Tumgik
#Le Mont Noir
perrine-breget · 2 years
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Légèreté.
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philoursmars · 10 months
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Je reprends ma série de vieilles photos. Vie quotidienne à la campagne auvergnate...
Bussières, les Bages, 1930. Très belle photo, pleine de tendresse. Le bébé est vraisemblablement ma mère !
Vichel, 1950. Mon grand-père maternel, ma tante, mon oncle et le berger barbu déjà entrevu dans un billet précédent...
Vichel, 1935. Ma mère et sa petite sœur. Au fond, le Moncelet.
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kilfeur · 2 months
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J'ai adoré ce moment Rayllum, avec Rayla qui découvre le journal d'Esmerelda et qui la comprend car elle, aussi, elle avait quitté Callum pour retrouver Viren. Et que Callum parle de son père biologique qui était un écrivain et un poète mais qui avait une maladie respiratoire. Mais le ton monte quand Callum lui révèle qu'il a utilisé la magie noire et là Rayla lui dit que pour le bien de tous, il doit la sacrifier. Car elle est inquiète pour lui, j'ai bien aimé ce dialogue montrant ce que signifie le bien pour tous en détriment de la personne. Et du coup, il redemande à Rayla de le tuer si Aaravos prend possession de lui. Je crains pour Callum maintenant !
I loved the Rayllum moment, with Rayla discovering Esmerelda's diary and understanding her because she, too, had left Callum to find Viren. And Callum talking about his biological father, who was a writer and poet but had a respiratory illness. But the tone rises when Callum reveals that he has used dark magic, and Rayla tells him that for the good of all, he must sacrifice her. Because she's worried about him, I liked this dialogue showing what good for all means at the expense of the individual. And then he asks Rayla again to kill him if Aaravos takes possession of him. I fear for Callum now!
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L'Hostellerie du Mont Noir nous ramène à l’époque où la pub se peignait à la main. Ici, pas de papier qui se décolle au premier coup de vent. Avec ses lettres gothiques, cette typo inspirée des manuscrits médiévaux promet une touche de tradition et d'authenticité à ce commerce local. Un mur qui ne te racontait pas de salades. Il voulait juste t’envoyer dans un lieu où les histoires se dégustaient autour d’un bon repas, avec un petit verre pour accompagner. Aujourd'hui c'est silence radio. Il reste cette peinture pour nous dire que les bonnes choses ont une fin mais que les souvenirs tiennent bon.
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grandboute · 2 months
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Une Dremmwel au blé noir dans les monts d'Arrée
@sauvagej c'est pas Mimizan mais c'est reposant !
#dremmwell #bleNoir #bretagne #bzh #breizh #montsDarree #brittany#biere #malt #brasserie #houblon #bier #brasseur #bio #organic #concarneau #instabeer #beer #jusDeHoublon #brewery #frenchBeer #locale #artisanale #craftbeer #beerstagram #mousse #instamousse #instapero #apero
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nemosisworld · 5 months
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"Sans toi, je revenais, comme enivré, Incapable désormais d'être seul le soir, Quand les nuages las se dissipent Dans le noir incertain.
...
Seul dans le jour, et ensuite dans le silence Du soir fatal. Et maintenant, enivré, Je m'en reviens sans toi, et à mes côtés Ne se trouve que l'ombre.
Et tu seras loin de moi mille fois, Et ensuite à jamais. Je ne sais pas refréner Cette angoisse qui monte dans mon cœur ; Être seul
Pier Paolo Pasolini
Ph. Ibai Acevedo
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"Sadia et Cristal, au premier regard, c'était comme le feu et l'eau"
Qui est le feu, et qui est l'eau ? Même si l'ordre dans la chanson laisse penser que sadia = feu et cristal = eau, pour moi, c'est plutôt l'inverse (et mis dans cet ordre là uniquement pour la rime)
Sadia, c'est plutôt l'eau, déjà de part son code couleur (elle est associée au bleu de par ses cheveux, et dans le spectacle actuel, beaucoup de lumières bleues sont utilisées pendant travesti), mais aussi, de par son comportement. Si on découvre l'histoire, on pense que Sadia, même si très imprévisible, est du côté des Étoiles Noires : elle est à leur tête, et semble s'entendre avec Johnny. Mais au dernier moment, on découvre qu'elle travaille pour Zéro Janvier. Comme l'eau qui monte doucement, au point où on ne se rend pas compte de sa dangerosité, jusqu'au moment fatidique, où elle détruit tout sur son passage. Si on ne se méfie pas assez d'elle, on en subit les conséquences.
Cristal, de son côté, est associée au feu, avec ses tenues dorées et ses cheveux blonds (sa tenue bleue est beaucoup moins iconique que la dorée, je pense, donc je ne pensais pas l'évoquer, mais elle rentre techniquement dans le code couleur des flammes, donc pour moi ça passe). Elle est chaleureuse, pleine d'entrain, réconfortante, comme un bon feu de cheminée en plein hiver. Mais dès le moment où elle est libre, elle s'embrase, détruisant elle aussi tout sur son passage, jusqu'à se consumer complètement. Quand Sadia dit à Johnny "tu joues avec le feu", c'est pour la prévenir du caractère de Cristal, qui semble au premier abord belle, calme impossible à toucher et pourtant si attirante, mais qui, une fois lâchée de toute emprise, va se déchaîner, et ne plus obéir à aucune personne.
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carraways-son · 19 days
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Mardi
Vingt-quatre heures plus tôt... Quand on ressent le besoin de bouger sans pouvoir partir, on monte au lac de St-Ferréol. Une heure plus tard, on déjeune sur une terrasse qui domine le lac, puis on va s'étendre au bord de l'eau, caressé par le vent qui descend de la Montagne noire. On ouvre un livre qu'on ne lit pas, préférant regarder les oies (bernache du Canada et oie de Chine), les canards, aigrette et héron. Et le monde s'éloigne doucement, le temps s"oublie, et tout va mieux, d'autant qu'on vient d'apprendre que le typhon qui menaçait Osaka et Kyôto est allé se perdre en mer, que la rentrée scolaire des kids s'est très bien passée, et que le palais se souvient de la fraîcheur fruitée de la sangria savourée plus tôt.
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aurevoirmonty · 2 months
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Ce qui est important, c'est ce qu'on ne voit pas, c'est le facteur qui trousse la bonne. Il y a un tas de choses qu'on ne voit pas. Par exemple, le mélange des races, on est en train de devenir des Brésiliens. Eh bien, personne ne s'en rend compte. Le Noir monte ; le Jaune avance. Le Blanc, ce n'est plus qu'un fond de teint. Et d'ailleurs, le Blanc, c'est une erreur. Il a les nerfs fragiles. C'est Ophélie. Il tiendra pas devant les autres. Ce sont les Blancs - les Anglais qui ont inventé la neurasthénie et l'alcoolisme. Foutus, je vous dis, ils sont foutus. Bientôt on ira voir au spectacle : « Entrez, entrez., mesdames et messieurs, venez voir le dernier Blanc du Continent européen. »
L-F Céline, entretien avec Louis Le Cunff (Le monde et la vie)
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poetesse-verte · 3 months
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Il est sept heures du matin, les ombres s'éveillent, Odeur de café noir, rêves en décombres, Débordement insensé, le cœur en sommeil, Une couche de terre où nos âmes sombrent. Mes poumons brûlent, éclats de nuits sans fin, Dogmes nouveaux pour apaiser l’invisible, Je pars rejoindre l'oiseau de nuit malin, Dans sa maison au brouillard indélébile. Poison léger, fluide rubis en transe, Corps céleste filant, au ciel désenchanté, Jamais lassé par tes mots, sombre danse, De mon cœur vagabond, corridors hantés. Ta présence comble les vides infinies, Quel est ce masque que tu donnes à l'amour ? Le train ralentit derrière les monts ternis, Veux-tu m’accompagner dans mes vices pourpre ?
