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le-blog-du-poisson · 2 years
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Algérie 04 // Écritures
En voyage, j’emporte quelques livres. Encore à Limoges, j’arpente les rayons de la bibliothèque pour glaner, dans quelques guides touristiques quasi-inexistants et rares récits de voyages, des noms d’écrivains et d’écrivaines qui ont construit la littérature algérienne ; et ainsi, avec elles, avec eux, j’apprends à tisser les liens, lire les sous-textes, voir en creux les histoires qui se cachent derrière ce déluge d’apparences, propre à tout dépaysement.
L’Algérie, plus de 5 fois la France en superficie, concentre l’essentiel de sa population sur une minuscule partie de son territoire, une bande de 200km qui sépare la mer Méditerranée du désert Sahara.
Un littoral. Pêche, ports, plages, Oran, Alger, la Kabylie. L’histoire que nous racontera l’Algérie en ce mois d’août 2022 se passe au bord de l’eau, celle de la Méditerranée.
Kateb Yacine l’appelait : “prémices de fraîcheur, cécité parcourue d’ocre et de bleu, outremer clapotant, qui endort le voyageur debout face au défilé métallique et grouillant de l’avant port ; la voie fait coude vers la mer, longe la Seybouse à son embouchure, coupe la route fusant en jet de pavé scintillant grain par grain, dans le terne avenir de la ville décomposée en îles architecturales, en oubliettes de cristal, en minarets d’acier repliés au cœur des navires, en wagonnets chargée de phosphates et d’engrais, en vitrines royales reflétant les costumes irréalisables de quelque siècle futur...” et le paragraphe s’allonge, de virgule en virgule sans jamais qu’un point ne vienne en briser l’exubérant déroulé...
Camus ouvre ses Noces sur les ruines antiques de Tipasa, voisine d’Alger : “Au printemps, Tipasa est habitée par les dieux et les dieux parlent dans le soleil et l’odeur des absinthes, la mer cuirassée d’argent, le ciel bleu écru, les ruines couvertes de fleurs et la lumière à gros bouillons dans les amas de pierres. A certaines heures, la campagne est noire de soleil.” et prolonge, dans ce petit ouvrage, au fil d'une écriture exaltée, la description d’une Tipasa disparue ; aujourd’hui engloutie par la densification du tissu urbain autour d’Alger, nous ne verrons jamais cette Tipasa et Camus emportera son souvenir, ici rivé en littérature.
La mer, elle passionne ces écrivains masculins d’un autre temps. Yacine, qui écrit Nedjma pendant la guerre d’Algérie. Camus qui raconte ses errances de jeunesse de français né en Algérie, dans ces quelques pages d’essais des années 30... Plus tard, en lisant Maïssa Bey et Aïssa Djebar, je découvre une mer qui, loin des fantasmes esthétiques et historiques, nous raconte la possibilité d’évasion, d’indépendance, de libération. Convoitée bien plus par les femmes que par les hommes, à qui, sur cette terre, tout semble acquis.
Maïssa Bey fait de la mer le lieu final de la liberté reconquise par une femme, opprimée par la religiosité de son mari, dans l’une de ses Nouvelles d’Algérie : « les rues sont désertes et la ville encore endormie, encore glauque et habillée de silence. Et la mer tout proche, qui l’attend, depuis si longtemps, et ses rêves qui se déploient sous ses pieds. Elle se rassasie de cette vie qu’elle vient de reprendre, qu’elle ne lui a jamais donnée, il est venu un jour et vous m’avez donnée à lui. Seule sur le chemin, elle danse. La terre s’effrite sous ses pieds nus. Suis-moi, mon âme, nous serons bientôt arrivées. Elle est libre enfin,  et son désir s’éparpille au vent frais, s’en va rejoindre les nuages, elle est libre enfin, et sur sa peau affamée retrouve la caresse violente du soleil, il pénètre en elle, ultime offrande, elle va se donner. Le goût du sel dans sa bouche. Avant même qu’elle n’atteigne le rivage. L’écho de sa course défait le silence. L’écho de ses pas multipliés, le tumulte de son cœur, l’envol soudain des oiseaux effrayés, et puis, déjà perceptible, le martèlement des pas juste derrière elle. Elle court maintenant. Le battement à ses temps, un autre coeur dans sa tête, le grondement de son sang, flux et reflux au-dedans d’elle... où puiser encore la force de courir, ses jambes sont des morceaux de bois... la force de courir, brûlure de l’air dans sa gorge, fragments minuscules de feu sous ses paupières, tisons de sable rougeoyants, pointes de feu sous ses pieds, s’il vous plaît, laissez-moi courir, sourire à la mer, de toutes mes forces, l’attendrir, qu’elle s’ouvre, qu’elle me prenne, corps déroulé, infiniment... »
- posté le 20/10/2022
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greeniezona · 4 years
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quotesincolors · 6 years
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