#Valère Novarina
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Pour une lampée de vin langue
Chez la famille Chaume // Domaine Chaume-Arnaud // Vinsobres // Côte-du-Rhône
« Un point d’écart est-ce désaccord ? » J'ai pondu cette phrase pour Synapses en écho à la défaite de l’équipe bleue contre l’équipe verte en quart de finale de la coupe du monde de rugby. Elle me revient après que Valérie Chaume m’a fait remarquer qu’en traversant la rivière pour gagner le domaine Chaume-Arnaud j’ai changé de département, passant du Vaucluse à la Drôme, mais aussi de région (Provence-Alpes-Côte -d’Azur / Auvergne-Rhône-Alpes) et, surtout, que d’une rive à l’autre le cours d’eau a changé de nom : l’Aygues est devenu l’Eygues. « Une lettre d’écort est-ce désaccard ? »
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« Comprendre qu’il y a un espace infini entre chaque atome de langage » écrit Valère Novarina dans une langue inconnue un merveilleux petit livre dans lequel il réfléchit sur le patois savoyard, ses multiples variations d’un hameau à l’autre, d’une vallée à l’autre ; chatoiement dans lequel il voit « un lien mystérieux ressenti entre le renouvellement des plis du paysage et celui des mots, un sentiment du paysage parlé ». Non loin, se trouve la mosaïque des paysages bus : toutes ces topographies, ces géologies, tous ces écosystèmes, ces microbiotes, qui depuis mon départ, se sont exprimés en moi par le canal du vin. Comprendre que chaque vin est le signal d’une possibilité de langage.
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Avant la présentation de Rhapsode je propose aux vignerons qui m’accueillent de partager un verre avec l’assistance. C’est à partir de cet ancrage liquide que la performance va se dire et s’entendre, qu’elle va prendre sa teinte unique, se distinguer des précédentes, des prochaines. Il arrive cependant que les circonstances en décident autrement et qu’à la place d’une parcelle locale ce soit le coteau d’un ami ou la combe d’une consœur qui soit servie. Et j’apprécie aussi cette curiosité et ce goût pour la manière des autres — « et dans manière il y a main » note Valère —, la joie de s’échanger des bouteilles que je constate souvent dans le petit monde du vin nature. Ce soir c’est Philippe, mari de Valérie et père de leur trois fils Thibaud, Raphaël et Samuel, qui est à la manœuvre. Le premier verre est un taillis fleuri blanc du Mas de Libian, le deuxième un col oiselé rouge du domaine Gramenon. L’accostage à Chaume-Arnaud se fait au troisième verre dans une trouée violette en cœur de ripisylve. La performance peut commencer.
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Je bois donc une goulée de Vinsobres : Grenache, Syrah, Cinsault, Mourvèdre, Counoise. « Chaque langue s’ouvre comme un puits de mémoire » écrit le dramaturge suisse. Une généalogie se diffuse en moi, se mêlant à celle d’Orphée. Orphée devenant progressivement vigneron. Vigneron par son dire. Au loin, dans la nuit, on devine la silhouette tourmentée des Baronnies. La famille de Valérie est paysanne, protestante et communiste. Au départ c’est elle qui se lance, sans aucune aide de ses parents, à vendre des abricots au bord des routes puis, au sortir du Lycée agricole où elle a rencontré Philippe, se risque à la vigne, au bio, à la biodynamie. Son pari : produire des vins nature toujours « loyaux et marchands » tout en maintenant une production diversifiée de fruits et d’olives Nyons. Philippe, lui, est athée et rugbyman. Formé au "machinisme agricole cultures tropicales équatoriales et méditerranéennes", on lui propose de partir Outre-mer. Il reste, pour Valérie. Ils feront grandir le domaine ensemble, 60 hectares aujourd’hui « tout en fermage : la propriété ne m’intéresse pas » a précisé Valérie. Ils donneront naissance à trois enfants. Deux rugbymen professionnels revenus travailler au domaine, et un agronome, en partance pour la Côte d’Ivoire. Caractère et solidarité. Dans et au-delà l’humain. J’ai donc bu une goulée de Vinsobres.
