#Rien K'Elles
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lephenixkurde · 1 year ago
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Rien K'Elles, le 1er réseau français de femmes franco-kurdes, a de nombreux projets pour 2024
L'association Rien K’Elles est maintenant en ordre de marche. Soixante-dix femmes franco-kurdes venues de tous les horizons Ă©taient prĂ©sentes Ă  la soirĂ©e de lancement, le samedi 16 dĂ©cembre 2023, au restaurant Avesta, dans le Xe arrondissement de Paris.
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Sema, Leyla, Zerrin, Pelin, Sultane... les organisatrices n'ont pas ménagé leur peine pour faire de cette soirée une réussite.
Elles ont Ă©tĂ© accueillies par Leyla Yildiz, la vice-prĂ©sidente de l'association, qui a proposĂ© aux participantes de respecter une minute de silence en mĂ©moire d'Abdurrahman Kizil, de Mir Perwer, un chanteur kurde rĂ©fugiĂ© politique, et d'Emine Kara, responsable du Mouvement des femmes kurdes en France... tous trois assassinĂ©s le 23 dĂ©cembre 2022 dans ce mĂȘme quartier de Paris.
Au menu de la soirée ensuite, le rappel de la genÚse de cette belle aventure née d'une rencontre entre Leyla Yildiz et l'avocate Zerrin Bataray à qui Leyla a redonné de l'assurance. Et pour cause, c'est son métier ;-)
Ce que les fondatrices de Rien K'Elles ont résumé dans ces termes sur le bulletin d'adhésion à l'association:
"Rien K'Elles est nĂ©e de la volontĂ© de ses membres de se rĂ©unir et Ɠuvrer ensemble. Notre mission est dĂ©diĂ©e Ă  aider les femmes franco-kurdes dans leur Ă©mancipation, en leur offrant les outils et le soutien nĂ©cessaires pour s'Ă©panouir dans la sociĂ©tĂ©. 
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70 adhérentes ou futures adhérentes ont participé à la soirée inaugurale, mais plus de 200 femmes franco-kurdes ont déjà rejoint la boucle WhatsApp de l'association Rien K'Elles.
Les femmes franco-kurdes sont confrontées à de nombreux obstacles au quotidien, nous pouvons ensemble avoir un rÎle essentiel pour accompagner ces femmes dans leurs réussites professionnelles et personnelles :  
- protéger les droits des femmes issues des minorités, et en particulier des femmes franco-kurdes,
- porter la voix des femmes issues des minorités auprÚs de toute instance représentative
- promouvoir et participer à leur émancipation professionnelle, renforcer leur réseau, 
- dĂ©velopper leur compĂ©tence : formations, ateliers 
 
Rejoindre notre association, c'est s'engager dans une histoire oĂč chaque succĂšs individuel devient le chapitre d'une aventure collective. Rejoignez-nous aujourd'hui pour ĂȘtre les architectes de demain. Votre histoire et vos talents sont les ingrĂ©dients qui feront de notre association le catalyseur d'un changement positif."
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Le soleil du drapeau kurde au coeur du logo de Rien K'Elles, voilà de quoi éclairer le chemin des adhérentes comme Gazenk
Pour trouver plein d'aventures à mener, les 70 femmes présentes à la soirée inaugurale ont mené une réflexion sur des projets collectifs en sept petits groupes :
Communication et relations extérieures.
Etudiantes.
Entrepreneuses et futures entrepreneuses.
Universitaires et académiciennes.
Culture et sports.
Projets.
Politique.
Et les projets ont été nombreux, comme vous le constaterez dans les prochains mois.
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Bravo aux cuisiniers d'Avesta pour le délicieux repas kurde.
AprÚs le brainstorming, des invités se sont joints au repas kurde - forcément festif - qui a suivi. Citons entre autre le sénateur de Paris Rémi Féraud, mais aussi Guillaume Lacroix, le président du Parti radical de gauche, ou encore Imam Sahin, le PDG d'Ekin energy, qui est aussi un des fers de lance de l'UEFK, l'Union des entrepreneurs franco-kurdes.
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La musique...
Une soirée pleine de promesse avant une année 2024 qui s'annonce sous les meilleurs auspices.
Vous pouvez suivre l'association Rien K'Elles sur LinkedIn et sur son compte Instagram rien_k_elles.
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La danse... deux traditions au coeur de la culture kurde.
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lephenixkurde · 9 months ago
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Pelin Aktas, juriste... et créatrice de bijoux qui racontent l'histoire du Kurdistan : "Rien K'Elles, c'est ma famille de coeur"
QuatriÚme épisode de notre série de portraits sur les adhérentes de Rien K'Elles, une association qui a été créée en 2023 pour mettre en avant les femmes franco-kurdes ou issues d'autres minorités en France. Aujourd'hui, nous vous présentons Pelin Aktas.
Qui es-tu ?
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Pelin Aktas est la secrétaire de l'association Rien K'Elles. / Photo @sultane_sultane_
J’ai 34 ans. Je suis juriste. Et j’ai une marque de bijoux qui s’appelle AvjĂźn Paris, pour laquelle j’écris des histoires pour chaque bijou. La particularitĂ©, c’est que je m’inspire de la musique kurde, des histoires kurdes, de toute l’histoire du Kurdistan et de la MĂ©sopotamie.
Cinq mots pour te définir ?
Je suis une grande bosseuse, réaliste, altruiste, hyper sensible et loyale. 
De quel Kurdistan viens-tu ?
Je viens du Baqur (NDLR : Kurdistan Nord, au Sud-Est de la Turquie). Je suis originaire de la ville de Varto oĂč je suis nĂ©e. En kurde, on dit Gimgim (ça se prononce Guemguem en français).
Dans quelles circonstances es-tu arrivée en France ?
Mon pĂšre Ă©tait artisan d'art. Ma mĂšre femme au foyer et chanteuse dans les mariages et dans les fĂȘtes. Mais mon pĂšre, je ne l'ai pas connu de suite. C'Ă©tait le seul de ses frĂšres Ă  revendiquer son identitĂ© kurde. Son pĂšre a essayĂ© de le raisonner pour pas qu'il aille en prison. Mais mon pĂšre ne voulait pas. Donc, avec son cousin, ils ont dĂ©cidĂ© de partir en Allemagne. Je n'avais pas trois semaines quand mon pĂšre est parti. Son cousin est restĂ© en Allemagne, mon pĂšre est venu en France oĂč il a eu le statut de rĂ©fugiĂ© politique en 1992. Ma mĂšre et moi avons tentĂ© de le rejoindre avant. On a essayĂ© de fuir la Turquie avec des passeurs. Ce sont vraiment de gros arnaqueurs. On se faisait toujours refouler Ă  la frontiĂšre de la Turquie et de la GrĂšce et on revenait Ă  chaque fois chez mon grand-pĂšre maternel. Mais heureusement, quand mon pĂšre a eu le statut de rĂ©fugiĂ©, on a pu faire une demande de rĂ©unification familiale et finalement, nous sommes arrivĂ©es par avion pour nous installer en banlieue parisienne.
Comment s'est passée l'intégration pour toi ?
Nous sommes restĂ©s six mois chez le neveu de Yilmaz Guney (NDLR: un cĂ©lĂšbre Ă©crivain et rĂ©alisateur kurde). LĂ , je pleurais tous les jours. Je voulais rentrer Ă  Varto, retrouver mon grand-pĂšre maternel, mes animaux, ma montagne. Mais on a fini par dĂ©mĂ©nager pour aller habiter... un sous-sol de garage oĂč il n'y avait mĂȘme pas une fenĂȘtre. Nous y avons passĂ© un an. J'Ă©tais en CP. Cela ne m'a pas empĂȘchĂ©e d'apprendre. J'Ă©tais surdouĂ©e apparemment. A la fin du CP, on m'a fait sauter une classe et je suis passĂ©e directement en CE2. Entre temps, nous sommes passĂ©s du garage en sous-sol Ă  un 14m2 oĂč nous vivions tous les trois, avec un WC et une salle de bain par Ă©tage. Il y avait des droguĂ©s, des proxĂ©nĂštes et des prostituĂ©s dans cet immeuble. Mais nous, on voulait s'intĂ©grer. Mes parents travaillaient dans le textile et rentraient trĂšs tard. Ils m'ont trĂšs vite appris Ă  ĂȘtre autonome pour la cuisine. Et bien sĂ»r, personne ne s'occupait de mes devoirs.
Ce qui ne t'a pas empĂȘchĂ© de garder ton annĂ©e d'avance Ă  l'Ă©cole...
