#des mois et des mois que j'ai cette image de moi en toute petite souris qui gratte frénétiquement le mur derrière elle
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I'm going to Give The Fuck Up
#okay i'm writing the rest in french 1) for spyld purposes because it's 1am but still#and 2) so i can pull that post out next time i'm seeing a therapist and maybe they'll take me seriously#donc je suis censée avoir fait un essai et une présentation pour demain (enfin. dans genre 8h)#et j'ai un autre exposé pour vendredi#j'ai rien commencé j'y arrive pas je peux pas#je suis au bout du bout j'arrive pas à me forcer à le faire je peux pas#c'est comme si ça faisait 4 ans que je courrais et qu'on me demandait de faire un sprint final#genre j'ai encore de l'énergie. mais bien sûr. je suis encore debout et c'est un miracle mais oui grave je vais sprinter#je vais aller en cours demain je vais dire au prof que je peux pas et que j'ai pleuré dessus plusieurs fois (ce qui est vrai)#et lui demander ce que je peux faire parce que là c'est pas possible#et on va voir!#je suis au bout de ma vie je n'en peux plus#plus le temps passe plus je me dis que ça vaudrait le coup d'abandonner et de rater mon année juste pour que ça s'arrête#ça fait des ANNÉES qu'à chaque période d'exam j'ai l'impression d'être un tout petit animal#qui s'est replié dans un coin de la pièce parce qu'un prédateur se rapproche#je suis dos au mur y a nulle part où aller et la menace se rapproche encore et encore et je peux rien faire#et je suis hors de moi tellement j'ai peur et je suis stressée#des mois et des mois que j'ai cette image de moi en toute petite souris qui gratte frénétiquement le mur derrière elle#parce que je peux pas aller devant moi. c'est là qu'y a le prédateur et je peux pas! je peux pas!!!#je peux pas fuir par là mais c'est la seule sortie et je vais pas y arriver et il faut que je parte il faut que je m'en sorte#si je reste là je vais mourir mais y a nulle part où aller et je suis pas en état de prendre une seule décision logique#je suis juste en train de paniquer et je peux rien y faire et il faut que je sois ailleurs où que ce soit mais pas ici pas ici pas ici#et toutes les fois où j'ai réussi à me mettre aux devoirs j'ai réussi à esquiver les conséquences mais pour combien de temps?#j'ai une semaine de répit. deux peut-être. et des fois ils faut que je le refasse immédiatement après et j'ai plus ce qu'il faut#si j'arrivais pas à me détacher de ça je serais paralysée toute la journée et je pleurerais au moins deux fois par jour#je mangerais pas je boirais pas je me doucherais certainement pas je parlerais à personne et je ferais absolument rien#rien qui me fait plaisir rien qu'y faut que je fasse rien rien rien. je serais figée tellement je suis stressée#du coup j'ignore et on dirait plus ou moins que ça va de l'extérieur mais je fais des crises de nerfs toutes les semaines#wow i have a ramble tag now
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D'une colère(humble)de ce qui n'a pas été fait plutôt de ce qu'il faut choisir comme une condition d'ignare... J'ai déjà reçu la foudre devant mes pieds
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Je mets cette note juste pour m'en rappeler
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Et finalement tu me réponds cette terre est un fruit pourri de son ver de terre
À l'intérieur
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Et je ne suis d de rien que de mes pr
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Merci e
Pour ton encouragement
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Je sais que tu n'es pas Superman
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J'ai horreur des héros
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Mais ce sont tes âmes
Sur terre
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Et pour moi rajouter une ligne
Contre toi mon éternel
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De l'univers
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Quand je pense que tu prends des nations patriotiques
Sans aucun recul
Pour faire croire sauver le monde
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Et tu vas me répondre finalement
:: je ne les ai jamais prises
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Alors je me demande si tu as un visage
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Et tu vas me répondre j'en ai un c'est avec celui-ci que tu étudies
Car tu es à mon image
Malgré ta colère
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Alors je vais te répondre à nouveau
Comment ça se fait que ce monde n'a pas de subtilité
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Et tu vas me répondre un monde est indigent
Et il faut lui ouvrir son univers
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Et ça c'est grâce à R
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La lune
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Je comprends vraiment pourquoi le roi D dit sans cesse voici le monde des c
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Et dire que je rigolais de dire que j'en étais un
A lui
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Mais maintenant je me rends compte que je suis bien seul
. Devant mon roi D devant mon roi S
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Et que pour un c serait h
Tout ce que j'ai laissé pour écriture
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Heureusement que j'ai mes d
Pour me défendre
Et mon d pour me protéger
Car ils sont entourés d'A et d'a
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Tu n'as pas fini ton texte
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Quoi?
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Écris j'en découvrirai les sei
De l et d'A
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Tu as fini de me lutter ?
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Mais tu sais que je suis en colère contre toi..la vie... Et je ne vais pas tourner autour... Ce texte en est dédié... Mais d'une manière simplifiée
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Cette Europe
Du milieu du siècle
Du milieu
Du 20e siècle
A été pour moi une horreur
De choses qui ne sont pas marquées dans l'histoire
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Et plutôt que de faire toute une liste
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Toi la vie je ne t'accuse pas
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Mais si tu me dis je dormais
Bah alors réveille-toi
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Comme quelqu'un ne va pas dormir devant un incendie
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Et si tu en as voulu au tien
Bah alors reprends-toi
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Comme quelqu'un ne va pas jeter sa famille au loup
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Même moi qui suis du néant je le sais
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Et c'est peut-être toi qui me l'a pris
La vie
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Et plutôt que de faire une liste je vais juste sortir cet exemple
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Ce yéménite
Que l'on tire et arrache les cheveux
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Par cette armée
Qui est de conquérir le Yémen
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Dans sa colonisation
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Et qui prend ce yéménite
Comme un lâche
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Serait presque comme un rebelle
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De ce qu'il est chez lui
Sans arme
Ni même d'une fonction militaire à ce que je sache
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À bras nue sage mince et petit
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Pour dire totalement insignifiant même physiquement
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Un front sage
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Tu vas me répondre ça ne veut rien dire
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Moi je vais te répondre qu'il était chez lui
Et qu'il n'est pas rebelle
D'être chez lui puisqu'il est chez lui
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Donc qui a fait quoi
Et toi tu as dormi comment
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Toi
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La vie
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Tu peux me répondre
Ils ont fait leur faux dieu
. Ou des talisman faux
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De dire je vais tirer les cheveux d'un homme humble
Je vais l'appeler rebelle
Je vais l'appeler militaire de ce qui n'occupe pas
Et j'y permets ?! de voir c yéménite
Comme des ignare ?!
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Mais c'est quel dieu qui règne
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Le dieu des tarés
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À cette terre peut-être
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Mais pas aux nations du firmament
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C'était juste pour te le rappeler
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Ma colère contre toi grandit
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Et tu peux me munir d'un autre diable
Et tu peux me munir de tous les démons que tu veux
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Il y a ces histoires du 20e siècle
Sans même parler de 2000 ans d'horreur
Ou même certains paysans rester une vie sans bougé.
Puisque ce monde n'est que la guerre
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Et nous nous vivons pour être des souris cachés
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A voir l'horreur sur les autres
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En réalité tu es d'importation d'une souffrance... Puisque de la flèche de ses entrailles tu peux tout faire... Dans l'allant des choses
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C'est l'étude qui l'a construit
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Je te réponds
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Ce monde est star
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Mon monde est étude
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Ce n'est pas nécessairement une souffrance
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Tu vois
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Donc on doit rester dans l'étude
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Soit la nuit soit le jour
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Ou durant sa pause
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Puisque le monde n'est pas délivré de ces univers
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Et chaque personne a un univers
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Facile pour moi
De faire comme ces gens âgés qui ne savent même pas où sont les choses
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Parce qu'il m'énerve
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Donc ton flux ne ramène qu'à l'étude
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Oui
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Pour un monde mesurer
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Sage
Et comme tu as traduit le monde pas de la variabilité moi ça me convient
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医院 (iin)
Pour la première fois depuis mon arrivée au Japon, je vais seule chez le docteur.
Dans la salle d'attente, la télévision joue. Émission de variété, réactions à des nouvelles insolites. Des kanjis colorés balaient l'écran, suivis de rires en canne. On garde les yeux fixés droit devant.
Dans la périphérie de ma vision, les visages des gens qui patientent avec moi sont invisibles. Je ne devine leur présence que par leurs jambes, visibles en dessous des panneaux qui séparent chaque siège. Pantalons ajustés. Chaussures de cuir. Jupes longues, fleuries. Facile de deviner la moyenne d’âge.
Quand j'ai visité cette clinique pour la première fois, il y a presque un an exactement, c'était accompagnée de Mitchell (pour la traduction) et de Kusumoto (pour dieu sait quoi). Une crampe à la jambe me faisait craindre une thrombose — condition partagée par ma mère et ma grand-mère il y a quelques années.
Au final, ce n'était rien — rien qu'un faux mouvement, la veille, en jouant dans les rochers du Géoparc.
Mais je me souviens de ce duo, docteur et infirmière, les mêmes qui m'attendront dans la pièce d'à côté. Leur préoccupation pour mon cas — sourcils inversés, lents murmures d'approbations, patience d'attendre que Mitchell traduise mes tremblotantes explications. Petite clinique de village. Les infrastructures de Muroto n'ont pas suffit pour diagnostiquer mon cas; il nous a fallut aller en ville, le lendemain, passer les tests appropriés.
Tout de même.
Je me souviens des mains fraiches de l'infirmière sur mon mollet nu. Tâtons, hochements de tête, commentaire sur la teinte de ma jambe gauche comparée à celle de droite.
En sortant de cette clinique sans réponse, je me souviens m'être faite la réflexion : voilà de grands habitués à travailler avec les personnes âgées. Le seul fait d'avoir été écoutée avec tant d'attention, mes craintes validées, m'avait presque enlevé toute la douleur du mollet. Apaisement.
La dame devant moi se fait appeler. Se lève lentement, péniblement. L'infirmière accoure pour la soutenir. Je fronce les sourcils.
C'est la même dame qui n'a pas eu de mal à me doubler lorsqu'était venu le temps de me couper en file à la réception.
Les bras de l'infirmière s'enroulent autour de son bras légèrement, en geste de camaraderie. Douceur plutôt que soutien. Peut-être se confondent-ils.
À la télévision, des images de désastres s'enchaînent, sous l'ébahissement amusé des animateurs. Ponts qui s'effondrent, voiture rescapée. Toits qui se soulèvent, un homme encore assis à la table de sa cuisine. Chute de glace, tout juste évitée par une dame en marchette.
On m'appelle. Je ramasse mes affaires, sac encore à demi-ouvert, accoure vers la porte.
Vue familière. Docteur et infirmière, écran d'ordinateur, chemises blanches ouvertes sur des vêtements typiques de retraités murotois. Ils m'ont reconnu, sont heureux de me voir.
Je ne suis ici que pour le renouvellement de ma prescription. C'est ma troisième fois — j'ai du me battre, contre Kusumoto, puis avec Kusumoto, pour faire allonger la durée entre mes renouvellements. Acharnement. On est passé de trois mois à six mois, petite victoire. D'un ridicule, tout de même: ma docteure à Montréal me prescrit la même chose chaque deux ans.
Visite de pacotille. Même chose? Même chose. Pas de changement notable? Pas de changement notable. Bien. Bien. On se regarde. Je suis sur une heure de congé personnel. Je souris à l'infirmière. L'infirmière me sourit. Croissants d'yeux sous les masques.
"Mitchell se marie, n'est-ce pas?"
Un petit rire me prend. "Oui, oui, nous le célébrons ce soir."
Vie de village.
On parle de Mitchell, puis de ma famille, puis de la santé de ma famille, puis des futures visites de ma famille.
"Je vous ai vu avec votre mère à l'épicerie, cet été," m'avoue l'infirmière.
On rit.
J'ai rentabilisé ma visite. À la prochaine, à la prochaine.
Dans la salle d'attente, vers laquelle je marche à contre-courant, je peux enfin voir les visages des autres patients. Yeux fixés sur la télévision, ils ne me remarquent pas. Je reconnais la propriétaire du café où je vais presque chaque semaine écrire des mauvais haiku. Dans le coin à gauche, la mère du petit garçon qui fait du taiko avec moi les mercredis.
Je détourne le regard, nous laisse un semblant de vie privée.
Village, village.
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Leçon de vie. Il y a quelques jours alors que j'étais à la piscine, j'ai vu une jeune maman et sa petite fille entrer dans la zone de bain, habillées de très jolis maillots assortis. La maman, avec ses boucles parfaites maintenues par un ruban assorti, a passé les premières minutes à parler à voix haute sur son téléphone avec une amie, alors que sa fille était debout à attendre pour entrer dans la piscine. La mère a terminé son appel et a procédé à l'étalage de jouets de piscine et de crème solaire sur une belle serviette. Ensuite, après avoir trouvé le bon angle et la bonne lumière, maman a sorti son trépied et pris quelques selfies avec sa fille. La petite a demandé à entrer dans la piscine. Sa mère lui a dit d'attendre puis a fait poser sa fille devant la piscine, puis entrant dans la piscine et puis sortant de la piscine. La petite a souri et dit "cheese" comme si elle l'avait fait un million de fois. Puis finalement elle s'est vu donné l'autorisation d'aller jouer. La petite fille est entrée dans l'eau et a patogé pendant quelques minutes. Sa mère a appelé une amie depuis son téléphone et a commencé une autre conversation tandis que sa petite lui demandait poliment et à plusieurs reprises : "Maman, peux-tu venir à l'eau avec moi s'il te plaît ? Elle a été ignorée. "Maman, tu viens jouer avec moi ? " demanda t'ell 4 fois encore. La mère a jeté un œil mais n'a jamais raccroché. Après 10 minutes, elle a terminé son appel, a ramassé la crème solaire qui n'a jamais été appliquée, les jouets de piscine qui n'ont jamais touché l'eau, puis sa fille et est sortie de la piscine. Je suis restée assise là à penser à ce que j'avais vu pendant un certain temps. J'ai imaginé les photos parfaites qu'elle a prise et posté sur les réseaux sociaux avec un titre du genre "Piscine time avec ma fille" ! #MakingMemories" Quelque part, une autre mère est à la maison avec ses enfants, son salon est dans un grand désordre à cause des jouets, ses cheveux en bataille et ses vêtements salis par de la bave ou de la compote. Elle va être fatiguée parce qu'elle a passé la journée à cuisiner, s'occuper, nettoyer et jouer avec ses enfants. Puis elle va regarder les photos de cette mère sur instagram et elle va automatiquement se comparer à cette vision parfaite. La culpabilité va lui murmurer à l'oreille : "Tu n'es pas assez bien... " "Tu ne ressembles pas à cette maman dans la piscine... "Tu n'as pas d'argent pour acheter des maillots de bain chers aussi jolis et tu n'as pas le temps de créer des souvenirs comme elle" et cette jeune maman va en être certaine. Elle va se sentir comme une ratée. Elle ne saura jamais la vérité derrière ces images, ni que la façon dont elle s'est occupée de ses petits ce jour-là, était bien mieux aux yeux de ses enfants que cette "maman parfaite" dans la piscine. Ce que nous voyons sur les réseaux sociaux n'est pas toujours réel. Parfois et même souvent c'est un piège. C'est monté et filtré, c'est faux. Parfois, nous voyons des photos absolument merveilleuses de vacances et de belles maisons et des cheveux fraîchement coiffés mais ce n'est qu'un moment. C'est le meilleur moment de toute une journée passée comme la nôtre. Travailler, nettoyer et ramasser le désordre... Chère mère, ne te compare pas. Ce que tu fais est suffisant ! Tu es incroyable et le meilleur c'est que tu es RÉELLE ! Ton T-shirt sale, ta maison en désordre et tes enfants heureux sont réels et sont la preuve que tu t'en sors bien ! ✍🏼 Jennifer Hilbawi.
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Les Archives Magnus – Episode 2 : Ne Pas Ouvrir
ARCHIVISTE
Déposition de Joshua Gillespie, concernant son temps passé en possession d’un cercueil en bois apparemment vide. Déposition originale faite le 22 novembre 1998. Enregistrement audio par Jonathan Sims, archiviste en chef de l’Institut Magnus, Londres.
Début de la déposition.
ARCHIVISTE (DEPOSITION)
Tout a commencé lors d’un séjour avec des amis à Amsterdam. Tout ce que vous êtes en train d’imaginer et vrai. Nous avions tous une vingtaine d’années, étions fraichement diplômés et avions décidé de passer quelques semaines à faire les fous sur le continent, vous pouvez sûrement donc imaginer le reste. Il y a très peu de moments pour lesquels je peux dire que j’étais sobre et encore moins ou j’agissais comme tel, même si ce n’était pas pire que mes amis qui avaient carrément du mal à se gérer parfois.
C’est peut-être pour ça que je suis sorti seul ce matin-là ; aucune idée de la date exacte mais ça devait être mi-mai. Les autres étaient en train de dormir pour se remettre se leur gueule de bois collective et j’ai décidé de sortir me promener sous les rayons de soleil de cette matinée néerlandaise. Avant d’être diplômé de Cardiff avec les autres, j’étudiais l’architecture, donc j’attendais avec impatience de pouvoir me balader seul quelques heures et d’admirer l’architecture du centre d’Amsterdam. Je n’ai pas été déçu, c’est une magnifique ville, mais j’ai réalisé trop tard que je n’avais pris aucune carte ou guide avec moi, et une heure ou deux plus tard me retrouvais complétement perdu.
Je n’étais pas particulièrement inquiet comme c’était encore le milieu d’après-midi à ce moment-là, et me perdre dans les ruelles avait été en quelque sorte ce que j'essayais de faire, mais j'ai quand même décidé que je ferais mieux de faire un réel effort pour retrouver mon chemin vers l'endroit où mes amis et moi étions logés sur Elandsstraat. Je fini par y arriver, mais comme je ne parlais pas le néerlandais, j'ai passé une bonne heure à prendre le tramway dans des mauvaises directions.
Quand je suis enfin rentré sur Elandsstraat, il commençait à faire nuit et je me sentais très tendu, alors j'ai décidé de faire un saut dans un des cafés pour me détendre avant de rejoindre mes amis. Je ne peux pas dire avec certitude combien de temps j'y suis resté, mais je sais qu'il faisait déjà nuit lorsque j'ai remarqué que je n'étais pas seul à ma table.
J'ai essayé de décrire l'homme qui était assis en face de moi à plusieurs reprises, mais c'est difficile. Il était petit, très petit, et il donné l'impression d'avoir une étrange intensité. Ses cheveux étaient bruns, je pense, coupés assez courts, et il était rasé de près. Son visage et sa tenue n'étaient pas du tout marquants, et plus j'essaie de penser à son apparence exacte, plus il est difficile de se faire une image claire de lui. Pour être franc, cependant, je suis tenté de mettre cela sur le compte de la drogue.
L'homme s'est présenté sous le nom de John, et m'a demandé comment j'allais. J'ai répondu du mieux que j'ai pu, et il a hoché la tête, disant qu'il était aussi un Anglais se trouvant en pays étranger. Je me souviens qu'il a utilisé cette phrase exacte parce qu'elle m'a paru très étrange à l'époque. Il a dit qu'il était de Liverpool, bien que je ne me souvienne pas qu'il ait un accent quelconque, et qu'il cherchait un ami sur lequel il pouvait compter pour lui rendre un service.
Là, aussi défoncé que j'étais, je me suis méfié dès qu'il dit ça et j'ai commencé à secouer la tête. John m'a dit que ce n'était rien de trop coûteux, qu'il fallait juste s'occuper d'un paquet pour lui jusqu'à ce que des amis viennent le chercher, et qu'il était prêt à bien payer. Je pensais qu'il parlait de trafic, et j'étais sur le point de refuser à nouveau quand il a mis la main dans sa... veste, je crois ? et a sorti une enveloppe. Il y avait 10 000 livres à l'intérieur. Je sais ; je sais, j'ai compté. Je savais que c'était un choix stupide, mais je n'arrêtais pas de repenser à mon ami Richard qui m'avait dit combien il avait été facile de faire passer une livre de haschisch à la douane lors de son premier voyage en Hollande, et ayant maintenant cette somme d'argent dans mes mains...
J'ai dit oui. John a souri, m'a remercié et m'a dit qu'il me contacterait. Il a quitté le café et j'ai immédiatement commencé à paniquer à cause de ce que j'avais accepté. Je voulais le rattraper et lui rendre l'argent, mais quelque chose me pesait, m'empêchait de quitter mon siège. Je suis resté assis là pendant un long moment.
Je ne me souviens pas de grand-chose des jours suivants, si ce n'est que je m’inquiétais de savoir quand je reverrai John. Je faisais attention à ne pas dépenser l'argent qu'il m'avait donné, et j'avais décidé de le lui rendre dès qu'il se présenterait. Je lui dirais que j'avais fait une erreur et que je ne pouvais pas accepter son argent ni m'occuper de ses affaires. J'ai essayé de profiter, mais c'était comme une ombre qui planait sur moi, et je ne pouvais pas m'empêcher d'y penser. J'ai attendu pendant des jours, jusqu'à la fin de notre voyage, mais il n'est jamais venu. J'ai vérifié ma valise de façon maniaque avant de monter dans l'avion de retour, au cas où quelqu'un y aurait glissé quelque chose, mais il n'y avait rien de spécial dedans. Je suis rentré en Angleterre avec mes amis encore défoncés et 10 000 livres dans la poche de mon manteau. C'était surréaliste.
Ce n'est que près d'un an plus tard que je me suis senti assez confiant pour dépenser une partie de l'argent. J'avais déménagé pour travailler dans un petit cabinet d'architectes à Bournemouth, sur la côte sud. C'était un emploi de départ et le salaire n'était pas très élevé, mais c'était la seule offre que j'avais obtenue dans le domaine que j'avais choisi, alors j'y suis allée dans l'espoir d'acquérir de l'expérience et d'obtenir un meilleur poste dans un an ou deux.
Bournemouth était une ville de bord de mer de taille décente, bien que beaucoup moins idyllique que ce que j'avais imaginé, mais les loyers pour un logement à moi seul étaient un peu hors de ma gamme de prix, étant donné mon niveau de salaire de départ. Je ne connaissais personne d'autre là-bas et n'étais pas disposé à partager mon logement avec des inconnus, alors j'ai décidé d'utiliser une partie de l'argent qu'on m'avait donné à Amsterdam l'année précédente. Je me suis dit qu'il était peu probable qu'ils me retrouvent à ce stade - je n'avais donné à John aucune de mes coordonnées lorsqu'il m'avait parlé, pas même mon nom, et s'ils n'avaient pas pu me trouver au cours de l'année dernière, il était peu probable qu'ils puissent me suivre ici. De plus, s'il s'agissait de trafic de drogue, comme je le soupçonnais, 10 000 livres n'étaient probablement pas une somme d'argent si importante pour eux pour qu'ils veuillent me traquer jusqu'ici. Et puis, avec le recul, ça paraît stupide, mais je venais de me laisser pousser la barbe et je pensais qu'il serait difficile pour quiconque de me reconnaître comme le même type. J'ai donc dépensé un peu de l'argent de John pour louer un bel appartement d'une chambre dans le Triangle, près du centre-ville, et j'ai emménagé presque immédiatement.
Environ une semaine plus tard, j'étais dans ma cuisine en train de couper des fruits pour le petit-déjeuner quand j'ai entendu la sonnette de ma porte. J'ai ouvert et suis tombé sur deux livreurs au visage rouge. A eux deux, ils transportaient un immense paquet, qu'ils avaient manifestement dû manœuvrer dans les escaliers étroits de l'immeuble où j'habitais. Ils m'ont demandé si j'étais Joshua Gillespie, et quand j'ai dit oui, ils ont dit qu'ils avaient une livraison qui m'était adressée et l'ont fait passer dans le hall.
Ils ne semblaient pas venir d'une entreprise de livraison que je connaissais et ils ne portaient pas d'uniforme. J'ai essayé de leur poser quelques questions, mais dès qu'ils ont posé le paquet par terre, ils se sont tournés et sont sortis. Ils mesuraient tous les deux plus d'un mètre quatre-vingt et étaient très imposants, alors je n'aurais pas pu faire grand-chose pour les empêcher de partir, même si je l'avais voulu. La porte s'est claquée derrière eux, et je me suis retrouvé seul avec ce paquet.
Il mesurait environ deux mètres de long, peut-être un mètre de large et à peu près la même profondeur. Il était scellé avec du ruban adhésif et mon nom et mon adresse étaient inscrits en lettres épaisses et courbées sur le dessus, mais il n'y avait ni adresse de retour ni cachet postal d'aucune sorte. Je commençais à prendre le risque d'être en retard au travail à ce point-là, mais j'ai décidé que je ne pouvais pas me permettre de partir sans avoir vu ce qu'il y avait à l'intérieur, alors j'ai pris le couteau sur le comptoir de ma cuisine et j'ai coupé le ruban adhésif en gardant le paquet fermé.
A l'intérieur se trouvait un cercueil. Je ne sais pas à quoi je m'attendais, mais ce n'était pas à ça en tout cas. J'ai fait tomber mon couteau et ait juste regardé le cercueil sous la surprise. Il était fait de bois non verni, jaune pâle, et était enroulé d'une lourde chaîne de métal, qui était verrouillée par un lourd cadenas de fer. Le cadenas était fermé, mais la clé se trouvait à l'intérieur. Je m’apprêtais à la prendre, quand j'ai remarqué deux autres choses sur le couvercle du cercueil. La première était un morceau de papier, plié en deux et placé sous la chaîne, que j'ai pris. L'autre était la présence de trois mots, gravés profondément dans le bois du cercueil en lettres de trois pouces de haut. Ils lisaient : NE PAS OUVRIR.
J'ai retiré ma main du cadenas lentement, sans savoir ce que j'étais censé faire. À un moment donné, j'ai dû m'asseoir, car je me suis retrouvé par terre, appuyé contre le mur, fixant cette chose bizarre qui était apparue inexplicablement chez moi. Je me suis souvenu du morceau de papier, et l'ai déplié, mais il était simplement écrit " Livré avec remerciements - J ". Aussi étrange que cela puisse paraître, c'est seulement à ce moment-là que j'ai fait le lien avec l'homme que j'avais rencontré à Amsterdam. Il m'avait dit qu'il voulait que quelqu'un s'occupe d'un paquet pendant un certain temps. Était-ce le paquet dont il parlait ? Est-ce que je devais garder un cadavre ? Qui allait venir le chercher ? Quand ?
J'ai téléphoné au travail pour dire que j'étais malade et je suis resté assis là, à regarder le cercueil pendant ce qui pouvait être des minutes ou des heures. Je n'avais aucune idée de ce qu'il fallait faire. J'ai fini par me déplacer vers le cercueil, jusqu'à ce que mon visage soit à quelques centimètres du couvercle. J'ai pris une profonde inspiration, en essayant de voir si je pouvais sentir quelque chose de l'intérieur. Rien. S'il y avait un cadavre là-dedans, il n'avait pas encore commencé à sentir. Non pas que je savais vraiment ce qu'un cadavre sentait. C'était au début de l'été à ce moment-là, ce qui voudrait dire qu'il devait être mort récemment. S'il y avait un cadavre là-dedans. En me levant, ma main a effleuré le bois du cercueil et je me suis rendu compte qu'il était chaud. Très chaud, comme s'il avait été exposé au soleil pendant des heures. Ça m'a fait avoir un frisson et j'ai rapidement retiré ma main.
