmm, Charlette est toute bandée T'en penses quoi, maître, elle valait la peine ou pas? Voyant qu'il ne répond rien, elle ajoute, fortement agacée : t'en penses quoi, merde, je te demande, tu pourrais répondre, c'est pour toi que j'ai ramené ça rageusement, elle retire ses doigts du vagin de la greffière, puis va ramasser son paquet de cigarettes qui traîne sur le divan et s'en allume une À part le souffle saccagé de Charlette, le silence règne un moment Puis, Mady retourne vers Charlette et, en relevant le menton de celle-ci avec deux doigts, elle dit : comment t'aimes? ça te plaît, ton chum va aimer, tu penses? Tu fais quoi avec un grand miroir comme ça, juge, tu te mires dans ton costume de clown? Bon , that's enough, lance-t-elle subitement en poussant le juge, assez fourré va chercher ton cahier à dessin, pis dessine sa tête On va s'installer au bout, j'imagine que c'est le salon Le juge attrape une chaise, son carnet de croquis et va s'installer devant Charlette, qui se tient debout au fond Quant à Madyson, celle-ci s'écrase dans le fauteuil Personne ne parle, le frottement du crayon sur le papier tient lieu de musique À côté du fauteuil, il y a une petite table sur laquelle, empilé sur le désordre, il y a une télécommande que Mady prend dans sa main Elle ouvre la télé et zappe Puis la referme Toujours la même merde, qu'elle dit en soupirant Alors elle fixe le juge qui semble absorbé par son dessin Puis elle attrape une pile de compacts c'est tout ce que t'écoutes, t'as pas quelque chose de plus consistant, du métal par exemple? Non, évidemment, ça serait pas raisonnable de ta part P'is, qu'est-ce qu'y dit ton dessin? Serial killer? pointant son arme en direction de Charlette, Madyson ajoute on pourrait rendre service à l'humanité, sauver des vies en s'en débarrassant, meurtre par prévention Ça dit quoi là-dessus dans le code? non, aucun danger avec elle, dit le juge Tu peux baisser ton arme soudain, d'un seul bond, mue par une quelconque muse céleste, Madyson se lève et va à l'autre bout du studio chercher les bas de soie de la greffière qu'elle plonge dans l'eau sale du bac à plantes et, sans le tordre, revient se placer derrière le juge bras dans le dos, qu'elle ordonne puis, croisant ses poignets, elle ligote ceux-ci solidement sur la chaise à quoi tu joues? demande ce dernier avec lassitude, une grimace de douleur grave sur le visage je t'expliquerai les règles au fur et à mesure, c'est facile, tu vas voir après avoir bien ficelé l'homme de loi, Mady retourne au fond chercher la culotte de Charlette, qu'elle trempe également dans le bac avant de revenir bander les yeux de celle-ci faut bien protéger la pudeur des petites chattes-fourrées, rrrr, fait-elle, feignant de la griffer sur le ventre Tu dois te sentir fatiguée, ma pauvre chouette, viens t'asseoir Madyson l'installe sur le divan, les deux pieds sur le bord, les cuisses bien ouvertes Ensuite, avec beaucoup d'efforts, elle pousse la chaise du juge ligoté, après lui avoir arraché le pantalon et le boxer (qu’il s’est permis de réenfiler) qu'elle lance dans le fond de la pièce, aux pieds de la graphoria dommage qu'on ait pas pris de thé finalement, je suis sûre que Son Honneur apprécierait volontiers un double golden un silence s'installe Madyson retourne sur le fauteuil et les regarde Puis, mi pour elle-même, mi pour les autres, elle commence à parler, presqu'un chuchotement, comme si elle réfléchissait tout haut qu'est-ce que la cruauté? Un acte dérisoire ou de nature, plus précisément, peut-on fonder une ontologie, je veux dire un mode de vie, à partir de la cruauté? Ne doit-on pas supposer dans les prémisses d'une loi, et dans son éventuelle application, un fait de cruauté, à savoir le plaisir qu'on éprouve à punir l'autre, à le balancer aux oubliettes, à l'abaisser dans l'ordre humain? Autrement comment pourrait s'exercer, s'actualiser cette autorité objective dite de droit? Et voilà l'astuce, on neutralise les émotions, par décret principiel, et les voilà qui se ramènent par la porte-arrière, les émotions de ruelles qui imprègnent toute prétendue neutralité de jugement C'est pas par empathie que les choses se passent ici, mais par sursaturation pathologique, sursaturation propre à tout sentiment de supériorité, émotionnel Faut pas se le cacher, il s'agit pas ici, entre le juge et le jugé, d'un duel opposant une neutralité de Droit à une violence de fait Mais bien de la confrontation factuelle sans merci de deux violences, la notion de droit ne constituant qu'une immunité théorique concernant l'une des parties en clause, en cause, je veux dire Tout compte fait, il s'agit simplement d'une violence autorisée Le jugé en ce cas tient lieu de réalité, car le juge dénie la sienne propre, son implication émotionnelle dans le réel, càd sa cruauté, en s'autorisant d'une position de neutralité, pour affirmer sa puissance Mais pour assoir celle-ci, pour réaliser cette puissance dans le monde, il doit conférer l'état de réalité, de substantialité, en soi, à sa « victime » : la réalité du droit, c'est le fait Dès lors, le soi dominant se substantifie dans un simulacre de soi assumé par l'autre, doublure oú il se réalise objectivement Autrement exprimé, le Soi idéal, immunt, principe fondateur de toute violence autorisée, entends réaliser l'idéalité du droit en désubstantialisant sa propre réalité pour la resubstantialiser en l'autre, le jugé, mais au plan passphysique Ce que les philosophes désignent par le terme Être n'est rien d'autre que cette breloque, cet idéal Voilà à leurs yeux ce qui est : condamner, c'est faire la fête Peut-être juste pour rire Ou pleurer C'est une transgression, une transagression du principe de réalité dans le principe de chaleur Tu sais que j’ai fait du porn? Or, au niveau d'une ontologie, quelque peu défaillante, je l'accorde, le {soi} ouvre sur un devenir-Réel irréductible Non pas avènement du Réel en soi, car le Réel n'est jamais donné en soi, il reste toujours à construire, se tient la corde raide sur nos tempes imbénies, il {est} acception du réel en retrait de toute idéalisation, de tout simulacre, de toute mascarade Vous êtes bien silencieux tous les deux de nouveau, un bref silence s'installe, Madyson grille une cigarette sur le BBQ de ses lèvres Puis elle poursuit Ce serait chouette de sucer une queue Tu apporteras aux hommes, certains hommes, la reconnaissance de leur peccabilité, de leur nature profondément inférieure, ça serait pas dans les dix commandements ça? Peut-être ben Mais pas ceux que tu penses De toute façon je te l'ai dit, faut pas t'en faire, je mélange tout « Tu ne voleras pas » Non, bien sûr, mais reprends au moins ce qui t'appartient « Tu ne voleras pas » Alright! Et les voleurs d'âmes, hein, mon ami, on fait quoi avec les voleurs d'âmes? tu répondrais quoi à ça en prose juridique? brusquement elle se lève et se met à marcher d'un pas lent dans la pièce en scandant, avec un calme excessif : bang, bang, bang Seules les éternelles âmes supérieures seront sauvées Bang, bang, bang alors s'arrêtant devant le juge, Madyson s'accroupit en posant ses coudes sur les genoux de ce dernier : je sens que je vais me mettre la société à dos Et alors? Qu'elle se retourne ta société, je vais lui enfoncer mon gode dans le cul Ta société! Ça dit quoi là-dessus dans ton livre de chevet? Nulle sodomie ne sera pratiquée sur le corps social? Nul ne peut fourrer la société à moins d'être une corporative reconnue? Le petit orifice corporatif, c'est excitant ça! Tu sais, un petit rasage corporatif ça serait pas une mauvaise idée ça, y a tellement de poux là-dedans Madyson se relève et se remet à marcher en tournant autour du juge Aimez-vous les uns les autres! Mais où se cachent les uns et les autres qui vaillent la peine qu'on les aiment, toute la peine qu'on les chérissent, qu'on les entretiennent comme des putes? On prétend sauver les hommes mais quand on réalise, bien assez tôt, qu'ils sont insauvables, impraticables, on retourne l'arme contre soi et on s'accorde une pause-rédemption, laissant les tyrans seuls et bien vivants Du terrorisme à pile ou face Le crime aboli, ne reste qu'une liberté purgative disant ces mots, elle pose son arme sur sa tempe et dit, d'une voix à peine audible : pile, puis le posant sur la tempe du juge : ou face..., le temps séjourne dans l'ennui du temps, les secondes se mirent dans les minutes aux heures de grands questionnements, ajoutant, d'une voix encore plus faible, à l'oreille de pile, je t'en prie, mon amour, aide-moi à irréaliser mes rêves, j'ai tant besoin d'impératifs pour m'épanouir convenablement avec un sourire félin vissé dans le regard du juge, Madyson prend le pénis de celui-ci qui, rapidement, se tend effrontément Wow! quel rocher je tiens-là dans ma main -mais par-dessus tout, j'aime l'odeur du trou de cul d'une putain de la justice L'existence d'une femme finalement ça se résume à quoi? on pousse toute sa vie cette douloureuse roche et quand elle retombe, ils nous incombent à nous, faibles créatures, ils nous succombent de la relever, de lui redonner sa dignité à ces mots, elle se relève et va caresser les seins de la greffière Mais tu sais quoi, Charlette? il faut imaginer la femme heureuse Puis, Madyson pose sa bouche sur un des pieds de Charlette avant de retourner s'assoir si on me donnait le droit à la confession, je serais juge, je jugerais, mon ami, je fouetterais, je condamnerais et après une heureuse confession où enfin mes vices, mon foutre et mon irrationalité incorrigible seraient assouvis à leur juste rendement, je pardonnerais Dans l'acte de juger je me désubstantialise en l'autre, je m'autoconfesse...ça se dit ça, juristement parlant, j'entends?... T'as rien à me dire? Allons, mon amour, mon Autre, tu peux tout me dire tu sais À voix basse, elle ajoute en fixant toujours le juge dans les yeux, elle t'excite, cette nana, non? ou peut-être que c'est mon cul à moi que t'aimerais bien te faire? Allez, baise-moi à frais virés, masturbe-moi de la main gauche, la prude, l'inexpérimentée en disant ces mots, Madyson va délier la petite culotte de la greffière qu'ensuite elle frotte sur le visage du juge la petite culotte noumétique, le secret de l'Être et dès déballé se désêtre en {soi} pour-nous, juste pour-nous Se croire essentialisé, immuable, immunt : juge O Boy! DIRE, puisque rien n'est jamais DIT...l.imprimerie a inventé le mensonge, la Bible, quelles en étaient les ratures, la graphie?... Les pharisiens se méfiaient des graphologues, tu savais? Le pour-soi, cette maladie du Noumène qui le possibilise à l'infini en le désubstantialisant, où Dieu n'est plus qu'une possibilité parmi d'autres Pas de dialectique là-dedans, aucune place pour la Rédemption hégélienne Chez Hegel, tout est aliéné à la Rédemption, au Jugement dernier philosophique : moi je veux pas qu'on m'excuse, je veux qu'on me baise ferme en me serrant dans mon prénom, m. le juge sur ce, elle se lève et de dos au juge elle descend son jeans et sa culotte Réponds, c'est mon cul à moi que t'aimerais défoncer ou tu préfère celui de ta pute du Palais? Mais non! Quelle importance! La faiblesse d'un sexe de femme en échange de la faiblesse d'un sexe de femme, quelle nuance, ma foi!? Par contre, tous les rochers ne s'équivalent pas tous, certains ont plus de poids, de vrais tremplins sociaux Mais ça aussi ça fait parti du châtiment On s'en rend pas toujours compte, hélas! Ou trop tard! Un coup vidé, je dirais soudain, Madyson retire ses running, ses bas, son jeans et sa culotte, puis, d'un coup sec avec le pied, elle renverse la chaise du juge qui se retrouve sur le dos, toujours ligoté, en poussant un faible cri de douleur Alors, s'installant, debout, au dessus du visage de l'homme de loi, Madyson lui fait un long golden shower avant de le remettre sur pied sur sa chaise J'avais envie, dit-elle, je le voulais en fait et le fait mène directement au Droit Question de volonté MA volonté, bonne ou mauvaise? à toi de juger Ma mystérieuse Volonté...n'est-elle qu'expiatoire? ou ne veut-on pas dans la vie autre chose que son malheur et celui des autres? Réponds-moi Daigne me répliquer, toi qui sur le crime en sait plus que le criminel lui-même, qui va plus loin que le meurtre : jusqu'à son jugement Tu sais les crimes mieux que moi, mieux que nous, qui tuons par amour Seigneur, je t'aime et je te crucifierais encore et toujours parce que ton Pardon m'est essentiel J'ai besoin de ta Douleur et de tes Lèvres sur ma conscience Déshabille-moi, fais-moi l'Amour, la Haine Reproche-moi ce que je suis, une Volonté errante Expie-moi Gifle-moi Je veux sentir Ta colère dans mon ventre, la Tienne, pas celle de ton Père Monsieur le juge, je vous en prie, je vous en supplie, sentencez le Père, sentencez-Le... Par quelle implacable transcendance Votre vertu se justifie-t-elle et s'applique-t-elle, bienheureuse, au-dessus de mon crime, de ma Volonté, de mes Vices? Et si Votre vertu était le Crime suprême? Que j'aime Votre érection Sa franchise Son audace Elle vous tente cette fente, cette comparaison, cette confrontation toute féminine, hmm? ce partage de deux mondes? Ça paraît Vous avez jamais pensé à procéder à poil, après tout, la justice c'est un événement public? un choc à tout coup elle se tourne alors du côté de la greffière et va vers elle puis, prenant la main de celle-ci, elle l'étampe sur l'icône humide en lui intiment l'ordre de se masturber Y a tant de résidus moraux dans le branlage, c'est ce qu'il faut combattre L'homme veut jouir réflexivement, dominer ses tensions sexuelles, cruelles, mais le désir {est} en-deça de toute réflexion, décapons, décapons toute cette merde réflexive, la vraie jouissance est nue, irréfléchie : ontologiquement féminine, sans Être, sans limite, sans mesure Insulte-la, juge, traite-la de salope, dans l'insulte tu trouveras un apaisement, un cri solitaire et sans effort Saluons la beauté à travers nos insultes et nos blasphèmes, juge, bien à l'abri de toute offre morale, juridique Soyons la loi du plus fort Madyson crache sur le ventre de la greffière en l'allongeant sur le divan de cuir Puis, retirant son chandail, entièrement nue elle s'installe en sixty-nine Pissons, qu'elle dit en frottant violemment son pubis sur les lèvres de la greffière tout en calant sa langue dans le trou de celle-ci Laissant tomber toute retenue, Madyson pisse dans la bouche de Charlette qui à son tour urine sur la langue de sa dominatrice notre plus grande victoire sur la nature, c'est de s'y soumettre, de dire oui à la souillure, l'espérer même dans un abandon irraisonnée et sans histoire loin de toute conduite à numéro reprenant légèrement son souffle, elle poursuit : nous savons transfigurer l'offre divine en refus catégorique et en jouissance Nous disons non à cela même où nous nous enlisons et en tirons notre profit Il faut savoir regarder la route boueuse et s'y enfoncer sans réfléchir dans un OUI mourant, sale, aux portes de l'Absolu, sans substance, de l’Infini et qu'aucun non ne peut venir freiner Ce qui m'irrite dans l'acte de juger, continue-t-elle, tout en ne cessant pas de frotter sa fente sur la bouche de Charlette, c'est pas l'indication d'une culpabilité modelée sur et par ce qui la renie, mais la reconnaissance suppositoire d'une Valeur dite unique Pourquoi condamner un cri au nom d'un Silence? Écoute écoute cette plainte / souffle ontologique/ d'une femme quand elle se sent venir, n'est-ce pas merveilleux, n'est-ce pas mille fois mieux que le Verbe? Quand on déshabille une femme, cher ami, il faut d'abord lui retirer sa morale, doucement, en douce, et la jeter aux ordures après l'avoir soigneusement repassée et pliée, car tu dois respecter ce que tu retires d'une femme puisqu'après, mais après seulement, tu pourras l'habiller de ton mépris avec dignité Elle sera ton alliée C'est ce que tu sais pas faire toi, m. le juge Regarde comme j'ai su la dévêtir, admire comme j'ai su l'installer devant nous toute nue, sans la moindre réflexion, irréfléchie comme on les aime Elle n'a plus rien Rien du tout Et elle ne veut plus rien autre que ce que nous lui offrirons Qu'est-ce que t'as à lui offrir, toi? est-ce sincère cette érection? brusquement elle se relève et pointant de l'index le sexe en érection du juge, elle demande : est-ce raisonnable, ça? Réponds Est-ce raisonnable? III un matin en décembre, il y a environ trois ans, il m'avait semblé avoir mis au point tout à fait par hasard une méthode efficace, la mélodie du bonheur, pour déterminer le degré de raison présent en chaque individu Enfin, je suppose Cette méthode se basait essentiellement sur le tracé d'une ligne continue qui découpait le crâne d'un homme ou d'une femme à l'âge adulte -enfin j’ai jamais dessiné d'enfants J'ai donc esquissé des milliers de crânes, des têtes aperçus sur la rue, à la cafétéria du Palais de justice, à la télé, dans les revues, vedettes de cinéma, sportives, etc.,et j'en étais venu à développer ce que j'appelai une « échelle de raisonnabilité » sur laquelle, après analyse, je pouvais déterminer, avec assez de justesse, le niveau de raison où classer un individu En toute modestie, je me permets de souligner que j'étais merveilleusement échelonné Mais j'ai voulu aller plus loin, en savoir plus et ce que j'ai découvert depuis m'empêche de dormir Je mange mal, dors mal et mon travail s'en ressent il m' arrive souvent de repenser au patron d'une petite boîte que je fréquentais alors et qui avait toujours eu le crâne nu comme un œuf Cent fois j'ai dû dessiner les contours de son crâne chauve et j'avais constaté chez lui un potentiel de raisonnabilité, de rationalité très élevé -c'est du reste quelqu’un qui avait assez bien réussi dans son domaine Par contre, un matin, ce modèle de raison met la clé dans la porte de son bistro et sort assassiner dix-neuf personnes, triées au hasard, en plein centre-ville Je me suis demandé alors comment un homme aussi raisonnable peut-il en venir là? M'étais-je trompé dans mes évaluations? J'ai alors rassemblé toutes les ébauches et toutes les études que j'avais réalisés sur sa « ligne de raison » et là, à ce moment seulement, ça m'a éclaté en pleine face : au fil des ans, cette ligne avait la nette tendance à se durcir, à crochir, si je puis dire, formant une sorte d'arête baroque sur les côtés Le lendemain, tôt, je me suis rendu à la prison pour leur demander de m'amener une dizaine de prisonniers jugés dangereux (pour la plupart des seriel killers), au crâne rasé En échange d'un peu de poudre ils m'ont laissé les dessiner La réalité était là, bien évidente, devant mes yeux : tous présentaient une « ligne de raison » presque parfaite et surtout, cet espèce de durcissement baroque sur les tempes, cadrant les yeux intéressant, remarque Madyson, avant de continuer la lecture à voix haute du cahier de notes du Juge en comparant plus tard avec d'anciennes photos l'évolution de cette ligne, il ne me restait plus qu'à me rendre à l'évidence : toutes avaient considérablement durcies, comme celle de mon ex-ami, le patron du bistro inutile de vous dire que m'étant classé moi-même très haut et avec tous les honneurs dans ma petite échelle de raison, je portais fièrement, depuis plusieurs années. la boule rasée Cela m'a pris du temps Beaucoup de temps Mais un matin, un matin comme les autres, j'ai installé un miroir sur la table de cuisine et j'ai tracé les contours de mon crâne Jamais je n'aurais dû Ma « ligne de raison » avait nettement durcit, tellement que j'avais l'impression que ma tête se compressait dans un étau Suis-je un criminel soudain démasqué? C'est alors que j'ai laissé repousser mes cheveux qui depuis traînent sur mes épaules C'était ça ou la chirurgie moi qui croyais que t'étais un ancien hippie fraîchement débarqué du Viet., dit Madyson avec une pointe d'ironie Puis, sautant plusieurs pages, elle s'arrête sur ce passage qu'elle lit à voix haute toujours la fille était toujours allongée sur le divan, à moitié endormie Je me suis mis à fixer sa chatte, son pubis, qu'est-ce qu'il avait de particulier? Et sa tête? une tête sans histoire Alors je me suis levé en détachant mon pantalon et je suis allé m'installer au-dessus de sa p'lotte J'ai pris sa main et je me suis masturbé Quand elle a senti le sperme tombé sur elle, elle a faiblement murmuré quelque chose, je crois qu'elle disait Père, pardonne-leur, car ils savent ce qu'ils font, ils le savent fort bien puis, sans raison apparente, après avoir laissé le cahier s'écraser par terre, elle demande tu connais Smith et Hichcock? In cold blood? C'est hallucinant de voir à quel point les acteurs ressemblent aux originaux Moi je trouve que Smith a quelque chose de fascinant, l'autre est plutôt nul En revanche son sens de l'humour est succulent La nuit avant d'être légalement assassiné, le garde lui dit : ça va être ta nuit la plus longue, j'imagine?... Non, la plus courte, qu'il répond Une pause Comment disait Truman, le flic, déjà en parlant des meurtres...une erreur psychologique C'est comme toi, au fond, je crois que t'as commis une erreur juridique Maintenant y est trop tard pour revenir en arrière, le métro est en marche Merde, plus de cigarettes, je pense que je vais accepter ton offre finalement Elle ramasse le veston du juge sur le sol et fouille dans la poche, en sort un petit étui rouge, l'ouvre et saisit un des minces cigares entre son pouce et son index ses gestes sont effectivement empreint d'un certain raffinement, d'une certaine classe je sais ce que tu penses Fis-toi pas trop à l'apparence, erreur spéculative, you know? Ce que je suis vraiment dans le fond de moi, c'est une snob Je te regarde de très haut, monsieur le juge Et toi aussi la corneille On est pas du même monde en disant ces mots elle se lève et marche de nouveau dans la pièce, nue, grillant son cigare Le juge ne peut s'empêcher de constater qu'effectivement cette fille possède une classe naturelle...si on la déshabille, je veux dire si on bypass son allure défroquée... -elle semble en perpétuelle rupture avec l'image qu'elle projette, elle ne fait pas motif, je veux dire, comme un portrait sans motif Toujours en marchant, elle continue ses confidences je pourrais être une épouse parfaite, fidèle, amoureuse, sexuelle quand on l'exige, et hypervicieuse, c’est dans ma nature Ce que j'aimerais c'est un intellectuel, un vrai, pas une coquerelle d'université qui sent le muffin ranci Un vrai intellectuel, avec ses angoisses, ses doutes : quelqu'un qu'y a des raisons de douter, parce qu'il est réellement quelque chose, parce qu'il a réellement quelque chose C'est quoi toi, ton savoir, monsieur le juge? Un code Des valeurs générales flottantes Une recette que tu suis à la lettre Et on te donne deux-cent mille par année pour ça ! Quelle générosité ! Sans oublier le parking à tarif réduit, quand qu'y a des frais, évidemment Même ton mariage, si tu te décidais, serait juste une question de principe Anyway, à deux-cent mille pesos par année, c'est pas les latrines qui manquent Erreur éthique Mais t'es honnête, ta femme le sait Elle est idiote c'est tout, d'avoir cru que ça pouvait être différent Toi au moins t'as toujours su Comme tu l'as dit, je suis pas marié, lui fait remarquer le juge no, sure Divorcé, peut-être? Ou veuf? hmm intéressant ça Ou laisse-moi deviner : t'as pas pu trouver?... Comme c'est de valeur C'est de valeur, hein, la suceuse? Réponds quand je te parle ou j't'étripe c'est de valeur, marmonne la greffière, la tête penchée vers le sol pis toi, t'es mariée? non, répond-elle faiblement évidemment, pourquoi s'en taper juste un quand on trempe dans le milieu Mais avoue que t'espère quand même... Un jour peut-être une pause moi, je sais pas, ce que je veux est tellement rare J'ai eu une copine dans le temps, mais sa fente me convenait pas vraiment elle s'assoit en croisant la jambe avec beaucoup d'élégance Puis d'une voix fuyante, comme émanant d'ailleurs, de la pièce du fond peut-être, elle entame de mémoire un extrait de Tendre est la nuit de Fitzgerald : « Peut-être cinquante pour cent de nos amis et parents vous diront de bonne foi que c'est ma boisson qui a rendu Zelda folle, l'autre moitié vous assurerait que c'est sa folie qui m'a poussé à la bouteille Aucun de ces jugements ne signifierait grand-chose Ces deux groupes d'amis et de parents seraient tous deux unanimes pour dire que chacun se porterait bien mieux sans l'autre Avec cette ironie que nous n'avons jamais été aussi amoureux l'un de l'autre de notre vie Elle aime l'alcool sur mes lèvres Je chéris ses hallucinations les plus extravagantes » Ça c'est un couple! elle se tait un long moment, si une mouche volait dans la pièce on pourrait entendre battre son coeur l'amour le plus intense a toujours son envers tragique, ajoute-t-elle, toujours de la même voix fuyante et absente, c'est ce qui fait toute sa beauté et sa force Il est précisément, selon les principes mêmes de Fitzgerald, « démolition et création » C'est très nietzschéen aussi Les amants renouvellent constamment leurs liens spirituels au bout d'un long silence, plus chargé que le premier, Madyson aperçoit une guitare dans le coin du salon c'est à toi, monsieur, la guitare? Je pensais que les juges lisaient que des dossiers Tu permets? ne laissant qu'une des lampes allumées, prenant une pause concentrée, elle se met à chanter sous le « projecteur », les yeux fixés au loin « I started a joke... » Puis, s'interrompant, elle murmure ces mots pour elle-même, « une épouse parfaite, ta pute, ta femme exponentielle, mon amour, mon amour » tu me fais marcher ou c'est de l'amour ce machin sale et raide? demande-t-elle en fixant la queue bien enflée du juge On pourrait aller loin si j'étais ta femme, ta légale, quelque chose que t'appelles quand ça fait longtemps que ça traîne dehors, quelque chose qui couche chez toi, dans ta paperasse, tes traîneries, tes meubles, tes draps, tes prisons nues après un petit sourire, elle dit : bon, c'est l'heure des visites, je pense En disant ces mots, elle pousse la chaise du juge en ordonnant à la greffière de s'écarter un peu plus sur le bord du divan Ensuite elle attrape le pénis en érection du juge et le frotte sur le vagin de la fille Allez, fous-la Baise-la au boutt, la jurisimprudente Puis, comme pour elle-même, Mady poursuit le viol {est} cette rencontre dans la Chair d'un Autrement Oui, accusé dans son acte mais blanchi dans la pluralité de son geste, de sa gifle amoureuse, où l'éthique de nos excuses nous pousse au crime Ton sexe, Madyson, {est} toujours le premier visé du doigt : vivre, c'{est} dé-penser, lapider Depuis ton Mail toujours achalandé à l'heure de pointe, {je} te fracturerai, sans loi, sans pleurs, bourrée de fautes juridiques...putain, épouse, garce, amante, femme exponentielle jusqu'aux bouts des orteils chaudes des longues et plaintives nuits diverses entre deux cuisses Mady sourit en regardant le juge pénétrer la greffée « Père, pardonne-leur! Car ils savent ce qu'ils font, ils le savent fort bien! », sentence-t-elle Intimité de moins en moins intimes, se frôlant. se respirant, se fracturant Puis brusquement, à l'instant où la jouissance se répand dans les veines, Mady pose son pied sur l'épaule de l'homme de loi, et le repousse au sol Un violent choc s'imprime dans le dos du juge qui souffle péniblement tout en déchargeant, dosant plaisir et douleur Qui est condamnable en ce monde, la putain ou le papa? demande-t-elle Madyson, après s'être rapidement habillée, va à la cuisine et revient avec un couteau -après avoir en passant ouvert la radio (Runaway train) tu m'as fait vraiment mal, monsieur le juge, qu'elle dit en ramassant son sac je suis désolé, Madyson c'est trop facile d'être désolé, ça s'oublie vite les désolations....un miracle arrive que quand un dieu refuse de s'expliquer, en ce qui me concerne je me suis amplement expliquée donc je suis pas un dieu, donc no miracle Notre histoire d'amour s'achève ici, fini le jeu de la séduction...sé-duction qui vient du latin seducere qui signifie séparation, saignée Adieux M. le Juge, c'est ici qu'il faut nous fendre le coeur elle caresse le couteau puis le laisse tomber sur le sol -détache-le ou tue-le, j'en ai rien à foutre- qu'elle dit, avant de partir pardonne-moi, Madyson, pardonne-moi impossible Du reste, pourquoi renierais-tu l'Ordre que tu incarnes? T'as agis avec Justice, j'ai eu ce que je méritais. t'as aucune explication à me fournir. Tes motifs ne me concernent pas, qu'elle dit en sortant, à l'instant où la greffière chauve ramasse le couteau, ma mission était de sauver le monde Voilà qui est fait...et tu m’excites pas toi non plus. (Runaway train) deux jours plus tard, deux ados qui foxaient l'école, aperçurent le corps d'une jeune femme sur la plage, égorgée monsieur le Juge prit place sur son pose-cul, devant le regard admiratif de la nouvelle greffière in) tu m'as fait vraiment mal, monsieur le juge, qu'elle dit en ramassant son sac je suis désolé, Madyson c'est trop facile d'être désolé, ça s'oublie vite les désolations....un miracle arrive que quand un dieu refuse de s'expliquer, en ce qui me concerne je me suis amplement expliquée donc je suis pas un dieu, donc no miracle Notre histoire d'amour s'achève ici, fini le jeu de la séduction...sé-duction qui vient du latin seducere qui signifie séparation, saignée, adieux M. le Juge, c'est ici qu'il faut nous fendre le coeur elle caresse le couteau puis le laisse tomber sur le sol avant de partir pardonne-moi, Madyson, pardonne-moi impossible Du reste, pourquoi renierais-tu l'Ordre que tu incarnes? Tu as agis avec Justice, j'ai eu ce que je méritais. t'as aucune explication à me donner. Tes motifs ne me concernent pas, qu'elle dit en sortant, à l'instant où la greffière chauve ramasse le couteau, ma mission était de sauver le monde Voilà qui est fait (Runaway train) XXX jeux de cartes, quelle charge affective avons-nous ici, monsieur le juge? Cartes Connotation : pari, victoire, domination, humiliation...vagin? sperme dans la bouche?... Et maintenant il est temps de sortir la 55° carte du jeu Elle sort un magnum de sa poche de veston Bon, awèye, à poil, toi, qu'elle ordonne à la greffière bien, maintenant informons-nous du personnel, puisqu'on a pas eu le temps de se présenter, tu t'appelles comment? Moi, c'est Madyson Tu peux m'appeller Mady, si ça te chante Ou pas m'appeler du tout, ça me passe dix pieds par-dessus la tête Charlie Charlie... Un peu masculin, tu trouves pas? Mon vrai nom c'est Charlette, mais je déteste ça Charlette, Chaplinette Rigolo à insérer plus haut/// si l'homme revendique son innocence alors Dieu est coupable L'homme, l'homme révolté, dans un athéisme implacable, va accuser Dieu dans un geste théiste cynique, soléciste et par la culpabilité reconnue de Dieu, s'écrier avec Yvan Karamazov « tout est permis », par ce cri l'homme n'a plus de limite, toute morale, toute Loi demeure à jamais sans porté : cependant l'athée demeure inexorablement enchaîné, assujetti à ce rapport d'autorité avec lequel il fait système, fait corps Or, c'est précisément à un renversement de cette position que nous convie le protagoniste tragique, car c'est à lui désormais que revient le devoir -{non}-positif- d'innocenter Dieu, le Père, le Destin, en assumant la Faute, déchargeant ainsi Dieu, le Père, la Fatalité céleste de toute culpabilité Reconnaissant la méchanceté du Créateur, la créature criminelle accepte Sa sentence en justifiant cette méchanceté dans une implacable logique de l'Enfer, inversant. ou mieux : excédant ce qui, chez l'athée, rend toujours possible une Rédemption, un rachat Excès qui vient rompre, ou distordre, cette symétrie dans un « rapport » de dissymétrie Il ne s'agit plus ici d’une relation de substance à substance mais de virtualité à une actualité pulsante, toujours s'excédant en se désubstantialisant pour se recréer dans le même geste Madison se lève de nouveau et de nouveau va s'accroupir devant l'homme de loi, appuyant ses coudes sur les genoux de celui-ci Alors, M. le Juge, poursuit-elle, je te repose la question, lequel doit-on innocenter de toi ou moi, lequel de nous deux doit reconnaître sa cruauté et la revendiquer? Si je suis revenue, M. le Juge, c'est pas pour une plate vengeance mais précisément pour te disculper de ta méchanceté, pour te sauver, parce que tu es et tu resteras mon Père, mon Bourreau et moi ta victime, ta fille, dit-elle en l'embrassant sur le front Accepter son Destin, c'est se responsabiliser, prendre à sa charge ce qui est hors de nous, en {nous} Autrement que nous, en-deçà même de ton Autorité, de ta Loi Et cet en-deçà est, {est} le non-lieu, lieu Vide, {non}-positif d'où émerge le cri de l'innocence bafouée, actualisant l'accusation (chez l'athée par exemple, l'accusation est de mauvaise foi car l'athée maintient le coupable tout en niant l'existence de l'accusé), cri de la non-culpabilité bafouée à charge contre le Créateur et cette accusation depuis l'au-delà de l'Autorité ancestrale vient constituer son essence Ainsi le tragique devient le lieu Vide d'une déessentialisation, d'une désertion : l'essence est toujours déjà passée, jamais actuelle (sauf dans la mauvaise foi qui relève du monde et demeure extérieure à la tragédie : l'athée n'est pas tragique, c'est un simulateur) Seule la culpabilité peut prendre forme, voiler l'innocence d'un visage, celui du Bourreau ou celui de sa victime dans un décentrement d'être, dans une distance infinie, le Juste rejoint son être propre. être {non}-positif, déserté, pur devenir-Être Substantifiant le Passé, l'innocentant, il se désubstantialise pour se recréer à chaque instant : coupable, il n'a plus d'essence, sa culpabilité reste toujours à refaire, ainsi le Mal doit régner, de là dépend l'innocence divine, du Père, du Juge après une brève pause, Madyson ajoute : j'accueille en moi ta Faute en toute lucidité, ma lucidité est de te voir tel que tu es en t'exantant du péché que désormais j'assume Dieu est devenue un vagin, Dieue, c'est nous qui engendrons le monde Nous devons refuser le Pardon, car y consentir, c'est vouer le monde à sa perte : l'assentiment au Pardon est le pire crime contre l'humanité...alors une dernière fois, je te pose la question, dit-elle en posant de nouveau son arme sur la tempe du juge : toi..., puis sur sa propre tempe, ou moi? (dans un décentrement d'être, dans une distance infinie, il rejoint son être propre. être {non}-positif, déserté, pur devenir-Être ) (substantifiant le Passé, l'innocentant, il se désubstantialise pour se recréer à chaque instant : coupable, il n'a plus d'essence, sa culpabilité reste toujours à refaire : le Mal doit régner, de là dépend l'innocence divine, du Père, du Juge)
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L’Eneide
16 Août 2017
Voyage initial :
Nantes, 7h06 → Paris Montparnasse, 9h12
Paris Est, 10h48 → Strasbourg, 12h41
Strasbourg, 14h52 → Offenburg, 15h22
Offenburg, 15h27 → Kassel, 18h41
Kassel, 18h57 → Hamburg, 21h28
Le temps se prêtait au voyage. Une lourdeur électrisante dans l'atmosphère déclinait l'intensité de la journée, comme un avertissement ou un reproche. Hambourg m'attendait avec impatience.