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Puis j’ai mélangé les verres, les lettres et la ponctuation, j’ai joué de la métaphorminx et nous avons parlé ma « langue à un » selon l’expression de Valère. Puis, sans penser au lendemain, j’ai rebattu les verres, les lettres et la ponctuation.
#Valère Novarina#Domaine Chaume-Arnaud#Vinsobres#Rugby#Nyons#Biodynamie#Une langue inconnue#Mas de Libian#Domaine Gramenon
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00:00:00 - "Hanging Gardens"- The Necks 00:57:43 - "Lonh, For Soprano & Electronics" - Kaija Saariaho 01:12:43 - "Mahakala Sadhana/Dagkye" - David Lewiston 01:38:33 - "Peaux" - Les Percussions De Strasbourg / Xenakis 01:49:10 - "Figure Out" - Massacre 02:14:27 - "Les Fleurs du Mal" - Biosphere 02:25:11 - "Contemplation Part.1" - Fred Gianelli 02:52:43 - "Der Pendler" - Fritz Hauser 03:05:15 - "Saturn" - John Coltrane 03:16:47 - "Consume Red" - Ground-Zero 04:13:45 - "Le Drame de la Vie" - Valère Novarina 04:17:56 / END Mixed by Dj Bouto #ambient #contemporary #trance
#the necks#kaija saariaho#david lewiston#xenakis#massacre#biosphere#fred gianelli#fritz hauser#john coltrane#ground-zero#valère novarina#ambient#contemporary#trance
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valère novarina "l'inquiétude rythmique"
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Moi en 2011, des siècles avant ma conversion, munie d'un stabylo vert : W O H
(Devant la parole, Valère Novarina)
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Ainsi les mains en savent plus que nous, lorsque, commençant le livre avant les yeux, elles l’ouvrent sans savoir, déploient les feuilles, déplient les zigzags, défroissent, déversent les lettres à l’espace. La main sait avant.
Valère Novarina, La Quatrième Personne du singulier, P.O.L, 2012
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Pure language. Walter Benjamin.
A few weeks ago I walked to Portbou. In Walter Benjamin’s and Jan’s footsteps. Back home I started reading Benjamin’s “The Task of the Translator” from 1923. http://www.ricorso.net/rx/library/criticism/guest/Benjamin_W/Benjamin_W1.htm
Some notes: I liked encountering a very “contemporary” concept of life: The concept of life is given its due only if everything that has a history of its own, and is not merely the setting for history, is credited with life. In the final analysis, the range of life must be determined by history rather than by nature...
I was also very much charmed by Benjamin’s idea of translation as a form of art concerned with what happens when one language passes into another. a translation, instead of resembling the meaning of the original, must lovingly and in detail incorporate the original’s mode of signification, thus making both the original and the translation recognizable as fragments of a greater language,
And that greater language was called pure language.
all suprahistorical kinship of languages rests in the intention underlying each language as a whole - an intention, however, which no single language can attain by itself but which is realized only by the totality of their intentions supplementing each other: pure language.
It is the task of the translator to release in his own language that pure language which is under the spell of another, to liberate the language imprisoned in a work in his re-creation of that work. For the sake of pure language he breaks through decayed barriers of his own language.
(Valère Novarina - creuser une langue dans la sienne.)
This pure language has biblical connotations: "For then I will restore to the peoples a pure language, that they all may call on the name of the LORD, to serve Him with one accord" Zephaniah 3: 9, and is mostly understood as a language understood by all. For me it’s an utopia, unattainable but interesting. In the project Distant Movements we reach for/play with something equally (im)possible, abstract, but stimulating called "mouvement pur” : movements devoid of intention.
