#La Terre du Milieu : l’Ombre de la Guerre
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L'intemporel Neon Genesis Evangelion
Ex-libris Aizouban Neon Genesis Evangelion Illustration : Yoshiyuki Sadamoto - Copyright Khara
Neon Genesis Evangelion est devenu un manga culte pour les fans du genre Mecha et fin du monde. Actuellement, il est possible de se plonger dans cette histoire, assez ardue, dans une belle perfect edition en 7 tomes chez Glénat.
C'est une œuvre signée par Yoshiyuki Sadamoto.
Synopsis (l’officiel est au bas de ce billet) : Le big bang a donc eu lieu en l’an 2000 en Antarctique avec un cataclysme qui a rayé de la carte la moitié du globe terrestre.
15 ans après, dans ce monde post-apocalyptique, l’humanité tente de se reconstruire après ce Second Impact. Cependant, la guerre n’est pas terminée, les hommes doivent faire face à une forme de vie mystérieuse : les Anges. Le jeune Shinji Ikari (14 ans) est destiné à piloter l’Evangelion 01. Dans cet objectif, son père, le commandant de la NERV, une organisation scientifique et militaire placé sous le contrôle de l’ONU, le recrute.
Les Evangelions sont des unités mobiles de combat qui prenne la forme de mechas. Mais derrière cette armure de métal se cache un secret…
Si être pilote est un rêve pour de nombreux jeunes, cela est loin d’être le cas pour Shinji. D’ailleurs, dés la première case de l’histoire, le jeune garçon exprime son indifférence à la mort ou à un potentiel accident. Son seul intérêt est de se rapprocher de son inconnu de père.
Une chose est certaine, leur première confrontation n’est pas d’un grand enthousiasme, bien au contraire car Shinji va déjà faire face à la mort pour sauver l’humanité (selon les dire de son paternel).
Il va alors devoir se battre contre ces Anges qui attaquent en permanence la capitale forteresse Tokyo-3.
Pendant ce temps, la SEELE, une mystérieuse organisation qui dirige dans l’ombre la NERV, font tout pour accomplir le plan de complémentarité de l’homme. »
Le scénario est bourré de mystère, de psychologie et de religion. Ce dernier est rarement abordé dans le genre shonen. Autrement dit, on ne peut rester passif tout au long de cette histoire et parfois il est nécessaire de faire une pause pour ingurgité les événements.
Attention au dépressif… lecture non conseillé car ce n’est pas forcément très jouissif.
Bien entendu, il est toujours possible de (re)voir l’anime, sortie dans le milieu des années 1990 sur la plateforme Netflix. A ce propos, l’histoire diverge vers encore plus de pessimisme. On touche le fond...😂
Dans le même genre et plus récent : Darling in the FranXX. Là encore, ce sont les enfants qui peuvent sauver la planète Terre et c’est plus compréhensible (disponible en anime sur Crunchyroll).
Synopsis officiel : « An 2000, Un astéroïde gigantesque s’abat sur le pôle Sud. Cette catastrophe sans précédent dans l’Histoire fut nommée le ‘Second Impact’.
Montée du niveau des eaux, perturbations climatiques, crashes économiques, affrontements, guerres civiles… la moitié de la population humaine de ce monde disparut…
Quinze ans plus tard, alors que les premiers signes de renouveau se précisent, l’humanité s’apprête à affronter une nouvelle crise… Les Anges.
Des armes de combat gigantesques, d’origine inconnue, attaquant les unes après les autres. Sont-elles finalement, comme leur nom l’indique, « les messagers de Dieu » ?
Pour contrer les assauts des Anges, l’humanité développe l’ultime arme de combat humanoïde : Evangelion.
En 2015, trois unités sont presque prêtes à l’usage. Pour piloter les EVA, un trio composé de deux filles et d’un garçon a été choisi.
Les adultes n’ont d’autres choix que de leur confier leurs propres espoirs en l’avenir.
Ces enfants portent sur leurs épaules la charge d’un combat qui déterminera l’existence de l’humanité.
Ce combat commence aujourd’hui »
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J’habite seule une petite maison
Pleine de livres de chaleur et de souvenirs
Isolée au milieu des arbres
Perdue au fond de la campagne
Une cabane de sorcière sauvage
Peu de mes amis peuvent en franchir le seuil
Ma peur y joue le chien de garde
Et piège à ma place le terrain des intimités
Ma maison a été le théâtre de guerres et de deuils
Les fleurs du jardin m’ont été arrachées
C’est depuis mes fenêtres que je vois défiler les saisons
Non que je me méfie des hommes mais je préfère il me semble
A leur présence celle des oiseaux sans plus d’autres raisons
A leur violence celle de la pluie qui tombe
Non que je me méfie mais mon corps se rappelle
J’ai semé cet été des graines de fleurs nouvelles
Aux couleurs de rivières de chansons et de rêves
Le verrou se défait c’est le monde à ma porte
Qui essuie doucement mes larmes de joie
Qui me dit mais ma douce nous n’attendions que toi
J’habite seule une petite maison
Une cabane de sorcière sauvage
Et depuis des semaines c’est le bouleversement
Des gâteaux cuisent au four et si je les prépare
Ce n’est plus pour moi seule mais bien pour un amant
Animal compagnon tour à tour feu et terre
Compagnon en toute chose évident partenaire
Les murs de la maison se sont comme écartés
Pour lui faire de la place et l’entendre chanter
C’est l’été quotidien et les fenêtres ouvertes
Le son d’une respiration autre que la mienne
Le plancher qui grince sous d’autres pas
Une vaisselle faite à quatre mains
La nuit qui tombe trop tôt
les bouillottes brulantes sur les pieds froids
Le thé toujours oublié avant de dormir
Mon jardin peine encore à donner de beaux fruits
Et je connais ma peur tapie dans la mousse et l’ombre
Mon coeur d’animal sauvage oublie parfois de vivre
Tant la vie est immense et moi si minuscule
Il y aura sûrement encore des nuits sans fins
Mais il y a aussi sous mon toit un oiseau adoré
L’espérance sinon l’espoir d’une vie à la lumière d’été
Malgré la pluie hiémale et les longues heures de peine
La clé qui ouvre ma maison
Est en bonne compagnie
Et cela me console
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Ali Rahni 18 h ·
INTERNATIONAL Algérie : Emmanuel Macron met le feu à la poudrière mémorielle 04 octobre 2021 | Par Rachida El Azzouzi En reprenant les antiennes éculées de ceux qui veulent euphémiser les violences coloniales infligées par la France aux Algériens, l'Élysée donne des gages à l’extrême droite et ouvre une crise diplomatique d’une ampleur inédite avec l’Algérie. «La colonisation fait partie de l’histoire française. C’est un crime contre l’humanité, c’est une vraie barbarie. Et ça fait partie de ce passé que nous devons regarder en face, en présentant nos excuses à l’égard de celles et ceux envers lesquels nous avons commis ces gestes. » Le 15 février 2017, Emmanuel Macron, alors en campagne pour le fauteuil présidentiel, déclenchait une tempête en France en tenant des propos inédits dans la bouche d’un responsable politique français sur l’antenne d’une télévision algérienne. La droite, l’extrême droite mais aussi une partie de la gauche lui tombaient dessus tandis qu’en Algérie, on se réjouissait qu’enfin, après tant de décennies de déni, un candidat à la présidence de la République française ait le courage de regarder le passé en face. « Honte à Emmanuel Macron qui insulte la France à l’étranger ! », fulminait Gérald Darmanin, alors sarkozyste et maire de Tourcoing, devenu depuis macroniste et promu ministre de l’intérieur. « Ni droite ni gauche, un jour pour la colonisation positive, un jour crime contre l’humanité », tweetait l’ancien premier secrétaire du parti socialiste Jean-Christophe Cambadélis. Allusion à un entretien d’Emmanuel Macron au Point quelques mois plus tôt, en novembre 2016, déclarant qu’il y a eu en Algérie « des éléments de civilisation et des éléments de barbarie ». Emmanuel Macron reçu par le président du Sénat algérien Abdelkader Bensalah à son arrivée à l'aéroport d’Alger, le 6 décembre 2017. © Photo Ryad Kramdi / AFP Près de cinq ans plus tard, le candidat LREM (La République en marche) de 2017 ne ressemble en rien au candidat LREM de 2022. Plus question de se mettre à dos la droite et l’extrême droite françaises qui saturent le débat public de leurs obsessions identitaires : à sept mois de l’élection présidentielle, l’heure est au labour de leurs terres, même les plus nauséabondes. Quitte à sacrifier une relation franco-algérienne structurellement très compliquée et à faire un bond en arrière. Lors d’une rencontre avec une vingtaine de descendants de protagonistes de la guerre d’Algérie jeudi 30 septembre, et relatée samedi 2 octobre par Le Monde, seul journal invité par l’Élysée, Emmanuel Macron a eu des mots peu amènes et jamais tenus jusqu’ici publiquement par un chef d’État français en exercice, à l’égard du pouvoir algérien et des fondements même de la nation algérienne. « C’est terrible, se désole un diplomate français “catastrophé”. On revient à 2005. » Quand le traité d’amitié franco-algérien avait volé en éclats sous Jacques Chirac après que le Parlement français eut adopté une loi reconnaissant « le rôle positif » de la colonisation. Dans un article intitulé « Le dialogue inédit entre Emmanuel Macron et les “petits-enfants” de la guerre d’Algérie », le journaliste Mustapha Kessous rapporte que le président français estime qu’après son indépendance en 1962, l’Algérie s’est construite sur « une rente mémorielle », entretenue par « le système politico-militaire », que l’« histoire officielle » est « totalement réécrite » et qu’elle « ne s’appuie pas sur des vérités » mais sur « un discours qui repose sur une haine de la France », que « le président [algérien] Abdelmadjid Tebboune » est pris dans « un système très dur », « un système fatigué », « fragilisé » par le Hirak (le soulèvement populaire qui a balayé en 2019 Abdelaziz Bouteflika récemment décédé). Des propos non démentis par l’Élysée qui ne s’arrêtent pas là. « La construction de l’Algérie comme nation est un phénomène à regarder, a encore déclaré le président, toujours selon Le Monde. Est-ce qu’il y avait une nation algérienne avant la colonisation française ? Ça, c’est la question. Il y avait de précédentes
colonisations. Moi, je suis fasciné de voir la capacité qu’a la Turquie à faire totalement oublier le rôle qu’elle a joué en Algérie et la domination qu’elle a exercée. Et d’expliquer qu’on est les seuls colonisateurs, c’est génial. Les Algériens y croient. » En allant jusqu’à remettre en question l’État-nation algérien, en cherchant à mettre sur le même pied d’égalité l’interminable conquête française bien plus sanglante et meurtrière que la domination ottomane entre le XVIe et le XVIIIe siècle, et en reprenant ainsi les antiennes éculées de ceux qui veulent euphémiser les violences coloniales infligées par la France aux Algériens, ceux qui disent que l’Algérie n’est pas un pays, le président français donne des gages à l’extrême droite et ouvre une crise diplomatique d’une ampleur inédite à quelques mois de l’anniversaire de la fin de la guerre d’Algérie (1954-1962) et son indépendance. Ses propos incendiaires interviennent deux jours après la décision brutale de l’exécutif de réduire drastiquement le quota de visas accordés aux citoyens des pays du Maghreb, à commencer par les Algériens (lire ici notre article). Sous les ors de l'Elysée, devant la jeunesse héritière de la douloureuse mémoire franco-algérienne - des petits-enfants de pieds-noirs, de soldats, de harkis, d’indépendantistes du FLN et de juifs d’Algérie - Emmanuel Macron a justifié cette décision qui envenime encore les rapports très tendus entre les deux pays pour « ennuyer les gens qui sont dans le milieu dirigeant, qui avaient l’habitude de demander des visas facilement » et leur dire « si vous ne coopérez pas pour éloigner des gens qui sont en situation irrégulière et dangereux, on ne va pas vous faciliter la vie ». « C’est terrible, se désole un diplomate français “catastrophé”. On revient à 2005. » Quand le traité d’amitié franco-algérien avait volé en éclats sous Jacques Chirac après que le Parlement français eut adopté une loi reconnaissant « le rôle positif » de la colonisation et que la France eut offert au monde entier le spectacle désolant d’une nation passéiste incapable d’assumer ses méfaits, ses crimes, ses pillages devant le miroir, se félicitant du bon vieux temps des colonies. Tout le but de mon rapport est de ne pas donner de leçons d’histoire aux autres. C’est aux historiens d’écrire l’histoire qui ne peut pas être hémiplégique, ce n’est pas aux chefs d’État. Benjamin Stora, historien Emmanuel Macron, dont la candidature à l’élection présidentielle d’avril prochain ne fait pas l’ombre d’un doute même s’il ne l’a pas encore officialisée, a cessé de parler depuis bien longtemps de « crimes contre l’humanité » de la part de la France en Algérie. Il n’aura condamné les 132 ans d’oppression coloniale en Algérie qu’une seule fois tant qu’il était candidat à la présidentielle. Le credo de son quinquennat, martèle son entourage, c’est « ni excuses ni repentance ». Et d’être réélu à tout prix. « Le deuxième mandat est devenu l’objectif presque unique de la fin du premier », constate auprès de Mediapart un ancien ambassadeur de France en Algérie. Un avis partagé de l’autre côté de la Méditerranée par plusieurs diplomates français qui déplorent une relation bilatérale et des efforts de bonne entente entre les deux pays « sacrifiés » par des visées électoralistes. « Macron est en train de se laisser dépasser par son souci de politique intérieure », abonde à son tour un ancien directeur Afrique et Moyen-Orient du Quai d’Orsay. Le pouvoir algérien, qui avait convoqué trois jours plus tôt l’ambassadeur de France à Alger François Gouyette pour « une protestation formelle » après la décision de Paris de réduire de moitié les visas accordés aux Algériens, n’a pas tardé à réagir dans des proportions qui dépassent sa susceptibilité habituelle. Après avoir procédé samedi 2 octobre au « rappel immédiat pour consultation » de son ambassadeur, Alger a interdit le lendemain le survol de son territoire aux avions militaires français, qui empruntent depuis 2013 son espace aérien pour rejoindre ou quitter la bande sahélo-saharienne où sont déployées les
troupes de l’opération antijihadiste « Barkhane ». Un coup dur pour Paris qui est en train de quitter les bases militaires les plus au nord du Mali et qui s’apprête à réduire le nombre de soldats au Sahel d’ici à 2023. Alors que l’état-major français est depuis quelques semaines en pleine réorganisation de son dispositif dans cette poudrière, Emmanuel Macron braque l’un de ses partenaires clés dans la lutte contre le terrorisme. « Son attitude est politiquement, moralement, stratégiquement indéfendable. Les Algériens nous sont très utiles dans le Sahara, ils nous donnent des renseignements parfois en direct et sont capables de bloquer la frontière si des groupes terroristes cherchent à s’enfuir », confie un diplomate français. Dans un communiqué, la présidence algérienne condamne « toute ingérence dans ses affaires intérieures » et « des propos irresponsables ». « Les propos en question [du président Macron] portent une atteinte intolérable à la mémoire des 5 630 000 valeureux martyrs qui ont sacrifié leurs vies dans leur résistance héroïque à l’invasion coloniale française ainsi que dans la Glorieuse Révolution de libération nationale », fait-elle savoir en avançant pour la première fois un chiffre officiel de victimes causées par la colonisation française en Algérie, de 1830 à 1962. Jusque-là, seul le bilan de la guerre d’indépendance était chiffré côté algérien à 1,5 million de martyrs. Alger ne s’interdit pas de revoir ses relations économiques et commerciales avec la France, l’un de ses partenaires les plus importants qui a déjà perdu beaucoup d’influence, de contrats et qui a oublié, à l’heure d’une des plus graves crises énergétiques mondiales, que son principal fournisseur de gaz était l’Algérie. « Déclaration de guerre ». « Humiliation du président »… Les réactions continuent d’être vives et scandalisées de l’autre côté de la Méditerranée. « Comment en est-on arrivés là, à quelques mois de la fin du mandat d’un président qui, quoi que l’on dise, a fait avancer le dossier de la mémoire et s’est toujours montré prudent quand il s’agit d’évoquer l’Algérie et sa situation interne ? », se demande le journal en ligne Tout sur l’Algérie (TSA) qui voit là « l’une des plus graves crises entre les deux pays depuis 1962, sinon la plus retentissante » et qui rappelle pourtant « la lune de miel » prometteuse entre les présidents Macron et Tebboune qui s’étaient lancé le défi de « réconcilier » les mémoires endolories par la guerre et la colonisation de part et d’autre des deux rives. Pour nombre d’observateurs, les propos d’Emmanuel Macron s’expliquent par sa déception de se heurter à un mur en Algérie sur ce dossier mémoriel. « J’y vois, ou bien la marque d’une déception après l’échec de sa politique mémorielle, ou bien une petite pensée électorale », analyse un haut diplomate français. Tandis qu’en France, plusieurs initiatives ont été conduites, à commencer par le rapport sur la colonisation et la guerre d’Algérie de l’historien Benjamin Stora, en Algérie, il ne s’est rien passé de concret. La France a restitué les crânes de résistants algériens, conservés dans un musée parisien depuis un siècle et demi, reconnu officiellement sa responsabilité dans la torture pratiquée pendant la guerre d’Algérie et dans la mort des résistants Maurice Audin et Ali Boumendjel, ouvert droit à réparation pour les harkis, ces Algériens qui ont combattu dans les rangs de l’armée française pendant la guerre d’Algérie… L’Algérie n’a fait aucun pas, aucun geste, pas même un retour sur le rapport Stora, jamais dépassé les déclarations d’intention… Rien de surprenant dans un pays où, comme le rappelle dans cette émission de Mediapart l’historienne Karima Dirèche, « l’instrumentalisation et la manipulation de l’histoire sont dans l’ADN du régime algérien ». Certes, Emmanuel Macron enfonce des portes ouvertes, énonce des évidences, dit tout haut ce qu’on pense tout bas en France et aussi en Algérie concernant le système politico-militaire algérien à bout de souffle, sa rente mémorielle qui lui sert à masquer sa corruption, son impotence
