#Porte Horloge
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Manifestation régionale à Vire
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#CFDT#CGT#Elisabeth Borne#FO#Freddy Sertin#FSU#intersyndicale#lutte#lutte syndicale#Macron#manifestation Vire#mobilisation#patrimoine de la reconstruction#photographe virois#place du 6 juin#Politique#Porte Horloge#réforme des retraites#Solidaires
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Porte De La Grosse Horloge La Rochelle, France
#photographers on tumblr#architecture#street photography#streets#la rochelle#city gate#porte de la grosse horloge#grosse horloge#vieux port#vertical#original photographers#original photography
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Ca y est ! Je reviens de mon pĂ©riple dans l'Ouest pour retrouver des ami(e)s lointain(e)s ! PremiĂšre Ă©tape, Isabelle en Gironde, vers LibourneâŠ
Nous passons une journée à Bordeaux.
Ici la Porte Cailhau puis sur les 3 suivantes, la rue Sainte-Catherine avec un baromÚtre et une horloge entourés d'enfants et de vieillards. Les deux derniÚres : la Place de Bir-Hakeim avec la Porte de Bourgogne.
#bordeaux#aquitaine#gironde#médiéval#porte cailhau#cailhau#porte de bourgogne#rue sainte-catherine#baromÚtre#place de bir-hakeim#horloge
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A day in La Rochelle
#canon ixus 960 is#la rochelle#vieux port#lighthouse#ferris wheel#grosse horloge#boats#winter in la rochelle#seaside city#train station
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Grues, bateaux et horloge du port de Rouen.
Noël Le Boyer, photographe, 1883-1967
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Vendredi 15/09 - L'examen final des 12 petits Ćufs
Fit s'est rendu compte que la moustache de Ramon a disparu de son lit. Il s'est entretenu avec Tubbo (rejoint en mĂȘme temps par Philza) qui leur a expliquĂ© tout ce qui s'est passĂ© la veille : le rendez-vous avec Fred, la roulette, les objets des Ćufs.. Tubbo leur a aussi expliquĂ© l'existence d'un 8eme Ćuf : A1. Le groupe est allĂ© voir Forever pour essayer de le rĂ©veiller de son coma, sans succĂšs. Fit a expliquĂ© Ă Philza que le code l'avait averti de quelque chose en lui donnant une horloge, et les deux ont thĂ©orisĂ© sur le fait que le code voudrait peut-ĂȘtre protĂ©ger les Ćufs, ou les habitants des Ćufs, qui seraient le danger de l'Ăźle. Fit et Philza ont conclus que mĂȘme si les Ćufs Ă©taient des robots ou des IA, ils essaieraient tout de mĂȘme de les protĂ©ger.
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https://clips.twitch.tv/ModernSquareGnatBrainSlug-3dOCS990XNNhqlys
Le serveur a fĂȘtĂ© l'indĂ©pendance du mexique ! Les joueurs ont pu se rendre dans une reproduction de "la cathĂ©drale mĂ©tropolitaine de l'Assomption de la Bienheureuse Vierge Marie au Ciel de Mexico", se sont (pour la plupart) habillĂ© spĂ©cialement pour cette fĂȘte, ont dansĂ© et appris des traditions mexicaines. Pour l'occasion, les capybaras et Firusflais (le corgi de Roier) Ă©taient prĂ©sents Ă la soirĂ©e. Foolish en a profitĂ© pour montrer le village des capybaras Ă Mouse, Jaiden et Lenay. Les joueurs se sont ensuite rendu au QG de l'Ordo pour faire le point sur tous les Ă©vĂšnements passĂ©s. Foolish a gagnĂ© au pile ou face le droit de voler les mĂ©dicaments s'il arrive a s'introduire dans le coffre-fort de l'Ordo. Certains joueurs ont ensuite organisĂ© une after Ă la "hot girls beach" de Mouse en attendant la fin du compte Ă rebours du labyrinthe.
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Lorsque le compte Ă rebours touchait Ă sa fin, les joueurs se sont rendus au labyrinthe pour dĂ©couvrir ce qui les attendaient. Un mur s'est ouvert et les joueurs se sont frayĂ©s un chemin Ă travers une horde de monstres en suivant des cafards pour atteindre une salle en quartz avec un coffre au milieu. Ce coffre contenait 3 dessins d'Ćufs perdus dans un labyrinthe, et un livre racontant la tĂąche finale des 12 oeufs entrainĂ©s Ă ĂȘtre exceptionnels. Dans ce livre, la plupart des oeufs Ă©taient mort dĂ©vorĂ©s par des monstres, et seul 2 survivaient, mais Ă©taient encore piĂ©gĂ©s dans le labyrinthe.
Les joueurs ont aussi trouvĂ© un ascenseur cachĂ© dans cette salle, menant Ă un gros bouton rouge, et un livre. En appuyant sur le bouton, une conversation s'est dĂ©roulĂ©e sous les yeux des joueurs, parlant de la fuite des Ćufs, du lien avec des anomalies expliquant pourquoi ils ne reviennent pas, et qu'ils se tiendront Ă jour sur le canal principal. Le livre expliquait que ce canal principal n'est accessible qu'Ă des employĂ©s de longue date, via leur mots de passe personnels. En continuant a explorer le labyrinthe, les joueurs sont retombĂ©s sur la salle avec la roulette, mais cette fois-ci, il n'y avait plus qu'une chose au centre de la piĂšce : la bouĂ©e de Chayanne. Les joueurs ne trouvant plus rien dans le labyrinthe, on conclu qu'ils auraient des rĂ©ponses Ă leurs questions pendant l'Ă©vĂšnement d'arrivĂ©e de Bagi demain.
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https://clips.twitch.tv/OutstandingNiceDeerPermaSmug-_HsX5B5o_S-N3WiR
Philza a trouvĂ© un livre chez lui dĂ©crivant l'histoire d'un corbeau ayant ratĂ© l'opportunitĂ© de voir ses enfants avant qu'ils ne partent. Ce livre contenait des coordonnĂ©es, Philza a donc dĂ©cidĂ© de s'y rendre, pensant que ses oeufs l'attendaient peut-ĂȘtre lĂ bas. Au point de rendez-vous, Philza a trouvĂ© un genre de perchoir gĂ©ant, avec beaucoup de colibris et de fleurs. Dans le bĂątiment se trouvait un coffre, avec la bouĂ©e de Chayanne et le bonnet de Tallulah posĂ©s Ă cĂŽtĂ©. Philza a ouvert le coffre et trouvĂ© un livre contenant un message : Une cage pour une cage. PaniquĂ©, il s'est retournĂ©, Cucurucho l'attendait derriĂšre lui. Il lui a ri au visage, a vĂ©rouillĂ© la porte depuis l'extĂ©rieur et a enfermĂ© le bĂątiment dans de la cobblestone, piĂ©geant Philza Ă l'intĂ©rieur.
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https://clips.twitch.tv/BumblingCrepuscularRadishThunBeast-eTmgpSi7bgwyUsfa
Foolish et Jaiden se sont mis en tĂȘte de voler les mĂ©dicaments dans le coffre-fort de l'Ordo. Ils ont eu l'idĂ©e d'utiliser un des monstres des 7 pĂȘchĂ©s capitaux capable de casser des blocs, et aprĂšs une bonne heure de travail, ont rĂ©ussi a s'introduire dans le coffre-fort, volĂ© les malettes de mĂ©dicaments, pris des photos de Foolish tenant les malettes dans les mains, et ont refermĂ© le coffre-fort comme si rien ne s'Ă©tait passĂ©. Foolish et Jaiden souhaitent dissimuler des indices pour indiquer Ă Cellbit que le coffre-fort a Ă©tĂ© volĂ©.
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https://www.twitch.tv/foolish_gamers/clip/MuddyDoubtfulPancakeChefFrank-bxgClz1DmHyZXLXa
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Passe temps, Ă©crit en Novembre 2018, retour d'Australie. Jamais fini.
Jâai pris conscience rĂ©cemment de lâeffet du temps sur les souvenirs. Quand on croit en lâinstant, comme Ă une religion, on a tendance Ă trouver dans ce point de vie, dans cette fraction de mesure, lâĂ©ternitĂ©. Comme toute religion peut-ĂȘtre, en tout cas dans mon cas, il y a un temps pour la ferveur, le mythe, lâutopie, et puis un temps pour la dĂ©sillusion. Jâai donc rĂ©alisĂ© que lâinstant nâĂ©tait pas plus magie que la magie quâon y percevait, que jâĂ©tais la magicienne capable de rendre mes instants mystiques, puis Ă©ternels.
DâoĂč lâidĂ©e dâĂ©crire. Je traverse lâune de ces pĂ©riodes si rationnelles, oĂč tout semble mĂ©canique. Le temps ne semble ĂȘtre rĂ©duit quâau Tic-Tac dâune montre suisse ou au va et vient hypnotique dâune horloge. Ma vie ne semble ĂȘtre quâune marche oisive suivant scrupuleusement un « schĂ©ma social », essayant de mettre en pratique une thĂ©orie apprise dans le « Manuel du Bon Citoyen du XXIe siĂšcle». Et mes souvenirs, mes souvenirs, jâaimerais mâen souvenir, en retrouver les Ă©motions, les leçons de vie.
Dans ma chambre, Ă St Kilda, quartier de Port Philip, prĂšs de Melbourne. Jâaime ce nom, câest aussi celui de ma meilleure amie dâenfance, Coline Philip. Quelque chose de familier dans cet endroit, qui nâa pourtant rien Ă voir avec aucun des endroits oĂč jâai pu vivre avant. Mais câest lĂ que pour la premiĂšre fois depuis des mois, jâai une chambre, lâamour, mes affaires dans des placards, un tram pour aller au travail et faire les courses, une presque routine.
A lâexception prĂȘte que câest une routine « dâimmigré », pas de famille ou vraiment dâAmis, et que je suis incapable de garder un travail plus dâun mois. Non pas parce que je ne veux pas, mais parce que les conditions de travail ne sont pas habituelles pour moi. PremiĂšrement, câest beaucoup dâeffort pour peu de retour, que ce soit financier (peu dâamusement donc), ou en termes de satisfaction personnelle. Dâautre part ces emplois « casual » nâoffrent aucune sĂ©curitĂ©, on se fait renvoyer par un claquement de doigt, lâemployeur est roi, mais lorsque lâon souhaite dĂ©missionner car lâenvironnement de travail nous rend la vie impossible, on peut ne pas ĂȘtre payĂ© grĂące Ă une simple close dans le contrat que bien sĂ»r on a signĂ©. Avec tout ça, on doit toujours venir au travail (un jour malade et câest le renvoi) et ĂȘtre force de positivisme au sein de lâĂ©quipe afin dâentretenir le mensonge des employeurs, qui tend Ă faire croire quâils proposent tous le meilleur emploi de lâagglomĂ©ration de Melbourne, pour mieux dissimuler la meilleure arnaque.
Ayant enfin terminĂ©s mes 5 ans dâĂ©tudes Ă Paris dans une autre routine assez angoissante Ă©galement par son absurditĂ©, me voilĂ , aprĂšs 10 mois de voyage, de rĂ©ponses et dâaventure, replongĂ©e dans la froideur et lâanonymat de la Ville. Le point positif, câest que jâai dĂ©sormais le temps, pour me remĂ©morer, ces petits morceaux dâĂ©ternitĂ© que sont mes souvenirs.
I. La décision
La dĂ©cision Ă©tait prise depuis 1 an, quand jâarrivai enfin au terme de mon contrat dâalternance avec lâentreprise ASSA ABLOY, leader mondiaux de systĂšmes dâouverture (et fermeture attention) de portes. « Tintintinnn », aurait ajoutĂ© Renaud. Une belle proposition mâest alors offerte par le Directeur des Ressources Humaines, un alsacien dont lâhumour restait assez incompris par la majoritĂ© des employĂ©s de lâentreprise, mais heureusement, quelques Ăąmes dĂ©tendues et tolĂ©rantes (en apparence du moins) dont moi-mĂȘme, apprĂ©ciaient. Cet homme donc, me le rendait bien et me proposa un Contrat Ă DurĂ©e IndĂ©terminĂ©e, objet se faisant de plus en plus difficile dâobtenir de nos jours, et qui donne des tas de pouvoirs dans la sociĂ©tĂ© de consommation, comme avoir un crĂ©dit ou deux, ou trois, et aussi faire vraiment partie de lâEntreprise, de lâĂquipe.
