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Pacific Rim Uprising
D'abord le plus évident, et qui pourtant ne m'a frappé qu'à la fin: ce film n'est pas destiné à ceux qui ont vu Pacific Rim. Ce film cherche à plaire à tout le monde, quitte à défaire ce qu'avait tissé le premier opus.
En dehors des nombreuses incohérences entre l'univers du premier film et celui du second (sur lesquelles je vais revenir), Uprising est une suite sans fin de questions sans réponses. Où est Raleigh ? Et Hercule ? Et Tendo ? Que s'est-il passé pendant les 10 ans qui séparent les deux films ? Qu'est-il arrivé aux zones sinistrées ? Quid du Kaiju blue ? Que devient le PPDC ? On nous catapulte dans un monde qui n'est pas celui dont nous sommes sortis à la fin de Pacific Rim. Que les acteurs d'un certains nombres de personnages du premier film n'ait pas voulu rempiler pour Uprising n'est pas une surprise en soi, mais que les scénaristes ne nous apprennent rien sur leur état actuel n'a aucun sens. De même, pourquoi des gouvernements qui étaient prêts à fermer le Jaeger program alors qu'il y avait littéralement des Kaiju sortant de la Brèche voudraient se coltiner 10 ans plus tard des robots désormais inutiles ? À moins qu'ils s'en servent à d'autres fins, mais alors POURQUOI les scénaristes ne nous ne le disent pas ?
Abordons maintenant le problème des acteurs. John Boyega mis de côté, aucun d'entre eux n'a une gueule. Je veux dire par là une vraie figure, un visage dont on se souvient, qui exprime quelque chose, qui transmette quelque chose. Assez pour nous faire croire à son personnage en tout cas. Faire dire à Boyega que Nate est beau et sexy ne suffit pas à le rendre beau et sexy. Et, soyons honnête, l'absence d'Idris Elba se fait grandement ressentir.
De plus, créer un personnage comme celui de Jules (mais si la copine de Nate, là , on la voit deux fois tu t'en souviens quand même!) alors que le film précédent nous avait donné Mako Mori c'est un peu fort le café. On peut purement et simplement la remplacer par une lampe de chevet et l'histoire n'en sera pas affectée. (Tandis que Mako a donné ce test : http://geekfeminism.wikia.com/wiki/Mako_Mori_test donc bon...). Et je ne m'arrêterais pas plus que ça sur le groupe d'ados auxquels il ne nous est donné aucun moyen de s'attacher.
Côté visuel, je suis déçue tout autant. Tout est trop lisse, trop beau, trop rutilant. Un Jaeger ça sent la sueur, la crasse et la graisse des rouages. Rien n'est propre, rien n'est rangé, rien n'est neuf. Dans Uprising c'est comme s'ils sortaient tout juste du car-wash. Weta Workshop fait du bon travail comme d'habitude mais cet aspect rutilant digne d'une voiture de formule 1 n'a rien à voir avec le travail visuel du premier film. On retrouve trop tard (et très peu) l'esthétique fuligineuse du premier film.
En dernier mais pas des moindres, Uprising dénigre sa propre nature. Il verse dans ce travers de nombreux films actuels qui est de bien nous faire comprendre qu'ils ont conscience d'eux-mêmes et qu'ils ne sont pas dupes (comme si les scénaristes nous donnaient constamment de petits coups de coude durant la séance l'air de dire : hé, t'as vu, je sais que tu sais que c'est un film ; on voit ça par exemple dans Moana « Si tu te mets à chanter je vais vomir » et même dans les derniers Star Wars). Pourtant je veux être dupée. Je veux croire aux discours qui rendent invincibles, je veux croire aux héros, je veux croire que la seule arme face à un alien géant soit un robot géant. Si le film dénigre cet aspect de lui-même alors il dénigre ses spectateurs.
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Finalement, tant de chose tiennent à ne jamais choisir un seul Livre comme vérité absolue, comme règle exacte sous laquelle régir sa vie.
