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LE PROPHÈTE MOHAMMED EN TANT QU'ÉDUCATEUR : Partie 5
AUTRES REMARQUES
En raison des idées fausses et des tendances séculaires, particulièrement en Occident ces derniers siècles, la plupart des gens définissent la religion comme une foi aveugle, des actes d'adoration dénués de sens, et une simple consolation. De telles mauvaises conceptions se sont développées dans la chrétienté, en partie à cause des défauts et des erreurs historiques du christianisme.
Certains musulmans sécularisés attachés à ce bas-monde ont aggravé cette faute en réduisant l'islam à une idéologie et à un système social, économique et politique. Ils ignorent un fait qui est déclaré dans le Coran, dans les Traditions prophétiques et à travers toute l'histoire islamique: l'islam, la voie du juste milieu loin de tous les extrêmes, s'adresse à tous les sens et facultés de l'être humain, ainsi qu'à l'esprit, au cœur et aux sentiments de chaque individu, et comprend tous les aspects de la vie humaine. C'est pourquoi le Prophète Mohammed accentua l'importance de l'éducation, du commerce, de l'agriculture, de l'action et de la réflexion.
De plus, il encourageait son peuple à faire parfaitement tout ce qu'il faisait, et condamnait l'oisiveté et la mendicité. Par exemple, il dit: «Dieu aime le serviteur croyant et habile.» Le Coran déclare: Et dis: 'œuvrez, car Dieu va voir votre œuvre, de même que Son messager et les croyants'. (9:105) Comme toutes nos actions seront exposées le Jour du Jugement, nous ne pouvons pas nous permettre d'être négligents et de faire les choses sans enthousiasme juste pour nous en débarrasser. De surcroît, le Messager rappelle: «Quand vous faites quelque chose, Dieu aime que vous le fassiez à la perfection.»
L'islam incite les gens à travailler et considère nos efforts légaux pour gagner notre vie et subvenir aux besoins de notre famille comme des actes d'adoration. Contrairement au christianisme médiéval, l'islam n'idéalise ni ne conseille la vie en ermitage. Il interdit la dissipation et la luxure car si nous nous laissons aller dans cette voie et que nous négligeons nos devoirs religieux, notre prospérité dans les deux mondes sera en jeux. Le Messager déclare, dans une parole concise qui résume les fondements d'une vie économique et sociale heureuse et de la prospérité dans ce monde et dans l'autre:
QUAND VOUS ÊTES IMPLIQUÉS DANS DES TRANSACTIONS SPÉCULATIVES, OCCUPÉS UNIQUEMENT PAR L'ÉLEVAGE D'ANIMAUX, CONTENTÉS PAR L'AGRICULTURE, ET QUE VOUS ABANDONNEZ LES EFFORTS DANS LE SENTIER DE DIEU POUR PRÊCHER SA RELIGION, DIEU VOUS CONDAMNERA À UNE GRANDE HUMILIATION. IL NE LA RETIRERA QUE QUAND VOUS RETOURNEREZ À VOTRE RELIGION.
Ce hadith offre une description très précise de l'état lamentable des musulmans durant ces derniers siècles. Les transactions spéculatives signifient la mort d'une vie économique saine et le recours à des moyens de subsistance illégaux et sans restrictions. Le contentement par l'élevage et l'agriculture est le signe de la paresse et de l'abandon de la recherche scientifique - le Coran annonce clairement que Dieu a créé l'être humain comme Son vice-gérant sur terre et qu'Il lui a confié le savoir des noms des choses.
Cela veut dire que nous ne devons pas nous contenter seulement de l'élevage et de l'agriculture mais aussi développer les sciences et exploiter les ressources naturelles en découvrant les lois divines de la nature et en réfléchissant sur les phénomènes naturels. Ce faisant, nous devons rechercher l'agrément de Dieu et pratiquer l'islam.
Le Coran comporte de nombreux versets tels que: Dis: "Sont-ils égaux, ceux qui savent et ceux qui ne savent pas?" (39:9), qui soulignent l'importance du savoir et de l'apprentissage. Il avertit aussi que Parmi Ses serviteurs, seuls les savants craignent vraiment Dieu (35:28), signifiant que la véritable piété et adoration n'est possible qu'avec le savoir. Confiner le savoir aux sciences religieuses sans faire de réflexion et ni de recherche conduit inévitablement à se contenter de l'élevage et de l'agriculture, dans l'oisiveté et la négligence des efforts dans le sentier de Dieu. Le résultat final est la misère, la pauvreté et l'humiliation.
Le Messager attira l'attention sur ce fait important dans plusieurs autres hadiths tels que: «Une heure de réflexion et de contemplation est meilleure que toute une année d'actes d'adoration (surérogatoires)» et «Le croyant fort est meilleur et préférable au croyant faible». La puissance requiert à la fois une santé physique et spirituelle ainsi que la compétence scientifique et technique. Restreindre le sens d'être «puissant» à la force physique révèle un manque total de compréhension de ce sur quoi le vrai pouvoir se fonde.
Pour conclure, être un bon musulman passe forcément par être un bon élève à l'école du Prophète Mohammed. Citons en exemple Ja'far ibn Abi Talib, le cousin du Prophète, qui émigra en Abyssinie afin d'échapper à la persécution des Qoraïchites. Un jour il dit au Négus, le roi d'Abyssinie: «Ô Roi, dans le passé, nous buvions du sang, mangions de la charogne, commettions la fornication, le vol, le meurtre et le pillage. Les plus forts opprimaient les plus faibles. Et nous faisions aussi beaucoup d'autres choses honteuses et méprisables.»
Le Prophète Mohammed montrait le meilleur exemple pour son peuple dans la croyance, l'adoration et le bon comportement - en bref, dans tous les aspects de la vie. Les gens de son peuple considérant le fait d'avoir des filles comme une source de honte, ils les enterraient vives. Quand le Prophète vint avec le Message divin, les femmes purent enfin jouir de tous leurs droits. Un jour, une jeune fille vint au Messager et se plaignit: «Ô Messager de Dieu, mon père essaie de me forcer à épouser le fils de mon oncle. Je ne veux pas me marier avec lui.» Le Messager envoya chercher son père et lui dit de ne pas agir ainsi. L'homme lui promit qu'il ne ferait pas cela. Puis la jeune fille se leva et dit: «Ô Messager de Dieu, je n'avais pas l'intention de m'opposer à mon père. Je suis venue ici uniquement pour savoir si l'islam permet à un père de marier sa fille sans son consentement.»
Le Messager avertissait ses Compagnons contre la mendicité. Si pauvres et nécessiteux fussent-ils, les Compagnons ne mendièrent jamais auprès de qui que ce fût. Ils étaient si sensibles à ce sujet qu'ils s'abstenaient même de demander de l'aide. Si, par exemple, l'un d'entre eux faisait tomber sa cravache tandis qu'il était sur sa monture, il descendait et la ramassait lui-même plutôt que d'attendre de l'aide de quelqu'un.
Avant l'islam, les gens adoraient des idoles et ne montraient pas le respect dû à leurs parents. Le Message de Dieu leur dit: Ton Seigneur a décrété: "N'adorez que Lui; et (marquez) de la bonté envers les père et mère. (17:23) Ce décret divin les changea de façon si radicale qu'ils se mirent même à demander au Messager s'ils seraient punis s'ils ne répondaient pas aux regards de leurs parents par un sourire. Le Coran leur ordonna: n'approchez pas les biens de l'orphelin (17:34) et leur interdit le vol. Cela les rendit si sensibles aux droits d'autrui que l'histoire ne rapporte pas plus d'un ou deux vols durant toute la période bénie par la direction du Prophète.
Le meurtre était très répandu dans l'Arabie pré-islamique. Toutefois, quand le Prophète vint avec l'interdiction: Et, sauf en droit, ne tuez point la vie que Dieu a rendu sacrée (17:33), ce mal fut totalement supprimé. Le Messager interdit aussi la fornication, ce qui mit fin à toutes sortes d'immoralités sexuelles. L'on trouve malgré tout un incident de fornication pendant cette période:
UN JOUR, UN HOMME PÂLE ET EXTÉNUÉ VINT AU MESSAGER ET S'EXCLAMA: «Ô MESSAGER DE DIEU! PURIFIE-MOI!» LE MESSAGER DÉTOURNA SON VISAGE DE LUI, MAIS L'HOMME INSISTA EN RÉITÉRANT SA DEMANDE PAR QUATRE FOIS. FINALEMENT, LE MESSAGER DEMANDA: «DE QUEL PÉCHÉ DEVRAIS-JE TE PURIFIER?» L'HOMME RÉPONDIT QU'IL AVAIT FORNIQUÉ. CE PÉCHÉ PESAIT TELLEMENT SUR SA CONSCIENCE QU'IL DÉSIRAIT ÊTRE PUNI. LE MESSAGER DEMANDA À CEUX QUI ÉTAIENT PRÉSENTS: «EST-IL SAIN D'ESPRIT?» QUAND ON LUI RÉPONDIT QU'IL L'ÉTAIT, IL DEMANDA S'IL ÉTAIT IVRE. ILS L'EXAMINÈRENT ET LE TROUVÈRENT SOBRE. FACE À SA CONFESSION INSISTANTE, LE MESSAGER DUT ORDONNER QUE L'HOMME FÛT PUNI. APRÈS QUOI, IL S'ASSEYA ET PLEURA.
QUELQUES JOURS PLUS TARD, LA PARTENAIRE DE L'HOMME FIT APPEL AU MESSAGER POUR QU'IL LA PURIFIE. IL SE DÉTOURNA D'ELLE ET LA RENVOYA À MAINTES REPRISES. MAIS RONGÉE PAR LE REMORDS, ELLE INSISTA POUR ÊTRE PUNIE. LE MESSAGER LA RENVOYA UNE FOIS DE PLUS EN DISANT: «IL SE PEUT QUE TU SOIS ENCEINTE. VA ET DONNE NAISSANCE À TON ENFANT.» AINSI FIT LA FEMME, MAIS ELLE REVINT AVEC LA MÊME REQUÊTE. LE MESSAGER LUI CHERCHA DES EXCUSES: «RENTRE CHEZ TOI ET ALLAITE TON ENFANT.» APRÈS QUE L'ENFANT EUT ÉTÉ SEVRÉ, LA FEMME REVINT. QUAND QUELQU'UN LA BLÂMA PENDANT QU'ELLE SUBISSAIT SON CHÂTIMENT, LE PROPHÈTE LE RÉPROUVA ET DIT: «PAR DIEU, CETTE FEMME S'EST TELLEMENT REPENTIE POUR SON PÉCHÉ QUE SI SA REPENTANCE ÉTAIT PARTAGÉE ENTRE TOUS LES HABITANTS DE MÉDINE, ELLE SUFFIRAIT À LES COUVRIR AUSSI DE PARDON.»
Le Prophète Mohammed a établi un système si parfait et a formé une communauté si excellente que pas même un Platon, un Thomas Moore, un Campanella, ni aucun autre utopiste n'a jamais réussi à imaginer leurs pareils. Parmi des milliers d'exemples, citons celui-ci pour illustrer ce fait:
ABOU HOURAÏRA, L'UN DES COMPAGNONS LES PLUS PAUVRES, VINT AUPRÈS DU MESSAGER. IL N'AVAIT RIEN MANGÉ DEPUIS PLUSIEURS JOURS. ABOU TALHA (UN ANSAR) L'EMMENA CHEZ LUI POUR LE NOURRIR. OR IL N'Y AVAIT RIEN À MANGER CHEZ LUI, SAUF DE LA SOUPE QUE SA FEMME AVAIT PRÉPARÉE POUR SES ENFANTS. ELLE DEMANDA À SON MARI CE QU'ELLE DEVAIT FAIRE ET ILS DÉCIDÈRENT CECI: ILS COUCHERAIENT LEURS ENFANTS SANS LES NOURRIR. COMME IL N'Y AVAIT PAS ASSEZ DE SOUPE POUR LES SATISFAIRE TOUS, SEUL L'INVITÉ DEVRAIT Y AVOIR DROIT. ALORS QU'ILS SERAIENT ASSIS À TABLE ET S'APPRÊTERAIENT À MANGER, LA FEMME D'ABOU TALHA ALLAIT FAIRE TOMBER LA BOUGIE, L'ÉTEIGNANT AINSI COMME PAR ERREUR. DANS L'OBSCURITÉ QUI EN RÉSULTERAIT, ILS ALLAIENT FAIRE SEMBLANT DE MANGER, PENDANT QU'ABOU HOURAÏRA ALLAIT ÊTRE LE SEUL À VRAIMENT MANGER. ET C'EST CE QU'ILS FIRENT. ABOU HOURAÏRA MANGEA JUSQU'À SATIÉTÉ, PUIS REPARTIT SANS SE RENDRE COMPTE DE CE QUI S'ÉTAIT RÉELLEMENT PASSÉ.
Le jour suivant, ils se rendirent à la mosquée pour la prière du matin. À la fin de la prière, le Messager se tourna vers eux et demanda: «Qu'avez-vous fait hier soir qui ait causé la révélation d'un verset faisant vos louanges: [ils les] préfèrent à eux-mêmes, même s'il y a pénurie chez eux. (59:9)?»
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LE PROPHÈTE MOHAMMED EN TANT QU'ÉDUCATEUR : Partie 4
LES FONDEMENTS D'UNE BONNE ÉDUCATION
Un véritable éducateur doit avoir plusieurs vertus, parmi lesquelles:
Premièrement: donner l'importance requise à tous les aspects de l'esprit, de l'âme et du moi d'une personne, et élever chacun à la perfection qu'ils sont aptes à atteindre. Le Coran mentionne le moi malveillant - âme instigatrice qui incite au mal et qui entraîne les gens, tels des bêtes avec des cordes au cou, partout où elle veut aller, et les aiguillonne jusqu'à ce qu'ils obéissent à leurs désirs charnels. En effet, le moi malveillant veut que les gens ignorent le don que Dieu leur a accordé pour leur permettre d'élever leurs sentiments, leurs pensées et leurs âmes.
Le Coran cite le Prophète Joseph disant: Je ne m'innocente cependant pas, car l'âme (l'âme instigatrice ou le moi) est très incitatrice au mal, à moins que mon Seigneur, par miséricorde, [ne le préserve du péché]. (12:53) Le fait de pousser à faire le mal est inhérent à la nature du moi. Cependant, à travers l'adoration et la discipline, le moi peut être élevé vers de plus hauts rangs, à une position où il reconnaît ses méfaits et ses défauts (nefs al-lawama) (75:2), puis plus haut (nefs al-mutma'inna) jusqu'au point où Dieu lui dit: Ô toi, âme apaisée, retourne vers ton Seigneur, satisfaite et agréée. (89:27-28)
Il existe néanmoins un rang encore plus haut que celui du nefs (du moi) en paix (apaisée et contentée): c'est l'âme parfaitement purifiée. Ceux qui s'élèvent à ce degré de réalisation sont les plus proches de Dieu. Quand vous les regardez, vous vous rappelez Dieu, car ils sont comme des miroirs sur lesquels tous les attributs divins se reflètent. Le désir des Compagnons de suivre la formation donnée par le Prophète Mohammed permit à la majorité d'entre eux d'atteindre ce degré de perfection morale et spirituelle. Des millions de gens ont suivi et continuent à suivre leurs exemples.
Deuxièmement: l'évaluation d'un système d'éducation dépend de son universalité, son étendue et la qualité de ses élèves. Les disciples du Prophète étaient prêts à transmettre son Message à toute la planète. Le Message qu'ils portèrent étant par nature universel et valable pour tous les temps et tous les lieux, il fut facilement accepté parmi des peuples de différentes races et religions, de tous niveaux intellectuels, de tous âges et de partout, du Maroc et de l'Espagne jusqu'aux Philippines, des steppes de la Russie jusqu'au cœur de l'Afrique. Ses principes demeurent valides. Malgré de nombreux soulèvements et changements, ainsi que de révolutions sociales, économiques, intellectuelles, scientifiques et technologiques, le système apporté par le Prophète reste le plus original, tant et si bien qu'il est l'espoir de l'avenir de l'humanité.
Troisièmement: un système d'éducation se juge par sa capacité à changer ses élèves. L'exemple de la dépendance au tabac a été mentionné plus tôt, de même que celui montrant comment l'islam et sa propagation par le Prophète métamorphosèrent l'Arabie en son parfait opposé en l'espace de seulement deux ou trois décennies. Nous défions ceux qui réfutent ou remettent en cause sa Prophétie d'aller où que ce soit sur la terre et d'accomplir, en l'espace de cent ans, ne serait-ce qu'un centième de ce qu'il a accompli dans le désert d'Arabie d'il y a 1400 ans. Qu'ils prennent avec eux tous les experts qu'ils peuvent rassembler, puis attendons de voir leurs résultats.
Quand le Prophète Mohammed transmettait le Message, l'Arabie était isolée de ses voisins par d'immenses déserts. Du point de vue culturel, intellectuel et moral, on pouvait à juste titre considérer cette région comme l'une des plus arriérées du monde. Le Hedjaz, où naquit le Prophète, n'avait vu aucune évolution sociale et ni aucun développement intellectuel digne d'être mentionné. Dominés par la superstition, des coutumes violentes et barbares et des normes morales dépravées, les gens vivaient comme des sauvages. Ils buvaient du vin, s'adonnaient aux jeux de hasard et se laissaient aller à des activités sexuelles que même les sociétés moyennes jugent immorales. Les prostituées faisaient connaître leurs services en accrochant un drapeau aux portes de leurs maisons.
C'était une terre sans loi ni gouvernement. La force primait le droit, comme dans beaucoup d'endroits aujourd'hui, et le pillage, les incendies criminels et les meurtres étaient choses communes. Le plus banal incident suffisait à susciter une querelle qui pouvait dégénérer en un conflit féroce s'étendant sur toute la péninsule. Ces gens formaient le peuple au sein duquel apparut le Prophète Mohammed. Avec le Message qu'il apporta de Dieu et sa façon de le prêcher, il éradiqua la barbarie et la brutalité, il orna les peuples sauvages et inflexibles d'Arabie avec toutes les vertus les plus louables et fit d'eux des instructeurs pour le monde. Sa domination n'était pas physique ou militaire, au contraire, il les conquit et les subjugua en devenant le bien-aimé de leurs cœurs, l'enseignant de leurs esprits, l'éducateur et le dirigeant de leurs âmes. Il élimina leurs mauvaises caractéristiques et implanta et inculqua dans les cœurs de ses adeptes de nobles qualités tant et si bien qu'elles devinrent une nouvelle nature pour tous ses adeptes.
Mais cette transformation ne se limita pas seulement aux gens de son époque et de son pays, car ce processus continue encore aujourd'hui partout où son Message est arrivé. L'islam avait été non seulement accepté rapidement en Arabie, en Syrie, en Iraq, en Perse, en Egypte, en Afrique du Nord et en Espagne dès ses débuts, mais aussi n'y a-t-il jamais perdu sa position stratégique - exception faite de la brillante civilisation désormais éteinte de l'Espagne musulmane. Depuis sa première apparition, il n'a jamais cessé de se répandre.
Beaucoup d'individus mondialement connus ont été élevés dans l'école de Mohammed. Sans aucun doute, l'on rencontre aussi de nombreuses grandes figures historiques issues d'autres écoles. Dieu a honoré l'humanité avec de grands héros, d'éminents hommes d'Etat, d'invincibles commandants, de saints inspirés et de grands scientifiques. Toutefois, la majorité d'entre eux n'ont pas laissé de marque profonde dans plus d'un ou deux aspects de la vie humaine, car ils se restreignaient à ces quelques domaines.
Or comme l'islam est un sentier divin pour tous les domaines de la vie, un système divin qui comprend tous les aspects de la vie - «tel un chef-d'œuvre d'architecture dont les parties sont harmonieusement conçues pour se complémenter et se soutenir entre elles, n'ayant rien de manquant, a comme résultat une structure parfaitement équilibrée et solide», selon Muhammad Asad, un juif converti - ses élèves combinent souvent en eux-mêmes le matériel et l'immatériel, le rationnel et le spirituel, le bas-monde avec l'au-delà, l'idéal avec le réel, et le scientifique avec le divinement révélé.
