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Pendant le repas, le long repas en famille, je rêvais parfois que je construisais une famille à moi, avec des traditions propres, et proprement idiotes.
Qui seraient nôtres, les nôtres, et associeraient silencieusement nos idées préconçues, nos clichés, nos souhaits d'être ensemble, et de les exprimer sans les dire.
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Waterproof -
C'est un drôle de rêve à poser, déposer, reposer, ici ce matin.
Le temps était gris d'hiver, je marchais sous les voies du métro aérien. Je croise cette personne dont je n'ai pas perçu le genre, qui m'interpelle, l'air inquiet. Il fait froid, le vent souffle, une bruine dense portée par des bourrasques nous atteint, bien qu'en partie protégé.e.s par la voie qui passe au-dessus.
Sa voix est fragile, et ce ton vulnérable qui m'interpelle me dit "Mais il est imperméable, hein ? La pluie peut traverser ? ... Il est imperméable, hein ?!!". Je suis un peu décontenancée. Il ou elle est noué.e dans sa capuche, l'imper' est mi-long, la surface semble effectivement au moins déperlante, et a priori même imperméable.
Je m'en vais, interdite, sans aucun geste après cette rencontre. Je me vois partir, tournant le dos.
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Ch'suis nullipare, il paraît Il paraît qu'j'suis nulle, il paraît.. Mal enfantée, mal fagotée, mal ficelée, Mal emmaillotée, mal fignolée Ch'suis nulle il paraît. Je suis si nulle, qu'il part. Il paraît. Il apparaît que je pourris, je disparais, Je pourrais - si je pourris - déraper, il paraît J'obtuerais les espoirs, je partais, je disparaitrais A part ça, ch'suis nulle, il apparaîtrait sur mes traits loin de toi loin de moi ma détresse Je pourrais j'espérais rien en soi ne le montrerait ch'suis si nullipare Je pars. Il fait parfois noir, je fuis nulle part, je suis finie fuis il est tard. Je suis dé z' au lait, le café est noir, j'ai noyé tes espoirs. Ton thé est un cafard, je suis ni nulle ni car, je fuis je pars. Je te tuerais si tu pars, c'est jamais facile d'être si nulle. Je me tuerai il est tard.
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Con fini(e)
L'état pandémique me manque. Si nous étions confinés, je saurais pourquoi je me lève le matin, je saurais pourquoi j'ai du mal à me coucher, je saurais pourquoi je n'arrive plus à me lever. Je saurais à quoi me consacrer.
Il faudrait attendre la levée [du confinement], patienter en cherchant comment éviter les virus, trouver quoi lire pour meubler le temps, réfléchir à des techniques promettant de rester dehors des heures sans papier à produire, saturer les brouillons, attendre le coucher du soleil.
Les parenthèses savent prendre fin, toute sortie est définitive : c'est comme un parc d'attraction.
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Deux droites...
... sont dites parallèles si elles ont la même direction, et ne sont pas sécantes.
C'est une bien confuse période que celle de la recherche de travail imbriquée dans la recherche d'un travail psychique. L'encéphalogramme est plat, souvent, puis s'agite parfois. Devient tornade. Il faut parler "d'épisode", et non de crise.
La tornade retourne tous les états, les pensées et les rêves, les gestes et les chansons, les repas et la poussière. Il faut rafraîchir la page, récupérer des messages, lire des pages, se saisir des besoins, choisir ses mots, ....
Et l'attente. Elle coule, se faufile et glisse ; puis, les petits ruisseaux faisant de grandes rivières, il se forme fréquemment des tsunamis de ruisseaux. Il est des semaines de surf, puis l'abîme. Les abysses.
Pas d'offres, fini les demandes.
L'énergie du vide professionnel aurait pu alimenter la vie psychique, mais cela ne vient pas non plus. Du chaos naît un peu de poussière.
La confusion l'amalgame le méli mélo l'imbroglio le conglomérat l'entremêlement le fouillis l'enchevêtrement
Cela fait plus de 3 mois, et je me rends à une presque évidence : je ne sais plus ce que je cherche. Est-ce la vie intérieure ou la vie à l'extérieur ?