Il y a beaucoup à revoir dans Harry Potter si l’on y cherche le fil conducteur avec lequel guider son existence : de la glorification écœurante du professeur abusif à la récupération tardive et malvenue de la vie sexuelle d’Albus Dumbledore. Pourtant, HP nous apprends aussi que la bravoure peut prendre mainte forme et que la plus belle des forces est collective.
Je n’irai pas chercher un éloge de la révolution chez Tolkien, mais j’y puiserai le goût des choses simples et le respect que chacun doit aux arbres et à la forêt. Je n’irai pas chercher une pensée féministe chez Aragon, mais j’y puiserai la quête de l’absolu, en amour surtout.
Je crois qu’Italo Calvino et Chimamanda Ngozi Adichie détiennent chacun une part de la Vérité. Je crois que Le Guin et Murakami y touchent aussi, chacun à sa façon.
J’étire cela à la religion. Il y a quatre évangiles dans le Nouveau Testament, car personne ne détient seul la Vérité. Au Japon, se mélangent bouddhisme et shintoïsme. Ma grand-mère est musulmane et l’âme de son oncle a pris la forme d’un tigre blanc après sa mort. Et peut-être y a-t-il trois grandes religions monothéistes se partageant le même Dieu car personne ne détient seul la Vérité.
Ainsi, on peut considérer Jésus, non pas comme l’unique fils de Dieu (si nous sommes tous Ses enfants) mais comme celui qui réalise entièrement la promesse d’être à Son image, par ses paroles et par ses actes. Que ce titre de fils de Dieu ne serait pas à prendre au pied de la lettre, mais comme le couronnement d’une vie passée aux côtés des pauvres et des malades, des exclus et des parias.
Je crois que personne ne m’aime plus que Dieu ne m’aime, mais je crois aussi qu’Il ne connait rien à l’amour car là réside Son essence, tandis que les êtres humains, eux, doivent apprendre à aimer.
Dieu est essence et nous sommes existence.
Peut-être existe-t-Il alors au sein et tout autour de nous. Par delà la voûte céleste et au cœur des mauvaises herbes qui poussent entre les pavés. Dans le vent qui hurle entre les montagnes et le grincement d’un métro à l’arrêt. Dans l’univers qui continuent de s’étendre et dans les cellules mortes que l’on nettoie chaque jour de sa peau. Certainement à l’ombre de chaque forêt et, peut-être, en infime quantité, en moi aussi.
« L’enfer des vivants n’est pas chose à venir : s’il y en a un, c’est celui qui est déjà là , l’enfer que nous habitons tous les jours, et que nous formons d’être ensemble. Il y a deux façons de ne pas en souffrir. La plupart réussit aisément à la plupart : accepter l’enfer, en devenir une part au point de ne plus le voir. La seconde est risquée et elle demande une attention, un apprentissage, continuels : chercher et savoir reconnaître qui et quoi, au milieu de l’enfer, n’est pas l’enfer, et le faire durer, et lui faire de la place. »
Les villes invisibles
Italo Calvino
#je verbalise pour la première fois ma vision de Dieu#j'ai aussi posté ça sur fb#à voir ce que ça va donner#upthestylo#auteur sur tumblr#religion#littérature#Dieu#?
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La rando
Elle partit au début de la matinée, alors que les autres dormaient encore. Elle ferma délicatement la porte, enfila ses chaussures sur les marches de béton de la maison de location et se mit en chemin. Elle traversa la route départementale puis le champ, en slalomant entre les bouses de vache. Le soleil de juillet chassait déjà la fraîcheur de la nuit et réchauffait la terre de ses rayons. Elle laissa traîner ses doigts entre les hautes tiges des graminées. Les coquelicots, les boutons d'or et la chicorée caressaient ses chevilles de leurs pétales et elle se pencha pour cueillir un cosmos. Puis elle pénétra sous le couvert de la forêt où le chemin se mit à grimper. Il la mena sous les hêtres et les charmes, jusqu'à la crête d'où elle pouvait contempler les deux vallées : l'une appartenant aux hommes, l'autre encore prise dans la brume matinale, acérée, sauvage.