Dès son commencement, l'islam a aboli les conflits tribaux et a condamné la discrimination raciale et ethnique. Le Prophète mit les chefs qoraïchites sous le commandement de Zaïd (un esclave noir affranchi), et d'innombrables savants et scientifiques, commandants et saints apparurent parmi les peuples conquis. L'un d'entre eux fut Tariq ibn Ziyad, un esclave berbère affranchi qui conquit l'Espagne avec 90 000 vaillants guerriers et posa les fondements de l'une des plus magnifiques civilisations de l'histoire du monde. Après cette victoire, il alla au palais où le trésor du roi vaincu était gardé. Il se dit alors à lui-même:
FAIS ATTENTION TARIQ! HIER TU ÉTAIS UN ESCLAVE AVEC UNE CHAÎNE AUTOUR DU COU. DIEU T'A LIBÉRÉ, ET AUJOURD'HUI TU ES UN COMMANDANT VICTORIEUX. MAIS DEMAIN TU SERAS TRANSFORMÉ EN CHAIR POURRISSANT SOUS LA TERRE. FINALEMENT, LE JOUR VIENDRA OÙ TU DEVRAS TE TENIR EN LA PRÉSENCE DE DIEU.
Le monde et son faste ne l'attiraient pas, et il continua à mener une vie simple et modeste. Quelle sorte d'éducation pouvait transformer un esclave en une personne aussi digne et honorable?
Or sa conquête de l'Espagne ne fut pas sa vraie victoire. Celle-ci arriva au moment où il se tint devant le trésor du roi d'Espagne et se rappela qu'un jour il mourrait et ferait face à Dieu. Suite à cette réflexion, il ne prit rien du trésor pour lui-même.
Uqba ibn Nafi fut un autre grand commandant qui conquit l'Afrique du Nord et atteignit la côte atlantique. Là il se tint debout et dit: «Ô Dieu, si ce n'était pour cette mer, j'aurais transmis Ton Nom, la source de lumière, jusqu'aux coins les plus reculés de la planète.»
Avant sa conversion, Abd Allah ibn Mas'ud s'occupait des moutons de Uqba ibn Abi Mu'ayt. C'était un homme faible et petit qui n'avait aucune importance pour personne. Cependant, une fois devenu musulman, il fut l'un des plus grands Compagnons. Pendant le califat de Omar, celui-ci l'envoya comme enseignant à Koufa. C'est dans le climat de savoir qu'il avait établi là-bas que les plus grandes figures de la jurisprudence islamique émergèrent, parmi lesquelles Alqama, Ibrahim an-Nakha'i, Hammad ibn Abi Soulayman, Soufyan ath-Thawri, et notamment Imam Abou Hanifa, le fondateur de la plus grande école de droit islamique.
Ikrima était le fils d'Abou Jahl, le leader inflexible et cruel des incroyants qoraïchites. Finalement, après la conquête de La Mecque, Ikrima se convertit à l'islam. Cet événement le changea tellement qu'il accueillit le martyre trois ans plus tard à la Bataille de Yarmouk. Son fils Amir tomba martyr avec lui.
Hansa était l'une des poétesses les plus réputées avant l'islam. Suite à sa conversion, elle abandonna la poésie: «Je ne peux écrire de poèmes tandis que nous avons le Coran.» Elle perdit ses quatre fils à la Bataille de Qadissiyya. Cette grande femme, qui avait pleuré la mort de son frère à travers un beau poème avant l'apparition de l'islam, ne s'est pas lamentée sur cette nouvelle perte. Au lieu de cela, elle augmenta sa soumission à Dieu et se contenta de dire: «Ô Dieu, toutes les louanges T'appartiennent. Tu m'as accordé de mon vivant la possibilité de T'offrir en martyrs les quatre fils que Tu m'as donnés.»
L'école du Prophète Mohammed a aussi produit les dirigeants les plus justes de l'histoire. Outre Abou Bakr, Othman, Ali et beaucoup d'autres qui leur succédèrent, Omar a été reconnu à presque toutes les époques comme l'un des plus grands et des plus justes hommes d'Etat. Il disait: «Si un mouton tombait d'un pont, même sur le fleuve de l'Euphrate, et en mourait, Dieu m'en demandera des comptes au Jour du Jugement.» Quand vous comparez le païen Omar au musulman Omar, vous notez clairement le grand contraste entre les deux et vous comprenez à quel point l'islam change radicalement les gens.
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LE PROPHÈTE MOHAMMED EN TANT QU'ÉDUCATEUR : Partie 3
L'ÉDUCATION PAR L'EXEMPLE
Le Messager de Dieu représentait et exprimait ce qu'il voulait enseigner à travers ses actes, puis traduisait ses actes en mots. Comment être envahi par la crainte révérencielle et l'amour de Dieu, comment être humble, comment se prosterner avec de profonds sentiments, comment s'incliner et s'asseoir lors de la prière, comment pleurer pour Dieu la nuit - toutes ces choses, il les a d'abord faites lui-même et ce n'est qu'ensuite qu'il les a enseignées aux autres.
En conséquence, tout ce qu'il prêchait était aussitôt accepté par les membres de sa famille et par ses disciples, car ses paroles pénétraient leurs cœurs. Après lui, l'humanité vit ses normes transmises partout par des gens transportés par les ailes de la sainteté, de la purification, de la dévotion à Dieu, et du désir d'être proche de Lui. Partout où ils aillaient, ils marchaient sur les pas du Prophète Mohammed. D'autres feront de même dans le futur.
Dans la maison du Messager, il y avait en permanence une atmosphère de crainte révérencielle de Dieu. Ceux qui voyaient le Messager percevaient en lui l'attrait du Paradis et la terreur de l'Enfer. Il oscillait pendant la prière, en tremblant de crainte de l'Enfer et en volant avec les ailes du désir du Paradis. Tous ceux qui le voyaient se rappelaient Dieu. Imam an-Nasa'i rapporte: «Quand le Messager priait, on entendait un son ressemblant à celui qu'émet l'eau qui bout.» Il priait toujours avec le cœur brûlant et pleurant. Aïcha le trouvait souvent dans la présence de son Maître, prosterné et tremblant.
Son comportement inspirait et profitait à tous ceux qui étaient autour de lui. La plus part des enfants et des épouses des Messagers avaient cette même humilité et crainte révérencielle, car les Messagers prêchaient, ordonnaient, rapportaient ce qu'ils pratiquaient et vivaient, et donnaient des exemples à travers leurs actions. L'on peut évaluer l'impact d'un individu à travers sa façon de se conduire chez lui. Quand bien même tous les pédagogues se rassemblaient et réunissaient toutes leurs connaissances acquises dans le domaine de l'éducation, ils ne sauraient être aussi efficaces qu'un seul Prophète.
Beaucoup des descendants du Prophète ont brillé parmi leurs contemporains comme des soleils, des lunes ou des étoiles. Il a élevé ses Compagnons si parfaitement que presque aucun d'entre eux ne devint un hérétique. Nul parmi ses descendants n'est devenu un hérétique, ce qui représente une distinction qui lui est propre. Des hérétiques et des apostats sont apparus parmi la famille et les descendants de nombreuses saintes personnes, mais aucun des descendants de Mohammed n'a trahi les racines de la Famille d'où il descendait. Et s'il y a jamais eu des exceptions inconnues de nous et de l'histoire, elles n'invalideraient pas pour autant la règle.
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LE PROPHÈTE MOHAMMED EN TANT QU'ÉDUCATEUR : Partie 2
L'ISLAM S'ADRESSE À TOUTES LES FACULTÉS HUMAINES
Comme nous le voyons clairement dans le verset susmentionné, la méthode d'éducation du Messager fait bien plus que seulement purifier notre moi charnel qui nous pousse au mal; c'est une méthode dont la nature est universelle et qui élève le cœur, l'esprit et l'âme de l'homme à leur niveau idéal. Il respectait et inspirait la raison. En fait, il l'éleva au plus rang sous l'intelligence de la Révélation.
Les vérités universelles du Coran établissent aussi ce fait. De plus, le Message touche tous nos sens intérieurs et extérieurs, il permet à ceux qui le suivent de s'envoler avec les ailes de l'amour et de la compassion, et les emporte vers des lieux qui dépassent notre imagination. Son appel universel inclut, en plus des règles de bonne conduite et de spiritualité, tous les principes d'économie, de finance, d'administration, d'éducation, de justice et de loi internationale. Il a ouvert les portes des institutions économiques, sociales, administratives, militaires, politiques et scientifiques à ses élèves, dont il formait et développait l'âme et l'esprit à devenir de parfaits gérants, les meilleurs économistes, les politiciens les plus efficaces et des génies militaires exceptionnels.
S'il y avait eu une quelconque lacune dans son enseignement à l'humanité, le but de sa Prophétie n'aurait pas pu se réaliser aussi pleinement. Il dit:
CHAQUE PROPHÈTE AVANT MOI A CONSTRUIT UNE PARTIE DE CE MAGNIFIQUE ÉDIFICE, MAIS IL Y AVAIT UNE BRÈCHE QU'IL FALLAIT COMBLER. CHAQUE PASSANT DISAIT: «JE ME DEMANDE QUAND CET ÉDIFICE SERA ACHEVÉ.» CELUI QUI L'ACHÈVE, C'EST MOI, LE SCEAU DES PROPHÈTES. APRÈS MOI, IL N'Y AURA PLUS AUCUN MANQUE DANS LA STRUCTURE.
Le Coran affirme ceci: Aujourd'hui, J'ai parachevé pour vous votre religion. (5:3) En bref, le Prophète a réformé, complété et parfait les modes de vie qui étaient devenus déficients ou qui avaient dévié du chemin de Dieu.
Tous les Prophètes précédents avaient été envoyés à un peuple donné et pour une période donnée. Cependant, comme Dieu a choisi le Prophète Mohammed et l'islam pour tous les temps et tous les peuples, l'islam est le point culminant de Sa faveur universelle pour Sa création. Il a façonné l'islam de sorte qu'il conviennne à tout le monde. Par conséquent, au lieu de chercher des défauts dans le Message et les principes relayés par le Messager, les gens doivent plutôt rechercher ces vérités et ces principes afin d'organiser leurs vies en fonction d'eux.
Le Prophète était un homme qui a réformé, parachevé et parfait. Il a transformé un peuple illettré et sauvage en une armée de saints bénis, d'illustres éducateurs, d'invincibles commandants, d'éminents hommes d'Etat et de dignes fondateurs de la plus magnifique civilisation qu'ait connu l'histoire.
La perfection d'un éducateur dépend de la grandeur de son idéal et des dimensions qualitatives et quantitatives de ses auditeurs. Même avant la mort du Prophète Mohammed, les instructeurs et les guides spirituels qu'il avait envoyés voyageaient de l'Egypte à l'Iran et du Yémen au Caucase pour transmettre ce qu'ils avaient appris de lui. Durant les siècles qui suivirent, des peuples aux traditions, conventions et cultures différentes (Perses, Touraniens, Chinois, Indiens, Romains, Abyssiniens, Arabes, quelques Européens, etc.) se ruèrent vers l'islam. La grandeur d'un éducateur dépend aussi de la continuation de ses principes. Personne ne peut nier que des gens à travers toute la terre acceptent l'islam et adoptent ses principes. Avec la Volonté et la Puissance de Dieu, la majorité de l'humanité embrassera bientôt l'islam.
Rappelez-vous que le Messager est apparu parmi un peuple sauvage et primitif. Ils s'adonnaient à l'alcool, aux jeux et à l'adultère sans aucune honte. La prostitution était légale et les maisons closes étaient signalées par un drapeau spécial. L'indécence avait atteint un tel degré parmi eux qu'on n'oserait à peine les appeler des êtres humains. Les gens ne cessaient de se battre entre eux et personne n'avait été capable de les unifier en une seule et puissante nation. On pouvait trouver toutes les variétés du mal en Arabie. Cependant, le Prophète éradiqua tous ces maux et les remplaça par des valeurs et des vertus si profondément ancrées que les gens de son peuple devinrent les leaders et les instructeurs du monde civilisé.
Aujourd'hui encore, nous ne parvenons pas à atteindre leur niveau, ce qui a même été reconnu par des intellectuels occidentaux tels que Isaac Taylor, Robert Briffault, John Davenport, M. Pickhtall, P. Bayle, et Lamartine.
Dieu crée des choses vivantes à partir de choses inanimées. Il accorde la vie à la terre et à la roche. Aussi le Prophète transforma-t-il «les roches, la terre, le charbon et le cuivre» en «or et en diamants». Considérez ne serait-ce que les exemples d'Abou Bakr, Omar, Othman, Ali, Khalid, Uqba ibn Nafi, Tariq ibn Ziyad, Abou Hanifa, Imam Shafi'i, Bayazid al-Bistami, Mouhyi ad-Din ibn al-Arabi, Birouni, Zahrawi, et des centaines de milliers d'autres, tous ayant été éduqués dans son école. Le Messager ne permettait en aucun cas que les facultés humaines restent incultivées. Il les développa donc et remplaça la faiblesse par une très haute compétence. Comme le rappela un grand penseur:
'OMAR AVAIT LE POTENTIEL D'UN GRAND HOMME AVANT MÊME D'EMBRASSER L'ISLAM. APRÈS SA CONVERSION, IL DEVINT UN HOMME TRÈS PUISSANT MAIS NON MOINS DOUX, QUI NE PIÉTINERAIT PAS UNE FOURMI NI NE TUERAIT UNE SAUTERELLE.
D'une part, il y a notre incapacité à éradiquer ne serait-ce qu'une petite habitude comme celle de fumer, et ce malgré tous les équipements modernes et les symposiums et conférences organisés presque tous les jours pour la combattre. La science médicale a beau affirmer que la cigarette peut provoquer le cancer du larynx, de la bouche, de l'œsophage, de la tranchée et des poumons, les gens s'obstinent pourtant à fumer. D'autre part, il y a les accomplissements extraordinaires du Messager qui éradiqua d'innombrables mauvaises habitudes invétérées parmi ses contemporains et les remplaça par des vertus et des habitudes louables. Ceux qui voyaient ces gens disaient: «Mon Dieu, ses disciples sont même supérieurs aux anges.» Quand ces nobles personnes passeront par le Pont eschatologique suspendu au-dessus de l'Enfer avec leur lumière se diffusant partout, même les anges, éblouis, demanderont: «Sont-ils des Prophètes ou des anges?» Ni Prophètes ni anges, ils sont les personnes éduquées de la nation (oumma) du Prophète.
Le Prophète Mohammed avait une vision holistique de chaque individu. Il prenait toutes leurs facultés mentales et spirituelles en compte et les développait, changeant son pauvre peuple en parangons de vertu. Sa sagesse dans l'évaluation d'un tel potentiel n'est qu'une preuve de plus de sa Prophétie.
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LE PROPHÈTE MOHAMMED EN TANT QU'ÉDUCATEUR : Partie 1
L'ATMOSPHÈRE ÉDUCATIVE
Considérez le verset suivant:
C'EST LUI QUI A ENVOYÉ À DES GENS SANS LIVRE (LES ARABES ILLETTRÉS) UN MESSAGER DES LEURS QUI LEUR RÉCITE SES VERSETS, LES PURIFIE ET LEUR ENSEIGNE LE LIVRE ET LA SAGESSE, ALORS QU'ILS ÉTAIENT AUPARAVANT DANS UN ÉGAREMENT ÉVIDENT. (62:2)
Certains de ces mots sont très intéressants. Dieu est mentionné à la troisième personne car les Arabes, ignorants, primitifs et sauvages qu'ils étaient ne Le connaissaient pas. Comme il n'y avait pas de «Lui» dans leur esprit et vu l'obscurité de leur nature et leur grand éloignement de Lui, Dieu indique qu'ils ne sauraient être adressés directement (à la deuxième personne) par Lui.
Puis Dieu les appelle illettrés. Ils ne l'étaient pas tous, mais ils n'avaient nulle connaissance de Dieu et du Messager. Dieu, par Son Pouvoir Infini, envoya à cette communauté opiniâtre un Messager doté de la plus grande volonté, de la nature la plus sublime, de la spiritualité la plus profonde et de la plus haute moralité, au moyen duquel Il allait les instruire à devenir des génies qui allaient un jour diriger l'humanité.
L'expression des leurs montre que le Messager faisait partie d'eux, mais uniquement dans le sens où il ne savait ni lire ni écrire. Etant choisi par Dieu, il ne pouvait évidemment pas appartenir à l'Age de l'Ignorance (l'Arabie pré-islamique dite Jahiliyya), c'est-à-dire qu'il ne pouvait pas être ignorant comme ses contemporains. Toutefois, il fallait qu'il fût illettré afin que Dieu lui enseignât ce qu'il devait savoir. Dieu allait le séparer de son peuple, l'éduquer et faire de lui un enseignant pour tous les illettrés.
Qui leur récite Ses versets, (et) les purifie montre qu'Il leur enseigne graduellement les significations du Coran et de la création, et les informe sur la façon de devenir des êtres humains idéaux en s'évertuant à atteindre la perfection spirituelle. Il les guide vers de plus hauts rangs en leur expliquant le Coran et l'univers, et en leur montrant avec détail comment mener une vie équilibrée et exemplaire dans tous les domaines.
La phrase alors qu'ils étaient auparavant dans un égarement évident indique que Dieu allait les purifier et les éduquer même s'ils s'étaient égarés. Il fit tout cela par le biais d'un Messager analphabète et en leur enseignant le Coran. À travers l'histoire et encore aujourd'hui, ce Livre a répondu aux besoins d'innombrables saints, savants et scientifiques.
Suite au Prophète, l'humanité vit son drapeau flotter partout pendant des siècles. Ceux qui le suivent, hier comme aujourd'hui, atteignent les royaumes spirituels les plus élevés grâce aux ailes de la sainteté, de la piété, de la droiture, du savoir et de la science. Ceux qui gravirent les marches de la bonne conduite et de la spiritualité, et du savoir et de la science, aussi bien dans le présent que dans le passé, virent sur chaque marche les «empreintes» du Prophète Mohammed et le saluèrent par: «La paix et les bénédictions de Dieu soient sur toi!»
Ils referont la même chose dans un futur proche. Toutes les prétendues idées originales disparaîtront l'une après l'autre, comme des bougies qui s'éteignent, ne laissant apparaître qu'un seul «soleil» - le Coran - qui ne se couchera jamais. Son drapeau sera le seul à flotter dans l'horizon, et chaque génération se ruera vers lui, brisant les chaînes autour de leurs cous.
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LE PROPHÈTE MOHAMMED EN TANT QU'ÉPOUX ET PÈRE : Partie 4.2
Oumm Habiba était la fille d'Abou Soufyan qui, pendant très longtemps, fut l'ennemi le plus acharné du Prophète et le plus grand partisan de l'incroyance. Malgré cela, sa fille fut l'une des premières converties à l'islam et émigra en Abyssinie avec son mari. Ce dernier mourut là-bas, la laissant seule et sans espoir dans l'exil.
Durant cette dure période, les Compagnons eux-mêmes avaient du mal à subvenir à leurs propres besoins. Elle fut donc confrontée à plusieurs choix: la conversion au christianisme en échange de l'aide de la part des chrétiens abyssiniens (impensable); rentrer chez son père, là où siégeait le quartier général de la guerre contre l'islam (impensable); ou mendier de maison en maison. Cette dernière solution était aussi impensable que les deux premières, et avait en plus l'inconvénient de porter la honte sur sa famille qui était l'une des plus riches et des plus nobles familles arabes.
Dieu récompensa Oumm Habibapour tout ce qu'elle avait perdu et sacrifié au nom de l'islam. Elle avait été réduite à un exil solitaire et à être une malheureuse veuve dans un endroit peu sûr où les gens étaient d'une religion et d'une race différentes de la sienne. Le Prophète, en apprenant son triste état, la demanda en mariage par l'intermédiaire du roi Négus. Cette noble et généreuse action est une preuve pratique de: Et Nous ne t'avons envoyé qu'en miséricorde pour l'univers. (21:107)
À travers ce mariage, la puissante famille d'Abou Soufyan fut liée à la personne et au foyer du Prophète, un fait qui les poussa à reconsidérer leur opposition. Il est aussi correct de percevoir l'influence que ce mariage a eu, non seulement sur la famille proche d'Abou Soufyan, mais également sur tous les Omeyyades, lesquels dirigèrent les musulmans pendant près d'un siècle. Ce clan, dont les membres avaient été les plus hostiles à l'islam, produisirent quelques-uns des guerriers, des dirigeants et des gouverneurs les plus renommés des premiers temps de l'ère islamique. Ce fut son mariage avec Oumm Habiba qui enclencha ce changement: la profondeur de générosité et la grandeur d'âme du Prophète les ont sûrement confondus.
Zaynab bint Jahsh était une femme de noble naissance et descendance, et était aussi une proche parente du Prophète. C'était une femme d'une grande piété qui jeûnait beaucoup, priait longtemps la nuit et aidait généreusement les pauvres. Quand le Prophète informa ses parents qu'il souhaitait qu'elle épouse Zaïd (qui était alors son fils adoptif), sa famille et elle-même furent d'abord réticentes. Sa famille avait espéré marier leur fille au Prophète lui-même. Naturellement, quand ils réalisèrent que tel était le désir du Prophète, ils consentirent par amour du Messager et par égard pour son autorité.
