#L'utilitarisme
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Jeremy Bentham
Jeremy Bentham (1748-1832) était un philosophe anglais et un réformateur social libéral, surtout connu comme le fondateur de l'utilitarisme basé sur le principe du plus grand bonheur pour le plus grand nombre, qui consiste à juger rationnellement le succès d'une loi en considérant le nombre de personnes qu'elle rend heureuses. Bentham définit le bonheur comme la présence de plaisir et l'absence de douleur, critères également appliqués pour définir le comportement moral.
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« L'Amérique aussi, dans sa façon essentielle de considérer la vie et le monde, a créé une « civilisation », qui se trouve en parfaite contradiction avec l'ancienne tradition européenne. Elle a définitivement instauré la religion de l'utilitarisme et du rendement, elle a placé l'intérêt pour le gain, la grande production industrielle, la réalisation mécanique, visible, quantitative, au-dessus de tout autre. Elle a donné naissance à une grandeur sans âme de nature purement technico-collective, privée de tout arrière-plan de transcendance, de toute lumière d'intériorité et de vraie spiritualité. »
Julius Evola - Révolte contre le monde moderne
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« L'Amérique aussi, dans sa façon essentielle de considérer la vie et le monde, a créé une « civilisation », qui se trouve en parfaite contradiction avec l'ancienne tradition européenne. Elle a définitivement instauré la religion de l'utilitarisme et du rendement, elle a placé l'intérêt pour le gain, la grande production industrielle, la réalisation mécanique, visible, quantitative, au-dessus de tout autre. Elle a donné naissance à une grandeur sans âme de nature purement technico-collective, privée de tout arrière-plan de transcendance, de toute lumière d'intériorité et de vraie spiritualité. »
Julius Evola - Révolte contre le monde moderne
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Le sachiez tu ?
Bentham était un philosophe Anglais du 18ème, père de l'utilitarisme. Grosse modo un courant du philosophisme moral qui dit "faut maximiser le bonheur et juger les actes en fonction de ça. Donc si il faut "sacrifier" une minorité de personnes pour maximiser le bonheur de toute la population de façon significative c'est complètement ok. " (# La joie et le pragmatisme)
Et du coup le petit monsieur s'était posé la question de l'homosexualité d'un point de vue morale, au sens est ce que c'est une bonne ou une mauvaise chose. Et donc le petit monsieur (Anglais et 18eme on rappelle) a donc déclaré droit dans ses bottes qu'il fallait dépénaliser l'homosexualité (et arrêter la peine de mort et la souffrance animale) parce que d'un point de vue pragmatique ce n'était pas "logique" que ce soit interdit, que ca ne participait pas à la maximisation du bonheur de la population de mettre les homo en prison.
Le mec qui avait peur de rien.
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Théorisation de la “punk attitude” par la philo
Isidore Isou, qui fonde le mouvement lettriste pour créer des phonèmes neufs et détruire la signification, est un punk. André Breton, qui exige des apprentis surréalistes qu'ils giflent un policier dans la rue, est un punk. Le sous-commandant Marcos, qui oppose l'humour des Indiens zapatistes du Mexique au sérieux des mafias et des banquiers, est un punk. Le prêcheur Jean de Leyde, qui fonde au XVIe siècle le groupe anabaptiste pour saper l'ordre chrétien dominant, est un punk. Les dandys de Joris-Karl Huysmans ou Jules Barbey d'Aurevilly, qui raffinent l'inutile et cisèlent le détail pour lutter contre l'utilitarisme bourgeois, sont des punks. Jérôme Bosch et Greco, qui peignent des scènes célestes ne ressemblant pas beaucoup aux Evangiles, mais aussi Henri de Toulouse-Lautrec ou Egon Schiele, dont les portraits rageurs n'ont pas la plastique classique des modèles d'école, sont des punks. Charles Baudelaire ou Luis Buñuel sont des punks.
Punk ne se dit pas seulement du soubresaut musical et vestimentaire qui a secoué il y a environ cinquante ans certaines marges de la jeunesse prolétaire britannique, mais aussi, plus largement, d'une longue lignée de marginaux et de subversifs prêts à détruire l'oeuvre, à faire "désoeuvre", si ça peut éroder les piliers honnis de l'ordre en place - royal, chrétien, bourgeois, pompier, technoscientifique, selon les époques.
Le "fétichisme de la marchandise", comme disait Karl Max, est ce qu'avaient le plus en horreur les punks de la Renaissance ou de la Belle Epoque, de l'Allemagne de Weimarr ou de l'Angleterre de Margaret Thatcher. Maintenant que la provocation est une valeur marchande, c'est ailleurs que dans sa gesticulation stratégique que se situe la vraie rupture. Cette dernière spirituelle, car oui, l'hérétique intégral est un punk.
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Des villes intelligentes, réalité ou fiction?
En vente en e-book à 9,90 euros Mon livre "Des villes intelligentes, réalité ou fiction?" vient de paraître en anglais et en français. J'en publierai progressivement des extraits sur ce site. Hervé Juvin m'a rédigé une préface particulièrement dynamique qui pose le problème du développement urbain au regard de tous les mythes que trimballe la "modernité". Homme de grande culture qui, comme moi, alterne entre le monde des idées et celui de l'entreprise, chercheur et essayiste de talent, passionné par l'Afrique, l'Amérique, la Russie, la Chine, nous nous côtoyons depuis de nombreuses années autour de réflexions sur l'évolution - que dis-je, l'effondrement - de nos sociétés, le triomphe de l'individualisme et l'abandon du sens du Bien commun, le naufrage dans un relativisme obsessionnel dans le rôle des panzerdivisions de la mondialisation qui nivelle tout pour faire place au tout marché. La ville, et les mutations qu'elle va connaître, concentre toutes les faillites de l'utilitarisme de la conception occidentale de la vie, du rationalisme qui confine à l'absurde, du positivisme, du fonctionnalisme (une chose doit servir à une chose et pas à deux!) qui a donné ces mégalopoles dans lesquelles nous vivons et que des savants fous veulent rendre encore plus grandes et encore plus inégalitaires avec la fascination des métropoles qui achèvera la destruction de nos paysages, de nos villages, de notre civilisation. Hervé Juvin me gratifie du mérite de participer au mouvement de "déradicalisation de la modernité". Ce compliment me va droit au coeur. Le lecteur trouvera ici la table des matères et le renvoi vers quelques chapitres, en attendant que le livre soit dispoible à la vente. Téléchargez la préface et l'introduction depuis le site de l'éditeur. Table des matières (PDF éditeur) CR Table des matières 1 Habiter, bouger, travailler, rencontrer, jouer, vivre enfin… 2 Introduction.......................................................................... 3 Mais qu’entend-on par « smart city » et d’où est venu ce concept ? 3.1 Des smart cities pas si « smart » !.................................................. 3.2 Le miroir aux alouettes des smart cities :...................................... 3.3 D’autres miroirs pour d’autres alouettes : la ville des classes créatives. 3.4 Alors c’est quoi, une « ville intelligente » ?............................... 4 L’enjeu du développement urbain dans le contexte de la troisième révolution industrielle 4.1 Les enjeux démographiques et économiques : vers un changement de modèle économique 4.2 Les enjeux géopolitiques : le basculement de la polarité du développement vers le sud-est et des stratégies différentes entre pays industrialisés et émergents. 4.3 Transition énergétique: La malédiction des énergies fossiles n’est pas prête de nous quitter. 4.4 Les six ruptures du développement urbain basé sur la ville intelligente 5 Qu’est qui fait qu’une ville est intelligente ?...................... 5.1 Les leçons de la ville médiévale...................................................... 5.1.1 Des villes sans architectes ?.......................................................... 5.1.2 Comment la ville devint inintelligente ?........................................ 5.2 La ville est un système de vie............................................................ 5.3 Le territoire intelligent.................................................................. 5.3.1 Le territoire, un actif immatériel................................................... 5.3.2 Le territoire secrète l’innovation (et non l’inverse)......................... 5.3.3 La dynamique territoriale en action.............................................. 