#des années après parce que ça s’est passé genre en 92
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Je veux dire, pour vous donner une anecdote croustillante, il y avait dans ma ville plusieurs familles catholiques tra-tra qui allaient à l’unique église qui faisait encore la messe en latin. Une partie d’entre eux mettaient d’ailleurs leurs enfants en école privée sous contrat uniquement en primaire, puis les mettaient dans le hors contrat ensuite pour éviter les mauvaises influences.
On parle de la Bourgogne semi rurale des années 1990 hein.
Et donc figurez vous que l’épouse d’une de ces familles, qui en était encore à s’agenouiller devant le prêtre pour la communion, s’est piquée à un moment de faire du bénévolat dans une association catho de réinsertion. Voilà qu’elle se retrouve à devoir remettre sur le droit chemin un mec qui sortait de prison, et qui était plus jeune qu’elle.
ELLE A QUITTÉ SON MARI!!
Et la région! Et ses gosses! Pour ce mec!
La boulangère en parle encore je suis sûre.
La rumeur sur Brigitte Macron ça ne peut venir que de gens qui ont toujours vécu en ville. J’ai grandi à la campagne à côté d’une petite ville, et je connaissais tout rien qu’en allant acheter une baguette des aventures extra conjugales du maire, des problèmes de comportement du fils du dentiste, des histoires d’héritage de la famille Trucmuche…
(mais si vous savez, les Trucmuche ceux qui tenaient le magasin de jouets, oui enfin maintenant c’est un opticien mais anciennement Trucmuche, ah ça du temps du père Trucmuche ils étaient aisés mais alors le fils Trucmuche… Non pas Gérard, il est très bien lui mais l’autre, le bon à rien? Oui celui-là et bien vous savez qu’il aurait vendu les meubles de la grand-mère sans le dire… La grand mère c’était une Machinchose, de l’usine Machinchose oui. Ça n’existe plus bien sûr mais je vous parle de ça, y’a 40 ans tout le monde avait quelqu’un dans sa famille qui travaillait chez Machinchose. Alors imaginez les meubles ! Et sa pauvre femme ! Et madame ce sera quoi ? Une tradition ? Je vous jure les gens n’ont plus aucune patience de nos jours. 1 euros vingt merci ce sera tout ? Merci au revoir! Oui et donc sa pauvre femme, elle serait même allée chez le bijoutier du centre vendre sa gourmette. Ils en sont là ! Non je l’ai su par - enfin ne le répétez pas - la petite apprentie de Mireille, du salon de coiffure à côté. Tous les jours elle vient chercher son croissant. D’ailleurs elle s’est fiancée avec vous savez qui?… »
Du coup j’imagine que si dans mon coin un fils de famille de notable était devenu une femme et enseignait dans une école catholique toute la ville serait au courant et il suffirait de faire un micro trottoir pour avoir absolument toute l’histoire avec les dates, les détails et une bonne dose de mythologie.
#et donc évidemment je l’ai su par radio boulangerie#des années après parce que ça s’est passé genre en 92
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Rarement évoquée, très peu mesurée, la délinquance des plus de 60 ans est pourtant bien réelle. Plus de 17.000 têtes grises ont eu affaire à la police en 2018. Le Figaro raconte.
En mai dernier, une centenaire était soupçonnée d’avoir tué sa voisine de chambre dans une maison de retraite de Chézy-sur-Marne, dans l’Aisne. La victime, âgée de 92 ans, était décédée par asphyxie et la suspecte avait été admise en hôpital psychiatrique. Comment un tel crime a-t-il pu se produire? Si les faits ont de quoi contrarier l’image fantasmée que l’on peut se faire du grand âge, celle de personnes fragiles et sans défense, ce genre d’affaires n’est pas si inhabituel parmi les seniors.
Fin juin, Sud Ouest relatait un drame conjugal à Bardos, dans les Pyrénées-Atlantiques, au cours duquel un vieil homme de 90 ans avait tiré sur sa femme de 72 ans avant de retourner l’arme contre lui. À 600 km de là, La Provence racontait qu’un papy braqueur avait été arrêté par la police après avoir passé une année entière à dépouiller des voitures de touristes à Fos-sur-Mer. Fin 2018, une retraitée de 65 ans, qui dealait du cannabis, écopait d’une peine de 18 mois de prison, selon Corse Matin .
