#Rien K'Elles
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Rien K'Elles, le 1er réseau français de femmes franco-kurdes, a de nombreux projets pour 2024
L'association Rien K’Elles est maintenant en ordre de marche. Soixante-dix femmes franco-kurdes venues de tous les horizons étaient présentes à la soirée de lancement, le samedi 16 décembre 2023, au restaurant Avesta, dans le Xe arrondissement de Paris.
Sema, Leyla, Zerrin, Pelin, Sultane... les organisatrices n'ont pas ménagé leur peine pour faire de cette soirée une réussite.
Elles ont été accueillies par Leyla Yildiz, la vice-présidente de l'association, qui a proposé aux participantes de respecter une minute de silence en mémoire d'Abdurrahman Kizil, de Mir Perwer, un chanteur kurde réfugié politique, et d'Emine Kara, responsable du Mouvement des femmes kurdes en France... tous trois assassinés le 23 décembre 2022 dans ce même quartier de Paris.
Au menu de la soirée ensuite, le rappel de la genèse de cette belle aventure née d'une rencontre entre Leyla Yildiz et l'avocate Zerrin Bataray à qui Leyla a redonné de l'assurance. Et pour cause, c'est son métier ;-)
Ce que les fondatrices de Rien K'Elles ont résumé dans ces termes sur le bulletin d'adhésion à l'association:
"Rien K'Elles est née de la volonté de ses membres de se réunir et œuvrer ensemble. Notre mission est dédiée à aider les femmes franco-kurdes dans leur émancipation, en leur offrant les outils et le soutien nécessaires pour s'épanouir dans la société.
70 adhérentes ou futures adhérentes ont participé à la soirée inaugurale, mais plus de 200 femmes franco-kurdes ont déjà rejoint la boucle WhatsApp de l'association Rien K'Elles.
Les femmes franco-kurdes sont confrontées à de nombreux obstacles au quotidien, nous pouvons ensemble avoir un rôle essentiel pour accompagner ces femmes dans leurs réussites professionnelles et personnelles :
- protéger les droits des femmes issues des minorités, et en particulier des femmes franco-kurdes,
- porter la voix des femmes issues des minorités auprès de toute instance représentative
- promouvoir et participer à leur émancipation professionnelle, renforcer leur réseau,
- développer leur compétence : formations, ateliers …
Rejoindre notre association, c'est s'engager dans une histoire où chaque succès individuel devient le chapitre d'une aventure collective. Rejoignez-nous aujourd'hui pour être les architectes de demain. Votre histoire et vos talents sont les ingrédients qui feront de notre association le catalyseur d'un changement positif."
Le soleil du drapeau kurde au coeur du logo de Rien K'Elles, voilà de quoi éclairer le chemin des adhérentes comme Gazenk
Pour trouver plein d'aventures à mener, les 70 femmes présentes à la soirée inaugurale ont mené une réflexion sur des projets collectifs en sept petits groupes :
Communication et relations extérieures.
Etudiantes.
Entrepreneuses et futures entrepreneuses.
Universitaires et académiciennes.
Culture et sports.
Projets.
Politique.
Et les projets ont été nombreux, comme vous le constaterez dans les prochains mois.
Bravo aux cuisiniers d'Avesta pour le délicieux repas kurde.
Après le brainstorming, des invités se sont joints au repas kurde - forcément festif - qui a suivi. Citons entre autre le sénateur de Paris Rémi Féraud, mais aussi Guillaume Lacroix, le président du Parti radical de gauche, ou encore Imam Sahin, le PDG d'Ekin energy, qui est aussi un des fers de lance de l'UEFK, l'Union des entrepreneurs franco-kurdes.
La musique...
Une soirée pleine de promesse avant une année 2024 qui s'annonce sous les meilleurs auspices.
Vous pouvez suivre l'association Rien K'Elles sur LinkedIn et sur son compte Instagram rien_k_elles.
La danse... deux traditions au coeur de la culture kurde.
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Pelin Aktas, juriste... et créatrice de bijoux qui racontent l'histoire du Kurdistan : "Rien K'Elles, c'est ma famille de coeur"
Quatrième épisode de notre série de portraits sur les adhérentes de Rien K'Elles, une association qui a été créée en 2023 pour mettre en avant les femmes franco-kurdes ou issues d'autres minorités en France. Aujourd'hui, nous vous présentons Pelin Aktas.
Qui es-tu ?
Pelin Aktas est la secrétaire de l'association Rien K'Elles. / Photo @sultane_sultane_
J’ai 34 ans. Je suis juriste. Et j’ai une marque de bijoux qui s’appelle Avjîn Paris, pour laquelle j’écris des histoires pour chaque bijou. La particularité, c’est que je m’inspire de la musique kurde, des histoires kurdes, de toute l’histoire du Kurdistan et de la Mésopotamie.
Cinq mots pour te définir ?
Je suis une grande bosseuse, réaliste, altruiste, hyper sensible et loyale.
De quel Kurdistan viens-tu ?
Je viens du Baqur (NDLR : Kurdistan Nord, au Sud-Est de la Turquie). Je suis originaire de la ville de Varto où je suis née. En kurde, on dit Gimgim (ça se prononce Guemguem en français).
Dans quelles circonstances es-tu arrivée en France ?
Mon père était artisan d'art. Ma mère femme au foyer et chanteuse dans les mariages et dans les fêtes. Mais mon père, je ne l'ai pas connu de suite. C'était le seul de ses frères à revendiquer son identité kurde. Son père a essayé de le raisonner pour pas qu'il aille en prison. Mais mon père ne voulait pas. Donc, avec son cousin, ils ont décidé de partir en Allemagne. Je n'avais pas trois semaines quand mon père est parti. Son cousin est resté en Allemagne, mon père est venu en France où il a eu le statut de réfugié politique en 1992. Ma mère et moi avons tenté de le rejoindre avant. On a essayé de fuir la Turquie avec des passeurs. Ce sont vraiment de gros arnaqueurs. On se faisait toujours refouler à la frontière de la Turquie et de la Grèce et on revenait à chaque fois chez mon grand-père maternel. Mais heureusement, quand mon père a eu le statut de réfugié, on a pu faire une demande de réunification familiale et finalement, nous sommes arrivées par avion pour nous installer en banlieue parisienne.
Comment s'est passée l'intégration pour toi ?
Nous sommes restés six mois chez le neveu de Yilmaz Guney (NDLR: un célèbre écrivain et réalisateur kurde). Là, je pleurais tous les jours. Je voulais rentrer à Varto, retrouver mon grand-père maternel, mes animaux, ma montagne. Mais on a fini par déménager pour aller habiter... un sous-sol de garage où il n'y avait même pas une fenêtre. Nous y avons passé un an. J'étais en CP. Cela ne m'a pas empêchée d'apprendre. J'étais surdouée apparemment. A la fin du CP, on m'a fait sauter une classe et je suis passée directement en CE2. Entre temps, nous sommes passés du garage en sous-sol à un 14m2 où nous vivions tous les trois, avec un WC et une salle de bain par étage. Il y avait des drogués, des proxénètes et des prostitués dans cet immeuble. Mais nous, on voulait s'intégrer. Mes parents travaillaient dans le textile et rentraient très tard. Ils m'ont très vite appris à être autonome pour la cuisine. Et bien sûr, personne ne s'occupait de mes devoirs.
