#@leclercgerard
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fautpaspousser-fpp · 8 years ago
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https://radionotredame.net/emissions/leditorial/03-04-2017/
« Nous, mĂ©decins et chercheurs des sciences de la vie et de la santĂ©, demandons aux pouvoirs publics de reconsidĂ©rer la reconnaissance d’utilitĂ© publique de la fondation JĂ©rĂŽme Lejeune. » Telle est la revendication majeure qui ressort d’un libelle, qui se veut pompeusement un « J’accuse » Ă  la maniĂšre de Zola, mais qui n’en a ni la force, ni le style. 140 mĂ©decins et scientifiques ont, en effet, signĂ© ce texte pour manifester leur mĂ©contentement face aux principes Ă©thiques dont se rĂ©clame cette fondation JĂ©rĂŽme Lejeune, notamment Ă  l’égard des recherches sur l’embryon. On sait que cette question divise les milieux de la recherche. Mais il m’apparaĂźt gravissime qu’en vertu de ce dĂ©saccord qui relĂšve de la conscience, on veuille interdire Ă  la fondation d’exprimer ses convictions. Je cite, en effet, ce passage du libelle oĂč les signataires regrettent « que les prises de position de cette fondation dĂ©naturent et dĂ©gradent le dĂ©bat Ă©thique qu’il convient de mener sur les Ă©volutions des sciences de la vie et de la santĂ©. » En d’autres termes, il s’agit d’interdire la parole, en imposant un point de vue officiel et en rĂ©clamant la fin d’une institution qui dĂ©plaĂźt.
Car c’est bien la mort de la fondation JĂ©rĂŽme Lejeune qui est rĂ©clamĂ©e. En demandant aux pouvoirs publics de reconsidĂ©rer sa reconnaissance d’utilitĂ© publique, on veut la priver des moyens qui lui permettent d’exister et notamment de prendre en charge de nombreux patients, surtout ceux porteurs de trisomie 21, comme le reconnaĂźt pourtant le texte. Pour dĂ©saccord idĂ©ologique, on veut stopper aussi les recherches expĂ©rimentales et cliniques poursuivies par un organisme unique en son genre.
Je m’honore d’avoir connu cet homme Ă©minent et rayonnant qu’était le professeur JĂ©rĂŽme Lejeune. Son dĂ©vouement inlassable Ă  l’égard de centaines de patients, notamment des enfants, dont il connaissait tous les prĂ©noms, lui vaut la reconnaissance des familles. Beaucoup savent aussi comment il a changĂ© le climat Ă  propos de la trisomie 21, dont il fut le dĂ©couvreur. J’espĂšre que nous serons nombreux Ă  nous dresser contre le diktat de ceux qui voudraient abolir son Ɠuvre, dans le mĂ©pris d’une magnifique cause humaine.
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fautpaspousser-fpp · 8 years ago
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La provocation de Donald Trump https://t.co/s4PfgwmY9E
— GĂ©rard Leclerc (@LeclercGerard) 31 janvier 2017
Depuis qu’il est entrĂ© Ă  la Maison-Blanche, Donald Trump se charge de montrer qu’il ne s’est pas payĂ© de mots durant sa campagne Ă©lectorale. Ce qu’il a dit, il le fait, en publiant dĂ©cret sur dĂ©cret. Le dernier en date provoque la tempĂȘte plus encore que les prĂ©cĂ©dents. En interdisant l’entrĂ©e aux États-Unis des ressortissants de sept pays musulmans, il a non seulement provoquĂ© des manifestations dans le pays, notamment dans les aĂ©roports, mais soulevĂ© une intense Ă©motion dans le monde. Selon tel Ă©ditorialiste, ce serait la dĂ©mocratie qui serait Ă  l’épreuve, donc l’État de droit dans son ensemble. Le nouveau prĂ©sident se dĂ©fend d’avoir pris une initiative anti-musulmane. Il veut uniquement protĂ©ger les États-Unis du risque terroriste. Évidemment, on ne l’entend pas de cette oreille, et il y a une forte probabilitĂ© que le trouble s’amplifie, en provoquant une vĂ©ritable crise internationale.
Nous savions que Donald Trump Ă©tait un provocateur, mais nous ne soupçonnions sans doute pas qu’il pourrait aller aussi loin, en procĂ©dant Ă  une dĂ©stabilisation qui ne peut qu’inquiĂ©ter les gens raisonnables. Mais en mĂȘme temps, on est bien obligĂ© de constater que cette action offensive a ses partisans et qu’elle se justifie par l’inquiĂ©tude qui traverse l’ensemble des pays occidentaux Ă  l’égard du fondamentalisme musulman. Et il y a des raisons sĂ©rieuses Ă  cela. Inutile des les rappeler. De quelque façon que l’on aborde le problĂšme, on se trouve sur un terrain minĂ©. Et il est bien difficile de concevoir la sagesse qui correspondrait Ă  une pĂ©riode de grand pĂ©ril.
Dimanche, François Fillon s’est fĂ©licitĂ© que Pascal Bruckner ait gagnĂ© son procĂšs contre ceux qui l’accusaient d’islamophobie. Bruckner publie un essai intitulĂ© Un racisme imaginaire, qui concerne complĂštement le sujet, oĂč il explique que « l’accusation d’islamophobie n’est rien d’autre qu’une arme de destruction massive du dĂ©bat intellectuel ». Sans doute, mais comment instaurer les conditions indispensables Ă  ce dĂ©bat intellectuel ? Tout semble s’acharner Ă  le rendre impossible. Pourtant, il serait le point de dĂ©part minimum pour obtenir les clarifications nĂ©cessaires, le prĂ©alable au retour fragile et difficile de la paix des peuples et du monde.
Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 31 janvier 2017
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fautpaspousser-fpp · 8 years ago
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Un article du linguiste Alain Bentolila dans Le Figaro m’apprend que le Haut conseil Ă  l’égalitĂ© entre les femmes et les hommes est parti en guerre contre le sexisme qui serait inhĂ©rent Ă  la langue française. La prĂ©dominance du masculin sur le fĂ©minin dans notre grammaire correspondrait Ă  l’oppression des femmes et aux injustices qu’elles subissent socialement. Le linguiste n’a nul mal Ă  dĂ©montrer l’absurditĂ© de cette accusation, masculin et fĂ©minin en français ayant peu Ă  voir avec les distinctions entre sexe. Mais l’aspect le plus dĂ©lirant de cette police linguistique apparaĂźt dans les modifications qu’on voudrait nous imposer et qui transformeraient notre belle langue en jargon indigeste.
Certes, on comprend l’intĂ©rĂȘt d’une rĂ©volution linguistique en tant qu’arme politique, instrument de rĂ©formes sociales. C’est George Orwell qui a le plus attirĂ© notre attention sur ce qu’il appelait la novlangue. C’est-Ă -dire cet idiome totalitaire imposĂ© dans une citĂ© aux ordres d’un Big Brother.
Dans son fameux cours introductif au CollĂšge de France Rolland Barthes avait expliquĂ© que la langue en elle-mĂȘme Ă©tait fasciste et nous emprisonnait dans des rĂšgles impĂ©ratives. La difficultĂ©, c’est qu’à vouloir sortir de ces rĂšgles, on risque d’aboutir Ă  un super fascisme, complĂštement manipulatoire. Il est vrai que la manipulation linguistique est susceptible de diverses gradations. Il n’y a pas seulement la novlangue anti-sexiste, il y a aussi ce qu’Ingrid Riocreux appelle « la langue des mĂ©dias » [1], bien intĂ©ressante Ă  analyser. Chaque militance suscite son propre mode d’expression et sa langue de bois. Sous MoliĂšre, il y avait les prĂ©cieuses ridicules. Mais elles ne sont pas seulement du XVIIe siĂšcle.
Je me suis aperçu rĂ©cemment que la lutte pour la cause animale produisait aussi sa novlangue, avec la volontĂ© d’élargir au rĂšgne animal entier les caractĂ©ristiques propres Ă  notre humanitĂ©. Conclusion provisoire : la sagesse consisterait Ă  parler correctement la langue que nous avons reçue et qui pourrait bien ĂȘtre la condition nĂ©cessaire d’une vraie libertĂ© de pensĂ©e.
Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 25 janvier 2017.