Effectivement, je n'ai jamais redoublĂ©. J'adorais tellement lire que je lisais mĂȘme les Ă©tiquettes des produits mĂ©nagers. La directrice de l'Ă©cole Jacques-PrĂ©vert et mon prof m'avaient applaudie quand ils m'avaient entendue lire en CP. C'est Ă  ce moment-lĂ  qu'il ont dĂ©cidĂ© de me faire sauter une classe. Ensuite, j'ai Ă©tĂ© au collĂšge Ă  Noisy-le-Sec puis dans un lycĂ©e Ă  Romainville oĂč j'ai passĂ© un Bac techno que j'ai eu avec mention Bien. Avec le recul, je peux dire que j'aimais Ă©normĂ©ment l'Ă©cole. C'Ă©tait une passion. Le week-end, je m'ennuyais. Il me tardait le lundi. Le seul moment oĂč j'ai ressenti du racisme, c'est au moment du choix du lycĂ©e. La conseillĂšre d'orientation m'a dirigĂ©e vers une filiĂšre techno, alors que j'aurais pu faire un Bac gĂ©nĂ©ral en dĂ©pit de quelques lacunes en math. Mais j'Ă©tais trĂšs timide. Je me suis laissĂ©e guider. Encore aujourd'hui, Ă  34 ans, j'ai du mal avec la prise de parole. J'ai du mal Ă  exprimer mes sentiments, Ă  dire non.
Et pourtant, tu es devenue juriste...
Oui, aprĂšs le Bac, j'ai choisi de faire du droit Ă  RenĂ©-Descartes qui dĂ©pendait de l'universitĂ© Sorbonne CitĂ© (Paris 5). J'ai fait un master 1, puis un double master en droit privĂ© international grĂące au programme Erasmus Ă  Istanbul oĂč j'ai travaillĂ© dans un cabinet d'avocats. LĂ , j'ai vu le racisme anti-kurde. Mais je voulais apprendre le vocabulaire juridique turc pour l'intĂ©grer dans mon mĂ©tier de juriste spĂ©cialisĂ©e dans le droit des Ă©trangers. Un choix qui remonte Ă  loin. Enfant dĂ©jĂ , je voulais faire quelque chose pour mon peuple quand je serai grande. Depuis mon enfance, je disais que j'Ă©tais Kurde. Des gens me disaient, "tu veux dire Turque". Et je rĂ©pondais, "non, Kurde de Turquie". En tout cas, j'ai dĂ©missionnĂ© de ce cabinet d'avocats et je suis rentrĂ©e en France fin 2015 oĂč j'ai commencĂ© Ă  travailler comme juriste dans une entreprise d'ingĂ©nierie du BTP. J'Ă©tais la seule femme. J'y suis restĂ©e 4 ans, jusqu'en 2019. Puis, j'ai travaillĂ© un an dans une entreprise de tĂ©lĂ©communications, toujours comme juriste. Mais j'ai entendu beaucoup de remarques misogynes; cela m'a donnĂ© envie de me mettre Ă  mon compte en 2021. Et j'ai lancĂ© ma boĂźte, PA conseil gestion, Ă  Pavillon-sous-Bois, dans le 93. J'ai enfin rĂ©alisĂ© ma vocation. Je suis juriste spĂ©cialisĂ©e dans le droit des Ă©trangers. Nous avons une communautĂ© qui a grandement besoin de repĂšres et de guides pour pouvoir connaĂźtre ses droits. Cela marche trĂšs bien.
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Pelin a créé sa premiÚre entreprise, PA conseil gestion, en 2021.
Aujourd'hui, tu te définis d'abord comme Kurde ou comme Française?
Je me sens autant Kurde que Française.
Parles-tu le kurde ?
Oui. Je parle le kurmandji.
Peux-tu nous dire une phrase en kurde ?
« Sultan, tu pir delalĂź . » (rires). « Soultan, tou per dĂšlaali », en phonĂ©tique. Soit, « Sultane, tu es trĂšs belle », dans le sens d’adorable, en français.
Pourquoi Rien K’Elles ?
Juste avant Rien K'Elles, on m'a diagnostiquĂ© un cancer. J'ai appris ma maladie le 8 mars 2022, le jour de la journĂ©e internationale des femmes. Alors, quand j'ai vu le post de Leyla parlant du projet de crĂ©ation de Rien K'Elles, je lui ai de suite envoyĂ© un message. Cette solidaritĂ© entre femmes franco-kurdes, c'est ce qui manquait Ă  ma vie. J'ai l'impression d'avoir trouvĂ© ma famille de coeur avec Rien K'Elles. Il y a une synergie incroyable dans cette association qui partait d’une volontĂ© de regrouper toutes les femmes issues de minoritĂ©s, particuliĂšrement les femmes franco-kurdes. Avant chaque rĂ©union, j'ai une poussĂ©e d'Ă©nergie incroyable; cela m'aide Ă©normĂ©ment. Leyla m'appelle "le Joker" parce que je suis partout. Je me sens Ă©normĂ©ment Ă  ma place dans cette association qui m’a permis de rĂ©aliser mon projet AvjĂźn Paris. 
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Pelin avec Zerrin, la présidente de Rien K'Elles.
Peux-tu nous dire quelques mots sur AvjĂźn Paris?
DĂšs notre premiĂšre rencontre Ă  Rien K'Elles, en juin 2023, j'ai vu des jeunes entrepreneuses menant deux activitĂ©s Ă  la fois. Or, la crĂ©ation de bijoux, c'est un projet que j'avais en tĂȘte depuis quelques annĂ©es. Mais je n'avais jamais eu le courage de sauter le pas avec le cabinet et mes soucis de santĂ©. Cette premiĂšre rĂ©union de Rien K'elles m'a donnĂ© l'impulsion. J'ai travaillĂ© sur mon projet tout l'Ă©tĂ©. Et je me suis dit que c'Ă©tait possible. J'ai commencĂ© Ă  Ă©crire de petites histoires en aoĂ»t, Ă  Nice, au bord de la plage. Je voulais que les histoires kurdes et l'histoire de la MĂ©sopotamie vivent Ă  travers mes bijoux.
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Pelin, une créatrice de bijoux qui racontent des histoires.
Que veut dire AvjĂźn?
Av, en kurde, c'est l'eau. Et jin, la vie. C'est aussi l'histoire de mon peuple entre le Tigre et l'Euphrate. Et puis, j'ai ajoutĂ© Paris car Paris c'est au coeur de la mode. Je n'ai pas envie de m'arrĂȘter aux bijoux.
Et donc, cÎté associatif, quel est ton rÎle au sein de Rien K'Elles ?
Je suis secrĂ©taire gĂ©nĂ©rale de cette magnifique association. Au-delĂ  de cela, je me vois un peu comme la garante de la bienveillance au sein de l’association. Je fais en sorte que tout le monde se sente bien et que les adhĂ©rentes retrouvent une part d’elle au sein de Rien K’Elles. Moi, jusqu’à l’adolescence, je l’ai trĂšs trĂšs mal vĂ©cue d'ĂȘtre dĂ©racinĂ©e. Par la suite, j’en ai fait une force. Ma force, ce qui fait ce que je suis, c'est que je n'ai pas oubliĂ© mon identitĂ©. Je veux aussi que ce soit une force pour des jeunes femmes dans mon cas qui sont encore Ă©tudiantes. Elles ne doivent pas se fixer des limites. Tout est possible quand on s'en donne la peine.
Tu parles de ton identité kurde. Quel est ton plat kurde préféré ?
Le Zerfet. C’est un plat de Varto. Les personnes de Bingol (prononcer Binguel en français) et Dersim le font aussi. C’est Ă  base de yaourt, de beurre et de fromage fermentĂ© fait maison. Et c’est cuisinĂ© au feu de bois.
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Le zerfet en image.
Est-ce que tu cuisines ?
Oui, quand j’ai le temps. Et en famille surtout, j’adore.
Ta chanson kurde préférée ?
Ma chanson kurde prĂ©fĂ©rĂ©e, c’est de Ozan ƞerwan. Elle s’appelle ƞürĂźnamin (Chirinameune, en phonĂ©tique pour les francophones). Elle a une place importante pour moi, parce que ma mĂšre me la chantait durant une pĂ©riode difficile de ma vie.
Peux-tu nous la fredonner ?
Avec plaisir

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Ton livre kurde préféré ?
C’est un livre anonyme. C’est l’histoire d’un Kurde qui va au service militaire. Son commandant apprend qu’il est Kurde. Un jour, il se pose pendant la garde, la nuit. Il lui allume une cigarette et il lui dit : "Raconte-moi ton histoire en tant que Kurde." Et lĂ , il commence en disant : « KurdĂźstan çar perçeye, komutanım » (prononcer en phonĂ©tique « Kurdistan tchar pertcheye komoutaneum, pour les francophones). 
