#Management & Ergonomie
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N°1, OCTOBRE 2017
Alors que je travaillais dans un service de santé au travail (2010-2016), les entreprises que nous suivions nous posaient régulièrement des questions au sujet de pratiques nouvelles en matière de prévention des risques professionnels.
Aujourd’hui, les pratiques de démarches de prévention de Qualité de Vie au Travail, centrées sur l’individu, se sont considérablement développées.
Dans le monde de l’entreprise, elles ont le vent en poupe depuis l’avènement du Chief Hapiness Officer (CHO) (y compris dans les administrations publiques, comme la Caisse d’Allocations Familiales de Gironde dernièrement).
Dans ces nouvelles démarches, nous trouvons beaucoup d’actions qui prennent la forme d’ateliers Team-Building en mode Paint-Ball, jusqu’aux séances de yoga, en passant par les journées thématiques ou encore des Forums d’entreprise santé et sécurité au travail.
L’ostéopathie : une thérapie préventive appliquée au Bien-Être des professionnels
Ces différentes initiatives m’ont amené à m’intéresser aux thérapies manuelles appliquées au bien-être, à la gestion du stress et à la prévention des troubles musculo-squelettiques (TMS).
De toutes ces thérapies, l’ostéopathie en entreprise semble intéressante à aborder tant par son fort développement depuis quelques années que par les interactions entre ses principes et la physiopathologies des TMS.
L’ostéopathie est définie (Décret n°2007-435) comme une thérapie manuelle qui a « pour seul but de prévenir ou de remédier à des troubles fonctionnels du corps humain ».
En référence aux principaux Sites dédiées aux associations professionnelles d’ostéopathes, l’ostéopathie est décrit comme :
“une méthode de soins qui s’emploie à traiter les restrictions de mobilité -les troubles fonctionnels- qui peuvent, à terme, affecter l’ensemble des structures du corps humain.”
Selon ces principes, les restrictions de mobilité apparaissent lorsque qu’il existe un déséquilibre entre les contraintes qui s’exercent sur les tissus et les capacités du corps à y faire face.
En suivant ce raisonnement, la chronicisation des troubles fonctionnels peut conduire, sans que cela soit nécessairement inévitable, à l’apparition d’une lésion.
La prévention des TMS : l’ostéopathie peut-elle apporter une réponse adaptée ?
Au sujet des TMS, la littérature scientifique n’est pas toujours unanime quant à la physiopathologie de ces maladies. En effet, certaines zones d’ombre persistent, à la fois dans le lien de causalité avec les différents facteurs de risque possibles et dans l’efficacité des différents types de prévention.
Le modèle de Bruxelles apporte un éclairage qui pourrait être mis en lien avec le phénomène de chronicisation de troubles fonctionnels. Ce modèle repose sur l’hypothèse des fibres de Cendrillon proposée en 1991 par G. Hägg : les gestes répétitifs avec une force musculaire sous-maximale et le simple maintien postural recrutent de manière élective un seul contingent de fibres musculaires jusqu’à saturation.
La douleur étant alors l’expression de ce mécanisme. Il n’y a, à ce moment-là, aucune lésion médicale. Cela est donc assimilé à un trouble fonctionnel (Ce que les ostéopathe définissent comme une « dysfonction ostéopathique » ou encore une “restriction de mobilité”).
De plus, ce modèle intègre les phénomènes de perturbations des processus de régulation, avec interaction des mécanismes intramusculaires et des mécanismes impliquant le système nerveux.
Il permet donc de prendre en compte qu’il s’agit d’un processus actif, qui peut évoluer vers une persistance des troubles, même après cessation de l’exposition aux facteurs de risque.
Dans ce modèle, ce n’est pas nécessairement l’hyper-sollicitation (liée au facteurs biomécaniques des TMS : répétitivité, efforts excessifs, etc.) qui est en cause, mais une réponse inappropriée des muscles sollicités et des mécanismes d’homéostasie.
Ce constat permet d’enrichir le modèle biomécanique par la prise en compte des capacités fonctionnelles du salarié. Cela permet d’expliquer que toutes les personnes exposées aux mêmes contraintes ne développent pas les maladies.
D’après les données issues du dispositif de surveillance des TMS et lombalgies du réseau INvS (Institut National de Veille Sanitaire) des pays de la Loire (Roquelaure et coll, 2005), les risques de lombalgies sont plus élevés dans la population de soignants.