Ce qui ne t'a pas empêché de garder ton année d'avance à l'école...
Effectivement, je n'ai jamais redoublé. J'adorais tellement lire que je lisais même les étiquettes des produits ménagers. La directrice de l'école Jacques-Prévert et mon prof m'avaient applaudie quand ils m'avaient entendue lire en CP. C'est à ce moment-là qu'il ont décidé de me faire sauter une classe. Ensuite, j'ai été au collège à Noisy-le-Sec puis dans un lycée à Romainville où j'ai passé un Bac techno que j'ai eu avec mention Bien. Avec le recul, je peux dire que j'aimais énormément l'école. C'était une passion. Le week-end, je m'ennuyais. Il me tardait le lundi. Le seul moment où j'ai ressenti du racisme, c'est au moment du choix du lycée. La conseillère d'orientation m'a dirigée vers une filière techno, alors que j'aurais pu faire un Bac général en dépit de quelques lacunes en math. Mais j'étais très timide. Je me suis laissée guider. Encore aujourd'hui, à 34 ans, j'ai du mal avec la prise de parole. J'ai du mal à exprimer mes sentiments, à dire non.
Et pourtant, tu es devenue juriste...
Oui, après le Bac, j'ai choisi de faire du droit à René-Descartes qui dépendait de l'université Sorbonne Cité (Paris 5). J'ai fait un master 1, puis un double master en droit privé international grâce au programme Erasmus à Istanbul où j'ai travaillé dans un cabinet d'avocats. Là, j'ai vu le racisme anti-kurde. Mais je voulais apprendre le vocabulaire juridique turc pour l'intégrer dans mon métier de juriste spécialisée dans le droit des étrangers. Un choix qui remonte à loin. Enfant déjà, je voulais faire quelque chose pour mon peuple quand je serai grande. Depuis mon enfance, je disais que j'étais Kurde. Des gens me disaient, "tu veux dire Turque". Et je répondais, "non, Kurde de Turquie". En tout cas, j'ai démissionné de ce cabinet d'avocats et je suis rentrée en France fin 2015 où j'ai commencé à travailler comme juriste dans une entreprise d'ingénierie du BTP. J'étais la seule femme. J'y suis restée 4 ans, jusqu'en 2019. Puis, j'ai travaillé un an dans une entreprise de télécommunications, toujours comme juriste. Mais j'ai entendu beaucoup de remarques misogynes; cela m'a donné envie de me mettre à mon compte en 2021. Et j'ai lancé ma boîte, PA conseil gestion, à Pavillon-sous-Bois, dans le 93. J'ai enfin réalisé ma vocation. Je suis juriste spécialisée dans le droit des étrangers. Nous avons une communauté qui a grandement besoin de repères et de guides pour pouvoir connaître ses droits. Cela marche très bien.
Pelin a créé sa première entreprise, PA conseil gestion, en 2021.
Aujourd'hui, tu te définis d'abord comme Kurde ou comme Française?
Je me sens autant Kurde que Française.
Parles-tu le kurde ?
Oui. Je parle le kurmandji.
Peux-tu nous dire une phrase en kurde ?
« Sultan, tu pir delalî . » (rires). « Soultan, tou per dèlaali », en phonétique. Soit, « Sultane, tu es très belle », dans le sens d’adorable, en français.
Pourquoi Rien K’Elles ?
Juste avant Rien K'Elles, on m'a diagnostiqué un cancer. J'ai appris ma maladie le 8 mars 2022, le jour de la journée internationale des femmes. Alors, quand j'ai vu le post de Leyla parlant du projet de création de Rien K'Elles, je lui ai de suite envoyé un message. Cette solidarité entre femmes franco-kurdes, c'est ce qui manquait à ma vie. J'ai l'impression d'avoir trouvé ma famille de coeur avec Rien K'Elles. Il y a une synergie incroyable dans cette association qui partait d’une volonté de regrouper toutes les femmes issues de minorités, particulièrement les femmes franco-kurdes. Avant chaque réunion, j'ai une poussée d'énergie incroyable; cela m'aide énormément. Leyla m'appelle "le Joker" parce que je suis partout. Je me sens énormément à ma place dans cette association qui m’a permis de réaliser mon projet Avjîn Paris.
Pelin avec Zerrin, la présidente de Rien K'Elles.
Peux-tu nous dire quelques mots sur Avjîn Paris?
Dès notre première rencontre à Rien K'Elles, en juin 2023, j'ai vu des jeunes entrepreneuses menant deux activités à la fois. Or, la création de bijoux, c'est un projet que j'avais en tête depuis quelques années. Mais je n'avais jamais eu le courage de sauter le pas avec le cabinet et mes soucis de santé. Cette première réunion de Rien K'elles m'a donné l'impulsion. J'ai travaillé sur mon projet tout l'été. Et je me suis dit que c'était possible. J'ai commencé à écrire de petites histoires en août, à Nice, au bord de la plage. Je voulais que les histoires kurdes et l'histoire de la Mésopotamie vivent à travers mes bijoux.
Pelin, une créatrice de bijoux qui racontent des histoires.
Que veut dire Avjîn?
Av, en kurde, c'est l'eau. Et jin, la vie. C'est aussi l'histoire de mon peuple entre le Tigre et l'Euphrate. Et puis, j'ai ajouté Paris car Paris c'est au coeur de la mode. Je n'ai pas envie de m'arrêter aux bijoux.
Et donc, côté associatif, quel est ton rôle au sein de Rien K'Elles ?
Je suis secrétaire générale de cette magnifique association. Au-delà de cela, je me vois un peu comme la garante de la bienveillance au sein de l’association. Je fais en sorte que tout le monde se sente bien et que les adhérentes retrouvent une part d’elle au sein de Rien K’Elles. Moi, jusqu’à l’adolescence, je l’ai très très mal vécue d'être déracinée. Par la suite, j’en ai fait une force. Ma force, ce qui fait ce que je suis, c'est que je n'ai pas oublié mon identité. Je veux aussi que ce soit une force pour des jeunes femmes dans mon cas qui sont encore étudiantes. Elles ne doivent pas se fixer des limites. Tout est possible quand on s'en donne la peine.
Tu parles de ton identité kurde. Quel est ton plat kurde préféré ?
Le Zerfet. C’est un plat de Varto. Les personnes de Bingol (prononcer Binguel en français) et Dersim le font aussi. C’est à base de yaourt, de beurre et de fromage fermenté fait maison. Et c’est cuisiné au feu de bois.
Le zerfet en image.
Est-ce que tu cuisines ?
Oui, quand j’ai le temps. Et en famille surtout, j’adore.
Ta chanson kurde préférée ?
Ma chanson kurde préférée, c’est de Ozan Şerwan. Elle s’appelle Şîrînamin (Chirinameune, en phonétique pour les francophones). Elle a une place importante pour moi, parce que ma mère me la chantait durant une période difficile de ma vie.
Peux-tu nous la fredonner ?
Avec plaisir…
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Ton livre kurde préféré ?
C’est un livre anonyme. C’est l’histoire d’un Kurde qui va au service militaire. Son commandant apprend qu’il est Kurde. Un jour, il se pose pendant la garde, la nuit. Il lui allume une cigarette et il lui dit : "Raconte-moi ton histoire en tant que Kurde." Et là, il commence en disant : « Kurdîstan çar perçeye, komutanım » (prononcer en phonétique « Kurdistan tchar pertcheye komoutaneum, pour les francophones).