Elle se tourna vers le brouillard. À travers les pins elle descendit à flanc de montagne le long lacet qui se délitait jusqu'au fond de la vallée. Elle s'arrêta un instant pour voir un ruisseau disparaître sous un roc puis reprit sa route. Les chèvres la regardèrent passer à travers leur ferme et poursuivre plus profondément dans la vallée. Les pins l'accompagnèrent encore un instant avant de laisser la place aux buis alors qu'elle atteignait le fond du vallon et se retrouvait face au canyon.
Elle se glissa dans l'intimité de la roche comme on se glisse entre des draps familiers et la montagne l'avala en son sein. Il n'était plus nécessaire de marcher entre les murs de pierre, elle fut transportée à travers le canyon, soulevée, emmenée, emportée, une feuille à la surface d'un ruisseau. Malgré le soleil à son zénith la lumière décrue. Dans la pénombre de la terre, elle s'oublia. Les rochers coupants des parois s'agrippèrent à sa peau et l'arrachèrent à son corps voyageur. Morceaux après morceaux les profondeurs raclèrent sa chair. La crasse qui s'était accumulée autour de son esprit au fil de l'année fut nettoyée par les mousses et les fougères. La pollution de bruit et d'odeur, le capharnaüm de la ville qui l'imprégnait en permanence, toute la rouille citadine et quotidienne, elle les laissa derrière elle. L'humidité obscure effaça toutes traces d'oxydation de son être. Comme le serpent pénètre sous terre à un âge avancé et ressort au printemps entièrement libéré de sa vie passée, elle offrit à la montagne ses doutes, ses remords, ses regrets afin d'en échapper sans entraves. Elle laissa sa mue derrière elle.
Elle émergea du canyon sous le soleil de la fin d'après-midi. Elle gravit le reste du chemin et déboucha sur le plateau au milieu des ruines d'un ancien village. Elle se gorgea du murmure du vent et du parfum de l'herbe sèche, en tapissa les cavités de son âme, s'en tissa une armure pour affronter la vie. Elle retourna aux maisons de location par le chemin serpentant entre les champs.
#Fleur écrit des trucs#auteur sur tumblr#upthestylo#randonnée#montagne#c'est basiquement le canyon des gueulards dans le Vercors
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La deuxième à gauche après l’apocalypse
Le bar sentait la bière, la sueur et la pisse. Le sol collait sous les chaussures, les tables branlaient, on avait accroché une planche vermoulue sur laquelle deux silhouettes étaient peintes au-dessus de la porte donnant sur l'arrière-cour. Je slalomais entre les clients pour atteindre le comptoir. Un panneau à l'entrée signalait l'interdiction d'armes à feu dans l'enceinte de l'établissement mais chacun portait sur soi un assemblage personnel hétéroclite d'objets contondants qui transformeraient toute prise de bec avinée en rixe sanglante. J'atteignais le bar. Tous les tabourets accueillaient un consommateur peu regardant sur la qualité de la boisson, le récipient où elle avait été distillée ou la propreté du verre dans lequel elle était servie. Jouant des coudes, je posais les mains sur le zinc et interpellais la barmaid.
« Un double brocht, please. »
« J'arrive mon chou. »
Dans mon dos, Al et Jo se dispersèrent à travers la salle, passant entre les tables, cherchant un visage familier dans la foule.
« Et voilà mon p'tit. Un double brocht. »
La barmaid était de retour. Je fis tourner l'alcool bleuté dans le verre puis descendis la boisson d'une traite.
« Eh beh t'avais soif. »
Elle me jeta un regard critique.
« Je t'ai jamais vu par ici. T'as dis que tu venais d'où ? »
Quelques gars accoudés au comptoir se tournèrent vers nous, une lueur méfiante dans les yeux.
« J'l'ai pas dit. »
La barmaid fronça les sourcils.
« C'est pas tous les jours qu'on a de nouveaux clients. Qu'est-ce que tu viens faire là  ? »
« Je cherche quelqu'un. »
Du coin de l’œil je vis Al se rapprocher doucement, une main sur la ceinture. Je me grattais derrière l'oreille, notre signe pour gagner un peu de temps. Donne-moi cinq minutes mon pote. Il ralentit et se plongea dans la contemplation des graffitis grossiers qui ornaient les murs.