Comme mentionné plus tôt, le Messager arrangea ce mariage afin d'abolir plusieurs coutumes païennes: un ancien esclave libéré ne pouvait pas épouser une femme née libre, le racisme (Zaïd était noir, contrairement à Zaynab), un père adoptif ne pouvait pas se marier avec l'ex-femme ou la veuve de ses fils adoptifs. Or le mariage n'apporta pas le bonheur escompté chez les époux. Tous deux étaient de pieux musulmans et aimaient le Prophète de tout leur cœur, mais ils s'avérèrent incompatibles. Zaïd demanda plusieurs fois au Prophète de l'autoriser à divorcer Zaynab, mais le Prophète lui dit d'être patient et de ne pas se séparer d'elle. Puis un jour, tandis qu'il parlait avec des gens, l'archange Gabriel apparut et lui transmit une révélation divine.[2] Le verset révélé annonçait le mariage du Prophète avec Zaynab comme une alliance déjà établie: Nous te la fîmes épouser. (33:37)
Il est clair que le désir charnel n'avait aucune part dans cette union. Loin de là, ce fut une épreuve si pénible qu'Anas dit plus tard: «Si le Messager de Dieu avait été enclin à supprimer quoi que ce soit de ce qui lui a été révélé, il aurait assurément supprimé ce verset.»[3]
Juwayriya bint Harith, la fille du chef du clan des Banu Mustaliq qui subirent la défaite, fut capturée durant une expédition militaire. Elle fut gardée, comme les autres membres de sa si fière famille, parmi les gens «ordinaires» de son clan. Elle était extrêmement affligée quand elle fut amenée devant le Prophète, entre autres parce que ses proches avaient tout perdu et parce qu'elle détestait les musulmans. Le Prophète comprenait la blessure portée à sa fierté et à sa dignité, et savait comment la soigner. Il accorda de payer sa rançon, de la libérer et de lui offrir de l'épouser.
On peut facilement imaginer l'immense joie avec laquelle Juwayriya accepta cette offre. Environ cent familles furent libérées quand les Ansar (Médinois) et les Mouhadjiroun (émigrés de La Mecque) apprirent que les Banu Mustaliq étaient désormais apparentés au Prophète par les liens du mariage. Une tribu ainsi honorée ne pouvait demeurer dans l'esclavage.[4] De cette façon, les cœurs de Juwayriya et de tout son peuple purent être gagnés.
Safiyya était la fille de Huyayy, un chef de clan des juifs de Khaybar, qui avait persuadé les Bani Quraydha de rompre leur traité avec le Prophète. Elle avait vu sa famille et ses proches s'opposer au Prophète depuis qu'elle était toute petite. Suite à la Bataille de Khaybar, elle perdit son père, son frère et son mari, et elle était elle-même devenue captive.
Il se peut que l'attitude et les actions de sa famille et de ses proches l'aient poussé à nourrir une haine profonde et un grand désir de vengeance contre les musulmans. Or trois jours après l'apparition du Prophète devant la citadelle de Khaybar, Safiyya vit en rêve une lune brillante venant de Médine et se dirigeant vers Khaybar, puis tombant sur ses genoux.
Elle dit plus tard: «Quand je fus capturée, je me mis à espérer que mon rêve se réaliserait.» Quand on l'amena devant le Prophète, il fut très généreux envers elle en la libérant et en lui offrant le choix de rester juive et de rentrer chez son peuple ou d'entrer dans l'islam et de devenir son épouse. «Je choisis Dieu et Son Messager», répondit-elle. Et ils se marièrent peu après.
Elevée au rang de membre de la Famille du Prophète et désormais «mère des croyants», elle fut elle-même témoin direct du traitement honorable et très respectueux que lui montrèrent les Compagnons. Elle vit le raffinement et la vraie courtoisie de ceux qui avaient soumis leurs cœurs et leurs esprits à Dieu. Son attitude vis-à-vis de ses expériences passées changea radicalement, et elle commença à apprécier l'immense honneur d'être l'épouse du Prophète. Ce mariage changea aussi l'attitude de nombreux juifs au fur et à mesure qu'ils venaient voir et connaître le Prophète de plus près.
Sawda bint Zam'a était la veuve de Sakran. Ce couple avait été parmi les premiers à embrasser l'islam et à émigrer en Abyssinie. Sakran mourut en exil et laissa sa femme sans moyen de subsistance. Pour soulager ses peines, le Prophète l'épousa bien qu'il eût lui-même de grandes difficultés à pourvoir à ses propres besoins quotidiens. Ce mariage eut lieu quelques années après le décès de Khadija.
Hafsa était la fille deOmar ibn al-Khattab, le futur deuxième calife de l'islam. Egalement en exil en Abyssinie puis émigrée à Médine, elle devint veuve quand son mari obtint le martyre sur le chemin de Dieu. Elle resta veuve pendant un certain temps. Omar aspirait à l'honneur et à la bénédiction d'être proche du Prophète aussi bien dans ce monde que dans l'autre, tout comme Abou Bakr espérait l'être. Ainsi le Prophète épousa-t-il Hafsa afin de protéger et d'aider la fille de son fidèle disciple.
Tels étaient les circonstances et les motifs derrière les différents mariages du Prophète. Aucun désir charnel n'y avait pris part. Bien au contraire, il se maria pour pourvoir à la subsistance et à la dignité de veuves ou de femmes dépourvues de tout soutien; pour consoler ou honorer les membres des tribus qui étaient enragés ou brouillés en amenant les anciens ennemis dans quelque degré de relation familiale et d'harmonie; pour gagner certains individus exceptionnellement doués, en particulier des femmes d'un grand talent, pour la cause de l'islam; pour établir de nouvelles normes de relations entre différentes personnes au sein de la fraternité unificatrice de la foi en Dieu; et pour honorer avec des liens de famille les hommes qui allaient être ses successeurs immédiats.
Ces mariages n'avaient rien à voir avec la complaisance, les désirs personnels, ou la convoitise. Exception faite de Aïcha, toutes ses épouses étaient veuves et tous ses mariages (sauf celui avec Khadija) furent contractés alors qu'il était déjà un vieil homme. Loin d'être des actes d'auto-indulgence, ces mariages étaient des actes d'autodiscipline.
Le Prophète avait eu une dispense divine spéciale, faite uniquement pour lui, pour avoir ce nombre d'épouses. La révélation divine qui restreignait la polygamie apparut après qu'il avait contracté tous ces mariages. Suite à cela, il lui fut également interdit d'épouser toute autre femme.
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LE PROPHÈTE MOHAMMED EN TANT QU'ÉPOUX ET PÈRE : Partie 4.1
POURQUOI AVAIT-IL PLUS D'UNE ÉPOUSE?
Certains détracteurs de l'islam, soit parce qu'ils ne connaissent pas les raisons de ces mariages ou qu'ils veulent le dépeindre comme un libertin qui ne se refuse rien, ont accusé le Messager de défauts de caractère qui sont incompatibles avec la vertu moyenne, et encore moins avec la vertu du dernier Messager de Dieu et du meilleur modèle pour l'humanité. Les faits, qui sont tous facilement disponibles dans un grand nombre de biographies et de récits de ses paroles et de ses actions dont l'authenticité a bien été établie, réfutent de telles allégations et montrent que ces mariages faisaient partie d'une vie strictement disciplinée et représentaient pour lui un fardeau de plus.
Les raisons derrière ses mariages, quoiqu'elles diffèrent d'un cas à l'autre, ont toutes trait à son rôle de leader de la nouvelle communauté musulmane et à sa responsabilité de guider ses adeptes vers les normes et les valeurs de l'islam.
Mohammed se maria avec sa première épouse quand il avait vingt-cinq ans, c'est-à-dire quinze ans avant que sa Prophétie ne commence. Etant donné l'environnement moral et culturel dans lequel il vivait, sans même mentionner le climat, son jeune âge et d'autres facteurs, il jouissait néanmoins d'une parfaite réputation de quelqu'un de chaste, intègre et digne de confiance. Aussitôt qu'il fut appelé à la Prophétie, il s'attira des ennemis qui l'accusèrent de toutes sortes de choses. Pourtant, même ses ennemis les plus acharnés n'attaquèrent pas sa réputation, car cela les aurait amenés à être immédiatement ridiculisés et discrédités. Il est important de comprendre que sa vie était fondée sur la chasteté et l'autodiscipline dès le début, et resta ainsi.
Quand il était à la fleur de l'âge, à 25 ans, Mohammed épousa Khadija, une veuve de quinze ans son aînée. Ce mariage était très élevé et exceptionnel aux yeux du Prophète et de Dieu. Pendant vingt-trois années, ce couple dévoué vécut ensemble dans un parfait contentement et fidélité. Le Prophète n'eut aucune autre épouse du vivant de Khadija, bien que l'opinion publique et les normes sociales l'auraient permis. Même ses ennemis admirent que, pendant ces années-là, ils ne pouvaient trouver aucune déficience dans son caractère moral. Quand elle mourut dans le courant de la huitième année de sa Prophétie, le Prophète se retrouva à nouveau seul; mais cette fois-ci avec des enfants. Il ne se remaria pas pendant quatre ou cinq ans. Tous ses autres mariages survinrent après qu'il eut 53 ans ou plus tard, donc à un âge où l'on n'a plus vraiment d'intérêt ni de désir pour le mariage, surtout en Arabie où les gens vieillissaient relativement tôt. Par conséquent, les allégations de libertinage et de laisser-aller sont sans fondements.
Les gens se demandent souvent comment un Prophète pourrait avoir plus d'une épouse. Il faut d'abord considérer trois points pour pouvoir répondre à cette question. Mais avant cela, voyons qui sont les auteurs de cette question. Pour la plupart, il s'agit de chrétiens ou de juifs (les Gens du Livre), ou encore d'athées. Comme très souvent de telles personnes ne savent quasiment rien de l'islam, leur question se fonde soit sur une sincère ignorance, soit sur un désir de semer le doute parmi les croyants.
Ceux qui ne croient pas en une religion ni ne la pratiquent devraient éviter de critiquer ceux qui y croient et la pratiquent. De telles personnes sont souvent connues pour leur libertinage, leurs nombreux partenaires sexuels et leur refus de se soumettre à toutes formes d'éthique ou de valeurs morales. Leur auto-indulgence, qu'ils déguisent mais ne restreignent pas, ainsi que leur refus de considérer ses conséquences sur eux-mêmes et sur les jeunes en général, sans compter leurs propres enfants, a eu de très graves répercussions sociales. Se considérant totalement libres, ils se lancent dans des activités que la plupart des sociétés jugent immorales: l'inceste, l'homosexualité, la polyandrie (le fait d'avoir plusieurs 'maris' en même temps), etc. Ils n'arrêtent jamais pour se demander quels effets ces pratiques ont sur les enfants de telles unions.
Une fois que nous avons compris cela, nous pouvons mettre en perspective leurs critiques et voir ce qu'elles sont vraiment: un désir, conscient ou non, d'entraîner les croyants dans une confusion morale et vicieuse dans laquelle ils ont eux-mêmes été pris.
On se demande pourquoi les juifs et les chrétiens attaquent le Prophète à cause de ses nombreux mariages. Ont-ils oublié que les grands patriarches hébreux, considérés comme des Prophètes dans la Bible et dans le Coran, et qui sont vénérés par les juifs, les chrétiens et les musulmans comme des exemples d'excellence morale, pratiquaient la polygamie? Qui plus est, comme dans le cas du Prophète Salomon[1], ils avaient bien plus de femmes que le Prophète Mohammed. L'on en vient à se demander s'ils sont plus motivés par leurs sentiments anti-islamiques que par un intérêt sincère.
La polygamie n'a pas commencé avec les musulmans. De plus, dans le cas du Prophète de l'islam, cela représentait une part importante dans la transmission du message et dans l'invitation des incroyants à l'islam. Par exemple, une religion qui embrasse toutes les sphères de la vie ne saurait se taire dès qu'il s'agit des affaires intimes. De telles choses ne peuvent être connues qu'entre époux. Par conséquent, il doit y avoir des femmes qui puissent donner des conseils et des indications claires, puisque de tels sujets ne peuvent pas être abandonnés aux allusions habituelles, aux insinuations et aux sous-entendus. Les épouses du Prophète servaient d'enseignantes qui transmettaient et expliquaient à d'autres femmes, ainsi qu'aux hommes, les normes islamiques et les règles concernant les affaires conjugales, familiales et les autres sujets intimes.
Certains mariages furent contractés pour des raisons spécifiques telles que:
Comme ses épouses comptaient des femmes de tous âges, les normes et les exigences de la loi islamique pouvaient être appliquées correctement à chaque étape de leurs vies et de leurs expériences. Ces dispositions étaient apprises et appliquées parmi les membres de la Famille du Prophète et ensuite transmises à d'autres musulmans par le biais de ses épouses.
Chacune de ses épouses appartenait à une tribu ou à un clan différents, ce qui lui permettait d'établir des liens de parenté et d'affinité à travers toute l'Arabie. Cela engendra un profond attachement pour lui à travers les divers peuples de la nouvelle communauté musulmane, et créa et assura l'égalité et la fraternité d'un point de vue pratique et religieux.
À la fois avant et après la mort du Prophète, chaque épouse se révéla d'un grand profit et d'une grande aide. Elles transmettaient et interprétaient l'islam à leurs peuples dans toutes ses dimensions internes et externes, ainsi que les qualités, les manières et la foi de l'homme qui était la personnification du Coran dans tous les aspects de sa vie. De cette façon, leurs peuples apprenaient le Coran, la Sounna, le tafsir (commentaires et interprétations coraniques) et le fiqh (compréhension de la loi islamique), et devinrent donc pleinement conscients de l'essence et de l'esprit de l'islam.
À travers ses mariages, le Prophète avait établi des liens de parenté dans toute la péninsule arabique et pouvait donc circuler librement et être accepté comme un membre de chacune de ces familles. De plus, tous ceux qui étaient ainsi liés à lui se sentaient assez proches de lui pour pouvoir lui demander directement des conseils sur n'importe quel sujet. La tribu entière profitait aussi d'une telle alliance; ils se considéraient chanceux et étaient fiers de leurs nouveaux liens de parenté. Par exemple, de tels liens furent établis avec les Omeyyades (grâce à Oumm Habiba), avec les Hashimites (grâce à Zaynab bint Jahsh) et avec les Banou Makhzoum (grâce à Oumm Salama).
Ce que nous avons dit jusqu'ici est général et pourrait, à certains égards, valoir pour tous les Prophètes. Cependant, nous allons maintenant décrire brièvement la vie de ces femmes, pas dans l'ordre des mariages mais à partir d'une autre perspective.
Khadija fut la première épouse du Prophète. Quand ils se marièrent, elle avait 40 ans et lui 25. Elle fut la mère de tous ses enfants sauf Ibrahim qui mourut en bas âge. Mais elle était plus que son épouse - elle était aussi son amie qui partageait ses inclinations et ses idéaux à un degré remarquable. Leur mariage fut merveilleusement béni et ils vécurent ensemble dans une grande harmonie pendant vingt-trois ans. À travers tous les outrages et les persécutions dont il fut accablé par les Mecquois, Khadija était son plus cher compagnon et aide. Il l'aimait tendrement et ne se maria avec aucune autre femme de son vivant.
Ce mariage représente les formes idéales d'intimité, d'amitié, de respect mutuel, de soutien et de consolation. Bien qu'il fût fidèle et loyal envers toutes ses épouses, il n'oublia jamais Khadija; pendant le reste de sa vie, il ne cessa de mentionner ses vertus et ses mérites. Le Prophète ne se remaria pas pendant les quatre ou cinq années qui suivirent sa mort. Le fait de pourvoir à l'alimentation et à tous les autres besoins de ses enfants, supportant les problèmes et les difficultés, firent de lui à la fois un père et une mère. Oser prétendre que cet homme était un sensuel ou un homme à femmes est totalement aberrant. S'il n'y avait ne serait-ce qu'une once de vérité en cela, il n'aurait pas pu vivre comme l'histoire rapporte qu'il a vécu.
Aïcha, sa deuxième épouse (mais pas dans l'ordre chronologique de mariage), était la fille d'Abou Bakr, son ami le plus proche et son disciple le plus dévoué. L'un des premiers convertis à l'islam, cet homme avait depuis longtemps aspiré à raffermir son profond attachement au Prophète en lui accordant la main de sa fille Aïcha. Son acceptation conféra le plus grand honneur et la plus grande faveur à un homme qui avait partagé tous les bons et mauvais moments avec lui depuis le début de sa mission.
Aïcha, qui s'avéra une femme remarquablement intelligente et sage, avait à la fois la nature et le tempérament pour faire avancer le travail de la mission prophétique. Son mariage la prépara à être une éducatrice et un guide spirituel pour toutes les femmes. Elle devint une élève et disciple du Prophète et à travers lui, comme tant d'autres musulmans de cette période bénie, elle développa et perfectionna ses talents afin de le rejoindre dans la demeure de félicité comme son épouse et son élève. Sa vie et le service qu'elle rendit à l'islam après son mariage prouvent qu'une personne aussi exceptionnelle était effectivement digne d'être la femme du Prophète.
À travers les années, elle se révéla l'une des plus grandes autorités compétentes dans le domaine des hadiths, une excellente commentatrice du Coran et une experte reconnue et distinguée en fiqh (jurisprudence islamique). Elle représentait véritablement les expériences et les qualités internes et externes du Prophète Mohammed à travers sa compréhension unique.
Oumm Salama, du clan des Makhzoum, fut d'abord mariée à son cousin. Le couple avait embrassé l'islam dès les tout débuts et avait émigré en Abyssinie afin d'échapper à la persécution des Qoraïchites. Après leur retour, ils émigrèrent à Médine avec leurs quatre enfants. Son mari prit part à de nombreux combats puis, sévèrement touché à celle d'Ouhoud, obtint le martyre peu de temps après. Abou Bakr et Omar offrirent de l'épouser, conscients de ses besoins et de ses souffrances en tant que veuve avec quatre enfants sans aucun soutien. Elle refusa, persuadée que personne ne pouvait être mieux que son défunt mari.
Plus tard, le Prophète lui fit une proposition de mariage. Cela était très juste et naturel car cette noble femme, qui n'avait jamais fui les sacrifices et les souffrances pour l'islam, était désormais seule après avoir passé de nombreuses années parmi le clan arabe le plus noble. Il ne fallait pas la négliger et la laisser mendier sa subsistance. Considérant sa piété, sa sincérité et tout ce qu'elle avait souffert, elle méritait d'être aidée. En l'épousant, le Prophète faisait ce qu'il avait toujours fait depuis sa jeunesse, à savoir offrir son amitié à ceux qui n'ont pas d'amis, soutenir ceux qui ne reçoivent pas de soutien et protéger ceux qui sont sans protection.
Oumm Salama était aussi intelligente et comprenait très vite. Elle avait toutes les qualités et les dons pour devenir un guide spirituel et une éducatrice. Suite à son mariage avec le Prophète, elle devint une nouvelle étudiante dans l'école du savoir et de la guidance, envers qui toutes les femmes sont reconnaissantes. Rappelons-nous que, à cette époque, le Prophète approchait la soixantaine. Son mariage avec une veuve qui avait quatre enfants et son acceptation de pourvoir à toutes les dépenses et d'assumer toutes les responsabilités conséquentes ne peuvent être compris qu'en termes de ses réserves infinies de compassion et d'humanité.
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LE PROPHÈTE MOHAMMED EN TANT QU'ÉPOUX ET PÈRE : Partie 3
«VOUS ÊTES AVEC CEUX QUE VOUS AIMEZ»
Selon ce hadith, si vous aimez le Prophète Mohammed, vous serez sur son chemin, et ceux qui sont sur son chemin seront avec lui dans l'autre monde. Pour préparer les membres de sa Famille et ses Compagnons à ce rassemblement, le Messager les aima et les embrassa. Il utilisa cet amour de façon efficace.
Bukhari et Muslim donnèrent un autre exemple sur sa manière de les éduquer. Ali raconte:
NOUS N'AVIONS AUCUN DOMESTIQUE CHEZ NOUS ET FATIMA ACCOMPLISSAIT DONC TOUTES LES TÂCHES MÉNAGÈRES ELLE-MÊME. NOUS VIVIONS DANS UNE MAISON QUI NE COMPORTAIT QU'UNE PETITE CHAMBRE. LÀ, ELLE ALLUMAIT UN FEU ET ESSAYAIT DE CUISINER. SES VÊTEMENTS ROUSSISSAIENT SOUVENT TANDIS QU'ELLE S'EFFORÇAIT D'ATTISER LE FEU EN SOUFFLANT. ELLE FAISAIT LE PAIN ELLE-MÊME ET TRANSPORTAIT L'EAU. SES MAINS DEVINRENT CALLEUSES À FORCE DE TOURNER LA MEULE ET SON DOS S'ÉREINTA À FORCE DE TRANSPORTER L'EAU. PENDANT CE TEMPS, DES PRISONNIERS DE GUERRE FURENT APPORTÉS À M��DINE. LE MESSAGER LES DISTRIBUAIT À CEUX QUI EN DEMANDAIENT. JE SUGGÉRAI À FATIMA DE DEMANDER UNE SERVANTE À SON PÈRE. ET C'EST CE QU'ELLE FIT.
