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Clothilde de France (1759-1802)
Si on connaĂźt assez bien les frĂšres cadets de Louis XVI parce quâils ont tous les deux rĂ©gnĂ© aprĂšs lui, on oublie souvent quâil a deux petites sĆurs⊠et si Elisabeth est plus retenue en raison de sa fin tragique et des jardins quâelle laisse derriĂšre elle aujourdâhui, sans oublier une sĂ©rie de livres pour enfant sur sa personne, qui ici peut se vanter de connaĂźtre Clothilde de France ?]

Ou celle qui a Ă©tĂ© victime de grossophobie alors mĂȘme que câest la petite-fille de Louis XV.
Marie Adélaïde Clotilde XaviÚre de France, dite Madame Clotilde, est née le 23 septembre 1759 à Versailles. Elle est le septiÚme enfant et la troisiÚme fille de Louis-Ferdinand (1729-1765), Dauphin de France, et de Marie-JosÚphe de Saxe (1731-1767).
Parmi sa fratrie, on peut compter lâiconique Louis XVI (1754-1793), ainsi que Louis XVIII (1755-1824) et Charles X (1757-1836), sans oublier sa petite sĆur Elisabeth (1764-1794).

Fait rare pour lâĂ©poque : ses parents sâaiment !
Eh oui, Papa et Maman sont tombĂ©s amoureux malgrĂ© un mariage purement politique et câĂ©tait mal barrĂ©Â : Louis-Ferdinand a Ă©tĂ© mariĂ© une premiĂšre fois, sa femme est morte de son accouchement et leur fille deux ans aprĂšs. Marie-JosĂšphe a Ă©tĂ© un ange de patience, de douceur, de dĂ©licatesse et cela a fini par conquĂ©rir le cĆur du prince, lequel lui sera dâailleurs fidĂšle !
Sauf que ça ne peut bien Ă©videmment pas durerâŠ
Le 20 décembre 1765, le pÚre de Clothilde meurt à seulement 36 ans. Le diagnostic penche vers une tuberculose. Le nouvel héritier du trÎne est Louis-Auguste, duc de Berry, futur Louis XVI, ùgé de 11 ans.
Le 13 mars 1767, Ă 35 ans, câest au tour de la mĂšre de Clothilde de disparaĂźtre : elle sâest dĂ©vouĂ©e Ă soigner son Ă©poux malade, a contractĂ© sa maladie et nâen a pas rĂ©chappĂ©.
Clothilde, 8 ans, est orpheline.
Pensez-vous que cela rendrait les courtisans enclins à de la tendresse envers une pauvre petite fille éplorée ?
Mais non, enfin ! La gentillesse, câest surfait !
Les courtisans nâont rien trouvĂ© de mieux que de faire montre dâune grossophobie bien Ă©cĆurante Ă lâĂ©gard de lâenfant⊠parce quâelle est obĂšse.
Ils lâont surnommĂ©e « Gros Madame ».
Clothilde en souffre beaucoup, surtout quâelle est dâune nature douce. Câest une bonne Ă©lĂšve, elle est pieuse et tous ses prĂ©cepteurs sâaccordent Ă dire quâelle est une adorable jeune fille et aimable. Dâailleurs, sa gentillesse rĂ©ussira lâimpossible selon les adultes :
Canaliser sa petite sĆur Elisabeth qui est une petite rebelle.
Elisabeth, la derniĂšre de la fratrie, est Ă©levĂ©e avec sa sĆur et refuse dâapprendre Ă Ă©tudier, elle est assez sĂšche avec son personnel et dit que ça ne sert rien dâapprendre, elle a des gens pour faire ce dont elle a besoin. Comme ses professeurs lui prĂ©fĂšrent Clothilde, lâenfant la jalouse.
Un jour, Elisabeth tombe malade et Clothilde insiste pour la veiller et la soigner.
Peu Ă peu, sa gentillesse sincĂšre et sa dĂ©votion touchent sa sĆur qui accepte dâapprendre son alphabet.
La rĂ©bellion est passĂ©e et Elisabeth sera aussi sage que sa sĆur aĂźnĂ©e.
En mai 1770, Louis-Auguste Ă©pouse Marie-Antoinette (1755-1793).
La nouvelle dauphine ne sâentend pas bien avec Clothilde, lui prĂ©fĂ©rant Elisabeth.
Le 10 mai 1774, Louis XV meurt et Louis-Auguste devient roi.
Il est grand temps de penser à marier Clothilde !
En 1775, elle épouse Charles-Emmanuel IV (1751-1819), futur roi de Sardaigne, prince de Piémont et Duc de Savoie.
Quand Clothilde quitte Versailles pour rejoindre son Ă©poux en aoĂ»t 1775, Elisabeth a le cĆur brisĂ©. Marie-Antoinette rapporte dâailleurs quâelle en est tombĂ©e malade !
Sur le chemin, Clothilde se rend populaire ! En effet, à Lyon, elle obtient une amnistie pour des déserteurs emprisonnés dans la prison de la ville.
Et devinez quoi ?
Clothilde va vivre sa meilleure vie Ă lâĂ©tranger !
Elle est trĂšs vite acceptĂ©e par sa belle-famille, laquelle partage sa piĂ©tĂ©. Son beau-pĂšre dit dâelle quâelle est un ange, câest vous dire le niveau !
Elle apprend trĂšs vite les usages de la nouvelle cour, assiste sa belle-mĂšre dans ses devoirs royaux, impose un code moral strict⊠mais elle est aussi capable de profiter de la vie. Elle sâintĂ©resse Ă la mode, aime les divertissements et son mari dit dâelle que si elle est une bonne personne et sincĂšrement dĂ©vote, ce nâest pas dans sa nature dâĂȘtre soumise, comme cela est attendu dâelle. Elle apprend. Difficilement. Comme quoi, ĂȘtre gentil ne veut pas dire se laisser faire.
Ah, son mari, vous me dßtes ?
Mais ils sâadorent !

