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Emanuel (El Chalten, Argentine)
Emanuel (dit Ema), c’est un « mochilero ». Un back-packer, un routard. J’ai croisé sa route en descendant d’un bus, où je venais de passer 24h. J’avais passé tout le voyage avec une humeur de chien: j’étais fatiguée, c’était long, la bouffe de la compagnie de bus était immonde et j’avais cassé mes écouteurs seulement 2h après être rentrée dans ce foutu bus. Mais un quart d’heure avant le terminus, j’ai ouvert les yeux. C’était le petit matin, il faisait un temps magnifique, les paysages étaient splendides. On arrivait à El Chalten, dans le sud de la Patagonie.
En descendant du bus, j’ai aperçu Ema, la tête aussi étourdie et stupéfaite que moi. Avec son gros sac à dos un peu sale, son matos de camping, sa guitare à la main, et son sourire avenant, j’en ai vite déduit qu’il faisait parti de la grande famille des mochileros argentinos (presque aussi nombreux que les français en Amérique Latine).
Pendant mon voyage de cinq mois, j’en ai rencontré un paquet de voyageurs solo au long cours. Souvent fauchés, souvent chevronnés. A première vue, je pensais qu’il rentrait dans cette catégorie. A un détail près: Ema, c’est un mochilero débutant. Et c’est ça qui m’a touchée chez lui.
On sent qu’en faisant ce voyage, il cherche à sortir de sa zone de confort. A Buenos Aires, c’est boulot-études-musique-potes-dodo. Pour ce voyage, il s’est lancé des défis. Comme le premier jour de son périple où il a fait du stop pour la première fois de sa vie pour sortir de la province de Buenos Aires (« j’ai attendu plusieurs heures au péage et je me disais: mais qu’est ce que je fous là »…). Trois jours plus tard, il était à Santiago. Grâce à son pouce.
Même chose pour la guitare. Moi qui pensais que tous ceux qui venaient jouer quelques tubes de rock dans les bars étaient des habitués, je me suis rendue compte avec lui que pas du tout ! A la base, il joue dans un groupe, jamais en solo. Se retrouver à jouer et chanter tout seul, en fait c’était un putain de challenge pour lui. Quand on le voit reprendre un morceau des Beatles avec assurance et passion face à une tablée de touristes, difficile d’imaginer qu’avant de débouler devant leurs yeux il était en train de se ronger les ongles jusqu’au sang. On dirait que la musique lui fait tout oublier, jusqu’à son stress de débutant. Et ça marche: les bifetons affluent. Même qu’il se plaît à dire qu’une fois, un touriste américain lui a donné un billet de 50 dollars au Chili.
En fait, en un mois et demi de voyage, on sent que Ema a dépassé ses limites. Il a fait des trucs dont il ne se serait jamais cru capable auparavant. L’expérience de la route le transforme, l’émerveille aussi bien qu’elle l’ancre dans le réel. Il semble avoir pris une sacrée dose de maturité et de confiance en lui. D’optimisme aussi. Car maintenant il sait que tout est possible. Que dans son voyage comme dans sa vie à Buenos Aires, il peut choisir là où il veut aller.
Cette période sur la route, c’est une période de transition pour lui (au passage, de mon expérience de baroudeuse, il y a un constat implacable: les voyageurs au long cours ont tous une bonne raison de partir). Avant de débuter son voyage, il s’est fait viré délibérément de la banque où il travaillait. Objectif: se lancer à 100% dans la musique à son retour. Après deux mois sur la route, il est revenu il y a quelques jours à Buenos Aires, avec des batteries chargées à fond, l’audace en prime.
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Emiliano (quelque part dans les montagnes d’Argentine)
J’ai rencontré Emi chez lui. C’est-à-dire sous une grande tente qu’il partage avec un ami, face à la Cordillère des Andes. Peu de temps avant, un gros orage était passé par là. Ça sentait la pluie. Le fond de l’air était bien frisquet. Mais l’humidité et le ciel gris ne semblaient pas le gêner le moins du monde. Ce grand gaillard avec sa polaire Quechua orange vif trouée aux manches m’a accueillie avec un immense sourire, un risotto et une bière artisanale de sa propre facture.
Emi, c’est le genre de mec qui n’a pas un boulot mais plutôt un objectif fixe: croquer la vie à pleines dents. Il profite pleinement du moment présent sans trop se soucier du lendemain. Son optimisme rayonne autour de lui. En fait, Emi, il a l’aura d’un mec profondément sympa.
Avec son coloc de tente, il fabrique de la bière artisanale qu’il vend aux copains, à la famille, à quelques commerçants du coin. Un job parmi d’autres. Le plus important étant de garder du temps pour la musique et les jam sessions avec les potes. Et le mec est plutôt calé pour le coup: je l’ai vu aussi à l’aise derrière une guitare, une trompette ou une flûte.
Depuis cinq mois, il a posé sa tente ici pour avancer la construction de sa maison à côté. Une baraque qu’il veut écologique, fabriquée avec les matériaux du coin et des techniques d’eco-construction.