« Quelqu'un ? Reprit la barmaid. Et on peut savoir qui vous intéresse autant, toi et tes petits copains ? »
Elle eut un geste du menton vers Al et Jo. Ah. Grillés. Je la dévisageais attentivement. La fin du monde n'avait pas été tendre avec elle, son visage couturé la vieillissait et elle s'appuyait sur une cane derrière le bar. Comme nous tous, elle portait les marques de l'apocalypse. Mais je n'avais pas fait tout ce chemin pour repartir les mains vides, j'allais devoir me mouiller un peu.
« Un vieille amie. On m'a dit qu'elle serait passée dans la région, y'a six semaines. »
La barmaid sembla réfléchir.
« Y'a six semaines tu dis ? Hu. »
Elle se gratta la joue. Je tentais le tout pour le tout.
« On l'appelle l'Hospitalière et- »
Je m'interrompais. Le silence était soudainement tombé sur le bar et toutes les têtes s'étaient tournées vers moi. Je tentais de garder un visage impassible. Et puis, tout aussi brusquement, les clients éclatèrent de rire. Ils se tordaient sur leurs sièges, éclaboussaient leurs voisins de bière, tapaient du poing sur les tables. J'en vis un rouler au sol et s'y agiter vainement pendant plusieurs minutes. Je redirigeais mon attention sur la barmaid. Elle aussi riait aux éclats et ne semblait pas pressée de me fournir des explications. Finalement, entre deux hoquets, elle lâcha :
« Tu viens chercher des légendes, l'étranger ? L'Hospitalière existe pas, tout l'monde sait ça ! »
« Très chère, je crains que vos informations ne soient erronées. »
La barmaid et moi nous tournâmes vers l'origine de la voix. L'un des clients installés sur un tabouret avait repoussé la capuche qui dissimulait ses traits. D'une seule gorgée il engloutit son reste de boisson, reposa son verre sur le comptoir avec un bruit sec et émit un claquement des lèvres appréciateur. Rien qu'avec cela il ramena un semblant de calme dans le bar et concentra toutes les attentions sur sa personne. Il se tourna vers moi. L'Effondrement l'avait jeté sur les routes comme nous tous. Ses cheveux avaient finis de blanchir et contrastaient avec sa peau noire fatiguée par les années de survie, mais il avait gardé la prestance d'un ancien Président.
« Vous amenez avec vous des souvenirs bien lointains, monsieur... ? »
« Ed. »
Je n'avais pas prévu de dévoiler mon identité mais son charisme était tel que s'il me l'avait demandé, j'aurai vidé mes poches sur le zinc et tourné les talons sans demander mon reste.
« Monsieur Ed. L'Hospitalière... C'est un nom que je n'ai pas entendu depuis bien des années. »
Il fit signe à la barmaid de lui resservir un verre.
« Depuis la chute de Washington si je ne m'abuse. Qu'est-ce que vous pouvez bien lui vouloir ? Peu sont ceux qui peuvent se réclamer de ses amis. »
Un vide s'était formé autour de lui, comme si ses voisins avaient voulu lui montrer tout le respect dont ils étaient capables et avaient migré vers d'autres tables pour siroter leurs bières. Je m'approchais avec déférence. Tous les récits de survivants de l'apocalypse sont à la fois uniques et similaires. Nous avons tous connu la faim, le soif, le froid polaire et la chaleur étouffante ; mais aussi la perte, le doute, l'incompréhension. Ces épreuves nous ont changées et nous pouvons tous partager notre vécu de l'Effondrement en sachant trouver en face une oreille compatissante, un œil humide de larmes, une épaule rassurante. Cependant, ce jour-là , j'allais entendre pour la première fois l'histoire de celle que l'on appelait alors l'Hospitalière. Ce récit allait chambouler tous ce que je croyais acquis et reforger les fondements même de mon âme.
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Landes
Une lumière dorée perce entre les pins La bruyère est peignée de rosée du matin. L’Atlantique frémit contre les côtes vides, Le soleil éclaire tout de son regard avide. Les fougères s’enroulent sous le ciel d’automne, Des dunes, des dunes d’un blond monotone.