et à prendre en otage un peuple qui aspire à la liberté, à la démocratie... Mais est-ce au président de la République française de dire cela depuis son palais et d’oublier de balayer devant la porte de la France qui a mis des décennies à mettre le mot guerre sur les « événements » en Algérie, qui verrouille les archives pour taire la vérité, qui n’arrive pas à mettre les mots sur les crimes d’État, tel le massacre policier et raciste du 17 octobre 1961... ? Est-ce cela la diplomatie, après la débâcle de la vente des sous-marins à l’Australie ? Alors que la rupture est à son comble entre le Maroc et l’Algérie, que les bruits de bottes se font entendre aux portes des deux grands États du Maghreb, Emmanuel Macron choisit en connaissance de cause d’être dur avec l’Algérie et faible avec le Maroc. Il n’a jamais eu un mot de cette teneur acerbe à l’égard de la monarchie marocaine qui n’hésite pas à instrumentaliser la détresse des migrants pour faire pression sur l’Europe dans le dossier explosif du Sahara occidental, ni à espionner des téléphones de plusieurs personnalités publiques françaises – jusqu’à sa propre personne, comme l’a révélé le scandale mondial d’espionnage « Pegasus ». Sans parler de l’Arabie saoudite qui emprisonne des féministes, découpe en morceaux un journaliste, de la Tunisie où le président s’arroge seul les pleins pouvoirs, et de bien d’autres régimes autoritaires à travers le monde avec lesquels la France brille par son silence et sa complaisance. « Tout ça pour couper l’herbe à Zemmour » « Surpris » par les propos du président français à la table de l’Élysée où il faisait partie des conviés, « de le voir se lancer dans un cours d’histoire qui finit dans la presse », « las de voir qu’on en revient encore et toujours à des disputes sur le colonialisme, la mission civilisatrice de la France », l’historien Benjamin Stora explique à Mediapart ne pas souhaiter « rentrer dans le débat ». Il tient cependant à rappeler que son rapport est « tout l’inverse de cela » : « Tout le but de mon rapport est de ne pas donner de leçons d’histoire aux autres. C’est aux historiens d’écrire l’histoire qui ne peut pas être hémiplégique, ce n’est pas aux chefs d’État. La rente mémorielle est des deux côtés, pas d’un seul côté. La question algérienne structure l’extrême droite française qui a l’habitude de me rentrer dedans et qui refuse de reconnaître le principe de l’indépendance de l’Algérie. » « Moi, ce que je veux, poursuit le spécialiste de l’Algérie, c’est savoir ce qu’on fait concrètement de mes propositions. Que fait-on le 17 octobre ? Je n’ai toujours pas eu de réponse. On commémore, on reconnaît le crime d’État ? J’espère qu’il y aura une réponse. C’est un des combats de ma vie. » Dans les prochains jours, selon nos informations, l’Élysée devait mettre en place l’une des mesures phares de son rapport : l’installation d’une commission « Mémoire et vérité » rassemblant une dizaine de spécialistes parmi les meilleurs sur la question algérienne et coloniale, tels Abderahmen Moumen, Tramor Quemeneur, Karima Dirèche, Naïma Yahi, Tassadit Yacine, pour plancher concrètement sur des avancées mémorielles. « Cela va être très compliqué de le faire dans ce contexte, se désole un proche du dossier. Macron a peut-être bien tout torpillé, tout ça pour couper l’herbe à Zemmour qu’il contribue à faire monter et qui, comme lui, se fait désirer candidat. » Mardi 5 octobre, le président français est revenu pour la première fois sur ce qu'il appelle « une crispation » dans un entretien à France Inter. Tout en appelant à « un apaisement » « parce que (...) c’est mieux de se parler, d’avancer », il a assumé ses propos polémiques et les a justifiés de manière poussive, en invoquant notamment les insultes et les menaces encaissées par l'historien Benjamin Stora à la remise de son rapport. « Ce n’est pas un problème diplomatique, c’est d’abord un problème franco-français », a-t-il déclaré. Il n'a pas été interrogé en revanche sur sa tirade en pleine pré-campagne électorale cherchant à atténuer la violence de la colonisation
française en la mettant au même niveau que la tutelle ottomane
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HEART OF FIRE
Intro :
Cette histoire commence en l’an 1131 de l’ère du Dragon. La terre est divisée en plusieurs royaumes. Notre protagoniste se trouve être dans celui de Merridania, un territoire bordant la mer de la croisée des mondes et dirigé par le roi Fargrest III. Sa capitale est Willow Creek et se situe un peu plus haut dans les terres.
Alia Tolcreen, notre héroïne, est une sorcière renégate. En effet, la magie est régie par un consortium nommée l’assemblée des mages. Tous nouveaux nés doivent être noté dans le registre des naissances et doivent passer un test par des sages-femmes habilitées d’un droit de regard. Celles-ci, grâce à un objet magique appelé « Revalus », sont dans l’obligation d’effectuer un rituel afin de déterminer si l’enfant est porteur de dons magiques. Si celui-ci en est pourvu, à l’âge de ses 8 ans, il sera retiré de sa famille et mené à une « Tour des mages ». Cette action permet d’apprendre à l’enfant à contrôler ses pouvoirs et ainsi ne plus être un danger pour lui-même ou les non-mages. En d’autres termes, ces dits « privilégiés » resteront cloitrés entre ces murs et ne reverront plus jamais leur proche.
Les Tours, car il en existe dans chaque royaume, sont gouvernées par des magiciens nommés « Grand prêtre ». Ils sont élus grâce à leur expérience et leur sagesse. Le grand prêtre Wilfeust est celui qui dirige la Tour du royaume de Merridania et siège en tant que conseillé auprès du roi Fargrest III. En effet, la magie tient une grande place dans les idéaux politiques du territoire. De l’autre côté demeure Verden, chef de l’organisation du Cadre. C’est une société qui a pour but la protection du territoire. Ces sujets sont des mutants. Des humains modifiés pour devenir des supers soldats. Ils sont choisis dès leur plus jeune âge dans des orphelinats et doivent prouver leur valeur en effectuant une épreuve au probabilité mortelle. En effet, trois innocents sur dix survivent. Les malheureux qui ne supportent pas la potion de transformation meurent dans d’atroces souffrances. Etant sans famille, leur disparition est vécue dans l’indifférence la plus totale et ils deviennent des oubliés. Au fil des ans, cette entreprise de guerre c’est étroitement mêlé des affaires politiques du royaume au point de devenir un acteur important dans les choix des monarques.
Il existe une animosité entre les mages et les agents du cadre. En effet, les supers soldats ont aussi pour vocation de traquer les sorciers renégats et de les emprisonner. Bien des magiciens ont péri durant ces chasses sauvages ce qui a nourrit d’autant plus cette antipathie.
Au sujet des races, la plus prédominante est celle des humains. Les elfes et les nains devenant de plus en plus rares, il est difficile d’en côtoyer. Les albes sont les opposés des elfes et cohabitent avec les orcs dans les terres lugubres de Sombrella.
Ces elfes noirs, étant plus évolués que leur voisin, ont mené bien des guerres sur la terre des hommes. La plus connue et la plus dévastatrice fut celle de mille ans menée par Soval le guerrier de l’ombre. Il y eu des milliers de mort mais au milieu de ce charnier, un groupe de guerrier au cœur vaillant fit pencher la balance du côté du bien. A sa tête, le prince héritier Van Hiliest, sa bien-aimée Némora l’albes, le géologue nain Broëndil, l’elfe sylvestre Aendel et le magicien Lanfeust.
Selon la légende, le prince remporta la bataille contre le tyran mais fut gravement blessé. Il est dit que son amour profita de l’occasion pour assassiner le monarque afin d’asseoir son droit au pouvoir des armées albes et orcs. La guerre étant terminée, les créatures du mal furent exilées dans les terres du bout du monde, celles dont on ne revient jamais, avec à sa tête, Némora la traitresse.
Notre aventure commence à Windenburg. Le peuple ainsi qu’Alia vivent dans l’insouciance du passé. Mais comme toute ère de paix, celle-ci peut prendre fin à tout moment car dans l’ombre, le mal attend son heure avec patience…
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This story begins in 1131 of the Dragon Age. The land is divided into several kingdoms. Our protagonist is in that of Merridania, a territory bordering the sea of the crossroads of worlds and led by King Fargrest III. Its capital is Willow Creek and is located a little further inland.
Alia Tolcreen, our heroine, is a renegade witch. Indeed, magic is governed by a consortium called the assembly of magicians. All newborns must be recorded in the birth register and must be tested by midwives with supervisory skills. These, thanks to a magic object called "Revalus", are obliged to perform a ritual in order to determine if the child is a carrier of magic gifts. If he has one, at the age of 8, he will be removed from his family and led to a "Tour des mages". This action teaches the child to control his powers and thus no longer be a danger to himself or others. In other words, these so-called "privileged" people will remain enclosed within these walls and will never see their loved ones again.
The Towers, because there are some in each kingdom, are governed by magicians called "High Priest". They are elected through their experience and wisdom. High Priest Wilfeust is the one who heads the Tower of the Kingdom of Merridania and sits as an advisor to King Fargrest III. Indeed, magic plays a major role in the political ideals of the territory. On the other hand, Verden, head of the Framework's organization, remains. It is a company whose goal is to protect the territory. These subjects are mutants. Humans modified to become super soldiers. They are chosen from an early age in orphanages and must prove their value by performing a probability of death test. Indeed, three out of ten innocent people survive. The unfortunate people who do not tolerate the transformation potion die in excruciating suffering. Being without a family, their disappearance is lived in total indifference and they become forgotten. Over the years, this war enterprise has become so closely involved in the political affairs of the kingdom that it has become an important actor in the choices of the monarchs.
There is an animosity between the magicians and the agents of the executive. Indeed, the role of super soldiers is also to hunt down renegade wizards and imprison them. Many magicians died during these wild hunts, which further fuelled this antipathy.
The most predominant race is the human race. As elves and dwarves become rarer and rarer, it is difficult to get to know them. The albas are the opposite of the elves and cohabit with the orcs in the gloomy lands of Sombrella. These black elves, being more evolved than their neighbor, have fought wars in the land of men. The most famous and devastating was the thousand year old one led by Soval the shadow warrior. There were thousands of deaths, but in the middle of this mass grave, a group of warriors with valiant hearts tipped the scales in favour of good. At its head, Crown Prince Van Hiliest, his beloved Némora the albes, dwarf geologist Broëndil, woodland elf Aendel and magician Lanfeust.
According to legend, the prince won the battle against the tyrant but was seriously wounded. It is said that his love took the opportunity to assassinate the monarch in order to establish his right to the power of the Albanian and Orkish armies. The war being over, the creatures of evil were exiled to the lands at the end of the world, those from which they never return, with Nemora the traitor at its head.
Our adventure begins in Windenburg. The people and Alia live in the carelessness of the past. But like any era of peace, it can end at any time because in the shadows, evil waits patiently for its time....
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J’ai retravaillé l’introduction afin d’avoir une suite logique à l’histoire et vous apporter les informations que vous auriez besoin. Bonne lecture à tous et au plaisir de vous retrouver!
I reworked the introduction to have a logical continuation to the story and provide you with the information you would need. Have a good reading and we look forward to seeing you again!
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Afrique-Israël : au Cameroun, Eran Moas, un « consultant » très spécial
« Israël Connection » (2/4). Il n’apparaît sur aucun organigramme officiel, mais au Cameroun, nul n’ignore qu’il est la pierre angulaire d’un système israélien qu’il a contribué à implanter, de la colline d’Etoudi à la marina de Kribi. Portrait d’un homme aux réseaux tentaculaires.
L’alcool coule à flots. Derrière le bar qui longe le restaurant, un professionnel des cocktails manie ses shakers avec virtuosité, attirant les regards. Quelques bouteilles d’un alcool plus fort attendent leur nouveau propriétaire dans un sceau rempli de glaçons qui ne tarderont pas à fondre. Ce soir, pour les clients privilégiés (et fortunés) du Famous, le restaurant-cabaret le plus branché de Yaoundé, la nuit camerounaise tient ses promesses. Elle a la couleur ambrée du whisky et la saveur pétillante du champagne. Au cœur du quartier Bastos, l’adresse est devenue incontournable. Samuel Eto’o y a récemment passé la soirée avec le patron de la Fifa, Gianni Infantino. Les artistes Charlotte Dipanda et Lady Ponce s’y sont produites, comme Maître Gims ou Wes Madiko.
Au milieu des stars africaines et internationales, un homme y a également ses habitudes : Eran Moas. Le visage du conseiller du Bataillon d’intervention rapide (BIR, forces spéciales camerounaises) est bien connu des plus assidus. Le 3 novembre de cette année, il est même fort possible que l’Israélien vienne y célébrer son 45e anniversaire, entouré de ses plus proches amis. Son 23e fêté sur les terres camerounaises. Dans l’ambiance festive, l’homme de l’ombre des troupes d’élites de Paul Biya ne semble pas cultiver le secret. Il est comme chez lui. Et pour cause : c’est le cas. Décrit comme « le club des Israéliens » dans les hautes sphères de Yaoundé, le Famous est géré par la société Danaet. Son propriétaire n’est pas renseigné au registre du commerce, mais Moas en est l’un des principaux
De Kinshasa à Yaoundé
Selon plusieurs de ses fréquentations, le conseiller du BIR gère (ou a géré) la participation de la communauté israélienne au Cameroun dans de nombreuses autres sociétés, comme MegaHertz et Ringo (deux sociétés de communication), le café-restaurant l’Espresso House, ou le Safari Club, devenu depuis moins d’un an le Trust Club.
Comment a-t-il acquis ce rôle central ? Flashback. Fraîchement sorti d’un service militaire obligatoire en Israël, Eran Moas débarque au Cameroun en 1998. Il a à peine 22 ans. Technicien en communications, il est alors employé par la société Tadiran, l’un des fleurons israéliens des technologies de surveillance et de radars. À l’époque, les relations entre Yaoundé et Tel-Aviv sont déjà au beau fixe. Depuis 1984 et le coup d’État qui a failli le renverser, Paul Biya fait confiance aux Israéliens pour réformer son système sécuritaire. Il souhaite s’affranchir des Français, trop proches, selon lui, de son prédécesseur, Ahmadou Ahidjo. Son voisin congolais, Mobutu Sese Seko, lui présente un homme, Meir Meyuhas. Ce juif égyptien connaît parfaitement l’Afrique centrale. Ancien espion au service de l’armée israélienne (infiltré en Égypte dans les années 1950, il y sera arrêté et emprisonné), il fréquente déjà les cercles du pouvoir mobutiste à Kinshasa au début des années 1970. Lorsque le Zaïre rompt ses relations avec Israël à la suite de la guerre du Kippour en 1973, c’est lui qui en informe le premier l’ambassadeur de l’État hébreu en Égypte, un de ses proches. Et, en 1982, alors qu’il a contribué à la formation de la garde rapprochée du leader zaïrois, c’est encore lui qui est à la manœuvre pour favoriser le rétablissement des relations entre les deux pays, servant d’intermédiaire entre Mobutu, le Premier ministre Ariel Sharon et le ministre de la Défense Shimon Peres.
Meir Meyuhas saute sur l’occasion pour se rapprocher de Paul Biya. À Yaoundé, où il a ses habitudes à l’hôtel du Mont Febe – la suite 802 devenant son quartier général –, il fait venir son compatriote Avi Sivan. D’abord nommé attaché de défense à l’ambassade israélienne, ce dernier se retrouve rapidement chargé de réformer la garde présidentielle, jusqu’ici sous influence française. Sivan apporte son savoir-faire. Il est l’un des cofondateurs de l’une des unités les plus célèbres d’Israël, la 217. Corps d’élite – initialement composé de Druzes et formé en particulier à l’infiltration dans les zones palestiniennes –, celle-ci est surnommée « Duvdevan », cerise en hébreu, car elle est réputée être la seule à pouvoir s’enorgueillir de se trouver sur le gâteau.
Les années fastes La méthode Sivan bénéficie des atouts de Meyuhas. L’ancien espion dispose en effet de sociétés privées et d’une licence exclusive d’exportation d’équipements militaires délivrée par le ministère israélien de la Défense pour services rendus. Affaibli par la première guerre du Liban de 1982, Tel-Aviv a lancé une privatisation de son secteur de défense et favorise à tout va la création d’entreprises d’armement à la tête desquelles elle place des anciens de Tsahal, son armée. En d’autres termes, l’époque est florissante pour qui souhaite se lancer dans les affaires sécuritaires, notamment en Afrique centrale. Après la garde présidentielle, le colonel Avi Sivan s’attaque à la formation du Bataillon léger d’infanterie, qui deviendra par la suite le Bataillon d’intervention rapide (BIR).