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chic-a-gigot · 1 year
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La Mode illustrée, No. 35, 29 août 1897, Paris. Toilette pour mariage à la mairie. Modèle de chez Mmes Moulines-Rottner, cité du Retiro, 15. Ville de Paris / Bibliothèque Forney
Description de la gravure coloriée:
Robe en moire gris argent; jupe toute unie; corsage ajusté du dos, légèrement blousant, par devant, et disposé en double revers: l'un en moire grise brodée d'acier, l'autre en satin blanc, orné d'une même broderie; ces revers encadrent un jabot de fine dentelle blanche, disposée en ondulations; col en moire bleu turquoise, voilé de dentelle en arrière et sur les côtés; col Médicis, en même dentelle; manches disposées à l'épaule, en quatre plis horizontaux, ajustées pour le reste, et s'évasant vers la main, pour laisser passer un volant de dentelle. Ceinture en satin gris argent uni.
La jupe est montée sur fronces, avec, devant, une couture qui monte bien les hanches, et rejette toute l'ampleur en arrière.
Chapeau-capote de cérémonie, en velours noir, couvert d'une broderie d'acier, garni de choux de satin blanc; touffe de plumes d'autruche noires avec oiseau de paradis, retombant en arrière.
Dress in silver gray moire; plain skirt; fitted bodice from the back, slightly bulky in front, and arranged in double lapels: one in gray moire embroidered with steel, the other in white satin, adorned with the same embroidery; these lapels frame a jabot of fine white lace arranged in undulations; turquoise blue moire collar, veiled in lace behind and on the sides; Medici collar, in the same lace; sleeves arranged at the shoulder, in four horizontal folds, adjusted for the rest, and flaring towards the hand, to allow a lace ruffle to pass through. Plain silver gray satin belt.
The skirt is assembled on gathers, with, in front, a seam which goes up well past the hips, and throws all the width back.
Ceremonial bonnet, in black velvet, covered with steel embroidery, trimmed with white satin puffs; tuft of black ostrich feathers with bird of paradise, falling back.
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satinea · 1 year
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Dans la forêt
Qu’il est joyeux aujourd’hui
Le chêne aux rameaux sans nombre,
Mystérieux point d’appui
De toute la forêt sombre !
Comme quand nous triomphons,
Il frémit, l’arbre civique ;
Il répand à plis profonds
Sa grande ombre magnifique.
D’où lui vient cette gaieté ?
D’où vient qu’il vibre et se dresse,
Et semble faire à l’été
Une plus fière caresse ?
C’est le quatorze juillet.
À pareil jour, sur la terre
La liberté s’éveillait
Et riait dans le tonnerre.
Peuple, à pareil jour râlait
Le passé, ce noir pirate ;
Paris prenait au collet
La Bastille scélérate.
À pareil jour, un décret
Chassait la nuit de la France,
Et l’infini s’éclairait
Du côté de l’espérance.
Tous les ans, à pareil jour,
Le chêne au Dieu qui nous crée
Envoie un frisson d’amour,
Et rit à l’aube sacrée.
Il se souvient, tout joyeux,
Comme on lui prenait ses branches !
L’âme humaine dans les cieux,
Fière, ouvrait ses ailes blanches.
Car le vieux chêne est gaulois :
Il hait la nuit et le cloître ;
Il ne sait pas d’autres lois
Que d’être grand et de croître.
Il est grec, il est romain ;
Sa cime monte, âpre et noire,
Au-dessus du genre humain
Dans une lueur de gloire.
Sa feuille, chère aux soldats,
Va, sans peur et sans reproche,
Du front d’Epaminondas
À l’uniforme de Hoche.
Il est le vieillard des bois ;
Il a, richesse de l’âge,
Dans sa racine Autrefois,
Et Demain dans son feuillage.
Les rayons, les vents, les eaux,
Tremblent dans toutes ses fibres ;
Comme il a besoin d’oiseaux,
Il aime les peuples libres.
C’est son jour. Il est content.
C’est l’immense anniversaire.
Paris était haletant.
La lumière était sincère.
Au loin roulait le tambour… -
Jour béni ? jour populaire,
Où l’on vit un chant d’amour
Sortir d’un cri de colère !
Il tressaille, aux vents bercé,
Colosse où dans l’ombre austère
L’avenir et le passé
Mêlent leur double mystère.
Les éclipses, s’il en est,
Ce vieux naïf les ignore.
Il sait que tout ce qui naît,
L’œuf muet, le vent sonore,
Le nid rempli de bonheur,
La fleur sortant des décombres,
Est la parole d’honneur
Que Dieu donne aux vivants sombres.
Il sait, calme et souriant,
Sérénité formidable !
Qu’un peuple est un orient,
Et que l’astre est imperdable.
Il me salue en passant,
L’arbre auguste et centenaire ;
Et dans le bois innocent
Qui chante et que je vénère,
Étalant mille couleurs,
Autour du chêne superbe
Toutes les petites fleurs
Font leur toilette dans l’herbe.
L’aurore aux pavots dormants
Verse sa coupe enchantée ;
Le lys met ses diamants ;
La rose est décolletée.
Aux chenilles de velours
Le jasmin tend ses aiguières ;
L’arum conte ses amours,
Et la garance ses guerres.
Le moineau-franc, gai, taquin,
Dans le houx qui se pavoise,
D’un refrain républicain
Orne sa chanson grivoise.
L’ajonc rit près du chemin ;
Tous les buissons des ravines
Ont leur bouquet à la main ;
L’air est plein de voix divines.
Et ce doux monde charmant,
Heureux sous le ciel prospère,
Épanoui, dit gaiement :
C’est la fête du grand-père.
***
« Célébration du 14 juillet dans la forêt ».
Victor Hugo, le poète en exil, commémore seul le jour où “la liberté s’éveillait”,, les vers sont rédigés en 1859.
Claude Monet - Forêt de Fontainebleau
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icariebzh · 6 months
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youtube
"Je n'ai pas peur de la route Faudrait voir, faut qu'on y goûte Des méandres au creux des reins Et tout ira bien là Le vent nous portera
Ton message à la Grande Ourse Et la trajectoire de la course Un instantané de velours Même s'il ne sert à rien va Le vent l'emportera
Tout disparaîtra mais Le vent nous portera
La caresse et la mitraille Et cette plaie qui nous tiraille Le palais des autres jours D'hier et demain Le vent les portera
Génétique en bandoulière Des chromosomes dans l'atmosphère Des taxis pour les galaxies Et mon tapis volant, dis? Le vent l'emportera Tout disparaîtra mais Le vent nous portera
Ce parfum de nos années mortes Ce qui peut frapper à ta porte Infinité de destins On en pose un et qu'est-ce qu'on en retient? Le vent l'emportera
Pendant que la marée monte Et que chacun refait ses comptes J'emmène au creux de mon ombre Des poussières de toi Le vent les portera Tout disparaîtra mais Le vent nous portera"
Noir Désir
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pompadourpink · 2 years
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The Stranger
Aujourd'hui, maman est morte. Ou peut-être hier, je ne sais pas. J'ai reçu un télégramme de l'asile : « Mère décédée. Enterrement demain. Sentiments distingués. » Cela ne veut rien dire. C'était peut-être hier.
Today, Mum died. Or maybe yesterday, I don't know. I got a telegram from the asylum: "Mother dead. Burial tomorrow. Sentiments distingués." It doesn't mean anything. Maybe it was yesterday.
L'asile de vieillards est à Marengo, à quatre-vingts kilomètres d'Alger. Je prendrai l'autobus à deux heures et j'arriverai dans l'après-midi. Ainsi, je pourrai veiller et je rentrerai demain soir. J'ai demandé deux jours de congé à mon patron et il ne pouvait pas me les refuser avec une excuse pareille. Mais il n'avait pas l'air content. Je lui ai même dit : « Ce n'est pas de ma faute. »
The old people's home is in Marengo, eighty kilometres from Algiers. I will take the bus at two o'clock and arrive in the afternoon. That way I can stay up and I'll be back tomorrow evening. I asked my boss for two days off and he couldn't refuse me with an excuse like that. But he didn't look happy. I even told him, "It's not my fault."
Il n'a pas répondu. J'ai pensé alors que je n'aurais pas dû lui dire cela. En somme, je n'avais pas à m'excuser. C'était plutôt à lui de me présenter ses condoléances. Mais il le fera sans doute après-demain, quand il me verra en deuil. Pour le moment, c'est un peu comme si maman n'était pas morte. Après l'enterrement, au contraire, ce sera une affaire classée et tout aura revêtu une allure plus officielle.