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Tu te redresseras dans la lumière
Tu te redresseras dans la lumière filtrée de poussière des batailles. Dans ta main pèsera l’épée souillée que tu brandissais à l’instant. Sur tes épaules voûtées le soleil accrocheras ses rayons et tu verras les corps de tes camarades tombés. Il n’y aura que le silence pour te féliciter. Debout au milieu du désastre, qui bientôt ne sera plus qu’os, herbe et désert, tu te demanderas combien se sont battus avant toi. Combien donnèrent leur vie pour leur patrie et pour Dieu. Tu verras le choix que chacun doit faire: vivre ou fuir. Derrière tes paupières les cris sont imprimés. C’est là que viendra alors le souvenir de ta dame. Tu l’imagineras assise à la fenêtre regarder la brume envahir les montagnes. Tu l’imagineras grande et fière, voir venir le héraut qui galope sur le chemin de terre. Alors tu sauras. Tu comprendras. Et tu mettras en marche tes membres fatigués. Pour rentrer au pays. Oublier les batailles, oublier les blessés. Rentrer et aimer ta dame. Tu te redresseras dans la lumière.
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Ah alors tu peux nous aider pour trouver un hashtag cool! :D
Wow j’ai fait un side blog pour mes textes
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Oui voilà , tant qu’on sait sous quel tag on trouve tout ça, c’est ce qui importe!
Du coup, on a besoin d'un tag non @fleurbeaupoint ? Pour les textes français sur Tumblr !
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Je voulais dire le hashtag en lui même est en partie en anglais (ce qui en soi est pas la fin du monde, ça me va aussi)
Du coup, on a besoin d'un tag non @fleurbeaupoint ? Pour les textes français sur Tumblr !
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Du coup, on a besoin d'un tag non @fleurbeaupoint ? Pour les textes français sur Tumblr !
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Oui mille fois oui! pour mes deux premiers posts j’ai utilisé auteur sur tumblr (parce que ça rime) mais si t’as d’autres idées je suis preneuse!
Du coup, on a besoin d'un tag non @fleurbeaupoint ? Pour les textes français sur Tumblr !
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La nouvelle
Ce n'est même pas une grande douleur, juste une petite peine. Un point de côté passager au niveau du cœur. Elle sait déjà qu'elle en fera une nouvelle. Ou peut-être un court poème, mais d'abord elle souhaite s'habituer à ce nouveau pincement qui va l'habiter quelques jours avant de se dissiper. Tout simplement. La plaie est encore fraîche, elle veut d'abord se retrouver seule avec cette faiblesse, et l'apprivoiser. La faire sienne. Elle a donné le change. Elle a rit lorsqu'on lui a annoncé la nouvelle. Elle a félicité. Puis elle a trouvé un coin calme pour pleurer. Les larmes ne sont pas venues alors elle a regardé le vide fixement, sans cligner des paupières, pour au moins humidifier brièvement ses yeux. Ça n'a pas marché. Elle est retournée à la fête, s'est mêlée aux autres. Elle a espéré que, comme elle l'avait dit plus tôt en riant, le garçon nommé Ulysse les emmènerait dans une Odyssée transformée à travers la ville. Comme un James Joyce des temps modernes. Que sous le couvert de la nuit ils passeraient entre les mondes, rencontreraient cyclopes, sirènes et monstres. Qu'elle pourrait faire oublier à l'autre cette Pénélope qui semble lui avoir volé son amour. Qu'elle se ferait un peu Circé pour la retenir prisonnière à ses côtés. Mais rien de tout cela n'arrive. La soirée se poursuit et elle rentrera chez elle à peine éméchée. En tout cas pas assez.