J'ai alors décidé de me faire une tasse de thé. J'avais un sentiment de soulagement en me tenant à côté de la bouilloire, car de cet angle je ne pouvais pas voir la chose dans le hall. Je pouvais juste l'ignorer. Je n'ai pas bougé même après avoir rempli ma tasse ; je suis resté là à siroter mon thé, sans même remarquer qu'il était encore bien trop chaud pour être bu confortablement. Quand j'ai finalement eu le courage de retourner dans le couloir, le cercueil était toujours là, immobile.
J'ai finalement pris une décision et, en saisissant fermement le cadenas, j'ai récupéré la clé et l'ai placée sur la table du hall d'entrée, à côté de la porte. J'ai ensuite saisi le cercueil et la chaîne et j'ai commencé à le tirer plus loin dans mon appartement. C'était bizarre de le toucher : le bois avait encore cette chaleur troublante, mais la chaîne était aussi froide qu'on s'y attendrait d'un épais morceau de fer, et apparemment elle n'avait pas pris la chaleur. Je n'avais pas de placard avec assez d'espace pour le ranger, alors j'ai fini par le traîner dans mon salon et par le pousser contre le mur, le plus loin possible. J'ai découpé le carton dans lequel il avait été placé et l'ai mis avec les ordures à l'extérieur. Et c'est comme ça que j'ai, semble-t-il, commencé à garder un cercueil chez moi.
À ce moment, je pense que je présumais qu'il était pleine de drogues, du moins aussi loin que je pouvais supposer quoi que ce soit sur la question. Pourquoi quelqu'un stockerait-il quelque chose de façon aussi évidente ou avec un parfait inconnu comme moi, ce n'était pas une question à laquelle je pouvais même supposer une réponse, mais j'ai décidé qu'il valait mieux y réfléchir le moins possible. Pendant les jours qui ont suivi, j'ai évité mon salon, car le fait d'être si près de la chose me rendait nerveux. Je restais également attentif à une quelconque odeur de pourriture, qui pourrait indiquer qu'il y avait quelque chose de mort à l'intérieur du cercueil finalement. Mais je n'ai jamais rien senti, et au fil des jours, je faisais de moins en moins attention à ma mystérieuse cargaison.
Environ une semaine après son arrivée, j'ai finalement recommencé à utiliser mon salon. Je regardais la télévision, surtout, et je gardais un œil sur le cercueil immobile. À un moment donné, j'ai eu l'audace de l'utiliser comme table. Je buvais un verre de jus d'orange à ce moment-là et je l'ai placé par inadvertance sur le couvercle, sans vraiment me rendre compte de ce que j'avais fait. Du moins, pas avant que j'entende un mouvement en dessous. Je me suis figé, en écoutant attentivement et en regardant fixement, en espérant avoir imaginé les choses. Mais je l'ai encore entendu – un grattement doux mais insistant, juste en dessous de l'endroit où j'avais placé mon verre. C'était lent et délibéré, et cela provoquait de légères ondulations à la surface de mon jus.
Il va sans dire que j'étais terrifié. Plus que cela, j'étais troublé. Le cercueil était resté dans mon salon, enchaîné et immobile, depuis plus d'une semaine à ce moment-là. S'il y avait eu quelque chose de vivant à l'intérieur au moment de sa livraison, il semblait peu probable que ça soit encore en vie. Et pourquoi ça n'avait pas fait de bruit avant s'il y avait quelque chose à l'intérieur capable de bouger ? Je pris doucement mon verre et immédiatement, les rayures cessèrent. J'ai attendu un certain temps, en considérant mes options, avant de le remettre en place à l'autre bout du couvercle. Il a fallu environ quatre secondes pour que le grattement reprenne, maintenant avec plus d'insistance.
Quand j'ai enlevé le verre cette fois-ci, il ne s'est pas arrêté pendant encore cinq minutes. J'ai décidé de ne plus faire aucune autre expérience, et j'ai plutôt pris la décision très sérieuse de l'ignorer. J'ai alors estimé qu'il me fallait soit utiliser la lourde clé en fer pour l'ouvrir et voir par moi-même ce qu'il y avait dedans, soit suivre l'instruction de l'entaille et prendre la résolution de ne jamais regarder à l'intérieur. Certains pourraient me traiter de lâche, mais j'ai choisi la seconde solution, qui consistait à interagir le moins possible avec la clé pendant que ça vivait dans ma maison. Bon, j'imagine que "vivre" n'est peut-être pas le bon terme.
Je savais que j'avais pris la bonne décision la fois suivante où il a plu, et que j'ai entendu le cerceuil se mettre à gémir. C'était un samedi, et je passais la journée à rester à l'intérieur et à lire un peu. J'avais peu d'amis à Bournemouth, et le fait d'avoir un mystérieux cercueil dans mon salon me rendait réticent à établir le genre de liens qui pourraient amener les gens à venir, je passais donc la plupart de mon temps libre seul.
Je ne regardais pas beaucoup la télévision avant même que mon salon ne soit occupé par le stockage de cette chose, et je me suis donc retrouvé assis dans ma chambre à lire beaucoup. Je me souviens qu'à l'époque, je venais de commencer Le Monde Perdu de Michael Crichton, quand il s'est mis à pleuvoir dehors. C'était une forte pluie, du genre qui tombe tout droit, sans vent pour la perturber, jusqu'à ce que tout soit sombre et humide. Il était à peine midi passé, mais je me souviens que le ciel était tellement couvert et sombre que j'ai dû me lever pour allumer la lumière. Et c'est alors que je l'ai entendu.
C'était un son doux et grave. J'ai vu L'Armée des Morts, je sais à quoi les gémissements des morts-vivants sont censés ressembler, mais ce n'était pas du tout ça. C'était presque... mélodieux. C'était presque comme un chant, s'il était étouffé par vingt pieds de terre battue. Au début, j'ai pensé que ça venait peut-être d'un des autres appartements de mon immeuble, mais au fur et à mesure que ça continuait, et que les poils de mes bras commençaient à se dresser, je savais, je savais tout simplement, d'où ça venait. Je suis allé dans le salon et me suis tenu dans l'embrasure de la porte, regardant la boîte en bois scellée continuer à émettre son doux son musical avec la pluie.
Il n'y avait rien à faire. J'avais pris la décision de ne pas l'ouvrir, et cela ne m'a certainement pas donné envie de reconsidérer la question. Je suis donc retourné dans ma chambre, j'ai mis de la musique et ai monté de volume assez fort pour couvrir le bruit.
Et ainsi, cela a continué pendant quelques mois. Ce qui se trouvait dans le cercueil grattait dès que quelque chose était placé dessus et gémissait à chaque fois qu'il pleuvait, et c'était tout. Je suppose que cela montre qu'on peut s'habituer à tout et n'importe quoi, aussi bizarre que ça soit. J'ai parfois envisagé d'essayer de m'en débarrasser, ou de trouver des gens comme vous pour enquêter, mais j'ai finalement décidé que j'avais en fait plus peur de celui qui était responsable m'avoir confié le cercueil que du cercueil lui-même. J'ai donc gardé le secret.
La seule chose qui m'inquiétait, c'était de dormir. Je crois que ça m'a donné des cauchemars. Je ne me souviens pas de mes rêves, je n'en ai jamais fait, et si je faisais des cauchemars, ils n'étaient pas différents - je ne m'en souvenais pas et je ne m'en souviens certainement pas maintenant. Mais je sais que je me réveillais toujours en panique, serrant ma gorge et luttant pour respirer. J'ai aussi commencé à être somnambule. La première fois que cela s'est produit, c'est le froid qui m'a réveillé. C'était au milieu de l'hiver et j'ai tendance à ne pas garder le chauffage allumé quand je dors. Il m'a fallu quelques secondes pour me rendre compte de l'endroit où j'étais. Je me tenais dans le noir, dans mon salon, au-dessus du cercueil. Ce qui me préoccupait le plus dans cette situation était le fait que, lorsque je me suis réveillé, j'avais l'impression de tenir la clé dans ma main.
De toute évidence, cela me préoccupait. J'en ai même parlé à mon médecin traitant, qui m'a orienté vers la clinique spécialisée dans le sommeil de l'hôpital voisin, mais ces incidents ne se sont jamais reproduits dans le cadre clinique. J'ai décidé de cacher la clé dans des endroits de plus en plus difficiles d'accès, mais je continuais à me réveiller avec elle dans les mains et je commençais à être paniqué. Quand je me suis réveillé un matin pour découvrir que j'avais en fait placé la clé dans la serrure et que j'étais, pour autant que je sache, à quelques secondes de l'ouvrir, j'ai su que je devais trouver une solution.
En fin de compte, ce que j'ai entrepris de faire était peut-être un peu compliqué, mais cela a semblé fonctionner : Je plaçais la clé dans un bol d'eau et je la mettais ensuite dans le congélateur, en l'enfermant dans un bloc de glace solide. Il m'arrivait encore parfois d'essayer d'atteindre la clé dans mon sommeil, mais le froid de la glace me réveillait toujours bien avant que je puisse en faire quoi que ce soit. Et au final, c'est devenu une nouvelle partie de ma routine.
J'ai vécu comme ça pendant près d'un an et demi. C'est drôle comme la peur peut devenir aussi routinière que la faim - à un certain moment, je l'ai juste acceptée. Le premier indice que mon temps à garder le cercueil touchait à sa fin a été quand il a commencé à pleuvoir et que c'est resté silencieux.
Je ne l'ai pas remarqué au début, car mon habitude à ce moment-là était de mettre la musique dès que le temps commençait à se dégrader, mais après quelques minutes, je me suis rendu compte qu'il n'y avait aucun bruit à couvrir. J'ai donc éteint ma musique et suis allé vérifier. Le salon était silencieux. Puis on a frappé à la porte. Le son était léger et discret, mais il résonna comme le tonnerre dans l'appartement silencieux. J'ai su ce que je verrais dès que j'ai ouvert la porte, et j'avais raison. John et les deux livreurs se tenaient là.
Je n'étais pas surpris de les voir, comme je l'ai dit, mais eux semblait surpris de me voir. John a pris une seconde pour me regarder de haut en bas, presque stupéfait, alors que je lui demandais s'ils étaient venus chercher leur cercueil.
Il a répondu que oui, et qu'il espérait que cela n'avait pas posé trop de problèmes. Je lui ai fait savoir ce que je pensais de lui, et n'a rien eu à me répondre. Il a cependant semblé réellement impressionné lorsque j'ai sorti la clé du congélateur. Je n'ai même pas essayé de la décongeler - j'étais tellement impatient d'avoir cette chose hors de ma vie que j'ai juste fait tomber le bol de glace sur le sol et l'ai brisé. J'ai regardé John ramasser la clé glacée sur le sol et je leur ai dit que la chose était dans le salon.
Je ne les ai pas suivis. Je ne voulais pas voir ce qu'ils faisaient du cercueil. Je ne voulais pas voir s'ils l'avaient ouvert. Et quand les cris ont commencé, je ne voulais pas voir qui criait ni pourquoi. Je n'ai quitté la cuisine que lorsque les deux livreurs ont passé la porte avec le cercueil. Je les ai suivis dans les escaliers et j'ai regardé, sous la pluie battante, ils l'ont enfermé dans une petite camionnette portant l'inscription "Livraisons Breekon et Hope". Puis ils sont partis. Il n'y avait aucun signe de John.
C'est la dernière chose que je sache. J'ai trouvé un nouvel emploi et j'ai déménagé à Londres peu de temps après, et maintenant j'essaie juste de ne pas trop y penser.
ARCHIVISTE
Fin de la déposition.
Il est toujours agréable d'entendre que ma ville natale n'est pas entièrement dépourvue d'événements étranges et d'histoires sinistres. Les glaces, les plages et l'ennui, c'est très bien, mais je suis heureux d'entendre que Bournemouth a au moins quelques apparitions à son actif. Cela dit, le fait est que la déposition de M. Gillespie commence par la consommation de drogue et se poursuit avec le manque de témoins corroborants comme thème central, ce qui signifie que qu'il s'agit bien uniquement d'une histoire sinistre. Lorsque l'Institut a enquêté pour la première fois, il semble qu'il n'ait pas été en mesure de trouver une seule preuve pour appuyer l'existence de ce cercueil griffé, et pour être franc, j'ai pensé que cela valait la peine de faire perdre du temps à qui que ce soit maintenant, près de vingt ans plus tard.
Cela dit, j'en ai parlé à Tim hier, et apparemment il a fait quelques recherches de son côté. Breekon and Hope existait en fait, et était un service de coursiers qui a opéré jusqu'en 2009, date à laquelle ils ont été mis en liquidation. Ils étaient cependant basés à Nottingham, au nord de Bournemouth, et s'ils ont conservé des traces de leurs livraisons, elles ne sont plus accessibles.
Ce qui est intéressant, cependant, c'est l'adresse que M. Gillespie a fournie pour l'appartement dans lequel tout cela s'est déroulé. La société de location qui le gère tient des registres détaillés sur les locataires qui ont habité dans ses bâtiments depuis quarante ou cinquante ans. D'après ce que Tim a pu trouver, il semble que pendant les deux années de sa résidence, M. Gillespie était la seule personne à vivre dans tout l'immeuble, les sept autres appartements étant totalement inoccupés. Personne n'a emménagé après son départ, et l'immeuble a été vendu à un promoteur et démoli peu après cette déposition.
Comme on pouvait s'y attendre, personne ayant travaillé pour cette société de location dans les années 90 n'est encore là, et malgré les efforts de Tim, nous n'avons pu obtenir aucune explication sur la raison pour laquelle, dans un immeuble de cette taille, M. Gillespie a passé près de deux ans à vivre seul, à l'exception d'un vieux cercueil en bois.
Fin de l'enregistrement.
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Retrouvailles
1996
Mars. J'ai onze ans, assise au bord de la fontaine de la ZUP, Un régime de lasagnes surgelées et de Yes Cacao a patiemment fait émerger deux petits gants flasques qui font office de seins sous mon t-shirt XXL. Encore vierge de toute allergie aérienne, j’ouvre mes narines aux quatre vents, humant l’haleine du quartier. Ce sont les seuls orifices dont j’ai conscience. Tout sent bon. Amir à 30 ans et souhaite faire connaissance. Il assoit ses grosses fesses à côté des miennes sur la fontaine. Il me dit que je suis jolie. Je lui dis que j'ai onze ans. Il poursuit la conversation quelques minutes. Je rentre inquiète et flattée. C'est moi qu'il a choisie parmi toutes les petites grosses de la ZUP. Je caresse le dauphin sur mon T-shirt.
Mes désirs sont cousus par la comtesse de Ségur et Jean Luc Azoulay, producteur des séries AB (Sophie vole une des grosses poire pleine de jus de Madame de Fleurville, Bénédicte et Cricri s’embrassent enlacés sur le sol du garage, un plaid recouvrant leur passion adultère.)
Juin, je traîne aux “jeux de muscu” à côté city stade, J’observe au loin deux mariés qui se répandent autour de la fontaine pour une séance photo. Les dentelles et les froufrous se meuvent grossièrement dans ce havre de féerie municipale. Je me lève et m’approche en prenant le chemin qui mène à la fontaine, Le couple s'avance balourd : il porte un nœud de bras et deux têtes, celle de la grosse épouse blonde aux mèches bouclées au fer et celle d’Amir. Il me regarde et se noue le temps de quelques secondes une complicité confuse. Le couple me dépasse et poursuit sa procession. Quinze ans plus tard, à l'entrée du Zara Part Dieu, quelqu'un attrape mon épaule « Eh toi ! On se connaît !». Sur le corps du vigile, je reconnais instantanément la tête d’Amir.... Il me raconte la vie de vigile et la ZUP de Chalon qu’il habite toujours, il prend le train matins et soir. Au milieu des portants de fringues, je me réjouis étrangement que soit ravivé ce souvenir hideux, qu’une relation aussi grotesque et fragile ait survécu et rôde jusque dans les couloirs d’un centre commercial des années 2010 pour me saisir l’épaule. Je pense à la grosse épouse blonde, et au repas qu’elle réchauffe dans la cuisine du F3 du bâtiment F ou H en attendant qu’Amir arrive par le train de 21h36.
Le cri
La conseillère m’a serré la main, je me suis assise. Elle m’a regardé longuement et dit « Bon, déjà je vais vous mettre une presta VSI, Vous connaissez VSI ? Valoriser son Image » C’est ainsi que tout a été décidé : Assis en rond autour de notre Coach Patricia Cachet, nous devions lancer un ballon à quelqu'un en disant son prénom (David, Kristina, Jacques, Rémi, Nathalie (C’était moi !). Ensuite il a fallu fabriquer des cubes en carton, Cinq cubes roses, deux cubes bleus, et deux cubes turquoise. Puis on nous a dit qu’il fallait plutôt faire dix cubes roses. « Kristina, qu’est-ce que tu as ressenti quand j’ai changé la consigne ?» — j’étais un peu prise de court, mais finalement j’ai essayé de trouver une solution avec les autres –— Voilà vous entendez ce qu’a dit Kristina ? Qu’est-ce que tu as dit Kristina ? Patricia s’est emparée d’un stylo Veleda à l’encre intense et a écrit « communiquer ».
« Rémi tu as vu qu’il y avait une boîte de service à la personne dans le bâtiment ? On peut y aller ensemble ! Est-ce que tu veux que je t’accompagne Rémi, pour demander s’ils cherchent quelqu’un ? Une boite de services à la personne ! Dans notre bâtiment ! Tu avais vu Rémi ? Tu n’avais pas vu ? Ils sont dans le bâtiment ! Tu cherches bien dans l’aide à domicile ? Et tu n’avais pas vu ?».
Lors de la journée consacrée au chant thérapeutique nous avons passé plusieurs heures à tourner dans la pièce en chantant « Oh, lordy, Pick a bale of cotton, Oh, lordy, Pick a bale a day ».Cinq chômeurs tournaient en rond en entonnant des chants d’esclaves. Les rondes étaient entrecoupées d’exercices vocaux : « Vous avez senti ce qu’il s’est produit là ? Elle a touché le thorax de Rémi, il s’est reculé et a bégayé « Oh oui, c’est incroyable ». Tout le monde a acquiescé : il s’était bel et bien produit quelque chose. J’ai annoncé timidement « Je n’ai rien senti de particulier » Patricia Cachet m’a tâté plexus. «Là vous n’avez pas senti un décrochage ? — Non… — Mmh, vous avez un blocage, oui on sent que vous êtes bloquée » La rage m’est montée aux yeux.
À la pause-café, minuscule interstice pour qu’entre cobayes on se confie: je me suis approchée de Rémi et lui ai demandé :
« Ça t’intéresse vraiment sa boite d’aide à la personne là ? Parce que bon parfois on n’est pas toujours prêt à retravailler… On a bien le droit… »
Il a cligné très fort des yeux, son tic a figé un gouffre sur sa figure et il a énoncé d’une traite : « ah oui c’est vrai parce que moi une fois mon formateur il a voulu me dépuceler. »
Il m’a souri et a continué : « Mon formateur me montrait les gestes à faire sur une personne âgée. Il a enfoncé son doigt dans l’anus de la vieille. Elle a hurlé de douleur. Il a continué d’enfoncer son doigt dans son anus en me regardant. Elle n’arrêtait pas de crier. Je me souviens encore de son cri. Il faisait ça en me disant qu’il allait me dépuceler, il m’a dit « toi je vais te dépuceler ».
Et puis la formation a repris. Pendant la pause, Patricia Cachet avait réalisé dans la pièce un labyrinthe de chaises en plastique avec sur l’une d’elle un trophée. Elle m’a bandé les yeux et a désigné Rémi pour qu’il me guide, pour que parmi les chaises je trouve le trophée, pour que sans me cogner je trouve la sortie.
Un an plus tard, dans le métro A j’ai montré ma carte TCL à une grappe de contrôleurs. Sur l’un des uniformes gris trônait le regard trépassé de Rémi qui défonçait ses orbites sans me reconnaître. Je me suis faufilée hors de la rame à ma station. En me retournant j’ai vu son habit de flic frotter contre la porte à laquelle ils s‘adossait. Le métro est parti.
Cette nuit-là, le hurlement d‘une vieillarde et le regard d’un puceau ont peuplé le rêve de novembre d’une vieille fille de Villeurbanne, c’était tout ce qui restait.
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Électre
L'Argos bienveillant du temps des innocents.
Oh Électre, tu n'es qu' une petite fille que déjà tout te fascine et t'attire, depuis la beauté de la ville aux paroles des plus nobles personnes qui t'entourent. Une infinité d'auteurs ont pu décrire Argos, la ville et ses gens, mais aucun ne saura jamais la percevoir comme Électre du fond de ses entrailles.
Ce ne sont que des souvenirs. Ils sont nombreux et flous, ils flamboient dans ses plus vieux rêves. Parfois Électre se retrouve dans d'autres villes, mais sans en apprécier réellement les formes, si éloignées de la nature vibrante de l'Antique cité.
« Électre, viens ici !
-Oui père.
-Tu as bien suivis tes cours aujourd'hui ma fille?
-Oui, tous.
-Bien, bien. Allons nous balader alors. »
La gamine que tu as été souris, ses yeux explosant de joie dans le silence de sa posture altière. Ton père, c'est l'homme de ta vie. Il s'ancre en toi par le seul amour que tu as pour lui. C'est celui qui t'aidera à survivre. Mais aujourd'hui ce n'est encore qu'une partie de bonheur. Et cet inestimable trésor de gaieté sait tout à fait comment s'infiltrer en chaque morceau de ton être.
« Père ?
-Oui ma fille ?
-Est-ce qu'Oreste va vraiment grandir ?
-Évidemment, comme toi tu l'as fait ! »
Et il rit. Ton père n'est pas si ouvert d'habitude. Alors tu exultes encore plus et brilles de sourires éclatants. Évidemment tout n'était pas beau et parfait, mais certains instants te permettaient de redevenir l'enfant que tu étais.
Commencer par le dégoût et finir dans les fleurs.
Tu avais neuf ans depuis quelques jours et le soleil frappait, tapait de plus en plus fort sur ton crâne dénué de chapeau. Mais tu devais courir loin de ça, d'ici, de ce palais d'horreur qui devenait un peu plus repoussant à chaque pensée affluant dans ton cerveau.
Il y avait encore ces quelques images, que ton esprit te restituait, à ta plus grande horreur. Vraiment, les échos puants que ces souvenirs te lançaient griffaient ton semblant de logique. Tu te sentais perdue dans une espèce de bouillie infâme qui bousillait tous tes piliers. C'était piquant et toxique, et ça te prenait à la gorge aussi fort que les offrandes matinales qu'on avait l'habitude de faire à Argos.
Ce que tu avais vu, tu voulais l'oublier. Ta mère et ses cris répugnants, sur un homme.. un.. un homme fichtrement nu. Ça, tu rêvais de l'oublier pour toujours. T'en peux plus de courir, t'en peux plus de penser, alors tes jambes cèdent sous le poids de tes larmes.
Le soleil brille, l'herbe est bien verte, et tes genoux se noient sous le sang et le sel de tes sanglots devenus grinçant et bruyants. Il y a cette multitude de sensations, de sentiments, et de réflexions enfouies juste là, sous ta boite crânienne, que le monde entier ne pourrait pas contenir tant elles bourdonnent.
Cette femme. Cette femme tu ne la voulais plus comme mère. Tu la voulais au cachot, tu la voulais invisible et disparue. Pas ici, pas là-bas dans ce lit. Pas à gâcher l'amour de ton père.
Chacun ses horreurs, ses fureurs.
La guerre battait son plein, et en ton fort intérieur tu n'étais sûre ni certaine d'apprécier tellement cette animation. Il y a à peine quelques années, tu étais l'innocente qui pensait que ce serait éphémère, comme les papillons. Mais ça n'avait rien à voir. Ça ne s'arrêtait pas. Comme un sablier aux grains de temps infinis.
Un petit rire glacial s'échappa de tes pauvres lèvres roses. Heureusement que les gens ne te voyaient pas, ils auraient peur de la fausse enfant que tu constituais. De toute manière on te cloisonnait dans une pièce ou deux, pour te.. protéger. Cette fois c'est ta tête de poupée qui se secoua.
Tout ceci était ridicule. Tu savais comment ça allait finir.
Mal.
Des bruits de pas frappèrent violemment tes oreilles habituées au silence des couloirs d'été. Il te suffit de sortir pour glisser ton regard un peu partout. Alors tu te faufiles, sans bruit, avide d'action. Mais tu aurais adoré ne pas voir ce qui se déroulait.
Cet homme qui parle au détour de tes pas, il te fait vomir depuis que tu l'as surpris. C'est Égisthe. Tu peines encore à supporter la propre idée qu'il vive ici bas. Puis il y a cet autre homme, un des rare que tu aimes. Ton seul allié ici. Et les deux s'affrontent, tombent et se relèvent de mille et une façons. Un énième coup et une chape de rouge s'étale dans ton champ de vision. Ton coeur implose quand toutes tes veines se cristallisent. C'est de la terreur dans ton cœur.
Parce que c'est le cou de ton père qui est à moitié déchiré devant toi.
C'est son sang qui s'échappe.
« Il est mort ?
-Oui, une bonne chose de faite. »
Il ne te restait plus qu'à tomber, encore.
Merci Maman.
Énumération de désastres.
Tu étais restée plantée une éternité dans ce champ de mort, sans savoir que faire ni que penser. Sans savoir si tu devais te réveiller. Rouvrir ta conscience, ce serait libérer la boite de Pandore et ses mille maux. Tu n'avais pas envie de souffrir encore plus.
Tu frissonnes quand de nouveaux sons atteignent ton esprit décomposé. Il y a ton nom quelque part dans ce palais qui fait écho à ta terreur. Et ça te fait enfin bouger, relever les genoux et courir vers celui qui t'appelle, le plus vite possible.
Oreste est là, entouré de gens aux regards implacables, entouré de ta mère et son amant. Deux meurtriers. Il t'appelle mais on te tient, il hurle et on le frappe. Il va être exilé. Et Argos a un nouveau régent. Quelle belle vie.
On grandit, mais dans la folie.
On aurait pu chanter tes aventures dans les épopées. Mais ça n'aurait été qu'un amas d'où dégringolent rêves et malheurs. Rien de bien fascinant ou vivifiant. Non, ta vie n'était pas faite pour autant de nobles choses n'est-ce pas Électre ?
Après la mort de ton bien-aimé père et l'exil de ton frère, il n'y avait plus que toi entre le trône et le couple de ta mère. Elle avait tout essayé. Le chantage, l'assassinat, les promesses.
Tu aurais peut-être préféré y passer. Mais on avait su t'aider à éviter les lames, alors tu avais décidé de ne pas gâcher les chances qu'on t'avait donnée. Tu essayait de vivre. Les auteurs n'en parlent pas tellement, mais les habitants d'Argos et les nobles voyaient bien le jeu dans lequel tu étais emmêlée. Certains t'avaient pris sous leurs ailes. Ils t'avaient formée.