He did not answer. I thought then that I should not have told him that. In short, I had nothing to apologise for. It was rather for him to offer me his condolences. But he will probably do so the day after tomorrow, when he sees me in mourning. For the moment, it's as if Mum hasn't died. After the funeral, on the contrary, it will be a closed affair and everything will have taken on a more official air.
J'ai pris l'autobus à deux heures. Il faisait très chaud. J'ai mangé au restaurant, chez Céleste, comme d'habitude. Ils avaient tous beaucoup de peine pour moi et Céleste m'a dit : « On n'a qu'une mère. » Quand je suis parti, ils m'ont accompagné à la porte. J'étais un peu étourdi parce qu'il a fallu que je monte chez Emmanuel pour lui emprunter une cravate noire et un brassard. Il a perdu son oncle, il y a quelques mois.
I took the bus at two o'clock. It was very hot. I ate at the restaurant, at Céleste's, as usual. They all felt very sorry for me and Celeste said, "We only have one mother. When I left, they walked me to the door. I was a bit dizzy because I had to go up to Emmanuel's house to borrow a black tie and an armband. He lost his uncle a few months ago.
J'ai couru pour ne pas manquer le départ. Cette hâte, cette course, c'est à cause de tout cela sans doute, ajouté aux cahots, à l'odeur d'essence, à la réverbération de la route et du ciel, que je me suis assoupi. J'ai dormi pendant presque tout le trajet. Et quand je me suis réveillé, j'étais tassé contre un militaire qui m'a souri et qui m'a demandé si je venais de loin. J'ai dit « oui » pour n'avoir plus à parler.
I ran so as not to miss the start. This hurry, this race, it is because of all this no doubt, added to the bumps, the smell of petrol, the reverberation of the road and the sky, that I dozed off. I slept for most of the journey. And when I woke up, I was pressed up against a soldier who smiled at me and asked me if I had come from far away. I said "yes" so I wouldn't have to talk anymore.
L'asile est à deux kilomètres du village. J'ai fait le chemin à pied. J'ai voulu voir maman tout de suite. Mais le concierge m'a dit qu'il fallait que je rencontre le directeur. Comme il était occupé, j'ai attendu un peu. Pendant tout ce temps, le concierge a parlé et ensuite, j'ai vu le directeur : il m'a reçu dans son bureau. C'était un petit vieux, avec la Légion d'honneur. Il m'a regardé de ses yeux clairs. Puis il m'a serré la main qu'il a gardée si longtemps que je ne savais trop comment la retirer. Il a consulté un dossier et m'a dit :
The asylum is two kilometres from the village. I walked all the way. I wanted to see my mother straight away. But the caretaker told me I had to meet the director. As he was busy, I waited for a while. During all this time, the concierge talked and then I saw the director: he received me in his office. He was a little old man, with the Legion of Honour. He looked at me with his light eyes. Then he shook my hand, which he held for so long that I didn't know how to take it back. He consulted a file and said to me:
« Mme Meursault est entrée ici il y a trois ans. Vous étiez son seul soutien. » J'ai cru qu'il me reprochait quelque chose et j'ai commencé à lui expliquer. Mais il m'a interrompu : « Vous n'avez pas à vous justifier, mon cher enfant. J'ai lu le dossier de votre mère. Vous ne pouviez subvenir à ses besoins. Il lui fallait une garde. Vos salaires sont modestes. Et tout compte fait, elle était plus heureuse ici. » J'ai dit : « Oui, monsieur le Directeur. » Il a ajouté : « Vous savez, elle avait des amis, des gens de son âge. Elle pouvait partager avec eux des intérêts qui sont d'un autre temps. Vous êtes jeune et elle devait s'ennuyer avec vous. »
"Mme Meursault came here three years ago. You were her only support. I thought he was reproaching me for something and I started to explain. But he interrupted me: "You don't have to justify yourself, my dear child. I read your mother's file. You could not support her. She needed care. Your wages are modest. And all in all, she was happier here. I said, "Yes, Director." He added: "You know, she had friends, people her own age. She could share with them interests that are from another time. You are young and she must have been bored with you.
C'était vrai. Quand elle était à la maison, maman passait son temps à me suivre des yeux en silence. Dans les premiers jours où elle était à l'asile, elle pleurait souvent. Mais c'était à cause de l'habitude. Au bout de quelques mois, elle aurait pleuré si on l'avait retirée de l'asile. Toujours à cause de l'habitude. C'est un peu pour cela que dans la dernière année je n'y suis presque plus allé. Et aussi parce que cela me prenait mon dimanche - sans compter l'effort pour aller à l'autobus, prendre des tickets et faire deux heures de route.
It was true. When she was at home, Mum used to follow me with her eyes in silence. In the first days she was in the asylum, she often cried. But that was just habit. After a few months, she would have cried if she had been taken out of the asylum. Always because of habit. That's why in the last year I hardly went there anymore. And also because it took up my Sunday - not to mention the effort of going to the bus, getting tickets and driving two hours.
Le directeur m'a encore parlé. Mais je ne l'écoutais presque plus. Puis il m'a dit : « Je suppose que vous voulez voir votre mère. » Je me suis levé sans rien dire et il m'a précédé vers la porte. Dans l'escalier, il m'a expliqué : « Nous l'avons transportée dans notre petite morgue. Pour ne pas impressionner les autres. Chaque fois qu'un pensionnaire meurt, les autres sont nerveux pendant deux ou trois jours. Et ça rend le service difficile. »
The director spoke to me again. But I hardly listened to him anymore. Then he said, "I suppose you want to see your mother. I got up without saying anything and he preceded me to the door. On the stairs he explained, "We took her to our little mortuary. So as not to impress the others. Every time a resident dies, the others are nervous for two or three days. And that makes the service difficult.
Nous avons traversé une cour où il y avait beaucoup de vieillards, bavardant par petits groupes. Ils se taisaient quand nous passions. Et derrière nous, les conversations reprenaient. On aurait dit d'un jacassement assourdi de perruches. À la porte d'un petit bâtiment, le directeur m'a quitté : « Je vous laisse, monsieur Meursault. Je suis à votre disposition dans mon bureau. En principe, l'enterrement est fixé à dix heures du matin. Nous avons pensé que vous pourrez ainsi veiller la disparue. Un dernier mot : votre mère a, paraît-il, exprimé souvent à ses compagnons le désir d'être enterrée religieusement. J'ai pris sur moi, de faire le nécessaire. Mais je voulais vous en informer. » Je l'ai remercié. Maman, sans être athée, n'avait jamais pensé de son vivant à la religion.
We passed through a courtyard where there were many old men, chatting in small groups. They were silent as we passed. And behind us, the conversations started again. It sounded like the muffled chatter of parakeets. At the door of a small building, the director left me: "I leave you, Mr Meursault. I am at your disposal in my office. In principle, the funeral is scheduled for ten in the morning. We thought that you would be able to keep an eye on the deceased. One last word: your mother, it seems, often expressed to her companions the desire to be buried religiously. I have taken it upon myself to make the necessary arrangements. But I wanted to inform you. I thanked him. Mum, without being an atheist, had never thought about religion while she was alive.
Je suis entré. C'était une salle très claire, blanchie à la chaux et recouverte d'une verrière. Elle était meublée de chaises et de chevalets en forme de X. Deux d'entre eux, au centre, supportaient une bière recouverte de son couvercle. On voyait seulement des vis brillantes, à peine enfoncées, se détacher sur les planches passées au brou de noix. Près de la bière, il y avait une infirmière arabe en sarrau blanc, un foulard de couleur vive sur la tête.
I entered. It was a very bright room, whitewashed and covered with a glass roof. It was furnished with chairs and X-shaped trestles. Two of them, in the centre, held a bier with its lid on. Only shiny screws, barely sunken, could be seen sticking out of the boards, which had been painted with walnut stain. Next to the bier was an Arab nurse in a white smock, a brightly coloured scarf on her head.