Je cherche un travail, je cherche lequel.
J'aurais à présent besoin d'une forme de perpendicularité.
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Le flou des phares
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Aujourd'hui comme hier, pour sortir du sable mouvant, j'avais entrepris d'écrire des choses. Des choses à la con, des choses qui auraient pu se vouloir poétiques, des choses rationnelles et factuelles à la "Do it ! list" (pour tenter de "to do". I never do anything...), et des choses qui auraient pu être plus professionnelles. Pour ce faire, j'avais eu l'idée de commander cet ouvrage didactique à la FNuC, à 17 heures 16, pour qu'il soit disponible à 18 heures 16. A 18 heures 12, il ne l'était pas. J'errais dans une grande surface de babioles déjà garnies d'atrocités prêtes à décorer les pitoyables Noël en résine de plastique des familles françaises, attendant le mail de la délivrance qui dirait "le livre dont vous n'allez rien faire est arrivé à bon port". Il n'arrivait pas.
18 h 18 : non plus
18 h 22 : non plus
Je divaguais quelques instants devant la vitrine de cookies, en faisant des F5 compulsifs sur l'écran du téléphone.
18 h 37 : ok, je renonçais et parcourais le chemin retour de manière à ce qu'il change un peu de l'aller. Aucun sms ni mail n'arrivait, ni n'arriverait ce soir malgré mes pensées magiques et mes prières.
Avec la déception et l'angoisse de devoir aménager la fin de la journée autrement, puis celle de devoir aménager la journée du lent demain autrement, je remettais mes mains dans mes poches, je terminais mon podcast* sur les histoires adolescentes du lycée, racontées par de jeunes trentenaires qui remettaient les mains sur des copies tagguées de leurs échanges et confidences - si légères et douloureuses. Les récits de chacun étaient parfois ponctués et entrecoupés, illustrés, de thèmes musicaux chers aux ado des débuts 2000. Un peu plus tôt, je regardais les bougies parfumées du magasin en me retrouvant percutée par "Le gang", des BB Brunes, ou "Crazy on you" de Heart ou le générique de la série Skins. J'ai souri tendrement en reposant cette bougie au parfum vomitif artificiel.
Je traversais l'avenue facilement malgré le trafic du soir, mais je devais légèrement froncer les sourcils pour éviter les taches lumineuses des feux de circulation. C'était l'heure à laquelle l'astigmatisme me gagnait toujours, le regard fixé sur rien grâce aux histoires mélancoliques n'aidait pas vraiment. Quant au soleil, il avait lâché la partie. Je longeais le fastfood, le manège, je me faufilais dans les émanations de gras du vendeur de donuts, et je re-traversais. C'est aussi l'heure à laquelle la foule est faite d'un seul et même visage, et de corps flous filant dans les phares des voitures. En attendant de percevoir vaguement la couleur verte du piéton pour m'engager, je sentais et ressentais la montée de Playground love. Je lâchais intérieurement un timide et attendri "Oh".
Le "Oh" se trouvait tout d'un coup freiné par "Mais... ?". Un seul visage distinguable se détachait des anonymes, celui de François. Toujours sur Playground love. Je n'avais plus envie de traverser mais de me laisser traverser.
Je crois maintenant que mes yeux sont restés grands ouverts pendant ces 7 secondes, embués par un souvenir complexe. Les siens également. Habillés de la même façon, nous nous sommes faits une bise fraternelle et émouvante, très appuyée ; elle semblait dire l'indicible, sorte de casier judicaire et de journal intime.
Toujours sur Playground love.
Nous avons prononcé "Ca va ? Oui", en même temps. J'ai dit "Oh quelle apparition dans cette foule", il a ajouté - ne pouvant qu'ajouter - "Oui, désolé, je suis pressé, je dois y aller". Nous n'avions plus rien à nous dire. Il restait possiblement quelques fossiles de cette longue histoire dans nos yeux.