Avoir 90 ans et tuer
Rarement évoquées, très peu mesurées, la criminalité et la délinquance des seniors sont pourtant bien réelles. «Les personnes âgées sont tout à fait capables d’horreur», confirme le neuro-psychogériatre Jean-Claude Monfort. «On pourrait penser qu’elles ne commettent jamais de violences, de viols et d’homicides. Pourtant, elles sont comme les autres: elles peuvent présenter des comportements angéliques comme diaboliques», insiste le médecin. Y compris à des âges très avancés. En 2014, Marcel Guillot, 93 ans, était condamné à 10 ans de prison pour avoir tué une octogénaire qui avait refusé ses avances. Trois ans plus tôt, le corps sans vie de Nicole El Dib, qui présentait de nombreuses traces de coups violents et de strangulation, avait été retrouvé dans un ruisseau près du village de Saint-Gilles, dans la Marne. Détail sordide: le vieil homme s’était rendu aux obsèques de sa victime pour présenter ses condoléances à la famille.
Meurtres, vols à la tire, cambriolages, escroqueries... Plus de 17.000 personnes âgées de plus de 60 ans ont eu affaire à la police en 2018, dont 89 pour homicide, 7791 pour coups et blessures volontaires, 1957 pour violences sexuelles ou encore 4502 pour escroquerie. «Très souvent, il s’agit de drames de la vie de tous les jours, de conflits familiaux ou de voisinage qui dérapent», constate le politologue Sébastian Roché, directeur de recherche au CNRS. «Oubliez l’image de la mamie tueuse en série ou des papys braqueurs, ces profils restent très exceptionnels et n’existent pratiquement pas dans la délinquance des seniors», prévient le spécialiste.
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Ces délinquants restent minoritaires par rapport au reste de la population et ne représentent «que» 3,5% des mis en cause par la police et la gendarmerie, d’après un calcul basé sur le dernier bilan «Insécurité et délinquance» publié en janvier dernier par le ministère de l’Intérieur. En Gironde, le maréchal des logis chef Thierry Guerrero le confirme: «C’est très rare qu’on ait affaire à des seniors. Quand c’est le cas, il s’agit généralement de problèmes de voisinage. Avec l’âge, ils deviennent peu tolérants aux nuisances sonores et, pour se venger, se mettent à leur tour à embêter leurs voisins», explique celui qui est aussi président de l’association Gendarmes et citoyens. Mais globalement, «contrairement aux jeunes qui recherchent la transgression au moment de rentrer dans l’âge adulte, les personnes âgées ont davantage tendance à suivre les règles que les autres», reprend le politologue Sébastian Roché. «Ils sont plus conservateurs, plus légitimistes, plus légalistes. Ces valeurs les préservent de la délinquance».
«Il y a probablement une délinquance cachée chez les gens âgés»
Jacques Faget, chercheur au CNRS et aujourd’hui retraité
Pourtant, il se pourrait que ces chiffres ne reflètent pas totalement la réalité et nous poussent à sous-estimer cette «délinquance grise». C’est l’hypothèse que formulait Jacques Faget en 2009, alors chercheur au CNRS et aujourd’hui retraité: «Il y a probablement une délinquance cachée chez les gens âgés, sauf pour les actes les plus graves», avançait celui qui était spécialisé en sociologie pénale et judiciaire. Parce que les séniors parviennent davantage à échapper à la justice et parce que demeure une certaine forme d’omerta au sein de la société, supposait-il dans un ouvrage consacré au sujet en 2009*.
Dix ans plus tard, Christian Mouhanna, directeur du Centre de recherches sociologiques sur le droit et les institutions pénales (CESDIP), estime lui aussi qu’il est difficile d’évaluer le phénomène. Mais pour d’autres raisons: «les chiffres bruts de la délinquance ne sont pas pertinents», tacle le chercheur. «En résumé, si la police cherche, elle trouve. Or, elle ne cherche pas les délits chez les personnes âgées en priorité, mais chez les jeunes dans la rue», ajoute-t-il. Autre limite: il s’agit simplement des faits rapportés aux forces de l’ordre. Une partie d’entre eux demeurent toujours inconnus des services de police ou des unités de gendarmerie, reconnaît dans un rapport l’Observatoire national de la répression et de la délinquance (ONDRP).