La querelle des langues https://t.co/HXu9GhpNEP
— GĂ©rard Leclerc (@LeclercGerard) 25 janvier 2017
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fautpaspousser-fpp · 8 years ago
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Les nouveaux dissidents https://t.co/OARpPGg5z9
— GĂ©rard Leclerc (@LeclercGerard)
19 janvier 2017
#delitdentraveivg Les nouveaux dissidents via @radionotredame https://t.co/31RKGAaySd
— GĂšnĂ©thique (@Genethique)
20 janvier 2017
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La Marche pour la Vie qui partira dimanche Ă  Paris de la place Denfert-Rochereau Ă  13 h 30 constitue, Ă  y bien rĂ©flĂ©chir, une sorte de dĂ©claration ou de manifestation de dissidence. C’est Ă  dessein que j’emploie ce mot qui dĂ©finissait l’attitude de refus des opposants au rĂ©gime soviĂ©tique dans les annĂ©es soixante-dix quatre-vingt. On m’objectera que ce rapprochement est incongru, voire scandaleux. Comment peut-on comparer un rĂ©gime totalitaire avec un rĂ©gime de libertĂ© garanti par un État de droit ? J’assume pourtant le scandale, sans pour autant opĂ©rer une assimilation pure et simple entre deux systĂšmes d’évidence dissemblables. À propos de scandale, il y a d’ailleurs des prĂ©cĂ©dents, notamment celui de Soljenitsyne interpellant l’Occident depuis Harvard en 1978, pour lui reprocher son manque de courage : « Notre tĂąche doit ĂȘtre l’accomplissement d’un dur et permanent devoir, de sorte que tout le chemin de notre vie devienne l’expĂ©rience d’une Ă©lĂ©vation avant tout spirituelle, pour que nous quittions cette vie en Ă©tant de meilleures personnes que lorsque nous y sommes entrĂ©s. »
Peut-ĂȘtre qu’un rĂ©gime de libertĂ© se caractĂ©rise aujourd’hui par la possibilitĂ© d’encaisser une mise en demeure aussi directe, aussi radicale ? Mais il faut constater en mĂȘme temps que ce rĂ©gime est en train de se fissurer, lorsque notre Parlement adopte une loi soviĂ©toĂŻde pour sanctionner ce qu’on appelle un dĂ©lit d’entrave Ă  l’IVG. Par ailleurs, une information du Canada est venue renforcer ma perplexitĂ©. Nous apprenons que Marie Wagner, une femme de 42 ans, qui totalise dĂ©jĂ  quatre ans et demi de prison, vient d’y retourner pour avoir plaidĂ© avec infiniment de dĂ©licatesse en faveur de l’enfant Ă  naĂźtre auprĂšs de femmes engagĂ©es dans un processus abortif. La justice canadienne s’est montrĂ©e implacable. Aucune contestation n’est possible, mĂȘme au tribunal, pour marquer son opposition Ă  la perspective de faire disparaĂźtre l’enfant, jusqu’à la veille de sa naissance. Oui, Marie Wagner est une dissidente, une dissidente hĂ©roĂŻque. Je crains, Ă  la façon dont se dĂ©veloppe chez nous le fanatisme abortif et ses consĂ©quences lĂ©gislatives que nous soyons condamnĂ©s Ă  devenir des dissidents, par simple fidĂ©litĂ© Ă  notre conscience.
Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 19 janvier 2017.
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fautpaspousser-fpp · 8 years ago
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Des catholiques identitaires ?
Il fallait s’y attendre. L’évolution de notre pays, et plus gĂ©nĂ©ralement celle du monde, nous mettent en face de difficiles interrogations. Nous nous demandons de quoi demain sera fait, quels Ă©quilibres pourront s’établir entre les peuples et les continents. L’extrĂ©misme islamiste poursuivra-t-il sa course infernale, en dĂ©stabilisant des rĂ©gions entiĂšres et en apportant le trouble jusque chez nous ? La mondialisation de l’économie, avec ses flux incontrĂŽlĂ©s, achĂšvera-t-elle ses processus de dĂ©mantĂšlement de nos entreprises, en nous dĂ©possĂ©dant de la maĂźtrise de notre destin ? DĂ©cidĂ©ment, l’optimisme qui rĂ©gnait durant les Trente Glorieuses a presque totalement disparu, mĂȘme s’il a Ă©tĂ© briĂšvement relayĂ© par l’euphorie de la chute du communisme. Face Ă  ces incertitudes, on ne manque pas de stigmatiser l’émergence grandissante des populismes et la tentation du repli sur soi. Cette derniĂšre se dĂ©cline aussi souvent sous le mode de ce qu’on appelle la crispation identitaire. Celle qui fige une communautĂ© dans le culte d’un passĂ© fantasmĂ© et d’un hĂ©ritage menacĂ©.
Ce sont les catholiques qui, aujourd’hui, seraient les plus atteints par ce syndrome identitaire. Erwan Le Morhedec, avocat bien connu, le blogueur rĂ©putĂ© sous le nom de Koz, rĂ©agit Ă  ce danger qu’il considĂšre particuliĂšrement aigu. Ce qui nous vaut un essai qui suscite d’ores et dĂ©jĂ  la controverse [1]. Avec le rĂ©flexe identitaire nous serions en prĂ©sence du « mauvais gĂ©nie du christianisme », au sens oĂč il dĂ©naturerait la foi et le message Ă©vangĂ©lique. Il convient sans aucun doute de prendre en considĂ©ration son diagnostic, tout en prenant garde Ă  des dĂ©bordements qui risqueraient d’empĂȘcher une rĂ©flexion commune, si possible fraternelle, sur les tĂąches actuelles d’un christianisme authentique, vivant et fidĂšle. Le rappel des crises anciennes pour Ă©clairer celles d’aujourd’hui n’est pas toujours le mieux Ă  mĂȘme de produire la paix nĂ©cessaire. Car peut se glisser sous les meilleures intentions la tentation de l’amalgame qui anathĂ©matise l’adversaire, rĂ©duit Ă  ses traits les plus caricaturaux. Sans compter que ce qu’on glorifie en contraste n’a pas Ă©tĂ© indemne de dĂ©viations qui risquent aujourd’hui de se reproduire. « Rien n’est moins chrĂ©tien que de serrer sans fin dans ses bras le cadavre de la vieille chrĂ©tientĂ©. » Sans doute, mais cette charge n’est pas nouvelle. Il est arrivĂ© dans le passĂ© que ceux qui dĂ©nonçaient feu la chrĂ©tientĂ© se retrouvent avec un autre Ă©pouvantail dans les bras
 agrĂ©mentĂ© des moustaches de Joseph Staline. Pardon pour cette impertinence, qui ne fait que rĂ©pondre Ă  d’autres pas plus aimables. Mais il conviendrait de tenter une vĂ©ritable discussion, en mettant tous les enjeux sur la table et en renonçant Ă  disqualifier par avance les autres partenaires.
"Sans identitĂ©, il n’y a que du non-ĂȘtre, il n’y a qu’une existence de zombie" L'Ă©dito de @LeclercGerard Ă  rĂ©Ă©couterhttps://t.co/VMIzB06LKC pic.twitter.com/GaLblkG8sS
— Radio Notre Dame (@radionotredame) 10 janvier 2017
Des catholiques identitaires ? https://t.co/CdIxVvQEGx
— GĂ©rard Leclerc (@LeclercGerard) 10 janvier 2017
#Fppdailynews "La Tentation #Identitaire" ! certe, "tous les chemins ne mĂšnent pas Ă  Rome"....https://t.co/oQkzAUbK28 pic.twitter.com/iY3xY2caUo
— fautpaspousser ن (@fautpaspousser) 7 janvier 2017
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fautpaspousser-fpp · 9 years ago
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L'aprĂšs synode https://t.co/RWijVqsBST
— GĂ©rard Leclerc (@LeclercGerard) 26 Octobre 2015
#Synode2015Interview du Card @avingttroisOu l'on comprend q rien n'a changé sur accÚs sacrements #DivorcésRemariéshttps://t.co/n8abgl1weP
— fautpaspousser ن (@fautpaspousser) 25 Octobre 2015
Reste 1 ambiguïté @avingttrois jugement objectif (moral):hésitat° révélatrice "vie chrétienne,ds la foi chrétienne" https://t.co/1sfKxOyuWo
— fautpaspousser ن (@fautpaspousser) 25 Octobre 2015
Ainsi donc le second synode sur la famille a pris fin hier, dimanche. DĂ©jĂ  une avalanche de commentaires nous est tombĂ©e dessus, de la part de gens plus ou moins bien inspirĂ©s, avec des grilles d’analyses discutables. J’avoue, pour ma part, avoir besoin de temps pour digĂ©rer l’évĂ©nement et sa portĂ©e, d’autant plus que les vĂ©ritables conclusions seront donnĂ©es par le pape lui-mĂȘme dans plusieurs mois. C’est d’ailleurs un des paradoxes de la situation actuelle : d’un cĂŽtĂ© on envisage plus de dĂ©centralisation dans les affaires ecclĂ©siales, et par ailleurs on fait appel au successeur de Pierre pour qu’il trouve le point d’équilibre nĂ©cessaire entre les avis contrastĂ©s qui se sont exprimĂ©s. Cela n’étonnera pas ceux qui connaissent l’histoire de l’Église.