Il fût 7h06 quand je mis mon corps dans le premier train. Des frissons me parcoururent, un sourire béat se dessina sur les 3 heures de ce Nantes-Paris. Passé 9h, je sortis du TGV et l'odeur tapa les sinus, nauséabond, refoulé et humide, une seconde peau gorgée de CO2 apparut : nous sommes bien à Paris Montparnasse. Défiant même la théorie de l'évolution, je m'engouffra dans les immenses tunnels parisiens. La créature la plus évoluée du monde recréait le seul but du ver de terre. Vient enfin la Gare de l'Est et mon train pour Strasbourg. Aucun problème ne fût à déplorer, le trajet se fit en moins de 2h, et bordel que c'est court. En 5h30, la France fût traversée, de part en part, d'extrême à un autre extrême. Franchement, c'est incroyable. L'excitation ne descendit pas, au contraire à l'arrivée de Strasbourg, je dus attendre 2h pour un train à destination de Offenburg.
C'est exactement à Strasbourg que les choses se compliquèrent.
Cliffhanger.
Je pris un TEX (train régional en direction de l'Allemagne) pour cette fameuse gare de frontière allemande. Ce qui n'était pas vraiment évident, c'est que j'avais 5 minutes pour effectuer le changement. 5 minutes dans une gare allemande que je ne connais pas. Je ne vais pas vous cacher que j'ai transpiré pendant les 30 minutes de trajet. Le nez collé à la porte, valise à la main, tel une vieille ayant peur de rater son arrêt, je descendis alors. Manquant de renverser un T21, je courus vers la sortie, espérant trouver un panneau d'affichage. Mes yeux roulèrent sur tout mon environnement, l'analyse fût-elle brève mais l'âme du fils du cheminot était belle et bien présente. Aucune foutue information n'arriva à mon cerveau, je ne comprenais absolument rien. Avec un demi souffle au cœur, j'ai dû demandé mon chemin, personne ne sut me répondre. Exceptée une, qui m'a annoncé que je devais aller sur le quai où je suis arrivé. N'ayant pas le temps de discuter de ma stupidité et de ma honte avec mon sur-moi, je fis des bonds disgracieux, proches d'une imitation équestre, vers le quai précédemment quitté. Et de là, un magnifique retard de 15 minutes vint sauver mon empressement.
Force est de constater que la DB (seule compagnie publique de chemins de fers allemande) a un matériel plutôt équilibré, spacieux, neuf mais évidemment lent. Ici on ne parle pas de TGV, ou encore de lignes à très grande vitesse, mais de ICE. Ce type d'équipement divise nombre d'utilisateurs, ceux-ci sont propres et presque luxueux, comme tout le reste de l'Allemagne. Le gros point négatif vient de l'organisation, l'imprévu n'est pas toléré par la DB, tout doit se faire selon les règles. Mais dès qu'il y a un écart, la fameuse efficacité allemande s'effondre.
Il était 15h45. Alors à bord de mon ICE à destination de Kassel, une vive voix retentit des hauts parleurs. Je ne pris pas la peine de l'écouter mais le monde autour de moi semblait l'avoir comprise. Les passagers se levaient, rangeaient. Un curieux sentiment s'empara de moi. Je demanda ce qui se passait à une jeune allemande : nous devons descendre à Baden Baden pour prendre un bus qui doit nous amener à une autre gare. Putain.
Il était 16h30. Environ 600 personnes attendaient les quelques bus dépannés par la DB. Nous ne savions toujours pas le pourquoi du comment. Que s'était-il passé ? Comment allions-nous avoir nos correspondances ? Rien, nada. Aucun personnel de la DB n'était sur les bords de la gare routière. Les bus devaient nous amener dans une petite gare de campagne : Rattat ou quelque chose comme ça, pour ensuite reprendre un train pour aller à Karlsruhe. J'étais complètement perdu, je n'avais pas de connexion internet, très peu de batterie. Essayant de réfléchir tant bien que mal avec des kinder qui gueulaient comme si on les égorgeait, j'ai pris la décision de dormir à Karlsruhe et de reprendre le train demain, quitte à payer une nuit pour rien. Le manque de communication, la fatigue, l'énervement face à l'incompétence flagrante de la DB ont fait que j'ai commencé à jurer très largement. Tous les Allemands ne disaient rien, à l'heure actuelle il y aurait eu une deuxième Révolution en France. Un jeune homme s'avança et me demanda une cigarette. En français. Un regain d'énergie et de courage revint. Yohann était suisse, d'où sa maitrise parfaite de l'allemand et son relativisme exacerbé voir exacerbant. Il était parti de Genève d'où il a quitté sa petite amie et devait aller à Dortmund où il résidait actuellement.
Il était 18h15 lorsque nous venions d'arriver à « Rattat », une petite ville à la frontière franco-allemande, très colorée et curieusement très agréable. Une petite rivière coulait tendrement, les maisons collées souriaient, non pas moqueuses mais admiratives. L'architecture y était purement rhénane mais non industrielle, des briques rouges tournant vers le marron, des édifices religieux de saints peu communs. Et cet air, cet air si pur et si sucré que l'on pouvait deviner au nombre de plantations de tournesols. La gare de campagne fût assaillie de centaines de personnes, cassant alors le rythme des oiseaux et des feuilles. Sur le quai, nous avons croisé un couple de retraités allemands parlant parfaitement français. Le pourquoi du comment avait maintenant un sens : un tunnel s'est à moitié effondré paralysant alors toutes les personnes désireuses de remonter vers le Nord de l'Allemagne. D'après ce retraité, la DB ne pouvait pas affréter de nouveaux trains, car les lignes étaient blindées ou qu'elle ne voulait pas redispatcher les clients. Elle était donc obligée de nous faire passer le tunnel (qui resta bloqué pendant 2 jours) via des bus. Une superbe idée de merde.
Il fût 19h45 quand nous arrivâmes à Karlsruhe. Un très grand dilemme se présenta à moi : soit je prenais un train en direction de Berlin et m'arrêtais à Kassel pour essayer de rejoindre Hamburg, soit j'attendais une 1h30 à Karlsruhe et prenais un direct pour Hamburg. L'aventure appela l'aventure, et la débilité par conséquent, je décida de rejoindre Kassel, quitte à y dormir. Je laissa donc Yohann à Karlsruhe en lui souhaitant bonne chance et bonne continuation.
Il était 21h30 quand j'entendis des cris de joie dans le train. Trop occupé à regarder les hôtels les moins chers à Kassel, à rechercher les plus beaux shitposts d'internet, un arrêt sauvage arriva. Me précipitant vers la sortie pour fumer 2-3 taffes (les arrêts sont extrêmement courts, d'environ 30 secondes), je bouscula un gars, qui me dit textuellement : « oh là camarade, fais gaffe ». Il essaya ensuite tant bien que mal de le retranscrire en anglais, et je me mis à rire bien trop fort. Charles voyageait avec Baptiste, ils sont partis de Cergy Pontoise, dans la banlieue nord de Paris. Ils avaient une bonne vingtaine, approchant les 30 ans à vrai dire. Nous avions tout trois alors les mêmes similitudes de trajet, à l'exception qu'ils allaient à Berlin, dernier arrêt du train. Ils étaient bien amochés par les dizaines de bières que des Allemands leur avaient laissés, et ils me proposèrent de m'en payer une. Diable que cette bière allait être libératrice, mais aussi déviante. Les deux banlieusards allaient à Berlin pour visiter les vestiges de la RDA et du communisme. Non pas moins heureux et moitié ivre, le meilleur système politique venait sur la table. Une annonce vint réveiller ma torpeur soviétique. Pour Hamburg, nous devions nous arrêter à Fulda, alors à mi chemin entre Strasbourg et la Destination Finale. J'abandonna donc mes deux joyeux camarades, je descendis du train, un peu abasourdi et une bière à la main.
Pendant ces dix minutes d'intervalle, une jeune femme vint me demander un briquet. Ses longs cheveux blonds étaient attachés de façon décousue, mais restaient sophistiqués. La justesse de ses yeux bleus impliquaient une certaine connaissance des personnes et du voyage. Des traits fins parcourent un visage extrêmement féminin, sans que la provocation n'y joue. Et ce sourire, ce sourire à déclencher des guerres. Solveig venait de Milan, s'arrêtait pour une nuit à Hamburg avant de repartir pour la Norvège de ses grands parents. Des banalités s'échangèrent, elle me racontait des histoires honteuses à propos de mes compatriotes. (C'est vrai que les Français en groupe à l'étranger, on est vraiment les plus flingués. On gueule fort, on boit énormément et on tape un bordel pas possible. On est vraiment la Nation qui pue la merde hors de nos frontières) Deux bières passèrent, et l'idée d'aller danser vint comme une illumination, purificatrice et bienfaisante.
Il était 00h40, et ça y est Hamburg était sous nos putains de pieds. Pas le temps d'admirer quoi que ce soit, je téléchargea l'application VTC du coin et me mit en route pour mon appartement. Dominik, mon hôte, m'attendait gentiment, je déposa ma valise, me changea rapidement et reparti. Conscient de la fatigue, je me suis dit que je ne ferais pas long feu. Nous nous rendîmes alors au PAL sous les bons conseils d'Anna, qui connait bien plus Hamburg. C'était une espèce de maison, collée à une autre, qui abritait aussi une boite, qui semblait bien plus flinguée, le Castel des Caves en fait (même si les Caves c'est de la merde). La queue n'était pas vraiment grande mais les Allemands prennent apparemment leur temps pour faire rentrer les gens, mais pas les potes. Des personnes ne pouvaient pas rentrer puisqu'elles étaient mal fringuées, voir très mal. Un mec avait une espèce de chemise dragon et une veste de costard mal coupée en coton. La consécration pour le beauf allemand. Avant d'être rentrés, des pastilles ont été mises sur nos appareils photos de portable, et ils n'arrêtaient pas de nous dire d'aimer le moment présent, blablabla. C'est une putain de bonne idée ! Le lieu était constitué d'une petite terrasse, de plusieurs pièces avec deux scènes principales différentes. La techno jouée était furieusement bonne.
Il était 5h20 quand ma tête toucha un oreiller, un coma à l'horizon, je dormis, heureux d'y être arrivé.
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LE PARI nouvelle
la nuit, inhabilement tombée, et comme toujours à l'insu des clients, titubait de coin en coin à l'intérieur du bar adjacent au Palais de Justice situé en plein quartier des affaires, où juges, avocats et accusés pactisaient Les rires, les propositions et les verres, comme chaque soir, suintaient bruyamment Passé une certaine heure et un certain taux d'alcool, les gens ont une sale tendance à oublier leur position tout en maintenant, essayant du moins, par mandat vocatif un certain standing : de la gélatine humaine, voilà tout ce qu'il restait à cette heure sous l'astre nocturne : une fondue lunaire à une des tables on joue aux cartes, à l'autre on se frotte explicitement tandis qu'à l'écart on se plonge dans les gros titres du matin au fond, une fille va s'assoir près de la table d'un juge aux cheveux plutôt fournis qui vient d'étaler des cartes sur la table, comme s'il s'apprêtait à exécuter le clou de son spectacle En jetant un oeil rapide en direction de la goth , il lui demande si elle sait jouer dépend quel jeu, paquet voleur? viens Viens t'assoir devant moi Impossible de dire si c'est un ordre ou une invitation en fait, c'était un peu les deux Le juge, c'était moi
I
au début ça ne voulait rien dire Un jeu Juste un jeu Un passe-temps J'aimais tracer les contours d'une tête, saisir les plus légères variations d'une à l'autre C'est seulement après, beaucoup plus tard, après être tombé sur des photos de grands tueurs en série que je m'amusai à reproduire, que j'ai commencé à faire des constats, des comparaisons plus poussées Et ce qui m'a le plus effrayé alors, c'était la justesse de celles-ci, leurs précisions infaillibles : absolument infaillibles évidemment, à l'époque ou je suivais mes cours de droit, on avait un peu touché la criminologie Mais tout ça c'était loin quand j'ai commencé à dessiner Du reste, au début mes ambitions étaient plutôt artistiques, j'étais plus inspiré par Mark Prent que par les thèses morphologiques de Lombroso j'ai jamais eu les cheveux aussi longs, ça prend une éternité pour les sécher pis j'hais ça Une grosse perte de temps Et la barbe! Quelle horreur pour le moment, elle dort sur le divan, ses jambes sont longues -son pied gauche traîne presque sur le sol, comme prêt à se lever...ou à fuir (s'écartant dans une magnifique gestuelle solépciste Mais le fait que son pubis soit complètement rasé rend son sexe moins excitant Moins humain, moins bestial Pas excitant du tout, même Aucune cachette Une petite exclamation juste en haut des cuisses Elle est belle quand même, juste pas excitante Quand elle va se réveiller j'y dirai de s'en aller Je jette un œil sur mon dessin, je viens de dessiner le contour de son crâne, à elle, la fille au crâne rasé Au crâne et au pubis rasés Plutôt ordinaire son crâne, une fille sans histoire Mais son pubis m'intrigue... de quelle importance peut être ma découverte? aurais-je mis au point, sans le vouloir, un procédé d'une haute précision scientifique? Ou tout ça rimait à rien, un hasard tout simplement À combien doit se chiffrer le nombre de « modèles » pour que le hasard n'ait plus cours ou qu'il s'impose comme nécessité? j'avais noté ces mots dans mon journal : un hasard? Je ne crois pas Et pourtant, ce que je donnerais pour que c'en soit un après quelques étirements, la fille se réveille Evidemment, son premier réflexe est de cacher sa petite fente avec sa main Pas besoin de la cacher, elle m'excite pas du tout En disant ça, je fouille dans mon pantalon, en tire une poignée de billets verts, vraiment pas une grosse somme, que je lance sur la table prends ça, habille-toi pis va-t-en elle se fait pas prier Avant de partir, elle se regarde dans le miroir et je sens quelques larmes lui monter aux yeux, mais elle se retient Ca repousse, dis-je, impatient elle sort Et même si ça repoussait pas, si tu savais comme je m'en criss, que j'ajoute dans ma tête
on avait fait une sorte de pari, la fille et moi Elle m'avait abordé en me demandant si j'avais un peu de change Je l'avais invité à ma table et en déposant un dollar devant elle, je lui ai dit : je peux te donner la chance d'en faire pas mal plus, si tu veux ah oui, comment? alors j'ai sorti une poignée de billets de ma poche, cinquante piasses en tout, peut-être, et je lui ai tendu en disant ça pourra te servir de mise de départ Tu sais jouer aux cartes? Anyway, c'est pas compliqué, je t'expliquerai au fur et à mesure je m'allumai un petit cigare, puis demanda à nouveau : alors, tu veux parier ou non? elle avait fini par accepter, plus ou moins convaincue On alla s'installer dans un des coins isolés du bar On s'assit et je sortis les cartes de ma poche Je lui expliquai rapidement les règles du jeu, elle eut l'air de comprendre Bon, commençais-je, combien tu mises en partant? euh..., marmona-t-elle, hésitante, puis, au bout de ce qui semblait être une véritable torture mentale, elle finit par poser un dix sur la table à ce rythme-là, mon cœur, tu vas toucher ta pension avant le jack-pot Bon, on embraye, j'égale ton dix un conseil : pour gagner il est d'abord essentiel d'apprendre à perdre Systématiquenebt, de manière réfléchie La logique de la défaite constitue un élément primordial d'une logique de la victoire, son moteur en quelque sorte alors les premiers tours je l'ai délibérément laissé empocher Elle s'est vite retrouvée avec à peu près six-cent dollars en poche, ça la rendait toute excitée -en ce qui me concerne, juste à point pour foncer Certes, elle aurait pu partir tout de suite et garder l'argent, ça fait partie de la game aussi J'aurais accepté la défaite Mais l'appât du gain facile et surtout l'illusion de contrôler le hasard, font que les gens deviennent vite irraisonnables, irréfléchis Et ma force est là Je double tout ce que t'as gagné, lançais-je subitement cette fois, elle avait hésité pour de vrai « et si je perdais tout », qu'elle devait penser, « mais si gagnais... » Je la laissai se torturer un peu les neurones Je suis patient Surtout quand je connais la réponse ok elle a tout perdu Évidemment Comment avait-elle réellement pu penser qu'elle pouvait me battre J'ai eu de la chance, avais-je dit en forme de consolation elle s'était tu, au bord des larmes, des rêves écroulés tu veux miser encore? lui demandai-je en ramassant les cartes avec quoi? j'ai plus rien, j'ai tout perdu il te reste le dollar que je t'ai donné... non ...ou tes cheveux quoi? tes cheveux Si tu perds, je rase tes cheveux Tu sais, t'étais bien partie... pourquoi tu veux raser mes cheveux? pour dessiner ton crâne, c'est comme le tarôt pour moi, je vois l'avenir des gens sous leur cuir chevelu je laissai un temps passer Mille six-cent dollars, c'est quand même un pensez-y bien Mais tu sembles pas intéressée, je respecte ta décision, disai en me levant et en feignant de partir attendez! Euh... Ok...ok, je mise petit diable, lui souriai-je
c'était un peu froid On a marché jusqu'à chez moi J'ouvris la porte et fis de la lumière excuse le désordre Donne-moi ton manteau après l'avoir retiré, elle me le tendit et je le lançai sur le divan tu veux boire un thé? Du thé Hollandais?... on bu tranquillement Elle promenanit son regard dans la pièce C'est des originaux? pas tous Le Poussin c'est moi qui l'ai peint quel poussin? Poussin Nicolas Poussin Là Bon, à poil maintenant lentement elle commença à se déshabiller, je la rejoins pour accélérer le service On a pas toute la semaine, sors-le ton cul une fois celui-ci à l'air, j'installai le petit diable devant un grand miroir et allai chercher mon rasoir En dix minutes, elle fut complètement chauve, un vrai petit poussin Elle semblait malheureuse Aucune importance est-ce que je peux m'assoir un peu, je me sens toute étourdie?... du menton, je lui ai indiqué le divan Elle alla s'y allonger Au bout d'un moment elle s'est endormie ou plutôt s'affaissée de fatigue, une fatigue toute Hollandaise Alors j'ai commençé à dessiner son crâne Une fois terminé, je l'ai fixé longuement, plutôt déçu, une tête sans histoire C'est à ce moment-là que l'idée m'est venue de lui raser la touffe Ca faisait pas partie de la gageure mais qui s'en souciait? Je lui laisserai un peu de fric, le montant d'une fellation, à peu près Et je pourrais même l'oublier T'auras juste à aller en sucer une au terminus Ou te faire bouffer le petit trou fraîchement rasé par une bonnefemme, à peu près n'importe quoi les excitent les putains Je revins aux choses sérieuses, j'allongeai quelques traits sur le papier Canson, son pubis, une horloge sans chiffre Je pris quelques notes (+ loin, Mady lit) j'arrivais pas à me défaire de cette impression, quelque chose m'intriguait dans le haut de ses cuisses, mais j'arrivais pas à dire quoi Je me levai et allai me faire un thé -sans petite pilule Bien sûr, l'idée m'a traversé le ventre d'aller lui foutre mon pieu dans sa petite ligne d'horizon, mais j'arrivais pas à bander J'aurais dû la raser après, pensai-je
« et même si ça repoussait pas, si tu savais comme j'm'en criss » À l'instant ou cette réflexion m'était revenue, elle venait juste de sortir avec son air de chien battu Ca m'avait donné une idée, une petite inspiration charitable Je suis sorti la rechercher On a remonté l'escalier et je l'ai fait entrer à l'intérieur de nouveau je vais te donner une chance de te racheter, lui ais-je dit en baissant son pantalon qu'est-ce vous faites?... t'inquiète pas, j'ai pas l'intention de te fourrer, tu m'excites pas je te l'ai déjà dit j'ai lançé ses souliers, ses bas et son pantalon par terre, dans le fond de la pièce, puis, je lui ai retiré sa petite culotte à deux sous, style St-Vincent-de-Paul va chercher un de tes bas, lui ordonnai-je voyant qu'elle hésitait, j'usai de la même stratégie, d'une voix forte cette fois : tu veux du fric ou t'en veux pas? Alors, docile, elle alla ramasser ses bas en laine noire c't'agaçcant toutes ces hésitations-là, marmonai-je elle revint avec les deux bas, j'en relançcai un dans le coin J't'en ai demandé un, pas deux Va t'asssoir sur la chaise Elle ne portait que son chandail mauve Elle s'assit et je lui bandai les yeux avec le bas Elle vint pour dire quelque chose mais se ravisa j'organise un tirage, lançcai-je Avec une paire de ciseaux un peu rouillée, je découpai sa petite culotte en morceaux plus ou moins égaux Puis sur chacun d'eux, j'inscrivis un montant à l'encre de chine, ça allait de deux dollars à douze et demi Une fois chaque morceaux tarifiés, je lancai le tout sur la table en lui expliquant, grosso modo, le jeu, sans lui révéler les montants inscrit et lui demandai de piger Quand ses doigts touchèrent le tissu de sa culotte, je vis son front se plisser, elle devait s'attendre à du papier, évidemment Elle piga le zéro, un petit zéro que j'avais rajouté à la dernière minute Je commençcais à penser que cette fille courait vraiment après les emmerdes zéro, annonçcai-je en dénouant le bas derrière sa tête : elle fixait le morceau de culotte dans sa main, puis les miettes sur la table Sans attendre, je lui remis le bas : je te donne une autre chance Pige Mais concentre-toi un peu, merde, pense à des choses positives, je sais pas moi d'un geste lent, elle brassa les bouts de tissu Puis elle sortit le huit dollars et dix-sept sous Je détachai le bas et je la vis jeter un œil intéressé, mais vite déçu c'est mieux que rien, lançcai-je en allant jeter le bas dans le bac à fleurs rempli d'eau sale mon bas... ah, excuse-moi, distraction Je repris le bas et lui relançcai assez raidement, tant pis s'il tombe un peu d'eau sur le plancher, pensai-je, la plus grosse bordée c'est elle qui va la prendre sur le visage et les cuisses Avec sa main elle essuya la terre humide sur ses lèvres Je sortis l'argent de ma poche et lui lançai sur la table accompagné de cette remarque : fais pas trop de folie elle ramassa l'argent et alla récupérer son pantalon et ses runnings dans le coin de la pièce Elle se rhabilla en vitesse et attrapa son autre bas sans le mettre tu veux miser ton pantalon? non elle est sortie
juge! Jeune, je rêvais de devenir peintre, un grand artiste Mais mis à part ma capacité et mon habileté à dessiner le contour d'une tête, aucun talent Niet! Alors j'ai refait le parcours qu'avait suivi mon père avant moi et je suis devenu avocat Puis juge Qu'espérer d'autre quand on a un cerveau purement rationnel? quand tout ce qu'on est, quand tout ce que ça crie qu'on est en dedans, tout ce qu'on peut être c'est un être de raison, codifié, normé? Mais trop de raison finit par nous entraîner dans la perversité, le vice m'apparaît comme l'aboutissement logique de toutes les formes de comportements raisonnables Et ici je tiens à faire une mise au point Le mathématicien, le physicien, le philosophe ne sont pas à proprement parler des êtres raisonnables, les plus grands, j'entends, les individués, si je puis dire, ceux qui pensent dans l'abstrait, je veux dire dans un déséquilibre de concrétudes, leur conception du réel n'a rien à voir avec la raison -ou alors en douce, par la bande disons La raison est une tare, mais pour un grand esprit ça devient un torticoli spirituel, une sorte d.architecture baroque et je n'ai pas cette élasticité pour imaginer des polygones, des intégrales, des bateaux ivres ou de la beauté sur un sexe de femme Je pense, certes, mais je n'en ai jamais déduit mon existence ni celle des autres : mes raisonnements relèvent d'une gravité classique, chaque pensée retombe lourdement dans la norme Quelle utilité aurait le cerveau d'un juge de paix s'il se mettait à tremper dans l'abstraction, dans les marges du code? pourrait-il, en toute honnêteté -car c'est bien de cela qu'il est question ici, l'honnêteté, et celle-ci n'est que la limite de ses moyens, ses normes, et du droit d'en user- pourrait-il... et malgré tout, malgré moi, je ne lui ai donné aucune sanstion, aucune amende, pas même un reproche, à cette fille ce matin Elle m'a reconnu tout de suite quand elle est entrée dans la salle d'audience, elle a juste eu ce petit sourire plein de gaminerie et...quoi d'autre? Pendant que le procureur de la Couronne l'interrogeait, je ne pensais qu'à son pubis rasé, Sinead O'Connor des pauvres! On l'accusait d'avoir violemment agressé un homme âgé -ou était-ce une femme, je ne suis plus sûr La preuve était concluante Alors quand le maillet a frappé le bureau et que j'ai prononcé : l'accusée est libérée, fallait voir la tête du Procureur, des flics et même celle de son avocat Pourquoi ai-je agi de cette façon, pourquoi ai-je eu ce comportement déraisonnable en vertu de la norme? Toujours on m'a considéré comme un individu froid et un tantinet cruel parfois Et cette attitude m'a toujours semblé normale Mais cette fille... Cette douceur, cette naiveté qui l'espace d'un instant montre les dents et revendique une certaine violence : sa violence, sa cruauté opposée au monde, à la vie, un cogito qui éclate, cette anarchie du déraisonnable qui bat la raison sur son propre terrain Même moi je n'arrive pas à comprendre ce que je vais vous dire, mais...il y avait de la poésie dans sa fureur, une sorte de redistribution de l'ordre du monde Voilà ce que je sentais s'opposer à mon autorité mandatée, à mes convictions, à ma raisonnabilité Ce matin j'ai franchi un seuil important, un seuil dissimulé derrière un épais brouillard : je me suis senti incapable et surtout injustifié à la condamner Sa révolte, sa poésie ne sont plus de mon ressort Et ça me revient maintenant, c'était une femme C.