#Gianni-Grégory Fornet
Explore tagged Tumblr posts
Text
TEENAGE (G)RIOT
Stéphanie Pichon / Gianni-Grégory Fornet © Christophe Pean
Les Francophonies en Limousin ont toujours privilégié les relations entre artistes des arts vivants et auteurs de langue française du monde entier. Cette 35e édition n’y coupe pas, du projet pluridisciplinaire Jusqu’où te mènera Montréal ? aux duos auteurs/chorégraphes inédits (Kouam Tawa et Andreya Ouamba, Nancy Huston et Salia Sanou). Et puis il y a la création de Par tes yeux, trois portraits croisés d’adolescents confiés à Martin Bellemare, Sufo Sufo et Gianni-Grégory Fornet. Nous avons rencontré ce dernier dans la torpeur de l’été pour évoquer ce nouveau projet autour de la jeunesse.
Martin Bellemare © Christophe Pean
Sufo Sufo © Christophe Pean
Gianni-Grégory Fornet serait-il resté un grand adolescent ? Ou aurait-il seulement quelque élan indécrottable pour le monde des moins de 25 ans ? Cela fait deux fois, en peu de temps, qu’on prend l’auteur/metteur en scène en flagrant délit de pièce consacrée à la jeunesse. La première fois, c’était il y a deux ans. Hodači (Ceux qui marchent) racontait dans une pièce documentaire la vie de jeunes adultes (18-25 ans) de la ville de Niš, en Serbie. « C’était un peu du Rohmer des Balkans : on y parlait beaucoup et il n’y avait pas beaucoup d’action. » Dans ce théâtre documentaire, joué par ces jeunes Serbes, Gianni-Grégory Fornet avait décelé une « jeunesse empêchée, à qui on dénie le droit de faire des études, d’avoir le job qu’elle veut ». La deuxième, ce sera donc au festival des Francophonies en Limousin pour la création de Par tes yeux, trois portraits d’adolescents, écrits par des auteurs de trois continents différents : Gianni-Grégory Fornet le Bordelais, Martin Bellemare le Québécois et Sufo Sufo le Camerounais. Le projet est une commande des Francos, qui ont eu envie de confronter trois écritures d’auteurs qu’elles connaissent bien et qui se sont croisés à la Maison des Auteurs (dont on fête cette année les trente ans).
Quand on lui pose la question de ce tropisme pour la jeunesse, Gianni-Grégory Fornet répond : « J’ai toujours eu prétention de m’intéresser à la jeunesse. Il se trouve que jusqu’à un certain âge, ça n’était pas visible parce que c’était moi qui jouais avec mes potes... Avant, on ne me posait pas la question. » Eh oui, à 42 ans, l’auteur et metteur en scène bordelais, parfois encore classé dans le fourre-tout de la « jeune création », prend de la bouteille et multiplie les médiums, du théâtre au film, de la musique au multimédia. « Je fais des pièces mais ça peut s’appeler autrement », dit-il. Par tes yeux pose donc une nouvelle pierre à l’échafaudage, toujours trempé dans un théâtre documentaire qui prend le temps de l’observation et de l’immersion. L’auteur a ainsi battu la campagne de la Nouvelle-Aquitaine, dans des lycées agricoles de Bergerac, Barbezieux ou Magnac-Maval, où il a passé en tout onze semaines en résidence au plus près des adolescents, loin des métropoles, « dans cette diagonale du vide où le déclassement fait rage », thématique qui est devenue le filtre principal du texte qu’il propose pour cette création à trois voix. Le portrait d’adolescent qu’il brosse sera celui de Norma, lycéenne en internat, que la séparation de ses parents oblige à déménager loin de la ville, devenue trop chère pour sa mère. « C’est un portrait, mais pas un solo. Autour de ce personnage apparaissent une multitude de silhouettes, d’autres élèves et la figure de la mère, centrale. »
