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Odette de Champdivers (c.1390 – c.1425)
Ou la femme que l’on envoie auprès d’un roi violent pour protéger la reine!
Odette est un personnage assez obscur de l’Histoire de France malgré une destinée tragique digne des plus grands romans.
Née vers 1390, elle est la fille d’Odin, Seigneur de Champdivers (commune actuelle du Jura) et maître des écuries du roi. La demoiselle est donc noble. Sa famille est bourguignonne et sert des ducs comme Philippe le Hardi (1342-1404) ou encore Jean sans Peur (1371-1419), l’arrière grand-père de l’icône qu’est Marie de Bourgogne (la fondatrice de la lignée des Habsbourg d’Espagne et d’Autriche).
Peu après la mort de Louis I, duc d’Orléans, en 1407, Odette est présenté à Charles VI, roi de France. (1368-1422), sans doute dans l’espoir nourri par ses frères d’avoir un avancement.
Le souci, car il y en a un, c’est que Charles est en train de tomber dans la folie.
Ce n’est pas pour rien que l’un des surnoms du souverain est « le Fol ». Le 05 août 1392, victime de sa première crise de démence, il attaque et tue quatre membres de sa suite. Ce n’est hélas que le début d’une longue série. Il finira même par croire qu’il est fait de verre. Bernard Guenée (1927-2010), historien, a recensé par moins d’une cinquantaine de crises depuis 1392 jusqu’à la mort de Charles.
Le Bal des Ardents, en 1393, dans lequel il manque de mourir brûlé, le traumatise et aggrave son état.
Aujourd’hui, on pense qu’il a pu être schizophrène, atteint de bipolarité ou de bouffée de délire paranoïaque, d’autant plus exacerbé par l’inceste dont il est issu et le fait que des maladies mentales ont affligé des membres de sa famille.
Toujours est-il que le roi devient fou et surtout violent envers son épouse, la reine Isabeau de Bavière. (c.1370-1435). Afin de la protéger, on décide de donner au roi une concubine qui prendra la place d’Isabeau…
C’est donc Odette que l’on envoie à un Charles instable.
Glauque ? Oui.
Et pourtant… Odette prendra sa mission à coeur et sera un ange pour le roi malade.
Selon certains auteurs, elle aurait porté les mêmes habits que la reine et le souverain n’aurait jamais remarqué la différence.
On pense aussi qu’elle aurait inventé les cartes à jouer pour le distraire.
Odette se montre douce, patiente, compatissante, un modèle de vertu et de bienveillance envers Charles et cette pauvre jeune femme, envoyée dans la fosse aux lions, révèle une nature gentille et aimable.
La Cour finit par la surnommer « La Petite Reine » et loue sa beauté ainsi que son grand coeur.
Honoré de Balzac fait référence à Odette et à sa dévotion dans La Dernière Fée :
«Alors Abel était comme le roi Charles VI, que la petite reine Odette de Champdivers le consola en lui et la reine Isabeau a dansé avec le duc d’Orléans dans le palais où son mari était atteint»
A la fin de l’année 1407, Odette met au monde leur enfant, le seul qu’elle aura : Marguerite. (1407-1458).
Odette prend donc soin du roi… mais le roi prend soin d’elle en retour ! En effet, dans ses moments de lucidité, Charles veilles à ce qu’Odette ait des revenus, des rentes, des cadeaux en remerciements de tous les bons soins qu’elle a pour lui.
Ainsi, la jeune femme se voit offrir des manoirs à Créteil et à Bagnolet, Belleville dans le Poitou, ainsi qu’une rente en 1418, pour sa subsistance ainsi que pour celle de leur Marguerite.
D’avril à octobre 1422, le gouvernement français accorde à Marguerite a somme de cinq cents livres par an, sa vie durant, sur le péage de Saint-Jean-de-Losne.
Hélas, le 21 octobre 1422, Charles meurt à l’âge de 53 ans. Ses derniers mots auraient été à l’attention de sa maîtresse, présente à ses côtés : « Odette, Odette... ».
Si Odette assiste aux funérailles de son royal amant, la reine Isabeau en sera absente.
Malgré les quinze années passées aux côtés du roi, à prendre soin de lui, à l’accompagner dans sa descente aux Enfers, on ne montre que peu de gratitude envers Odette. Dès Charles décédé, on leur coupe leurs vivres et la mère et la fille sont forcées de partir pour la Bourgogne afin de solliciter l’aide du duc, Philippe le Bon, lequel ne sera guère charitable.
De plus, nous sommes toujours en pleine Guerre de Cent Ans.
En 1415, Charles avait signé le traité de Troyes qui déshérite son fils, le futur Charles VII, au profit du roi anglais Henry V.
Dès lors, le trésor passe aux mains des anglais.
Odette et Marguerite sont réduites à la pauvreté et à vivre sous la protection du duc de Bourgogne.
Malgré ce revers de situation, Odette reste fidèle à la couronne de France : par l’intermédiaire d’Etienne Chariot, un cordelier, elle prévient Charles VII d’un futur massacre de ses partisans, planifié par la Bourgogne et l’Angleterre. Afin de protéger l’amante de son père et sa demi-sœur, Charles VII demande à ce qu’elles soient conduites à Châlons durant la Semaine Sainte. Hélas, Etienne est arrêté, il dénonce l’ancienne maîtresse et mère et fille sont jugées pour espionnage et trahison. Elles quittent la Bourgogne pour le Dauphiné après leur procès.
On perd toute trace d’Odette après le 06 septembre 1424 et il est fort probable qu’elle meurt fin 1424 ou dans l’année 1425, dans le plus grand dénuement, après avoir été l’ange d’un roi fou, celle choisie pour subir à la place de la reine et qui a pourtant adouci les dernières années d’un pauvre malade.
En 1428, Charles VII légitime la fille d’Odette et Marguerite devient donc une Fille Légitimée de France. Elle l’appelle Mademoiselle de Belleville.
Elle épouse la même année Jean III Harpedanne, seigneur de Belleville-en-Poitou et Montaigu, sénéchal de Saintonge, chambellan de son royal adelphe et son contrat de mariage stipule qu’elle doit être dotée de vingt mille moutons d’or (c’est une monnaie). Elle aura un fils : Louis de Belleville, Seigneur de Montaigu, décédé en 1474.
Parmi les descendants d’Odette, on retrouve le poète Charles de Sainte-Maure (1610-1695).
D’autres se marient dans d’illustres familles, comme les Grimaldi ou les Pardaillan de Gondrin (des descendants de Madame de Montespan).
Selon mes recherches, Odette a des descendants jusqu’aux XIXème siècle et en aurait très probablement aujourd’hui.
Une vie romanesque, courte, tragique et pourtant si oubliée qu’aujourd’hui, quand on prononce son nom, certains passionnées de fleurs vous diraient peut-être qu’il est associé à une rose.
La pauvre Odette mérite qu’on se souvienne d’elle.
- Marina Ka-Fai
Si toi aussi tu veux en lire plus sur Odette, tu peux aller regarder ces sources :
-Auguste Vallet De Viriville, « Odette ou Odinette de Champdivers était-elle fille d'un marchand de chevaux ? Notes historiques sur ce personnage. », Bibliothèque de l'École des chartes, vol. 20, 1859, p. 171-181 (lire en ligne [archive])
-Jean-Chrétien-Ferdinand Hœfer, Nouvelle biographie générale depuis les temps les plus reculés jusqu'à nos jours : avec les renseignements bibliographiques et l'indication des sources à consulter, vol. 37-38, Firmin Didot Frères, Fils et Cie, 1863 (lire en ligne [archive]), p. 474
-Françoise Autrand, Charles VI : la folie du roi, Paris, éditions Fayard, février 1986, 647 p. (ISBN 978-2213017037, présentation en ligne [archive]), [présentation en ligne [archive]].
-Général J.-T. de Mesmay, Dictionnaire historique, biographique et généalogique des anciennes familles de Franche-Comté, S.l., 1958-1863, 3 vol. in-4 mult., tome : 1, B.n.F. : 4° Lm2. 641
-Jacques Tétu, Odette de Champdivers folle d'un roi fou , Mon Petit Éditeur (Groupe Publibook - Petit Futé), Paris, 2011, (ISBN 97827483
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Louis Alexandre Berthier & Maria Elisabeth in Bavaria & Giuseppa Carcano (2/2)
“La soumission de Berthier à sa maîtresse vieillissante était la fable des salons et de l’armée. Il la quittait le moins possible et bien des fois il se trouva dans des positions qui n’avaient rien de plaisant [...] Le bon Alexandre était assez mal récompensé de tant de dévouement. Tout Paris savait que la marquise ne laissait jamais attendre bien longtemps ses faveurs aux jouvenceaux qui les demandaient avec grâce. [...]
Le plus cher désir de Berthier était d’associer légitimement son amie à son éclatante carrière. Napoléon peut-être eût cédé. L’obstacle majeur était la présence du discret Visconti qui, pour n’être pas gênant, n’en était pas moins vivant et peu disposé à divorcer. L’Empereur profita de cette circonstance pour essayer d’arracher définitivement son plus intime collaborateur à la vie canaille qui le déconsidérait. Il venait de l’élever au rang de chef d’Etat en lui donnant la principauté de Neuchâtel, et il pensa le décider à changer d’existence en posant le mariage comme une condition à la continuation de ses largesses. C’était en 1806. On connaît la fameuse lettre du 1er avril, par laquelle le maître mi-sévère, mi-familier, exprimait sa volonté: “Votre passion a duré trop longtemps; elle est devenue ridicule et j’ai droit d’espérer que celui que j’ai nommé mon compagnon d’armes, que la postérité mettra partout à côté de moi, ne restera pas plus longtemps abandonné à une faiblesse sans exemple. Je veux donc que vous vous mariiez; sans cela je ne vous verrai plus. Vous avez cinquante ans, mais vous êtes d’une race où l’on vit quatre-vingts, et ces trente années sont celles où les douceurs du mariage vous sont le plus nécessaires.”
Berthier résista encore pendant de longs mois, puis il dut se rendre aux instances de Napoléon qui faisait miroiter à ses yeux une alliance plus brillante qu’aucune de celles contractées par les hommes de la Révolution. Il s’agissait d’introduire le maréchal dans une véritable famille régnante. Le choix de l’Empereur s’était porté sur une nièce du roi de Bavière, la princesse Marie-Elisabeth de Bavière-Birkenfeld. Pressé de toutes parts, sermonné, tantôt menacé, tantôt couvert de titres et de richesses nouvelles, le malheureux amant de la Visconti donna, le désespoir dans l’âme, son acquiescement à ce projet. La vieille marquise elle-même, convaincue qu’elle garderait sur lui son pouvoir, l’avait engagé à ne pas prolonger une résistance qui pouvait devenir dangereuse.
Napoléon mena les choses rondement. Le 9 mars 1808, la cérémonie nuptiale fut célébrée devant l’impératrice et lui. La jeune femme n’était pas jolie - quoique de belle taille- mais elle possédait des qualités morales qui lui furent utiles dans son triste ménage. Au début, elle trouvait qu’elle avait fait un bon mariage, ce qui était vrai au point de vue matériel. La grande faveur de son époux rejaillissait sur elle. Dès l’abord elle fut à la Cour une très grande dame devant qui la moquerie n’aurait pas osé s’exercer. Son caractère lui fut d’un plus grand secours encore que son rang. Bonne, bienveillante et simple, elle n’eut bientôt que des amis qui admiraient son tact et sa sagesse. Il en fallait certes, dans la situation où elle se trouva dès les premières semaines de sa vie conjugale. Le sort avait été cruel pour Berthier. Quinze jours après le mariage, l’incommode marquis Visconti était mort, laissant, mais un peu tard, la place libre près de sa trop fameuse épouse. Le maréchal ne se gêna pas pour exprimer les regrets que lui causait cet événement; et, pour réparer dans la mesure du possible l’injustice de la destinée, il installa la veuve dans une maison voisine de son palais.
Ainsi commença une existence à trois dont Paris connut les moindres détails. Faute de pouvoir s’éliminer l’une l’autre, les deux femmes prirent le parti de se supporter, et même, rapprochées par leur commun attachement au prince de Neuchâtel, elles finirent par s’entendre assez bien. La princesse jouait au whist avec la marquise qui avait toujours eu un faible pour le roi de pique, et se faisait raconter les potins dont l’Italienne avait toujours une ample provision. Cette intimité était parfois troublée par des querelles, car, en vieillissant, la Visconti n’avait rien perdu de sa pugnacité. C’était malheureusement tout ce qu’il lui restait [...] Pour dissimuler son excessif embonpoint, elle imagina de se comprimer les cuisses dans des fourreaux serrés “à tour de bras” par des lacets. A ce jeu, elle gagna des troubles de la circulation et une attaque de paralysie qui la rendit entièrement infirme du côté gauche. Dès lors, elle ne fut plus qu’un pitoyable débris sur qui Berthier continua de veiller avec tendresse.
La princesse de Neuchâtel bénéficia dans une bonne mesure de la disparition de sa rivale en tant que maîtresse effective. Berthier avait fini par s’accommoder d’elle et la naissance de trois enfants avait amené dans le ménage un élément de concorde. Lors du retour de Napoléon en 1815, la Visconti resta à Paris dans son fauteuil d’impotente, non sans avoir eu la précaution de remettre à Berthier tous ses diamants en échange d’une rente viagère de quarante mille francs. Quant à la maréchale, elle se retira auprès de son père, à Bamberg, précédant son mari qui n’avait pas eu le courage de prendre parti dans ce grand drame. La mort brutale du maréchal ne la laissa pas inconsolable, car elle se remaria secrètement à un Français, le colonel Lherminier. Elle fut victime de l’épidémie de choléra de 1832. La marquise Visconti lui survécut et mourut dans l’oubli à un âge très avancé.”
Louis Chardigny, Les Maréchaux de Napoléon, Bibliothèque Napoléonienne, P. 227-231.