était une femme puisqu'elle a prononcé à un moment donné, pendant son témoignage, ça aurait pu être ma mère, choquant non? Ca vous choquent qu'une mère puisse être aussi maladroite quand elle fornique et procrée? C'aurait pu être ma mère et j'aurais pu être sa fille Mais ça qui s'en souci? Soyez raisonnables et condamnez cette mère! avait-elle raison? C'est la question que je me pose Pas tellement en ce qui concerne ce qu'elle a dit sur la mère, mais le type d'argumentation à travers lequel elle échappait à toute normalisation, qu'elle lui échappait À lui Quelque chose en lui s'accrochait à elle Évidemment ses paroles étaient d'abord et avant tout pur cynisme, mais le cynisme est toujours porteur d'une réelle profondeur, ce qui précisément découle du déséquilibre de deux concrétudes, de points de vue opposés comme deux yeux qui créent une perspective... on touche des petites enflûres qu'habituellement on aperçoit pas vraiment Son con... quel est le degré de variabilité de la notion de droit, au sens moral par exemple, d'une personne à l'autre, d'un peuple à l'autre, d'une culture à l'autre? Et d'abord le droit est-il une normalisation culturelle ou personnelle? À quoi se rapporte exactement et de manière précise la notion de droit? Qu'y a-t-il de criminel, de profondément criminel dans un acte jugé tel? Tu ne voleras pas ton voisin qui possède plus que toi Tu ne violeras pas cette femme que tu désires Sur quoi repose l'interdiction, sur quel principe supérieur? et l'érection? Peut-être trahissons-nous la sacro-sainte normalité en se retenant de bander devant une femme Peut-être avons-nous mal décrété quand nous avons décrété la Valeur, l'aliénant à un monde que nous avons nous-même créés, engloutissant le signifiant dans le signifié D'un signifiant, un sexe tendu, nous avons transposé le justifiable dans le réceptacle, retournant ce justiciable en injustifiable Et pourtant, en tant qu'individu raisonnable, je reste fondamentalement convaincu qu'il nous faut « protéger le signifié » De même, grammaticalement, nous devons protéger la tasse du mot tasse, car les mots sont destructeurs de cela même qu'ils nomment, qu'ils violent Les mots sont les délateurs du monde Ce ne sont pas Dieu ou Diable qui nous terrifient mais les vocables qui les appellent, les font advenir à la présence en leur donnant forme sur les ruines du fond Le droit, sur quelles ruines repose-il? et pourquoi y renvoyer le sexe d'une femme, ce sexe qui s'ouvre, se fend? Peut-il y avoir une moralité du fond? la forme, le bien ne sont-ils qu'un fard du fond, du mal, n'est-ce pas le monde qu'il faut condamner? cette mère? et pourtant! peut-être ne suis-je qu'un individu faible, une fausse individualité, moi, homme de raison? La destruction n'est-elle pas préférable au droit qui maintient l'édifice dissimulé derrière les barreaux d'une prison? Le poète ne s'est-il pas affranchi de la trahison, de la forme? ne s'est-il pas donné carte-blanche, une page fuyante ou en vain nous le cherchons? La communication se voit déjouée, interrompue, mise en déséquilibre Aucun consensus préétabli ne peut aboutir, car cette impossibilité de communiquer s'appuie sur une codification inédite, individuée, en excession de sens et exige un travail de déchiffrement Or l'homme moderne, l'homme du droit est devenue un chomeur intellectuel, un chomeur-analyste Celui-ci renonce devant la complexité d'un langage qui innove, qui ruine les codes, les normes consensuels Il nous faut désormais communiquer par le vide d'une non-reconnaissance -wrong number Peut-être a-t-il « raison », Autrement que Raison, le poète, de laisser le monde ouvert, sans pudeur, de lui retirer sa petite culotte morale une fois pour toutes? Demandera-t-il pardon ou acceptera-t-il la punition sans broncher? De nouveau, la transcendance m'arrache au monde, m'interdit de bander En somme, il n'y a aucune problématisation de la conduite d'un individu, mais une simple approche d'identification Une tella approche, qui est celle du droit dans sa pratique, mais aussi bien de toute institution, demeure désindividualisante, dépouillant l'individu de son Unité -fracturée et donc non identité en soi Unité inachevée, inachevable Potentialité active c'est ce qui m'intriguait chez elle : la revendication têtue d'une Valeur sans aliénation au monde, jouant d'égal à égal avec lui Le procureur, les enquêteurs, son avocat, la greffière, les curieux présents dans la salle, moi, tous nous avions l'air d'aliénés, nous étions subitement projetés au coeur d'un théâtre sans coulisses et par sa présence à elle ce théâtre de la Cruauté prenait Chair en consumant les consciences, trop bonnes Artaud aurait jubilé, oui, ici sur cette scène, personne ne savait, ou avait oublié, son texte, aucun ne savait réellement le rôle qu'il y jouait Il n'y a pas d'absolu dans l'être, aurait-elle pu hurler aux côtés d'Artaud, car s'il y en avait un ce serait un crime contre l'humanité, l'humanité humide que je porte en moi seule ! !!!, résonnait en moi L'accusée est libérée
II
après trois coups et un ding-dong, il se décide à aller ouvrir Ca l'a toujours agacé cette effronterie qu'ont les gens de se pointer sans s'annoncer, de frapper comme s'ils allaient sentencer Il tire brusquement la porte vers lui : hi, dit-elle : ELLE La petite fente énigmatique Elle n'est pas seule, une femme, la trentaine environ, l'accompagne mais comme forcée, gênée, mal à l'aise Un sentiment de déjà-vu traverse la tête du juge, puis subitement ça lui revient, elle est greffière à la Cour Qu'est-ce qu'elle vient faire ici, qu'il se demande, et avec cette fille en plus, cette fille que je croyais jamais revoir on peut s'immiscer, demande celle-ci, ou tu préfères amener des chaises sur la galerie? se tassant contre le mur, il leur fait signe d'entrer Un fois à l'intérieur, elles retirent leur manteau et la fille immédiatement va s'assoir sur le divan après avoir ordonner à l'autre de rester debout Celle-ci obéit Qu'est-ce que cette histoire, se demande l'homme de loi vous voulez un thé? pas pour moi Mais madame, sûrement, dit Madyson La fille s'appelle Madyson monsieur le juge part à la cuisine faire du thé pour deux Sans petite pilule Quand il revient dans le salon avec les tasses, Madyson vient d'enlever la chemise et la brassière de la greffière, toujours debout, les seins maintenant bien en évidence Sur le coup, le juge fige légèrement, mais essaie de ne pas trop le laisser paraître Il dépose les tasses sur la table pas de thé pour madame, finalement, décrète Madyson, toujours le dos bien écrasé sur le divan, la jambe croisée, j'ai changé d'idée Tu sais que changer d'idée c'est le plus beau geste philosophique qui soit? c'est échapper à l'attraction de l'être, à la bouse métaphysique Tu sais que j'ai un bac en philo? eh oui, la petite délinquante a un bac le temps file à pas de loup Madyson s'allume une cigarette qu'elle respire lentement on apprend vite à gagner, poursuit-elle, et surtout : à perdre La victoire c'est pour les bons moments Elle aussi elle y a cru, la salope, et p'is pff! on se retrouve à parier ses dernières économies, ses principes, sa vertu... jeux de cartes, quelle charge affective avons-nous ici, monsieur le juge? Cartes Connotation : pari, victoire, domination, humiliation...vagin? sperme dans la bouche?... Et maintenant il est temps de sortir la 55° carte du jeu Elle sort un magnum de sa poche de veston Bon, awèye, à poil, toi, qu'elle ordonne à la greffière bien, maintenant informons-nous du personnel, puisqu'on a pas eu le temps de se présenter, tu t'appelles comment? Moi, c'est Madyson Tu peux m'appeller Mady, si ça te chante Ou pas m'appeler du tout, ça me passe dix pieds par-dessus la tête Charlie Charlie... Un peu masculin, tu trouves pas? Mon vrai nom c'est Charlette, mais je déteste ça Charlette, Chaplinette Rigolo pendant que celle-ci se déshabille, Madyson s'adresse au vide ses aiguilles, ses bas, sa culotte...elle te fait marcher ou c'est de l'amour tout ça? grosse question Vous pourriez aller loin vous deux si t'en faisais ta pute, ta femme à toi, quelq'chose qu'il faut que t'appelles quand ça fait un peu trop longtemps que ça traîne dehors, quelq'chose qui couche chez toi, dans tes dessins à deux sous, tes livres, tes codes, tes prisons, ton lit : toute nue, fourrable à volonté Madyson se lève et va carasser le corps nu de la greffière avec la pointe de son arme depuis tes E-mails toujours achalandés à l'heure de pointe, (je) te baiserai, sans loi, sans pleurs, sans chichis, sans histoires stupides, bourrée de fautes logiques...putain, garce, amante, femme exponentielle jusqu'aux bouts des orteils chaudes des longues et plaintives nuits diverses perdue dans la tempête de tes cuisses J'aime ton odeur quand tu transpires, quand tu te confies à moi, sans retenu Bon, va t'installer devant le grand miroir et envoie ton cul de notre côté qu'on juge T'a trouves comment, juge? elle t'excite ou tu la trouves plutôt nulle? Je suis sûre que tu savais même pas que les greffières avaient une fente sous leur jupe Alors, ta réponse, excitante ou nulle?...moi je sais pas trop, j'hésite...son trou de cul est pas si mal, penche-toi, voir...ouais, pas si mal, il incite à la sodomie, tu trouves pas? C'est pas un cul qui attire le respect tout de suite, en tous cas, on est d'accord? Moi si j'étais juge, probab' que je banderais comme un défoncé et que j'y enfilerais mon maillet entre les deux fesses Coupable! Coupable, la salope! Mais qu'est-ce tu veux, je suis pas juge, même pas phallesifiée C'est pas du Lacan ça?...bof, tiens pas trop compte, je mélange tout tout en faisant cette remarque, elle se dirige vers la greffière et la caresse de nouveau, la tripote serait un mot plus juste Ca te plairait une putain de bonne sodomie, ma chérie, notre petite Charlette à nous, notre petite Charlette qu'est venue à deux doigts de gagner, si seulement elle avait su s'arrêter à temps? Une queue super raide dans le trou de cul ça va te consoler, tu vas voir, ça efface tout?...et ça ouvre des portes quelquefois De toute façon une bonne perdante doit jamais refuser une bonne relation sexuelle Pas avec moi, sure, moi tout ce que je sais faire, c'est des petits paris et emmener une loser pour la distraction du maître Déshabille-toi, toi aussi, qu'elle lance à ce dernier P'is après va chercher ton clipper ces mots résonnent comme un impératif Sans discuter, l'homme de droit s'éxécute Puis, à poil, il revient dans le salon avec le rasoir Approche, qu'elle ordonne, viens frotter ta queue entre ses cuisses Je veux que tu bandes comme un malade Une bonne sodomie, mon coeur, ma fente, lui souffle-t-elle au visage tout en écrasant sa main sur ses seins Dès que t'es en service tu l'encules, lance-t-elle sèchement au mastermallet D'un coup sec honteusement enflé, le juge cale sa bite collante jusqu'au fond du trou de cul de la greffrée Celle-ci pousse un cri oui, c'est bon, charlette, je sais, dit d'une voix calme, Madyson C'est super, c'est comme chier à l'envers, c'est comme si la merde t'expulsait Tu vas en redemander, ma grande, tu vas voir Pis toi, le juge, qu'est-ce t'attends pour sentencer cette saleté de trou? Coupable, la salope, coupable! T'as le clipper? Bon, rase-y la tignasse pis la touffe pendant que tu l'encules au moment ou il commence à raser les poils pubiens de la greffière sodomisée, Mady lui cale trois doigts dans le vagin -c'est pour une saisie, dit-elle avec un sourire-, qu'elle agite violemment Etrange huis-clos, murnure-t-elle Puis, en se penchant légèrement, sans cesser de la masturber, Mady suce la pointe de ses seins, honteusement dressés Hmm, Charlette est toute bandée T'en penses quoi, maître, elle valait la peine ou pas? Voyant qu'il ne répond rien, elle ajoute, fortement agacée : t'en penses quoi, merde, je te demande, tu pourrais répondre, c'est pour toi que j'ai ramené ça rageusement, elle retire ses doigts du vagin de la greffière, puis va ramasser son paquet de cigarettes qui traîne sur le divan et s'en allume une À part le souffle sacadé de Charlette, le silence règne un moment Puis, Mady retourne vers Charlette et, en relevant le menton de celle-ci avec deux doigts, elle dit : comment t'aimes? ça te plaît, ton chum va aimer, tu penses? Tu fais quoi avec un grand miroir comme ça, juge, tu te mires dans ton costume de clown? Bon , that's enough, lance-t-elle subitement en poussant le juge, assez fourré va chercher ton cahier à dessin, pis dessine sa tête On va s'installer au bout, j'imagine que c'est le salon Le juge attrape une chaise, son carnet de croquis et va s'installer devant Charlette, qui se tient debout au fond Quant à Madyson, celle-ci s'écrase dans le fauteuil Personne ne parle, le frottement du crayon sur le papier tient lieu de musique À côté du fauteuil, il y a une petite table sur laquelle, empilé sur le désordre, il y a une télécommande que Mady prend dans sa main Elle ouvre la télé et zappe Puis la referme Toujours la même merde, qu'elle dit en soupirant Alors elle fixe le juge qui semble absorbé par son dessin Puis elle attrape une pile de compacts c'est tout ce que t'écoutes, t'as pas quelque chose de plus consistant, du métal par exemple? Non, évidemment, ça serait pas raisonnable de ta part P'is, qu'est-ce qu'y dit ton dessin? Serial killer? pointant son arme en direction de Charlette, Madyson ajoute on pourrait rendre service à l'humanité, sauver des vies en s'en débarassant, meurtre par prévention Ça dit quoi là-dessus dans le code? non, aucun danger avec elle, dit le juge Tu peux baisser ton arme soudain, d'un seul bond, mue par une quelconque muse céleste, Madyson se lève et va à l'autre bout du studio chercher les bas de soie de la greffière qu'elle plonge dans l'eau sale du bac à plantes et, sans le tordre, revient se placer derrière le juge bras dans le dos, qu'elle ordonne puis, croisant ses poignets, elle ligote ceux-ci solidement sur la chaise à quoi tu joues? demande ce dernier avec lassitude, une grimace de louleur grave sur le visage je t'expliquerai les règles au fur et à mesure, c'est facile, tu vas voir après avoir bien ficelé l'homme de loi, Mady retourne au fond chercher la culotte de Charlette, qu'elle trempe également dans le bac avant de revenir bander les yeux de celle-ci faut bien protéger la pudeur des petites chattes-fourrées, rrrr, fait-elle, feignant de la griffer sur le ventre Tu dois te sentir fatiguée, ma pauvre chouette, viens t'assoir Madyson l'installe sur le divan, les deux pieds sur le bord, les cuisses bien ouvertes Ensuite, avec beaucoup d'efforts, elle pousse la chaise du juge ligoté, après lui avoir arraché le pantalon et le boxer qu'elle lance dans le fond de la pièce, aux pieds de la graphoria dommage qu'on ait pas pris de thé finalement, je suis sûre que Son Honneur apprécierait volontiers un double golden un silence s'installe Madyson retourne sur le fauteuil et les regarde Puis, mi pour elle-même, mi pour les autres, elle commence à parler, presqu'un chuchotement, comme si elle réfléchissait tout haut qu'est-ce que la cruauté? Un acte dérisoire ou de nature métaphysique, plus précisément, peut-on fonder une ontologie à partir de la cruauté? Ne doit-on pas supposer dans les prémisses d'une loi, et dans son éventuelle application, un fait de cruauté, à savoir le plaisir qu'on éprouve à punir l'autre, à le balancer aux oubliettes, à l'abaisser dans l'ordre humain? Autrement comment pourrait s'exercer, s'actualiser cette autorité objective dite de droit? Et voilà l'astuce, on neutralise les émotions, par décret principiel, et les voilà qui se ramènent par la porte-arrière, les émotions de ruelles qui imprègnent toute prétendue neutralité de jugement C'est pas par empathie que les choses se passent ici, mais par sursaturation pathologique, sursaturation propre à tout sentiment de supériorité, émotionnel Faut pas se le cacher, il s'agit pas ici, entre le juge et le jugé, d'un duel opposant une neutralité de Droit à une violence de fait Mais bien de la confrontation factuelle sans merci de deux violences, la notion de droit ne constituant qu'une immunité théorique concernant l'une des parties en cause En fait, il s'agit simplement d'une violence autorisée Le jugé en ce cas tient lieu de réalité, car le juge dénie la sienne propre, son implication émotionnelle dans le réel, càd sa cruauté, en s'autorisant d'une position de neutralité, pour affirmer sa puissance Mais pour assoir celle-ci, pour réaliser cette puissance dans le monde, il doit conférer l'état de réalité, de substantialité, en soi, à sa « victime » : la réalité du droit, c'est le fait Dès lors, le soi dominant se substantifie dans un simulacre de soi assumé par l'autre, doublure oú il se réalise objectivement Autrement exprimé, le Soi idéal, immunt, principe fondateur de toute violence autorisée, entends réaliser l'idéalité du droit en désubstantialisant sa propre réalité pour la resubstantialiser en l'autre, le jugé, mais au plan métaphysique Ce que les philosophes désignent par le terme Être n'est rien d'autre que cette breloque, cet idéal Voilà à leurs yeux ce qui est : condamner, c'est faire la fête C'est une trangrssion du principe de réalité dans le principe de plaisir Or, au niveau d'une ontologie, quelque peu défaillante, je l'accorde, le {soi} ouvre sur un devenir-Réel irréductible Non pas avènement du Réel en soi, car le Réel n'est jamais donné en soi, il reste toujours à construire, se tient la corde raide sur nos tempes imbénies, il {est} acception du réel en retrait de toute idéalisation, de tout simulacre, de toute mascarade Vous êtes bien silencieux tous les deux de nouveau, un bref silence s'installe, Madyson grille une cigarette Puis elle poursuit Tu apporteras aux hommes, certains hommes, la reconnaissance de leur peccabilité, de leur nature profondément inférieure, ça serait pas dans les dix commandements ça? Peut-être ben Mais pas ceux que tu penses De toute façon je te l'ai dit, faut pas t'en faire, je mélange tout « Tu ne voleras pas » Non, bien sûr, mais reprends au moins ce qui t'appartient « Tu ne voleras pas » Alright! Et les voleurs d'âmes, hein, mon ami, on fait quoi avec les voleurs d'âmes? tu répondrais quoi à ça en prose juridique? brusquement elle se lève et se met à marcher d'un pas lent dans la pièce en scandant, avec un calme excessif : bang, bang, bang Seules les éternelles âmes supérieures seront sauvées Bang, bang, bang alors s'arrêtant devant le juge, Madyson s'accroupit en posant ses coudes sur les genoux de ce dernier : je sens que je vais me mettre la société à dos Et alors? Qu'elle se retourne ta société, je vais lui enfoncer mon gode dans le cul Ta société! Ça dit quoi là-dessus dans ton livre de chevet? Nulle sodomie ne sera pratiquée sur le corps social? Nul ne peut fourrer la société à moins d'être une corporative reconnue? Le petit orifice corporatif, c'est excitant ça! Tu sais, un petit rasage corporatif ça serait pas une mauvaise idée ça, y a tellement de poux là-dedans Madyson se relève et se remet à marcher en tournant autour du juge Aimez-vous les uns les autres! Mais où se cachent les uns et les autres qui vaillent la peine qu'on les aiment, toute la peine qu'on les chérissent, qu'on les entretiennent comme des putes? On prétend sauver les hommes mais quand on réalise, bien assez tôt, qu'ils sont insauvables, impraticables, on retourne l'arme contre soi et on s'accorde une pause-rédemption, laissant les tyrans seuls et bien vivants Du terrorisme à pile ou face Le crime aboli, ne reste qu'une liberté purgative disant ces mots, elle pose son arme sur sa tempe et dit, d'une voix à peine audible : pile, puis le posant sur la tempe du juge : ou face..., le temps séjourne dans l'ennui du temps, les secondes se mirent dans les minutes aux heures de grands questionnements, ajoutant, d'une voix encore plus faible, à l'oreille de pile, je t'en prie, mon amour, aide-moi à irréaliser mes rêves, j'ai tant besoin d'impératifs pour m'épanouir convenablement avec un sourire félin vissé dans le regard du juge, Madyson prend le pénis de celui-ci qui, rapidement, se tend effrontément Wow! quel rocher je tiens-là dans ma main -mais par-dessus tout, j'aime l'odeur du trou de cul d'une putain de la justice L'existence d'une femme finalement ça se résume à quoi? on pousse toute sa vie cette douloureuse roche et quand elle retombe, ils nous incombent à nous, faibles créatures, ils nous succombent de la relever, de lui redonner sa dignité à ces mots, elle se relève et va caresser les seins de la greffière Mais tu sais quoi, Charlette? il faut imaginer la femme heureuse Puis, Madyson pose sa bouche sur un des pieds de Charlette avant de retourner s'assoir si on me donnait le droit à la confession, je serais juge, je jugerais, mon ami, je fouetterais, je condamnerais et après une heureuse confession où enfin mes vices, mon foutre et mon irrationnalité incorrigible seraient assouvis à leur juste valeur, je pardonnerais Dans l'acte de juger je me désubstantialise en l'autre, je m'autoconfesse...ça se dit ça, juristement parlant, j'entends?... T'as rien à me dire? Allons, mon amour, mon Autre, tu peux tout me dire tu sais À voix basse, elle ajoute en fixant toujours le juge dans les yeux, elle t'excite, cette nana, non? ou peut-être que c'est mon cul à moi que t'aimerais bien te faire? Allez, baise-moi à frais virés, masturbe-moi de la main gauche, la prude, l'inexpérimentée en disant ces mots, Madyson va ramasser la petite cullotte de la greffière qu'ensuite elle frotte sur le visage du juge la petite culotte noumétique, le secret de l'Être et dès déballé se désêtre en {soi} pour-nous, juste pour-nous Se croire essentialisé, immuable, immunt : juge O Boy! DIRE, puisque rien n'est jamais DIT...l.imprimerie a inventé le mensonge, la Bible, quelles en étaient les ratures, la graphie?... Les pharisiens se méfiaient des graphologues, tu savais? Le pour-soi, cette maladie du Noumène qui le possibilise à l'infini en le désubstantialisant, où Dieu n'est plus qu'une possibilité parmi d'autres Pas de dialectique là-dedans, aucune place pour la Rédemption hégélienne Chez Hegel, tout est aliéné à la Rédemption, au Jugement dernier philosophique : moi je veux pas qu'on m'excuse, je veux qu'on me baise ferme en me serrant dans mon prénom, m. le juge sur ce, elle se lève et de dos au juge elle descend son jeans et sa culotte Réponds, c'est mon cul à moi que t'aimerais défoncer ou tu préfère celui de ta pute du Palais? Mais non! Quelle importance! La faiblesse d'un sexe de femme en échange de la faiblesse d'un sexe de femme, quelle nuance, ma foi!? Par contre, tous les rochers ne s'équivalent pas tous, certains ont plus de poids, de vrais tremplins sociaux Mais ça aussi ça fait parti du châtiment On s'en rend pas toujours compte, hélas! Ou trop tard! Un coup vidé, je dirais soudain, Madyson retire ses runnings, ses bas, son jeans et sa culotte, puis, d'un coup sec avec le pied, elle renverse la chaise du juge qui se retrouve sur le dos, toujours ligoté, en poussant un faible cri de douleur Alors, s'installant, debout, au dessus du visage de l'homme de loi, Madyson lui fait un long golden shower avant de le remettre sur pied sur sa chaise J'avais envie, dit-elle, je le voulais en fait et le fait mène directement au Droit Question de volonté Ma volonté, bonne ou mauvaise? à toi de juger Ma mystérieuse Volonté...n'est-elle qu'expiatoire? ou ne veut-on pas dans la vie autre chose que son malheur et celui des autres? Réponds-moi Daigne me répliquer, toi qui sur le crime en sait plus que le criminel lui-même, qui va plus loin que le meurtre : jusqu'à son jugement Tu sais les crimes mieux que moi, mieux que nous, qui tuons par amour Seigneur, je t'aime et je te crucifierais encore et toujours parce que ton Pardon m'est essentiel J'ai besoin de ta Douleur et de tes Lèvres sur ma conscience Déshabille-moi, fais-moi l'Amour, la Haine Reproche-moi ce que je suis, une Volonté errante Expie-moi Gifle-moi Je veux sentir Ta colère dans mon ventre, la Tienne, pas celle de ton Père Monsieur le juge, je vous en prie, je vous en supplie, sentencez le Père, sentencez-Le... Par quelle implacable transcendance Votre vertu se justifie-t-elle et s'applique-t-elle, bienheureuse, au-dessus de mon crime, de ma Volonté, de mes Vices? Et si Votre vertu était le Crime suprême? Que j'aime Votre érection Sa franchise Son audace Elle vous tente cette fente, cette comparaison, cette conftontation toute féminine, hmm? ce partage de deux mondes? Ça paraît Vous avez jamais pensé à procéder à poil, après tout, la justice c'est un événement public? un choc à tout coup elle se tourne alors du côté de la greffière et va vers elle puis, prenant la main de celle-ci, elle l'étampe sur l'icône humide en lui intiment l'ordre de se masturber Y a tant de résidus moraux dans le branlage, c'est ce qu'il faut combattre L'homme veut jouir réfleximent, dominer ses tensions sexuelles, mais le désir {est} en-deça de toute réflexion, décapons, décapons toute cette merde réflexive, la vraie jouissance est amorale, irréfléchie : ontologiquement féminine, sans Être, sans limite, sans mesure Insulte-la, juge, traite-la de salope, dans l'insulte tu trouveras un apaisement, un cri solitaire et sans effort Saluons la beauté à travers nos insultes et nos blasphèmes, juge, bien à l'abri de toute offre morale, juridique Madyson crache sur le ventre de la greffière en l'allongeant sur le divan de cuir Puis, retirant son chandail, entièrement nue elle s'installe en sixty-nine Pissons, qu'elle dit en frottant violemment son pubis sur les lèvres de la greffière tout en calant sa langue dans le trou de celle-ci Laissant tomber toute retenue, Madyson pisse dans la bouche de Charlette qui à son tour urine sur la langue de sa dominatrice notre plus grande victoire sur la nature, c'est de s'y soumettre, de dire oui à la souillure, l'espérer même dans un abandon irraisonnée et sans histoire reprenant légèrement son souffle, elle poursuit : nous savons transfigurer l'offre divine en refus catégorique et en jouissance Nous disons non à cela même où nous nous enlisons et en tirons notre profit Il faut savoir regarder la route boueuse et s'y enfoncer sans réfléchir dans un OUI mourant, sale, aux portes de l'Absolu, et qu'aucun non ne peut venir freiner Ce qui m'irrite dans l'acte de juger, continue-t-elle, tout en ne cessant pas de frotter sa fente sur la bouche de Charlette, c'est pas l'indication d'une culpabilité modelée sur et par ce qui la renie, mais la reconnaissance suppositoire d'une Valeur dite unique Pourquoi condamner un cri au nom d'un Silence? Écoute écoute cette plainte / souffle ontologique/ d'une femme quand elle se sent venir, n'est-ce pas merveilleux, n'est-ce pas mille fois mieux que le Verbe? Quand on déshabille une femme, cher ami, il faut d'abord lui retirer sa morale, doucement, en douce, et la jeter aux ordures après l'avoir soigneusement repassée et pliée, car tu dois respecter ce que tu retires d'une femme puisqu'après, mais après seulement, tu pourrars l'habiller de ton mépris avec dignité Elle sera ton alliée C'est ce que tu sais pas faire toi, m. le juge Regarde comme j'ai su la dévêtir, admire comme j'ai su l'installer devant nous vraiment nue Elle n'a plus rien Rien du tout Et elle ne veut plus rien autre que ce que nous lui offrirons Qu'est-ce que t'as à lui offrir? est-ce sincère cette érection? brusquement elle se relève et pointant de l'index le sexe en érection du juge, elle demande : est-ce raisonnable, ça? Réponds Est-ce raisonnable?