Des primates et des entreprises
L’Israélien apprend rapidement le français, épouse une Camerounaise, Lucie, et trouve sa place au cœur de l’Afrique centrale, dans les collines de Yaoundé. Impliqué, selon un proche, « dans la vie sociale et associative camerounaise », il finance notamment Ape Action Africa (AAA, ONG fondée par Avi Sivan en 1996), où travaille l’un de ses anciens proches camarades de service militaire, Ofir Drori. À ses interlocuteurs, Moas ne manque d’ailleurs pas de montrer des clichés d’un chimpanzé recueilli dans le parc de la Mefou (Centre) et baptisé Eran en son honneur. Il possède en outre au moins trois ou quatre villas à Yaoundé, ainsi qu’une autre à Douala, sans compter les résidences de luxe qu’il a pu acquérir aux États-Unis, notamment dans la région de Los Angeles.
À LIRE Cameroun : Paul Biya sous protection israélienne S’il rencontre plusieurs fois par an le chef de l’État, c’est en revanche un autre Israélien, le général de brigade Baruch Mena, qui est chargé des questions militaires liées au BIR. Selon plusieurs sources, Moas garde en revanche la main sur les aspects économiques, comme les contrats de fourniture en équipements, et sur la relation stratégique avec le secrétariat général de la présidence, occupé depuis 2011 par Ferdinand Ngoh Ngoh. Les deux hommes – et leurs épouses – se connaissent très bien. Depuis des années, ils ont pris l’habitude de voyager ensemble et de se retrouver à Kribi, où Moas a conservé l’ancien bateau d’Avi Sivan, un puissant quatre moteurs idéal pour la pêche au large. De quoi discutent le décisionnaire de la présidence et l’entreprenant Israélien sur les flots de l’Atlantique ?
Selon des documents en possession de Jeune Afrique, deux entreprises liées à Eran Moas, les dénommées PortSec SA (enregistrée au Panama) et Tandyl Developement, ont bénéficié ces dernières années d’actes signés ou initiés par le secrétariat général de Ferdinand Ngoh Ngoh, en l’occurrence un décret d’expropriation forcée dans le cadre d’un projet immobilier à Yaoundé, et un contrat de sécurisation passé de gré à gré pour le port autonome de Douala. Contacté par nos soins le 6 octobre, Eran Moas n’a pas souhaité répondre à l’auteur de ces lignes. Son nom ne figurant sur aucun organigramme du BIR, il se présente aujourd’hui auprès de certains de ses interlocuteurs les moins informés comme un « consultant » et un « entrepreneur indépendant ». Une vérité bien incomplète.
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Chap 8
Lorsque, dans un hurlement, il abattit sa hache en pierre sur le marbre déjà abîmé, créant une fissure que j’évitai en plongeant sur le côté, le chao et les hurlements redoublèrent.
Des déchets de pierre et des relents de fumées me brouillèrent la vue, mais, toussotant, je me relevai immédiatement. Je m’élançais vers le titant, et celui-ci poussa un hurlement, lorsqu’il y tomber sa hache de deux mètres à mes pieds.
Ils étaient puissants, mais leurs lourds gabari les empêchaient des mouvements fluides. J’évitai sa hache, et, d’un moulinet, fauchait les genoux du titan. Celui-ci ne fut aucun mouvement, les yeux rivés sur moi, et je cru distinguer l’ombre d’un sourire sur ses lèvres en pierre. Il leva les bras, un d’un mouvement qui lui sembla presque insignifiant, me porta un coup de poings qui m’envoya une quinzaine de mètres plus loin.
Je m’effondrai, le souffle coupé par la chute, un goût de sans dans la bouche. Les yeux plissés, j’aperçus le titan faire Un bonds qui l’élaça jusqu’à moi, et m’aurait broyé le corps si je n’avais pas roulé sur le côté.
Me relevant difficilement, je cherchai mon katana des yeux. Le titan leva le pied, et observa le marbre brisé sous-celui, à la recherche de mon corps broyé. Il leva des yeux rubis, et son regard se broya immédiatement sur moi.
Toussotant, je chancelai, et grognai lorsque j’aperçus mon katana, quelques mètres plus loin, à terre, et dans le dos du titan.
Je levai de nouveau les yeux vers lui, mais son attention s’était désintéressé de moi. Il fixait un point derrière lui, à quelques pas de mon arme. J’eu un frisson à l’instant même où je distinguai la forme tremblante d’une jeune femme, à terre, et à la merci du monstre qui la surplombait, et levai Déjà son poing pour l’écrabouiller.
Sans réfléchir, je fondis sur lui, me baisser en glissant entre ses jambes suffisamment hautes, saisis mon katana, et bloquai son bras de pierre avec ma lame. Je tressaillis lorsque sa force s’abattit sur mon arme. Mes deux mains, saignant contre la lame tranchante de mon katana que le monstre tentait de faire plier, je criai.
« Dégage ! » Hurlais-je à la fille, accroupie et effrayée derrière moi.
Sans demander son reste, elle se releva en chancelant et se mêla à la foule qui s’elanci vers la sortie. Tremblante, je grimacai, lorsque le titan força un peu plus sur la lame, qui se trouvait désormais juste devant mes yeux, me faisant plier. Si je ne me sortais pas immédiatement de cet affrontement, je me ferais découper par mon katana.
Cependant, je ne serai jamais assez rapide pour éviter son poings de pierre.
Le front transpirant, je fis un peu plus pression sur ma lame, mais cela ne le fit même pas bouger d’un millimètre. Il accentua la pression sur mon arme, et lorsque je me cru perdue, le titan fut envoyé contre contre le mur, à ma droite. Il s’abattit contre le mur dans un bruit sourd, créant un trou géant dans la paroi.
Reprenant mon souffle, je tournai la tête, à la recherche de la force mystérieusement puissante, qui avait envoyé le titan s’écraser contre un mur. Les yeux, à travers le chaos, rencontrèrent ceux d’Asteria Vale. Essoufflée, ses paumes étaient encore pointées vers le titan, engouffré dans le trou que son corps avait creusé. Elle dégageait une énergie puissante, et malgré les aspects horrifiants que l’on m’avait toujours dépeint sur la magie, je hochai la tête.
« Merci. »
Elle baissa les bras, ses yeux, devenus bleus sous l’effet de la magie qu’elle utilisait, contrastant avec sa peau sombre.
« Á charge de revanche. Tu viens de sauver ma sœur. » Dit-elle, et lorsque le titan de pierre poussa un nouvel hurlement, s’extirpant de son trou, je me mis sur les gardes.
Je parcourut la salle du regard, à la recherche de Mariko. Les invités tentaient toujours de se ruer vers la porte, et les gardes ainsi que certains membres aristocrates tentaient d’affronter les titans.
Des corps ensanglantés jonchaient le sol, et ma cousine était toujours introuvable.
Le titan de pierre, dans un hurlement, atterri à quelques pas d’Asteria, et celle-ci chancela. Il leva sa hache, et elle tendit de nouveau la main vers lui. Le monstre plissa les yeux, son bras trembla, ralentit, mais continuait de s’abattre sur la jeune femme. Asteria tressaillait également, et malgré la puissance dont elle faisait preuve, je savais pertinemment qu’elle ne pourrait pas le contrôler longtemps.
Je fis un pas en avant. Mon arme ne me servirait à rien, j’avais déjà embrocher le monstre plusieurs sans que cela ne semble même affecter ses mouvements. Pourtant, dans une ultime tentative, voyant le titan se saisir du cou frêle d’Asteria, je me jetai sur lui. Il se tourna vers moi, et mon katana se planta dans son œil. Il hurla, et je tournai d’avantage mon arme dans son orbite.
Il plaqua sa main contre son œil, lorsque je retirai mon katana, et sa peau de pierre reprit une texture normale. Rapidement, j’attrapai Asteria, évanouie, m’extirpant de la poungne du géant, qui se tordait de douleur. Le front perlé de sueurs, je passai une main sur son cou, à la recherche d’un poul.
Il n’y avait strictement rien.
Je déglutis, le souffle me manquait. Je tentai un massage cardiaque, lorsqu’un homme, grand et blond, dont le visage était recouvert de suie et de sang, s’accroupie auprès de l’héritière de la maison Vale. Son regard brun brillait d’une peur sans nom, et d’un mouvement brusque, il chassa ma main.
« Je m’en occupe. » Dit-il, et je hochai la tête.
Je me relevai.
Le chaos faisait toujours rage, et, à court d’arme, j’empoignais les couteaux se trouvant dans chacune de mes bottes.
Il restait une demi douzaine de chimères gigantesque, et presque une dizaine inquiétante de titans broyant corps et âmes. Du coin de l’œil, j’aperçus un titan s’effondrer, le visage crispé en une expression de pur effroi, et lorsqu’il s’écroula à terre, un homme brun, au regard de glace aussi froid que le cœur du titan qu’il venait d’achever, extirpa une lame gigantesque du corps inerte. Ses yeux rencontrèrent brièvement les miens, mais, ne s’attardant pas, il fondit sur un second titan, dont la lame lamina le corps si rapidement de part en part que j’eu du mal à l’apercevoir, alors même que je venais d’observer la scène.
Le sang éclaboussait son visage, et il semblait tuer aussi aisément qu’il lui était possible de marcher. Lorsqu’il enfonça un peu plus sa lame dans le cou du titan, avec une force si violente que cela me parut démesuré, je reconnu le blason tatoué sur sa nuque, et je compris immédiatement.
Il s’agissait de Taren Von Andreï ; la machine de guerre qui faisait la fierté de son clan.
Je détournai les yeux du spectacle. Malgré cela, il restait tout de même huit titans.
Les mains serrés autour de mes dagues de fortunes, je m’élançai au milieu des chimères. Je fauchai les jambes de l’une, qui rugit, crachant un feu bleuté que j’esquivai en me reculant derrière une colonne de marbre.
Je m’extirpai immédiatement, fondis sur elle, gisant à terre, et plantai mes dagues dans les flancs de là créatures. Elle hurla, et lorsqu’une seconde chimère volante, ses ailes détruisant le restant de plafond, rugit dans mon dos, je lançai mes dagues en visant ses yeux. Elles attinrent leurs cibles, et elle s’effondra à terre.
Je cherchai une nouvelle arme de fortune, lorsqu’une masse vint s’écraser contre mon visage. Je sentis l’os de mon nez se briser, et lorsque mes genoux flanchèrent sous la douleur, des mains empoignèrent mes cheveux. Je gémis, lorsque l’on me traîna au milieu du chaos.
Mes pieds rasaient le sol, et je tentai rageusement de frapper la main qui m’éloignait. Celles-ci me jetèrent au devant, et je m’écrouler. Un homme gigantesque, à la peau calleuse, semblable à celle d’une écorce, m’adressa un sourire froid.
« Toi. » Dit-il, et sa voix rauque fit vibrer la salle. « Tu viens avec nous. »
Du sang humain coula sur son visage, mais il ne parut pas s’en rendre compte. Il se tourna vers le feu, au même instant, je distinguai une lame brisée en deux, à quelques centimètres de mois. Alors, il rugit.
« Hommes. » hurla-t-il, « Souvenez-vous de ce jour où les dieux vous ont abandonné. Ou la peur vous a étreint, lorsque nous avons tué vos femmes et enfants. Ou vos vies vous ont été enlevées. »
Je tressaillis.
« La mort nous a accompagné tout au long de notre voyage, et nous vous l’amenons aujourd’hui, au nom de notre roi, celui que vous avez banni à l’aide abjecte de vos dieux disparus. »
Il rit. Il s’agissait d’un rire foncièrement malsain, et je rampai sur le côté, jusqu’au couteau.
« Ou crois-tu aller ? » Murmure-t-il, et, lorsque sa main aggripe mon dos, je saisis la dague, et la plante de toute mes forces dans ses phalanges.
Il crit, son cœur au bout des lèvres.
« Sale garce ! »Gémis-t-il, et souriante, je lève mon majeure, me relevant prestement en courant.
Cependant, le géant en a décidé autrement, et de sa pig’e de fer, il s’empare de nouveau de mes cheveux. Je hurle, cris, plante ma dague dans sa peau un nombre incalculable de fois, mais il ne le remarque même pas. Du coin de l’œil, je les vois les autres Titans cesser de ses battre, certains tiennent des corps mutilés dans leurs mains, et les jettent à terre, comme s’il s’agissait de chiffons.
Je redouble d’effort, mais je parviens pas à me libérer. Il me semble, à un moment, entendre mon nom dans un hurlement, et lorsque je tourne les yeux, Mariko est là, essoufflée et acourant entre les cadavres. Elle hurle mon nom, tends la main vers moi, mais nous sommes bien trop loin d’une de l’autre pour que je n’ose même saisir sa paume. Je secoue la tête. Du coin de l’œil, je peux apercevoir les titans se regrouper au centre de la salle, devant le feu d’où ils sont sortis, au milieu du chaos et de l’enfer.
Celui qui me tient continue de me traîner, et Mariko hurle encore. Je me débat, je me débat de toute mes force. Lorsque je me heurte à un cadavre, je profite du ralentissement dans progression, pour planter le couteau dans le sol.Celle-ci se fissure, et la lame s’enfonce à moitié dans la pierre. Je m’accroche au manche de celle-ci, qui fait ralentir ma progression. Le monstre ne paraît pas se rendre compte qu’il est ralentit par le marbre qui se soulève derrière lui, mais cela laisse suffisamment de temps à Mariko pour nous rattraper, et, dégainant son sabre, à faucher la main de mon bourreau.
Je vois celle-ci, dont les articulations continuent de gesticuler, tomber dans une marre de sang. Ma cousine accourez derrière moi, me prenant par les épaules. J’observe attentivement son visage, à la recherche du moindre signe qui trahirait une quelconque blessure, mais je ne vis rien.
« Est-ce que ça va ?
— Aussi bien que lors d’un apocalypse. »
Je ne ris pas, et lorsque j’entends des bruits sourds, dans mon dos, je grogne. Mariko lève les yeux, fixe un point derrière moi, et étouffe un cri tremblant. Lorsque je vois l’ombre d’une paume gigantesque planée au-dessus de nous, j’écarquille les yeux, et n’ai pas le temps d’esquisser le moindre geste, car Mariko me bouscule, m’envoyant sur le côté. Je gémis, roule et m’affale contre un mur. Lorsque je me redresse, je la vois, elle, aux mains répugnantes du géant.
Je hurle, horrifiée. Elle ne peut pas avoir fait cela.
« Mariko ! » Criais-je, et, ignorant la douleur dans mes côtes, je me lance à leur poursuite.
Cependant, ils sont déjà bien trop loin, et derrière eux, je vois les huit autres titans se jeter dans le mystérieux feu, qui, au fur et à mesure du temps, diminue un peu plus.
« Mariko ! » Je tends la main, mais il reste encore une demi-dizaine de mette entre nous. Je peux voir les larmes dans ses yeux, et cela me brise le coeur. Elle tendit les paumes vers moi. Je la vis lutter afin de se défaire de la poigne du monstre.
Je courrai comme une dératée, je jurai pour que l’on ne m’enlève l’unique personne qui n’air jamais compté pour moi.
Lorsque le titan amorça un pied dans le feu, mon coeur de glaça. J’étais proche. J’étais si proche. Je tendis la main un peu plus loin, juste un peu plus. Alors, lorsque les doigts de la cousine frôlèrent les miens, je hurlai, et, dans une ultime poussée, tentai de la saisir.
Je ne le fis jamais.
Mariko, dans la poigne du monstre, s’évanouit dans les flammes en même que celui-ci, et lorsque le feu, juste après le passage, ne devint que cendre et fumée, j’ecarquillai les yeux.
Le silence emplit la salle.
Je fixai le mur, là où les braises se tenaient quelques secondes plus tôt. Là où ma cousine venait d’être emportée.
J’ouvris la bouche. Mes mains tremblantes, incrédules, se posèrent sur le mur brûlant.
Non. Non ! Cela n’avait pas pu se passer ainsi. C’était impossible.
Pourtant, lorsque je saisis la pierre autour de mon cou, elle était froide, et Mariko avait disparue.
Dans les cendres et dans le sang, je hurlai.
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Une belle sélection de jeux vidéo vous est proposée pour ce mois d’octobre 2017
Vous vous ennuyez et avez envie de vous divertir avec des jeux vidéo sympas ? Ça tombe bien, car justement, il y a pas mal de belles licences qui ont débarqué en ce mois d’octobre comme Forza Motorsport 7 ou encore La Terre du Milieu : l’Ombre de la Guerre. Profitez-en ! D’autres sont en approche et devraient atterrir sur les PC et consoles sous peu, alors ne les manquez pas !
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Puis la lumière fut.
Cette lumière c’est notre espérance.
Mais cela ne veut pas dire que tout fut éclairé sur la terre.
Simplement, au milieu des ténèbres, nous pouvions désormais apercevoir la lumière de Dieu.
Et qu’est-ce que cela nous enseigne ?
Tous ces cris sur la terre, ces larmes, ses guerres, ses injustices… elles sont le fruits du diable et des conséquences de notre comportement de pécheur.