Ma dĂ©cision de partir Ă lâĂ©tranger, autrement dit de fuir la sociĂ©tĂ© de frustration, Ă©tait donc remise en question par ce qui me semblait ĂȘtre la question clef de mon existence : Faut-il ou non que je me conforme ? Tenter autre chose Ă©tait terrifiant. Je pensais mâexposer Ă des regrets, des dettes, le dĂ©sespoir de mes parents, lâindiffĂ©rence de mes amis, lâĂ©chec. Je demandai donc bien sur lâavis de mes parents, de mes amis, plus pour me rassurer que pour vraiment influer sur ma dĂ©cision. A ma surprise, ils me dirent tous de partir, comme sâils avaient envie de me voir expĂ©rimenter ce quâils ne pouvaient pas faire puisquâils avaient, eux, choisi le CDI et la conformitĂ©. La diffĂ©rence, câest quâils pensaient ĂȘtre heureux, je pensais ĂȘtre malheureuse. Pourquoi ce doute alors, la peur me tenait, jâĂ©tais terrorisĂ©e Ă lâidĂ©e de partir pour Ă©chouer, devoir revenir et faire face Ă la difficultĂ© de trouver un travail, me remĂ©morer mes choix et les regretter. Jâavais en fait peur de tout ce dont tout le monde parle Ă la tĂ©lĂ©vision, en soirĂ©e, cette peur de notre temps qui passe pour la normalitĂ© et qui se communique par le stress bien souvent. Plus que la peur du chĂŽmage, ou de vivre chez ses parents ou de manquer dâargent, la vraie peur câest celle de lâanonymat. Ătre le petit perdant, celui qui passe inaperçu pendant que les autres sont occupĂ©s Ă consommer, Ă montrer, Ă sâoccuper frĂ©nĂ©tiquement pour oublier lâabsurditĂ© de leur existence, ont un agenda, « une vie », et nâont pas le temps de se prĂ©occuper de ceux qui nâont pas pris le train Ă lâheure.
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Vieux Piano endormi
Attention FĂȘte | 2021
1. Grimper lâescalier, en sâagrippant tant bien que mal Ă la rampe. Est-ce la lumiĂšre du matin dĂ©jĂ ? Qui filtre derriĂšre les persiennes⊠Il y a du tangage, inutile de le prĂ©ciser. Et des pensĂ©es complĂštement dĂ©cousues qui me traversent. Question de magie, dâĂ©nergie cosmique⊠MĂȘme pas vraiment dans ma langue maternelle. Jâaurai vite fait de manquer une marche, si je ne me concentre pas. La connasse⊠Et lâautre connard dans le bar. Quâest-ce quâil mâa dit, dĂ©jĂ ? J'aurais mieux fait de lui casser la gueule ! VoilĂ la veilleuse ; et mes paupiĂšres lourdes, ma vision trouble. Bien sĂ»r que non, il ne fait pas dĂ©jĂ jour. VoilĂ la porte. Le front en appui contre le judas, je cherche le trou de la serrure. Dâhabitude, je fais ça Ă lâhorizontale. Connasse toutes portes ouvertes, mon Ćil ! Je vois double, c'est le troisiĂšme Ćil. Ăa y est, ça rentre⊠Je peux me prendre les pieds dans le tapis, me taper les Ă©paules dans le couloir et me jeter sur le lit, tout habillĂ©. Oh là ⊠Tu le sens, le passage dans un trou noir ? Effet spaghetti⊠Jâaurais dĂ» prendre une bouteille dâeau. Jâaurais dĂ» prendre la peine de pisser avant⊠C'est bien au-dessus de mes forces dĂ©sormais. Je suis juste bon Ă ravaler cette colĂšre â et cette nausĂ©e. Pour me sentir minable, jâaurai bien assez de demain, toute la journĂ©e.Â
2. Non, je ne deviens pas religieux. Je suis beaucoup trop pessimiste pour ça. Il nâempĂȘche que je peux mieux faire le break ici, dans ce monastĂšre, que dans lâune de ces cliniques de merde, en cure de dĂ©sintox avec dâautres gros cons matĂ©rialistes. Je vois bien tout lâintĂ©rĂȘt quâils y trouvent, les frĂšres : une vie reculĂ©e, rituelle, avec un peu de vin, un peu de biĂšre, beaucoup de priĂšre, aucune gonzesse. En camarades. Ils sâopposent Ă la magie, ils se fichent de lâĂ©nergie cosmique, ils se fichent des connasses et des connards. Ils sâen tiennent Ă leur horloge⊠Ils sâoccupent bien de moi. JâĂ©pluche les patates, je fais la vaisselle, jâassiste aux offices, je dors seul comme eux tous, dans un petit lit. Le reste du monde nâexiste pas, câest beaucoup plus paisible comme ça. La journĂ©e passe sans quâon y pense. Câest finalement festif, justement grĂące au renoncement. Je me surprends Ă aimer contempler une assiette, un prie-Dieu, Ă apprĂ©cier lâodeur de la naphtaline, le gris boulochĂ© de leurs chaussettes, le brillant des flageolets.Â
3. Travail au potager. FrĂšre Bernard me montre comment se dĂ©barrasser des pucerons, comment faire obstacle aux limaces avec des coquilles dâĆuf. Il fait chaud. Je le vois suer dans sa bure distendue. Il a vraiment des mains de jardinier, frĂšre Bernard, des mains brunes et cornues, avec le tour des ongles bien noir, comme un carrossier. Je vais chercher lâarrosoir. FrĂšre Matthieu est en joie, plantĂ© sans rien faire devant le rosier. Il chantonne, du bout des lĂšvres, dâune voix haut perchĂ©e, androgyne, blanche comme un angelot peint par un pompier. Il est tout extatique, comme comblĂ© par sa propre virginitĂ©. Je continue dâavancer, jâouvre le robinet. DerriĂšre le mur du cloĂźtre, il y a une chatte qui nâarrĂȘte pas de miauler. De dĂ©tresse, il me semble. Ăa se rĂ©pĂšte. Ce nâest pas mon problĂšme. FrĂšre Matthieu sait sâen soucier. Il revient un peu plus tard avec la chatte amaigrie et sa portĂ©e de chatons Ă moitiĂ© morts, dans un panier en osier. Jâaurais laissĂ© tout ça crever, jusquâau dernier. Je suis une mauvaise personne. Je suis loin dâavoir guĂ©ri. Je ferais bien de prolonger cette retraite dâune semaine ou deux, voire mĂȘme de toute une vie.
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Les nouvelles expĂ©riences dâune vie sans fin (8.1/15)
Plusieurs jours sâĂ©taient Ă prĂ©sent Ă©coulĂ©s depuis lâincident de la salle dâentrainement et, en apparence, les choses semblaient ĂȘtre rentrĂ©es dans lâordre. En effet, chaque matinĂ©e se voyait ouverte sur un petit-dĂ©jeuner des plus riches, avec lâensemble de la ConfrĂ©rie du Tofu et de la famille Sheram Sharm y siĂ©geant chaque fois, parfois rejoint par MaĂźtre Joris quand ce-dernier nâĂ©tait pas occupĂ© dans ses incessants voyages entre Bonta et les terres sadidas, avant que chacun ne vaque Ă ses occupations. Pour le scientifique, celles-ci se rĂ©sumaient en une visite Ă lâinfirmerie, ce afin de surveiller la cicatrisation de son bras droit. Il Ă©tait alors gĂ©nĂ©ralement accompagnĂ© par Yugo, qui sâĂ©tait prouvĂ© fidĂšle Ă ses vocales inquiĂ©tudes concernant lâĂ©tat de santĂ© de son ainĂ©. Il avait nĂ©anmoins Ă©tĂ© davantage surpris par la visite dâAdamaĂŻ lors dâune de ses auscultations. Le dragonnet ivoire sâĂ©tait invitĂ© dans la piĂšce, ce qui nâavait soulevĂ© que quelques regards inquiets de la part des Eniripsas avant de constater lâabsence dâurgence dans cette interruption, et avait commencĂ© Ă Ă©changer avec son frĂšre Ăliatrope. Le savant nâavait pourtant pas manquĂ© de relever les discrets regards jetĂ©s Ă sa main que lâon finissait de bander, mais dont la peau aux plaques rougeĂątres, dĂ©butant Ă peine son cycle de rĂ©gĂ©nĂ©ration, se laissait entrapercevoir. Ses narines sâĂ©taient offusquĂ©es de lâodeur se dĂ©gageant de la chair brulĂ©e, et son regard avait pris une teinte dâhorreur⊠de remords peut-ĂȘtre Ă©galement ? Il nâen Ă©tait pas bien sĂ»r. Il nâavait pas reçu dâexcuses â non pas quâil en attendait â mais avait Ă©tĂ© sincĂšrement surpris par cette rĂ©action, tout comme il le fut quand il en avait entendu les raisons par Yugo :
« Adâ sâinterroge beaucoup ces derniers tempsâŠÂ Il sâest rendu compte que⊠il, enfin nous â les Ăliatropes et les dragons â avons des pouvoirs incroyables. » Il nâavait pas rĂ©pondu, nâavait pas souhaitĂ© briser ce dĂ©but dâinteraction. « Mais que cela signifie Ă©galement que nous devons apprendre Ă les contrĂŽler pourâŠÂ » Ses yeux sâĂ©taient portĂ©s sur les marques Ă©carlates. « âŠĂ©viter des accidents⊠de blesser les autres. »
      En sachant la proximitĂ© du jeune dragon avec PhaĂ©ris, et de par les nombreuses remontrances ou piques rĂ©guliĂšrement lancĂ©es Ă son encontre, il ne se permettait pas de croire en un si tĂŽt changement de cĆur. En particulier compte tenu des mensonges qui avaient constituĂ©s leurs interactions lors de son⊠« premier retour ». AdamaĂŻ sâĂ©tait senti le plus trahi par ses actes, et cela pouvait aisĂ©ment se comprendre. AprĂšs tout, ils Ă©taient restĂ©s plusieurs semaines, voire mois dans lâenceinte mĂȘme de ces murs ; le dragonnet Ă lui raconter leurs aventures passĂ©es et Ă sâenquĂ©rir de lâhistoire de leur peuple, et lui à ⊠lentement tisser la toile qui aurait dĂ» lui permettre de rĂ©parer ses torts. De rĂ©unir leur famille.
 Enfin, tout cela,
câĂ©tait avant ce maudit « conseil »âŠ
Ă croire que ce mot
porte en lui
toutes les crasses et coups-bas de cet univers.
      Lorsque la grande horloge sonnait neuf heures, il regagnait gĂ©nĂ©ralement sa cellule pour y tenter de dĂ©velopper tel ou tel aspect du poison qui devait leur permettre de vaincre le Nephylis sĂ©vissant au dehors. Lorsquâil en avait la nĂ©cessitĂ©, il sâinstallait dans le laboratoire « dâurgence », qui avait Ă©tĂ© conçu spĂ©cifiquement pour lâavancĂ©e de ses travaux. Le matĂ©riel nây Ă©tait pas des plus adaptĂ©s, mais il avait apprĂ©ciĂ© lâeffort et nâavait nullement bronchĂ© lorsquâon lui avait troquĂ© sa ridicule table dâexpĂ©rimentation contre la piĂšce aux larges fenĂȘtres et aux Ă©tagĂšres fourbies de ressources, ouvrages et autres verreries. Le seul bĂ©mol Ă©tait la nĂ©cessitĂ© dâune supervision constante dans ces pĂ©riodes Ă©tant donnĂ© les trop nombreux alĂ©as dont il aurait pu se servir pour causer quelques manigances que ce soit⊠Si ce nâest sâenfuir.
 Les pouvoirs du Cube sont certes impressionnants,
mais sans lui et avec ce satané collier,
ce nâest pas comme si jâavais la possibilitĂ© de mâenvoler !