En fait, ça veut dire : « Le Kurdistan est divisé en quatre, mon commandant. » (NDLR, seul le mot commandant est écrit en turc. En kurde, il aurait écrit « Fermandarê min », min à prononcer comme « men » en anglais). De là, une amitié se crée entre eux. C’est le livre qui m’a le plus marquée. C’est une personne à Varto qui me l’avait offert. C’est un tout petit livre. Je l’ai gardé pendant longtemps et je l’ai perdu. Malheureusement, il n’est plus du tout en vente, par rapport à l’histoire bien sûr. Le livre a été censuré. C’est pour cela que le nom de l’écrivain ne figure pas sur la couverture. C’est trop dommage.
Ton film kurde préféré ?
Il est d’un réalisateur suisse, Xavier Koller : « Le voyage vers l’espoir ».
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Le passage qui m’a vraiment touchée, c’est un jeune qui fait de la flûte pour que les enfants arrêtent de pleurer, alors que des passeurs les font passer par plusieurs pays. Dans ce passage, ils sont dans le compartiment le plus bas du bateau. Malheureusement, lorsqu’ils doivent changer de bateau, le jeune tombe dans les hélices. Il meurt. Et son voyage vers l’espoir s’arrête au milieu de la Méditerranée.
Ton dernier voyage au Kurdistan ?
C’était en 2021 à Varto. Il y avait un mini festival musical et culturel kurde. Très mini, parce qu’ils avaient autorisé que ça. On présentait des jolis tapis (comme celui que j'ai derrière moi), de la musique kurde... et des repas kurdes, bien sûr.
Ta devise pour le Kurdistan ?
Je pense que Jin jiyan Azadi reste le socle (Femme Vie Liberté). Mais moi, je rajouterais Aşîtî (prononcer Achiti en insistant sur le A), qui veut dire la paix. On en a besoin aussi.
Ton message à la jeune génération ?
Lisez, recherchez, étudiez. N’oubliez pas vos racines. N’oubliez pas que vous êtes Kurdes. Et surtout, surtout, surtout, parlez le kurde. Un peuple continuera d’exister tant que la langue continuera d’être parlée.
Que représente la femme kurde pour toi ?
La femme kurde est égale au principe d’autodétermination. C’est-à-dire qu’elle peut gouverner sa vie librement et sans limite. La femme kurde, pour moi, est celle qui peut briser les chaînes du féodalisme. Car, aujourd’hui, la femme kurde s’exprime davantage. Et je pense qu’elle est très bien placée pour se développer professionnellement et personnellement.
La parité, mode d’emploi…
Tout simplement, un traitement juste et égalitaire.
Liberté, égalité ou fraternité ?
Azadi, azadi, azadi! (NDLR : Grand sourire en répétant trois fois « liberté » en kurde). Commençons par la liberté. Et s’ensuivra l’égalité, la fraternité et la paix.
Ton espoir pour le Kurdistan ?
Je souhaite un pays. Et un peuple autonome, qui puisse faire ses choix, qui puisse décider ce qui lui convient, tant dans la vie publique que dans la vie privée.
A lire aussi
Sema Katkay, Française, Kurde et chef d'entreprise : une experte sur laquelle Rien K'Elles peut compter.
Contact : L'association Rien K'Elles est présente sur Instagram et LinkedIn. Cliquez sur le lien hypertexte pour accéder au groupe via LinkedIn. Sinon, vous avez aussi le mail : [email protected].
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Sema Katkay, Française, Kurde et chef d'entreprise : une experte sur laquelle Rien K'Elles peut compter
Sema Katkay a 43 ans. Elle a créé son entreprise en région parisienne (dans le 95) il y a 14 ans. Elle est aussi trésorière générale de l'association Rien K' Elles. / Photo DR.
Qui es-tu ?
Je m’appelle Sema. J’ai 43 ans. Je suis directrice d’un cabinet d’expertise comptable qui s'appelle "La Référence expertise-comptable". Et j’habite en région parisienne avec mes deux filles de 14 et 16 ans.
5 mots pour te définir ?
Je suis rigoureuse, persévérante, courageuse, bienveillante… et parfois drôle.
De quel Kurdistan viens-tu ?
Je viens du Kurdistan du Baqur. Du Kurdistan de Turquie. De la ville de Kars exactement, qui est tout à l’Est, à la frontière de l’Arménie et de la Géorgie.
Est-ce que tu parles le Kurde ?
Oui, couramment. Je parle kurmandji, donc le Kurde principalement de Turquie et de la plupart des Kurdes.
Tu peux nous dire une phrase en kurde ?
Ez ji te pir hez dikim, tu jiyan î ; ça veut dire « Je t’aime beaucoup, tu es la vie ».
Quel est ton plat kurde préféré ?
C’est les sarma, donc les feuilles de vignes farcies. Cela peut être aussi des feuilles de chou blanc farci. J’aime les deux, surtout quand c’est ma mère qui les fait. C’est encore meilleur. En kurde, ça s’appelle sarma, je pense.
Est-ce que tu cuisines ?
Oui. J’adore cuisiner. J’aime bien mixer les cuisines turques, kurdes, françaises, et un peu italiennes.
Ta chanson kurde préférée ?
Quand j’écoute les chansons kurdes, j’ai des frissons. Les chansons nous représentent et reprennent notre histoire. Mais j’en ai deux préférées. Ez Kurdistanim, qui veut dire « Je suis le Kurdistan ». C'est d'Hozam Serhad.
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Vidéo YouTube d'Ez Kurdistanim, d'Hozam Serhad.
Et, Ay dilberê. C’est Aram Tigran qui la chante. C’est un chanteur Arménien.
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Vidéo YouTube de la chanson Ay dilberê, d'Aram Tigram.
Les deux chanteurs ont essayé à travers les paroles de montrer leur amour pour le Kurdistan. Et quand j’écoute les paroles, j’ai des frissons. J’adore.
Ton livre Kurde préféré ?
Hawara Dîcleyê, de Mehmed Uzun. Qui veut dire « Les cris de Dijlê ». Dijlê étant un des plus grands fleuves du Kurdistan, qui traverse la Turquie, l’Irak et la Syrie, et qui est plus connu sous le nom du Tigre de Mésopotamie.
Tu peux nous lire un passage ?
Oui, avec plaisir. Ce livre reprend beaucoup l’histoire du Kurdistan à travers des personnalités Kurdes, et souvent sous forme de poème. Donc, je vais vous lire juste une petite partie d’un poème…
Sema lit un extrait d'un poème de Mehmed Uzun. Capture vidéo @Sultane_Sultane, extraite par Carla, toutes les trois sont membres de l'association Rien K'Elles.
"Je suis Dijlê. La patience de 1000 ans, qui tient tête aux vents et à la tempête. Je résiste au feu et aux flammes, contre tous les souvenirs et les émotions, vivant. La résistance est ma force."
Voir l'intégralité de l'interview vidéo de Sema Katkay sur le site Instagram de @rien_k_elles.
Ton dernier voyage au Kurdistan ?