Fatima continue ainsi:
JE ME SUIS RENDUE AUPRÈS DE MON PÈRE MAIS IL N'ÉTAIT PAS CHEZ LUI. AÏCHA ME DIT QU'ELLE LUI TRANSMETTRAIT LE MESSAGE DÈS QU'IL RENTRERAIT. JE SUIS DONC REPARTIE CHEZ MOI. JUSTE AU MOMENT OÙ NOUS NOUS ÉTIONS COUCHÉS, LE MESSAGER ENTRA. NOUS VOULIONS NOUS LEVER, MAIS IL NE NOUS LAISSA PAS FAIRE ET S'ASSIT ENTRE NOUS. JE POUVAIS SENTIR LE FROID DE SES PIEDS SUR MON CORPS. IL DEMANDA CE QUE NOUS VOULIONS ET JE LUI EXPLIQUAI LA SITUATION. LE MESSAGER, SUR UN TON IMPRESSIONNANT, RÉPONDIT: «FATIMA, CRAINS DIEU ET SOIS SANS FAUTES DANS TOUS TES DEVOIRS ENVERS LUI. JE VAIS TE DIRE QUELQUE CHOSE. QUAND TU VEUX TE COUCHER, DIS SOUBHÂN-ALLAH (GLOIRE À DIEU!), ALHAMDOULI-ALLAH (LOUANGE À DIEU!) ET ALLAHOU AKBAR (DIEU EST LE PLUS GRAND!) TRENTE-TROIS FOIS CHACUN. CELA EST MIEUX POUR TOI QUE D'AVOIR UNE SERVANTE.
En fait, ce qu'il voulait dire à travers ce discours était:
JE VEUX TOURNER VOS VISAGES VERS LES ROYAUMES DE L'AU-DELÀ. IL Y A POUR TOI DEUX MOYENS DE LES ATTEINDRE ET D'Y ÊTRE AVEC MOI: ACCOMPLIS TES DEVOIRS DANS LA PARFAITE SERVITUDE À DIEU ET REMPLIS TES DEVOIRS ENVERS TON ÉPOUX. SI UNE SERVANTE SE CHARGE DE TES RESPONSABILITÉS, IL SE PEUT QUE CELA T'AFFAIBLISSE. TU DOIS AVOIR DEUX AILES POUR POUVOIR VOLER VERS DE PLUS HAUTS RANGS. COMMENT UN HOMME OU UNE FEMME PEUT-IL/ELLE DEVENIR UN ESCLAVE PARFAIT DE DIEU? COMMENT UNE PERSONNE PEUT-ELLE DEVENIR UN ÊTRE HUMAIN PARFAIT ET REMPLIR TOUTES SES OBLIGATIONS? C'EST TON DEVOIR DE TROUVER LES RÉPONSES À CES QUESTIONS. AVANT TOUT, DEVIENS UN PARFAIT ESCLAVE DE DIEU. PUIS DEVIENS UN ÊTRE HUMAIN PARFAIT EN ACCOMPLISSANT TES DEVOIRS ENVERS ALI, UN GRAND HOMME QUI REPRÉSENTE TOUS LES SAINTS QUI DESCENDRONT DE TA FAMILLE. SI TU FAIS TOUT CELA, TU SERAS AVEC MOI AU PARADIS, OÙ TOUTES LES CHOSES PARFAITES ET LES ÊTRES HUMAINS PARFAITS SE RETROUVERONT.
Je ne peux m'empêcher de faire une digression concernant Ali. Le Messager lui donna sa fille en mariage sans hésitation, parce qu'il méritait d'avoir une telle épouse et d'être le gendre d'un Prophète. Ali était le roi des saints et fut créé selon cette nature. Le Messager lui dit: «Ô Ali, tous les autres Prophètes eurent leurs propres descendances. Cependant, la mienne viendra de toi.» Grâce à ce mariage, Ali eut l'honneur d'être le père des descendants du Prophète, à savoir de ses petits-enfants et des autres générations de descendants. C'est pourquoi obéir à Ali signifie obéir au Messager, et obéir au Messager signifie obéir à Dieu. De même, ceux qui aiment Ali doivent aimer le Prophète et suivre sa Sounna.
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LE PROPHÈTE MOHAMMED EN TANT QU'ÉPOUX ET PÈRE : Partie 2
LE MESSAGER DE DIEU ET LES ENFANTS
Il était un mari extraordinaire, un père parfait et un grand-père unique. Il était unique sous tous ses aspects. Il traitait ses enfants et ses petits-enfants avec beaucoup de compassion et ne négligeait jamais de les orienter vers l'au-delà et vers les bonnes actions. Il leur souriait, les caressait et les aimait, mais ne leur permettait pas de délaisser les sujets liés à l'au-delà. Il était très ouvert pour ce qui avait trait aux affaires de ce monde; mais quand il s'agissait de maintenir leur rapport à Dieu, il était très sérieux et grave. Il leur montrait comment mener une vie proprement humaine et ne les laissait jamais abandonner leurs obligations religieuses et devenir gâtés. Son but ultime était de les préparer à l'au-delà. Son parfait équilibre à cet égard représente une autre dimension de son intelligence inspirée par Dieu.
Dans un hadith rapporté par Muslim, Anas bin Malik, honoré par le fait d'être le serviteur du Messager pendant dix années continues, dit: «Je n'ai jamais vu personne qui soit aussi bon et compatissant envers les membres de sa famille que Mohammed.» Si cet aveu n'était fait que par nous, l'on pourrait le juger sans importance. Or, des millions de gens, si affables et sensibles qu'ils ne feraient pas de mal à une mouche, déclarent qu'il était unique en cela qu'il embrassait chaque chose avec compassion. C'était un être humain comme nous, mais Dieu inspira en lui une affection si intime pour tous les êtres vivants qu'il pouvait établir un lien avec eux tous. Il va sans dire qu'il était rempli d'une affection extraordinaire envers sa famille et envers les autres.
Tous les fils du Prophète décédèrent. Ibrahim, son dernier fils, né de son épouse copte Marie, mourut aussi en bas âge. Le Messager lui rendait souvent visite avant sa mort, bien qu'il fût très occupé. C'était une nourrice qui s'occupait d'Ibrahim. Le Prophète le prenait dans ses bras, l'embrassait et le caressait avant de rentrer chez lui. Quand Ibrahim mourut, le Prophète le mit sur ses genoux comme avant, l'embrassa et donna cette réponse à ceux qui étaient étonnés de voir ses larmes: «Les yeux peuvent bien se mouiller et les cœurs se briser, mais nous ne disons rien d'autre que ce que Dieu agrée.» Il fit signe vers sa langue et dit: «Dieu nous interrogera sur cela.»
Il portait ses petits-enfants Hassan et Houssaïn sur son dos. En dépit de son statut unique, il n'hésitait pas à faire cela, comme pour annoncer le haut rang d'honneur qu'ils allaient atteindre plus tard. Un jour, alors qu'ils étaient sur son dos, Omar entra dans la maison du Prophète et les voyant ainsi, s'exclama: «Quelle magnifique monture vous avez!» à quoi le Messager répliqua aussitôt: «Quels magnifiques cavaliers ils sont!»
Ils n'étaient peut-être pas conscients de l'honneur que leur faisait le Messager. Ce compliment particulier était fait en raison de leur futur statut de leaders et de chefs qui surgiront parmi les membres de la famille du Prophète. Leurs descendants allaient compter les saints les plus grands et les plus respectés. Son compliment s'adressait non seulement à ses petits-fils, mais aussi à tous leurs descendants. C'est pourquoi Abd al-Qadir Jilani, un célèbre descendant de la famille du Prophète, dit: «Les pieds bénis du Messager sont sur mes épaules, et les miens sont sur ceux de tous les saints.» Cette affirmation est probablement valable pour tous les saints à venir.
Le Messager maintenait un parfait équilibre dans sa façon d'éduquer les enfants. Il aimait beaucoup ses enfants et ses petits-enfants, et leur insufflait l'amour. Toutefois, il ne laissait jamais l'amour qu'il leur portait aller trop loin au point de leur être néfaste. Aucun d'eux n'osa faire consciemment quoi que ce soit de mal, mais s'ils venaient à commettre une faute sans le vouloir, la protection du Messager les empêchait de s'égarer ne serait-ce qu'un instant. Il réussit cela en les enveloppant d'amour et dans une aura de dignité. Ainsi, un jour Hassan ou Houssaïn voulut manger une datte parmi celles qui étaient distribuées aux pauvres en aumône. Le Messager la prit immédiatement de sa main et dit: «Tout ce qui est donné en aumône nous est interdit.» En leur apprenant pendant qu'ils étaient tout jeunes à être conscients des actes illicites, il avait établit un principe d'éducation très important.
Chaque fois qu'il rentrait à Médine, il mettait les enfants sur sa monture. En de telles occasions, le Messager embrassait non seulement ses petits-enfants, mais les enfants qui se trouvaient chez lui et ceux des entourages. Il avait conquis leurs cœurs grâce à sa compassion. Il aimait tous les enfants.
Il aimait sa petite-fille Oumama tout autant qu'il aimait Hassan et Houssaïn. Il sortait souvent en la portant sur ses épaules, et priait même parfois en la portant sur son dos. Alors, quand il se prosternait, il la reposait à terre, et quand il se relevait, il la remettait sur son dos. Il exhibait ce degré d'amour pour Oumama afin d'enseigner à ses disciples à bien s'occuper des filles. Cela était une nécessité absolue car seulement une décennie auparavant, l'une des normes sociales d'avant l'islam était d'enterrer vives les petites filles. Jusqu'alors en Arabie, personne n'avait été témoin d'une telle affection paternelle montrée en public pour sa petite-fille.
Le Messager proclamait que l'islam n'autorisait aucune discrimination entre les filles et les fils. Comment pourrait-il en être autrement? L'un est Mohammed et l'autre est Khadija; l'un est Adam et l'autre est Eve; l'un est Ali et l'autre est Fatima. Pour chaque grand homme il y a une grande femme.
Fatima, la fille du Messager, est la mère de tous les membres de son noble foyer. Elle est aussi notre mère. Aussitôt que Fatima entrait, le Messager se levait, lui prenait les mains et la faisait asseoir là où il s'asseyait. Il l'interrogeait sur sa santé et sur sa famille, lui montrait de l'amour paternel et la complimentait.
Il l'aimait autant qu'il s'aimait lui-même, et Fatima, sachant combien il avait d'affection pour elle, l'aimait encore plus qu'elle-même. Sa grande mission était de devenir la source d'où allait jaillir des saints et des personnes hautement pieuses. Elle observait toujours son père et sa méthode d'invitation à l'islam. Elle pleura et gémit de douleur quand le Messager lui révéla qu'il allait mourir bientôt, puis se réjouit quand il lui annonça qu'elle serait le premier membre de sa famille à le rejoindre. Son père l'aimait beaucoup et elle aimait beaucoup son père. Le Messager maintenait l'équilibre même dans son amour pour Fatima. Il la forma pour les hauteurs vers lesquelles l'âme humaine doit s'élever.
Le Messager l'éleva, elle ainsi que tous les autres membres de sa Famille et les Compagnons, de manière à les préparer à l'au-delà. Nous avons tous été créés pour l'éternité, et ne pouvons donc être satisfaits que grâce à l'éternité et à l'Etre Eternel. Par conséquent, nous ne voulons que Lui et n'aspirons qu'à Lui, consciemment ou inconsciemment. L'essence de toutes les religions et le message de tous les Prophètes concernait l'au-delà. C'est pour cela que le Messager cherchait toujours à préparer ses adeptes à la paix et à la félicité éternelles; en même temps, sa propre existence parmi eux était un échantillon de cette paix et de cette félicité auxquelles ils goûteraient en la Présence divine.
Il les aimait et les dirigeait vers l'au-delà, vers ce qui dépasse ce monde, vers la beauté éternelle, et vers Dieu. Par exemple, il vit un jour Fatima portant un collier (un bracelet selon une autre version) et lui demanda: «Voudrais-tu que les habitants des cieux et de la terre disent que ma fille porte une chaîne de l'Enfer?» Ces quelques mots, venant d'un homme dont le trône avait été établi dans son cœur et qui avait conquis toutes ses facultés, lui firent raconter plus tard: «J'ai immédiatement vendu le collier, j'ai acheté et libéré un esclave, puis je me suis rendue auprès du Messager. Quand je lui ai dit ce que j'avais fait, il se réjouit. Il ouvrit ses mains et remercia Dieu: 'Louanges à Dieu, qui protégea Fatima de l'Enfer.'»
Fatima n'avait commis aucun péché en portant ce collier. Cependant, le Messager voulait la garder dans le cercle des mouqarrabin (ceux qui sont proches de Dieu). Son avertissement se fondait sur la taqwa (piété et dévotion à Dieu) et le qourb (proximité de Dieu). En un sens, il s'agit de l'abandon des choses de ce monde. C'est aussi un exemple de la sensibilité qui sied à la mère des descendants du Prophète (Ahl al-Baït), qui représentera la communauté musulmane jusqu'au Jour dernier. Etre la mère de personnes aussi pieuses que Hassan, Houssaïn et Zaïn al'Abidin n'était certes pas une tâche ordinaire. Le Messager la préparait à être la mère, dans un premier temps, de sa propre descendance, puis de ceux qui descendraient d'eux, à savoir de grands chefs spirituels comme Abd al-Qadir al-Jilani, Mouhammad Baha' ad-Din an-Naqshband, Ahmad Rifa'i, Ahmad Badawi, ash-Shadhili, et autres.
C'était comme s'il lui disait: «Fatima, tu épouseras un homme (Ali) et iras dans une maison d'où une multitude d'anneaux d'or émergeront dans le futur. Oublie cette chaîne en or que tu as autour du cou et concentre-toi à devenir la mère des chaînes en or de saints qui apparaîtront dans les ordres spirituels de Naqshbandiya, Rifa'iya, Shadhiliyya et autres.» Il aurait été difficile de remplir un tel rôle en portant un collier en or. C'est pourquoi le Messager était plus sévère avec les gens de sa Maison qu'avec les autres. Il les rappelait au droit chemin en tournant leurs visages vers l'au-delà, en fermant toutes les fenêtres ouvrant sur ce monde et en leur disant que ce dont ils ont besoin, c'est Dieu.
Ils allaient mener toutes leurs vies avec le regard fixé sur l'autre monde. Pour cette raison, en signe d'amour, le Messager purifia les membres de sa Famille de toutes les choses vaines de ce monde et ne laissa aucune poussière d'ici-bas les souiller. Il tourna leurs visages vers les royaumes exaltés et les prépara afin qu'ils puissent s'y retrouver ensemble.
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LE PROPHÈTE MOHAMMED EN TANT QU'ÉPOUX ET PÈRE : Partie 1.2
Le choix que le Messager de Dieu donna à ses épouses
Il offrit à ses femmes de rester avec lui ou de le quitter:
Ô PROPHÈTE! DIS À TES ÉPOUSES: "SI C'EST LA VIE PRÉSENTE QUE VOUS DÉSIREZ ET SA PARURE, ALORS VENEZ! JE VOUS DEMANDERAI [LES MOYENS] D'EN JOUIR ET VOUS LIBÉRERAI [PAR UN DIVORCE] SANS PRÉJUDICE. MAIS SI C'EST DIEU QUE VOUS VOULEZ ET SON MESSAGER AINSI QUE LA DEMEURE DERNIÈRE, DIEU A PRÉPARÉ POUR LES BIENFAISANTES PARMI VOUS UNE ÉNORME RÉCOMPENSE. (33:28-29)
Certaines de ses épouses avaient souhaité jouir d'une vie plus prospère et avaient demandé: «Ne pourrions-nous pas vivre dans un peu plus de confort comme d'autres musulmans font? Ne pourrions-nous pas au moins avoir un bol de soupe chaque jour, ou quelques vêtements plus jolis?» Au premier abord, de tels désirs peuvent sembler compréhensibles et justes. Toutefois, ces femmes étaient membres de la famille qui allait être un exemple pour toutes les familles musulmanes jusqu'au Jour dernier.
Le Messager avait réagi en faisant une retraite. Quand la nouvelle se propagea, tout le monde se rua à la mosquée où il s'était retiré et se mit à pleurer. Le moindre petit chagrin qui affligeait leur Prophète bien-aimé suffisait à les faire fondre tous en larmes et le moindre petit incident dans sa vie les touchait profondément. Abou Bakr et Omar, regardant l'événement sous un autre angle parce que leurs filles étaient directement impliquées, se ruèrent à la mosquée. Ils voulurent le rencontrer, mais il avait décidé de ne pas quitter sa retraite. Finalement, après leur troisième tentative, ils obtinrent le droit d'entrer chez lui et se mirent à réprimander leurs filles. Le Messager vit ce qui arrivait, mais son seul commentaire fut: «Je ne peux pas me permettre ce qu'elles demandent.» Le Coran déclara: Ô femmes du Prophète! Vous n'êtes comparables à aucune autre femme. (33:32)
D'autres pouvaient peut-être trouver le salut simplement en remplissant leurs obligations, mais ceux qui étaient au centre de l'islam devaient se dévouer corps et âme afin qu'aucune faiblesse n'apparaisse au centre. Il y avait certes des avantages à être les épouses du Prophète, mais ces avantages apportaient avec eux des responsabilités et parfois des risques. Le Prophète les préparait à être des exemples pour toutes les femmes musulmanes de leur temps et du futur. Il s'inquiétait surtout qu'elles puissent jouir des récompenses de leurs bonnes œuvres uniquement en ce bas monde et ainsi être comprises dans ce verset: Vous avez dissipé vos [biens] excellents et vous en avez joui pleinement durant votre vie sur terre. (46:20)
La vie dans la maison du Prophète manquait de confort. C'est pour cela que, de façon explicite ou implicite, ses épouses firent quelques modestes requêtes. Or leur statut étant unique, elles ne devaient pas s'attendre à s'amuser et à jouir des choses de ce bas monde. Certaines saintes personnes ne rient que quelques fois durant toutes leurs vies; d'autres ne remplissent jamais leurs estomacs.
Par exemple, Foudhayl ibn Iyad n'avait jamais ri. Il n'avait souri qu'une seule fois. Surpris de le voir ainsi, certains lui demandèrent la raison de son sourire. Il leur dit: «Aujourd'hui, j'ai entendu que mon fils Ali venait de mourir. J'ai été heureux d'entendre que Dieu l'avait aimé, c'est pourquoi j'ai souri.» S'il existait de telles personnes en dehors de la Maison du Prophète, alors ses épouses, qui étaient encore plus pieuses et qui étaient considérées comme les «mères des croyants», devaient certainement être d'un plus haut rang.
Il n'est pas facile de mériter la compagnie du Messager de Dieu aussi bien dans l'ici-bas que dans l'au-delà. Ainsi, ces femmes spéciales avaient été mises à une dure épreuve. Le Messager leur permit de choisir entre son pauvre foyer et le luxe de ce monde. Si elles choisissaient Dieu et Son Messager, elles devaient se contenter de ce qu'elles avaient. Cela était une particularité de sa famille. Puisque cette famille était unique, ses membres devaient aussi être uniques. Le chef de famille avait été élu, de même que les épouses et les enfants.
Le Messager appela d'abord Aïcha et dit: «Je veux discuter de quelque chose avec toi. Tu ferais mieux d'en parler avec tes parents avant de rendre ta décision.» Puis il récita les versets susmentionnés. Sa décision fut exactement celle qu'on aurait pu attendre de la fille véridique d'un père véridique: «Ô Messager de Dieu, qu'ai-je besoin de parler avec mes parents? Par Dieu, je choisis Dieu et Son Messager.»
Aïcha nous raconte elle-même ce qui se passa ensuite: «Le Messager reçut la même réponse de la part de toutes ses épouses. Aucune n'exprima une opinion différente. Elles dirent toutes ce que j'avais dit.» Elles agirent ainsi car elles ne faisaient qu'un avec le Messager. Il ne pouvait en être autrement. Si le Messager leur avait demandé de jeûner durant toute leur vie sans arrêt, elles l'auraient fait et l'auraient supporté avec plaisir. Ainsi endurèrent-elles la pauvreté jusqu'à leur mort.