III
un matin en décembre, il y a environ trois ans, il m'avait semblé avoir mis au point tout à fait par hasard une méthode efficace pour déterminer le degré de raison présent dans chaque individu Cette méthode se basait essentiellement sur le tracé d'une ligne continue qui découpait le crâne d'un homme ou d'une femme à l'âge adulte -enfin je n'avais jamais dessiné d'enfants J'ai donc esquissé des milliers de crânes, individus aperçus sur la rue, à la caféteria du Palais de justice, à la télé, dans les revues, vedettes de cinéma, etc., puis j'en étais venu à développer ce que j'appellai une « échelle de raisonnabilité » sur laquelle, après analyse, je pouvais déterminer, avec assez de justesse, le niveau de raison où classer un individu En toute modestie, je me permets de souligner que j'étais merveilleusement échelonné Mais j'ai voulu aller plus loin, en savoir plus et ce que j'ai découvert depuis m'empêche de dormir Je mange mal, dors mal et mon travail s'en ressent il m' arrive souvent de repenser au patron d'une petite boîte que je fréquentais alors et qui avait toujours eu le crâne nu comme un œuf Cent fois j'ai dû dessiner les contours de son crâne chauve et j'avais constaté chez lui un potentiel de raisonnabilité, de rationnalité très élevé -c'est du reste quelqu,un qui avait assez bien réussi dans son domaine Par contre, un matin, ce modèle de raison met la clé dans la porte de son bistro et sort assassiner dix-neuf personnes, triées au hasard, en plein centre-ville Je me suis demandé alors comment un homme aussi raisonnable peut-il en venir là? M'étais-je trompé dans mes évaluations? J'ai alors rassemblé toutes les ébauches et toutes les études que j'avais réalisés sur sa « ligne de raison » et là, à ce moment seulement, ça m'a éclaté en pleine face : au fil des ans, cette ligne avait la nette tendance à se durcir, à crochir, si je puis dire, formant une sorte d'arète baroque sur les côtés Le lendemain, tôt, je me suis rendu à la prison pour leur demander de m'amener une dizaine de prisonniers jugés dangeureux (pour la plupart des seriel killer), au crâne rasé En échange d'un peu de poudre ils m'ont laissé les desssiner La réalité était là, bien évidente, devant mes yeux : tous présentaient une « ligne de raison » presque parfaite et surtout, cet espèce de durcissement baroque sur les tempes, cadrant les yeux intéressant, remarque Madyson, avant de continuer la lecture à voix haute du cahier de notes du Juge en comparant plus tard avec d'anciennes photos l'évolution de cette ligne, il ne me restait plus qu'à me rendre à l'évidence : toutes avaient considérablement durcies, comme celle de mon ex-ami, le patron du bistro inutile de vous dire que m'étant classé moi-même très haut et avec tous les honneurs dans ma petite échelle de raison, je portais fièrement, depuis plusieurs années. La tête rasée Cela m'a pris du temps Beaucoup de temps Mais un matin, un matin comme les autres, j'ai installé un miroir sur la table de cuisine et j'ai tracé les conteours de mon crâne Jamais je n'aurais dû Ma « ligne de raison » avait nettement durcit, tellement que j'avais l'impression que ma tête se compressait dans un étau Suis-je un criminel soudain démasqué? C'est alors que j'ai laissé repousser mes cheveux qui depuis traînent sur mes épaules C'était ça ou la chirurgie moi qui croyais que t'étais un ancien hippie fraîchement débarqué du Viet., dit Madyson avec une pointe d'ironie Puis, sautant plusieurs pages, elle s'arrête sur ce passage qu'elle lit à voix haute toujours la fille était toujours allongée sur le divan, à moitié endormie Je me suis mis à fixer sa chatte, son pubis, qu'est-ce qu'il avait de particulier? Et sa tête? une tête sans histoire Alors je me suis levé en détachant mon pantalon et je suis allé m'installer au-dessus de sa p'lotte J'ai pris sa main et je me suis masturbé Quand elle a senti le sperme tombé sur elle, elle a faiblement murmuré quelque chose, je crois qu'elle disait Père, pardonne-leur, car ils savent ce qu'ils font, ils le savent fort bien puis, sans raison apparente, après avoir laissé le cahier s'écraser par terre, elle demande tu connais Smith et Hichcock? In cold blood? C'est hallucinant de voir à quel point les acteurs ressemblent aux originaux Moi je trouve que Smith a quelque chose de fascinant, l'autre est plutôt nul En revanche son sens de l'humour est succulent La nuit avant d'être légalement assassiné, le garde lui dit : ça va être ta nuit la plus longue, j'imagine?... Non, la plus courte, qu'il répond Une pause Comment disait Truman, le flic, déjà en parlant des meurtres...une erreur psychologique C'est comme toi, au fond, je crois que t'as commis une erreur juridique Maintenant y est trop tard pour revenir en arrière, le métro est en marche Merde, plus de cigarettes, je pense que je vais accepter ton offre finalement Elle ramasse le veston du juge sur le sol et fouille dans la poche, en sort un petit étui rouge, l'ouvre et saisit un des minces cigares entre son pouce et son index ses gestes sont effectivement empreint d'un certain raffinement, d'une certaine classe je sais ce que tu penses Fis-toi pas trop à l'apparence, erreur économique, you know? Ce que je suis vraiment dans le fond de moi, c'est une snob Je te regarde de très haut, monsieur le juge Et toi aussi la corneille On est pas du même monde en disant ces mots elle se lève et marche de nouveau dans la pièce, nue, grillant son cigare Le juge ne peut s'empêcher de constater qu'effectivement cette fille possède une classe naturelle...si on la déshabille, je veux dire si on bypass son allure défroquée... -elle semble en perpétuelle rupture avec l'image qu'elle projette, elle ne fait pas motif, je veux dire, comme un portrait sans motif toujours en marchant, elle continue ses confidences je pourrais être une épouse parfaite, fidèle, amoureuse, sexuelle quand on l'exige, hypervicieuse, c.est dans ma nature Ce que j'aimerais c'est un intellectuel, un vrai, pas une coquerelle d'université qui sent le muffin ranci Un vrai intellectuel, avec ses angoisses, ses doutes : quelqu'un qu'y a des raisons de douter, parce qu'il est réellement quelque chose, parce qu'il a réellement quelque chose C'est quoi toi, ton savoir, monsieur le juge? Un code Des valeurs générales flottantes Une recette que tu suis à la lettre Et on te donne deux-cent mille par année pour ça ! Quelle générosité ! Sans oublier le parking à tarif réduit, quand qu'y a des frais, évidemment Même ton mariage, si tu te décidais, serait juste une question de principe Anyway, à deux-cent mille pesos par année, c'est pas les latrines qui manquent Erreur éthique Mais t'es honnête, ta femme le sait Elle est idiote c'est tout, d'avoir cru que ça pouvait être différent Toi au moins t'as toujours su Comme tu l'as dit, je suis pas marié, lui fait remarquer le juge No, sure Divorcé, peut-être? Ou veuf? hmm intéressant ça Ou laisse-moi deviner : t'as pas pu trouver?... Comme c'est de valeur C'est de valeur, hein, la suceuse? Réponds quand je te parle ou j't'étripe c'est de valeur, marmone la greffière, la tête penchée vers le sol pis toi, t'es mariée? non, répond-elle faiblement évidemment, pourquoi s'en taper juste un quand on trempe dans le milieu Mais avoue que t'espère quand même... Un jour peut-être une pause moi, je sais pas, ce que je veux est tellement rare J'ai eu une copine dans le temps, mais sa fente me convenait pas vraiment elle s'assoit en croisant la jambe avec beaucoup d'élégance Puis d'une voix fuyante, comme émanant d'ailleurs, de la pièce du fond peut-être, elle entame de mémoire un extrait de Tendre est la nuit de Fitzgerald : « Peut-être cinquante pour cent de nos amis et parents vous diront de bonne foi que c'est ma boisson qui a rendu Zelda folle, l'autre moitié vous assurerait que c'est sa folie qui m'a poussé à la bouteille Aucun de ces jugements ne signifierait grand-chose Ces deux groupes d'amis et de parents seraient tous deux unanimes pour dire que chacun se porterait bien mieux sans l'autre Avec cette ironie que nous n'avons jamais été aussi amoureux l'un de l'autre de notre vie Elle aime l'alcool sur mes lèvres Je chéris ses hallucinations les plus extravagantes » Ça c'est un couple! elle se tait un long moment, si une mouche volait dans la pièce on pourrait entendre battre son coeur l'amour le plus intense a toujours son envers tragique, ajoute-t-elle, toujours de la même voix fuyante et absente, c'est ce qui fait toute sa beauté et sa force Il est précisément, selon les principes mêmes de Fitzgerald, « démolition et création » C'est très nietzschéen aussi Les amants renouvellent constamment leurs liens spirituels au bout d'un long silence, plus chargé que le premier, Madyson aperçoit une guitare dans le coin du salon c'est à toi, monsieur, la guitare? Je pensais que les juges lisaient que des dossiers Tu permets? ne laissant qu'une des lampes allumées, prenant une pause concentrée, elle se met à chanter sous le « projecteur », les yeux fixés au loin « Tender is the night... » Puis, s'interrompant, elle murmure ces mots pour elle-même, « une épouse parfaite, ta pute, ta femme exponentielle, mon amour, mon amour » tu me fais marcher ou c'est de l'amour ce machin raide? demande-t-elle en fixant la queue bien enflée du juge On pourrait aller loin si j'étais ta femme, ta légale, quelque chose que t'appelles quand ça fait longtemps que ça traîne dehors, quelque chose qui couche chez toi, dans ta paperasse, tes traîneries, tes meubles, tes draps, tes prisons, nue après un petit sourire, elle dit : bon, c'est l'heure des visites, je pense En disant ces mots, elle pousse la chaise du juge en ordonnant à la greffière de s'écarter sur le bord du divan Ensuite elle attrape le pénis en érection du juge et le frotte sur le vagin de la fille Allez, fous-la Baise-la au boutt, la putain Puis, comme pour elle-même, Mady poursuit le viol {est} cette rencontre dans la Chair d'un Autrement Oui, accusé dans son acte mais blanchi dans la pluralité de son geste, de sa gifle amoureuse, où l'éthique de nos excuses nous pousse au crime Ton sexe, Madyson, {est} toujours le premier visé du doigt : vivre, c'{est} dé-penser, lapider Depuis ton Mail toujours achanlandé à l'heure de pointe, {je} te fracturerai, sans loi, sans pleurs, bourrée de fautes logiques...putain, épouse, garce, amante, femme exponentielle jusqu'aux bouts des orteils chaudes des longues et plaintives nuits diverses entre deux cuisses Mady sourit en regardant le juge pénétrer la greffée « Père, pardonne-leur! Car ils savent ce qu'ils font, ils le savent fort bien! », sentence-t-elle Intimité de moins en moins intimes, se frôlant. se respirant, se fracturant Puis brusquement, à l'instant où la jouissance se répend dans les veines, Mady pose son pied sur l'épaule de l'homme de loi, et le repousse au sol Un violent choc s'imprime dans le dos du juge qui souffle péblement tout en déchargeant, dosant plaisir et douleur Qui est condamnable en ce monde, la putain ou le papa? demande-t-elle Madyson, après s'être rapidement habillée, va à la cuisine et revient avec un couteau -après avoir en passant ouvert la radio (Runaway train) tu m'as fait vraiment mal, monsieur le juge, qu'elle dit en ramassant son sac je suis désolé, Madyson c'est trop facile d'être désolé, ça s'oublie vite les désolations....un miracle arrive que quand un dieu refuse de s'expliquer, en ce qui me concerne je me suis amplement expliquée donc je suis pas un dieu, donc no miracle Notre histoire d'amour s'achève ici, fini le jeu de la séduction...sé-duction qui vient du latin seducere qui signifie séparation, saignée, adieux M. le Juge, c'est ici qu'il faut nous fendre le coeur elle caresse le couteau puis le laisse tomber sur le sol -détache-le ou tue-le, j'en ai rien à foutre- qu'elle dit, avant de partir pardonne-moi, Madyson, pardonne-moi impossible Du reste, pourquoi renierais-tu l'Ordre que t'incarnes? T'as agis avec Justice, j'ai eu ce que je méritais. t'as aucune explication à me donner. Tes motifs ne me concernent pas, qu'elle dit en sortant, à l'instant où la greffière chauve ramasse le couteau, ma mission était de sauver le monde Voilà qui est fait (Runaway train)
deux jours plus tard, deux ados qui foxaient l'école, aperçurent le corps d'une jeune femme sur la plage, égorgée monsieur le Juge prit place sur son pose-cul, devant le regard admiratif de la nouvelle greffière
in) tu m'as fait vraiment mal, monsieur le juge, qu'elle dit en ramassant son sac je suis désolé, Madyson c'est trop facile d'être désolé, ça s'oublie vite les désolations....un miracle arrive que quand un dieu refuse de s'expliquer, en ce qui me concerne je me suis amplement expliquée donc je suis pas un dieu, donc no miracle Notre histoire d'amour s'achève ici, fini le jeu de la séduction...sé-duction qui vient du latin seducere qui signifie séparation, saignée, adieux M. le Juge, c'est ici qu'il faut nous fendre le coeur elle caresse le couteau puis le laisse tomber su
the microphone on? It's my new lost song / ...j'touvre plus les mots, ma baudelairienne, dans le désordre de tes pensées, la pyramide de mes caresses / quelque chose qu'on a oublié / au café / de nos détresse// chorus : mon anal-phabètes / mon hiéroglyphe, mon mets chinois / prends garde, je tiens à {tois} / mon anal-phabètes / mon barbouillage, la femmes que je veux garder / prends garde : je vais t'épouser / t’épousseter/ te dépenser dans mon litr le sol avant de partir pardonne-moi, Madyson, pardonne-moi impossible Du reste, pourquoi renierais-tu l'Ordre que tu incarnes? Tu as agis avec Justice, j'ai eu ce que je méritais. t'as aucune explication à me donner. Tes motifs ne me concernent pas, qu'elle dit en sortant, à l'instant où la greffière chauve ramasse le couteau, ma mission était de sauver le monde Voilà qui est fait (Runaway train)
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LE PARI nouvelle
la nuit, inhabilement tombée, et comme toujours à l'insu des clients, titubait de coin en coin à l'intérieur du bar adjacent au Palais de Justice situé en plein quartier des affaires, où juges, avocats et accusés pactisaient Les rires, les propositions et les verres, comme chaque soir, suintaient bruyamment Passé une certaine heure et un certain taux d'alcool, les gens ont une sale tendance à oublier leur position tout en maintenant, essayant du moins, par mandat vocatif un certain standing : de la gélatine humaine, voilà tout ce qu'il restait à cette heure sous l'astre nocturne : une fondue lunaire à une des tables on joue aux cartes, à l'autre on se frotte explicitement tandis qu'à l'écart on se plonge dans les gros titres du matin au fond, une fille va s'assoir près de la table d'un juge aux cheveux plutôt fournis qui vient d'étaler des cartes sur la table, comme s'il s'apprêtait à exécuter le clou de son spectacle En jetant un oeil rapide en direction de la goth , il lui demande si elle sait jouer dépend quel jeu, paquet voleur? viens Viens t'assoir devant moi Impossible de dire si c'est un ordre ou une invitation en fait, c'était un peu les deux Le juge, c'était moi
I
au début ça ne voulait rien dire Un jeu Juste un jeu Un passe-temps J'aimais tracer les contours d'une tête, saisir les plus légères variations d'une à l'autre C'est seulement après, beaucoup plus tard, après être tombé sur des photos de grands tueurs en série que je m'amusai à reproduire, que j'ai commencé à faire des constats, des comparaisons plus poussées Et ce qui m'a le plus effrayé alors, c'était la justesse de celles-ci, leurs précisions infaillibles : absolument infaillibles évidemment, à l'époque ou je suivais mes cours de droit, on avait un peu touché la criminologie Mais tout ça c'était loin quand j'ai commencé à dessiner Du reste, au début mes ambitions étaient plutôt artistiques, j'étais plus inspiré par Mark Prent que par les thèses morphologiques de Lombroso j'ai jamais eu les cheveux aussi longs, ça prend une éternité pour les sécher pis j'hais ça Une grosse perte de temps Et la barbe! Quelle horreur pour le moment, elle dort sur le divan, ses jambes sont longues -son pied gauche traîne presque sur le sol, comme prêt à se lever...ou à fuir (s'écartant dans une magnifique gestuelle solépciste Mais le fait que son pubis soit complètement rasé rend son sexe moins excitant Moins humain, moins bestial Pas excitant du tout, même Aucune cachette Une petite exclamation juste en haut des cuisses Elle est belle quand même, juste pas excitante Quand elle va se réveiller j'y dirai de s'en aller Je jette un œil sur mon dessin, je viens de dessiner le contour de son crâne, à elle, la fille au crâne rasé Au crâne et au pubis rasés Plutôt ordinaire son crâne, une fille sans histoire Mais son pubis m'intrigue... de quelle importance peut être ma découverte? aurais-je mis au point, sans le vouloir, un procédé d'une haute précision scientifique? Ou tout ça rimait à rien, un hasard tout simplement À combien doit se chiffrer le nombre de « modèles » pour que le hasard n'ait plus cours ou qu'il s'impose comme nécessité? j'avais noté ces mots dans mon journal : un hasard? Je ne crois pas Et pourtant, ce que je donnerais pour que c'en soit un après quelques étirements, la fille se réveille Evidemment, son premier réflexe est de cacher sa petite fente avec sa main Pas besoin de la cacher, elle m'excite pas du tout En disant ça, je fouille dans mon pantalon, en tire une poignée de billets verts, vraiment pas une grosse somme, que je lance sur la table prends ça, habille-toi pis va-t-en elle se fait pas prier Avant de partir, elle se regarde dans le miroir et je sens quelques larmes lui monter aux yeux, mais elle se retient Ca repousse, dis-je, impatient elle sort Et même si ça repoussait pas, si tu savais comme je m'en criss, que j'ajoute dans ma tête
on avait fait une sorte de pari, la fille et moi Elle m'avait abordé en me demandant si j'avais un peu de change Je l'avais invité à ma table et en déposant un dollar devant elle, je lui ai dit : je peux te donner la chance d'en faire pas mal plus, si tu veux ah oui, comment? alors j'ai sorti une poignée de billets de ma poche, cinquante piasses en tout, peut-être, et je lui ai tendu en disant ça pourra te servir de mise de départ Tu sais jouer aux cartes? Anyway, c'est pas compliqué, je t'expliquerai au fur et à mesure je m'allumai un petit cigare, puis demanda à nouveau : alors, tu veux parier ou non? elle avait fini par accepter, plus ou moins convaincue On alla s'installer dans un des coins isolés du bar On s'assit et je sortis les cartes de ma poche Je lui expliquai rapidement les règles du jeu, elle eut l'air de comprendre Bon, commençais-je, combien tu mises en partant? euh..., marmona-t-elle, hésitante, puis, au bout de ce qui semblait être une véritable torture mentale, elle finit par poser un dix sur la table à ce rythme-là, mon cœur, tu vas toucher ta pension avant le jack-pot Bon, on embraye, j'égale ton dix un conseil : pour gagner il est d'abord essentiel d'apprendre à perdre Systématiquenebt, de manière réfléchie La logique de la défaite constitue un élément primordial d'une logique de la victoire, son moteur en quelque sorte alors les premiers tours je l'ai délibérément laissé empocher Elle s'est vite retrouvée avec à peu près six-cent dollars en poche, ça la rendait toute excitée -en ce qui me concerne, juste à point pour foncer Certes, elle aurait pu partir tout de suite et garder l'argent, ça fait partie de la game aussi J'aurais accepté la défaite Mais l'appât du gain facile et surtout l'illusion de contrôler le hasard, font que les gens deviennent vite irraisonnables, irréfléchis Et ma force est là Je double tout ce que t'as gagné, lançais-je subitement cette fois, elle avait hésité pour de vrai « et si je perdais tout », qu'elle devait penser, « mais si gagnais... » Je la laissai se torturer un peu les neurones Je suis patient Surtout quand je connais la réponse ok elle a tout perdu Évidemment Comment avait-elle réellement pu penser qu'elle pouvait me battre J'ai eu de la chance, avais-je dit en forme de consolation elle s'était tu, au bord des larmes, des rêves écroulés tu veux miser encore? lui demandai-je en ramassant les cartes avec quoi? j'ai plus rien, j'ai tout perdu il te reste le dollar que je t'ai donné... non ...ou tes cheveux quoi? tes cheveux Si tu perds, je rase tes cheveux Tu sais, t'étais bien partie... pourquoi tu veux raser mes cheveux? pour dessiner ton crâne, c'est comme le tarôt pour moi, je vois l'avenir des gens sous leur cuir chevelu je laissai un temps passer Mille six-cent dollars, c'est quand même un pensez-y bien Mais tu sembles pas intéressée, je respecte ta décision, disai en me levant et en feignant de partir attendez! Euh... Ok...ok, je mise petit diable, lui souriai-je
c'était un peu froid On a marché jusqu'à chez moi J'ouvris la porte et fis de la lumière excuse le désordre Donne-moi ton manteau après l'avoir retiré, elle me le tendit et je le lançai sur le divan tu veux boire un thé? Du thé Hollandais?... on bu tranquillement Elle promenanit son regard dans la pièce C'est des originaux? pas tous Le Poussin c'est moi qui l'ai peint quel poussin? Poussin Nicolas Poussin Là Bon, à poil maintenant lentement elle commença à se déshabiller, je la rejoins pour accélérer le service On a pas toute la semaine, sors-le ton cul une fois celui-ci à l'air, j'installai le petit diable devant un grand miroir et allai chercher mon rasoir En dix minutes, elle fut complètement chauve, un vrai petit poussin Elle semblait malheureuse Aucune importance est-ce que je peux m'assoir un peu, je me sens toute étourdie?... du menton, je lui ai indiqué le divan Elle alla s'y allonger Au bout d'un moment elle s'est endormie ou plutôt s'affaissée de fatigue, une fatigue toute Hollandaise Alors j'ai commençé à dessiner son crâne Une fois terminé, je l'ai fixé longuement, plutôt déçu, une tête sans histoire C'est à ce moment-là que l'idée m'est venue de lui raser la touffe Ca faisait pas partie de la gageure mais qui s'en souciait? Je lui laisserai un peu de fric, le montant d'une fellation, à peu près Et je pourrais même l'oublier T'auras juste à aller en sucer une au terminus Ou te faire bouffer le petit trou fraîchement rasé par une bonnefemme, à peu près n'importe quoi les excitent les putains Je revins aux choses sérieuses, j'allongeai quelques traits sur le papier Canson, son pubis, une horloge sans chiffre Je pris quelques notes (+ loin, Mady lit) j'arrivais pas à me défaire de cette impression, quelque chose m'intriguait dans le haut de ses cuisses, mais j'arrivais pas à dire quoi Je me levai et allai me faire un thé -sans petite pilule Bien sûr, l'idée m'a traversé le ventre d'aller lui foutre mon pieu dans sa petite ligne d'horizon, mais j'arrivais pas à bander J'aurais dû la raser après, pensai-je
« et même si ça repoussait pas, si tu savais comme j'm'en criss » À l'instant ou cette réflexion m'était revenue, elle venait juste de sortir avec son air de chien battu Ca m'avait donné une idée, une petite inspiration charitable Je suis sorti la rechercher On a remonté l'escalier et je l'ai fait entrer à l'intérieur de nouveau je vais te donner une chance de te racheter, lui ais-je dit en baissant son pantalon qu'est-ce vous faites?... t'inquiète pas, j'ai pas l'intention de te fourrer, tu m'excites pas je te l'ai déjà dit j'ai lançé ses souliers, ses bas et son pantalon par terre, dans le fond de la pièce, puis, je lui ai retiré sa petite culotte à deux sous, style St-Vincent-de-Paul va chercher un de tes bas, lui ordonnai-je voyant qu'elle hésitait, j'usai de la même stratégie, d'une voix forte cette fois : tu veux du fric ou t'en veux pas? Alors, docile, elle alla ramasser ses bas en laine noire c't'agaçcant toutes ces hésitations-là, marmonai-je elle revint avec les deux bas, j'en relançcai un dans le coin J't'en ai demandé un, pas deux Va t'asssoir sur la chaise Elle ne portait que son chandail mauve Elle s'assit et je lui bandai les yeux avec le bas Elle vint pour dire quelque chose mais se ravisa j'organise un tirage, lançcai-je Avec une paire de ciseaux un peu rouillée, je découpai sa petite culotte en morceaux plus ou moins égaux Puis sur chacun d'eux, j'inscrivis un montant à l'encre de chine, ça allait de deux dollars à douze et demi Une fois chaque morceaux tarifiés, je lancai le tout sur la table en lui expliquant, grosso modo, le jeu, sans lui révéler les montants inscrit et lui demandai de piger Quand ses doigts touchèrent le tissu de sa culotte, je vis son front se plisser, elle devait s'attendre à du papier, évidemment Elle piga le zéro, un petit zéro que j'avais rajouté à la dernière minute Je commençcais à penser que cette fille courait vraiment après les emmerdes zéro, annonçcai-je en dénouant le bas derrière sa tête : elle fixait le morceau de culotte dans sa main, puis les miettes sur la table Sans attendre, je lui remis le bas : je te donne une autre chance Pige Mais concentre-toi un peu, merde, pense à des choses positives, je sais pas moi d'un geste lent, elle brassa les bouts de tissu Puis elle sortit le huit dollars et dix-sept sous Je détachai le bas et je la vis jeter un œil intéressé, mais vite déçu c'est mieux que rien, lançcai-je en allant jeter le bas dans le bac à fleurs rempli d'eau sale mon bas... ah, excuse-moi, distraction Je repris le bas et lui relançcai assez raidement, tant pis s'il tombe un peu d'eau sur le plancher, pensai-je, la plus grosse bordée c'est elle qui va la prendre sur le visage et les cuisses Avec sa main elle essuya la terre humide sur ses lèvres Je sortis l'argent de ma poche et lui lançai sur la table accompagné de cette remarque : fais pas trop de folie elle ramassa l'argent et alla récupérer son pantalon et ses runnings dans le coin de la pièce Elle se rhabilla en vitesse et attrapa son autre bas sans le mettre tu veux miser ton pantalon? non elle est sortie