En fait, ça veut dire : « Le Kurdistan est divisĂ© en quatre, mon commandant. » (NDLR, seul le mot commandant est Ă©crit en turc. En kurde, il aurait Ă©crit « FermandarĂȘ min », min Ă  prononcer comme « men » en anglais). De lĂ , une amitiĂ© se crĂ©e entre eux. C’est le livre qui m’a le plus marquĂ©e. C’est une personne Ă  Varto qui me l’avait offert. C’est un tout petit livre. Je l’ai gardĂ© pendant longtemps et je l’ai perdu. Malheureusement, il n’est plus du tout en vente, par rapport Ă  l’histoire bien sĂ»r. Le livre a Ă©tĂ© censurĂ©. C’est pour cela que le nom de l’écrivain ne figure pas sur la couverture. C’est trop dommage. 
Ton film kurde préféré ?
Il est d’un rĂ©alisateur suisse, Xavier Koller : « Le voyage vers l’espoir ». 
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Le passage qui m’a vraiment touchĂ©e, c’est un jeune qui fait de la flĂ»te pour que les enfants arrĂȘtent de pleurer, alors que des passeurs les font passer par plusieurs pays. Dans ce passage, ils sont dans le compartiment le plus bas du bateau. Malheureusement, lorsqu’ils doivent changer de bateau, le jeune tombe dans les hĂ©lices. Il meurt. Et son voyage vers l’espoir s’arrĂȘte au milieu de la MĂ©diterranĂ©e.
Ton dernier voyage au Kurdistan ?
C’était en 2021 Ă  Varto. Il y avait un mini festival musical et culturel kurde. TrĂšs mini, parce qu’ils avaient autorisĂ© que ça. On prĂ©sentait des jolis tapis (comme celui que j'ai derriĂšre moi), de la musique kurde... et des repas kurdes, bien sĂ»r.
Ta devise pour le Kurdistan ?
Je pense que Jin jiyan Azadi reste le socle (Femme Vie LibertĂ©). Mais moi, je rajouterais AƟütß (prononcer Achiti en insistant sur le A), qui veut dire la paix. On en a besoin aussi.
Ton message à la jeune génération ?
Lisez, recherchez, Ă©tudiez. N’oubliez pas vos racines. N’oubliez pas que vous ĂȘtes Kurdes. Et surtout, surtout, surtout, parlez le kurde. Un peuple continuera d’exister tant que la langue continuera d’ĂȘtre parlĂ©e. 
Que représente la femme kurde pour toi ?
La femme kurde est Ă©gale au principe d’autodĂ©termination. C’est-Ă -dire qu’elle peut gouverner sa vie librement et sans limite. La femme kurde, pour moi, est celle qui peut briser les chaĂźnes du fĂ©odalisme. Car, aujourd’hui, la femme kurde s’exprime davantage. Et je pense qu’elle est trĂšs bien placĂ©e pour se dĂ©velopper professionnellement et personnellement. 
La paritĂ©, mode d’emploi

Tout simplement, un traitement juste et Ă©galitaire.
Liberté, égalité ou fraternité ?
Azadi, azadi, azadi! (NDLR : Grand sourire en rĂ©pĂ©tant trois fois « liberté » en kurde). Commençons par la libertĂ©. Et s’ensuivra l’égalitĂ©, la fraternitĂ© et la paix. 
Ton espoir pour le Kurdistan ?
Je souhaite un pays. Et un peuple autonome, qui puisse faire ses choix, qui puisse décider ce qui lui convient, tant dans la vie publique que dans la vie privée. 
A lire aussi
Sema Katkay, Française, Kurde et chef d'entreprise : une experte sur laquelle Rien K'Elles peut compter.
Contact : L'association Rien K'Elles est prĂ©sente sur Instagram et LinkedIn. Cliquez sur le lien hypertexte pour accĂ©der au groupe via LinkedIn. Sinon, vous avez aussi le mail : [email protected].
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lephenixkurde · 11 months ago
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Sema Katkay, Française, Kurde et chef d'entreprise : une experte sur laquelle Rien K'Elles peut compter
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Sema Katkay a 43 ans. Elle a créé son entreprise en région parisienne (dans le 95) il y a 14 ans. Elle est aussi trésoriÚre générale de l'association Rien K' Elles. / Photo DR.
Qui es-tu ?
Je m’appelle Sema. J’ai 43 ans. Je suis directrice d’un cabinet d’expertise comptable qui s'appelle "La RĂ©fĂ©rence expertise-comptable". Et j’habite en rĂ©gion parisienne avec mes deux filles de 14 et 16 ans.
5 mots pour te définir ?
Je suis rigoureuse, persévérante, courageuse, bienveillante
 et parfois drÎle.
De quel Kurdistan viens-tu ?
Je viens du Kurdistan du Baqur. Du Kurdistan de Turquie. De la ville de Kars exactement, qui est tout Ă  l’Est, Ă  la frontiĂšre de l’ArmĂ©nie et de la GĂ©orgie. 
Est-ce que tu parles le Kurde ?
Oui, couramment. Je parle kurmandji, donc le Kurde principalement de Turquie et de la plupart des Kurdes. 
Tu peux nous dire une phrase en kurde ?
Ez ji te pir hez dikim, tu jiyan Ăź ; ça veut dire « Je t’aime beaucoup, tu es la vie ».
Quel est ton plat kurde préféré ?
C’est les sarma, donc les feuilles de vignes farcies. Cela peut ĂȘtre aussi des feuilles de chou blanc farci. J’aime les deux, surtout quand c’est ma mĂšre qui les fait. C’est encore meilleur. En kurde, ça s’appelle sarma, je pense.
Est-ce que tu cuisines ?
Oui. J’adore cuisiner. J’aime bien mixer les cuisines turques, kurdes, françaises, et un peu italiennes.
Ta chanson kurde préférée ?
Quand j’écoute les chansons kurdes, j’ai des frissons. Les chansons nous reprĂ©sentent et reprennent notre histoire. Mais j’en ai deux prĂ©fĂ©rĂ©es. Ez Kurdistanim, qui veut dire « Je suis le Kurdistan ». C'est d'Hozam Serhad.
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Vidéo YouTube d'Ez Kurdistanim, d'Hozam Serhad.
Et, Ay dilberĂȘ. C’est Aram Tigran qui la chante. C’est un chanteur ArmĂ©nien.
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VidĂ©o YouTube de la chanson Ay dilberĂȘ, d'Aram Tigram.
Les deux chanteurs ont essayĂ© Ă  travers les paroles de montrer leur amour pour le Kurdistan. Et quand j’écoute les paroles, j’ai des frissons. J’adore.
Ton livre Kurde préféré ?
Hawara DĂźcleyĂȘ, de Mehmed Uzun. Qui veut dire « Les cris de DijlĂȘ ». DijlĂȘ Ă©tant un des plus grands fleuves du Kurdistan, qui traverse la Turquie, l’Irak et la Syrie, et qui est plus connu sous le nom du Tigre de MĂ©sopotamie.
Tu peux nous lire un passage ?
Oui, avec plaisir. Ce livre reprend beaucoup l’histoire du Kurdistan Ă  travers des personnalitĂ©s Kurdes, et souvent sous forme de poĂšme. Donc, je vais vous lire juste une petite partie d’un poĂšme

Sema lit un extrait d'un poÚme de Mehmed Uzun. Capture vidéo @Sultane_Sultane, extraite par Carla, toutes les trois sont membres de l'association Rien K'Elles.
"Je suis DijlĂȘ. La patience de 1000 ans, qui tient tĂȘte aux vents et Ă  la tempĂȘte. Je rĂ©siste au feu et aux flammes, contre tous les souvenirs et les Ă©motions, vivant. La rĂ©sistance est ma force."
Voir l'intégralité de l'interview vidéo de Sema Katkay sur le site Instagram de @rien_k_elles.
Ton dernier voyage au Kurdistan ?
C’était en avril 2022, dans ma ville natale Ă  Kars (Ă©crit Qers, en kurde) connue pour sa station de ski Sarikamis et le fort de Kars. Dans mon village de Kizil Klise, j’ai Ă©tĂ© sur la tombe de mon pĂšre dĂ©cĂ©dĂ© trois ans avant. Kizil Klise veut dire l’Eglise rouge, car c’était un village habitĂ© par des ArmĂ©niens Ă  une Ă©poque. Donc, on a beaucoup d’églises ou de monuments catholiques. Je suis nĂ©e dans les montagnes et je suis arrivĂ©e en France Ă  l’ñge de 2 ans.