Câest un mariage heureux ! Les deux Ă©poux sont ravis lâun de lâautre, ils Ă©tudient la Bible ensemble, il chante pendant quâelle joue de la guitare et ils partent se dĂ©tendre dans des chĂąteaux loin de la cour !
La seule ombre au tableau idyllique de leur amour, câest lâabsence dâenfant : ils en veulent mais malgrĂ© tous leurs efforts, avec un faux espoir en 1779, aucune grossesse ne vient. En 1783, aprĂšs huit annĂ©es dâinfertilitĂ© et dâessais, le couple dĂ©cide dâun commun accord dâarrĂȘter et de vivre comme des frĂšre et sĆur (et non, pas Ă la maniĂšre de Game of Thrones !)
Petite anecdote : le pĂšre de Charles-Emmanuel se serait inquiĂ©tĂ© de lâembonpoint de sa bru, craignant que cela nâaffecte sa fertilitĂ©. Charles-Emmanuel aurait rĂ©pondu que Dieu lui aurait simplement donnĂ© plus Ă vĂ©nĂ©rer ! Mais quel sucre !
Dâailleurs, vous vous souvenez quâon se moquait de Clothilde pour son obĂ©sitĂ©Â ?
AuprÚs de sa belle-famille, Clothilde fond !
Eh oui, entourĂ©e dâamour, de bienveillance, de gens qui lâapprĂ©cient et lâestiment vraiment, la princesse a perdu du poids. On parlerait aujourdâhui de kilos Ă©motionnels.
Dans ses mĂ©moires, le comte Hippolyte d'Espinchal, Ă©migrĂ© Ă Turin, rapporte : « La princesse de PiĂ©mont que nous avons vue en France sous le nom de Madame Clotilde et que vu son embonpoint on appelait "le Gros Madame" aurait Ă peine Ă©tĂ© reconnue d'aucun d'entre nous, tant elle est changĂ©e, vieillie, maigrie. Elle a perdu ses dents et toute sa fraĂźcheur. Elle a cependant aujourd'hui seulement trente ans. Elle n'a point d'enfant. Cela manque Ă son bonheur car elle est parfaitement heureuse avec son mari qui a pour elle la plus grande vĂ©nĂ©ration, sentiment qu'elle a inspirĂ© Ă toute la cour. Elle est d'une extrĂȘme dĂ©votion et trĂšs scrupuleusement attachĂ©e Ă l'Ă©tiquette de cette cour, qui n'en est que plus triste. »
Le 16 octobre 1796, le beau-pÚre de Clothilde meurt. Son fils lui succÚde et elle, elle est désormais reine de Sardaigne.

