Des billets dans lesquels je pose mon regard de meuf du XXIe siècle sur des trucs plutôt sympas.
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La Reine des Neiges, princesse mais pas que.
Je me suis longtemps intéressée à la Reine des neiges, long-métrage d'animation Disney sorti en 2013, rappelons le, me questionnant ainsi autour du phénomène et de son ampleur sans jamais le comprendre. Comment est-ce que ce classique Disney, celui-ci en particulier, avait-il réussi en quelques mois à peine à conquérir le cœur de l'opinion général? Pourquoi est-il devenu un phénomène mondial? Qu'avait-il de plus? Et surtout, comment se fait-il que le succès de ce dernier soit resté intact cinq ans encore après sa sortie?
Il aura suffit d'un instant de remise en question dans ma vie (plutôt d'une crise existentielle) suivi d'un renouveau brutal pour que je comprenne. Que les réponses m'apparaissent comme évidentes ; la Reine des neiges est un dessin-animé de princesse certes, mais pas uniquement. Aujourd'hui, j'ai été au plus bas comme au plus haut. Alors que je pensais avoir touché le fond en me couchant la veille, et ne jamais pouvoir m'en sortir, je me suis réveillée pleine d'entrain et motivée comme jamais. Et quelle chanson j'ai écouté pour coller à ce que je ressentais, à mon humeur du moment ...? Libérée délivrééée... Aujourd'hui, j'ai dû écouter une bonne vingtaine de fois cette chanson d'affilée, en hurlant de toutes mes forces les paroles, en dansant en culotte devant mon miroir. Rien n'avait d'importance, c'était MON moment. Aujourd'hui j'ai été bien dans mes baskets. J'ai été en phase avec moi-même, je me suis trouvée belle, je me suis aimée, je me suis AS-SU-MEE. J'étais pleine de confiance, prête à affronter le monde, j'ai été honnête et surtout, j'ai arrêté de dire et de faire ce que l'on attendait de moi. J'ai été moi-même. J'ai écouté mon cœur. J'ai arrêté d'avoir peur de ce que pensait les gens. Et je me suis sentie bien, sans me culpabiliser d'être heureuse, pour la première fois de ma vie. Ce qui change cette fois-ci, c'est que j'avais envie que ça dure. Je ne voulais pas laissé passer cette motivation. C'est là que j'ai compris. En me posant un instant et en réfléchissant à l'étrange journée que je venais de passer, comme si je vivais la journée de quelqu'un d'autre, et après la 20ème écoute de « Libérée Délivrée », j'ai compris.
En fait, je m'identifie complètement à Elsa, le personnage principal. Après cinq ans, cinq ans passés à adorer au-delà de la raison et par dessus tout ce dessin-animé, jusqu'à l'obsession (et la collection des objets dérivés), après cinq années passées à défendre Elsa, à défendre corps et âme ce Disney, je venais de comprendre. Je me retrouve en Elsa, je me retrouve en elle, je me retrouve dans ce qu'elle a vécu, ce qu'elle traverse, ce qu'elle est. Je m'identifie complètement à sa stigmatisation, à son handicap, à son repli sur elle-même (cf. analyse portant sur le stigmate du personnage d'Elsa en collaboration avec Lisa Guibaud.) Pour la première fois de ma vie j'arrive à m'identifier à une princesse Disney. Parce que pour la première fois, La Reine des Neiges n'est pas qu'UN dessin-animé aux codes de princesses Disney (cf. analyse). On peut s'identifier à la princesse et à ses problèmes, parce qu'ils sont ancrés dans notre réalité. Ce ne sont pas des problèmes de princesse dans un monde féérique de princesse. Alors certes, ces problèmes sont abordés à travers la métaphore des pouvoirs de glace, mais ils en restent néanmoins réels comme la question du handicap, de l'isolement, du repli sur soi, de la stigmatisation.
On est loin du « Au secours que faire j'ai dormi pendant cent ans ? » ou du « Au secours, ma belle-mère me hait et veut me tuer, je vis avec 7 hommes nains et je mange des pommes empoisonnées offertes par des inconnu.e.s. » tous soldés par un « Au secours, j'ai besoin des hommes pour m'accomplir en tant que femme. » dont on pourrait lire les solutions dans le Cosmopolitan des contes de fées. Non. Là on aborde des sujets qui font parties intégrantes de notre société, et on l'aborde subtilement, poétiquement et pour les enfants. On aborde des sujets en vogue depuis ces dernières années, du “feel good”, “be positive”, “body-positive”, “self-confidence”. Et le processus d'identification et d'appropriation qui fait que l'on va aimer un film ou non peut alors se faire. Que celui qui n'a jamais ressenti une seule fois un seul des thèmes abordés dans La Reine des Neiges me jette la première pierre. Qui n’a jamais rêvé de tout envoyer valser pour s’accomplir?