Benjamin’s allmost 100 year old article still inspires also others. In her article Pure Language 2.0: Walter Benjamin’s Theory of Language and Translation Technology, Mathelinda Nabugodi asks herself: “If we merge Benjamin’s contention that translation is an art form with his later argument that the history of art forms cannot be separated from the technical standards of their time, the question arises whether the introduction of machine translation, a radically changed technical standard for the practice of translation, creates what is, in effect, a new linguistic art form.”
Provocative language :).
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Pendant une recherche pour savoir, si François, avait fait un article, sur les bibliothèque Fantôme, type La bibliothèque Z.
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POST-SCRIPTUM 827
VARIOUS ARTISTS, OU (2002)
« Bouche, anus. Sphincters. Muscles ronds fermant not’tube. L’ouverture et la fermeture de la parole. » C’est par le rappel de ces vérités essentielles que Valère Novarina commence sa lettre aux acteurs, que l’on pourrait tout aussi bien adresser à ceux qui s’adonnent à l’art de la performance et aux poètes sonores. Car « poumonant » et « musiquant » leurs textes avec conviction, c’est avec la bouche, bien sûr, mais pas que (non plus), que les plus exaltants de ces derniers écrivent pour les oreilles, le corps et l’esprit, se gonflant d’air avant de pousser la gueulante, exhalant parfois jusqu’à l'asphyxie finale, à bout de souffle. Pour les poètes sonores, il est courant de « mâcher » son texte avant de l’avaler et déglutir dans des rites cannibales d’une intense sauvagerie. D’ouvrir les vannes d’orgiaques spasmodies. De « déféquer » gargouillis et borborygmes sans souci d’intelligibilité, tel un chamane à la recherche du rythme de la dépense, de l’usure et de l’expiration. Ainsi de Julien Blaine exultant haut et fort, dans un clin d’œil au Francis Picabia de « Jésus Christ Rastaquouère », qu’il n'est ni peintre, ni musicien, ni cuisinier, ni chorégraphe… Ainsi d’Étant Donnés célébrant une étrange cérémonie du Verbe. Mais aussi d’Henri Chopin explorant de ses claquements labiaux le grain et la tessiture de la voix, ou de Serge Pey improvisant des rituels aux relents d’émeute. Véritable brasier de la poésie faite vie, la poésie sonore cherche à expulser la vieille langue imposée à tous, pour la remplacer par un épatant boucan en prise directe depuis l’endroit où ça parle.
C’est en dehors des chemins balisés par les langues nationales répertoriées qu’il est possible de créer des œuvres originales à partir des phonèmes qui s’offrent à nous. Ainsi, faire du bruit des mots, de la voix et de la parole, de son énonciation et de son flux, est la principale préoccupation des poètes sonores. Autrement dit : contracter, séparer, multiplier, raccourcir, allonger, déformer, façonner et ordonner. Echantillonner, triturer, monter et mixer. Les mots sont explorés ; leurs formes sont fragmentées, puis enchevêtrées ; leurs timbres sont trafiqués (ou pas) par la technologie, testés dans une expérience critique du matériau. Tout texte dont le sens est « perdu » (le résultat d’une lecture dans une langue que l’on connait peu ou pas suffit) peut être considéré comme poésie sonore. On n’en capte plus alors que l’essentiel, l’armature – le phrasé. Exit le sens. Ne compte plus que la forme, support d’une expérience sensorielle nouvelle flirtant avec les limites de la sémantique.
Altérité du langage écrit / parlé, transformation de la langue, performance visant à mettre en contact direct émetteur et récepteur, spatialisation d’un discours vécu et tenant du chamanisme, dimension sonore et visuelle de la lisibilité (dans ces deux derniers cas, le poète, habité, est parcouru par sa poésie) sont quelques-uns des éléments moteurs de la poésie sonore, qui par ailleurs prend sa source en de multiples endroits, tout à la fois chez le futuriste Filippo Tommaso Marinetti et chez les dadaïstes.