(Jésus est venu) Pour éclairer ceux qui sont assis dans les ténèbres et dans l’ombre de la mort, Pour diriger nos pas dans le chemin de la paix. Luc 1v79
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SAURON VS. MORGOTH : QUI EST LE PLUS PUISSANT DES MÉCHANTS DU SEIGNEUR DES ANNEAUX ?
Sauron n’était pas le premier Seigneur des Ténèbres dans la mythologie de Tolkien. Avant Le Seigneur des Anneaux, un autre méchant a cherché à imposer sa suprématie sur la Terre du Milieu.
Morgoth et Sauron - Le Seigneur des Anneaux
Le seigneur des ténèbres Morgoth était autrefois le maître de Sauron, mais qui était le plus puissant des deux ? Bien que Sauron soit l’ennemi juré du Seigneur des Anneaux, forçant les héros de la Terre du Milieu à détruire l’Anneau Unique et à affronter ses armées à de nombreuses reprises, Sauron était autrefois lié à un maître avant de devenir le méchant épique de la trilogie Tolkien. Et si Sauron et Morgoth avaient des ambitions similaires, il existe des différences importantes entre les deux, et notamment qui était le plus puissant durant leurs règnes.
MORGOTH, L’OMBRE DE LA TERREUR
Autrefois connu sous le nom de Melkor, Morgoth est le principal méchant de la vaste légende de Tolkien sur la Terre du Milieu, présentée dans Le Silmarillion et L’Histoire de la Terre du Milieu. Cherchant à contrôler Arda (le monde) et Valinor (les Terres Immortelles, où les Elfes et éventuellement les Porteurs de l’Anneau pourraient vivre dans une paix éternelle), Morgoth a exercé son influence en tant que premier et plus fort des Valars pour corrompre le monde et le plier à sa volonté. En tant que Melkor, il était considéré comme un homme politique resplendissant, noble, doué et au charme irrésistible. En tant que Morgoth, alors que sa corruption s’étendait à travers le monde, ses proportions ont changé, il était devenu une présence constante et menaçante : incroyablement grand et entouré d’une aura sombre. Dans l’œuvre de Tolkien, peu de personnages ou de créatures ont été assez courageux pour le défier.
SAURON, LE SERVITEUR DE MORGOTH
Sauron – Le Seigneur des Anneaux © Warner Bros.
D’un autre côté, Sauron a grandi dans l’ombre de son maître, son ambition s’élevant à la hauteur de celle de Morgoth. Avant d’être Sauron, il était connu sous le nom de Mairon, l’un des plus puissants des Maiar qui servaient les Valar. Lorsque les Valar ont finalement évincé Morgoth lors de la Guerre de la Grande Colère à la fin du Premier Âge, Sauron est devenu le deuxième Seigneur des Ténèbres à terroriser la Terre du Milieu. Sauron avait l’intention d’utiliser à la fois la ruse et une puissance écrasante pour mettre la Terre du Milieu à genoux, sa principale stratégie étant de contrôler les anneaux de pouvoir par le biais de l’Anneau Unique. Morgoth et Sauron ont tous deux réussi à infliger des dommages considérables au monde et à leurs ennemis avant leur chute, mais Morgoth était sans aucun doute le plus puissant des deux, et trois raisons particulières expliquent pourquoi.
VALAR ET MAIA : QUELLE EST LA DIFFÉRENCE ?
Les Valar étaient connus comme les Puissances d’Arda. Conçus par Ilúvatar, l’être suprême qui a créé le monde, les Valar avaient pour mission de façonner et de diriger le monde. Melkor était le premier et le plus fort des Valar, mais sa vision de ce que devait être Arda était trop différente de celle d’Ilúvatar, contraignants les autres Valar à combattre son mal. Les pouvoirs des Valar sont mystérieux et diffèrent pour chaque Valar. Manwë pouvait contrôler les vents d’Arda, et Ulmo contrôlait les eaux. Les capacités de Morgoth, avant sa chute, comprenaient le pouvoir de maudire ceux qui s’opposaient à lui, la capacité de changer de forme et de tromper ses ennemis, une grande force physique et la pyrokinésie, entre autres. Sa simple présence suffisait à corrompre ce qui l’entourait.
Les Maiar, quant à eux, ont été créés par Ilúvatar pour aider les Valar à façonner le monde. Chacun des Maiar a été assigné à un ou plusieurs Valar, en fonction de ses caractéristiques, leurs pouvoirs reflètent ceux de leurs maîtres. Leurs capacités générales sont assez similaires à celles des Valar, à l’image du pouvoir de transformation, l’immortalité et le pouvoir d’améliorer le monde qui les entoure comme le font leurs maîtres. Bien qu’ils soient des êtres très puissants, les Maiar sont inférieurs aux Valar parce qu’ils ont été créés pour les servir. Sauron n’est pas le seul Maiar connu dans la Terre du Milieu. Avant d’être connu en Terre du Milieu sous le nom de Gandalf, il était Olórin, tout comme Saroumane était autrefois le Maia connu sous le nom de Curumo et Radagast était autrefois connu sous le nom d’Aiwendil.
MORGOTH, L’OMBRE DE LA TERREUR
Sauron – Le Seigneur des Anneaux © Warner Bros.
MORGORTH OU SAURON : QUI EST LE PLUS MALIN ?
Melkor s’est constamment battu contre ses compagnons Valar, qui luttaient contre sa vision chaotique du monde. Il parvint à détruire les deux Grandes Lampes, qui plongèrent le monde dans l’obscurité et permirent à sa corruption de se répandre. La destruction des lampes a conduit les Valar à construire Valinor, ce qui a permis à Melkor de régner presque librement sur toute la Terre du Milieu. Il eut ainsi le temps de laisser le continent sombrer dans les ténèbres, le remplissant de créatures et assurant la pourriture partout. Sauron, avec son pouvoir considérable, fut installé dans la forteresse d’Angband à cette époque et veilla à ce que le mal de Morgoth se poursuive même après qu’il ait été capturé par les Valar et ramené à Valinor. Morgoth, aussi rusé soit-il, parvint à convaincre les Valar de son innocence après des années passées en captivité, ce qui entraîna la corruption des Elfes, point de départ du plan de Morgoth visant à amasser une armée et à monter les races de la Terre du Milieu les unes contre les autres.
Seigneur des Anneaux – Les Neuf © Warner Bros.
Sauron était évidemment extrêmement rusé. Il utilisa ses capacités de métamorphose pour tromper les Elfes et les amener à forger les Anneaux de Pouvoir au cours du Second Age. Sauron prévoyait d’utiliser ces anneaux de pouvoir pour dominer les Elfes restants de la Terre du Milieu, qu’il considérait comme son plus grand ennemi. C’est pourquoi il a forgé l’Anneau Unique en secret dans les feux de la Montagne du Destin, en lui insufflant une partie de son âme pour le rendre suffisamment puissant pour contrôler les autres anneaux. Toutefois, à son insu, les Elfes se rendirent compte de sa présence dès qu’il eut revêtu l’Anneau Unique. Furieux, il fit la guerre aux Elfes, exigeant que les anneaux de pouvoir lui soient rendus. Bien que les Elfes parvinrent à cacher les trois plus grands et à en transmettre un aux Nains, Sauron parvint à trouver les quinze autres et à les transmettre à ceux qu’il pensait pouvoir contrôler. Neuf furent donnés aux Hommes, qui tombèrent facilement sous son emprise et devinrent les Spectres de l’Anneau, il en donna six aux Seigneurs Nains, qui devinrent d’une richesse inimaginable mais ne tombèrent jamais vraiment sous les désirs du Seigneur des Ténèbres. Son plan initial avait été contrecarré, en imprégnant l’Anneau Unique d’une partie substantielle de son âme, il donna aux héros de la Terre du Milieu un moyen de le vaincre une fois pour toutes.
Morgoth était plus rusé, son règne et sa terreur ont duré un temps insondable, et sa corruption s’est répandue plus loin que Sauron n’a jamais pu le faire. On pourrait toutefois arguer que, sur le plan émotionnel et peut-être politique, Sauron était autrefois supérieur à Morgoth. Morgoth est devenu esclave de sa soif maléfique et ne cherchait qu’à écraser ses ennemis et à détruire tout ce qui était bon dans le monde. Sauron, au début, n’était pas intéressé par la dévastation totale. Il voulait dominer la Terre du Milieu en manipulant ses habitants. Bien que les pouvoirs et la ruse de Morgoth lui aient permis de remporter plus de succès au fil du temps, la force de Sauron résidait dans son ambition générale de dominer.
QUI DE MORGOTH OU SAURON AVAIT LA PLUS GRANDE ARMÉE ?
Seigneur des Anneaux © Warner Bros.
Une fois encore, c’est Morgoth qui l’emporte à cet égard. Bien que les armées de Sauron ont dépassé l’entendement, leurs rangs remplis d’Orcs, d’Uruk-hai, de Trolls et de Nazgûl montés sur des coursiers ailés, Sauron ne disposait pas d’autres créatures assez puissantes pour facilement renverser le cours des évènements durant la Guerre de l’Anneau. Morgoth, le créateur de tout ce qui est maléfique en Terre du Milieu, n’a pas seulement corrompu les Elfes pour les transformer en Orques, il a également créé les dragons, des bêtes puissantes et intelligentes, quasi invulnérables, dotées d’une avidité démesurée. Le plus célèbre des dragons de Tolkien est Smaug, que l’on voit dévaster des villes entières dans Le Hobbit. Morgoth a également créé les Balrogs, apparaissant dans Le Seigneur des Anneaux : La Communauté de l’Anneau. Les Balrogs étaient des Maiar, séduits et corrompus par Morgoth. Ce sont des créatures puissantes, il en a suffi d’un seul pour chasser les Nains de leur demeure à Khazad-dûm, la plus grande et la plus fortifiée des forteresses des Nains. Les Balrogs et les Dragons ne faisaient pas partie de l’armée de Sauron, ils avaient presque tous été chassés de la Terre du Milieu ou détruits lorsqu’il avait repris le pouvoir au Troisième Age, et son armée était donc nettement désavantagée par rapport à celle de Morgoth.
Bien que Sauron soit sans aucun doute un grand et terrible méchant dans Le Seigneur des Anneaux, dans le grand schéma d’Arda et de la Terre du Milieu, il est loin d’égaler la puissance de Morgoth. Le règne et la terreur imposé par Morgoth sur la Terre du Milieu ont permis à Sauron d’accéder au pouvoir et de poursuivre ce qui avait déjà été mis en place. il n’existe qu’une infime poignée d’êtres plus puissants que Morgoth dans toute l’histoire de la Terre du Milieu. Sauron, même à son apogée, n’est pas de taille face à Morgoth.
Sauron Vs. Morgoth : Qui Est Le Plus Puissant Des Méchants Du Seigneur Des Anneaux ?
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עומר אדם - ירושלים - Omer Adam - Yerushalayim / Jérusalem (Prod. by Guy Dan)
Traduction
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Quand la voix du Ruah Ha Kodesh se fait entendre, c’est qu’il va se passer quelque chose après. Les prophéties bibliques sont toujours en cours et les actualités ne sont que l’ombre des choses à venir.
“ Oracle, parole de l'Eternel sur Israël. Ainsi parle l'Eternel, qui a étendu les cieux et fondé la terre, Et qui a formé l'esprit de l'homme au dedans de lui: Voici, je ferai de Jérusalem une coupe d'étourdissement Pour tous les peuples d'alentour, Et aussi pour Juda dans le siège de Jérusalem. En ce jour-là, je ferai de Jérusalem une pierre pesante pour tous les peuples ; Tous ceux qui la soulèveront seront meurtris; Et toutes les nations de la terre s'assembleront contre elle. “ (Zacharie 12:1-3)
“ Voici, le jour de l'Eternel arrive, Et tes dépouilles seront partagées au milieu de toi. Je rassemblerai toutes les nations pour qu'elles attaquent Jérusalem; La ville sera prise, les maisons seront pillées, et les femmes violées; La moitié de la ville ira en captivité, Mais le reste du peuple ne sera pas exterminé de la ville. “ (Zacharie 14:1-2)
“ Lorsque vous verrez Jérusalem investie par des armées, sachez alors que sa désolation est proche. “ (Luc 21:20)
Les nations musulmanes veulent organiser une réunion d'urgence pour condamner Israël New-York: Des milliers de militants pro-palestiniens rassemblés dans le centre-ville contre Israël "Le manque de soutien à Israël conduit à de nouvelles attaques contre nos alliés" (D. Trump) Afrique du Sud: manifestations de soutien aux Palestiniens Escalade de la violence entre Israël et le Hamas : l’ONU craint "une guerre à grande échelle" Tensions Israël/Palestine : la France appelle les États-Unis à s'impliquer Proche-Orient. Le conflit s’intensifie entre Israël et le Hamas, le Jihad islamique s’en mêle Conflits en Israël : des sportifs arabes et musulmans expriment leur soutien aux Palestiniens Tensions entre Israël et Palestine : plus de 1000 roquettes tirées depuis Gaza, l’ONU se réunit en urgence Tension à Jérusalem : L’Onu met en garde Israël L’OCI (Organisation de la Coopération Islamique) condamne Israël « dans les termes les plus forts » Erdogan veut donner une « leçon forte et dissuasive » à Israël (Anglais) R. Rivlin exhorte les dirigeants du monde entier à condamner le terrorisme soutenu par l'Iran
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Préface, Les aveux de Saint Augustin, nouvelle traduction des Confessions par Frédéric Boyer, éd. P.O.L. , 2013.
P17 La vérité est dans un livre que l’on ramasse et que l’on ouvre.
P18 Il tient à raconter que le plus urgent, pour une vie, c’est de changer.
P18 Si la définition du créateur par Gertrude Stein, bien des siècles plus tard, est vraie : “Un créateur vit bien avant les autres dans le temps présent”, elle s’applique parfaitement à Augustin.
P19 Augustin s’adressera à Dieu pour dire : mon voyage c’est retourner à toi, en toi, vers toi. Il ne s’agit pas tant de raconter sa vie que d’inaugurer sa nouvelle vie dans l’écriture, dans la fiction poétique de récits dont l’acte majeur est de reconfigurer poétiquement sa propre existence.
P23 Il écrira aussi dans sa Cité de Dieu que les sagesses barbares sont “plus proches de nous” que ne le sont parfois les philosophies du monde grec romain.
P24 Que faire de sa vie est la question que se posent les enfants qui ne se voient pas planter des arbres toute leur vie et rêvent de prendre la mer.
Que faire de sa vie est la question de tous ceux qui veulent quitter l’enfance et ne voient pas que c’est l’enfance qui les a quittés.
L’enfance nous quitte mais ne va nulle part, note Augustin. Un jour, dira-t-il, ces enfants devenus grands deviennent pour eux-mêmes “une terre d’embarras, de suées terribles”.
Ils découvrent que la terre qu’ils pensaient avoir quittée un jour c’était eux-mêmes.
P26 L’Empire est mort en découvrant ses frontières (encore aujourd’hui, le propre d’un empire est de faire croire qu’il n’a pas de frontières).
P27 La victoire chrétienne, dans ce monde ouvert à la concurrence spirituelle, n’apportera pas vraiment la tolérance.
P29 ...brillant mercenaire de l’éloquence et qui dresse ses étudiants à la guerre des mots.
P30...du grand bazar des sagesses qu’était devenu ce vieux monde romain déjà divisé, déjà perdu.
P32 Augustin inscrit alors dans la littérature l’exigence de formulation d’une vérité sur soi.
P33 un régime de vérité
P34 extraire l’oeuvre de son langage reçu ...avouer Dieu
P36 Une quinzaine d’années avant sa mort, à partir de 413, Augustin rédige son Tractatus in iohannis evangelium, ses exposés sur l’évangile de Jean. Il y explique paradoxalement que la liberté du sujet humain est de se reconnaître tel pour ne plus l’être. L’aveu de notre bassesse, de notre obscurité, révèle notre désir “d’accepter ce que nous ne sommes pas”.
P36 - 37 Comme l’a très bien montré Dostoïevki, le nihilisme est l’effet d’une trop longue fascination pour l’homme dieu. Le nihilisme est toujours antérieur à l’idée chrétienne du dieu fait homme. D’où cette incompréhension majeure. Si dieu se fait homme, ce n’est pas pour rejoindre l’homme au plus près, mais plus radicalement pour dénoncer l’abandon de l’homme par l’homme. Simone Weil écrira que loin de nous rapprocher de Dieu, l’incarnation nous en éloigne. Pour fraterniser avec ce que nous avons abandonné de nous-mêmes.
P37 Joseph Conrad : “Nul homme ne comprend jamais tout à fait ses propres esquives et russes pour échapper à l’ombre sinistre de la connaissance de soi.
P40 Il a aimé aimer et être aimé, avoue-t-il. Mais sa folle entreprise témoigne qu’il s’est aimé ne pas s’aimer. (° qu’il s’est aimé ne pas aimer, pour le perso de Lucifer).
P41 Pour reprendre la distinction que fera Wittgenstein dans son Tractatus, il y a souvent un contraste total entre ce qu’on peut réussir à dire de soi et ce qu’on est capable de montrer dans et de sa vie. Parce que, expliquera Wittgenstein, “la solution du problème de la vie se remarque à la disparition de ce problème”. Notre vie peut nous paraître étrange, à certains moments, mais plus tard, alors même que nous voulons comprendre ce qu’elle avait d’étrange, non seulement elle ne l’est peut-être plus à nos yeux, mais il nous est impossible d’y retrouver ce qu’elle avait de si singulier et d’extraordinaire pour nous.