5.4 La métropole est-elle un territoire intelligent ?................................ 5.5 Une ville n’est pas une collection de smarties................................... 5.5.1 Une ville est un système vivant…................................................... 5.5.2 … que nous comprenons aujourd’hui par de nouvelles approches.. 5.5.3 … au cœur desquelles les sciences de la complexité…...................... 5.5.4 …permettent de conjuguer quasi-stabilité interne et instabilité externe. 5.6 Les dangers de l’approche technocentrée........................................ 6 Les nouvelles sciences de la ville 6.1 Les mythes sympathiques et moins sympathiques de la cité idéale 6.2 La ville est un système en déséquilibre.............................................. 6.2.1 Définition d’un écosystème urbain................................................ 6.2.2 La ville, un système en équilibre incomplet..................................... 6.2.3 Quelle taille optimale pour la ville ?........................................... 6.2.4 Taille et inégalités sont corrélées................................................ 6.3 La ville intelligente : un système autopoïétique............................... 6.4 La ville doit être conçue comme un « système de systèmes » :............ 6.4.1 La modélisation........................................................................ 6.4.2 L’émergence............................................................................. 6.4.3 Evolution inside: L’ Urban Life Cycle management........................ 6.4.4 L’architecture système comme cadre de représentation................. 6.4.5 La méthode de conception......................................................... 6.4.6 Le processus d’intégration : plus d’efficacité pour un coût moindre 6.4.7 Intégrer des systèmes hétérogènes.............................................. 7 La ville intelligente en action................................................. 7.1 Deux villes qui ne devraient pas exister : Norilsk et Singapour.......... 7.1.1 Norilsk, la ville la plus polluée et polluante du monde................ 7.1.2 Singapour, la nation intelligente............................................... 7.2 Les projets pilotes....................................................................... 7.2.1 La ville africaine:..................................................................... 7.2.2 L’émergence d’un projet territorial par le sens : le cas de Rhamna, au Maroc 7.2.3 Casablanca comme prototype pour remédier à la croissance tentaculaire de la ville 7.2.4 Angola, Namibie: Eco conception d’un système d’approvisionnement en eau potable 7.2.5 Problème urbain et transition économique : le cas russe des monovilles 7.3 Les chantiers de la ville intelligente............................................... 7.3.1 Le pouvoir des données............................................................. 7.3.2 Combien coûte la ville intelligente ?........................................... 7.3.3 Le gouvernement de la ville intelligente.................................... 7.3.4 Quelles sont les tâches et la forme d’un gouvernement intelligent de la ville intelligente ? 8 Conclusion.............................................................................. 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"En matière d'incivisme, on peut régulièrement entendre des personnes déclarer de façon tellement logique à leurs yeux,..., tout en jetant des détritus à terre ou en salissant sans vergogne,..., que ce n'est pas grave puisqu'il y a quelqu'un qui est là pour nettoyer ! Et il y a même dans de tels esprits limités, l'idée terrible que si l'on ne salit pas, la personne qui est détachée à cet emploi risque de le perdre. Nous frôlons ici les limites de l'utilitarisme le plus abjecte qui soit...! Du coup, je me permettrai de transposer cette attitude grossière et irrespectueuse à la vie spirituelle en me questionnant sur ceux et celles qui ne cessent de souiller leur vie et celle des autres avec une certaine condescendance, en pensant que de toutes les façons Dieu, dans sa grâce, va nécessairement pardonner. Mais vivre dans l'idée fausse d'une grâce à bon marché témoigne d'une totale méconnaissance de la grâce. La grâce de Dieu qui nous pardonne de nos fautes fonctionne de concert avec la repentance de la personne qui témoigne ainsi d'une volonté profonde de ne plus vivre dans la logique pécheresse. C'est pourquoi dans Galates 5.13, Paul écrira :"Frères, vous avez été appelés à la liberté, seulement ne faites pas de cette liberté un prétexte de vivre selon la chair". De telles personnes ne prendraient-elle pas Dieu pour un simple agent de nettoyage subissant presque nécessairement la méprise...?" Past. Xavier LAVIE https://www.instagram.com/p/CFCfUUEAjwT/?igshid=dnmyr97ojy01
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Que ce soit lors de son coup d'envoi avec Taylor ou lors de sa mutation cybernétique, le management reçut à chaque reprise son impulsion des Etats-Unis. Si bien qu'il faut se résoudre à conclure que le management est une science américaine du gouvernement du désir. L'utilitarisme, l'austère morale du travail et de l'épargne, le messianisme universaliste, le culte de l'action, le nomadisme, l'horizontalité, etc., constituent en effet des traits puissants de la civilisation américaine qui se trouve tout entière du côté de la Mer, de la fluidité, de la circulation. Nous autres, Français, voire Européens, appartenons à une autre tradition et à une autre histoire qui possèdent leurs propres références : l'administration plutôt que l'organisation, l'honneur plutôt que le contrat, la beauté plutôt que l'efficacité
Baptiste RAPPIN dans Elements
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Je plussoie vigoureusement, et j'ajoute que "l'école de l'utilité" est le rêve du néolibéralisme que les tristement célèbres pédago-démagogues des années 80 ont réalisé : on en voit le résultat.
L'instruction républicaine n'a pas vocation à l'utilitaire. Elle est censée être l'antithèse de l'utilitarisme, parce que le savoir est tout sauf utilitaire. Ce qui "sert dans la vie", c'est d'être capable de trier le vrai du faux, de savoir choisir des mots appropriés pour communiquer sa pensée, d'apprendre à agir en connaissance de cause et en conscience. C'est exactement ce qui manque aux dernières générations d'écoliers et c'est une insigne tragédie.
L'école n'a pas vocation à aider les enfants à s'insérer sur le marché de l'emploi. C'est un mensonge délibéré de ceux qui tiennent le marché de prétendre qu'avec une école publique servant le marché global, l'école aura enfin trouvé son utilité et le problème du chômage sera réglé !
L'école n'est pas non plus dans son rôle à se superposer aux familles, et elle n'a aucun pouvoir sur l'épidémie d'exposition à la pornographie qui joue un rôle majeur dans la désinformation des jeunes gens en matière de sexualité.
Les cours de biologie parlent déjà de reproduction, ce me semble, et de manière scientifique et dépassionnée ; qu'attendrait-on de plus au juste des professeurs ? En ces temps de scandale pédophile, en prime ?!
Tu pense quoi de la question de l'éducation sexuelle à l'école? Les libfems semblent uniquement préoccupées par les questions de "diversité des genres" ( faut apprendre aux gosses qu'ils en existent des centaines ) et par la notion de "consentement" mais elles n'ont pas l'air d'envisager de dispenser aux jeunes une réelle éducation sexuelle, scientifique, bien faite, qui ne serait pas complètement imprégnée d'idéologie néo-libérale américaine... J'ai un peu peur pour les gamin-es en fait
Je suis partagée parce que je pense que l'éducation sexuelle est à faire par les parents et non par l'école. On donne à l'école trop de missions sociologiques aux dépends de l'apprentissage des savoirs. Après, on aurait dû se douter qu'en appelant tout ça “éducation nationale” on allait sous traiter l'éducation des enfants à l'institution. D'où d'ailleurs le comportement de certains parents vis à vis des enseignants qu'ils prennent pour les nounous de leurs gamins.
Personnellement je n'ai pas eu d'éducation sexuelle au collège, vaguement 2h en 4e, où notre prof de bio a maladroitement enfilé un préservatif sur un espèce de gode en métal, bref un moment bien malaisant pour une classe de gamins qui n'avaient pour la plupart même jamais eu leur premier baiser.
On avait même eu des préservatifs et des serviettes hygiéniques gratuites. Les uns ont squatté nos portefeuilles entre un billet de 20 francs et une carte de téléphone pendant des mois, et les autres se sont retrouvés collées sur les murs du collège.