C’était en avril 2022, dans ma ville natale à Kars (écrit Qers, en kurde) connue pour sa station de ski Sarikamis et le fort de Kars. Dans mon village de Kizil Klise, j’ai été sur la tombe de mon père décédé trois ans avant. Kizil Klise veut dire l’Eglise rouge, car c’était un village habité par des Arméniens à une époque. Donc, on a beaucoup d’églises ou de monuments catholiques. Je suis née dans les montagnes et je suis arrivée en France à l’âge de 2 ans.
Dépaysant de passer des montagnes à la région parisienne! Quelle place avais-tu dans la famille et comment s'est passée l'intégration en France?
Nous sommes sept frères et soeurs (3 filles et 4 garçons). Je suis l'avant-dernière et aussi la dernière à être née au Kurdistan. Mon petit frère est né en France. On parlait français à l'école, kurde à la maison, et turc avec les voisins, surtout à partir de 12 ans en ce qui me concerne, car on avait beaucoup de voisins turcs. Mon père, ouvrier chez Citroën, parlait turc aussi. Mais maman, ni le turc ni le français. Elle a 80 ans; ça m'arrive encore de traduire pour elle, lors des rendez-vous médicaux et la paperasse.
Et côté études, comment ça s'est passé?
J'ai fait l'école primaire à Garges-lès-Gonesse, le collège à Villiers-le-Bel. Après, j'ai bougé. J'ai passé un diplôme d'études comptables et financières, puis un master d'études supérieures comptables et financières (Bac+5). J'ai été la première à avoir le Bac dans la famille, et la seule à faire des études supérieures. Personne ne m'a poussé à étudier. J'ai étudié par mes propres moyens. J'ai avancé. Plus j'avançais, plus je voulais continuer. Inconsciemment, dans le fait d'être immigrée en France, il y a cette envie de prouver que tu peux réussir, pour ta famille, pour ton entourage, dans ton réseau professionnel. C'est comme ça que ça s'est passé pour moi en tout cas.
Sema en balade au Château de Vaux-le-Vicomte dans le 77./ DR
C'est aussi ce qui t'a poussé à créer ta propre entreprise il y a 14 ans?
Pour moi, c'était une façon de m'affirmer, en tant que féministe et en tant que Kurde. Peut-être même plus en tant que Kurde qu'en tant que féministe. C'est inconscient. Très souvent, les gens ne savent pas qu'on est Kurde en nous regardant. C'était ma façon de sortir de l'ombre. Ça marche bien. Aujourd'hui, nous sommes huit en comptant mon associé et moi.
Et vous avez des employés Franco-Kurdes?
On en a eues. Mais elles nous ont toutes quittés pour se marier. Vous savez, chez les Kurdes, c'est souvent le mari qui subvient aux besoins de la femme. C'est une des raisons pour laquelle la création de Rien K'Elles est une chance selon moi. Cela fait longtemps que je pousse mes filles à apprendre, à se cultiver, à se former. Je suis indépendante et je m'en sors bien. Je leur dis: étudiez, étudiez, étudiez, et ayez un métier en poche.
C'est un des objectifs de Rien K’Elles, l'association dont tu es la trésorière générale ?
Rien K’Elles a été créée pour le droit et le besoin d’émancipation. Si j'ai adhéré à ce projet, c'est parce que j'avais en moi l'envie de montrer que, nous les femmes Kurdes, on est là. On a pu faire des études. On occupe des postes importants grâce à notre travail. A ce titre, on est inspirantes. On veut sortir les femmes brillantes de l'ombre pour les mettre dans la lumière. On a des femmes talentueuses dans tous les domaines. On peut apporter quelque chose dans la vie citoyenne, dans la vie sociale, dans la vie économique. Plus de la moitié, dans les adhérentes, sont déjà entrepreneuses. Donc, on s'investit. On apporte quelque chose à la France. Car on est Française aussi avant tout. Donc, ce qu'on dit aussi en gros c'est... ne nous sous-estimez pas. Je suis aussi convaincue que Rien K’Elles va permettre et peut permettre à beaucoup de femmes de réaliser leurs rêves et leurs projets.
Que t'a apporté l'association depuis sa création fin 2023?
Rien K’Elles m’a déjà apporté beaucoup de choses. L’association m’a permis de me remettre au sport, de courir, d’avoir la volonté, l’envie, grâce au soutien et à la solidarité de nos femmes, dans tous les domaines. Sachant qu’on a des femmes talentueuses et qui ont beaucoup de potentiel. Cela m’a permis d’avoir ce courage d’affronter ce que je n’aimais pas. Et aujourd’hui, le sport est l’essence du bien-être, que ce soit pour le physique ou le mental. Donc, Rien K’Elles m’a déjà apporté ça et va m’apporter encore beaucoup de choses. Je suis persuadée que ce sera le cas pour beaucoup d’entre nous.
Et tout cela peut faire évoluer l'image des Kurdes de France selon toi?
Les Kurdes sont un peu dans la masse. Les gens ne savent pas que nous sommes Kurdes. On ne le montre pas forcément, mais nous sommes très attachés à notre culture. Les marches kurdes servent souvent à rendre hommage à nos morts, car on n'en a eu beaucoup malheureusement avec les génocides, la lutte contre Daesh. Mais à côté de ça, on veut montrer une autre image. On veut dire, effectivement, on est un peuple opprimé, un peuple qui est déraciné. Mais on est aussi un peuple qui investit, qui a beaucoup de qualités. Et on veut que ce soit reconnu tout ça.
Tout à l'heure, tu disais qu'il y avait beaucoup de femmes entrepreneuses à Rien K'Elles. Beaucoup de femmes inspirantes. C'est un message que vous voulez faire passer aux jeunes femmes d'origine Kurde nées en France, aussi ?
Pour nos générations futures, on veut vraiment donner l'exemple, effectivement. Qu'on soit Kurde ou pas, tout le monde sait aujourd'hui qu'on a tous les moyens, les supports, les outils pour pouvoir réussir en France. Mais bon, il faut les utiliser à bon escient. Donc, on peut aider les jeunes de ce point de vue-là par notre exemple. Mais on veut dire également aux jeunes de retourner à nos sources. Car ils sont un peu perdus. Ils ne sont plus dans cette Kurdicité. On veut retourner aux sources car, malheureusement, certains ont une image un peu arriérée de leurs origines. Souvent, ils veulent trop se moderniser et ils s'éloignent de leur culture. Nous, on leur dit voilà, notre culture, c'est une culture riche. On a beaucoup de choses à donner et à apprendre. Restez là-dedans et persévérez dans vos études. On veut trouver cet équilibre pour les générations futures. Leur dire, gardez votre culture, soyez modernes, et avancez comme ça.
N'est-ce pas une façon d'oeuvrer indirectement pour la reconnaissance du Kurdistan?
Bien sûr. C'est pas le but ou l'objet de notre association. Mais, à travers nos actions, ce qu'on va montrer à travers l'exemplarité de certaines de nos femmes, cela peut nous donner un poids qui nous permettra de nous faire entendre. Les Arméniens de France l'ont compris avant nous. Moi, je dis toujours, les Arméniens, sans Charles Aznavour, ils n'auraient jamais été reconnus. Et nous, c'est ce qu'on veut faire. On veut monter en puissance, à travers la culture et bien d'autres domaines, montrer l'exemplarité. Dire, on est là! C'est marrant d'ailleurs, dans la ville où j'habite, il y a beaucoup d'Arméniens qui parlent le turc et certains qui parlent le kurde. Il y a une proximité entre nous, même s'ils sont catholiques. Ils sont très accueillants, très chaleureux, un peu comme les Kurdes.