Dépaysant de passer des montagnes à la région parisienne! Quelle place avais-tu dans la famille et comment s'est passée l'intégration en France?
Nous sommes sept frĂšres et soeurs (3 filles et 4 garçons). Je suis l'avant-derniĂšre et aussi la derniĂšre Ă  ĂȘtre nĂ©e au Kurdistan. Mon petit frĂšre est nĂ© en France. On parlait français Ă  l'Ă©cole, kurde Ă  la maison, et turc avec les voisins, surtout Ă  partir de 12 ans en ce qui me concerne, car on avait beaucoup de voisins turcs. Mon pĂšre, ouvrier chez CitroĂ«n, parlait turc aussi. Mais maman, ni le turc ni le français. Elle a 80 ans; ça m'arrive encore de traduire pour elle, lors des rendez-vous mĂ©dicaux et la paperasse.
Et cÎté études, comment ça s'est passé?
J'ai fait l'Ă©cole primaire Ă  Garges-lĂšs-Gonesse, le collĂšge Ă  Villiers-le-Bel. AprĂšs, j'ai bougĂ©. J'ai passĂ© un diplĂŽme d'Ă©tudes comptables et financiĂšres, puis un master d'Ă©tudes supĂ©rieures comptables et financiĂšres (Bac+5). J'ai Ă©tĂ© la premiĂšre Ă  avoir le Bac dans la famille, et la seule Ă  faire des Ă©tudes supĂ©rieures. Personne ne m'a poussĂ© Ă  Ă©tudier. J'ai Ă©tudiĂ© par mes propres moyens. J'ai avancĂ©. Plus j'avançais, plus je voulais continuer. Inconsciemment, dans le fait d'ĂȘtre immigrĂ©e en France, il y a cette envie de prouver que tu peux rĂ©ussir, pour ta famille, pour ton entourage, dans ton rĂ©seau professionnel. C'est comme ça que ça s'est passĂ© pour moi en tout cas.
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Sema en balade au ChĂąteau de Vaux-le-Vicomte dans le 77./ DR
C'est aussi ce qui t'a poussé à créer ta propre entreprise il y a 14 ans?
Pour moi, c'Ă©tait une façon de m'affirmer, en tant que fĂ©ministe et en tant que Kurde. Peut-ĂȘtre mĂȘme plus en tant que Kurde qu'en tant que fĂ©ministe. C'est inconscient. TrĂšs souvent, les gens ne savent pas qu'on est Kurde en nous regardant. C'Ă©tait ma façon de sortir de l'ombre. Ça marche bien. Aujourd'hui, nous sommes huit en comptant mon associĂ© et moi.
Et vous avez des employés Franco-Kurdes?
On en a eues. Mais elles nous ont toutes quittés pour se marier. Vous savez, chez les Kurdes, c'est souvent le mari qui subvient aux besoins de la femme. C'est une des raisons pour laquelle la création de Rien K'Elles est une chance selon moi. Cela fait longtemps que je pousse mes filles à apprendre, à se cultiver, à se former. Je suis indépendante et je m'en sors bien. Je leur dis: étudiez, étudiez, étudiez, et ayez un métier en poche.
C'est un des objectifs de Rien K’Elles, l'association dont tu es la trĂ©soriĂšre gĂ©nĂ©rale ?
Rien K’Elles a Ă©tĂ© crĂ©Ă©e pour le droit et le besoin d’émancipation. Si j'ai adhĂ©rĂ© Ă  ce projet, c'est parce que j'avais en moi l'envie de montrer que, nous les femmes Kurdes, on est lĂ . On a pu faire des Ă©tudes. On occupe des postes importants grĂące Ă  notre travail. A ce titre, on est inspirantes. On veut sortir les femmes brillantes de l'ombre pour les mettre dans la lumiĂšre. On a des femmes talentueuses dans tous les domaines. On peut apporter quelque chose dans la vie citoyenne, dans la vie sociale, dans la vie Ă©conomique. Plus de la moitiĂ©, dans les adhĂ©rentes, sont dĂ©jĂ  entrepreneuses. Donc, on s'investit. On apporte quelque chose Ă  la France. Car on est Française aussi avant tout. Donc, ce qu'on dit aussi en gros c'est... ne nous sous-estimez pas. Je suis aussi convaincue que Rien K’Elles va permettre et peut permettre Ă  beaucoup de femmes de rĂ©aliser leurs rĂȘves et leurs projets.
Que t'a apporté l'association depuis sa création fin 2023?
Rien K’Elles m’a dĂ©jĂ  apportĂ© beaucoup de choses. L’association m’a permis de me remettre au sport, de courir, d’avoir la volontĂ©, l’envie, grĂące au soutien et Ă  la solidaritĂ© de nos femmes, dans tous les domaines. Sachant qu’on a des femmes talentueuses et qui ont beaucoup de potentiel. Cela m’a permis d’avoir ce courage d’affronter ce que je n’aimais pas. Et aujourd’hui, le sport est l’essence du bien-ĂȘtre, que ce soit pour le physique ou le mental. Donc, Rien K’Elles m’a dĂ©jĂ  apportĂ© ça et va m’apporter encore beaucoup de choses. Je suis persuadĂ©e que ce sera le cas pour beaucoup d’entre nous. 
Et tout cela peut faire Ă©voluer l'image des Kurdes de France selon toi?
Les Kurdes sont un peu dans la masse. Les gens ne savent pas que nous sommes Kurdes. On ne le montre pas forcément, mais nous sommes trÚs attachés à notre culture. Les marches kurdes servent souvent à rendre hommage à nos morts, car on n'en a eu beaucoup malheureusement avec les génocides, la lutte contre Daesh. Mais à cÎté de ça, on veut montrer une autre image. On veut dire, effectivement, on est un peuple opprimé, un peuple qui est déraciné. Mais on est aussi un peuple qui investit, qui a beaucoup de qualités. Et on veut que ce soit reconnu tout ça.
Tout à l'heure, tu disais qu'il y avait beaucoup de femmes entrepreneuses à Rien K'Elles. Beaucoup de femmes inspirantes. C'est un message que vous voulez faire passer aux jeunes femmes d'origine Kurde nées en France, aussi ?
Pour nos générations futures, on veut vraiment donner l'exemple, effectivement. Qu'on soit Kurde ou pas, tout le monde sait aujourd'hui qu'on a tous les moyens, les supports, les outils pour pouvoir réussir en France. Mais bon, il faut les utiliser à bon escient. Donc, on peut aider les jeunes de ce point de vue-là par notre exemple. Mais on veut dire également aux jeunes de retourner à nos sources. Car ils sont un peu perdus. Ils ne sont plus dans cette Kurdicité. On veut retourner aux sources car, malheureusement, certains ont une image un peu arriérée de leurs origines. Souvent, ils veulent trop se moderniser et ils s'éloignent de leur culture. Nous, on leur dit voilà, notre culture, c'est une culture riche. On a beaucoup de choses à donner et à apprendre. Restez là-dedans et persévérez dans vos études. On veut trouver cet équilibre pour les générations futures. Leur dire, gardez votre culture, soyez modernes, et avancez comme ça.
N'est-ce pas une façon d'oeuvrer indirectement pour la reconnaissance du Kurdistan?
Bien sĂ»r. C'est pas le but ou l'objet de notre association. Mais, Ă  travers nos actions, ce qu'on va montrer Ă  travers l'exemplaritĂ© de certaines de nos femmes, cela peut nous donner un poids qui nous permettra de nous faire entendre. Les ArmĂ©niens de France l'ont compris avant nous. Moi, je dis toujours, les ArmĂ©niens, sans Charles Aznavour, ils n'auraient jamais Ă©tĂ© reconnus. Et nous, c'est ce qu'on veut faire. On veut monter en puissance, Ă  travers la culture et bien d'autres domaines, montrer l'exemplaritĂ©. Dire, on est lĂ ! C'est marrant d'ailleurs, dans la ville oĂč j'habite, il y a beaucoup d'ArmĂ©niens qui parlent le turc et certains qui parlent le kurde. Il y a une proximitĂ© entre nous, mĂȘme s'ils sont catholiques. Ils sont trĂšs accueillants, trĂšs chaleureux, un peu comme les Kurdes.
Quelle est ta devise pour le Kurdistan ?
Tout d’abord un Kurdistan uni, et un Kurdistan libre. J’adore cette phrase de Qazi Muhammad, qui Ă©tait le prĂ©sident de la RĂ©publique de Mahabad (NDLR : rĂ©publique Ă©phĂ©mĂšre qui a subsistĂ© 11 mois en 1946, avant que l’Iran ne fasse tomber le micro Etat kurde et n’exĂ©cute Qazi Muhammad le 31 mars 1947), et qui disait 2+2 = 1, un Kurdistan, donc l’union pour le Kurdistan.