C'était indéniablement l'une des meilleure chose de ta pauvre existence. Tout ne tournait alors plus qu'autour de survivre, venger ton père, obtenir Justice. Peu importe l'illégalité, ça t'importait peu. Les dieux étaient de ton côté. Tu le sentais à chaque instant dans les temples et dans tes prières.
Cher Père, Je vous aime toujours plus qu'hier et moins que demain, mais rien n'est et ne sera plus profond que mon attachement à votre personne. Vous m'aidez en tout, j'aimerais pouvoir vous tenir une dernière fois contre moi et oublier le monde autour. J'ai seize années derrière moi et votre assassin régit toujours Argos sous l'emprise de ma génitrice. Pauvre de vous.. cette femme est monstrueuse. Je n'aurais jamais été comme cela avec vous. J'aurais été une meilleure épouse. Demain je serais unie à un plébéien. Rien de bien incroyable, au contraire. J'en ressens une horreur puissante et terrifiante. Il n'a rien de semblable à vous, rien d'appréciable. Il est dégoutant et.. l'union sera affreuse. Je n'ose penser à la façon dont je vivrais ensuite. Pensez-vous que tuer ma génitrice soit une bonne chose ? Je le crois en tous cas. Mais je rêve de connaître votre avis, si précieux à mon âme. J'attendrais une brillante occasion de la punir et de vous rendre Justice mon tendre père. Le temps est si vaste sans vous.. Je vous veux près de moi, contre moi, dans le jour comme la nuit. Vous me manquez. Puisse les dieux vous protéger. Votre fille qui vous aime du plus lointain de son cœur, Électre.
Dépliage de vérité sur la ville des mensonges
C'est le moment favoris des dramaturges. Tu n'en raffoles pas tellement. Franchement, être à un point de rupture et voir différents miracles arriver ne t'avais pas rendu si euphorique qu'on pourrait le penser. Tu détestes le décor qui accueille ces évènements..
Sans penser, tu grattes à sang ta cuisse avant qu'une main râpeuse embarque douloureusement ton poignet. Il serre fort comme un monstre et tu te gardes simplement de couiner de douleur. Mais la nausée est là, comme à chaque contact. Avec cet étouffement intérieur constant et mauvais.
« Tu fais un bruit monstre femme, arrête de bouger ! »
Et cette chose te balance vaguement au bout de votre couche. Si tu pleurais, il entendrait. Si tu osais mettre un pied hors de la couverture, tu te ferais lyncher. Alors tu t'immobilises simplement pour ne pas pleurer ni hurler.
◊ ◊ ◊
Tu avais reconnu ton frère sans aucune hésitation et vous aviez parlé de tout. Sa colère contre votre mère et son amant avait jailli du fond de ses entrailles et tu avais eu un espoir fou et puissant de Justice pour votre père.
Ça n'avait pas raté, mais le suicide d'Oreste se sentant coupable de son matricide avait brisé le peu de joie que cela restituait en toi. Un mal pour un bien, ça ne te rendait que plus vide. Mais la ville entière avait enfin tout su, et avait été libéré de toutes les magouilles du Régent et de ta génitrice. De mille mensonges et faux-semblants pour une Justice claire et meilleure. Mais toi, tu n'avais rien de changé, tu restais enchaînée.
Tout était si fatiguant.
Tu avais continué de chercher justice pour tout ce qu'on t'avait fait. C'est comme ça qu'il était mort, ton mari. De tes propres mains rougies et de ton cœur battant plus vite que le galop des chevaux. Mais cette euphorie était volage. Elle s'enfuyait rapidement.
Tu t'étais juste laissée faire quand les corinthiens sont entrés pour de bon dans la ville, des mois plus tard. Tu ne t'étais ni débattue, ni défendue. Tu attendais de rejoindre les bras de ton Père, loin d'ici.
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JULOT Ces situations je les ai vécues et parfois subies, mais avec le recul, je savoure pleinement la rareté de ces instants où se mêlaient la cocasserie, la « comedia dell'art » et la dure réalité d'un monde méconnu. Les personnes dites normales, ont en général des vies correspondant à leurs personnalités. Les aventures qui colorent leur quotidien se résument à leur union avec une autre personne dite « normale », à devenir adeptes de la « Française des jeux » à « vivre » par procuration, en « fantasmant » au travers des exploits des autres, et même d'aller chercher la baguette chez « Dédé la boulange ». J'ai connu ces vies insipides, mais très vite, j'ai mis le cap sur l'option « pas cap.... » Pourquoi ? Peut être que, comme Jacques BREL, je voulais devenir notaire parce que papa ne l'était pas....vous l'aviez compris c'est une image. Puisque j'ai votre bénédiction, je continuerai donc à me remémorer des situations extraordinaires, vécues par des gens ordinaires.... Et puis, en cette période de confinement, « faut bien passer son temps comme on peut ! » Ce qui m'a le plus enchanté, ce sont les rencontres avec les acteurs de ces instants magiques.
Une galerie de portraits me revient en mémoire. Ces gens, qui, durant quelque temps, ont été les vedettes de ces courtes scènettes, que sont-ils devenus ? Il est dit que l'enfer est pavé de bonnes intentions ….certes, mais aussi, l'enfer c'est les autres !
Certains auraient pu obtenir le César du meilleur filou, ou à défaut, un oscar pour leur rôle dans «le passage de l'examen du permis de conduire», cette femme serait la lauréate du prix de la plus mauvaise assurée de la caisse d'allocations familiales, celui-là aurait obtenu le prix de la création, pour sa composition lors d'un contrôle de police.... Que des gens comme vous et moi. lls se sont empêtrés dans la grande aventure de la vie de tous les jours, sauf qu'ils n'avaient pas de prompteurs pour pouvoir s'exprimer dans la langue de Molière, pas de maquillage pour masquer ces gueules « d'Indiens-Roumain » ni de Donald Cardwell pour habiller ces va-nu-pieds. (Référence au théâtre ce soir... Pour les plus anciens). Julot faisait partie de ces acteurs involontaires, le casting du diable était tombé sur sa pauvre personne ce jour de juillet, trop chaud pour ce pauvre homme qui n'en demandait pas autant.
jJ'avais installé un chantier de démolition automobile et recevais à longueur de journée des vendeurs de n'importe quoi : ferraille, cuivre, divers métaux, vieux meubles et tout ce qui pouvait améliorer les fins de mois déjà difficiles. Le nez plongé dans le capot d'une bagnole qui acceptait de finir sa vie en petits morceaux, j'ai entendu cette petite phrase, annonciatrice d'emmerdements futurs : « je viens de la part de... ». Dans ce milieu, les amis de mes amis étaient forcément des auto-stoppeurs profiteurs, qui essayaient de te faire prendre, selon la formule consacrée, des vessies pour des lanternes... Et à chaque fois que je faisais pipi, je me brûlais les doigts. Me dégageant de mes occupations d'introspection mécaniques, je me trouvais face à face avec un grand escogriffe, sorte de sloughi, de milord l'andouille.
Grand, maigre, mal rasé, le nez aquilin, il portait tous les stigmates d'une vie de margoulin à la petite semaine ; cette grande andouille sentait l'embrouille.
Dans le milieu on appelle ça '' « un cave, un micheton. » Mon premier réflexe, salutaire, aurait été de déclarer avec l'aplomb d'un chat qui a bouffé une souris et dont la queux dépasserait de la bouche : « moi ? connais pas».
Il faisait très chaud, la sueur coulait de ses tempes, il se dandinait sur place.. Envie de pisser ?. Où sensation d'avoir rater son entrée devant le jury de The Voice ?
.'' Les cons ça osent tout, et c'est à ça qu'on les reconnaît. ''...Si j'osais je deviendrais un peu lourdingue.. Mais si tu sais, c'est le gars qui.... « Non, j 'te dis que je ne connais pas. »
« " Pas grave, j'ai de la marchandise à vendre, je peux te la montrer ? " Je me suis entendu dire : non pas la peine, j'achèterais un âne dans un sac.
Bon, je reconnais que parfois, je suis un peu léger dans ma communication, mais l'entourage, qui me donnait à réflexion, s'apparentait plus tôt aux blagues de l'almanach Vermot, qu'au précis grammatical de monsieur BLED.
Il ne me regardait pas dans les yeux, je n'aime pas ça.. Mais bon je n'ai pas l'air non plus d'un Saint ; sur mon visage, mes rides dessinaient une carte d'identité façon relevé anthropométrique. Un Canonge en quelques sortes.. Pour les anciens qui ont fréquenté les salles de Police.
« ... Ouais, t'as qu'à me faire voir... Un des ces jours... » Hop, renvoi dans les 22 mètres, et botté en touche...
...Faux rebond.. « j' ai la marchandise dans mon camion.»...
Sans attendre ma réponse, Julot a grimpé dans son fourgon et revoilà mon bon prince.
Les coups d'œil qu'il donnait sans cesse dans tous les horizons, confirmaient bien son inquiétude.
Dans le véhicule, une dizaine de sacs de cuivre attendaient bien sagement, d'être délivrés de cette impasse.
J'avais l'habitude de négocier ce genre de matériaux, mais la grande bringue coupa court à mon savoir-faire. «Écoute, il n'y a pas loin de 3OO kilos de cuivre, je suis pressé, j'ai même oublié mon permis de conduire, je te laisse le tout pour la moitié de sa valeur ».
Vite fait bien fait, l'argent dans la poche, mon vendeur est reparti en s'imaginant qu'il venait de ferrer un beau poisson-couillon.
Une semaine plus tard, la même grande bringue me fit le même cadeau de bienvenue au pays des « les baisés comptez-vous. » Une fois encore, je sentis venir l'arnaque, mais ces deux contributions à m'enrichir avaient rejoint un dépôt que je possédais dans un lieu secret et discret, car les vols de métaux étaient fréquents. Je ne vendais mes métaux non-ferreux que 2 fois par an. Quelque temps plus tard, alors que nous étions en train de mettre à mal quelques poulets grillés au feu de bois en compagnie de clients habitués, le JULOT débarqua sans crier gare. Pour mes convives, c'était une «mal politesse» que seul un paysan était capable de commettre, un peu comme une insulte irréparable ou un crime de «lèse manouche. ». Le sourire franc d'un âne qui recule, trop «mmmm.... ma biche», il nous offrit un coup de vaseline pour que ça rentre mieux.
J'ai senti l'impair non ce n'est pas un doigt ) qui se pointait à l'horizon, comprenant et parlant de façon courante la langue romani, j'ai coupé court à l'invasion de ce fauteur de troubles.
« Dis l'ami, je suis en famille, reviens demain matin, je vais voir ce que je peux faire. » Il n'a pas insisté, je constatais après son départ que certains de mes invités le connaissaient de façon défavorable, des mains s'étaient même crispées sur les manches des serpettes qui servaient à mes invités pour découper toutes sortes de choses, même le corps humain. La sentence tomba de suite « mon phral ( mon frère ) cet homme, il n'est pas comme nous.. c'est une porte-poisse.. Il a le mauvais œil.». Le lendemain matin vers sept heures, son fourgon brinquebalait sur le chemin d'accès à mon terrain, suivi par une petite voiture de couleur rouille.
« Tiens, c'est ton jour de chance, j'ai un lot de cartons à te vendre y en a pour..X. Francs, je te le laisse à moitié prix... ce sont des cigarettes qui viennent direct d'Espagne ». Un énorme gyrophare rouge, illuminé par des dizaines de feux clignotants rouges, s'allumèrent de suite... Pin-pon ... Pin-pon... Fais gaffe, il te prend pour un con. « Merci , romanimais je ne fume pas... J'en veux pas» Mais il insistait le goujat «j'ai que 10 cartons.. C'est du bon tabac... Tu n'en voudrais pas ». Dehors, les romanos où je lâche les chiens...Vite, urgence à tous les étages.. Sortez d'ici « mal au trou » que vous êtes !
Le ton monta très vite ,et mon épouse en sortant de la caravane ,tenait un flingue à la main... Elle sentait ce genre de tracas et n'hésitait pas à donner son grain de sel ou de plomb... C'était selon, elle était de la race. Pour faire plus court, je vous dirai que le fâcheux est reparti rapidement, accompagné de son chauffeur complice. Dans la fin de la matinée, alors que j'étais allongé sous une voiture, mon attention fut détournée par la présence de deux paires de souliers type rangers mais cirés proprement, qui dépassaient de deux pantalons à bandes bleu- marine.
Ces souliers me dirent : « Gendarmerie nationale, brigade de recherche. Nous voudrions voir vos pièces d'identité. »
Des chaussures qui parlent... Miracle... Non...emmerdements en vue. La maréchaussée qui se tenait devant moi, avait délégué deux de ses meilleurs représentants, les autres, une dizaine au total, moins beaux, encerclaient mon domicile et contrôlaient 3 clients qui faisaient leurs affaires avec mon épouse « Vous n'auriez pas eu la visite d'un individu qui vous a proposé des cartons de cigarettes provenant d'un vol ?»
Mes battements de paupières ,façon Betty Boop ,ont convaincu les forces de l'ordre qui ,après avoir mis le bordel sur mon chantier et dans mes registres de Police, repartirent, convaincues que j'étais un gros menteur... On ne se refait pas Monsieur l'Agent. Quarante-huit heures plus tard, le nom de Julot s'étendait dans la rubrique des chiens écrasés.
Il avait cambriolé un dépôt de la compagnie des tabacs, et s'était fait prendre chez un receleur alors qu'il revendait son lot. Le receleur, c'était le même qui, assis à ma table m'avait dit «mon frère, méfie-toi de ce gars, il a le mauvais œil». "Mon Dieu, gardez-moi de mes amis. Quant à mes ennemis, je m'en charge !" . ©Philippe X - 18/03/2020 .
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Les Chroniques de Livaï #435 ~ ABSENTS LES CHATS, LES SOURIS DANSENT (décembre 845) Hanji Zoe
L'histoire de Livaï comme vous ne l'avez jamais lue. Le personnage le plus populaire de L'Attaque des Titans, le soldat le plus fort de l'humanité… Qui est-il vraiment ? Qu'a-t-il dans le coeur ? Qu'est-ce qui a fait de lui ce qu'il est ? Je me suis mise en devoir de répondre à ces questions en vous livrant ma propre vision de sa vie, de ses pensées, des épreuves qu'il a traversées, ainsi que celles des personnes qui l'ont côtoyé, aimé, admiré, craint, détesté. Si j'essaie le plus possible de respecter le canon, quelques libertés seront prises sur les aspects de sa vie les plus flous. Quelques personnages seront également de mon invention. Livaï, un homme que l'on croit invincible et inatteignable… Est-ce bien sûr ? Jugez-en par vous-mêmes.
Oh bon sang, il neige ! Il était temps ! J'aime les hivers bien froids et je craignais qu'on en ait pas cette année.
Du haut de ma fenêtre, je contemple les toits blancs aux alentours et la ville encore à moitié endormie. Je pourrais aller me recoucher mais c'est plus facile de décorer le QGR quand il y a peu de monde. Je saute du lit, vais me passer un peu d'eau sur le visage - juste un peu, j'ai pas envie de devenir flasque -, me passe la main dans les cheveux avant de les attacher, et saute dans mes fringues de la veille éparpillées par terre. Aah, une journée tranquille s'annonce ! Comme il fait froid, Erwin nous dispensera peut-être d'aller aider en ville. Ca m'arrange.
C'est vrai que j'ai profité de son absence pour décorer le QGR à ma fantaisie, mais maintenant que c'est commencé, il peut plus dire non. J'ai dû demander l'autorisation à Dot Pixis, qui a fini par me la donner, à condition que je reste dans l'aile du bataillon. Dès que Erwin a eu le dos tourné, je me suis lancée. Il n'a pas eu l'air particulièrement heureux de la nouvelle déco, mais l'essentiel c'est que ça plaise aux soldats.
Je me doute bien que nous n'aurons pas droit à des divertissements aussi sympas que l'année dernière... J'ai pensé que... au moins ça égaierait les lieux, et donnerait une ambiance de fête à notre quotidien... Et puis ça occupe ceux qui s'ennuient. En parlant de ça...
Mike a été coopératif, mais je voudrais que Livaï participe aussi. Il fait encore un peu peur aux jeunes, le voir découper du papier et accrocher des guirlandes le rendrait plus sympathique. Ah ! qu'est-ce qu'il ferait si je ne pensais pas à son image et ses relations publiques ! Je ne sais pas si ce serait une bonne chose qu'Erwin s'y colle aussi ; il a un statut à tenir devant ses hommes... Enfin, s'il se propose, pourquoi pas !
Je descends les escaliers quatre à quatre et manque d'entrer en collision avec Nanaba. Je lui demande où est son chef ; je n'ai pas pris le temps d'aller frapper à la porte de tout le monde. Elle répond qu'elle-même vient juste de se lever et que Mike n'est toujours pas apparu. De même, elle n'a encore vu ni Livaï, ni le major. Mmh, des marmottes, ceux-là ! Ils n'échapperont pas à mes projets, ils doivent mettre la main à la pâte, c'est l'esprit de Yule. Je les choperai quand j'aurai le temps.
Je me dirige vers la cambuse et retrouve Moblit, une tache sombre en travers de la figure. T'as pas bien dormi à ce que je vois. Il m'avoue qu'il a passé la nuit à cauchemarder de titans en papier, dansant sur des guirlandes de toutes les couleurs. Mon pauvre Moblit, tu travailles trop ! Va plutôt me chercher un café ! Et prépare-toi, il y a encore des guirlandes à découper ! Il me montre ses doigts pleins de durillons en gémissant. Cesse de te plaindre, actuellement il y a des gens plus malheureux que nous.
C'est très rassurant de se dire qu'on est au chaud quand il pèle méchamment dehors. Tous n'ont pas cette chance... Ce type de misère est très nouveau, je ne l'avais encore jamais vu, mais je dois bien admettre que quand je suis descendue en ville la dernière fois et que j'ai vu des familles entières à la rue, pleurant et suppliant qu'on leur donne un toit, je me suis sentie mal... Des soupes populaires ont été mises en place, peut-être que j'irai y donner un coup de main. Plus tard.
Le mess est devenu mon nouveau quartier général ; j'y entrepose mon matériel de décoration. Sitôt Moblit revenu avec le café, je me remets à l'ouvrage et dessine de nouvelles formes sur une pile de feuilles pliées. Surtout des sapins - je me suis retenue de faire des titans, je pense pas que ce serait passé -, mais aussi des animaux divers qui donnent un peu de vie. C'est très amusant de dessiner ces trucs. D'habitude c'est Moblit l'artiste, mais ici, il suffit de faire des silhouettes ; et je préfère que ce soit lui qui découpe. Il y met de la bonne volonté, il faut le signaler.
Que font Mike et Livaï ? Ils exagèrent, en tant que vétérans, ils doivent donner le bon exemple. Je détoure vite fait de nouvelles formes et vais les donner à découper à deux jeunes à la table d'à côté afin qu'ils participent. Ils ne refusent pas, mais je devine qu'ils avaient autre chose de prévu. Je suis votre supérieure, pas de discussion. Vous verrez comme le QGR sera beau après, quand les bougies seront allumées ! Je me demande si on ne pourrait pas mettre un sapin dans la cour aussi... Mike et Livaï pourraient s'en charger, avec leurs muscles. Tiens, ça me donne une idée...
Je griffonne un autre motif et me mets à le découper moi-même, quand les mecs font enfin leur apparition. Mike bâille largement, et Livaï essaie désespérément de plaquer un épi sur sa tête, qui se redresse avec insolence à chaque tentative. Ils ont pas fière allure, dans l'encadrement de la porte de la cantine. Réveillez-vous, y a du boulot ! Il faut aller accrocher ceci dans le hall ! Je leur remets trois guirlandes colorées.
Mike proteste qu'il a déjà participé et Livaï affirme qu'il lèvera pas le petit doigt. Allez, ayez l'esprit d'équipe, tout le monde doit donner de soi ! C'est le moment de montrer que les explorateurs sont soudés, non ? Livaï soupire, se saisit du matériel et se dirige d'un pas lent vers le hall, suivi de Mike. Attends, c'est très haut, il te faut une échelle ! Il ne m'écoute pas et continue sa route.
Arrivé sur place, devant la porte d'entrée de notre aile, il regarde en l'air, se gratte le menton, et tire sur la manche de Mike. Celui-ci, à moitié endormi, se baisse et Livaï en profite pour lui grimper sur les épaules. Euh... j'imaginais pas ça... Mais... bonne méthode ! Mike se redresse, Livaï tangue un peu et tape dans les flancs de Mike comme si c'était un cheval. Notre géant fait quelques pas, positionne Livaï comme il faut, et le nain parvient à maintenir la guirlande en place grâce à des punaises que je donne à sa monture dans le coaltar. Le travail effectué, Livaï saute des épaules de Mike - qui semble s'être à peine rendu compte de quelque chose - et clame qu'il a fait sa part du boulot.
Hééé, une minute, pas si vite ! Y'en a encore ! Vous faites une bonne équipe vous deux ! Mike fait une échelle très efficace, faut pas vous arrêter en si bon chemin ! Livaï refuse en croisant les bras et en faisant sa moue ennuyée. J'en ai qui vont te plaire, attends là !
Je retourne dans la cambuse en quatrième vitesse et reviens juste à temps, au moment où ils s'apprêtaient à quitter les lieux en douce. Je me plante devant eux et déploie ma dernière création. Tadaaaa ! Regarde comme elle est chouette ! Ce sont des tasses de thé ! Je peux t'en faire d'autres, et même des balais, si tu veux ! Il faut aller les suspendre dans le couloir des dortoirs ! Comme ça, ça rappellera aux jeunes que tu les as à l'oeil ! Ils penseront à toi direct en les voyant ! Allez, montre-leur que t'es un brave type, même si on sait tous que t'es une peau de vache !
Mike sourit sous sa mèche de cheveux. Il se saisit des guirlandes, passe son bras autour du cou de Livaï qui continue de faire la gueule et commence à l'entraîner vers le dortoir des soldats.
Et avec le sourire, s'il vous plaît ! C'est l'idée, hein, allez pas me gâcher mon Yule !
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Besoin d’exister...
C'est con ça.
J'ai envie d'exister, d'exister pleinement. Tout le monde désire exister. Les thérianthropes aussi. Etre qui l'on est, vivre, se comporter ainsi, s'exprimer comme ça, être nous même...n'importe où, quant on le désire, quand on en a besoin, quand c'est juste notre nature d'être qui s'exprime. Cela en nous respectant et respectant les autres.
Nous sommes cet animal.
Comme disent les autres "Nous nous prenons pour des animaux". C'est stupide, n'est-ce pas ? Je suis même persuadée que 2-3 ont souri en lisant ça. Un sourire narquois, désolé ou dubitatif. Exister en tant que bestiole, aussi stupide que cela le parait, devrait être notre quotidien. Pas juste "agir comme un animal" mais "l'Etre". Pas "imiter une bestiole" juste se permettre d'être tel que l'on est. Oui. Pour vous expliquer en quelques mots, les thérianthropes s'identifient réellement et durablement en tant qu'animaux. Ils sont leur animal. Ce n'est pas une entité extérieur, c'est juste eux-même. C'est un fait, aussi débile que tu peux l'imaginer. Et non, nous ne cherchons pas à renifler le derrière des passants ou uriner à même le sol... Car être thérianthrope, c'est aussi être humain avant tout. Aujourd'hui, nous n'avons pas encore réellement d'études à ce sujet mais ce ressentis est là, présent, tout le temps. Que cela soit de nature psychologique, neurologique, du à de l’ésotérisme ou de la réincarnation, notre façon de vivre est là, réelle. On s'en fout du pourquoi et du comment. C'est là. Il n'est pas palpable ni "prouvable" mais il est en nous. Tout doux, tout chaud. Nous sommes honnêtes avec nous même. Se mentir et dire que l'on est un loup-tigre-dragon blanc aux yeux bleus qui tire des lasers n'est pas considéré comme thérian. Ce n'est pas du rôle play, un point c'est tout. L'animal qui nous définie représente notre comportement, nos attitudes mais surtout notre façon de nous percevoir, souvent depuis la petite enfance. Il y a autant de façon de vivre son animalité que d'être thérian. Ce n'est pas un choix, c'est là depuis toujours. On ne devient pas thérianthrope du jour au lendemain. Ce n'est pas une mode également. C'est ce que l'on est.
Est-ce bizarre ?
Très possiblement.
Est-ce Illégitime ?
Tant que cela reste réel pour nous même, cela nous suffit. Etre nous même nous procure du bien être, on est heureux et la vie est belle. Certains mentent peut-être, d'autres absolument pas. Vous n'êtes pas dans notre peau. Personne n'est dans la peau que quelqu'un d'autre. Personne ne peut affirmer "tu mens" ou "tu dis la vérité", c'est dans la tête, dans le cœur. Nous n'avons rien à justifier. Nous n'avons pas de moyens pour le prouver et nous n'avons aucune raison d'exagérer nos ressentis. Il faut juste nous croire et l'accepter. Rien de plus. Parfois, certains peuvent vouloir couiner, grogner, fêler pour exprimer un mal-être, ronronner de plaisir, glousser joyeusement, faire le dos rond lorsqu'ils ont peur, hérisser leurs poils, éviter le regard direct droit dans les yeux. D'autres non. Mais dans tout les cas, nous ne le faisons pas. Pourtant, il nous serait naturel de planter nos griffes et nos dents là où nous le pouvons, goûter à tout ou encore même taper du pied pour imiter le battement d'une queue invisible. Juste parce que cela est agréable et nous fait exister. Notre corps physique est bien là, notre identité nous donne la sensation d'être également cet animal non-humain. Rien de réellement biologique. Tout est en nous. Shift, dysphorie et membres fantômes -ou non-, c'est comme ça que certains fonctionnent, c'est tout cela qui peut nous procurer du bien. Etre nous même.
Etre l'animal.
Il est logique que nous n'ayons pas cette liberté d'exister pleinement. Par exemple, il y a la norme, la honte, la gène, le jugement de l'autre. Nous sommes pas encore prêt. Sur le web, nous passons déjà pour des dégénérés -triste monde-... Nous faire connaître au grand jour nous rendra juste encore plus ridicules aux yeux de l'humanité. Je ne peux que l'admettre. Ce n'est pas le bon moment. Encore aujourd'hui, j'ai pu lire des article -sur des blogs- moqueurs de personnes n'appréciant pas les individus alter-humains. "Cringe Otherkin" ou même "Anti-Kin". Surtout dû aux très nombreux fluffy-kikoo-dark qui restent parmi nous. Et aussi fou que cela puisse paraître, je suis -parfois- d'accord avec eux. Il n'est pas toujours évident de prendre un peu de recul et de voir autrement une situation. Je les comprend, malheureusement. Il ne suffit que de prendre des pincettes et de décortiquer tout ça. Car, après tout, nous n'existons même pas. Je n'existe pas. En réalité, l'identité thérian passe pour un simple jeu. Une identité que l'on présente comme un trophée. Cette sensation d'être unique ou intéressant. Donner une image fabuleuse de sois-même. Etre un lion végétal à pois verts. Etre un Tortank qui crache du feu. Vouloir que tout les projecteurs soient braqués sur soi. Etre un individu fantastique qui mérite tout l'attention ? Non. Tu ne l'es pas, tu n'es pas spécial. Tu n'as pas 976534567890 kintypes ultra stylés de ouf. Tu n'es pas tout les personnages de Harry Potter et toutes les déesses de la Grèce Antique à la fois. Ce sont ces jeunes (souvent nouveaux dans la communauté) qui parlent le plus fort et qui détériorent la vision que les gens ont de nous même. Suite à cela, nos ressentis étranges sont perçus comme illégitimes. Encore plus qu'avant...