      Il nâavait pu sâempĂȘcher dâinspecter lâhorizon⊠pour le dĂ©couvrir aussi vert et vide que le paysage visible depuis sa minuscule lucarne. Vraiment, tenter une sortie serait synonyme de dĂ©fenestration dans ces circonstances. Il sâĂ©tait dĂ©jĂ plusieurs fois brisĂ© les vertĂšbres au cours de sa longue existence, parfois de façon mortelle. Souvenir dâune nuit dâhiver passĂ©e sur une falaise dĂ©chirĂ©e par les bourrasques dâune tempĂȘte, Ă tenter de sĂ©curiser comme il le pouvait lâhumble bicoque quâil partageait alors avec Shinonomé⊠Il faisait noir. Le vent giflait son visage. Il ne savait plus quand il avait cessĂ© de sentir la flamme de leur Ăątre lointain dans son dos. Il avait glissĂ©, avait tentĂ© de se rattraper Ă la moindre herbe folle ou rocaille, dâouvrir un portail malgrĂ© le vertige effrĂ©nĂ© qui lâengloutissait. Il ne se souvenait que dâun craquement abject, qui avait retentit dans tout son ĂȘtre. Il avait dâabord cru Ă des branchages ayant miraculeusement amorti sa chute â il souffrait atrocement, il avait envie de⊠de hurler jusquâĂ sâĂ©touffer, il Ă©prouvait encore la douleur, donc⊠Il Ă©tait vivant non ? Non. Il avait voulu Ă©clater de rire, pour se moquer de la mort, voire de sa propre maladresse, oublier ce brasier dans ses veines⊠Ses poumons nâavaient crachĂ© quâune gerbe de sang, aussitĂŽt absorbĂ©e par sa tunique dont dĂ©passaient dâĂ©tranges crocs blancs entachĂ©s de rouge. La fin de cette histoire ? Il ne la connaissait que par sa sĆur dragonne, lors de leur rĂ©incarnation suivante, quand elle lui avait racontĂ© comment elle⊠lâavait retrouvĂ© le lendemain.
 Shinonomé⊠HĂ©hĂ©âŠ
Que nâavons-nous pas traversĂ©Â ensemble ?
Que ne lui as-tu pas fait subir, h-Â ?!
Silence !
      Autant dire quâil ne sâĂ©tait plus approchĂ© des fenĂȘtres, prĂ©fĂ©rant envoyer quiconque Ă©tait dĂ©signĂ© ce jour-lĂ comme son chaperon Ă la corvĂ©e dâaĂ©rer le laboratoire entre deux manipulations. Ă chaque journĂ©e son visage : de la princesse au mineur, de lâarchĂšre au guerrier, du simple soldat Ă lâĂ©minent MaĂźtre Joris, câĂ©tait un vĂ©ritable bal qui se pressait pour surveiller, avec plus ou moins de comprĂ©hension, le moindre de ses actes. Mais sâil se devait de lâavouer, alors les longues sessions passĂ©es en compagnie de Yugo Ă©taient de loin ses prĂ©fĂ©rĂ©es. Le petit Ăliatrope Ă©tait⊠vivant, il ne savait pas comment le dĂ©crire autrement. Son sourire vous intoxiquait plus vite quâune once dâaconit, et sa voix enjouĂ©e, posant mille et une questions Ă la seconde, Ă©tait un plaisir Ă ses oreilles, qui nâavaient que trop longtemps souffert du silence. Il avait toujours eu cette « énergie », qui nâavait pourtant rien Ă voir avec le Wakfu qui le parcourait, cela Ă©tait bien plus⊠pur, brut⊠authentique. Comme lâune de ces gĂ©odes exposant les gemmes et cristaux de ses entrailles au vent. Ils parlaient de tout, comme autrefois.
 Yugo souhaitait savoir comment sâorganiser leurs citĂ©s avant lâExode ?
Il en griffonnait les contours entre deux formules alchimiques.
Yugo sâinterrogeait sur leurs fĂȘtes et cultes ?
Il se lançait dans une longue narration sur la Nuit aux Lanternes.
Yugo surprenait un changement dans sa maßtrise ?
Il lui expliquait les Ă©tapes de dĂ©veloppement des ĂliatropesâŠ
le tout ponctuĂ© dâanecdotes sur leurs frĂšres et sĆurs.
      Une fois, le plus jeune Ă©voqua ShinonomĂ© au dĂ©tour dâune conversation. Renouvelant son dĂ©sir de mieux connaĂźtre celle quâil nâavait entraperçu quâun instant et alors piĂ©gĂ©e dans son Dofus, il avait poursuivi son enquĂȘte familiale, mais, releva le scientifique, toujours en prenant garde Ă la tournure de ses phrases ; toutes empreintes de rĂ©vĂ©rence pour la dragonne⊠mais Ă©galement envers lui-mĂȘme. Et Ă ces questions aussi, il avait rĂ©pondu. Si certaines avait fait naĂźtre un sourire et dâautres un tremblement dans la voix, il avait su se faire maĂźtre de ses Ă©motions, nâen laissant aucune transparaĂźtre plus que de raison. Toutefois, il nâavait pu que succomber Ă la paralysie lorsquâil finit enfin par lui demander, dâun ton si calme, si doux et pourtant si tranchant :
 « Hey, hum, Qilby ? Quâest-ce que ça fait quandâŠÂ » Il avait repris son souffle, son regard cherchant lâautre. « Quâest-ce que ça fait quand on perd⊠enfin, tu sais ? »
      Le martĂšlement rĂ©gulier du pilon contre les feuilles dâamordica cessa. Pendant un long moment, il avait contemplĂ© quelque chose, au loin. Un souvenir ? Il avait fini par soupirer, une longue exhalation comme si lâair pouvait emporter un peu de lâamertume qui lui rongeait le cĆur, et il sâĂ©tait avancĂ© vers Yugo. Lâenfant, voire bientĂŽt adolescent, sâĂ©tait Ă©tonnĂ© de cette approche, mais nâavait pas reculĂ© pour autant. Il avait alors vu son ainĂ© sâagenouiller, malgrĂ© lâeffort que cela semblait demander Ă ses articulations, avant de le fixer droit dans les yeux, captivant toute son attention.
 « Dis-moi Yugo, quâas-tu ressenti quand AdamaĂŻ Ă©tait possĂ©dĂ© par ces dĂ©mons ? » Une grimace sâaccapara aussitĂŽt des traits de lâintĂ©ressĂ©.
« Je⊠CâĂ©tait horrible, câĂ©tait comme si⊠Je ne sais pasâŠÂ » Il porta une main Ă sa poitrine. « Comme si on mâarrachait une partie de moi-mĂȘme. JâĂ©tais tellement en⊠en colĂšre, je voulais leur⊠Je voulais te-âŠÂ !
-TrĂšs bien, trĂšs bien. Yugo ? » La petite coiffe turquoise se releva. « Maintenant, imagineâŠÂ » Un Ă©lĂ©gant doigt vint se poser contre le poing serrĂ©. « Imagine donc ce sentiment, cette peine, cette rage, cette solitude, cette impuissance, ce⊠ce « vide » tâenvahir chaque jour de ton existence. » Les yeux de Yugo sâĂ©taient Ă©carquillĂ©s dâeffroi Ă cette simple perspective, mais il avait continuĂ© malgrĂ© tout. « Imagine te lever un jour pour dĂ©couvrir un monde identique Ă celui de la veille : les mĂȘmes personnes, les mĂȘmes discussions, les mĂȘmes parfums, les mĂȘmes couleurs. Rien nâa changĂ©. Et pourtant, rien nâest pareil⊠Car la seule chose qui nâest plus la mĂȘme⊠Câest toi. » Il sâĂ©tait relevĂ©, regagnant sa paillasse et ses fioles. « Et tu pourras faire ce que tu veux, dire ce que tu veux, jamais ce sentiment ne partira. Oh, bien sĂ»r il pourra sâattĂ©nuer avec le temps, mais il aura toujours une place dans cette « vie ». Le monde sera le mĂȘme⊠mais toi, tu auras changĂ©. » Il avait repris ses activitĂ©s, fixant dĂ©libĂ©rĂ©ment les fibres broyĂ©es sous ses coups. « Et tu te demanderas si, en fin de comptes, ce que tu es le seul Ă Ă©prouver, cette⊠« anomalie » que tu es le seul Ă percevoirâŠÂ » Dans un murmure. « ⊠ce nâest pas tout simplement toi-mĂȘme. »
      Ils Ă©taient alors restĂ©s plusieurs minutes dans un silence des plus sĂ©rieux, uniquement perturbĂ© par lâentrechoc des instruments ou le sifflement de quelques alambics. Yugo lâavait observĂ© avec une grande attention, avant dâoser, dâune voix empreinte de chagrin :
 « Elle⊠Elle te manque, pas vrai ? » Il sâĂ©tait redressĂ© brusquement, gĂȘnĂ©. « P-pardon, câest une question s-stupide, bien sĂ»r que- je- !
- Oui⊠terriblementâŠÂ » Lâautre sâĂ©tait arrĂȘtĂ©. « ShinonomĂ©, elle⊠Je nâai pas les mots pour tâexpliquer Ă quel point je⊠Ce que je pourrai donner pour la revoirâŠ
- Câest pour ça que- enfin, je comprends. »
      Yugo sâĂ©tait tu un instant, mais derriĂšre ses boucles blondes, vous pouviez voir ses pensĂ©es et nouvelles interrogations sâanimer. Ils avaient passĂ© le reste de la matinĂ©e au laboratoire, changeant de sujet pour des thĂ©matiques plus lĂ©gĂšres, avant de dĂ©barrasser les tables des plans et accessoires les recouvrant pour aller les entreposer dans la cellule du vieil Ăliatrope puis rejoindre la grande salle oĂč le repas de midi serait servi. Ce-dernier pensait la discussion close, quand soudain :
 « Et, euh⊠Qilby ? Pour nous, commentâŠÂ ?
-Hum ? » Il avait réajusté une sacoche sur sa bonne épaule.
« Je veux dire⊠tu te souviens de toutes tes vies, câest ça ? Alors tu as trĂšs certainement dĂ» assister à ⊠à au moins lâune de nos morts. » Il sâĂ©tait tendu, son Ă©chine dorsale relĂąchant un frisson glacĂ©. « Quâest-ce que tu as ressenti quandâŠÂ ? »
      Il nâavait pas rĂ©pondu.