Paupérisation et isolement
Quant aux études qui pourraient éclairer sur les raisons d’un passage à l’acte chez les sujets âgés, elles n’existent pratiquement pas. Une recherche rapide dans la littérature scientifique le montre bien: lorsqu’ils sont associés à la délinquance, les séniors sont toujours perçus comme des victimes et jamais comme auteurs. En dépit de ces lacunes, plusieurs observateurs ont déjà tenté d’expliquer les comportements criminels et délictuels chez les sujets âgés, à l’image de Laurence Ubrich, auteure d’un ouvrage sur le sujet*. Outre le vieillissement de la population, la journaliste estimait que la paupérisation de cette tranche d’âge pouvait favoriser une «délinquance de survie». Elle citait notamment le cas d’Andrée Personnic, une dealeuse de 66 ans qui vendait du cannabis pour «arrondir les fins de mois» et qui avait été condamnée à quatre ans de prison dont un ferme en 2008. Plus récemment, en 2017, un papy de 70 ans qui voulait gonfler sa retraite s’est fait arrêter pour avoir vendu en douce pendant cinq ans de la cocaïne à Biarritz. Lors de la perquisition de son domicile, les gendarmes avaient découvert tout l’attirail du parfait dealer: balance, produit de coupage, drogue et quelques pochons. Surnommé «le vieux», il s’approvisionnait en Espagne et dépensait environ 5000 euros par an en achat de cocaïne, selon Sud-Ouest .
Ce lien entre paupérisation et délinquance a été fait dans de plusieurs pays, notamment au Japon, où des Nippons âgés cherchent à se faire arrêter pour aller en prison, afin d’échapper à la précarité et à la solitude. Le phénomène concernerait surtout les femmes. En mars 2018, le magazine Bloomberg avait recueilli leurs témoignages. Parmi elles, Madame T, 80 ans, arrêtée pour la première fois à 70 ans: «J’ai volé de la nourriture alors que j’avais de l’argent dans mon portefeuille. J’ai pensé à ma vie. Je ne voulais pas retourner chez moi et j’avais nulle part où aller. Demander de l’aide en prison était la seule solution», racontait-elle alors.
L’isolement et le développement des démences séniles pourraient également induire ces comportements criminels et délictuels. Le psychologue Vincent Lapierre, spécialiste des publics âgés, rapporte le cas de ce couple qui errait dans un quartier parisien, chacun avec un coquard. «Le commissariat du coin m’avait appelé car il soupçonnait le monsieur de frapper sa femme», relate-t-il. «Mais après être intervenu, j’ai compris qu’elle entamait une démence qui la conduisait à penser que son mari la trompait avec une voisine. Ce qui était faux mais elle le harcelait et le frappait pour ça. Excédé, il finissait par lui rendre la pareille. Cette situation durait depuis six mois au moment où je l’ai découverte. Le monsieur était complètement désemparé et n’avait jamais osé demander de l’aide». Il arrive aussi que le conjoint ne supporte plus de voir sa moitié régresser. En février dernier, un octogénaire a tué sa femme atteinte d’Alzheimer car il disait refuser l’idée qu’elle puisse intégrer un établissement spécialisé.
«Si vous vous focalisez uniquement sur leur âge, vous risquez d’éteindre votre vigilance»
Dr Jean-Claude Monfort, psychogériatre
Au-delà de ces facteurs, le Dr Jean-Claude Monfort pense qu’il faut également regarder le parcours biographique des auteurs pour comprendre leur passage à l’acte. «Y avait-il une tradition d’homicide dans leur famille? Quelles étaient les circonstances de leur naissance? Que s’est-il passé dans leur vie?», interroge le neuro-psychogériatre. La construction de la personne et son histoire seraient déterminantes, selon lui. Les antécédents judiciaires aussi. Le médecin prend l’exemple de ces résidents en maison de retraite qui avaient violé d’autres pensionnaires. «Ils avaient ciblé les plus vulnérables, des centenaires incapables de parler et de dénoncer les faits», se souvient le Dr Monfort qui a consacré une étude à ce sujet et l’a publiée dans la très sérieuse revue The Lancet en 2011**. «En s’intéressant à leur vie, nous avions mis en évidence que ces hommes étaient pédophiles. Lorsqu’ils agressaient ces personnes âgées, ils retrouvaient le plaisir de lire la sidération dans les yeux de leurs victimes et jouissaient de pouvoir les terroriser», ajoute le médecin. «Si vous vous focalisez uniquement sur leur âge, vous risquez d’éteindre votre vigilance», met-il en garde.