juge! Jeune, je rêvais de devenir peintre, un grand artiste Mais mis à part ma capacité et mon habileté à dessiner le contour d'une tête, aucun talent Niet! Alors j'ai refait le parcours qu'avait suivi mon père avant moi et je suis devenu avocat Puis juge Qu'espérer d'autre quand on a un cerveau purement rationnel? quand tout ce qu'on est, quand tout ce que ça crie qu'on est en dedans, tout ce qu'on peut être c'est un être de raison, codifié, normé? Mais trop de raison finit par nous entraîner dans la perversité, le vice m'apparaît comme l'aboutissement logique de toutes les formes de comportements raisonnables Et ici je tiens à faire une mise au point Le mathématicien, le physicien, le philosophe ne sont pas à proprement parler des êtres raisonnables, les plus grands, j'entends, les individués, si je puis dire, ceux qui pensent dans l'abstrait, je veux dire dans un déséquilibre de concrétudes, leur conception du réel n'a rien à voir avec la raison -ou alors en douce, par la bande disons La raison est une tare, mais pour un grand esprit ça devient un torticoli spirituel, une sorte d.architecture baroque et je n'ai pas cette élasticité pour imaginer des polygones, des intégrales, des bateaux ivres ou de la beauté sur un sexe de femme Je pense, certes, mais je n'en ai jamais déduit mon existence ni celle des autres : mes raisonnements relèvent d'une gravité classique, chaque pensée retombe lourdement dans la norme Quelle utilité aurait le cerveau d'un juge de paix s'il se mettait à tremper dans l'abstraction, dans les marges du code? pourrait-il, en toute honnêteté -car c'est bien de cela qu'il est question ici, l'honnêteté, et celle-ci n'est que la limite de ses moyens, ses normes, et du droit d'en user- pourrait-il... et malgré tout, malgré moi, je ne lui ai donné aucune sanstion, aucune amende, pas même un reproche, à cette fille ce matin Elle m'a reconnu tout de suite quand elle est entrée dans la salle d'audience, elle a juste eu ce petit sourire plein de gaminerie et...quoi d'autre? Pendant que le procureur de la Couronne l'interrogeait, je ne pensais qu'à son pubis rasé, Sinead O'Connor des pauvres! On l'accusait d'avoir violemment agressé un homme âgé -ou était-ce une femme, je ne suis plus sûr La preuve était concluante Alors quand le maillet a frappé le bureau et que j'ai prononcé : l'accusée est libérée, fallait voir la tête du Procureur, des flics et même celle de son avocat Pourquoi ai-je agi de cette façon, pourquoi ai-je eu ce comportement déraisonnable en vertu de la norme? Toujours on m'a considéré comme un individu froid et un tantinet cruel parfois Et cette attitude m'a toujours semblé normale Mais cette fille... Cette douceur, cette naiveté qui l'espace d'un instant montre les dents et revendique une certaine violence : sa violence, sa cruauté opposée au monde, à la vie, un cogito qui éclate, cette anarchie du déraisonnable qui bat la raison sur son propre terrain Même moi je n'arrive pas à comprendre ce que je vais vous dire, mais...il y avait de la poésie dans sa fureur, une sorte de redistribution de l'ordre du monde Voilà ce que je sentais s'opposer à mon autorité mandatée, à mes convictions, à ma raisonnabilité Ce matin j'ai franchi un seuil important, un seuil dissimulé derrière un épais brouillard : je me suis senti incapable et surtout injustifié à la condamner Sa révolte, sa poésie ne sont plus de mon ressort Et ça me revient maintenant, c'était une femme C.était une femme puisqu'elle a prononcé à un moment donné, pendant son témoignage, ça aurait pu être ma mère, choquant non? Ca vous choquent qu'une mère puisse être aussi maladroite quand elle fornique et procrée? C'aurait pu être ma mère et j'aurais pu être sa fille Mais ça qui s'en souci? Soyez raisonnables et condamnez cette mère! avait-elle raison? C'est la question que je me pose Pas tellement en ce qui concerne ce qu'elle a dit sur la mère, mais le type d'argumentation à travers lequel elle échappait à toute normalisation, qu'elle lui échappait À lui Quelque chose en lui s'accrochait à elle Évidemment ses paroles étaient d'abord et avant tout pur cynisme, mais le cynisme est toujours porteur d'une réelle profondeur, ce qui précisément découle du déséquilibre de deux concrétudes, de points de vue opposés comme deux yeux qui créent une perspective... on touche des petites enflûres qu'habituellement on aperçoit pas vraiment Son con... quel est le degré de variabilité de la notion de droit, au sens moral par exemple, d'une personne à l'autre, d'un peuple à l'autre, d'une culture à l'autre? Et d'abord le droit est-il une normalisation culturelle ou personnelle? À quoi se rapporte exactement et de manière précise la notion de droit? Qu'y a-t-il de criminel, de profondément criminel dans un acte jugé tel? Tu ne voleras pas ton voisin qui possède plus que toi Tu ne violeras pas cette femme que tu désires Sur quoi repose l'interdiction, sur quel principe supérieur? et l'érection? Peut-être trahissons-nous la sacro-sainte normalité en se retenant de bander devant une femme Peut-être avons-nous mal décrété quand nous avons décrété la Valeur, l'aliénant à un monde que nous avons nous-même créés, engloutissant le signifiant dans le signifié D'un signifiant, un sexe tendu, nous avons transposé le justifiable dans le réceptacle, retournant ce justiciable en injustifiable Et pourtant, en tant qu'individu raisonnable, je reste fondamentalement convaincu qu'il nous faut « protéger le signifié » De même, grammaticalement, nous devons protéger la tasse du mot tasse, car les mots sont destructeurs de cela même qu'ils nomment, qu'ils violent Les mots sont les délateurs du monde Ce ne sont pas Dieu ou Diable qui nous terrifient mais les vocables qui les appellent, les font advenir à la présence en leur donnant forme sur les ruines du fond Le droit, sur quelles ruines repose-il? et pourquoi y renvoyer le sexe d'une femme, ce sexe qui s'ouvre, se fend? Peut-il y avoir une moralité du fond? la forme, le bien ne sont-ils qu'un fard du fond, du mal, n'est-ce pas le monde qu'il faut condamner? cette mère? et pourtant! peut-être ne suis-je qu'un individu faible, une fausse individualité, moi, homme de raison? La destruction n'est-elle pas préférable au droit qui maintient l'édifice dissimulé derrière les barreaux d'une prison? Le poète ne s'est-il pas affranchi de la trahison, de la forme? ne s'est-il pas donné carte-blanche, une page fuyante ou en vain nous le cherchons? La communication se voit déjouée, interrompue, mise en déséquilibre Aucun consensus préétabli ne peut aboutir, car cette impossibilité de communiquer s'appuie sur une codification inédite, individuée, en excession de sens et exige un travail de déchiffrement Or l'homme moderne, l'homme du droit est devenue un chomeur intellectuel, un chomeur-analyste Celui-ci renonce devant la complexité d'un langage qui innove, qui ruine les codes, les normes consensuels Il nous faut désormais communiquer par le vide d'une non-reconnaissance -wrong number Peut-être a-t-il « raison », Autrement que Raison, le poète, de laisser le monde ouvert, sans pudeur, de lui retirer sa petite culotte morale une fois pour toutes? Demandera-t-il pardon ou acceptera-t-il la punition sans broncher? De nouveau, la transcendance m'arrache au monde, m'interdit de bander En somme, il n'y a aucune problématisation de la conduite d'un individu, mais une simple approche d'identification Une tella approche, qui est celle du droit dans sa pratique, mais aussi bien de toute institution, demeure désindividualisante, dépouillant l'individu de son Unité -fracturée et donc non identité en soi Unité inachevée, inachevable Potentialité active c'est ce qui m'intriguait chez elle : la revendication têtue d'une Valeur sans aliénation au monde, jouant d'égal à égal avec lui Le procureur, les enquêteurs, son avocat, la greffière, les curieux présents dans la salle, moi, tous nous avions l'air d'aliénés, nous étions subitement projetés au coeur d'un théâtre sans coulisses et par sa présence à elle ce théâtre de la Cruauté prenait Chair en consumant les consciences, trop bonnes Artaud aurait jubilé, oui, ici sur cette scène, personne ne savait, ou avait oublié, son texte, aucun ne savait réellement le rôle qu'il y jouait Il n'y a pas d'absolu dans l'être, aurait-elle pu hurler aux côtés d'Artaud, car s'il y en avait un ce serait un crime contre l'humanité, l'humanité humide que je porte en moi seule ! !!!, résonnait en moi L'accusée est libérée
II
après trois coups et un ding-dong, il se décide à aller ouvrir Ca l'a toujours agacé cette effronterie qu'ont les gens de se pointer sans s'annoncer, de frapper comme s'ils allaient sentencer Il tire brusquement la porte vers lui : hi, dit-elle : ELLE La petite fente énigmatique Elle n'est pas seule, une femme, la trentaine environ, l'accompagne mais comme forcée, gênée, mal à l'aise Un sentiment de déjà-vu traverse la tête du juge, puis subitement ça lui revient, elle est greffière à la Cour Qu'est-ce qu'elle vient faire ici, qu'il se demande, et avec cette fille en plus, cette fille que je croyais jamais revoir on peut s'immiscer, demande celle-ci, ou tu préfères amener des chaises sur la galerie? se tassant contre le mur, il leur fait signe d'entrer Un fois à l'intérieur, elles retirent leur manteau et la fille immédiatement va s'assoir sur le divan après avoir ordonner à l'autre de rester debout Celle-ci obéit Qu'est-ce que cette histoire, se demande l'homme de loi vous voulez un thé? pas pour moi Mais madame, sûrement, dit Madyson La fille s'appelle Madyson monsieur le juge part à la cuisine faire du thé pour deux Sans petite pilule Quand il revient dans le salon avec les tasses, Madyson vient d'enlever la chemise et la brassière de la greffière, toujours debout, les seins maintenant bien en évidence Sur le coup, le juge fige légèrement, mais essaie de ne pas trop le laisser paraître Il dépose les tasses sur la table pas de thé pour madame, finalement, décrète Madyson, toujours le dos bien écrasé sur le divan, la jambe croisée, j'ai changé d'idée Tu sais que changer d'idée c'est le plus beau geste philosophique qui soit? c'est échapper à l'attraction de l'être, à la bouse métaphysique Tu sais que j'ai un bac en philo? eh oui, la petite délinquante a un bac le temps file à pas de loup Madyson s'allume une cigarette qu'elle respire lentement on apprend vite à gagner, poursuit-elle, et surtout : à perdre La victoire c'est pour les bons moments Elle aussi elle y a cru, la salope, et p'is pff! on se retrouve à parier ses dernières économies, ses principes, sa vertu... jeux de cartes, quelle charge affective avons-nous ici, monsieur le juge? Cartes Connotation : pari, victoire, domination, humiliation...vagin? sperme dans la bouche?... Et maintenant il est temps de sortir la 55° carte du jeu Elle sort un magnum de sa poche de veston Bon, awèye, à poil, toi, qu'elle ordonne à la greffière bien, maintenant informons-nous du personnel, puisqu'on a pas eu le temps de se présenter, tu t'appelles comment? Moi, c'est Madyson Tu peux m'appeller Mady, si ça te chante Ou pas m'appeler du tout, ça me passe dix pieds par-dessus la tête Charlie Charlie... Un peu masculin, tu trouves pas? Mon vrai nom c'est Charlette, mais je déteste ça Charlette, Chaplinette Rigolo pendant que celle-ci se déshabille, Madyson s'adresse au vide ses aiguilles, ses bas, sa culotte...elle te fait marcher ou c'est de l'amour tout ça? grosse question Vous pourriez aller loin vous deux si t'en faisais ta pute, ta femme à toi, quelq'chose qu'il faut que t'appelles quand ça fait un peu trop longtemps que ça traîne dehors, quelq'chose qui couche chez toi, dans tes dessins à deux sous, tes livres, tes codes, tes prisons, ton lit : toute nue, fourrable à volonté Madyson se lève et va carasser le corps nu de la greffière avec la pointe de son arme depuis tes E-mails toujours achalandés à l'heure de pointe, (je) te baiserai, sans loi, sans pleurs, sans chichis, sans histoires stupides, bourrée de fautes logiques...putain, garce, amante, femme exponentielle jusqu'aux bouts des orteils chaudes des longues et plaintives nuits diverses perdue dans la tempête de tes cuisses J'aime ton odeur quand tu transpires, quand tu te confies à moi, sans retenu Bon, va t'installer devant le grand miroir et envoie ton cul de notre côté qu'on juge T'a trouves comment, juge? elle t'excite ou tu la trouves plutôt nulle? Je suis sûre que tu savais même pas que les greffières avaient une fente sous leur jupe Alors, ta réponse, excitante ou nulle?...moi je sais pas trop, j'hésite...son trou de cul est pas si mal, penche-toi, voir...ouais, pas si mal, il incite à la sodomie, tu trouves pas? C'est pas un cul qui attire le respect tout de suite, en tous cas, on est d'accord? Moi si j'étais juge, probab' que je banderais comme un défoncé et que j'y enfilerais mon maillet entre les deux fesses Coupable! Coupable, la salope! Mais qu'est-ce tu veux, je suis pas juge, même pas phallesifiée C'est pas du Lacan ça?...bof, tiens pas trop compte, je mélange tout tout en faisant cette remarque, elle se dirige vers la greffière et la caresse de nouveau, la tripote serait un mot plus juste Ca te plairait une putain de bonne sodomie, ma chérie, notre petite Charlette à nous, notre petite Charlette qu'est venue à deux doigts de gagner, si seulement elle avait su s'arrêter à temps? Une queue super raide dans le trou de cul ça va te consoler, tu vas voir, ça efface tout?...et ça ouvre des portes quelquefois De toute façon une bonne perdante doit jamais refuser une bonne relation sexuelle Pas avec moi, sure, moi tout ce que je sais faire, c'est des petits paris et emmener une loser pour la distraction du maître Déshabille-toi, toi aussi, qu'elle lance à ce dernier P'is après va chercher ton clipper ces mots résonnent comme un impératif Sans discuter, l'homme de droit s'éxécute Puis, à poil, il revient dans le salon avec le rasoir Approche, qu'elle ordonne, viens frotter ta queue entre ses cuisses Je veux que tu bandes comme un malade Une bonne sodomie, mon coeur, ma fente, lui souffle-t-elle au visage tout en écrasant sa main sur ses seins Dès que t'es en service tu l'encules, lance-t-elle sèchement au mastermallet D'un coup sec honteusement enflé, le juge cale sa bite collante jusqu'au fond du trou de cul de la greffrée Celle-ci pousse un cri oui, c'est bon, charlette, je sais, dit d'une voix calme, Madyson C'est super, c'est comme chier à l'envers, c'est comme si la merde t'expulsait Tu vas en redemander, ma grande, tu vas voir Pis toi, le juge, qu'est-ce t'attends pour sentencer cette saleté de trou? Coupable, la salope, coupable! T'as le clipper? Bon, rase-y la tignasse pis la touffe pendant que tu l'encules au moment ou il commence à raser les poils pubiens de la greffière sodomisée, Mady lui cale trois doigts dans le vagin -c'est pour une saisie, dit-elle avec un sourire-, qu'elle agite violemment Etrange huis-clos, murnure-t-elle Puis, en se penchant légèrement, sans cesser de la masturber, Mady suce la pointe de ses seins, honteusement dressés Hmm, Charlette est toute bandée T'en penses quoi, maître, elle valait la peine ou pas? Voyant qu'il ne répond rien, elle ajoute, fortement agacée : t'en penses quoi, merde, je te demande, tu pourrais répondre, c'est pour toi que j'ai ramené ça rageusement, elle retire ses doigts du vagin de la greffière, puis va ramasser son paquet de cigarettes qui traîne sur le divan et s'en allume une À part le souffle sacadé de Charlette, le silence règne un moment Puis, Mady retourne vers Charlette et, en relevant le menton de celle-ci avec deux doigts, elle dit : comment t'aimes? ça te plaît, ton chum va aimer, tu penses? Tu fais quoi avec un grand miroir comme ça, juge, tu te mires dans ton costume de clown? Bon , that's enough, lance-t-elle subitement en poussant le juge, assez fourré va chercher ton cahier à dessin, pis dessine sa tête On va s'installer au bout, j'imagine que c'est le salon Le juge attrape une chaise, son carnet de croquis et va s'installer devant Charlette, qui se tient debout au fond Quant à Madyson, celle-ci s'écrase dans le fauteuil Personne ne parle, le frottement du crayon sur le papier tient lieu de musique À côté du fauteuil, il y a une petite table sur laquelle, empilé sur le désordre, il y a une télécommande que Mady prend dans sa main Elle ouvre la télé et zappe Puis la referme Toujours la même merde, qu'elle dit en soupirant Alors elle fixe le juge qui semble absorbé par son dessin Puis elle attrape une pile de compacts c'est tout ce que t'écoutes, t'as pas quelque chose de plus consistant, du métal par exemple? Non, évidemment, ça serait pas raisonnable de ta part P'is, qu'est-ce qu'y dit ton dessin? Serial killer? pointant son arme en direction de Charlette, Madyson ajoute on pourrait rendre service à l'humanité, sauver des vies en s'en débarassant, meurtre par prévention Ça dit quoi là-dessus dans le code? non, aucun danger avec elle, dit le juge Tu peux baisser ton arme soudain, d'un seul bond, mue par une quelconque muse céleste, Madyson se lève et va à l'autre bout du studio chercher les bas de soie de la greffière qu'elle plonge dans l'eau sale du bac à plantes et, sans le tordre, revient se placer derrière le juge bras dans le dos, qu'elle ordonne puis, croisant ses poignets, elle ligote ceux-ci solidement sur la chaise à quoi tu joues? demande ce dernier avec lassitude, une grimace de louleur grave sur le visage je t'expliquerai les règles au fur et à mesure, c'est facile, tu vas voir après avoir bien ficelé l'homme de loi, Mady retourne au fond chercher la culotte de Charlette, qu'elle trempe également dans le bac avant de revenir bander les yeux de celle-ci faut bien protéger la pudeur des petites chattes-fourrées, rrrr, fait-elle, feignant de la griffer sur le ventre Tu dois te sentir fatiguée, ma pauvre chouette, viens t'assoir Madyson l'installe sur le divan, les deux pieds sur le bord, les cuisses bien ouvertes Ensuite, avec beaucoup d'efforts, elle pousse la chaise du juge ligoté, après lui avoir arraché le pantalon et le boxer qu'elle lance dans le fond de la pièce, aux pieds de la graphoria dommage qu'on ait pas pris de thé finalement, je suis sûre que Son Honneur apprécierait volontiers un double golden un silence s'installe Madyson retourne sur le fauteuil et les regarde Puis, mi pour elle-même, mi pour les autres, elle commence à parler, presqu'un chuchotement, comme si elle réfléchissait tout haut qu'est-ce que la cruauté? Un acte dérisoire ou de nature métaphysique, plus précisément, peut-on fonder une ontologie à partir de la cruauté? Ne doit-on pas supposer dans les prémisses d'une loi, et dans son éventuelle application, un fait de cruauté, à savoir le plaisir qu'on éprouve à punir l'autre, à le balancer aux oubliettes, à l'abaisser dans l'ordre humain? Autrement comment pourrait s'exercer, s'actualiser cette autorité objective dite de droit? Et voilà l'astuce, on neutralise les émotions, par décret principiel, et les voilà qui se ramènent par la porte-arrière, les émotions de ruelles qui imprègnent toute prétendue neutralité de jugement C'est pas par empathie que les choses se passent ici, mais par sursaturation pathologique, sursaturation propre à tout sentiment de supériorité, émotionnel Faut pas se le cacher, il s'agit pas ici, entre le juge et le jugé, d'un duel opposant une neutralité de Droit à une violence de fait Mais bien de la confrontation factuelle sans merci de deux violences, la notion de droit ne constituant qu'une immunité théorique concernant l'une des parties en cause En fait, il s'agit simplement d'une violence autorisée Le jugé en ce cas tient lieu de réalité, car le juge dénie la sienne propre, son implication émotionnelle dans le réel, càd sa cruauté, en s'autorisant d'une position de neutralité, pour affirmer sa puissance Mais pour assoir celle-ci, pour réaliser cette puissance dans le monde, il doit conférer l'état de réalité, de substantialité, en soi, à sa « victime » : la réalité du droit, c'est le fait Dès lors, le soi dominant se substantifie dans un simulacre de soi assumé par l'autre, doublure oú il se réalise objectivement Autrement exprimé, le Soi idéal, immunt, principe fondateur de toute violence autorisée, entends réaliser l'idéalité du droit en désubstantialisant sa propre réalité pour la resubstantialiser en l'autre, le jugé, mais au plan métaphysique Ce que les philosophes désignent par le terme Être n'est rien d'autre que cette breloque, cet idéal Voilà à leurs yeux ce qui est : condamner, c'est faire la fête C'est une trangrssion du principe de réalité dans le principe de plaisir Or, au niveau d'une ontologie, quelque peu défaillante, je l'accorde, le {soi} ouvre sur un devenir-Réel irréductible Non pas avènement du Réel en soi, car le Réel n'est jamais donné en soi, il reste toujours à construire, se tient la corde raide sur nos tempes imbénies, il {est} acception du réel en retrait de toute idéalisation, de tout simulacre, de toute mascarade Vous êtes bien silencieux tous les deux de nouveau, un bref silence s'installe, Madyson grille une cigarette Puis elle poursuit Tu apporteras aux hommes, certains hommes, la reconnaissance de leur peccabilité, de leur nature profondément inférieure, ça serait pas dans les dix commandements ça? Peut-être ben Mais pas ceux que tu penses De toute façon je te l'ai dit, faut pas t'en faire, je mélange tout « Tu ne voleras pas » Non, bien sûr, mais reprends au moins ce qui t'appartient « Tu ne voleras pas » Alright! Et les voleurs d'âmes, hein, mon ami, on fait quoi avec les voleurs d'âmes? tu répondrais quoi à ça en prose juridique? brusquement elle se lève et se met à marcher d'un pas lent dans la pièce en scandant, avec un calme excessif : bang, bang, bang Seules les éternelles âmes supérieures seront sauvées Bang, bang, bang alors s'arrêtant devant le juge, Madyson s'accroupit en posant ses coudes sur les genoux de ce dernier : je sens que je vais me mettre la société à dos Et alors? Qu'elle se retourne ta société, je vais lui enfoncer mon gode dans le cul Ta société! Ça dit quoi là-dessus dans ton livre de chevet? Nulle sodomie ne sera pratiquée sur le corps social? Nul ne peut fourrer la société à moins d'être une corporative reconnue? Le petit orifice corporatif, c'est excitant ça! Tu sais, un petit rasage corporatif ça serait pas une mauvaise idée ça, y a tellement de poux là-dedans Madyson se relève et se remet à marcher en tournant autour du juge Aimez-vous les uns les autres! Mais où se cachent les uns et les autres qui vaillent la peine qu'on les aiment, toute la peine qu'on les chérissent, qu'on les entretiennent comme des putes? On prétend sauver les hommes mais quand on réalise, bien assez tôt, qu'ils sont insauvables, impraticables, on retourne l'arme contre soi et on s'accorde une pause-rédemption, laissant les tyrans seuls et bien vivants Du terrorisme à pile ou face Le crime aboli, ne reste qu'une liberté purgative disant ces mots, elle pose son arme sur sa tempe et dit, d'une voix à peine audible : pile, puis le posant sur la tempe du juge : ou face..., le temps séjourne dans l'ennui du temps, les secondes se mirent dans les minutes aux heures de grands questionnements, ajoutant, d'une voix encore plus faible, à l'oreille de pile, je t'en prie, mon amour, aide-moi à irréaliser mes rêves, j'ai tant besoin d'impératifs pour m'épanouir convenablement avec un sourire félin vissé dans le regard du juge, Madyson prend le pénis de celui-ci qui, rapidement, se tend effrontément Wow! quel rocher je tiens-là dans ma main -mais par-dessus tout, j'aime l'odeur du trou de cul d'une putain de la justice L'existence d'une femme finalement ça se résume à quoi? on pousse toute sa vie cette douloureuse roche et quand elle retombe, ils nous incombent à nous, faibles créatures, ils nous succombent de la relever, de lui redonner sa dignité à ces mots, elle se relève et va caresser les seins de la greffière Mais tu sais quoi, Charlette? il faut imaginer la femme heureuse Puis, Madyson pose sa bouche sur un des pieds de Charlette avant de retourner s'assoir si on me donnait le droit à la confession, je serais juge, je jugerais, mon ami, je fouetterais, je condamnerais et après une heureuse confession où enfin mes vices, mon foutre et mon irrationnalité incorrigible seraient assouvis à leur juste valeur, je pardonnerais Dans l'acte de juger je me désubstantialise en l'autre, je m'autoconfesse...ça se dit ça, juristement parlant, j'entends?... T'as rien à me dire? Allons, mon amour, mon Autre, tu peux tout me dire tu sais À voix basse, elle ajoute en fixant toujours le juge dans les yeux, elle t'excite, cette nana, non? ou peut-être que c'est mon cul à moi que t'aimerais bien te faire? Allez, baise-moi à frais virés, masturbe-moi de la main gauche, la prude, l'inexpérimentée en disant ces mots, Madyson va ramasser la petite cullotte de la greffière qu'ensuite elle frotte sur le visage du juge la petite culotte noumétique, le secret de l'Être et dès déballé se désêtre en {soi} pour-nous, juste pour-nous Se croire essentialisé, immuable, immunt : juge O Boy! DIRE, puisque rien n'est jamais DIT...l.imprimerie a inventé le mensonge, la Bible, quelles en étaient les ratures, la graphie?... Les pharisiens se méfiaient des graphologues, tu savais? Le pour-soi, cette maladie du Noumène qui le possibilise à l'infini en le désubstantialisant, où Dieu n'est plus qu'une possibilité parmi d'autres Pas de dialectique là-dedans, aucune place pour la Rédemption hégélienne Chez Hegel, tout est aliéné à la Rédemption, au Jugement dernier philosophique : moi je veux pas qu'on m'excuse, je veux qu'on me baise ferme en me serrant dans mon prénom, m. le juge sur ce, elle se lève et de dos au juge elle descend son jeans et sa culotte Réponds, c'est mon cul à moi que t'aimerais défoncer ou tu préfère celui de ta pute du Palais? Mais non! Quelle importance! La faiblesse d'un sexe de femme en échange de la faiblesse d'un sexe de femme, quelle nuance, ma foi!? Par contre, tous les rochers ne s'équivalent pas tous, certains ont plus de poids, de vrais tremplins sociaux Mais ça aussi ça fait parti du châtiment On s'en rend pas toujours compte, hélas! Ou trop tard! Un coup vidé, je dirais soudain, Madyson retire ses runnings, ses bas, son jeans et sa culotte, puis, d'un coup sec avec le pied, elle renverse la chaise du juge qui se retrouve sur le dos, toujours ligoté, en poussant un faible cri de douleur Alors, s'installant, debout, au dessus du visage de l'homme de loi, Madyson lui fait un long golden shower avant de le remettre sur pied sur sa chaise J'avais envie, dit-elle, je le voulais en fait et le fait mène directement au Droit Question de volonté Ma volonté, bonne ou mauvaise? à toi de juger Ma mystérieuse Volonté...n'est-elle qu'expiatoire? ou ne veut-on pas dans la vie autre chose que son malheur et celui des autres? Réponds-moi Daigne me répliquer, toi qui sur le crime en sait plus que le criminel lui-même, qui va plus loin que le meurtre : jusqu'à son jugement Tu sais les crimes mieux que moi, mieux que nous, qui tuons par amour Seigneur, je t'aime et je te crucifierais encore et toujours parce que ton Pardon m'est essentiel J'ai besoin de ta Douleur et de tes Lèvres sur ma conscience Déshabille-moi, fais-moi l'Amour, la Haine Reproche-moi ce que je suis, une Volonté errante Expie-moi Gifle-moi Je veux sentir Ta colère dans mon ventre, la Tienne, pas celle de ton Père Monsieur le juge, je vous en prie, je vous en supplie, sentencez le Père, sentencez-Le... Par quelle implacable transcendance Votre vertu se justifie-t-elle et s'applique-t-elle, bienheureuse, au-dessus de mon crime, de ma Volonté, de mes Vices? Et si Votre vertu était le Crime suprême? Que j'aime Votre érection Sa franchise Son audace Elle vous tente cette fente, cette comparaison, cette conftontation toute féminine, hmm? ce partage de deux mondes? Ça paraît Vous avez jamais pensé à procéder à poil, après tout, la justice c'est un événement public? un choc à tout coup elle se tourne alors du côté de la greffière et va vers elle puis, prenant la main de celle-ci, elle l'étampe sur l'icône humide en lui intiment l'ordre de se masturber Y a tant de résidus moraux dans le branlage, c'est ce qu'il faut combattre L'homme veut jouir réfleximent, dominer ses tensions sexuelles, mais le désir {est} en-deça de toute réflexion, décapons, décapons toute cette merde réflexive, la vraie jouissance est amorale, irréfléchie : ontologiquement féminine, sans Être, sans limite, sans mesure Insulte-la, juge, traite-la de salope, dans l'insulte tu trouveras un apaisement, un cri solitaire et sans effort Saluons la beauté à travers nos insultes et nos blasphèmes, juge, bien à l'abri de toute offre morale, juridique Madyson crache sur le ventre de la greffière en l'allongeant sur le divan de cuir Puis, retirant son chandail, entièrement nue elle s'installe en sixty-nine Pissons, qu'elle dit en frottant violemment son pubis sur les lèvres de la greffière tout en calant sa langue dans le trou de celle-ci Laissant tomber toute retenue, Madyson pisse dans la bouche de Charlette qui à son tour urine sur la langue de sa dominatrice notre plus grande victoire sur la nature, c'est de s'y soumettre, de dire oui à la souillure, l'espérer même dans un abandon irraisonnée et sans histoire reprenant légèrement son souffle, elle poursuit : nous savons transfigurer l'offre divine en refus catégorique et en jouissance Nous disons non à cela même où nous nous enlisons et en tirons notre profit Il faut savoir regarder la route boueuse et s'y enfoncer sans réfléchir dans un OUI mourant, sale, aux portes de l'Absolu, et qu'aucun non ne peut venir freiner Ce qui m'irrite dans l'acte de juger, continue-t-elle, tout en ne cessant pas de frotter sa fente sur la bouche de Charlette, c'est pas l'indication d'une culpabilité modelée sur et par ce qui la renie, mais la reconnaissance suppositoire d'une Valeur dite unique Pourquoi condamner un cri au nom d'un Silence? Écoute écoute cette plainte / souffle ontologique/ d'une femme quand elle se sent venir, n'est-ce pas merveilleux, n'est-ce pas mille fois mieux que le Verbe? Quand on déshabille une femme, cher ami, il faut d'abord lui retirer sa morale, doucement, en douce, et la jeter aux ordures après l'avoir soigneusement repassée et pliée, car tu dois respecter ce que tu retires d'une femme puisqu'après, mais après seulement, tu pourrars l'habiller de ton mépris avec dignité Elle sera ton alliée C'est ce que tu sais pas faire toi, m. le juge Regarde comme j'ai su la dévêtir, admire comme j'ai su l'installer devant nous vraiment nue Elle n'a plus rien Rien du tout Et elle ne veut plus rien autre que ce que nous lui offrirons Qu'est-ce que t'as à lui offrir? est-ce sincère cette érection? brusquement elle se relève et pointant de l'index le sexe en érection du juge, elle demande : est-ce raisonnable, ça? Réponds Est-ce raisonnable?