Au fil du temps, la poésie sonore s’est également nourrie de John Cage et Allan Kaprow, comme du groupe Gutaï et de certains écrivains de la Beat Generation (William S. Burroughs, Kennth Rexroth, John Giorno, Lawrence Ferlinghetti). Dans le monde entier des associations rendirent compte de son activité (Polyphonix en France, Giomo Poetry Systems à New York, Festival Dei Poeti à Rome, One World Poetry à Amsterdam). Et l’n peut même classer ses adeptes par familles : ceux qui récupèrent et détournent les techniques des traditions orales primitives (Tristan Tzara, Jerome Rothenberg) ; explorent litanie et répétitivité (Jean-Luc Parant, Michèle Metail, Charles Amirkhanian) ; utilisent les ressources de la technologie (Bernard Heidseick, Pierre-André Arcand, Henri Chopin, Sten Hanson) ; ou se limitent à l’action pure et simple de la performance en direct (Julien Blaine, Joël Hubaut, Arnaud Labelle-Rojoux).
Le Soulèvement de la jeunesse et l’ultra-lettrisme marquent les débuts d’Henri Chopin. François Dufrêne improvise des poèmes criés tandis qu’Isidore Isou réalise son film-manifeste Traité de bave et d’éternité. Et Sten Hanson note dans La Poésie Sonore Internationale : « La poésie sonore est née à Paris au début des années 1950. Henri Chopin n’était pas le premier à utiliser le magnétophone comme outil du poète, mais il était assurément le premier à réaliser les possibilités fondamentalement différentes qu’il découvrait en chaque poète oral, et il fut le premier à rendre ce phénomène théoriquement clair. Conséquent avec lui-même, il devint le premier éditeur régulier, et, pendant dix ans, le seul vraiment important de la poésie sonore avec la revue OU. »
Pendant longtemps, Henri Chopin bricole avec des outils technologiques peu performants, préférant privilégier le langage. Chez lui, la poésie est « temps en marche », et non « la tradition, qui n’existe pas ». La poésie ne peut être figée, elle se doit « d’interroger le verbe au-delà des sémantiques connues ». Audio-poète, dactylo-poète, son parcours est marqué par une fidélité obsessionnelle à servir l’expérimentation sur la langue, à faire don, à communiquer par le biais de son alphabet, à en jouir. À la recherche du squelette des mots, ses performances – sans déclamation, ni récitation – célèbrent un théâtre ouvert aux sons, « une fresque de l’impalpable voix » où se mêlent le physique et l’électronique. Henri Chopin travaille sur le grain de la voix et sa tessiture ; sur le souffle et les vibrations ; sur les résonances corporelles ; tout en utilisant microphones et magnétophones préparés, à la manière d’un John Cage, comme un « microscope de la voix et des sons, qui amplifie, les analyse, les décortique ». William S. Burroughs : « L'incohérence est préférable à l’ordre qui réforme. »
( François Dufrêne, par là )
#henri chopin#valère novarina#john cage#william s. burroughs#françois dufrêne#sten hanson#isidore isou#agitation frite 3#agitation frite#lenka lente#philippe robert#allen ginsberg#john giorno#tristan tzara#bernard heidsieck#julien blaine#joël hubaut#arnaud labelle-rojoux#lawrence ferlinghetti#kenneth rexroth#étant donnés#francis picabia#serge pey#post-scriptum#merzbo derek
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« Dans l’écriture, toute la caverne du corps résonne de mémoire ; les mots creusent et tressent une fugue ; ils descendent, par la danse, dans la matière même de la pensée... Écriture et lecture sont des expériences éprouvantes, épuisantes, et qui font renaître comme la nage. On en sort épuisé et plus souple ; notre corps est ajouré. Tout ce qu’on nomme est ouvert d’avoir été davantage creusé. » Valère Novarina | Devant la parole
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Valère Novarina - Si un jour je suis
Valère Novarina – Si un jour je suis
image: montage perso avec au départ un tableau de V Velickovic
Si un jour je suis, vous offrirez ma viande de vie aux animaux. Si un jour je suis, je vous offrirai ma vie pour la manger. Rien correspond aux sons que j’entends. J’ai peint mes deux oreilles qui sont en bleu : j’avais déjà peint les deux pieds de ma chaise en vide.