Mais il y a l’objet mĂȘme du synode : le mariage, la famille. En dĂ©pit de l’avertissement de François, l’attention s’est portĂ©e presque exclusivement sur la question des divorcĂ©s-remariĂ©s. Je ne veux pas la minimiser, elle est incontestablement cause de troubles dans la vie pastorale. Mais je suis obligĂ© de constater que les solutions envisagĂ©es relĂšvent toutes de ce qu’on appelle traditionnellement la casuistique. Un mot qui dĂ©signe exactement ce dont il s’agit, c’est-Ă -dire l’étude approfondie des cas particuliers, afin de relever dans les histoires personnelles ce qui peut ĂȘtre l’objet d’un jugement appropriĂ©. Mais qui dit casuistique exclut les gĂ©nĂ©ralitĂ©s. Et on ne doit pas attendre de solution massive et globale Ă  la question posĂ©e. C’est pourquoi, en dĂ©pit de beaucoup de gloses rĂ©pandues ici et lĂ , on doit craindre finalement beaucoup de dĂ©ceptions, l’attente ayant Ă©tĂ© quelque peu dĂ©mesurĂ©e.
Je n’entends dĂ©courager personne et j’entends aussi l’appel du pape Ă  un grand mouvement de misĂ©ricorde qui englobe tous les membres de notre famille, notre Église n’étant pas seulement celle des saints. On verra comment pourra se dĂ©ployer sur le terrain cette ouverture manifeste. Mais je m’interroge aussi sur d’autres dimensions qui me paraissent presque plus graves que celle du divorce dans nos pays d’Occident. Nos Ă©vĂȘques se sont-ils vraiment interrogĂ©s sur le refus de l’engagement et donc sur le refus du mariage, qui n’a cessĂ© de s’amplifier depuis les annĂ©es soixante ? Avant mĂȘme les ruptures douloureuses, il y a globalement une crise de l’institution, celle dont le non-chrĂ©tien Pierre Legendre clame depuis longtemps le caractĂšre crucial. Refuser le mariage, c’est refuser d’instituer la vie. C’est singuliĂšrement grave et cela mĂ©rite toute l’attention de l’Église.
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fautpaspousser-fpp · 9 years ago
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Le regard de Cheyenne-Marie Carron https://t.co/O1uO6J1Yy6
— GĂ©rard Leclerc (@LeclercGerard) 22 Octobre 2015
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On parle beaucoup du racisme. C’est parfois obsessionnel. Je ne prĂ©tends pas que c’est toujours mal Ă  propos, mais j’ai parfois un sentiment de gĂȘne. Je n’ai pas l’impression que mes compatriotes soient particuliĂšrement racistes et, que l’on me pardonne, mĂȘme ceux qui votent pour le Front national. Certes, il faut craindre certaines dĂ©rives et il y a toujours danger Ă  jouer sur certains ressorts au risque d’entraĂźner des ressentiments Ă  l’égard de certaines catĂ©gories. Mais d’un autre cĂŽtĂ©, il y a aussi des piĂšges du cĂŽtĂ© de l’anti-racisme, qui finit par ĂȘtre une provocation au racisme, Ă  force de toujours envisager les situations selon les mĂȘmes schĂšmes idĂ©ologiques. Je reconnais qu’il n’est pas aisĂ© de toujours trouver la bonne attitude, le bon regard, celui qui n’ignore rien des tensions inhĂ©rentes Ă  certaines cohabitations, sans entrer dans une logique de refus et d’exclusion.
C’est pourquoi j’apprĂ©cie beaucoup le regard de " @CheyenneCarron ", qui, dans son dernier film, intitulĂ© Patries affronte avec une rĂ©elle audace les problĂšmes liĂ©s Ă  l’immigration, Ă  l’intĂ©gration et Ă  la cohabitation sociale. Ce regard est fondamentalement bienveillant, ce qui ne veut pas dire qu’il se cache certains aspects de la rĂ©alitĂ©. La rĂ©alitĂ©, elle y plonge littĂ©ralement en nous entrainant dans une banlieue dont la population est massivement d’origine immigrĂ©e. Et le problĂšme d’intĂ©gration est d’abord celui d’un jeune homme, venu de sa campagne française, qui doit trouver sa place dans un milieu de jeunes noirs. Le tableau est tout en nuances, la violence n’y est pas absente, puisque l’intĂ©ressĂ© sera l’objet d’une agression trĂšs dure. Mais le regard se dĂ©place, et c’est le dĂ©bat intĂ©rieur d’un jeune camerounais qui s’offre Ă  nous, avec la nostalgie du pays natal. Nostalgie qui entrainera finalement un retour sur cette terre d’Afrique, oĂč il se pense appelĂ© pour rĂ©aliser sa vocation profonde.
Notre amie Marie-NoĂ«lle Tranchant Ă©crit dans Le Figaro : « Loin des stĂ©rĂ©otypes sur l’immigration, Patries, nous donne Ă  voir et Ă  sentir ce qui est charnellement vĂ©cu. »On ne saurait mieux dire. Loin des dĂ©bats politiques et idĂ©ologiques habituels, le film nous permet de mieux comprendre des questions humaines, Ă  hauteur d’homme. Quel dommage que Patries ne soit pas mieux diffusĂ© dans nos salles obscures
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fautpaspousser-fpp · 9 years ago
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L’éclairage de Pierre Manent http://t.co/Gr6n2QZpkQ
— GĂ©rard Leclerc (@LeclercGerard)
30 Septembre 2015
L’essai que Pierre Manent vient de faire paraĂźtre chez DesclĂ©e de Brouwer sous le titreSituation de la France suscite un dĂ©bat, qui fort heureusement, n’est pas empoisonnĂ© par le climat polĂ©mique, qui d’ordinaire, gĂąche les nĂ©cessaires controverses. C’est qu’il donne d’abord Ă  rĂ©flĂ©chir plutĂŽt qu’à alimenter les humeurs. S’il y a dĂ©saccords, ceux-ci s’expriment sous le mode de la disputatio chĂšre Ă  la tradition mĂ©diĂ©vale. Par exemple, Pascal Bruckner dans Le Point exprime un avis, par rapport auquel je m’inscris en faux, mais il est motivĂ©. Selon lui, Pierre Manent nous assĂšnerait « une grande leçon de dĂ©faitisme » face au triomphe du fanatisme islamique.
Je n’ai rien lu de tel cet Ă©tĂ©, en lisant par deux fois cet ouvrage court mais d’une densitĂ© extrĂȘme, qui entend exposer, de fait, la question de l’islam aujourd’hui, principalement sous l’angle de la cohabitation d’une forte communautĂ© musulmane dans notre pays. Certes, Manent montre que l’affaire est considĂ©rable et qu’elle ne se rĂ©soudra pas grĂące Ă  la laĂŻcitĂ©, qui s’avĂšre inopĂ©rante, car elle voudrait contraindre Ă  l’invisibilitĂ© un phĂ©nomĂšne qui n’est pas soluble en termes d’individualisme moderne.« L’islam, Ă©crit-il, reste la rĂšgle Ă©vidente et obligatoire des mƓurs » et nous avons Ă  nous confronter Ă  des modes de vie qui ne nous sont pas agrĂ©ables. C’est donc Ă  unmodus vivendi que nous sommes contraints, qui suppose concessions et interdits ; ces derniers concernant le voile intĂ©gral, la polygamie et la dĂ©pendance financiĂšre des mosquĂ©es aux puissances Ă©trangĂšres.