Aux côtés de Norma, il y aura aussi Mimi, jeune fille qui rêve de confort et d’argent dans la banlieue de Montréal et écrit des web séries. Et un vendeur de bananes de Yaoundé, « qui regarde la fille de l’heure dont il rêve depuis longtemps ». Les auteurs, qui ont écrit leurs textes, chacun de son côté, ont préservé dans la pièce la voix de chacun des parcours pour en préserver la clarté, tout en jouant d’interactions entre les trois personnages au plateau, joués ici par des acteurs professionnels. C’est Gianni-Grégory Fornet qui signe la mise en scène. « On tenait à ce que chaque ton soit authentique, que personne ne se sente gêné à faire couleur locale. Moi j’écris ce portrait dans un français qui est un savant mélange de classique et de brut, de phrases longues et denses, là pour dire des choses qui piquent. Le Québécois est plutôt dans le spontané, avec des mots très particuliers. L’équilibre est réussi, on évite les clichés et chacun respecte sa dramaturgie. On arrive à un point commun sans s’être entendus au préalable. Les trois écritures laissent sa place au réel. »
À quel endroit ces réalités de Yaoundé, Montréal ou Bergerac se croisent-elles ? Où se situent les différences et les similitudes dans les regards que les adolescents portent sur le monde ? « Au Canada, les adolescents sont hyper-encadrés, on les occupe pour savoir ce qu’ils font, on les contrôle par peur de ce qui pourrait leur arriver. Au Cameroun, on s’est retrouvé dans une bibliothèque où 200 jeunes étaient rassemblés. Sur les murs, écrit en français et en anglais, il y avait “Une fille sans éducation est une proie facile”. En France, la fragilité n’est pas la même, nous avons un rapport très particulier à la jeunesse, notamment dans notre façon d’aborder l’autonomie. »
La pièce, fruit de résidences dans les trois pays, tournera aussi sur les trois continents. En Nouvelle-Aquitaine, après sa première à Limoges, elle sera montrée dans le FAB en octobre, puis à Bergerac en novembre à la Gare Mondiale, pour le festival Traffik consacré à la jeunesse.
À noter que Gianni-Grégory Fornet arrive à Limoges avec une autre création, multimédia cette fois : Limbo, une biographie du perdu. Ou que reste-t-il du voyage à l’ère du numérique ? « C’est une correspondance imaginée avec l’artiste portugais João Garcia. On y mélange des images, des textes, des voix off, glanés au gré de nos voyages. » L’objet, est diffusé sur Canalsup, la web tv de l’université de Limoges, en une série de 17 épisodes de huit minutes. Pendant le festival, il prendra aussi la forme d’une installation vidéo, à découvrir au musée des Compagnons du Devoir.
Les Francophonies en Limousin, du mercredi 26 septembre au samedi 6 octobre, Limoges (87000). www.lesfrancophonies.fr
#Scènes#Sufo Sufo#Martin Bellemare#Gianni-Grégory Fornet#Les Francophonies en Limousin#Septembre 2018
0 notes
Video
vimeo
Limbo, une biographie du perdu Installation vidéo par Gianni-Grégory Fornet et João Garcia
Espace d’attente, lieu transitoire, le Limbo est l’essence même du voyage. Ni une destination, ni un point de départ. Une halte intermédiaire qui appelle d’autres destinations.
Limoges - Cité des Métiers et des Arts, Musée des Compagnons du 2 au 5 octobre 2018 Les Francophonies en Limousin
2 notes
·
View notes
Text
EROTIC NAMES
© João Garcia
Gianni-Grégory Fornet, auteur, musicien et metteur en scène. A venir, une sortie publique de résidence, le 18 décembre 2012 à 18h45 à La Gare Mondiale de Bergerac, et prochaine création au titre de “parler aux oiseaux” (texte à paraître aux éditions Moires) au Molière-Scène d’Aquitaine, le 15 janvier pour le festival Des Souris et des Hommes. A suivre à www.dromosphere.net
Une note dans le carnet de Francis Cothe.
Certains noms sont érotiques parce qu’ils sortent des boudoirs et qu’ils déclenchent des banquettes en velours dans la mémoire. On se met à rêver.