P42 Longtemps la personne était un fantasme, un masque. Quelque chose comme la nuit magique des puissances autres. Ni bien ni mal.
P44 “La vie humaine sur la terre est une provocation.” (livre 10) La temptatio latine est ici ce qui nous atteint, nous provoque (maladies, tentations, affects…). Plaisirs innombrables, douleurs, manques, pulsions. Être tenté, c’est être mis au défi, c’est être provoqué.
P45 On a souvent caché la violence inouïe de ces textes. Augustin explique comment “cette pute d’âme humaine” (ses mots) a été arrachée, transformée, retournée. Il s’adresse directement au responsable de ce ravissement, le dieu nouveau, unique et bienveillant, le dieu des psaumes rempli d’amour et de force, maître et seigneur de l’univers, expert en sagesse, surclassant tous les savants et les philosophes. L’immensité du dieu chrétien se découvre alors dans l’intimité obscure d’une parole personnelle qui tient à se rendre publique.
P47 Il entend se racheter, sans doute parce que “seule l’humanité rachetée a droit à la totalité de son passé”, comme l’écrira beaucoup plus tard Walter Benjamin. Et ce rachat équivaut à une libération de soi.
P47 Le royaume est comme ce trou dans la mémoire du monde qui nous fait bâtir en vain des châteaux. Il n’est pas dit non plus que le royaume soit trouvé. Non pas un objet de spéculation mais un objet de désir ou d’espoir déjà là sous nos yeux. Le désir de quelque chose dont on aurait perdu la mémoire puisque cela est si proche de nous. Le territoire du royaume est celui de l’entre-nous, de la communauté de hasard que nous formons réunis. Parmi nous : lieu flou, espace sentimental et politique. “Yhwh au milieu de nous” - c’est la promesse de la première Alliance, celle d’une voix “qui sort de l’obscurité et qui embrase la montagne” (Dt 5, 23)Parce qu’il y a un espace entre nous ouvert par une filiation entre parole, révélation, lumière. Quelque chose d’inachevé, sans frontières fixes, et qui nous abandonne furieux et fascinés, confidents maladroits sinon d’un secret, du moins de l’existence immense d’un secret que nous sommes à nous-mêmes et que nous devons avouer.
P49 Dire quel est le sens, quelle est la direction de ma vie est une tâche insurmontable pour beaucoup. Cette lutte pour avouer les choses invisibles que nous sommes, pour dire le sens, la direction de sa propre existence, pour rendre compte de ses doutes et de ses erreurs, était dure, semée d’embûches, à l’époque d’Augustin Elle l’est encore. Elle le sera toujours.
Et cet effort demeure incompréhensible si nous ne nous rappelons pas que “des hommes à qui le sens de la vie est devenu clair après une longue période de doute n’ont pas pu dire en quoi ce sens consistait” (Wittgenstein, encore lui). Comment dire e qui a bien pu se passer en nous?
P49-50 Déplacements, fables, oublis, remords, ajustements...Il n’y a donc pas de soi sans fiction. Ou plus exactement, nous consacrerons la vérité sur nous-mêmes dans un travail de fiction que nous habillerons d'authenticité et de sincérité.
P51 Au souvenir de qui nous étions, nous voyons souvent apparaître un autre. Nous découvrons que nous sommes faits de plusieurs autres dans le temps.
P51 c’est en parlant de soi qu’il devient soi
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CdV7 – 4. À la découverte d’Ahequet
Sous le quatorzième Aaron… Le Néko amoureux.
La guerre. Ses morts, ses violences, ses cris, ses larmes, ses regrets. L’amour. Ses nouveaux nés, ses douceurs, ses mots doux, ses joies, ses espoirs. Ukas n’avait pas eu à choisir. En tant que Néko, sa place était d’être blotti contre une poitrine, son rôle d’être dorloté et adoré comme normalement seul un Aar’on pouvait aimer ses chatons. Joseph’ine n’était pas un Aar’on, mais du brun, à l’exception de la couleur de cheveux et la virilité, elle avait tout. Le verbe, la passion, l’affection et le Regard.
Alors que des batailles atroces inséminaient du sang de ses martyrs les terres de Marama, et que Vojolakta pleurait la perte d’un blond abusé par le rouge et parti trop tôt des bras de son homme, Ukas aimait et vivait depuis tant de jours qu’il avait arrêté depuis bien longtemps de compter les années. Prisonnier de la Calyp’so, il ne cherchait pas à fuir. La résignation n’y était pour rien dans sa situation. Ses chaînes n’étaient pas faites de fer, mais de passion.
Il l’aimait et il n’y pouvait pas grand-chose. Quand il miaulait, elle lui répondait par des rires. Quand il faisait le pitre, elle l’observait en souriant. Quand il cherchait du réconfort, elle était là, pour lui, sans qu’il ne lui demande rien. La vie, étrange, lui semblait pareille à une existence dont il ne se souvenait pas. Les espèces qui peuplaient le continent Urbis Terae d’Aequet, où il avait trouvé refuge, lui rappelait des temps joyeux où il n’était pas encore lui-même. La vérité ? Il ne cherchait pas à la connaître. Le temps ? Il ne voulait pas le voir passer. Il était bien trop occupé à aimer.
Puis les saisons passèrent, sans que ses sentiments ne s’écorcent. Il était le Néko. Elle était la belle. Ils mangeaient ensemble de la glace à la vanille. L’hiver, ils jouaient ensemble dans la neige. L’été, ils se rafraichissaient l’un et l’autre dans les lacs. L’automne et l’hiver, ils s’aimaient, tout simplement, profitant de la douceur d’une brise et de la quiétude de la solitude. Mais jamais les choses n’allaient trop loin. Justement parce que trop éprise, Joseph’ine n’avait pu se résoudre à commettre ce pour quoi on lui avait conféré son existence. Il était trop chou, trop pur, trop beau et innocent. Et pourtant…
Un matin, à l’ombre d’un érable, une pulsion la traversa. Il somnolait la tête posée sur son ventre. Il était beau. Il n’était pas qu’un Néko. Parfois, sans s’en rendre compte, lorsqu’il dormait après avoir reçu un baiser, Ukas se transformait. Sa fourrure laissa place à une douce peau de bébé. Son museau disparaissait sous les traits enfantins d’un jeune garçon. Seuls ses petites oreilles pointues venaient marquer le haut de sa chevelure dorée et rappeler ce qu’il était. Quand elle le voyait ainsi, Joseph’ine ne pouvait s’empêcher de le désirer. Comme son destin le lui imposait, comme le sang qu’on avait fait couler dans ses veines le lui ordonnait.
Alors, incapable de lutter contre ses sentiments, elle croqua la pomme, au risque de tout chambouler, comme on le lui avait demandé. L’amour était devenu trop fort. Lui se laissa guider, sans même réaliser la forme qu’il avait revêtu. À moitié endormis, complétement passionné, il gémit dans ses bras. Une chaleur folle s’empara de son corps. Lui, le Néko, aimait comme une grande personne.
L’explosion qui suivit dans le ciel, il ne la remarqua même pas. Trop occupé par ses désirs et sa fougue, il ne réalisa même pas qu’il l’avait lui-même causée, par la libération violente de son pouvoir. Il ne regarda même pas se former l’étoile qui en résulta. Ce ne fut que le soir, épuisé mais pourtant comblé, qu’il en aperçu pour la première fois la lueur. Étonné, il miaula, puis sous sa forme garçonne, il quémanda quelques explications :
– Qu’est-ce ? Meow !
– La matérialisation de ton Regard – murmura Joseph’ine, avant qu’une sombre grimace ne s’empare de son visage. Sans doute le plus puissant de tous. Celui que je n’aurais jamais dû déverrouiller... Puisses-tu me pardonner un jour, petit amour…
Extrait du roman « L’étrange errance du chaton au pelage pâle », de G.E.B
*****
Quelques heures après les évènements de Frigg et de Baldr, le Space Force One surfait à toute vitesse sur l’espace-temps en direction du premier des systèmes, Solruben. À son bord, Stin et Ukas s’afféraient au poste de pilotage, s’amusant ici et là de quelques loopings et virages serrés des plus rigolos. Dans la calle, les Chérubs en pleine poursuite de leur mouvement de grève avaient été rejoints par un nouveau membre, bien décidé à bouder. Les bras et jambes croisés et ayant revêtu sa forme Chérubine, Gabri’el préférait regarder le mur en haussant le menton plutôt que de remonter avec les autres. Au plus grand dam du jeune Aar’on qui essayait tant bien que mal de s’excuser et de le convaincre de rejoindre l’aventure.
– Purée, Gabri’el, puisque je te dis que je suis désolé ! Je suis d’accord, je n’aurais pas dû te crier dessus, te traiter d’artiste au rabais, de conseiller foireux et d’arnaqueur de première. J’étais énervé, c’est tout. Tu sais bien que j’accorde une très grande importance à cette quête et que je veux absolument retrouver ce Néko, et ça m’a un peu frustré d’avoir voyagé pour rien. Mais ce n’est pas ta faute, je n’aurais pas dû te dire que j’allais créer une nouvelle taxe sur les œuvres d’art et te foutre la police sexuelle au cul pour te punir. C’était mesquin de ma part. Tu me pardonnes ?
– Geb ! Gaby Geb ! – répondit la peluche vivante, ce qui, en langage Chérub, pouvait signifier de nombreuses choses différentes. Dans le cas présent, la meilleure traduction était encore « Va mourir, je remonterai lorsque tu auras fini de servir de nourritures aux vers et que le dix-neuvième sera aux commandes, sale semi-blond. Et mes copains et moi, on veut une revalorisation salariale. »
La sentence était violente, mais à sa décharge, le pauvre Gabri’el était sincèrement vexé. Comme il l’avait signifié en terminant sa tirade par un timide « Geb » reniflant qui signifiait « Non, parce qu’en plus, maintenant, ça va être ma faute… »
Heureusement, le dix-huitième ne se laissa pas impressionner. Il ne regrettait pas trop ce voyage qui l’avait tant vu grandir, et il savait à qui il devait ses expériences et ses souvenirs, comme cette fois magique où ils avaient pris une glace sur Ris… Certes, avec le recul, les moments héroïques et intenses avaient été assez peu nombreux, mais quand même, ils avaient tous mérités d’être vécus. Et là, avec Stin et Kémi qui s’amusaient en haut à pousser le moteur le plus possible tout en utilisant leurs pouvoirs de distorsion de l’espace et du temps pour faire prendre toujours plus de vitesse au vaisseau uniquement dans le but de voir s’il pouvait voyager assez vite pour traverser une étoile sans avoir le temps de se faire désintégrer, les choses commençaient à devenir sacrément dangereuses. Mais les Nékos étaient bien trop mignon sous leurs formes humanoïdes pour que l’Aar’on ose les gronder et les empêcher de faire leurs bêtises. Élever la voix pour se faire respecter, c’était bien là le rôle de Gabri’el. Donc s’il avait envie de survivre encore quelques siècles, il devenait urgent qu’il se bouge les fesses avant qu’elles ne se retrouvent toutes cramées par un plasma d’hydrogène.
– Gaby Geb ! Geb !
Devant la réponse de son camarade, l’Aar’on glapit d’effroi. De telles revendications, quand même… Il essaya de négocier :
– Et si au lieu de poser à poil pour toi parce que je suis complétement kilianisé et que tu adores dessiner des Kili’ans tout nu, je t’offrais les restes de ma poupée ? Je sais, elle est toute bousillée, mais au moins elle ne te fera pas chier. Non, parce que moi, encore, être nu, j’m’en fiche, ma mèche me permet de m’y accommoder très bien. Mais j’ai pas la patience de rester des heures sans bouger, ça me fait des courbatures et tout, et après, je suis de mauvaise humeur. Et un Aar’on de mauvaise humeur, tu sais bien comme moi que c’est ultra dangereux. En plus, bon, je sais qu’en ce moment, t’es dans ta période expérimentalo-bondage, et ça m’effraie un peu… Franchement, t’imagine la honte, un Aar’on dessiné couvert de chaine et bâillonné au milieu du troupeau de Pleugs ? Oui, je sais, cela serait un énorme progrès pour l’art, mais j’ai aussi un poil peur que cela ne sonne comme un léger recul de ma dignité. T’es sûr de ne pas vouloir autre chose ?
– Gaby non !
De grandes choses naissant de grands sacrifices, le dix-huitième se roula par terre en pleurant et en se triturant la mèche, puis accepta la sentence, pour le bien commun. Intrigués par le tohu-bohu s’échappant de la calle et composé de gémissement, de pleurs ainsi que d’applaudissements de la part des Chérubs, Stin et Kémi abandonnèrent le poste de pilotage – sauvant ainsi la vie sans le savoir à tous l’équipage – et descendirent en courant à la rechercher de leur Aar’on adoré, non sans avoir d’abord enlevé leurs vêtements au cas où il y avait des câlins à glaner ou un bain à prendre. Ils adoraient les bains. La scène – un brun à quatre pattes chevauché par trois Chérubs se prenant pour des cow-boys et se faisant fouetter le derrière à coup de crêpe au Nutella par un quatrième tandis qu’un cinquième se frottait le bas du dos à sa bouche en se tortillant – causa bien une syncope ou deux aux chatons. Parcouru d’un frisson qui le fit trembler et grimacer de la tête jusqu’au bout des doigts, Stin tomba à la renverse et miaula d’effroi.
– Mi..a…ou. Nan mais sérieusement. Miaou quoi ! Choqué à vie, là !
– Nya… – compléta Kémi en se frottant ses yeux rougis et gorgés de larmes par l’émotion. Je… Et après, on ose dire que ce sont les dessinateurs et les lecteurs de manga les plus tordus ? Nan mais Nya, quoi ! Faut pas déconner !
– Vos gueules les miaous ! – conclut Gabri’el en leur jetant ses pinceaux à la figure. Il l’a mérité. La prochaine fois, il y réfléchira à deux fois avant de me critiquer ! Et puis, avouez, ça fait un beau dessin. Je l’accrocherais bien sur le mur dans mon temple sur Siddhart, celui-là.
Ainsi, toute la petite troupe put atterrir sans trop d’encombre sur Ahequet, la planète réserve naturelle. Un de ses nombreux continent, Orbis Terae, avait comme particularité d’accueillir de nombreuses espèces disparues dont certaines provenaient de la légendaire Canaan. Enfin, pour les touristes, il était préférable d’expliquer qu’elles venaient de Susanoo, afin de respecter un minimum la version officielle de l’Histoire de Vojolakta. De toute manière, les touristes, c’était particulièrement cons et ça gobait tout ce qu’on leur racontait. La naïveté était d’ailleurs une qualité importante et reconnue dans ce type d’activité. C’était elle qui avait permis à pas moins de quatre Kili’ans dans l’histoire de recevoir le titre honorifique très recherché de « touriste de l’année », visant à récompenser ceux qui, par leur manque de respect envers les populations locales, leur capacité à dépenser tout leur argent dans des faux souvenirs fabriqués en usine, leur émerveillement devant des décharges sur lesquelles on avait collé l’étiquette « ruine » et leur très mauvais goût vestimentaire, avaient permis à cet art particulier de se développer et d’obtenir ses lettres de noblesses. Le dix-huitième Aar’on avait été très honoré d’être le premier brun de l’histoire à obtenir cette récompense, grâce notamment à son voyage lors de ses dix ans sur Seth, la planète prison peuplée de tout ce que l’univers avait pu créer de dangereux et d’immoral et que la Fédération avait préféré garder en cage afin d’avoir toujours des cobayes frais pour les besoins de la science. En appuyant sur un bouton sans faire exprès malgré l’énorme panneau rouge « ne pas toucher », il avait brillamment réussi à libérer des hordes sauvages dans la Galaxie toute entière. Depuis, il ne voyageait jamais sans son ©Végébob vert, symbole de son trophée, qu’il portait dignement et fièrement dès qu’il le pouvait, malgré la laideur absolue du dit couvre-chef.
Descendant en premier de son vaisseau, l’Aar’on s’étira et bailla un bon coup. La séance de pose l’avait légèrement courbaturé, mais il n’avait pas détesté cela, sans doute à cause du sang blond qui coulait dans ses veines. Stin, lui, avait passé la fin du voyage à genoux la tête dans la cuvette des toilettes à rendre son quatre heure. Entre le choc de ce qu’il avait vu et les différents loopings, il avait fini par avoir mal au cœur. Le soutenant du mieux qu’il le pouvait, Kémi l’aida à descendre de la passerelle, avant de se mettre à courir et à se faire chatouiller les cuisses dans les champs de blés qui recouvraient cette étrange planète. Le plus joyeux semblait être Gabri’el. Il aimait bien cet endroit qui lui rappelait sa jeunesse, celle d’avant ses premières expériences sexuelles avec des espèces intelligentes non humaines. Ayant repris son apparence naturelle, il avança fièrement au milieu d’une escorte de Chérubs, puis regarda à droite et à gauche à la recherche d’une tête connue. Ce fut cependant de son dos que surgit la voix tremblante qu’il attendait :
– Ah, Gabri’el, quelle surprise ! Tu ne m’avais pas prévenu que tu passerais ! Oh, et tu n’es pas venu seul ! Cela me fait bien plaisir ! Stin, Kémi, venez faire un câlin à tonton Mathuz !