Bien sĂ»r, le politique doit s’affirmer sur ce terrain, mais en Ă©troite connivence avec la sociĂ©tĂ©. Et de ce point de vue, il accorde une importance singuliĂšre au rĂŽle que peut jouer l’Église catholique, qu’il dĂ©finit comme « la seule force spirituelle engagĂ©e dans une dĂ©marche qui prend en compte d’une maniĂšre dĂ©libĂ©rĂ©e et pour ainsi dire thĂ©matique les revendications et les vues des autres ». Pierre Manent confirme ainsi une intuition que j’ai en tĂȘte depuis longtemps et que je ne puis que signaler aujourd’hui. On ne rĂšgle pas une difficultĂ© de nature religieuse en ignorant dĂ©libĂ©rĂ©ment sa spĂ©cificitĂ©. Manent Ă©crit encore que « la laĂŻcitĂ© ne donne qu’une reprĂ©sentation abstraite et fort pauvre de la vie commune, tout simplement parce qu’on n’habite pas une sĂ©paration ». Et voilĂ  trop vite Ă©voquĂ©e une rĂ©flexion qu’il faudra reprendre.
Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 30 septembre 2015.
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fautpaspousser-fpp · 9 years ago
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Psychologiquement, la situation se tend en France et en Europe, devant ce que certains appellent « la dĂ©ferlante migratoire ». Le pape François demande Ă  toutes les paroisses et communautĂ©s catholiques d’accueillir chacune une famille, alors que le mĂȘme jour Ă  Marseille, Marine Le Pen se montre absolument intraitable. Il semble qu’une grande partie de l’opinion publique française soit du mĂȘme avis, malgrĂ© diverses initiatives qui vont dans le sens de l’appel du Pape. Il est probable que dans les jours qui viennent, les porte-parole des deux positions antagonistes vont continuer Ă  s’opposer et il est prĂ©visible qu’à l’occasion des Ă©lections rĂ©gionales le ton va encore monter et que le problĂšme de l’immigration dominera tous les autres dans les affrontements.
Il est quasiment impossible de parler d’un pareil sujet la tĂȘte froide. Certes, j’entends bien l’avertissement de cet excellent observateur qu’est le sociologue Jean-Pierre Le Goff, qui nous prie instamment de ne pas nous laisser prendre par une Ă©motion qui bride la raison. Mais au-delĂ  de l’image d’un petit garçon mort sur une plage qui a fait le tour de la Terre, il y a cette rĂ©alitĂ© incontestable de tout un peuple Ă  la dĂ©rive. J’ai affirmĂ© ici Ă  maintes reprises qu’il fallait secourir cette dĂ©tresse d’urgence. Cela suppose donc des mesures d’accueil en proportion de la masse de ces pauvres gens qui nous tendent la main. Mais il serait irresponsable de ne pas penser sur le champ Ă  la suite des Ă©vĂ©nements. Ces rĂ©fugiĂ©s vont-ils s’installer durablement chez nous ? Est-ce souhaitable pour eux-mĂȘmes et pour leurs pays d’origine ? Mgr Pascal Gollnisch, responsable de l’ƒuvre d’Orient, est d’avis qu’il faut songer d’ores et dĂ©jĂ  Ă  leur rĂ©installation dans les pays d’origine, notamment en Syrie et en Irak. Mais on sait comment ils ont Ă©tĂ© chassĂ©s, du fait de la guerre impitoyable menĂ©e par Daesh. Ce retour suppose un renversement de situation encore problĂ©matique. Les politiques comme les militaires hĂ©sitent devant la perspective d’intervenir directement au sol contre l’État islamique. Or c’est lĂ  que se trouve la source de l’énorme sĂ©isme humain auquel nous assistons. L’assistance humanitaire et caritative est d’une urgence absolue mais il est aussi urgent de savoir si nous aurons les moyens de rĂ©tablir l’équilibre de notre Mare Nostrum, notre chĂšre MĂ©diterranĂ©e.
Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 7 septembre 2015.
Une « déferlante migratoire » ? http://t.co/I8P2L1Jyl1
— GĂ©rard Leclerc (@LeclercGerard)
7 Septembre 2015
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fautpaspousser-fpp · 10 years ago
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Chrétiens d'Orient. Enfin, une prise de conscience ? http://t.co/8IOXmt8Tgg
— GĂ©rard Leclerc (@LeclercGerard) 9 Avril 2015
Quelque chose est-il en train de bouger dans l’opinion française, en ce moment ? À propos des chrĂ©tiens persĂ©cutĂ©s notamment. Certes, il y a eu l’affiche censurĂ©e par la direction de la RATP, qui a dĂ©clenchĂ© un tollĂ© que l’on pourrait dire transfrontiĂšres. Car les protestations sont venues de partout, de la droite et de la gauche, et mĂȘme du Premier ministre. L’odieux d’une censure qui interdisait l’affichage du mot « chrĂ©tien » dans les couloirs du mĂ©tro a soudain provoquĂ© une prise de conscience, qui s’élargit au-delĂ  d’un scandale. Pascal Bruckner, retour d’un voyage Ă  Erbil, au milieu de rĂ©fugiĂ©s chassĂ©s par Daesh, s’insurge dans Le Figaro : « La RATP se soumet Ă  l’autocensure prĂ©ventive et insulte les victimes (
) En France dĂšs qu’il s’agit de chrĂ©tiens, s’installe une rumeur de mĂ©pris. » Et d’ajouter : « On nous intime de ne pas cĂ©der Ă  l’islamophobie mais alors que de la Mauritanie au Pakistan, les chrĂ©tiens sont persĂ©cutĂ©s, condamnĂ©s, tuĂ©s, le mot mĂȘme de christianophobie n’a pas cours dans la langue. Formidable subterfuge. Les victimes sont dĂ©signĂ©es comme des bourreaux et inversement. »
Il y a avait eu dĂ©jĂ  l’initiative de Jacques Julliard et de Jean d’Ormesson en faveur des chrĂ©tiens du Proche Orient en voie de disparition. Quand des foules vont-elles dĂ©ferler dans nos rues pour crier : « Nous sommes tous des chrĂ©tiens irakiens ou pakistanais » ? Il y a peu de temps, nous Ă©tions tous Charlie, sans d’ailleurs toujours mesurer la signification de ce slogan. Était-ce en faveur de la libertĂ© d’expression ou Ă©tait-ce en faveur d’un certain Ă©tat d’esprit ? La disparition brutale de l’équipe du journal satirique nous faisait pressentir l’ampleur de la menace. Et quand il s’agit de millions de chrĂ©tiens dans le monde, et pas seulement de chrĂ©tiens ? Ça vaudrait peut-ĂȘtre la peine qu’on se secoue ! Comme l’écrit Ă  cĂŽtĂ© de Bruckner, Pierre Vermelen :« Croire que la purification ethno-religieuse du Moyen-Orient sera sans consĂ©quence sur les civilisations alentour, et sur l’europĂ©enne en particulier, est naĂŻf (
) Croire que notre civilisation cosmopolite et maternante cohabitera avec une rive Sud de la MĂ©diterranĂ©e nettoyĂ©e de ses minoritĂ©s est stupide. » Oui, il est grand temps de se rĂ©veiller.
Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 9 avril 2015.
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fautpaspousser-fpp · 10 years ago
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Des Pùques endeuillées http://t.co/yvniNbGja1
— GĂ©rard Leclerc (@LeclercGerard)
6 Avril 2015
La journĂ©e de PĂąques a eu, cette annĂ©e, une tonalitĂ© assez particuliĂšre. Certes, tous les ans, nous avons l’habitude d’entendre les papes Ă©noncer, depuis la Place Saint-Pierre, les inquiĂ©tudes et les drames du monde. Et souvent les mĂȘmes rĂ©gions sont en cause, avec des conflits qui ne s’éteignent pas. Mais cette fois-ci, il y avait eu le drame de Garissa au Kenya, rĂ©vĂ©lant la volontĂ© explicite de tuer des chrĂ©tiens. La pape François s’est Ă©levĂ© contre l’indiffĂ©rence Ă  l’égard de ces crimes comme l’avait fait, lors de l’Office de la Passion, le pĂšre Cantalamessa : « Nous risquons tous – institutions et individus du monde occidental – de devenir des Ponce Pilate qui se lavent les mains. »
C’est un fait : ce sont aujourd’hui les chrĂ©tiens qui sont le plus directement menacĂ©s par le terrorisme djihadiste. Notre pays est sans doute en train d’en prendre conscience. Le fait que Laurent Fabius ait posĂ© la question dans les termes les plus nets Ă  l’ONU doit ĂȘtre saluĂ©. Faut-il interprĂ©ter dans le mĂȘme sens le message tout Ă  fait inĂ©dit du Premier ministre, insistant pour saluer les chrĂ©tiens de France Ă  l’occasion de leur grande fĂȘte pascale ? C’est en tout cas mon sentiment. Il est possible aussi que Manuel Valls ait voulu rĂ©agir Ă  l’impression dĂ©sastreuse produite par la direction de la RATP, refusant obstinĂ©ment de mentionner la cause des chrĂ©tiens du Moyen-Orient sur les affiches annonçant un concert des « PrĂȘtres ».