Une mamie escroc en série
C’est ainsi qu’une vieille dame de 78 ans a longtemps échappé à la justice, jouissant d’une image de «gentille mamie», alors qu’elle n’était qu’un escroc en série qui avait pour habitude de signer des chèques en bois. Un agent immobilier, une coiffeuse, une pharmacienne... Tous sont tombés dans le panneau. «C’est une mamie adorable et on lui fait confiance d’emblée», avait témoigné lors de son procès un commerçant qui lui avait livré plusieurs appareils électroménagers contre une lettre de change en bois. Consciente de ses méfaits - il y en avait pour plusieurs dizaines de milliers d’euros - elle parvenait toujours à prendre la fuite à temps. La vieille dame a fini par se faire arrêter en 2016 et a été condamnée à trois ans et demi de prison ferme en juin 2017, selon Le Dauphiné Libéré .
Jouer sur une apparente fragilité pour resquiller ou chaparder quelques produits au supermarché, le psychologue Vincent Lapierre l’a, lui aussi, constaté à plusieurs reprises au fil de son parcours. Ce responsable du pôle de psychogérontologie au centre de prévention du suicide à Paris se souvient notamment de cette petite mamie de 80 ans qui assumait «complètement» le fait de frauder dans les transports. «Elle me disait: “De toute façon, ça fait des années que je ne paye plus, ils ne me contrôlent jamais”. Certains jouent clairement sur leur âge pour commettre leur méfait», commente-t-il, un brin amusé.
«Un mec qui a 60 ans (...) je ne vais pas lui faire la morale. Ça pourrait être mon père»
Lionel Delille, enquêteur en brigade dans les Alpes-de-Haute-Provence
Quand les seniors se font pincer, leurs petits larcins débouchent rarement sur des poursuites. Dans les Alpes-de-Haute-Provence, le gendarme Lionel Delille intervient parfois pour des vols à l’étalage commis par des seniors. «Ils ne sont pas très discrets, ils se font gauler facilement», décrit l’enquêteur de brigade. Souvent, cachés au fond du panier, des tranches de jambon et du fromage. En général, «ils avouent tout de suite et on trouve une solution à l’amiable avec le magasin», raconte le gendarme, qui reconnaît être plus indulgent avec le troisième âge: «Un mec qui a 60 ans et qui a travaillé honnêtement toute sa vie, je vais davantage essayer de le comprendre et je ne vais pas lui faire la morale. Ça pourrait être mon père».
De même, Lionel Delille estime que la justice a également «tendance à être plus clémente» vis-à-vis de cette tranche d’âge. Surtout quand il s’agit de primo-délinquants. Il a en tête cette affaire dans laquelle un sexagénaire, ulcéré de voir son fils se faire dépouiller au distributeur automatique de billets par une bande de jeunes, avait pris l’arme de famille et tiré par deux fois sur la voiture de l’un d’eux. Le père en colère, un artisan sans histoire, avait écopé d’une peine de prison avec sursis. «Je pense que s’il avait eu 30 ans, la sanction aurait été beaucoup plus lourde», commente le gendarme. Une impression partagée par Vincent Lapierre: «Il y a une forme de bienveillance à leur égard. Et puis on se dit sûrement qu’il est trop tard pour les rééduquer et qu’il ne sert à rien de les envoyer en prison», ajoute le psychologue.
Hausse des condamnations pour les délits
Statistiquement, les seniors ont peu affaire à la justice, par comparaison avec le reste de la population. En 2017, les plus de 60 ans représentaient 3% des condamnés, toutes infractions confondues. Fait notable: si le nombre de seniors punis pour des crimes est resté très stable dans le temps, celui pour les délits de droit commun a quant à lui fortement progressé, passant de 9592 condamnations en 2001 à 12.438 en 2005 pour atteindre les 16.834 en 2017, soit une hausse de 75% en 20 ans. Certes, la part des plus de 60 ans a elle aussi augmenté sur la même période (+13%) mais elle ne saurait expliquer à elle seule cette progression.