Les oreilles dressées et l’œil vif, les deux Nekos se jetèrent d’un coup sur le vieil Humain, le faisant tomber à la renverse, avant de copieusement lui lécher le visage, malgré leur glabre apparence humaine.
– Calmez-vous les chatons ! Rho ! Toujours aussi affectueux, ces deux-là ! C’est rare de les voir sous cette forme, par contre ! Alors, que venez-vous faire ici ?
– Chercher le troisième ! – répondit Gabri’el dans un rire, tout en attrapant les Nékos par le cou afin que Mathuz puisse se relever. Je l’avais perdu de vu sur Susanoo à l’époque du sixième, ça remonte tout ça… Mais je sais qu’il est ici ! Il doit se planquer quelque part au milieu de la réserve spéciale d’Urbis Terrae, la partie interdite aux touristes où les animaux peuvent se reposer en paix et où les singes peuvent jouer à la belote !
– C’est qui ? – demanda l’Aar’on en se grattant la tête et en pointant du doigt le vieil inconnu.
– Vraiment ? – s’étonna Mathuz en caressant tendrement les cheveux de Stin et Kémi qui se tenaient à ses côtés et le gratifiaient de leurs plus intenses sourires. Je ne saurais te le dire. Personne n’a pénétré cette zone depuis des années. Les babouins sont trop mauvais joueurs, ils refusent de perdre, alors on les laisse entre eux… Mais venez, l’office du tourisme est à deux pas, je vais vous préparer une petite excursion-safari ! S’il est là, on va le retrouver rapidement votre Néko.
– Qui c’est, lui ? – insista l’Aar’on en grognant et en désignant toujours l’inconnu du bout du bras.
– Merci, je savais que je pouvais compter sur toi ! – sourit Gabri’el à son vieil ami avant de l’attraper par la main.
– Miaou ! – acquiessa Stin en sautillant de joie. Il adorait les animaux, d’autant plus depuis qu’il en était devenu un.
– Nya ! – compléta Kémi rougissant d’excitation en s’imaginant déjà pouvoir courir le nombril à l’air au milieu d’une faune sauvage.
– MAIS PUTAIN, C’EST QUI CE TYPE QUI M’IGNORE DEPUIS TOUT À L’HEURE BORDEL ? J’SUIS L’AAR’ON QUAND MÊME ! ET KILIANISÉ EN PLUS ! DONC DEUX FOIS PLUS VÉNÉRABLE !
Surpris par ce bruit légèrement plus lourd que les précédents, Mathuz rehaussa ses lunettes sur le bout de son nez. Puis se rendant compte de son manque de politesse, il s’agenouilla devant le divin fessier du mi-blond mi-brun et s’excusa platement :
– Je vous prie de bien vouloir me pardonner. Je ne suis plus tout jeune, je ne vous avais pas reconnu. Un brun avec une mèche blonde, aussi, ça prête à confusion…
Puis, se relevant brusquement :
– Bon, c’est pas tout, ça, mais on a un safari à faire ! En avant la jeunesse !
Rouge de colère, l’Aar’on sauta à pieds joints sur le sol. Qu’on le vénère pour son cul, c’était vraiment le rabaisser à sa part de blondeur et c’était hautement vexant. En plus, personne n’avait du coup répondu à sa question :
– Mais c’est quiiiiiiiii ce tyyyyyyype que vous connaissez tous !
Finalement, Gabri’el se chargea de clarifier la situation, non sans soupirer. S’il y avait bien quelque chose de fatiguant avec cette succession dans le temps d’Aar’on et de Kili’ans, c’est qu’il fallait à chaque fois tout réexpliquer… C’était soulant.
– C’est Mathuz… Tour à tour un de nos meilleurs militaires et compagnon, tuteur et changeur de couches de certains de tes prédécesseurs, premier ministre, juré de show télé et historien réputé de l’académie d’Horus. Un vieux pote quoi, qui à cause d’une malédiction que je lui ai jetée quand il était gosse vieillit super lentement. Et là, je crois qu’il est responsable-conservateur de la réserve en pré-retraite. C’est bien ça ?
– Humph – toussota le vieux sage. En pré-retraite, en pré-retraite, je compte bien poursuivre ma carrière professionnelle au moins jusqu’au vingt-septième ou vingt-huitième Aar’on, même si les jeunes cons de l’académie font tout pour m’évincer ! Enfin, ce n’est pas grave, je trouverais bien un poste de juge responsable de l’âmination ou une planque au conseil de la Fédération quand j’en aurais terminé avec cette mission de recensement des espèces protégées. Bon, on y va ? J’ai les éléphants qui attendent dehors ! Par contre, il faudra dire à nos deux chatons d’arrêter de comparer leur mini-trompes avec celles des bêtes. Elles n’ont pas la même utilité.
La scène avait beau être attendrissante du fait du comportement des deux enfants innocents, il fallait bien avouer que Mathuz avait raison. Le cours d’anatomie animale qu’il prodigua à l’assistance fut suivi avec attention par tous, à l’exception de l’Aar’on qui ronchonnait dans son coin, vexé qu’il était par une comparaison de taille qui n’était pas plus à son avantage qu’à celles des Nékos.
Le voyage dura quelques jours. Ce fut pour le brun l’occasion de faire la connaissance de nombreuses espèces qu’il ne connaissait pas, et de craquer devant les réactions toutes plus mignonnes et naturelles de Stin et Kémi. Le premier s’illustra particulièrement par sa discussion à bâton rompu avec un lion, faite de « Grraou » d’un côté et de « Miaou » de l’autre. Le second émut ses camarades en pleurant chaudement, au moment de dire au revoir à un Panda sur le ventre duquel il avait sauté, comme sur un trampoline. Heureusement, l’animal avait eu la gentillesse de partager avec ses nouveaux amis une partie de sa réserve de bambou, que l’Aar’on se força à terminer malgré d’horrible crampes au ventre, en symbole de paix durable entre son espèce – humaine – et celle du plantigrade. De son côté, Gabri’el profita du voyage pour illustrer des pages et des pages de carnet en dessinant belettes, renards et chiens qui acceptaient de poser pour lui. Se sentant un peu stupide devant cette faune qu’il découvrait, le dix-huitième chercha lui aussi à sympathiser avec une espèce endémique. En en trouvant une plutôt mignonne qui somnolait dans le sable, il l’attrapa par la queue et la présenta fièrement à ses camarades :
– Regardez ! Moi aussi j’me suis fait un copain ! Il est beau hein, il a plein de pattes ! Je l’aime bien. Je vais l’appeler Bidule. C’est mon nouveau meilleur ami ! Aie… Eeeeh mais bidule il est méchant, il m’a piqué ! Oh, j’ai la tête qui tourne, je…
Effarés, les autres avaient regardé la scène en écarquillant les yeux. Stin avait miaulé de désespoir, Kémi avait soufflé d’exaspération, Mathuz avait rajouté une note pour la future réédition de son ouvrage « L’Histoire de Vojolakta et des Aar’ons » afin de bien penser à écrire noir sur blanc que le dix-huitième était con comme un blond, et Gabri’el était resté immobile, le visage crispé, avant de se jeter vers le dix-huitième et de lui arracher la bestiole des mains.
– Nan mais débile ! D’où t’a vu qu’on s’amusait avec des scorpions ! Un rodeur mortel en plus ! Au venin capable de coucher un homme adulte en bonne santé ! Pauvre bête ! J’espère que le méchant garçon ne t’a pas fait trop peur, petit scorpion. Quoi tu suffoques ? Oui, je sais que tu suffoques, et alors ? C’est ta faute ! Mais là, je dois m’occuper du scorpion, c’est plus urgent ! Mais arrête de devenir tout jaune, comme ça, et de baver. Tu vas pas mourir ! Enfin, j’crois pas. Mathuz, c’est mortel cette espèce ou pas ? J’me souviens plus…
Le Guerrier n’en entendit pas plus. Évanoui, il fut transporté à l’ombre d’un argousier et débuta un long combat entre la vie et la mort. Heureusement, après une semaine à rendre ses entrailles par tous les trous, le vaillant adolescent se retrouva à nouveau debout, prêt à poursuivre son périple. Profitant de la brise légère de l’aube caressant son visage, il sonna la reprise de l’expédition, réveillant au passage ses camarades qui dormaient encore, sous leur tente.
– MAIS PUTAIN ! T’AS VU L’HEURE ? – hurla Gabri’el après lui avoir jeté Stin et Kémi à la figure. Nan mais l’autre, il pionce pendant une semaine, et là, comme une fleur, il nous emmerde à six heures du mat…
– Mais… – se justifia le brun. C’est pas ma faute, c’est qu’on a une mission, quoi… Enfin, on doit trouver Ukas. C’est important et…
– Nan mais on l’a trouvé y a six jours… – souffla de désespoir l’artiste aux yeux bleus. Juste après ton malaise. Il est en train de pioncer là où je l’avais laissé il y a des années, dans sa bulle, en haut de la colline, entourée par une horde de bêtes féroces qui veillent sur lui. On attendait que tu ailles mieux pour aller le chercher. Enfin, que tu ailles mieux, et qu’il fasse jour ! Va te recoucher !
Surpris et piteux, l’Aar’on n’objecta pas. Ramassant Stin et Kémi qui s’étaient rendormis aussi sec après l’avoir percuté – le terme scientifiquement exact aurait plutôt été « qui s’étaient évanoui à cause du choc du fait de leur grande fragilité » –, il rejoignit sa tente et attendit sagement que le soleil luise suffisamment à travers le tissu pour que sonne l’heure du petit déjeuner. Tout le monde rassasié, il put enfin débuter la dernière étape de ce long voyage, qui dura exactement cinq minutes pour deux cents mètres. Certes, cela semblait assez décevant d’un point de vu épique, mais au moins, il fallait admettre la praticité de la chose.
Petite créature au pelage d’or pâle, Ukas dormait tendrement au milieu d’un nid protégé par mille espèces diverses, sans doute tombées amoureuses de la douceur de ses traits et de son innocence.
Après avoir parcouru l’univers entier et bravé tous les dangers, l’Aar’on touchait enfin à son but. Le troisième Néko légendaire, celui qu’il avait tant recherché, n’était plus qu’à quelques centimètres de ses phalanges. Bien entendu, il savait qu’une dernière épreuve l’attendait. La plus dure de toute. Celle qui consistait à se montrer digne de cette petite boule de tendresse assoupie et de gagner le respect de toutes les bêtes protectrices qui l’entouraient. Enfin, cela aurait sans doute été le cas si Stin et Kémi ne s’étaient pas déjà chargés de sympathiser avec tout ce beau monde et de faire un magnifique concours de rodéo sur dos de rhinos et de grizzlis. Rodéo gagné haut la main par Stin qui magnifiait le concept d’acrobaties rigolotes.
– J’ai quand même l’impression de ne servir à rien dans cette histoire… – soupira le brun en constant son inutilité crasse. Gabri’el, on peut pas dire aux chatons de redevenir des chatons ? Non, parce qu’en fait, dès qu’ils sont en forme humaine, déjà ils sont trop choux, mais en plus, ils me ringardisent un max… Bientôt, c’est leur légende qu’on va écrire au lieu de la mienne…
Cela n’était pas faut. Pourtant, l’Aar’on avait encore un rôle à jouer. Il y avait une chose que lui seul pouvait réaliser : réveiller l’ange assoupi. Non sans bouillir d’exaspération, Gabri’el lui indiqua comment faire :
– Embrasse-le, triple buse !
– Hein ? Mais… t’es sûr ? C’est toi qui dit d’habitude que je ne dois pas embrasser mes Nékos, que c’est ultra dangereux et tout et tout… La preuve, la dernière fois, avec les deux autres, c’est parti en couilles… En plus, il dort là ! C’est moche d’embrasser un félin innocent sans être sûr qu’il est d’accord… Je sais pas, j’hésite quoi. C’est mal de faire ça, tu crois pas ? Et puis d’abord, pourquoi j’dois l’embrasser ?
– PARCE QUE C’EST COMME ÇA DANS TOUTES LES HISTOIRES ! LE PRINCE REVEILLE LA PRINCESSE QUI DORT AVEC UN BISOU ! DISCUTE PAS ET FAIT LE !
– Mais c’est pas une princesse et…
– TA GUEULE ! C’est comme ça que ça marche, c’est tout ! Sérieux, on n’a pas fait tout ça pour arriver là, se tourner les pouces et se casser sans rien faire. Embrasse-le !
Toujours aussi gêné, le brun prit son courage à deux mains. Au fond de lui, il le savait. Ce petit museau innocent n’attendait que le contact des lèvres d’un Aar’on pour sortir de son sommeil. S’approchant tout doucement, le dix-huitième offrit le plus tendre des baisers possibles à sa tendre boule de poils, un baiser si doux et gentil que le monde sembla s’arrêter un instant, avant qu’une étrange lumière jaune n’enveloppe le Néko puis Ahequet et Vojolakta tout entier, avant de se réunir dans le ciel sous la forme d’une étoile scintillante.
Quand enfin la lueur fut dissipée, la petite troupe put observer deux choses. La première concernait Ukas. À même le sol, l’adorable chaton avait laissé sa place à un jeune garçon recroquevillé sur lui-même et doté de cheveux jaune pâle et d’un air perdu et innocent. Tout comme Stin et Kémi, le troisième Néko de légende avait retrouvé sa forme originelle, avec comme seule différence, comme ses compères, d’adorable oreilles félines au milieu de sa coiffure.
La deuxième concernait l’étoile qui brillait haut et qui d’astre n’avait que la lueur. En réalité, comme si attendait Gabri’el, se trouvait devant eux un simple Vortico lumineux qui menait vers un autre monde. Sûr de lui et particulièrement souriant, l’artiste éternel le pointa du doigt et invectiva tous ses camarades :
– On y va.
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Il y a 100 ans
Décembre 1920 - des Annales de Lyre No. 179.
[Ce numéro est entièrement consacré aux résultats du Palinod de Lyre de 1920. Ce concours de poésie inauguré dès 1909 par l’abbé Thuillier, lui-même poète talentueux. Le Palinod, basé sur un modèle du Moyen Age, rendit célèbre non seulement l’abbé mais aussi la commune de La Neuve-Lyre, attirant des concurrents de toute la France. Nous donnons, à titre d’exemple, les poèmes ayant remporté le premier prix dans les deux catégories].
PREMIÈRE LYRE
(Poésies Mariales)
Offerte par S. G. Mgr DÉCHELETTE, Evêque d’Evreux
QUÉZAC
(Lieu de pèlerinage à la Sainte Vierge dans le Cantal)
L’église, svelte et blanche, au ciel parle tout bas :
Rien ne trouble la paix des mots que l’on devine….
Et comme elle est plus douce encore et plus divine
La réponse du Ciel aux soupirs d’ici-bas !
Alentour, des plateaux gazonnée et pleines d’ombres,
Des châtaigniers massifs, hospitaliers et bons,
Où chantent à la fois les zéphyrs vagabonds –
Et les oiseaux blottis entre les feuilles sombres.
Les troncs rugueux ont l’air de frustes paysans
Tout déformés par l’âge, usés par l’âpre terre,
Mais, dont un Idéal rajeunit l’âme austère,
Après avoir été la force de leur âge.
L’homme et l’arbre sont fils du même sol farouche :
Lourds, sauvages tous deux, ils ont la même ardeur,
La même bonhomie et la même verdeur,
Le même air recueilli, lorsque la mort les touche.
La Vierge reste là, dans son domaine aimé,
Plus chez elle qu’ailleurs parmi ces âmes pures ;
Et sa présence plane à travers les guipures,
Qui forment les rameaux sur le ciel embaumé.
Il semble que partout son manteau nous protège,
Qu’elle soit là toujours, prête à nous écouter,
Et tout près de son cœur, il est bon de goûter
La piété des soirs et de l’air qui s’allège.
Parfois, dans un sentier ou sous les arbres verts,
Une soutane passe on l’on salue un prêtre.
Et nos rêves émus croient soudain voir renaître
Les moines de jadis et leurs frères convers.
Et quand l’ombre s’épand, limpide et reposante,
Trouée, en ciel bruni, de lumineux points d’or,
Dans un calme serein, tout se voile et s’endort,
Et la Vierge, sur nous, met sa main caressant.
Mlle Jeanne ESTIVAL
Professeur à Paris
PREMIÈRE LYRE
(Poésies Poésies Johanniques)
Offerte par M. le Comte de ROUVROY, Mainteneur du Palinod
PRIÈRE DE JEANNE D’ARC
Dieu, qui venez de reverdir les ceps tremblants,
Qui voulez, chaque avril, que les pommiers soient blancs,
Et qu’au bord des ruisseaux renaisse la fougère,
Vous qui m’avez, quand je n’étais qu’une bergère
Paissant son troupeau calme au milieu des taillis,
Elue à cette fin de sauver mon pays,
Et d’en chasser, à tout jamais, la bête fauve,
O mon Dieu, - ce pays, faites que je la sauve !