Cette affaire est insupportable. Il n’y a pas que les chrĂ©tiens Ă  avoir rĂ©agi, mais on est en droit de s’interroger sur l’étrange dĂ©tournement du concept de laĂŻcitĂ© et de celui de neutralitĂ© d’une entreprise publique, que suppose cette censure qui s’apparente Ă  la police de la pensĂ©e selon Orwell. Il y aurait ainsi des mots interdits ! En premier lieu, celui de « chrĂ©tien ». On a soulignĂ© Ă  juste titre l’inconvenance grave qui consistait Ă  refuser de prendre partie en faveur de personnes en grand danger face Ă  une entreprise terroriste. La justice, Ă©trangement, va devoir trancher, lĂ  oĂč le sens commun devrait suffire Ă  Ă©tablir le droit. VoilĂ  une des raisons qui ont assombri cette PĂąque. Mais nous savons que la victoire de la Vie suppose un combat qui ne cessera pas tant que nous serons encore en chemin, in via, vers l’accomplissement du Royaume.
Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 6 avril 2015.
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fautpaspousser-fpp · 10 years ago
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#Édito : Les deux citĂ©s poke @LeclercGerard re http://t.co/Le6sPQICbs
— Benoüt (@Benoitzinho)
31 Mars 2015
Édito : La crise Ă©conomique du Salut 
on voudrait que je me rĂ©jouisse de la vague bleue ou que je me dĂ©sole de la noyade rose, pourtant ma joie et ma dĂ©solation sont tout ailleurs. Lorsque ma citĂ© d’ici-bas semble folle, mon cƓur rentre en lui-mĂȘme et fixe du regard la citĂ© d’en haut. Elle seule dĂ©cide de mes joies et de mes peines.
La politique est nĂ©cessaire et il n’est pas question de la laisser aux autres par soucis de garder nos mains propres. Cependant, toute urgente qu’elle soit, elle est seconde, et peut-ĂȘtre mĂȘme tierce.
Seconde car la politique doit Ă©maner du commun de nos vies. Il n’y pas de politique sans lien concret entre les hommes – “L’amitiĂ© est le lien des citĂ©sâ€Ă©crivait Aristote. La politique suppose toujours avant elle l’amitiĂ© et la fraternitĂ© : ne pas se dĂ©rober aux hommes, vivre livrĂ© pour nos prochains.
Tierce car la politique n’accomplira jamais Ă  elle seule cette amitiĂ© et cette fraternitĂ©. Car l’homme providentiel, ce ne sera jamais Sarkozy, Hollande ou Marine. L’homme de la providence c’est le Messie-Roi, Sauveur et Seigneur, qui seul rĂ©capitule en Lui l’humanitĂ© entiĂšre en un peuple de frĂšres. Le vrai libĂ©ral, qui offre Ă  tous la libertĂ© ; le vrai socialiste, offrant Ă  tous l’égalitĂ© ; le vrai Ă©cologiste, unifiant le cosmos entier : c’est Lui, pas eux.
Oui, notre espĂ©rance c’est Lui. La politique, toute urgente qu’elle soit, doit ĂȘtre situĂ©e en d’humbles limites, entre la vie morale (l’amitiĂ©) et la vie eschatologique (l’attente du Messie-Roi)1.
“Cette espĂ©rance, nous la possĂ©dons comme une ancre de l’ñme, sĂ»re et solide; elle pĂ©nĂštre au delĂ  du voile” (Hb 6, 19)
Notre cƓur, tel une ancre, est fixĂ© de l’autre cĂŽtĂ© du voile, du cĂŽtĂ© de Dieu et de son RĂšgne qui vient. Ne plongeons en politique qu’à condition que cette ancre soit bien enfoncĂ©e. Le voile a commencĂ© de se dĂ©chirer (Cf. Mc 15, 38), la poitrine de Dieu est ouverte et la vie en jaillit. Plantons notre ancre en Lui, en son cƓur, tirons de son cƓur des biens pour le monde, attirons vers son cƓur les biens de notre monde.
Cette semaine est sainte, une crise Ă©conomique bien plus grave et bien plus fondamentale pour nos vies que celle de Wall-Street est en cours. Celle de l’économie du Salut2 : Dieu cherche Ă  nous sauver et l’offre de son amour ne trouve que peu de demande. “L’amour n’est pas aimĂ© !” 3.
C’est du rouge et du blanc du sang et de l’eau jaillissant du cĂŽtĂ© de JĂ©sus que naissent ma peine et ma joie, pas du rose et du bleu de la carte Ă©lectorale.
Ce monde passe
 le Messie, lui, vient.
Bonne semaine sainte Ă  tous.
BenoĂźt.
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fautpaspousser-fpp · 10 years ago
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Les deux citĂ©s. Sur la concomitance de la fĂȘte des Rameaux et d’un jour d’élection http://t.co/CxptKhTKjK
— GĂ©rard Leclerc (@LeclercGerard) 30 Mars 2015
La concomitance de la fĂȘte des Rameaux et d’un jour d’élection nationale est peut-ĂȘtre une occasion pour rĂ©flĂ©chir aux relations entre ce que saint Augustin appelait les deux citĂ©s. JĂ©sus entrant solennellement Ă  JĂ©rusalem ne revendique-t-il pas la royautĂ© ici-bas ? Dans sa grande Ă©tude sur JĂ©sus de Nazareth, Joseph Ratzinger n’hĂ©site pas Ă  Ă©crire que JĂ©sus revendique de fait un droit royal. Certes, ce droit est nettement d’ordre messianique : « JĂ©sus ne se fonde pas sur la violence ; il n’engage pas une insurrection militaire contre Rome. Son pouvoir est d’un caractĂšre diffĂ©rent. C’est dans la pauvretĂ© de Dieu, dans la paix de Dieu, qu’il reconnaĂźt l’unique pouvoir qui sauve. »À travers l’histoire, il n’a pas toujours Ă©tĂ© aisĂ© de reconnaĂźtre cette spĂ©cificitĂ©. Cela est si vrai qu’aujourd’hui encore certains affirment que le christianisme a renoncĂ© aux moyens de la puissance parce qu’il y a Ă©tĂ© contraint.
Je ne puis rentrer dans les complications historiques qui demanderaient de longs discernements. Le discernement essentiel, c’est l’entrĂ©e de JĂ©sus Ă  JĂ©rusalem qui nous l’impose, avec la singularitĂ© d’un Ă©vĂ©nement Ă  la fois glorieux et tragique. On croit souvent que c’est la foule unanime de JĂ©rusalem qui acclame d’abord JĂ©sus, puis se renie au point de rĂ©clamer sa mort Ă  Pilate. Mais selon Joseph Ratzinger, ce n’est pas exact. L’entrĂ©e messianique dans la ville est accompagnĂ©e par l’ensemble des amis de JĂ©sus. Mais l’accueil de JĂ©rusalem elle-mĂȘme est d’une autre nature : « Quand il entra dans JĂ©rusalem, dit Matthieu, toute la ville fut agitĂ©e. » (21,10-11) C’est le trouble qu’apporte ce Messie dont on ne sait pas clairement si son royaume est vraiment de ce monde.
Quelle leçon en tirer pour aujourd’hui ? Oui, le royaume messianique et eschatologique est toujours en marche. Mais il se distingue de la citĂ© d’ici-bas. N’empĂȘche que cette distinction n’implique pas sĂ©paration. Le Christ continue Ă  nous troubler, parce que la charte des bĂ©atitudes implique un autre regard sur la citĂ©, parce qu’une puissance de transformation intĂ©rieure est Ă  l’Ɠuvre pour changer nos cƓurs de pierre en cƓurs de chair. Ce n’est pas rien que l’entrĂ©e du Christ dans la ville. Nous le savons avec la Semaine sainte. C’est toute la dramatique humaine qui se trouve dĂ©sormais aux prises avec la dramatique divine.
Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 30 mars 2015.