Entre temps, ne pouvons pas nous permettre cette identification en tant un animal ou de faire tout ce que l'on ressens car nous ne sommes pas réels aux yeux de la société. Nous ne pouvons même pas partager notre quotidien et échanger sur la toile.
ATTENTION !
je ne dis pas que nous méritons une Pride, un drapeau qui nous soit propre ou même reconnaissance de l'état avec des remboursements pour "réassignation d'espèce". Absolument pas !
C'est juste que c'est si frustrant de ne jamais être pris au sérieux... Nous voulons exister sans être noyés par la haine et les incompréhensions. Nous voulons être animal, réellement, ne plus faire semblant. Nous devons faire semblant, sans cesse. Ceux qui brandissent leur animalité comme un don du ciel détruisent notre identité. Nous voulons juste être acceptés ainsi, peu importe l'avis de l'autre, car c'est ce que l'on est. Pas être connus du monde entier, surtout ne PAS passer à la télévision (encore moins sur "Tellement Vrai"), juste ne plus être -en permanence- stigmatisés et pointés du doigts. Les thérianthropes sont parfois comparés au "groupe social le plus moqué du web" (voir le journal en ligne "Le Monde"). Mais dans mon cœur, j'ai envie d'hurler du plus profond de mes entrailles "Je suis un animal, tolérez moi ainsi, je fonctionne comme ça", pas pour le prouver mais pour affirmer ce que je suis, que je suis bien là, vivante. Faire savoir que les personnes-animales existent réellement.
Tu existes réellement.
Souvent pour les neuroatypiques, parfois les autistes, la norme semble illogique. Combiné à l'alter-humanité, certains veulent donner des petits coups de nez, léchouilles et mordillements d'affection au même rang que les couples qui s'embrassent en publique devant tout le monde. Parfois, il est agréable de porter une fausse queue et de sentir son balancement contre ses jambes. Ces pulsions étranges de vouloir régurgiter sa nourriture ou allaiter ses petits (nous ne le faisons pas !) qui viennent nous chatouiller l'esprit. C'est beaucoup moins glorieux que de vouloir hurler à la lune ou de chasser en meute. Alors oui, quoi que l'on puisse dire, la dysphorie existe. Je suis dysphorique en permanence. Non, nos pouvoirs magiques ne nous manquent pas. Non, nos capacités incroyables et talents astraux ne nous manquent pas. Non, notre dysphorie n'est pas celle des individus transgenres et non-binaires. Il peut même être naturel de lécher ou de mordre ses vêtements pour atténuer le stress et de sentir cette odeurs humides qui nous rassure. Dégouttant, n'est-ce pas ? Mais c'est la réalité. Marre des tabous. Un chat est un chat. Shifter ne signifie pas toujours grogner ou montrer les crocs. Shifter peut être aussi dû à la peur, la queue entre les jambes, couinant stupidement. Une situation de joie où l'on bat des bras de manière absurde pour montrer son contentement et imiter l'envole d'un oiseau. C'est ainsi, la thérianthropie n'est pas un monde puissant et incroyable.
Nous sommes des animaux. Tout les humains sont des animaux.
Nous sommes des animaux non-humains en PLUS de notre humanité. Nous vivons une animalité similaire à celle de l'animal qui nous caractérise (bien entendu, nous sommes pas dans la tête de ces dits animaux). Nous sommes l'animal littéral mais avec une once de métaphore. Nous pouvons être l'animal tactile, vivant, minutieux, doux... Rêver de liberté et de sauvagerie romancée. Mais nous sommes aussi l'animal qui peut uriner, marquer les siens, renifler bruyamment. Tout n'est pas toujours super cool ou valorisant. Nous ne sommes pas ces êtres stéréotypés tel des loups protecteurs ou des hiboux qui sont sages. L'animalité est à prendre également au premier degré, pas juste les fantasmes.
Petite parenthèse : je ne dis pas par là que l'animal s'oppose à l'humanité : les animaux ont également une culture et sont bien plus "''humains"'' que ce que l'on ne l'imagine.
Bref, il est logique pour nous de ne pas se comporter de manière trop étrange dans la rue ou en publique. Nous savons nous maîtriser, comme tout le monde. Nous avons un cerveau humain et la capacité à raisonner aussi bien que n'importe qui. Foutre le bordel est aussi mal vu dans la communauté thérian que dans n'importe qu'elle autre communauté. La violence n'a aucun lien avec la thérianthropie et en aura jamais. Une personne violente est très mal perçue sur les groupes et forums de personnes-animaux !
Cela est inconcevable !
Etre animal, c'est aussi, parfois, ce sentiments d'être aliéné, dans une cages. Certains camarades, parfois Aspies ou épileptiques, ne supportent pas les sons et lumières trop puissantes, ni la foule. Parfois, notre sensibilité animale peut s'associer avec nos difficultés, nos neuroatypies ou maladies. C'est comme ça. Car il n'est pas normal de toujours devoir faire semblant de ne pas exister à cause d'une poignée de crétins. Et on s'en branle si c'est une maladie de merde, un truc qui cloche dans notre cerveau ou je ne sais encore quelle pathologie. Je veux exister, nous voulons exister. Exister car ce que nous vivons est réel. Ni un jeu, ni une phase. C'est notre identité. Je ne me compare pas DU TOUT à la communauté LGBT, je n'affirme pas que nos souffrances sont similaires ou valables. De même pour les individus qui vivent des neuroatypies, maladies ou encore du racisme au quotidien. Je ne nous met pas à la même échelle. Je ne veux VRAIMENT PAS une marche de fierté otherkin (et je ne suis pas désolée). Je veux tout simplement expliquer que notre étrange façon de nous considérer n'est ni une mauvaise blague, ni une moqueries vis-à-vis des oppressions systémiques. Je veux que notre animalité soit réellement comprise et étudiée, pas pour en faire un phénomène de mode -bien au contraire- mais montrer que nous ne vivons pas un délire d'adolescent. Nous voulons juste exister doucement, loin des railleries et des regards jugeurs des personnes qui ne comprennent pas notre identité... Et loin des posers qui détruisent et ternissent le regarde extérieur que l'on porte sur notre communauté...
Merci de m'avoir comprise.
#therian#thérian#otherkin#thérianthropie#therianthropy#animality#animalité#mise au point#explications#exister#amalgames#identité#identity#coup de gueule
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Histoire de Noël 1/2
Voilà bien longtemps que je n'avais pas écrit d'histoires sur mon cher Nath. L'event de Noël m'a donné envie de vous partager ma version de la chose. Voilà donc l'histoire de Noël que nous avons eue sur le jeu mais réécrite à ma façon. Elle est aussi sur le dernier message de mon recueil d'OS sur le forum. Feedback apprécié! Il s'agira sans doute dune des dernières histoires que j'écrirai sur Nath.
Ton sourire de Noël
Je me fraie un chemin dans la foule, essentiellement féminine, qui s'agite autour de moi. Dans deux jours c'est Noël et j'ai absolument besoin d'acheter le cadeau de ma sœur. Elle m'a dit spécifiquement ce qu'elle veut avoir. Mais me voilà devant un mur de cosmétiques qui se ressemblent tous et je sens que je vais avoir mal à la tête si je dois regarder chaque boîte. J'aurais préféré autre chose que des produits de beauté mais bon, elle a insisté et je n'ai pas le droit à l'erreur.
J'attrape par chance une vendeuse qui venait de finir de parler avec une cliente et en quelques secondes elle me fournit le coffret que je recherchais et elle me donne même des informations sur le karité utilisé dans la crème et... j'avoue avoir décroché. Son discours ne m'intéresse pas du tout alors je la remercie et me glisse jusqu'à la file interminable qui longe les caisses. Ambre, j'espère vraiment que ta crème miracle en vaut la peine.
Je sors enfin du magasin et je n'ai qu'une envie: partir de ce centre commercial bondé. Je vois du coin de l'œil une boutique où j'achète mes jeans. Non, trop de monde à l'intérieur. Mais mon regard se pose sur un article. Une grande écharpe en laine. Je n'en ai pas besoin. Mais mon esprit imagine déjà très bien à qui elle irait parfaitement.
Je m'approche avec précaution et touche du bout des doigts la laine, douce à souhait. Je ne peux m'empêcher d'imaginer Su emmitouflée dedans. Je suis vraiment pas bien dans ma tête. Comme si mon ex avait besoin que je lui fasse un cadeau. Avant que je ne puisse réfléchir davantage, une vendeuse s'était approchée de moi.
-Bonjour, c'est pour offrir? C'est un cadeau parfait! C'est pour votre petite-amie? Elle va adorer, la laine de cette écharpe vient de...
Me voilà submergé par un flot d'informations qui n'ont aucun intérêt. Je vais devoir interrompre son monologue...
-Je la prends!
Je m'empare de l'écharpe et je file aux caisses en priant pour ne pas avoir à attendre une heure.
Quelques longues minutes plus tard, je suis enfin dehors. Cette expédition au centre commercial aura été plus périlleuse que prévu et je ne m'attendais pas à acheter quelque chose pour Su mais qu'importe, j'en avais envie, ça lui ira bien et je sais au fond de moi qu'elle sera contente. Pas besoin d'y voir d'arrières-pensées. A ce moment-là, une image de Su' vêtue uniquement de cette écharpe apparaît dans mon esprit. OK j'ai dérapé, je commence même à regretter mon achat mais... Tant pis, c'est fait, je vais marcher jusqu'à chez moi comme ça je vais prendre une bonne bouffée d'air frais et ça ira mieux.
Il ne me reste plus qu'à préparer le repas de Noël pour Ambre et moi.
Le lendemain soir, Ambre est arrivée chez moi super excitée comme à chaque réveillon. Je suis en cuisine et je sens qu'elle me surveille.
- Frérot... Tu es sûr que tu ne fais pas trop à manger?
- Une petite dinde et des légumes... c'est un très bon repas. Et je te préviens, j'ai pris une bûche au chocolat du magasin que tu préfères.
Elle grimace un peu mais ne dit rien et s'installe sur le canapé près de Blanche. Elle est dans l'esprit de Noël comme elle l'appelle donc elle fera un effort pour faire honneur à mon repas.
Mon dîner se révèle être plutôt réussi et ma sœur a bien voulu manger de façon correcte. Cependant elle fait la moue.
-Ambre, ne me dis pas que tu as trop mangé...
-Non mais on aurait dû commencer par les cadeaux.
-Tu sais très bien que normalement ça se passe le 25 les cadeaux.
-Et tu sais très bien que je trouve ça mieux le 24 au soir!
Ou plutôt, elle n'a jamais eu la patience d'attendre le 25. Elle finit son morceau de bûche et me sourit.
-En tout cas c'était super bon! Merci d'avoir préparé ce bon repas!
-Content que tu aies bien mangé. Je vais donner une friandise à Blanche aussi...
Mais au moment où je me lève, je sens Ambre me fixer en pianotant de ses ongles sur la table. Je soupire et vais prendre le paquet cadeau acheté la veille.
-Joyeux Noël Amby!
Elle jubile et je secoue la tête.
-Tu sais déjà ce que c'est, c'est pas une vraie surprise donc pas la peine de t'exciter pour ça!
Elle ne m'écoute pas et déchire l'emballage. D'un côté ça fait plaisir de voir tant d'enthousiasme.
-Yes! Ça fait un bon moment que je voulais cette crème! Et tu as pris le coffret qui va avec! Merci frérot!
Son sourire est tout ce qu'il me faut pour être satisfait. Elle fouille dans son sac et me tend un petit paquet.
-Ambre je t'avais dit que...
-Oui je sais, tu n'as besoin de rien mais c'est Noël! Ne joue pas au Grinch!
Je souris malgré moi. J'ouvre le paquet. Une carte cadeau pour la librairie ou j'achète mes livres.
-Tu as déjà tant de livres et je ne voulais pas prendre de risques! Et puis ils m'ont dit là-bas qu'ils allaient bientôt avoir des nouveaux bouquins policiers comme tu apprécies!
-Ça va m'être très utile oui, merci petite sœur!
-Sinon on aurait pu aller faire les boutiques ensemble si tu voulais acheter des vêtements et...
Je secoue la tête. Une virée au centre commercial avec une fashion victime est un calvaire. Ambre hausse les épaules et se dirige vers la salle de bain.
-Je vais tester ma crème vite fait et je reviens!
Sérieux, ça pouvait attendre... Décidément, elle a beau avoir changé ces dernières années mais à Noël elle reste une petite fille. C'est rassurant quelque part. Je vais enfin donner sa friandise préférée à Blanche, ravie d'avoir quelque chose à se mettre sous la dent.
Ambre ressort de la salle de bain, toujours souriante et je la fixe. Elle penche la tête, confuse.
-Un problème?
-Je m'attendais à te voir métamorphosée par ta crème miracle mais tu es toujours la même. On doit être en panne de miracle de Noël!
Je rigole à ma propre petite blague tandis qu'elle me balance un coussin du canapé à la figure.
-T'es bête! Si cette crème métamorphosait les gens je t'en aurais offert dès sa sortie! Avec un peu de chance ça t'aurait fait passer l'envie de sécher les cours et de tout prendre à la légère.
-Oui maman j'ai compris.
On a déjà eu cette discussion un millier de fois. Elle se met à tortiller ses cheveux.
-En parlant de maman... demain je...
-OK mais moi j'irai pas.
-T'aurais pu me laisser finir ma phrase!
Je sais très bien qu'elle a prévu d'aller voir les parents pour Noël, elle le fait chaque année. Moi c'est pas la peine d'y penser, je ne mettrai pas les pieds chez eux et Ambre le sait bien vu qu'elle n'insiste pas.
-Et donc euh tu as des plans pour demain?
Pas vraiment... Enfin, si... Je pourrais essayer de voir Su'...
-Hum je vais peut-être voir quelqu'un, je sais pas encore.
Ma réponse l'étonne visiblement. Elle réfléchit et me regarde du coin de l’œil.
-La salle de sport est fermée donc tu ne vas pas y aller et Kim est en famille... Tu vas voir Su'? Oh et... Tu lui as acheté un cadeau?
Mince, comment elle en est arrivé là si vite?
-Alors OUI je vais peut-être voir Su', rien de sûr.
Elle sera sûrement avec sa famille d'ailleurs, ça va être compliqué.
-Et tu lui as acheté quoi?
-... Une écharpe. Je me suis dit que ça lui plairait c'est tout, rien de spécial.
Ma sœur sourit devant ma tentative de minimiser la chose. Je soupire lourdement.
-Si tu penses qu'une écharpe va changer mes relations avec elle, tu te trompes, Ambre.
-Tu ne sais pas ce que ça fera. Elle sera sûrement contente et ça te fera du bien de passer un moment avec elle.
Je hausse un sourcil à cette remarque.
-Ma chère petite sœur, toi qui es nostalgique du lycée... Tu sais qu'à cette époque tu aurais fait un scandale si je t'avais dit que j'allais la voir?
Elle lève les yeux au ciel.
-Oui Nath je sais mais... J'y ai énormément repensé. Et je suis nostalgique parce que tu étais vraiment heureux avec elle. Depuis que vous avez rompu je ne t'ai plus jamais vu aussi heureux et ça me fait de la peine. Elle est de retour et je te vois changer petit à petit et être bien à nouveau. Tu ne peux pas m'en vouloir d'espérer que ça continue. Tu as érigé un mur que tu exhibes devant tout le monde mais avec elle tu arrives à être... toi.
Je ne vais pas essayer de la contredire. On se dit tout depuis quelques années, elle me connaît trop bien et voit des choses que moi j'ai peur de voir. Elle passe ses mains nerveusement sur ses genoux...
-Tu as quelque chose d'autre à me dire Amby?
-Juste... Si tu veux mon avis... Elle a l'air aussi différente quand elle est avec toi.
-Tu nous observes?
-Un peu oui! Et ce n'est peut-être que mon avis mais elle a l'air encore très attachée à toi. Je dis pas que ça serait facile mais... J'aimerais vraiment te voir aussi heureux qu'avant.
Est-ce seulement possible? Je pense que je vais juste continuer à prendre les choses comme elles viennent et je verrai ce qui se passe.
Blanche saute sur le canapé, en demande d'attention. Ambre la prend dans ses bras.
-On fait des photos? Tous les 3?
J'accepte même si je sais ce qu'il m'attend: des milliers de photos à prendre pour en trouver une seule qui conviendra à Ambre. Mais c'est un moment entre nous et c'est Noël alors je joue le jeu. Une petite pensée s'incruste dans ma tête et me voilà à me demander ce que fait Su' en ce moment...
Le lendemain matin je vaque à mes occupations quotidiennes et une partie de moi pense que c'est une mauvaise idée de tenter de voir Su' aujourd'hui. Elle doit être en famille et je ne pense pas que son père apprécierait de me voir. Mais d'un autre côté j'ai bien envie de lui offrir son cadeau.
Me voilà dehors en direction du campus. Il fait bien froid et je me dis que mon cadeau sera utile quoi qu'il arrive. Si ça se trouve elle n'aura que quelques minutes à m'accorder mais qu'importe, ça sera déjà pas mal. J'arrive au campus et je me dirige vers la salle de pause. Personne, comme sur la totalité du campus d'ailleurs... Tous les étudiants ont des plans ailleurs. Et moi je suis là à espérer passer un moment avec la fille que j'ai aimé plus que tout pour lui offrir un cadeau. Je ne sais pas si c'est pathétique ou normal. Tant pis.
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La fille du président (un conte de noël érotique pour backpackers* névrosés)
Sur un mur de Mexico. Aimer est un acte révolutionnaire... En bas, pas de publicité, propriété privée
Sur et sous les bras, ainsi que sur les jambes, elle avait plus de poils que je n'en avais jamais eu. Je n'aimais pas. J'étais sous l'influence de la dictature de l'épilation intégrale. Même à l'ombre, il faisait une chaleur à crever sur la terrasse de l'hostel Casa Amarilla à Cali en Colombie. Je pouvais imaginer autour de sa chatte une forêt de poils qui s'étendait jusqu'en haut des cuisses, coagulée par la sueur. Elle était de Paris, elle était mignonne, je la trouvais belle et elle pleurait.
Je ne sais pas, les cours reprennent dans quinze jours. Qu'est-ce que je dois faire Bornu, disait elle en reniflant? Je n'ai pas envie de rentrer à Paris. Et pourtant il le faut. Dis moi, qu'est-ce-que tu ferais à ma place ?
Elle avait posé un pied sur une chaise en face de moi. Comme elle avait un short ras -le-bonbon, des poils pubiens se glissaient au-delà du tissu. Ses mollets étaient velus et dorés par le soleil. Ses avant-bras aussi étaient recouverts de poils tendres et un peu plus foncés que sur ses jambes. De sous son tee-shirt échancré, à chaque fois qu'elle soulevait un bras, je voyais, presque noire, une touffe de poils longs d'au moins 3 centimètres qui semblait vouloir s’échapper de leur cavité. Cette fille avait un peu plus de 18 ans. Elle était dans une classe de prépa à Henry IV, à Paris. C'était ce qu'on appelle une tête. Quand elle me parlait, on aurait dit qu'elle avait dix ans de plus. Elle était mature, elle avait de l'audace dans les mouvements et assurément elle avait un super QI.
Elle me faisait envie et en même temps, non, parce qu'elle avait trop de poil ! Je sais, je suis nul. Et puis surtout, j'ai quelques années de vol de plus qu'elle.
Tu sais, j'ai dit doucement, quelque soit la décision que tu prendras, elle sera la bonne. Tu as 18 ans et tous les choix te sont encore possibles. Soit tu fais ta deuxième année de prépa et tu retournes à Bogotá prendre ton avion pour Paris, soit tu prends une année sabbatique et tu voyages en Amérique du Sud.
La discussion s'était arrêtée là. Elle avait essuyé ses beaux yeux et avait regardé la patronne de la casa Amarilla qui venait lui annoncer que son taxi l'attendait. Son père lui avait donné l’adresse de cousins éloignés qui l'invitaient le soir même dans leur villa. 3 jours plus tard, elle rentrait à Paris faire sa deuxième année de prépa. Autant dire que j'avais peu de chance de la revoir.
Ce sont ces cousins éloignés qui avaient commandé le taxi. Ils faisaient parti de l'oligarchie colombienne, cette petite minorité de riches qui ont un pouvoir absolu sur le pays. Elle avait ainsi appris qu'un de ses arrière-oncles avait été "élu" président de la Colombie au début du vingtième siècle. Vérifie, m'avait-elle dit, il a le même nom russe que moi.
Elle prit son sac à dos, m'embrassa avec une tendresse que je n'attendais pas. Je l'accompagnais jusque dans la rue, laquelle nous assomma d'un soleil assassin. Cette fille, vraiment, me plaisait. Elle était inhabituelle. Quand on s'était rencontrés - une heure plus tôt - elle m'avait raconté son histoire de famille et m'avait demandé mon nom et moi le sien et, comme d'habitude, cinq minutes plus tard, je l'avais oublié. Au moment de monter dans le taxi, elle s'était retournée et elle m'avait dit, pour te rappeler de moi, tu n'as qu'à m'appeler la fille du président, et ses beaux yeux, cette-fois-ci, s'était fendus d'un sourire.
La fille du président, non. F Kalho à 18 ans
Une nuit à Cusco, Pérou
La cité magnifique, 4 mois plus tard.
J'arrivais directement de Lima après 18 heures de bus couchette et je me retrouvais du niveau de la mer à une ville située à 3 300 mètres d'altitude. De plus, j'avais réservé un hôtel sur les hauteurs, dans un quartier de Cusco qu'on dit bohème. Autant dire que je cherchais ma respiration quand je suis arrivé à destination.
Je me suis retrouvé dans un petit hôtel avec des Argentins, des artesanos, (des vendeurs de bijoux) qui n’arrêtaient pas de me taper de l'argent. Un Espagnol et une Belge qui étaient volontaires dans une association d'aide à des enfants de la banlieue de Cuzco. Une Française qui était bloquée dans les bras d'un Péruvien depuis 2 mois, et qui voulait surtout pas en sortir. Un jeune Versaillais de 19 ans, qui travaillait la nuit comme rabatteur sur la Plaza de Armas pour une boîte de nuit interdite aux Péruviens. Cool, le boulot. Il y avait un couple de Brésiliens qui vendaient eux aussi quelque chose qui ressemblait à des bijoux mais, ils étaient si laids qu'on était prêt à les leur acheter à condition qu'ils referment aussitôt leur stand des horreurs. Il va de soi que c'était la dèche et ils dormaient donc gratis sur le canapé de la salle commune où, la nuit, il faisait un froid glacial. Il y avait encore un punk borgne avec son Pitbull, Lula. Il descendait tous les jours sur la petite place San Blas et il s’asseyait au soleil, avec son chien, sur une vieille couverture. Il posait sur le sol une soucoupe et un panneau expliquant qu'il avait besoin de Ventoline pour Lula. Son pitbull était devenu asthmatique à cause de l'altitude, expliquait-il, aidez-moi. Lula tirait la langue toute la journée et en fin d'après-midi, il avait bien du mal à retourner à l’hôtel sans que son maître le porte. Le punk borgne gagnait bien sa vie. Faut croire que les gens aimaient bien Lula. Il avait suffisamment d'argent pour faire la fête tous les soirs et payer son dortoir. Enfin, entre ces murs, nous possédions une armoire à glace chilienne, Fausto, dont le visage était passablement patibulaire. Il jouait de la guitare. Le problème, c'est qu'il en jouait mal et souvent. Personne n'osait lui dire quoi que ce soit. On avait tous peur de se prendre une baffe. J'avais atterri à l'Hostel Lucky et j'y était bien. C'était le moins cher du quartier.
Elle est arrivée un jour après moi, Marina, la colombienne de Medellín. Elle était magnifique, très classe, une trentaine d'année et elle venait de Philadelphie. Elle avait quitté Medellín à 6 ans. C'était donc une Américaine d'origine colombienne. Elle accepta de parler en castillan avec moi car je lui avais dit que je voulais parler le moins possible en anglais en Amérique du Sud.
Elle détonnait dans cet hôtel. Elle était toujours pouponnée avec grand soin. Les yeux, la bouche, les ongles, les cheveux étaient passés au crible avant chaque sortie. Ses vêtements étaient choisis avec goût. Elle aurait pu passer pour une bourgeoise américaine. Les apparences sont trompeuses. Elle était passionnée par les voyages et elle faisait un tas de petits boulots à Philadelphie, pour les financer. Elle me plaisait, bien qu'elle paraissait un peu coincée.. Coincée et ouverte, c'est ce qui semblait la définir. Pour autant, elle était cool avec Lula et avec les autres, sauf les Argentins. Elle disait, j'en ai ras-le-bol des Argentins. En voyage, c'est toujours les plus magouilleurs. Je n’étais pas très loin de penser la même chose, surtout quand ils venaient me pleurer pour de l'argent.
On partageait le même dortoir. On a visité la même ville. Le pays des Gringos. Cusco était colonisée par les Yankees et pourtant elle était toujours la cité des Incas. La ville était superbe avec sa Plaza de Armas au milieu de laquelle trônait une statut d'un roi inca. Tout autour, il y avait une promenade sous les arches de bâtiments de type colonial espagnol. Des Indiens vendaient des bijoux, des vêtements, des écharpes et des bonnets, tandis que des rabatteurs vous alpaguaient en anglais pour vous vendre des treks au Machu Pichu ou sur la montagne aux 7 couleurs.
Plus loin, en sortant du centre, on alla manger un ceviche de poisson et de poulpe à l'intérieur de l'immense marché couvert de la ville, où les touristes se mélangeaient à la population locale. Il y avait les stands de vêtements traditionnels incas dans la première partie et sur les côtés du marché. Au centre, on trouvait les étals de viandes, de légumes et de fruits. Un peu plus loin, des femmes en blouses et casquettes blanches, juchées sur leurs estrades, vendaient des jus de fruits exotiques ou des yaourts et elles nous faisaient des grands signes pour que nous venions à leur stand. Marina leur faisait non avec un grand sourie, comme pour s'excuser. Dans la dernière partie, nous avons trouvé des petits restaurants qui nous proposaient des soupes, caldo de pollo ou caldo de gallina, ou des menus economicos et des ceviches (poissons ou fruits de mer marinés dans du citron). Il y régnait une ambiance décontractée, joyeuse, malgré la pauvreté toujours présente de certains Indiens qui faisaient la manche. Ils avaient des visages creusés, coupés au couteau et les yeux jaunes fiévreux de ceux qui n'ont pas toujours le ventre plein.