Je trouverais plus intelligent que les établissements aient tous un médecin et un infirmier scolaire à demeure, où les enfants puisse aller poser des questions dans un contexte qui respecte leur intimité. Et que ce soit aussi ces personnes qui puissent recommander des relais vers des associations de confiance, planning familial ou maisons des adolescents.
L'éducation sexuelle en groupe, de toutes façons, va à l'encontre de l'intimité. Mettre filles et garçons ensemble crée un malaise et des comportements de provocation. Chaque enfant n'a pas besoin des mêmes informations. Pourquoi parler MST à un gamin qui n'a même jamais tenu la main à une fille et grossesse non désirée à une gamine qui n'a pas ses règles ?
J'ai pas de réponse définitive après, ça reste ouvert à discussion.
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VEBLEN
La classe de loisir : une institution enracinée dans l'histoire
Théorie de la classe de loisir s'ouvre sur une vaste fresque historique qui permet de définir la « classe de loisir » comme une institution, c'est-à-dire comme un faisceau donné d'habitudes de pensée, inscrites dans le temps et dans l'espace, communes à un ensemble d'individus et qui contraignent les comportements de ces individus, jusqu'à façonner les notions mêmes de rationalité qui servent de référence à chaque époque de l'histoire. « Ce sont les conditions de la vie en société qui poussent les hommes à s'adapter. L'adaptation des façons de penser, c'est le développement même des institutions », écrit Veblen. Ces habitudes de pensée résultent du travail de l'histoire sur les instincts des hommes – de l'histoire ou plutôt des phases historiques : la phase « néolithique », la phase « barbare », la phase « artisanale » et la phase « des machines ». Apparue parallèlement à l'institution de la propriété privée, la « classe de loisir » s'enracine dans la différenciation du travail des hommes et du travail des femmes, puis se développe sous les traits du loisir et de la consommation ostentatoire. Mais tout en conservant des traits « archaïques », héritage de cette phase « barbare » de l'histoire qui l'a vue naître.
À travers cette nouvelle catégorie qu'est la classe de loisir, Veblen construit un cadre d'analyse qui lui permet de montrer en quoi l'évolution des exigences de la production industrielle suppose la mise en place de nouvelles représentations, l'élaboration de nouveaux critères de jugement : de nouvelles « institutions », qui concernent aussi bien les modes vestimentaires féminines que les formes de validation des théories scientifiques élaborées dans les universités.
Un projet pragmatiste et darwinien
L'inspiration est double. Elle marquera toute l'œuvre de Veblen. D'une part, le pragmatisme américain de Charles S. Pierce, William James et John Dewey, à qui il emprunte une épistémologie spécifique aux sciences sociales, ni déductive ni inductive, mais « abductive » – c'est-à-dire qui infère le différent à partir de ce qui est observé (contrairement à l'induction, qui infère le semblable à partir du semblable) : dans cette nouvelle définition de la construction scientifique, l'abduction suggère des hypothèses nouvelles, que la déduction développe et que l'induction vérifie ou falsifie – et une philosophie de la connaissance fondée sur « l'expérience ». D'autre part, le projet « darwinien », développé par Herbert Spencer et William Graham Sumner, de construire une science économique évolutionniste, fondée sur les notions d'adaptation, d'apprentissage, d'évolution ou encore de sélection des institutions.
L'un et l'autre projet conduisent Veblen à faire de la notion même de classe de loisir le levier d'une opposition ouverte, analytique autant que méthodologique, à l'égard de l'orthodoxie économique de son temps, considérée comme « irrémédiablement dépassée ». La cible en est la figure de l'Homo œconomicus, que Veblen oppose aux impératifs industriels – annonçant là deux de ses thèses les plus fortes, celle de la critique de l'utilitarisme économique et celle d'une opposition irréductible entre la logique industrielle et la logique financière. « Partout où la culture de l'argent domine, note-t-il, le processus de sélection, qui façonne les habitudes mentales et décide de la survivance des lignages rivaux, opère à court terme sur la base de l'aptitude à acquérir. Par conséquent [...] toutes les professions tendraient à sélectionner les hommes à cette fin que le tempérament pécuniaire dominât sans partage. Il s'ensuivrait que le type connu sous le nom d'„homme économique“
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John Stuart Mill
John Stuart Mill (1806-1873) était un philosophe anglais très influent de l'ère victorienne. Ses écrits avaient été influencés par les penseurs des Lumières et le romantisme allemand. Outre ses travaux philosophiques, il écrivit sur les mathématiques, le langage et la logique. Bien en avance sur son temps, il prôna l'abolition de l'esclavage et défendit les droits des enfants et des femmes. Cependant, on se souvient surtout de lui pour ses essais sur l'utilitarisme, une philosophie développée par Jeremy Bentham (1748-1832).
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« Révant des jours heureux de Mytilène, la jeune poétesse, qui devint plus tard notre douloureuse Sapho française, s'affranchit de bonne heure des influences baudelairiennes, qui prédominent dans ses premières poésies, pour chanter les transes et les amours de son cœur, plus librement, avec cette harmonie douce et immense, cette largeur d'évocation sombre et caressante qui la caractérisera. « Mlle Renée Vivien, a dit un critique, païenne réveillée de quelque vieux temple athénien qu'on croyait englouti pour toujours, nous ressuscite les rites de l'antique beauté; et sa pale lampe éclaire audacieusement les plus obseurs de nos atavismes, ceux qui nous rattachent à cette mère patrie dont l'influence n'a pu etre étouffée par le militarisme romain, ni par la fièvre mystique de vingt siècles de foi chrétienne, ni même par l'utilitarisme effrayant qui pèse sur nos temps de luttes économiques... » »
Anthologie des poètes contemporains
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Comprendre la moralité en entreprise
Il n'y a pas longtemps, j'ai suivi une convention d'entreprise pour mieux contrôler mon groupe. L'objectif clé était l'évaluation du bonheur au sein de l'entreprise, et cela peut ne pas se faire sans effort. Voici les principaux détails que je partage avec vous car c'était intéressant. L'utilitarisme de Mill est un raffinement dans les vues innovantes également par son papa et Bentham. Comme Bentham, Mill conserve le guide d'auto-assistance de base pour le mouvement éthique devrait être la maximisation du plaisir ainsi que la minimisation de l'inconfort. Mill a développé cela comme «le principe de la meilleure joie», qui soutient que «les actions ont raison en pourcentage car elles ont tendance à promouvoir le contentement, incorrectes car elles font souvent le changement de joie. Par bonheur, on entend le plaisir et le manque de douleur; par la dépression, l'inconfort et aussi la privation de plaisir ». Mill a reconnu deux défaillances dans l'hypothèse antérieure de Bentham. En calculant les niveaux de douleur et de plaisir des membres de la famille dans le «calcul felicifique», Bentham a évalué de manière similaire chaque unité d'excellent ou de mal. Mill a découvert que le plaisir ne peut être réduit à une simple évaluation quantitative sans tenir compte de certains facteurs qualitatifs. Il est improbable que la douleur de perdre son chien préféré devienne comparable à la sensation de douleur de perdre un membre de la famille, mais ensuite pour d'autres événements et pour quelques autres personnes, ce pourrait être le cas; Le calcul de Bentham a produit peu de place pour ce genre de différences. Deuxièmement, Mill était catégorique sur le fait que certaines joies avaient plus de valeur que d'autres. Il écrit notoirement qu'il «vaut mieux être une personne insatisfaite par rapport à un porc satisfait; beaucoup mieux pour devenir un Socrate insatisfait que pour un fou satisfait ». En conséquence, Mill fait la différence entre les délices «supérieurs» et «inférieurs», pour être pris en compte dans les calculs utilitaires. La morale, pour Mill, se compose dans la quête du bonheur et de la diminution de la douleur. L'éthique utilitaire comprend une solide attractivité conviviale en raison de sa simplicité, mais elle l'a quand même, en particulier dans l'exposition de Mill, pour une large gamme et une critique continue. Néanmoins, une grande partie de la critique dirigée contre Mill en particulier (par opposition à l'idée en général) est le résultat de l'utilisation de son utilitarisme hors du cadre de sa pensée globale. Par exemple, les commentateurs modernes se sont plaints que le principe de base honnête de Mill est tout simplement trop difficile. Si chacune des mesures tend à augmenter la joie et la diminution de l'inconfort, il semble que même notre conduite quotidienne régulière finisse par être immorale. Certes, fondamentalement, si j'ai l'intention de rester véritablement en accord avec l'éthique de Mill, je donnerais tous mes revenus non réutilisables à un organisme de bienfaisance, et je considérerais les conséquences plus larges de mon emploi choisi. Est-ce que tout ce que je fais fait de la publicité pour le bonheur au détriment du malheur? Pour plus d'informations, allez sur le site de l'organisateur de l'organisation du séminaire et retrouvez toutes les informations.