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fautpaspousser-fpp · 10 years ago
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Bellamy et Onfray en débat http://t.co/QQ6hTu8J3S
— GĂ©rard Leclerc (@LeclercGerard)
26 Mars 2015
Bellamy et Onfray en débat
par GĂ©rard Leclerc
A priori, François-Xavier Bellamy et Michel Onfray sont sur des positions philosophiques diamĂ©tralement opposĂ©es. Le premier est un chrĂ©tien affirmĂ©, le second continue de proclamer son athĂ©isme. Je n’ai pu faire encore que quelques incursions dans son nouveau livre, monumental, Cosmos (Flammarion), mais j’y ai retrouvĂ© les thĂšses de son TraitĂ© d’athĂ©ologie qui date de 2009. Il dĂ©veloppe notamment sa thĂšse sur un christianisme qui ne serait qu’un assemblage de tous les plus vieux mythes de l’humanitĂ©. ThĂšse qui postule l’inexistence historique du Christ. J’ai dĂ©jĂ  soulignĂ© le paradoxe qu’il y avait, de sa part, Ă  se rĂ©clamer de son maĂźtre Lucien Jerphagnon, qui montrait au contraire l’originalitĂ© Ă©tonnante de JĂ©sus. Ce qui m’étonne surtout, c’est ce combat de titan que Michel Onfray a engagĂ© contre le christianisme et qui tĂ©moigne d’une Ă©trange obsession.
Mais j’en reviens Ă  son face Ă  face avec François-Xavier Bellamy, organisĂ© par Vincent Tremolet de Villers et Alexandre Devecchio dans Le Figaro d’hier. MalgrĂ© leurs diffĂ©rences, les deux philosophes sont Ă©tonnamment proches Ă  propos de la rĂ©gression culturelle qui est la nĂŽtre et se traduit par la crise de notre systĂšme scolaire. « Je partage avec vous, dit François-Xavier Bellamy, l’impression de voir une civilisation s’effondrer, et le sentiment que personne n’en a encore pris la mesure. » L’un et l’autre mettent aussi en cause ce qu’Orwell aurait appelĂ© « la police de la pensĂ©e », sous l’effet d’une idĂ©ologie dominante. Onfray, qui se rĂ©clame toujours de la gauche, s’insurge contre une gauche officielle adhĂ©rente au libĂ©ralisme le plus cynique, celui qui, par exemple, marchandise les corps.
Pourtant la diffĂ©rence entre les deux hommes se redessine au terme de leur conversation. À la question « Que dire Ă  un jeune de vingt ans ? », Michel Onfray rĂ©pond lapidairement : « Le bateau coule, restez Ă©lĂ©gant. Mourez debout. » François-Xavier Bellamy lui rĂ©torque que « L’histoire n’est jamais Ă©crite d’avance : le propre de la libertĂ© humaine, c’est de rendre possible ce qui, en apparence, ne l’était pas
 »Cette diffĂ©rence, n’est-ce pas le christianisme qui l’explique, avec la PĂąque qui a fendu dĂ©finitivement le temps cyclique ? Celui des mythes, par la dynamique de l’espĂ©rance ?
Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 26 mars 2015.
------------------------------------------ ------------------------------------------ Entretien avec Michel Onfray et François-Xavier Bellamy, paru dans le Figaro du 25 mars 2015. Propos recueillis par Vincent Tremolet de Villers et Alexandre Devecchio. . LE FIGARO – Michel Onfray, dans Cosmos, le premier volume de votre triptyque philosophique, vous rappelez la beautĂ© du monde. Nous ne la voyons plus ? Michel ONFRAY – Nous avons perdu l’émerveillement. De Virgile jusqu’à la naissance du moteur, il nous habitait. Mais depuis, nous avons changĂ© de civilisation : de leur naissance Ă  leur mort, certains individus n’auront vĂ©cu que dans le bĂ©ton, le bitume, le gaz carbonique. Des saisons, ils ne connaĂźtront que les feuilles qui tombent des quelques arbres qui restent dans leur rue. Il s’agit d’une vĂ©ritable rupture anthropologique et ontologique : la fin des campagnes, la mort de la province et de la paysannerie au profit d’une hyper cĂ©rĂ©bralisation. Le vrai problĂšme n’est pas l’oubli de l’ĂȘtre, comme disait Heidegger, mais l’oubli des Ă©tants qui constituent le Cosmos. François-Xavier BELLAMY – Il faut aller plus loin encore : l’homme n’est plus en contact avec la nature qui l’environne, ni surtout avec la nature dont il se reçoit
 Nous avons perdu le sens des saisons, mais aussi celui du rythme naturel de notre propre vie. Le citoyen est devenu citadin, et il a oubliĂ© que l’homme ne se construit pas ex nihilo, qu’il n’est pas un produit parmi d’autres, artificiel et transformable, dans la sociĂ©tĂ© de consommation. Cette nĂ©gation du vivant va jusqu’au dĂ©ni de sa propre mort. Prenez la loi sur la fin de vie : le fait de transformer la mort en sĂ©dation, en un simple sommeil, par le prodige de la technique, est une façon pour l’homme d’écarter tout ce qui fait sa condition naturelle. Faut-il ĂȘtre conservateur ? M. O. – Ni conservateur ni rĂ©actionnaire. Contrairement Ă  Alain Finkielkraut ou Éric Zemmour, je ne crois pas que nous puissions restaurer l’école d’hier ni mĂȘme que ce soit souhaitable. Si je partage leur pessimisme concernant la destruction de la civilisation occidentale par le nĂ©olibĂ©ralisme qui dicte sa loi, je me distingue d’eux sur les solutions. On ne peut revenir en arriĂšre, sauf Ă  entrer dans une logique de dictature oĂč l’on demanderait Ă  un nouveau CĂ©sar de se couper totalement de l’Europe et du monde en restaurant les frontiĂšres. Cela ne me paraĂźt ni possible ni souhaitable. La vĂ©ritĂ© cruelle est que notre civilisation s’effondre. Elle a durĂ© 1 500 ans. C’est dĂ©jĂ  beaucoup. Face Ă  cela, je me trouve dans une perspective spinoziste : ni rire ni pleurer, mais comprendre. On ne peut pas arrĂȘter la chute d’une falaise. F.-X. B. – Je partage avec vous l’impression de voir une civilisation s’effondrer, et le sentiment que personne n’en a encore vraiment pris la mesure; mais la sagesse ne peut pas ĂȘtre qu’un consentement rĂ©signĂ© Ă  ce qui advient! Nous pouvons encore dĂ©cider, dans nos vies personnelles comme dans nos choix collectifs, de recevoir et de transmettre ce qui dans notre culture demeure fĂ©cond, et plus actuel que les faux progrĂšs qu’on nous vend. Malheureusement, de ce point de vue, le dĂ©bat politique et intellectuel oppose plutĂŽt des liquidateurs de faillite que des dĂ©cideurs capables de tracer des perspectives. Plus que la libertĂ© de pensĂ©e, la premiĂšre menace n’est-elle pas l’impossibilitĂ© de penser dans la frĂ©nĂ©sie du monde contemporain ? M. O. – Un tweet, s’il est bien fait, peut ĂȘtre l’hĂ©ritier des aphorismes des moralistes du XVIIĂšme siĂšcle. Mais la durĂ©e du papillon n’est pas celle de la civilisation. La culture de l’instantanĂ© nous empĂȘche de nous projeter dans l’avenir et de nous situer par rapport au trajet qui nous conduit de Constantin Ă  nos jours. F.-X. B. – Toute l’histoire de la philosophie porte la trace des rĂ©sistances que chaque Ă©poque a opposĂ©es Ă  l’effort de la pensĂ©e. Chercher une pensĂ©e juste, c’est toujours rencontrer bien des obstacles, y compris en soi-mĂȘme. Mais au-delĂ  des sectarismes et de la mĂ©diocritĂ©, qui ont toujours guettĂ© les consciences, notre Ă©poque, fascinĂ©e par la vitesse, risque singuliĂšrement de priver la rĂ©flexion du temps mĂȘme qui est nĂ©cessaire Ă  sa maturation. L’immĂ©diatetĂ© du numĂ©rique est sans doute la forme la plus concrĂšte de ce risque. L’aphorisme, Ă©crivait Nietzsche, est fait pour ĂȘtre ruminĂ©, longuement mĂ©ditĂ©. Qui mĂ©dite sur Twitter ? Le dĂ©bat intellectuel est de plus en plus Ă©touffant
 M. O. – Cette surveillance, je l’ai expĂ©rimentĂ©e avec mon livre sur Freud, Le CrĂ©puscule d’une idole. Une avalanche d’insultes m’est tombĂ©e dessus. J’ai vu des gens qui, au nom de la libertĂ© d’expression, voulaient interdire la diffusion de mon cours sur France Culture ! On a dit ou Ă©crit que je rĂ©activais le discours de l’extrĂȘme droite, que j’étais un pĂ©dophile refoulĂ© ou bien encore un antisĂ©mite. J’ai alors dĂ©couvert les dĂ©gĂąts de l’idĂ©ologie dominante issue de ce que Jean-Pierre Le Goff nomme justement le «gauchisme culturel» qui est parole d’évangile mĂ©diatique. Aujourd’hui, la gauche me mĂ©prise tandis que la droite me courtise, ce qui ne m’est pas forcĂ©ment agrĂ©able (rire). Mais, au fond, ça m’est devenu Ă©gal car je ne me prĂ©occupe plus de ces catĂ©gorisations-lĂ . Je refuse la logique des chiens de Pavlov ! Quand Pierre BergĂ© dit qu’on doit pouvoir louer les corps des femmes pauvres Ă  des bourgeois riches qui veulent s’offrir des enfants, je dis que ce ne sont pas des propos de gauche, qu’il n’est pas un homme de gauche. Que la gauche au pouvoir souscrive au pire du libĂ©ralisme qui marchandise et loue les corps des pauvres est une obscĂ©nitĂ© : on ne me fera pas croire que je cesse d’ĂȘtre de gauche en ne souscrivant pas au renoncement de la gauche libĂ©rale Ă  ĂȘtre de gauche. F.-X. B. – On mesure le degrĂ© de la pression qui s’exerce sur les esprits, la puissance de cette oppression silencieuse, Ă  l’évolution assez rapide des normes qu’elle impose et Ă  l’adaptation consĂ©quente de l’opinion commune. Il y a quelques annĂ©es, on pouvait encore ĂȘtre contre la gestation pour autrui ; osera-t-on encore l’avouer demain ? Il y a quinze ans, s’opposer au Pacs Ă©tait rĂ©actionnaire ; mais on pouvait ĂȘtre contre le mariage homosexuel, comme d’ailleurs l’immense majoritĂ© des Ă©lus de gauche Ă  l’époque, sans se voir reprocher d’ĂȘtre homophobe