Quelle est ta devise pour le Kurdistan ?
Tout d’abord un Kurdistan uni, et un Kurdistan libre. J’adore cette phrase de Qazi Muhammad, qui était le président de la République de Mahabad (NDLR : république éphémère qui a subsisté 11 mois en 1946, avant que l’Iran ne fasse tomber le micro Etat kurde et n’exécute Qazi Muhammad le 31 mars 1947), et qui disait 2+2 = 1, un Kurdistan, donc l’union pour le Kurdistan.
En résumé, quel est ton message à la jeune génération ?
Lisez ! Cultivez-vous ! Apprenez ! Ayez des objectifs ! Ayez de la discipline dans ce que vous faites ! Vous irez beaucoup plus vite et plus loin. Et surtout, allez jusqu’au bout de vos rêves.
Que représente la femme kurde pour toi ?
C’est l’image de la résilience. Nos femmes ne sont pas que des combattantes. Ce sont des femmes inspirantes. Ce sont des femmes qui ont du talent. Qui sont ambitieuses. Des femmes qui ont des valeurs solides et des valeurs unies.
La parité, mode d’emploi ?
Pour moi, la parité c’est l’égalité. Surtout l’égalité des sexes.
Ton espoir pour le Kurdistan ?
Un Kurdistan uni. Je suis persuadée qu’avec nos blessures et nos actions, on peut avancer plus vite. J’ai espoir d’un Kurdistan uni. On héberge chacune dans notre cœur un petit Kurdistan. Et on sait qu’un jour, on va le faire vivre ce Kurdistan. Je dis toujours que, « seule, on avance vite. Mais ensemble, unis, on avance beaucoup plus loin ».
Qu’est-ce que tu entends par un Kurdistan uni ?
Un Kurdistan uni des quatre coins du Kurdistan – Baqur, Bashur, Rojava, Rojhelat – uni par sa population. Parce qu’aujourd’hui, malheureusement on a été divisés. Et cette division, elle se fait ressentir à travers les générations, à travers notre histoire. Et aujourd’hui, je reste persuadée que, si on n’a pas un Kurdistan uni, un Kurdistan libre ne sera pas forcément envisageable.
Donc, un Kurdistan entre l’Iran, l’Irak, la Syrie et la Turquie ?
C’est ça. Il y a des coutumes, des cultures, des langues aussi différentes. Le kurde a été un peu assimilé en fonction des pays de naissance ou des pays de résidence. Moi, mon Kurde, j’ai essayé de l’améliorer, le kurmandji. Mais aujourd’hui, ma mère, quand elle parle kurde, elle parle un kurde assimilé, avec beaucoup de mots turcs. Donc, pour retourner à nos origines, si on n’a pas un Kurdistan uni, une langue unique, un Kurdistan libre ne sera pas évident.
A lire ou relire
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Leyla Yildiz, la locomotive qui donne de l'assurance aux adhérentes de Rien K'Elles. Interview de Leyla Yildiz, la cofondatrice de Rien K'Elles avec Zerrin Bataray. Publié le 12 février 2024.
Contact : L'association Rien K'Elles est présente sur Instagram et LinkedIn. Cliquez sur le lien hypertexte pour accéder au groupe via LinkedIn. Sinon, vous avez aussi le mail : [email protected].
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Leyla Yildiz, la locomotive qui donne de l'assurance aux adhérentes de Rien K'Elles
Leyla Yildiz, 35 ans, courtière en assurances d'origine Kurde, côté Baqur (Kurdistan Nord). / Photo DR
Qui es-tu ?
Leyla Yildiz. J’ai 35 ans. J'ai créé CGA assurances en 2016. Et j’habite en banlieue parisienne, pas très loin de l’aéroport Charles-de-Gaulle.
5 mots pour te définir ?
Dynamique, persuasive, empathique, loyale et très ambitieuse.
Ton Kurdistan d’origine ?
Je suis de Halfeti, dans la région de Urfa.
Du Kurdistan Nord donc (Baqur en kurde, qui est en Turquie). Et à quel âge es-tu arrivée en France ?
3 ans.
Comment se sont passés les débuts en France pour la famille ?
Quand je suis arrivée, je ne parlais pas un mot de français. Et mes parents sont les premiers immigrés de la famille. Donc, on n’avait personne pour nous guider. J’ai rencontré quelques difficultés au début de ma scolarité ; parce qu’il y avait la barrière de la langue. Mais j’ai vite appris le français et je suis devenue très vite la traductrice assermentée de la famille. Dès les 6 ans, j’ai commencé à faire de la traduction médicale, pour remplir les dossiers de mes parents… un peu comme tous les enfants d’immigrés.
Et financièrement, c'était comment?
On était en grande précarité. Il n’y a que mon papa qui bossait, d’abord dans la confection, puis dans le bâtiment. Parfois, ma mère travaillait, mais c’était compliqué avec les enfants. On est deux filles et deux garçons (nés en 1986 pour mon grand frère, 1988 pour moi, 1993 pour mon petit frère qui est aujourd’hui mon associé et 2001 pour ma petite sœur qui est aujourd’hui notre collaboratrice). Dès mes 16 ans, j’ai commencé à bosser pendant les vacances, pour donner un petit coup de pouce à mes parents.
Quel a été ton parcours scolaire et universitaire ?
J’ai passé un Bac ES (économique et social). A l’époque, je voulais faire Sciences Po, car j’étais dans un lycée ZEP où il y avait des concours un peu plus simplifiés pour accéder à Sciences PO. Sauf que ma mère avait trop peur que je parte à l’étranger pour les études. Donc, j’ai vite abandonné Sciences Po et je me suis orientée vers des études de droit. Un peu comme tous les enfants de Kurdes, motivés par la défense de la cause kurde. J’ai fait deux ans de droit. Malheureusement, ma mère s’est faite opérer du dos. Il y a eu une erreur chirurgicale. Et là, elle est restée 9 mois à l’hôpital. Mais, malgré tout ce qu’elle a vécu, c’est une grand-mère formidable.
C'est pour elle que tu as arrêté tes études de droit?
Oui. Comme j’étais la plus grande fille de la maison, j’ai dû arrêter mes études de droit, parce que j’avais toute la responsabilité de la maison sur mes épaules. Donc, je me suis réorientée en octobre 2008 sur un BTS Assurance, dans le 93.
Et tu es revenue dans le 95…
Oui, après mon mariage en 2012 avec un Kurde d’Antep (Gaziantep).
Leyla Yildiz s'est prêtée au jeu des questions réponses devant la caméra de la journaliste Sultane. Retrouvez son interview sur le compte Instagram de @rien_k_elles / Photo Instagram @sultane_sultane_
Qu’est-ce qui t’a plu dans le métier d’assureur ?