      Une fois un solide repas avalĂ©, les oreilles aussi pleines dâhistoires et racontars comme lâĂ©taient lâestomac de mijotĂ©s et autres mets dĂ©licats, il retournait bien souvent Ă ses notes pour le reste de la journĂ©e. Cependant, il Ă©tait devenu assez commun que ses heures dâĂ©tude ne soient interrompues lorsquâau mur, sonnait enfin 15 heures. En effet, bien plus souvent que rarement Ă prĂ©sent, la lourde porte bois de sa cellule laissait entrer un invitĂ© plutĂŽt que lâune des innombrables petites mains du Palais, qui prenaient Ă peine le temps dâinspirer avant de fuir ce lieu et retourner se tapir aux cuisines. Par deux fois maintenant le vieux mineur, dĂ©nommĂ© Ruel, sâĂ©tait permis de franchir le seuil, plateau chargĂ© sous le bras et phorreur sur ses traces. Depuis leur premiĂšre interaction, Qilby avait appris Ă tolĂ©rer sa prĂ©sence ; il lui arrivait mĂȘme dâapprĂ©cier certains de leurs Ă©changes quotidiens. Le vieil homme avait de nombreuses dĂ©cennies derriĂšres lui, tout comme lui avait de siĂšcles, ce qui leur permettait presque de sâexprimer sur un ton Ă©gal : ils Ă©taient deux Ăąmes Ă©reintĂ©es par le temps, qui avaient connu les tumultes de la jeunesse, les « premiĂšres fois »⊠HonnĂȘtement, trouver un compagnon avec qui ressasser quelques souvenirs ou encore se plaindre des dĂ©rives actuelles, voilĂ des moments auxquels il nâavait pas eu lâoccasion de sâadonner depuis longtemps. Certes, il y avait bien eu certains de ses frĂšres ou sĆurs par le passĂ©, lorsque le hasard des rĂ©incarnations les laissait grandir cĂŽte Ă cĂŽte⊠Mais combien dâentre eux avaient acceptĂ© sa condition dâĂ©ternel observateur ? Combien avaient rĂ©ellement considĂ©rĂ©, et plus encore, reconnu sa malĂ©diction ? Bien peuâŠ
     Ce qui le menait Ă la seconde personne venant le visiter Ă lâheure du thĂ©Â : lâarchĂšre. AprĂšs leur entrevue secrĂšte, le scientifique prĂ©fĂ©rait ne plus employer le nom « dâEvangeline » en sâadressant Ă cette-derniĂšre â si son visage avait tout dâun ĂȘtre cĂ©leste, son esprit calculateur et sa langue acĂ©rĂ©e avaient rĂ©vĂ©lĂ© un ĂȘtre terrifiant. Il se contentait alors de formules de courtoisies, telles que « Ma dame » ou encore « TrĂšs chĂšre », qui si elles possĂ©daient cette lĂ©gĂšre froideur polie, nâĂ©taient pas moins dĂ©pourvues dâun sincĂšre respect. Et, chose Ă©tonnante, celui-ci lui Ă©tait rendu. Il lui serait difficile de dĂ©crire le sentiment qui lâenvahissait Ă chaque fois, aussi rares soient-elles, quâil entendait ce trĂšs sobre « Messire ». Il nâavait jamais couru aprĂšs les titres â il ne sâagissait que de mots de couverture, qui nâĂ©taient que mieux tordus une fois le dos tournĂ© â et pourtant, la petite flamme qui sâĂ©tait allumĂ©e dans sa poitrine refusait de sâĂ©teindre Ă son entente. Elle sâanimait quand la jeune femme prenait garde Ă prendre Ă deux mains la tasse qui lui Ă©tait offerte, frissonnait quand elle veillait Ă ne pas verser trop vite lâeau chaude dans celle de lâĂliatrope, et prenait une lueur nostalgique quand elle se risquait, mĂȘme par lĂ©gĂšre moquerie, Ă employer des « cher Docteur » ou « Major ». Ătrangement, ce-dernier avait fait rire lâarchĂšre aux Ă©clats : le nom ne lui Ă©tait, selon ses dires, pas des plus appropriĂ©s... Ă moins de prendre en considĂ©ration quâil ait « majoré » en conquĂȘtes Ă©chouĂ©es. Peut-ĂȘtre aurait-il mieux fait de ne pas sâĂ©tendre sur sa carriĂšre militaire, bien que pĂąle en comparaison de celles quâavaient pu mener Chibi et Yugo. Et pour autant, il nâen avait cure, car pour une fois... Pour une fois⊠Quelquâun lâĂ©coutait.
 Je vois, câest donc comme cela que tout a commencĂ©âŠ
Ah, Nora est lâune de vos sĆurs cadettes je me trompe ?
Et comment ĂȘtes-vous parvenu jusque-lĂ Â ?
Les⊠Méchasmes ? Ah oui, je crois que vous nous en aviez déjà vaguement parlés.
Donc, câest ainsi que vousâŠ
Oh ! Câest⊠oui, je⊠je comprends.
Mais alorsâŠ
Vous avez-
Je suis désolée.
Par CrĂąâŠ
      Au-delĂ des commentaires, qui venaient ponctuer ses rĂ©cits sans en rompre la mĂ©lodie, elle avait Ă©galement cette pertinence, cette⊠intuition Ă la limite dâun autre sens quâelle Ă©tait seule Ă maitriser. Ă chaque pause un brin trop longue, mĂȘme infime de sa voix, elle le relançait avec un doux intĂ©rĂȘt (« TrĂšs honnĂȘtement, je ne sais pas comment jâaurai moi-mĂȘme agi⊠Votre famille a dĂ» grandement souffrir de ce dĂ©part, hum ? ») ; Ă chaque grincement de dents ou dĂ©tournement furtif du regard, elle inspirait profondĂ©ment, le ramenant au calme (« Il ne vous a pas laissĂ© le choix en un sens. Sans cela, vous nâen seriez pas arrivĂ© lĂ âŠÂ ») ; Ă chaque frĂ©missement de sa voix, elle se rapprochait de son fauteuil, parfois mĂȘme jusquâĂ ce que leurs genoux se frĂŽlent (« Ce « Aroh »⊠Vous⊠lâapprĂ©ciiez grandement, nâest-ce pas ? »).
     Et sâil osait se lâavouer, alors il dirait que ces aprĂšs-midis avaient su trouver une place particuliĂšre entre les rayonnages de sa mĂ©moire. AprĂšs des siĂšcles passĂ©s Ă errer parmi ces couloirs bardĂ©s dâouvrages, se perdant dans des volutes nocturnes que les Ă©toiles avaient fuies, Ă arpenter ces cours et salles dâĂ©tudes que son emprisonnement lâavait conduit Ă saccager⊠à rĂ©duire en cendres pour en imprimer les murs de sa rancĆur⊠AprĂšs tout ce temps, captif de ses souvenirs et pourtant incapable dâen relire la moindre ligne⊠Il en avait presque oubliĂ© les annotations laissĂ©es dans les marges. Les commentaires quâune main passĂ©e mais sienne avait inscrits le cĆur lĂ©ger, dĂ©taillant avec emphase tel Ă©vĂšnement, telle rencontre, tel repas⊠telle expĂ©rience.
 Aujourdâhui, Glip est enfin parvenu Ă tenir en vol
avec Grougaloragran plus dâune demi-heure : il a tellement progressĂ©Â !
 - Notes pour futur laboratoire -
 Rappel Ă moi-mĂȘme : ne plus jamais autoriser Yugo
et AdamaĂŻ Ă rester dans la cuisine sans surveillance.
 Ils grandissent trop vite, je ne pensais honnĂȘtement pas arriver au jour
oĂč je regretterai les couches et les biberonsâŠ
 Dessin de Nora en copie ; 21 Sombrefeuille 12 648 (voir rouleau section A75/IS-9782862606712)
 Je jure que si je dois encore passer une minute de plus Ă
Ă©couter Chibi se plaindre de ses relations amoureuses,
je retourne dans mon Dofus pour au moins deux cycles !
 - Correction du projet dâamendement A7ib2 -
 Que dit un cuisinier satisfait de son apprenti ?
Quâil « gougĂšre » ! â Efrim, 5 FrĂȘlaube 5 847
 Mina a prononcĂ© son premier mot aujourdâhui : « Qwi-bi »
⊠Ma petite luciole est si intelligente !
      Il sâĂ©tait perdu dans ses chapitres les plus noirs, ceux-lĂ mĂȘmes oĂč lâencre, mĂȘlĂ©e de larmes et de sang, quâil soit le sien ou non, vous aspirait dans les entrailles, « la Source ». Cet Ă©ternel abysse, oĂč si la Dimension Blanche Ă©tait un jour dans le plus isolĂ© des dĂ©serts, alors ce lieu maudit Ă©tait une nuit au cĆur du plus froid des arctiques. Une condamnation Ă revivre, sensation par Ă©motion, mot par action, le moindre instant que son esprit tordu voulait lui imposer. Ceux emprunts de culpabilitĂ© Ă©taient ses favoris, le torturant de ses Ă©checs, ses manquements, ses erreurs⊠Ses fautes.
     Et pourtant, cette misĂ©rable mortelle⊠Elle lâavait poussĂ©, par sa curiositĂ©, Ă rouvrir lâun des imposants volumes, ne serait-ce que pour le plaisir dâun paragraphe. Puis, un rouleau abandonnĂ© sur une table dâĂ©criture, un recueil Ă la couverture Ă©limĂ©, un mĂ©mo coincĂ© dans une bouteille encore scellĂ©e. Petit Ă petit, ligne aprĂšs ligne, il avait Ă©poussetĂ© ses Ă©tagĂšres. Ne soyez pas non plus trop optimistes, car lĂ -bas, dans un recoin, se trouvait encore liasses et pamphlets dont les ombres menaçaient toujours dâenvahir le peu dâespace clair quâil Ă©tait parvenu Ă recrĂ©er. Un nombre incalculable de rapports listant les pourquoi et comment il en Ă©tait arrivĂ© Ă ce misĂ©rable Ă©tat et y avait entraĂźnĂ© son peuple.
     Mais Evangeline sâasseyait sur ce mĂȘme tabouret de bois noir aprĂšs avoir apportĂ© un plateau de pĂątisseries fines et de fruits frais, il complĂ©tait la scĂšne dâune bouilloire et de deux tasses pour sâassoir en face dâelle, dans cet inconfortable fauteuil de cuir⊠Et le monde pouvait disparaĂźtre pendant les deux prochaines heures, si ce nâest jusquâĂ tard dans la soirĂ©e oĂč lâon sonnait le souper commun. Elle se levait, dĂ©froissait sa jupe, il la suivait faisant craquer ses articulations au passage. Un regard, une apprĂ©ciation :
 « Eh bien, je vous remercie pour cet aprÚs-midi.
- Le plaisir fut mien.
- JâespĂšre, cette fois-ci, vous voir manger davantage quâau diner dâhier soir. » Lui avait-elle lancĂ©e nonchalamment. « Vous ferez plaisir Ă Yugo en avalant plus que trois feuilles de saladeâŠ
- Oh-ho... » Avait-il sourit dans tout son sarcasme. « Oserai-je voir du souci pour ma santĂ© dans cette requĂȘte ?
- Pensez donc à faire corriger vos lunettes⊠Messire.
- Jây veillerai⊠Ma dame. »
      Ces innocentes escarmouches nâavaient rien des joutes verbales dans lesquelles il avait pu se lancer avec Efrim ou encore Glip. Mais DĂ©esse ! Quâil pouvait savourer ces piques mesurĂ©es et ces rĂ©pliques saillantes ! Son esprit affutĂ© avait toujours Ă©tĂ© lâun de ses plus grands atouts, tout comme fiertĂ©s : si on ne lui laissait pas lâopportunitĂ© de polir ses mots Ă lâĂ©gard dâautres langues acĂ©rĂ©es⊠Il sâabimait, sâeffritait, pour ultimement devenir la mĂ©lasse noyant ses pensĂ©es, ses Ă©crits⊠son ĂȘtre tout entier.