Enfant, j’avais déjà peint de travers un chien tout noir entier en…
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Valère Novarina : "Pour moi les mots sont des animaux semi-sauvages" “Nous pénétrons, grâce à cette masterclasse, dans les arcanes de l'oeuvre littéraire, plastique et théâtrale de l'artiste total Valère Novarina. Il y raconte le chemin jusqu'à l'écriture, son rapport au langage, aux langues, à la théorie et sa vision du travail.“ https://www.franceculture.fr/emissions/les-masterclasses/valere-novarina-pour-moi-les-mots-sont-des-animaux-semi-sauvages « J’ai toujours pratiqué la littérature non comme un exercice intelligent mais comme une cure d’idiotie. Je m’y livre laborieusement, méthodiquement, quotidiennement, comme à une science d’ignorance : descendre, faire le vide, chercher à en savoir tous les jours un peu moins que les machines. Dessiner par accès, chanter par poussée, écrire dans le temps, pratiquer le dessin comme une écriture publique, peindre sans fin, chanter des hiéroglyphes, des figures humaines réduites à quelques syllabes et traits, dresser la liste de tous les noms, parler latin, appeler 2587 personnages parlants, traverser toutes les formes. (…) Je quitte ma langue, je passe aux actes, je chante tout, j’émets sans cesse des figures humaines, je dessine le temps, je chante en silence, je danse sans bouger, je ne sais pas où je vais, mais j’y vais très méthodiquement, très calmement : pas du tout en théoricien éclairé mais en écrivain pratiquant, en m’appuyant sur une méthode, un acquis moral, un endurcissement, en partant des exercices et non de la technique ou des procédés, en menant les exercices jusqu’à l’épuisement : crises organisées, dépenses calculées, peinture dans le temps, écriture sans fin ; tout ça, toutes ces épreuves, pour m’épuiser, pour me tuer, pour mettre au travail autre chose que moi, pour aller au-delà de mes propres forces, au-delà de mon souffle , jusqu’à ce que la chose parte toute seule, sans intention, continue toute seule, jusqu’à ce que ce ne soit plus moi qui dessine, écrive, parle, peigne. (…) Je n’ai jamais supporté l’idée que quelqu’un fasse quelque chose. Mes livres, j’ai mis chaque fois cinq ans à les faire, des milliers d’heures, de corrections maniaques ; mais ils se sont faits tout seuls. Je n’ai jamais écrit aucun de mes livres. »Valère Novarina, Pendant la matière, 1991, p.163.
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Aujourd'hui où tout pivote, se déclenche, s'enchaîne à grande vitesse - et où nous pouvons partout reproduire, atteindre, communiquer et tuer instantanément -, la question de la représentation est au centre: la question des images, la querelle des mots... Il y a une lutte contre les images qui urge, un combat à mener à nouveau contre l'envoûtement et notre soumission aux idoles. La poésie est comme un coup porté au monde par-dedans. C'est une forme acérée du langage, une guerre dans la pensée contre ce qui est autour de nous communément propagé: les mots ne vibrent et ne répandent leurs fortes ondulations que s'ils ont, comme la flèche, frappé très exactement au coeur précis. C'est alors qu'ils résonnent comme des projectiles centrés juste. Ecrire tranche, et il n'y a rien de plus proche de l'action du poète que l'ouïe méticuleuse, la précision aiguë du juriste. Jamais le théâtre, en tant que lieu où l'image se fissure et scène d'interrogation du langage, n'aura été autant au coeur du monde. Jamais la poésie n'aura été plus politique.