Le Prince de Wagram et sa fille Malcy by Winterhalter
(Berthier’s son Napoléon Alexandre 1810-1887 and granddaughter Malcy, who would later become Princess Murat by marriage)
*****
"Berthier's submission to his aging mistress was gloated over in the salons and the army. He left her as little as possible and many times he found himself in positions that were not pleasant [...] The good Alexandre was rather badly rewarded for so much dedication. All Paris knew that the Marquise never let youngsters who gracefully asked for her favors wait long. [...]
Berthier’s dearest wish was to legitimately associate his friend with his brilliant career. Perhaps Napoleon would have given in. The major obstacle was the presence of the discreet Visconti who, although not embarrassing, was none the less alive and unwilling to divorce. The Emperor took advantage of this circumstance to try to permanently tear away his most intimate collaborator from the shady life that discredited him. He had just raised him to the rank of head of state by giving him the principality of Neuchâtel, and he thought he would make him decide to change his life by posing marriage as a condition for the continuation of his largesse. It was in 1806. We know the famous letter of April 1, by which the half-severe, half-familiar master expressed his will: “Your passion has lasted too long; it has become ridiculous and I have the right to hope that the one whom I have named my comrade in arms, whom posterity will put everywhere by my side, will not remain any longer abandoned to an unprecedented weakness. So I want you to get married; otherwise I will not see you again. You’re fifty years old, but you’re from a race that lives eighty, and those thirty years are the years when you need the comfort of marriage most. ”
Berthier still resisted for many months, and then he had to yield to Napoleon's entreaties, who dangled in front of his eyes a more brilliant alliance than any of those contracted by the men of the Revolution. He was about to introduce the marshal into an authentic ruling family. The Emperor’s choice had settled on a niece of the King of Bavaria, Princess Marie-Elisabeth of Bavaria-Birkenfeld. Urged from all sides, lectured, sometimes threatened, sometimes covered with new titles and riches, the Visconti's unfortunate lover gave in despair his assent to this project. The old Marquise herself, convinced that she would keep her power over him, had persuaded him not to draw out a resistance which might become dangerous.
Napoleon efficiently carried things out. On March 9, 1808, the nuptial ceremony was celebrated before him and the Empress. The young woman was not pretty - although of good height - but she had moral qualities which were useful to her in her sad couple. At first, she thought she had made a good marriage, which was true from a material point of view. Her husband's great favor spilled over onto her. From the outset she was at Court a very great lady whom people would not have dared to mock. Her character was even more helpful to her than her rank. Kind, caring and down-to-earth, she soon had only friends who admired her tact and wisdom. It certainly was necessary, in the situation in which she found herself in the first weeks of her married life. Fate had been cruel for Berthier. Fifteen days after the marriage, the inconvenient Marquis Visconti was dead, making way, but a little late, for someone else near his too famous wife. The marshal did not hesitate to express the regrets which this event caused him; and, to repair as far as possible the injustice of destiny, he installed the widow in a house near his palace.
Thus began a ménage à trois of which Paris knew the smallest details. Unable to eliminate each other, the two women decided to support each other, and even, brought together by their common attachment to the Prince of Neuchâtel, they ended up getting along fairly well. The princess played whist with the marquise who had always had a soft spot for the king of spades, and was told about the gossip which the Italian always had a large supply of. This intimacy was sometimes disturbed by quarrels, because, as she got older, the Visconti had lost none of her pugnacity. Unfortunately, that was all she had left [...] To hide her excessive overweight, she began compressing her thighs in sheaths "tightly" wrapped with laces. At this game, she gained circulation problems and a paralysis attack which made her entirely disabled on the left side. From then on, she was nothing more than a pitiful wreck Berthier lovingly kept on watching over.
The Princess of Neuchâtel benefited to a large extent from the disappearance of her rival as an effective mistress. Berthier had come to terms with her and the birth of three children had brought an element of harmony into the household. When Napoleon returned in 1815, the Visconti remained in Paris in her chair, not without having taken the precaution of handing over all her diamonds to Berthier in exchange for a life annuity of forty thousand francs. As for the maréchale, she retired to her father's estate in Bamberg, preceding her husband who had not had the courage to take sides in this great drama. The marshal's brutal death did not leave her inconsolable, because she secretly remarried secretly a Frenchman, Colonel Lherminier. She was a victim of the cholera epidemic of 1832. The Marquise Visconti survived her and died in oblivion at a very advanced age. "
#napoleonic#louis chardigny#les maréchaux de napoléon#louis alexandre berthier#maria elisabeth in bavaria#giuseppa visconti#marshals and wives
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Ses traces se sont estompées, mais l’entité créée par Godefroy de Bouillon s’est enraciné en Terre sainte pendant près de deux siècles, de 1099 à 1291.
Le Figaro a arpenté au Liban, en Jordanie et à Chypre les forteresses déchiquetées des croisés. Il est parti à Jérusalem et à Saint-Jean-d’Acre sur les traces d’un monde englouti. À la fin du XIe siècle et durant près de deux cents ans, des Occidentaux ont vécu, après la conquête de la ville sainte de Jérusalem, dans un étrange domaine d’Orient baptisé «le royaume latin de Jérusalem».
Correspondant à Jérusalem
Dans l’atrium du Saint-Sépulcre, deux jeunes femmes couvertes d’un voile s’agglutinent devant la pierre de l’onction, le lieu, pour les orthodoxes, où le corps du Christ aurait été lavé avant sa mise au tombeau. Les pèlerines, venues de Corée du Sud, se prosternent, touchent de la paume et embrassent le marbre rose. Puis elles frottent énergiquement contre la relique leur téléphone portable qui a tant servi pour les selfies pris sur les stations du chemin de croix de la Via Dolorosa.
Le circuit guidé peut commencer. Elles se dirigent dans le brouhaha à droite vers la vitrine de la chapelle d’Adam éclairée par deux lanternes. Les visiteuses se sont assises dans la pénombre sur des banquettes en forme de dalle pour découvrir un morceau du rocher du Golgotha, le lieu de la crucifixion, encastré dans un mur. Elles ignorent qu’elles se relaxent sur les tombes de Godefroy de Bouillon et de Baudouin Ier dont, confient-elles dans un fou rire, elles «n’ont jamais entendu parler». Le fondateur du royaume latin de Jérusalem et son premier roi reposent là dans l’anonymat. Violées par les envahisseurs turcs au XIIe siècle, les tombes ont perdu leurs épitaphes depuis des lustres.
Fluctuante, la mémoire du royaume latin de Jérusalem irrigue la Ville sainte mais n’apparaît souvent qu’ici ou là, au détour d’une pierre ou au fond d’un puits
En 1806, Chateaubriand avait été le dernier voyageur à déchiffrer les inscriptions latines avant l’incendie du site, deux ans plus tard. «Outre ses deux tombeaux, on en voit quatre autres à moitié brisés. Sur un de ces tombeaux, on lit encore mais avec beaucoup de peine», notait-il dans Itinéraire de Paris à Jérusalem, le récit de son périple en Terre sainte qui avait relancé au XIXe l’attrait pour la Ville sainte. L’ordonnancement décrit par l’écrivain a disparu lors du réaménagement en plusieurs chapelles après le sinistre. Les restaurateurs grecs orthodoxes étaient peu portés sur le culte, voire le respect de personnages symbolisant pour les chrétiens d’Orient une domination croisée dont ils firent après leur départ longtemps les frais. «Ils ont changé l’emplacement et enlevé les inscriptions», précise l’historien Georges Hintlian.
Fluctuante, la mémoire du royaume latin de Jérusalem irrigue la Ville sainte mais n’apparaît souvent qu’ici ou là, au détour d’une pierre ou au fond d’un puits. Il en va des hommes comme des bâtiments. La quête d’une trace du palais royal s’apparente ainsi à un rébus. La résidence bâtie près de la Tour de David, à l’entrée de l’actuelle porte de Jaffa, a disparu, mais il subsisterait un morceau de ruine apparente dans les jardins voisins de patriarcat arménien.
Le gardien du monastère Saint-Jacques, où réside le patriarche, n’en a jamais entendu parler. Son vis-à-vis, le gardien du séminaire arménien, non plus. Autant rebrousser chemin et rentrer bredouille. La rencontre fortuite sur le trottoir de l’historien arménien Georges Hintlian permet finalement de résoudre l’énigme. «C’est difficile de parler de restes visibles. Il y a dans le jardin du séminaire un vieux puits très profond avec tout en bas une croix de Jérusalem et beaucoup de scorpions, indique-t-il. Le palais latin se situait bien ici sous nos pieds, tout comme le palais d’Hérode, dont une partie est enfouie sous le poste de police.»
En quête d’un territoire englouti
Chercher les vestiges des croisés dans la Vieille Ville de Jérusalem, c’est partir en quête d’un territoire englouti par une histoire tourmentée. À l’aune d’un millénaire, l’empreinte occidentale n’avait pourtant rien d’éphémère. Le royaume latin de Jérusalem s’est enraciné en Terre sainte et a perduré pendant près de deux siècles, de 1099 à 1291. Cet État à nul autre pareil a été le premier essai d’instauration d’une société européenne en terre étrangère. Il a donné naissance, en plein Moyen Âge, à des royaumes surgis du désert dont Jérusalem était la capitale.
Les Francs se taillèrent des fiefs dans des contrées qu’ils n’avaient connues qu’en songe, à Édesse, Antioche, Tripoli, à Saint-Jean-d’Acre et sur l’île de Chypre. Les fondateurs de l’État latin d’Orient étaient des guerriers et des bâtisseurs. Ils ont érigé des lois fondamentales et des institutions en perpétuelle évolution. Ils ont créé un nouveau monde inspiré de l’ancien, une société combattante avec ses aristocrates, ses bourgeois et son petit peuple. Le flot perpétuel des nouveaux arrivants alimenté par six appels à la croisade mêlait son sang aux natifs, les Occidentaux qui avaient pris racine en Orient.
Godefroy de Bouillon est à la fois Dieu et César, ou, plus modestement, moine et chevalier
Mais revenons à Godefroy de Bouillon et Baudouin Ier. Les deux hommes sont au premier rang des assaillants qui s’emparent de la Ville sainte le 15 juillet 1099, en massacrant ses musulmans et ses juifs. Les deux hommes se partagent un pouvoir bicéphale. Godefroy de Bouillon refuse la couronne d’or et lui préfère le titre d’avoué du Saint-Sépulcre où se décide l’identité du nouveau royaume, tandis que Baudouin est nommé roi par ses pairs, les barons qui forment par le jeu des fidélités personnelles l’ossature du régime. Godefroy de Bouillon est à la fois Dieu et César, ou, plus modestement, moine et chevalier. Le fondateur de l’État franc redistribue à son arrivée des rentes aux nobles, s’empare de terres, mais il est d’abord le gardien du saint des saints, le tombeau présumé de Jésus dont la conquête est le but de la première croisade.
Le royaume ne sera pas une théocratie dirigée par le Saint-Siège comme le souhaitait le pape. Son patriarche est vite réduit à y jouer un rôle subalterne. La couronne devient héréditaire, bien que les aristocrates conservent le privilège d’élire le roi qui impose peu à peu son pouvoir. La population d’origine, qui constitue la majorité des habitants, est confinée en règle générale dans les campagnes, à l’exception des chrétiens d’Orient, traités avec bienveillance. «L’originalité du régime franc vient en partie de l’introduction au Moyen-Orient de traditions et institutions européennes, mais il apporte une touche originale en faisant intervenir le facteur religieux. C’était essentiellement sur l’appartenance religieuse que se fondait la distinction entre vainqueurs et vaincus», écrit l’historien israélien Joshua Prawer dans son Histoire du Royaume latin de Jérusalem, l’ouvrage de référence sur la période des croisades (CNRS Éditions).
Une dimension colonialiste
Dans les années 1950 et 1960, Joshua Prawer a renouvelé le regard sur un sujet abordé jusque-là par des historiens qui s’identifiaient à l’aventure vertigineuse des croisés ou développaient une conception d’un féodalisme figé. Il a restitué dans sa somme, qui se lit comme un roman d’aventures, une société en mouvement. Certaines de ses thèses sont controversées. Selon Joshua Prawer, la dimension colonialiste du projet est à l’origine de sa perte. Il estime également que le manque de bras a précipité sa disparition.
Effectué dans les années qui ont suivi la création d’Israël, son travail est marqué par les analogies avec le sionisme. L’expérience de l’État latin est comparée en creux avec l’État hébreu fondé pour une population qui ne représentait que 10 % des habitants au début du siècle dernier. «La différence est que les juifs colonisaient et travaillaient la terre alors que les croisés régnaient sur un pays conquis exploité par la population locale», explique Joshua Prawer.
«L’effondrement du royaume tient plus à des causes géopolitiques, comme les invasions mongoles»
Simon Dorso, chercheur associé au CRFJ
L’intensification des fouilles archéologiques au cours des quarante dernières années et la multiplication des versions originales de textes en arabe ont depuis sensiblement modifié les perceptions. Les chercheurs disposent de trente fois plus de données qu’à l’époque de la sortie du livre de l’historien israélien. Et de nouveaux domaines d’exploration ont émergé, comme l’étude des campagnes. «Prawer projette une partie de sa vie dans ses interprétations. Il explique l’échec de la présence latine par l’incapacité des Francs à s’attacher au pays et à y faire suffisamment d’enfants», commente Simon Dorso, chercheur associé au CRFJ (Centre de recherche français de Jérusalem).
«Son angoisse démographique est celle qui existait en Israël à sa création, ajoute le médiéviste. L’effondrement du royaume tient plus à des causes géopolitiques, comme les invasions mongoles, qui constituent un changement de paradigme: Louis IX veut s’allier avec eux, mais ils ne lui répondent même pas car ils ne savent pas qui il est. En Égypte, personne n’a vu venir le soulèvement des mamelouks. En Europe, de nouveaux espaces s’ouvrent face auxquels l’Orient a moins à offrir.»