 Aujourd’hui, c’est impossible. Tous ceux qui demeurent cohĂ©rents seront accusĂ©s un jour oĂč l’autre de «dĂ©raper» ; mais les seuls qui dĂ©rapent progressivement, au sens littĂ©ral du terme, sont ceux qui se laissent aller, par manque de courage et de constance, Ă  ces renoncements successifs. Vous enseignez tous deux dans des structures parallĂšles Ă  l’école. Pourquoi ? M. O. – En 2002, Jean-Marie Le Pen arrive au second tour de l’élection prĂ©sidentielle. Il est Ă©vident qu’il ne sera pas Ă©lu. La question est simplement de savoir si Jacques Chirac l’emportera avec 60 % ou 80 % des voix. Personnellement, je ne me sens pas concernĂ© par ce genre de dĂ©bat qui relevait de la dĂ©raison pure. Il n’était pas question pour moi d’aller crier «le fascisme ne passera pas» en compagnie du patronat et de l’ÉvĂȘchĂ©. Je souhaitais donc, dans la mesure de mes moyens, crĂ©er une structure qui travaille Ă  « rendre la raison populaire » pour utiliser les mots de Diderot. Ce fut l’UniversitĂ© populaire de Caen. Certes, c’est une goutte d’eau dans l’ocĂ©an, mais Ă  ceux qui me rappellent que ça n’a pas changĂ© grand-chose, je demande : qu’avez-vous fait, vous, pour changer les choses lĂ  oĂč vous Ă©tiez ? F.-X. B. – Il faut multiplier les lieux pour transmettre cet hĂ©ritage philosophique qui, mĂȘme lorsqu’il vient de loin, est d’une profonde actualitĂ©. Parce que, nous le constatons tous deux, la soif de rĂ©flexion est immense
 « Les SoirĂ©es de la Philo » sont nĂ©es de cela. La philosophie est marquĂ©e par une forme de gratuitĂ©, mais elle rĂ©pond Ă  un besoin plus profond que jamais, celui de mettre des mots justes sur les questions que nous rencontrons, de susciter un peu de clartĂ© au milieu de la confusion des dĂ©bats contemporains. Regrettez-vous l’abandon du latin ? M. O. – Mon pĂšre Ă©tait ouvrier agricole. Il a quittĂ© l’école Ă  13 ans, pourtant il savait lire, Ă©crire, compter et penser. Il Ă©tait capable de faire une lettre sans faute et, quand bien mĂȘme il n’aurait pas su orthographier quelque chose, il avait le culte du dictionnaire. Depuis, l’idĂ©ologie issue du structuralisme a dĂ©vastĂ© l’enseignement. Elle considĂšre que la langue est dĂ©jĂ  lĂ , avant mĂȘme notre naissance, hors de l’histoire ! Dans ces conditions, plus besoin de l’apprendre
 La thĂ©orie du genre procĂšde Ă©galement du structuralisme nĂ©gateur d’histoire et de rĂ©alitĂ© : pas de corps, pas de sexe, pas de biologie, pas d’hormones, pas de testostĂ©rone, mais de la langue et de l’archive. Nous ne serions que des constructions culturelles. C’est de cette idĂ©ologie datĂ©e mais active comme un dĂ©chet nuclĂ©aire dont il faudrait se dĂ©barrasser; ensuite, on pourrait poser la question du grec et du latin. Mais l’affaire est dĂ©jĂ  pliĂ©e
 F.-X. B. – Sur la question du latin, la gauche au pouvoir consacre une nouvelle fois le triomphe du marchĂ© : le latin n’est pas utile pour l’emploi et la croissance, supprimons-le. C’est la poursuite d’une logique qui consiste Ă  penser que l’école a d’abord pour fonction de prĂ©parer le futur adulte Ă  la vie Ă©conomique. Cette logique achĂšve en mĂȘme temps de condamner un enseignement qui aurait pour but de transmettre les fondements de notre culture. Notre systĂšme scolaire est vouĂ© Ă  la dĂ©construction plutĂŽt qu’à l’apprentissage. Mais ceux qui organisent cette Ă©cole de la nĂ©gation -qui dĂ©nonce la langue comme sexiste, accuse la lecture d’élitisme, morcelle l’histoire, bannit la mĂ©moire, condamne les notes et adule le numĂ©rique- ont oubliĂ© ce qu’ils en avaient eux-mĂȘmes appris. Le propre de cette gĂ©nĂ©ration, c’est une immense ingratitude, qui se complaĂźt Ă  dĂ©construire la culture dont elle a pourtant reçu toute sa liberté  Le retour du religieux est-il une bonne nouvelle pour l’intelligence ? M. O. – On pensait que la sortie de l’ùre religieuse verrait la naissance de l’« Ăšre philosophique et positive » pour reprendre le vocabulaire d’Auguste Comte. Il n’en est rien. Les gens prĂ©fĂšrent toujours des mensonges qui les rassurent Ă  des certitudes qui les inquiĂštent. NĂ©anmoins, je crois qu’on assiste moins au retour du religieux qu’à l’avĂšnement de l’islam. Je ne suis pas sĂ»r que le judaĂŻsme ou le christianisme se portent trĂšs bien. Certes, des chrĂ©tiens descendent dans la rue pour protester contre le mariage homosexuel, mais cela signifie-t-il pour autant la grande santĂ© chrĂ©tienne, du moins en Europe ? Je ne crois pas
 Une civilisation se construit toujours avec une religion qui utilise la force. Si l’Église est tolĂ©rante aujourd’hui, c’est parce qu’elle n’a plus les moyens d’ĂȘtre intolĂ©rante. L’islam a aujourd’hui les moyens d’ĂȘtre intolĂ©rant et ne s’en prive pas. Reste que c’est la spiritualitĂ© chrĂ©tienne qui a rendu possible l’Occident. Aujourd’hui, une religion laisse la place Ă  une autre religion. Quand le pape François, dont le mĂ©tier consiste Ă  apprendre Ă  la planĂšte entiĂšre qu’il faut tendre l’autre joue, affirme qu’il frapperait celui qui parlerait mal de sa mĂšre, on se dit que le christianisme est mort ! L’islam qui lui succĂšde fait l’économie de dix siĂšcles de philosophie : quid du cogito, de la raison, de la laĂŻcitĂ©, de la dĂ©mocratie, du progrĂšs ? La raison disparaĂźt quand la foi fait la loi. Et la disparition de la raison n’est jamais une bonne nouvelle
 F.-X. B. – Un positivisme mal digĂ©rĂ© nous a fait exclure la question de Dieu de la sphĂšre de la raison. C’est une catastrophe. S’en est suivie une conception trĂšs sectaire et dogmatique de la laĂŻcitĂ©, qui voudrait que parler de Dieu soit contraire Ă  l’ordre rĂ©publicain. On vivrait bien mieux la rĂ©alitĂ© du fait religieux, qui fait partie depuis toujours de l’expĂ©rience humaine, si on pouvait en parler ensemble dans l’espace public, du point de vue de la raison commune. AprĂšs tout, dans le monde occidental, aux États-Unis par exemple, il y a dans certaines branches de la philosophie une thĂ©ologie rationnelle qui se porte plutĂŽt bien, et qui discute sĂ©rieusement de la question de l’éternitĂ© du monde ou de la reprĂ©sentation de Dieu
 De notre cĂŽtĂ©, nous avons voulu refouler de force la religion dans l’ordre de la psychologie, de l’intime. Du coup, nous prenons en pleine figure l’émergence d’un islam qui se dĂ©ploie par le pathos, par l’affect, et avec lequel nous nous sommes rendus incapables de discuter. C’est peut-ĂȘtre l’une des raisons de la violence qui resurgit, et qui naĂźt de l’impossibilitĂ© du dialogue. Que dire Ă  un jeune de 20 ans ? M. O. – Le bateau coule, restez Ă©lĂ©gant. Mourez debout
 F.-X. B. – Nous sommes vivants. Quelles que soient les circonstances, l’histoire n’est jamais Ă©crite d’avance : le propre de la libertĂ© humaine, c’est de rendre possible ce qui, en apparence, ne l’était pas
 Retrouvez la suite de l'entretien croisĂ© ici ou dans Le Figaro du 25 mars. http://www.lefigaro.fr/vox/societe/2015/03/24/31003-20150324ARTFIG00413-francois-xavier-bellamy-michel-onfray-vivons-nous-la-fin-de-notre-civilisation.php http://www.fxbellamy.fr/blog/2015/03/28/vivons-nous-la-fin-de-notre-civilisation/ -----------------------------------
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fautpaspousser-fpp · 10 years ago
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La France, comme la Corée du Nord ? http://t.co/tLObxsaMUz
— GĂ©rard Leclerc (@LeclercGerard) 25 Mars 2015
La France, comme la Corée du Nord ?