Plus d’un quart des salariés du secteur santé a présenté, au cours des 12 derniers mois, des symptômes de lombalgie. La prévalence des symptômes lombaires au cours des douze derniers mois est importante (59,2% des salariés rapportent la survenue de symptômes lombaires de type courbature, gênes et/ou inconforts).
Ces chiffres permettent d’évoquer la chronicisation de ces douleurs ou gênes lombaires. Il est important de noter que ces symptômes ne sont pas associés systématiquement à une lésion médicale.
Il s’agit donc de troubles fonctionnels, ces mêmes troubles fonctionnels que l’ostéopathie prend en charge.
En conclusion de ce premier article, retenons que l’ostéopathie a pour but de prévenir des troubles fonctionnels du corps humain. Les études scientifiques montrent que la physiopathologie des TMS se caractérise par la chronicisation de troubles fonctionnels, se manifestant principalement par de la douleur, vers l’apparition d’une lésion médicale, objectivant alors la maladie professionnelle.
Il y a donc, à priori, un intérêt manifeste à intégrer l’ostéopathie dans les démarches de prévention des TMS, en particulier, en complément des actions de prévention organisationnelle et technique, au titre de la prévention « centrée sur l’individu ».
Pour aller plus loin :
Guide groupe ASMT Ergonomie Juin 2015 Cisme – Les troubles musculosquelettiques.
Modèles physiopathologiques des TMS – SFMT 2002- APTEL M.
Site de l’Ostéopathie
Décret n°2007-435 du 25 mars 2007 relatif aux actes et aux conditions d’exercice de l’ostéopathie
http://www.managersante.com
Nous remercions vivement notre spécialiste, Matthieu PETIT , Ostéopathe Diplômé de l’Institut Supérieur d’Ostéopathie de Lille et Intervenant pour la Prévention des Risques Professionnels, Diplômé du Master 2 Professionnel en “Ergonomie et Gestion des Risques Professionnels” à l’Université de Bourgogne, Dirigeant (CEO) de EOSE (cabinet de conseil spécialisé dans la prévention au travail), pour partager son expertise pour nos fidèles lecteurs de managersante.com
L’Ostéopathie peut-elle participer à la prévention des risques de TMS des professionnels ? (1/3). N°1, OCTOBRE 2017 Alors que je travaillais dans un service de santé au travail (2010-2016), les entreprises que nous suivions nous posaient régulièrement des questions au sujet de pratiques nouvelles en matière de…
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La Fédération du Label Cassis se rénove...
La Fédération du Label Cassis se rénove…
La Fédération du Label Cassis (FLC) est un réseau d’experts luxembourgeois, français et belges qui défendent les services destinés aux PME basés sur des méthodes, des techniques ou des outils de management stratégique ou opérationnel validés par la FLC . E&V Partners est engagée concrètement dans cette dynamique de diffusion des bonnes pratiques. Les domaines : La stratégie informatique ; Le…
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N°4, OCTOBRE 2017
(article disponible)
Intervention de Sébastien BRUERE, lors de la Conférence présentée dans le cadre du colloque sur les effets de la Nouvelle gestion publique (NGP) dans le secteur de la santé et les services sociaux, organisé par le RECIFS, le RIOCM et Ex-Aequo, avec la collaboration du RANQ les 21 et 22 février 2014 au Centre St-Pierre à Montréal.
Pour ce quatrième épisode, je vous propose une interrogation globale sur les méthodes de rationalisation de l’organisation en utilisant l’exemple de la méthode Toyota, plus souvent appelé « Lean ».
Vous pouvez suivre cette présentation à travers le texte présenté ici ainsi qu’à travers la vidéo de cette conférence de 2014 réalisée à destination des travailleurs et des gestionnaires du secteur de la santé et des services sociaux.
Le regard de l’ergonomie ?
En préambule, il faut se rappeler que la grille d’analyse que j’utilise est celle de l’ergonomie. Discipline qui, comme nous l’avons vu dans les épisodes précédents, a trois postulats fondamentaux :
1- Le travail réel diffère des tâches prescrites
2- Le travailleur n’est pas un exécutant
3- Les conditions de réalisation du travail sont variables et parfois incompatibles entre elles et/ou avec les caractéristiques des travailleurs
En outre, cette discipline centrée sur l’analyse de l’activité de travail a une approche globale de la situation de travail et suit par conséquent le schéma suivant :
Qu’est-ce que le Lean ?