III
un matin en décembre, il y a environ trois ans, il m'avait semblé avoir mis au point tout à fait par hasard une méthode efficace pour déterminer le degré de raison présent dans chaque individu Cette méthode se basait essentiellement sur le tracé d'une ligne continue qui découpait le crâne d'un homme ou d'une femme à l'âge adulte -enfin je n'avais jamais dessiné d'enfants J'ai donc esquissé des milliers de crânes, individus aperçus sur la rue, à la caféteria du Palais de justice, à la télé, dans les revues, vedettes de cinéma, etc., puis j'en étais venu à développer ce que j'appellai une « échelle de raisonnabilité » sur laquelle, après analyse, je pouvais déterminer, avec assez de justesse, le niveau de raison où classer un individu En toute modestie, je me permets de souligner que j'étais merveilleusement échelonné Mais j'ai voulu aller plus loin, en savoir plus et ce que j'ai découvert depuis m'empêche de dormir Je mange mal, dors mal et mon travail s'en ressent il m' arrive souvent de repenser au patron d'une petite boîte que je fréquentais alors et qui avait toujours eu le crâne nu comme un œuf Cent fois j'ai dû dessiner les contours de son crâne chauve et j'avais constaté chez lui un potentiel de raisonnabilité, de rationnalité très élevé -c'est du reste quelqu,un qui avait assez bien réussi dans son domaine Par contre, un matin, ce modèle de raison met la clé dans la porte de son bistro et sort assassiner dix-neuf personnes, triées au hasard, en plein centre-ville Je me suis demandé alors comment un homme aussi raisonnable peut-il en venir là? M'étais-je trompé dans mes évaluations? J'ai alors rassemblé toutes les ébauches et toutes les études que j'avais réalisés sur sa « ligne de raison » et là, à ce moment seulement, ça m'a éclaté en pleine face : au fil des ans, cette ligne avait la nette tendance à se durcir, à crochir, si je puis dire, formant une sorte d'arète baroque sur les côtés Le lendemain, tôt, je me suis rendu à la prison pour leur demander de m'amener une dizaine de prisonniers jugés dangeureux (pour la plupart des seriel killer), au crâne rasé En échange d'un peu de poudre ils m'ont laissé les desssiner La réalité était là, bien évidente, devant mes yeux : tous présentaient une « ligne de raison » presque parfaite et surtout, cet espèce de durcissement baroque sur les tempes, cadrant les yeux intéressant, remarque Madyson, avant de continuer la lecture à voix haute du cahier de notes du Juge en comparant plus tard avec d'anciennes photos l'évolution de cette ligne, il ne me restait plus qu'à me rendre à l'évidence : toutes avaient considérablement durcies, comme celle de mon ex-ami, le patron du bistro inutile de vous dire que m'étant classé moi-même très haut et avec tous les honneurs dans ma petite échelle de raison, je portais fièrement, depuis plusieurs années. La tête rasée Cela m'a pris du temps Beaucoup de temps Mais un matin, un matin comme les autres, j'ai installé un miroir sur la table de cuisine et j'ai tracé les conteours de mon crâne Jamais je n'aurais dû Ma « ligne de raison » avait nettement durcit, tellement que j'avais l'impression que ma tête se compressait dans un étau Suis-je un criminel soudain démasqué? C'est alors que j'ai laissé repousser mes cheveux qui depuis traînent sur mes épaules C'était ça ou la chirurgie moi qui croyais que t'étais un ancien hippie fraîchement débarqué du Viet., dit Madyson avec une pointe d'ironie Puis, sautant plusieurs pages, elle s'arrête sur ce passage qu'elle lit à voix haute toujours la fille était toujours allongée sur le divan, à moitié endormie Je me suis mis à fixer sa chatte, son pubis, qu'est-ce qu'il avait de particulier? Et sa tête? une tête sans histoire Alors je me suis levé en détachant mon pantalon et je suis allé m'installer au-dessus de sa p'lotte J'ai pris sa main et je me suis masturbé Quand elle a senti le sperme tombé sur elle, elle a faiblement murmuré quelque chose, je crois qu'elle disait Père, pardonne-leur, car ils savent ce qu'ils font, ils le savent fort bien puis, sans raison apparente, après avoir laissé le cahier s'écraser par terre, elle demande tu connais Smith et Hichcock? In cold blood? C'est hallucinant de voir à quel point les acteurs ressemblent aux originaux Moi je trouve que Smith a quelque chose de fascinant, l'autre est plutôt nul En revanche son sens de l'humour est succulent La nuit avant d'être légalement assassiné, le garde lui dit : ça va être ta nuit la plus longue, j'imagine?... Non, la plus courte, qu'il répond Une pause Comment disait Truman, le flic, déjà en parlant des meurtres...une erreur psychologique C'est comme toi, au fond, je crois que t'as commis une erreur juridique Maintenant y est trop tard pour revenir en arrière, le métro est en marche Merde, plus de cigarettes, je pense que je vais accepter ton offre finalement Elle ramasse le veston du juge sur le sol et fouille dans la poche, en sort un petit étui rouge, l'ouvre et saisit un des minces cigares entre son pouce et son index ses gestes sont effectivement empreint d'un certain raffinement, d'une certaine classe je sais ce que tu penses Fis-toi pas trop à l'apparence, erreur économique, you know? Ce que je suis vraiment dans le fond de moi, c'est une snob Je te regarde de très haut, monsieur le juge Et toi aussi la corneille On est pas du même monde en disant ces mots elle se lève et marche de nouveau dans la pièce, nue, grillant son cigare Le juge ne peut s'empêcher de constater qu'effectivement cette fille possède une classe naturelle...si on la déshabille, je veux dire si on bypass son allure défroquée... -elle semble en perpétuelle rupture avec l'image qu'elle projette, elle ne fait pas motif, je veux dire, comme un portrait sans motif toujours en marchant, elle continue ses confidences je pourrais être une épouse parfaite, fidèle, amoureuse, sexuelle quand on l'exige, hypervicieuse, c.est dans ma nature Ce que j'aimerais c'est un intellectuel, un vrai, pas une coquerelle d'université qui sent le muffin ranci Un vrai intellectuel, avec ses angoisses, ses doutes : quelqu'un qu'y a des raisons de douter, parce qu'il est réellement quelque chose, parce qu'il a réellement quelque chose C'est quoi toi, ton savoir, monsieur le juge? Un code Des valeurs générales flottantes Une recette que tu suis à la lettre Et on te donne deux-cent mille par année pour ça ! Quelle générosité ! Sans oublier le parking à tarif réduit, quand qu'y a des frais, évidemment Même ton mariage, si tu te décidais, serait juste une question de principe Anyway, à deux-cent mille pesos par année, c'est pas les latrines qui manquent Erreur éthique Mais t'es honnête, ta femme le sait Elle est idiote c'est tout, d'avoir cru que ça pouvait être différent Toi au moins t'as toujours su Comme tu l'as dit, je suis pas marié, lui fait remarquer le juge No, sure Divorcé, peut-être? Ou veuf? hmm intéressant ça Ou laisse-moi deviner : t'as pas pu trouver?... Comme c'est de valeur C'est de valeur, hein, la suceuse? Réponds quand je te parle ou j't'étripe c'est de valeur, marmone la greffière, la tête penchée vers le sol pis toi, t'es mariée? non, répond-elle faiblement évidemment, pourquoi s'en taper juste un quand on trempe dans le milieu Mais avoue que t'espère quand même... Un jour peut-être une pause moi, je sais pas, ce que je veux est tellement rare J'ai eu une copine dans le temps, mais sa fente me convenait pas vraiment elle s'assoit en croisant la jambe avec beaucoup d'élégance Puis d'une voix fuyante, comme émanant d'ailleurs, de la pièce du fond peut-être, elle entame de mémoire un extrait de Tendre est la nuit de Fitzgerald : « Peut-être cinquante pour cent de nos amis et parents vous diront de bonne foi que c'est ma boisson qui a rendu Zelda folle, l'autre moitié vous assurerait que c'est sa folie qui m'a poussé à la bouteille Aucun de ces jugements ne signifierait grand-chose Ces deux groupes d'amis et de parents seraient tous deux unanimes pour dire que chacun se porterait bien mieux sans l'autre Avec cette ironie que nous n'avons jamais été aussi amoureux l'un de l'autre de notre vie Elle aime l'alcool sur mes lèvres Je chéris ses hallucinations les plus extravagantes » Ça c'est un couple! elle se tait un long moment, si une mouche volait dans la pièce on pourrait entendre battre son coeur l'amour le plus intense a toujours son envers tragique, ajoute-t-elle, toujours de la même voix fuyante et absente, c'est ce qui fait toute sa beauté et sa force Il est précisément, selon les principes mêmes de Fitzgerald, « démolition et création » C'est très nietzschéen aussi Les amants renouvellent constamment leurs liens spirituels au bout d'un long silence, plus chargé que le premier, Madyson aperçoit une guitare dans le coin du salon c'est à toi, monsieur, la guitare? Je pensais que les juges lisaient que des dossiers Tu permets? ne laissant qu'une des lampes allumées, prenant une pause concentrée, elle se met à chanter sous le « projecteur », les yeux fixés au loin « Tender is the night... » Puis, s'interrompant, elle murmure ces mots pour elle-même, « une épouse parfaite, ta pute, ta femme exponentielle, mon amour, mon amour » tu me fais marcher ou c'est de l'amour ce machin raide? demande-t-elle en fixant la queue bien enflée du juge On pourrait aller loin si j'étais ta femme, ta légale, quelque chose que t'appelles quand ça fait longtemps que ça traîne dehors, quelque chose qui couche chez toi, dans ta paperasse, tes traîneries, tes meubles, tes draps, tes prisons, nue après un petit sourire, elle dit : bon, c'est l'heure des visites, je pense En disant ces mots, elle pousse la chaise du juge en ordonnant à la greffière de s'écarter sur le bord du divan Ensuite elle attrape le pénis en érection du juge et le frotte sur le vagin de la fille Allez, fous-la Baise-la au boutt, la putain Puis, comme pour elle-même, Mady poursuit le viol {est} cette rencontre dans la Chair d'un Autrement Oui, accusé dans son acte mais blanchi dans la pluralité de son geste, de sa gifle amoureuse, où l'éthique de nos excuses nous pousse au crime Ton sexe, Madyson, {est} toujours le premier visé du doigt : vivre, c'{est} dé-penser, lapider Depuis ton Mail toujours achanlandé à l'heure de pointe, {je} te fracturerai, sans loi, sans pleurs, bourrée de fautes logiques...putain, épouse, garce, amante, femme exponentielle jusqu'aux bouts des orteils chaudes des longues et plaintives nuits diverses entre deux cuisses Mady sourit en regardant le juge pénétrer la greffée « Père, pardonne-leur! Car ils savent ce qu'ils font, ils le savent fort bien! », sentence-t-elle Intimité de moins en moins intimes, se frôlant. se respirant, se fracturant Puis brusquement, à l'instant où la jouissance se répend dans les veines, Mady pose son pied sur l'épaule de l'homme de loi, et le repousse au sol Un violent choc s'imprime dans le dos du juge qui souffle péblement tout en déchargeant, dosant plaisir et douleur Qui est condamnable en ce monde, la putain ou le papa? demande-t-elle Madyson, après s'être rapidement habillée, va à la cuisine et revient avec un couteau -après avoir en passant ouvert la radio (Runaway train) tu m'as fait vraiment mal, monsieur le juge, qu'elle dit en ramassant son sac je suis désolé, Madyson c'est trop facile d'être désolé, ça s'oublie vite les désolations....un miracle arrive que quand un dieu refuse de s'expliquer, en ce qui me concerne je me suis amplement expliquée donc je suis pas un dieu, donc no miracle Notre histoire d'amour s'achève ici, fini le jeu de la séduction...sé-duction qui vient du latin seducere qui signifie séparation, saignée, adieux M. le Juge, c'est ici qu'il faut nous fendre le coeur elle caresse le couteau puis le laisse tomber sur le sol -détache-le ou tue-le, j'en ai rien à foutre- qu'elle dit, avant de partir pardonne-moi, Madyson, pardonne-moi impossible Du reste, pourquoi renierais-tu l'Ordre que t'incarnes? T'as agis avec Justice, j'ai eu ce que je méritais. t'as aucune explication à me donner. Tes motifs ne me concernent pas, qu'elle dit en sortant, à l'instant où la greffière chauve ramasse le couteau, ma mission était de sauver le monde Voilà qui est fait (Runaway train)
deux jours plus tard, deux ados qui foxaient l'école, aperçurent le corps d'une jeune femme sur la plage, égorgée monsieur le Juge prit place sur son pose-cul, devant le regard admiratif de la nouvelle greffière
in) tu m'as fait vraiment mal, monsieur le juge, qu'elle dit en ramassant son sac je suis désolé, Madyson c'est trop facile d'être désolé, ça s'oublie vite les désolations....un miracle arrive que quand un dieu refuse de s'expliquer, en ce qui me concerne je me suis amplement expliquée donc je suis pas un dieu, donc no miracle Notre histoire d'amour s'achève ici, fini le jeu de la séduction...sé-duction qui vient du latin seducere qui signifie séparation, saignée, adieux M. le Juge, c'est ici qu'il faut nous fendre le coeur elle caresse le couteau puis le laisse tomber su
the microphone on? It's my new lost song / ...j'touvre plus les mots, ma baudelairienne, dans le désordre de tes pensées, la pyramide de mes caresses / quelque chose qu'on a oublié / au café / de nos détresse// chorus : mon anal-phabètes / mon hiéroglyphe, mon mets chinois / prends garde, je tiens à {tois} / mon anal-phabètes / mon barbouillage, la femmes que je veux garder / prends garde : je vais t'épouser / t’épousseter/ te dépenser dans mon litr le sol avant de partir pardonne-moi, Madyson, pardonne-moi impossible Du reste, pourquoi renierais-tu l'Ordre que tu incarnes? Tu as agis avec Justice, j'ai eu ce que je méritais. t'as aucune explication à me donner. Tes motifs ne me concernent pas, qu'elle dit en sortant, à l'instant où la greffière chauve ramasse le couteau, ma mission était de sauver le monde Voilà qui est fait (Runaway train) XXX jeux de cartes, quelle charge affective avons-nous ici, monsieur le juge? Cartes Connotation : pari, victoire, domination, humiliation...vagin? sperme dans la bouche?... Et maintenant il est temps de sortir la 55° carte du jeu Elle sort un magnum de sa poche de veston Bon, awèye, à poil, toi, qu'elle ordonne à la greffière bien, maintenant informons-nous du personnel, puisqu'on a pas eu le temps de se présenter, tu t'appelles comment? Moi, c'est Madyson Tu peux m'appeller Mady, si ça te chante Ou pas m'appeler du tout, ça me passe dix pieds par-dessus la tête Charlie Charlie... Un peu masculin, tu trouves pas? Mon vrai nom c'est Charlette, mais je déteste ça Charlette, Chaplinette Rigolo à insérer plus haut/// si l'homme revendique son innocence alors Dieu est coupable L'homme, l'homme révolté, dans un athéisme implacable, va accuser Dieu dans un geste théiste cynique, soléciste et par la culpabilité reconnue de Dieu, s'écrier avec Yvan Karamazov « tout est permis », par ce cri l'homme n'a plus de limite, toute morale, toute Loi demeurent à jamais impuissantes : cependant l'athée demeure inexorablement enchaîné, assujétit à ce rapport d'autorité avec lequel il fait système Or, c'est précisément à un renversement de cette position que nous convie le protagoniste tragique, car c'est à lui désormais que revient le devoir -{non}-positif- d'innocenter Dieu, le Père, le Destin, en assumant la Faute, déchargeant ainsi Dieu, le Père, la Fatalité céleste de toute culpabilité Reconnaissant la méchanceté du Créateur, la créature criminellle accepte Sa sentence en justifiant cette méchanceté dans une implacable logique de l'Enfer, inversant. ou mieux : excédant ce qui, chez l'athée, rend toujours possible une Rédemption, un rachat Excès qui vient rompre, ou distordre, cette symétrie dans un « rapport » de dyssémétrie Il ne s'agit plus ici d,une relation de substance à substance mais de virtualité à une actualité pulsante, toujours s'excédant en se désubstantialisant pour se recréer dans le même geste Madison se lève de nouveau et de nouveau va s'accroupir devant l'homme de loi, appuyant ses coudes sur les genoux de celui-ci Alors, M. le Juge, poursuit-elle, je te repose la question, lequel doit-on innocenter de toi ou moi, lequel de nous deux doit reconnaître sa cruauté et la revendiquer? Si je suis revenue, M. le Juge, c'est pas pour une plate vengeance mais précisément pour te disculper de ta méchanceté, pour te sauver, parce que tu es et tu resteras mon Père, mon Bourreau et moi ta victime, ta fille, dit-elle en l'embrassant sur le front Accepter son Destin, c'est se responsabiliser, prendre à sa charge ce qui est hors de nous, en {nous} Autrement que nous, en-deça même de ton Autorité, de ta Loi Et cet en-deçà est, {est} le non-lieu, lieu Vide, {non}-positif d'où émerge le cri de l'innocence bafouée, actualisant l'accusation (chez l'athée par exemple, l'accusation est de mauvaise foi car l'athée maintient le coupable tout en niant l'existence de l'accusé), cri de la non-culpabilité bafouée à charge contre le Créateur et cette accusation depuis l'en-deça de l'Autorité ancestrale vient constituer son essence Ainsi le tragique devient le lieu Vide d'une déessentialisation, d'une désertion : l'essence est toujours déjà passée, jamais actuelle (sauf dans la mauvaise foi qui relève du monde et demeure extérieure à la tragédie : l'athée n'est pas tragique, c'est un simulateur) Seule la culpabilité peut prendre forme, voiler l'innocence d'un visage, celui du Bourreau ou celui de sa victime dans un décentrement d'être, dans une distance infinie, le Juste rejoint son être propre. être {non}-positif, déserté, pur devenir-Être Substantifiant le Passé, l'innocentant, il se désubstantialise pour se recréer à chaque instant : coupable, il n'a plus d'essence, sa culpabilité reste toujours à refaire, le Mal doit régner, de là dépend l'innocence divine, du Père, du Juge après une brève pause, Madyson ajoute : j'accueille en moi ta Faute en toute lucidité, ma lucidité est de te voir tel que tu es en t'exantant du péché que désormais j'assume Dieu est devenue un vagin, Dieue, c'est nous qui engendrons le monde Nous devons refuser le Pardon, car y consentir, c'est vouer le monde à sa perte : l'assentiment au Pardon est le pire crime contre l'humanité...alors une dernière fois, je te pose la question, dit-elle en posant de nouveau son arme sur la tempe du juge : toi..., puis sur sa propre tempe, ou moi? (dans un décentrement d'être, dans une distance infinie, il rejoint son être propre. être {non}-positif, déserté, pur devenir-Être ) (substantifiant le Passé, l'innocentant, il se désubstantialise pour se recréer à chaque instant : coupable, il n'a plus d'essence, sa culpabilité reste toujours à refaire, le Mal doit régner, de là dépend l'innocence divine, du Père, du Juge)
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LE PARI nouvelle
la nuit, inhabilement tombée, et comme toujours à l'insu des clients, titubait de coin en coin à l'intérieur du bar adjacent au Palais de Justice situé en plein quartier des affaires, où juges, avocats et accusés pactisaient Les rires, les propositions et les verres, comme chaque soir, suintaient bruyamment Passé une certaine heure et un certain taux d'alcool, les gens ont une sale tendance à oublier leur position tout en maintenant, essayant du moins, par mandat vocatif un certain standing : de la gélatine humaine, voilà tout ce qu'il restait à cette heure sous l'astre nocturne : une fondue lunaire à une des tables on joue aux cartes, à l'autre on se frotte explicitement tandis qu'à l'écart on se plonge dans les gros titres du matin au fond, une fille va s'assoir près de la table d'un juge aux cheveux plutôt fournis qui vient d'étaler des cartes sur la table, comme s'il s'apprêtait à exécuter le clou de son spectacle En jetant un oeil rapide en direction de la goth , il lui demande si elle sait jouer dépend quel jeu, paquet voleur? viens Viens t'assoir devant moi Impossible de dire si c'est un ordre ou une invitation en fait, c'était un peu les deux Le juge, c'était moi
I
au début ça ne voulait rien dire Un jeu Juste un jeu Un passe-temps J'aimais tracer les contours d'une tête, saisir les plus légères variations d'une à l'autre C'est seulement après, beaucoup plus tard, après être tombé sur des photos de grands tueurs en série que je m'amusai à reproduire, que j'ai commencé à faire des constats, des comparaisons plus poussées Et ce qui m'a le plus effrayé alors, c'était la justesse de celles-ci, leurs précisions infaillibles : absolument infaillibles évidemment, à l'époque ou je suivais mes cours de droit, on avait un peu touché la criminologie Mais tout ça c'était loin quand j'ai commencé à dessiner Du reste, au début mes ambitions étaient plutôt artistiques, j'étais plus inspiré par Mark Prent que par les thèses morphologiques de Lombroso j'ai jamais eu les cheveux aussi longs, ça prend une éternité pour les sécher pis j'hais ça Une grosse perte de temps Et la barbe! Quelle horreur pour le moment, elle dort sur le divan, ses jambes sont longues -son pied gauche traîne presque sur le sol, comme prêt à se lever...ou à fuir (s'écartant dans une magnifique gestuelle solépciste Mais le fait que son pubis soit complètement rasé rend son sexe moins excitant Moins humain, moins bestial Pas excitant du tout, même Aucune cachette Une petite exclamation juste en haut des cuisses Elle est belle quand même, juste pas excitante Quand elle va se réveiller j'y dirai de s'en aller Je jette un œil sur mon dessin, je viens de dessiner le contour de son crâne, à elle, la fille au crâne rasé Au crâne et au pubis rasés Plutôt ordinaire son crâne, une fille sans histoire Mais son pubis m'intrigue... de quelle importance peut être ma découverte? aurais-je mis au point, sans le vouloir, un procédé d'une haute précision scientifique? Ou tout ça rimait à rien, un hasard tout simplement À combien doit se chiffrer le nombre de « modèles » pour que le hasard n'ait plus cours ou qu'il s'impose comme nécessité? j'avais noté ces mots dans mon journal : un hasard? Je ne crois pas Et pourtant, ce que je donnerais pour que c'en soit un après quelques étirements, la fille se réveille Evidemment, son premier réflexe est de cacher sa petite fente avec sa main Pas besoin de la cacher, elle m'excite pas du tout En disant ça, je fouille dans mon pantalon, en tire une poignée de billets verts, vraiment pas une grosse somme, que je lance sur la table prends ça, habille-toi pis va-t-en elle se fait pas prier Avant de partir, elle se regarde dans le miroir et je sens quelques larmes lui monter aux yeux, mais elle se retient Ca repousse, dis-je, impatient elle sort Et même si ça repoussait pas, si tu savais comme je m'en criss, que j'ajoute dans ma tête
on avait fait une sorte de pari, la fille et moi Elle m'avait abordé en me demandant si j'avais un peu de change Je l'avais invité à ma table et en déposant un dollar devant elle, je lui ai dit : je peux te donner la chance d'en faire pas mal plus, si tu veux ah oui, comment? alors j'ai sorti une poignée de billets de ma poche, cinquante piasses en tout, peut-être, et je lui ai tendu en disant ça pourra te servir de mise de départ Tu sais jouer aux cartes? Anyway, c'est pas compliqué, je t'expliquerai au fur et à mesure je m'allumai un petit cigare, puis demanda à nouveau : alors, tu veux parier ou non? elle avait fini par accepter, plus ou moins convaincue On alla s'installer dans un des coins isolés du bar On s'assit et je sortis les cartes de ma poche Je lui expliquai rapidement les règles du jeu, elle eut l'air de comprendre Bon, commençais-je, combien tu mises en partant? euh..., marmona-t-elle, hésitante, puis, au bout de ce qui semblait être une véritable torture mentale, elle finit par poser un dix sur la table à ce rythme-là, mon cœur, tu vas toucher ta pension avant le jack-pot Bon, on embraye, j'égale ton dix un conseil : pour gagner il est d'abord essentiel d'apprendre à perdre Systématiquenebt, de manière réfléchie La logique de la défaite constitue un élément primordial d'une logique de la victoire, son moteur en quelque sorte alors les premiers tours je l'ai délibérément laissé empocher Elle s'est vite retrouvée avec à peu près six-cent dollars en poche, ça la rendait toute excitée -en ce qui me concerne, juste à point pour foncer Certes, elle aurait pu partir tout de suite et garder l'argent, ça fait partie de la game aussi J'aurais accepté la défaite Mais l'appât du gain facile et surtout l'illusion de contrôler le hasard, font que les gens deviennent vite irraisonnables, irréfléchis Et ma force est là Je double tout ce que t'as gagné, lançais-je subitement cette fois, elle avait hésité pour de vrai « et si je perdais tout », qu'elle devait penser, « mais si gagnais... » Je la laissai se torturer un peu les neurones Je suis patient Surtout quand je connais la réponse ok elle a tout perdu Évidemment Comment avait-elle réellement pu penser qu'elle pouvait me battre J'ai eu de la chance, avais-je dit en forme de consolation elle s'était tu, au bord des larmes, des rêves écroulés tu veux miser encore? lui demandai-je en ramassant les cartes avec quoi? j'ai plus rien, j'ai tout perdu il te reste le dollar que je t'ai donné... non ...ou tes cheveux quoi? tes cheveux Si tu perds, je rase tes cheveux Tu sais, t'étais bien partie... pourquoi tu veux raser mes cheveux? pour dessiner ton crâne, c'est comme le tarôt pour moi, je vois l'avenir des gens sous leur cuir chevelu je laissai un temps passer Mille six-cent dollars, c'est quand même un pensez-y bien Mais tu sembles pas intéressée, je respecte ta décision, disai en me levant et en feignant de partir attendez! Euh... Ok...ok, je mise petit diable, lui souriai-je