Valère Novarina Quelques traces de craie dans le ciel, Anthologie poétique francophone du XXe siècle
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Coll. « contre-attaque » :
— Hermine Karagheuz, Roger Blin, une dette d’amour, postface de Valère Novarina, Ypsilon éditeur, juin 2021 »
— Maria Attanasio, Concetta et ses femmes, traduction de Laura Brignon, Ypsilon éditeur, février 2021 »
— Bei Dao, S’ouvrent les portes de la ville, traduction de Chantal Chen-Andro, Ypsilon éditeur, juin 2020 »
#Ypsilon#book cover#book design#bei dao#maria attanasio#hermine karagheuz#arnhem#fonts in use#Brunel
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J'ai vu Les Personnages de la pensée de Valère Novarina et j'ai trop kiffé, ça m'a fait TELLEMENT de bien.
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Le temps ne passe pas, il t’offre. Chacun paraît, entre sur cette portée : l’inhumanité du temps. Et en même temps, le temps qui nous perd, le temps de perdition est rédempteur ; le temps est sauveur ; ouvreur, si tu veux bien l’embrasser entièrement, de a à z.
Valère Novarina, La Quatrième personne du singulier, P.O.L, 2012
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Nom de nom ! (C’est du propre, de Jacques Barbaut, par Roger-Yves Roche)
Tout ce que les écrivains, poètes, philosophes, critiques ont dit, écrit, pensé, rêvé sur et autour du nom propre se retrouve dans un livre patchwork signé Jacques Barbaut, C’est du propre.
On sait, ou on ne sait pas, que Jacques Barbaut n’est pas exactement ou plutôt pas complètement ou peut-être pas entièrement l’auteur de ses livres. Qu’il les remplit des mots des autres, comme d’autres leur valise de chemises : citations, notations, collages, traits de plume et d’esprit, lettres en folie, on trouve de tout dans la casse de Barbaut, la littérature majuscule et minuscule, avec toujours quelques noms qui reviennent, au caractère bien trempé : Perec, Debord, Jarry, pour ne citer qu’eux.
Mais le lecteur aurait sans doute dû commencer par le commencement. Car l’auteur qui n’en est pas tout à fait un, en plus d’être poète de naissance, est aussi lecteur-correcteur de métier. Ce qui, raccourci et mis bout à bout, donne : collecteur. Ici de la lettre A (A AS Anything), là du H (H ! Hache ! Hasch !), et là encore de l’année 1960 (1960. Chronique d’une année exemplaire).
C’est du propre, quatrième livre de notre presque non-auteur, ne fait pas exception à sa règle. Car voilà picoré, en quelque deux cents pages, à peu près tout ce que les écrivains, poètes, philosophes, critiques ont dit, écrit, pensé, rêvé sur et autour du nom propre – prénoms, pseudonymes, hétéronymes, aptonymes et autres contraptonymes, guillemets et italiques compris. Et le lecteur de se délecter.
[Jacques Barbaut © Alexandre Gouzou]
Petit florilège dans le florilège :
« Maintenant je m’appelle Laurence. C’est mon prénom d’origine. J’ai réussi à ne pas l’égarer. J’ai tout perdu, mais j’ai retrouvé mon nom. » (Laurence Nobécourt)
« Swift : monosyllabe dont les trois premières lettres commencent phonétiquement par sourire avant de mimer, en leurs occlusives, le sifflement tranchant d’un rasoir – l’onomatopée d’un scalp. » (Cécile Guilbert)
« Dans Le Drame de la vie, j’ai inventé deux mille cinq cent quatre-vingt-sept personnages. Fabriquer leurs noms a été une joie totale ; ils me venaient sans efforts, comme s’ils m’étaient dictés. J’étais Adam nommant les animaux de la terre. Je voulais battre la Bible et ses mille neuf cent soixante et onze personnages. » (Valère Novarina)
« Les Noms, disait Artaud, ça ne se dit pas du haut de la tête, ça se forme dans les poumons et ça remonte dans la tête. » (cité par Christian Prigent)
« Et Rimbaud utilise son nom comme une arme contre le goût bourgeois de l’héritage de la poésie et le vit comme un destin qu’il ne sait pas. Face à la rime belle, Rimbaud fera du rim beau. » (Serge Pey)
Un nom propre, c’est un coquillage, dans lequel on entend le bruit de l’être et le bruissement de la lettre. Un signifiant en or, tel le Zátopek de Jean Echenoz, cette « machine lubrifiée par un prénom fluide : la burette d’huile Émile est fournie avec le moteur Zátopek ». Un nom propre, c’est un doigt pointé sur quelque chose, qui fait du bien, qui fait mal, qui ne fait jamais rien du tout ; qui gêne aux entournures, qui sépare, qui répare, que l’on colle, bricole : « Qui est Vadel et qui est Lamarche ? Leur nom est-il légal ou illégal, sécable ou insécable, séparé par un espace, comme les noms de famille composés, ou par un tiret, comme les noms d’usage ? » (Gaëtane Lamarche-Vadel, Le double nom).