Dès lors, les seniors seraient-ils plus nombreux à agir dans l’illégalité? Ou se montre-t-on moins clément avec eux? Le politologue Sébastian Roché, directeur de recherche au CNRS, invite à la prudence: «Il est possible que le développement des peines alternatives ait mécaniquement fait progresser le nombre de délits sanctionnés», suppose-t-il. L’explication pourrait aussi «tenir à l’état de santé des “jeunes vieux” (les 60-70): ils seraient en fait moins usés donc moins vieux qu’avant physiologiquement. Cela retarderait donc leur sortie définitive de la délinquance», ajoute le chercheur.
Les infractions sexuelles, première cause d’enfermement
Reste que le nombre de détenus de plus de 60 ans a progressé ces quarante dernières années, avec une stabilisation depuis les années 2000. Au 1er janvier 2018, ils étaient 2626, soit 3,8% de la population carcérale sous écrou. Sept fois plus qu’en 1980, où ils n’étaient que 359, soit 1% des détenus derrière les barreaux (voir graphique ci-dessous). Cette hausse est apparue dans les années 1990 lorsque les condamnations pour crimes et délits sexuels ont subitement augmenté et que les peines assorties ont été renforcées. La loi de février 1994, qui a allongé les délais de prescription, a également contribué à cette hausse. «Plus les victimes peuvent dénoncer les faits tardivement, plus les auteurs sont âgés quand cette dénonciation intervient», nous indiquait l’administration pénitentiaire.
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Les infractions sexuelles constituent la première raison de leur incarcération. Au 1er janvier 2017, la plupart d’entre eux (42%) étaient derrière les barreaux pour des violences sexuelles, contre 10% dans l’ensemble de la population carcérale (voir graphique ci-dessous).
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Entre ceux qui entrent en prison sur le tard après avoir vécu une vie ordinaire et ceux qui ont déjà connu un long parcours pénitentiaire, tous ne vivent pas l’incarcération de la même manière. Deux chercheuses, la sociologue Caroline Touraut et la démographe Aline Désesquelles, qui ont travaillé sur le vieillissement en milieu carcéral***, ont établi une typologie de ces détenus. D’un côté, elles ont repéré les «actifs désappointés»pour qui cette arrivée en prison est mal vécue car elle a mis un coup d’arrêt à leur vie ; les «révoltés» qui vivent cet enfermement comme une injustice et les «pépères» qui adoptent une vie très routinière, convaincus que leur vie est désormais derrière eux.
«Je suis là depuis 1985 (…) je m’y suis fait (…) Cela ne m’intéresse plus de sortir.»
Gaston, 71 ans, condamné à perpétuité
De l’autre côté, chez les habitués, deux autres profils émergent: ceux, proches de la cinquantaine, qui ont le sentiment d’avoir encore une vie à vivre et les plus vieux, fatalistes, qui n’attendent plus rien. Car «le coût de leur sortie apparaît trop élevé, leur isolement trop grand, leur précarité trop importante», expliquent Caroline Touraut et Aline Désesquelles. En 2015, Gaston, 71 ans, condamné à la réclusion criminelle à perpétuité et incarcéré depuis 28 ans, le formulait ainsi auprès d’une des deux chercheuses : «Je suis là depuis 1985 (…) je m’y suis fait (…) De toute façon, je refuse de sortir… Cela ne m’intéresse plus de sortir, il n’y a plus rien qui m’intéresse dehors».
*Laurence Ubrich- Les papys flingueurs. La France vieillit, la délinquance aussi , aux éditions Bourin Éditeur, 2009. 198 pages, 17 euros.
** Monfort JC, Villemur V, Lezy AM, Baron-Laforet S, Dröes RM - From paedophilia to gerontophilia, vol 337, The Lancet.
*** Caroline Touraut et Aline Désesquelles - La prison face au vieillissement. Expériences individuelles et prise en charge institutionnelle des détenus «âgés» - Synthèse du rapport final - Recherche réalisée avec le soutien du GIP - Mission de recherche Droit et Justice et de l’Institut national d’études démographiques.
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Travestissement intime
Atelier “Les genres humains” à la Bibliothèque Hergé, animé par Anita Van Belle, printemps 2017
Clara devient Martin
On a terminé le jeu. On a exploré tous les recoins, regardé dans tous les coffres, amassé toutes les armes, tué toutes les araignés géantes et écouté à chaque fois la fée de lumière sans visage et sans voix qui est notre amie. Je ne sais pas vraiment si on a gagné. Je n’ai jamais trouvé le grand méchant pour le tuer.