c'était un peu froid On a marché jusqu'à chez moi J'ouvris la porte et fis de la lumière excuse le désordre Donne-moi ton manteau après l'avoir retiré, elle me le tendit et je le lançai sur le divan tu veux boire un thé? Du thé Hollandais?... on bu tranquillement Elle promenanit son regard dans la pièce C'est des originaux? pas tous Le Poussin c'est moi qui l'ai peint quel poussin? Poussin Nicolas Poussin Là Bon, à poil maintenant lentement elle commença à se déshabiller, je la rejoins pour accélérer le service On a pas toute la semaine, sors-le ton cul une fois celui-ci à l'air, j'installai le petit diable devant un grand miroir et allai chercher mon rasoir En dix minutes, elle fut complètement chauve, un vrai petit poussin Elle semblait malheureuse Aucune importance est-ce que je peux m'assoir un peu, je me sens toute étourdie?... du menton, je lui ai indiqué le divan Elle alla s'y allonger Au bout d'un moment elle s'est endormie ou plutôt s'affaissée de fatigue, une fatigue toute Hollandaise Alors j'ai commençé à dessiner son crâne Une fois terminé, je l'ai fixé longuement, plutôt déçu, une tête sans histoire C'est à ce moment-là que l'idée m'est venue de lui raser la touffe Ca faisait pas partie de la gageure mais qui s'en souciait? Je lui laisserai un peu de fric, le montant d'une fellation, à peu près Et je pourrais même l'oublier T'auras juste à aller en sucer une au terminus Ou te faire bouffer le petit trou fraîchement rasé par une bonnefemme, à peu près n'importe quoi les excitent les putains Je revins aux choses sérieuses, j'allongeai quelques traits sur le papier Canson, son pubis, une horloge sans chiffre Je pris quelques notes (+ loin, Mady lit) j'arrivais pas à me défaire de cette impression, quelque chose m'intriguait dans le haut de ses cuisses, mais j'arrivais pas à dire quoi Je me levai et allai me faire un thé -sans petite pilule Bien sûr, l'idée m'a traversé le ventre d'aller lui foutre mon pieu dans sa petite ligne d'horizon, mais j'arrivais pas à bander J'aurais dû la raser après, pensai-je
« et même si ça repoussait pas, si tu savais comme j'm'en criss » À l'instant ou cette réflexion m'était revenue, elle venait juste de sortir avec son air de chien battu Ca m'avait donné une idée, une petite inspiration charitable Je suis sorti la rechercher On a remonté l'escalier et je l'ai fait entrer à l'intérieur de nouveau je vais te donner une chance de te racheter, lui ais-je dit en baissant son pantalon qu'est-ce vous faites?... t'inquiète pas, j'ai pas l'intention de te fourrer, tu m'excites pas je te l'ai déjà dit j'ai lançé ses souliers, ses bas et son pantalon par terre, dans le fond de la pièce, puis, je lui ai retiré sa petite culotte à deux sous, style St-Vincent-de-Paul va chercher un de tes bas, lui ordonnai-je voyant qu'elle hésitait, j'usai de la même stratégie, d'une voix forte cette fois : tu veux du fric ou t'en veux pas? Alors, docile, elle alla ramasser ses bas en laine noire c't'agaçcant toutes ces hésitations-là, marmonai-je elle revint avec les deux bas, j'en relançcai un dans le coin J't'en ai demandé un, pas deux Va t'asssoir sur la chaise Elle ne portait que son chandail mauve Elle s'assit et je lui bandai les yeux avec le bas Elle vint pour dire quelque chose mais se ravisa j'organise un tirage, lançcai-je Avec une paire de ciseaux un peu rouillée, je découpai sa petite culotte en morceaux plus ou moins égaux Puis sur chacun d'eux, j'inscrivis un montant à l'encre de chine, ça allait de deux dollars à douze et demi Une fois chaque morceaux tarifiés, je lancai le tout sur la table en lui expliquant, grosso modo, le jeu, sans lui révéler les montants inscrit et lui demandai de piger Quand ses doigts touchèrent le tissu de sa culotte, je vis son front se plisser, elle devait s'attendre à du papier, évidemment Elle piga le zéro, un petit zéro que j'avais rajouté à la dernière minute Je commençcais à penser que cette fille courait vraiment après les emmerdes zéro, annonçcai-je en dénouant le bas derrière sa tête : elle fixait le morceau de culotte dans sa main, puis les miettes sur la table Sans attendre, je lui remis le bas : je te donne une autre chance Pige Mais concentre-toi un peu, merde, pense à des choses positives, je sais pas moi d'un geste lent, elle brassa les bouts de tissu Puis elle sortit le huit dollars et dix-sept sous Je détachai le bas et je la vis jeter un œil intéressé, mais vite déçu c'est mieux que rien, lançcai-je en allant jeter le bas dans le bac à fleurs rempli d'eau sale mon bas... ah, excuse-moi, distraction Je repris le bas et lui relançcai assez raidement, tant pis s'il tombe un peu d'eau sur le plancher, pensai-je, la plus grosse bordée c'est elle qui va la prendre sur le visage et les cuisses Avec sa main elle essuya la terre humide sur ses lèvres Je sortis l'argent de ma poche et lui lançai sur la table accompagné de cette remarque : fais pas trop de folie elle ramassa l'argent et alla récupérer son pantalon et ses runnings dans le coin de la pièce Elle se rhabilla en vitesse et attrapa son autre bas sans le mettre tu veux miser ton pantalon? non elle est sortie
juge! Jeune, je rêvais de devenir peintre, un grand artiste Mais mis à part ma capacité et mon habileté à dessiner le contour d'une tête, aucun talent Niet! Alors j'ai refait le parcours qu'avait suivi mon père avant moi et je suis devenu avocat Puis juge Qu'espérer d'autre quand on a un cerveau purement rationnel? quand tout ce qu'on est, quand tout ce que ça crie qu'on est en dedans, tout ce qu'on peut être c'est un être de raison, codifié, normé? Mais trop de raison finit par nous entraîner dans la perversité, le vice m'apparaît comme l'aboutissement logique de toutes les formes de comportements raisonnables Et ici je tiens à faire une mise au point Le mathématicien, le physicien, le philosophe ne sont pas à proprement parler des êtres raisonnables, les plus grands, j'entends, les individués, si je puis dire, ceux qui pensent dans l'abstrait, je veux dire dans un déséquilibre de concrétudes, leur conception du réel n'a rien à voir avec la raison -ou alors en douce, par la bande disons La raison est une tare, mais pour un grand esprit ça devient un torticoli spirituel, une sorte d.architecture baroque et je n'ai pas cette élasticité pour imaginer des polygones, des intégrales, des bateaux ivres ou de la beauté sur un sexe de femme Je pense, certes, mais je n'en ai jamais déduit mon existence ni celle des autres : mes raisonnements relèvent d'une gravité classique, chaque pensée retombe lourdement dans la norme Quelle utilité aurait le cerveau d'un juge de paix s'il se mettait à tremper dans l'abstraction, dans les marges du code? pourrait-il, en toute honnêteté -car c'est bien de cela qu'il est question ici, l'honnêteté, et celle-ci n'est que la limite de ses moyens, ses normes, et du droit d'en user- pourrait-il... et malgré tout, malgré moi, je ne lui ai donné aucune sanction, aucune amende, pas même un reproche, à cette fille ce matin Elle m'a reconnu tout de suite quand elle est entrée dans la salle d'audience, elle a juste eu ce petit sourire plein de gaminerie et...quoi d'autre? Pendant que le procureur de la Couronne l'interrogeait, je ne pensais qu'à son pubis rasé, Sinead O'Connor des pauvres! On l'accusait d'avoir violemment agressé un homme âgé -ou était-ce une femme, je ne suis plus sûr La preuve était concluante Alors quand le maillet a frappé le bureau et que j'ai prononcé : l'accusée est libérée, fallait voir la tête du Procureur, des flics et même celle de son avocat Pourquoi ai-je agi de cette façon, pourquoi ai-je eu ce comportement déraisonnable en vertu de la norme? Toujours on m'a considéré comme un individu froid et un tantinet cruel parfois Et cette attitude m'a toujours semblé normale Mais cette fille... Cette douceur, cette naiveté qui l'espace d'un instant montre les dents et revendique une certaine violence : sa violence, sa cruauté opposée au monde, à la vie, un cogito qui éclate, cette anarchie du déraisonnable qui bat la raison sur son propre terrain Même moi je n'arrive pas à comprendre ce que je vais vous dire, mais...il y avait de la poésie dans sa fureur, une sorte de redistribution de l'ordre du monde Voilà ce que je sentais s'opposer à mon autorité mandatée, à mes convictions, à ma raisonnabilité Ce matin j'ai franchi un seuil important, un seuil dissimulé derrière un épais brouillard : je me suis senti incapable et surtout injustifié à la condamner Sa révolte, sa poésie ne sont plus de mon ressort Et ça me revient maintenant, c'était une femme C.était une femme puisqu'elle a prononcé à un moment donné, pendant son témoignage, ça aurait pu être ma mère, choquant non? Ca vous choquent qu'une mère puisse être aussi maladroite quand elle fornique et procrée? C'aurait pu être ma mère et j'aurais pu être sa fille Mais ça qui s'en souci? Soyez raisonnables et condamnez cette mère! avait-elle raison? C'est la question que je me pose Pas tellement en ce qui concerne ce qu'elle a dit sur la mère, mais le type d'argumentation à travers lequel elle échappait à toute normalisation, qu'elle lui échappait À lui Quelque chose en lui s'accrochait à elle Évidemment ses paroles étaient d'abord et avant tout pur cynisme, mais le cynisme est toujours porteur d'une réelle profondeur, ce qui précisément découle du déséquilibre de deux concrétudes, de points de vue opposés comme deux yeux qui créent une perspective... on touche des petites enflûres qu'habituellement on aperçoit pas vraiment Son con... quel est le degré de variabilité de la notion de droit, au sens moral par exemple, d'une personne à l'autre, d'un peuple à l'autre, d'une culture à l'autre? Et d'abord le droit est-il une normalisation culturelle ou personnelle? À quoi se rapporte exactement et de manière précise la notion de droit? Qu'y a-t-il de criminel, de profondément criminel dans un acte jugé tel? Tu ne voleras pas ton voisin qui possède plus que toi Tu ne violeras pas cette femme que tu désires Sur quoi repose l'interdiction, sur quel principe supérieur? et l'érection? Peut-être trahissons-nous la sacro-sainte normalité en se retenant de bander devant une femme Peut-être avons-nous mal décrété quand nous avons décrété la Valeur, l'aliénant à un monde que nous avons nous-même créés, engloutissant le signifiant dans le signifié D'un signifiant, un sexe tendu, nous avons transposé le justifiable dans le réceptacle, retournant ce justiciable en injustifiable Et pourtant, en tant qu'individu raisonnable, je reste fondamentalement convaincu qu'il nous faut « protéger le signifié » De même, grammaticalement, nous devons protéger la tasse du mot tasse, car les mots sont destructeurs de cela même qu'ils nomment, qu'ils violent Les mots sont les délateurs du monde Ce ne sont pas Dieu ou Diable qui nous terrifient mais les vocables qui les appellent, les font advenir à la présence en leur donnant forme sur les ruines du fond Le droit, sur quelles ruines repose-il? et pourquoi y renvoyer le sexe d'une femme, ce sexe qui s'ouvre, se fend? Peut-il y avoir une moralité du fond? la forme, le bien ne sont-ils qu'un fard du fond, du mal, n'est-ce pas le monde qu'il faut condamner? cette mère? et pourtant! peut-être ne suis-je qu'un individu faible, une fausse individualité, moi, homme de raison? La destruction n'est-elle pas préférable au droit qui maintient l'édifice dissimulé derrière les barreaux d'une prison? Le poète ne s'est-il pas affranchi de la trahison, de la forme? ne s'est-il pas donné carte-blanche, une page fuyante ou en vain nous le cherchons? La communication se voit déjouée, interrompue, mise en déséquilibre Aucun consensus préétabli ne peut aboutir, car cette impossibilité de communiquer s'appuie sur une codification inédite, individuée, en excession de sens et exige un travail de déchiffrement Or l'homme moderne, l'homme du droit est devenue un chomeur intellectuel, un chomeur-analyste Celui-ci renonce devant la complexité d'un langage qui innove, qui ruine les codes, les normes consensuels Il nous faut désormais communiquer par le vide d'une non-reconnaissance -wrong number Peut-être a-t-il « raison », Autrement que Raison, le poète, de laisser le monde ouvert, sans pudeur, de lui retirer sa petite culotte morale une fois pour toutes? Demandera-t-il pardon ou acceptera-t-il la punition sans broncher? De nouveau, la transcendance m'arrache au monde, m'interdit de bander En somme, il n'y a aucune problématisation de la conduite d'un individu, mais une simple approche d'identification Une tella approche, qui est celle du droit dans sa pratique, mais aussi bien de toute institution, demeure désindividualisante, dépouillant l'individu de son Unité -fracturée et donc non identité en soi Unité inachevée, inachevable Potentialité active c'est ce qui m'intriguait chez elle : la revendication têtue d'une Valeur sans aliénation au monde, jouant d'égal à égal avec lui Le procureur, les enquêteurs, son avocat, la greffière, les curieux présents dans la salle, moi, tous nous avions l'air d'aliénés, nous étions subitement projetés au coeur d'un théâtre sans coulisses et par sa présence à elle ce théâtre de la Cruauté prenait Chair en consumant les consciences, trop bonnes Artaud aurait jubilé, oui, ici sur cette scène, personne ne savait, ou avait oublié, son texte, aucun ne savait réellement le rôle qu'il y jouait Il n'y a pas d'absolu dans l'être, aurait-elle pu hurler aux côtés d'Artaud, car s'il y en avait un ce serait un crime contre l'humanité, l'humanité humide que je porte en moi seule ! !!!, résonnait en moi L'accusée est libérée
II
après trois coups et un ding-dong, il se décide à aller ouvrir Ca l'a toujours agacé cette effronterie qu'ont les gens de se pointer sans s'annoncer, de frapper comme s'ils allaient sentencer Il tire brusquement la porte vers lui : hi, dit-elle : ELLE La petite fente énigmatique Elle n'est pas seule, une femme, la trentaine environ, l'accompagne mais comme forcée, gênée, mal à l'aise Un sentiment de déjà-vu traverse la tête du juge, puis subitement ça lui revient, elle est greffière à la Cour Qu'est-ce qu'elle vient faire ici, qu'il se demande, et avec cette fille en plus, cette fille que je croyais jamais revoir on peut s'immiscer, demande celle-ci, ou tu préfères amener des chaises sur la galerie? se tassant contre le mur, il leur fait signe d'entrer Un fois à l'intérieur, elles retirent leur manteau et la fille immédiatement va s'assoir sur le divan après avoir ordonner à l'autre de rester debout Celle-ci obéit Qu'est-ce que cette histoire, se demande l'homme de loi vous voulez un thé? pas pour moi Mais madame, sûrement, dit Madyson La fille s'appelle Madyson monsieur le juge part à la cuisine faire du thé pour deux Sans petite pilule Quand il revient dans le salon avec les tasses, Madyson vient d'enlever la chemise et la brassière de la greffière, toujours debout, les seins maintenant bien en évidence Sur le coup, le juge fige légèrement, mais essaie de ne pas trop le laisser paraître Il dépose les tasses sur la table pas de thé pour madame, finalement, décrète Madyson, toujours le dos bien écrasé sur le divan, la jambe croisée, j'ai changé d'idée Tu sais que changer d'idée c'est le plus beau geste philosophique qui soit? c'est échapper à l'attraction de l'être, à la bouse métaphysique Tu sais que j'ai un bac en philo? eh oui, la petite délinquante a un bac le temps file à pas de loup Madyson s'allume une cigarette qu'elle respire lentement on apprend vite à gagner, poursuit-elle, et surtout : à perdre La victoire c'est pour les bons moments Elle aussi elle y a cru, la salope, et p'is pff! on se retrouve à parier ses dernières économies, ses principes, sa vertu... jeux de cartes, quelle charge affective avons-nous ici, monsieur le juge? Cartes Connotation : pari, victoire, domination, humiliation...vagin? sperme dans la bouche?... Et maintenant il est temps de sortir la 55° carte du jeu Elle sort un magnum de sa poche de veston Bon, awèye, à poil, toi, qu'elle ordonne à la greffière bien, maintenant informons-nous du personnel, puisqu'on a pas eu le temps de se présenter, tu t'appelles comment? Moi, c'est Madyson Tu peux m'appeller Mady, si ça te chante Ou pas m'appeler du tout, ça me passe dix pieds par-dessus la tête Charlie Charlie... Un peu masculin, tu trouves pas? Mon vrai nom c'est Charlette, mais je déteste ça Charlette, Chaplinette Rigolo pendant que celle-ci se déshabille, Madyson s'adresse au vide ses aiguilles, ses bas, sa culotte...elle te fait marcher ou c'est de l'amour tout ça? grosse question Vous pourriez aller loin vous deux si t'en faisais ta pute, ta femme à toi, quelq'chose qu'il faut que t'appelles quand ça fait un peu trop longtemps que ça traîne dehors, quelq'chose qui couche chez toi, dans tes dessins à deux sous, tes livres, tes codes, tes prisons, ton lit : toute nue, fourrable à volonté Madyson se lève et va carasser le corps nu de la greffière avec la pointe de son arme depuis tes E-mails toujours achalandés à l'heure de pointe, (je) te baiserai, sans loi, sans pleurs, sans chichis, sans histoires stupides, bourrée de fautes logiques...putain, garce, amante, femme exponentielle jusqu'aux bouts des orteils chaudes des longues et plaintives nuits diverses perdue dans la tempête de tes cuisses J'aime ton odeur quand tu transpires, quand tu te confies à moi, sans retenu Bon, va t'installer devant le grand miroir et envoie ton cul de notre côté qu'on juge T'a trouves comment, juge? elle t'excite ou tu la trouves plutôt nulle? Je suis sûre que tu savais même pas que les greffières avaient une fente sous leur jupe Alors, ta réponse, excitante ou nulle?...moi je sais pas trop, j'hésite...son trou de cul est pas si mal, penche-toi, voir...ouais, pas si mal, il incite à la sodomie, tu trouves pas? C'est pas un cul qui attire le respect tout de suite, en tous cas, on est d'accord? Moi si j'étais juge, probab' que je banderais comme un défoncé et que j'y enfilerais mon maillet entre les deux fesses Coupable! Coupable, la salope! Mais qu'est-ce tu veux, je suis pas juge, même pas phallesifiée C'est pas du Lacan ça?...bof, tiens pas trop compte, je mélange tout tout en faisant cette remarque, elle se dirige vers la greffière et la caresse de nouveau, la tripote serait un mot plus juste Ca te plairait une putain de bonne sodomie, ma chérie, notre petite Charlette à nous, notre petite Charlette qu'est venue à deux doigts de gagner, si seulement elle avait su s'arrêter à temps? Une queue super raide dans le trou de cul ça va te consoler, tu vas voir, ça efface tout?...et ça ouvre des portes quelquefois De toute façon une bonne perdante doit jamais refuser une bonne relation sexuelle Pas avec moi, sure, moi tout ce que je sais faire, c'est des petits paris et emmener une loser pour la distraction du maître Déshabille-toi, toi aussi, qu'elle lance à ce dernier P'is après va chercher ton clipper ces mots résonnent comme un impératif Sans discuter, l'homme de droit s'éxécute Puis, à poil, il revient dans le salon avec le rasoir Approche, qu'elle ordonne, viens frotter ta queue entre ses cuisses Je veux que tu bandes comme un malade Une bonne sodomie, mon coeur, ma fente, lui souffle-t-elle au visage tout en écrasant sa main sur ses seins Dès que t'es en service tu l'encules, lance-t-elle sèchement au mastermallet D'un coup sec honteusement enflé, le juge cale sa bite collante jusqu'au fond du trou de cul de la greffrée Celle-ci pousse un cri oui, c'est bon, charlette, je sais, dit d'une voix calme, Madyson C'est super, c'est comme chier à l'envers, c'est comme si la merde t'expulsait Tu vas en redemander, ma grande, tu vas voir Pis toi, le juge, qu'est-ce t'attends pour sentencer cette saleté de trou? Coupable, la salope, coupable! T'as le clipper? Bon, rase-y la tignasse pis la touffe pendant que tu l'encules au moment ou il commence à raser les poils pubiens de la greffière sodomisée, Mady lui cale trois doigts dans le vagin -c'est pour une saisie, dit-elle avec un sourire-, qu'elle agite violemment Etrange huis-clos, murnure-t-elle Puis, en se penchant légèrement, sans cesser de la masturber, Mady suce la pointe de ses seins, honteusement dressés Hmm, Charlette est toute bandée T'en penses quoi, maître, elle valait la peine ou pas? Voyant qu'il ne répond rien, elle ajoute, fortement agacée : t'en penses quoi, merde, je te demande, tu pourrais répondre, c'est pour toi que j'ai ramené ça rageusement, elle retire ses doigts du vagin de la greffière, puis va ramasser son paquet de cigarettes qui traîne sur le divan et s'en allume une À part le souffle sacadé de Charlette, le silence règne un moment Puis, Mady retourne vers Charlette et, en relevant le menton de celle-ci avec deux doigts, elle dit : comment t'aimes? ça te plaît, ton chum va aimer, tu penses? Tu fais quoi avec un grand miroir comme ça, juge, tu te mires dans ton costume de clown? Bon , that's enough, lance-t-elle subitement en poussant le juge, assez fourré va chercher ton cahier à dessin, pis dessine sa tête On va s'installer au bout, j'imagine que c'est le salon Le juge attrape une chaise, son carnet de croquis et va s'installer devant Charlette, qui se tient debout au fond Quant à Madyson, celle-ci s'écrase dans le fauteuil Personne ne parle, le frottement du crayon sur le papier tient lieu de musique À côté du fauteuil, il y a une petite table sur laquelle, empilé sur le désordre, il y a une télécommande que Mady prend dans sa main Elle ouvre la télé et zappe Puis la referme Toujours la même merde, qu'elle dit en soupirant Alors elle fixe le juge qui semble absorbé par son dessin Puis elle attrape une pile de compacts c'est tout ce que t'écoutes, t'as pas quelque chose de plus consistant, du métal par exemple? Non, évidemment, ça serait pas raisonnable de ta part P'is, qu'est-ce qu'y dit ton dessin? Serial killer? pointant son arme en direction de Charlette, Madyson ajoute on pourrait rendre service à l'humanité, sauver des vies en s'en débarassant, meurtre par prévention Ça dit quoi là-dessus dans le code? non, aucun danger avec elle, dit le juge Tu peux baisser ton arme soudain, d'un seul bond, mue par une quelconque muse céleste, Madyson se lève et va à l'autre bout du studio chercher les bas de soie de la greffière qu'elle plonge dans l'eau sale du bac à plantes et, sans le tordre, revient se placer derrière le juge bras dans le dos, qu'elle ordonne puis, croisant ses poignets, elle ligote ceux-ci solidement sur la chaise à quoi tu joues? demande ce dernier avec lassitude, une grimace de louleur grave sur le visage je t'expliquerai les règles au fur et à mesure, c'est facile, tu vas voir après avoir bien ficelé l'homme de loi, Mady retourne au fond chercher la culotte de Charlette, qu'elle trempe également dans le bac avant de revenir bander les yeux de celle-ci faut bien protéger la pudeur des petites chattes-fourrées, rrrr, fait-elle, feignant de la griffer sur le ventre Tu dois te sentir fatiguée, ma pauvre chouette, viens t'assoir Madyson l'installe sur le divan, les deux pieds sur le bord, les cuisses bien ouvertes Ensuite, avec beaucoup d'efforts, elle pousse la chaise du juge ligoté, après lui avoir arraché le pantalon et le boxer qu'elle lance dans le fond de la pièce, aux pieds de la graphoria dommage qu'on ait pas pris de thé finalement, je suis sûre que Son Honneur apprécierait volontiers un double golden un silence s'installe Madyson retourne sur le fauteuil et les regarde Puis, mi pour elle-même, mi pour les autres, elle commence à parler, presqu'un chuchotement, comme si elle réfléchissait tout haut qu'est-ce que la cruauté? Un acte dérisoire ou de nature métaphysique, plus précisément, peut-on fonder une ontologie à partir de la cruauté? Ne doit-on pas supposer dans les prémisses d'une loi, et dans son éventuelle application, un fait de cruauté, à savoir le plaisir qu'on éprouve à punir l'autre, à le balancer aux oubliettes, à l'abaisser dans l'ordre humain? Autrement comment pourrait s'exercer, s'actualiser cette autorité objective dite de droit? Et voilà l'astuce, on neutralise les émotions, par décret principiel, et les voilà qui se ramènent par la porte-arrière, les émotions de ruelles qui imprègnent toute prétendue neutralité de jugement C'est pas par empathie que les choses se passent ici, mais par sursaturation pathologique, sursaturation propre à tout sentiment de supériorité, émotionnel Faut pas se le cacher, il s'agit pas ici, entre le juge et le jugé, d'un duel opposant une neutralité de Droit à une violence de fait Mais bien de la confrontation factuelle sans merci de deux violences, la notion de droit ne constituant qu'une immunité théorique concernant l'une des parties en cause En fait, il s'agit simplement d'une violence autorisée Le jugé en ce cas