Le Sépulcre de Marie, au pied du mont des Oliviers, à l’endroit où, selon la tradition, la mère de Jésus se serait endormie d’un sommeil éternel. - Crédits photo : Magali Cohen / Hans Lucas
Quelles que soient les raisons de sa chute, le royaume n’en compta pas moins dix-huit souverains. Treize rois et cinq reines. L’une d’elles, la reine Mélisende, repose dans le Sépulcre de Marie, au pied du mont des Oliviers, à l’endroit où, selon la tradition, la mère de Jésus se serait endormie d’un sommeil éternel. L’endroit est peu fréquenté. Héritière du trône, Mélisende avait épousé le comte Foulques d’Anjou et fut, dit-on, la maîtresse du comte de Jaffa, un ennemi de son mari de roi.
Le règne du couple royal fut une parenthèse de calme et de prospérité dans un royaume à l’apogée de sa puissance. «Mélisende a joué un rôle majeur dans la restauration du Saint-Sépulcre mais a été inhumée avec les reines qui étaient souvent d’origine arménienne», indique Georges Hintlian. Elle repose dans une minuscule chapelle au bord de l’escalier monumental qui dégringole vers la crypte mariale, vestige de l’église byzantine démolie par les Perses, relevée par les croisés et abattue par Saladin. À Jérusalem, l’histoire est un éternel recommencement.
Chronologie:
1099 - Conquête de Jérusalem par les croisés et fondation du royaume latin de Jérusalem.
1187 - Saladin prend Jérusalem aux Francs. Naissance du deuxième royaume latin de Jérusalem.
1192 - Richard Cœur de Lion et Saladin signent un traité de paix donnant accès aux pèlerins et marchands chrétiens à la Ville sainte.
1291 - Les mamelouks du sultan Baybars s’emparent de Saint-Jean-d’Acre. Le royaume latin de Jérusalem disparaît.
#godefroy de bouillon#jerusalem#moyen-orient#les royaumes latins d'orient#le royaume latin de jérusalem
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Le grand débat : du grand débit au grand déballage..
. Le suspense est insupportable... Les français n'en peuvent plus... ils trépignent, ils supplient... En tous cas, c'est ce que voudraient nous faire croire les caciques qui se croient nos chefs (qui ne sont que des ânes portant des reliques ou des geais parés de plumes de paon, comme les décrivait si bien la Fontaine !). Une fois encore, la réalité se moque des fantasmes puérils des nuls au pouvoir. Et pire encore : le ''Landerneau'' microcosmique bruit de plus en plus de rumeurs que les chiens de garde de la ''bien-pensance '' n'arrivent pas à faire passer pour des ''fake news'' (= ce qui ne leur plaît pas) ou à contrecarrer... Ҫa pourrait devenir grave !
A la veille de la ''restitution'' (sic !) présidentielle du grand débat et des plaintes des français, il semble que le "moment démocratique exceptionnel" qu'on essaie de nous vendre depuis le début de cette manœuvre dilatoire s'éloigne... Lundi dernier, Le Monde (que je feuillette parfois, ''en prenant une grande cuillère'', comme le recommande le proverbe) révélait que la moitié des textes rédigés ‘’en ligne’’ ne sont que des ''copiés-collés'' de doléances ''siamoises'' (comme si des groupes de pression voulaient multiplier la même idée, ce qui est impossible, n'est-ce pas ?).
Mais l'excellent site ‘‘Les Jours’’ va plus loin : selon des informations glanées auprès de "l'équipe choisie par le gouvernement pour réaliser l'analyse des contributions libres", une moitié des contributions n'aurait pas été prise en compte, car la Bibliothèque Nationale de France, chargée de la numérisation de toutes les contributions, n'a pas eu le temps de tout scanner. Un racontar ? Pas du tout ! En épluchant un des rapports publiés sur le site du Grand Débat, ‘‘Les Jours’’ a trouvé que la division du total des contributions recueillies par les contributions exploitées donne un résultat inférieur à 50%. Le silence autour de ce mensonge par omission revient à faire croire que la moitié non exploitée serait identique la moitié qui a été dépouillée... ce qui, ne peut être vrai en aucun cas. La seule chose qu'il faut retenir, c'est que ''Un sur deux des mails, lettres et cahiers-citoyens a été ''zappé'' : faute de moyens, seule la moitié des doléances spontanées des Français a été traitée'' !
Alors... qu'en est-il vraiment ? Premier signe : Gilles Proriol, dirigeant-fondateur du cabinet Cognito, chargé de la synthèse des ''contributions libres'' (peut-être les vôtres ?) du ''grand débat national'', a déclaré le 8 avril, en présence du premier ministre : ''Les Français demandent davantage de sécurité dans l’espace public et un renforcement de la lutte contre le terrorisme'', point qui a disparu complètement de tout discours officiel (à ce jour). Autre signe : le politologue Pascal Perrineau, l'un des cinq ''garants'' du grand débat, a reconnu dans le Figaro que ''l’immense majorité des citoyens ne s’est pas exprimée. Les ''gilets jaunes'', notamment, sont les grands absents de ce processus’’, pourtant lancé pour eux (lire : contre eux !)..
Tout le monde savait que nos dirigeants essaieraient d’esquiver les sujets qui les fâchent (quitte à les occulter) et qu’ils orienteraient le ''grand débat'' vers leurs ''dadas''. Le moins qu'on puisse dire, c’est qu'il n’ont pas obtenu les résultats qu'ils espéraient.. En plus, dès les premières réunions, on a assisté à une campagne électorale entre soi, les interlocuteurs étant choisis par les énarques-préfets, avec très peu d’opposants et en l’absence quasi totale de ceux à cause de qui ce grand débat a été inventé : les Gilets jaunes. Devant cette iso-quadrature du cercle, nous allons être inondés de concepts foireux pour noyer le poisson : ''tourner la page'', ‘’seconde partie'' ''nouveau... contrat... axe... cap’’, ‘’chapitre 2'', ''nouvelle manière de''... Les ''petits marquis'' vont s’en donner à cœur joie !...
A ce jour, seulement 6 % des ''sondés'' pensent que Macron a obtenu ce qu’il voulait, pour l’Europe. Il n’a donc convaincu que les 20 % de ‘’pré-convaincus’’ et il ne doit une modeste remontée temporaire dans les sondages qu'à trois facteurs. (1)- le penchant multi-séculaire des français pour la ''légitimité'' et le respect du Roi (qu'ils ne se pardonnent pas d'avoir ‘’raccourci’’ d’une manière honteuse). (2)- la peur irraisonnée du changement, dont la très vaste majorité ne veut pas, au fond d'elle-même (dont on le menace pourtant à longueur de discours ! MDR !). (3)- à la façon dont il a étouffé la contestation des vrais Gilets jaunes, en les laissant être phagocytés par l’extrême gauche pendant que ''l’extrême centre'' les traitait de ''populistes'' au mieux et de ''peste brune' au pire (cf. les paniques ridicules et sans raison des Griveaux, Darmanin et Schiappa). Le grand débat devait être un catalyseur, mais leur bêtise en a fait un étouffoir démocratique.
Non seulement Macron a virtuellement perdu son rêve impossible sur l’Europe, mais Il y a peu de chances qu’il nous sorte de la crise actuelle, à la fois civile et hebdomadaire : la semaine dernière, 79 % des sondés estimaient qu’il ne saura pas faire rentrer les Gilets jaunes à la maison, ce qui est explicable, au fond : il n’a toujours pas compris le fond du problème, que ne pouvaient résoudre 10 milliards (somme énorme) jetés au mauvais moment, sans projet et d'un air exaspéré.
Mais en énarque qu’il est, la seule réponse à tout problème de gouvernance, c'est : taxer, réglementer, interdire, et avoir raison... alors que plus de 80 % des français veulent ''moins de règles, moins de normes et moins d’État''. ''Laissez-nous vivre'', disent-ils en regrettant Pompidou qui voulait ''qu'on arrête d'emmerder les français''... 45 ans plus tard, on rajoute : ''Laissez-nous quelque chose à la fin du mois pour un petit plaisir, au lieu de se demander dès le 15 du mois comment on va pouvoir payer le loyer''... Mais ce discours est imbitable (c'est LE mot, ici. Pardon !) par nos technocrates déshumanisés à en être désincarnés...
Mais: Macron en est un, et pas des plus atypiques. Il n’osera donc pas réduire vraiment le poids de l’État et des ''Ponctionnaires'', ses frères, alors que toute diminution des contraintes administratives aspirerait moins de ces taxes et impôts qui plombent ceux qui travaillent pour produire (NDLR : les fonctionnaires non-régaliens travaillent... mais à ne rien produire). Aujourd'hui, ceux qui ont travaillé, beaucoup plus et plus durement que la génération actuelle, et qui ont rempli les caisses de l’État pendant quarante ans et plus pour avoir une ''belle'' retraite, sont en droit d’exiger la part du capital investi qui leur est dû. Sans leur emboquer de force des mensonges grossiers : 1,7 n'est pas la même chose que 25, 41 % !
Tout cet argent (ce ''pognon de dingues'' dit Macron), sert à engraisser un État obèse, incapable de maintenir un ''service public'' qui se dégrade : santé en perdition, sécurité compromise, libertés individuelles en berne et routes en mauvais état, entre autres... alors que le pays ploie sous les fonctionnaires mal utilisés, les radars vicieux, les ''comités Théodule'' inutiles, les ''rentes de situation’’ injustifiées : sans parler du gouffre élyséen, de ses moquettes et de l'enlaidissement du mobilier, le Premier ministre règne sur 462 domestiques et des dizaines de ''conseillers''… Et que dire de ces 400 (?) commissions (de 40 membres en moyenne), qui rédigent tous les 4 ans un rapport que personne ne lit, mais qu’aucun volontaire n’ose dissoudre... parce qu’un énarque, inutile mais bien payé, est à leur tête ?
Le grand débat, s'il en faut un (ce qui n'est pas démontré) ne peut avoir lieu que entre l'Etat et... lui-même. Tout le reste est mensonges, manœuvres dilatoires et sacs d'embrouilles... Il n'empêche que c'est, pour Macron, la semaine de tous les dangers. Et pour nous, plus encore, hélas ! Ce soir à 20 heures, nous saurons !
H-Cl.