En résumé, quel est ton message à la jeune génération ?
Lisez ! Cultivez-vous ! Apprenez ! Ayez des objectifs ! Ayez de la discipline dans ce que vous faites ! Vous irez beaucoup plus vite et plus loin. Et surtout, allez jusqu’au bout de vos rĂȘves.
Que représente la femme kurde pour toi ?
C’est l’image de la rĂ©silience. Nos femmes ne sont pas que des combattantes. Ce sont des femmes inspirantes. Ce sont des femmes qui ont du talent. Qui sont ambitieuses. Des femmes qui ont des valeurs solides et des valeurs unies.
La paritĂ©, mode d’emploi ?
Pour moi, la paritĂ© c’est l’égalitĂ©. Surtout l’égalitĂ© des sexes.
Ton espoir pour le Kurdistan ?
Un Kurdistan uni. Je suis persuadĂ©e qu’avec nos blessures et nos actions, on peut avancer plus vite. J’ai espoir d’un Kurdistan uni. On hĂ©berge chacune dans notre cƓur un petit Kurdistan. Et on sait qu’un jour, on va le faire vivre ce Kurdistan. Je dis toujours que, « seule, on avance vite. Mais ensemble, unis, on avance beaucoup plus loin ».
Qu’est-ce que tu entends par un Kurdistan uni ?
Un Kurdistan uni des quatre coins du Kurdistan – Baqur, Bashur, Rojava, Rojhelat – uni par sa population. Parce qu’aujourd’hui, malheureusement on a Ă©tĂ© divisĂ©s. Et cette division, elle se fait ressentir Ă  travers les gĂ©nĂ©rations, Ă  travers notre histoire. Et aujourd’hui, je reste persuadĂ©e que, si on n’a pas un Kurdistan uni, un Kurdistan libre ne sera pas forcĂ©ment envisageable.
Donc, un Kurdistan entre l’Iran, l’Irak, la Syrie et la Turquie ?
C’est ça. Il y a des coutumes, des cultures, des langues aussi diffĂ©rentes. Le kurde a Ă©tĂ© un peu assimilĂ© en fonction des pays de naissance ou des pays de rĂ©sidence. Moi, mon Kurde, j’ai essayĂ© de l’amĂ©liorer, le kurmandji. Mais aujourd’hui, ma mĂšre, quand elle parle kurde, elle parle un kurde assimilĂ©, avec beaucoup de mots turcs. Donc, pour retourner Ă  nos origines, si on n’a pas un Kurdistan uni, une langue unique, un Kurdistan libre ne sera pas Ă©vident.
A lire ou relire
Des femmes Kurdes de grand talent sortent de l'ombre : "Rien K'Elles” leur donne des ailes : interview de Zerrin Bataray, la prĂ©sidente de l'association Rien K'Elles. PubliĂ© le 30 octobre 2023.
Rien K'Elles, le 1er réseau français de femmes franco-kurdes, a de nombreux projets pour 2024. Inauguration de l'association le 16 décembre 2023. Publié le 21 décembre 2023.
Leyla Yildiz, la locomotive qui donne de l'assurance aux adhérentes de Rien K'Elles. Interview de Leyla Yildiz, la cofondatrice de Rien K'Elles avec Zerrin Bataray. Publié le 12 février 2024.
Contact : L'association Rien K'Elles est prĂ©sente sur Instagram et LinkedIn. Cliquez sur le lien hypertexte pour accĂ©der au groupe via LinkedIn. Sinon, vous avez aussi le mail : [email protected].
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lephenixkurde · 1 year ago
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Leyla Yildiz, la locomotive qui donne de l'assurance aux adhérentes de Rien K'Elles
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Leyla Yildiz, 35 ans, courtiÚre en assurances d'origine Kurde, cÎté Baqur (Kurdistan Nord). / Photo DR
Qui es-tu ?
Leyla Yildiz. J’ai 35 ans. J'ai crĂ©Ă© CGA assurances en 2016. Et j’habite en banlieue parisienne, pas trĂšs loin de l’aĂ©roport Charles-de-Gaulle.
5 mots pour te définir ?
Dynamique, persuasive, empathique, loyale et trĂšs ambitieuse.
Ton Kurdistan d’origine ?
Je suis de Halfeti, dans la région de Urfa.
Du Kurdistan Nord donc (Baqur en kurde, qui est en Turquie). Et à quel ùge es-tu arrivée en France ?
3 ans.
Comment se sont passés les débuts en France pour la famille ?
Quand je suis arrivĂ©e, je ne parlais pas un mot de français. Et mes parents sont les premiers immigrĂ©s de la famille. Donc, on n’avait personne pour nous guider. J’ai rencontrĂ© quelques difficultĂ©s au dĂ©but de ma scolarité ; parce qu’il y avait la barriĂšre de la langue. Mais j’ai vite appris le français et je suis devenue trĂšs vite la traductrice assermentĂ©e de la famille. DĂšs les 6 ans, j’ai commencĂ© Ă  faire de la traduction mĂ©dicale, pour remplir les dossiers de mes parents
 un peu comme tous les enfants d’immigrĂ©s.
Et financiĂšrement, c'Ă©tait comment?
On Ă©tait en grande prĂ©caritĂ©. Il n’y a que mon papa qui bossait, d’abord dans la confection, puis dans le bĂątiment. Parfois, ma mĂšre travaillait, mais c’était compliquĂ© avec les enfants. On est deux filles et deux garçons (nĂ©s en 1986 pour mon grand frĂšre, 1988 pour moi, 1993 pour mon petit frĂšre qui est aujourd’hui mon associĂ© et 2001 pour ma petite sƓur qui est aujourd’hui notre collaboratrice). DĂšs mes 16 ans, j’ai commencĂ© Ă  bosser pendant les vacances, pour donner un petit coup de pouce Ă  mes parents.
Quel a été ton parcours scolaire et universitaire ?
J’ai passĂ© un Bac ES (Ă©conomique et social). A l’époque, je voulais faire Sciences Po, car j’étais dans un lycĂ©e ZEP oĂč il y avait des concours un peu plus simplifiĂ©s pour accĂ©der Ă  Sciences PO. Sauf que ma mĂšre avait trop peur que je parte Ă  l’étranger pour les Ă©tudes. Donc, j’ai vite abandonnĂ© Sciences Po et je me suis orientĂ©e vers des Ă©tudes de droit. Un peu comme tous les enfants de Kurdes, motivĂ©s par la dĂ©fense de la cause kurde. J’ai fait deux ans de droit. Malheureusement, ma mĂšre s’est faite opĂ©rer du dos. Il y a eu une erreur chirurgicale. Et lĂ , elle est restĂ©e 9 mois Ă  l’hĂŽpital. Mais, malgrĂ© tout ce qu’elle a vĂ©cu, c’est une grand-mĂšre formidable.
C'est pour elle que tu as arrĂȘtĂ© tes Ă©tudes de droit?
Oui. Comme j’étais la plus grande fille de la maison, j’ai dĂ» arrĂȘter mes Ă©tudes de droit, parce que j’avais toute la responsabilitĂ© de la maison sur mes Ă©paules. Donc, je me suis rĂ©orientĂ©e en octobre 2008 sur un BTS Assurance, dans le 93.
Et tu es revenue dans le 95

Oui, aprùs mon mariage en 2012 avec un Kurde d’Antep (Gaziantep).
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Leyla Yildiz s'est prĂȘtĂ©e au jeu des questions rĂ©ponses devant la camĂ©ra de la journaliste Sultane. Retrouvez son interview sur le compte Instagram de @rien_k_elles / Photo Instagram @sultane_sultane_
Qu’est-ce qui t’a plu dans le mĂ©tier d’assureur ?
Pendant mon BTS, j’ai Ă©tĂ© piquĂ©e littĂ©ralement par le courtage en assurance. Au bout de huit mois d’alternance, mon patron a dĂ©cidĂ© d’ouvrir un deuxiĂšme point de vente. Il m’a proposĂ© un CDI pour en prendre la tĂȘte. J’ai acceptĂ© le poste et je n’ai pas passĂ© le diplĂŽme finalement. J’étais responsable de l’agence, ça me prenait trop de temps. Cela dit, aprĂšs, j’ai passĂ© « l’executive master dirigeant courtier d’assurances » mis en place par l’universitĂ© Paris Dauphine et PlanĂšte SNCA, le syndicat des courtiers en assurances. C’est un diplĂŽme que j’ai eu en dĂ©cembre 2023.