Je m’appelle Francis Cothe. Je suis metteur en scène à Montendre. Vous connaissez cette montagne ? Je suis le meneur d’un théâtre nu installé là depuis quatre-vingt quinze. Oui, nous sommes nus, mais notre danse est une danse pudique. Les habitants la font pour créer un langage qui aide au langage. C’est l’année de la nouvelle régence de Bordeaux que je me suis exilé sur la hauteur de Montendre. Faique, je ne suis pu allé à Bordeaux depuis ce jour. Cette ville était une ville noire. Avec cette pluie incessante au milieu des soirées torchées. Un trou affreux où la jeunesse mégotait. Je me rappelle, nous sifflions les chiens sous la pluie et pénétrions les caves puantes pour nous stoner. Est-ce toujours la coutume de sniffer de l’eau écarlate entre enfants divorcés ? Est-ce que la mère des jumeaux alcooliques leur a laissé ce soir un stock de bières dans le fridge et de l’argent au cas où ? Sophie vit-elle toujours avec son petit frère dans le studio meublé de la Tour du pin ? En l’absence de parents, une certaine jeunesse jouissait de la ville crasse, en contemplant les décombres des années 70-80. Nous fissurions davantage le trou de la ville par les locaux désaffectés. Nous déambulions dans le quartier des manufacturiers de bonneterie, avec l’odeur des agrafes et de la chair maternelle qui nous avait sorti d’ailleurs pour nous lâcher là. Je dois m’arrêter au milieu des souvenirs pour distinguer le visage des gens et leurs noms. Leurs noms semblables à des picotements dans le coeur et entre les jambes. Est-ce que la discothèque des Capucins a fermé ? Est-ce devenu un garage ? Est-ce que le garage est devenu un cinéma ? Est-ce que le cinéma est devenu hypermarché ? Est-ce que toutes les façades noires ont disparu ? Dites-moi ce qu’il reste de la ville si le noir a disparu ? Est-ce que la ville mue ? Ou est-ce que cette mue n’est qu’une image ? Une vieille douleur qui a laissé sa peau.
0 notes
Text
JEUNESSE PARTOUT
Stéphanie Pichon / Ce que nous ferons - © Guy Labadens
Désormais annuel, le festival [TrafiK]* affole pendant trois semaines La gare mondiale et un faisceau de lieux à Bergerac. Slogan 2018 : « nous sommes si jeunes nous ne pouvons pas attendre ». Ou comment arriver à se projeter dans un monde qui déraille. Réponse avec Henri Devier, MC des lieux, plus si jeune, mais totalement décidé à faire entendre les voix des générations en devenir.
Pourquoi la jeunesse ?
Avec La gare mondiale, nous suivons particulièrement deux compagnies, Du chien dans les dents et Dromosphère. Les premiers créent pendant [TrafiK]* Ce que nous ferons, une interrogation projetée dans le futur. Aujourd’hui la menace climatique, l’absence de boulot, l’effondrement de l’idéologie pèsent sur l’avenir. Le travail de Du chien dans les dents porte là-dessus, dans un vrai questionnement politique. La compagnie Dromosphère présente Par tes yeux, le travail de Gianni-Grégory Fornet et deux autres auteurs de la francophonie autour de portraits d’adolescents. Ces deux pièces nous ont donné envie de tirer ce fil-là et une phrase nous est revenue du spectacle de la compagnie Emballage avec laquelle je travaille encore : « Nous sommes si jeunes, nous ne pouvons pas attendre. » Cela nous a paru un bon slogan. On y a ajouté ensuite Bling Pong, le travail des soeurs Henry belges qui ont composé un spectacle pour deux collégiennes, autour du passage physique de l’enfance à l’adolescence. Et puis aussi To Da Bone, le spectacle du jeune collectif (La)Horde. C’est un peu la tête d’affiche et ce spectacle sur la pratique du jumpstyle nous permet de tenir une relation assez directe avec les quartiers, tout en sortant du hip-hop.
Il y aura aussi des films documentaires…
Tous les ans, nous donnons une carte blanche à L’oeil lucide, une association qui propose du cinéma documentaire. Cette année, dans le cadre de leurs Rencontres du Réel, ils construisent une programmation de films qui bousculent nos présupposés sur la jeunesse et posent des questions assez tranchées, dans un rapport à l’urgence. Il y aura Pas comme des loups de Vincent Pouplard qui suit des ados qui s’enfuient, ou La Mort de Danton d’Alice Diop, l’histoire d’un jeune des quartiers qui entre dans une école de théâtre parisienne. Il se rend vite compte que les rôles qu’on lui propose ne sont pas les rôles principaux…
S’agit-il de faire entendre la voix de la jeunesse, de rendre visible cette génération, ou de faire venir un public jeune ?