À ce moment, le concierge est entré derrière mon dos. Il avait dû courir. Il a bégayé un peu : « On l'a couverte, mais je dois dévisser la bière pour que vous puissiez la voir. » Il s'approchait de la bière quand je l'ai arrêté. Il m'a dit : « Vous ne voulez pas ? » J'ai répondu : « Non. » Il s'est interrompu et j'étais gêné parce que je sentais que je n'aurais pas dû dire cela. Au bout d'un moment, il m'a regardé et il m'a demandé : « Pourquoi ? » mais sans reproche, comme s'il s'informait. J'ai dit : « Je ne sais pas. » Alors tortillant sa moustache blanche, il a déclaré sans me regarder : « Je comprends. »
At that moment, the caretaker came in behind my back. He must have been running. He stammered a little, "We've got it covered, but I've got to unscrew the bier so you can see it." He was approaching the bier when I stopped him. He said, "Don't you want to?" I said, "No." He paused and I was embarrassed because I felt I shouldn't have said that. After a while, he looked at me and asked, "Why?" but without reproach, as if he was inquiring. I said, "I don't know. Then twirling his white moustache, he said without looking at me, "I understand."
Il avait de beaux yeux, bleu clair, et un teint un peu rouge. Il m'a donné une chaise et lui-même s'est assis un peu en arrière de moi. La garde s'est levée et s'est dirigée vers la sortie. À ce moment, le concierge m'a dit : « C'est un chancre qu'elle a. » Comme je ne comprenais pas, j'ai regardé l'infirmière et j'ai vu qu'elle portait sous les yeux un bandeau qui faisait le tour de la tête.
À la hauteur du nez, le bandeau était plat. On ne voyait que la blancheur du bandeau dans son visage. Quand elle est partie, le concierge a parlé : « Je vais vous laisser seul. »
He had beautiful eyes, light blue, and a slightly red complexion. He gave me a chair and himself sat a little behind me. The guard got up and went to the exit. At that moment the caretaker said to me, "She has a canker. As I didn't understand, I looked at the nurse and saw that she was wearing a blindfold under her eyes that went around her head.
At the level of the nose, the blindfold was flat. All you could see was the white of the blindfold on her face. When she left, the caretaker spoke, "I will leave you alone."
Je ne sais pas quel geste j'ai fait, mais il est resté, debout derrière moi. Cette présence dans mon dos me gênait. La pièce était pleine d'une belle lumière de fin d'après-midi. Deux frelons bourdonnaient contre la verrière. Et je sentais le sommeil me gagner. J'ai dit au concierge, sans me retourner vers lui : « Il y a longtemps que vous êtes là ? » Immédiatement il a répondu : « Cinq ans » - comme s'il avait attendu depuis toujours ma demande.
I don't know what gesture I made, but he remained standing behind me. This presence at my back was bothering me. The room was full of a beautiful late afternoon light. Two hornets were buzzing against the canopy. And I could feel myself falling asleep. I said to the caretaker, without turning round, "Have you been here long? Immediately he replied, "Five years" - as if he had been waiting for my request all along.
Ensuite, il a beaucoup bavardé. On l'aurait bien étonné en lui disant qu'il finirait concierge à l'asile de Marengo. Il avait soixante-quatre ans et il était Parisien. À ce moment je l'ai interrompu : « Ah, vous n'êtes pas d'ici ? » Puis je me suis souvenu qu'avant de me conduire chez le directeur, il m'avait parlé de maman. Il m'avait dit qu'il fallait l'enterrer très vite, parce que dans la plaine il faisait chaud, surtout dans ce pays. C'est alors qu'il m'avait appris qu'il avait vécu à Paris et qu'il avait du mal à l'oublier. À Paris, on reste avec le mort trois, quatre jours quelquefois. Ici on n'a pas le temps, on ne s'est pas fait à l'idée que déjà il faut courir derrière le corbillard. Sa femme lui avait dit alors : « Tais-toi, ce ne sont pas des choses à raconter à Monsieur. » Le vieux avait rougi et s'était excusé. J'étais intervenu pour dire : « Mais non. Mais non. » Je trouvais ce qu'il racontait juste et intéressant.
Afterwards, he chatted a lot. He would have been surprised to be told that he would end up as a concierge at the Marengo asylum. He was sixty-four years old and a Parisian. At that moment I interrupted him: "Ah, you're not from here? Then I remembered that before taking me to the director, he had spoken to me about my mother. He had told me that she had to be buried very quickly, because it was hot on the plain, especially in this country. Then he told me that he had lived in Paris and that it was difficult to forget her. In Paris, you stay with the dead sometimes for three or four days. Here you don't have time, you haven't gotten used to the idea that you have to run after the hearse. His wife had said to him: "Shut up, these are not things to tell the gentleman." The old man blushed and apologised. I intervened to say: "No, no, no. No, I didn't." I thought what he was saying was right and interesting.
Dans la petite morgue, il m'a appris qu'il était entré à l'asile comme indigent. Comme il se sentait valide, il s'était proposé pour cette place de concierge. Je lui ai fait remarquer qu'en somme il était un pensionnaire. Il m'a dit que non. J'avais déjà été frappé par la façon qu'il avait de dire : « ils », « les autres », et plus rarement « les vieux », en parlant des pensionnaires dont certains n'étaient pas plus âgés que lui. Mais naturellement, ce n'était pas la même chose. Lui était concierge, et, dans une certaine mesure, il avait des droits sur eux. La garde est entrée à ce moment. Le soir était tombé brusquement. Très vite, la nuit s'était épaissie au-dessus de la verrière. Le concierge a tourné le commutateur et j'ai été aveuglé par l'éclaboussement soudain de la lumière. Il m'a invité à me rendre au réfectoire pour dîner. Mais je n'avais pas faim.
In the little morgue, he told me that he had entered the asylum as a pauper. As he felt able-bodied, he had offered himself for the position of caretaker. I pointed out to him that he was, in fact, a boarder. He told me that he was not. I had already been struck by the way he said: "they", "the others", and more rarely "the old", when talking about the boarders, some of whom were no older than he was. But of course, it was not the same thing. He was a caretaker, and to some extent, he had rights over them. The guard entered at that moment. The evening had fallen suddenly. Soon it had become darker over the canopy. The caretaker turned the switch and I was blinded by the sudden splash of light. He invited me to go to the refectory for dinner. But I was not hungry.
Il m'a offert alors d'apporter une tasse de café au lait. Comme j'aime beaucoup le café au lait, j'ai accepté et il est revenu un moment après avec un plateau. J'ai bu. J'ai eu alors envie de fumer. Mais j'ai hésité parce que je ne savais pas si je pouvais le faire devant maman. J'ai réfléchi, cela n'avait aucune importance. J'ai offert une cigarette au concierge et nous avons fumé.
He then offered to bring me a cup of coffee with milk. As I like coffee with milk very much, I accepted and he came back a moment later with a tray. I had a drink. Then I felt like smoking. But I hesitated because I didn't know if I could do it in front of my mother. I thought about it, it didn't matter. I offered the caretaker a cigarette and we smoked.
À un moment, il m'a dit : « Vous savez, les amis de Madame votre mère vont venir la veiller aussi. C'est la coutume. Il faut que j'aille chercher des chaises et du café noir. » Je lui ai demandé si on pouvait éteindre une des lampes. L'éclat de la lumière sur les murs blancs me fatiguait. Il m'a dit que ce n'était pas possible. L'installation était ainsi faite : c'était tout ou rien. Je n'ai plus beaucoup fait attention à lui. Il est sorti, est revenu, a disposé des chaises. Sur l'une d'elles, il a empilé des tasses autour d'une cafetière. Puis il s'est assis en face de moi, de l'autre côté de maman. La garde était aussi au fond, le dos tourné. Je ne voyais pas ce qu'elle faisait. Mais au mouvement de ses bras, je pouvais croire qu'elle tricotait. Il faisait doux, le café m'avait réchauffé et par la porte ouverte entrait une odeur de nuit et de fleurs. Je crois que j'ai somnolé un peu.