Seulement voilà, pour sa maison, il n’a pas vraiment fait de plans bien définis. « Parce que ça peut changer » rigole-t-il, une pelle à la main dans son grand trou en terre ou sa « piscine » comme il l’appelle. Il n’a pas non plus d’autorisation pour construire là où il a décidé de se poser... car il n’est pas propriétaire (donc pour éviter de lui attirer des ennuis, j’en dirai pas beaucoup plus sur le lieu où il se trouve). « Le terrain appartient à l’état car avant il y avait une mine à côté. Mais maintenant comme elle est fermé, l’état ne s’intéresse plus à cette zone et a abandonné ces terres, alors autant en profiter » résume-t-il, en un sourire. Il faut dire que si en France les terrains se font rares, ici la question ne se pose pas vraiment : l’Argentine est tellement vaste avec des milliers de m2 qui restent vides qu’il est au final assez final de décider de s’installer à un endroit avant que le proprio ne s’en rende compte. « Au bout de 15 ans d’occupation sans retour du proprio, l’état te considère de fait comme propriétaire », précise Emi.
Il s’est installé à côté d’une bande de copains éco-constructeurs qui, eux, sont bien propriétaires de leur terrain. A terme, l’idée de la petite bande serait de réaliser un petit hameau écolo avec un grand potager commun. Pour voir leurs légumes grandir au pied de la Cordillère. Avouez, c’est quand même classe.
Sa future maison, il l’imagine déjà comme un lieu de passage de voyageurs. Parce qu’une fois sa bicoque debout, il compte bien continuer de vadrouiller à vélo, comme il l’a déjà fait pour aller jusqu’en Colombie. Qu’il soit absent ou présent, il aimerait que son petit cocon accueille en permanence des gens de passage.
Beaucoup de légèreté et de simplicité, pas grand chose de déclaré, pas de prise de tête, ça c’est la vie d’Emi. Le genre de type qui vit avec très peu mais qui donne le sentiment qu’il est millionnaire. Car lui, il est riche de chaque minute intensément vécu sur cette planète.
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Hernán, Tupiza (Bolivie)
Hernán, il a le look de sa passion: le foot. La coupe de cheveux, les baskets fluos, et, à la première impression (disons le franchement), un air de petit con. Mais ça, c’est la première impression.
Hernán, c’était mon guide pour le tour dans le fameux Salar d’Uyuni et le Sud Lipez. A bord de son rutilant 4x4 rouge cerise, j’ai vu défiler 1200 kilomètres. Très vite, j’ai remarqué que sa bagnole, il y tenait comme à la prunelle de ses yeux. Toujours à l’astiquer (alors que dans le désert en 2min30 chrono, elle est recouverte de poussière), à rouler tranquilou bilou pour ne pas abîmer ses pneus, surtout quand il passe des dos d’ânes ou (plus commun dans le désert) des monticules de sable.
Hernán, c’est un type affable, attentionné auprès de ses clients, mais, pour autant, il n’est pas leur copain. Il garde ses distances, voire peut paraître fermé. Pas du tout le genre de guide joviale et sociable qui, à la fin de chaque trek, rajoute sur Facebook tous les touristes qu’il a accompagnés. Du coup, après une journée avec lui, j’me disais que c’était pas le genre de mec sur lequel j’allais écrire un petit mot.
Mais ça, c’était avant la dernière soirée du tour. Il y avait une bouteille de vin rouge sur la table pour notre groupe. On l’a invité lui, et la cuisinière, à la partager avec nous. Et là, alors que les autres touristes partaient un à un se coucher, les verres ont défilé. Son regard s’est allumé. Il a commencé à se livrer.
Hernán, il a 24 ans, une femme, une gamine de 2 ans et très peu de temps pour les voir. Parce qu’il travaille comme un dingue et n’a jamais de vacances. La belle ironie pour un mec qui passe la majorité de son temps avec des gens justement en vacances.
Si il s’occupe autant de son 4x4, c’est parce que c’est bien SA bagnole, pas celle de l’agence pour laquelle il travaille. Même qu’il a du faire un prêt à la banque pour la payer. Et s’il lui arrive quoique ce soit avec (ce qui est tout de même très probable quant on voit l’état des routes et le temps qu’il passe derrière le volant) c’est pour sa pomme, car son employeur ne lui offre pas d’assurance et lui n’a pas assez d’argent pour s’en payer une.
Avant d’être guide, il a bossé dans plusieurs mines, comme beaucoup d’hommes de la région. Puis il voulait faire des études, aller à l’université pour apprendre l’anglais. Mais il s’est marié, sa femme est tombée enceinte. Ses projets ont été remis à plus tard.
Honnêtement, je ne sais pas s’il apprécie son job. Quand je lui ai posé la question, il a noyé le poisson. Par contre, ce qu’il aime pour sûr, c’est le foot. D’ailleurs, il a demandé deux jours de congé à son agence pour qu’il puisse participer au tournoi de foot de son village natal. On lui a dit OK mais en échange tu bosseras le week-end du vote (en Bolivie le vote est obligatoire. Le 3 décembre, les boliviens devaient se prononcer sur plusieurs sujets, scrutin qui s’est transformé en vote anti-Evo Morales). Il a dit banco.
Pour courir régulièrement derrière son ballon, il fait attention à sa ligne. C’est pourquoi il mastique des feuilles de coca à longueur de journée, comme coupe-faim. « Les autres guides mangent comme les touristes pendant les tours (c’est à dire, TRÈS copieusement) du coup ils grossissent. Mais moi t’as vu, je reste mince! » me lance-t-il fièrement. Aussi fier qu’un joueur de foot, évidemment.
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