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Pour la défense du scientisme
QUILLETTE
Publié le 6 avril 2019 commentaires 251 écrit par Bo Winegard et Ben Winegard
J'ai entendu dire que le jury n'est toujours pas d'accord sur la science. ~Gob Bluth
En science, le jury est toujours dehors. En effet, la science est une approche méthodologique du monde, et non un ensemble de principes inflexibles ou un catalogue de faits indiscutables. La vérité est toujours provisoire. La science n'a rien d'incontestablement vrai. "Cela semble vrai d'après les meilleures théories et preuves disponibles." Sur le plan scientifique, le jury a rendu un verdict il y a longtemps : c'est génial. Elle a vaincu des maladies mortelles et éradiqué des superstitions oppressives. Elle a accru l'épanouissement de l'être humain et prolongé son espérance de vie. Il a placé des humains sur la lune et de nombreuses brasses sous la surface de l'océan. Elle a mis au jour les forces qui guident les mouvements les plus grossiers de la matière et celles qui gouvernent les processus les plus exquis de la vie. Bref, elle a grandement amélioré l'existence humaine tout en augmentant considérablement notre connaissance de l'univers.
Malgré tout, les philosophes et les experts sceptiques continuent à avancer des arguments contre l'"arrogance" scientifique - ou contre ce qu'ils considèrent comme une tentative hubristique de la science d'évincer d'autres formes de compréhension et de discours. Ces dernières années, ces arguments se sont concentrés sur ce qu'on appelle le "scientisme", un terme malléable et vaguement péjoratif. (Il convient de noter que ce terme peut être utilisé clairement et efficacement, comme dans l'excellent article de Susan Haack, par exemple.) Un article de 2016 définissait le scientisme comme "la croyance que tout ce dont nous avons besoin pour résoudre les problèmes du monde... est la science." L'auteur a reproché à Neil DeGrasse Tyson le péché du "scientisme" parce qu'il affirmait que toute politique sociale devait être fondée sur la science. Plus précisément, écrit-il, "l'Amérique a besoin d'une colonie virtuelle" avec une constitution simple qui dit : "Toute politique sociale doit être basée sur le poids de la preuve." Des scientifiques comme Tyson et Steven Pinker, Richard Dawkins et Sam Harris, entre autres, sont souvent accusés - et dénigrés - de promouvoir le scientisme.
Dans ce qui suit, nous défendrons Tyson et al-Al-et plus généralement ce qu'on appelle (souvent) le scientisme - en utilisant, le cas échéant, le terme analogue de "politique sociale à base scientifique" (PSSS). La politique sociale fondée sur la science est d'avis que la politique sociale devrait être fondée sur les meilleures théories et données disponibles ; en d'autres termes, que la politique sociale devrait être décidée en fonction du poids de la preuve. Et c'est tout ce que le scientisme est - l'opinion selon laquelle les attitudes et les méthodes scientifiques peuvent améliorer tous les modes de recherche empirique et devraient, par conséquent, être encouragées. Les critiques objecteront presque certainement qu'il s'agit d'une définition indûment raisonnable. Le scientisme est parfois caractérisé par ses opposants comme une idéologie utopique ou une foi irrationnelle que la science finira par éradiquer tout mal, inaugurant une ère de paix et de prospérité éternelles. Mais c'est un homme de paille, et nous n'avons pas encore lu qu'un partisan sérieux de la science défend cette définition.
La version du scientisme que nous défendrons ici est celle préconisée par Pinker, Harris, Dawkins et Tyson ; la simple affirmation que nous, en tant que société, devrions utiliser les principes de la science - scepticisme, expérimentation, falsification et recherche de principes explicatifs fondamentaux - pour déterminer, même maladroitement et lentement, comment le monde fonctionne et quelles sont les politiques sociales les plus efficaces. Si l'on veut déterminer les meilleurs taux marginaux d'imposition, il ne faut pas déterrer un dogme ou un autre ou citer l'autorité d'un économiste mort. Nous devrions plutôt examiner et soupeser les données probantes, comparer les mérites de théories concurrentes, puis viser les taux les plus raisonnables.
Bien sûr, la société est un désordre compliqué d'intérêts concurrents et de solutions ad hoc. Les politiciens ne peuvent pas simplement interrompre l'élaboration des politiques pendant que les scientifiques testent l'efficacité des solutions de rechange, approuvant ou désapprouvant au fur et à mesure que les preuves arrivent. Le PSSS soutient que nous devrions nous efforcer de recueillir autant d'informations que possible sur les effets des politiques, même si nous ne serons pas en mesure d'obtenir des informations parfaites sur les coûts et les avantages de chaque proposition de politique qui nous est soumise. L'approche correcte est une approche tempérée par l'humilité. Cependant, cela n'exige pas une posture d'incrédulité provocante. Nous en savons vraiment plus aujourd'hui qu'hier.
La meilleure façon d'expliquer ce qu'est le scientisme tout en le défendant contre ses détracteurs est d'aborder, à son tour, quatre des arguments les plus populaires qui lui sont opposés.
1. Le scientisme conduira à une tyrannie inexplicable de scientifiques
De nombreux intellectuels et experts qui ont attaqué le scientisme ont fait valoir que cela conduirait à une tyrannie d'élites à lunettes qui promeuvent un dangereux rationalisme sans effusion de sang. Ils associent le SBSP à d'autres expériences ratées d'utopisme descendant, comme les révolutions française et russe. Kevin Williamson lors de la Revue nationale, par exemple, a noté que "les conservateurs, qui ont toujours la Révolution française dans leurs pensées, ont rappelé [Neil Degrasse Tyson] que [PSSS] a déjà été essayé, et que les résultats sont connus dans les livres d'histoire comme 'la terreur'." Et G. Shane Morris, du Federalist, a également affirmé que la vision du PSSS de Tyson avait été mise à l'épreuve et qu'elle avait "fait perdre la tête à beaucoup de gens, au propre comme au figuré". Le PSSS se trompe, à cet égard, parce qu'il promeut une tyrannie de technocrates qui essaient en vain de guider les humains pécheurs et imparfaits à la perfection en utilisant la raison pure et l'utilitarisme. Il en résulte un gaspillage prévisible mais tragique de vies humaines.
Bien qu'il s'agisse d'une caractérisation populaire du SBSP, elle est tout à fait trompeuse. Le PSSS n'est pas attaché à la doctrine manifestement fausse selon laquelle les humains sont des créatures sans émotion guidées uniquement par la raison. Il est plutôt consacré à la doctrine scientifique selon laquelle la nature humaine n'est pas entièrement connue, mais qu'elle est probablement composée de passions et de préjugés inexorables. Comme Daniel Kahneman l'a soutenu dans son livre Thinking Fast and Slow de 2011, bon nombre de ces passions et préjugés sont bien compris et ont été étudiés en profondeur par des scientifiques utilisant la méthode scientifique. En fait, les meilleures théories psychologiques modernes reconnaissent que les humains sont des créatures népotistiques, tribalistes et axées sur le statut. Les propositions politiques les plus absurdes d'aujourd'hui (c'est-à-dire celles qui ressemblent à l'optimisme des révolutions française et russe) viennent généralement de ceux qui ignorent ou nient délibérément les conclusions de la psychologie évolutionnaire moderne, et non de ceux qui sont immergés dans le PSSS et en font la promotion.