At one point he said to me, "You know, your mother's friends are going to come and watch her too. That's the custom. I have to go and get some chairs and black coffee. I asked him if we could turn off one of the lamps. The glare of the light on the white walls was making me tired. He told me it was not possible. The installation was like that: it was all or nothing. I didn't pay much attention to him anymore. He went out, came back in, arranged some chairs. On one of them, he stacked cups around a coffee pot. Then he sat down opposite me, on the other side of Mum. The guard was also at the back, with her back turned. I couldn't see what she was doing. But from the movement of her arms, I could tell she was knitting. It was a mild day, the coffee had warmed me up and through the open door came the smell of night and flowers. I think I dozed off a bit.
C'est un frôlement qui m'a réveillé. D'avoir fermé les yeux, la pièce m'a paru encore plus éclatante de blancheur. Devant moi, il n'y avait pas une ombre et chaque objet, chaque angle, toutes les courbes se dessinaient avec une pureté blessante pour les yeux. C'est à ce moment que les amis de maman sont entrés. Ils étaient en tout une dizaine, et ils glissaient en silence dans cette lumière aveuglante. Ils se sont assis sans qu'aucune chaise grinçât. Je les voyais comme je n'ai jamais vu personne et pas un détail de leurs visages ou de leurs habits ne m'échappait. Pourtant je ne les entendais pas et j'avais peine à croire à leur réalité.
It was a graze that woke me up. Having closed my eyes, the room seemed to me even more brilliantly white. There was not a shadow in front of me, and every object, every angle, every curve, was drawn with a purity that hurt the eyes. It was at this point that Mum's friends came in. There were about ten of them, and they glided silently through the blinding light. They sat down without a single chair creaking. I could see them as I have never seen anyone before, and not a detail of their faces or their clothes escaped me. Yet I could not hear them and could hardly believe their reality.
Presque toutes les femmes portaient un tablier et le cordon qui les serrait à la taille faisait encore ressortir leur ventre bombé. Je n'avais encore jamais remarqué à quel point les vieilles femmes pouvaient avoir du ventre. Les hommes étaient presque tous très maigres et tenaient des cannes. Ce qui me frappait dans leurs visages, c'est que je ne voyais pas leurs yeux, mais seulement une lueur sans éclat au milieu d'un nid de rides. Lorsqu'ils se sont assis, la plupart m'ont regardé et ont hoché la tête avec gêne, les lèvres toutes mangées par leur bouche sans dents, sans que je puisse savoir s'ils me saluaient ou s'il s'agissait d'un tic. Je crois plutôt qu'ils me saluaient. C'est à ce moment que je me suis aperçu qu'ils étaient tous assis en face de moi à dodeliner de la tête, autour du concierge. J'ai eu un moment l'impression ridicule qu'ils étaient là pour me juger.
Almost all the women wore aprons and the drawstring around their waists still showed their bulging bellies. I had never noticed before how much belly old women could have. The men were almost all very thin and held canes. What struck me about their faces was that I couldn't see their eyes, only a dull gleam in a nest of wrinkles. When they sat down, most of them looked at me and nodded awkwardly, their lips all eaten up by their toothless mouths, and I couldn't tell if they were greeting me or if it was a tic. I rather think they were greeting me. It was at this point that I realised that they were all sitting across from me nodding their heads, around the caretaker. For a moment I had the ridiculous impression that they were there to judge me.
Peu après, une des femmes s'est mise à pleurer. Elle était au second rang, cachée par une de ses compagnes, et je la voyais mal. Elle pleurait à petits cris, régulièrement : il me semblait qu'elle ne s'arrêterait jamais. Les autres avaient l'air de ne pas l'entendre. Ils étaient affaissés, mornes et silencieux. Ils regardaient la bière ou leur canne, ou n'importe quoi, mais ils ne regardaient que cela. La femme pleurait toujours. J'étais très étonné parce que je ne la connaissais pas. J'aurais voulu ne plus l'entendre. Pourtant je n'osais pas le lui dire. Le concierge s'est penché vers elle, lui a parlé, mais elle a secoué la tête, a bredouillé quelque chose, et a continué de pleurer avec la même régularité. Le concierge est venu alors de mon côté. Il s'est assis près de moi. Après un assez long moment, il m'a renseigné sans me regarder : « Elle était très liée avec Madame votre mère. Elle dit que c'était sa seule amie ici et que maintenant elle n'a plus personne. »
Shortly afterwards, one of the women started to cry. She was in the second row, hidden by one of her companions, and I could hardly see her. She was crying in small, regular cries: it seemed to me that she would never stop. The others didn't seem to hear her. They were slumped, dull and silent. They were looking at the bier or their cane, or whatever, but that was all they were looking at. The woman was still crying. I was very surprised because I didn't know her. I didn't want to hear her anymore. But I didn't dare tell her. The caretaker leaned over to her, spoke to her, but she shook her head, mumbled something, and continued to cry with the same regularity. The caretaker then came to my side. He sat down beside me. After a long time, he told me without looking at me: "She was very close to your mother. She says she was her only friend here and now she has no one."
Nous sommes restés un long moment ainsi. Les soupirs et les sanglots de la femme se faisaient plus rares. Elle reniflait beaucoup. Elle s'est tue enfin. Je n'avais plus sommeil, mais j'étais fatigué et les reins me faisaient mal. À présent c'était le silence de tous ces gens qui m'était pénible. De temps en temps seulement, j'entendais un bruit singulier et je ne pouvais comprendre ce qu'il était. À la longue, j'ai fini par deviner que quelques-uns d'entre les vieillards suçaient l'intérieur de leurs joues et laissaient échapper ces clappements bizarres. Ils ne s'en apercevaient pas tant ils étaient absorbés dans leurs pensées. J'avais même l'impression que cette morte, couchée au milieu d'eux, ne signifiait rien à leurs yeux. Mais je crois maintenant que c'était une impression fausse.
We stayed like that for a long time. The woman's sighs and sobs became less frequent. She sniffed a lot. At last, she fell silent. I was no longer sleepy, but I was tired and my kidneys ached. Now it was the silence of all these people that was painful for me. Only from time to time I heard a peculiar noise and I could not understand what it was. Eventually, I guessed that some of the old men were sucking the insides of their cheeks and letting out these strange popping sounds. They didn't realise it because they were so absorbed in their thoughts. I even had the impression that this dead woman, lying in their midst, meant nothing to them. But I now believe that this impression was wrong.
Nous avons tous pris du café, servi par le concierge. Ensuite, je ne sais plus. La nuit a passé. Je me souviens qu'à un moment j'ai ouvert les yeux et j'ai vu que les vieillards dormaient tassés sur eux-mêmes, à l'exception d'un seul qui, le menton sur le dos de ses mains agrippées à la canne, me regardait fixement comme s'il n'attendait que mon réveil. Puis j'ai encore dormi. Je me suis réveillé parce que j'avais de plus en plus mal aux reins. Le jour glissait sur la verrière. Peu après, l'un des vieillards s'est réveillé et il a beaucoup toussé. Il crachait dans un grand mouchoir à carreaux et chacun de ses crachats était comme un arrachement. Il a réveillé les autres et le concierge a dit qu'ils devraient partir. Ils se sont levés. Cette veille incommode leur avait fait des visages de cendre. En sortant, et à mon grand étonnement, ils m'ont tous serré la main - comme si cette nuit où nous n'avions pas échangé un mot avait accru notre intimité.
We all had coffee, served by the concierge. Then, I don't know. The night passed. I remember that at one point I opened my eyes and saw that the old men were asleep, all on top of each other, except for one who, with his chin on the back of his hands clutching the cane, was staring at me as if he was waiting for me to wake up. Then I slept again. I woke up because my back was getting worse and worse. The day was slipping by on the canopy. Shortly afterwards, one of the old men woke up and he coughed a lot. He was spitting into a large checked handkerchief and each spit was like a tear. He woke up the others and the caretaker said they should leave. They got up. This uncomfortable vigil had made their faces ashen. On the way out, and to my astonishment, they all shook hands with me - as if that night when we hadn't exchanged a word had increased our intimacy.