Marina, très aristocratique, détonnait. Elle mangeait en levant le petit doigt et en se tamponnant la bouche avec une serviette blanche si souvent qu'on pouvait se demander quand elle trouvait le temps d'avaler quelque chose.
J'adore cet endroit disait-elle. J'ai des images de Medellín quand j'avais 5 ans. On mangeait souvent dans les restaurants de rue avec mes parents. Toutes les odeurs et tous les bruits de ce marché me rappellent Medellín, mon enfance et la Colombie. Je répondais que je la comprenais et elle me souriait en s'essuyant pour la énième fois une bouche que j'aurais bien aimé embrasser, si je n'avais pas eu peur de me ramasser un râteau.
Nous sommes sortis du marché sous le soleil qui inondait les flans des montagnes environnant la ville. Malgré ces hordes d'Américains et d'Occidentaux, Cusco reste une des plus belles cités d’Amérique du Sud. Mais à mes yeux, rien, pas même cette cité, n'arrivait à la cheville de Marina. J'étais comme un vieux coq, et, fier, je bombais la poitrine. Elle me passait une main sous le bras et nous déambulions au hasard des rues. Parfois, j'avais une érection. Je pensais à mes doigts dans sa culotte. Très vite, je censurais ces images, j'étais persuadé que mes doigts dans sa culotte n'avaient pas beaucoup d'avenir. À un moment donné, elle me dit, regarde là-haut et me montra deux petites statuts de taureaux accrochées au toit d'une maison. Bornu dit-elle pourquoi des taureaux sur un toit ? Je lui expliquais que les taureaux au Pérou sont le symbole de l'abondance et de la prospérité. En les mettant sur un toit, on garantit confort et santé à ceux qui habitent cette maison. Elle me répondit alors, très solennelle, ha oui, je comprends mieux maintenant. Merci Bornu- je ne savais pas ce qu'il y a de mieux à comprendre, mais elle avait l'air d'être ainsi - évanescente et curieuse. Puis elle allongea le pas, comme si elle avait peur de manquer quelque chose d'extraordinaire au prochain croisement de rue. Curieusement, Marina ne prenait pas de photos. En contrepartie, elle avait des yeux qui savaient regarder ce qu'il y avait d'étrange et le remarquable dans une ville. C'était rare depuis l'arrivé des smartphones. Toute personne qui ne prenait pas de photos ou ne faisait pas de films semblait être un handicapé mental, un affreux retardé, comme si elle avait mille ans de retard, alors que - rappelons-nous - il y a 15 ans, personne ne savait ce qu'était un smartphone. Drôle d'époque. Est-ce qu'on était en train de devenir aveugle, à force de cliquer ou de pianoter sur nos adorables petits objets connectés ? Il faudrait le demander à un docteur ou mieux encore, au Ministère de l'Aveuglement. La police ?
Marina eut envie d'une glace sur la Plaza de Armas.
Marina avec une glace, suçant, sur la Plaza de Armas, les yeux pétillants, pour moi, il n'y avait rien de plus sensuel.
Marina à mon bras et le toucher de ses vêtements sur ma peau, c'était au moins autant sensuel.
Marina, un doigt à l'ongle parfaitement manucuré et vernis montrant les statues de taureaux sur un toit de Cuzco, oui, c'était toujours sensuel.
Marina se tamponnant les lèvres d'une serviette blanche en souriant comme une madone, oui et oui et oui, une bouche à embrasser. Une bouche divine !
Et le soir, dans le dortoir avant de se coucher, je la vis avec un survêtement rose bonbon. Elle portait un bonnet de laine, rose aussi. Aux pieds, elle était chaussée de chaussons où étaient accrochés des pompons oranges. Sur le bout de son nez pendaient des lunettes de lecture de grand-mère. D'un coup, mes ardeurs de la journée descendirent de plusieurs dizaines de degrés Celsius.
Bonne nuit Marina, je lui disais. Et je me glissais sous mes draps glacés.
Bonne nuit Bornu. Demain, j'aimerais bien sortir, cela te dirait de m'accompagner ?
Bien sûr je lui répondais, mais à une condition, c'est que tu ne sortes pas avec tes extraordinaires chaussons à pompons. T'es con Bornu disait-elle en enlevant ses lunettes de lecture. Bon allez, j'éteins, good night Amigo.
Buenas noches, Mamita.
Mais tu es vraiment con Bornu, m’appeler mamita ! Je ne suis pas ta petite maman. Sweet dream stupid Frenchie.
Cette nuit-là, sous mes draps, une fois réchauffé, je ne fis pas de doux rêve, pas même érotique, je dormis comme un bébé.
Marina était très belle et de santé fragile, elle fait partie de ces personnes dont on dit qu'elles ont toujours un pet de travers. En permanence, elle avait autour du cou un foulard en soie et il lui arrivait souvent de toussoter. Il ne fallait pas non plus qu'elle fasse trop d'efforts. Une marche de cinq minutes sans arrêt l'épuisait, surtout à 3300 mètres d'altitude. Comme beaucoup de touristes, elle était atteint du mal des montagnes, le soroche, et elle prenait des pastilles que vendaient chaque jour par milliers les heureux pharmaciens de la ville. Je me sens parfaitement bien m'a-t-elle dit dans la soirée. Bornu, tu connais des lieux pour sortir ?
Si Marina, t'inquiète, je connais quatre ou cinq lieux pour boire et danser.
Super. Je suis prête dans une heure, tu m’attends le Frenchie ?
Que pouvais-je faire d'autre ? Pendant qu'elle se pomponnait, une heure quand-même! j'ai été me jeter des bières au Km 0, situé en contrebas de l'Hostel Lucky, derrière l'église et la place San Blas, là où Lula le pitbull asthmatique sur une vieille couverture tirait la langue et faisait un tabac !
L'heure, pour Marina, ne se mesure pas de la même manière que l'heure pour n'importe quel quidam. En début de soirée, je bois à peu près une bière par demi-heure. J'en étais à ma troisième et elle était presque vide. Vous voyez, ça faisait une bonne heure que j'attendais quand elle ouvrit la porte du Km 0. Je crois qu'au moment où elle fit le premier pas dans le bar, même la musique s'arrêta un instant.
Bornu, dit-elle, en me voyant accoudé au comptoir, comment tu me trouves ? Ça va ?ajouta-t-elle en écartant les bras ?
Si ça va Marina ? Pas du tout. Retourne te changer. Je ne suis plus à une heure près.
Un instant, son visage s'assombrit et ses bras lui tombèrent le long du corps.
Mais non je plaisante Marina. Tu es superbe comme un soleil. Tiens, je vais t'appeler Petit Soleil. Cela ne t'ennuie pas ?
Elle ne répondit pas mais elle avait un sourire resplendissant. Elle s'assit à côté de moi, sur un tabouret de bar, et elle croisa haut les jambes en fusillant la salle du regard. Il y a des personnes, comme ça, qui par leur simple présence, mettent le monde en suspension, l'arrêtent, le figent un temps très court comme si elles étaient un morceau sublime d'éternité qui daignait faire son apparition parmi nous. C'était tout à fait Marina dans ce bar.
Il y avait cinq clients, trois hommes et deux femmes, dans la salle. Quand elle les regarda, les garçons sourirent béatement comme si, subitement, ils voyaient apparaître la Sainte-Vierge en sous-vêtements sexy fluo et en porte-jarretelles de feu. Quant aux deux femmes, elles détournèrent le regard et l'ignorèrent superbement. Sans doute qu'elles ne devaient pas croire aux apparitions.
Qu'est-ce-que tu as pris Frenchie dit-elle ?
Comme tu vois, une bière.
Ah oui. Je crois que je vais me prendre un jus d'ananas. Je ne te l'ai pas dit. Je ne bois jamais d'alcool. Je déteste ça. Parfois ça gêne les garçons que je ne boive pas. Et toi, ça te gène ?
À vrai dire Marina, un peu. J'adore être ivre et j'aime bien être entouré de gens comme moi, un peu saouls aussi.
Marina resta de marbre.
Tu ne seras pas trop ivre avec moi Bornu ? J'ai peur des alcooliques, ils peuvent être violents.
Ne t'inquiète pas Marina. J'aime bien boire mais je n'aime pas rouler dans le caniveau.
Elle décroisa et recroisa ses longues jambes et me passa un doigt sur ma boucle d'oreille. Elle avait mis un pantalon de cuir noir, très moulant et on devinait un cul magnifique, un monde à lui tout seul. Je n'arrivais pas à voir sa poitrine. Il fait froid, le soir, à Cusco, trois ou quatre degrés, on est tous habillés avec des gros pulls, des écharpes, des vestes épaisses, qui cachent l'essentiel des anatomies. Dans la journée, par deux fois, je l'avais vue en tee-shirt et mon Dieu, elle avait une paire à damner le plus saint des hommes, moi ! Rien que d'y penser, houa !! Et je me disais, heureux celui qui a fait un long voyage, et qui au bout se voit révéler le corps de Petit Soleil. Celui-là ne repartira plus. Et il n'aura aucuns regrets. Marina, pour s'excuser de son retard, paya mes trois bières et son jus d'ananas avant d'aller nous faufiler dans les rues et les ruelles froides et lumineuses de cette ville construite par les Incas. Le premier soir de mon arrivée, j'étais sorti une nuit pour faire la connaissance des bars et des boîtes. Nico, le copain qui s'était cassé le talon à Popayan en Colombie avant de retourner en France, m'avait expliqué comment fonctionnent Google et Facebook pour repérer les événements rocks et punks dans les bars d'une ville où j'arrivais. Depuis les explications de Nico, chaque jour, je savais où avait lieu tel ou tel type de concert. On a d'abord été à côté de l’école des Beaux-Arts. Un bar de nuit organisait une soirée spéciale Bob Marley et, défoncé, j’ai toujours adoré Bob. Allons voir, a dit Marina.
Dès qu'on est rentrés dans la boîte, j'ai été presque malade devant tant d'obséquiosité. C'est tout juste si on ne nous faisait pas des courbettes. Messieurs-dames, une table. Le patron se précipita, me salua comme s'il me connaissait depuis mon enfance, et ça va bien, heureux de vous avoir dans mon établissement, et Madame, c'est un plaisir de vous avoir parmi nous. Je scrutais la salle, trois tables seulement étaient occupées. Le son n'était pas trop fort. On entendait Donna Summer. Au plafond, une boule lumineuse tournait sur elle-même et projetait des étoiles d’argent qui dansaient en rond sur les murs et la piste de danse. On était tout à fait dans une ambiance de la fin des années 70, mais pas reggae. Disco. Avant que je dise quoique ce soit, je me retrouvais avec la carte des alcools entre les mains.
Marina, d'un calme olympien, refusa d'enlever son manteau. Je fis signe au patron, ainsi qu'à un serveur qui avait quasiment son nez entre les seins de Marina, de nous laisser un peu d'air et je posais la carte sur une table vide. Le morceau Hot stuff se finit et le DJ mit I feel love. Dès la première mesure, la voix de Donna Summer m’électrisa de la tête au pied, Oh I feel love, I feel love, I feel love. Le patron me regarda en souriant. Le son augmenta et aussitôt une fusée nous emporta tous dans le passé. On était en 1979, et oui, la musique a ce pouvoir fabuleux de madeleine de Proust, j'avais un corps de vingt ans. La vie était belle. Il n'y avait pas encore le sida et nos amours étaient multiples. Ah, I feel love. I feel...
Bornu, dit Marina, cet endroit est horrible. Je ne veux pas y rester et puis je n'aime pas cette musique.
Je mentis, moi non plus.
Je saluai le patron de la tête et mentis une fois de plus.
Il est trop tôt, on reviendra plus tard dans la nuit.
Le serveur semblait déçu, il avait toujours le regard fixé sur la poitrine de Marina même s'il ne devait rien voir. Peut-être qu'il portait des lentilles pour voir à travers les vêtements ? Quel est le garçon qui n'a pas rêvé d'avoir une paire de lunettes magiques qui déshabille les filles dans la rue ? Je tapai dans mes mains et le serveur se réveilla.
Vous partez déjà ? dit-il en levant les yeux car il était plus petit que Marina. C'est dommage.
N'est-ce pas, répondit-elle. Au revoir et elle me tendit son bras.
Elle sortit de la boîte de nuit. Elle était une reine, et moi, je tenais le bras d'une reine.
I feel love, I feel love, I feel love. Une fois dans la rue, la voix de Donna Sumer me hantait encore, comme mes vingt ans qui me revenaient en pleine figure, et je vibrais de tout mon corps en me souvenant de ces amours passés. Elle se blottit plus fort contre mon bras et je chassais de toutes mes forces ces images de mes vingt ans de ma tête, car ce temps-là ne reviendra pas.
J'ai froid dit-elle et puis je commence à être fatiguée. Tu m’emmènes dans un endroit pas trop loin d'ici Bornu. Mes jambes me portent plus.
On retourna sur la Plaza de Arma, chaudement collés l'un à l'autre, jusqu'au moment où je vis le jeune Versaillais de l'Hostel Lucky.
Salut dit-il, vous voulez des invitations pour un verre ?
Merci, je lui dis, pourquoi pas. Il y a du monde ce soir ?
Comme un jeudi. Pas trop à cette heure-là, mais après minuit, oui, on est toujours plein, du jeudi au dimanche.
D'après l'info que j'avais eu sur Facebook, dans le bar le plus connu de la ville, il y avait un concert de cumbia. Le groupe venait de Colombie.
On va au concert au Lukuku, c'est de la cumbia*
Alors je vous vois plus tard me dit le Versaillais. Oui possible. C'est Vincent ton nom, non ?
Oui, tout à fait.
Vincent le Versaillais. Son nom m'était revenu d'un coup. Il venait d'avoir son bac chez les bourges et les réacs de toute éternité de cette fichue ville. Depuis le massacre de la Commune de Paris, Versailles toujours ville traître, toujours ville à mépriser le peuple. Et c'est ici que Vincent avait grandi, dans une famille de cadres sup très à droite comme il convient dans ce lieu maudit. Heureusement, tout ne se passe pas toujours comme le désirent les géniteurs bourgeois et néanmoins aimants de cette ville. Le fiston ne voulait pas suivre le droit chemin. Il avait des idées bien à lui. Il avait refusé que ses parents lui payent une année sabbatique avant de commencer la fac, comme ils lui avaient libéralement proposé, obsédés qu'ils étaient par le modèle de l'élite américaine, d'une banalité à mort, et qui consiste à payer une année sabbatique à voyager à travers le monde avant de rentrer à la maison et de retourner sur les pas de papa et de maman. Une année de voyages et de turpitudes pour que jeunesse se fasse et que surtout tout reste et rentre dans l'ordre. Vincent avait refusé cette proposition qu'on pourrait croire alléchante - ses parents dirent par la suite, dans un mélange d'orgueil et d'incompréhension, vous savez, Vincent, depuis tout petit, il a toujours été un non-conventionnel. C'est ce mot dont il fut giflé mille fois après son départ. Il était un non-conventionnel. Ce qui voulait surtout dire que ce n'était pas désespéré. Il lui fallait du temps certes, mais ce garçon allait rentrer dans le rang.
Ils ne se rendaient pas compte, et lui non plus d'ailleurs au début, que la coupure était irrémédiable. Vincent abandonna Versailles et donc quitta ses parents. Il avait décidé d’être volontaire dans une association d'aide à des enfants, la même assoce dans laquelle se trouvaient la Belge et l’Espagnol de l'Hostel Lucky. Ses parents lui avaient seulement payé le billet aller jusqu'à Lima. Pour se faire un peu d'argent, il avait trouvé ce boulot de nuit en plus de son travail volontaire le jour, dans la banlieue de Cusco. De 10h du soir jusqu'à 4 h du matin, il faisait le rabatteur sur la Plaza de Armas pour un bar de nuit tenu par des Vénézuéliens. Vincent avait grandi en un temps record. Quand, à 18 ans, vous passez toutes les nuits dehors dans un quartier à bars et à boîtes de nuit, vous êtes obligé d'apprendre vite pour éviter les dangers de la rue, les types bourrés, les bagarres aux couteaux, le cinglé qui joue avec un pistolet, les aguicheuses qui en veulent à ton fric, le pleurnichard qui cherche encore une invitation pour ton bar, les voleurs à la tire que tu connais par cœur, le groupe de touristes prétentieux qui la jouent faussement cool avec toi, l'Indienne qui te fait la manche pour la dixième fois, les fous aux regards assassins, l'amour en pleurs et le ricil qui fond sur la joue d'une fille trop faible pour la nuit, et les enfants qui ne dorment pas et qui te disent qu'ils ont faim. Il avait vu de tout Vincent. Six mois de ce rythme nocturne valait 10 ans d'un cursus universitaire, payé par des parents friqués, non ?
J'aimais bien ce jeune homme. À son âge et d'où il venait, il fallait une bonne dose de courage pour faire ce qu'il faisait.
Garde-nous des invitations j'ai dit, à tout à l'heure.
À tout à l'heure et bon concert.
Un tableau dans le bar du Lukuku
Lukuku est un bar incroyable.
Vous rentrez d'abord par une cour aux murs graffités puis vous arrivez à un étage et vous ne savez pas si vous rentrez dans un musée ou dans une salle de concert. En fait, vous êtes un peu dans les deux, mais comme les touristes, en général, sont bourrés, ils ne voient que le bar. J'étais toujours au bras de Marina et les portes s'ouvraient. On aurait pu aller loin si sa beauté un peu froide ne m'était pas intimidante, et surtout si ma condition de dinosaure n'était pas un fait irréductible au rêve d'une nuit d'amour.
J'étais persuadé qu'au point où j'en étais, il ne me restait plus qu'à vivre l'instant dans sa plus grande intensité possible, ce qui était aussi un grand plaisir. Mais plutôt solitaire. Je savais, depuis longtemps déjà, que "El futuro no existe" pour les jeunes comme pour les vieux. J'étais un punk, pas d'autres solutions. À mon âge, plus de futur, adorable Marina, et je ne pouvais même pas te le dire avec des mots. Ils auraient été futiles et je serais passé pour un misérable. C'est pourquoi il ne restait que le silence.
On dit que, parfois, le silence est une bombe. On dit aussi un silence de tombe. Des fois, je me voyais comme un squelette mexicain et je dansais en dessous de la terre des douleurs (latinoamericas), au milieu d'autres squelettes, le jour de la fête des morts. Était-ce donc aussi cela voyager au bras de Marina, dans la nuit inca de Cusco ? Se rappeler que, dans tout voyage digne de ce nom, on ne revient pas. C'était le seul avenir possible.
sur un mur de Oaxaca
Toutes celles et tous ceux qui vous diront le contraire sont des salauds de menteurs ou alors ils travaillent dans des agences de voyages !
Si vous voulez revenir, il n'y a rien de plus simple. Ne partez pas ! Pour moi, c'était trop tard. Je savais que je ne rentrerai pas. Impossible. Rentrer, c'était mourir, alors que la vie en moi n'avait jamais été aussi revendicative, puissante, ambitieuse, la vie voulait continuer le voyage, même si tôt ou tard, il fallait rentrer quand-même et donc mourir! Je tremblais rien que de penser que dans 3 mois, je serai de retour dans mon pays, et le plus dur à accepter, c'est que je savais que ce soir, comme de toute éternité, je n'allais pas baiser avec toi. Quoiqu'il arrive, Punk, tu n'as pas de futur. Et je t'ai souri avec désir. Malgré tout, j'avais envie de toi.
Allons danser Marina, tu veux?
Ho oui Bornu, volontiers.
Marina fit une révérence. Ajouta, mi-rieuse, mi-sérieuse, Mon prince.
Mon vieux prince je précisais.
Je crois qu'elle fit en sorte de ne pas m'entendre et elle me tendit sa main que je m'empressai de saisir.
Le groupe colombien alternait cumbia et salsa. Nous étions sur une série de morceaux de salsa. Le groupe était excellent, il venait de Cali, la capitale mondiale de la salsa, avec La Havane et New-York. La salsa de Cali est très swing et très jazzy. Certains lui reprochent son côté trop moderne et technique. J'avais pris des cours à Cali. Mais, en quelques heures, je n'avais pas appris plus que le pas de base. Dès que nous fûmes sur la piste, Marina l'Américaine redevint Marina la Colombienne. Une merveilleuse danseuse, et, dans son pantalon de cuir noir et moulant, elle avait un cul qui bougeait comme s'il était possédé de sa propre âme de danseur et, heureusement qu'elle n'enleva pas son pull, car sinon nous aurions assisté à une émeute. Elle dansait autour de moi avec une grâce et une élégance naturelle. Elle était d'une autre planète et tout son corps était un hymne à la danse. J'avais envie d'arrêter de danser pour la contempler. Vraiment un corps sublime de danseuse comme on en voit quelques unes en Colombie. On dansa un puis deux et enfin trois morceaux. Elle était tellement faite pour la danse qu'elle avait réussi l'exploit de me faire danser sans que je n'aie à compter les temps et les contretemps. Il suffisait que je la suive et j'étais toujours dans le bon tempo. Pas une seule fois je lui marchai sur les pieds. Puis ce fut la fin de la série de salsa. Le groupe rejoua de la cumbia et Marina me fit signe qu'elle était fatiguée. Nous sommes allés nous asseoir sur deux chaises qui venaient de se libérer à côté de la piste. Nous étions en nage.
De la salsa à 3300 mètres d'altitude, c'est trop, je n'en peux plus Bornu.
Tu veux quelque chose à boire, Marina.
Juste un verre d'eau. Je crois que j'ai surestimé mes forces.
Attends, je vais te chercher quelque chose.
Je lui ramenai du bar une bouteille d'eau et dès qu'elle l’eut bu, elle me dit qu'elle voulait partir et me demanda si cela ne me gênait pas de l'accompagner jusqu'à l’hôtel. Je lui répondis, bien sûr Marina, je t'accompagne.
Une fois dehors, tout bascula. Quelqu'un hurla dans mon dos, Bornu !!
Je me retournai vers cette voix. Qui était cette fille qui hurlait mon nom dans la nuit et qui ouvrait grand ses bras. Sa tête ne m'était pas inconnue, j'avais son nom sur le bout de la langue, mais j'étais incapable de le retrouver.
Je suis sûr qu'une seconde de plus et le nom me serait revenu ainsi que le lieu de notre dernière rencontre.
C'est moi, dit-elle, avant de se jeter dans mes bras, la fille du président.
Bien sûr ,Cali, début septembre, la fille du président.
Elle resta longtemps suspendue à mon cou à me faire une bise. Enfin, elle se décrocha.
Je croyais que tu étais rentrée pour faire ta deuxième année de prépa à Henry IV.
En effet, je suis rentrée à Paris, mais j'ai juste réuni mes petites économies et j'ai repris un vol pour Lima. J'ai pris une année sabbatique.
J'ai présenté Marina à la fille du président qui se sont saluées dans une parfaite neutralité. Il y avait aussi une jeune Chilienne et un Argentin avec qui elle faisait la route depuis une quinzaine de jour.
Je n'ai pas discuté longtemps, Marina me tirait la manche.
Vous partez déjà demanda la fille du président ? On allait au Lukuku, vous ne voulez pas venir avec nous ?
On en vient, dit Marina, moi, je rentre mais Bornu, si tu veux rester avec tes amis, je peux rentrer seule.
Je te raccompagne Marina, mais il est encore tôt. Oui, je vous retrouve au Lukuku dans une demi-heure, ça vous va ?
Parfait, je t'attends. Incroyable. Jamais j'aurais cru te revoir en Amérique du Sud.
Tu as raison, moi non plus. À plus alors.
Tu reviens, c'est sûr ?
Oui oui.
Pendant tout le trajet jusqu'au quartier de San Blas, Marina ne desserra pas les dents. C'est comme ça quand je suis fatiguée, me donna-t-elle comme seule raison. J'avais du mal à la croire. Une fois à l’hôtel, elle ne me remercia pas de l'avoir accompagnée, ne dit pas un mot, ne se retourna pas et s'enferma dans notre dortoir. Aussitôt, je ne savais trop pourquoi - ou le savais trop bien- sans perdre une seconde, je me précipitais au Lukuku.
… Je lui demandai, en indiquant les murs, de qui c'était tout ça, et la serveuse me répondit de tous les grands plasticiens et peintres péruviens. Il y avaient des œuvres partout dans ce bar. C'était un plaisir de boire une bière et un whisky en écoutant ce groupe colombien tout en regardant des tableaux, des mobiles et des statues d'artistes tous plus fous les uns que les autres. J'ai pris pleins de photos que je ne pourrai hélas envoyer sur mon blog. Une fois de plus, le bouton d'ouverture de mon appareil s'est cassé. Les photos de ces œuvres sont restées dedans et je ne compte pas le réparer. Je vais faire comme tout le monde. Je vais m'acheter un smartphone neuf, mon premier. Je suis allé aux toilettes et je n'ai pas arrêté de regarder un graffiti pendant que je pissais. Il était écrit Existence is resistance. Ça m'allait comme un gant cette phrase, je m'en suis pissé sur les pieds. C'était sans doute une phrase contre le génocide des Mapuches au Chili, des Tzotzils au Mexique, ou des Aymaras au Pérou et en Bolivie. Les massacres d'Indiens avaient été systématiques depuis des siècles et, d'une manière ou d'une autre, ils continuaient. Exister, c'était déjà résister face à ces empires occidentaux qui prenaient possession autant des terres que des âmes des hommes et des femmes respectueux de la pachamama, la terre-mère. Et en même temps, résister au vol de la terre, au vol des âmes, c'était l'unique façon qu'il nous restait, Indiens ou pas, pour rendre nos existences soutenables. J'ai même pissé sur mon pantalon. J'avais pensé exactement de cette façon, dès le premier jour où j'étais allé travailler dans une usine pendant des vacances. J'avais alors à peine 17 ans et depuis - même si trop souvent je l'avais oublié - c'était la philosophie qui s'appliquait à ma vie. Résister à ce qui détruit, à ce qui exploite, à ce qui manipule. Je boutonnais les boutons de ma braguette, j'avais la bouche grande ouverte, je manquais d'air. Qu'est-ce-que je foutais ici, à Cusco, alors que ça pétait de partout en France ?
Vu des médias du Pérou, les gilets jaunes mettaient le pays à feu et à sang. C'était une nouvelle révolution. N'avais-je pas, depuis mes 17 ans, vécu pour cela, enfin voir et participer à la Révolution ? Et pendant ce temps-là, où est-ce que j'étais ? Dans les toilettes d'un bar, à 3300 mètres d'altitude, à philosopher sur la résistance des peuples. Philosophie de pissotière, Bornu, ne vois-tu pas que tu n'es qu'un simple touriste perdu dans le grand manège désenchanté du voyage ? Je me suis lavé les mains tout en jetant toujours des coups d’œil vers la pissotière et ce graffiti. Et la fille du président? Ça faisait une demi heure que je buvais et elle n'était pas au Lukuku. Je suis retourné au comptoir. J'aurais pu y passer des heures, je crois que je pourrais boire pendant un siècle dans ce type de bar, sans m'ennuyer une seule seconde. Je commençais à être ivre car j'avais bu deux whisky et deux bières en l'attendant. Je planais. L'altitude me faisait aussi de l'effet, j'étais saoul plus rapidement. Enfin, j'ai vu sa tête à l'entrée, on aurait dit une chouette, elle la tournait dans tous les sens avec des mouvements saccadés. Elle avaient les yeux ronds comme des billes. Ses dents étaient éclatantes de blancheur, je crois qu'elle riait quand elle m'a vu. Elle s'est mise à courir jusqu'au bar et elle s'est jetée dans mes bras.