Vous qui dictiez les mots, que les saintes m’ont dits,
Qui gouvernez toute la terre et qui – tandis
Qu’a fleuri l’arbre au pied duquel je vous implore,
Avez aussi permis aux corolles d’éclore
Vers la Meuse, là-bas, dans le clos paternel,
- O vous, le Tout-Puissant, l’Unique, l’Eternel,
Qui vous êtes penché sur ma pauvre ignorance,
Prenez, pour les unir aux lys meurtris de France,
Les palmes, les rameaux, les fleurs qui sont à nous !
Messire Dieu, je vous en conjure, à genoux,
Formez un seul faisceau de nos tiges défaites :
Du genêt, qu’en Bretagne on tisse pour vos fêtes,
Du lierre vendéen léger, mais point changeant,
Et du bel olivier au feuillage d’argent !
A ces branches joignez, d’un geste qui rayonne,
Le laurier armagnac, la treille bourguignonne,
Le chêne de Touraine et l’if de Domrémy !
Que le loup oppresseur, que le dogue ennemi
Retourne par delà la mer, dans son repaire :
Moi, je retournerai vers le champ de mon père,
Filer la laine blonde et traire les brebis.
Vous me redonnerez de l’eau vive, le pain bis
Et le miel, que vous me donniez dans mon enfance …
Mais si, pour débusquer l’Anglais qui nous offense,
Qui nous pille, qui nous dévore, - il me fallait
Renoncer à revoir mon clocher violet
Coiffé du ciel, - et mon berceau, coiffé de paille, …
Ainsi soit-il, Seigneur, - et que l’Anglais s’en aille !
Fernand MAZADe Paris
Le Palinod de Lyre est un concours de poésie qui se tient à Lyre, en Normandie. Ses récompenses consistent en sept lyres d’or ou d’argent. (Valeur 50 à 200 francs.)
L’une des lyres est décernée au meilleur poème en l’honneur de la Sainte Vierge.
Dans le même Palinod, un même auteur ne peut obtenir au plus que la lyre mariale et une autre lyre. Les poètes qui ont obtenu trois lyres, dont l’une en or, ne peuvent concourir à nouveau et sont dits Mainteneurs du Palinod de Lyre. A ce titre, ils sont membres de droit du Jury d’Examen.
Mode d’envoi des compositions. – Les pièces doivent être inédites. Toutes les pièces du même auteur doivent être signées de la même devise. Elle doivent être envoyées, pour la date fixée, en triple exemplaire et le compositions se rapportant à différentes sections sur des feuilles séparées.
L’envoi doit être accompagné : 1° d’une enveloppe sur laquelle est répétée la devise de l’auteur et dans laquelle est son adresse ; 2° de la somme d’un franc, non pour chaque composition, mais pour chacune des sections auxquelles on concourt….
Les auteurs qui se front connaître sont exclus. Le Comité se réserve le droit de publier les poésies « lyrées ». Le manuscrits ne sont pas rendus.
L E PALINOD DE 1922 (8° Session)
Le prochain Palinod est ouvert. Les envois seront reçus par M. le Secrétaire du Palinod, à la Neuve-Lyre, jusque au 1er juin 1922.
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L’œuvre littéraire d’un prêtre normand: Henri-Charles Thuillier (1867-1928) ancien curé de la Neuve-Lyre (Eure), présenté par Nigel Wilkins.
Né à Nonancourt, Henri Thuillier a reçu sa première formation à Écouis et à Évreux. A la Neuve-Lyre il a créé un journal régional (Les Annales de Lyre), inspiré un concours de poésie de renommée nationale (Le Palinod de Lyre), animé des activités, en particulier de théâtre et de poésie.
Ces poésies sont le reflet intime de l’histoire de l’époque, de la Grande Guerre, des tensions entre Eglise et Etat, des joies et déceptions d’un curé de campagne.
I – Lauriers et Roses II – Escoviennes III – Lyriennes
Une nouvelle édition en trois tomes est disponible sur le site Edilivre :
I. https://www.edilivre.com/lauriers-et-roses-henri-charles-thuillier.html
II. https://www.edilivre.com/escoviennes-henri-charles-thuillier.html
III. https://www.edilivre.com/lyriennes-henri-charles-thuillier.html
Disponible aussi sur Fnac.com, Chapitre.com, Amazon…
Lauriers et Roses : sous ce titre, sont réunies les poésies émouvantes des Lauriers de Lyre : poèmes de guerre et d’après-guerre (1923-28) en l’honneur des « Morts pour la France ». Roses France : quinze saynètes de guerre (1917), petites pièces en vers destinées à être interprétées par des enfants, avec les Quatre Sonnets et le triste Adieu, ma Lyre ! de 1928.
Escoviennes… Cette deuxième partie de notre réédition des poésies de Henri Thuillier concerne principalement les œuvres composées à Écouis (Vexin) au début de sa carrière, avant sa nomination en 1901 comme curé à la Neuve-Lyre, mais aussi quelques œuvres des années suivantes. Les Escoviennes comprennent plusieurs recueils : Les Grands Jours d’Écouis, Chez nous, Pastorales. Les Pastorales comprennent à leur tour la Cour d’amour, Jeanne d’Arc (drame à personnages), Les Bergerets. Tout, chez Thuillier, est inspiré par la foi chrétienne et un patriotisme intense : Dieu et la France.
Les Lyriennes sont ici réunies pour la première fois. Les cantiques de La Neuve Lyre de Notre-Dame (1908) furent imprimés séparément en un très petit nombre d’exemplaires, semble-t-il ; les Pages de Jeanne d’Arc (drame à personnages) fut joué (avec musique) à Évreux en 1914. Les Fleurs de Lyre ne firent jamais l’objet d’un recueil spécifique. Les nombreux poèmes décrivant les fleurs et paysages de Normandie, dont plusieurs furent publiés dans les Annales de Lyre, étaient sans doute destinés à intégrer cet ouvrage. En tête de notre recueil se trouve le magnifique Ode à Orderic Vital, à l’honneur du grand chroniqueur normand.
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Derrière chez nous il y a une forêt. Une toute petite forêt, un sous-bois à peine, on y pénètre par le pont qui se trouve derrière le camping municipal. J’y pense pas mal en ce moment, enfin comme tout le monde, tu sais pourquoi, je vais pas revenir là-dessus.
Hier matin encore quand je me suis réveillée je pensais à la forêt.
Chez les colons la forêt incarnait l’espace sans lois où seuls s'aventuraient les trafiquants, les marginaux, c’était le territoire des premières nations, l’espace liminaire entre le rivage et la ville où une femme arborant un A flamboyant brodé sur la poitrine et un petit enfant dans les bras était exilée, l’immensité sombre où le diable recrutait les puritains égarés le soir de Sabbat. La lisière c’était le seuil au-delà duquel la civilisation est happée par le gouffre.
Pour moi la forêt c’était surtout les vacances. Souvent avant de dormir je pense à quand j’étais petite et que j’étais dehors. Les petites filles dans la rivière, la trace des sangliers, les médaillons en argent perdus par des gens d’un autre temps qu’on retrouve rouillés sous le lierre. Malgré ce qu’on pourrait croire, la Babayaga elle, était dans le grenier de ma nourrice polonaise ou dans un placard rue Mouffetard.
Une seule fois dans la forêt on avait eu peur. C’est pas tous les jours qu’une bande de gamins en uniforme scout tombe sur des pieux, des barbelés et des trous d’obus. Mais ça c’est parce que ma région n’a pas encore enlevé toutes les reliques de la Première Guerre Mondiale. On a enjambé les quadrillages horizontaux de barbelés avec notre marmite cabossée et 10 kilos de pommes dans les bras et on est vite passés à autre chose.
C’est pas vrai il paraît. Cette enfance proche de la nature je veux dire. Si on écoute les souvenirs de nos mères, on passait nos journées enfermés à l’intérieur à regarder les dessins animés, Les Malheurs de Sophie, Olive et Tom et puis plus tard toutes les saisons de Naruto avec la connection AOL qui plante.
Toujours est-il que je suis sortie de la forêt, et elle aussi est sortie de ma tête, elle est devenue étrangère, j’ai grandi et si j’y retourne parfois c’est sur les chemins tracés de randonnée.
Et pourtant c’est quand je suis devenue adulte et que j’ai fini par trouver un travail dans ma région d’enfance, quand ce qu’on pouvait attendre de la vie a finalement commencé à s’imbriquer comme une ligne droite que je me suis remise à penser à la forêt. Dans le bus qui m'emmenait au travail, quand le travail existait encore, tu sais de quoi parle, je suis retombée nez à nez avec elle.
Le bus régional qui relie ma maison à mon travail passe par les abords voire en plein milieu de la forêt. J'ai une heure de route dans un paysage d’hiver où la forme compliquée des arbres s’efface dans la brume. Une heure de répit dans un environnement encore flou qu’on observe un peu endormis à travers les vitres embuées du matin et qu’on devine à peine dans les ombres du soir. C’est assez rare dans ma région de ne pas savoir conduire, c’est un bus presque vide qui avance sur la petite route défoncée. Retraités en goguette, convocation au tribunal, odeur de tabac froid, sourcier amateur, rendez-vous Pôle Emploi, lycéennes, étudiants de l’IUT du coin, j’aime bien notre faune clairsemée qui se réveille doucement dans les tous premiers rayons du soleil d’hiver.
Ce paysage qu’on traverse chaque jour n’a pas toujours été vide. Il y a quelques dizaines d’années quand la région était à la pointe de l'industrialisation, c’est toute la population ouvrière qui arpentait le paysage d’hiver, j’ai entendu tout ça dans les souvenirs de ma mamie. Mais j’écoutais à peine. Et maintenant chaque matin surgit devant moi cette forêt fantôme où se dressent les squelettes noirs des usines rouillées, la peinture des anciens cafés qui s’efface, les ruines de la salle de bal où nos grands-parents allaient danser. On ne s’arrête plus, le bus file vers un autre vie, l’autre monde est oublié maintenant, mangé par les herbes folles, sous terre, cassé, doigts raidis d'arthrite, dos bousillé, AVC à peine le travail terminé, un an en fauteuil puis bam nouvel AVC et c’est tous les anciens collègues de l’usine, enfin ceux encore vivants, qui se retrouvent à manger des gâteaux à la crème de beurre et du café au lait après la messe. Le maire a dit, arrêtez de parler de la région comme ça, on ne sortira jamais de notre image arriérée. Pourtant c’est magnifique les chardons à côté de l'hôpital, les ruines, les seringues dans la poubelle, 500 grammes d’herbe dans un sac à dos Eastpack, l’hiver, la neige, les châteaux sous la pluie, un connard qui vend des acides en serrant l’épaule de cette fille aux longs cheveux lisses, tout ça c’est douloureux et c’est triste mais je me répète c’est si beau que tous les matins les souvenirs brûlent dans ma poitrine. La prochaine fois que je rentrerai du travail je sortirai du bus, j'enjamberai le fossé qui sépare la route de la forêt et j’irai me noyer dans l’eau boueuse du ruisseau qui continue à couler malgré les années.
La forêt est interdite en ce moment, peut-être pour plusieurs mois encore. Je ne vais plus au travail, impossible de savoir quand je pourrais y retourner mais je me sens apaisée, la seule image de cette vie à laquelle je pense encore vaguement c’est le chemin du bus, à sa forêt morte et son ruisseau plein de boue. Ça ne me manque pas cela dit, les perspectives d’avenir toutes droites qui avaient fini par se tracer sans que j’ai vraiment un mot à en dire, comme ça arrive souvent je pense, se sont effondrées. Ce qu’il en reste est en suspens, pendant un temps je n’ai plus ressenti ce besoin d’étrangeté. A la maison les jours passent lentement mais la vie est plutôt tranquille.
Et puis finalement hier soir, il faisait chaud comme un soir d’été, mon cerveau pulsait, j’étais dans mon lit à cause du premier jours des règles. Après avoir vomis de douleur dans l’évier j’avais fini par m’allonger, toute transpirante et glacée. Les crampes irradiaient dans ma nuque, dans mon dos, dans mes reins, dans mes jambes. J’ai passé la journée à serrer mes draps contre mon ventre, à m’endormir puis à me réveiller brutalement, nauséeuse et prise de vertige. Les heures sont passées comme ça et puis le jour a fini par se coucher, les lampes électriques n’étaient pas encore allumées, c'était le moment où la lumière est plus chaude et ma chambre toute dorée.
Alors brusquement je me suis levée, j’ai dévalé les vieux escaliers en bois, j’ai tiré de toutes mes forces la porte de l’immeuble et je me suis mise à courir. J’ai couru sur le goudron encore tiède, mes poumons et ma gorge se sont aussitôt mis à brûler. J’ai oublié les voitures de police qui patrouillent dehors, j’ai oublié le voisin qui les a déjà appelé deux fois, j’ai oublié les gars sur le trottoir qui se sont fait embarquer et j’ai continué à courir. Je suis passée derrière les barrières des travaux, j’ai longé la voie ferrée, je suis passée sous le tunnel où il y a écrit “ACAB” et “Gilets Noirs”, j’avais le cerveau qui partait en vrille et enfin de l’air frais sur mon visage trempé.
J’ai atteint la rivière à l’heure où les chauve-souris sortent. On les distingue à peine tant leur vol est rapide mais on peut bien voir leurs ailes quand elles passent sous un réverbère. Plusieurs voitures sont stationnées dans l’ombre. Dans la pénombre rougit la cendre d’une cigarette qui se consume, quelques silhouettes remuent derrière les vitres relevées. Le soleil est sur le point de se coucher, le ciel est violet, la rivière reflète des couleurs toutes chaudes on a envie de se pencher et de l’avaler toute entière, un héron glisse et fends d’un trait net l’eau lumineuse. Je reprends ma course et je finis par déboucher sur le petit pont en bois derrière le camping. De l’autre côté de l’eau, le gouffre béant.
Dans la forêt où j’ai pénétré les ombres grandissent mais toutes les petites plantes luisent encore des dernières lueurs du jour. Aïl des ours, feuilles détrempées, sève dégoulinante. Je me suis enfoncée sur le chemin de terre entre la rivière et un petit ruisseau, là où la terre est si humide que des milliers de petites feuilles rondes tapissent le sol. C’est joli de loin on dirait un tapis tout doux, ça l’est moins de près quand on peut distinguer les feuilles les unes des autres. La forêt est toute calme parce qu’on a plus le droit d’être ici désormais. Petite je n’aurais pas eu le droit d’y aller la nuit et quand tu es grande si il t’arrive quelque chose ce sera quand même de ta faute. Mais c’est la fin du monde et la lumière est encore belle. J’avance sur le chemin, vers les feuillages les plus touffus et les plus doux, décevants quand on les atteint, ceux plus loin sont peut-être plus beaux, c’est le piège des glycines comme dans les nouveaux contes de fées de la Comtesse de Ségur. Comme dans le conte un personnages apparaît sur le bord du chemin. Un homme tout flambant de vêtements de sport fluorescents est planté là, il s’étire au milieux des baselles. C’est le diable en sneakers Nike qui se prépare pour Sabbat. Il me regarde en coin, la forêt bruisse doucement, je passe devant lui en retenant mon souffle. Comme je baisse la tête j'aperçois cet énorme S qui brûle encore sur ma poitrine, SLUT ça pourrait dire, mais le diable secoue la tête, le langage n’a pas toujours de sens. J’avance sur le chemin, il ne me suit pas. La forêt débouche sur un champs que je ne connais pas. Tout dégagé, il est encore illuminé d’une soleil surréel. A droite du champs, les poutres d’une maison calcinée se détachent dans l'obscurité car le charbon est si lisse qu’il reflète des rayons du soir. Au milieu du champs le ruisseau poursuit sa course. C’est le même fil d’eau sale que j’ai regardé tous les matins dans le bus, malgré la chaleur il a l’air d’être restée dans sa boue de l’hiver. L’eau noire remplit mes poumons mais la brûlure sur ma poitrine s’estompe. Au bord il y a cette petite fille que j’ai connu à la maternelle. Celle qui vivait dans un cirque et qui était restée un mois. A l’époque elle était habillée en rose et ses cheveux blond, tous fins, étaient retenus par des barrettes en plastique de toutes les couleurs. Au bord du ruisseau elle a grandi, dans le soir bleu ses cheveux font comme un halo doré qui illumine la nuit tombée, ses bras et ses seins sont rougis par l’onde glacée. C’est la sirène du ruisseau boueux où je me suis noyée. Ma Loreleï est blonde et verte et sur le rivage où elle m’a tiré j’embrasse ses lèvres gelées.
Texte écrit en mai 2020 pour Blizzard Bizarre
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Aujourd’hui nous allons regarder ensemble quelques versets qui nous amèneront à développer une sécurité intérieure découlant du fait que nous croyons Dieu et ses promesses.
La guerre dans ce monde est intense, mais le Seigneur veut nous garder sous sa protection autant spirituellement que physiquement.
Mais il faut apprendre à mettre notre confiance en lui et combattre par la foi.
Est-ce que nous nous sentons fortifiés et en sécurité par Dieu dans les jours difficiles?
Proverbes 24:10 si tu faiblis au jour de la détresse, ta force n’est que détresse.
Autant que les chrétiens ont à apprendre à combattre par la foi, nous regarderons ce que Dieu a promis de faire.
La victoire appartient à l’Éternel, marchons dans la sécurité que Dieu veut nous donner.
Le Roi David était inspiré du Saint-Esprit au milieu de bien des combats. Il pouvait déclarer :
Psaumes 23:4 quand je marche dans la vallée de l’ombre de la mort, je ne crains aucun mal, car tu es avec moi : Ta houlette et ton bâton me rassurent.