J'étais fatigué. Le concierge m'a conduit chez lui et j'ai pu faire un peu de toilette. J'ai encore pris du café au lait qui était très bon. Quand je suis sorti, le jour était complètement levé. Au-dessus des collines qui séparent Marengo de la mer, le ciel était plein de rougeurs. Et le vent qui passait au-dessus d'elles apportait ici une odeur de sel. C'était une belle journée qui se préparait. Il y avait longtemps que j'étais allé à la campagne et je sentais quel plaisir j'aurais pris à me promener s'il n'y avait pas eu maman.
I was tired. The concierge took me to his house and I was able to wash up a bit. I had some more coffee with milk, which was very good. When I came out, it was completely light. Over the hills that separate Marengo from the sea, the sky was full of redness. And the wind that passed over them brought here a smell of salt. It was a beautiful day ahead. I had been in the country for a long time and I could feel what a pleasure it would have been to go for a walk if it hadn't been for Mother.
Mais j'ai attendu dans la cour, sous un platane. Je respirais l'odeur de la terre fraîche et je n'avais plus sommeil. J'ai pensé aux collègues du bureau. À cette heure, ils se levaient pour aller au travail : pour moi c'était toujours l'heure la plus difficile. J'ai encore réfléchi un peu à ces choses, mais j'ai été distrait par une cloche qui sonnait à l'intérieur, des bâtiments. Il y a eu du remue-ménage derrière les fenêtres, puis tout s'est calmé. Le soleil était monté un peu plus dans le ciel : il commençait à chauffer mes pieds. Le concierge a traversé la cour et m'a dit que le directeur me demandait. Je suis allé dans son bureau. Il m'a fait signer un certain nombre de pièces. J'ai vu qu'il était habillé de noir avec un pantalon rayé. Il a pris le téléphone en main et il m'a interpellé : « Les employés des pompes funèbres sont là depuis un moment. Je vais leur demander de venir fermer la bière. Voulez-vous auparavant voir votre mère une dernière fois ? » J'ai dit non. Il a ordonné dans le téléphone en baissant la voix : « Figeac, dites aux hommes qu'ils peuvent aller. »
But I waited in the courtyard, under a plane tree. I breathed in the smell of fresh earth and I was no longer sleepy. I thought of my colleagues in the office. At that hour they were getting up to go to work: for me, it was always the most difficult hour. I thought about these things for a while longer, but I was distracted by a bell ringing inside the buildings. There was some commotion behind the windows, and then everything calmed down. The sun had risen a little higher in the sky: it was beginning to warm my feet. The caretaker came across the courtyard and told me that the director was asking for me. I went into his office. He made me sign a number of documents. I saw that he was dressed in black with striped trousers. He took the phone in his hand and called out to me: "The undertakers have been here for a while. I will ask them to come and close the coffin. Do you want to see your mother one last time before then?" I said no. He ordered into the phone, lowering his voice: "Figeac, tell the men they can go."
Ensuite il m'a dit qu'il assisterait à l'enterrement et je l'ai remercié. Il s'est assis derrière son bureau, il a croisé ses petites jambes. Il m'a averti que moi et lui serions seuls, avec l'infirmière de service. En principe, les pensionnaires ne devaient pas assister aux enterrements. Il les laissait seulement veiller : « C'est une question d'humanité », a-t-il remarqué. Mais en l'espèce, il avait accordé l'autorisation de suivre le convoi à un vieil ami de maman : « Thomas Pérez. » Ici, le directeur a souri. Il m'a dit : « Vous comprenez, c'est un sentiment un peu puéril. Mais lui et votre mère ne se quittaient guère. À l'asile, on les plaisantait, on disait à Pérez : « C'est votre fiancée. » Lui riait. Ça leur faisait plaisir. Et le fait est que la mort de Mme Meursault l'a beaucoup affecté. Je n'ai pas cru devoir lui refuser l'autorisation. Mais sur le conseil du médecin visiteur, je lui ai interdit la veillée d'hier. »
He then informed me that he was going to attend the funeral, and I thanked him. Sitting down behind his desk, he crossed his short legs and leaned back. Besides the nurse on duty, he told me, he and I would be the only mourners at the funeral. It was a rule of the Home that inmates shouldn’t attend funerals, though there was no objection to letting some of them sit up beside the coffin, the night before. “It’s for their own sakes,” he explained, “to spare their feelings. But in this particular instance I’ve given permission to an old friend of your mother to come with us. His name is Thomas Pérez.” The warden smiled. “It’s a rather touching little story in its way. He and your mother had become almost inseparable. The other old people used to tease Pérez about having a fiancée. ‘When are you going to marry her?’ they’d ask. He’d turn it with a laugh. It was a standing joke, in fact. So, as you can guess, he feels very badly about your mother’s death. I thought I couldn’t decently refuse him permission to attend the funeral. But, on our medical officer’s advice, I forbade him to sit up beside the body last night.”
Nous sommes restés silencieux assez longtemps. Le directeur s'est levé et a regardé par la fenêtre de son bureau. À un moment, il a observé : « Voilà déjà le curé de Marengo. Il est en avance. » Il m'a prévenu qu'il faudrait au moins trois quarts d'heure de marche pour aller à l'église qui est au village même. Nous sommes descendus. Devant le bâtiment, il y avait le curé et deux enfants de chœur. L'un de ceux-ci tenait un encensoir et le prêtre se baissait vers lui pour régler la longueur de la chaîne d'argent. Quand nous sommes arrivés, le prêtre s'est relevé. Il m'a appelé « mon fils » et m'a dit quelques mots. Il est entré ; je l'ai suivi.
For some time we sat there without speaking. Then the warden got up and went to the window. Presently he said: “Ah, there’s the padre from Marengo. He’s a bit ahead of time.” He warned me that it would take us a good three-quarter of an hour, to walk to the church, which was in the village. Then we went downstairs. The priest was waiting just outside the mortuary door. With him were two acolytes, one of whom had a censer. The priest was stooping over him, adjusting the length of the silver chain on which it hung. When he saw us he straightened up and said a few words to me, addressing me as, “My son.” Then he led the way into the mortuary.
J'ai vu d'un coup que les vis de la bière étaient enfoncées et qu'il y avait quatre hommes noirs dans la pièce. J'ai entendu en même temps le directeur me dire que la voiture attendait sur la route et le prêtre commencer ses prières. À partir de ce moment, tout est allé très vite. Les hommes se sont avancés vers la bière avec un drap. Le prêtre, ses suivants, le directeur et moi-même sommes sortis. Devant la porte, il y avait une dame que je ne connaissais pas : « M. Meursault », a dit le directeur. Je n'ai pas entendu le nom de cette dame et j'ai compris seulement qu'elle était infirmière déléguée. Elle a incliné sans un sourire son visage osseux et long. Puis nous nous sommes rangés pour laisser passer le corps.
I noticed at once that four men in black were standing behind the coffin and the screws in the lid had now been driven home. At the same moment I heard the warden remark that the hearse had arrived, and the priest starting his prayers. Then everybody made a move. Holding a strip of black cloth, the four men approached the coffin, while the priest, the boys, and myself filed out. A lady I hadn’t seen before was standing by the door. “This is Monsieur Meursault,” the warden said to her. I didn’t catch her name, but I gathered she was a nursing sister attached to the Home. When I was introduced, she bowed, without the trace of a smile on her long, gaunt face. We stood aside from the doorway to let the coffin by.
Nous avons suivi les porteurs et nous sommes sortis de l'asile. Devant la porte, il y avait la voiture. Vernie, oblongue et brillante, elle faisait penser à un plumier. À côté d'elle, il y avait l'ordonnateur, petit homme aux habits ridicules, et un vieillard à l'allure empruntée. J'ai compris que c'était M. Pérez. Il avait un feutre mou à la calotte ronde et aux ailes larges (il l'a ôté quand la bière a passé la porte), un costume dont le pantalon tirebouchonnait sur les souliers et un nœud d'étoffe noire trop petit pour sa chemise à grand col blanc. Ses lèvres tremblaient au-dessous d'un nez truffé de points noirs. Ses cheveux blancs assez fins laissaient passer de curieuses oreilles ballantes et mal ourlées dont la couleur rouge sang dans ce visage blafard me frappa.
L'ordonnateur nous donna nos places. Le curé marchait en avant, puis la voiture. Autour d'elle, les quatre hommes. Derrière, le directeur, moi-même et, fermant la marche, l'infirmière déléguée et M. Pérez.