Les deux, évidemment. C’est pour ça que (La) Horde a un intérêt avec son spectacle qui capte des gens qu’on ne voit pas souvent, qui sont hors des circuits de visibilité. Dans Pour tes yeux de Gianni Fornet, surgit la parole de cette jeune fille qui habite au fond de la campagne, en internat, dans une situation hors le monde. Il saisit quelque chose de la ruralité actuelle, quasi toujours adossée à une question de rupture sociale : des jeunes qui ne partent pas de ces endroits périphériques, et se retrouvent isolés, sans boulot. À La gare mondiale, on s’intéresse à cette jeunesse-là, qu’on met en rapport avec celle des quartiers qui fonctionne en bande, là où dans les campagnes on est plutôt dans un rapport à l’isolement. Ce festival est une grosse tentative pour amener cette jeunesse jusqu’au théâtre, pratiquer un jeu de miroir avec des propositions qui parlent d’elle.
[TrafiK]*, du samedi 3 au samedi 24 novembre, La gare mondiale, Bergerac (24100). www.melkiortheatrelagaremondiale.com
DÉJOUER L’IMPUISSANCE
Après État sauvage, la compagnie de théâtre Du chien dans les dents repart en quête d’avenir, de figures héroïques et de (re)connexion au vivant. La toute première de Ce que nous ferons sera présentée à Bergerac pendant [TrafiK]*, avant de filer en tournée.
« En 2040, je deviens. Je deviens chouette », lance Bergamote sur le plateau des répétitions, à Floirac, avant d’expliquer qu’en 2040, elle a pris un gène de chouette effraie et entame sa transformation dans une danse animale, organique, pendant que Laetitia siffle au loin au micro et que Thomas l’accompagne de quelques notes subliminales au synthé.
La nouvelle création de Du chien dans les dents a beau nous projeter dans le futur, elle ne se pare pas pour autant de gadgets technologiques délirants et futuristes. La projection est ailleurs, dans le commun, dans ce drôle de projet d’Habitat Forêt Autonome Participatif, dans la figure ravivée d’une Jeanne d’Arc qui casserait (ou pas) des autoroutes, dans des messages adressés aux générations futures, dans des duos de taupes.
À l’heure où s’écrivent ces lignes, la pièce tâtonne encore, cherche, essaie. Comme à son habitude, la troupe bordelaise Du chien dans les dents – soit Anaïs Virlouvet, Thomas Groulade, Bergamote Claus + Brice Lagenèbre + Laetitia Andrieu – a trituré son sujet au plateau dans une écriture collective, vivante, éruptive. Avec comme leitmotiv : « On prendra nos biographies et on en fera des citations. On prendra des citations et on y croira comme à nos propres vies. On se transformera. Le monde se transformera. […] On prendra avec nous des figures du passé pour leur redonner un avenir. »
En d’autres termes, ils fuient le catastrophisme ambiant et la collapsologie, pour une tentative de penser au futur, chargés d’autres puissances : animales, végétales, historiques. Le club des cinq a fait voeu de transformation et de dialogues poétiques entre présent, passé et avenir. Ce qu’ils feront relèvera de la construction d’un réseau connecté au vivant, de moyens infimes et variés pour relier les uns aux autres et arpenter des voies alternatives.
S’ils ont conservé le côté accidenté et casse-gueule d’État sauvage, si la forêt constitue toujours leur espace physique de projection (et protection), ils y développent une approche moins chorale, moins colo, plus sensible et autonome. Pour Anaïs, « dans État sauvage, nous étions cinq, à l’intérieur d’un trou, à se connecter au sauvage. Là on se connecte avec le vivant tournés vers l’extérieur, avec tout le monde ». Thomas : « Il se passe aussi moins de choses tout le temps au plateau. Chacun est plus autonome. » Et pour Bergamote, « le collectif se construit par grappes, par ramifications ».