Il avait expérimenté l’idée de trouver un refuge en Dieu.
Psaumes 46:1 … Dieu est pour nous un refuge et un appui, un secours qui ne manque jamais dans la détresse.
Il y a des dizaines de versets qui nous expliquent le bonheur, la joie, la sécurité que Dieu procure à ceux qui se confient en lui.
Psaumes 4:6-8 Plusieurs disent : Qui nous fera voir le bonheur ? Fais lever sur nous la lumière de ta face, ô Éternel?! 7 Tu mets dans mon cœur plus de joie qu’ils n’en ont quand abondent leur froment et leur moût. 8 Je me couche et je m’endors en paix, car toi seul, ô Éternel?! tu me donnes la sécurité dans ma demeure.
Les promesses de Dieu donné dans l’Ancienne Alliance ont été reprises pour nous dans la nouvelle alliance et appliquées dans d’autres sujets :
Hébreux 13:5-6 Ne vous livrez pas à l’amour de l’argent ; contentez-vous de ce que vous avez?; car Dieu lui-même a dit : je ne te délaisserai point, et je ne t’abandonnerai point. 6 C’est donc avec assurance que nous pouvons dire : Le Seigneur est mon aide, je ne craindrai rien?; que peut me faire un homme??
Cela venait d’une promesse faite à Josué, dans un autre contexte.
Josué 1:5 Nul ne tiendra devant toi, tant que tu vivras. Je serai avec toi, comme j’ai été avec Moïse?; je ne te délaisserai point, je ne t’abandonnerai point.
Dieu considère les humains plus importants que les animaux et il en prend soin.
Luc 12:24-26 Considérez les corbeaux : ils ne sèment ni ne moissonnent, ils n’ont ni cellier ni grenier ; et Dieu les nourrit. Combien ne valez-vous pas plus que les oiseaux?! 25 Qui de vous, par ses inquiétudes, peut ajouter une coudée à la durée de sa vie?? 26 Si donc vous ne pouvez pas même la moindre chose, pourquoi vous inquiétez-vous du reste??
Dieu veut qu’on se sente en sécurité en lui. Demeurons en lui en demeurant dans sa parole.
Proverbes 3:21-26 Mon fils, que ces enseignements ne s’éloignent pas de tes yeux, Garde la sagesse et la réflexion: 22 Elles seront la vie de ton âme, Et l’ornement de ton cou. 23 Alors tu marcheras avec assurance dans ton chemin, et ton pied ne heurtera pas. 24 Si tu te couches, tu seras sans crainte?; et quand tu seras couché, ton sommeil sera doux. 25 Ne redoute ni une terreur soudaine ni une attaque de la part des méchants?; 26 Car l’Éternel sera ton assurance, et il préservera ton pied de toute embûche.
Le Seigneur nous invite à prendre un recul et a entrer dans notre chambre pour prier.
Isaïe 26:20-21 Va, mon peuple, entre dans ta chambre, Et ferme la porte derrière toi ; cache-toi pour quelques instants, jusqu’à ce que la colère soit passée. 21 Car voici, l’Éternel sort de sa demeure, pour punir les crimes des habitants de la terre?; et la terre mettra le sang à nu, elle ne couvrira plus les meurtres.
Le jour arrive bientôt, le diable et tous ses démons seront liés et enfermé.
En attendant Dieu veut prendre soin et protéger sa vigne
Isaïe 27:1-5 En ce jour, l’Éternel frappera de sa dure, grande et forte épée Le léviathan, serpent fuyard, Le léviathan, serpent tortueux ; et il tuera le monstre qui est dans la mer. 2 En ce jour-là, chantez un cantique sur la vigne. 3 Moi l’Éternel, j’en suis le gardien, je l’arrose à chaque instant?; de peur qu’on ne l’attaque, Nuit et jour je la garde. 4 Il n’y a point en moi de colère?; mais si je trouve à combattre des ronces et des épines, je marcherai contre elles, je les consumerai toutes ensemble,
5 à moins qu’on ne me prenne pour refuge, qu’on ne fasse la paix avec moi, qu’on ne fasse la paix avec moi.
Dieu a tous les grands évènements dans sa main, il s’attend qu’on arrête de se plaindre et qu’on se tourne vers lui, et qu’on se détourne de nos mauvaises voies. Trouvons en lui notre sécurité.
Lamentations 3:37-41 Qui dira qu’une chose arrive, Sans que le Seigneur l’ait ordonnée ? 38 N’est-ce pas de la volonté du Très-Haut que viennent les maux et les biens?? 39 Pourquoi l’homme vivant se plaindrait-il?? Que chacun se plaigne de ses propres péchés. 40 Recherchons nos voies et sondons, et retournons à l’Éternel?; 41 Élevons nos cœurs et nos mains vers Dieu qui est au ciel :
Voulez-vous une autre promesse qui parle de la sécurité que Dieu veut nous donner en lui?
Jean 10:27-28 Mes brebis entendent ma voix ; je les connais, et elles me suivent. 28 Je leur donne la vie éternelle?; et elles ne périront jamais, et personne ne les ravira de ma main.
Une sécurité éternelle!
Dans la situation difficile que nous vivons présentement, saisissons aussi cette parole :
Ésaïe 41:10 ne craint rien, car je suis avec toi?; ne promène pas des regards inquiets, car je suis ton Dieu?; je te fortifie, je viens à ton secours, je te soutiens de ma droite triomphante.
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Daniel Poulin
http://publication-evangelique.com
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Vendredi 27 mars 2020
Énormément d’émotions aujourd’hui.
Tellement d’émotions que ma pensée est saccadée.
Fractionnée.
Des paquets d’information sans grammaire ni style.
On me pardonnera.
Ou l’on me crucifiera.
À ce stade, plus rien ne m’importe.
J’ai été officiellement diagnostiquée du Covid-19.
Nous avons appelé l’ami de Victor, le chef de service au CHU de Caen. Il n’a pas semblé se rappeler vraiment de lui, et nous a envoyés vers un de ses collègues infectiologues.
Agacement de l’infectiologue.
Il aurait pu avoir la décence de le cacher. J’ai failli lui citer le serment d’Hippocrate, “Je donnerai mes soins à l’indigent et à quiconque me les demandera”, mais je me suis ravisée. Nécessité faisant loi, j’ai mis ma fierté de côté, j’ai de nouveau pensé à la citation de Michelle Obama (en province, apparemment, c’est indispensable), et j’ai laissé Victor lui décrire très professionnellement mes symptômes.
Le verdict a été sans appel.
Covid-19.
Victor a paru hésitant, lui a demandé s’il ne valait pas mieux que je sois examinée, et le médecin au bout du fil s’est emporté, tout en confirmant son diagnostic avec force décibels. J’ai à mon tour pris la parole pour lui demander où je pourrais trouver un labo pour me faire passer le test.
Il m’a répondu que ce ne serait pas nécessaire, et que de toute façon, ce n’est pas envisageable pour les labos de tester les cas bénins.
Cas bénin ?
Mais qu’en savait-il ? Qu’est-ce qui lui prouve que mon cas ne peut pas s’aggraver d’un seul coup ?
C’est là que mon instinct de survie le plus primaire a repris le dessus.
Cerveau reptilien.
Surchauffe.
Animal en moi.
Je lui ai demandé comment et où me procurer de la chloroquine.
Il m’a répété que cela ne serait pas nécessaire, que du paracétémol suffirait en cas de fièvre ou de douleurs trop intenses.
J’ai.
Cru.
Rêver.
Qu’on me réveille de ce cauchemar. Je suis atteinte du fléau du millénaire, je porte en mon sein ce monstre qui déferle tout autour de la Terre et assassine une marée d’êtres humains, et je n’ai pour seul interlocuteur que ce petit médecinet de province qui me prescrit une petite gélule jaune et bleue qui fait à peine effet en cas de rhume. Pourquoi pas une tisane au thym ?
Impression d’être un vulgaire personnage secondaire joué par une actrice cheap dans un téléfilm France 2.
Après avoir raccroché, j’ai tout de suite appelé mon homéopathe.
Répondeur.
Victor a immédiatement pris les choses en main comme un vrai chef de guerre. Il a ordonné à Dolores de me préparer une chambre propre au second pour qu’une forme de confinement soit respectée. Elle seule pourrait aller et venir entre ma chambre et le reste de la maison, tout en respectant les gestes-barrière de la plus stricte des façons.
Nouvelles normes.
Adaptation.
Survie.
Puis une fois qu'on m’a installée dans ma nouvelle chambre avec ma bouteille d’eau, mon routeur wifi, mon iPhone, mon iPad, mon ordinateur, mes Moleskine, mes stylos, et ma bien-aimée bibliothèque, il lui a demandé d’entreprendre un ménage méticuleux de toute la maison, à commencer par notre chambre.
Lui emmènerait pendant ce temps-là les enfants se promener. Il en profiterait pour me faire délivrer du paracétamol.
Je ferme les yeux.
Douleur brûlante.
Courage.
Résilience.
Il va falloir tenir.
Soudain, une illumination. Je rassemble le peu de forces qu’il me reste pour crier le nom de Victor afin qu’il vienne. Je me rappelle qu’il est sorti.
Avec les enfants, lui qui en a si peu l’habitude.
Cet homme est merveilleux, et chaque jour, je mesure la chance que j’ai d’être avec lui.
Je l’appelle sur son téléphone. Il décroche. Quel homme bon. Je lui demande en toute humilité s’il lui serait possible de me prendre également de la cholorquine à la pharmacie en donnant son numéro de médecin.
Il me répond qu’il va essayer et raccroche.
Je me plais à l’imaginer un peu maladroit, seul dans la rue avec Édouard et Henri.
Mais rassurant.
Cherchant à bien faire.
Sans perdre son autorité naturelle et son flegme.
Je suis touchée de l’imaginer seul avec ses fils. Mes trois mousquetaires, partis quérir le remède dont leur reine a besoin pour survivre. Mes deux enfants. Si jeune, et sauvant déjà une vie, la vie-même de celle qui la leur a donné.
Ma vie.
La vie.
Seule dans mon lit à attendre mes hommes, une épiphanie me transporte : j’ai sauvé deux vies.
En décidant ce confinement strict de mes parents dans la dépendance, je les ai sauvés de ce mal immonde qui aurait à coup sûr eu raison de leur santé fragile. Un rire de joie et de bonté m’envahit. Comme je suis heureuse et fière ! Quelles que soient les conséquences néfastes auxquelles je dois me préparer pour moi-même, je pourrai toujours jouir de la sérénité d’avoir fait ce qu’il fallait pour mes bien-aimés parents.
J’attends que Dolores ait fini de passer l’aspirateur au premier.
C’est long.
Long...
Un pâle sourire encore perceptible sur mes lèvres, malgré l’interminable attente, je reprends mon iPhone pour appeler mes parents, afin de les tenir au courant de cette situation.
C’est ma mère qui décroche. Je lui annonce que je suis atteinte du Covid-19, en phase avancée – une formule qui me paraît tout à fait adaptée pour décrire mon état. Elle me fait immédiatement part de son inquiétude à mon endroit. J’entends mon père derrière elle qui cherche à savoir ce qu’il se passe, et j’entends ma mère qui le lui explique.
– Qu’est-ce qu’on peut faire ? me demande ma mère.
Attendrie, je réponds d’une voix très faible :
– Pour m’aider, ce qu’il faut absolument que vous restiez chez vous, bien confinés, surtout lorsque les enfants jouent dehors – ce qui sera le cas aujourd’hui, car Dolores fait un grand ménage de la maison pour désinfecter. J’ai besoin de savoir que mes chers parents que j’aime sont à l’abri de ce fléau, et protégés le mieux possible, comme c’est le cas depuis que nous sommes arrivés. C’est crucial. Et pour vous, et pour ma tranquillité d’esprit – ce luxe indispensable à ma guérison.
Ma mère était émue et attendrie au bout du fil.
Lorsque nous avons raccroché, j’ai eu la satisfaction d’avoir été, encore une fois, une personne exemplaire, au sens strict.
Bien au-dessus de la mêlée.
Grand Seigneur.
Au retour de Victor, Dolores n’avait pas fini de nettoyer le manoir. À sa décharge, ce n’est pas seulement dû à sa lenteur : cette bâtisse est immense. Mais je repense à Marisol. Comme elle me manque. Quand tout cela sera fini, quand nous rentrerons à Paris, je la rappellerai. Peut-être que nous pourrions trouver un arrangement pour qu’elle revienne vivre avec nous.
Nous verrons.
Cependant, l’heure du déjeuner approchait à grand pas, et Dolores, incapable de faire plusieurs choses en même temps, n’a rien préparé. Victor m’appelle au téléphone. Le pharmacien n’a pas pu lui délivrer de choloroquine, parce qu’il n’en avait plus.
Colère.
L’égoïsme des gens m’atterre.
Et puis cet esprit d’apprenti sorcier... On ne prend de la chloroquine que lorsque le diagnostic ne fait pas l’ombre d’un doute, comme c’est le cas pour moi !
Dolores me monte mon Doliprane (j’ai horreur des génériques), et j’en engloutis une gélule avec quelques gorgées d’eau.
Je respire.
Coup de fil de Victor, qui me demande comment faire pour ce midi. Il est affamé, et les enfants aussi. Il ne peut décemment pas entrer dans la maison tant que Dolores n’a pas fini de tout nettoyer...
Je ne vois qu’une solution.
Je raccroche et je rappelle ma mère.
Lorsque je lui expose la situation, elle a l’air surpris – presque outré. Il me paraît pourtant indispensable que tout le monde y mette du sien. Elle finit donc par accepter de nourrir mes chevaliers servants en premier, avant elle et mon père.
Un peu plus tard, je l’observe par la fenêtre dresser le couvert sur la table de la petite terrasse accolée à la dépendance, et y poser au milieu une grande salade de toutes les couleurs. Ce n’est pas très élaboré, comme menu, mais enfin... à la guerre comme à la guerre !
Il est presque treize heures lorsque mes hommes se mettent à table. Au loin, j’entends l’aspirateur de Dolores qui poursuit son chemin au rez-de-chaussée et qui avale toute la poussière qu’il peut. Merveille de technologie, quand on y réfléchit. Bijou de technique. Courageuse machine, dont le bruit couvre à peine le chant des oiseaux.
Mésanges.
Bergeronnettes.
Merles.
Et mes petits étourneaux qui picorent la manne très simple concoctée au pied levé par ma mère.
Celle-ci pose ensuite une boîte de camembert ainsi que trois parts de gâteau maison dans des petits assiettes sur le rebord de la fenêtre, dont elle referme ensuite les deux battants.
Le repas se termine avec ce gâteau de grand-mère, mets trivial et roboratif.
Brut.
Je suis heureuse que mes enfants aient l’opportunité d’observer un peu ce que l’on mange dans les campagnes françaises.
Ma mère me rappelle pour savoir si c’est Dolores qui débarrassera, mais je n’aime mieux pas mélanger les services à vaisselle : si l’on se laisse aller au désordre, c’est la foire d’empoigne dans les placards des habitations.
Je lui conseille plutôt d’attendre quelques heures, de sorte que l’éventuelle charge virale s’estompe et qu’elle puisse débarrasser tout cela en toute sécurité – et puis après tout, ni Victor, ni Édouard, ni Henri ne présentent le moindre symptôme. Elle soupire et raccroche sans autre forme de procès.
J'effectue quelques exercices de respiration pour évacuer son agressivité.
Au milieu de l’après-midi, je suis réveillée par un bruit de vaisselle. Je me redresse dans mon lit pour voir au dehors : ce sont les garçons qui, en jouant au ballon, ont renversé le broc d’eau et l’ont cassé en mille morceaux.
Les aléas de la vie.
Vie de parent.
Étourdie par le mal qui m’étreint, je me rendors immédiatement.
Je suis réveillée par un coup de fil de ma mère. Je ne sais pas pourquoi je décroche.
Elle surjoue la panique pour m’annoncer que ma cousine, celle qui n’a de cesse de s’apitoyer sur son sort, a elle aussi attrapé le Covid-19. Je lève les yeux au ciel.
Évidemment.
Un rhume qui traîne, elle s’imagine l’avoir.
Ma mère insiste : les pompiers sont en train de l’emmener à l’hôpital local.
Je ris intérieurement en pensant à la tête que feront les urgentistes, et aux plaisanteries de carabin qu’ils s’échangeront lorsqu’ils verront débarquer cette hypocrondriaque en pleine santé.
Pour couper court à cette discussion inutile, je lui demande si elle a été testée positive à ce virus, à quoi ma mère répond : “Enfin Ludivine, tu sais bien, on ne teste plus les gens, sauf les cas graves, donc elle sera probablement testée bientôt”.
Ça, je demande à voir.
Pour l’instant, elle n’a pas été testée.
Comme c’est commode.
Nous raccrochons, et je me rendors paisiblement jusqu’à ce que Dolores m’apporte une soupe. Une soupe à quoi ? Je n’en sais rien. C’était du jamais vu : cette soupe n’avait aucun, mais vraiment aucun goût.
Quiconque chercherait à concocter un plat volontairement insipide n’y parviendrait pas avec autant de réussite que Dolores.
De nouveau, tristesse des papilles.
Mais je n’ai plus la force de me battre aujourd’hui.
—Ludivine de Saint Léger
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