Then, following the bearers down a corridor, we came to the front entrance, where a hearse was waiting. Oblong, glossy, varnished black all over, it vaguely reminded me of the pen trays in the office. Beside the hearse stood a quaintly dressed little -man, whose duty it was, I understood, to supervise the funeral, as a sort of master of ceremonies. Near him, looking constrained, almost bashful, was old M. Pérez, my mother’s special friend. He wore a soft felt hat with a pudding-basin crown and a very wide brim—he whisked it off the moment the coffin emerged from the doorway—trousers that concertina’d on his shoes, a black tie much too small for his high white double collar. Under a bulbous, pimply nose, his lips were trembling. But what caught my attention most was his ears; pendulous, scarlet ears that showed up like blobs of sealing wax on the pallor of his cheeks and were framed in wisps of silky white hair.
The undertaker’s factotum shepherded us to our seats, with the priest in front of the hearse, and the four men in black on each side of it. The warden and I came next, and, bringing up the rear, old Pérez and the nurse.
Le ciel était déjà plein de soleil. Il commençait à peser sur la terre et la chaleur augmentait rapidement. Je ne sais pas pourquoi nous avons attendu assez longtemps avant de nous mettre en marche. J'avais chaud sous mes vêtements sombres. Le petit vieux, qui s'était recouvert, a de nouveau ôté son chapeau. Je m'étais un peu tourné de son côté, et je le regardais lorsque le directeur m'a parlé de lui. Il m'a dit que souvent ma mère et M. Pérez allaient se promener le soir jusqu'au village, accompagnés d'une infirmière.
Je regardais la campagne autour de moi. À travers les lignes de cyprès qui menaient aux collines près du ciel, cette terre rousse et verte, ces maisons rares et bien dessinées, je comprenais maman. Le soir, dans ce pays, devait être comme une trêve mélancolique. Aujourd'hui, le soleil débordant qui faisait tressaillir le paysage le rendait inhumain et déprimant.
The sky was already a blaze of light, and the air stoking up rapidly. I felt the first waves of heat lapping my back, and my dark suit made things worse. I couldn’t imagine why we waited so long for getting under way. Old Pérez, who had put on his hat, took it off again. I had turned slightly in his direction and was looking at him when the warden started telling me more about him. I remember his saying that old Pérez and my mother used often to have a longish stroll together in the cool of the evening; sometimes they went as far as the village, accompanied by a nurse, of course.
I looked at the countryside, at the long lines of cypresses sloping up toward the skyline and the hills, the hot red soil dappled with vivid green, and here and there a lonely house sharply outlined against the light—and I could understand Mother’s feelings. Evenings in these parts must be a sort of mournful solace. Now, in the full glare of the morning sun, with everything shimmering in the heat haze, there was something inhuman, discouraging, about this landscape.
Nous nous sommes mis en marche. C'est à ce moment que je me suis aperçu que Pérez claudiquait légèrement. La voiture, peu à peu, prenait de la vitesse et le vieillard perdait du terrain. L'un des hommes qui entouraient la voiture s'était laissé dépasser aussi et marchait maintenant à mon niveau. J'étais surpris de la rapidité avec laquelle le soleil montait dans le ciel. Je me suis aperçu qu'il y avait déjà longtemps que la campagne bourdonnait du chant des insectes et de crépitements d'herbe. La sueur coulait sur mes joues. Comme je n'avais pas de chapeau, je m'éventais avec mon mouchoir.
At last, we made a move. Only then I noticed that Pérez had a slight limp. The old chap steadily lost ground as the hearse gained speed. One of the men beside it, too, fell back and drew level with me. I was surprised to see how quickly the sun was climbing up the sky, and just then it struck me that for quite a while the air had been throbbing with the hum of insects and the rustle of grass warming up. Sweat was running down my face. As I had no hat I tried to fan myself with my handkerchief.
L'employé des pompes funèbres m'a dit alors quelque chose que je n'ai pas entendu. En même temps, il s'essuyait le crâne avec un mouchoir qu'il tenait dans sa main gauche, la main droite soulevant le bord de sa casquette. Je lui ai dit : « Comment ? »Il a répété en montrant le ciel : « Ça tape. » J'ai dit : « Oui. » Un peu après, il m'a demandée : « C'est votre mère qui est là ? » J'ai encore dit : « Oui. » « Elle était vieille ? » J'ai répondu : « Comme ça », parce que je ne savais pas le chiffre exact. Ensuite, il s'est tu. Je me suis retourné et j'ai vu le vieux Pérez à une cinquantaine de mètres derrière nous. Il se hâtait en balançant son feutre à bout de bras. J'ai regardé aussi le directeur. Il marchait avec beaucoup de dignité, sans un geste inutile. Quelques gouttes de sueur perlaient sur son front, mais il ne les essuyait pas.
The undertaker then said something to me that I did not hear. At the same time, he was wiping his head with a handkerchief in his left hand, his right hand lifting the brim of his cap. I said, "How?" He repeated, pointing to the sky, "It's banging." I said, "Yes." A little later he asked me, "Is that your mother there? I said again, "Yes. "Was she old? I answered, "Like that," because I didn't know the exact number. Then he fell silent. I turned around and saw old Pérez about fifty metres behind us. He was hurrying along, swinging his felt at arm's length. I also looked at the director. He was walking with great dignity, without a single useless gesture. A few drops of sweat were beading on his forehead, but he did not wipe them off.
Il me semblait que le convoi marchait un peu plus vite. Autour de moi, c'était toujours la même campagne lumineuse gorgée de soleil. L'éclat du ciel était insoutenable. À un moment donné, nous sommes passés sur une partie de la route qui avait été récemment refaite. Le soleil avait fait éclater le goudron. Les pieds y enfonçaient et laissaient ouverte sa pulpe brillante. Au-dessus de la voiture, le chapeau du cocher, en cuir bouilli, semblait avoir été pétri dans cette boue noire. J'étais un peu perdu entre le ciel bleu et blanc et la monotonie de ces couleurs, noir gluant du goudron ouvert, noir terne des habits, noir laque de la voiture. Tout cela, le soleil, l'odeur de cuir et de crottin de la voiture, celle du vernis et celle de l'encens, la fatigue d'une nuit d'insomnie, me troublait le regard et les idées.
It seemed to me that the convoy was moving a little faster. All around me was the same bright, sun-drenched countryside. The brightness of the sky was unbearable. At one point we passed a section of road that had recently been resurfaced. The sun had blasted the tarmac. The feet sank into it and left its shiny pulp open. On top of the car, the coachman's hat, made of boiled leather, looked as if it had been kneaded in the black mud. I was a little lost between the blue and white sky and the monotony of these colours, the slimy black of the open tar, the dull black of the clothes, the black lacquer of the car. All this, the sun, the smell of leather and dung from the car, that of varnish and that of incense, the tiredness of a sleepless night, confused my eyes and my thoughts.
Je me suis retourné une fois de plus : Pérez m'a paru très loin, perdu dans une nuée de chaleur, puis je ne l'ai plus aperçu. Je l'ai cherché du regard et j'ai vu qu'il avait quitté la route et pris à travers champs. J'ai constaté aussi que devant moi la route tournait. J'ai compris que Pérez qui connaissait le pays coupait au plus court pour nous rattraper. Au tournant il nous avait rejoints. Puis nous l'avons perdu. Il a repris encore à travers champs et comme cela plusieurs fois. Moi, je sentais le sang qui me battait aux tempes.
I turned around once more: Pérez seemed very far away, lost in a cloud of heat, and then I didn't see him anymore. I looked for him and saw that he had left the road and gone across the fields. I also noticed that the road ahead of me was turning. I realised that Pérez, who knew the country, was cutting it as short as possible to catch up with us. At the bend, he had joined us. Then we lost him. He started again across the fields and like that several times. I could feel the blood pounding in my temples.
Tout s'est passé ensuite avec tant de précipitation, de certitude et de naturel, que je ne me souviens plus de rien. Une chose seulement : à l'entrée du village, l'infirmière déléguée m'a parlé. Elle avait une voix singulière qui n'allait pas avec son visage, une voix mélodieuse et tremblante. Elle m'a dit : « Si on va doucement, on risque une insolation. Mais si on va trop vite, on est en transpiration et dans l'église on attrape un chaud et froid. » Elle avait raison. Il n'y avait pas d'issue.