Pendant mon BTS, j’ai été piquée littéralement par le courtage en assurance. Au bout de huit mois d’alternance, mon patron a décidé d’ouvrir un deuxième point de vente. Il m’a proposé un CDI pour en prendre la tête. J’ai accepté le poste et je n’ai pas passé le diplôme finalement. J’étais responsable de l’agence, ça me prenait trop de temps. Cela dit, après, j’ai passé « l’executive master dirigeant courtier d’assurances » mis en place par l’université Paris Dauphine et Planète SNCA, le syndicat des courtiers en assurances. C’est un diplôme que j’ai eu en décembre 2023.
Le qualificatif d’ambitieuse n’est donc pas usurpé !
En fait, entre 2008 et 2015, il faut savoir que j’ai fait grandir le cabinet où j’étais collaboratrice, responsable d’agence. Et à chaque fois que je voulais quitter le poste pour aller travailler ailleurs, mes patrons me disaient : "non, non, tu restes, et on va t’augmenter". Ils me proposaient des augmentations phénoménales. 300 euros de plus par mois… Mais, étant donné que pendant cette période, je me suis mariée et que j’ai eu ma première fille (en 2014), j’ai voulu évoluer. Je commençais à m’ennuyer là où j’étais. Je voulais voler de mes propres ailes. Ils m’ont proposé d’être associée, mais pas à plus de 20%. J’ai refusé. Fin 2015, j’ai fait une rupture conventionnelle avec mes anciens patrons. J’ai contacté une de mes cousines qui est comptable. Et je lui ai proposé d’ouvrir notre propre cabinet. C’était cool. On a pu s’entraider. Ses clients ont été mes clients et mes clients sont devenus ses clients. On a commencé sous la forme d’un partenariat en janvier 2016.
C’est donc une histoire de famille, avec ton frère et ta sœur qui ont rejoint ta cousine et toi ?
(Rires). Je partageais le local avec ma cousine, mais j’étais seule. Je n’avais pas de collaborateur au début. Au bout d’un an et demi, ça se passait très très bien car je m’étais fait une petite réputation quand même dans le secteur du courtage en assurance. J’étais très carré dans mon travail. Au bout d’un an et demi donc, j’avais besoin d’embaucher une apprentie qui a fait sa licence avec moi. Puis j’ai embauché une collaboratrice à temps plein. Sauf que l’année dernière, quand j’ai fait cet executive master, j’ai revu toute ma stratégie de développement. J’ai proposé à mon frère, qui était directeur de trois agences à la Banque postale, de s’associer avec moi pour qu’on puisse développer le cabinet. Il a accepté le challenge. Il a quitté la Banque postale et nous nous sommes associés à partir de janvier 2024.
C’est tout récent !
Oui, c’est tout nouveau. Notre objectif, c’est de nous développer sur un marché cible qui est le marché des professionnels. Et d’accompagner les entreprises dans la souscription des contrats dont ils ont besoin pour exercer au mieux leur activité. J’ai beaucoup d’entreprises du BTP dans mon portefeuille, beaucoup de restaurateurs. Et j’ai plein de partenariats. Car j’ai développé mon réseau avec des experts comptables, des comptables, des avocats, des banquiers… Donc, j’ai plein d’apporteurs d’affaires qui donnent ma carte de visite. Et puis, mes clients sont très bien placés aussi pour faire de la recommandation. Etant donné qu’ils sont satisfaits de mes services, ça fait marcher le bouche-à-oreille.
Et ta sœur, elle est arrivée quand ?
Il y a deux ans et demi. Elle a fait son BTS assurance avec nous. Et là, elle est en train de passer sa licence.
Le réseau kurde fonctionne à plein régime donc ?
Oui, c’est très communautaire. 70% de mes clients sont Kurdes ou Turcs. Etant donné qu’on parle les trois langues, c’est un plus pour eux.
Leyla Yildiz ici avec Gulustan Kilinc, avocate, et Isilay Kilic, coordinatrice administrative et financière dans une commune de la banlieue parisienne. / Photo @hsnocall, de @keskesor.agency.
Tu es une pro des réseaux. Pourquoi Rien K'elles ?
Avant Rien K’elles, j’ai beaucoup aidé les femmes à se lancer dans leur business. Quand elles avaient un peu de volonté et qu’elles étaient hyper compétentes dans leur secteur d’activité, je leur disais… « mais, pourquoi pas vous » ! Il y a peut-être 4 ou 5 femmes qui ont lancé leur business simplement parce que je leur ai dit, "vous pouvez le faire", parce que je les ai motivées. On peut s’entraider. On ne contribue en rien au business les unes des autres, mais le fait de faire partir d’un réseau, ça compte. Les réseaux, c’est hyper importants. Je fais partie des Elles du courtage. C’est un groupement des femmes courtières en assurance. Je fais partie du syndicat des courtiers en assurance.
Que recherches-tu dans les réseaux?
Le fait de dialoguer avec nos consoeurs, nos confrères, ça ne peut que nous apporter de l’expérience en plus. Cela nous aide à trouver des solutions supplémentaires pour nos clients. Enfin, c’est tout ça que j’aime dans le fait d’être dans des réseaux. C’est apprendre de l’autre qui est important, en fait. Et avec Rien K’elles, ce n’est pas avec cinq femmes qu’on va pouvoir lancer ce mouvement, mais des centaines de femmes. C’est ça qui est formidable.
En l'occurrence, il s'agit d'un réseau féminin? Pourquoi ce choix, alors qu'il existait déjà un réseau d'entrepreneurs kurdes?
Il est essentiel pour les femmes avec une double culture, comme moi, Franco-Kurdes, de s’aider. Je voulais que les femmes aient une meilleure émancipation, qu’elles soient beaucoup plus libres et autonomes. Surtout, qu’elles puissent faire leurs choix, qu’elles puissent être accompagnées en tout cas pour faire le meilleur choix dans leur vie privée et professionnelle. Or, chez nous, il y a un fossé culturel à franchir.
De quel fossé culturel parles-tu?
Ce dont j’ai envie, c’est d’aider les femmes franco kurdes à réussir dans leur vie, à franchir le pas, à créer leur business, à pouvoir dire "je ne veux pas me marier ou je veux me marier. Je veux être avec un homme, ou je veux être avec une femme". Je veux qu’on dépasse tous ces blocages qu’on a. Je veux que nos filles n’aient pas peur d’étudier. Aujourd’hui, typiquement, ma petite sœur, elle a beaucoup plus de liberté que moi j’ai pu en avoir à son âge. Mais c’est parce que j’ai fait des efforts avec mes parents. J’ai fait de la pédagogie avec mes parents. J’ai discuté avec eux. Je les ai fait adhérer à mes pensées. Et aujourd’hui, ma petite sœur, elle va faire des vacances à l’étranger avec ses copines ou même ses copains. Il y a aucun problème en fait. Alors que moi, je n’ai pas pu faire Sciences Po parce qu’il fallait aller faire un an à l’étranger. Le discours des parents, c’était « Je te fais confiance. Mais je ne fais pas confiance aux gens qui sont autour de toi ».
Tu encourages donc les jeunes Kurdes à faire de la pédagogie auprès de leurs parents?
Cela marche dans les deux sens. Il faut dire à ses parents, "on peut se défendre. Qu’on soit un homme ou une femme, il n’y a pas de différence". Il faut leur dire, "si vous êtes OK que mes frères puissent partir en vacances avec leurs amis, vous êtes obligés d’être OK que ma sœur puisse partir en vacances avec ses amis". Le fait qu’ils acceptent ça, c’est de la pédagogie. Ce n’est pas facile pour eux. Ils sont en France. Ils ne parlent pas très bien le français. Il y a un blocage culturel à dépasser. Il faut donc aussi comprendre d'où viennent nos parents.