     Câest donc le pas lĂ©ger quâil descendait jusquâĂ la grande salle, ne prĂȘtant mĂȘme plus attention Ă lâescorte pourtant armĂ©e jusquâaux dents qui lây conduisait sans faillir. LĂ -bas il y retrouverait son frĂšre et ceux qui avaient su se faire ses amis, et lui, ses geĂŽliers. La famille Sheran Sharm reprĂ©sentait toutefois un patchwork intĂ©ressant. En effet, si le Prince Armand ne se cachait pas de son dĂ©goĂ»t ni de sa rancĆur envers le scientifique quâil avait autrefois considĂ©rĂ© comme un hĂŽte ; sentiments que lâĂliatrope lui rendait bien tant lâimpertinence de cette herbe revĂšche pouvait lâagacer (« Vous ne prendrez pas un peu de gelĂ©e Ă la menthe, mon Prince ? Je suis certain quâelle vous plaira⊠ainsi quâĂ vos invitĂ©sâŠÂ » ; « Non, je nâai jamais assistĂ© Ă un match de « Boufbowl » : je volais bien avant que vous ne sachiez marcher, Ă quoi bon, donc, courir aprĂšs une balle me direz-vous ? »), cela nâĂ©tait pas le cas de sa jeune sĆur. La princesse Amalia Ă©tait, pour poursuivre la mĂ©taphore, une graine diffĂ©rente des autres. Quand elle avait indiquĂ© quâelle lâinvitait Ă visiter les jardins royaux, il avait tout de suite laissĂ© lâidĂ©e de cĂŽtĂ©, pensant Ă une Ă©niĂšme formule de biensĂ©ance mais sans vĂ©ritable fond. Il sâĂ©tait trompĂ©. Il ne lui avait fallu quâune visite impromptue Ă so-au laboratoire, la Sadida flanquĂ©e de son amie dâenfance CrĂą pour ne pas rebrousser chemin, lui de Yugo pour ne pas sâinventer une excuse et dĂ©cliner, pour que les deux se retrouvent autour dâune table de fer blanc, au cĆur de lâArbre Palais, dans lâune des rĂ©serves botaniques les plus majestueuses quâil Ă©tait donnĂ© dâadmirer dans le Monde des Douze. Celle-ci nâĂ©tait clairement pas aussi impressionnante que Zeden, moins grande, plus sombre, plus « dĂ©sordonnĂ©e »⊠Mais le tout dĂ©gageait un sentiment de simplicitĂ©, de chaleur, de⊠« naturel ». Cette idĂ©e lâavait amusĂ©, et lorsque celle nommĂ©e « Amalia » (comment pourrait-il lâoublier avec son frĂšre ne cessant de lister ses qualitĂ©s Ă longueur de journĂ©es ?) lâavait observĂ©, interrogĂ©e, il sâĂ©tait perdu dans un comparatif entre leurs deux domaines. Il sâĂ©tait nĂ©anmoins trĂšs vite arrĂȘtĂ©, se rendant compte quâassocier ce lieu personnel oĂč la Douzienne avait passĂ© son enfance et certains de ses plus beaux souvenirs, Ă son ancien lieu dâexpĂ©rimentation, empli de rumeurs et finalement condamnĂ© Ă la destruction, nâĂ©tait peut-ĂȘtre pas la meilleure des approches. Le savant avait voulu rattraper son faux-pas (il ne voulait pas que cette premiĂšre excursion en dehors de sa morne routine ne devienne la derniĂšre !), mais alors elle⊠Elle avait souri. Celle Ă laquelle il avait menti, dont il avait abusĂ© de lâhospitalitĂ©, agressĂ© ses fidĂšles sujets, pour finalement presque rayer le monde du Krosmoz⊠Cette jeune pousse, qui nâavait vĂ©cu quâun fragment de sa propre existence, qui nâavait mĂȘme pas conscience de lâinfinitĂ© des merveilles qui se trouvaient par-delĂ les cimes et les Ă©toiles⊠Qui regardait chaque chose avec autant dâĂ©merveillement que de bienveillance alors que lui nây voyait quâun Ă©cho, une rĂ©pĂ©tition, une infime variation sans substance⊠Elle lui rappelaitâŠ
 Tss... !
Elle et Yugo se sont décidément bien trouvés.
      Comme promis, elle lui avait prĂ©sentĂ© la roseraie de son message. La visite avait Ă©tĂ© plaisante, et les deux amateurs de botanique se perdaient rĂ©guliĂšrement dans des discussions tenant des variĂ©tĂ©s de telle espĂšce, de lâentretien et mise en valeur de ces-derniĂšres, mĂȘme de la forĂȘt presque sentiente qui les entourait. Puis, au dĂ©tour dâune anecdote sur les liens entre son peuple et la flore, la princesse avait souhaitĂ© sâaventurer plus loinâŠ
 « Ah ! Et ces aubĂ©pines : câest ma mĂšre qui en a crĂ©Ă© la souche. » Elle avait pris un air nostalgique. « Elle Ă©tait⊠trĂšs douĂ©e pour cela ; de simples racines, elle pouvait reverdir une prairie entiĂšre. » Plus bas. « JâespĂšre toujours pouvoir un jour atteindre son niveau.
- Je ne peux pas me prononcer sur le sujetâŠÂ » Avait-il alors rĂ©pondu, un peu gĂȘnĂ© de la tournure sentimentale. « ⊠mais je pense que vos exploits en tant quâaventuriĂšre, tout comme ce jardin, sont autant dâarguments pour dire que, hum, vous ĂȘtes au moins sur la bonne piste.
- Je⊠Merci ! » Sourire Ă©clatant. PensĂ©e fugace derriĂšre des iris noisette. « Au fait ! Je me suis toujours demandĂ©âŠÂ »
      Elle avait voulu prendre un chemin que les ronces de son Ăąme avaient condamné⊠Et quâelles ne relĂącheraient pas de sitĂŽt.
 « ⊠Comment était votre mÚre ? »
      La petite tĂȘte verte avait dĂ©taillĂ© sa question aprĂšs cela : son identitĂ©, son nom peut-ĂȘtre, Ă quoi elle ressemblait, savoir si elle avait donnĂ© naissance Ă tous les Ăliatropes par elle-mĂȘme, qui Ă©tait ce fameux « Grand Dragon » dont parlait parfois Adamaï⊠Il avait cessĂ© de lâĂ©couter Ă ce point. Une voix, lointaine, lâavait envahi, ramenĂ© des siĂšcles, des millĂ©naires en arriĂšre. La sienne :
 Pourquoi ?!
Pourquoi mâimposer cela ?! Quâai-je donc fait, MĂšre,
pour mériter cela ?
Jâai pourtant suivi vos indications ! Il ne mĂ©ritait pas deâŠ
Vous nâavez pas le droit de me faire ça ! Pas aprĂšs tout ce que jâai fait !
Je ne mérite pas de souffrir ainsi !!
Pourquoi ce silence ? Pourquoi ne répondez-vous pas ?!
MÚre ! Répondez-moi !!
VousâŠ
Vous les avez abandonnĂ©s ! Et câest moi qui les ai recueillis !
Qui les nourris ! Qui les ai protégés ! Qui les ai élevés !
Et maintenant ?! Maintenant quâilsâŠÂ ! Maintenant quâils sontâŠ
.
MĂšre⊠PitiĂ©âŠ
Jâai juste besoin⊠Je ne sais pas ! De parler ?
Dâentendre votre voix ?
JeâŠ
.
HĂ©hé⊠CâĂ©tait votre idĂ©e depuis le dĂ©but, hein ?
à vous et PÚre⊠Vous⊠Vous vous ennuyez tant que ça ?
Vous nâaviez pas assez de deux enfants ? Il vous en fallait plus ?!
.
Demain matin⊠La cérémonie est prévue pour demain matin.
Je ne sais pas si vous⊠Enfin, vous voulez peut-ĂȘtre
que je transmette quelque chose ?
Cela les rĂ©confortera que vous⊠JeâŠ
.
Alors câest comme ça, hein ?
.
Adieu⊠« MÚre ».
 « Hum, je⊠Messire Qilby ? Vous-âŠÂ ? » Lâautre le ramena au prĂ©sent. « Tout va bien ? Vous sembliez⊠absent. Si jamais ma question vous a indisposĂ©, jâen suis d- !
- Non, je⊠Je me suis juste un peu perdu dans mes pensĂ©es. » Avait-il alors rĂ©pondu, se dĂ©gageant rapidement pour rejoindre lâascenseur. « Je crois que nous devrions rejoindre vos amis, Princesse, lâheure du dĂźner ne devrait plus tarder.
- V-vous avez raison, nousâŠÂ » Son regard avait pris une teinte peinĂ©e. « Nous devrions remonter, oui. »
      Il nâavait eu lâoccasion de revenir en ce jardin quâune fois depuis cette premiĂšre excursion, mais cette derniĂšre sâĂ©tait dĂ©roulĂ©e sans accroc, la jeune Sheran Sharm ayant appris sa leçon de ne pas poser de questions desquelles elle ne gagnerait quâun dĂ©part prĂ©cipitĂ©. Peut-ĂȘtre le talent de son amie archĂšre avait fini par dĂ©teindre sur la Sadida, car elle avait su remarquer les discrets retroussements des lĂšvres, les coups dâĆil agacĂ©s ainsi que les tapotements sur la tasse devenant irrĂ©guliers. Elle changeait donc de sujet pour quelque chose de plus lĂ©ger, et ils sâĂ©taient quittĂ©s en meilleurs termes.
      La nuit tombĂ©e, le scientifique quâil Ă©tait refaisait surface, pour noircir ses pages de notes et les marges dâannotions en tous genres. Il veillait alors jusquâĂ tard dans la soirĂ©e, jusquâĂ ce que toutes les Ă©toiles sâallument dans le ciel⊠JusquâĂ ce quâil entende les trois battements distincts contre le carreau de la minuscule lucarne. CâĂ©tait le signal.
     Il se levait, en profitant pour Ă©tirer sa longue colonne fourbue par une nouvelle journĂ©e de travail, et sâen allait ouvrir Ă son acolyte. Ayssla avait lâavantage dâĂȘtre remontĂ© comme une horloge ; une plaisanterie quâil ne sâaviserait plus de refaire une deuxiĂšme fois quand il lâavait fustigĂ© pour oser le confondre avec ce que les habitants de ce monde nommaient un « XĂ©lor » (il se rappelait nĂ©anmoins lâavoir dĂ©jĂ entendu de la bouche dâAdamaĂŻ au sujet du fameux Nox que lui et son frĂšre avaient affrontĂ© avant son retour). Le Steamer avait un grand respect pour les siens, ses origines, mais une rancĆur presque aussi profonde quand il sâagissait des institutions qui les rĂ©gissaient, une autre caractĂ©ristique qui les avait rapprochĂ©s. Les deux savants nâavaient toutefois pas le loisir dâĂ©changer plus que quelques phrases entre lâentrĂ©e de lâingĂ©nieur renĂ©gat et la relĂšve des gardes Ă la porte de lâĂliatrope. Cela nâavait pas empĂȘchĂ© le premier pour tenter de nouer contact avec son « patient » :
 « Oooh ! Je vois que vous avez lĂ un thĂ© fort appĂ©tissant : verriez-vous un inconvĂ©nient Ă mâen verser une tasse, trĂšs cher ? Je travaille toujours mieux avec les rouages huilĂ©s - haha ! »
 « Vous savez, jâai Ă©tĂ© Ă©levĂ© par un FĂ©ca, qui a tout de suite vu le potentiel de combiner mon aptitude pour la mĂ©canique avec son talent pour lâenchantement ! Câest la raison pour laquelle je me suis tant intĂ©ressĂ© Ă la Stasis et Ă son incorporation dans chacun de mes pro- !»