Everything happened afterwards with such haste, certainty and naturalness that I don't remember anything. Only one thing: at the entrance to the village, the nurse delegate spoke to me. She had a singular voice that did not match her face, a melodious and trembling voice. She said to me: "If we go slowly, we risk sunstroke. But if you go too fast, you get sweaty and in the church, you catch a hot and cold." She was right. There was no way out.
J'ai encore gardé quelques images de cette journée : par exemple, le visage de Pérez quand, pour la dernière fois, il nous a rejoints près du village. De grosses larmes d'énervement et de peine ruisselaient sur ses joues. Mais, à cause des rides, elles ne s'écoulaient pas. Elles s'étalaient, se rejoignaient et formaient un vernis d'eau sur ce visage détruit.
I still have some images of that day: for example, Pérez's face when, for the last time, he joined us near the village. Big tears of anger and sorrow were streaming down his cheeks. But, because of the wrinkles, they did not flow away. They spread out, joined together and formed a watery varnish on that destroyed face.
Il y a eu encore l'église et les villageois sur les trottoirs, les géraniums rouges sur les tombes du cimetière, l'évanouissement de Pérez (on eût dit un pantin disloqué), la terre couleur de sang qui roulait sur la bière de maman, la chair blanche des racines qui s'y mêlaient, encore du monde, des voix, le village, l'attente devant un café, l'incessant ronflement du moteur, et ma joie quand l'autobus est entré dans le nid de lumières d'Alger et que j'ai pensé que j'allais me coucher et dormir pendant douze heures.
There was still the church and the villagers on the pavements, the red geraniums on the graves in the cemetery, the fainting of Pérez (he looked like a dislocated puppet), the blood-coloured earth that rolled over Mama's bier, the white flesh of the roots that mingled there, more people, voices, the village, waiting in front of a café, the incessant hum of the engine, and my joy when the bus entered the nest of lights of Algiers and I thought I was going to lie down and sleep for twelve hours.
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Liste de massacres perpétrés par les allemands en France durant la Seconde Guerre mondiale
Juin 1940
le 7
Airaines (Somme) : exécution sommaire du capitaine N'Tchoréré, officier français refusant d'être séparé de ses camarades officiers blancs, par un feldwebel allemand du 25e régiment d'infanterie allemande.
Beaufort-en-Santerre (Somme) : une trentaine d'hommes du 41e régiment d'infanterie sont capturés, rassemblés dans un champ et passés par les armes.
le 8
Dromesnil (Somme) : l'armée allemande exécute, en violation de la Convention de Genève de 1929, les soldats africains de l'armée française qu'elle avait faits prisonniers. Monument commémoratif dans le village.
le 10
Erquinvillers (Oise) : tirailleurs sénégalais massacrés.
Cressonsacq (Oise) : soldats guinéens massacrés sur le territoire de la commune.
le 11
Cressonsacq : Massacre du bois d'Eraine, les soldats allemands de la 10e Panzerdivision, dont le Panzergrenadier-Division Großdeutschland, massacrent la totalité des Africains de la 4e division d'infanterie coloniale et du 24e régiment de tirailleurs sénégalais faits prisonniers.
le 17
Clamecy (Nièvre) : 44 tirailleurs sénégalais et nord-africains sont fusillés ; l'un d'entre-eux parvient malgré tout à s'enfuir mais est rattrapé et tué à Oisy18.
le 19
Sillé-le-Guillaume (Sarthe) : des soldats allemands assassinent quatorze prisonniers noirs appartenant au 208e régiment d’artillerie légère coloniale19.
le 20
Chasselay (Rhône) : plusieurs dizaines de soldats sénégalais prisonniers (104 tués, 37 blessés, 856 disparus) sont exécutés par la division SS Totenkopf20.
Domptail (Vosges) : 28 à 33 soldats français sont fusillés par des soldats allemands21.
Lentilly (Rhône) : les SS de la division Totenkopf massacrent 18 tirailleurs sénégalais prisonniers.
Champagne-au-Mont-d'Or (Rhône) : Les SS de la division Totenkopf massacrent 12 tirailleurs sénégalais prisonniers.
Éveux (Rhône) : les SS de la 3. SS-Panzer-Division Totenkopf massacrent 13 tirailleurs sénégalais prisonniers.
( source wikipédia)
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muzukashiidesune · 2 months
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富士山 (Mont Fuji)
Juliette se recouche sous son duvet épais, dans la lumière du matin. Nos futon sont installés à même le sol, sur le tatami beige, et quand elle remonte le duvet sous son nez, je ne discerne plus rien que ses cheveux bruns étalés sur l’oreiller. Un bout de front pâle, peut-être. Je ferme les yeux.
Mes draps me semblaient encore chauds de sommeil, lorsque je m’y suis renveloppée. Une odeur de bois règne dans la chambre. Mes cils entrouverts. Des particules flottent, en suspension dans la lumière. Lorsque Juliette cesse de remuer, elles se figent doucement à leur tour.
Il nous reste une bonne heure avant qu’on nous appelle pour le petit déjeuner.
Nous nous sommes levées avant l’aube, sonnerie faible de téléphone, tirées d’un rêve profond. Obscurité complète dans la chambre.
J’ai pris le volant de ma petite voiture, vaillante Honda Light qui avait fait dix heures de route la veille. Entre les vignes, l’air était gris, l’herbe terne, les rues étroites. En montant les côtes, ma Honda est lente. Sans musique, demi sommeil.
Arrivées au sommet, nous n’étions déjà pas seules. Une file devant les guichets, où un couple de personnes âgées aux mains tremblantes échangent les tickets contre des clés de casier. Le ciel vire du gris au mauve, et l’espace d’un instant, on a peur d’arriver trop tard.
Dans les vestiaires, femmes et enfants, à divers stades de dénuement.
La tête lourde, j’enlève mes vêtements, les déposent dans un panier en osier. L’air est frais sur ma peau. La lumière change — c’est presque l’heure. Serviette en main, nous dévalons le petit sentier de pierre jusqu’aux bains. Au premier pas dans l’eau, la plante des pieds me brûle. Contraste avec la roche froide.
On glisse dans l’eau de l’onsen tout juste quand la brume se lève.
Par delà le rebord de pierre, une grande vallée s’étale, telle une flaque à nos pieds. Derrière nous, les alpes japonaises. Le soleil en émerge lentement. Il est cinq heures. La vallée est encore grise.
Au loin, Fuji se dore.
Son sommet enneigé brille, du bleu au rose. Plus haut que tout ce qui l’entoure.
L’eau de l’onsen scintille, claire, et sa vapeur se lève lentement. Disparaît dans l’air en volutes dorées. Le vent est frais, altitude et fin avril, il donne envie de glisser son corps encore plus profondément dans l’eau chaude.
Je crois en la magie — ou peut-être manque-je de sommeil.
Par la fenêtre de notre chambre de ryokan, maintenant, les vignes sont vertes et brillantes, feuilles nouvelles. Fuji, dans le coin gauche, est bleu noir à sa cime. Sa neige coule du haut, carte postale, en de larges traînées veineuses.
Juliette dort à nouveau, et je me tire hors de mes couvertures.
L’eau chaude que l’auberge nous a préparée hier est encore fumante dans son thermos. Je la fais couler dans une petite tasse bleue, sans poignée. Elle se colore presque immédiatement de vert pâle au contact des feuilles thé.
Je m’assois au bord de la fenêtre.
Une heure passe. Le soleil réchauffe mes vêtements, la chambre se gorge de jaune. Je pense à Hokusai.
Quand Juliette se réveille, je lui demande si l’on s’habitue jamais à cette vue. Fuji grandeur, à tous les détours. Juliette vit à ses pieds depuis deux ans.
De sous son duvet, deux yeux qui clignent. Paupières du dessous qui se plissent, sourire, puis re-disparaissent dans un mouvement de cheveux.
« Non, » me répond-elle. « Ça prend toujours par surprise. »
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