Certaines de ses épouses avaient joui d'un style de vie prodigue avant leur mariage avec le Prophète. L'une d'elles était Safiyya, qui avait perdu père et époux, et avait été faite prisonnière durant la Bataille de Khaïbar. Elle avait dû être très en colère contre le Messager, mais lorsqu'elle l'aperçut, ses sentiments changèrent complètement. Elle endura la même destinée que les autres épouses. Elles l'endurèrent parce que l'amour du Messager de Dieu avaient pénétré leurs cœurs.
Safiyya était juive. Un jour, elle fut consternée quand ce fait lui fut mentionné sur un ton sarcastique. Elle en informa le Messager et lui exprima sa tristesse. Il la réconforta en disant: «S'ils répètent cela, dis-leur: 'Mon père est le Prophète Aaron, mon oncle est le Prophète Moïse, et mon époux est, comme vous le voyez, le Prophète Mohammed, l'Elu. Qu'avez-vous de plus que moi dont vous pourriez vous vanter?'»
Le Coran déclare que pour les croyants, ses épouses sont leurs mères. (33:6) Bien que quatorze siècles se soient écoulés, nous éprouvons toujours du plaisir à dire «notre mère» quand nous nous référons à Khadija, à Aïcha, à Oumm Salama, à Hafsa et à ses autres épouses. Nous ressentons cela à cause de lui. Certains ont plus d'amour pour ces saintes femmes qu'ils n'en ont pour leurs propres mères. Sans aucun doute, ce sentiment a dû être plus profond, plus chaleureux et plus fort à l'époque du Prophète.
Le Messager était le chef de famille idéal. Il réussissait à s'occuper parfaitement de ses nombreuses épouses, à être l'amant de leurs cœurs, l'instructeur de leurs esprits, l'éducateur de leurs âmes, sans pour autant négliger les affaires de la nation ni compromettre ses devoirs.
Le Messager excellait dans tous les domaines de la vie. Les gens ne doivent pas le comparer à eux-mêmes ni aux prétendues grandes figures de leur époque. Les chercheurs doivent le regarder - lui envers qui les anges sont reconnaissants - en se rappelant toujours qu'il excellait en tout. S'ils veulent découvrir Mohammed, ils doivent le chercher dans ses propres dimensions. Notre imagination ne peut l'atteindre car nous ne savons même pas comment l'imaginer correctement. Dieu lui accorda, comme une faveur spéciale de Sa part, la supériorité dans tous les domaines.
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LE PROPHÈTE MOHAMMED EN TANT QU'ÉPOUX ET PÈRE : Partie 1.1
LE PROPHÈTE ET SES ÉPOUSES
Le Prophète Mohammed personnifie les rôles de père et d'époux parfaits. Il était si bon et si tolérant envers ses épouses qu'elles n'envisagèrent jamais de vivre sans lui ou loin de lui.
Il épousa Sawda, sa deuxième femme, pendant qu'il vivait encore à La Mecque. Après un temps, il voulut divorcer pour certaines raisons. Elle fut si affligée d'entendre cela qu'elle le supplia ainsi: «Ô Messager de Dieu, je ne te demande rien de ce monde! Je sacrifierai le temps qui m'est alloué, si tu ne veux pas me visiter. Mais par pitié, ne me prive pas d'être ta femme. Je veux aller à l'au-delà en tant que ton épouse. Je n'ai que faire du reste.» Suite à cela, le Messager ne divorça pas et ne cessa pas non plus de la visiter.
Un jour il remarqua que Hafsa n'était pas à l'aise en raison de leur situation financière. «Si elle le souhaite, je peux la libérer», dit-il, ou quelque chose du genre dans le même but. Cette suggestion l'alarma tellement qu'elle fit appel à des médiateurs pour qu'ils le persuadent de ne pas agir ainsi. Il garda donc la fille de ses fidèles amis comme son épouse digne de confiance.
Il s'était si fermement établi dans le cœur de ses épouses qu'elles voyaient leur séparation du Messager de Dieu comme une calamité. Elles étaient de tout cœur avec lui. Elles avaient une part dans sa vie bénie, douce et naturelle. S'il les avait quittées, elles seraient mortes de désespoir. S'il avait divorcé l'une d'elles, elle aurait attendu au pas de sa porte jusqu'au Jour dernier.
Après son décès, il y eut beaucoup d'émotion et une énorme affliction. À chaque fois qu'ils leur rendaient visite, Abou Bakr et Omar trouvaient les épouses du Messager en train de pleurer. Il semble que leur chagrin ne cessa qu'à la fin de leurs vies. Mohammed avait laissé une impression durable sur chacun. Il fut un temps où il eut neuf épouses et les traita toutes avec égalité, sans qu'il ne survînt jamais de sérieux problèmes. C'était un mari bon et doux, qui ne se conduisait jamais de façon rude ou sévère. En bref, il était le parfait époux.
Quelques jours avant sa mort, il dit: «Il a été permis à un serviteur de choisir entre ce monde et son Seigneur. Il a choisi son Seigneur.» Abou Bakr, un homme d'une grande intelligence, se mit à pleurer, comprenant que le Prophète parlait de lui-même. Sa maladie empirait de jour en jour et il se tordait de douleur à cause de son terrible mal de tête. Mais même durant cette période difficile, il continua à traiter ses femmes avec bonté et douceur. Il demanda la permission de rester dans une chambre, car il n'avait plus la force de les visiter une par une. Ses épouses consentirent, et le Messager passa ses derniers jours dans la chambre de Aïcha.
Chacune de ses femmes, en raison de sa générosité et de sa gentillesse, croyait qu'elle était sa préférée. L'idée qu'un homme puisse montrer une parfaite égalité et justice dans ses relations avec ses neuf épouses semble impossible. C'est pour cela que le Messager de Dieu demandait pardon à Dieu pour tout penchant involontaire qu'il aurait pu avoir. Il priait ainsi: «Il se peut que j'aie montré inconsciemment plus d'amour pour l'une d'elles que pour les autres, et cela serait de l'injustice. Donc, ô Seigneur, je me réfugie auprès de Ta grâce pour les choses qui sont au-delà de mon pouvoir.»
Quelle douceur et quelle sensibilité! Je me demande si quelqu'un d'autre pourrait jamais montrer autant de gentillesse envers ses enfants et ses épouses. Quand les gens parviennent à dissimuler leurs bas instincts innés, c'est pour eux comme s'ils avaient fait quelque chose de très intelligent et qu'ils avaient fait montre d'une très grande volonté. Mais parfois c'est précisément ces défauts qu'ils exposent inconsciemment pendant qu'ils se targuent d'être intelligents. Le Messager, bien qu'il ne commît aucune faute, ne recherchait que le pardon de Dieu.
Sa bonté pénétra l'âme de ses épouses si profondément que son départ entraîna ce qu'elles ont dû vivre comme séparation irréparable. Elles ne se suicidèrent pas, car l'islam l'interdit, mais leurs vies se remplirent d'une douleur inconsolable et de larmes intarissables.
Le Messager était gentil et doux envers toutes les femmes, et recommandait tous les autres hommes de suivre son exemple. Sa'd ibn Abi Waqqas décrit sa bonté comme suit:
OMAR DIT: «UN JOUR, J'ALLAI CHEZ LE PROPHÈTE ET JE LE VIS SOURIANT. 'QUE DIEU TE FASSE SOURIRE POUR TOUJOURS, Ô MESSAGER DE DIEU' DIS-JE, PUIS JE LUI DEMANDAI POURQUOI IL SOURIAIT. 'JE SOURIS À CAUSE DE CES FEMMES. ELLES DISCUTAIENT DEVANT MOI AVANT QUE TU NE VIENNES. PUIS ELLES SE SONT SAUVÉES DÈS QU'ELLES ONT ENTENDU TA VOIX', RÉPONDIT-IL TOUJOURS EN SOURIANT. SUITE À CETTE RÉPONSE, JE HAUSSAI MA VOIX ET JE LEUR DIS: 'Ô ENNEMIES DE VOUS-MÊMES! VOUS ME REDOUTEZ MAIS VOUS NE REDOUTEZ PAS LE MESSAGER DE DIEU!' OUI, AFFIRMÈRENT-ELLES, COMPARÉ AU MESSAGER DE DIEU, TU FAIS PREUVE DE RUDESSE ET DE DURETÉ.»
Mais Omar aussi était doux avec les femmes. Toutefois, même l'homme le plus beau peut sembler laid si on le compare à la beauté de Joseph. De même, la sensibilité et la douceur de Omar semblent n'être que violence et sévérité si on les compare à celles du Prophète. Les femmes ayant connu la douceur, la sensibilité et la gentillesse du Messager, elles considéraient alors Omar comme étant strict et sévère. Or Omar remplit à la perfection le rôle de calife et devint l'un des plus grands modèles après le Prophète. Il fut un dirigeant juste et s'efforça de distinguer le bien du mal. Il avait toutes les qualités pour devenir calife. Si certaines de ses qualités pouvaient d'emblée paraître sévères, ce sont pourtant elles qui lui permirent d'endosser de très hautes responsabilités.
La consultation du Prophète avec ses épouses
Le Messager discutait de sérieux sujets avec ses épouses comme avec des amies. Il n'avait certes nul besoin de leurs conseils, puisqu'il était dirigé par la révélation divine. Toutefois, il voulait enseigner à sa nation que les hommes musulmans devaient accorder aux femmes une très haute considération. C'était une idée très radicale à l'époque, et encore aujourd'hui dans beaucoup d'endroits de la planète. Il commença à éduquer son peuple à travers ses propres relations avec ses épouses.
Par exemple, les clauses du Traité de Houdaïbiya déçurent et enragèrent de nombreux musulmans, car l'une des conditions stipulait qu'ils ne pourraient pas faire le pèlerinage cette année-là. Ils voulurent rejeter le traité, continuer leur marche vers La Mecque et faire face aux conséquences de tout cela. Mais le Messager leur ordonna d'abattre les animaux en sacrifice et de retirer leurs tenues de pèlerins. Certains Compagnons hésitèrent, espérant qu'il changerait d'avis. Il réitéra son ordre, mais ils continuèrent à hésiter. En cela, ils ne s'opposaient pas à lui; ils espéraient seulement qu'il change d'avis car ils s'étaient mis en route avec l'intention d'accomplir le pèlerinage et ne voulaient pas s'arrêter à mi-chemin.
Remarquant cette réticence, le Prophète rentra dans sa tente et demanda à Oumm Salama, l'épouse qui l'accompagnait durant cette période-là, ce qu'elle pensait de la situation. Alors elle lui donna son opinion, tout en sachant qu'il n'avait pas besoin de conseil. Ce faisant, il enseigna aux hommes musulmans une importante leçon: il n'y a pas de mal à échanger des idées avec les femmes sur des sujets importants, tout comme sur n'importe quel sujet d'ailleurs.
Oumm Salama lui dit donc: «Ô Messager de Dieu, ne répète pas ton ordre. Il se peut qu'ils résistent et qu'ainsi ils périssent. Abats ton animal de sacrifice et change ta parure de pèlerin. Ils obéiront, bon gré mal gré, quand ils se rendront compte que ta décision est finale.» Aussitôt dit, il prit un couteau dans sa main, sortit et se mit à égorger son mouton. Les Compagnons commencèrent à faire de même, car il était désormais clair que son ordre ne changerait pas.
Le conseil et la consultation, comme chaque bonne action, étaient d'abord pratiqués par le Messager de Dieu au sein de sa famille, puis de toute sa communauté. Même aujourd'hui, nous comprenons si peu de chose concernant ses relations avec ses épouses que c'est comme si nous errions sans but autour d'un terrain, inconscients de l'énorme trésor qui se cache sous nos pieds.
Malheureusement, les femmes sont des êtres secondaires dans l'esprit de beaucoup, y compris de ces défendeurs auto-proclamés des droits de la femme ainsi que de nombreux prétendus musulmans. Pour nous, la femme est la partie d'un tout, une moitié qui rend l'autre moitié utile. Nous pensons que c'est lorsque les deux moitiés se rassemblent que la vraie unité de l'être humain apparaît. Si cette unité n'existe pas, l'humanité n'existe pas non plus - ni d'ailleurs la Prophétie, la sainteté ou même l'islam.
Notre maître nous encouragea à travers ses paroles révélatrices à bien nous comporter envers les femmes. Il déclara: «Les croyants les plus parfaits sont ceux qui ont le meilleur caractère, et les meilleurs d'entre vous sont ceux qui se comportent le mieux envers leurs femmes.» Il est clair que les femmes ont reçu le véritable respect et honneur qu'elles méritent, pas seulement en théorie mais aussi en pratique, une seule fois dans l'histoire - pendant l'époque du Prophète Mohammed.
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LES COMPAGNONS ET LES TABI'UN : Partie 3.2
Le père de Urwa ibn Zubayr ibn al-Awwam faisait partie des dix bienheureux à qui le Paradis avait été promis de leur vivant. La grand-mère de Urwa était Safiyya, la tante paternelle du Prophète, et la mère de Asma bint Abou Bakr, qui passa une grande partie de sa vie avec Aïcha. Urwa peut être considéré comme un élève de sa tante Aïcha. Il reçut aussi des enseignements de Sa'id ibn al-Musayyib, qui avait sept ou huit ans de plus que lui.
Urwa était l'un des sept plus grands juristes de son temps. Il transmit la majorité des Traditions rapportées par Aïcha. Il reçut aussi des hadiths de Ali, Omar, Ibn Abbas, Abou Ayyub al-Ansari et beaucoup d'autres Compagnons. De nombreuses grandes figures parmi les générations suivantes, dont Qatada ibn Di'ama, Ibn Shihab az-Zuhri, Yahya ibn Sa'id al-Ansari et Zayd ibn Aslam, rapportèrent des hadiths de lui.
Comme ses contemporains, Urwa était extrêmement pieux. Par exemple, l'un de ses pieds était infecté avec la gangrène et devait être amputé. Lors de l'amputation, il ne se plaignit pas et dit seulement: Nous avons rencontré de la fatigue dans notre présent voyage. (18:62)
Quand l'un de ses quatre fils mourut quelques temps plus tard, il leva les bras devant la Ka'ba et glorifia Dieu: «Ô Dieu, Tu m'as donné quatre membres, deux bras et deux jambes, et quatre fils. Tu as repris l'un de chaque groupe et Tu m'as laissé les trois autres restants. Lounges à Toi par milliers!» Urwa était certainement inclus dans le sens de: Dieu les agrée et ils L'agréent. (98:8)
Muhammad ibn Muslim ibn Shihab az-Zuhri, appelé Ibn Shihab az-Zuhri, rapporta un quart des Traditions Prophétiques venant des Tabi'un. Son père, Muslim, avait lutté contre les Omeyyades, et surtout contre Hajjaj. Par suite, le gouvernement omeyyade le surveillait de près. Contrairement à ce que certains prétendent, il ne soutint jamais les Omeyyades.
Comme d'autres honorés par Dieu en étant parmi les rapporteurs les plus fiables de hadiths, Ibn Shibab az-Zuhri avait une mémoire extraordinaire. Il mémorisa le Coran entier avant d'avoir 7 ans et en seulement huit jours. À 18 ans, il commença à pratiquer l'ijtihad (émettre des jugements sur des questions religieuses ou légales en se basant sur les principes établis par le Coran et la Sounna). Il n'oubliait jamais rien: «Je n'ai rien trahi de ce que Dieu a placé dans mon cœur comme un précieux dépôt.»
Ibn Shihab az-Zuhri reçut sa première éducation de Sa'id ibn al-Musayyib, qui le forma pendant 8 ans. Il fut aussi l'élève de Ubaydullah ibn Abd Allah ibn Utba, l'un des sept plus grands juristes de l'époque. Il consacra toute sa vie au Hadith: «J'ai voyagé sans cesse entre le Hedjaz et Damas pendant 40 ans juste pour le Hadith.»
D'aucuns l'accusent d'avoir flatté les Omeyyades. Ce mensonge est contredit par les faits historiques. Il est vrai qu'il donna des leçons aux fils du calife Hisham. Toutefois, ce n'est pas une faute et cela n'implique pas pour autant qu'il ait soutenu les Omeyyades. Au contraire, il devrait être loué pour avoir essayé de guider les futurs dirigeants de la communauté musulmane vers la vérité.
Lors de sa première rencontre avec Ibn Shihab az-Zuhri, le calife Abd al-Malik lui rappela que son père avait soutenu Abd Allah ibn Zubayr dans sa dispute avec les Omeyyades pendant de longues années. Mais Ibn Shihab az-Zuhri ne craignit jamais de dire la vérité aux dirigeants omeyyades.
Certains Omeyyades prétendirent qu'il était fait référence à Ali dans ce verset:
CEUX QUI SONT VENUS AVEC LA CALOMNIE SONT UN GROUPE D'ENTRE VOUS. NE PENSEZ PAS QUE C'EST UN MAL POUR VOUS, MAIS PLUTÔT, C'EST UN BIEN POUR VOUS. À CHACUN D'EUX CE QU'IL S'EST ACQUIS COMME PÉCHÉ. CELUI D'ENTRE EUX QUI S'EST CHARGÉ DE LA PLUS GRANDE PART AURA UN ÉNORME CHÂTIMENT. (24:11) [CE VERSET FUT RÉVÉLÉ À L'OCCASION DE LA CALOMNIE FAITE À L'ENCONTRE D'AÏCHA.]
Cela était naturellement un énorme mensonge prononcé contre Ali. Ibn Shihab az-Zuhri déclara ouvertement dans une cour omeyyade que ce verset faisait allusion à Abd Allah ibn Ubayy ibn Salul, le leader des Hypocrites de Médine. Quand le calife se renfrogna, Ibn Shihab az-Zuhri rétorqua: «Ô sans père! Je jure par Dieu que même si un héraut venant des cieux annonçait que Dieu permettait de mentir, je ne mentirais jamais!»
Bien que Ibn Shihab az-Zuhri défendit Ali contre les Omeyyades, il fut accusé par Ya'qubi, un historien chiite, de fabriquer des hadiths pro-Omeyyades. Abou Ja'far al-Iskafi, un autre historien chiite, clama la même chose contre Abou Houraïra. Selon le faux rapport de Ya'qubi, le calife Abd al-Malik aurait fait réparer la Mosquée d'al-Aqsa' à Jérusalem dans le but d'encourager les musulmans à accomplir les tournées rituelles autour d'elle et non pas autour de la Ka'ba. Il demanda à Ibn Shihab az-Zuhri de fabriquer un hadith à cet effet, ce qu'il aurait prétendument fait: «Il ne vaut pas la peine de voyager [pour prier] sauf vers les trois mosquées: Masjid al-Haram, Masjid al-Aqsa' et ma Masjid (mosquée) ici [à Médine].»
Plus tôt dans ce livre, j'ai argumenté en faveur de l'authenticité de ce hadith. En fait, Ya'qubi s'est lui-même ridiculisé à travers un tel récit insensé, car:
Aucun livre d'histoire juif, chrétien ou islamique n'a rapporté que quiconque aurait fait des tournées rituelles autour de Masjid al-Aqsa' comme cela est fait autour de la Ka'ba.
Le Coran l'exalte et par conséquent les musulmans la révèrent; il n'est nul besoin d'un hadith fabriqué pour en assurer la révérence.
Les califes Omar et Abd al-Malik, Nur ad-Din az-Zanki et Salah ad-Din al-Ayyubi l'avaient tous réparée.
Ibn Shihab az-Zuhri n'aurait pas pu avoir rencontré Abd al-Malik pendant son règne et fabriqué un hadith pour lui à une époque où son propre père (avec Abd Allah ibn Zubayr) se battait contre ce même calife.
Ibn Shihab az-Zuhri n'était pas encore un célèbre Traditioniste à cette époque. Il ne commença à compiler les hadiths de façon officielle que durant le califat de Omar ibn Abd al-Aziz.
Abd al-Malik n'était pas du genre à tenter de commettre une tromperie aussi absurde. Avant son califat, il était très pieux, une autorité dans le domaine du Hadith, et connaissait bien les savants de sa génération. Bien qu'il ne réussît pas en tant que calife, gardant sa réputation précédente de piété parmi les savants, il n'aurait pas pu se rabaisser au point de fabriquer un hadith.
Malgré son absurdité, Goldziher utilisa le récit de Ya'qubi pour calomnier Ibn Shihab az-Zuhri, le premier compilateur officiel des Traditions et rapporteur d'un quart d'entre eux. Les chercheurs «modernes» du monde musulman comme Ahmad Amin, Ali Hasan Abd al-Qadir et Abou Rayya, qui sont des portes-paroles des Orientalistes, répètent les mêmes allégations.