Ce n'est même pas une blessure béante, juste un simple trou. Un vide au-dessus de la poitrine. Elle y pense pourtant encore le lendemain, alors qu'elle déjeune avec ses colocs. L'évidence s'impose à elle, il n'y a pas de retour en arrière, la chose s'est faite. Ces deux là sont en couple mais, elle, est toute seule. Elle voudrait errer encore avec sa souffrance quand vient la fin du week-end. Elle voudrait se laisser aller dans le canapé et ruminer quelques heures de plus. Pourtant il faut bien vivre la semaine qui s'annonce. Le temps ne s'ouvre pas en deux pour lui laisser l'espace de vivre sa peine. De la ressasser un peu, de la laisser mariner, et puis de la gober toute d'une bouchée. L'ingurgiter dans son entièreté, ne rien laisser. Pas un os, pas une arrête. Aucun reste dans l'assiette. La boulotter d'un coup, comme ça, la croquer à pleines dents. Au lieu de ça il va falloir la traîner avec soi. Elle devra bien la supporter cette douleur et l'emmener dans les transports en commun, au collège, dans les magasins, le long des trottoirs et dans son lit le soir. Elle va poursuivre sa vie comme si de rien n'était.
Ça durera bien sept jours. Peut-être dix, avec une petite rechute lorsque le week-end reviendra et ce vide léger qu'elle avait mis de côté se rappellera à son bon souvenir. Elle se dira : « aussi ma vieille, si tu avais agis plus tôt, si tu t'étais engagée, si tu étais rentrée sur le terrain au lieu de regarder des gradins. » Elle se fera des reproches. Peut-être même bougonnera-t-elle a mi-voix en public. Ensuite elle se décidera à écrire. Elle choisira son carnet avec soin. Elle lissera les pages du plat de la main, longuement et avec attention. Elle travaillera bien la première phrase parce que c'est le plus important. Elle alignera les mots avec minutie. Elle s'ôtera un poids de la poitrine. Elle vérifiera l'orthographe d'ôter sur internet. Ou bien peut-être écrira-t-elle tout en une seule fois. Les phrases à la suite, au plus vite, sur l'ordinateur, comme ça c'est déjà au propre, plus qu'à faire tourner pour corriger les coquilles et cette métaphore qui ne veut rien dire. Elle regarde si ce qu'elle écrit est assez long. Elle s'est décidée pour la nouvelle mais il faut que ce soit un peu long quand même. Le problème avec le papier c'est qu'on ne peut pas se rendre compte. Quatre pages n'en feront qu'une seule avec le clavier. Elle essaye de rester concentrée. De ne pas commencer une autre histoire, une énième. Finalement, au lieu d'évider sa blessure, les mots remplissent le trou dans sa poitrine. Le colmatent lentement. Reprennent l'isolation de son cœur.
Ce n'est même pas une grande douleur, juste une petite peine. Un point de côté passager au niveau du cœur. Elle en a fait une nouvelle.
#et un deuxième texte parce que je commence juste ce blog#la nouvelle#texte#auteur sur tumblr#nouvelle
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Bribe 1
(écrite pour mon atelier d’écriture, il fallait placer les mots gonfalon, ratifier, gens et peignoir)
On baigna les ambassadeurs dans des eaux parfumées à la rose. On enduisit leurs peaux des crèmes les plus douces et on coiffa leurs cheveux des huiles les plus riches en une tresse à laquelle on suspendit un grelot. On passa des peignoirs en soie sur leurs corps délassés et ils furent conduit dans les salons de l'Impératrice.
Ils étaient grands, la peau brune comme le miel riche des ruches impériales, les cheveux noirs comme le bois d'ébène, les yeux bleus comme la mer turquoise qui éclabousse les côtes sud du continent. Tout ceci, le ministre le vit par les yeux d'un tableau dans lesquels on avait pratiqué un œilleton. Il envoya un serviteur porter une bouteille de vin doux des plateaux qu'il réservait aux grandes occasions. On servit les ambassadeurs et des musiciens s'avancèrent. Quand les deux hommes commencèrent à dodeliner de la tête, qu'un léger tremblement agita leurs lèvres, l'Impératrice s'avança. Elle était suivi de ses gens au grand complet : ses scribes, ses suivantes, son maître-chien et sa meute, son ministre, son héraut chargé du gonfalon frappé des armes de l'Empire et une douzaine de serviteurs, certains agitant des éventails, d'autres portant des en-cas. En dernier venait le garde-des-sceaux, portant sur un coussin de velours pourpre le traité à ratifier.
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Wow j’ai fait un side blog pour mes textes
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