 « Dites-moi, mon cher WeiĂ, vous ai-je dĂ©jĂ racontĂ© la fois oĂč jâai malencontreusement, disons, « remodeler le paysage » de lâObservatoire Garant de la MĂ©chanique (OGM) ? Non ? Ah, je suis certain que vous allez apprĂ©cier cette histoire ! Vous aimez les histoires, non ? »
 « Eh bien, eh bien... En voilĂ une mine sombre ! Vous feriez presque de lâombre Ă un Sram -hĂ©Â ! Vous lâavez ?! Sram⊠Ombre⊠Hum, je vois que mon humour ne parvient pas Ă Ă©tirer ces traits maussades. Que diriez-vous dâĂ©courter peut-ĂȘtre notre sĂ©ance de ce soir, hum ? Je mâen voudrais terriblement si vous veniez Ă nous faire une syncope en pleine op- ! »
 « Pfiouuuh ! Ces murs sont toujours aussi hauts, et leur ascension nâest pas sans me rappeler que mes moteurs ont besoin dâune petite rĂ©vision ! »
      AussitĂŽt le claquement des bottes se faisait entendre de lâautre cĂŽtĂ©, aussitĂŽt le torrent de murmures cessait pour ĂȘtre remplacĂ© par un silence dâune incroyable clartĂ©. Pour autant, Qilby apprĂ©ciait ces Ă©changes, autant que ces-derniers puissent porter ce nom du fait quâil avait rarement lâopportunitĂ© de rĂ©pondre. Mais il aimait entendre des nouvelles venant de lâautre cĂŽtĂ© de ce globe. Ayssla avait raison : il avait toujours Ă©tĂ© fascinĂ© par lâinconnu. Lui qui avait horreur de ses souvenirs, il avait nĂ©anmoins toujours nourri une soif infinie pour ceux dâautrui : ces paysages, ces langues, ces cultures, ces savoirs⊠ces expĂ©riences. Toutes ces choses que son esprit ne pouvait quâeffleurer, mais qui semblaient si vivantes dans la bouche de ces Ăąmes Ă©trangĂšres ! Il avait Ă©tĂ© maudit par lâennui dâune existence monotone, et depuis lors, nâavait eu de cesse que de combler ce besoin dâĂ©tendre son horizon. Quoi de mieux alors, que ces canevas que lui fournissaient ces bardes, voyageurs et autres aventuriers, dont les couleurs nâattendaient que dâĂȘtre ravivĂ©es par ses propres dĂ©couvertes ? Il sâĂ©tait donnĂ© la mission de revenir sur ces lieux mythiques, dâapercevoir cette crĂ©ature inconnue, dâĂ©tudier ces ruines oubliĂ©esâŠ
     Une nuit, alors que lui et le Steamer Ă©taient affĂ©rĂ©s Ă lâun des nombreux tests de leur « crĂ©ation », il ne saurait expliquer comment, mais il parvint Ă sâendormir durant lâune des procĂ©dures. Il se souvenait dâAyssla, faisant virevolter ses outils comme sâil sâagissait dâun quelconque spectacle de foire, ne prenant une pause dans son « protocole » que pour en Ă©valuer la rĂ©sistance. Il se souvenait de la douleur, irradiant depuis lâintĂ©rieur de son ĂȘtre pour parfois venir se heurter avec fracas contre lâĂ©nergie du collier, comme des vagues contre les falaises. La souffrance Ă©tait un concept tout comme une sensation quâil ne connaissait que trop bien, et son corps avait dĂ» relĂ©guer les Ă©pines de mĂ©tal dans sa chair ainsi que son Wakfu torturĂ© au second plan. La lumiĂšre artificielle Ă©tait douce, au-dehors, les bruits de la nuit et dâun Palais presque endormi⊠Il avait succombĂ© au sommeil⊠pour se rĂ©veiller le lendemain dans son lit, toutes traces de lâingĂ©nieur sufokien Ă©vanouies ! Celui-ci lui avait expliquĂ©, Ă leur prochaine rencontre, que voyant son Ă©tat, il nâavait pas eu le cĆur Ă poursuivre son travail, et avait prĂ©fĂ©rĂ© porter, ou plutĂŽt trainer, lâĂliatrope jusquâĂ sa couche, avant de repartir par la mĂȘme lucarne qui lâavait vu rentrer. Ce jour-lĂ , Qilby sâĂ©tait jurĂ© de ne plus se permettre une telle faiblesse devant un inconnu. Qui sait ce qui aurait pu arriver ? Le plus dĂ©rangeant dans cette affaire, restait quâAyssla ne semblait en aucun cas perturbĂ© par ce manquement de sa part ! Il avait mĂȘme continuĂ© de « sâinquiĂ©ter » de son Ă©tat de santĂ© tout au long de leur travail du soir, mais Qilby savait mieux que quiconque voir Ă travers ces mascarades de biensĂ©ance ! Il nâĂ©tait quâun sujet de recherche pour le Steamer, comme lâautre nâĂ©tait quâun pion dans son plan ! Ă lâimage de la Princesse qui ne cherchait quâĂ mieux atteindre son frĂšre Yugo Ă travers leurs « aimables » discussions, lui Ă regagner la confiance dâun peuple quâil avait rĂ©ellement trahi ! Tout comme lâarchĂšre qui nâĂ©tait motivĂ©e que par la curiositĂ©, lui par le besoin de mettre en ordre son esprit ! Il ne sâagissait que dâune façade ! Un masque usĂ© pour une Ă©niĂšme piĂšce dont il serait cette fois-ci lâauteur !
 Mais est-ce seulement le cas ?
Est-ce que je souhaite vĂ©ritablementâŠÂ ?
âŠ
Quâest-ce que je souhaite dĂ©jĂ Â ?
      Et alors quâau dehors les Ă©toiles sâĂ©teignaient, attendant que les premiĂšres lumiĂšres de lâaube ne filtrent Ă travers les fines feuilles des hautes branches⊠LâĂliatrope se retrouvait seul pour quelques heures. Il avait planifiĂ© sa fuite dĂšs son arrivĂ©e, sâĂ©tait jurĂ© de ne plus ĂȘtre Ă la solde de personne. Toutes ses actions depuis lors nâavaient servi que ce but prĂ©cis : accĂ©der Ă son laboratoire, endormir la confiance des Douziens, trouver une alternative Ă son « handicap ». Encore deux ou trois semaines, quatre tout au plus, et il serait dehors. Libre.
     Pourtant, les yeux rivĂ©s sur le plafond de sa cellule, quâil mĂ©prenait parfois pour une chambre, la tĂȘte pleine de questions sans rĂ©ponse, il continuait dâattendre que son cadet vienne le chercher pour une nouvelle journĂ©e, quasi-identique Ă toutes celles qui lâavaient prĂ©cĂ©dĂ©e. Identique. Mais pourtantâŠ
 Je me demande si le ciel sera clair ce soirâŠ
LâAutomne semble arriver, et si Ayssla a raison,
alors la saison des comĂštes ne devrait pas tarder.
      Pour la premiĂšre fois depuis des millĂ©naires, il avait lâimpression que⊠tout cela nâavait pas vraiment de sens. Il se levait chaque jour avec un objectif, Ă savoir achever une formule originale contre une menace planĂ©taire, un dĂ©fi assez relevĂ© pour tenir son intellect occupĂ© et satisfait. Il nâavait pas Ă se soucier des moyens mis en Ćuvre, il avait un toit au-dessus de la tĂȘte, trois repas chauds par jour et mĂȘme du thĂ© Ă volontĂ©. Il Ă©tait craint, mais son savoir Ă©tait respectĂ©. On le haĂŻssait, mais certains avait commencĂ© Ă montrer des signes de confiance, et pas de ce genre faux, non, une confiance sincĂšre, motivĂ©e par lâidĂ©e dâun lien durable. PhaĂ©ris ne dĂ©sirait que le renvoyer dans la Dimension Blanche de ses propres griffes, AdamaĂŻ Ă©tait un peu moins rancunier mĂȘme si encore mĂ©fiant Ă son Ă©gard⊠Mais il avait Yugo. Il avait Yugo, ce petit frĂšre quâil avait vu naĂźtre, grandir et mourir pour un nombre incalculable (« 1517 ! ») dâexistences, mais qui ne cessait jamais de lâĂ©merveillerâŠ
 Peut-ĂȘtre devrai-je remonter quelques
nouveaux sachets dâherbes.
Ceux de la derniĂšre fois Ă©taient un peu trop vieuxâŠ
Hum, et peut-ĂȘtre mĂȘme une ou deux boites de biscuits.
Ce nâest pas comme si elles allaient
leur manquer de toutes maniĂšres ~ hĂ©hĂ©âŠ
      Oui, pour la premiĂšre fois depuis des millĂ©naires, il⊠Il sâamusait presque de revivre cette boucle dâactivitĂ©s et de visages, jouant avec lui-mĂȘme Ă trouver les moindres variations pour mieux les comparer. Ce nâĂ©tait plus un dĂ©filĂ© de tableaux, mais lâanalyse active de chaque scĂšne, chaque dĂ©cor, chaque personnage⊠Il nâĂ©tait plus prisonnier de ce musĂ©e, mais le gardien. LĂ oĂč il Ă©tait enchaĂźnĂ© par contrat et fers Ă ce monde, il se prenait Ă imaginer de nouvelles possibilitĂ©s. La pensĂ©e Ă©tait dĂ©licieuse, la sensation, grisante.
     Et ainsi, pour la premiÚre fois depuis des millénaires, Qilby se surprit à souhaiter que ces journées ne finissent jamais.
 OuiâŠ
Cela pourrait ĂȘtre plaisant.
~ Fin de la partie 1/3 du chapitre 8
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L'heure des comptes...
Il y a quelques annĂ©es, une idĂ©e Ă la mode parlait de''l'heure du monde'' : sur la grande horloge du temps âqui devait s'arrĂȘter Ă minuit... je n'ai jamais compris pourquoi-- nous Ă©tions arrivĂ©s Ă 23 heures cinquante et quelques et il ne nous restait donc que moins de 5 minutes avant ''la fin du monde''. C'Ă©tait la grande Ă©poque des folies du lamentable ''Club de Rome'', du ''Printemps silencieux'' de Rachel Carson, de RenĂ© Dumont, le premier candidat Ă©cologiste... mais en ce temps lĂ , les Ă©cologistes parlaient de la Terre au lieu de ne penser qu'au fĂ©minisme, Ă l'indigĂ©nisme, Ă la mort de notre civilisation et au triomphe âcertain, pour eux-- de l'islam. C'Ă©tait hier, il y a 1000 ans.
Depuis, le Giec et Greta Thunberg sont passĂ©s par lĂ , rĂ©ussissant Ă vider de tout sens tout ce qui en avait un, Ă polluer tout ce qui ne devait pas l'ĂȘtre, Ă lĂ©gifĂ©rer sans raison, Ă rendre invivable ''l'autre'', devenu ''ennemi Ă haĂŻr'', dans son ĂȘtre et surtout dans son ''avoir Ă©tĂ©''. L'Ă©cologie Ă perdu jusqu'au sens de ce que son nom voulait dire, l'Ă©tude de l'habitat, l'Ă©tymologie ayant Ă©tĂ© aussi oubliĂ©e que Ernst Haeckel, ce disciple de Darwin qui forgea ce mot ''plus grec que grec'' en 1866. Une fois de plus, une belle idĂ©e a Ă©tĂ© bousillĂ©e âici, en une Ă©pouvantable ''Ă©cologie punitive'' qui nous met devant un Ă©talage jusque lĂ inimaginable de mauvaises idĂ©es qui, transformĂ©es en lois, rĂšglements, obligations (et impĂŽts qui en dĂ©coulent) vont peu Ă peu rendre notre vie impossible, dans un futur trĂšs proche.
C'est simple : de quelque cĂŽtĂ© que l'on se tourne et sur quelque sujet que ce soit, on tombe sur une loi française ou sur une norme europĂ©enne qui semblent avoir Ă©tĂ© conçues dans le seul but d'emm... quiquiner le monde entier --et de prĂ©fĂ©rence les français. Tout ce qui Ă©tait simple est devenu compliquĂ©, et de lĂ oĂč tout semblait devoir ĂȘtre pensĂ© pour le bonheur de l'Homme... on se retrouve avec des bibliothĂšques entiĂšres d'interdictions, d'anathĂšmes, de recommandations impĂ©ratives, d'excommunications qui, transgressĂ©es, vont vous faire montrer du doigt par des foules et une Presse enrĂ©gimentĂ©es, qui vont hurler ''Hou... Hou... '' en vous clouant au pilori...
Le premier exemple, tirĂ© de vos quotidiens et de vos ''JT'' cette semaine : le malheur des paysans, soumis Ă des traitements indignes. L'Europe officielle âcette soi-disant dispensatrice de bonheur, qu'imagine Macron, dernier Ă croire cette contre-vĂ©ritĂ©-- est en train de dĂ©truire de fond en comble toute notre agriculture, au profit de pays qui ne nous veulent que du mal⊠au nom d'un cauchemar que ses thurifĂ©raires dĂ©signent par ''la transition Ă©cologique'', qui n'est ni l'une ni l'autre, mais une immense foutaise, une rigolade triste, une insulte Ă l'intelligence que rien ne corrobore, ne soutient, ne justifie... Et on sait depuis peu qu'il existe un ''plan secret'' des gnomes de Davos, ''pour'' (?) la disparition de toute l'agriculture europĂ©enne au profit des multi nationales agro-alimentaires qui prĂ©fĂšrent de mauvais produits (mais ''pas chers'' !) Ă des productions ''bien de chez nous''. La rĂ©volte gronde, et il Ă©tait temps ! LĂ ...oui, nous sommes bien Ă ''moins cinq'' : pas besoin d'ĂȘtre un grand prophĂšte pour annoncer pour bientĂŽt des actes de dĂ©sespoir, c'est-Ă -dire de violence !
