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BOOKHOUSE BOY #55 | Arthur-Louis CINGUALTE, écrivain
Arthur-Louis Cingualte était trop rare à notre goût, lui qui insère des bonbons métaphysiques déguisés en élégies et états d’ivresse de-ci de-là dans la presse, les Internets, les recueils dirigés par les uns, les unes ou les autres. Une présence trop parcimonieuse, abstraite, pour ne pas que l’on tire sur le linge du fantôme en exigeant qu’il reste dans la chambre afin de nous y écrire ce qu’il a sous le drap. Certes, Le Feu Sacré fut le premier à publier - ici même, cherchez-le, il est tagué pour les siècles des siècles - les poèmes critiques du beau Cingualte. Et certes, certes, il se chuchote que le premier livre à son seul nom enfin voit le jour chez nos confrères des éditions de l’Eclisse. Qu’il sera un comprimé de grâce toxique dévolu à la cause gentlemaniaque de Nick Cave, de ses Bad Seeds, de leurs disques australofères, leurs danses sabasiennes, et la hantaison de poèmes du gars Cave. Mais ce n’est pas assez, (hurlé) ce n’est encore jamais assez : quand on a mordu au style en vampire affamé on y repique, c’est comme la drogue. C’est pourquoi Arthur-Louis Cingualte, dont un essai fabuleux [SPOILER] sort chez nous en 2020 (et 2020 c’est bien trop loin comme dirait Pacôme Thiellement), est le bookhouse moonboy du lundi.
| Que trouve-t-on comme nouvelles acquisitions dans ta bibliothèque ?
J’ai récupéré pas mal de choses dernièrement. Mu le continent perdu de James Churchward, Fukushima. Dans la zone interdite de William T. Vollmann, La Mort et le rêveur de Denis Saurat, Lords of Chaos de Michael Moynihan et Didrik Søderlind et les poésies complètes de François Villon ; je n’ai maintenant plus qu’à instiguer pour trouver la cohérence cachée qu’il y a là dans cette pile. C’est toujours, très prosaïquement, affaire d’alpinisme quelque part. Il faut atteindre le sommet. Mais ce somment n’est pas forcément conditionné par la lecture intégrale de chacun des livres qui composent la pile. Ce qui importe c’est le point de vue, pas l’exploit.
| Quels livres marquants as-tu découverts à l'adolescence et que tu possèdes toujours ?
Malheureusement peu de livres survivent à l’adolescence. Un prêt ne signifie pas systématiquement un retour à cette période. Mais je possède quand même encore quelques rescapés. Ils ont des stigmates improbables mais ils sont bien là. Dans les plus marquants il y a pas mal de Romain Gary (dont deux de ceux qui étaient mes préférés à l’époque, Chien blanc et Au-delà de cette limite votre ticket n’est plus valable), un recueil de poésie de Jim Morrison, La Plage d’Alex Garland, Les Lois de l’attraction de Bret Easton Ellis et quelques romans de Louis-Ferdinand Céline prêtés par ma grand-mère et qu’en bon adolescent je me suis bien gardé de rendre. C’est aussi le truc : dans les rescapés on a toujours du mal à séparer ceux qu’on a achetés de ceux qu’on a gardés.
| Sans égard pour sa qualité, lequel de tes livres possède la plus grande valeur sentimentale, et pourquoi ?
L’édition originale de Mon Général de Miguel Angel Asturias acquise par mon grand-père pendant ses années d’aventures guatemaltèques.
| Lequel de tes livres prêterais-tu à quelqu'un qui te plaît ?
Inferno de August Strindberg pour tous ses moments de parano tragi-comiques dont il est toujours formidable de pouvoir se souvenir entre amis. J’ai toujours trouvé qu’August Strindberg, dans ses récits autobiographiques qui le voient se battre contre les forces du mal, faisait, mystérieusement, par-delà toute forme de ridicule, un bien fou au cœur.
| Que trouve-t-on comme livres honteux dans tes rayonnages ?
Je suis très client du livre « honteux » (je crois qu’une bonne bibliothèque a besoin d’improbables contrastes). Il ne faut jamais négliger sa dimension comique. J’ai des livres de curés sur le rock absolument irrésistibles.
| Quels livres as-tu hérité de tes proches ?
Beaucoup. Je dilapide les bibliothèques familiales fréquemment.
| Le livre que tu as le plus lu et relu ?
Relire (bien plus que revoir), c’est continuel chez moi. Les Mille et une nuits, les livres de Cristina Campo, Diadorim de Joao Guimareas Rosa, les romans de Raymond Roussel, Rose poussière de Jean-Jacques Schuhl, les récits de voyage de Pierre Loti, les journaux intimes de Nabe, les poètes du Grand Jeu, les œuvres complètes d’Arthur Cravan, le très bizarre Autres électricités d’Ander Monson et énormément de livrets d’albums de musique, de lyrics… et j’en oublie plein. Par-delà le simple fait de l’obsession, Il y a tellement de livres que je n’arrive pas à épuiser. Je ne dirai pas que je les relis – une certaine conception du facteur « évasion » prime. Je dirais plutôt – en anticipant une des prochaines questions – que je retourne traîner dedans ; et je traîne dedans de façon à ce qu’à chaque fois je finisse par découvrir que l’idée n’était pas réellement d’errer vaguement dedans à la recherche d’une musique particulière, mais de me retrouver dedans. Les livres restent en nous mais, d’une certaine façon, on reste toujours un peu en eux.
| Le livre qui suscite en toi des envies symboliques d'autodafé ?
Je sais que je suis assez pervers pour garder, si l’occasion se présentait, un livre écrit par Laurent Wauquiez, ou même pire encore pour le déposer dans une boîte à livres, alors…
| On te propose de vivre éternellement dans un roman de ton choix, oui, mais lequel ?
Plein ! Un génie me proposerait ça je mettrais des jours à me décider.
Tout de suite, comme ça, comme son Diable vert n’est pas loin de moi, je voudrais bien partir en Antivoyage avec Muriel Cerf.
Mais je dois dire aussi que je me verrais très bien dans les mondes, peints par Le Maître et Marguerite de Mikhaïl Boulgakov et les romans de Thomas Pynchon, où le grotesque du quotidien est toujours envisagé selon la présence de vertigineuses perspectives de transfiguration, et – aussi – que j’aimerais infiniment vivre ma vie de lapin de garenne dans Watership Down de Richard Adams (mais je vais attendre de voir quelle va être ma prochaine incarnation avant de me prononcer pour ce dernier).
| Quel est l'incunable que tu rêves de posséder, ton Saint Graal bibliophilique ?
Je nourris une fascination absolue pour les codex mayas.
| Au bout d'une vie de lecture, et s'il n'en restait qu'un ?
Là, sans réfléchir : Paradiso de José Lezama Lima. Le système d’engendrement des images à l’œuvre dans ce livre tient pour moi du miracle. Quand je l’expérimente je me dis à chaque fois que c’est l’une des choses les plus fondamentales qu’ait jamais proposé une œuvre d’art. On frise « la façon de vivre » – du moins je ne peux pas l’envisager autrement.
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