Le qualificatif d’ambitieuse n’est donc pas usurpé !
En fait, entre 2008 et 2015, il faut savoir que j’ai fait grandir le cabinet oĂč j’étais collaboratrice, responsable d’agence. Et Ă  chaque fois que je voulais quitter le poste pour aller travailler ailleurs, mes patrons me disaient : "non, non, tu restes, et on va t’augmenter". Ils me proposaient des augmentations phĂ©nomĂ©nales. 300 euros de plus par mois
 Mais, Ă©tant donnĂ© que pendant cette pĂ©riode, je me suis mariĂ©e et que j’ai eu ma premiĂšre fille (en 2014), j’ai voulu Ă©voluer. Je commençais Ă  m’ennuyer lĂ  oĂč j’étais. Je voulais voler de mes propres ailes. Ils m’ont proposĂ© d’ĂȘtre associĂ©e, mais pas Ă  plus de 20%. J’ai refusĂ©. Fin 2015, j’ai fait une rupture conventionnelle avec mes anciens patrons. J’ai contactĂ© une de mes cousines qui est comptable. Et je lui ai proposĂ© d’ouvrir notre propre cabinet. C’était cool. On a pu s’entraider. Ses clients ont Ă©tĂ© mes clients et mes clients sont devenus ses clients. On a commencĂ© sous la forme d’un partenariat en janvier 2016. 
C’est donc une histoire de famille, avec ton frùre et ta sƓur qui ont rejoint ta cousine et toi ?
(Rires). Je partageais le local avec ma cousine, mais j’étais seule. Je n’avais pas de collaborateur au dĂ©but. Au bout d’un an et demi, ça se passait trĂšs trĂšs bien car je m’étais fait une petite rĂ©putation quand mĂȘme dans le secteur du courtage en assurance. J’étais trĂšs carrĂ© dans mon travail. Au bout d’un an et demi donc, j’avais besoin d’embaucher une apprentie qui a fait sa licence avec moi. Puis j’ai embauchĂ© une collaboratrice Ă  temps plein. Sauf que l’annĂ©e derniĂšre, quand j’ai fait cet executive master, j’ai revu toute ma stratĂ©gie de dĂ©veloppement. J’ai proposĂ© Ă  mon frĂšre, qui Ă©tait directeur de trois agences Ă  la Banque postale, de s’associer avec moi pour qu’on puisse dĂ©velopper le cabinet. Il a acceptĂ© le challenge. Il a quittĂ© la Banque postale et nous nous sommes associĂ©s Ă  partir de janvier 2024.
C’est tout rĂ©cent !
Oui, c’est tout nouveau. Notre objectif, c’est de nous dĂ©velopper sur un marchĂ© cible qui est le marchĂ© des professionnels. Et d’accompagner les entreprises dans la souscription des contrats dont ils ont besoin pour exercer au mieux leur activitĂ©. J’ai beaucoup d’entreprises du BTP dans mon portefeuille, beaucoup de restaurateurs. Et j’ai plein de partenariats. Car j’ai dĂ©veloppĂ© mon rĂ©seau avec des experts comptables, des comptables, des avocats, des banquiers
 Donc, j’ai plein d’apporteurs d’affaires qui donnent ma carte de visite. Et puis, mes clients sont trĂšs bien placĂ©s aussi pour faire de la recommandation. Etant donnĂ© qu’ils sont satisfaits de mes services, ça fait marcher le bouche-Ă -oreille.
Et ta sƓur, elle est arrivĂ©e quand ?
Il y a deux ans et demi. Elle a fait son BTS assurance avec nous. Et lĂ , elle est en train de passer sa licence.
Le réseau kurde fonctionne à plein régime donc ?
Oui, c’est trĂšs communautaire. 70% de mes clients sont Kurdes ou Turcs. Etant donnĂ© qu’on parle les trois langues, c’est un plus pour eux.
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Leyla Yildiz ici avec Gulustan Kilinc, avocate, et Isilay Kilic, coordinatrice administrative et financiĂšre dans une commune de la banlieue parisienne. / Photo @hsnocall, de @keskesor.agency.
Tu es une pro des réseaux. Pourquoi Rien K'elles ?
Avant Rien K’elles, j’ai beaucoup aidĂ© les femmes Ă  se lancer dans leur business. Quand elles avaient un peu de volontĂ© et qu’elles Ă©taient hyper compĂ©tentes dans leur secteur d’activitĂ©, je leur disais
 « mais, pourquoi pas vous » ! Il y a peut-ĂȘtre 4 ou 5 femmes qui ont lancĂ© leur business simplement parce que je leur ai dit, "vous pouvez le faire", parce que je les ai motivĂ©es. On peut s’entraider. On ne contribue en rien au business les unes des autres, mais le fait de faire partir d’un rĂ©seau, ça compte. Les rĂ©seaux, c’est hyper importants. Je fais partie des Elles du courtage. C’est un groupement des femmes courtiĂšres en assurance. Je fais partie du syndicat des courtiers en assurance.
Que recherches-tu dans les réseaux?
Le fait de dialoguer avec nos consoeurs, nos confrĂšres, ça ne peut que nous apporter de l’expĂ©rience en plus. Cela nous aide Ă  trouver des solutions supplĂ©mentaires pour nos clients. Enfin, c’est tout ça que j’aime dans le fait d’ĂȘtre dans des rĂ©seaux. C’est apprendre de l’autre qui est important, en fait. Et avec Rien K’elles, ce n’est pas avec cinq femmes qu’on va pouvoir lancer ce mouvement, mais des centaines de femmes. C’est ça qui est formidable. 
En l'occurrence, il s'agit d'un réseau féminin? Pourquoi ce choix, alors qu'il existait déjà un réseau d'entrepreneurs kurdes?
Il est essentiel pour les femmes avec une double culture, comme moi, Franco-Kurdes, de s’aider. Je voulais que les femmes aient une meilleure Ă©mancipation, qu’elles soient beaucoup plus libres et autonomes. Surtout, qu’elles puissent faire leurs choix, qu’elles puissent ĂȘtre accompagnĂ©es en tout cas pour faire le meilleur choix dans leur vie privĂ©e et professionnelle. Or, chez nous, il y a un fossĂ© culturel Ă  franchir.
De quel fossé culturel parles-tu?
Ce dont j’ai envie, c’est d’aider les femmes franco kurdes Ă  rĂ©ussir dans leur vie, Ă  franchir le pas, Ă  crĂ©er leur business, Ă  pouvoir dire "je ne veux pas me marier ou je veux me marier. Je veux ĂȘtre avec un homme, ou je veux ĂȘtre avec une femme". Je veux qu’on dĂ©passe tous ces blocages qu’on a. Je veux que nos filles n’aient pas peur d’étudier. Aujourd’hui, typiquement, ma petite sƓur, elle a beaucoup plus de libertĂ© que moi j’ai pu en avoir Ă  son Ăąge. Mais c’est parce que j’ai fait des efforts avec mes parents. J’ai fait de la pĂ©dagogie avec mes parents. J’ai discutĂ© avec eux. Je les ai fait adhĂ©rer Ă  mes pensĂ©es. Et aujourd’hui, ma petite sƓur, elle va faire des vacances Ă  l’étranger avec ses copines ou mĂȘme ses copains. Il y a aucun problĂšme en fait. Alors que moi, je n’ai pas pu faire Sciences Po parce qu’il fallait aller faire un an Ă  l’étranger. Le discours des parents, c’était « Je te fais confiance. Mais je ne fais pas confiance aux gens qui sont autour de toi ».
Tu encourages donc les jeunes Kurdes à faire de la pédagogie auprÚs de leurs parents?
Cela marche dans les deux sens. Il faut dire Ă  ses parents, "on peut se dĂ©fendre. Qu’on soit un homme ou une femme, il n’y a pas de diffĂ©rence". Il faut leur dire, "si vous ĂȘtes OK que mes frĂšres puissent partir en vacances avec leurs amis, vous ĂȘtes obligĂ©s d’ĂȘtre OK que ma sƓur puisse partir en vacances avec ses amis". Le fait qu’ils acceptent ça, c’est de la pĂ©dagogie. Ce n’est pas facile pour eux. Ils sont en France. Ils ne parlent pas trĂšs bien le français. Il y a un blocage culturel Ă  dĂ©passer. Il faut donc aussi comprendre d'oĂč viennent nos parents.
Tu veux dire qu'ils ont grandi au Kurdistan, Ă  une autre Ă©poque?