De plus, les meilleures données historiques et comparatives sur les systèmes sociaux démontrent sans équivoque que la planification centralisée et le contrôle descendant sont dangereux, ruineux pour la prospérité et contraires à la prospérité humaine. Par conséquent, une personne qui fonderait sa politique sociale uniquement " sur le poids de la preuve " ne favoriserait pas un système excessivement centralisé étant donné le poids remarquable de la preuve contre son caractère souhaitable.
2. Le scientisme a été responsable de crimes terribles dans le passé et les scientifiques se trompent souvent
Les opposants au scientisme affirment souvent que les scientifiques ont eu tort dans le passé et ont encouragé des politiques dangereuses et intolérantes comme l'eugénisme et la supériorité raciale des Blancs. Il s'ensuit donc qu'ils pourraient se tromper tout autant aujourd'hui et promouvoir des politiques que la société en viendra à considérer comme tout aussi détestables. Par exemple, Jeffrey Guhin à Slate a écrit que " l'eugénisme était une science, tout comme le darwinisme social et les pires justifications des régimes soviétique et nazi. Le racisme scientifique était aussi guidé par les données et incroyablement bien respecté."
Il est certainement vrai que de nombreuses hypothèses scientifiques ont été fausses ou incomplètes ; l'histoire de la science est un vaste cimetière de théories et de croyances autrefois révolues. De plus, même aujourd'hui, la science est criblée de défauts. Les sciences sociales, par exemple, ont été souillées par une récente " crise de reproductibilité ", et de nombreux scientifiques et critiques sobres d'esprit ont exprimé leur inquiétude face à la combinaison de biais politiques et de méthodes expérimentales potentiellement médiocres sur le terrain. Mais la science a néanmoins fait des progrès significatifs. En fait, la science progresse précisément en rejetant ou en révisant des théories qui ont déjà été révisées. La physique aristotélicienne a fini par céder la place à la physique newtonienne, qui a cédé la place à la relativité et à la physique quantique. De même, les sciences sociales continuent de progresser lentement mais régulièrement, malgré des détours déprimants en cours de route. Il est encourageant, par exemple, de constater qu'aujourd'hui très peu de gens croient sérieusement que la guerre est causée par un "instinct de mort" freudien.
De plus, bien que l'eugénisme, le darwinisme social et le racisme "scientifique" soient souvent utilisés pour entacher la réputation de la science, ils illustrent en fait pourquoi le SBSP est si important. Le darwinisme social, par exemple, n'était pas vraiment une science, et ce n'était pas basé sur le poids de la preuve ; c'était une philosophie sociale qui incorporait une version brute de la sélection naturelle. Les darwinistes sociaux n'ont pas favorisé une approche judicieuse de la politique déterminée par une étude minutieuse des résultats ; ils ont favorisé une approche fondée sur les valeurs et déterminée a priori par des hypothèses philosophiques et morales. Il en va de même pour les eugénistes et les racistes "scientifiques". (Le terme "raciste scientifique" est un triomphe rhétorique pour les opposants à la science, mais fait référence à quelqu'un qui utilise la patine de la nomenclature scientifique pour justifier le sectarisme, et non à quelqu'un qui utilise la méthode scientifique pour défendre le racisme).
Et quelle est l'alternative au PSSS ? Il est vrai, bien sûr, que les meilleures théories scientifiques et les meilleures données s'avèrent parfois fausses ou trompeuses - comme on l'a déjà dit, les connaissances scientifiques sont provisoires - et la science est effectivement imparfaite, faillible et limitée. Notre compréhension actuelle des résultats des écoles à charte, par exemple, pourrait devoir être révisée à la lumière des recherches futures. Par conséquent, les propositions de politiques devraient généralement être prudentes et progressives. Mais comment les chercheurs peuvent-ils déterminer si les écoles à charte sont souhaitables autrement que par l'application du PSSS ? La révélation, l'intuition et l'épiphanie sont des outils minables et peu fiables. Et même s'ils étaient jugés fiables, nous ne le saurions qu'en examinant attentivement les preuves, c'est-à-dire en appliquant la méthode scientifique. Il en va de même pour la théorie et la philosophie politiques, bien qu'elles soient certainement des outils plus utiles et plus fiables que les intuitions ou les épiphanies.
3. Le scientisme ne peut pas déterminer les valeurs et n'est donc pas un bon guide pour une bonne vie
Les opposants au PSSS soutiennent souvent que la science est incapable de déterminer les valeurs humaines et qu'elle est donc un mauvais guide pour la politique sociale. Ross Douthat, un écrivain conservateur du New York Times, par exemple, a soutenu que le "scientisme" est, au fond, "une invocation des "faits scientifiques" pour justifier ce qui est... une préférence philosophique pour Mill sur Nietzsche...". Jeffrey Guhin, de Slate, l'a souligné de façon plus péremptoire en déclarant catégoriquement que " la science n'a pas à dire aux gens comment vivre ". En d'autres termes, la science pourrait être en mesure d'établir des faits sur le monde - découvrir des lois, des particules et des principes explicatifs - mais elle ne peut pas discerner des valeurs ou un sens, et ne peut donc pas nous en dire beaucoup sur la vie, la liberté et la recherche du bonheur.
Cet argument est une version de l'affirmation philosophique de David Hume selon laquelle on ne peut dériver un "devrait" d'un "est". L'argument de Hume soutient que rien dans l'état du monde ne peut déterminer comment nous devrions nous comporter ou ce à quoi nous devrions accorder de la valeur. Pour prendre un exemple extrême, il n'y a rien de mal, objectivement ou intrinsèquement, à défendre sans raison la torture de ses voisins. Dans toute déclaration morale (" il ne faut pas torturer ses voisins "), le devoir n'est pas exclusivement déterminé par l'état du monde, mais exige quelque chose de subjectif - une préférence, un désir, une valeur (comme la préférence de ne pas voir souffrir inutilement les gens). Nous sommes d'accord avec cet argument, et nous ne pensons pas qu'une défense du PSSS nous oblige à le réfuter.
L'argument is/ought est presque exclusivement scolaire, parce qu'en réalité la plupart des gens s'accordent sur une valeur sous-jacente, ce qui nous aide à combler le fossé entre " est " et " devrait ". Comme Sam Harris l'a fait valoir dans The Moral Landscape, la valeur sous-jacente sur laquelle la plupart des gens s'entendent est qu'une certaine forme d'épanouissement, de satisfaction, de bien-être ou de bonheur humain est un bien intrinsèque et devrait être promue. En d'autres termes, la plupart des gens modernes en Occident s'accordent à dire, en dépit de protestations parfois vives à l'effet contraire, que le bien-être humain devrait être l'objectif de la politique sociale et de la moralité. Pour le voir, considérez les exemples suivants. Quelqu'un pourrait-il soutenir que parce que la beauté est le bien le plus important au monde, il est bon de tirer dans la tête de personnes innocentes parce que le flux de sang qui en résulte est esthétiquement agréable ? Ou parce que la liberté est le bien le plus important au monde, une politique sociale qui sauverait 20 000 vies en augmentant les impôts de 1 % serait immorale parce qu'elle diminue la liberté ? Ou que parce que la piété est le bien le plus important, il est bon pour les gens de massacrer les hérétiques ?
Bien sûr, la plupart des dilemmes de politique morale/sociale sont plus difficiles à résoudre que ceux-ci, mais seulement parce qu'il est souvent plus difficile de discerner la politique ou le comportement qui augmente le plus l'épanouissement humain (ou diminue le plus la souffrance humaine). Harris a largement raison de comparer la moralité à la médecine. En médecine, l'objectif, bien sûr, est d'accroître le bien-être humain et de réduire la souffrance, et il devrait en être de même pour la moralité et la politique sociale.