La science du Hadith se fonde sur les piliers les plus sûrs et les plus solides, et ses sources originales sont là pour quiconque veut les étudier. Or, Goldziher et ses acolytes se basent sur des ouvrages folkloriques et poétiques comme al-Iqd al-Farid et Al-Aghani (Chansons), et sur des livres traitant des animaux comme Kitab al-Hayawan. Ces livres, et tous ceux qui leur ressemblent, n'ont rien à voir avec le Hadith et n'ont pas d'approche scientifique.
Ibn Shihab az-Zuhri est l'une des plus grandes autorités du Hadith. Les experts en Hadith les plus en vue tels que Ibn al-Madini, Ibn Hibban, Abou Hatim, Hafiz adh-Dhahabi et Ibn Hajar al-Asqalani, s'accordent sur son autorité incontestable. Il reçut des hadiths de nombreux Compagnons, et beaucoup de savants parmi la première et la deuxième génération après les Compagnons ont rapporté des hadiths de lui.
Beaucoup d'autres Tabi'un mériteraient d'être mentionnés: Aswad ibn Yazid an-Nakha'i, Nafi (qui fut le maître de Imam Malik, fondateur de l'école juridique Malékite), et Tawus ibn Qaysan, qui ne dormit pas pendant quarante ans entre les prières de la nuit et de l'aube. Or, les limites de ce livre ne permettant d'aller plus en détail, nous en resterons là.
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LES COMPAGNONS ET LES TABI'UN : Partie 3.1
LES TABI'UN
Dans beaucoup d'endroits du Coran où les Compagnons sont loués, le Coran mentionne aussi les générations bénies qui suivirent leur voie. Par exemple:
LES TOUT PREMIERS [CROYANTS] PARMI LES ÉMIGRÉS ET LES SECOUREURS ET CEUX QUI LES ONT SUIVIS DANS UN BEAU COMPORTEMENT, DIEU LES AGRÉE, ET ILS L'AGRÉENT. IL A PRÉPARÉ POUR EUX DES JARDINS SOUS LESQUELS COULENT LES RUISSEAUX, ET ILS Y DEMEURERONT ÉTERNELLEMENT. VOILÀ L'ÉNORME SUCCÈS! (9:100)
Tout d'abord, ce sont les Tabi'un qui sont loués avec les Compagnons. Comme eux, ils étaient contents de Dieu quoi qu'Il leur envoie, bien ou mal, faveur ou malheur. Conscients de leur servitude à Dieu, ils L'adoraient avec le plus grand respect et la plus profonde vénération.
Comme les Compagnons, ils L'aimaient infiniment et Lui accordaient toute leur confiance. Le Messager les loua en disant: «Bonnes nouvelles à ceux qui m'ont vu et cru en moi, et bonnes nouvelles à ceux qui ont vu ceux qui m'ont vu.»
Les Tabi'un suivirent les pas des Compagnons et leur montrèrent le respect qui se doit. Ils ne ressentaient aucune haine ni rancœur envers un quelconque croyant, et souhaitaient le bien à tout le monde:
ET CEUX QUI SONT VENUS APRÈS EUX EN DISANT: "SEIGNEUR, PARDONNE-NOUS, AINSI QU'À NOS FRÈRES QUI NOUS ONT PRÉCÉDÉS DANS LA FOI; ET NE METS DANS NOS CŒURS AUCUNE RANCŒUR POUR CEUX QUI ONT CRU. SEIGNEUR, TU ES COMPATISSANT ET TRÈS MISÉRICORDIEUX". (59:10)
Comme le décrit le verset 9:100, cette génération bénie suivit les Compagnons en faisant le bien (ihsan). En plus de signifier le respect, la bienveillance et l'altruisme, un hadith dit que l'ihsan veut aussi dire: « L'ihsan, c'est adorer Dieu comme si tu Le voyais; Et si tu ne Le vois pas, certes Lui te voit.»
Cette génération apparut à une époque où les conspirations et l'hypocrisie provoquèrent de grandes divisions internes. À ce moment critique, ils protégèrent, défendirent et pratiquèrent l'islam avec beaucoup de conscience et de dévotion. Ils devinrent les référents de: Seigneur, c'est en Toi que nous mettons notre confiance et à Toi nous revenons [repentants]. Et vers Toi est le Devenir. (60:4)
Certains parmi eux faisaient jusqu'à 100 rak'a de prière nocturne, récitaient le Coran entier tous les deux ou trois jours, accomplissaient toujours leurs prières obligatoires en commun à la mosquée, dormaient toujours (comme Masruq) prosternés face à la Ka'ba, et n'avaient jamais ri de toutes leurs vies.
Uways al-Qarani est souvent considéré comme le plus grand Tabi'un. Bien qu'il fût assez vieux pour pouvoir avoir vu le Prophète, il n'en eut pas l'occasion. Un jour alors qu'il était assis avec ses Compagnons, le Messager leur conseilla: «Si vous voyez Uways al-Qarani, demandez-lui de prier pour vous.» Pendant son califat, Omar s'enquit de Uways auprès des pèlerins yéménites. Quand il le trouva un jour parmi les pèlerins, Omar lui demanda de prier pour lui. Mal à l'aise du fait d'être ainsi reconnu et identifié, l'on ne revit plus Uways parmi les gens jusqu'à ce qu'il tombât martyr à la Bataille de Siffin dans l'armée de Ali.
Il y avait beaucoup d'illustres Tabi'un, parmi lesquels Masruq ibn al-Ajda, Ata ibn Abi Rabah, Hasan al-Basri, Muhammad ibn Sirin, Ali Zayn al-Abidin, Qasim ibn Muhammad et Muhammad ibn Munkadir, qui étaient incomparables en savoir, piété et droiture.
Muhammad ibn Munkadir était surnommé le Bakkâ' (celui qui pleure beaucoup) en raison de sa crainte de Dieu. Un jour sa mère lui dit: «Ô mon fils, si je ne t'avais pas connu depuis ton enfance, je croirais que tu pleures pour quelque péché. Pourquoi donc pleures-tu autant?» Il répondit que c'était parce qu'il était profondément conscient de la Majesté de Dieu, de la terreur du Jour du Jugement, et de l'Enfer. Quand on lui demanda sur son lit de mort pourquoi il pleurait autant, il s'expliqua: «J'ai peur que ce verset ne se réfère aussi à moi: Leur apparaîtra, de la part de Dieu, ce qu'ils n'avaient jamais imaginé.» (39:47)
Masruq ibn al-Ajda adorait Dieu avec la sincérité la plus profonde. Il dormait souvent en prosternation devant la Ka'ba. Quand on lui suggéra de se coucher pendant sa dernière maladie, il répondit: «Par Dieu, si quelqu'un apparaissait et me disait que Dieu ne me châtirait pas, même après cela je continuerais à prier avec le même sérieux qu'avant.» Il agissait ainsi car il suivait l'exemple du Prophète qui, quand Aïcha lui avait demandé pourquoi il se fatiguait à prier autant, il avait donné cette réponse: «Ne devrais-je pas être un serviteur reconnaissant?»
Sa'id ibn Jubayr était un élève de Ibn Abbas. Il passait ses journées à prêcher l'islam et ses nuits à prier. Il se battit contre Hajjaj aux côtés de Abd ar-Rahman al-Kindi. Quand il fut finalement capturé, les soldats qui l'emmenaient à Hajjaj passèrent une nuit dans un monastère au milieu d'une grande forêt. Sa'id voulut prier dans la forêt. Les soldats le laissèrent faire, pensant que les bêtes sauvages le mettraient en pièces. Les soldats le regardèrent prier d'une fenêtre du monastère et virent les animaux sauvages se rassembler autour de lui pour l'observer.
Quand ses ravisseurs avaient employé la torture pour le forcer à jurer allégeance à Hajjaj, il refusa sans hésiter: «Vous avez torts, et vous faites du tort aux descendants du Prophète. Je ne vous prêterai jamais serment d'allégeance.» Avant son exécution, il récita le verset que les musulmans récitent lors du sacrifice d'un animal: Je tourne mon visage exclusivement vers Celui qui a créé (à partir du néant) les cieux et la terre; et je ne suis point de ceux qui Lui donnent des associés. (6:79) Quand ils tournèrent son visage loin de la direction de la prière, il récita: À Dieu seul appartiennent l'Est et l'Ouest. Où que vous vous tourniez, la Face (direction) de Dieu est donc là. (2:115) D'un coup, ils le décapitèrent et des lèvres de cette tête tombée s'élevèrent ces paroles: «Il n'y a d'autre dieu que Dieu, et Mohammed est le Messager de Dieu.»
Tels étaient les personnes qui reçurent les Traditions des Compagnons et les transmirent aux générations suivantes. Les suivants méritent d'être mentionnés plus longuement afin de mieux connaître cette génération bénie:
Sa'id Ibn al-Musayyib, le Tabi'un le plus avancé dans les sciences du Hadith, la jurisprudence et l'exégèse coranique, est né en 15 AH. Il rencontra la plupart des Compagnons, dont Omar, Othman et Ali. Sa'id était réputé pour sa réflexion et sa grande mémoire, ainsi que pour sa piété, sa droiture et sa profonde dévotion. Ces caractéristiques poussaient tout le monde à le considérer, même de son vivant, comme le plus grand Traditioniste de son temps.
Très tôt, vers ses vingt ans, Sa'id commença à donner des avis juridiques et à prononcer des verdicts légaux, tout comme Hasan al-Basri avait fait à Basra. Les Compagnons l'admiraient beaucoup. Abd Allah ibn Omar remarqua un jour: «Si le Messager avait vu ce jeune homme, il aurait été très content de lui.»
Il ne manquait jamais d'accomplir toutes les prières prescrites en commun à la mosquée. Il disait: «J'ai toujours prononcé le takbir d'ouverture des prières quotidiennes juste après l'imam pendant cinquante ans.» Il ne négligeait aucun élément de la Sounna. Un jour, comme il était malade, les docteurs lui conseillèrent de rester dans la vallée de Aqiq pendant un mois, à quoi il rétorqua: «Mais alors comment pourrais-je me rendre à la mosquée pour les prières de la nuit et de l'aube?» Il ne souhaitait pas accomplir les prières prescrites ailleurs qu'à la Mosquée du Prophète.
Il ne jura pas allégeance au calife Walid. Bien que Hisham, le gouverneur de Médine, le faisait battre tous les jours jusqu'à ce que le bâton utilisé à cet effet se casse, il ne céda jamais. Quand ses amis, dont Masruq et Tawus, lui conseillaient d'accorder un consentement oral au califat de Walid afin de faire cesser la torture, il répondait toujours: «Les gens nous regardent et font tout ce que nous faisons. Si nous consentons, qu'adviendra-t-il d'eux?»
Sa'id s'était marié avec la fille de Abou Houraïra afin d'être plus proche de lui et d'améliorer sa connaissance et sa compréhension des hadiths de Abou Houraïra. Quand le calife Abd al-Malik, gouverneur d'un énorme territoire, demanda la main de la fille de Sa'id pour son fils Hisham qui allait lui aussi devenur calife, celui-ci refusa et, face à la pression et aux menaces grandissantes, il offrit sa fille à Ibn Abi Wada', qui vivait dans la madrasa.
Imam Shafi'i estimait que tous les hadiths de Sa'id étaient tout à fait authentiques, même si le Compagnon de qui il les avait reçus n'était pas mentionné. Cela signifie que pour Imam Shafi'i, Sa'id était au même rang que les Compagnons au niveau de la connaissance et de la narration des Traditions Prophétiques. Parmi ceux qui reçurent des hadiths de lui, Ata ibn Abi Rabah, Qatada, Muhammad al-Baqir (l'arrière-petit-fils d'Ali), Zuhri et Yahya ibn Sa'id al-Ansari méritent une attention particulière.
Alqama ibn Qays an-Nakha'i. À l'époque des Tabi'un, Basra fut honoré par, en particulier, la présence de Hasan al-Basri; le Yémen par Tawus ibn Qaysan; Médine par Sa'id ibn al-Musayyib; et Kufa par Alqama ibn Qays an-Nakha'i. Kufa fut d'abord éclairé par Abd Allah ibn Mas'ud pendant le califat de Omar, puis directement par Ali, quand il déplaça le califat là-bas. Ceci offrit une excellente opportunité à Alqama de recontrer de nombreux Compagnons et d'apprendre de première main la vie et les Traditions du Prophète.
Alqama est le fondateur de l'école de sciences religieuses islamiques de Kufa. Ceux qui le voyaient se souvenaient de Abd Allah ibn Mas'ud, car il suivait les pas de ce dernier dans la prière, le comportement et la pratique de l'islam. Amr ibn Shurahbil, parmi les grands savants qui rapportèrent des hadiths de Alqama, suggérait souvent à ceux qui l'entouraient: «Allons vers celui qui ressemble le plus à Ibn Mas'ud dans son comportement et ses attitudes.» Ibn Mas'ud ressemblait beaucoup au Messager et ainsi le représentait. De même que le Messager désirait écouter Ibn Mas'ud réciter le Coran, ainsi Ibn Mas'ud aimait écouter Alqama réciter le Coran.
Imam Abou Hanifa, généralement accepté comme le plus grand juriste musulman et comme un homme très pieux et très austère, admirait tellement Alqama qu'il disait: «Alqama est probablement plus profond en [connaissance du] Hadith et de la jurisprudence que certains Compagnons.»
Un jour, quelqu'un vint à Alqama et l'insulta beaucoup. Cet illustre savant ne montra aucun signe d'indignation et, une fois que l'homme avait terminé, récita le verset: Et ceux qui offensent les croyants et les croyantes sans qu'ils l'aient mérité, se chargent d'une calomnie et d'un péché évident. (33:58) L'homme répliqua: «Es-tu un croyant?» Alqama répondit humblement: «Je l'espère.»
Alqama lutta contre la fausseté qui avait cours à son époque, et n'obéissait pas aux dirigeants égarés omeyyades. Comme il avait lui-même reçu des hadiths de centaines de Compagnons, de nombreuses personnalités de sa propre génération et des générations suivantes rapportèrent des hadiths de lui. Alqama forma les savants les plus illustres de l'école de Kufa, comme Aswad ibn Yazid an-Nakha'i, Ibrahim an-Nakha'i et Hammad ibn Abi Sulayman, et enveloppa ainsi Kufa d'une atmosphère propice pour la formation de Sufyan ath-Thawri, Abou Hanifa et de beaucoup d'autres.
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LES COMPAGNONS ET LES TABI'UN : Partie 2.4
Abd Allah Ibn Omar était le seul des neuf fils de Omar à être appelé ibn Omar (le fils de Omar). Cela montre qu'il méritait le plus d'être appelé «le fils de Omar» (Ibn Omar) ou d'être mentionné avec le nom Omar. Bien que Omar fût le deuxième plus grand Compagnon, Abd Allah peut être considéré supérieur à son père eu égard à son savoir, sa piété, son adoration et sa dévotion à la Sounna. Il s'attachait tellement à suivre l'exemple du Prophète que Nafi, le maître de Imam Malik, rapporta: «Tandis que nous descendions du mont Arafat, Ibn Omar entra dans un fossé. Quand il en ressortit, je lui demandai ce qu'il y avait fait. L'Imam me répondit: 'Lors de la descente de Arafat, j'étais derrière le Messager. Il descendit dans ce fossé et s'y attarda un peu. Je ne ressentais pas un tel besoin, mais je n'aime pas m'opposer à lui.'» De même, personne ne le vit jamais boire en plus ou moins de trois gorgées, car il avait vu le Messager boire de l'eau en trois gorgées.
Ibn Omar naquit durant les premières années de l'islam. Il vit plusieurs fois son père se faire battre par des polythéistes mecquois. Quand les musulmans émigrèrent à Médine, il avait à peu près 10 ans. Le Messager ne l'autorisa pas à se battre à Badr parce qu'il était trop jeune. Quand on l'empêcha aussi de se battre à Ouhoud, il rentra chez lui si affligé qu'il passa toute la nuit à se demander: «Quel péché ai-je commis pour ne pas être accepté dans les rangs de l'armée qui se bat sur le chemin de Dieu?»
Ibn Khalliqan rapporte de Sha'bi:
UNE FOIS, DURANT LEUR JEUNESSE, ABD ALLAH IBN ZUBAYR, SON FRÈRE MUS'AB IBN ZUBAYR, ABD AL-MALIK IBN MARWAN ET ABD ALLAH IBN OMAR ÉTAIENT ASSIS PRÈS DE LA KA'BA. ILS PENSAIENT QUE CHACUN DEVRAIT DEMANDER QUELQUE CHOSE À DIEU DANS L'ESPOIR QUE LEUR PRIÈRE FÛT ACCEPTÉE. ABD ALLAH IBN ZUBAYR PRIA: «Ô DIEU, PAR ÉGARD POUR TA GRANDEUR, TON HONNEUR, ET TA MAJESTÉ, FAIS DE MOI UN DIRIGEANT DANS LE HIDJAZ.» MUS'AB LEVA LES BRAS ET PRIA: «Ô DIEU, PAR ÉGARD POUR TA GRANDEUR, TON HONNEUR, ET TA MAJESTÉ, DE TON TRÔNE ET DE TON SIÈGE, FAIS DE MOI UN DIRIGEANT D'IRAK.» ABD AL-MALIK LEVA LES MAINS ET PRIA: «Ô DIEU, JE TE DEMANDE DE FAIRE DE MOI UN DIRIGEANT POUR TOUS LES MUSULMANS ET ASSURE, PAR MOI, L'UNITÉ DES MUSULMANS MÊME AU RISQUE DE QUELQUES VIES.» QUAND ABD ALLAH IBN OMAR PRIA, IL DEMANDA: «Ô DIEU, NE PRENDS PAS MON ÂME AVANT DE M'AVOIR GARANTI LE PARADIS.»
Les prières des trois premiers furent exaucées: Abd Allah ibn Zubayr régna pour un temps sur le Hidjaz et finit par être martyrisé par le tyran Hajjaj, célèbre gouverneur Omeyyade. Mus'ab régna pendant peu de temps sur l'Irak. Abd al-Malik succéda à son père Marwan comme calife et assura l'unité musulmane, mais au prix de nombreuses vies et de beaucoup d'effusion de sang.
Quant à Ibn Omar, Imam Sha'bi remarque: «Seul l'au-delà montrera si la prière de l'Imam fut exaucée ou pas.» Sha'bi savait quelque chose: «Ibn Omar ne s'opposa jamais aux descendants du Prophète ni ne soutint les Omeyyades. Hajjaj avait peur de lui. Un jour, Hajjaj donna un sermon avant la prière du midi qui était si long que le temps de la prière du midi était presque passé. Ibn Omar l'avertit: «Ô Gouverneur, le temps passe sans attendre que tu ne termines ton sermon.» Hajjaj était plein de rancœur et d'hostilité envers Ibn Omar. Finalement, pendant un pèlerinage, il trouva quelqu'un pour piquer le talon de Ibn Omar avec une lance empoisonnée alors qu'il était en tenue de pèlerin. Le poison avait fini par le tuer.»
Abd Allah ibn Mas'ud, l'un des cinq ou six premiers à embrasser l'islam, transmit aussi un très grand nombre de hadiths. Jeune, il faisait paître les troupeaux des leaders qoraïchites comme Abou Jahl et Uqba ibn Abi Mu'ayt. Après sa conversion, il ne se sépara plus jamais du Messager. Il entrait dans la maison du Prophète sans y être invité et de façon si régulière que les gens pensaient qu'il était un membre de la famille. Pendant les expéditions militaires et non-militaires, il portait la gourde d'eau du Prophète, ses sandales en bois, ainsi que la natte sur laquelle il dormait ou s'asseyait. Finalement, on se mit à parler de lui comme du «gardien des (sortes de) sandales, du lit et de la gourde (destinée aux ablutions).»
Ibn Mas'ud accomplit quelques miracles. Par exemple, alors qu'on le torturait à La Mecque, il devint invisible à ceux qui le torturaient. Le Messager l'appelait «le fils de la mère d'un esclave» et conseillait à ses Compagnons: «Quiconque veut réciter le Coran comme s'il lui était en train d'être révélé pour la première fois, qu'il le récite selon la récitation du fils de la mère d'un esclave.»
Un jour, le Messager lui demanda de lui réciter un peu de Coran. Ibn Mas'ud s'excusa: «Ô Messager de Dieu, devrais-je te le réciter alors que c'est à toi que le Coran est révélé?» Cependant, le Messager insista: «Je préfèrerais l'entendre des autres.» Ibn Mas'ud se mit à réciter la sourate al-Nisa'. Quand il arriva au verset 41: Comment seront-ils quand Nous ferons venir de chaque communauté un témoin et que Nous te (Mohammed) ferons venir comme témoin contre ces gens-ci?, le Messager, dont les yeux étaient remplis de larmes, l'arrêta en disant: «Arrête, s'il te plaît. Cela suffit.»