Oui. Au village, mes parents, ils ont connu l’électricitĂ© en 1976. Ils avaient 10 ans. Pour eux, tout est allĂ© trop vite, la technologie et le reste. Mais ils ont jouĂ© le jeu de l’évolution. Il y a des familles qui ne sont pas OK aujourd’hui que leur fille travaille, que leur fille Ă©tudie. Alors que mes parents sont fiers d’avoir une fille qui a pu rĂ©ussir, entre guillemets, d’un point de vue professionnel et qui est un petit exemple pour beaucoup de jeunes filles de notre rĂ©gion, dĂ©jĂ , dans un premier temps. Ce que je veux, c’est faire Ă©voluer les Kurdes, mais sans casser ce dialogue avec les autres gĂ©nĂ©rations.
Et cultiver ses racines. Quel est ton plat kurde préféré ?
J’adore manger, donc j’en ai beaucoup. Mais s’il faut en citer un, c’est le kebab d’aubergines ; ça s’appelle le Patlican kebabi en turc (kewaba bacanĂź ou bayant kebabi en kurde). Ma mĂšre le fait super bien. Dans sa rĂ©gion, Halfeti, on cuisine Ă©normĂ©ment ce plat-lĂ . J’adore, c’est mon plat prĂ©fĂ©rĂ©.
Tu cuisines ?
Oui. J’adore passer du temps dans la cuisine et cuisiner des bons plats pour les gens que j’aime.
Quelle est ta chanson kurde préférée ?
C’est DayĂȘ, de Nizamettin Ariç, qui veut dire Maman (NDLR : cliquez sur le lien pour Ă©couter la version originale). Quand j’étais petite, mon papa nous faisait beaucoup Ă©couter Nizamettin Ariç et cette chanson m’emporte, trĂšs trĂšs loin. Sa mĂ©lodie, au dĂ©but, elle est incroyable. Elle me donne des frissons et je vous incite tous Ă  Ă©couter. 
Peux-tu nous la chanter ?
Leyla Yildiz chante Nizamettin Ariç, filmée par Sultane, membre de Rien K' Elles (voir son compte Instagram @sultane_sultane_ ).
Bravo! Et quel est ton livre kurde préféré ?
C’est un poĂšte kurde qui a Ă©crit un livre, mais en turc du coup. Le titre en turc, c’est Hasretinden Prangalar Eskittim, de Ahmed Arif.
La traduction en français, c’est « J’en ai usĂ© des chaĂźnes en ton absence ». C’est un livre de poĂšmes rĂ©volutionnaires, oĂč il y a beaucoup de sentiments Ă  l’intĂ©rieur. Et Ahmed Arif Ă©crit des poĂšmes qui sont courts mais remplis de sentiments. Il dit notamment  « Ton absence est l’autre nom de l’enfer. J’ai froid, ne ferme pas tes yeux. » C’est vraiment magnifique.
Quand était ton dernier voyage au Kurdistan ?
En 2021, j’ai fait une petite tournĂ©e. J’ai dĂ©marrĂ© Ă  Halfeti. J’ai fait MardĂźn, Amed
 Je me suis promenĂ©e quelques jours dans les rĂ©gions kurdes. Et c’était magnifique. La population a Ă©tĂ© hyper chaleureuse. On a Ă©tĂ© trĂšs bien accueillis. Et je me sens hyper bien lĂ -bas, parce que je suis nĂ©e aussi Ă  Halfeti. Et je suis arrivĂ©e Ă  3 ans en France.
Quelle est ta devise pour le Kurdistan ?
Je vais dire Jin Jßyan Azadß, Femme, Vie, Liberté. La liberté, comme disait Zerrin, est un peu le mot le plus important pour les Kurdes. Jin Jßyan Azadß, ça représente trÚs trÚs bien les Kurdes.
Quel est ton message à la jeune génération ?
Vous ĂȘtes les architectes du futur. Croyez en vos rĂȘves. Visez la lune. Vous allez forcĂ©ment choper une Ă©toile. Et puis, Ă©tudiez. Étudiez dans le domaine que vous aimez, oĂč vous ĂȘtes Ă©panouis. Et puis, si vous avez besoin d’aide, vous pouvez compter sur Rien K’elles. On sera lĂ  pour accompagner nos jeunes dans leur rĂ©ussite professionnelle et personnelle. 
Que représente la femme Kurde pour toi ?
Pour moi, la femme Kurde, c’est un peu le pilier d’une maison. Elle reprĂ©sente Ă©normĂ©ment de choses. Parce que la femme Kurde, elle est patiente. Elle est rĂ©sistante. C’est une personne qui est toujours dans le combat. Qui s’adapte mĂȘme dans les pires moments. La femme Kurde, c’est celle qui, pour moi, va pouvoir donner de l’espoir en tout cas Ă  notre communautĂ© kurde.
La paritĂ©, mode d’emploi ?
C’est trĂšs trĂšs simple. J’invite tous les parents Ă  Ă©duquer dĂšs le plus jeune Ăąge leurs fils et leurs filles en leur donnant les bonnes techniques et la bonne Ă©ducation pour qu’il y ait cette paritĂ©. A partir d’un certain Ăąge, ça devient trĂšs compliquĂ©. Mais si dĂšs le plus jeune Ăąge, on leur donne les bonnes habitudes, je pense que plus tard la question ne se posera pas. Donc, mon message est surtout aux parents. Il faut pouvoir montrer l’exemple Ă  leurs fils et Ă  leurs filles aussi. Donc, la paritĂ©, pour moi, ça commence dĂšs le plus jeune Ăąge.
Liberté, égalité ou fraternité ?
Les trois. Je pense qu’on ne peut pas dissocier la libertĂ© de l’égalitĂ©, et puis de la fraternitĂ©. Surtout pour nous les Kurdes qui savons vivre avec diffĂ©rentes communautĂ©s. Je ne pourrais pas en choisir juste un.
Ton espoir pour le Kurdistan ?
C’est que, demain, on n’ait plus Ă  avoir peur de dire qu’on est Kurde. Et qu’on puisse faire vivre notre culture, notre langue librement. VoilĂ . Je pense qu’on a une force. On a une trĂšs belle culture. On a une trĂšs belle histoire. Et on est quand mĂȘme la plus grande communautĂ© au monde sans État. MalgrĂ© ça, on est rĂ©sistant. Donc, je ne perds pas espoir pour notre communautĂ©.
Contact : L'association Rien K'Elles est prĂ©sente sur Instagram et LinkedIn. Cliquez sur le lien hypertexte pour accĂ©der au groupe via LinkedIn. Sinon, vous avez aussi le mail : [email protected].
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lephenixkurde · 1 year ago
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Des femmes Kurdes de grand talent sortent de l'ombre : "Rien K'Elles" leur donne des ailes
L'association "Rien K'Elles" a signé officiellement ses statuts le vendredi 27 octobre 2023 à Paris, en marge du colloque international sur la diaspora kurde en Europe et en France, un colloque organisé au Sénat par l'Institut Kurde de Paris. Le 27 octobre, tout un symbole pour Zerrin Bataray, la présidente de l'association qui a semé la graine un an avant jour pour jour. Rencontre avec cette avocate de 44 ans trÚs engagée sur la cause kurde.
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Zerrin Batarya est une avocate de 44 ans qui exerce principalement en région RhÎne-Alpes. Originaire du Kurdistan de Turquie, elle est mÚre de 2 enfants et conseillÚre régionale dans la région RhÎne-Alpes.
Que s'est-il passé le 27 octobre 2022?
J'ai rencontrĂ© Leyla Yildiz Ă  Paris. Elle avait rĂ©pondu Ă  un appel que j'avais lancĂ© afin de monter une Ă©quipe de 4 personnes pour l'Oxfam Trail. Il fallait rĂ©unir 1500 euros pour participer Ă  cette marche de 100 km Ă  faire en moins de 30 heures, au bĂ©nĂ©fice de la lutte contre la pauvretĂ© et le rĂ©chauffement climatique. Leyla est courtiĂšre en assurances. Elle a fait un don gĂ©nĂ©reux et financĂ© nos casquettes floquĂ©es avec le portrait de Jina Amini, la jeune Kurde assassinĂ©e pour un voile mal portĂ© en Iran. Le 27 octobre 2022 donc, nous nous sommes retrouvĂ©es Ă  Paris. On a discutĂ© et on a fait le mĂȘme constat, celui d'une jeunesse kurde qui s'Ă©loigne des partis habituels car ils crĂ©ent de leur point de vue plus de divisions qu'ils n'unissent autour de la cause kurde. Cela faisait un moment que je cherchais une idĂ©e pour crĂ©er l'union sur un projet commun. Le hasard a mis Leyla sur mon chemin et ça a Ă©tĂ© comme une Ă©vidence. La sororitĂ© s'est faite de suite entre nous.
