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Je ne suis pas un robot!
Photo by Possessed Photography on Unsplash
Dans leur texte sur la robotique et l’IA, les auteurs Schweitzer et Puig-Verges rapportent les propos du psychiatre Pierre marchais qui souligne « le risque de voir l’humanisme se tarir et donner à l’être pensant un statut supplanté par un système artificiel laissé à son expansion naturelle. . . ».
Je suis bien d’accord.
La robotique, dopée par les progrès exponentiels de l’intelligence artificielle, a accouché de robots toujours plus élaborés, capables d’interagir avec l’homme et de prendre leurs propres décisions. En 2020, les docteurs Frankenstein se nomment Boston Dynamics ou Blue Ocean Robotics. On parle de robots humanoïdes, de créatures aussi fascinantes qu’effrayantes dotées de traits physiques identiques à ceux de l’homme. Les robots sont même en voie d’être reconnus juridiquement en tant que «personne électronique». Cette évolution apporte un lot d’avantages indiscutables dans des domaines aussi divers que l’éducation, les jeux vidéo, la médecine ou l’armée. Mais elle pose aussi un certain nombre de questions d’ordre éthique, domaine traditionnellement en retard sur le génie technologique. Outre les interrogations relatives au respect de la vie privée, ce sont celles qui concernent la place de l’homme dans le futur qui m’interpellent le plus.
Car le diktat de la machine sur l’homme a bel et bien commencé et ce phénomène m’inquiète.
Nous vivons déjà dans un monde hyper connecté, celui du Nouvel Internet : les publicités ciblées que je reçois me le rappellent à chaque instant. Ma vie est une donnée informatique, contrôlée par des algorithmes, perdue dans les milliards d’informations du Big Data. Malgré des avantages évidents, ce monde électronique m’exaspère de plus en plus. Je ne veux plus me faire suggérer des séries dès que je regarde Netflix, je ne veux plus me faire prédire des mots lorsque j’écris un message sur mon téléphone. Au supermarché, malgré le gain de temps relatif procuré par les caisses libre-service, je préfère jaser 1 minute de plus avec la caissière.
La conjonction de ces 2 univers, ceux de la robotique et du Big Data, me fait frémir.
Est-ce cela, le monde de demain ? Un monde où le moindre de nos faits et gestes aura été pensé, organisé, optimisé par ordinateurs ? Un monde où chacun de nos comportements sera évalué, disséqué comme une performance sportive. Un monde, enfin, où des amalgames de câbles et de processeurs feront les choses à notre place. Non merci. Ce qui caractérise l’être humain, c’est sa capacité de raisonner, d’évaluer, de décider. Mais aussi sa propension à hésiter, à tenter, à se tromper, à s’excuser et à recommencer. Son génie s’est construit à partir de cela depuis des siècles. La chance, le hasard – certains diront une touche divine – l’ont parfois guidé. Mais c’est ce qui fait tout le charme de son existence. Il y a un grand sentiment de liberté dans l’idée de se tromper de route, de sortir des sentiers battus, de prendre son temps, de se fier à son instinct.
Tout le contraire d’un parcours balisé par une intelligence artificielle, aussi proche de nous soit-elle. L’humain est un être imparfait et c’est très bien ainsi.
L’autre jour, sur Google, j’ai dû remplir un CAPTCHA. Cela m’a presque fait plaisir...
Mets ça dans ta pipe, Google, je ne suis pas un robot!
Bibliographie
M.G. Schweitzer, N. Puig-Verges. 2018. « La Robotique developpementale et l’Intelligence artificielle conduiront-elles à l’émergence de nouvelles valeurs pour l’homme ?». Annales Médico-Psychologiques 176 (2018) 291–295.
Herbulot, F. (2018, 4 juin). De la robotisation des hommes à l’humanisation des robots. Institut pour l’étude des relations Hommes-Robots. https://www.ierhr.org/de-la-robotisation-des-hommes-a-lhumanisation-des-robots/
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