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IV 2022
https://www.youtube.com/watch?v=fibYknUCIU4
Calmement, me sentir évoluer Calmly, feel myself evolving Épouvantable, tellement je ne divulgue pas Appalling, so much I'm not divulging J'ai calé, je pense que j'entends des applaudissements, ils appellent Been stalling, I think I hear applauding, they're calling Les mixtapes ce n'est pas mon truc, mais ça a été terriblement épuisant Mixtapes aren't my thing, but it's been awfully exhausting Accrocher des chansons aussi longtemps est intimidant (ouais) Hanging onto songs this long is daunting (yeah) Ce qui m'a obligé à passer un appel que j'ai trouvé fou Which caused me to have to make a call I thought was ballsy Résultant de ce que vous voyez aujourd'hui, continuez à vous livrer Resulting in what you see today, proceed indulging Comme toujours, le poney à un tour est là, alors arrête de bouder As always, the one trick pony's here, so quit your sulkingNé efficace, j'ai de l'ambition, un peu vicieux, yup, c'est moi (woo) Born efficient, got ambition, sorta vicious, yup, that's me (woo) Pas artistique, irréaliste, chauvin, pas ces choses-là Not artistic, unrealistic, chauvinistic, not those things Tenez la distance, si prolifique, les messages sont cryptiques, déplacez-vous rapidement Go the distance, so prolific, posts are cryptic, move swiftly Insoumis, le roi de la malice Unsubmissive, the king of mischief Le billet d'or, spectacle rare à voir The golden ticket, rare sight to seeJe reste engagé, embrasse le rigide I stay committed, embrace the rigid Je joue avec ça, ouais, en gros I'm playful with it, yeah, basically Trop génial pour imiter, tu détestes, tu es amer Too great to mimic, you hate, you're bitter Pas de favoritisme, ça me va No favoritism, that's fine with me Créer les énigmes, dépeint incivil Create the riddles, portrayed uncivil Un peu dangereux, oh oui, en effet Unsafe a little, oh yes, indeed C'est clair et simple, je suis loin d'être cassant It's plain and simple, I'm far from brittle Incassable, vous suivez ? Unbreakable, you following?Je suis Bruce Willis dans un accident de train I'm Bruce Willis in a train wreck Je suis comme échanger ta voiture contre un nouveau jet I'm like trading in your car for a new jet Je suis comme si un patron s'énervait I'm like having a boss getting upset Parce que tu lui as demandé moins sur ton salaire 'Cause you asked him for less on your paycheck Je suis comme faire le poirier avec un cou cassé I'm like doing headstands with a broke neck Je suis comme regarder ton enfant faire ses premiers pas I'm like watching your kid take his first steps Je suis comme si je disais que Bill Gates ne pouvait pas payer le loyer I'm like sayin' Bill Gates couldn't pay rent Parce qu'il est trop fauché, où vais-je avec ça ? 'Cause he's too broke- where am I goin' with this?Incroyable, oui, oui, inconcevable Unbelievable, yes, yes, inconceivable Me voir assez raisonnable See myself as fairly reasonable Mais parfois je peux être têtu, alors But at times I can be stubborn, so S'il le faut, je ferai bouger le bateau If I have to, I will rock the boat Je n'ai pas tendance à prendre la route facile I don't tend to take the easy road Ce n'est tout simplement pas la façon dont j'aime rouler That's just not the way I like to roll Ce que vous pensez est probablement irréalisable What you think's probably unfeasible J'ai déjà fait le centuple, le centuple I've done already a hundredfold, a hundredfoldIl est probable que je pourrais presser l'enveloppe It's probable that I might press the envelope Des idées si astronomiques Ideas so astronomical Parfois je les trouve comiques Sometimes I find them comical Ouais, incomparable Yeah, incomparable Rejouabilité phénoménale Replay value phenomenal Sélection de beat remarquable Beat selection remarkable Me ralentir, impossible Slowing me down, impossibleJe ne rock pas de Rollie I don't rock no Rollie's Je ne traîne pas, pas de phonies (non) I don't hang around no phonies (nope) Je n'ai pas vraiment de trophées I don't really got no trophies Je ne sais pas pourquoi Dieu m'a choisi (je ne sais pas) I don't know why God chose me (I don't know) J'ai quelque chose dans la tasse, ce n'est pas de la codéine (jamais) Got something in the cup, ain't codeine (never) Change mon style, ils m'ont dit Change my style, they told me Maintenant, ils viennent comme, "Homie" Now they come around like, "Homie" Mec, tu ferais mieux de reculer lentement, de reculer lentement Man, y'all better back up slowly, back up slowlyWoo, de qui te moques-tu ? Woo, who are you kidding? Comment as-tu pu douter de moi ? How could you doubt me? j'ai toujours livré I've always delivered Arrachant les dents du fond de ma bouche Ripping the teeth out of the back of my mouth's Le plus proche tu te rapproches de ma sagesse The closest you get to my wisdom Voir ma pensée initiale était d'attendre See my initial thought was to wait Mais que puis-je dire ? But what can I say? je devais venir visiter I had to come visit Vérifiez sur vous les gars, vous allez bien? Check on you guys, you doin' alright? Votre année a vraiment été nulle ? Your year really sucked? Ouais, c'est ce que je pensais Yeah, that's what I figuredIls couvrent leur tête chaque fois que je tombe They cover they heads up whenever I drop Secouez toute l'industrie, mettez-les sous le choc Shake the whole industry, put 'em in shock Sortez les nuages comme un météore Come out the clouds like a meteor rock Puis atterrir sur la Terre comme "Prêt ou pas ?" Then land on the Earth like, "Ready or not?" Il n'y a personne comme moi, la crème de la crème Ain't no one like me, the cream of the crop Ne fais même pas face, tu ferais mieux de me donner des accessoires Don't even front, better give me some props Je prends ton corps et lui jette un bloc I pick up your body and throw it a block Bon, je l'avoue, c'est exagéré, pas Okay, I admit it, that's over the top, notLe cerf dans les phares regarde chaque fois que je pose mon pied sur le sol Deer in the headlights looks every time I step my foot on the ground Je suis pris pour un boiteux sans poids à son nom I get mistook for a lame with no weight to his name Le sol vient de trembler, ne tournons pas autour du pot Ground just shook, let's not beat around the bush Même mes faces B les rejettent comme "Comment fait-il ?" Even my B-sides throw 'em off like, "How's he do it?" Certains disent que je suis une grande influence Some say I'm a great influence Je n'en sais rien, mais j'ai fait du mieux que j'ai pu I don't know about that, but I did do the best I could"Hollywood, Hollywood "Hollywood, Hollywood J'espère que Nate n'ira pas à Hollywood" Hope Nate doesn't go Hollywood" Tu penses que tu ne me connais pas bien You think that you don't know me good Tu penses que tu ne me connais pas bien You think that you don't know me good "Hollywood, Hollywood "Hollywood, Hollywood J'espère que Nate n'ira pas à Hollywood" Hope Nate doesn't go Hollywood" Tu penses que tu ne me connais pas bien You think that you don't know me good Tu penses que tu ne me connais pas You think that you don't know meJe-je-j'avance toujours, dis ce que je ressens, tu sais où j'en suis I-I-I always advance, say how I feel, you know where I stand Élever la barre, je dois étendre Raisin' the bar, I gotta expand En haut des palmarès, j'installe le camp Top of the charts, I'm setting up camp Pound dans mes pieux, j'ai monté ma tente Pound in my stakes, I put up my tent Vise les étoiles, elles tombent dans ma main Shoot for the stars, they fall in my hand Tenez-vous en à mes armes, je ne bronche même pas Stick to my guns, I don't even flinch Peut pousser tout ce que tu veux, ne bouge pas d'un pouce Can push all you want, ain't movin' an inchJe manque rarement, tu sais que je suis implacable I rarely miss, you know I'm relentless Je n'ai pas le choix, aucun moyen de l'empêcher Ain't got a choice, no way to prevent it Juste qui je suis, et je ne le regrette pas Just who I am, and I don't regret it Voir ce que je veux et ensuite je vais le chercher See what I want and then I go get it J'ai suivi mon instinct, je suis heureux de l'avoir fait Followed my gut, I'm happy I did it Battre toutes les chances, je n'ai pas de limites Beat all the odds, I ain't got no limits Ne peut pas être arrêté, tu fais attention ? Cannot be stopped, you payin' attention? Je ne dois pas le dire, ils savent où est ma tête I ain't gotta say it, they know where my head is Ils savent où est ma tête (tête est) They know where my head is (head is)Source : MusixmatchParoliers : Tommee Profitt / Nate FeuersteinParoles de CLOUDS © Capitol Cmg Paragon, Capitol Cmg Genesis, Tommee Profitt Songs, Nf Real Publishing
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Detective Dee 3 : La légende des rois célestes (2018)
Durée : 2h12
Après avoir eu une très grande période de curiosité pour le cinéma asiatique lors de la découverte de “Tigres et Dragons” (énorme claque), écumant tous les genres, de la science fiction au thriller en passant par la comédie romantique et bien évidemment les films de sabre et autres Wu Xia Pian, j’avais peu à peu décroché en raison du jeu parfois, pour ne pas dire souvent, too much des acteurs. Bien que n’ayant pas vu les deux premiers opus, ce troisème volet m’a donné envie car en 3D, et à priori de qualité. Verdict ??
Une fois mes lunettes 3D chaussées et bien calé à la maison dans la salle dédié, je sens que ça va envoyer. Je ne vais pas y aller par quatre chemins, c’est à ce jour la meilleure 3D qu’il m’ai été donné de voir ! Ce film est à voir en 3D ou alors passez le, votre chemin ! Dès la scène d’ouverture, on prie pour que le film soit du même calibre, et le générique qui suit nous en met plein les mirettes. Et ce n’est qu’un festival de 3D pendant plus de 2h : projections en tous sens, profondeur impressionnante, les shuriken et boucliers volent hors de l’écran : c’est le film à posséder pour une démo 3D de haute volée et pour voir ce qu’est un film qui n’est pas post-converti en 3D, mais clairement pensé pour un spectacle 3D et une immersion totale.
En dehors de cette prouesse technique, Tsui Hark nous livre un film d’une ambition artistique, d’une esthétique folle, une épopée grandiose où démons et sorcelleries et autres hallucinations, qui ne sont pas sans rappeler le classique “Le secret de la pyramide”, le disputent aux créatures façon “Rampage”... Un délire artistique, une mise en scène inventive et ultra dynamique, un bestiaire fantastique, époustouflant, une intrigue prenante empreinte de mysticisme et de magie, des effets spéciaux incroyables, et vous voilà parti pour un blockbuster à la sauce chinoise étourdissant !!
Au final, une superproduction hallucinante et hallucinée, un spectacle épique et virtuose à voir exclusivement en 3D sous peine de pas en saisir la substantifique moëlle. La technologie 3D est vraiment mise au service du cinéma, tous les détails, décors, costumes s’animent sous nos yeux ébahis. Inutile d’avoir vu les précédents “Detective Dee” pour accrocher à l’histoire. Le seul reproche qu’on pourrait lui faire, inhérent au cinéma oriental en général, c’est sa théâtralité poussée à l’extrême, le jeu de certains acteurs parfois trop pompeux. Mais franchement, ça serait vraiment dommage de passer à côté d'une aventure fantastique défiant les lois de la gravité, à l’écrin de luxe, et dont le contenu brille de mille feux... Non la 3D n’est pas morte qu’on se le dise !!!
Ma note : 4,5/5
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Comment on fêtait Noël à la fin du XVIe siècle à Uzès...
Nous voilà en période de fêtes et il est temps de s’y consacrer car elles ont eu de tout temps pour vertu de nous faire oublier les difficultés du quotidien. Certaines avaient même pour fonction de renverser l’ordre du monde comme pour remercier les plus opprimés d’avoir si bien supporter le poids de la pyramide hiérarchique qui l’année durant avaient pesé sur eux. Dans le Carnaval de Roman, Le Roy Ladurie a montré comment le rite d’inversion des positions sociales typique du carnaval avait été instrumentalisé par les élites locales pour éliminer leurs opposants du parti populaire. C’était là redoubler le rite d’inversion et faire une Révolution. A la manœuvre, le juge Guérin avait alors tout du génie politique. L’époque tendait à la conflagration généralisée, c’étaient les Guerres de Religion, les campagnes étaient surpeuplées, la pauvreté maximale, les salaires agricoles au plus bas, la rente au plus haut, l’opposition religieuse canalisait les frustrations et leur donnait une patine messianique. Aujourd’hui, dans une France pacifiée malgré des soubressauts, le débat se focalise sur la nature des fêtes de Noël largement sécularisée. La question des crèches installée dans les mairies illustre parfaitement l’hystérie qui règne autour de sujets sans véritables enjeux aujourd’hui. Nos voisins ne se privent pas de se gausser du ridicule de ces querelles. Pour le dire autrement, s’inventer des problèmes est le signe de ce malaise qui habite notre pays. La France ne va pas bien et c’est là un euphémisme mais relativisons en ajoutant que cette tension palpable ici et là l’est également un peu partout dans le monde. La mondialisation produit ses effets délétères après avoir dopé l’économie-monde et produit des bénéfices innombrables aux quatre horizons, bénéfices ubiquistes mais non universels. Mais au diable les problèmes du jour et retournons nous un instant pour voir en quoi consistaient les fêtes et les Noëls de jadis. Les fêtes religieuses se traduisaient par un bon tiers des jours de l’année chômés par les paysans. C’était beaucoup. Les autorités cléricales veillaient d’ailleurs à ce que le travail cesse effectivement. Des procédures judiciaires étaient même lancées contre les récalcitrants, ces travailleurs impénitents que les obligations de l’exploitation agricole souciaient plus que celles dues au seigneur créateur de toute chose. Mais au XVIIIe siècle, on voit les autorités villageoises prendre fait et cause pour leurs administrés trop assidus à leur labeur. Voilà en l’occurrence une situation qui nous fait mesurer combien le monde a changé. La nature des fêtes villageoises de jadis était double. Les fêtes étaient d’abord religieuses avec cérémonies idoines, processions, messes, bénédictions. Redoublant ces manifestations de dévotion populaire dont l’intensité nous impressionnerait, il y avait tout une pratique profane de la fête qui la concurrençait. D’ailleurs régulièrement, les évêques interdisaient telles ou telles manifestations jubilatoires, tel ou tel jeu, telle ou telle manifestation. Parmi ces fêtes, il y en avait d’essentiellement privées. Elles se déroulaient dans la pièce principale de la maison où la cheminée composait le cœur. C’était le cas du cachefioc comme nous l’a très précisément décrit Thomas Platter lors d’un de ses premiers séjours à Uzès où il s’installa peu après pour exercer la médecine. Notre étudiant en médecine bâlois était logé chez Monsieur Carsan dont la famille se partageait entre catholiques et protestants. Le 24 décembre au soir de l’année 1597, alors que la nuit venait de tomber, il vit déposer sur le grill qui était sur le feu dans la cheminée une grosse bûche dont on attendit qu’elle prit feu pour se réunir aussitôt autour de l’âtre. Le plus jeune des enfants s’approcha de la scène les mains pleines d’offrandes destinées à être jeté dans le feu en sacrifice. Une incantation fut alors proférée dont la formulation ne fait aucun doute sur son rôle. Il s’agissait donc ici d’invoquer l’éternel pour lui demander de relancer le cycle de la vie pour l’année nouvelle. La catholicité de ce rite n’est qu’un habillage. Ici, comme ailleurs, le rite catholique est venu recouvrir des pratiques païennes dont les origines se perdent dans la nuit des temps. En réalité, la célébration du cachefioc correspond aux rites antiques dédiés à la victoire du soleil sur les ténèbres (« Sol Invictus »/le soleil invaincu). À partir du solstice d’hiver dont la date varie selon les saisons astronomiques (vers le 25 décembre), les jours qui jusque là devenaient toujours plus courts menant l’humanité vers les ténèbres commencent à s’allonger. C’est donc le retour de l’espoir dans un cycle astronomique nouveau et l’arrivée prochaine du printemps. C’est précisément le sens de l’incantation prononcé par le père de famille qui appelait Dieu a donné des femmes enfantant, « des capres caprettans, des fedes agnolans, des vacques vedelan ». Une fois les paroles proférées, l’enfant sacrifie en jetant le sel, les miettes de pain, la cire et le vin sur la bûche. Alors tout le monde s’écrie d’une même voix : « Allègre! Diou nous allègre! ». L’enfant bénit enfin la bûche avec la cire qui goutte d’une chandelle qu’il tenait depuis le début de la cérémonie. La bûche est alors retirée du feu pour être conservée tout au long de l’année comme un talisman protecteur dont Thomas Platter nous dit qu’il était sensé guérir des tumeurs. Cette cérémonie familiale était l’aboutissement d’une longue histoire durant laquelle un rite religieux primitif a été recouvert de significations nouvelles qui venaient s’ajouter ou se substituer à d’autres. Mais la signification intrinsèque, première, astronomique du rite a perduré jusqu’au XXe siècle même si elle n’émerge plus guère à la conscience des protagonistes. Mais les choses semblent être moins évidentes car le Père Noël incarne bel et bien un message d’espoir, cet espoir qui dès l’origine animait les premiers protagonistes de ce rite du solstice d’hiver. Mika Palatan source
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It was a long
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Château de Versailles, un monument historique français. Il fut la résidence des rois de France Louis XIV, Louis XV et Louis XVI. Le château s'étend sur 63 154 m2, répartis en 2 300 pièces, dont, actuellement, 1 000 pièces de musée. - Happy Highway pour vous accompagner lors de vos visites, Excursion, événement, tourisme, transfert,.. Location de voiture avec chauffeur 8places 🕴️🚐 Rent your car with a driver - Follow us @happyhighway.fr Follow us @happyhighway.fr - - #tag a friend who wants to visit Paris - #chateaudeversailles #palaceofversailles #versailles #chateauversailles #grandtrianon #petittrianon #hameaudelareine #galeriedescarrosses #theatredelareine #louisxiv #louisxv #louisxvi #marieantoinette (à Château de Versailles) https://www.instagram.com/p/B0rTHPXi2gH/?igshid=137npd2d2gobb
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Quel est le langage moralement approprié dans lequel penser et écrire?