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Leyla Yıldız est la Coprésidente de l'association Rien K'Elles. Elle aussi est d'origine Kurde. Elle est courtiÚre en assurance.
C'est cette sororité qui vous a amenées toutes les deux à réfléchir à la création d'une association de femmes Kurdes?
Oui. Nous Ă©tions trĂšs prises par le travail. Et puis finalement, nous avons lancĂ© un nouvel appel sur les rĂ©seaux sociaux en avril 2023, un peu comme on lance une bouteille Ă  la mer. Je me suis dit, on verra bien. On pensait avoir peut-ĂȘtre une dizaine de rĂ©ponses. Mais nous avons Ă©tĂ© submergĂ©es tout de suite. Beaucoup de femmes ont rĂ©pondu Ă  l'appel: des entrepreneuses, des magistrates, des DRH, des ingĂ©nieures, des sociologues, des crĂ©atrices de mode, une politologue, des Ă©tudiantes... des pĂ©pites, quoi! A chaque nouvelle demande d'adhĂ©sion, nous Ă©tions Ă©bahies de voir autant de compĂ©tences.
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Les premiÚres adhérentes Kurdes de l'association Rien K'Elles qui a bien grandi depuis la premiÚre réunion en juin 2023.
Vous n'imaginiez pas autant de femmes Kurdes Ă  des postes aussi prestigieux?
Je me doutais bien qu'il y en avait. Mais j'ignorais leur existence pour la plupart. Je me suis dit: "mais comment sommes-nous restĂ©es dans l'ombre aussi longtemps!" Et surtout, ce qui Ă©tait magnifique Ă  voir, c'Ă©tait la sororitĂ© incroyable entre nous Ă  chaque nouvelle adhĂ©sion. On pensait ĂȘtre une dizaine. On s'est retrouvĂ© prĂšs de 100 en juin.
Qu'avez-vous décidé de faire de ce réseau naissant?
Notre objectif s'est rapidement portĂ© sur l’émancipation des femmes kurdes, la sororitĂ©, l’entraide, le partage. Nous voulons ĂȘtre un accĂ©lĂ©rateur de vie pour les femmes et les mettre en lumiĂšre. Nous sommes dĂ©sormais 155 et nous ne cessons de grossir. L'idĂ©e, c'est d'aider les Ă©tudiantes Ă  aller beaucoup plus vite dans leur Ă©mancipation, d'accĂ©lĂ©rer l'ascension des femmes actives, mais aussi d'Ă©changer sur la charge mentale qui peut peser parfois quand on mĂšne de front une vie de mĂšre et un travail, un sujet qui serait difficile Ă  aborder s'il y avait des hommes dans l'association.
J'allais vous poser la question, car il y a un réseau de chefs d'entreprise kurdes déjà. Vous préférez donc rester entre femmes?
Nous allons travailler avec tous les acteurs et structures kurdes sans distinction. Ils nous ont d’ailleurs beaucoup aidĂ©es et nous les remercions. Mais nous sommes dans une dĂ©marche fĂ©ministe en mĂȘme temps. L'idĂ©e, c'est quand mĂȘme d'exploser le plafond de verre qui est une triste rĂ©alitĂ© pour les femmes en gĂ©nĂ©ral et qui plus est pour les femmes Kurdes Ă  cause du poids culturel. On veut faire briller toutes ces femmes, et Rien K'elles, qui est donc le nom de l'association que nous avons choisi pour toutes les fĂ©dĂ©rer. On veut crĂ©er des sororitĂ©s au niveau international aussi. Et cela en dehors de tout clan. Car notre objectif, c'est vraiment de crĂ©er l'unitĂ© au travers de cette association qui se veut laĂŻque et apolitique pour travailler toutes ensemble sur des projets, en dehors de toute ligne idĂ©ologique des partis kurdes. Nous sommes convaincues que les femmes peuvent apporter des solutions lĂ  oĂč il y a parfois des blocages. Il n'y a pas de compĂ©tition entre nous. Nous voulons faire profiter tout le monde de la dynamique. Et pour cela, nous comptons soutenir tous les projets que chaque femme voudra bien porter.
Il faut des moyens pour des projets. Comment allez-vous les financer?
Nous irons chercher des financements. Il y aura aussi un droit d'entrée pour intégrer l'association. Sauf pour les étudiantes. Pour elles, ce sera gratuit.
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Le 27 octobre 2023, les membres du bureau de "Rien K'Elles" ont signé les statuts de l'association au Sénat, à Paris.
Qu'elle est la suite maintenant?
Nous allons Ă©tablir un rĂšglement intĂ©rieur dans les prochains jours, pour crĂ©er un cercle de confiance. Il ne s'agit pas d'exclure les hommes. On pourra avoir des sympathisants, pourquoi pas des membres d'honneur. Mais pour Ă©changer, on prĂ©fĂšre rester entre femmes; la parole est plus libre entre nous. On veut faire un vrai boulot. On a besoin d'avancer, de prouver, tout en Ă©tant indĂ©pendantes financiĂšrement. C'est trĂšs important pour nous de montrer que l'on peut avoir un rĂŽle unificateur alors que la diaspora kurde est fragmentĂ©e. Mais ce rĂŽle, nous souhaitons l'avoir vers toutes les femmes. MĂȘme si la dĂ©marche vient des femmes kurdes, notre association est d’intĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral et a vocation Ă  aider toutes les femmes issues des minoritĂ©s. Nous espĂ©rons ĂȘtre rejointes par des femmes de tous horizons. N’importe quelles femmes en fait, dĂšs lors qu’elles dĂ©sirent s’émanciper et contribuer Ă  l’émancipation d’autres femmes.
Vous ĂȘtes conseillĂšre rĂ©gionale dans la rĂ©gion RhĂŽne-Alpes. Allez-vous aussi pousser les femmes Kurdes Ă  explorer le terrain de la politique française?
Effectivement. Il y a dĂ©jĂ  quelques Ă©lues parmi nous. Une adjointe au maire, une ancienne conseillĂšre rĂ©gionale, moi qui le suis toujours... Si on peut partager notre expĂ©rience pour aider des femmes Ă  avoir assez confiance en elles pour s'engager en politique, on le fera, quel que soit le parti. Elles choisiront. Pourvu qu'on soit visibles. Cela fait partie de la dĂ©marche d'Ă©mancipation. En juin, j'ai vu des femmes prendre le micro pour se prĂ©senter avec une toute petite voix. Je pense Ă  une qui nous a dit timidement ĂȘtre ingĂ©nieur, sociologue et avoir crĂ©Ă© son entreprise. Nous sommes lĂ  pour dire aussi aux femmes, "ce que vous faites, c'est fort, c'est puissant, c'est courageux".
D'autant plus fort que les Kurdes ont souvent connu bien des douleurs avant d'arriver en France...
Exactement. Elles ont traversé tant d'épreuves! C'est incroyable cette résilience qu'il y a en elles.
Vous mĂȘme, vous ĂȘtes arrivĂ©e en France Ă  quel Ăąge?
J'avais 4 ans. Et toute ma vie, je me suis donnĂ©e une mission : rĂ©ussir, pour moi, pour mon peuple, pour mes enfants. J'ai retrouvĂ© ça dans toutes celles qui ont rejoint l'association. Cela fait du bien de se dire que l'on n'est pas seule Ă  se battre. Ce sont peut-ĂȘtre les traumatismes passĂ©s qui nous poussent Ă  nous surpasser.
Vous parlez d'étudiantes, autrement dit de talents en devenir, de femmes qui occupent des métiers prestigieux... Certains pourraient parler d'influenceuses. Comment recrutez-vous ? Sur cooptation? Ou n'importe qu'elle femme peut intégrer l'association Rien K'elles?
Toutes les femmes. Il suffit de s'engager Ă  respecter la charte, autrement dit les valeurs rĂ©publicaines. L'association se veut laĂŻque et apolitique. Nous partageons des valeurs qui sont l'humanitĂ©. Notre seule limite, c'est la xĂ©nophobie, l'intolĂ©rance, le racisme. Pas de ça chez nous. Nous voulons ĂȘtre des unificatrices, crĂ©er un lobby de femmes que personne n’attend et ce dans tous les domaines et cercles possible, la politique, l'Ă©conomie, la culture... Nous devons ĂȘtre partout et faire tĂąche d'huile.
Contact : L'association Rien K'elles est prĂ©sente sur Instagram et LinkedIn. Cliquez sur le lien hypertexte pour accĂ©der au groupe via LinkedIn. Sinon, vous avez aussi le mail : [email protected].
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