Tu veux dire qu'ils ont grandi au Kurdistan, à une autre époque?
Oui. Au village, mes parents, ils ont connu l’électricité en 1976. Ils avaient 10 ans. Pour eux, tout est allé trop vite, la technologie et le reste. Mais ils ont joué le jeu de l’évolution. Il y a des familles qui ne sont pas OK aujourd’hui que leur fille travaille, que leur fille étudie. Alors que mes parents sont fiers d’avoir une fille qui a pu réussir, entre guillemets, d’un point de vue professionnel et qui est un petit exemple pour beaucoup de jeunes filles de notre région, déjà, dans un premier temps. Ce que je veux, c’est faire évoluer les Kurdes, mais sans casser ce dialogue avec les autres générations.
Et cultiver ses racines. Quel est ton plat kurde préféré ?
J’adore manger, donc j’en ai beaucoup. Mais s’il faut en citer un, c’est le kebab d’aubergines ; ça s’appelle le Patlican kebabi en turc (kewaba bacanî ou bayant kebabi en kurde). Ma mère le fait super bien. Dans sa région, Halfeti, on cuisine énormément ce plat-là. J’adore, c’est mon plat préféré.
Tu cuisines ?
Oui. J’adore passer du temps dans la cuisine et cuisiner des bons plats pour les gens que j’aime.
Quelle est ta chanson kurde préférée ?
C’est Dayê, de Nizamettin Ariç, qui veut dire Maman (NDLR : cliquez sur le lien pour écouter la version originale). Quand j’étais petite, mon papa nous faisait beaucoup écouter Nizamettin Ariç et cette chanson m’emporte, très très loin. Sa mélodie, au début, elle est incroyable. Elle me donne des frissons et je vous incite tous à écouter.
Peux-tu nous la chanter ?
Leyla Yildiz chante Nizamettin Ariç, filmée par Sultane, membre de Rien K' Elles (voir son compte Instagram @sultane_sultane_ ).
Bravo! Et quel est ton livre kurde préféré ?
C’est un poète kurde qui a écrit un livre, mais en turc du coup. Le titre en turc, c’est Hasretinden Prangalar Eskittim, de Ahmed Arif.
La traduction en français, c’est « J’en ai usé des chaînes en ton absence ». C’est un livre de poèmes révolutionnaires, où il y a beaucoup de sentiments à l’intérieur. Et Ahmed Arif écrit des poèmes qui sont courts mais remplis de sentiments. Il dit notamment… « Ton absence est l’autre nom de l’enfer. J’ai froid, ne ferme pas tes yeux. » C’est vraiment magnifique.
Quand était ton dernier voyage au Kurdistan ?
En 2021, j’ai fait une petite tournée. J’ai démarré à Halfeti. J’ai fait Mardîn, Amed… Je me suis promenée quelques jours dans les régions kurdes. Et c’était magnifique. La population a été hyper chaleureuse. On a été très bien accueillis. Et je me sens hyper bien là-bas, parce que je suis née aussi à Halfeti. Et je suis arrivée à 3 ans en France.
Quelle est ta devise pour le Kurdistan ?
Je vais dire Jin Jîyan Azadî, Femme, Vie, Liberté. La liberté, comme disait Zerrin, est un peu le mot le plus important pour les Kurdes. Jin Jîyan Azadî, ça représente très très bien les Kurdes.
Quel est ton message à la jeune génération ?
Vous êtes les architectes du futur. Croyez en vos rêves. Visez la lune. Vous allez forcément choper une étoile. Et puis, étudiez. Étudiez dans le domaine que vous aimez, où vous êtes épanouis. Et puis, si vous avez besoin d’aide, vous pouvez compter sur Rien K’elles. On sera là pour accompagner nos jeunes dans leur réussite professionnelle et personnelle.
Que représente la femme Kurde pour toi ?
Pour moi, la femme Kurde, c’est un peu le pilier d’une maison. Elle représente énormément de choses. Parce que la femme Kurde, elle est patiente. Elle est résistante. C’est une personne qui est toujours dans le combat. Qui s’adapte même dans les pires moments. La femme Kurde, c’est celle qui, pour moi, va pouvoir donner de l’espoir en tout cas à notre communauté kurde.
La parité, mode d’emploi ?
C’est très très simple. J’invite tous les parents à éduquer dès le plus jeune âge leurs fils et leurs filles en leur donnant les bonnes techniques et la bonne éducation pour qu’il y ait cette parité. A partir d’un certain âge, ça devient très compliqué. Mais si dès le plus jeune âge, on leur donne les bonnes habitudes, je pense que plus tard la question ne se posera pas. Donc, mon message est surtout aux parents. Il faut pouvoir montrer l’exemple à leurs fils et à leurs filles aussi. Donc, la parité, pour moi, ça commence dès le plus jeune âge.
Liberté, égalité ou fraternité ?
Les trois. Je pense qu’on ne peut pas dissocier la liberté de l’égalité, et puis de la fraternité. Surtout pour nous les Kurdes qui savons vivre avec différentes communautés. Je ne pourrais pas en choisir juste un.
Ton espoir pour le Kurdistan ?
C’est que, demain, on n’ait plus à avoir peur de dire qu’on est Kurde. Et qu’on puisse faire vivre notre culture, notre langue librement. Voilà. Je pense qu’on a une force. On a une très belle culture. On a une très belle histoire. Et on est quand même la plus grande communauté au monde sans État. Malgré ça, on est résistant. Donc, je ne perds pas espoir pour notre communauté.
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Des femmes Kurdes de grand talent sortent de l'ombre : "Rien K'Elles" leur donne des ailes
L'association "Rien K'Elles" a signé officiellement ses statuts le vendredi 27 octobre 2023 à Paris, en marge du colloque international sur la diaspora kurde en Europe et en France, un colloque organisé au Sénat par l'Institut Kurde de Paris. Le 27 octobre, tout un symbole pour Zerrin Bataray, la présidente de l'association qui a semé la graine un an avant jour pour jour. Rencontre avec cette avocate de 44 ans très engagée sur la cause kurde.
Zerrin Batarya est une avocate de 44 ans qui exerce principalement en région Rhône-Alpes. Originaire du Kurdistan de Turquie, elle est mère de 2 enfants et conseillère régionale dans la région Rhône-Alpes.
Que s'est-il passé le 27 octobre 2022?
J'ai rencontré Leyla Yildiz à Paris. Elle avait répondu à un appel que j'avais lancé afin de monter une équipe de 4 personnes pour l'Oxfam Trail. Il fallait réunir 1500 euros pour participer à cette marche de 100 km à faire en moins de 30 heures, au bénéfice de la lutte contre la pauvreté et le réchauffement climatique. Leyla est courtière en assurances. Elle a fait un don généreux et financé nos casquettes floquées avec le portrait de Jina Amini, la jeune Kurde assassinée pour un voile mal porté en Iran. Le 27 octobre 2022 donc, nous nous sommes retrouvées à Paris. On a discuté et on a fait le même constat, celui d'une jeunesse kurde qui s'éloigne des partis habituels car ils créent de leur point de vue plus de divisions qu'ils n'unissent autour de la cause kurde. Cela faisait un moment que je cherchais une idée pour créer l'union sur un projet commun. Le hasard a mis Leyla sur mon chemin et ça a été comme une évidence. La sororité s'est faite de suite entre nous.