Charles-Emmanuel a du mal Ă gĂ©rer son rĂŽle de roi et se repose Ă©normĂ©ment sur sa femme. Clothilde a en effet un tempĂ©rament qui le calme et le stabilise. Il faut dire quâautour dâeux, les royaumes sont en feu suite Ă la RĂ©volution Française, Ă la mort de Louis XVI guillotinĂ© le 21 janvier 1793. Lâhomme est angoissĂ©, Ă juste titre.
Ă lâaube de la quarantaine, Clothilde entre donc en politique.
Le couple a une machine bien huilée :
Câest la reine qui reçoit les rapports des ministres, les lit, en fait le rĂ©sumĂ© au roi et lui prodigue des conseils. Puis, elle reçoit les ministres, fait ses recommandations Ă son Ă©poux, lâinclut quand il le faut.
Le seul souci, câest que cela ralentit tout alors que lâEurope, elle, est au galop.
Le couple royal devient impopulaire : on lui reproche dâĂȘtre dĂ©tachĂ© du reste du pays, dâĂȘtre trop plongĂ© dans sa foi.
Le 06 décembre 1798, la PremiÚre République Française déclare la guerre à la Sardaigne. Le pays est envahi et la cour est en exil. Durant cet exil, Clothilde est le premier ministre de son époux. Le couple trouve refuge à Rome auprÚs des Colonna.
En 1801, Clothilde soigne la tante de son Ă©poux, Marie-ThĂ©rĂšse FĂ©licitĂ© de Savoie, laquelle dĂ©cĂšde le 13 mai 1801. Elle soigne aussi sa dame de compagnie⊠sauf que le docteur la confond avec une servante, lui donne des ordres et elle, elle obĂ©it sans broncher ! LâhumilitĂ©, la modestie. Le mĂ©decin se confondra en excuses quand il lâapprendra.
Clothilde et Charles-Emmanuel rentrent Ă Naples en 1801.
Le 07 mars 1802, Clothilde meurt Ă lâĂąge de 42 ans. Charles-Emmanuel, dĂ©vastĂ©, abdique en faveur de son frĂšre le 04 juin de la mĂȘme annĂ©e.

Le 10 avril 1808 sâouvre le procĂšs en bĂ©atification de Clothilde en raison de la grande piĂ©tĂ© dont elle a fait preuve toute sa vie. Lâinstance avait Ă©tĂ© introduite dĂšs 1804 Ă Rome,
Clothilde obtient Ă titre posthume le titre de « Servante de Dieu », Ă lâinstar de sa sĆur Elisabeth, reconnue comme vierge et martyre suite Ă son exĂ©cution en 1794.
Câest la premiĂšre Ă©tape vers la SaintetĂ©.
En 1982, on lui accorde le titre de Vénérable.
Qui sait ? Peut-ĂȘtre sera-t-elle dĂ©clarĂ©e bienheureuse voire sainte un jour !
Passer de « Gros Madame » à « VĂ©nĂ©rable Clothilde », câest dĂ©jĂ super badass et un bon doigt dâhonneur Ă tous ceux qui se sont foutus dâelle.
- Marina Ka-Fai
Si toi aussi tu veux en lire plus sur Clothilde, tu peux aller regarder ces sources :
Vie de la vénérable servante de Dieu Marie-Clotilde... de France, reine de Sardaigne, Luigi Bottiglia, Rusand, 1823
Madame Clotilde de France, Reine de Sardaigne (1759-1802), de Beausire-Seyssel, Champion , 1926
Marie-Clotilde de France: La soeur oubliée de Louis XVI, Dominique Sabourdin-Perrin, Salvator, 2020
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