Une fois que nous aurons identifié une fin souhaitable - l'épanouissement humain - nous pouvons et devons utiliser la science pour découvrir et promouvoir les politiques qui l'encouragent. Autrement dit, la science peut et doit absolument dire aux gens comment vivre. Ce n'est pas parce que la science est infaillible ou parce qu'elle est meilleure que la littérature ou la religion, mais parce que c'est la meilleure méthode dont nous disposons pour obtenir des connaissances. Lorsque les chercheurs ont découvert que l'installation de clôtures avec des barrières sécurisées autour des piscines privées et publiques réduisait considérablement le risque de noyades accidentelles, ceux qui prétendent que la science " n'a pas à nous dire comment vivre " ont-ils proposé de ne pas tenir compte de cette preuve et de ses implications politiques, de peur de risquer une extension dangereuse et désagréable de la science ? Ce qui est vrai avec les piscines l'est, en principe, avec toute politique sociale et morale, même si de nombreuses énigmes politiques et morales sont plus difficiles à résoudre.
4. Le scientisme tente de cannibaliser d'autres domaines et est irrespectueux des autres "façons de savoir"
Enfin, de nombreux critiques du scientisme affirment qu'il s'agit d'une entreprise impériale déterminée à coloniser toutes les autres disciplines, remplaçant leurs méthodes et leurs connaissances uniques par un programme rigide importé de la physique. Mais cette critique suppose que ceux qui promeuvent le scientisme confondent les buts très différents de l'art et de la science. Il suppose également que le scientisme soutient que la physique et la chimie devraient être le modèle de toutes les sciences modernes. Ces deux hypothèses sont incorrectes.
Les critiques du scientisme expriment souvent la crainte que la science n'empiète sur le territoire des sciences humaines, dévalorisant des entreprises humaines autrefois nobles comme la musique, la peinture et la littérature. Mais il s'agit simplement d'une erreur de catégorie. Les êtres humains n'apprécient pas l'art parce qu'il fournit des connaissances empiriques sur le monde ; ils l'apprécient parce qu'il offre une expérience agréable et souvent stimulante pour la réflexion. Ce n'est pas plus un défaut de The Wasteland de T.S. Eliot qu'il ne fournit pas au lecteur des connaissances scientifiquement vérifiées sur les effets de la pollution que c'est un défaut d'un délicieux dessert qu'il ne fournit pas à son consommateur des connaissances sur la relation entre calories et gain de poids. Bien sûr, certaines publications fournissent des connaissances sur le monde (par exemple, les romans de Dickens fournissent des connaissances sur l'industrialisation en Angleterre), mais ce n'est pas sa fonction première ou habituelle. La science et les arts ne se chevauchent pas vraiment. Ils remplissent des fonctions très différentes et peuvent donc coexister pacifiquement.
Mais, contrairement aux arts, le but commun de la critique littéraire, de la critique cinématographique, de l'histoire et de bien d'autres disciplines est de poursuivre et de diffuser une sorte de vérité objective. Ces disciplines devraient donc utiliser les outils de la pensée scientifique moderne. Cela ne signifie pas qu'ils doivent se préoccuper de la mesure ou qu'ils doivent s'attacher à des méthodologies réductrices, cela signifie simplement que l'analyse critique doit être fondée sur des preuves et consacrée à la rigueur et à une argumentation rationnelle. La critique littéraire, par exemple, devrait être disciplinée par le texte qu'elle analyse. On ne devrait pas être autorisé à prétendre que Lolita parle de la guerre froide sans fournir des preuves tirées du roman. Sur cette base, certaines interprétations sont plus plausibles que d'autres, et l'intention de l'auteur, lorsqu'elle est perceptible, peut commencer à retrouver son autorité. Le critique doit faire preuve de scepticisme et de prudence à l'égard des diverses lectures et s'efforcer de les falsifier à l'aide de preuves textuelles. De plus, il faut appliquer les meilleures théories disponibles en psychologie, en anthropologie et en sociologie pour accroître la compréhension de la littérature et des arts. Nous sommes généralement sceptiques quant au fait que les connaissances de la psychologie évolutionniste, par exemple, sont cruciales pour une bonne critique littéraire ; cependant, elles sont certainement plus utiles que les théories psychologiques manifestement absurdes qu'utilisent encore de nombreux critiques, qui proviennent souvent des théories largement falsifiées de Freud ou Jung. Il en va de même a fortiori pour l'histoire.
Alors qu'en est-il de la philosophie ? Beaucoup de ceux qui sont accusés de promouvoir le scientisme, comme Dawkins et Harris, ont écrit ou dit des choses méprisantes sur la philosophie, se moquant souvent d'elle pour son obsession des questions sans réponse et sa tendance à confondre au lieu d'éclairer. En tant que tels, ils ont été attaqués par des philosophes qui, sans surprise, n'apprécient pas les attaques contre leur discipline. Mais il est clair, si l'on est charitable dans l'interprétation de ces penseurs, qu'ils n'aiment pas ou ne dénigrent pas la philosophie en soi, mais plutôt une sorte de philosophie ésotérique et autoréférentielle qui a été raillée et raillée par beaucoup. (On pense à la définition de la philosophie d'Ambrose Bierce, qui définit la philosophie comme une " route de nombreuses routes menant de nulle part à rien "). Dawkins, Pinker et Harris sont tous des penseurs profondément philosophiques qui réfléchissent aux conséquences de leurs concepts et de leurs classifications et essaient de synthétiser de vastes quantités de données en une vision cohérente de l'univers.
Le scientisme ne dégrade pas la philosophie, mais ses adeptes sont certes impatients face à certaines des variétés qui brisent la logique, induisent le bâillement et obscurantisent les institutions d'élite. Ils croient que la philosophie devrait s'attaquer aux données et travailler avec la science. Certaines attaques du scientisme contre la philosophie sont sans aucun doute injustes et méritent d'être repoussées. Mais la plupart de ceux qui prônent l'expansion de la science n'appellent pas littéralement à l'abolition de la philosophie ; ils appellent à une philosophie plus pratique et moins obscure.
Conclusion
Avec la primauté du droit, les marchés et un gouvernement représentatif, la méthode scientifique (et l'attitude scientifique en général) est l'une des grandes créations institutionnelles humaines. Elle nous a permis de résoudre de nombreuses énigmes tenaces, de remplacer la superstition par une véritable compréhension et de créer des technologies qui ont permis à des millions de personnes de sortir de l'indigence et de la souffrance. La science a connu un tel succès, en fait, que nous, la progéniture gâtée du Siècle des Lumières, prenons ses fruits pour acquis et confondons son orgueil raisonnable avec l'arrogance impériale.
Pour être juste envers les critiques du scientisme, nous devons admettre que certaines personnes ont tenté d'utiliser la méthodologie rigoureuse de la physique comme modèle pour toutes les autres disciplines et ont troqué la compréhension contre une simple illusion de précision. Et d'autres ont minimisé le pouvoir et l'importance de la poésie, de la peinture, de la musique et d'autres activités non scientifiques. De telles erreurs méritent d'être réfutées. Mais nombre des arguments avancés contre le scientisme sont trompeurs et caricaturent les intellectuels qui prônent la diffusion de la science dans d'autres disciplines et dans le domaine de la politique sociale.
Aucun d'entre eux ne croit que si tous les domaines copiaient les méthodes de la physique et de la chimie, nous serions sur le chemin du paradis ou que l'art est un fac-similé bon marché de la science, une distorsion de la vérité, une copie dégradée d'une copie. Ce qu'ils croient, c'est qu'aucun autre outil n'est meilleur ou plus fiable que la science dans la vaste boîte à outils pour comprendre et engager le monde matériel.
Bo Winegard est essayiste et professeur adjoint au Collège Marietta. Vous pouvez le suivre sur Twitter @EPoe187
Ben Winegard est essayiste et professeur adjoint au Hillsdale College. Vous pouvez le suivre sur Twitter @BenWinegard
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Be prepared je vais vous faire un topo sur l'éthique Kant versus Bentham en utilisant le comics Watchmen parce que la fin de la bd tourne autour de la question de l'utilitarisme et de la moral.