La maison où nous avons grandi est vide. ça ne s’est pas fait de manière fluide (mais est-ce que c’est parfois le cas, dans la vie?). Les niveaux ont été durs à passer. Il a fallu sauter, sortir sa fronder, dégainer son épée, écouter les conseils de créatures surnaturelles et, faire des compromis. Mon frère et moi, on a essayé de ne pas être trop sentimentaux, de rester fiers et droits, courageux, pour les deux autres. Il n’y a pas de quoi pleurer puisque personne n’est mort. Tout le monde a encore des coeurs remplis d’élixir de vie. Chacun refait sa vie, c’est tout et voilà. C’est bon. C’est tout. Voilà.
Je n’aime pas jeter des trucs. Pourtant, pour être au maximum de ses capacités, et avoir les bonnes armes au bon moment pour tuer les méchants, il faut se délester de l’inutile. La place de stockage est limitée. Mon frère et ma mère sont forts pour ça, alors je les ai laissé faire, dans mon ancienne chambre (Murs rouges, moquette noire, encore des traces de patafix et de vieux scotch, des relents de cendrier). Pendant que je regardais une à une les photos que mon père avait laissé pour moi dans le bureau, ils ont trié, jeté, emballé et m’ont enfin présenté un sac poubelle. Je n’ai même pas regardé à l’intérieur. Je suis allé au bout de l’allée et j’ai balancé le sac dans la poubelle. J’ai allumé une cigarette et j’ai regardé passé une twingo, ancien modèle. La maison d’en face aussi vient d’être vendue. Je ne sais pas si c’est parce que j’avais envie de me sentir encore comme une enfant qui cherche des indices, des armes et des vies dans des coffres magiques, mais j’ai réouvert la poubelle, sorti le sac que je venais d’y mettre et défait le petit lien orange. Ci-gît ma vieille console de jeux, la N64. Je sais très bien qu’elle ne s’allume plus depuis des années, mais je la prends quand même. je rentre dans la maison et je retourne aux photos.
Il y a des jeux où on peut choisir son personnage, être une fille, un garçon, un démon, une super héroïne, ou même un cheval. Mais dans celui-ci, non. J’incarnerai toujours Martin . Mes caractéristiques physiques changeront un peu avec l’âge (taille, carrure) mais au fond, je resterai le même. Il existe des options pour changer son apparence ( couleur des cheveux, taille des biceps, vêtements…) mais elle viennent avec les extensions payantes. Au commencement, après le chargement, il y a toujours une introduction, pour le contexte dans l’univers du jeu. Pour moi, l’intro est une photo dont les couleurs trahissent l’époque à laquelle elle a été prise. Je suis le neuvième bébé garçon que Nadia tient dans ses bras. A ce stade, avant que la ribambelle de cousines naissent entre 87 et 92, elle devait croire à une blague, ma chère Mamina. Sept garçons à elle (avec en bouquet final, des jumeaux), Arthur et puis moi, Martin Jean André. Le 12 octobre 1986, un jour après ma naissance, elle regarde d'un air entendu quelqu'un hors cadre, probablement ma mère, vu que je suis sûr et certain que c'est mon père qui a pris la photo. Moi, j’ai les yeux fermés, collés, je suis tout rouge et franchement assez froissé, imperméable au fait que Nadia, résignée, attendra encore un an avant la première fille de sa lignée, personnage clé de la quête du jeu suivant.
Lorsque l’on prend possession du personnage, la première question à se poser est toujours “ que dois-je faire?” Il faut se déplacer doucement et voir ce que les différents objets et personnages proposent. Enfant, le choix est limité mais il existe. A qui faire plaisir? Quand dire non et quand dire oui? Sur cette photo en noir et blanc, je n’ai encore rien choisi. Je suis dans les bras de ma mère. Je dois avoir 18 mois. On est en coulisse d’un concert de mon père et ça se voit parce qu’on regarde vers la lumière, à gauche de la photo. Ma mère a encore sa coupe en brosse blonde décolorée, circa avril 88. J’ai l’air attentif, les yeux grands ouverts. Ca n'a probablement duré qu'une seconde, cette attention, le temps que le photographe anonyme prenne ce cliché un peu stylé, un peu rock, un peu flou - il en existe plein d'autres de l'époque dans les albums et dans les boîtes que mon père a déjà triées. Je me demande quand même ce qui a pu pousser ma mère à m’habiller comme ça, en total look années 80. A ce moment du jeu, j’ai un genre de casquette gavroche bouffante et une salopette à motifs géométriques, avec un mini perfecto BRILLANT. Ma mère me parlait encore hier de comment elle aimait m'habiller à cette époque: les petites chemises à motifs, les chaussures marrantes, les blousons flashy. Je me demande où sont passé tous ces trucs maintenant.