Une semaine après la publication de mon premier roman, Le dieu des petites choses, un membre du public a demandé, d'un ton hostile: «Un auteur a-t-il jamais écrit un chef-d'œuvre? dans une langue étrangère? Dans une langue autre que sa langue maternelle? ». Je n'avais pas prétendu avoir écrit un chef-d'œuvre (ni être un « il »), mais j'avais compris sa colère envers un moi, un écrivain qui vivait en Inde, écrivait en anglais et qui avait attiré une quantité absurde d'attention. Ma réponse à sa question le rendit encore plus en colère. «Nabokov», ai-je dit. La réponse correcte à cette question aujourd'hui serait «d'algorithmes». L'intelligence artificielle, nous dit-on, peut écrire des chefs-d'œuvre dans n'importe quelle langue et les traduire en chefs-d'œuvre dans d'autres langues. Alors que l’époque que nous connaissons et que nous pensons comprendre vaguement touche à sa fin, peut-être que nous, même les plus privilégiés d’entre nous, ne sommes qu’un groupe d’êtres humains redondants réunis avec un intérêt mystérieux pour le langage généré par d’autres licenciés. «... le fait même que tu écrives en anglais en hommage à l'empire britannique.» L'historien m'a dit que c’était un compliment, parce qu'il a aimé mon livre. Je lui ai demandé s'il pensait aussi que le jazz, le blues et l'écriture et la poésie afro-américaines étaient un hommage à l'esclavage. Et si toute la littérature latino-américaine était un hommage au colonialisme espagnol et portugais. Malgré ma colère, dans les deux cas, mes réponses étaient des réactions défensives, pas des réponses adéquates. Parce que ces incidents touchaient une gamme de questions incendiaires - colonialisme, nationalisme, authenticité, élitisme, nativisme, caste et identité culturelle - toutes ces points de pression discordants sur le système nerveux. Je me suis demandé quelle était ma langue maternelle. Quel est le langage politiquement correct, culturellement approprié et moralement approprié dans lequel je devrais penser et écrire? Je me suis rendu compte que ma mère était en réalité un étranger. Mon anglais a été élargi et approfondi aux rythmes et aux cadences des autres langues de ma mère étrangère. (Je dis alien car il n’y a pas grand-chose d’organique chez elle. Son corps en forme de nation a été assimilé violemment, puis démembré par une plume britannique impériale. A cause de la violence déclenchée en son nom sur ceux qui ne le sont pas, le désir de lui appartenir (les Cachemiris), ainsi que ceux qui le font (musulmans et Dalits indiens), en font une mère extrêmement non maternelle. Combien de langues? Officiellement, environ 780, dont 22 reconnues par la Constitution indienne, 38 attendent de bénéficier de ce statut. Chacun a sa propre histoire de colonisation. Il y a peu de victimes et d'auteurs purs. Il n'y a pas de langue nationale. Pas encore. L'hindi et l'anglais sont désignés «langues officielles». Selon la Constitution de l'Inde (écrite en anglais), l'utilisation de l'anglais par l'État à des fins officielles était censée cesser en 1965, 15 ans après l'entrée en vigueur de la constitution. L'hindi, écrit dans le script Devanagari, devait prendre sa place. Toute tentative sérieuse visant à faire de l'hindi la langue nationale a suscité des émeutes dans des régions du pays qui ne parlent pas l'hindi. (Imaginez que vous essayez d'imposer une seule langue à l'ensemble de l'Europe.) L'anglais a continué, de manière coupable, officieuse et, par défaut, à consolider sa base. La culpabilité dans ce cas est un sentiment inutile. L'Inde en tant que pays, État-nation, était une idée britannique. Ainsi, l'idée de l'anglais est aussi bonne ou aussi mauvaise que l'idée de l'Inde elle-même. Écrire ou parler en anglais n’est pas un hommage à l’Empire britannique, comme l’historien impérial britannique l’a tenté de me suggérer, c’est une solution pratique aux circonstances créées par celui-ci. Fondamentalement, l’Inde reste à bien des égards un empire, ses territoires tenus ensemble par ses forces armées et administrés depuis Delhi, qui, pour la plupart de ses sujets, est aussi éloignée que toute métropole étrangère. Si l'Inde avait été divisée en républiques linguistiques, comme des pays d'Europe, l'anglais pourrait peut-être être supprimé. L’anglais, bien qu’il soit parlé par une petite minorité (des dizaines de millions de personnes), est la langue de la mobilité, des chances, des tribunaux, de la presse nationale, de la fraternité juridique, de la science, ingénierie et communication internationale. Langage du privilège et de l'exclusion... de l'émancipation, la langue dans laquelle le privilège a été dénoncé. Annihilation of Caste du Dr. B. Ambedkar, dénonciation la plus lue, la plus traduite et la plus dévastatrice du système de la caste hindoue. Cela a révolutionné le débat sur le système peut-être le plus brutal d'injustice institutionnalisé jamais imaginé par une société. À quel point les choses auraient été différentes si les castes privilégiées avaient réussi à contenir l’écriture d’Ambedkar dans une langue que seuls sa propre caste et sa propre communauté pouvaient lire. Inspirés par lui, de nombreux militants dalits voient aujourd'hui dans le déni d'une éducation anglaise de qualité pour les défavorisés (au nom du nationalisme ou de l'anticolonialisme) une continuation de la tradition brahmanique consistant à nier l'éducation et l'alphabétisation, ou le droit. poursuivre la connaissance et accumuler de la richesse - pour les gens qu'ils considèrent comme des «shudras» et des «proscrits». En 2011, l'érudit dalit Chandra Bhan Prasad a construit un temple de village pour la déesse Dalit de l'anglais. «Elle est le symbole de la Renaissance dalit. Nous utiliserons l'anglais pour gravir les échelons et devenir libres pour toujours." Au moment où le boulet du nouvel ordre économique mondial s’effondre, entraînant certaines personnes vers la lumière, les plongeant dans l’obscurité, le «savoir» et le «non-savoir» de l’anglais jouent un grand rôle dans l’attribution de la lumière et des ténèbres. C'est sur cette mosaïque hallucinante que l'actuel régime nationaliste hindou tente de greffer sa vision «Une nation, une religion, une langue». Depuis sa création dans les années 1920, le cri de ralliement du RSS (Rashtriya Swayamsevak Sangh), la société holding du nationalisme hindou - et la plus puissante organisation en Inde aujourd'hui - était «Hindi-Hindu-Hindustan». Ironiquement, ces 3 mots sont dérivés de l'arabe et du persan «al-Hind» - Hindustan, nom du «stan» (lieu) - à ne pas confondre avec «sthan», qui signifie également «lieu» en sanskrit, situé à l'est de l'Indus. Les «Hindous» étaient les peuples (pas la religion) qui vivaient là. C’est trop demander au RSS de tirer les leçons des expériences d’autres pays, mais lorsque la République islamique du Pakistan a tenté d’imposer l’urdu à ses citoyens de langue bengali situés au Pakistan oriental, il a fini par perdre la moitié de lui-même. Le Sri Lanka a tenté d'imposer le cinghalais à ses citoyens tamouls et a dû payer des décennies de guerre civile sanglante. Nous vivons et travaillons (et écrivons) dans un pays compliqué où rien n'est ou ne sera jamais réglé. Surtout pas la question de la langue. Les langues. Susan Sontag était certainement consciente de la complexité de cette conférence de 2002 «Le monde en tant qu'Inde: la traduction en tant que passeport au sein de la communauté littéraire». comme stratégie d’écriture dans une communauté sans passeports ». 20 ans après la publication du Dieu des petites choses, j'ai fini d'écrire mon deuxième roman, Le ministère du plus grand bonheur. Si un roman peut avoir un ennemi, celui-ci a pour idée «Une nation, une religion, une langue». Au moment de composer la page de couverture de mon manuscrit, à la place du nom de l'auteur, j'ai été tenté d'écrire: "Traduit de l'original (des originaux) par Arundhati Roy." C’est un roman écrit en anglais mais imaginé en plusieurs langues. La traduction en tant que première forme de création a été au cœur de son écriture). Ce récit particulier sur ces personnes dans cet univers particulier devait être imaginé dans plusieurs langues. C'est une histoire qui émerge d'un océan de langues, dans lequel un écosystème foisonnant de créatures vivantes - poissons de langue officielle, mollusques non-officiels, et bancs de poissons-mots flamboyants - nagent, certains amis, d'autres ouvertement hostile et certains carrément carnivores. Mais ils sont tous nourris par ce que l'océan fournit. Et tous, comme les membres du ministère, n'ont d'autre choix que de coexister, de survivre et d'essayer de se comprendre. Pour eux, la traduction n'est pas seulement un art littéraire haut de gamme interprété par des polyglottes sophistiqués. C’est la vie quotidienne, c’est une activité de rue et c’est de plus en plus une composante essentielle de la trousse de survie du peuple. Ainsi, dans ce roman aux multiples langues, ce n’est pas seulement l’auteur, mais les personnages eux-mêmes qui nagent dans un océan d’une exquise imperfection, qui traduisent sans cesse pour et entre eux, qui parlent à travers les langues et qui réalisent que les personnes qui parlent la même langue ne sont pas nécessairement celles qui se comprennent le mieux. En cours de traduction - dans 48 langues. Chacun de ces traducteurs doit composer avec une langue qui contient de nombreuses langues (sociolectes est peut-être le mot correct). J'emploie le mot infusé à bon escient, parce que je ne parle pas simplement d'un texte qui contient une poignée de citations ou de mots dans d'autres langues comme d'un gadget ou d'un trope, mais d'un essai de créer une camaraderie des langues. Sur les 48 traductions, deux sont l'ourdou et l'hindi. Le corps humain et ses organes jouent un rôle important dans The Ministry. Nous avons constaté que l'ourdou, la langue la plus exquise qui contient plus de mots pour l'amour que toute autre langue au monde, n'a pas de mot pour vagin. Il existe des mots comme l'arabe furj, considéré comme archaïque et plus ou moins obsolète, et il existe des euphémismes dont le sens va de «partie cach��e», «trou de respiration», «bouche d'aération» et «voie vers l'utérus». Le plus couramment utilisé est aurat ki sharamgah. Un lieu de honte pour les femmes. Avant de nous précipiter vers le jugement, nous devons nous rappeler que pudenda en latin signifie «celui dont on devrait ressentir la honte». En danois, mon traducteur m'a dit que l'expression était «lèvres de honte». Adam et Eve sont donc vivants et leurs feuilles de figuier sont bien en place.