Ibn Mas'ud, qui était petit et faible, grimpa un jour sur un arbre parce que le Messager le lui avait demandé. Ceux qui étaient présents se moquèrent de ses jambes. Le Messager les avertit ainsi: «Ces jambes pèseront plus lourd que le Mont Ouhoud selon la mesure de l'au-delà dans l'autre monde.»
Le calife Omar l'envoya à Kufa comme enseignant avec une lettre qui disait: «Ô gens de Kufa! Si je ne vous préférais pas à moi-même, je ne vous aurais pas envoyé Ibn Mas'ud.» Ibn Mas'ud vécut à Kufa pendant le califat de Omar et forma beaucoup de savants. De grands érudits Tabi'un comme Alqama ibn Qays, Aswad ibn Yazid an-Nakha'i et Ibrahim ibn Yazid al- an-Nakha'i grandirent dans l'atmosphère unique créée par Ibn Mas'ud. L'une des personnes assistant aux cours de Alqama lui demanda qui avait été son maître. Quand Alqama répondit qu'il avait appris auprès de Omar, Othman, Ali et Ibn Mas'ud, l'homme s'exclama: «Bien! Très Bien!»
Ibn Mas'ud continua à vivre à Kufa pendant le califat de Omar. Cependant, après que Othman le convoqua à Médine à cause d'une plainte sans fondement qui lui était adressée, Ibn Mas'ud ne voulut pas retourner à Kufa, car il était devenu très âgé. Un jour, un homme courut vers lui et dit: «La nuit dernière j'ai rêvé que le Messager te disait: 'Ils t'ont beaucoup affligé après moi, alors viens à moi.' Tu as répondu: 'Oui, ô Messager de Dieu. Je ne quitterai plus Médine.'» Quelques jours plus tard, Ibn Mas'ud tomba malade. Othman le visita, et ils eurent la conversation suivante:
- As-tu un quelconque sujet de plainte? - J'ai beaucoup à me plaindre. - De quoi? - De mes péchés tandis que je vais à Dieu. - Y a-t-il quelque chose que tu désires? - La miséricorde de Dieu. - Veux-tu que je fasse venir un docteur? - De toute façon, c'est le «docteur» qui m'a rendu malade. Le docteur que tu feras venir ne pourra donc rien pour moi.
Ibn Mas'ud passa environ vingt années en compagnie du Messager. Il rapporta près de 800 Traditions.
En plus de ces quatre Compagnons, Aïcha, Abou Sa'id al-Khudri, Jabir ibn Abd Allah et Anas ibn Malik sont d'autres Compagnons qui ont aussi rapporté de nombreux hadiths.
Aïcha vécut avec le Messager pendant neuf ans. Elle avait beaucoup de talents, une grande intelligence et une excellente mémoire, ainsi qu'une profonde perspicacité. Elle avait soif d'apprendre toujours de nouvelles choses, et demandait au Messager de lui expliquer les sujets qu'elle avait du mal à comprendre.
Abou Sa'id al-Khudri vivait dans l'antichambre de la mosquée et était toujours aux côtés du Messager. Il eut une longue vie, et le temps vint où il fut considéré comme la personne la plus savante de Médine.
Jabir Ibn Abd Allah est le fils de Abd Allah ibn Amr ibn Haram al-Ansari, qui mourut martyr à Ouhoud. Après la mort du Messager, il vécut à Médine (où il donnait des leçons à la Mosquée du Prophète), en Egypte et à Damas. De grands savants Tabi'un comme Amr ibn Dinar, Mujahid et Ata ibn Abi Rabah assistèrent à ses leçons. Les gens se rassemblaient autour de lui à Damas et en Egypte pour en savoir plus sur le Messager et ses traditions.
Anas Ibn Malik servit le Messager pendant dix ans à Médine. Après la mort du Messager, il eut une très longue vie, durant laquelle il a dû enseigner les Traditions Prophétiques à son entourage.
Toutes les Traditions enregistrées dans Kanz al-Ummal, y compris des hadiths authentiques aussi bien que d'autres dont la chaîne de transmission est douteuse, sont au nombre de 46 624. Parmi les Traditionistes des premiers temps islamiques, beaucoup de gens mémorisèrent plus de 100 000 hadiths, y compris les hadiths fabriqués. Etant donné cela, les sceptiques et les détracteurs de la Sounna n'ont pas à prétendre que le nombre de hadiths rapporté par certains Compagnons serait trop pour qu'ils aient pu effectivement les mémoriser et les rapporter.
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LES COMPAGNONS ET LES TABI'UN : Partie 2.3
Les Compagnons qui excellaient à rapporter des hadiths
Dieu Tout-Puissant créa les êtres humains avec des dispositions et des potentiels différents de sorte que l'équilibre dans la vie sociale des hommes soit maintenu à travers l'entraide et la division du travail. Ainsi, certains Compagnons étaient de bons agriculteurs, d'autres des hommes d'affaires ou des commerçants talentueux, des étudiants, des commandants militaires, ou encore des administrateurs. Certains, surtout les Ashab as-Suffa (ceux qui restaient dans l'antichambre de la Mosquée du Prophète) ne manquaient jamais un enseignement du Prophète et essayaient de mémoriser chacune de ses paroles.
Ces Compagnons allaient plus tard raconter aux gens ce qu'ils avaient entendu ou vu du Messager. Heureusement, ils vécurent plus longtemps que les autres par la Volonté de Dieu, et, avec Aïcha, constituèrent la première chaîne en or à travers laquelle la Sounna fut transmise. Ce qui suit est une brève description de leurs qualités exceptionnelles et de leurs vies:
Abou Houraïra était issu de la tribu yéménite de Daws. Il devint musulman dès les tout débuts, en l'an 7 AH (Après l'Hégire), par le biais de Tufayl ibn Amr, le chef de la tribu. Quand il émigra à Médine, le Messager était occupé par la campagne de Khaybar. Il le rejoignit alors à Khaybar. Le Messager changea son nom Abd ash-Shams en Abd ar-Rahman, disant: «Un homme ne peut pas être l'esclave du soleil ou de la lune.»
Abou Houraïra était très pauvre et modeste. Un jour, le Messager l'aperçut en train de caresser un chat et le surnomma Abou Hirr (le père ou le maître d'un chat). Bientôt les gens se mirent à l'appeler Abou Houraïra. Toutefois, il aimait à être appelé Abou Hirr, car ce titre lui avait été donné par le Messager lui-même.
Il vivait avec sa mère non musulmane. Priant toujours pour sa conversion, un jour il demanda au Messager de prier aussi pour cela. C'est ce qu'il fit, et à peine avait-il rebaissé les bras que Abou Houraïra courut chez lui, certain que la prière du Messager avait été acceptée. Quand il arriva, sa mère l'arrêta à la porte afin de pouvoir terminer son ghousl (ablution rituelle complète). Puis elle ouvrit la porte et déclara sa conversion. Après cela, Abou Houraïra demanda au Messager de prier pour que les croyants les aiment, lui et sa mère. Ainsi pria le Messager. Par suite, l'amour pour Abou Houraïra est devenu une marque de croyance.
Ce Compagnon avait une mémoire extraordinaire. Il dormait pendant le premier tiers de la nuit, priait et récitait les invocations et supplications surérogatoires pendant le deuxième tiers, et révisait les hadiths qu'il avait appris par cœur pour ne pas les oublier, pendant le troisième tiers. Il mémorisa plus de 5000 hadiths. Il ne manquait jamais un discours du Messager, cherchait à apprendre ses Traditions et était un amoureux du savoir.
Un jour il pria: «Ô Dieu, accorde-moi un savoir que je n'oublierai jamais.» Le Messager l'entendit et dit: «Ô Dieu, amen.» Un autre jour, il dit au Messager: «Ô Messager de Dieu, je ne veux pas oublier ce que j'entends de toi.» Le Messager lui demanda de retirer sa grande cape et de l'étaler par terre. Puis le Messager pria et il vida le contenu de ses mains - qui semblaient remplies de choses venant du monde de l'Invisible - sur la cape. Il ordonna à Abou Houraïra de plier la cape et de la tenir contre sa poitrine. Après le récit de cet événement, Abou Houraïra avait l'habitude de dire: «Je l'ai pliée et tenue contre ma poitrine. Je jure par Dieu que [depuis lors] je n'ai jamais rien oublié de ce que j'avais entendu du Messager.»
Abou Houraïra n'attachait aucune importance au monde. La pauvreté le poussait souvent à jeûner trois ou quatre jours d'affilée. Il lui arrivait parfois de gémir de faim par terre et de dire aux passants: Istaqra'uka, qui a un double sens: «N'y a-t-il personne pour me réciter quelque Coran?» et «N'y a-t-il personne pour me donner à manger?» Ja'far Tayyar le comprenait mieux que quiconque et en faisait son hôte.
Abou Houraïra endurait patiemment une telle privation pour l'amour du Hadith. À ceux qui l'avertissaient parfois sur le fait qu'il rapportait trop de hadiths, il répondait sincèrement: «Pendant que mes frères Émigrés étaient occupés au marché et mes frères Secoureurs à l'agriculture, je m'adonnais corps et âme à la compagnie du Messager.» Parfois il disait: «N'eût été pour le verset: Certes, ceux qui cachent ce que Nous avons fait descendre en fait de preuves et de guide après l'exposé que Nous en avons fait aux gens, dans le Livre, voilà ceux que Dieu maudit et que les maudisseurs maudissent (2:159), je ne rapporterais rien.»
Certains prétendent que d'autres Compagnons étaient opposés à Abou Houraïra. Cela est sans fondement. Beaucoup de Compagnons, comme Abou Ayyub al-Ansari, Abd Allah ibn Omar, Abd Allah ibn Abbas, Jabir ibn Abd Allah al-Ansari, Anas ibn Malik et Wasila ibn Aslam, rapportaient des hadiths de lui. Certains demandaient à Abou Ayyub pourquoi il rapportait de Abou Houraïra, alors qu'il s'était converti bien avant lui, à quoi il répliquait: «Il a entendu du Messager beaucoup de choses que nous n'avons pas entendues.»
De nombreux Tabi'un reçurent aussi beaucoup de hadiths de lui, y compris Hasan al-Basri, Zayd ibn Aslam, Sa'id ibn al-Musayyib (qui épousa la fille de Abou Houraïra afin de pouvoir mieux profiter de lui), Sa'id ibn Yasar, Sa'id al-Makburi, Sulayman ibn Yassar, Sha'bi (qui reçut des hadiths de cinq cents Compagnons), Muhammad ibn Abi Bakr, et Qasim ibn Muhammad (qui est reconnu comme un maillon de la chaîne des guides spirituels Nakshbandi). Hammam ibn Munabbih et Muhammad ibn Munkadir sont les plus célèbres des 800 personnes qui reçurent des hadiths de lui.
Omar désigna Abou Houraïra comme gouverneur du Bahrein. Cependant, quand il commença à accumuler quelque semblant de richesse grâce au commerce pendant la période où il était en fonction, Omar fit une enquête à son sujet. Bien qu'il fût trouvé innocent et qu'on lui demandât de reprendre ses fonctions, Abou Houraïra déclina l'offre: «J'ai été sufisamment gouverneur comme cela.»
Abou Houraïra, malgré ce que prétendent les Orientalistes comme Goldziher et leurs partisans musulmans comme Ahmad Amin, Abou Rayya, and Ali Abd al-Razzaq, n'a jamais été un anti-Ali ni un pro-Omeyyade. Il aurait dû soutenir Ali lors des conflits internes afin que la sédition fût écrasée, mais décida de rester neutre car le Messager avait dit: «Des séditions apparaîtront, durant lesquelles celui qui sera assis [silencieux] sera meilleur que celui qui sera debout [pour participer]; celui qui sera debout sera meilleur que celui qui marchera [pour participer], et celui qui marchera sera meilleur que celui qui courra.» Ce hadith n'était peut-être pas lié aux conflits internes qui survinrent durant le califat de Ali, mais Abou Houraïra pensait que oui et resta donc neutre.
Abou Houraïra s'opposa au gouvernement Omeyyade. Une fois, il se tint debout devant Marwan ibn Hakam et rapporta ce hadith: «Ma communauté périra entre les mains de quelques jeunes inexpérimentés de Qoraïche.» Marwan répondit à cela: «Que Dieu les maudisse!», feignant de ne pas comprendre de qui il s'agissait. Abou Houraïra ajouta: «Si tu veux, je peux t'informer de leurs noms et de leurs caractéristiques.»
On l'entendait souvent prier: «Ô Dieu, ne me fais pas vivre jusqu'à la soixantième année.» Cette supplication était devenue si célèbre que tous ceux qui voyaient Abou Houraïra la répétait. Il avait entendu du Messager que quelques jeunes hommes, sans expériences et qui plus est pécheurs, allaient régner sur les musulmans en l'an 60 AH. Il mourut en 59 AH, et Yazid succéda à son père Mu'awiya un an plus tard.
Il n'y a aucune preuve de la prétendue opposition de Aïcha à la transmission des hadiths par Abou Houraïra. Tous les deux vécurent très longtemps et, exception faite de l'incident suivant, elle ne critiqua jamais ses narrations de hadiths. Un jour, alors qu'il rapportait des hadiths non loin de la pièce dans laquelle elle priait, elle termina sa prière et sortit, s'apercevant qu'il était parti. Elle remarqua: «Les Traditions Prophétiques ne devraient pas être rapportées de cette manière, l'une après l'autre sans arrêt», signifiant qu'elles devraient être communiquées lentement et distinctement afin que les auditeurs puissent bien les comprendre et les mémoriser.
D'aucuns prétendent que Imam Abou Hanifa aurait dit: «Je ne prends pas les opinions de trois Compagnons comme preuve en jurisprudence. Abou Houraïra est l'un dentre eux.» Cela n'est que mensonge. Allama Ibn Humam, l'un des plus grands juristes Hanéfites, considérait Abou Houraïra comme un juriste important. D'ailleurs, il n'y a rien qui prouve que Abou Hanifa ait pu dire une telle chose.
Abou Houraïra rapporta plus de 5000 Traditions. Rassemblées, elles forment peut-être un volume 1,5 fois plus épais que le Coran. Beaucoup ont appris le Coran par cœur en six mois ou moins. Abou Houraïra avait une excellente mémoire et passa quatre années en compagnie du Messager, qui pria pour le renforcement de la mémoire de Abou Houraïra. Il reviendrait à accuser Abou Houraïra d'un manque d'intelligence que de prétendre qu'il n'aurait pas pu mémoriser autant de hadiths. De plus, toutes les Traditions qu'il rapportait ne venaient pas directement du Messager. De même que de grands Compagnons comme Abou Bakr, Omar, Ubayy ibn Ka'b, Aïsha et Abou Ayyub al-Ansari rapportait de lui, lui aussi recevait des hadiths d'eux.
Tandis que Abou Houraïra transmettait des hadiths en présence de Marwan ibn Hakam en différentes occasions, ce dernier les faisait écrire secrètement à son scribe. Quelques temps plus tard, il demanda à Abou Houraïra de répéter lesdits hadiths. Abou Houraïra commença par prononcer BismillâhirRahmanirRahîm (Au Nom de Dieu les Très Miséricordieux, le Tout-Miséricordieux), et rapporta les hadiths en employant exactement les mêmes mots que la fois précédente. Il n'y a donc aucune raison de le critiquer pour avoir transmis autant de Traditions Prophétiques.
Abd Allah Ibn Abbas est né quatre ou cinq ans avant l'hégire. Il avait une intelligence et une mémoire étonnantes, et était un homme inspiré. Le Messager pria pour lui: «Ô Dieu, rends-le perceptif et versé dans la religion, et enseigne-lui les vérités cachées du Coran.» De son vivant, il devint connu comme «le Grand Savant de la Oumma», «la Mer» (celui doté d'un savoir très profond), ou encore «le Traducteur (qui clarifie) le Coran».
Il était très beau, grand et très éloquent. Sa mémoire était si exceptionnelle qu'il mémorisa un poème de 160 vers de Amr ibn Rabi'a dès la première lecture. En plus de sa profonde connaissance de l'interprétation coranique, de la Tradition et de la jurisprudence, il était aussi versé dans la littérature, et surtout dans la poésie pré-islamique. Dans son Tafsir, Ibn Jarir at-Tabari rapporte soit un vers soit un distique de lui en relation à l'interprétation de presque chaque verset du Coran.
Il était très aimé des Compagnons. Malgré son jeune âge, Omar le désigna dans son Conseil Consultatif qui était composé de Compagnons âgés. Quand on lui demanda pourquoi il avait fait cela, Omar décida de tester leur niveau de compréhension du Coran. Il leur demanda d'expliquer:
LORSQUE VIENT LE SECOURS DE DIEU AINSI QUE LA VICTOIRE, ET QUE TU VOIS LES GENS ENTRER EN FOULE DANS LA RELIGION DE DIEU, ALORS, PAR LA LOUANGE, CÉLÈBRE LA GLOIRE DE TON SEIGNEUR ET IMPLORE SON PARDON. CAR C'EST LUI LE GRAND ACCUEILLANT AU REPENTIR. (110:1-3)
Les anciens répondirent: «Ce verset ordonne au Prophète de louer Dieu et de chercher Son pardon quand il voit les gens entrer en foule en islam suite à l'aide de Dieu et à la victoire conséquente.» Omar n'étant pas satisfait par cette réponse, il posa la même question à Ibn Abbas, qui répondit ainsi: «Cette sourate implique l'approche de la mort du Prophète, car quand les gens entrent en foule en islam, cela signifie que la mission de Messager est terminée.» Omar se tourna vers le Conseil et s'expliqua: «Voilà pourquoi je l'inclus parmi vous.»
Ibn Abbas était réputé pour sa profonde pénétration, son érudition, son excellente mémoire, sa grande intelligence, sa clairvoyance et sa modestie. Quand il entrait dans un lieu de reassemblement, les gens se levaient par respect pour lui. Cela le mettait si mal à l'aise qu'il leur disait: «S'il vous plaît, par égard pour l'aide et le refuge (que vous avez donnés au Prophète et aux Émigrés), ne vous levez pas pour moi!» Bien qu'il fût l'un des musulmans les plus érudits, il montrait un grand respect envers les savants. Par exemple, il aida Zayd ibn Thabit à monter sur son cheval en tenant prêt l'étrier et expliqua: «On nous a ordonné d'agir ainsi envers les savants.» En retour, Zayd baisa sa main sans son consentement et remarqua: «On nous a ordonné d'agir ainsi envers les proches du Messager.»
En effet, Ibn Abbas n'aimait pas voir les gens se lever par respect pour lui. Toutefois, lors de son enterrement, quelque chose arriva comme si les morts se levaient par respect pour lui et les esprits l'accueillaient. Une voix d'outre-tombe s'éleva: Ô toi, âme apaisée, retourne vers ton Seigneur, satisfaite et agréée; entre donc parmi Mes serviteurs, et entre dans Mon Paradis. (89:27-30)
Ibn Abbas forma beaucoup de savants dans toutes les branches des sciences religieuses. Il est le fondateur de l'école de jurisprudence mecquoise. De grands savants Tabi'un comme Sa'id ibn Jubayr, Mujahid ibn Jabr et Ikrima reconnurent: «Ibn Abbas nous enseigna tout ce que nous savons.» Il transmit environ 1600 hadiths.
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LES COMPAGNONS ET LES TABI'UN : Partie 2.2
Abou Houraïra ne manquait jamais un discours du Messager. Il était toujours avec lui et restait dans l'antichambre de la mosquée du Prophète. Il souffrait presque toujours de la faim. Un jour, il alla auprès du Messager lui dire qu'il n'avait rien mangé depuis plusieurs jours. Abou Talha en fit son hôte, mais malheureusement il y avait très peu à manger chez lui. Alors il demanda à sa femme Umm Sulaym:
«COUCHE LES ENFANTS DE BONNE HEURE CE SOIR, ET METS À TABLE TOUT CE QUE NOUS AVONS À MANGER. QUAND NOUS NOUS SERONS MIS À TABLE, SOUFFLE SUR LA BOUGIE COMME POUR RAVIVER SA FLAMME (QUI S'ÉTEINDRA ALORS COMME PAR MÉGARDE). PERSONNE NE PEUT VOIR DANS LE NOIR SI QUELQU'UN MANGE OU NON. JE FERAIS COMME SI JE MANGEAIS, AINSI NOTRE INVITÉ POURRA SE RASSASIER À SON AISE.» APRÈS LA PRIÈRE DE L'AUBE, LE MESSAGER SE TOURNA VERS EUX, SOURIT, ET DIT: «QU'AVEZ-VOUS FAIT LA NUIT DERNIÈRE POUR QUE CE VERSET SOIT RÉVÉLÉ?»