Plus tard, le personnage part faire sa propre quête, délaissant son village et sa famille pour une plus noble cause. Ce déchirement le construit et fait de lui le héro dont l’intrigue à besoin. Dans mon cas, bien que la cause n’ai pas été noble, j’ai bien délaissé l’amour de poupée que me portait ma mère pour exprimer mon affection uniquement par l’affrontement constant des règles et de l’ordre. Ce cliché résume assez bien cette phase du jeu : je suis debout sur la table basse, en slip, dans notre ancienne maison. Je lève les poings en l’air comme si j’avais gagné quelque chose. Je suis hilare. A mes pieds, il y a un bol renversé et de la purée un peu partout. Un verre ne va pas tarder à tomber, au bord de la table. Par terre, mon petit frère assis, pleure. Il a un bol sur la tête et ça lui dégouline dans les cheveux. Il doit avoir 3 ans et moi 8. L’âge de raison n’est pas encore atteint. Je n’avais pas encore trouvé la potion verte qui permet de contrôler ses émotions mais j’avais clairement fait mon choix entre faire plaisir à maman et être le héro de ma vie. Je ne sais plus très bien ce qui s’est passé ce jour là, mais globalement, c’était mon oeuvre, ce bordel. Dans le coin droit de la photo, on aperçoit le pieds de ma mère qui accourt et un peu plus haut, sa main qui arrive, armé d’une serviette. C'est donc mon père qui prend la photo, peut-être un peu fier que je ne me laisse pas faire, que je pratique mes coups pour le combat final, renversant les codes de bonne conduite à table. Ce n'était pas une identité très facile à gérer au quotidien.
La photo suivante est un moment clé de la saga, puisqu’il s’agit de l’époque où le premier but de la quête est enfin révélé. Exit les repas perturbés, les toilettes de l’école inondés, les tresses de filles coupées et mon petit frère torturé. C’est cette année là que j’ai découvert ma première passion, le premier des trois cristaux qui me permettra plus tard de sauver le monde. Sur la photo, pourtant peu représentative, j’ai 12 ans. Cette année là, je suis allé en vacances avec ma tante et ma cousine aux Etats Unis. On me voit faire la gueule devant le sapin de Noël géant du plazza Hôtel, à NY, à côté de ma cousine Julia qui sourit jusqu'aux oreilles. Elle voulait y aller parce qu’il adorait Maman j’ai raté l’avion 2, moi je ne voulais pas venir ce jour là. Je me souviens très bien du moment où ma tante a pris la photo - elle venait de dire que non, on n’allait manger un deuxième hot dog.
Il faut savoir que je venais de découvrir la passion qui changerait l’ambiance de la quête à jamais: La légende de Zelda : l’ocarina du temps. Jason, le cousin ado de Julia l’avait eu à Noël et y jouait toute la journée dans sa chambre. Les rideaux étaient toujours fermés malgré les injonctions de ses parents. Il avait recouvert les murs de photos de filles à gros seins sur des motos ou lavant des voitures en petite tenue. Bien que Zelda soit un jeu qui se passe en pleine nature, et dont le héros ne soit pas particulièrement masculin (cheveux longs, yeux en amandes), je ne me suis jamais autant senti homme que pendant ces deux semaines, à m’enfoncer âme et manettes dans le jeu de Jason, tout en lorgnant sur les posters. Parallèlement, j'ai confirmé mon amour pour les fast foods, et tout ce qui touchait de près ou de loin à la gastronomie américaine. Dans cette pré-adolescence tiède saveur sauce Ranch, tout s’est codé pour moi, par niveau, par vies restantes, par pièces récoltés - entrecoupé de repas que je ne voulais jamais sauter. Jason mangeait souvent dans sa chambre, et je l’enviait terriblement mais on menaçait de donner ma part au chien si je ne venait pas à table. Une fois assis, vu que je ne pippais pas mot, et on me disait que je ne m'intéressais à rien. Noël 98, donc, après la coupe du monde qui ne m’a pas trop intéressé, je pars dans le New Jersey à Noël sans mes parents, et je passe mon temps devant la console, entre des filles à poils sur le mur et un petit héro sur l’écran qui court dans la forêt, mariant à jamais mon excitation sexuelle avec les jeux vidéo. Etrangement, il n’y a pas de photo.