Nos amateurs-au-pouvoir, ces faux politicards sans cervelle qui ont âne l'oublions pas-- Ă©tĂ© recrutĂ©s par petites annonces en 2017, prĂ©tendent ''sauver demain'' (ce qui est faux, bien sĂ»r), en assassinant aujourd'hui (mais ça, ils le font !)... ce qui, s'ils ont de la chance et nous de la guigne, ouvrira les portes du futur plus lointain sur une planĂšte toujours aussi polluĂ©e (ce qui est une certitude, dĂ©montrĂ©e chaque jour) mais sans plus aucun humain pour le vĂ©rifier : plus les français se tringlent, souffrent et paient, et moins ''ça'' s'amĂ©liore, logiquement : entre les vrais problĂšmes et leurs solutions foireuses, il n'y a aucun lien de cause Ă effet... mĂȘme de serre, si j'ose !
Autre dĂ©sastre Ă©clatant : la politique de construction. Un vote en douce, entre deux, sur un coin de table, a imposĂ©, avec dates comminatoires, des ''normes'' non souhaitables, non-nĂ©cessaires, sans intĂ©rĂȘt, perverses et sans justificatif autre que... imbitable : ''On ne peut plus louer une ''passoire thermique'', on ne peut plus construire sur des terrains non-construits prĂ©cĂ©demment (ils osent appeler cette absurditĂ© ''la Norme verte ZĂ©ro artificialisation nette'' âcomprenne qui peut !), on ne peut plus, on ne doit plus, il est interdit de... ceci, cela, patin, couffin, et le reste... En France, dans ce qui fut une dĂ©mocratie, on va plus vite en donnant la courte liste de ce qui reste permis sans que l'Etat y fourre son nez... plutĂŽt que de rĂ©citer les litanies sans fin de ce qui est interdit...
Résultat prévisible --et atteint : des millions de gens dans la rue, sans toit, sans solution, sans ''plan B'' possible... Le marché de l'immobilier s'effondre, le secteur licencie, les prix s'affolent, les jeunes ménages se désolent et n'ont plus d'enfants, tout se paralyse peu à peu... et nos élites délitées contemplent ce saccage avec sérénité : leur but est de garder leurs prébendes, et le malheur des pauvres gens est le cadet de leurs soucis ! Ils sont si heureux de pouvoir invoquer leur soi-disant ''transition écologique'', ce fantasme macronien, ce bobard cauchemardesque inventé pour nous terroriser... et nous piquer nos sous ! Et les citoyens acceptent ! (Jusqu'à quand ?).
A leur habitude, nos grands hommes vraiment trĂšs petits se con-gratulent et nous rĂ©citent sans fin la liste soporifique de toutes les dĂ©cisions qu'ils ont prises depuis 7 ans bientĂŽt... Le seul ennui, c'est que le monde et la France auraient mille fois mieux fonctionnĂ© et rĂ©ussi sans elles... Ces malfaisants n'ont oubliĂ© qu'une seule chose âmais qui est fondamentale : le sens de leur mission. Pourtant il crevait les yeux que la politique agricole ne peut avoir qu'un seul ''impĂ©ratif'': nourrir les populations, et pas des dĂ©clinaisons ni des variations nĂ©vrotiques. Ou que la politique de construction ne peut avoir qu'un seul but : loger les gens... Et ensuite, le cas Ă©chĂ©ant mais trĂšs loin derriĂšre, les loger mieux... et enfin, mais enfin seulement, les emmerder avec la foison de rĂšgles normatives qui peut naĂźtre dans la tĂȘte d'un ponctionnaire europĂ©en qui croit que son rĂŽle (nĂ©faste) est d'exercer sur ses semblables un pouvoir qu'il ne tient de personne !
Et surtout, n'allez pas croire que si je vous ai proposĂ© deux exemples, c'est parce qu'à ça se limite la gravitĂ© de la crise de rejet de toute autoritĂ© qui risque, d'ici pas longtemps, d'emporter nos sociĂ©tĂ©s... et tout ce qu'elles avaient de bon, de trĂšs bon et de formidable avant que ne les dĂ©truise la bĂȘtise crasse de ceux dont le seul rĂŽle devrait ĂȘtre de les protĂ©ger. ''A force de jouer au con...'', disait-on, dans mes 30 mois d'ArmĂ©e... Est concernĂ© par cette remarque... tout ce qui touche aux migrants et Ă la porte grande ouverte Ă l'immigration incontrĂŽlĂ©e, aux LGBTQetc (NB : il semble qu'il faille dire maintenant ''LGBTQQIP2SAA''... Ah ! Les cons !), aux fausses fĂ©ministes enragĂ©es, aux programmes scolaires (responsables de la nullitĂ© inquiĂ©tante de nos --rares-- enfants), Ă la ''soumission'' devant l'Islam, Ă l'abandon de ce que nous sommes au profit (qui reste Ă dĂ©montrer) d'une Europe qui ne sert plus Ă rien âet sĂ»rement pas Ă ce pourquoi ses derniers soutiens essaient encore de nous la vendre, ou âdernier exemple du jour-- le vĂ©hicules Ă©lectriques.
A force de tricher, de mentir, de se prostituer et de faire la danse du ventre, l'Europe et la France ont réussi (à quel prix !) à faire décoller les ventes de voitures électriques (surtout les marques étrangÚres). Je vais me contenter d'évoquer devant vous ce à quoi risquent de ressembler vos départs en vacances lorsque des queues interminables de Telsa, de BYM ou de MG, importées à prix d'or mais subventionnées à mort (la nÎtre, celle des contribuables), passeront des heures sur les ''aires'' encombrées, pendant que vos enfants cuiront sous le soleil... Je vous laisse imaginer la suite ! Question : à quel raisonnement cÚdent ceux qui s'inclinent devant les diktats de théoriciens intégristes qui se débineront ''vite fait'' lorsque les problÚmes se poseront ?
Seul espoir (qui en fait n'en est pas un, violence et rĂ©action ''Ă chaud'' n'ayant jamais rien donnĂ© de bon !) : les gens ont enfin commencĂ© Ă comprendre qu'on les avait menĂ© lĂ oĂč personne ne veut aller, et ils commencent (en Allemagne, en Hongrie, en Italie, aux Pays bas... et bientĂŽt, sans doute, en France) a demander des comptes Ă ceux qui les ''baladent'' sans destination, depuis bien trop longtemps. Nous aurons Ă en reparler trĂšs bientĂŽt, et c n'est pas une bonne nouvelle !
H-Cl.
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En juillet, j'ai quitté tumblr (1)
1er juillet J'ai entendu le premier chant d'oiseau dans ce qui devait ĂȘtre l'aube. J'ai pris un cafĂ© sur le port avec Benjamine. Elle m'a fait rĂ©aliser que j'Ă©tais moi aussi un Benjamin, ce que je ne m'Ă©tais jamais formulĂ©. Emmanuel nous a trouvĂ© un challenge : trouver Ă faire imprimer une affiche en ville. Le temps dont nous disposions confortablement avec Benjamine s'est muĂ© en course contre la montre. Nous avons rĂ©ussi. Nous avons gagnĂ© haut la main le quiz parent-enfant du dernier atelier d'anglais de Benjamine. (J'ai consacrĂ© une partie de l'aprĂšs-midi Ă la rĂ©daction de mon pensum dĂ©libĂ©ratif mensuel.) Je suis allĂ© Ă vĂ©lo jusqu'au magasin bio. J'ai cuisinĂ© mon petit tofu aux lentilles, avec un verre ou deux de Pinot noir. J'ai lu Aux voleurs, de Bruno Gibert. 2 juillet J'ai achetĂ© deux douzaines d'huĂźtres. Ma carte n'a pas fonctionnĂ© et Emmanuel a payĂ©. Nous avons Ă©tĂ© les trois derniers Ă pouvoir entrer pour la sĂ©ance de cinĂ©ma, complĂšte. Nous avons eu trois places Ă©parses. J'ai pris une glace au chocolat mousseux (?). La carte de ma chĂ©rie n'a pas fonctionnĂ© et Emmanuel a payĂ©. J'ai lu Je me souviens donc j'invente, de Duarte Da Silva Cerqueira. Nous avons regrettĂ© le visionnage de la suite du film vu cet aprĂšs-midi. 3 juillet J'ai bravĂ© la plaie des porteurs de lunettes : la petite pluie fine. J'ai pris un premier mini-croissant au buffet. J'ai pris grand soin d'enregistrer toutes les communications scientifiques. J'ai pris un deuxiĂšme, puis un troisiĂšme mini-croissant Ă la pause. J'ai connu quelques petits moments de solitude dans l'assemblĂ©e. Je suis passĂ© devant une devanture annonçant l'ouverture d'un "spa capillaire", ce qui m'a laissĂ© perplexe. J'ai saluĂ© Xavier et je me suis pris un vent. J'ai saluĂ© Alice. Le libraire a ajoutĂ© un cinquiĂšme livre offert aux quatre achetĂ©s. J'ai saluĂ© Pascale, j'ai saluĂ© Marie. (On m'a annoncĂ© des vagues de visites sur les prochaines semaines.) J'ai sĂ©chĂ© sur deux dĂ©libĂ©rations de mon pensum dĂ©libĂ©ratif mensuel. J'ai lu Mes nuits avec une intelligence artificielle, de StĂ©phane Rose. 4 juillet J'ai rechargĂ© en vain la page de rĂ©sultats d'exam de Cadette. J'ai reçu son mail enthousiaste, mention TrĂšs bien, 18 en philo, 20 au Grand oral. J'ai dĂ©couvert cet acronyme inĂ©dit en rĂ©digeant mon pensum dĂ©libĂ©ratif mensuel : le PAPA, PĂ©rimĂštre d'Attente pour un Projet d'AmĂ©nagement. Emmanuel nous a offert un original de ses superpositions. (J'ai avancĂ© trĂšs laborieusement sur mes diffĂ©rentes tĂąches.) J'ai saluĂ© Alain et Eve, Ăric et Mariane, et Antoine. J'ai retrouvĂ© un vieux copain. J'ai bu du kombucha pour la premiĂšre fois, puis de la biĂšre, puis du vin. J'ai cuisinĂ© un repas express Ă 23h. J'ai rebu du vin. 5 juillet (Je me suis rĂ©veillĂ© dans la nuit, soucieux de savoir si Junior allait se lever.) J'ai envoyĂ© mon pensum dĂ©libĂ©ratif mensuel. J'ai fait une lessive de blanc. J'ai envoyĂ© les textes de la newsletter. J'ai Ă©tendu ma lessive. J'ai mangĂ© dehors avec Junior et Cadette. J'ai envoyĂ© l'interview pour le blog. J'ai envoyĂ© mes factures pour les travaux du mois prĂ©cĂ©dent. Je me suis senti plus lĂ©ger. J'ai lu Mille et une bornes de Tony Durand. La marchande de la supĂ©rette m'a fait une rĂ©duction de la moitiĂ© du prix sur son filet de patates un peu germĂ©es. J'ai fait deux salades presque grecques. J'ai pliĂ© le blanc. J'ai vu le soleil se coucher dans la mer. 6 juillet L'infirmiĂšre m'a appelĂ©. J'ai compris pendant son coup de fil que je n'allais pas passer la journĂ©e que j'envisageais. J'ai appelĂ© ma mĂšre. J'ai essayĂ© d'appeler la tutrice. J'ai rappelĂ© ma mĂšre. J'ai prĂ©cipitĂ© le passage au magasin d'ameublement. J'ai failli renverser une horloge avec mon paquet. J'ai chargĂ© la voiture, dĂ©chargĂ© la voiture, rechargĂ© la voiture. J'ai Ă nouveau essayĂ© d'appeler la tutrice. J'ai Ă nouveau dĂ©chargĂ© la voiture. La tutrice m'a appelĂ©. J'ai Ă nouveau rechargĂ© la voiture. J'ai dĂ©chargĂ© une derniĂšre fois la voiture. Je suis allĂ© me baigner. J'ai mangĂ© des tomates farcies.
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LA QUIERO A MORIR
De nada que fui, sin querer me encontrĂ© cada noche al confĂn de sus sueños guardiĂĄn: la quiero a morir.
Podéis arrasar todo lo que queråis, que si ella sus brazos abre de par en par, ya estå todo en pie: la quiero a morir.
Ha borrado las cifras del tiempo en el reloj; ha hecho mil molinetes deshojando mi ser... mil carcajadas...
Ha tendido una escala que nos lleva al edén, y por la que subimos si decide tal vez que no va a dormir: la quiero a morir.