Pardon, pardon, pardon, répétait-elle, j'ai raccompagné mes amis à notre hôtel. Je suis revenue aussi vite que possible, mais je me suis perdue. Tu ne m'en veux pas?
Non. J'avais juste peur de ne plus te revoir.
Moi aussi, très peur.
Puis, soudain, elle s'est écartée de moi, reprenant une distance plus respectable. On s'était vus une heure dans toute notre vie et, la sentir si près de moi me mettait mal à l'aise. Je me rendais compte que j'étais sous son emprise. En restant trop très de moi, elle me supprimait toute volonté. J'ai rien trouvé de mieux à dire que, qu'est-ce-que tu veux ?
Comme toi .
Bière et whisky alors.
D'accord.
Pour avoir plus de contenance, j'ai sorti mon téléphone et je lui ai dit excuse-moi je vais prendre quelques photos. C'est super ces œuvres sur les murs. Elles ont été faites par des artistes péruviens. Ça te plaît ?
Oui, elle a dit, sans même jeter un regard sur ces murs.
C'est à ce moment-là que j'ai fait plein de photos pendant un bon quart d'heure. Je sais que c'était stupide mais cela m'évitait d'être trop proche d'elle et je pouvais ainsi réfléchir. Je l'ai déjà dit que je n'aimais pas les filles poilues. En plus, je ne comptais même plus les décennies qui nous séparaient, c'était trop vertigineux. Je m'interdisais toute pensée érotique, ce n'était tout simplement pas possible, alors je cliquais. J'enchaînais les photos. Pendant ce temps, la fille du président était au bar avec son whisky et sa bière et elle me suivait des yeux. Je crois que pas un instant elle ne me quitta. Cela me donnait le vertige. Il a bien fallu que je revienne et que tout près d'elle, je sente sa peau, ses poils. J'avais l'impression d'être un dieu. Je ne me rappelais pas une fille me regarder avec tant d'admiration, je n'en revenais pas, je ne savais pas quoi faire. Alors j'ai souri bêtement et j'ai applaudi aussi fort que possible. C'était le dernier morceau du groupe colombien. Il avait mis une ambiance d'enfer et j'ai repensé au cul superbe de Marina. Ce n'était pas mieux. Marina ou la fille du président, bonnet blanc, blanc bonnet. Des filles faites pour aimer et pour être aimées par des hommes de leur âge. Moi je n'étais plus dans le coup !
À quoi tu penses elle m'a demandé ? Tu as l'air loin.
Je pensais à toi. Non ! Je pensais à rien je veux dire.
Tu veux dire que je suis rien, elle a rit. J'espère que ce n'est pas ça que tu veux dire.
Non. Excuse moi. Je dis n'importe quoi. Je pensais que c'est incroyable qu'on se retrouve. Pourtant le monde est grand, tu ne trouves pas ?
Qui était cet imbécile qui parlait à ma place ? J'avais l'air bête, cela ne devait pas être moi, mais un autre, celui que je connais que trop bien, ce type qui avait juste un cœur d’artichaut sous lequel était placé une bite. Si c'était lui qui prenait ma place, j'étais fichu.
Oui, le monde est grand mais on s'est retrouvés Bornu, c'est le plus important, non ?
Non. Bien sûr, oui, c'est le plus important ! J'aime beaucoup ce tableau-là. Et toi ? Je le lui montrais du doigt.
Elle ne se donna même pas la peine de bouger la tête.
Oui, superbe. Tu sais pourquoi je suis revenue en Amérique du Sud.
Je suppose pour heu... moi. Non ! Je ne sais pas. Pourquoi ?
J'étais pas fier de moi. J'avais quand-même suffisamment d'expérience pour assurer devant une gamine. Je n'en revenais pas à quel point j'étais faible. J'avais donc rien appris des filles pendant toute ma vie ? Quel nul j'étais.
Elle devint très sérieuse et elle dit, non, je ne suis pas venu QUE pour toi, et elle insista sur le que. Je suis revenue parce que tu m'as dit à Cali... Tu te rappelles de notre conversation ?
Oui, je crois. Je t'ai dit que tu avais le choix.
Pas exactement, Bornu. Tu m'as dit que tous les choix m'étaient encore possible. Tous, Bornu. Tu comprends ce que cela veut dire?
Oui et non. Mais elle n'a pas écouté ma réponse et elle a dit, je suis revenue parce que ...
Quoi, j'ai demandé ?
J'avais mal entendu car, à ce moment-là, le deuxième groupe de la soirée montait sur scène et les gens applaudissaient à tout rompre. Je n'aurais jamais dû lui poser cette question car je savais ce qu'elle m'avait dit. Je crois que je le savais depuis qu'elle m'avait lancé, à Cali, dans le taxi, pour te rappeler de moi, tu n'as qu'à m'appeler la fille du président.
Elle a hurlé J'AI ENVIE DE TOI, T'AS COMPRIS.
La honte !
Au bar, cinq ou six personnes nous regardaient. J'espérais qu'aucun ne parle français. J'avais envie de leur dire, non, ce n'est pas de moi qu'elle parle cette fille. Vous m'avez vu ? Ce n'est pas possible. Je pourrais être son...
Merde, elle m'avait sauté au cou et elle m'embrassait à pleine bouche.
J'ai pensé, ce n'est pas comme ça qu'on embrasse son grand-père. Et bien si, c'est comme ça à notre époque, mais je n'étais pas son grand-père. Ça va pas ! J'étais au pire l'autre, le cœur d’artichaut avec en dessous ce que vous savez. D'ailleurs, il n'allait pas résister longtemps celui-là ! Vous pouvez me croire. J'ai ouvert grand ma bouche et sa langue s'est enroulée autour de ma langue. Quel goût délicieux, pensait le cœur d’artichaut. Je n'étais pas loin de penser comme lui. Il fallait que je reprenne le dessus. Heureusement, je me suis ressaisis et, très doucement, mais avec toutes mes forces, je l'ai repoussée aussi tendrement et fermement que je le pouvais.
Elle m'a regardé et elle a juste dit, on dirait un curé. Puis elle s'est détachée de moi, a avalé cul-sec son verre de whisky et s'est précipitée sur la piste de danse.
Je n'étais même pas un curé défroqué de la Révolution Française ou un de ces justes théologiens de la Libération qui avait combattu au côté des pauvres dans les années 70 dans toute l’Amérique Latine. Je n'étais qu'un curé. Un vieux moraliste qui blessait une jeune fille en fleur. Quel con je faisais. Mais, tout bien réfléchi, est-ce-que j'avais vraiment le choix, moi ??? C'était soit le pervers, soit le curé. Qu'est-ce-que je pouvais choisir d'autre ? Dans ce jeu-là, il n'y a pas de joker. Et une petite voix a ajouté, il n'y a peut-être pas non plus de pervers. Il ne reste donc, dans ton jeu, que curé ou pas curé, à toi de choisir ?
Je me suis demandé si cette petite voix, ce n'était pas encore le cœur d’artichaut ?
La fille du président se déhanchait, faisait des mouvements du bassin très lascifs. Elle n'avait pas la prestance de Marina et elle était loin d'être aussi belle et aussi bonne danseuse. Elle était une tête de gamine avec un corps plein de poil, beurk. Je me répétais, pas question que je couche avec une poilue. Ça marchait pas. Loin de là, je bandais. Je peux même dire que je bandais à mort. J'avais fait un effort titanesque pour la repousser. C'était un exploit que personne n'avait perçu, mais c'était un exploit quand-même, curé ou pas curé, bravo Bornu ! Il fallait que je me remonte le moral. Il n'y avait personne pour m'aider. C'était la première fois que je me retrouvais dans cette situation. Qu'est-ce que vous auriez fait, vous, à ma place ?
Bien sûr, il n'y a eu de réponse. Il a bien fallu que je me débrouille tout seul. Et tout compte fait, je crois que je m'en suis pas si mal sorti.
Bien qu'un peu spéciale, ce fut une très belle nuit de pattes en l'air.
Plaza de Armas, Cusco
On s'était réconciliés autour d'un autre whisky. Je m'étais excusé. Je lui avais dit que je n'étais pas un curé. Il me fallait simplement un peu de temps, tu comprends. Et je lui avais fait un petit bisou sur la bouche. Jusque là, elle avait le visage fermé mais dès que je l'avais embrassée, elle s'était illuminée. Ses yeux de billes devinrent comme les plus belles des agates et j'avais envie de jouer avec ses agates. J'adorais les billes quand j'étais gamin. Les siennes me faisaient craquer. "Je te donne mon paquet contre tes deux billes. Tu veux?"
"Oui".
Je suis sûr qu'elle aurait dit oui. Mais je ne lui ai pas demandé.
Après l'avoir embrassée, elle m'a pris la main et elle m'a dit, allez viens Bornu, on s'en va.
Je n'étais certes pas un curé, mais je n' étais pas non plus un être dépourvu de moralité. Est-ce qu'on pouvait en dire autant de la fille du président ? Parfois j'en ai douté.
Nous marchions à nouveau dans la direction de la Plaza de Armas. Ce n'était plus Marina à mon bras mais une autre femme. Je devrais dire une autre fille, une fille pleine d'énergie, de désirs, d'espérance. Elle était un phénomène nerveux complexe tourné vers le sexe et cette ville est un paradis pour les êtres sexués, les amoureux ou les violeurs. Il y a des passages un peu partout. Ceux-ci donnent sur des cours dans lesquelles vous avez des magasins de souvenirs, des restaurants populaires, des hôtels bon marché et surtout des stands de vêtements incas. La nuit, tout est fermé, sauf l'entrée des passages. À peine avions-nous fait une centaine de mètres à l'extérieur du Lukuku qu'elle me poussa sous une porte cochère. Elle était suspendue à mon cou et, en même temps, elle me dirigeait au plus profond d'un passage. Nous sommes arrivés dans une cour et, comme il n'y avait pas de coin discret, nous avons fait demi-tour pour rester dans l'ombre de ce passage. Elle m'embrassa avec fureur. J'ai envie de toi disait-elle, et je répétais moi aussi. Puis je l'ai vue regarder entre mes jambes et elle a commencé à se baisser. Je lui ai pris les deux mains et j'ai dit, ce n'est pas la peine que tu fasses ça. Elle m'a regardé. Elle était furieuse, et elle a répondu, si, en dégageant d'un coup ses mains, puis elle tapa sur les miennes.
Si et si, répéta-t-elle avant de plonger sur ma braguette. Elle avait fait ce geste si rapidement que je m'en suis rendu compte qu'une fois avoir ressenti le froid sur mes fesses. J'avais mon jeans tombé sur mes genoux et elle me mordillait mon machin. Vous pouvez imaginer. Le cœur d’artichaut était en fête et ma bite en feu. Elle ne m'a pas sucé très longtemps. Dès qu'elle a commencé à me caresser les couilles, j'avais perdu toute forme de contrôle. J'ai juste cru voir une silhouette à l'autre bout du passage, mais je ne m en suis pas préoccupé plus que ça. Ça montait en moi. Je me suis abandonné. J'ai entendu un bruit mat de quelque chose qui tombait sur le sol et c'est arrivé en même temps.
J'ai tout lâché, mon dieu, la fille du présidEEEEENNNNT. Une explosion de sperme en moins de 3 minutes chrono, AAAaaah, je faisais. Mais déjà elle était debout, elle m'avait remonté le pantalon et boutonner ma braguette.
T'as aimé, elle a demandé presque aussitôt?
J'ai répondu en imitant mon râle Aaaah.
Tu as bien dégorgé le poireau, elle a dit en riant, j'en ai partout sur le visage.
Tu ne peux pas être un peu plus romantique, je lui ai demandé ?
Surtout pas, elle a fait, en me mettant la main entre mes jambes. J'ai aussi pris une année sabbatique avec le parler correct de mon école de prépa.
Nous avons commencé à marcher dans la rue quand je me suis rendu compte que le bruit mat que j'avais entendu était celui de ma canne tombant sur le sol au moment de jouir.
Mince, j'ai oublié ma canne, j'ai dit en me retournant et en me précipitant vers le passage.
J'en ai pas encore parlé parce que je n'ai pas encore eu le temps de m'y habituer. J'avais des douleurs dans le dos depuis plusieurs mois. J'avais été voir des médecins, des ostéos et des chiropraticiens, rien n'y avait fait. À Cusco, j'avais été faire des massages. C'était très bon mais, 5 minutes après être sorti de la séance, je boitais à nouveau. La masseuse m'avait dit qu'elle ne pouvait rien faire de mieux pour moi. La solution était d'acheter une canne. Cela atténuerait beaucoup les douleurs. J'avais jamais imaginé marcher un jour avec une canne, mais, en effet, depuis 3 jours que je marchais avec, j'avais quasiment plus de douleurs et je retrouvais la liberté de me balader dans la ville. Le problème, c'est qu'on ne me regardait plus du tout de la même façon. Par exemple, hier, dans la queue d'un cinéma, un gardien est venu me chercher et m'a conduit directement au guichet. J'étais devenu prioritaire et j'avais pris vingt ans supplémentaires du jour au lendemain.
Elle était posée à l'endroit où la fille du président m'avait fait une gâterie. Je l'ai prise et je m'en suis retourné sans me presser, pour mieux apprécier le moment présent et le plaisir qu'elle m'avait donné.
Quand je suis arrivé à son niveau, elle a dit, alors Pépé on se fait tailler une p'tite pipe par une jeune femme et on en perd sa canne.
Je l'ai regardée avec des yeux de fou. Je crois que je l'aurais tuée.
Elle a mis sa main devant sa bouche, excuse-moi, pardon Bornu, j'aurai pas dû.
Jamais, j'ai dit furieux, jamais plus tu m'appelles Pépé.
D'accord d'accord.
Et puis d'abord, essuie-toi la bouche, tu as encore du sperme séché sur le coin des lèvres.
Elle passa sa langue à la commissure des lèvres, Hum, c'est bon. De ses yeux de billes, elle a sourit. Je fais des réserves de sperme pour les périodes de vaches maigres.
Je devais avoir le regard toujours aussi sévère.
Je ne suis pas inquiet pour toi. Avant que tu sois en pénurie de sperme, il faudra couper les couilles à tous les mecs à au moins 30 km autour de toi.
C'est pas gentil ça, Bornu.
Non, j'ai répondu, je ne suis pas gentil et tu l'as bien cherché.
Je t'adore quand-même, tu sais. Ça m'a donné soif tout ça. On va se boire une autre bière ?
Je l'ai embrassée.
D'accord, après on ira à mon hôtel, si tu veux?
Si je veux ? Claro que si, je veux, dit-elle en enroulant ses bras autour de mon cou.
Vincent était toujours sur la Plaza de Armas.
Je lui présentais la fille du président.
Tiens, me dit-il, ton amie a beaucoup changé depuis la dernière fois que je l'ai vue.
Ce n'est pas drôle Vincent. Marina était fatiguée. Elle est rentrée se coucher. Tu as toujours des invits pour ton bar de nuit ?
Oui, bien sûr. Je vous accompagne si vous voulez, c'est dans une petite rue derrière la place. Pas facile à trouver.
OK, emmène-nous.
Vincent et la fille du président avait le même âge et tous les deux étaient sympas. Ils avaient beaucoup de points en commun, le goût du voyage, l'indépendance et la curiosité d'esprit. Une sensibilité à l’empathie. Normalement, le courant aurait dû passer et pourtant, ils étaient indifférents l'un envers l'autre. L'amitié ne se décrète pas parce que nous avons des idées en commun, ou des passions identiques. Il faut parfois plus ou parfois moins. L'amitié est ce qu'on appelle un feeling, une alchimie des sentiments. Et ce feeling est quelque chose qui ne peut se donner que par de la chimie, de l'énergie, du mouvement et donc du mystère qui circule entre deux personnes. C'est quelque chose qui passe ou qui passe pas, impossible à définir. La seule chose dont j'étais sûr, c'est qu'entre la fille du président et Vincent, cela ne passait pas. Et pourtant, avec tous les deux, je m'entendais bien.
Vincent nous laissa à l'entrée du bar avec deux cartons d'invitations pour deux cocktails.
Merci Vincent. Dis-moi, avant que tu retournes au boulot, derrière le dortoir où tu crèches, il y a bien une chambre ?
Oui, bien sûr. Je vois où tu veux en venir, dit-il en faisant un clin d’œil à la fille du président, qui resta de marbre. La chambre est libre, si c'est ça que tu veux savoir. Le type qui était dedans est parti faire le treck de 4 jours au Machu Pichu. Il ne rentre que demain soir. Cela ne devrait pas poser de problème. De toute façon, il n'y a pas de gardien de nuit à l’hôtel. Alors tu fais comme tu veux.
Super, j'ai dit.
N'est-ce pas, j'ai fait en me tournant vers la fille du président.
Ouais, elle a dit, le visage fermé.
Mais dès que Vincent fut parti, elle me sauta dans les bras, super ! On a une chambre pour nous deux. Tu es génial Bornu.
Faut pas exagérer.
Elle était encore à mon cou dans ce bar. D'une main, je lui enlaçais la taille et de l'autre je tenais ma canne. Malgré toutes les lumières tamisées d'un bar de nuit, je devais faire un peu plus que son âge. Bien sûr, je n'étais pas son grand-père.
J'avais envie de dire à tous ces regards de répréhension qui, d'un coup, se sont tournés vers nous quand nous sommes rentrés dans ce bar, et oui, la fille du président vient de me tailler une petite pipe. On se boit un cocktail gratis et ensuite on va se faire une grosse partie de pattes en l'air, bande de bouffons et de backpackers névrosés ! Il y a quelqu'un que ça dérange ????
On m'a tapé sur l'épaule, une bonne pression, je me suis retourné et j'ai levé la tête la-haut. C'était Fausto, l'armoire à glace chilienne. J'espérais qu'il n'avait pas lu dans mes pensées.
Salut, dit-il. C'est ta fiancée, demanda-t-il en espagnol
Oui,
C'est pas moi qui ai répondu mais la fille du président.
Tu me trouves peut-être trop vieille pour Bornu ?
Fausto rigola.
En effet, peut-être un peu trop vieille. Mais comme tu es mignonne, ça le fait bien vous deux. Vous prenez un verre avec moi ?
Je les ai présentés et elle a dit, tu es trop chou Fausto. Dis-moi, tu viens d'où au Chili ?
Fausto le lui dit et elle fit, j'y serai dans une semaine. Génial, t'aurais pas des adresses pour moi et mes amis ?
Si ma mignonne.
En quelques instants, elle s'était mise Fausto dans la poche. En fait, comme c'est souvent le cas pour des types comme Fausto à la tête que la nature n'a pas trop gâtée et au corps de géant, il n’était en réalité qu'un gros nounours très doux et infiniment gentil, avec une voix de timide.
Le bar était plein et, normalement, d'après ce qu'avait dit Vincent, les proprios vénézuéliens refusaient les jeunes Péruviens dans leur bar sous prétexte qu'ils ne dépensaient pas d'argent. Il n'y avait donc quasiment que des occidentaux et, peut-être parce qu'il n'était plus très jeune, il y avait un Péruvien dans le fond de la salle. Il était assis dans une alcôve avec la Française de notre hôtel, celle qui n'avait pas quitté ses bras depuis 2 mois. Ce type avait à peu près trente ans et était magnifique. Il avait un corps d'athlète, cela se voyait, car il était en débardeur. Son visage était sans ride et, dans ses yeux d'un noir sans limite, on aurait pu s'y voir comme dans un miroir, dit-on habituellement. Il portait un anneau d'or à chacune de ses oreilles et sa longue chevelure noire qui lui tombait sur les épaules lui donnait un air de seigneur. De loin, c'était le plus beau mec de la soirée. En plus, il avait l'air cool. On s'était dit bonjour plusieurs fois à l’Hostel Lucky. Je leur fis un signe et ils me répondirent tous les deux en levant haut la main et en souriant. Ils avaient l'air heureux. La porte d'entrée s'est ouverte et un type pénétra dans le bar, il ne voyait que d'un œil. On s'était donné le mot ou pas ? Ou plutôt, merci Vincent pour les invitations. Il devait les distribuer à l’hôtel. C'était notre punk borgne. Il vint directement à notre table. Son chien n'était pas avec lui. La fille du président resta lové dans le creux de mon épaule et je n'étais plus un vieux mais un jeune coq qui vient d'avoir sa première poussée d'hormones. Fallait pas qu'on s'approche trop près d'elle sinon j'allais jouer de la canne.
Le punk était saoul et voulut nous payer une tournée mais nous avions déjà deux verres d'avance. Quand elle le vit, elle se redressa. Cool ton hôtel, dit-elle, et cool les gens qui habitent dedans, et toi, tu es le plus cool de l’hôtel, et elle avala la moitié de son gin tonic. Mon Dieu, dans quel état nous allions finir. J'ai bu mon propre gin tonic et, sur notre table, j'en avais un autre offert par Fausto. Le punk borgne sortit un joint et l'alluma. Personne ne dit rien. Le punk, j'appris le lendemain par Vincent, était un anglais de 45 ans qui vivait au Pérou depuis une dizaine d’années. Il parlait parfaitement l'espagnol et avait le teint mat. Jamais on aurait pensé à un anglais. Il était de père diplomate anglais et de mère équatorienne. Sa famille avait beaucoup d'argent, disait-on à l'hôtel, mais il mettait un point d'honneur à vivre uniquement de petits boulots de traducteur et, comme on le sait déjà, il vivait aussi de la manche avec son chien. Le couple franco-péruvien arriva à notre table et le joint tourna. J'ai embrassé la fille du président dans le cou et je lui ai dit, il faut qu'on y aille mollo sur les drogues et les alcools. À l’hôtel, je voudrais pas m'endormir sur toi.
Elle s'est instantanément tournée vers moi.
Il n'en est pas question Bornu, sinon, demain tu n'as plus rien entre les jambes.
Non, dit-elle sèchement quand le joint arriva à son niveau. On va rentrer tous les deux. Et sans me demander mon avis, elle se leva et prit sa veste. Allez Bornu, prends ta canne, on y va.
Je me suis mis à rire, là aussi pour me donner une contenance. Mais, en fait, ce petit bout de femme tout juste sorti de l'enfance aurait pu me mener par le bout du nez. Je crois que le cœur d’artichaut n'y aurait vu que du feu.
Fausto, le punk et le couple franco péruvien nous saluèrent avec des sourires pleins de sous-entendus. À tout à l'heure, dirent-ils, et là, ils se sont carrément marrés.
Nous avons retrouvé la rue et, encore une fois, la Plaza de Armas et la statut du grand chef inca qui semblait défier la montagne, les étoiles, la nuit et même l’éternité, comme nous, et comme Vincent, qui continuait son boulot de rabatteur.
À plus les amis, je rentre dans une heure, dit-il quand il nous vit traverser la place.
Salut le Versaillais, j'ai fait, et encore merci.
La fille du président, au lieu de son joli sourire, lui fit une grimace.
Je ne sais pas ce que tu lui trouves, Bornu? Il est d'une grande banalité ce type. Et puis c'est un fils de bourges, ça se voit.
Oui, tu as raison, c'est un fils de bourges. Il est en train de larguer les amarres avec sa famille. Ce n'est pas rien, tu sais. Et puis moi, je l'aime bien.
Ouais, fit-elle, boudeuse. Moi, je le sens pas ce Vincent. C'est pas comme toi.
On se tenait la main en passant devant la cathédrale et elle me la lâcha et partit en sautillant, puis elle revint tourner autour de moi.
Je peux, demanda-t-elle, en avançant sa main grande ouverte ?
Oui, j'ai dit, et j'ouvris grand ma main qu'elle s'empressa de saisir, tout en me tendant ses lèvres. Nous sommes remontés jusqu'à l'église San Blas, puis nous avons pris la ruelle qui grimpait jusqu'à notre hôtel. Je tirais un peu la patte, mais la canne me faisait du bien. L'alcool aidant, je ne sentais qu'une petite gêne dans le dos et bien sûr la fille du président occupait toutes mes pensées, il n'y avait plus de place pour les petits bobos. Elle a mis sa main dans mon slip juste au moment où on arrivait devant l'église.
Mais tu bandes mon salaud, dit-elle.
Je vois, en effet, tu as pris aussi une année sabbatique avec le romantisme, je répondis moqueur. Enlève-moi ta main de ma culotte, petite fille mal élevée.
Pas question, fit l'ingénue, je l'ai en main, je ne la lâche plus.
Si je me rappelle bien, elle a tenu parole. Quand nous sommes rentrés dans l’hôtel, elle avait toujours sa main dans ma culotte et personne n'aurait pu la lui retirer. Surtout pas moi. Si dehors il faisait deux ou trois degrés, à l’intérieur, dans la pièce principale ouverte à tout vent, il ne faisait pas plus de 5 degrés. Le couple brésilien dont on se souvient qu'il faisait d'horribles bijoux que personne n'achetait, dormait sur une des banquettes de cette pièce. L'homme chuintait plus qu'il ne ronflait. Sur lui enlacée, sa femme dormait en silence et, au dessus encore, il y avait un tas de couvertures. Quand nous sommes rentrés, malgré la lumière, ils ne se réveillèrent pas. Mon dortoir et celui de Marina donnait sur cette pièce, mais à l'opposé de l'entrée. Les artesanos argentins dormaient à l'étage. Quant au Belge, l'Espagnol et Vincent, qui travaillaient dans la même association, ils partageaient le dortoir à gauche de l'entrée. Il fallait passer par ce dortoir pour atteindre la chambre.
J'ai envie de faire pipi elle a dit, prime. Où c'est ?
Je lui montrais du doigt.
Elle enleva la main de mon slip et se précipita aux toilettes. J'entendis le sifflement aigu de son pipi pendant longtemps. J'ai eu envie d'aller voir dans mon dortoir comment allait Marina. Mais je me suis dit que c'était pas une bonne idée. Elle ne devait pas être tout à fait d'accord avec ce que je faisais. Et puis j'avais ma queue qui commençait à me faire mal. Je bandais et j'avais envie de pisser en même temps. Ça me piquait. Il était temps d'aller vidanger tout ça. Elle est sortie des toilettes.
Puta tu madre, chevere. (Putain de ta mère, c'est super bon)
C'est pas plus romantique en espagnol qu'en français, je lui ai fait remarqué, et je suis allé pisser à mon tour.
Sans faire de bruit, nous avons traversé le dortoir avec une lampe de poche et nous avons enfin atterri sur le lit de notre chambre. Il faisait sans doute un peu plus chaud que dans la pièce principale entre 8 et 10 degrés maxi. Comme des affamés, nous nous nous sommes déshabillés en jetant nos affaires au sol. Le froid n'existait plus.