tient lieu de réalité, car le juge dénie la sienne propre, son implication émotionnelle dans le réel, càd sa cruauté, en s'autorisant d'une position de neutralité, pour affirmer sa puissance Mais pour assoir celle-ci, pour réaliser cette puissance dans le monde, il doit conférer l'état de réalité, de substantialité, en soi, à sa « victime » : la réalité du droit, c'est le fait Dès lors, le soi dominant se substantifie dans un simulacre de soi assumé par l'autre, doublure oú il se réalise objectivement Autrement exprimé, le Soi idéal, immunt, principe fondateur de toute violence autorisée, entends réaliser l'idéalité du droit en désubstantialisant sa propre réalité pour la resubstantialiser en l'autre, le jugé, mais au plan métaphysique Ce que les philosophes désignent par le terme Être n'est rien d'autre que cette breloque, cet idéal Voilà à leurs yeux ce qui est : condamner, c'est faire la fête C'est une trangrssion du principe de réalité dans le principe de plaisir Or, au niveau d'une ontologie, quelque peu défaillante, je l'accorde, le {soi} ouvre sur un devenir-Réel irréductible Non pas avènement du Réel en soi, car le Réel n'est jamais donné en soi, il reste toujours à construire, se tient la corde raide sur nos tempes imbénies, il {est} acception du réel en retrait de toute idéalisation, de tout simulacre, de toute mascarade Vous êtes bien silencieux tous les deux de nouveau, un bref silence s'installe, Madyson grille une cigarette Puis elle poursuit Tu apporteras aux hommes, certains hommes, la reconnaissance de leur peccabilité, de leur nature profondément inférieure, ça serait pas dans les dix commandements ça? Peut-être ben Mais pas ceux que tu penses De toute façon je te l'ai dit, faut pas t'en faire, je mélange tout « Tu ne voleras pas » Non, bien sûr, mais reprends au moins ce qui t'appartient « Tu ne voleras pas » Alright! Et les voleurs d'âmes, hein, mon ami, on fait quoi avec les voleurs d'âmes? tu répondrais quoi à ça en prose juridique? brusquement elle se lève et se met à marcher d'un pas lent dans la pièce en scandant, avec un calme excessif : bang, bang, bang Seules les éternelles âmes supérieures seront sauvées Bang, bang, bang alors s'arrêtant devant le juge, Madyson s'accroupit en posant ses coudes sur les genoux de ce dernier : je sens que je vais me mettre la société à dos Et alors? Qu'elle se retourne ta société, je vais lui enfoncer mon gode dans le cul Ta société! Ça dit quoi là-dessus dans ton livre de chevet? Nulle sodomie ne sera pratiquée sur le corps social? Nul ne peut fourrer la société à moins d'être une corporative reconnue? Le petit orifice corporatif, c'est excitant ça! Tu sais, un petit rasage corporatif ça serait pas une mauvaise idée ça, y a tellement de poux là-dedans Madyson se relève et se remet à marcher en tournant autour du juge Aimez-vous les uns les autres! Mais où se cachent les uns et les autres qui vaillent la peine qu'on les aiment, toute la peine qu'on les chérissent, qu'on les entretiennent comme des putes? On prétend sauver les hommes mais quand on réalise, bien assez tôt, qu'ils sont insauvables, impraticables, on retourne l'arme contre soi et on s'accorde une pause-rédemption, laissant les tyrans seuls et bien vivants Du terrorisme à pile ou face Le crime aboli, ne reste qu'une liberté purgative disant ces mots, elle pose son arme sur sa tempe et dit, d'une voix à peine audible : pile, puis le posant sur la tempe du juge : ou face..., le temps séjourne dans l'ennui du temps, les secondes se mirent dans les minutes aux heures de grands questionnements, ajoutant, d'une voix encore plus faible, à l'oreille de pile, je t'en prie, mon amour, aide-moi à irréaliser mes rêves, j'ai tant besoin d'impératifs pour m'épanouir convenablement avec un sourire félin vissé dans le regard du juge, Madyson prend le pénis de celui-ci qui, rapidement, se tend effrontément Wow! quel rocher je tiens-là dans ma main -mais par-dessus tout, j'aime l'odeur du trou de cul d'une putain de la justice L'existence d'une femme finalement ça se résume à quoi? on pousse toute sa vie cette douloureuse roche et quand elle retombe, ils nous incombent à nous, faibles créatures, ils nous succombent de la relever, de lui redonner sa dignité à ces mots, elle se relève et va caresser les seins de la greffière Mais tu sais quoi, Charlette? il faut imaginer la femme heureuse Puis, Madyson pose sa bouche sur un des pieds de Charlette avant de retourner s'assoir si on me donnait le droit à la confession, je serais juge, je jugerais, mon ami, je fouetterais, je condamnerais et après une heureuse confession où enfin mes vices, mon foutre et mon irrationnalité incorrigible seraient assouvis à leur juste valeur, je pardonnerais Dans l'acte de juger je me désubstantialise en l'autre, je m'autoconfesse...ça se dit ça, juristement parlant, j'entends?... T'as rien à me dire? Allons, mon amour, mon Autre, tu peux tout me dire tu sais À voix basse, elle ajoute en fixant toujours le juge dans les yeux, elle t'excite, cette nana, non? ou peut-être que c'est mon cul à moi que t'aimerais bien te faire? Allez, baise-moi à frais virés, masturbe-moi de la main gauche, la prude, l'inexpérimentée en disant ces mots, Madyson va ramasser la petite cullotte de la greffière qu'ensuite elle frotte sur le visage du juge la petite culotte noumétique, le secret de l'Être et dès déballé se désêtre en {soi} pour-nous, juste pour-nous Se croire essentialisé, immuable, immunt : juge O Boy! DIRE, puisque rien n'est jamais DIT...l.imprimerie a inventé le mensonge, la Bible, quelles en étaient les ratures, la graphie?... Les pharisiens se méfiaient des graphologues, tu savais? Le pour-soi, cette maladie du Noumène qui le possibilise à l'infini en le désubstantialisant, où Dieu n'est plus qu'une possibilité parmi d'autres Pas de dialectique là-dedans, aucune place pour la Rédemption hégélienne Chez Hegel, tout est aliéné à la Rédemption, au Jugement dernier philosophique : moi je veux pas qu'on m'excuse, je veux qu'on me baise ferme en me serrant dans mon prénom, m. le juge sur ce, elle se lève et de dos au juge elle descend son jeans et sa culotte Réponds, c'est mon cul à moi que t'aimerais défoncer ou tu préfère celui de ta pute du Palais? Mais non! Quelle importance! La faiblesse d'un sexe de femme en échange de la faiblesse d'un sexe de femme, quelle nuance, ma foi!? Par contre, tous les rochers ne s'équivalent pas tous, certains ont plus de poids, de vrais tremplins sociaux Mais ça aussi ça fait parti du châtiment On s'en rend pas toujours compte, hélas! Ou trop tard! Un coup vidé, je dirais soudain, Madyson retire ses runnings, ses bas, son jeans et sa culotte, puis, d'un coup sec avec le pied, elle renverse la chaise du juge qui se retrouve sur le dos, toujours ligoté, en poussant un faible cri de douleur Alors, s'installant, debout, au dessus du visage de l'homme de loi, Madyson lui fait un long golden shower avant de le remettre sur pied sur sa chaise J'avais envie, dit-elle, je le voulais en fait et le fait mène directement au Droit Question de volonté Ma volonté, bonne ou mauvaise? à toi de juger Ma mystérieuse Volonté...n'est-elle qu'expiatoire? ou ne veut-on pas dans la vie autre chose que son malheur et celui des autres? Réponds-moi Daigne me répliquer, toi qui sur le crime en sait plus que le criminel lui-même, qui va plus loin que le meurtre : jusqu'à son jugement Tu sais les crimes mieux que moi, mieux que nous, qui tuons par amour Seigneur, je t'aime et je te crucifierais encore et toujours parce que ton Pardon m'est essentiel J'ai besoin de ta Douleur et de tes Lèvres sur ma conscience Déshabille-moi, fais-moi l'Amour, la Haine Reproche-moi ce que je suis, une Volonté errante Expie-moi Gifle-moi Je veux sentir Ta colère dans mon ventre, la Tienne, pas celle de ton Père Monsieur le juge, je vous en prie, je vous en supplie, sentencez le Père, sentencez-Le... Par quelle implacable transcendance Votre vertu se justifie-t-elle et s'applique-t-elle, bienheureuse, au-dessus de mon crime, de ma Volonté, de mes Vices? Et si Votre vertu était le Crime suprême? Que j'aime Votre érection Sa franchise Son audace Elle vous tente cette fente, cette comparaison, cette conftontation toute féminine, hmm? ce partage de deux mondes? Ça paraît Vous avez jamais pensé à procéder à poil, après tout, la justice c'est un événement public? un choc à tout coup elle se tourne alors du côté de la greffière et va vers elle puis, prenant la main de celle-ci, elle l'étampe sur l'icône humide en lui intiment l'ordre de se masturber Y a tant de résidus moraux dans le branlage, c'est ce qu'il faut combattre L'homme veut jouir réfleximent, dominer ses tensions sexuelles, mais le désir {est} en-deça de toute réflexion, décapons, décapons toute cette merde réflexive, la vraie jouissance est amorale, irréfléchie : ontologiquement féminine, sans Être, sans limite, sans mesure Insulte-la, juge, traite-la de salope, dans l'insulte tu trouveras un apaisement, un cri solitaire et sans effort Saluons la beauté à travers nos insultes et nos blasphèmes, juge, bien à l'abri de toute offre morale, juridique Madyson crache sur le ventre de la greffière en l'allongeant sur le divan de cuir Puis, retirant son chandail, entièrement nue elle s'installe en sixty-nine Pissons, qu'elle dit en frottant violemment son pubis sur les lèvres de la greffière tout en calant sa langue dans le trou de celle-ci Laissant tomber toute retenue, Madyson pisse dans la bouche de Charlette qui à son tour urine sur la langue de sa dominatrice notre plus grande victoire sur la nature, c'est de s'y soumettre, de dire oui à la souillure, l'espérer même dans un abandon irraisonnée et sans histoire reprenant légèrement son souffle, elle poursuit : nous savons transfigurer l'offre divine en refus catégorique et en jouissance Nous disons non à cela même où nous nous enlisons et en tirons notre profit Il faut savoir regarder la route boueuse et s'y enfoncer sans réfléchir dans un OUI mourant, sale, aux portes de l'Absolu, et qu'aucun non ne peut venir freiner Ce qui m'irrite dans l'acte de juger, continue-t-elle, tout en ne cessant pas de frotter sa fente sur la bouche de Charlette, c'est pas l'indication d'une culpabilité modelée sur et par ce qui la renie, mais la reconnaissance suppositoire d'une Valeur dite unique Pourquoi condamner un cri au nom d'un Silence? Écoute écoute cette plainte / souffle ontologique/ d'une femme quand elle se sent venir, n'est-ce pas merveilleux, n'est-ce pas mille fois mieux que le Verbe? Quand on déshabille une femme, cher ami, il faut d'abord lui retirer sa morale, doucement, en douce, et la jeter aux ordures après l'avoir soigneusement repassée et pliée, car tu dois respecter ce que tu retires d'une femme puisqu'après, mais après seulement, tu pourrars l'habiller de ton mépris avec dignité Elle sera ton alliée C'est ce que tu sais pas faire toi, m. le juge Regarde comme j'ai su la dévêtir, admire comme j'ai su l'installer devant nous vraiment nue Elle n'a plus rien Rien du tout Et elle ne veut plus rien autre que ce que nous lui offrirons Qu'est-ce que t'as à lui offrir? est-ce sincère cette érection? brusquement elle se relève et pointant de l'index le sexe en érection du juge, elle demande : est-ce raisonnable, ça? Réponds Est-ce raisonnable?
III
un matin en décembre, il y a environ trois ans, il m'avait semblé avoir mis au point tout à fait par hasard une méthode efficace pour déterminer le degré de raison présent dans chaque individu Cette méthode se basait essentiellement sur le tracé d'une ligne continue qui découpait le crâne d'un homme ou d'une femme à l'âge adulte -enfin je n'avais jamais dessiné d'enfants J'ai donc esquissé des milliers de crânes, individus aperçus sur la rue, à la caféteria du Palais de justice, à la télé, dans les revues, vedettes de cinéma, etc., puis j'en étais venu à développer ce que j'appellai une « échelle de raisonnabilité » sur laquelle, après analyse, je pouvais déterminer, avec assez de justesse, le niveau de raison où classer un individu En toute modestie, je me permets de souligner que j'étais merveilleusement échelonné Mais j'ai voulu aller plus loin, en savoir plus et ce que j'ai découvert depuis m'empêche de dormir Je mange mal, dors mal et mon travail s'en ressent il m' arrive souvent de repenser au patron d'une petite boîte que je fréquentais alors et qui avait toujours eu le crâne nu comme un œuf Cent fois j'ai dû dessiner les contours de son crâne chauve et j'avais constaté chez lui un potentiel de raisonnabilité, de rationnalité très élevé -c'est du reste quelqu,un qui avait assez bien réussi dans son domaine Par contre, un matin, ce modèle de raison met la clé dans la porte de son bistro et sort assassiner dix-neuf personnes, triées au hasard, en plein centre-ville Je me suis demandé alors comment un homme aussi raisonnable peut-il en venir là? M'étais-je trompé dans mes évaluations? J'ai alors rassemblé toutes les ébauches et toutes les études que j'avais réalisés sur sa « ligne de raison » et là, à ce moment seulement, ça m'a éclaté en pleine face : au fil des ans, cette ligne avait la nette tendance à se durcir, à crochir, si je puis dire, formant une sorte d'arète baroque sur les côtés Le lendemain, tôt, je me suis rendu à la prison pour leur demander de m'amener une dizaine de prisonniers jugés dangeureux (pour la plupart des seriel killer), au crâne rasé En échange d'un peu de poudre ils m'ont laissé les desssiner La réalité était là, bien évidente, devant mes yeux : tous présentaient une « ligne de raison » presque parfaite et surtout, cet espèce de durcissement baroque sur les tempes, cadrant les yeux intéressant, remarque Madyson, avant de continuer la lecture à voix haute du cahier de notes du Juge en comparant plus tard avec d'anciennes photos l'évolution de cette ligne, il ne me restait plus qu'à me rendre à l'évidence : toutes avaient considérablement durcies, comme celle de mon ex-ami, le patron du bistro inutile de vous dire que m'étant classé moi-même très haut et avec tous les honneurs dans ma petite échelle de raison, je portais fièrement, depuis plusieurs années. La tête rasée Cela m'a pris du temps Beaucoup de temps Mais un matin, un matin comme les autres, j'ai installé un miroir sur la table de cuisine et j'ai tracé les conteours de mon crâne Jamais je n'aurais dû Ma « ligne de raison » avait nettement durcit, tellement que j'avais l'impression que ma tête se compressait dans un étau Suis-je un criminel soudain démasqué? C'est alors que j'ai laissé repousser mes cheveux qui depuis traînent sur mes épaules C'était ça ou la chirurgie moi qui croyais que t'étais un ancien hippie fraîchement débarqué du Viet., dit Madyson avec une pointe d'ironie Puis, sautant plusieurs pages, elle s'arrête sur ce passage qu'elle lit à voix haute toujours la fille était toujours allongée sur le divan, à moitié endormie Je me suis mis à fixer sa chatte, son pubis, qu'est-ce qu'il avait de particulier? Et sa tête? une tête sans histoire Alors je me suis levé en détachant mon pantalon et je suis allé m'installer au-dessus de sa p'lotte J'ai pris sa main et je me suis masturbé Quand elle a senti le sperme tombé sur elle, elle a faiblement murmuré quelque chose, je crois qu'elle disait Père, pardonne-leur, car ils savent ce qu'ils font, ils le savent fort bien puis, sans raison apparente, après avoir laissé le cahier s'écraser par terre, elle demande tu connais Smith et Hichcock? In cold blood? C'est hallucinant de voir à quel point les acteurs ressemblent aux originaux Moi je trouve que Smith a quelque chose de fascinant, l'autre est plutôt nul En revanche son sens de l'humour est succulent La nuit avant d'être légalement assassiné, le garde lui dit : ça va être ta nuit la plus longue, j'imagine?... Non, la plus courte, qu'il répond Une pause Comment disait Truman, le flic, déjà en parlant des meurtres...une erreur psychologique C'est comme toi, au fond, je crois que t'as commis une erreur juridique Maintenant y est trop tard pour revenir en arrière, le métro est en marche Merde, plus de cigarettes, je pense que je vais accepter ton offre finalement Elle ramasse le veston du juge sur le sol et fouille dans la poche, en sort un petit étui rouge, l'ouvre et saisit un des minces cigares entre son pouce et son index ses gestes sont effectivement empreint d'un certain raffinement, d'une certaine classe je sais ce que tu penses Fis-toi pas trop à l'apparence, erreur économique, you know? Ce que je suis vraiment dans le fond de moi, c'est une snob Je te regarde de très haut, monsieur le juge Et toi aussi la corneille On est pas du même monde en disant ces mots elle se lève et marche de nouveau dans la pièce, nue, grillant son cigare Le juge ne peut s'empêcher de constater qu'effectivement cette fille possède une classe naturelle...si on la déshabille, je veux dire si on bypass son allure défroquée... -elle semble en perpétuelle rupture avec l'image qu'elle projette, elle ne fait pas motif, je veux dire, comme un portrait sans motif toujours en marchant, elle continue ses confidences je pourrais être une épouse parfaite, fidèle, amoureuse, sexuelle quand on l'exige, hypervicieuse, c.est dans ma nature Ce que j'aimerais c'est un intellectuel, un vrai, pas une coquerelle d'université qui sent le muffin ranci Un vrai intellectuel, avec ses angoisses, ses doutes : quelqu'un qu'y a des raisons de douter, parce qu'il est réellement quelque chose, parce qu'il a réellement quelque chose C'est quoi toi, ton savoir, monsieur le juge? Un code Des valeurs générales flottantes Une recette que tu suis à la lettre Et on te donne deux-cent mille par année pour ça ! Quelle générosité ! Sans oublier le parking à tarif réduit, quand qu'y a des frais, évidemment Même ton mariage, si tu te décidais, serait juste une question de principe Anyway, à deux-cent mille pesos par année, c'est pas les latrines qui manquent Erreur éthique Mais t'es honnête, ta femme le sait Elle est idiote c'est tout, d'avoir cru que ça pouvait être différent Toi au moins t'as toujours su Comme tu l'as dit, je suis pas marié, lui fait remarquer le juge No, sure Divorcé, peut-être? Ou veuf? hmm intéressant ça Ou laisse-moi deviner : t'as pas pu trouver?... Comme c'est de valeur C'est de valeur, hein, la suceuse? Réponds quand je te parle ou j't'étripe c'est de valeur, marmone la greffière, la tête penchée vers le sol pis toi, t'es mariée? non, répond-elle faiblement évidemment, pourquoi s'en taper juste un quand on trempe dans le milieu Mais avoue que t'espère quand même... Un jour peut-être une pause moi, je sais pas, ce que je veux est tellement rare J'ai eu une copine dans le temps, mais sa fente me convenait pas vraiment elle s'assoit en croisant la jambe avec beaucoup d'élégance Puis d'une voix fuyante, comme émanant d'ailleurs, de la pièce du fond peut-être, elle entame de mémoire un extrait de Tendre est la nuit de Fitzgerald : « Peut-être cinquante pour cent de nos amis et parents vous diront de bonne foi que c'est ma boisson qui a rendu Zelda folle, l'autre moitié vous assurerait que c'est sa folie qui m'a poussé à la bouteille Aucun de ces jugements ne signifierait grand-chose Ces deux groupes d'amis et de parents seraient tous deux unanimes pour dire que chacun se porterait bien mieux sans l'autre Avec cette ironie que nous n'avons jamais été aussi amoureux l'un de l'autre de notre vie Elle aime l'alcool sur mes lèvres Je chéris ses hallucinations les plus extravagantes » Ça c'est un couple! elle se tait un long moment, si une mouche volait dans la pièce on pourrait entendre battre son coeur l'amour le plus intense a toujours son envers tragique, ajoute-t-elle, toujours de la même voix fuyante et absente, c'est ce qui fait toute sa beauté et sa force Il est précisément, selon les principes mêmes de Fitzgerald, « démolition et création » C'est très nietzschéen aussi Les amants renouvellent constamment leurs liens spirituels au bout d'un long silence, plus chargé que le premier, Madyson aperçoit une guitare dans le coin du salon c'est à toi, monsieur, la guitare? Je pensais que les juges lisaient que des dossiers Tu permets? ne laissant qu'une des lampes allumées, prenant une pause concentrée, elle se met à chanter sous le « projecteur », les yeux fixés au loin « Tender is the night... » Puis, s'interrompant, elle murmure ces mots pour elle-même, « une épouse parfaite, ta pute, ta femme exponentielle, mon amour, mon amour » tu me fais marcher ou c'est de l'amour ce machin raide? demande-t-elle en fixant la queue bien enflée du juge On pourrait aller loin si j'étais ta femme, ta légale, quelque chose que t'appelles quand ça fait longtemps que ça traîne dehors, quelque chose qui couche chez toi, dans ta paperasse, tes traîneries, tes meubles, tes draps, tes prisons, nue après un petit sourire, elle dit : bon, c'est l'heure des visites, je pense En disant ces mots, elle pousse la chaise du juge en ordonnant à la greffière de s'écarter sur le bord du divan Ensuite elle attrape le pénis en érection du juge et le frotte sur le vagin de la fille Allez, fous-la Baise-la au boutt, la putain Puis, comme pour elle-même, Mady poursuit le viol {est} cette rencontre dans la Chair d'un Autrement Oui, accusé dans son acte mais blanchi dans la pluralité de son geste, de sa gifle amoureuse, où l'éthique de nos excuses nous pousse au crime Ton sexe, Madyson, {est} toujours le premier visé du doigt : vivre, c'{est} dé-penser, lapider Depuis ton Mail toujours achanlandé à l'heure de pointe, {je} te fracturerai, sans loi, sans pleurs, bourrée de fautes logiques...putain, épouse, garce, amante, femme exponentielle jusqu'aux bouts des orteils chaudes des longues et plaintives nuits diverses entre deux cuisses Mady sourit en regardant le juge pénétrer la greffée « Père, pardonne-leur! Car ils savent ce qu'ils font, ils le savent fort bien! », sentence-t-elle Intimité de moins en moins intimes, se frôlant. se respirant, se fracturant Puis brusquement, à l'instant où la jouissance se répend dans les veines, Mady pose son pied sur l'épaule de l'homme de loi, et le repousse au sol Un violent choc s'imprime dans le dos du juge qui souffle péblement tout en déchargeant, dosant plaisir et douleur Qui est condamnable en ce monde, la putain ou le papa? demande-t-elle Madyson, après s'être rapidement habillée, va à la cuisine et revient avec un couteau -après avoir en passant ouvert la radio (Runaway train) tu m'as fait vraiment mal, monsieur le juge, qu'elle dit en ramassant son sac je suis désolé, Madyson c'est trop facile d'être désolé, ça s'oublie vite les désolations....un miracle arrive que quand un dieu refuse de s'expliquer, en ce qui me concerne je me suis amplement expliquée donc je suis pas un dieu, donc no miracle Notre histoire d'amour s'achève ici, fini le jeu de la séduction...sé-duction qui vient du latin seducere qui signifie séparation, saignée, adieux M. le Juge, c'est ici qu'il faut nous fendre le coeur elle caresse le couteau puis le laisse tomber sur le sol -détache-le ou tue-le, j'en ai rien à foutre- qu'elle dit, avant de partir pardonne-moi, Madyson, pardonne-moi impossible Du reste, pourquoi renierais-tu l'Ordre que t'incarnes? T'as agis avec Justice, j'ai eu ce que je méritais. t'as aucune explication à me donner. Tes motifs ne me concernent pas, qu'elle dit en sortant, à l'instant où la greffière chauve ramasse le couteau, ma mission était de sauver le monde Voilà qui est fait (Runaway train)
deux jours plus tard, deux ados qui foxaient l'école, aperçurent le corps d'une jeune femme sur la plage, égorgée monsieur le Juge prit place sur son pose-cul, devant le regard admiratif de la nouvelle greffière
in) tu m'as fait vraiment mal, monsieur le juge, qu'elle dit en ramassant son sac je suis désolé, Madyson c'est trop facile d'être désolé, ça s'oublie vite les désolations....un miracle arrive que quand un dieu refuse de s'expliquer, en ce qui me concerne je me suis amplement expliquée donc je suis pas un dieu, donc no miracle Notre histoire d'amour s'achève ici, fini le jeu de la séduction...sé-duction qui vient du latin seducere qui signifie séparation, saignée, adieux M. le Juge, c'est ici qu'il faut nous fendre le coeur elle caresse le couteau puis le laisse tomber su
the microphone on? It's my new lost song / ...j'touvre plus les mots, ma baudelairienne, dans le désordre de tes pensées, la pyramide de mes caresses / quelque chose qu'on a oublié / au café / de nos détresse// chorus : mon anal-phabètes / mon hiéroglyphe, mon mets chinois / prends garde, je tiens à {tois} / mon anal-phabètes / mon barbouillage, la femmes que je veux garder / prends garde : je vais t'épouser / t’épousseter/ te dépenser dans mon litr le sol avant de partir pardonne-moi, Madyson, pardonne-moi impossible Du reste, pourquoi renierais-tu l'Ordre que tu incarnes? Tu as agis avec Justice, j'ai eu ce que je méritais. t'as aucune explication à me donner. Tes motifs ne me concernent pas, qu'elle dit en sortant, à l'instant où la greffière chauve ramasse le couteau, ma mission était de sauver le monde Voilà qui est fait (Runaway train)
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