par GĂ©rard Leclerc
Sortons quelques instants de notre actualitĂ© brĂ»lante. Comment Ă©chapper au plaisir malicieux d’une citation provocante du cinĂ©aste, Ă©crivain, linguiste, et j’en passe, EugĂšne Green. Le Monde lui consacre deux pages dans sa derniĂšre Ă©dition Ă  propos de son film La Sapienza, qui fait d’ores et dĂ©jĂ  les dĂ©lices des cinĂ©philes et des amateurs de son style tout Ă  fait particulier. InterrogĂ© sur son goĂ»t affirmĂ© pour le religieux, il expose sans prĂ©caution son sentiment sur une atonie spirituelle qui le rĂ©volte :« L’Europe a renoncĂ© Ă  sa civilisation : tout est Ă  vendre. L’homme ne peut vivre ainsi. La France est le seul pays, avec la CorĂ©e du Nord, oĂč l’athĂ©isme est une religion d’État. » Je confesse avoir bien ri de cette formule, en pressentant qu’elle susciterait quelques fureurs ici ou lĂ . Mais la provocation n’est pas gratuite, elle est destinĂ©e Ă  nous faire rĂ©flĂ©chir.
Il n’est pas de jour oĂč l’on ne nous vante la laĂŻcitĂ© comme le remĂšde absolu Ă  tous nos maux. La plupart des politiques semblent s’accorder lĂ -dessus, de Jean-Luc MĂ©lenchon Ă  Marine le Pen en passant par Manuel Valls et les autres. J’ai suffisamment exprimĂ© mes opinions sur le sujet pour ne pas accorder quelques mĂ©rites Ă  ce qu’il y a de vertu dans une laĂŻcitĂ© qui distingue les domaines et facilite la concorde publique. Mais je suis bien obligĂ© de donner raison en mĂȘme temps Ă  EugĂšne Green. La laĂŻcitĂ© n’est pas le sĂ©same infaillible que l’on vante sans cesse. C’est un moyen utile. Si ce moyen en vient Ă  immobiliser un pays dans un climat d’agnosticisme et d’indiffĂ©rence aux questions supĂ©rieures, il devient un poison.
Une sociĂ©tĂ© qui ne respire pas par le haut est promise Ă  l’atonie et Ă  l’anĂ©mie. C’est pourquoi il convient d’inventer ce que le regrettĂ© Jean-François MattĂ©i, dans un livre testament (L’homme dĂ©vastĂ©, Grasset) appelle une architectonique, c’est-Ă -dire une construction sociale, qui prend en compte tous les Ă©tages et tous les ordres, y compris celui de la charitĂ©. Ce n’est pas pour autant que l’on dĂ©crĂštera une religion d’État. Il s’agira simplement d’envisager que la construction comportera de larges ouvertures pour les requĂȘtes de ce que Saint Paul appelle l’homme spirituel. Sans lui, il y a quelque chose qui ne marche pas du tout. Merci Ă  EugĂšne Green d’avoir le courage de le dire.
Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 25 mars 2015.
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fautpaspousser-fpp · 10 years ago
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Sur Michel Onfray http://t.co/L9isBJDUkS
— GĂ©rard Leclerc (@LeclercGerard) 11 Mars 2015
Michel Onfray fait beaucoup parler de lui en ce moment, et je trouve qu’il assume son rĂŽle critique avec un vrai courage et une rĂ©elle indĂ©pendance. Ce n’est pas pour autant que je me rallierai Ă  son panache philosophique. S’il m’arrive d’apprĂ©cier telle ou telle de ses positions et si je partage son admiration pour Albert Camus, je reste impermĂ©able Ă  son athĂ©isme et Ă  son mode de pensĂ©e Ă©picurien. Dans le numĂ©ro d’hier de LibĂ©ration, il rĂ©itĂšre sa posture anti-religieuse qu’il tient Ă  distinguer de toute phobie Ă  l’égard des juifs, des chrĂ©tiens et des musulmans. Je n’oublie pas qu’il a signĂ© le manifeste de Jacques Julliard pour la dĂ©fense des chrĂ©tiens du Moyen Orient. Pourtant, j’aurais quelques remarques Ă  faire Ă  propos de sa critique de la religion du seul point de vue de la raison. Tout d’abord, je suis perplexe face Ă  la proposition qu’il fait Ă  la gauche non libĂ©rale, celle de MĂ©lenchon, dont il est proche, de s’inscrire fermement dans la mĂȘme perspective intellectuelle que la sienne. Certes, cela peut se concevoir, cela s’est vu dans le passĂ© et il existe une Ă©vidente complicitĂ© de certains politiques avec des conceptions anti-chrĂ©tiennes. De lĂ  Ă  inscrire une dimension directement anti-religieuse dans le combat des partis, il y a risque de mĂ©lange des genres et je redoute des glissements dangereux.
Mais Michel Onfray pose un autre problĂšme lorsqu’il aborde le cadre de sa critique. Au nom de quelle raison entend-t-il analyser les textes religieux ? Je ne suis pas sĂ»r qu’il ne s’empierge pas dans ses rĂ©fĂ©rences. En effet, lorsqu’il prend Ă  tĂ©moin l’exĂ©gĂšse d’un Richard Simon au XVIIe siĂšcle, il oublie que ce dernier Ă©tait d’une parfaite orthodoxie catholique et qu’il ne partageait nullement son point de vue rationaliste. Il faudrait pourvoir discuter franchement lĂ -dessus. Je me permettrai simplement de lui rappeler ce qu’écrivait sur le sujet quelqu’un qu’il vĂ©nĂšre et qui fut son maĂźtre, Lucien Jerphagnon [1] : « Tout au long du dix-neuviĂšme et au dĂ©but du vingtiĂšme, l’idĂ©ologie rationaliste va dĂ©gĂ©nĂ©rer en sectarisme, avec ce que Merleau-Ponty a appelĂ© “le petit rationalisme”, en opposition au grand, celui de Descartes et des cartĂ©siens. » Tout dĂ©pend, en effet, de ce qu’on appelle raison et de ce qu’Urs von Balthasar appelait« les dimensions de la raison ».
http://www.france-catholique.fr/Sur-Michel-Onfray.html
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