Au quintette de la dernière création, se sont ajoutés un créateur sonore (Thomas Sillard) et deux créateurs lumière (Denis Louis, Delphine Vive). « Cela donne une atmosphère qui nous permet une construction fragmentée et un glissement plus assumé dans le fantasmé et le métaphorique », constate Thomas. Dans une forêt de micros (parce que les micros, ils aiment ça), les voix se superposent aux corps en mouvement qui laissent place au son, au chant, aux sifflements. Du chien procède par couches. Les paroles rebondissent, d’échos en recoupements. Non pas dans une stratégie de cut and paste mais dans une avancée par calques accumulés. Pour un théâtre de signes et du sensible, réfractaire à tout abattement.
Ce que nous ferons, Du chient dans les dents jeudi 15 novembre, 14 h, (séance scolaire), samedi 17 novembre, 20 h 30, Auditorium François Mitterrand, Bergerac (24100), www.melkiortheatrelagaremondiale.com
jeudi 6 décembre, 21 h, La Centrifugeuse, Pau (64000). www.la-centrifugeuse.com
du mercredi 12 au jeudi 20 décembre, sauf les 15, 16 et 17/12, 20 h, Glob Théâtre. www.globtheatre.net
mardi 29 janvier 2019, 20 h 30, Espace Jéliote, Oloron-Sainte-Marie (64400). spectaclevivant.hautbearn.fr
jeudi 31 janvier 2019, 19 h 30, Les Carmes, La Rochefoucauld (16110). www.lescarmes.org
jeudi 13 juin 2019, 19 h, La Manufacture CDCN. www.lamanufacture-cdcn.org
0 notes
Text
La pièce manquante
Le catalogue des éditions Moires, créées à Gradignan en septembre, inauguré par deux livres de Gianni-Grégory Fornet.
Parler aux oiseaux, de Gianni-Grégory Fornet © éditions Moires
par Elsa Gribinski
Parler aux oiseaux est le texte intégral d’un théâtre dont l’auteur dit qu’il n’est pas du théâtre. Gianni-Grégory Fornet compose, orchestre, sons et corps par lesquels l’histoire se raconte. Il faut suivre le fil, les chemins s’interrompent, se rejoignent : de Quignard à Quignard, Agamben, Assise, on sait où l’on se perd – Parler aux oiseaux (la « pièce » extraite du livre), créé à Bordeaux en 2013, affiche trois noms majuscules pour clefs et clous du spectacle. Il s’agit donc d’ouvrir des portes puis de bâtir, pièce après pièce. Dans la seule lecture, dite silencieuse ou solitaire, vous ferez sans : sans la musique, sans les comédiens, sans… Une autre chorégraphie. L’auteur va « du ventre au monde », le narrateur de vie en vie : un enfant à la voix haute (puis, justement, silencieuse solitaire), une « femme en cache » (Nerval en majuscule), des voyeurs, des voyants (plus gourous que rimbaldiens), Francesco à lui tout seul. Les personnages sont aussi bien des livres, des lieux et des voix : un chantier de mémoire. Classiquement, on qualifierait ce texte de récit initiatique. Le parcours migratoire survole la carte de Tendre, emprunte quelques sentiers rêvés. Parler aux oiseaux est plutôt une salle des pas perdus où l’homme-musée se projette. Ce qui échappe est derrière – ou entre – ce qui s’y cache et ce qu’on veut y voir (ce qu’on voudrait montrer). La pièce manquante serait à trouver quelque part dans ce qui allie en un même geste prose et poésie : les oiseaux font cela.
Gianni-Grégory Fornet © Arnold Gendron
« Pour finir une histoire, il faudrait comprendre ce qui ne va pas avec soi. » La citation est infidèle (l’histoire est celle d’une séparation). Pour comprendre et finir, il faut lire de Gianni-Grégory Fornet un texte écrit antérieurement, Pourtant la mort ne quitte pas la table, créé en 2010 sous le titre Flûte !!!. Les deux livres cherchent à voir dans le trop-plein de quoi est fait l’absence. Même réfléchi, « voir » est un verbe défectif. À l’inverse de Parler aux oiseaux qui prolifère et superpose, Pourtant la mort… creuse, épure, ôte. Les dimensions, les volumes ne sont pas les mêmes ; le second texte esquisse ce que la brièveté du premier achève.
Gianni-Grégory Fornet, Pourtant la mort ne quitte pas la table, Parler aux oiseaux, Les éditions Moires, coll. « Clotho ».
0 notes