Pour ceux d’entre vous qui ne sauraient pas ce qu’est le Lean, on peut rappeler brièvement qu’il est inspiré par l’organisation de la production mise en place petit à petit par Toyota à partir des années 1950. On peut rappeler également que le terme « lean manufacturing » a été inventé dans les années 1980 par des chercheurs américains et popularisé en 1991 par Womack, Jones & Roos.
Depuis les années 1990, il se développe dans les entreprises et aujourd’hui on le retrouve dans tous les secteurs et non plus uniquement dans le secteur industriel (y compris la santé, donc)
Le Lean est une méthode de rationalisation de la production centrée sur la chasse aux gaspillages qui est composés de plusieurs dizaines d’outils pour mettre en œuvre :
le juste à temps,
la gestion de la maintenance,
la gestion de la qualité
la gestion des ressources humaines.
Lean et santé au travail
Du point de vue de la santé des travailleurs, cette méthode d’organisation pose problème aux préventeurs. En effet, certains auteurs défendent l’idée que « lean » va dans le sens de la santé au travail, car il offre l’intégration des normes anthropométriques dans l’établissement des standards de travail, plus de diversité gestuelle avec la ligne en « U » ou la polyvalence & la rotation des postes ainsi que l’enrichissement des tâches et la prise en compte des savoirs des opérateurs.
Sauf que statistiquement lors de l’introduction du Lean, on observe une dégradation des conditions de travail, une augmentation du stress et une augmentation des lésions (les troubles musculosquelettiques en particulier)
Les paradoxes opérationnels du Lean
En réalité; on observe un certain nombre de paradoxes opérationnels c’est-à-dire des dispositifs organisationnels qui devraient avoir un effet positif pour la santé au travail et qui ont un effet contraire à cause de la manière dont ils sont mis en œuvre.
Par exemple, un agencement des équipements pour permettre la variabilité qui ne fonctionne que dans la stabilité, l’élargissement et l’enrichissement des tâches qui engendre des situations stressantes, des formes d’équipes de travail qui ne permettent pas de développer un collectif de travail, ou encore une élimination des « gestes inutiles » qui sont opposition avec les besoins du travail réel.
Ainsi, on voit des dispositifs « ressources » qui sont peu ou mal utilisés (le fonctionnement participatif est peu présent, les rotations et les formations de salariés sont peu structurées, le fonctionnement en équipe est peu présent) voire des ressources qui peuvent devenir des contraintes. Par exemple, le travail en équipe et l’« auto-organisation » se transforment en une pression sociale des salariés entre eux.
Des paradoxes en cascade dans la mise en oeuvre du Lean
En vérité, ces paradoxes opérationnels sont le résultat d’erreur d’interprétation des managers tout au long du travail de mise en œuvre de l’organisation Lean. Cela forme comme des paradoxes en cascade partant d’une méconnaissance des besoins de l’humain au travail, tel que nous l’avons vu dans les découvertes de l’ergonomie.
Ainsi, à la source des ces erreurs d’interprétation, on retrouve les représentations sur les gestes et le travail c’est-à-dire que le fait de voir le geste comme uniquement des mouvements biomécaniques ou ne le voir que comme un moyen de réaliser des opérations nécessaires à un dispositif technique peut conduire à ce qu’il devienne standardisé, répété, automatisé…
Cette représentation peut avoir un impact sur les principes de formation des travailleurs, la conception des systèmes de production. Elle semble jouer, aussi, sur la manière de gérer les travailleurs, de s’adresser à eux et de les considérer.
Parallèlement, il y a ce que l’on appelle une dissémination du sens global de l’organisation c’est-à-dire qu’à la fois les gestionnaires ne savent plus identifier les enjeux et les effets des différents outils qu’ils mettent en place (il y en a trop et ils sont trop complexes) et en même temps il y a une multiplication des sources de prescription (de plus en plus de gestionnaires qui ont à prendre des décisions sur des morceaux de situation de travail sans vision globale) avec des conflits entre les exigences envers la production, la logistique, la qualité, ou la maintenance, l’informatique…
Ces deux premiers paradoxes généraux que l’on retrouve quelle que soit la méthode de rationalisation de l’organisation mise en œuvre ont des effets particuliers en ce qui concerne le Lean.