La traduction «pré-écriture». Rien de tout cela ne venait d'un plan élaboré et préexistant. J'ai travaillé purement par instinct. Ce n’est que lors de la préparation de cette conférence que j’ai vraiment commencé à comprendre à quel point il était important pour moi de persuader les langues de se déplacer, de se faire de la place. Avant de plonger dans l'océan de l'imperfection et de nous perdre dans les tourbillons de nos conflits historiques et de nos guerres de langues, afin de vous donner une idée approximative du terrain, je vais tracer la voie par laquelle je suis arrivé à mon partie particulière du rivage. Ma mère est une chrétienne syrienne du Kerala, la pointe la plus méridionale de la péninsule indienne, où l'on parle le malayalam. Mon père était un Bengali de Kolkata. À l'époque, il venait d'Assam. La langue qu'ils avaient en commun était l'anglais. Je suis né à l'hôpital de la mission galloise dans la petite ville de Shillong. La tribu montagnarde prédominante à Shillong est celle des Khasi, leur langue est une langue austro-asiatique, liée au cambodgien et au mon. Les missionnaires gallois de Shillong, comme ceux de toute l'Inde, s'efforcèrent de transformer les langues orales en langues écrites, principalement pour traduire et imprimer la Bible. Dans le cadre de leur propre campagne visant à préserver le gallois contre le raz de marée anglais, ils ont veillé à ce que l'orthographe de Khasi soit en écriture romaine, soit similaire à celle du gallois. Les deux premières années de ma vie ont été passées à Assam, la capitale de l'État de Meghalaya. Les ouvriers du thé, vivant sur le salaire de la famine, étaient (et sont) parmi les personnes les plus brutalement opprimées et exploitées en Inde. Ils sont les descendants des tribus autochtones de l'Inde orientale et centrale, dont les langues propres ont été décomposées et incorporées dans le nom de Baganiya, qui signifie littéralement «langue de jardin». C'est un patois de l'hindi, d'Axomiya et de leurs propres langues. Baganiya était la langue que j'ai parlée la première fois. Nous avons déménagé dans le sud de l'Inde, d'abord à Ootacamund, dans le Tamil Nadu, puis à Ayemenem, le village du Kerala, où se dresse le dieu des petites choses. J'ai grandi avec un régime culturel comprenant Kipling, Kathakali (une forme de danse du temple), The Sound of Music, ainsi que le cinéma malayalam et tamoul... je pouvais réciter Shakespeare, chanter des cantiques chrétiens dans le lugubre style malayali et imiter un cabaret du film tamoul appelé Jesus. Ma mère, inquiète de mes perspectives de carrière, décida que je ne devrais parler qu'en anglais [1]. Je suis allé dans un pensionnat du Tamil Nadu fondé par Sir Henry Lawrence, héros britannique du «Indian Mutiny» de 1857, mort pour avoir défendu la résidence de Lucknow. (Celui qui a écrit un code juridique dans le Pendjab qui interdisait Sati, l'auto-immolation par les veuves, l'infanticide et le travail forcé. Aussi difficile que cela puisse être accepté, les choses ne sont pas toujours aussi simples qu'on le prétend. La devise de notre école était: «Ne jamais céder». Beaucoup d’élèves étions convaincus que ce que Lawrence avait dit: «Ne jamais céder - aux chiens indiens». J'ai appris l'hindi. Mon professeur était un malayali qui nous a enseigné une sorte d’hindi dans une sorte de malayalam. Nous n'avons rien compris. À 16 ans, j'ai terminé mes études et je me suis retrouvé seul dans un train pour Delhi, qui se trouvait à 3 jours et 2 nuits. (Je ne savais pas alors que je partais pour de bon à la maison.) J'allais rejoindre l’école d’architecture. J'étais armé d'une seule phrase d'hindi tirée d’une leçon intitulée Swamibhakt Kutiya sur un chien fidèle qui sauvait le bébé de son maître d’un serpent en se faisant mordre à la place : Subah uth ke dekha à kutiya mari padi thi. «Quand je me suis réveillé le matin, la chienne était morte.» Pendant les premiers mois à Delhi, c'était ma seule contribution à une conversation ou à une question qui m'était adressée en hindi. Au fil des ans, c’est la mince base sur laquelle, lorsque mon malayalam est devenu rouillé, j’ai construit mon vocabulaire hindi. Bengalis, Assamais, Nagas, Manipuris, Népalais, Sikkimais, Goans, Tamiliens, Malayalees, Afghans. Mon premier compagnon de chambre était Kashmiri. Mon deuxième népalais. Mon ami le plus proche était d'Orissa. Il ne parlait ni l'anglais ni l'hindi. Pendant la majeure partie de notre première année, nous avons échangé des spliffs, des croquis, des dessins animés. Avec le temps, nous avons tous appris à communiquer les uns avec les autres en patois standard de l’Université de Delhi, une combinaison de l’anglais et de l’indi. L'écriture de scénarios - j'en ai écrit deux - m'a appris à écrire un dialogue. Et cela m'a appris l'économie. Mais ensuite, j'ai commencé à désirer des excès. J'avais envie d'écrire sur le paysage de mon enfance, sur les habitants d'Ayemenem, sur le fleuve qui le traversait, les arbres qui s'y pliaient, la lune, le ciel, les poissons, les chants, la maison de l'histoire et l'innommé terreurs qui se cachaient autour. Je ne pouvais pas supporter l'idée d'écrire quelque chose commençant par Scène 1. Ext. Journée. Rivière. Je voulais écrire un livre obstinément visuel mais non-filmable. Ce livre s'est avéré être Le dieu des petites choses. Je l’écrivis en anglais, mais je l’imaginais aussi bien en anglais qu'en malayalam, les paysages et les langues se heurtant. Pour moi, ou pour la plupart des écrivains contemporains travaillant dans ces régions, le langage ne peut jamais être une donnée. Cela doit être fait. Il doit être cuit. Cuit lentement. Ce n'est qu'après l’avoir écrit que j'ai senti le sang couler plus librement dans mes veines. Ce fut un soulagement inimaginable d’avoir enfin trouvé une langue qui avait le même goût que la mienne. Une langue dans laquelle je pourrais écrire comme je le pense. Une langue qui m'a libéré. Le soulagement n’a pas duré longtemps. Moins d'un an après la publication, un gouvernement nationaliste hindou est arrivé au pouvoir en 1998. La première chose qu’il a faite a été de procéder à une série d’essais nucléaires. Quelque chose a changé. Il était encore question de langue. Pas la langue d’un écrivain, mais la langue publique d’un pays, son imagination publique par elle-même. Tout à coup, des choses qu'il aurait été impensable de dire en public sont devenues acceptables. L'orgueil national viril, qui avait plus à voir avec la haine qu'avec l'amour, coulait comme de la lave nocive dans les rues. Déconcertée par les célébrations même dans les quartiers les plus inattendus, j’ai écrit mon premier essai politique, «La fin de l’imagination». Ma langue a également changé. Ce n’était pas cuit lentement. Ce n’était pas un langage secret d’écriture de roman. C'était rapide, urgent et public : anglais. Relisant la fin, les signaux d'alarme étaient clairs, à qui tenait à les écouter : «Ce ne sont pas que des essais nucléaires, ce sont des tests de nationalisme», nous a-t-on répété à plusieurs reprises. Cela a été martelé à la maison, encore et encore. La bombe est l'Inde, l'Inde est la bombe. Pas seulement l'Inde, l'Inde hindoue. Par conséquent, soyez averti, toute critique à ce sujet n’est pas seulement antinationale, mais anti-hindoue. (Bien sûr, au Pakistan, la bombe est islamique. C'est l'un des avantages inattendus de la possession d'une bombe nucléaire. Le gouvernement peut non seulement l'utiliser pour menacer l'ennemi, il peut également l'utiliser pour déclarer la guerre à son propre peuple. Pourquoi tout cela vous semble-t-il si familier? Est-ce parce que, même lorsque vous regardez, la réalité se dissout et se glisse dans les images silencieuses et en noir et blanc de vieux films - des scènes de personnes chassées de leur vie, rassemblées et entassées dans des camps? De massacre, de chaos, d'innombrables colonnes de gens brisés qui se dirigent nulle part? Pourquoi n'y a-t-il pas de bande son? Pourquoi la salle est-elle si silencieuse? Ai-je vu trop de films? Suis-je fou? Ou ai-je raison? Le chaos est venu. Le 7 octobre 2001, 3 semaines après les attentats du 11 septembre 2001, le Bharatiya Janata Party, alors au pouvoir dans l'État du Gujarat, a destitué Keshubhai Patel, et nommé Narendra Modi star dans le RSS, à sa place. En février 2002, à la suite d'un incendie criminel, 68 pèlerins hindous ont été brûlés dans un train arrêté à Godhra. Les musulmans locaux ont été tenus pour responsables. En guise de «vengeance», plus de 1 000 musulmans ont été massacrés par des foules hindoues. Plus de 100 000 personnes ont été chassées de leurs maisons et emmenées dans des camps de réfugiés. Ce n’était certes pas le premier massacre de membres d’une communauté minoritaire dans l’Inde après l’indépendance, mais c’était le premier à être retransmis à la TV. Le premier, qui était fièrement «possédé». J'avais tort de dire qu'il n'y avait pas de bande son. «La fin de l'imagination» marquait le début de 20 années d'écriture d'essais pour moi. Presque chaque essai a été traduit en hindi, en malayalam, en marathi, en ourdou et en punjabi. Sous nos yeux fascinés, fondamentalisme religieux et fondamentaliste libéralisé du libre marché, déchaînés au début des années 90, valsaient main dans la main, comme des amants, transformant le paysage autour de nous à une vitesse exaltante pour certains, dévastatrice pour d'autres. D’énormes projets d’infrastructures ont déplacé des centaines de milliers de ruraux pauvres, les laissant dans un monde qui semblait ne pas pouvoir ou tout simplement ne pas vouloir les voir. C'était comme si la ville et la campagne avaient cessé de pouvoir communiquer entre elles. Cela n’a rien à voir avec la langue, mais tout avec la traduction. Les juges siégeant à la Cour suprême semblaient incapables de comprendre que, pour une personne appartenant à une tribu autochtone, leur relation avec la terre ne pouvait pas simplement se traduire en argent. (J’ai été traduit devant les tribunaux pour outrage au tribunal pour avoir déclaré, entre autres, que payer des Adivasis, membres de tribus indigènes, des compensations en espèces pour leurs terres revenait à payer les salaires de juges de la Cour suprême dans des sacs d’engrais.) Au fil des années, les essais ont ouvert des mondes secrets pour moi-la meilleure sorte de redevance que tout écrivain pourrait demander. Au cours de mes voyages, j'ai rencontré des langues, des histoires et des personnes dont la façon de penser m'a élargi comme jamais auparavant. Plus tard, je me suis dit qu'il l'aurait peut-être fait pour troubler les futurs traducteurs dans les langues où la taxonomie scientifique des oiseaux et des arbres, avec leurs noms de genre et d'espèce identifiant chacun d'entre eux comme étant uniques, n'existait pas. La nouvelle recette de cuisson lente comportait des risques considérables. Je devais jeter le langage du Dieu des petites choses d'un très grand bâtiment. Et ramasser les morceaux brisés. Ainsi est né Le ministère du plus grand bonheur. Il n’est pas nécessaire pour les lecteurs du Ministère du plus grand bonheur de connaître ou de comprendre la carte compliquée des langues qui le sous-tend. Si c’était le cas, si les lecteurs avaient besoin d’un guide de terrain pour bien comprendre le livre, je me considérerais comme un échec. Le voir dans des librairies assises côte à côte avec des romans policiers et des thrillers politiques ne me procure que du plaisir. Le plaisir et les jeux avec la carte de langue est exactement cela : une couche supplémentaire d’amusement. La carte des langues de ce livre, histoires entrelacées pourrait devenir assez volumineux. Phrase d’ouverture: “Elle a vécu dans le cimetière comme un arbre. "Elle" est Anjum. Elle a quitté son domicile à la Khwabgah (la Maison des rêves) où elle a vécu pendant des années avec un groupe d’autres personnes comme elle. Le cimetière musulman où elle vit actuellement est proche de la ville fortifiée de Delhi. La première fois qu'elle nous donne une idée de qui elle est vraiment commence au carrefour de 2 langues. Il y a longtemps, un homme connaissant l'anglais lui a dit que son nom écrit à l'envers (en anglais) était Majnu. Dans la version anglaise de l'histoire de Laila et Majnu, dit-il, Majnu s'appelait Roméo et Laila s'appelait Juliette. Elle a trouvé ça hilarant. "Vous voulez dire que j'ai fait un khichdi de leur histoire?" Demanda-t-elle. "Que feront-ils quand ils découvriront que Laila est peut-être Majnu et que Romi était vraiment Juli?" Lors de sa prochaine visite, Man Who Knew English a déclaré qu’il avait commis une erreur. Son nom épelé à l'envers serait Mujna, qui n'était pas un nom et ne voulait rien dire du tout. «Ce n'est pas grave. Je suis tous, Romi et Juli, Laila et Majnu. Et Mujna, pourquoi pas? Qui a dit que je m'appelle Anjum? Je ne suis pas Anjum, je suis Anjuman. Je suis un mehfil, je suis un rassemblement. De tout le monde et de personne, de tout et de rien. » L’Homme qui connaissait l'anglais a dit que c'était malin de sa part. Il a dit qu’il n’y aurait jamais pensé lui-même. Elle a dit: « L'anglais vous rend intelligent automatiquement?” Anjum est née de parents musulmans chiites dans le vieux Delhi, peu après l'indépendance. Son père, Mulaqat Ali, qui retrace la lignée de sa famille directement à l’empereur mongol Changez Khan, est un hakim. Il est né dans les rues et les bazars de l’Inde du Nord, langue autrefois appelée ourdou / hindi / hindoustani. Le Khari Boli, parlé à Delhi et dans les environs, dans l'actuel Uttar Pradesh occidental, est la langue de base à laquelle le lexique persan a été ajouté. L’urdu, écrit en alphabet persan-arabe, était parlé par les hindous et les musulmans de l’Inde du Nord et du plateau du Deccan. Cela, à cette époque, était persan. Ce n’était pas tout à fait le langage des gens ordinaires. L’urdu était la langue de la rue, mais pas nécessairement la langue parlée dans l’intimité des foyers de la plupart des gens ordinaires, en particulier par les femmes. Il est devenu le langage formel de la littérature et de la poésie pour les hindous et les musulmans. L'ourdou variait d'une région à l'autre. Chaque région a ses propres grands prêtres qui revendiquent le véritable pedigree. En fait, il a connu son heure la plus brillante avec la disparition de l'empire moghol. Le partitionnement de l'ourdou a commencé dans la seconde moitié du 19e siècle, après la mutinerie de 1857, lorsque l'Inde a cessé d'être simplement un atout de la Compagnie des Indes. L’empereur moghol titulaire, Bahadur Shah Zafar, a été officiellement destitué et l’Inde a été placée sous le régime britannique. Les musulmans, considérés comme les principaux instigateurs de la mutinerie, ont été soumis à des sanctions et traités avec de méfiance par l'administration britannique. Les bases du pouvoir ont commencé à changer, les hiérarchies ont changé, libérant un ressentiment réprimé et de nouvelles énergies qui ont commencé à s'infiltrer à travers les fissures comme de la fumée. Alors que les anciennes idées de gouvernement par le fiat et l’armée commençaient à se métamorphoser en idées modernes de gouvernement représentatif, les anciennes communautés féodales ont commencé à se fondre dans des «circonscriptions» modernes afin de tirer parti du pouvoir et des possibilités d’emploi. Plus la circonscription est grande, plus l'effet de levier est important. La démographie revêtant une importance vitale, le premier recensement britannique était une source de grande inquiétude. Les dirigeants «hindous» se sont intéressés aux dizaines de millions de personnes appartenant aux castes «intouchables». Dans le passé, pour échapper à la stigmatisation de la caste, des millions de personnes s'étaient converties à l'islam, au sikhisme et au christianisme. Mais à présent, leur conversion religieuse était considérée par les castes privilégiées comme catastrophique. Les réformistes se sont précipités pour endiguer l'hémorragie. L'hindouisme est devenu une religion évangélique. Des organisations de hindous de caste privilégiés, qui croyaient profondément en la caste et se croyaient des Aryens, descendants de la race européenne, cherchaient à maintenir les intouchables et les tribus autochtones dans le «repli hindou» en organisant des cérémonies du Ghar Wapsi (Le retour chez eux), une farce qui était destiné à symboliser «purification spirituelle». Afin de se définir clairement et de se démarquer des autres circonscriptions concurrentes, la circonscription hindoue nouvellement émergente avait besoin de symboles culturels - de quoi enflammer l'imagination de ses évangélistes et de ses recrues potentielles. La vache sacrée et le texte sacré sont devenus les véhicules choisis pour la mobilisation. Les sociétés Gau Rakshak (protection des vaches) se sont multipliées et simultanément, il a été demandé que Devanagari (Deva comme dans Dio / Dieu - le script des dieux) soit officiellement accepté comme second script pour l'ourdou. Devanagari, à l'origine connu sous le nom de Babhni, était l'écriture des brahmanes [2] et avait, comme le sanscrit, été jalousement gardé, sa pureté protégée de «l'influence polluante» des castes inférieures, qui s'étaient vu refuser le droit d'apprendre pendant des siècles. Mais les temps changeants exigeaient qu'il soit promu comme le script autochtone du «peuple». Le script le plus largement utilisé à l'époque était un script appelé Kaithi. Mais Kaithi a été utilisé par des castes non-brahmines comme les Kayasthas, qui étaient considérées comme des partisans des musulmans. En quelques décennies, Kaithi n'a pas seulement été jeté, mais effacé de la mémoire publique. [3]