Leyla Yıldız est la Coprésidente de l'association Rien K'Elles. Elle aussi est d'origine Kurde. Elle est courtière en assurance.
C'est cette sororité qui vous a amenées toutes les deux à réfléchir à la création d'une association de femmes Kurdes?
Oui. Nous étions très prises par le travail. Et puis finalement, nous avons lancé un nouvel appel sur les réseaux sociaux en avril 2023, un peu comme on lance une bouteille à la mer. Je me suis dit, on verra bien. On pensait avoir peut-être une dizaine de réponses. Mais nous avons été submergées tout de suite. Beaucoup de femmes ont répondu à l'appel: des entrepreneuses, des magistrates, des DRH, des ingénieures, des sociologues, des créatrices de mode, une politologue, des étudiantes... des pépites, quoi! A chaque nouvelle demande d'adhésion, nous étions ébahies de voir autant de compétences.
Les premières adhérentes Kurdes de l'association Rien K'Elles qui a bien grandi depuis la première réunion en juin 2023.
Vous n'imaginiez pas autant de femmes Kurdes à des postes aussi prestigieux?
Je me doutais bien qu'il y en avait. Mais j'ignorais leur existence pour la plupart. Je me suis dit: "mais comment sommes-nous restées dans l'ombre aussi longtemps!" Et surtout, ce qui était magnifique à voir, c'était la sororité incroyable entre nous à chaque nouvelle adhésion. On pensait être une dizaine. On s'est retrouvé près de 100 en juin.
Qu'avez-vous décidé de faire de ce réseau naissant?
Notre objectif s'est rapidement porté sur l’émancipation des femmes kurdes, la sororité, l’entraide, le partage. Nous voulons être un accélérateur de vie pour les femmes et les mettre en lumière. Nous sommes désormais 155 et nous ne cessons de grossir. L'idée, c'est d'aider les étudiantes à aller beaucoup plus vite dans leur émancipation, d'accélérer l'ascension des femmes actives, mais aussi d'échanger sur la charge mentale qui peut peser parfois quand on mène de front une vie de mère et un travail, un sujet qui serait difficile à aborder s'il y avait des hommes dans l'association.
J'allais vous poser la question, car il y a un réseau de chefs d'entreprise kurdes déjà. Vous préférez donc rester entre femmes?
Nous allons travailler avec tous les acteurs et structures kurdes sans distinction. Ils nous ont d’ailleurs beaucoup aidées et nous les remercions. Mais nous sommes dans une démarche féministe en même temps. L'idée, c'est quand même d'exploser le plafond de verre qui est une triste réalité pour les femmes en général et qui plus est pour les femmes Kurdes à cause du poids culturel. On veut faire briller toutes ces femmes, et Rien K'elles, qui est donc le nom de l'association que nous avons choisi pour toutes les fédérer. On veut créer des sororités au niveau international aussi. Et cela en dehors de tout clan. Car notre objectif, c'est vraiment de créer l'unité au travers de cette association qui se veut laïque et apolitique pour travailler toutes ensemble sur des projets, en dehors de toute ligne idéologique des partis kurdes. Nous sommes convaincues que les femmes peuvent apporter des solutions là où il y a parfois des blocages. Il n'y a pas de compétition entre nous. Nous voulons faire profiter tout le monde de la dynamique. Et pour cela, nous comptons soutenir tous les projets que chaque femme voudra bien porter.
Il faut des moyens pour des projets. Comment allez-vous les financer?
Nous irons chercher des financements. Il y aura aussi un droit d'entrée pour intégrer l'association. Sauf pour les étudiantes. Pour elles, ce sera gratuit.
Le 27 octobre 2023, les membres du bureau de "Rien K'Elles" ont signé les statuts de l'association au Sénat, à Paris.
Qu'elle est la suite maintenant?
Nous allons établir un règlement intérieur dans les prochains jours, pour créer un cercle de confiance. Il ne s'agit pas d'exclure les hommes. On pourra avoir des sympathisants, pourquoi pas des membres d'honneur. Mais pour échanger, on préfère rester entre femmes; la parole est plus libre entre nous. On veut faire un vrai boulot. On a besoin d'avancer, de prouver, tout en étant indépendantes financièrement. C'est très important pour nous de montrer que l'on peut avoir un rôle unificateur alors que la diaspora kurde est fragmentée. Mais ce rôle, nous souhaitons l'avoir vers toutes les femmes. Même si la démarche vient des femmes kurdes, notre association est d’intérêt général et a vocation à aider toutes les femmes issues des minorités. Nous espérons être rejointes par des femmes de tous horizons. N’importe quelles femmes en fait, dès lors qu’elles désirent s’émanciper et contribuer à l’émancipation d’autres femmes.
Vous êtes conseillère régionale dans la région Rhône-Alpes. Allez-vous aussi pousser les femmes Kurdes à explorer le terrain de la politique française?
Effectivement. Il y a déjà quelques élues parmi nous. Une adjointe au maire, une ancienne conseillère régionale, moi qui le suis toujours... Si on peut partager notre expérience pour aider des femmes à avoir assez confiance en elles pour s'engager en politique, on le fera, quel que soit le parti. Elles choisiront. Pourvu qu'on soit visibles. Cela fait partie de la démarche d'émancipation. En juin, j'ai vu des femmes prendre le micro pour se présenter avec une toute petite voix. Je pense à une qui nous a dit timidement être ingénieur, sociologue et avoir créé son entreprise. Nous sommes là pour dire aussi aux femmes, "ce que vous faites, c'est fort, c'est puissant, c'est courageux".
D'autant plus fort que les Kurdes ont souvent connu bien des douleurs avant d'arriver en France...
Exactement. Elles ont traversé tant d'épreuves! C'est incroyable cette résilience qu'il y a en elles.
Vous même, vous êtes arrivée en France à quel âge?
J'avais 4 ans. Et toute ma vie, je me suis donnée une mission : réussir, pour moi, pour mon peuple, pour mes enfants. J'ai retrouvé ça dans toutes celles qui ont rejoint l'association. Cela fait du bien de se dire que l'on n'est pas seule à se battre. Ce sont peut-être les traumatismes passés qui nous poussent à nous surpasser.
Vous parlez d'étudiantes, autrement dit de talents en devenir, de femmes qui occupent des métiers prestigieux... Certains pourraient parler d'influenceuses. Comment recrutez-vous ? Sur cooptation? Ou n'importe qu'elle femme peut intégrer l'association Rien K'elles?
Toutes les femmes. Il suffit de s'engager à respecter la charte, autrement dit les valeurs républicaines. L'association se veut laïque et apolitique. Nous partageons des valeurs qui sont l'humanité. Notre seule limite, c'est la xénophobie, l'intolérance, le racisme. Pas de ça chez nous. Nous voulons être des unificatrices, créer un lobby de femmes que personne n’attend et ce dans tous les domaines et cercles possible, la politique, l'économie, la culture... Nous devons être partout et faire tâche d'huile.
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