Ainsi :
la gestion du savoir prévu dans le Lean selon les objectifs, les critères et les méthodes employées peut devenir au contraire coercitive,
les indicateurs de performance sont sensés être au plus près du terrain, mais ils sont soit absents soit d’une grande imprécision pour prendre en compte le travail réel
Le rôle du chef d’équipe doit évoluer de superviseur à celui d’animateur de l’auto-organisation, mais on observe plutôt que les décisions concernant l’organisation restent descendantes, prescriptives avec un fort contrôle
La coopération est censée être centrale, mais on observe plutôt une insuffisance de coopération entre production, conception et ingénierie ainsi qu’un manque de coopération entre les acteurs (cloisonnement des logiques présentes)
Ainsi alors que le Lean semble être une méthode toute prête qu’il n’y a qu’à appliquer, on voit que l’on est souvent très loin des résultats escomptés. Dans les prochains épisodes, nous verrons quelle efficacité l’ergonomie peut apporter au lean, à côté du lean ou encore en alternative du lean.
Pour aller plus loin …
Les liens entre le système de production lean manufacturing et la santé au travail : une recension de la littérature
Travail d’organisation du lean manufacturing et santé : à la source des risques
Vitalité des activités et rationalité du Lean : deux études de cas
Articulation entre ergonomie et le lean manufacturing chez PSA
Le lean : pensée et impensé d’une activité sans relâchement.
Lean production et modèle de valeur. Une approche régulationniste par le travail .
Que fait l’ergonomie que le lean ne sait / ne veut pas voir ?
Lean Manufacturing – Quelle place pour la santé et la sécurité au travail ?
Sébastien BRUERE, Chercheur en Organisation du Travail & SST, Montréal, CANADA, professionnel en organisation du travail – Gestion du changement – Santé et sécurité du travail – Ergonomie
http://www.managersante.com
Nous remercions vivement Sébastien BRUERE, Chercheur en Organisation du Travail & SST, Montréal, CANADA, professionnel en organisation du travail – Gestion du changement – Santé et sécurité du travail – Ergonomie, Chargé de cours à l’École des sciences de la gestion (ESG UQAM), Montréal, Canada,
pour le partage de ses articles professionnels pour nos fidèles lecteurs de www.managersante.com
Biographie de l’auteur :
Sébastien Bruère est chargé de cours et intervenant en ergonomie au département de Relations industrielles de l’université Laval. Il détient une maîtrise (DESS) en psychologie du travail et des nouvelles technologies à L’Université Paul-Verlaine de Metz ainsi qu’une maîtrise (Master) en ergonomie, santé-sécurité du travail à l’Institut d’Étude du Travail de l’Université de Lyon, toutes deux en France. Il est membre actif de la Société d’Ergonomie de Langue Française (SELF).
Après quelques années à travailler comme chargé de projets à la conception de produits et de services puis comme responsable d’études en ergonomie à l’Institut National de Recherche et de Sécurité (INRS) en France, Sébastien Bruère a rejoint l’université Laval à Québec en 2010.
Ses expériences en milieu hospitalier et en industrie l’ont amené à constater les impacts délétères de l’approche LEAN sur les travailleuses et travailleurs, les gestionnaires mais aussi sur le travail lui-même. Ses recherches lui ont permis de constater à propos du LEAN manufacturing “qu’il s’agit de dispositifs qui sont censés avoir un apport positif pour la santé et qui, selon la manière dont ils sont utilisés, peuvent s’avérer n’avoir aucun effet ou un effet négatif sur la santé.
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Lean Management et Santé au Travail : quel regard de l’Ergonome ? N°4, OCTOBRE 2017 (article disponible) Intervention de Sébastien BRUERE, lors de la Conférence présentée dans le cadre du colloque sur les effets de la Nouvelle gestion publique (NGP) dans le secteur de la santé et les services sociaux, organisé par le RECIFS, le RIOCM et Ex-Aequo, avec la collaboration du RANQ les 21 et 22 février 2014 au Centre St-Pierre à Montréal.
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N°3, AOÛT 2017
Après avoir vu lors des deux précédents articles sur l’histoire de l’ergonomie, son impact sur le management, il est intéressant de répondre à la question “qu’est-ce que l’ergonomie ?” et son application, notamment dans le domaine de la santé au travail.
Qu’est-ce que l’Ergonomie ?
Définitions
L’ergonomie, selon l’International ergonomics association (IEA), est la discipline scientifique qui s’occupe de la compréhension des interactions entre les Hommes et les autres éléments d’un système.