Elle avait du poil partout la fille du président. Sa chatte en était recouverte jusqu'à en dessous du nombril. Elle ne devait pas s'être rasée sur les pattes depuis la première fois où je l'avais vue à Cali, en septembre, car ses mollets étaient recouverts d'un duvet noir et épais et je ne voyais même plus sa peau. Quant à ses aisselles, dessous, cela était dense, épais, humide, avec une impression de grouillement, et, pour couronner le tout, il s'en dégageait une odeur très forte. Théoriquement, comme je l'ai déjà dit au début de cette histoire, j'étais sous l'emprise de la dictature de l'épilation intégrale. Je n'aimais donc pas les filles poilues. Pour couper court à ce dictat de la beauté féminine, j'ai plongé directement sous ses aisselles. Je me suis mis à les respirer à fond et, à ma grande surprise, ce fut un grand shoot. Déjà je bandais, mais mon érection, maintenant, n'était plus seulement dans mon sexe, elle venait du corps entier et mon cœur s'est mis à boxer comme un fou dans ma poitrine. Cette subite montée d’adrénaline m'a rappelé l'effet d'un sniff de poppers. Chavirant. Incontrôlable. On pouvait devenir accro de ce truc-là !
Arrête Bornu, tu me chatouilles, elle a dit.
J'ai alors plongé entre ses jambes. J'avais soif, j'avais faim d'elle. En bas, elle sentait pareil que sous les bras. Mon Dieu, il devait battre à deux cents à la minute, le vieux ! Je me suis demandé comment mon cœur faisait pour résister à toute cette pression. Je crois que j'avais jamais vu une fille avec autant de poils sur la chatte et je la bouffais. Carrément. J'en avais partout. Dans le nez, dans la bouche, dans les oreilles et dans les yeux. À force de bouffer de la chatte je devenais à mon tour une chatte et du poil aussi et, autre surprise, liée à la première, maintenant j'aimais le poil. Le sien.
J'étais excité, à fleur de peau. Cette fille était à la fois une ecstasy, une super ligne de coke et une amphète d'une autre planète. J'étais en train de me défoncer à la fille du président et j'aurais continué encore longtemps ainsi, si je n'étais pas entre ses jambes et qu'elle m'avait dit non, par derrière. Baise-moi par derrière. Je l'ai embrassée très fort et en même temps avec délicatesse, en tout cas c'est ce que je pensais, je l'ai retournée et j'ai relevé son cul le plus haut possible pour qu'elle cambre bien son dos. J'ai pénétré en elle comme si nous avions déjà fait l'amour ainsi mille fois. C'était une baise tout ce qu il y a de plus simple et pourtant de très intense.
J'avais à peine donné quelques coups de boutoir quand j'ai ressenti quelque chose d'un peu frais et de furtif dans les environs de mon anus.
Elle disait, allez, vas-y Bornu, prends-moi plus fort. Mais cette fraîcheur s'est transformée en un frisson déraisonnablement inconnu. J'ai alors tordu au maximum mon cou sur ma droite et j'ai vu, à un bout de mon champ de vision, une queue qui frétillait. À l'autre bout, il y avait une paire de fesses, les miennes, et au milieu, une gueule de pitbull qui les reniflait.
Lula, j'ai hurlé en lui balançant ma main dans le museau.
Je lui ai fait peur. Il a fait un bon en arrière et a sauté du lit. Je me suis vite retiré de la fille du président.
Quoi, elle a fait. Viens en moi Bornu et laisse l'ancien président en prison, même s'il le mérite pas*.
Mais non, pas ce Lula-là, l'autre, j'ai crié. Le pitbull du punk. Le con, pour picoler tranquille, il a enfermé son chien dans cette chambre.
Enfin elle comprit et se retourna d'un coup.
L'asthmatique qui avait confondu mon très cher et tendre trou du cul avec un flacon de Ventoline s'est mis à aboyer. S'il y a bien une bête que je déteste entre toutes, c'est le pitbull en colère. Surtout quand vous êtes à poil et que sa mâchoire super puissante est à quelques centimètres de votre paire de couilles. Vous ne faites plus votre fier à bras, je peux vous l'assurer.
Ah le joli chien, elle a dit.
Mais Lula, qui s'était positionné sur nos vêtements jetés au sol, aboya à la mort, et je ne le trouvais vraiment pas joli.
Je me suis mis debout sur le lit. La fille du président s'est mise à côté de moi.
Impossible de calmer la bête.
La porte s'est ouverte et la belge et l'espagnol sont rentrés les premiers, les bras ballants, bouche bée, sans même prêter attention à Lula. Deux statuts de sel devant Sodome et Gomorrhe. Rien à en tirer.
Dans tout l’hôtel, j'ai entendu des bruits de pas précipités.
Marina est arrivée juste après. Elle a regardé le pitbull puis lentement avec une froideur chirurgicale et sans aucune gène, elle a examiné mon entrejambe et celui de la fille du président. J'avais envie de lui demander, alors docteur, c'est grave ou pas ? Mais vu la grimace qu'elle a faite ensuite, ce n'était pas la peine de faire des examens supplémentaires. Marina a relevé le menton, elle a fait un demi tour réglementaire et d'un pas décidé, elle est sortie de la chambre. J'ai juste eu le temps de remarquer quelle portait ses jolis chaussons avec des pompons oranges.
Puis ce fut le tour de deux argentins de venir aux nouvelles. les imbéciles, ils se sont marrés, Ils ont même pas tenter de calmer Lula, puis ils sont partis dans la cuisine, se boire une bière en se tapant sur les cuisses. Tout l’hôtel y est passé. Lula était toujours aussi furieux et nous deux, nous étions toujours à poil debout sur le lit. Heureusement le punk est arrivé en même temps que Vincent le couple franco péruvien et Fausto. Le seul qui fut attentif à la fille du président fut Fausto. Dès qu'il rentra dans la chambre avec les autres, il enleva sa grosse veste de bûcheron et la lui jeta. Vincent, lui, se tenait le menton dans la main. On avait l'impression qu'il s'interrogeait. Tient une situation que je ne connais pas encore. Un pitbull de punk en colère et un couple nu debout sur un lit. L'une à mon age et quel poil ! et l'autre c'est quand-même un vieux avec ses couilles qui pendent mollement. Je ne crois pas je verrais cela souvent dans ma vie. Géniale ! Le couple franco-péruvien était très sérieux mais je les sentais solidaires . Cela aurait pu leur arriver. le punk gueulait sur son chien mais sans parvenir à le calmer. Il a fallut que Fausto l'attrape par la peau du cou et qu'il lui écrase le horrible gueule sur le sol, ou plus exactement sur mon pantalon et le soutien-gorge de la fille du président, emmêlés ! Enfin avec l'aide de Vincent ils réussirent à calmer le fauve.
Le punk borgne s'est confondu d'excuses. Mais être le maître d'un pitbull qui me renifle l'anus alors que nous faisions l'amour, est inexcusable.
J'espère que vous qui me lisez et qui êtes intelligent et ouvert d'esprit, vous aurez de l'indulgence envers moi car depuis ce jour, j'ai une certaine aversion pour les punks à chien . Il suffit que vous prononciez punk à chien pour qu'un frisson se répande sur toute mon l'échine jusqu'au sacrum. Très déplaisant.
Enfin le calme est revenu. Nous avons viré tout le monde de la chambre, même les deux statuts de sel qui n'avaient pas bouger pendant toute cette scène.
Enfin, nous avons fait l'amour. A notre tour, nous avons été bruyants, bien que, beaucoup moins que Lula. Nous n'avons pas aboyé. Ce fut en effet une belle partie de patte en l'air. Elle était charmante, intelligente, poilue mais elle n'était pas une princesse, J'étais très très loin d'être un beau et jeune prince charmant et même si c'est un conte de noël et donc comme tout conte de noël qui se termine bien, à ma connaissance actuelle, nous n'avons pas eu beaucoup d'enfants, à vrai dire aucun !
C'est ainsi que, dans cette magnifique ville inca de Cusco, au Pérou, s'est finie cette première et unique nuit d'amour avec la fille du président.
Encore une chose.
Le matin, j'ai demandé à Vincent, tu ne saurais pas où est ma canne ? Impossible de la trouver.
Il ne l'avait pas vue. Pourtant, j'étais sûr d'être rentré avec ma canne.
Je me demande si c'est pas Marina qui l'a cachée pour me montrer son mépris, ou peut-être Lula qui, pour se venger d'avoir pris une claque, l'aurait broyée de ses horribles dents, ou ce couple de Brésiliens qui ne s'était même pas réveillé de toute la nuit, ou les Argentins qui voulaient toujours me taxer du fric ou... Pas les statuts de sel. Sûrement pas. Je ne le saurai donc jamais. J'étais bon pour aller acheter une autre canne avant de prendre un bus pour le lac Titicaca.
fin de la première partie
24 décembre 2018, 10 mars 2019 : Isla del Sol et La Paz en Bolivie, Cusco,Arequipa, Lima au Pérou, Mexico, Oaxaca, Puerto Escondido au Méxique
Épilogue
Île du Soleil, lac Titicaca, 24 décembre au soir, Bolivie.
La fin d'un conte de noël érotique.
(cette deuxième partie sera sur mon blog la semaine prochaine)
*les Backpackers : terme anglais que l'on peut traduire par les routards. Personne qui voyage avec un sac à dos et avec un petit budget. Va à la rencontre des autres personnes et cultures... A l'origine !
Dans ce texte le packpacker névrosé. Est plutôt un bon petit bourge,voire un gros bourge, américain, canadien essentiellement, mais il pourrait être français, allemand ou italien, plutôt jeune qui feint de vivre en marge tandis que la carte bleue de papa et maman chauffe à mort!En générale, il n'a jamais travaillé pour gagner sa vie.Partage son temps avec des gens comme lui, ne parle que l'anglais et ne fait aucun effort pour aller vers les jeunes des pays dans lesquels il crache son fric à gogo. Il peut passer un an en Amérique Latin sans jamais avoir appris un seul mot d'espagnol. Un exploit très répandu chez les lourdauds de canadiens et les yankees. A éviter au maximum.
*Théologie de la libération : C'est une théorie et une pratique religieuse proche du marxiste, en défense des pauvres. Elle apparaît surtout en Amérique Latine dans les années 70, à l'époque des dictatures. En France un mouvement comme la JOC, la Jeunesse Ouvrière Chrétienne, peut être considérée comme une théologie de la libération. Voici ce que disait l’évêque brésilien Helder Camara: "Quand j'aide les pauvres, on dit que je suis un saint. Lorsque je demande pourquoi ils sont pauvres, on me traite de communiste"
*Cumbia : musique d'origine colombienne, jouée par des esclaves noirs pour raconter l'histoire de leurs ethnies. Elle s'est ensuite étendue à l'ensemble de l'Amérique du sud et Centrale. Avec la salsa et le raggaeton, elle est la musique la plus jouée en Amérique Latine.
*Caldo de pollo, caldo de gallina : Ce sont des soupes complètes avec des oeufs durs et un morceau de poule ou de poulet
*menu économico : Comme son nom l'indique ce sont des menus bon marché, composés d'une soupe, sopa (souvent un bol de bouillon) puis d'un plat de viande accompagné de riz et haricots rouges et d'un désert au Pérou. En Colombie il y a pas de dessert. En gastronomie les colombiens, sont très très proche des anglais. La viande est dure, bouillie et le riz collant. Quand à la sauce, cela n'existe pas !... Les anglais n'ont même pas de nom pour dire Bon appétit ! Les colombiens si ! Buen provecho comme dans tous les pays où l'on parle le castillan. La gastronomie péruvienne et mexicaine sont toutes les deux inscrites au patrimoine immatériel de l'humanité de l'UNESCO.
*Ceviche: poisson ou fruits de mer crus marinés dans du citron. Il y a des centaines de recettes différentes. On dit que le Pérou est à l'origine du ceviche. Mais les mexicains ne sont pas d'accord !Le ceviche est mexicain. Les colombiens ne sont pas d'accord !... On peut au moins s'entendre sur une chose. Le ceviche du Pérou est un délice.
*Lula :
Ouvrier métallurgiste, il fond le parti du travail au Brésil et arrive au pouvoir en 2002. ll ferra deux mandats de président de la république, il réduira les inégalités en essayant de ne pas se mettre à dos les élites du pays. Raté ! Pour des faits de corruption, sans preuves réelles. Lula est poursuivi par la justice et condamné à 12 ans de prison alors qu'il était candidat du PT aux dernières élections. IL était crédité au premier tour à 40% ( malgré une dizaine de candidats) et l'aurait donc emporté haut-la-main. C'est Jair Bolsonaro qui remporte les élections. Raciste, machiste, homophobe, anti-pauvre et autoritaire, sous sa présidence, le Brésil est en passe de devenir une nouvelle dictature fasciste.
Il n'en reste pas moins qu'en Amérique Latine, la corruption atteint une grande partie des organisations de gauche au pouvoir. C'est une des raisons de l'échec des gauches dans cette partie du monde et du retour en force des américains sous le gouvernement de Trump.
Notre punk a chien à connu Lula quand son père, ambassadeur anglais, le lui présenta lors d'une réception. Il en fut impressionné. Lula le nom de son chien n'est pas une provocation mais un hommage à l'ancien président Brésilien. Il n'empêche, que son pitbull est laid à faire peur !
Bonne lecture j'espère, et surtout, prenez soin de vous.
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Les Archives Magnus - Episode 9 : L’amour d’un père
ARCHIVISTE
Déposition de Julia Montauk, concernant les actions et les motivations de son père, le tueur en série Robert Montauk. Déposition originale faite le 3 décembre 2002. Enregistrement audio par Jonathan Sims, archiviste en chef de l'Institut Magnus, Londres.
Début de la déposition.
ARCHIVISTE (DEPOSITION)
Mon père était un meurtrier. Je ne peux pas raisonnablement le nier à ce stade ; les preuves fournies par la police étaient accablantes, et j'ai vu sa remise moi-même. Je ne suis pas ici pour essayer de laver son nom. Il n'y aurait pas beaucoup d'intérêt, de toute façon, car je suis sûre que vous savez qu'il est mort en prison l'année dernière. Sept ans, ce n'est pas beaucoup pour une peine d'emprisonnement à vie, mais je doute que ce soit la libération conditionnelle anticipée qu'il espérait.
Désolé, ce n'était peut-être pas de bon goût. Pourtant, sa mort me donne l'impression de pouvoir raconter cette histoire, ce que je m'étais jamais vraiment sentie comme libre de faire avant. Je m'attendais toujours à ce qu'il en parle pendant la frénésie médiatique qui a entouré son procès, mais pour une raison quelconque, il s'est tu. Je pense que je comprends un peu mieux maintenant pourquoi il n'en a jamais parlé, préférant que les gens tirent leurs propres conclusions, mais à l'époque, je ne pouvais pas comprendre pourquoi il restait assis là en silence, laissant les autres parler à sa place.
Mais j'aimerais le raconter à quelqu'un maintenant, et je n'ai que récemment terminé mes séances de thérapie prescrites par le tribunal. Je préfère donc ne pas le dire aux tabloïds et voir "MON PÈRE TUAIT POUR ALIMENTER UN POUVOIR SECTAIRE, DÉCLARE LA FILLE DU MONSTRE" apparaître en page 7 de l'édition du week-end. Il ne reste donc plus que vous. Respectable n'est pas le mot que j'emploierais, mais c'est mieux que rien.
Alors oui, mon père a tué au moins 40 personnes au cours des cinq années qui ont précédé son arrestation en 1995. Je ne vous raconterai pas les détails les plus horribles - si cela vous intéresse, vous pouvez chercher Robert Montauk dans les archives des journaux de n'importe quelle bibliothèque. Il y en aura beaucoup : les journaux ne se sont manifestement pas beaucoup souciés de l'attentat américain, car en avril de cette année-là, ils semblaient ne parler que de mon père. Il y a également quelques livres sur lui, dont aucun ne peut être vraiment recommandé, mais je suppose que "Aucun Corps dans la Remise" de Ray Cowan est le livre le plus proche de ce que je considère comme exact, même s'il implique que j'étais complice, malgré le fait que j'avais douze ans à l'époque.
Honnêtement, j'ai découvert la plupart des détails dans les journaux et au tribunal, comme tout le monde. Mon père a passé les années où j'étais à l'école à tuer des dizaines de personnes et je n'en avais aucune idée. Mais plus je repense à mon enfance, plus je suis sûre que quelque chose clochait. Je n'ai pas de théorie sur ce que cela signifie, mais je dois juste écrire cela quelque part. Et ici me semble être un endroit tout à fait approprié.
J'ai toujours vécu dans la même maison sur York Road à Dartford. Même maintenant, après tout ce qui est arrivé, et tout ce que je sais de ce qui s'est passé là-bas, je ne peux pas me résoudre à partir. Autant que je sache, la remise venait avec la maison ; elle a toujours été dans le jardin. Faite en bois, vieille et silencieuse. Je ne me souviens pas qu'elle ait été utilisée avant la nuit où ma mère a disparu. C'est là que tout a commencé à devenir étrange.
Mes souvenirs des premières années de mon enfance sont vagues - des images et des impressions isolées pour la plupart - mais je me souviens de la nuit où elle a disparu comme si c'était hier. J'avais sept ans et j'étais allée au cinéma ce soir-là pour la toute première fois de ma vie. Nous étions allés voir Les Sorcières à ce qui était alors l'ABC, sur Shaftesbury Avenue. J'avais déjà vu des films auparavant, bien sûr, sur la télévision de notre petit salon, mais voir un film sur grand écran était impressionnant. Mais le film lui-même était terrifiant, et même maintenant, je dirais qu'il est bien plus effrayant que n'importe quel "film pour enfants" a le droit de l'être. Je me souviens que j'ai passé quasi la totalité le film au bord des larmes, mais j'étais fière de ne pas avoir craqué et pleuré. Quand nous sommes rentrés à la maison, je suis resté longtemps éveillée. Cette scène où Luke est transformé en souris n'arrêtait pas de me trotter dans la tête, et pour une raison quelconque, elle me faisait trop peur pour que je m'endorme.
C'est alors que j'ai entendu un bruit sourd venant d'en bas, comme si quelque chose de lourd était tombé. Je n'avais pas d'horloge dans ma chambre, donc je n'avais aucune idée de l'heure, mais je me souviens avoir regardé par la fenêtre et le paysage était sombre et totalement silencieux. Le bruit sourd s'est à nouveau fait entendre, et j'ai décidé de descendre pour voir ce que c'était.
Le palier était presque complètement plongé dans le noir, et j'ai essayé d'être aussi silencieuse que possible pour que personne ne sache que j'étais là. La quatrième marche en partant du haut grinçait toujours, et c'est toujours le cas, mais je ne pense pas l'avoir un jour entendu grincer aussi fort que cette nuit-là, alors que je descendais terriblement lentement. Les lumières en bas étaient toutes éteintes, sauf celle de la cuisine, que je pouvais voir du bas de l'escalier.
Je suis entrée dans la cuisine et l'ai trouvé vide. La porte arrière était ouverte, et une brise fraîche en provenait et me faisait frissonner malgré mon pyjama. J'ai vu quelque chose de brillant posé sur la table. En m'approchant, j'ai vu que c'était le pendentif de ma mère. Le motif m'avait toujours paru beau : il était en argent, une forme abstraite de main avec un symbole dessus qui, je crois, était censé représenter un œil fermé. Je ne l'avais jamais vue l'enlever. Avec mon cerveau d'enfant, je supposais qu'elle l'avait juste oublié sur la table, par accident, et que la porte ouverte ne signifiait rien. Je suis retournée à l'étage, le collier serré fermement dans ma main, pour le lui rendre. Elle n'était pas au lit, bien sûr. La place à côté de l'endroit où mon père était couché, endormi, était vide.
J'ai doucement touché l'épaule de mon père endormi, et il s'est réveillé lentement. Je lui ai demandé où était maman, et il commençait à répondre quand il a vu la chaîne en argent que je tenais. Il est vite sorti du lit et a commencé à s'habiller. En enfilant une chemise, il m'a demandé où je l'avais trouvée, et je lui ai dit, sur la table de la cuisine. En me suivant en bas, son regard s'est immédiatement arrêté sur la porte ouverte, et il a marqué une pause. Au lieu de sortir, il s'est dirigé vers l'évier de la cuisine et a ouvert un des robinets. Aussitôt, un liquide sombre et sale s'est mis à couler et l'odeur salée et fétide de l'eau boueuse m'a frappé le nez, bien qu'à ce moment-là je n'aie pas compris ce que c'était.
La lumière de la cuisine s'est éteinte à ce moment-là et la pièce est devenue entièrement sombre. Mon père m'a dit que tout allait bien, que je devais retourner me coucher. Ses mains tremblaient légèrement lorsqu'il m'a pris le pendentif des mains, et je ne l'ai pas cru, mais j'ai quand même fait ce qu'il m'a dit. Je ne sais pas combien de temps je suis restée allongée, à attendre le retour de mon père cette nuit-là, mais je sais qu'il faisait jour quand je me suis finalement endormie.
J'ai fini par me réveiller. La maison était calme et vide. J'avais manqué le début de l'école de plusieurs heures, mais ce n'était pas grave, parce que je ne voulais pas quitter la maison. Je suis juste restée assise dans le salon, silencieuse et immobile.
C'était presque le soir quand mon père est revenu. Son visage était pâle et il me regardait à peine, il s'est dirigé tout droit vers le placard et s'est versé un verre de scotch. Il s'est assis à côté de moi, a vidé le verre et m'a dit que ma mère était partie. Je n'ai pas compris. Je ne comprends toujours pas, en réalité. Mais il l'a dit avec une telle finalité que je me suis mise à pleurer, et je n'ai pas arrêté pendant un long moment.
Mon père était policier, comme je suis sûr que vous l'avez lu, alors enfant, j'ai supposé que la police avait cherché ma mère et ne l'avait pas trouvée. Ce n'est que beaucoup plus tard que j'ai découvert qu'ils n'avaient jamais fait de signalement de disparition à son sujet. Pour autant que je sache, je n'ai jamais eu de grands-parents vivants, et apparemment personne n'a remarqué qu'elle était partie - ce qui est étrange, car j'ai de vagues souvenirs de ses nombreux amis avant qu'elle ne disparaisse. Tout le monde suppose qu'elle a été l'une des premières victimes de mon père, mais il n'y a jamais eu assez de preuves pour l'ajouter au compte officiel. Cela n'a pas vraiment d'importance.
En tout cas, je ne pense pas qu'il l'ait tuée. Je ne nie pas que cela fasse sens, mais je me souviens à quel point il était dévasté lorsqu'elle a disparu. Il s'est mis à boire beaucoup. Je pense qu'il a essayé de s'occuper de moi du mieux qu'il pouvait, mais la plupart des nuits, il finissait par s'endormir sur sa chaise.
C'est aussi à cette époque qu'il a commencé à passer beaucoup de temps dans la remise. Je n'y avais jamais vraiment prêté attention auparavant. En ce qui me concerne, la solide structure en bois n'était pour moi que la demeure d'araignées et d'outils de jardin rouillés que mes parents utilisaient une fois par an pour combattre la végétation sauvage qui constituait notre arrière-jardin. Mais peu après la disparition de ma mère, un nouveau cadenas solide a été placé sur la porte, et mon père passait beaucoup de temps à l'intérieur.
Il me disait qu'il travaillait le bois, et parfois j'entendais le bruit d'outils électriques de l'intérieur, et il me présentait un petit jeton en bois qu'il avait fabriqué, mais la plupart du temps c'était silencieux. Cela aurait probablement dû me déranger plus que cela, les heures qu'il passait là-dedans, et cette odeur étrange que je remarquais parfois, comme celle de la viande en boîte. Mais je n'y ai jamais vraiment prêté attention, et je devais faire face à mon propre chagrin.
Il était également absent la plupart des nuits. Souvent, je me réveillais d'un de mes cauchemars pour constater que la maison était silencieuse et vide. Je le cherchais mais il était parti. Je n'ai jamais désespéré, pour une raison ou une autre, pas comme je l'avais fait lorsque ma mère a disparu. Je savais qu'il finirait par revenir, lorsqu'il en aurait fini avec ce que j'avais décidé être du "travail de police". Parfois, je restais éveillée jusqu'à ce qu'il revienne.
Une fois, alors que je restais éveillée, je l'ai entendu entrer dans ma chambre. J'ai fait semblant de dormir. Je ne sais pas pourquoi, mais je pensais que j'aurais des ennuis s'il découvrait que j'étais réveillée. Il s'est approché de moi et m'a caressé le visage avec douceur. Ses mains sentaient bizarre. À l'époque, je ne connaissais pas l'odeur du sang, en plus mélangée à cette faible odeur saline d'eau souillée. Il m'a alors murmuré, alors qu'il me croyait endormie, qu'il promettait de me protéger, de s'assurer que "ça ne me prendrait pas aussi".
Il semblait que ses paroles étaient étranglées ; je crois qu'il pleurait. Quand il est parti, j'ai ouvert les yeux juste assez pour le voir. Il se tenait près de la porte, le visage dans les mains, portant une salopette gris clair tachée d'une substance noire et épaisse. J'aurais souvent souhaité lui poser des questions sur cette nuit-là. Je me demande, s'il avait su que j'étais réveillé, si je lui avais demandé dans ce moment de faiblesse... Bon, c'est bien trop tard pour ça maintenant.
Au cours des deux années qui ont suivi, j'ai remarqué que mon père semblait être souvent blessé, et il était rare qu'il n'ait pas de plâtre, de pansement ou d'ecchymose visible. Il m'arrivait aussi de trouver de petites taches de sang sur le sol ou les tables, surtout dans le hall. Je suis devenu très douée pour les nettoyer, et il ne m'est jamais venu à l'esprit de réfléchir à leur origine - j'ai juste supposé que le sang était celui de mon père.
Il a commencé à rester à la maison pendant la journée et m'a dit qu'il avait été affecté définitivement à l'équipe de nuit. Je l'ai cru, bien sûr, et ce n'est qu'après son arrestation que j'ai découvert qu'il avait démissionné de son poste dans la police. Je ne sais pas d'où venait l'argent après cela, mais il semblait que nous en avions toujours assez.
Sachant ce que je sais maintenant, cela semble horrible à dire, mais ce furent quelques-unes des années les plus heureuses de mon enfance. J'avais perdu ma mère, mais mon père s'occupait de moi, et ensemble, nous semblions pouvoir surmonter notre douleur. Je sais que je l'ai fait passer pour un reclus alcoolique qui vivait dans la remise, mais c'était généralement des activités nocturnes pour lui. Pendant la journée, il passait son temps avec moi.
Je ne me souviens que d'une seule fois où il est entré dans la remise pendant la journée. C'était quelques années après la disparition de ma mère, et je devais avoir une dizaine d'années. Le téléphone de la cuisine s'est mis à sonner, et mon père était à l'étage. J'avais récemment eu son l'autorisation pour répondre au téléphone, j'étais donc excitée à l'idée de prendre mes nouvelles responsabilités. J'ai saisi le combiné et j'ai prononcé mon texte mémorisé dans le récepteur : "Bonjour, résidence Montauk !"