(tout ça avec un geant bleu, Ramses 2 et des écrans de TV)
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L'historien revient sur la victoire des Bleus à la Coupe du monde. Pour une fois, personne n'a trouvé à redire au grand tumulte identitaire, et c'est tant mieux.
Du château de Paul Claudel aux Chorégies d'Orange, Jacques Julliard nous emmène découvrir ses plaisirs culturels de l'été. L'essayiste analyse également l'affaire Benalla, qui a révélé selon lui l'esprit de cour qui règne autour d'Emmanuel Macron. Il considère cependant qu'en se lançant dans une dénonciation hyperbolique l'opposition ne s'est pas grandie. Enfin, il revient sur la victoire des Bleus à la Coupe du monde. La France a su renoncer au culte de la défaite, mais il ne faudrait pas qu'elle abandonne aussi le panache, retient-il.
● Brangues, 30 juin-2 juillet: Du côté de chez Paul
«Moi, je n'oserais pas», aurait répondu Claudel à Jean-Louis Barrault, qui lui demandait, pour les besoins de la mise en scène, de modifier une scène du Soulier de satin. Pure provocation de la part du dramaturge, qui a passé son temps à remettre sur le métier des œuvres déjà produites, et qui témoigne non pas, comme le croiraient les imbéciles, d'un orgueil démesuré, mais au contraire d'une manière d'humilité devant le personnage qu'il lui avait été donné d'incorporer…
Nous sommes à Brangues (Isère), à mi-chemin entre Lyon et Chambéry, dans le château où Claudel a terminé ses jours, et qui lui ressemble: haut, massif, plein de dépendances et de surprises, «jeune ensemble qu'éternel».
» LIRE AUSSI - Paul Claudel en majesté
Car Claudel est un paradoxe qui n'en finit jamais. Cet homme de droite est un diplomate de gauche ; ce prétendu vichyssois est un antipétainiste enragé, comme en témoigne sonJournal ; ce franquiste affirmé fut un des rares écrivains à s'élever avec violence contre les lois antisémites de Vichy ; cet homme grave a un sens inné de l'humour. Avisant, à la librairie Lardanchet, de Lyon, la bande d'un ouvrage, «Claudel, le grand auteur comique», il s'écrie: «Enfin quelqu'un qui m'a compris!», pour feindre le dépit quand il s'aperçoit que c'est «cosmique» qu'il faut lire…
Depuis six ans, les Rencontres Claudel sont désormais intégrées dans un ensemble plus vaste, que Robin Renucci, grand acteur claudélien, a baptisé «le solstice de Brangues». C'est ainsi qu'on a pu successivement y entendre avec plaisir des pièces qui sont les deux sommets opposés du théâtre français, le dépouillement janséniste de la Bérénice de Racine et le foisonnement baroque duSoulier. Hélas, le verset claudélien comme l'alexandrin s'accommodent mal de la diction brève, saccadée, ignorante des diphtongues du «parler jeune»…
Cette mise en scène de la suggestion, c'est la vraie magie du théâtre
Superbe réussite dramatique en revanche que cette Jeanne d'Arc de Joseph Delteil, un grand oublié, que Christian Schiaretti, maître des lieux, et authentique héritier de Jean Vilar, avait déjà mis en scène lorsqu'il était à Reims. Une bouteille de plastique blanche, amoureusement bercée, devient l'agneau que Jeanne a pris dans ses bras ; tenez: dans ce grand chiffon rouge, on reconnaît sans hésitation l'évêque Cauchon ; et ce tabouret renversé, les quatre fers en l'air, c'est à n'en pas douter le petit roi de Bourges… Cette mise en scène de la suggestion, c'est la vraie magie du théâtre, surtout lorsqu'elle est servie par une comédienne comme Juliette Rizoud, inspirée, formidable d'énergie intérieure, qui met en place le décor, tout en proférant pendant près de deux heures, devant un public constamment tenu en haleine, la magnifique langue de Delteil.
Le réaménagement des Rencontres de Brangues est en cours, avec le projet de lui consacrer de façon permanente une partie du château appartenant en copropriété à la famille Claudel et d'installer un théâtre de verdure. Il ne faudrait pas trop tarder à prendre une décision.
Dans le même esprit, à l'occasion du cent cinquantenaire de la naissance de Claudel, Christian Schiaretti et le Théâtre national populaire (Villeurbanne) préparent en collaboration avec le Théâtre des Gémeaux de Sceaux la représentation de L'Échange(première version) avec notamment Francine Bergé et Robin Renucci dans le rôle de Thomas Pollock Nageoire. L'Échange, c'est à la fois l'argent et l'amour, la trahison et la fidélité. Un chef-d'œuvre de jeunesse, où chacun des personnages est une figure de l'auteur. Quatre Claudel pour le prix d'un seul.
Rendez-vous à Sceaux du jeudi 15 novembre au samedi 1er décembre, du mercredi au samedi à 20 h 45 le dimanche à 17 heures.
● Chez Jacques et Michèle B., 15 juillet: Fin du complexe de Poulidor
Par quel miracle l'équipe de France de football a-t-elle marqué quatre buts à une équipe de Croatie qui la dominait assez nettement? Appelez cela de l'opportunisme, de la chance, ou invoquez la bonne étoile de Didier Deschamps. Vous dites vrai, mais ce n'est là qu'une demi-vérité: c'est la France tout entière qui avait besoin de changer et de troquer son panache traditionnel contre une redoutable efficacité.
Il y a entre le Onze de Didier Deschamps et la France d'Emmanuel Macron le goût commun de la victoire à tout prix, quitte à oublier un peu le panache
Il exista longtemps, au pays de Vercingétorix et de Bayard, un culte de la défaite. Une culture de l'héroïsme inutile, incarné par Cyrano de Bergerac ; les charges des cuirassiers de Reichshoffen en 1870 ; celle des élèves de Saint-Cyr, en gants blancs sur les bords de la Loire en 1940, contre les blindés allemands ; le fort Chabrol du nationaliste antisémite Jules Guérin, résistant 38 jours à la police qui l'assiège (1899) ; ou encore Camerone, glorieuse défaite de la guerre du Mexique (1863) dont la Légion étrangère a fait sa fête traditionnelle. Et de Camerone à Cambronne à Waterloo (1815), il n'y a qu'un pas: si Austerlitz a fait la gloire de Napoléon, c'est Waterloo qui, Victor Hugo aidant, lui a gagné le cœur des Français. Et si Poulidor y a conservé une place que n'a jamais occupée Anquetil, c'est que celui-ci se contentait de gagner, tandis que «Poupou» était sublime dans la défaite.
Même chose au football. Si la victoire de 1998 à la Coupe du monde, à laquelle s'ajoute désormais celle de 2018, font la gloire du Onze national, c'est la défaite de Séville en demi-finale et la brutale agression de Schumacher contre Battiston qui en a fait la légende. Si nous avions, cette année, disputé la finale contre l'Allemagne, le monde entier eût été pour nous, mais nous aurions encore une fois perdu. Tout cela est en train de changer. Il y a entre le Onze de Didier Deschamps et la France d'Emmanuel Macron le goût commun de la victoire à tout prix, quitte à oublier un peu le panache.
● 16 juillet
Nous avons été pris, enveloppés, entraînés pendant les jours écoulés dans une sarabande patriotique, une tornade de cris de joie et de danses, un déluge de tricolore et de Marseillaise, comme si se libéraient d'un coup des sentiments trop longtemps comprimés. Et même réprimés.