Transformer une bataille pour un nouveau scénario en un mouvement social populaire n’était pas chose aisée lorsque le taux d’alphabétisation de la population était inférieur à 10%. Comment est-il possible de passionner les gens pour quelque chose qui ne les concerne pas vraiment? La solution était simple mais ingénieuse. Dans son tract érudit, le nationalisme hindi, Alok Rai explique en détail comment la mobilisation pour Devanagari a été fusionnée avec l'appel à l'unité hindoue, à la protection de la vache et à Ghar-Wapsi. Les Naghas Pracharani Sabhas - des comités pour la vulgarisation de Nagari (la partie de Dieu, "Deva", a été ajoutée plus tard) - et les évangélistes de Gau-Rakshaks et de Ghar-Wapsi partageaient les mêmes fonctions et les mêmes responsables. (Il est fort probable que cet arrangement se poursuive encore aujourd'hui.) La campagne pour Devanagari avait des objectifs immédiats et pratiques (emplois dans les bureaux du gouvernement, pour lesquels lire le persan était à l'époque une qualification de base). La campagne a pris de l'ampleur et a été stimulée par la résistance de l'élite musulmane, y compris des dirigeants musulmans ayant un intérêt direct dans le statu quo, tels que le plus connu des réformistes et modernisateurs de l'époque, Sir Syed Ahmed Khan. Voici sa défense de conserver le script persan-arabe comme seul script officiel [4]... C’est extraordinaire de voir comment des ennemis jurés peuvent trouver un terrain d’entente dans leurs pires préjugés. Comme toujours, ce fut une bataille d'anciennes et de nouvelles élites faisant pression pour obtenir de nouvelles opportunités, les nouvelles se déguisant, comme toujours, déguisant leurs propres aspirations en volonté du «peuple». La première victoire du Mouvement Devanagari s’est produite en 1900 lorsque Sir Anthony MacDonnell, lieutenant-gouverneur des provinces du Nord-Ouest et Oudh, a rendu une ordonnance autorisant l’utilisation du script Devanagari en plus du script persan devant les tribunaux de la province. En quelques mois, l'hindi et l'ourdou ont commencé à être qualifiés de langues séparées. Du côté «hindi», tout ce qui était perçu comme une influence perse, ainsi que l’influence de langues considérées comme des langues vernaculaires peu sophistiquées, a été progressivement éliminé. Le sanscrit a commencé à remplacer le persan. Mais le sanscrit était le langage des rituels et des écritures, le langage des prêtres et des hommes saints. Son vocabulaire n'a pas été forgé sur l'enclume de l'expérience humaine quotidienne. Ce n'était pas le langage de l'amour mortel, du dur labeur, de la lassitude ou du désir. Ce n'était pas le langage de la chanson ou de la poésie des gens ordinaires. Cela aurait été en awadhi, maithili, braj bhasha et bhojpuri et une myriade d'autres dialectes. Il est rare, voire jamais, dans l’histoire, que l’on ait essayé d’appauvrir le langage plutôt que de l’enrichir. C'était comme vouloir remplacer un océan par un aquarium. Alors que les positions des 2 côtés se durcissaient, même les chanoines littéraires ont été divisés. Le canon «ourdou» a effacé les sublimes poètes Bhakti anti-caste tels que Kabir, Surdas, Meera et Raskhan, un adepte musulman de Krishna. Le canon «hindi» a effacé le plus grand des poètes urdu Mir et Ghalib. (Quelque chose de semblable est à l'œuvre dans le monde de la musique classique hindoustane, bien que celle-ci n'ait pas encore eu le malheur de se diviser officiellement entre musique classique hindoue et musique classique musulmane.) Des écrivains et des poètes progressistes ont continué à produire de la littérature et de la poésie riches, profondes et pleinement attentives à ce que leur langue leur faisait subir. Mais progressivement, au fur et à mesure que la génération la plus âgée passera, la nouvelle, dont l’éducation formelle est issue de «nouveaux» livres et manuels en hindi qui doivent être approuvés par les comités gouvernementaux, aura de plus en plus de mal à reconquérir un héritage ineffablement beau qui leur revient de droit. Les circonstances matérielles restreintes reflètent le vocabulaire restreint de ses visiteurs. Aujourd'hui, beaucoup de la jeune génération de locuteurs ourdou en Inde ne peuvent pas lire l'écriture persane. Ils ne peuvent lire que l'ourdou dans le script Devanagari. L'ourdou n'est pas considéré uniquement comme une langue musulmane, mais comme une langue pakistanaise. Ce qui le rend presque criminel aux yeux de certains peuples. En 2017, 2 membres musulmans de l'assemblée législative de l'Uttar Pradesh ont été empêchés de prêter serment en ourdou [5]. Un membre de l’Aligarh Municipal Corporation a été accusé d’intention de nuire aux sentiments religieux pour avoir tenté de faire de même [6]. Bien que la victoire de Hindi ait été éclatante, elle ne semble pas avoir complètement apaisé les inquiétudes de ses gardiens. C’est peut-être parce que leurs ennemis sont des poètes morts qui ont l’habitude de refuser de vraiment mourir. Pourquoi une foule du 21ème siècle devrait-elle être si en colère contre un poète qui a vécu il y a plus de 300 ans? Wali Dakhani, l'homme sage du Dakhan (Deccan), était un poète du 17e également connu sous le nom de Wali Aurangabadi et Wali Gujarati. Il a écrit en Dakhani Ourdou, un idiome qui n'était pas familier des poètes de la cour du Nord, qui écrivaient surtout en persan à l'époque. Bien qu'il ait écrit en ourdou, il a été le premier poète du sous-continent à présenter sa poésie sous la forme d'un Diwan - un recueil formellement organisé dans la tradition persane, dans lequel les poèmes étaient présentés en ordre alphabétique dans 3 sections obligatoires : Masnavi (poèmes narratifs ), Marsiya (poèmes élégiaques commémorant le martyre de Hussain) et Kasida (la tradition de chanter des louanges aux guerriers). Le Diwan de Wali Dakhani a pris d'assaut le cercle d'élite des poètes, qui écrivaient tous en persan. Il est devenu un pont culturel entre le nord et le sud et le père fondateur de la poésie ourdou. La foule moderne qui a détruit son sanctuaire, si haut placé sur le nativisme, aurait tout aussi bien pu valoriser Wali Dakhani en tant qu'homme qui a influencé les poètes qui écrivaient en persan pour écrire en ourdou, qui ont transformé l'écriture en ourdou en haute littérature. Parce que l'ourdou n'est rien si ce n'est une langue née dans les rues de Hindustan. Malheureusement, ce n’est pas ainsi que se passe l’histoire. La destruction de la tombe de Wali Dakhani lors du massacre du Gujarat en 2002 n’était pas le seul incident de ce type [7]. Au cours de ces mêmes semaines, dans la ville de Baroda, une foule a attaqué et endommagé la tombe de Ustad Fayyaz Khan, l'un des chanteurs les plus accomplis de la tradition classique hindoustane. De nombreuses années auparavant, lors d’une émeute qui s’est produite dans les années 1970, une foule a incendié la maison de Rasoolan Bai (le chanteur préféré de Garson Hobart) [8]. La seule bonne chose à dire de cette tradition de la foule contemporaine est qu’elle comprend les dangers de l’art. Et il a un goût impeccable. Je terminerai cette très longue conférence par une brève note sur les slogans et les mantras du Ministère du plus grand bonheur. Anjum survit au massacre du Gujarat parce que la foule qui la trouve allongée sur le cadavre de Zakir Mian, feignant la mort, croit que tuer Hijras porte malheur. Ainsi, au lieu de la tuer, ils la surveillent et lui font chanter leurs slogans: “Bharat Mata Ki Jai! Vande Mataram! Elle l'a fait. Pleurant, tremblant, humiliant au-delà de son pire cauchemar. Victoire à Mère Inde! Saluez la mère! Ils l'ont laissée en vie. Non tué. Indemne. Ni plié ni déplié. Elle seule. Pour qu'ils puissent être bénis avec la bonne fortune. La chance du boucher. C’est tout ce qu’elle était. Et plus elle vivait longtemps, plus elle leur portait chance.” Bharat, Hindustan et India sont des noms utilisés de manière interchangeable pour le pays dans lequel nous vivons. «Akhand Bharat» - L'Inde divisée, qui comprend les territoires du Pakistan et du Bangladesh, est l'idéal des nationalistes hindous. Chantons Bharat Mata Ki Jai! (Victory to Mother India) est considéré par beaucoup comme patriote et pas nécessairement nationaliste hindou. Le deuxième slogan qu'elle a été forcée de chanter, Vande Mataram, traduit généralement par «Louange à Toi, Mère», est tiré d'un poème écrit par le célèbre écrivain bengali Bankim Chandra Chattopadhyay, qui paraît dans Anandamath, son roman sur la rébellion Sanyasi, publié dans les années 1880. C'est un roman apprécié par les nationalistes hindous, car il a créé un modèle pour le guerrier hindou idéal, imaginaire, qui se révolte contre ses oppresseurs musulmans dégénérés. Exemple de la manière dont la littérature, en racontant son passé, peut aussi façonner l'avenir. Dans le poème, la patrie est confondue avec la déesse hindoue Durga. Les 2 premières strophes sont devenues l'hymne officieux du Mouvement national, car elles ne mentionnent que «la mère», ce qui a donné à être interprété par les hindous et les musulmans comme une référence à Mother India. Bien que c’était une chanson très appréciée lors de la lutte contre le colonialisme britannique, dans l’atmosphère actuelle d’un nationalisme très différent, un nationalisme intimidant, coercitif, des gens, des musulmans en particulier, dont beaucoup n’ignorent pas la provenance du poème, souvent obligés de chanter «Vande Mataram» comme une forme d'humiliation rituelle. Ironiquement, la version moderne de la chanson a été popularisée dans les années 1990 par le chanteur soufi A. R. Rahman. Malheureusement, un slogan jadis aimé est devenu controversé. Il n'est pas inhabituel qu'un slogan bengali soit chanté dans des États non bengalis. Les slogans en Inde, qu'ils soient scandés par des groupes de lynchistes ou des manifestants, par la droite ou la gauche, par des habitants de territoires sous occupation militaire ou des manifestants contre de grands barrages, constituent une performance tournée vers l'extérieur pour le reste du pays et le reste du monde, et par conséquent, assez souvent, n'est pas dans la langue maternelle de la population locale. Dans les manifestations massives du Cachemire, vous entendrez des chants en ourdou et en anglais, rarement au Cachemiri. Le chant d'Azadi! Azadi! ("Liberté! Liberté!") Est l'ourdou - à l'origine, le persan - et a probablement voyagé vers l'est depuis la révolution iranienne pour devenir le slogan de la lutte pour la liberté du Cachemire, ainsi que, ironie du paradoxe, le mouvement des femmes en Inde. À l'extrémité opposée du pays, au sud du Kerala, Enquilab Zindabad! («Vive la révolution!») en ourdou, une langue que la population ne parle ni ne comprend pas. Les autres slogans du Parti communiste étaient Swadandriyam, Janadhipathyam, le socialisme, Zindabad! ("Liberté, démocratie, socialisme, longue vie!") C’est le sanskrit, le malayalam, l’anglais et l’urdu dans un seul slogan. Je terminerai par le voyage d’un mantra dans Le ministère du plus grand bonheur. «Au cas où le Gujarat viendrait à Delhi.» L’autre précaution qu’elle prend est d’enseigner à Zainab de réciter le sanskrit Gayatri Mantra qu’elle aurait appris lors de son séjour au camp du Gujarat. Elle dit que beaucoup d'autres réfugiés l'avaient appris parce qu'ils croyaient que, dans les situations de foule, ils pouvaient le réciter pour essayer de passer pour un hindou. Ni Anjum ni Zainab n’ont aucune idée de ce que cela signifie, mais Zainab s’en réjouit, chantant alors qu’elle s’habille pour l’école et nourrit sa chèvre de compagnie. “ Om bhur bhuvah svaha Tat savitur varenyam Bhargo devasya dhimahi Dhiyo yo nah pracodayat O Dieu, tu es le donneur de la vie, Dissolvant de douleur et de chagrin, Bailleur de bonheur, O créateur de l'univers, Puissions-nous recevoir ta suprême lumière détruisant le péché, Puisses-tu guider notre intellect dans la bonne direction. “ Le Gayatri Mantra apparaît 3 fois dans Le ministère du plus grand bonheur : en talisman contre la violence de la foule ; en tant que matériel promotionnel dans une publicité de British Airways pour attirer des clients de la nouvelle classe moyenne en Inde, en expansion exponentielle ; dans un fast-food de centre commercial. Zainab a grandi maintenant et est fiancé à Saddam Hussein. Saddam leur raconte comment son père a été battu à mort par une foule devant un poste de police il y a des années. Saddam dit que le centre commercial dans lequel ils se trouvaient était exactement où se trouvait ce poste de police. Zainab dit qu'elle connaît une prière hindoue et récite le Gayatri Mantra comme un geste d'amour pour son futur (et son défunt) beau-père. Telles sont les manières dont le sanscrit a finalement été assimilé. Quelques mois après le retour d'Anjum du Gujarat, ravagée et brisée, incapable de continuer à vivre son ancienne vie, elle s'installe dans le vieux cimetière, où elle s'installe chez elle. Au fil des ans, au fur et à mesure qu'elle se redresse, elle construit la maison d'hôtes Jannat (Paradise). Lorsque Saddam Hussain la rejoint, ils développent leur activité pour inclure les services funéraires. Le cimetière devient un endroit où quiconque - tout corps - à qui les Duniya (le monde extérieur) ont refusé la grâce des funérailles est enterré dans la dignité. Les prières des morts incluent le Fateha, le chant de l’Internationale en hindi et la récitation de Henry le cinquième de Shakespeare en anglais. Alors, comment allons-nous répondre à la question de Pablo Neruda : le titre de cette conférence? En quelle langue la pluie tombe-t-elle sur les villes tourmentées? [10] Je dirais, sans hésiter, dans la langue de traduction. [1] La politique anglaise dans l’école de ma mère s’est depuis complètement inversée. Désormais, seul le malayalam est enseigné dans les classes subalternes. [2] Cette affirmation a été faite par Badri Narain Upadhyaya «Premghan» au Hindi Sahitya Sammelan en 1912. Cité par Alok Rai dans le nationalisme hindi [3-4] Rai, nationalisme hindi, p. 52. [5] Atul Chandra, «Language Row dans UP Assembly: le sanscrit autorisé, l'ourdou n'est pas» [6] «Une entreprise du BSP prête serment en ourdou et accusée d'intention de faire du mal aux sentiments religieux», The Hindu, 14 décembre 2017 [7] https://www.nationalheraldindia.com/opinion/the-lost-precious-pearls-of-gujarat [8-9] Voir Arundhati Roy, Le ministère du plus grand bonheur [10] Pablo Neruda, Le livre de questions
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Pourquoi il faut lire et relire “Un lieu à soi” de Virginia Woolf
Dès le début du confinement en mars, Un lieu à soi était parmi les titres de livres qui revenaient souvent, entre A rebours de Joris-Karl Huysmans (1884) et Voyage autour de ma chambre de Xavier de Maistre (1794). Pour beaucoup, confiné·es en famille, souvent dans des appartements exigus, le titre du Woolf a de quoi faire rêver. Pourtant, il suffit de découvrir ou redécouvrir ce titre pour comprendre qu’il va bien au-delà d’une critique de toute forme de confinement. C’est pourquoi on a choisi d’en parler aujourd’hui, alors que nous nous acheminons vers un (éventuel) déconfinement progressif.