La découverte suivante s’est réellement faite sous la forme d’un coffre que l’on ouvre et qui vous illumine le visage.
Ce coffre, bien qu’immatériel car je suis de la génération mp3, contenait des chansons, quelques livres de mythologie, des uniformes, une guitare et un peu de drogue. C’est le deuxième cristal, la deuxième clé, la pièce manquante. Il a fallu la chercher pendant de de longs trimestres scolaires en dessous de la moyenne, d’interminables étés à l’intérieur et de nombreuses interactions sociales plus qu’ inconfortables. D’abord, une émission tard le soir sur Canal Jimmy, puis un peu de temps sur Napster, et aussi à la médiathèque: deux ou trois lectures plus tard ( l’autobiographie de Marilyn Manson, L’aventure Punk, un livre sur les Ramones), j’étais converti. Je connaissais les dieux du rock et je serai leur servant. Et puis, j’ai trouvé ma tribu. Il existait en fait un certain type de personnes qui se délectaient de ne pas être comme tout le monde, qui n’écoutait rien de ce qui passait à la radio et qui n’avait pas envie d’aller en pécho en boîte. Si l’école ne les intéressaient pas, ils n’en était pas moins lettrés et pouvait se vanter en cours de français d’avoir lu tout Bukowski. Sur nos tables d’école se côtoyait les pentagrammes satanistes, les “A” anarchistes, “ We are the mods”, “la jeunesse emmerde le Front National”, entre autres “ I hate myself and I want to die” surmonté d’un raffiné “ je ne connaît ni dieu ni maître, sauf maître Kanter”, hymne de nos soirées dûment alcoolisées. Bref, j’étais rebel à tendance rock n’ roll, début des années 2000.
Sur la photo, je suis au milieu une bière à la main, et je regarde vers l’objectif. A ma gauche, il y a Etienne et Mathieu et à ma droite, Sabrina et Guillaume se roulent une grosse pelle. On est devant une tente mal montée dans un sous bois et plusieurs cadavres de bouteilles jonchent le sol. On est partis en Bretagne, et ça doit être la fin d’après-midi car la lumière est assez belle, presque orange. On avait trouvé ce plan de camping semi-sauvage au dernier moment pour partir en septembre, tous contents d’être libres un mois de plus avant d’aller à la fac. J’ai inventé une histoire de maison de tante à Sabine pour mes parents, et on est partis. C’est la dernière fois que j’ai pris un appareil photo jetable avec moi. En 2004 on en trouvait encore plein et je n’avais pas encore touché mon premier salaire pour m’acheter un numérique. Grâce à ça, je tiens cette photo à présent. Ensuite, j’ai eu un appareil, puis un téléphone, et puis je n’ai presque plus eu de photo matérielle.
Quand je regarde la photo maintenant, je me dis que j’étais vraiment bien à ce moment là, quasi christique au milieu de mes potes, n’ayant pas encore vraiment eu le coeur brisé, pensant être le plus classe du monde avec mon look post punk qui allait bientôt devenir 60’s et mes références obscures pour “les autres”, et un usage encore très récréatif des drogues. ça se voit sur la photo, on est moches et heureux.
La structure du jeu et la métaphore filée qu’il représentait pour moi s’envole au moment où je repose la dernière photo. Les détails qui me reviennent ne permettent pas de créer un narration, une construction de mon identité, les images sont éparpillées sur des blogs aux balbutiement de la mise en abîme du numérique. Fini, la projection de soi dans le petit personnage qui court. Finis, les niveaux et les pièces. Fini la claireté des mouvements. La console est là, près de moi, inerte. Il reste encore un cristal à trouver, peut être. Ou bien est-ce que c’est simplement de jeter cette foutue console? Je suis un homme maintenant.
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