Là, on s'attache aux personnages, on s'attache à celui d'Elsa principalement, mais aussi à celui de Kristoff ou bien d'Anna. Parce qu'ils sont malgré tout normaux et vivent des situations normales, que n'importe lequel d’entre nous pourrait vivre au quotidien. Adulte, enfant, adolescent, peu importe son genre, son sexe, sa sexualité, chacun peut trouver en Elsa ou autres personnages une part de lui-même, que ce soit à travers une enfance difficile, la peur du regard des autres, la stigmatisation, un problème amoureux comme le vivent Kristoff et surtout Anna, ou bien encore à travers le pouvoir d'Elsa, allégorie du handicap.
Voilà dans quoi réside le succès de La Reine des Neiges, voilà la clef du phénomène ; chacun peut s'y identifier, y trouver une motivation, un écho, une philosophie de vie. N'importe qui, de n'importe quel âge, de n'importe quelle nationalité, de n'importe quel sexe. Et tout le monde peut prendre en La Reine des Neiges, une leçon de vie sur l'acceptation de soi, mais aussi et surtout d'autrui.
(Billet écrit en 2016. Edit 2018: Depuis, Disney a sorti Vaiana, la légende du bout du monde, qui suit le même modèle; un film feel good dans lequel le personnage principal féminin, Vaiana, a pour quête l’accomplissement de soi. “Si je pars, j’irai plus loin et toujours plus haut“ peut-on entendre dans la chanson principale “Le Bleu Lumière”. A suivre.)
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Old project - PRIMATIVEPEOPLE - 2014
filmé par Thomas O’Brien réalisé et monté par Eugénie Boucarut
Teaser (préquel?) d’un plus gros projet (en stand-by) autour de plusieurs questions de société.
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“Love”, de Judd Apatow, et le plaisir du dimanche sous la couette.
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“Love”, c’est la nouvelle série néo-romantique (”anti-rom-com”) créée et produite par Judd Apatow, le king des rom-com américaines, pour Netflix. On lui doit notamment la série très 90′s “Freaks and Geeks” ou encore des longs-métrages comme “40 ans toujours puceau” ou “En cloque, mode d’emploi”.
Avec “Love”, Judd Apatow bouscule les codes de la “série-romantique-cucul-pour-les-filles” et nous offre un savoureux mélange de relations (amoureuses et amicales), de douceur, de légèreté, d’émotions, de rire et surtout de réalité.
Non, dans “la vraie vie de tous les jours”, les filles ne sont pas toujours au top d’elles-mêmes, les mecs n’ont pas tous des abdos qui semblent photoshoppés, et non il ne nous arrive pas des trucs de dingue à chaque heure de la journée. Alors parfois, ça fait du bien de s’identifier aux héros d’une série parce qu’ils sont normaux et vivent des trucs normaux. Non, Judd Apatow nous le prouve bien, le suspense à la fin d’un épisode n’est pas la clef de la réussite d’une série.
“Love”, c’est l’histoire de deux trentenaires, Mickey et Gus, qui vont se rencontrer par hasard, s’apprécier par hasard, s’apprivoiser par hasard, s’aimer un peu par hasard, se déchirer, se retrouver, comme deux trentenaires normaux vivant à Los Angeles. Comme deux adulescents vivant n’importe où dans le monde. Et ce qui change des bonnes grosses comédies bien américaines, c’est qu’ici, on n’essaie pas de nous faire croire que tout est toujours beau et fantastique dans l’amour, que l’amour est ultra-over-romantique ou à l’inverse super compliqué et plein d’embûches entre deux êtres beaux et riches. Exit les gros clichés, ici, Mickey et Gus sortent respectivement d’une relation d’amour difficile (et ouais l’amour, ça craint aussi parfois mais pas nécessairement de manière tragique et théâtrale), Gus aborde un style plutôt “nerd”, très blanc, peu musclé, fringues looses. Mickey, elle, boit beaucoup, fume beaucoup, fait tout trop beaucoup. Elle fait des erreurs, elle s’habille mal pour aller à la superette du coin, bref elle est humaine. Comme Gus le dit si bien dans l’épisode 02 “Pretty Woman ça c'est vraiment du foutage de gueule, jamais une prostituée tombera amoureuse de toi. Dans la vraie vie elle volera tes affaires et elle les vendra pour s'acheter de la coke.” Du coup ça devient vachement plus sympa de suivre l’histoire de deux personnes qui vivent les mêmes trucs que toi, parce que tu peux t’identifier et te comparer à eux. C’est ce que l’on appelle le “phénomène d’appropriation”: le/la spectateur/trice trouve une analogie entre le monde fictionnel et son monde réel.