La habrĂĄn curtido mil batallas, ÂżcĂłmo si no se hizo asĂ?... la habrĂĄn curtido mil batallas de la vida, y del amor.
Vive sin dar cuartel en un sueño irisado, y se lanza a bailar tras pintar un jardĂn: la quiero a morir.
Va adornada con lazos que va echando a volar, y cantando me dice que es tan sĂłlo un error no querer soltar: la quiero a morir.
SĂłlo si clavo notas en mis zuecos, se da que me deje subir a su oculto desvĂĄn: la quiero a morir.
Quieto tengo que estar, ya no hay mås qué decir, no es cuestión de querer... sólo de procurar que me haga suyo: la quiero a morir.
La habrĂĄn curtido mil batallas, ÂżcĂłmo si no se hizo asĂ?... la habrĂĄn curtido mil batallas de la vida, y del amor.
*
JE L'AIME Ă MOURIR
Moi je n'Ă©tais rien Et voilĂ qu'aujourd'hui Je suis le gardien Du sommeil de ses nuits: Je l'aime Ă mourir.
Vous pouvez détruire Tout ce qu'il vous plaira, Elle n'a qu'à ouvrir L'espace de ses bras Pour tout reconstruire: Je l'aime à mourir.
Elle a gommé les chiffres Des horloges du quartier; Elle a fait de ma vie Des cocottes en papier... Des éclats de rire.
Elle a bĂąti des ponts Entre nous et le ciel, Et nous les traversons Ă chaque fois qu'elle Ne veut pas dormir: Je l'aime Ă mourir.
Elle a dĂ» faire toutes les guerres Pour ĂȘtre si forte aujourd'hui. Elle a dĂ» faire toutes les guerres De la vie et l'amour aussi.
Elle vit de son mieux Son rĂȘve d'opaline; Elle danse au milieu Des forĂȘts qu'elle dessine: Je l'aime Ă mourir.
Elle porte des rubans Qu'elle laisse s'envoler; Elle me chante souvent Que j'ai tort d'essayer De les retenir...: Je l'aime Ă mourir.
Pour monter dans sa grotte Cachée sous les toits Je dois clouer des notes à mes sabots de bois: Je l'aime à mourir.
Je dois juste m'asseoir, Je ne dois pas parler, Je ne dois rien vouloir, Je dois juste essayer De lui appartenir...: Je l'aime Ă mourir.
Elle a dĂ» faire toutes les guerres Pour ĂȘtre si forte aujourd'hui. Elle a dĂ» faire toutes les guerres De la vie, et l'amour aussi.
Francis Cabrel
di-versión©ochoislas
#Francis Cabrel#literatura francesa#poesĂa popular#chanson#declaraciĂłn#desprendimiento#rendiciĂłn#enigma#experiencia#di-versiones©ochoislas
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Vieux Port La Rochelle, France
#photographers on tumblr#architecture#street photography#ports#la rochelle#france#porte de la grosse horloge#vieux port#boats#streets#vertical#original photographers#original photography
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Paroles
Me, I was nothing Moi je n'Ă©tais rien
And today Et voilĂ qu'aujourd'hui
I am the guardian Je suis le gardien
from the sleep of his nights Du sommeil de ses nuits
I love her to death Je l'aime Ă mourir
You can destroy Vous pouvez détruire
Everything that will please you Tout ce qu'il vous plaira
She just has to open Elle n'a qu'Ă ouvrir
The space of his arms L'espace de ses bras
To rebuild everything Pour tout reconstruire
To rebuild everything Pour tout reconstruire
I love her to death Je l'aime Ă mourir
She erased the numbers Elle a gommé les chiffres
neighborhood clocks Des horloges du quartier
She made my life Elle a fait de ma vie
paper casseroles Des cocottes en papier
Laughter Des Ă©clats de rire
She built bridges Elle a bĂąti des ponts
Between us and the sky Entre nous et le ciel
And we cross them Et nous les traversons
Every time she Ă chaque fois qu'elle
Does not want to sleep Ne veut pas dormir
Does not want to sleep Ne veut pas dormir
I love her to death Je l'aime Ă mourir
She had to fight all the wars Elle a dĂ» faire toutes les guerres
To be so strong today Pour ĂȘtre si forte aujourd'hui
She had to fight all the wars Elle a dĂ» faire toutes les guerres
Of life, and love too De la vie, et l'amour aussi
She's living as best as she can Elle vit de son mieux
Her opaline dream Son rĂȘve d'opaline
She dances in the middle Elle danse au milieu
Of the forests that she draws Des forĂȘts qu'elle dessine
I love her to death Je l'aime Ă mourir
She wears ribbons Elle porte des rubans
That she lets fly away Qu'elle laisse s'envoler
She often sings to me Elle me chante souvent
That I'm wrong to try Que j'ai tort d'essayer
To hold them back De les retenir
To hold them back De les retenir
I love her to death Je l'aime Ă mourir
To climb into his cave Pour monter dans sa grotte
Hidden under the roofs Cachée sous les toits
I have to nail notes Je dois clouer des notes
To my wooden shoes Ă mes sabots de bois
I love her to death Je l'aime Ă mourir
I just have to sit down Je dois juste m'asseoir
I must not speak Je ne dois pas parler
I don't have to want anything Je ne dois rien vouloir
I just have to try Je dois juste essayer
To belong to him De lui appartenir
To belong to him De lui appartenir
I love her to death Je l'aime Ă mourir
She had to fight all the wars Elle a dĂ» faire toutes les guerres
To be so strong today Pour ĂȘtre si forte aujourd'hui
She had to fight all the wars Elle a dĂ» faire toutes les guerres
Of life, and love too De la vie, et l'amour aussi
Me, I was nothing Moi je n'Ă©tais rien
And today Et voilĂ qu'aujourd'hui
I am the guardian Je suis le gardien
from the sleep of his nights Du sommeil de ses nuits
I love her to death Je l'aime Ă mourir
You can destroy Vous pouvez détruire
Everything that will please you Tout ce qu'il vous plaira
She will only have to open Elle n'aura qu'Ă ouvrir
The space of his arms L'espace de ses bras
To rebuild everything Pour tout reconstruire
To rebuild everything Pour tout reconstruire
I love her to death Je l'aime Ă mourir
Source:Â Musixmatch
Songwriters: Francis Cabrel
Je l'aime à mourir lyrics © Marouani Editions
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Lâhorloge du printemps
Ce troisiĂšme dimanche de mars Ă©tait pluvieux. Hortense dĂ©ambulait dans les rues depuis presque une heure. Elle aimait marcher sous la pluie, munie de ses bottes et de son cirĂ© mauve. Elle possĂ©dait plus dâune centaine de parapluies, quâelle utilisait selon les saisons dans l'annĂ©e.
Perdue dans ses pensĂ©es, la jeune femme trĂ©bucha soudain sur le trottoir. Elle nâavait pas remarquĂ© lâobjet qui traĂźnait au sol. Il sâagissait dâune horloge. Celle-ci ne semblait pas de premiĂšre jeunesse, mais Ă©tait impeccablement conservĂ©e. Son bois Ă©tait lĂ©ger et sculptĂ© de fleurs dĂ©licates. Hortense jeta un Ćil autour dâelle et dĂ©cida de rĂ©cupĂ©rer ce petit trĂ©sor abandonnĂ©. De retour chez elle, elle lui trouva une place privilĂ©giĂ©e dans le salon. Lâhorloge eut dâabord le comportement que lâon attendait dâelle : parcourir en tic-tac les secondes, les minutes et les heures. Mais cette attitude exemplaire fut de courte durĂ©e.
Au milieu de la nuit, une mĂ©lodie tira brutalement Hortense de son sommeil. Elle se prĂ©cipita dans le salon et vit lâhorloge trembler. Les aiguilles tournaient dans une danse folle. Hortense avait beau la manipuler dans tous les sens, elle ne parvenait pas Ă la faire taire. Quelque chose remua soudain Ă lâintĂ©rieur. Toc toc toc. Hortense toqua sur le cadran et tendit lâoreille. Il nây eut aucune rĂ©ponse, mais cela fit cesser la mĂ©lodie. SoulagĂ©e, la jeune femme reposa dĂ©licatement lâhorloge et sâempressa de retrouver son lit.
Le soleil venait Ă peine de se lever lorsque la musique rĂ©sonna Ă nouveau dans le salon. Les cheveux en bataille, Hortense quitta sa chambre en trombe pour dĂ©crocher une nouvelle fois lâhorloge.
â Dehors ! S'exclama-t-elle en sortant de chez elle.
Son sommeil Ă©tait bien trop prĂ©cieux pour ĂȘtre perturbĂ© par ce vieil objet. La jeune femme traversa son jardin en grelottant. Dans la prĂ©cipitation, elle Ă©tait sortie pieds nus. Elle dĂ©posa lâhorloge dans son vieux cabanon, lĂ oĂč elle ne lâentendrait plus. Elle verrouilla la porte et fit demi-tour vers sa maison. Câest alors quâelle fit face Ă un homme, plantĂ© au milieu de son jardin. Il portait un long manteau qui couvrait son corps et le haut de son visage. Il Ă©tait si grand que son ombre occultait toute la lumiĂšre. Depuis combien de temps Ă©tait-il lĂ ? Et comment Ă©tait-il arrivĂ© ? Hortense nâavait rien entendu et son jardin Ă©tait inaccessible depuis la rue.
â Qui⊠Qui ĂȘtes-vous ? Demanda-t-elle du bout des lĂšvres.
â Cet objet mâappartient, rĂ©pondit-il dâune voix froide.
Hortense parvenait mal Ă distinguer le visage de lâhomme, cachĂ© sous un Ă©pais tissu.
â Jâai besoin de cet objet, insista-t-il.
Sans se retourner, Hortense fit marche arriĂšre et rouvrit la porte du cabanon. Elle attrapa lâhorloge et la dĂ©posa par terre. Elle ne voulait pas sâapprocher de cet inconnu qui lâeffrayait. Celui-ci sâavança lentement pour la ramasser. Sa dĂ©marche spectrale lui donnait lâair de flotter.
â âOstaraâ, murmura-t-il en saisissant lâobjet.
AprĂšs un court silence, lâhomme se mit Ă fredonner la mĂ©lodie de lâhorloge. AussitĂŽt, le cadran sâouvrit, dĂ©livrant un magnifique oiseau. Hortense fut stupĂ©faite en observant ses ailes. Sur chacune dâelles Ă©taient dessinĂ©s un croissant de lune et un soleil.
Lâhomme tenait ce quâil Ă©tait venu chercher. Il salua gracieusement la jeune femme. Avant de partir, il tendit une main vers elle.
â Pour vous remercier, murmura-t-il.
Dâun geste de la main, il appela lâoiseau Ă survoler le jardin tout entier. La vĂ©gĂ©tation endormie depuis lâhiver se ranima en retrouvant ses couleurs vives. Les fleurs se multipliaient et les arbres sâĂ©tiraient.
Lâhomme et lâoiseau disparurent en un battement de cils. Hortense ne sut jamais pourquoi elle avait trouvĂ© cette mystĂ©rieuse horloge, abandonnĂ©e dans la rue. Mais ce dont elle Ă©tait sĂ»re, c'est quâelle avait eu le privilĂšge de rencontrer le Printemps, en personne.Â
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Bleu-e-s éléments
Bleue-manger, la mer porte Nos dĂ©sirs et sustente nos besoins Petits ou grands, une sucette volĂ©e, ou des mĂštres cubes soulevĂ©s Câest la pĂȘche aux trĂ©sors
Le foulard cobalt luisant, Le sourire un phare au milieu de la bruine La bonne-maman rallume lâado accablĂ© savourant ces minutes arrachĂ©es Ă la solitude de la semaine, et des annĂ©es Ă venir
Touxes plus ou moins Ă©tranger-e-s à nous-mĂȘmes, Ă tout ce quâon ne possĂšde pas Au froid qui nous traverse Et aux horloges qui bĂ©gaient
Mi-fondant mi-fumée, les marrons arrondissent Mes angles, ralentissent mes pieds qui tanguent encore sur terre
Voyage transformation Chevron murmuration Aller-retour en avant
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