Elle est, également, la profession qui applique les théories, les principes, les données, et les méthodes pour concevoir dans le but d’optimiser le bien-être des Hommes et la performance des systèmes dans son ensemble.
L’ergonome contribue à l’amélioration et la conception des situations de travail, des outils et des produits afin d’en faciliter l’usage, préserver la santé des travailleurs ou utilisateurs, favoriser la fiabilité des systèmes, optimiser la qualité, l’efficacité de la production dans une perspective de performance durable et globale.
En clair, l’ergonomie cherche à comprendre le travail pour mieux contribuer à le concevoir ou le transformer en agissant sur les déterminants.
L’ergonomie par rapport aux autres métiers
Les ergonomes par rapport aux autres métiers de l’entreprise
Les différentes formes d’ergonomie
Contrairement à ce que l’on pourrait imaginer, il y a plusieurs sortes d’ergonomie. On peut ainsi parler d’ergonomie physique notamment concernant l’évaluation des postes de travail, d’ergonomie cognitive lorsque l’on va étudier la charge mentale, par exemple, ou encore d’ergonomie organisationnelle lorsque l’on va chercher à optimiser l’organisation du travail.
En outre, les ergonomes traitent de nombreux domaines. Pour faire simple, on peut dire que l’on va les retrouver pour faire de l’ergonomie du produit telle que les automobiles, les électro-ménagers ou les logiciels ainsi que l’ergonomie des situations de travail, celle qui nous intéresse davantage ici. On croise également des ergonomes à mi-chemin entre ces deux mondes lorsqu’il s’agit d’architecture, lors de la conception de bâtiment comme des centres hospitaliers, des bibliothèques, etc.
Enfin, on peut croiser plusieurs façons de faire de l’ergonomie selon que l’ergonome intervient avant ou après l’apparition de problèmes dans la situation de travail. Avant, C’est le plus souvent le cas lors de la conception d’un bâtiment, d’un nouveau produit, d’un nouveau service. On parle alors d’ergonomie de conception. C’est, en général, la solution la moins couteuse car bien concevoir une nouvelle situation de travail ne coute pas beaucoup plus cher que de mal le faire. Lorsque l’ergonome intervient après l’apparition de problèmes, on parle alors d’ergonomie de correction. C’est le mode d’intervention le plus fréquent et, malheureusement, souvent le plus couteux.
Objet, objectifs et méthodes de l’ergonomie
Contrairement à ce que l’on pense habituellement, l’ergonomie n’a pas seulement pour objectif de trouver les meilleures solutions pour réduire le nombre de gestes ou offrir les meilleures postures aux travailleurs. Elle cherche, en effet, des solutions à deux grands types de problèmes. L’un qui concerne, effectivement les individus et qui va s’exprimer en termes de santé, bien sûr, mais également de confort ou compétences (de formation, notamment) et, l’autre qui va concerner davantage les entreprises et les institutions dans lequel il sera davantage question de productivité, qualité, coût, délai, etc. Les ergonomes peuvent donc intervenir sur des problématiques touchant l’une ou l’autre de ces questions.
Ils chercheront, alors, les solutions gagnant-gagnant à travers des recommandations qui peuvent porter sur les éléments techniques (les bureaux, les chaises, etc.), mais aussi sur l’organisation du travail ou la formation.
Pour arriver à remplir cet objectif, l’ergonomie utilise une méthode particulière qui se fait sur le terrain en situation réelle de travail en faisant des observations et des entretiens. L’ergonome cherche alors a étudier ce que l’on appelle l’activité de travail. L’activité de travail regroupe l’effort que nécessite les objectifs pour être atteint. Cela dépasse donc la tâche de travail et va concerner ce que le travailleur mobilise au niveau physique, mentale ou psychologique. Pour cela, l’ergonome prendra en compte les caractéristiques des individus, leurs objectifs, le sens qu’à le travail pour eux ou encore les objectifs de l’entreprise ou de l’institution.
Les liens entre management et santé au travail en ergonomie
L’ergonomie propose une approche originale de la santé au travail ouvrant de nouvelles perspectives d’action pour le management.
Même si on a souvent l’impression de savoir ce qu’est la santé, il existe en réalité trois (au moins) principales définitions de la santé. Chacune offre une vision différente ainsi que des axes de prévention des risques professionnels différents : le modèle biomédical, le modèle de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), et celui que nous appellerons le modèle développemental.