Festinger, à qui l’on doit la théorie de la comparaison sociale, explique que tout individu utilise la comparaison avec autrui pour s’auto-évaluer et donc s’améliorer. Si ton opinion est partagé, tu en concluras que c’est le bon. Donc concrètement, l’avis et l’approbation d’autrui sont nécessaires à la construction de sa propre personnalité. C’est-à-dire que quand tu vois Mickey, ivre, essayer de repécho son ex en lui envoyant des textos, tu culpabilises vachement moins de l’avoir fait la veille à 4h du matin. Et quand tu la vois se prendre la tête sur des broutilles, tu souris, parce que tu sais qu’au fond, toi aussi t’es carrément comme ça. Mais tu peux aussi t’identifier à Gus, maladroit, peu expérimenté, quand il cherche à envoyer le texto parfait pour débuter une conversation.
Donc “Love” ça fonctionne parce qu’on ne te fait pas croire aux contes de fée. On ne te vend pas du rêve sur fond de vie fabuleuse et mouvementée. “Love” c’est vrai, c’est toi et moi au quotidien (L.A. en moins), c’est de la douceur (jusque dans l’éclairage et la musique) et du hasard, c’est une histoire de relations pures. C’est super mignon, c’est léger, ça a le goût de la vie.
Alors d’un coup tu réalises qu’il est dimanche soir, que t’as englouti la saison 1 en un weekend et que tu n’as plus qu’à attendre la saison 2, pour laquelle Netflix vient de signer.
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Vendredi soir dernier, j’ai été voir Salut c’est cool aux Passagers du Zinc. Salut c’est cool c’est un groupe de quatre mecs aux styles de gros losers (concrètement, ils mettent dix ans d’avance à tout le monde), complètement décalés, adeptes du millième degrés, du moche et de la dérision (très pince-sans-rire et je-m'en-foutiste). Ils cultivent cet art du mauvais goût avec brio, jusque sur leur site, sur lequel tu devrais aller faire un tour, tu comprendras mieux. Leur musique c’est un mélange de techno à base de gros “boum boum” bien gras qui crachent dans tes oreilles, c’est même salement punk, avec des paroles qui n’ont aucun sens (”Salam aleykum kum, c'est le kiff dans le club du désert”). Du coup c’est vraiment le gros bordel et la première fois tu comprends pas vraiment ce qu’il t’arrive. En live, c’est pire. Au début, tu te demandes sur quoi tu es tombé, tu bouges timidement sur tes pieds puis progressivement, parfois presque malgré toi, tu te retrouves les bras en l'air, les cheveux collés devant la figure et tu secoues ta tête au rythme des basses et des sons retrogaming en hurlant tout ce que tu peux. J'ai rarement vu une ambiance aussi follement particulière. Faut dire que quand le chanteur, torse nu et transpirant, te jette un paquet de chips dans tes cheveux (ce qui était plutôt bon enfant finalement parce qu’au Garorock 2015 où je les avais vu une première fois, c’était la déco de la scène et une barrière de sécurité), avant que le groupe se mette à lancer tout ce qui leur passe sous la main, y a de quoi chauffer un public. Donc tout le monde saute partout en criant des paroles complètement mindfuck, tout le monde se lance des affiches et des sacs poubelle, tu prends plus de litres de bière sur tes vêtements que dans ta gorge, le public est sur scène alors que les mecs eux sont difficilement repérables parmi la foule dans la salle. Puis tu te rends compte qu’en fait il chante à côté de toi depuis deux minutes et que tu lui as même écrasé le pied. Fondamentalement, tu te retrouves au milieu d’une espèce de communion groupe/public (les gens et le groupe se touchent du bout des doigts pour "se transmettre [leur] énergie"). T’as juste l’impression d’assister à une grosse messe bien dark d’une secte dont James Darle (le chanteur “principal”) serait le gourou. Ou à une grosse soirée entre potes qui partirait clairement en c*uilles. Bref, si tu aimes le grand GRAND n’importe quoi, si tu aimes t’en prendre plein la gueule (au sens propre comme au figuré), je te recommande vivement d’aller voir Salut c’est cool en concert. C'est transcendant. (Les copains de Radio Campus Avignon les ont interviewé avant le concert, voici ce que ça donne.)
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