IL [APPARTIENT ÉGALEMENT] À CEUX QUI, AVANT EUX, SE SONT INSTALLÉS DANS LE PAYS ET DANS LA FOI, QUI AIMENT CEUX QUI ÉMIGRENT VERS EUX, ET NE RESSENTENT DANS LEURS CŒURS AUCUNE ENVIE POUR CE QUE [CES IMMIGRÉS] ONT REÇU, ET QUI [LES] PRÉFÈRENT À EUX-MÊMES, MÊME S'IL Y A PÉNURIE CHEZ EUX. QUICONQUE SE PRÉMUNIT CONTRE SA PROPRE AVARICE, CEUX-LÀ SONT CEUX QUI RÉUSSISSENT. (59:9)
Nous lisons aussi concernant les Compagnons:
DIEU A TRÈS CERTAINEMENT AGRÉÉ LES CROYANTS QUAND ILS T'ONT PRÊTÉ LE SERMENT D'ALLÉGEANCE SOUS L'ARBRE. IL A SU CE QU'IL Y AVAIT DANS LEURS CŒURS, ET A FAIT DESCENDRE SUR EUX LA QUIÉTUDE, ET IL LES A RÉCOMPENSÉS PAR UNE VICTOIRE PROCHE. (48:18)
Les Compagnons prêtèrent beaucoup de serments d'allégeance au Messager, promettant de le protéger de leur mieux et d'apporter à l'islam, par la Volonté de Dieu, la victoire finale. Ils tinrent leurs promesses au prix de tous leurs biens et de leurs vies. La majorité moururent martyrs soit pendant la vie du Prophète, soit en propageant l'islam dans les nouvelles terres conquises. Il est toujours possible de trouver, dans presque tous les endroits du monde musulman, les tombes de plusieurs Compagnons enterrés. Ils ont aussi formé une multitude de savants en jurisprudence, en Hadith, en exégèse coranique, en histoire et en biographie du Prophète. Le Coran dit:
IL EST, PARMI LES CROYANTS, DES HOMMES QUI ONT ÉTÉ SINCÈRES DANS LEUR ENGAGEMENT ENVERS DIEU. CERTAINS D'ENTRE EUX ONT ATTEINT LEUR FIN, ET D'AUTRES ATTENDENT ENCORE; ET ILS N'ONT VARIÉ AUCUNEMENT (DANS LEUR ENGAGEMENT). (33:23)
Les Compagnons dans les hadiths
Le Prophète loua aussi les Compagnons et avertit les musulmans de ne pas les insulter ni de s'attaquer à eux. Par exemple, Bukhari, Muslim et d'autres Traditionistes rapportent de Abou Sa'id al-Khudri que le Messager les prévint ainsi:
NE MÉDISEZ PAS DE MES COMPAGNONS. JE JURE PAR LUI, ENTRE LES MAINS DUQUEL EST MA VIE QUE MÊME SI VOUS AVIEZ AUTANT D'OR QUE LE MONT OUHOUD ET QUE VOUS LE DÉPENSIEZ SUR LE SENTIER DE DIEU, CELA NE VOUS VAUDRAIT PAS UNE RÉCOMPENSE ÉQUIVALENTE À QUELQUES POIGNÉES VENANT D'EUX, NI MÊME À LA MOITIÉ DE CELA.
Les Compagnons ont une valeur si élevée parce qu'ils ont accepté, prêché et protégé l'islam dans les circonstances les plus difficiles. De plus, selon la règle «Celui qui provoque une chose est comme celui qui la fait», la récompense gagnée par tous les musulmans à partir de cette époque-là jusqu'au Jour Dernier est ajoutée au bilan des œuvres des Compagnons, sans pour autant diminuer quoi que ce soit de la récompense des auteurs eux-mêmes. S'ils n'avaient pas fait tous ces efforts pour propager l'islam partout où ils allaient, personne n'aurait rien su de l'islam ni n'aurait pu devenir musulman. Donc, tous les musulmans d'après les Compagnons doivent se sentir infiniment endettés envers eux et, au lieu de penser à les critiquer, doivent prier pour eux:
ET [IL APPARTIENT ÉGALEMENT] À CEUX QUI SONT VENUS APRÈS EUX EN DISANT: "SEIGNEUR, PARDONNE-NOUS, AINSI QU'À NOS FRÈRES QUI NOUS ONT PRÉCÉDÉS DANS LA FOI; ET NE METS DANS NOS CŒURS AUCUNE RANCŒUR POUR CEUX QUI ONT CRU. SEIGNEUR, TU ES COMPATISSANT ET TRÈS MISÉRICORDIEUX". (59:10)
Tirmidhi et Ibn Hibban citent l'avertissement de Abd Allah ibn Mughaffal, qui l'avait entendu du Messager:
Ô DIEU! Ô DIEU! ABSTENEZ-VOUS DE PRONONCER DE MAUVAISES PAROLES SUR MES COMPAGNONS! Ô DIEU! Ô DIEU! ABSTENEZ-VOUS DE PRONONCER DE MAUVAISES PAROLES SUR MES COMPAGNONS! N'EN FAITES PAS LA CIBLE DE VOS ATTAQUES APRÈS MOI! QUICONQUE LES AIME, LES AIME EN RAISON DE SON AMOUR POUR MOI; QUICONQUE LES HAIT, LES HAIT EN RAISON DE SA HAINE CONTRE MOI. QUICONQUE LEUR FAIT DU MAL ME FAIT DU MAL; QUICONQUE ME FAIT DU MAL «FAIT DU MAL» À DIEU.
Imam Muslim rapporte dans son Sahih que le Messager a déclaré:
LES ÉTOILES SONT DES MOYENS DE SÉCURITÉ POUR LES CIEUX. QUAND ELLES SERONT ÉPARPILLÉES EN DÉSORDRE, LA MENACE QUI A ÉTÉ PROMISE AUX CIEUX SE RÉALISERA. JE SUIS LE MOYEN DE SÉCURITÉ POUR MES COMPAGNONS. QUAND JE QUITTERAI CE MONDE, LA MENACE QUI A ÉTÉ PROMISE À MES COMPAGNONS SE RÉALISERA. MES COMPAGNONS SONT UN MOYEN DE SÉCURITÉ POUR MA NATION. QUAND ILS QUITTERONT CE MONDE, LA MENACE QUI A ÉTÉ PROMISE À MA NATION SE RÉALISERA.
Comme il est rapporté dans Bukhari, Muslim et d'autres livres de Traditions authentiques, le Messager a dit:
LES MEILLEURS DE MA NATION SONT CEUX DE MA GÉNÉRATION (COMPAGNONS), PUIS CEUX QUI VIENDRONT APRÈS EUX (TABI'UN), PUIS CEUX QUI SUIVRONT CES DERNIERS (TABA-I TABI'UN). APRÈS VOUS IL Y AURA DES GENS QUI [AIMENT] À SE PRÉSENTER POUR TÉMOIGNER SANS QUE CELA NE LEUR SOIR DEMANDÉ; ILS TRAHIRONT ET ON NE POURRA LEUR FAIRE CONFIANCE; ILS FERONT DES VŒUX QU'ILS NE RESPECTERONT PAS; LA CORPULENCE APPARAÎTRA PARMI EUX.»
L'époque des Compagnons et des deux générations suivantes était l'ère de la véracité. Des personnes d'une très grande probité et des savants très exigeants apparurent pendant ces trois premières générations. Les générations suivantes comptaient beaucoup d'individus qui mentaient et qui faisaient de faux serments afin de renforcer de fausses croyances ou d'obtenir les biens de ce monde. Il était naturel pour les menteurs et les membres des sectes hétérodoxes (de même que pour les Orientalistes aux partis pris et leurs partisans musulmans) de mentir à propos des Compagnons et des purs Imams des deux générations suivantes, puisqu'ils étaient les bastions de l'islam qui renforçaient ses piliers.
Abou Nu'aym cite Abd Allah ibn Umar:
QUICONQUE DÉSIRE SUIVRE UN CHEMIN DROIT DOIT SUIVRE LE CHEMIN DE CEUX QUI SONT MORTS: LES COMPAGNONS DE MOHAMMED. CE SONT LES MEILLEURS DE MA OUMMA, DONT LES CŒURS SONT LES PLUS PURS, LE SAVOIR LE PLUS PROFOND, ET QUI SONT LES PLUS ÉLOIGNÉS DE L'HYPOCRISIE DANS LA PIÉTÉ. ILS FORMENT UNE COMMUNAUTÉ QUE DIEU A CHOISIE POUR LA COMPAGNIE DE SON PROPHÈTE ET POUR LA TRANSMISSION DE SA RELIGION. EFFORCEZ-VOUS DE LEUR RESSEMBLER DANS LEUR CONDUITE ET SUIVEZ LEUR VOIE. ILS SONT LES COMPAGNONS DE MOHAMMED. JE JURE PAR DIEU, LE MAÎTRE DE LA KA'BA, QU'ILS ÉTAIENT PARFAITEMENT GUIDÉS.
Selon ce que Tabarani et Ibn Athir ont rapporté, Abd Allah ibn Mas'ud, l'un des premiers à embrasser l'islam à La Mecque et qui fut envoyé par Omar à Kufa en tant qu'enseignant, dit: «Dieu regarda les cœurs de Ses vrais serviteurs et choisit Mohammed pour l'envoyer à Ses créatures en tant que Messager. Puis Il regarda les cœurs des gens et choisit ses Compagnons pour en faire les sources d'aide pour Sa religion et les vizirs de Son Prophète.» Il dit aussi:
VOUS SURPASSEZ LES COMPAGNONS AU JEÛNE, À LA PRIÈRE, ET DANS VOS EFFORTS POUR MIEUX ADORER DIEU. MAIS ILS SONT MAILLEURS QUE VOUS, CAR ILS N'ACCORDÈRENT AUCUNE IMPORTANCE AU MONDE ET ÉTAIENT CEUX QUI ASPIRAIENT LE PLUS À L'AU-DELÀ.
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LES COMPAGNONS ET LES TABI'UN : Partie 2.1
FACTEURS DE LEUR GRANDEUR
Leur relation avec le Messager
La Prophétie est plus grande que la sainteté, et la qualité de Messager est plus grande que celle de Prophète. Chaque Prophète est un saint, mais aucun saint n'est un Prophète. Bien que tous les Messagers soient des Prophètes, tous les Prophètes ne sont pas en même temps des Messagers. Le Prophète Mohammed est le dernier et le plus grand des Prophètes et des Messagers. Les Compagnons sont directement liés à sa mission de Messager et sont en relation avec lui en raison de sa qualité de Messager. Tous ceux qui vinrent après le Prophète, si grands fussent-ils, ne se lièrent à lui que par la sainteté (ne pouvant jamais obtenir le statut de Compagnon). Par conséquent, un Compagnon est plus grand qu'un saint de la même façon que la qualité de Messager est au-dessus de celle de saint (la différence entre les deux est si grande qu'elle ne peut être estimée).
Les avantages de la sainte compagnie
Rien n'est comparable à l'illumination et l'exaltation spirituelles obtenues par la présence ou la compagnie du Prophète lui-même. Aucune lecture de ce qu'un maître spirituel et intellectuel a écrit ne saurait vous profiter autant que le savoir acquis directement du Prophète. Ainsi, les Compagnons, et surtout ceux qui étaient le plus souvent avec lui et depuis les tout débuts, en tirèrent un si grand avantage qu'ils s'élevèrent du statut de gens du désert, sauvages, grossiers et ignorants, au rang de guides religieux, intellectuels, spirituels et moraux de l'humanité jusqu'au Jour Dernier.
Pour être un Compagnon, il nous faudrait retourner à La Mecque ou à la Médine du VIIe siècle, écouter attentivement le Messager et l'observer en train de parler, marcher, manger, se battre, prier, se prosterner, et ainsi de suite. Puisque cela est impossible, personne ne peut atteindre le rang des Compagnons, qui étaient immergés dans l'aura sacrée qu'offrait la présence du Messager.
La véracité
L'islam est fondé sur la pure véracité et l'absence totale de mensonges. Les Compagnons embrassèrent l'islam dans sa pureté originale. Pour eux, être un musulman signifiait abandonner tous les vices qu'ils avaient, être purifié dans l'atmosphère radieuse de la Révélation Divine, et incarner l'islam. Ils auraient préféré mourir plutôt que mentir. Le Messager déclara un jour que si une personne répugnait à apostasier autant qu'à se jeter dans le feu, alors cette personne avait dû goûter au plaisir de la foi. En effet, les Compagnons y avaient goûté et, étant des musulmans sincères, ne pouvaient pas mentir, puisque cela était presque aussi grave que l'apostasie. Nous avons du mal à comprendre pleinement ce point, car d'aucuns à notre époque considèrent le mensonge et la tromperie comme des talents, et tant de vertus ont été remplacées par des vices…
L'atmosphère créée par la révélation
Les Compagnons furent honorés en étant les premiers à recevoir les Messages Divins par le Prophète. Tous les jours, il leur était donné des messages originaux et ils étaient encore et encore invités à la «table du Divin», remplie de «fruits» éternellement frais venant du Paradis. Chaque jour, ils vivaient des changements radicaux dans leurs vies, ils étaient élevés toujours plus près de la Présence de Dieu, et leur foi et leur conviction grandissaient sans cesse. Ils se retrouvaient dans les versets du Coran et pouvaient apprendre directement si Dieu approuvait ou non leurs actions.
Par exemple, quand: ceux qui sont avec lui sont durs envers les mécréants, miséricordieux entre eux. Tu les vois inclinés, prosternés, recherchant de Dieu grâce et agrément. Leurs visages sont marqués par la trace laissée par la prosternation (48:29) fut révélé, les yeux se tournaient d'abord vers Abou Bakr, Omar, Othman et Ali. Car après tout, ils étaient connus pour être aux côtés du Messager dès le début, pour leur dureté envers les incroyants, leur compassion envers les musulmans, et pour s'incliner et se prosterner longuement et très souvent devant Dieu, en quête de Son agrément.
Quand: Il est, parmi les croyants, des hommes qui ont été sincères dans leur engagement envers Dieu. Certains d'entre eux ont atteint leur fin, et d'autres attendent encore; et ils n'ont varié aucunement (dans leur engagement) (33:23) était récité, chacun se souvenait des martyrs d'Ouhoud, surtout Hamza, Anas ibn Nadhr et Abd Allah ibn Jahsh, ainsi que d'autres qui avaient promis à Dieu de sacrifier leurs vies sur Son chemin.
Tandis que Dieu mentionnait explicitement Zayd ibn Haritha dans: Puis quand Zayd eût cessé toute relation (…) (33:37), Il déclarait dans 48:18 qu'Il agréait les croyants qui avaient juré fidélité au Messager sous un arbre durant l'expédition de Houdaïbiya.
Dans une telle atmosphère pure, bénie et radieuse, les Compagnons pratiquaient l'islam dans sa plénitude et sa pureté originales, en se basant sur une perception profonde, une perspicacité intense, et la connaissance de Dieu. Ainsi, même un croyant ordinaire qui est conscient de la signification de la foi et de la relation à Dieu, et qui essaie de pratiquer l'islam avec sincérité, peut saisir un brin de la pureté des premiers maillons de la chaîne à travers lesquels la Sounna a été transmise de génération en génération.
Des circonstances difficiles
La récompense pour une action change selon les circonstances dans lesquelles elle a été accomplie et la pureté des intentions de son auteur. Œuvrer sur le sentier de Dieu dans des conditions pénibles comme la peur, les menaces et la pénurie, et ce uniquement pour Son agrément, est bien plus méritoire que de faire la même action dans l'aisance et la liberté.
Les Compagnons acceptèrent et défendirent l'islam dans des circonstances extrêmement difficiles. L'opposition était inflexible et sans pitié. Dans Musamarat al-Abrar de Muhyi ad-Din ibn al-Arabi, Abou Bakr aurait dit à Ali, après la mort du Prophète, que les premiers Compagnons ne sortaient qu'au péril de leurs vies - il craignait sans cesse qu'un poignard leur fût lancé. Dieu seul sait combien de fois ils ont été insultés, frappés et torturés (sutout au début de l'islam). Ceux qui étaient faibles et qui avaient le statut d'esclaves, comme Bilal, Ammar et Suhayb, avaient été torturés presque à mort. Des jeunes comme Sa'd ibn Abi Waqqas et Mus'ab ibn Umayr furent frappés, boycottés et emprisonnés par leurs familles.
Pourtant, aucun d'eux ne pensa jamais à abjurer ou à s'opposer au Messager. Pour l'amour de Dieu, ils abandonnèrent tout ce qu'ils avaient - leurs foyers, leurs terres natales et leurs possessions - et émigrèrent. Les croyants de Médine les accueillirent à bras ouverts, les protégèrent, et partagèrent avec eux tout ce qu'ils avaient. Ils remplirent avec enthousiasme le pacte qu'ils avaient avec Dieu, vendirent leurs biens et leurs âmes à Dieu en échange de la foi et du Paradis, et ne manquèrent jamais à leur parole. Cela leur valut un si haut rang aux yeux de Dieu que personne ne pourra l'atteindre jusqu'au Jour Dernier.
La sévérité des circonstances, ainsi que d'autres facteurs, ont donné à la foi des Compagnons une force et une fermeté au-delà de toute comparaison. Par exemple, le Messager entra un jour à la mosquée et y vit Harith ibn Malik en train de dormir. Il le réveilla. Harith dit, comme avaient coutume de dire tous les Compagnons au Messager: «Puissent mon père et ma mère être sacrifiés pour toi, ô Messager de Dieu! Que désires-tu?» Le Messager lui demanda comment il avait passé la nuit. Harith répondit: «Comme un vrai croyant.» Le Messager répliqua: «Tout ce qui est vrai doit avoir une vérité (pour la prouver). Quelle est la vérité de ta foi?» Harith reprit: «J'ai jeûné durant le jour et prié à mon Maître en toute sincérité durant toute la nuit. Maintenant je suis dans un tel état qu'il me semble voir le Trône de Dieu et les divertissements des gens du Paradis au Paradis.» Le Messager conclut: «Tu es devenu l'incarnation même de la foi.»
Les Compagnons devinrent si proches de Dieu que «Dieu était leurs yeux avec lesquels ils voyaient, leurs oreilles avec lesquelles ils entendaient, leurs langues avec lesquelles ils parlaient, et leurs mains avec lesquelles ils tenaient.»
Les Compagnons dans le Coran
Ibn Hazm exprime l'avis de nombreux grands savants: «Tous les Compagnons entreront au Paradis.» Il est possible de trouver dans le Coran des preuves confirmant cette affirmation. Le Livre Saint décrit ainsi les Compagnons:
MOHAMMED EST LE MESSAGER DE DIEU. ET CEUX QUI SONT AVEC LUI SONT DURS ENVERS LES MÉCRÉANTS, MISÉRICORDIEUX ENTRE EUX. TU LES VOIS INCLINÉS, PROSTERNÉS, RECHERCHANT DE DIEU GRÂCE ET AGRÉMENT. LEURS VISAGES SONT MARQUÉS PAR LA TRACE LAISSÉE PAR LA PROSTERNATION. TELLE EST LEUR IMAGE DANS LA THORA. ET L'IMAGE QUE L'ON DONNE D'EUX DANS L'ÉVANGILE EST CELLE D'UNE SEMENCE QUI SORT SA POUSSE, PUIS SE RAFFERMIT, S'ÉPAISSIT, ET ENSUITE SE DRESSE SUR SA TIGE, À L'ÉMERVEILLEMENT DES SEMEURS. [DIEU] PAR EUX [LES CROYANTS] REMPLIT DE DÉPIT LES MÉCRÉANTS. DIEU PROMET À CEUX D'ENTRE EUX QUI CROIENT ET FONT DE BONNES OEUVRES, UN PARDON ET UNE ÉNORME RÉCOMPENSE [IL LES RÉCOMPENSERA AU PARADIS AVEC LES CHOSES QUE JAMAIS ŒIL N'A VU, OREILLE N'A ENTENDU ET HOMME N'A IMAGINÉ»]. (48:29)
Leur récompense est aussi décrite comme suit:
LES TOUT PREMIERS [CROYANTS] PARMI LES ÉMIGRÉS ET LES SECOUREURS ET CEUX QUI LES ONT SUIVIS DANS UN BEAU COMPORTEMENT (IHSAN), DIEU LES AGRÉE, ET ILS L'AGRÉENT. IL A PRÉPARÉ POUR EUX DES JARDINS SOUS LESQUELS COULENT LES RUISSEAUX, ET ILS Y DEMEURERONT ÉTERNELLEMENT. VOILÀ L'ÉNORME SUCCÈS! (9:100)
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