La fête n'était ni raciste, ni antiraciste, mais a-raciale, et c'était très bien ainsi
Le sens profond de cette explosion est clair: la France en a assez de faire pénitence et de voir son histoire ramenée à ses défaites et à ses crimes. Ce masochisme pédagogique est en train de prendre fin: toutes les catégories sociales et ethniques confondues, elle a décidé que cela suffisait. Même les docteurs de la bienséance antiraciste, anticolonialiste, antifasciste, craignant d'être débordés et désavoués, ont baissé la garde. Pour cette fois-ci, on vous pardonne ce grand tumulte identitaire. D'autant plus, Barack Obama l'a souligné, que cette équipe victorieuse est multicolore à souhait. La fête n'était ni raciste, ni antiraciste, mais a-raciale, et c'était très bien ainsi.
» LIRE AUSSI - «La liesse des Français nous rappelle combien la fête est un besoin social»
Du reste, c'est la première fois à ma connaissance que les cris de «Vive la France!», déjà plus fréquents et plus fervents qu'à l'ordinaire pour saluer la victoire, se sont accompagnés de ceux de «Vive la République!» et même de «Vive la République laïque!». Quelle défaite et quelle leçon pour tous les tenants d'une conception punitive de l'histoire.
Les deux formes de l'utilitarisme moderne, le marxisme et le libéralisme, professent que les hommes sont menés et dominés par leurs intérêts. Cela est vrai, quand il s'agit des individus. Mais dès qu'ils se rassemblent, ce sont les passions qui l'emportent, pour le meilleur et pour le pire.
Fierté: encore un mot inconnu du lexique utilitariste.
● Saint-Laurent-des-Arbres, 29 juillet: Macron n'est plus seul
Cette affaire Benalla, c'est, selon le mot de Laurent Joffrin, la souris qui accouche d'une montagne. Il faut un irrépressible penchant à l'amplification lyrique pour y voir l'embryon d'un Watergate à la française. S'il y eut tabassage, il fut, au vu des images que l'on a pu consulter, plutôt léger. La principale faute de Benalla est en réalité une erreur de casting: quand on est à l'évidence un homme de confiance et même un familier du président de la République, on ne se conduit pas comme un cogneur de commissariat.
Il y a dans la résistible ascension de M. Alexandre Benalla le symbole de la foudroyante extension du règne du Bon Plaisir
En vérité, le vrai scandale n'est pas là. Il s'est découvert progressivement, à mesure que l'enquête journalistique avançait: il est dans la révélation de l'atmosphère de cour qui entoure Emmanuel Macron. L'opinion découvre stupéfaite la fulgurante ascension, en dehors des procédures habituelles, d'un costaud de service d'ordre, jadis licencié par Arnaud Montebourg, et devenu en quelques mois un personnage occulte mais comblé de faveurs et de pouvoirs exorbitants.
Le scandale ne se situe pas à la Contrescarpe, mais bien à l'Élysée ; car il y a dans la résistible ascension de M. Alexandre le symbole de la foudroyante extension du règne du Bon Plaisir. À travers la sortie de l'ombre d'Alexandre Benalla, ce que les Français découvrent, c'est la brutale mutation de leur président. Le Mozart de l'économie se révèle, un an plus tard, une sorte de Talleyrand de la politique. Ce n'est pas pour lui ni pour cela qu'ils avaient voté.
Seulement voilà… les oppositions en ont trop fait. Un Martien ou un Huron, débarquant directement au Palais Bourbon en cette après-midi du 31 juillet se serait demandé quelle catastrophe sans précédent, sauf à imaginer une combinaison d'Azincourt et du 10 juillet 40, la France venait de connaître. Jean-Luc Mélenchon parlait de «brigands» et d'«une chaîne ininterrompue de turpitudes à la tête de l'État», Chenu, un lepéniste, agitait le spectre du totalitarisme et Chassaigne, un communiste, parlait d'«une plaie qui ne se refermera jamais».
Tout le monde a perdu dans cette affaire, à l'exception d'Édouard Philippe, que l'on n'attendait pas si tôt. Maîtrisé, distancié, il a trouvé les mots justes et le ton qui convient
L'indignation de la classe politique tout entière devant les inqualifiables forfaits de Benalla et, indirectement, de Macron lui-même nous a fait chaud au cœur. Nul doute qu'à l'avenir les Insoumis seront impitoyables à l'égard d'un Maduro au Venezuela, d'un Ortega au Nicaragua, qui font tirer sur le peuple à l'arme lourde ; que Marine Le Pen condamnera sans équivoque les crimes contre les immigrés et la dérive antidémocratique de la Hongrie et de la Pologne.
Heureuse faute en vérité, bienheureuse faute que celle de Benalla, qui va permettre à tous les hommes politiques, n'en doutons pas, de sortir du rôle de comiques et de tartufes que l'opinion leur attribue!
Trêve de balivernes. L'alliance «objective» de la droite et de l'extrême droite avec la gauche radicale, maniant de concert le discours le plus outré, le plus mélodramatique, le plus artificiel, n'a rien de rassurant. Le couple Mélenchon-Jacob a même quelque chose de patibulaire, qui évoque les alliances rouge-noir de l'Allemagne d'avant-guerre ou les dérives de l'Italie actuelle, beaucoup plus que les élans généreux du Front populaire.
Tout le monde a perdu dans cette affaire, à l'exception d'Édouard Philippe, que l'on n'attendait pas si tôt. Tandis que Macron se montrait silencieux et Collomb pathétique, Philippe, lors de sa première intervention, a comblé le vide. Maîtrisé, distancié, il a trouvé les mots justes et le ton qui convient. On a découvert qu'il y avait un homme à la barre. Je ne voudrais pas lui nuire en prononçant les mots fatals aux premiers ministres, ceux de la concurrence avec l'Élysée, mais enfin les Français découvrent avec un certain soulagement qu'Emmanuel Macron n'est plus tout à fait seul en macronie: nous avons perdu un héros et gagné un recours.
● Orange, 4 août: Une liturgie
Je ne puis concevoir mes vacances provençales sans le soleil, l'opéra et la foule qui s'y presse. C'est pourquoi, à Orange, les Chorégies sont une véritable liturgie, vieille de près de cent cinquante ans. Il y manque aujourd'hui deux personnages qui des années durant en ont été l'âme: Roberto Alagna, idole du public, qui a décidé d'y renoncer, et Raymond Duffaut, leur directeur, qui par vents et marées a su en faire un rendez-vous populaire d'excellence.
Jean-Louis Grinda, qui lui a succédé, annonce son intention de s'engager dans une voie résolument différente. C'est ainsi que l'on a pu voir et entendre cette année deux inédits en ce lieu: le Mefistofele de Boito et Le Barbier de Séville de Rossini. Du premier j'ai préféré la mise en scène à la musique, du second la musique à la mise en scène.
Pour Le Barbier, le metteur en scène Adriano Sinivia a imaginé le tournage de l'opéra de Rossini: on voit donc des machineries, des accessoiristes, des acteurs, des figurants s'affairant autour du spectacle qui se déroule sous nos yeux. C'est une variante du théâtre dans le théâtre: ici le cinéma dans l'opéra, et inversement. Il en résulte un joyeux désordre qui fait plus d'une fois penser à Hellzapoppin et qui n'aurait pas déplu à Rossini, et à Beaumarchais lui-même. Le public a adoré, d'autant que les voix, notamment celles du Figaro de Florian Sempey et de la Rosine d'Olga Peretyatko, sont splendides. Bravo donc.
Seul l'empereur Auguste, dont la statue domine invariablement le mur, paraissait détaché et un peu réticent. Car cette mise en scène compliquée escamote complètement le mur, qui est un décor incomparable et qui donne à tout spectacle une dignité particulière, une sorte de réalité onirique.
Jean-Louis Grinda, n'oubliez pas le mur, n'oubliez pas Verdi. Verdi est à Orange ce que Wagner est à Bayreuth, Mozart à Salzbourg et à Aix-en-Provence: l'esprit des lieux. Chaque année, pour être heureux, j'ai besoin d'une certaine dose de Verdi. C'est ma drogue. Jean-Louis Grinda, n'oubliez pas Verdi!
* Éditorialiste de l'hebdomadaire «Marianne».
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