Le modèle biomédical de la santé
Dans le modèle biomédical, la santé est présentée comme l’absence de maladie. C’est le modèle le plus commun et, en particulier, celui mobilisé par un grand nombre de médecins. Il permet d’établir les relations de cause à effet. Il inclut des variables qui ont une valeur prospective. Les diagnostics, symptômes, ou paramètres, éminemment cliniques, ont une valeur prédictive des troubles de santé.
Mais, la forme statique de ces deux états, malade/non-malade, ne permet pas de résumer, à elle seule, le processus conduisant à la santé ou à la maladie. C’est le modèle qui sert de base, historiquement, à la prévention des risques professionnels.
Le modèle de la santé de l’O.M.S.
« La santé est un état de complet bien-être physique, mental et social, et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité. » c’est la définition que propose l’Organisation mondiale de la Santé en 1946. Cette définition marque une avancée importante par rapport à celle que nous avons présentée précédemment.
Le premier point, c’est sa dimension globale, c’est-à-dire qu’elle recouvre l’ensemble des caractéristiques de la vie de l’individu, pas uniquement la dimension physique comme pouvait le laisser penser l’approche biomédicale. Elle va même jusqu’à inclure la notion de bien-être social, ajoutant ainsi le rôle du lien avec la société.
Cette définition met également en avant la notion de bien-être, ce qui marque, là aussi, une innovation. Mais comme la définition précédente, elle reste sur une vision statique de la santé : la santé est un état. Difficile dans ce cas de comprendre les processus à l’œuvre.
Le modèle développemental de la santé
Ce troisième modèle est celui que l’on utilise préférentiellement en ergonomie. Il prend sa source dans les travaux du philosophe Canguilhem. Le point de vue de Canguilhem permet de distinguer les mécanismes d’évolution de la maladie et de la santé. Le normal et le pathologique sont compris comme deux dynamiques différentes de la confrontation de l’individu à son environnement, ce que l’auteur appelle la normativité vitale. Dans cette confrontation se joue la capacité de l’individu à dominer, contrôler son milieu. La maladie est alors comprise comme une restriction de cette interaction : c’est-à-dire l’incapacité de l’individu à imposer ses normes à son environnement lorsqu’il ne possède plus de marges de manœuvre vis-à-vis de son milieu et de ses variations.
En revanche, la santé est vue comme une capacité d’emprise accrue sur l’environnement par l’individu. Il le contrôle suffisamment pour surmonter les problèmes liés aux transformations de l’environnement. Dans ce cadre, être en santé c’est être capable d’agir, non seulement sur l’environnement, mais également sur ses probables variations. La santé, « c’est une assurance vécue au double sens d’assurance contre le risque et d’audace pour le courir. C’est le sentiment d’une capacité de dépassement des capacités initiales, capacité de faire du corps ce qu’il ne semblait pas promettre d’abord » (Canguilhem, 2002 p.59).
Par cette définition de la santé que nous fournit Canguilhem, si on la transpose dans le monde de l’entreprise, on comprend le lien que l’on établit, en ergonomie, avec l’activité de travail. Le travail formant cette confrontation à l’environnement, il devient donc le support à la dynamique de santé et à celle de maladie. Lorsque l’on regarde le champ du travail, le travailleur, lorsque son environnement de travail le lui rend possible, va faire des actions lui permettant de contrôler son environnement, il va également être capable de construire de nouvelles stratégies d’actions lui permettant de garder le contrôle, malgré les variabilités des situations de travail.
Cela veut dire d’un point de vue opérationnel qu’en ergonomie, on ne cherche pas seulement à éviter les dégradations de la santé des travailleurs, mais que l’on cherche également à créer un environnement de travail propice au développement des capacités, des compétences, etc. On appelle cela un environnement de travail capacitant.
Pour aller plus loin …
Georges Canguilhem Le normal et le pathologique régulièrement réédité depuis 1946 aux éditions des Presses universitaires de France.
Pierre Falzon au sein de l’Institut de recherche Robert-Sauvé en santé et en sécurité du travail : Le concept d’environnement capacitant, son origine et ses implications
Guérin, F., Laville, A., & Daniellou, F. & Coll. paru en 1997 qui s’intitule Comprendrele travail pour le transformer: la pratique de l’ergonomie.Editions de l’Anact
St-Vincent, M., Vézina, N., Bellemare, M., Denis, D., Ledoux, E. et Imbeau, D., paru en 2011, qui s’intitule L’intervention en ergonomie aux Éditions MultiMondes.
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