Nom propre, parfois très commun, parfois confondu avec le nom d’un autre. Pour en rire : « Lévi-Strauss, professeur invité à l’université de Berkeley, va dîner au restaurant où il n’a pas réservé. Comme il y a une file d’attente, il donne son nom pour être appelé à son tour, et le serveur, avisé et curieux, lui pose alors cette question : « The pants or the books ? » (Nicole Lapierre, Changer de nom). Pour le pire : « Les intimes m’appellent Stan, les familiers Bernard, les indifférents Rodanski et les flics Glücksmann » (Stanislav Rodanski). Gris argent du signifié, monnaie courante ou d’échange, c’est selon : « Avec mon nom, j’ai toujours pensé que j’étais moi-même mon propre père et ma propre mère et que je n’avais besoin de personne pour n’être apparenté qu’à moi-même. » (Jean-Luc Parant)
Mais le nom propre, c’est d’abord et avant tout la signature de la littérature même, ses fondations et son soubassement, ou, si l’on préfère, son épine dorsale. Ce que nous rappelle à toutes les pages le livre dudit, ou desdits auteurs. Comment un livre naît de son nom (la Recherche hantée par le r de Proust), comment des œuvres naissent sur des noms (encore Proust, Flaubert, Zola et tous leurs personnages aux noms choisis, désirés, ruminés). Comment une auteure dit non à son nom (du père) et dit oui à un autre nom pas si éloigné du premier (Duras/Donnadieu). Comment un auteur naît d’un autre, renaît en cent autres (Stendhal, Pessoa…). Burgelin, Starobinski, Bonnefis, Buisine ont écrit des choses remarquables sur ces nomophobes et autres cas de nomicides.
Le lecteur se souvient peut-être, ou peut-être pas, de cette femme dont parle Freud dans Totem et tabou. Il vaut la peine de citer le passage dans son entier : « elle avait pris le parti d’éviter d’écrire son nom, de crainte qu’il ne tombe entre les mains de quelqu’un qui se trouverait ainsi en possession d’une partie de sa personnalité. Dans ses efforts désespérés pour se défendre contre les tentations de sa propre imagination, elle s’était imposé la règle de ne rien livrer de sa personne, qu’elle identifiait en premier lieu avec son nom, en deuxième lieu avec son écriture. Aussi a-t-elle fini par renoncer à écrire quoi que ce soit ». Ainsi va parfois l’écrivain, d’écho de son nom en écho de son nom : jusqu’à disparaître de son livre…
Rassurons-nous. Pareille mésaventure n’est pas – encore – arrivée à Jacques Barbaut. À cause ou en raison de son nom ? C’est lui qui le dit : « Il pense dans une bulle : mon nom propre est très commun ». Et David Alliot d’ajouter : « Barboter (Ty) : Se disait d’un ouvrier typographe qui pillait les caractères dans les casses des autres ouvriers, il barbotait. » Ou alors ? C’est la faute à Roubaud : « Je sais qu’il n’y a rien de plus incertain que l’onomastique des poissons… »
Source : En attendant Nadeau
https://www.en-attendant-nadeau.fr/2021/02/17/nom-barbaut/
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