Quand Virginia Woolf publie ce texte en Grande-Bretagne en 1929, elle entretient depuis déjà près d’une décennie une liaison avec Vita Sackville-West et elle vient de publier Orlando (1928), chef-d’œuvre sur le genre, rendant déjà obsolète la binarité sur laquelle repose tout régime patriarcal.
Car il s’agit bien d’un régime auquel s’oppose Woolf, et dont elle démonte tous les mécanismes dans Un lieu à soi – ainsi traduit par Marie Darrieussecq, alors que le texte a longtemps été connu sous le titre Une chambre à soi. Ce n’est pas une chambre dont a besoin une femme, c’est une pièce à elle (A Room of One’s Own, titre original). Pour échapper au rôle auquel elle a été réduite pendant des siècles – et pour penser, rêver et créer, écrire.
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Pourquoi les femmes n’ont-elles pas davantage créé ?
Le point de départ de l’essai est une commande pour deux conférences sur le thème des femmes et de la fiction que l’écrivaine avait acceptée, qui furent données aux Newnham College et Girton College (Université de Cambridge) en octobre 1928 ; la réflexion qui s’ensuit prend la forme d’une déambulation sur deux jours et demi, d’abord sur le campus imaginaire d’Oxbridge (contraction d'Oxford et Cambridge), puis dans une université pour filles (très rare), puis de retour à Londres dans la bibliothèque du British Museum et chez elle à Bloomsbury.
S’impose d’emblée une grande question : pourquoi les femmes n’ont-elles pas davantage créé ? Plusieurs réponses, évidentes, désolantes, injustes : elles n’ont alors pas d’argent à elles (à moins d’une rente indépendante, et encore), ne peuvent pas travailler (ou alors des jobs éprouvants), n’ont dès lors pas de pièce à elle où s’isoler. C’est, au passage, à un règlement de comptes avec la façon dont les hommes trouvaient alors normal de (mal) traiter les femmes, de les réduire à leurs foyers, de les accuser d’être instables, peu fiables et hystériques, que se livre Virginia Woolf.
Dans sa préface, Marie Darrieussecq s’amuse ainsi à résumer : “Les hommes, ces créatures capricieuses, changeantes, coquettes, narcissiques, faibles, hystériques et frivoles, Woolf ne leur fait pas de cadeau : pas plus que le ‘professeur von X’ n’en faisait aux femmes quand il écrivait l’œuvre de sa vie, De l’infériorité mentale, morale et physique du sexe féminin. Pourtant le ton de Woolf n’est pas revanchard : il est celui d’une évidence amusée.” Amusée, certes, mais cinglante.
Si Shakespeare avait été une femme, elle se serait suicidée
Au moment où elle écrit, au rayon littérature, les femmes sont avant tout des personnages de romans – amantes, amies, sœurs, filles, mères –, toujours en rapport avec un personnage masculin. Woolf va plus loin :
“Un être très étrange et composite émerge alors. En imagination, elle est de la plus haute importance ; en pratique, elle est complètement insignifiante. Elle imprègne la poésie de part en part ; elle est complètement absente de l’Histoire. Elle domine la vie des rois et des conquérants dans la fiction ; dans les faits, elle était l’esclave du premier garçon dont la bague, enfoncée par les parents, avait été forcée à son doigt. Quelques-uns des mots les plus inspirés, quelques-unes des pensées les plus profondes en littérature tombent de ses lèvres ; dans la vie réelle, elle savait à peine lire, n’épelait pas deux mots et était la propriété de son mari.” Et si Shakespeare avait été une femme, elle se serait suicidée.
Le texte est sans appel. Les seules femmes qui écrivent sont des célibataires, disposant d’une rente individuelle – le cas, par exemple, d’une Jane Austen, que Woolf admire ; mais même Austen écrivait sans lieu à soi, le soir après le dîner, dans la pièce commune. Presque un siècle plus tard, les choses ont heureusement avancé, pourtant certains réflexes de pensée à l’encontre des femmes demeurent hélas les mêmes. Et puis nous avons tous besoin d’un lieu à soi. Enfin, il y a toujours un plaisir inouï à être au contact d’un style aussi singulier, d’une intelligence aussi implacable.
Un lieu à soi (Folio, 2020), traduit de l'anglais et préface par Marie Darrieussecq, édition de Christine Reynier, 240 p., 7,50 €. Disponible en version numérique, 7,49 €
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Déjà cinquante ans... ( II ) : Une révolution pas comme les autres
Le billet d'hier se terminait par : ''une mascarade qui n'a rien apporté de nouveau'', ce qui, malheureusement, n'est pas totalement vrai : pour désagréable que cela soit à écrire, il s'est tout de même passé quelque chose, non sur le moment-même (où l'anecdotique s'est paré des plumes du paon), mais bien plus tard, un peu comme insidieusement. Au moment des événements, il ne s'est agi que de l'énorme crise de nerfs d'une jeunesse qui était (quoi qu'elle ait raconté par la suite), gâtée à en être pourrie. L'incapacité des pères et des maîtres (qui avaient connu la guerre, eux, et savaient donc à quel point leurs fils n'avaient aucune raison défendable de se plaindre) a certainement joué un rôle important dans ce qui fut, aussi, un choc entre deux générations, un désir œdipien de tuer le Père... (de Gaulle ?)
Plus personne ne mentionne les événements d'un autre mois de Mai, dix petites années avant ''les événements de 68''. C'est pourtant le 13 mai 1958, qu'avait commencé une autre ''révolution'' (une vraie, avec les horreurs, les assassinats, les milliers de morts, les destructions irréparables et les deuils qui sont l'escorte obligatoire de ce mot affreux et pourtant si souvent vénéré) : l'enterrement de la IV ème République et l'annonce de l'arrivée de sa suivante, la V ème, dans l'abandon terrible de tous les algériens, arabes, harkis et pieds-noirs (sauf les quelques milliers qui avaient réussi à faire croire qu'ils étaient ‘‘dans le sens de l'histoire'')... Dans le drame sans nom de la mort de ''leur Algérie'', plus d'un million de nos frères, trahis par leur propre pays (enfin... propre... ça se discute !), ont dû quitter dans la violence extrême leur maison, leurs souvenirs. toute leur vie... et leurs morts... et tourner le dos à une vision du monde qui n'était peut-être plus la bonne (leur répétait-on)... mais qui a été remplacée par des solutions tellement pires en tout qu'un observateur impartial est en droit de s'étonner, un demi siècle plus tard.
Et dix ans plus tard, en 1968, les syndicats, pour une fois réalistes, ont mis leurs troupes au repos mais n'ont pas suivi les débordements inexcusables de gamins inconséquents : autant la grève est bien dans la culture ouvrière, autant, depuis la Commune, barricades, pillages, incendies et violences injustifiées sont bannies. Il y a eu, certes, des manifestations communes. Ensemble, oui, mais totalement séparés : ''L'imagination au pouvoir'', hurlaient les plus jeunes... et ‘'Charlot, des sous'', répliquaient les plus sages... D'ailleurs, on est en droit de se demander combien, parmi les étudiants, souhaitaient vraiment ''la mort du petit cheval'' et combien jouaient à la guéguerre ? Car tout de même, la manière dont s'est conclu tout ce b...fatras constitue une démonstration indiscutable que le peuple français n'avait que peu de sympathie pour les idées farfelues des pseudo-révolutionnaires.
Mais au delà des faits, les idées creuses étiquetées ''mai 1968'' ont survécu à leur nullité et à leur absence de ''raison d'être'' : étonnamment, elles sont devenues le symbole d'une émancipation culturelle et de la contestation justifiée de toute forme d'autorité formelle. La vérité, bien évidemment, est toute autre : s'il était théoriquement ''interdit d'interdire'', cette injonction stupide ne s'appliquait pas aux slogans absurdes qui fleurissaient dans les ''assemblées'' et les amphis occupés et sur les banderoles, qu’il n'était pas question de contredire. Quelle drôle de liberté ! (NDLR : Comme par hasard, au moment où notre Président rêve de commémorer les soixante-huiteries, un ''remake'' se rejoue devant nous, en ce mois de mai 2018, avec les paralysies de Nanterre, Tolbiac, Toulouse, Rennes ou Montpellier, et avec le même silence coupable des autorités, ''omertà'' dont nous aurons à reparler, car elle est un marqueur plus fort qu'on ne croit de la décadence de notre civilisation).
Le refus de toute autorité (Etat, parents, famille, police, professeurs, ordre établi et convenances multi-séculaires, respect, dignité, morale, sens des mots, fraternité des républicains ou amour du prochain des chrétiens, et j'en oublie), a conféré une date officielle à un ‘‘N ième’’ avatar de l'individu roi et du ''Je'' contre le ''Nous''. Cependant, il faut répéter que la vérité n'a rien à voir avec les mensonges de ceux qui réinventent le passé pour mieux asseoir leurs rentes et leurs prébendes : ces idées étaient très largement répandues, partout dans le monde occidental, bien avant que nos ''progressistes d’opérette'' ne ‘’se’’ les récupèrent sans vergogne. (NDLR : A l'époque, ''Exchange Professor'' dans 11 des plus grandes universités américaines, j'atteste que la vague hippie, le ''flower power'', l'amour libre, le ''me first'' et le refus de la conscription (''draft'', aux USA) battaient leur plein sur tous les Campuses américains. J'en ai des tiroirs entiers qui débordent de souvenirs !)
''L'esprit de '68'' a donné des lettres de noblesse (sic !) à la consommation de masse. Puisqu'il fallait ''jouir sans entraves'', une société de consommation et de loisir allait supplanter la société traditionnelle, plus tournée vers la raison, la mesure, la sagesse et le travail. Les victimes de ce ''conte de méchantes fées'' ont cru de bonne foi que, pour la première fois dans l'histoire de l'humanité, on pourrait dépenser plus que l'on ne gagnait : la consommation ne dépendant plus de la production mais d'elle-même uniquement, le prix serait une variable d'ajustement, ‘’le politique’’ allait financer la sacro-sainte consommation des ménages, et la dette à tous les niveaux allait être un moyen de vivre mieux. Ah ! Les idiots !
Le bilan de ces utopies criminelles est navrant : une dette gigantesque qui fait peser sur les générations futures le train de vie de la génération 68, qui a pris les ''manettes'' sans renoncer à ses avantages en nature : au pouvoir, ils n'ont pas oublié leurs folies, bien au contraire, puisque les survivants de cette pandémie d'idées stupides cherchent encore à nous imposer leurs dystopies (qui ont été rebaptisées ''solutions'', ce qu'elles n'ont jamais été et ne pourront jamais être).
Aucune de ces idées ne pouvait trouver une place dans un monde d'une complexité aussi gigantesque que l'est devenu le nôtre : elles étaient déjà mortes en 1968 (et aujourd'hui, plus encore) comme l'est le non-modèle économique qu'elles recommandent, qui privilégie la consommation sur l'investissement, le faux plaisir fugace sur l'effort constructif, et qui engendre des écosystèmes dévastés, comme l'étaient feue-l'URSS et la Chine maoïste. Nous voilà donc réduits (condamnés ?) à imaginer une nouvelle croissance sobre en ressources, moins facile, plus respectueuse de notre santé comme de notre environnement, qui n'est rien d'autre qu'un retour aux mœurs traditionnelles ! Mais hélas, cela ne se fera pas sans privations, sans regrets amers, et peut-être sans larmes, parfois... (à suivre).
H-Cl.
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