Une voix d'homme a demandé à parler à mon père. C'était une voix haletante, comme celle d'un vieil homme, et à l'époque, j'ai décidé qu'il avait un accent allemand, bien que, lorsque j'étais jeune, beaucoup de nationalités et d'accents différents étaient regroupés dans mon esprit sous l'étiquette "allemand". "C'est à quel sujet ?" lui ai-je demandé, car j'avais mémorisé toute une conversation téléphonique et je voulais l'utiliser le plus possible. L'homme a eu l'air surpris et m'a dit avec hésitation qu'il était du travail de mon père. Je lui ai demandé s'il était de la police et après une pause, il a dit "Oui". Il m'a demandé de dire à mon père que c'était l'inspecteur Rayner qui était en ligne, avec une nouvelle affaire pour lui.
A ce moment-là, mon père était descendu à la cuisine pour voir qui appelait. Je lui ai dit, et il a visiblement pâli. Il m'a pris le combiné et l'a placé à son oreille, sans parler mais en écoutant très attentivement. Au bout d'un moment, il m'a dit de monter dans ma chambre, car c'était une conversation "d'adulte". Je me suis tournée pour partir, mais alors que je montais les escaliers, l'ampoule du palier a explosé.
Les ampoules dans notre maison se cassaient souvent - mon père disait que nous avions un câblage défectueux - donc même à cet âge, j'étais assez habile pour les changer. Je donc fait demi-tout et je suis retournée en bas pour aller chercher une nouvelle ampoule. En m'approchant de l'armoire où nous les gardions, j'ai entendu la voix de mon père depuis la cuisine. Il était toujours au téléphone et il avait l'air en colère. Je l'ai entendu dire : "Non, pas encore. Faites-le vous-même." Puis il est resté très silencieux et a écouté, avant de finalement dire d'accord, qu'il le ferait dès que possible. Il a posé le téléphone, puis il a ouvert le placard et s'est servi un verre. Il a passé le reste de la journée dans la remise.
La seule question qu'ils n'ont cessé de me poser pendant l'enquête sur mon père était si je savais où se trouvaient les autres corps. Je leur ai dit la vérité, que je n'en avais aucune idée. Ils ont affirmé qu'ils voulaient confirmer l'identité des victimes, ce qu'ils ne pouvaient pas faire facilement avec ce qui en restait.
Je ne savais pas où se trouvaient les corps, mais je ne leur ai pas non plus parlé de l'autre façon dont ils auraient pu identifier les victimes : les photos de mon père. Je n'ai rien dit, parce que je ne savais pas où il les gardait, et je pensais que ça ne ferait qu'empirer les choses s'ils ne les trouvaient pas, mais, oui, mon père prenait des photos.
Pendant ces cinq années, j'avais progressivement commencé à remarquer qu'il y avait de plus en plus de boîtes de pellicule photographique dans la maison. Cela me rendait perplexe car, bien que mon père et moi allions parfois en vacances, nous ne prenions jamais beaucoup de photos. En lui posant la question, mon père m'a dit qu'il avait essayé d'apprendre la photographie, mais qu'il ne faisait pas confiance aux développeurs pour ne pas abîmer ses films, car il avait apparemment déjà eu des problèmes auparavant.
Je lui ai suggéré de se créer une chambre noire pour les développer lui-même. J'en avais vu une dans Ghostbusters 2 à la télévision le Noël précédent, et j'avais adoré l'idée d'avoir une pièce comme ça. Son visage s'est illuminé, et il a dit qu'il allait transformer la chambre d'amis. Il m'a ensuite averti qu'une fois que ce serait fait, je ne pourrais jamais y entrer sans sa supervision - il y aurait beaucoup de produits chimiques dangereux. Je m'en fichais ; j'étais juste ravie qu'une de mes idées ait rendu mon père si heureux.
Cet été-là, mon père a transformé la chambre d'amis en chambre noire pour le développement de photos. Comme la remise, elle était presque toujours fermée à clé, mais il arrivait que mon père m'emmène à l'intérieur et que nous développions des photos de voitures ou d'arbres, ou de tout ce qu'un enfant de dix ou onze ans avec un appareil photo prend en photo. Mais la plupart du temps, mon père travaillait seul à l'intérieur et gardait la porte fermée à clé quand il y était. Il semblait presque heureux ces deux dernières années.
Ce n'est que quelques semaines avant que mon père ne soit arrêté que j'ai pu jeter un coup d'œil à l'intérieur sans surveillance. C'était un samedi soir à la fin de l'automne et mon père était absent. J'ai passé la journée à regarder la télévision et à lire, mais quand la nuit a commencé à tomber, je me sentais seule et m'ennuyais. En passant devant la porte de ce qui était maintenant la chambre noire, j'ai remarqué que la clé était restée dans la serrure.
Je repense parfois à ce jour et je me demande si mon père l'a laissée délibérément. Il avait été si prudent pendant tant d'années, et puis il avait soudainement oublié ? J'étais consciente du danger, mais quelque chose en moi ne pouvait pas résister à l'envie d'y entrer.
Il n'y avait pas de photos rangées à l'intérieur. Jusqu'à ce jour, je ne sais pas où mon père gardait ses photos développées. Mais il y avait une douzaine d'images suspendues en train de sécher. Elles sont toujours vives dans mon esprit - en noir et blanc et baignées dans le rouge profond de la chambre noire. Chaque photo représentait le visage d'une personne, en gros plan et sans expression, les yeux étaient ternes et vitreux.
Je n'avais jamais vu de cadavres avant, donc je ne comprenais pas vraiment ce que je regardais. Sur chaque visage, il y avait d'épaisses lignes noires qui formaient ces symboles que je ne reconnaissais pas, mais ils étaient clairement dessinés sur les visages eux-mêmes, et pas seulement sur les photographies. Je ne me souviens pas des symboles dans leurs moindres détails, j'en ai peur, mais seulement des visages sur lesquels ils étaient dessinés, même si ce n'étaient pas des personnes que je reconnaissais. Ils ne correspondaient pas non plus aux photos que la police m'a montrées plus tard.
Je ne suis jamais retourné dans la chambre noire après avoir fermé et verrouillé la porte derrière moi ce jour-là. J'ai passé les semaines suivantes à me demander si je devais dire à mon père ce que j'avais vu. Je ne savais pas ce que j'avais vu - pas vraiment - mais cela me semblait être un terrible secret, et je ne savais pas quoi faire.
Finalement, j'ai décidé de le lui dire. Il buvait assis sur le canapé à ce moment-là, et il a éteint la télévision dès que j'ai dit être entrée dans la chambre noire. Il n'a pas dit un mot quand je lui ai dit ce que j'avais vu, il m'a juste regardée avec une expression que je n'avais jamais vue auparavant. Quand j'ai eu fini de parler, il s'est levé et a marché vers moi, avant de me prendre dans ses bras et de me donner la dernière et la plus longue étreinte que je n'ai jamais reçue de lui. Il m'a demandé de ne pas le détester, et m'a dit que ce serait bientôt fini, puis il s'est détourné pour partir. Je n'avais aucune idée de ce dont il parlait, mais quand je lui ai demandé, il m'a simplement dit que je devais rester dans ma chambre jusqu'à son retour. Puis il est parti.
J'ai fait ce qu'il m'a dit. Je suis monté dans ma chambre et je me suis allongée dans mon lit, et ai essayé de dormir. L'air était pesant et j'ai fini par passer la nuit à regarder la rue par la fenêtre. J'attendais quelque chose, mais je ne savais pas quoi.
Je me souviens qu'il était 2h47 du matin quand ça a commencé. J'avais enfin un réveil, et l'image est encore nette dans ma mémoire. J'avais soif et je suis descendue chercher un verre d'eau. J'ai ouvert le robinet, mais il s'est écoulé un épais torrent d'eau boueuse, brune et salée. Cela sentait très mauvais et je me suis figé en me souvenant de la dernière fois que cela s'était produit. Mon père n'était toujours pas rentré, et je suis allé dans le salon pour regarder désespérément par la fenêtre, cherchant dans la rue pour voir s'il rentrait. J'étais terrifiée.
En regardant la rue, j'ai été frappé par la taille des petites flaques de lumière des lampadaires, qui s'étendaient au loin. Mais pas aussi loin qu'elles auraient dû aller. Il y avait moins de lumière qu'il ne devait y en avoir, j'en étais sûre. Puis j'ai vu la lumière au bout de la route s'éteindre. Il n'y avait pas de lune cette nuit-là, et toutes les maisons étaient silencieuses ; quand les lampadaires se sont coupés, il n'y avait plus que l'obscurité. Le réverbère le plus proche s'est éteint. Puis le suivant. Et le suivant. Une lente vague d'obscurité mouvante se dirigeait vers moi en toute tranquillité. Les quelques lumières encore allumées dans les maisons le long de la route ont également disparu à l'approche de la marée. Je suis resté assise là, incapable de regarder autre chose. Finalement, elle a atteint notre maison, et tout à coup, les lumières ont disparu et l'obscurité était à l'intérieur.
J'ai entendu un coup à la porte d'entrée. Ferme, lent et insistant. Silence. Je n'ai pas bougé. Les coups sont revenus, plus forts cette fois, et j'ai entendu la porte cogner sur ses gonds. Plus le bruit augmentait, moins il ressemblait à celui d'une personne qui frappe et plus il ressemblait à... de la viande mouillée que l'on claquait sur le bois de la porte d'entrée.
Je me suis tournée et j'ai couru vers le téléphone. En le décrochant, j'ai entendu une tonalité, et j'aurais pleuré de soulagement si je n'étais pas déjà en train de pleurer de peur. J'ai appelé la police, et dès qu'ils ont décroché, j'ai commencé à bafouiller à propos de ce qui se passait. La dame à l'autre bout a été patiente avec moi, et a continué à insister gentiment pour que je lui donne l'adresse jusqu'à ce que je sois enfin assez calme pour le faire. Presque aussitôt que je lui ai dit où j'étais, j'ai entendu la porte commencer à se fendre. J'ai laissé tomber le téléphone et j'ai couru vers l'arrière de la maison. Au même moment, j'ai entendu la porte d'entrée se briser derrière moi et j'ai entendu un... grognement - ça grondait profondément et respirait comme un animal sauvage, mais avait un timbre étrange que je n'ai jamais été capable d'identifier. Peu importe la direction vers laquelle je me tournais, on aurait dit qu'il venait de l'obscurité, juste derrière moi. Je n'ai pas eu le temps d'y penser lorsque j'ai couru vers le jardin de derrière, et vers une lumière à laquelle je ne m'attendais pas. Devant moi, il y avait la remise. Elle brillait, d'un bleu terne et vibrant à travers chaque fissure. Mais je ne me suis pas arrêté, car j'ai entendu à nouveau ce grognement derrière moi. J'ai couru vers la remise et j'ai tiré la porte.
La remise n'était pas fermée à clé cette nuit-là, et encore aujourd'hui, je ne sais pas si je le regrette. La première chose que j'ai vue en ouvrant cette porte, c'est mon père, baigné dans la lumière bleu pâle. Je ne voyais aucune source de lumière, mais elle était tellement brillante. Il était agenouillé au centre d'un motif de craie orné, griffonné sur le bois brut du sol. Devant lui gisait un homme que je ne connaissais pas, mais il était manifestement mort - sa poitrine avait été ouverte, et il était encore en train de saigner faiblement. D'une main, mon père tenait un effroyable couteau, et de l'autre, il tenait le cœur de l'homme.
Mon père chantait, et alors que le chant résonnait, le cœur dans sa main battait au rythme du chant, et la lumière bleue s'est mise à briller intensément puis a diminué progressivement. J'ai regardé les murs et j'ai remarqué qu'ils étaient couverts d'étagères, chacune contenant des bocaux en verre, remplis de ce que j'apprendrai plus tard comme étant du formol contenant un unique cœur - qui battait au même rythme que celui qui dégoulinait de la main de mon père. C'était une chose bizarre à remarquer à ce moment, mais je me souviens que le mort portait le même pendentif que ma mère - une main en argent avec un dessin d'œil fermé.
Je ne sais pas combien de temps je suis restée là à regarder. Cela a pu durer des heures ou seulement une minute ou deux. Mais soudain, j'ai entendu ce grognement derrière moi et j'ai senti une présence si proche que je pouvais sentir l'obscurité dans mon dos. Avant que je ne puisse réagir, bouger ou crier, le chant de mon père est monté en puissance et il a plongé le poignard dans le cœur battant. D'un seul coup, la présence a disparu et la lueur bleue s'est éteinte. Je ne pouvais plus entendre les battements des cœurs. Dans le silence, j'ai réalisé que je pouvais entendre les sirènes de police au loin. J'ai entendu mon père me dire qu'il était désolé, et puis il s'est mis à courir.
Vous connaissez la suite. Chasse à l'homme, procès, prison, mort. On dit qu'il y avait 40 cœurs dans cette remise, sans compter sa dernière victime, mais bien sûr, la police n'est arrivée que lorsqu'il ne restait plus qu'une horrible armoire à trophées. Quoi que j'aie vu mon père y faire, ses effets avaient disparu depuis longtemps. Je ne sais pas pourquoi mon père a fait ce qu'il a fait, et je doute que je le sache un jour, mais plus je repense à ces événements, plus je suis sûre qu'il avait ses raisons.
ARCHIVISTE
Fin de la déposition.
Il n'y a pas grand-chose à ajouter. Les rapports de police sur Robert Montauk sont, comme on peut s'y attendre, complets, et il y a peu de détails à ajouter. La grande majorité des recherches sur cette affaire a déjà été effectuée par la communauté des passionnés de tueurs en série qui, bien que bizarre et profondément inquiétante, s'avère souvent étonnamment utile dans des affaires très médiatisées comme celle-ci.
Outre le corps d'un certain Christopher Lorne, 40 coeurs préservés ont été récupérés dans la remise de Robert Montauk. Ils étaient disposés sur les murs, sur des étagères individuelles, formant des motifs de onze cœurs sur chaque mur intérieur et de sept sur le mur avec la porte. Les photos des motifs correspondent aux différentes formules de la géométrie sacrée mais ne semblent pas correspondre exactement à une école spécifique. Le fait que les autres corps n'aient jamais été retrouvés est également significatif.
Le symbole sur les deux pendentifs est celui de l'Eglise Populaire de l’Hôte Divin, un petite secte qui s'est développé autour du pasteur pentecôtiste Maxwell Rayner à Londres à la fin des années 80 et début des années 90. Je savais que j'avais reconnu le nom dans la déclaration 1106922, mais actuellement, cela ressemble à une coïncidence.
Christopher Lorne était membre de l'église et sa famille n'avait pas eu de nouvelles de lui pendant les six années qui ont précédé son meurtre. M. Rayner lui-même a disparu de la scène publique en 1994, et le groupe s'est fragmenté peu après. La police a tenté à de nombreuses reprises de suivre cette piste dans l'affaire Montauk, mais n'a jamais réussi à retrouver des membres disposés à faire des dépositions.
La maison de York Road est toujours habitée, bien que les propriétaires actuels aient démoli la remise il y a plus de dix ans et l'aient remplacée par un jardin.
Robert Montauk est mort dans la prison de Wakefield le 1er novembre 2002. Il a été poignardé à quarante-sept reprises et s'est vidé de son sang avant qu'on ne le retrouve. Après avoir lu cette déposition, trois points intéressants se présentent : aucun coupable ou arme n'a jamais été trouvé en lien avec le meurtre ; il était apparemment seul dans sa cellule à ce moment-là, qui était censée être fermée à clé ; et au moment de sa mort, on a découvert que l'ampoule de sa cellule avait explosé, le laissant dans l'obscurité.
Fin de l'enregistrement.
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S
S est une étudiante Belge, amie de H qui est venue chez H, M et C pour le week end. MAIS SURTOUT ELLE EST EN COUPLE. J'EN AI MARRE.
Je n'étais pas supposé aller à leur soirée parce que je travaillais, mais comme j'ai démissionné...
Bon on est parti :
Samedi soir :
J'arrive chez H, M et C après tout le monde, comme d'hab. Il y a deux personnes que je ne connais pas, une dont je ne sais toujours pas le prénom et S. Je leur dis bonjour vite fait et je fais ma petite vie avec mes amis. Puis alcool. Alcool. Alcool. Alcool.
S m'a parlé et à partir de ce moment là on n'a pas arrêté de se faire chier touuuute la soirée. C'était vraiment trop drôle.
Puis je me battais avec Leo aussi. C'est trop cool ça, comment j'aimerais trop aller dans un fight club.
Euh là je ne me souviens plus trop ?
Ça doit être le moment où il y a eu bataille d'eau et shots.
S m'a dit qu'on est parti dans la bulle pour faire des ronds avec ma clope, et que je lui ai dit que j'avais envie de l'embrasser. (ce dont je ne me souviens absolument pas). Elle m'a dit qu'elle n'a pas réagi à cause de l'alcool et aussi à cause du fait qu'elle ne comprenait absolument rien à son attirance pour moi. Donc je me suis tiré. Encore une fois, je ne me souviens pas de la suite. Enfin si, je me souviens de la dysphorie. Je me souviens mettre senti mal parce que j'ai pas le corps que je devrais avoir. Je me suis retrouvé à nouveau dans la bulle avec M et Leo. Je me souviens d'une phrase et d'une 'image vue de l' extérieur, "si t'as besoin de frapper quelqu'un, frappe moi" et Leo qui essaie de me tenir sur le sol pour me calmer. C m'a dit hier qu'elle ne m'a pas reconnu à ce moment là, que je criais et que j'ai vraiment été très violent.
(je n'en avais aucun souvenir. Quand je me suis réveillé le lendemain j'avais mal partout et les gens me disaient "tu te souviens pas de ce qu'il s'est passé dans la bulle ?" ou "t'as vraiment defoncé Leo" etc. Horrible.)
Bref
Après ça je suis retourné dans le salon boire, danser et rire. Comme si l'épisode avec Leo n'était jamais arrivé. Je l'avais déjà oublié.
Puis petit à petit, les gens vont se coucher ou rentre chez eux.
Au final il ne reste plus que H, S, et moi. Puis une heure plus tard, H va se coucher. On doit arrêter la musique. Je m'allonge un peu avec S et on discute. Elle m'a dit des choses qu'elle n'a jamais osé dire à personne et ça, je m'en souviens. J'avais promis à C que j'irai dormir avec elle (oui parce que de base je devais dormir chez moi mais C m'a dit "naaan la dernière fois t'as dit qu'à notre prochaine soirée tu resterais dormir avec moi" du coup j'ai dit oui). Alors je me lève pour rejoindre C qui dort depuis loooooongtemps mais S me retient et m'embrasse. C'était cooool mais ça commençait à aller plus loin et elle est en couple alors j'y ai pensé et je me suis fait attaqué par la morale. Bim baaam boum. Je lui ai dit qu'il ne fallait pas qu'on aille plus loin,ce qu'elle a approuvé, et je suis parti.
Lendemain matin ( = 2 heures plus tard) je me réveille et j'ai mal PARTOUT. Donc je cherche à savoir ce qu'il s'est passé. Sinon je pue de la gueule et de partout. Faut dire qu'on fume tous à l'intérieur du coup ça plus l'alcool plus la transpi c'est vraiment un mix degueux.
Coup de chance énorme : j'ai pas de gueule de bois.
Je me dis qu'il faut que je me tire avant que S se réveille parce qu'elle ne va pas assumer et que l'attirance qu'elle a pour moi sera fini étant donné qu'elle sera sobre lol.
Donc je me grouille mais elle se réveille. Et elle m'embête, elle me taquine, alors on rigole et je me rends compte que ça n'a pas changé. Elle dit qu'elle a entendu des petits bruits bizarre cette nuit et oui effectivement mdrr H, C et M dise qu'il y a une petite souris qui se balade dans l'appart et en l'occurrence dans le salon ou S dormait. Mdrrr.
Bref
Petit dej
1h après S et H ramené la tonne de bouffe du KFC. Heurk c'était pas possible.
Leo m'a montré ce que je lui ai fait. Il m'a rassuré et il est parti.
Suite à ça on va tous faire une petite sieste et je reste avec S. On rit pendant un looooong moment et au final on s'endort. Je me suis réveillé dans ses bras devant M, C et AL. LES TROIS ME REGARDAIENT EN SOURIANT.
On devait faire une petite sieste et aller au musée mais finalement on a dormi plus d'une heure du coup il se faisait tard et j'avais vraiment envie de me changer, alors je suis rentré chez moi. Mais juste avant S m'a dit "tu veux passer une bonne soirée ? Alors reviens." c'était très convaincant mdrr. Du coup je suis rentré, j'ai pris une douche, mangé une pomme et je suis reparti.
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Devoir de Contrôle 2 Français Bac Sciences
Prof : Mme CH.Saloua Devoir de contrôle N°2 Niveau : 4ème SI+ SExp 1/2 Texte : J'ai la peur et la haine des lettres ; ce sont des liens. Ces petits carrés de papier qui portent mon nom me semblent faire, quand je les déchire, un bruit de chaînes, le bruit des chaînes qui m'attachent aux vivants que j'ai connus, que je connais. Toutes me disent, bien qu'écrites par des mains différentes. "Où êtes-vous ? Que faites-vous ? (…)" Une autre ajoutait : "Comment voulez-vous qu'on s'attache à vous si vous fuyez toujours vos amis ; c'est même blessant pour eux..." Eh bien ! Qu’on ne s'attache pas à moi ! Personne ne comprendra donc l'affection sans y joindre une idée de possession et de despotisme. Il semble que les relations ne puissent exister sans entraîner avec elles des obligations, des susceptibilités et un certain degré de servitude. Dès qu'on a souri aux politesses d'un inconnu, cet inconnu a barres sur vous(1), s'inquiète de ce que vous faites et vous reproche de le négliger. Si nous allons jusqu'à l'amitié, chacun s'imagine avoir des droits ; les rapports deviennent des devoirs et les liens qui nous unissent semblent terminés avec des nœuds coulants. Cette inquiétude affectueuse, cette jalousie soupçonneuse, contrôleuse, cramponnante des êtres qui se sont rencontrés et qui se croient enchaînés l'un à l'autre parce qu'ils se sont plu, n'est faite que de la peur harcelante de la solitude qui hante les hommes sur cette terre. Chacun de nous, sentant le vide autour de lui, le vide insondable où s'agite son cœur, où se débat sa pensée va comme un fou, les bras ouverts, les lèvres tendues, cherchant un être à étreindre. Et il étreint à droite, à gauche, au hasard, sans savoir, sans regarder, sans comprendre, pour n'être plus seul. Il semble dire, dès qu'il a serré les mains : "Maintenant vous m'appartenez un peu. Vous me devez quelque chose de vous, de votre vie, de votre pensée, de votre temps." (…) Il faut qu'ils aiment, pour n'être plus seuls, qu'ils aiment d'amitié, de tendresse, mais qu'ils aiment pour toujours. Et ils le disent, jurent, s'exaltent, versent tout leur cœur dans un cœur inconnu, trouvé la veille, toute leur âme dans une âme de rencontre dont le visage leur a plu. Et, de cette hâte à s'unir, naissent tant de méprises, de surprises, d'erreurs et de drames. Ainsi que nous restons seuls, malgré tous nos efforts, de même nous restons libres malgré toutes les étreintes. Personne, jamais, n'appartient à personne. On se prête, malgré soi, à ce jeu coquet ou passionné de la possession, mais on ne se donne jamais. L'homme, exaspéré par ce besoin d'être le maître de quelqu'un, a institué la tyrannie, l'esclavage et le mariage(…) Maupassant Guy de, Sur l'eau, 1888 - Avoir barre (ou barres) sur quelqu'un : avoir l'avantage sur lui, être en situation de force Compréhension : - « J'ai la peur et la haine des lettres » - Pourquoi cette haine à l’égard « des lettres » ? Quelle image a-t-il associé à celle « des lettres » ? - Dégagez et expliquez le procédé d’écriture qui illustre le mieux cette idée. - Comment l’auteur a-t-il présenté les liens entre les individus ? Répondez en vous servant du champ lexical approprié. - D’après l’auteur, la relation avec autrui est une entrave à sa liberté. A quel type de liberté, Maupassant, fait-il appel ? Comment explique-t-il ce choix ? Justifiez votre réponse par des indices textuels précis. Vocabulaire : Langue : - Remplacez les termes soulignés par leurs - « L'homme, exaspéré par ce besoin d'être le maître de quelqu'un, a institué la tyrannie, l'esclavage et le » Grammaire : - Complétez l’énoncé suivant par une métaphore : - Cette jalousie soupçonneuse est - Etablissez un rapport de conséquence en vous servant des indications entre parenthèses. - Cette inquiétude affectueuse est très L’homme ne peut pas jouir de sa liberté. (trop….pour que) - Nominalisez ce qui est souligné : - Tant de méprises, de surprises, d'erreurs et de drames naissent de cette hâte à s'unir,. Essai : « Ainsi que nous restons seuls, malgré tous nos efforts, de même nous restons libres malgré toutes les étreintes. » Guy de Maupassant Pensez-vous, comme Maupassant, que les liens qui nous rattachent à autrui constituent une entrave à notre liberté ? Vous développerez votre point de vue dans un texte argumentatif bien structuré illustré par des arguments et des exemples tirés de vos lectures et de vos expériences personnelles. Read the full article
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je me suis dirigée directement vers les femmes inspirantes du jazz
Le style de ce tournage peut être levé et utilisé dans n'importe quelle petite salle et, lorsque cela est possible en toute sécurité, agrandi. Je suis connu pour avoir un goût musical très « basique », plus de trois accords et je suis perdu. En recherchant mon approche d'une inspiration de mariage sur le thème du jazz, je me suis dirigée directement vers les femmes inspirantes du jazz; à quoi ils ressemblaient, ce qu'ils portaient et ce qu'ils disaient. Plutôt qu'un hommage direct ou un déguisement, j'ai lié pour illustrer trois façons différentes de s'habiller pour un événement intime tout en gardant une forte bande sonore féminine dans ma tête. Dans l'une des coïncidences universelles de la vie, ma première muse Melody Gardot a une chanson intitulée Amalia, le nom de la collection 2021 de Jesus Peiro. J'ai été inspiré par son look folk/jazz. L'insouciance classique béret-lunettes de soleil rive gauche. Des boucles, de la fraîcheur et une âme de poète. Peut-être que le destin, peut-être la raison, t'a fait tomber du ciel, comme la marée, comme les saisons, toujours changeantes, toi et moi. Billie Holliday a une citation que je pense que nous pourrions tous vivre en ce moment si nous sommes liés de quelque manière que ce soit au concept d'un "mariage", que ce soit en tant que membre d'un couple ou en tant que fournisseur de services. Il n'y a rien de tel que le show business – il faut sourire pour ne pas vomir. BILLIE VACANCES Il est difficile de rester ensoleillé, optimiste. À certains moments cette année, nous avons tous été secoués par l'anxiété et la nausée, alors j'ai jeté mon deuxième regard sur les images emblématiques des grands cheveux, des grandes fleurs de Billie et j'ai répété "Quand tu souris". https://www.goodrobe.fr/robe-de-soiree-e22
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