Les visages des gens souffraient toujours d'uniformité, et je reprenais ma route, sur la fin de ce court extrait de Virgin Suicides coloré de mélo-romantisme.
Je faisais trois pas avec le doute d'avoir vécu ce moment, et l'éclairage public s'est allumé soudainement, avec une certaine douceur (tenant davantage à la chauffe des lampes à économie d'énergie qu'à la douceur du moment)(peut-être).
Les vingt minutes restantes étaient bercées par l'hypnose. Je montais l'escalier, je retirais ma veste, mon gilet, je débranchais mes écouteurs toujours emmêlés, et je m'asseyais.
Le mail de mise à disposition du livre venait d'arriver.
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*Podcast en question :
Confidences sur copies doubles, Arte Radio
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Transfuge de carcasse [2]
Ok, donc : quelque chose avait changé.
C'est très bien, cela change, que quelque chose change. Jamais rien ne changeait depuis jamais. Parfois, il s'agissait d'aller vers le pire, parfois, ça l'était moins. Parfois aussi, il y avait une pause. Bon, rien ne changeait. Véritablement. Jusque là.
Je ne m'en suis pas rendue compte en m'asseyant dans le train. Pas plus en en descendant, ni les jours passant. En revanche, mon estomac se collait progressivement à mes poumons. Tout s'est rapproché pour ne former qu'un seul bloc. Le tout, mon bloc, débloque et vibre à présent environ 20 heures sur 24. C'est beaucoup.
Ce bloc, durcit par la digestion et les contrariétés, donne une impression de pesanteur intense. Je ferme les yeux, j'appuie dessus du bout de mon doigt, j'essaie d'avoir mal, ça marche : j'ai mal. Je visualise un morceau de béton, incrusté de cailloux et de morceaux de plâtre, humide, un peu friable sur les bords. Je déglutis, je sens le parcours de ma salive, puis celle-ci tache le béton. Rien de plus. J'ai mal, l'amalgame se tend et vibre. C'est le début d'un nouveau symptôme anxieux : les aigreurs d'estomac.
Mais nous ne sommes pas là pour ça.
Il va falloir raconter ce qui a changé. Cela s'annonce compliqué, voire un peu complexe.
Donc. J'arrive, je retrouve mon monde. La chance fait que dans mon monde, je retrouve un libre symbiotique (je devais écrire "livre symbolique, mais je garde ce digital lapsus, évidemment) : La psychanalyse des contes de fées, de Bruno Bettelheim.
Tenue par la main par une âme sensible et puissante, je saute dans l'étang de ce livre sans m'accoutumer à la température. Je nage. Je m'étais déjà noyée mais je sais à présent y nager. Quelques dizaines de pages, des illustrations lumineuses, des échanges avec la main de l'âme sensible, ... Je ressors de l'eau. La fine et collante épaisseur qui entourait tout mon être s'est probablement décollée dans ce bain détergeant.
Je ne sais toujours pas.
Partie [2/3]
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Transfuge de carcasse [1]
....
Non, c'est à peu près faux, ce titre n'est destiné qu'à faire un bon mot. ... Encore, "bon", c'est cher payé.
Ceci étant désobscurcit, je tente - tant mal que bien -, d'entendre et expliquer ce qui a pu se produire cet été : ma peau a pelé, symboliquement.
J'étais là, affalée sur un canapé trop petit pour moi, à m'empiffrer de petits fours parfois à peine décongelés, gobant du champagne grand public, et je percevais des émissions sonores provenant de ma mère. Peut-être parlait-elle ? Peut-être avait-elle un discours éclairé, éclairant, lancé à tue-tête pour m'élever ? Peut-être lisait-elle le programme tv ? ... Quoi ? Il a quoi "Cyril Féraud" ? Son âge ? De quoi ? Les foyers français, les téléspectateurs ? Oui, on trie nos poubelles ! Le rapport ? Je ne sais pas, le champagne bourdonne à mes oreilles, mon attention a déjà fait ses bagages pour Chez-Moi, je suis en hyperglycémie, je sue du gras, des graisses trans, des trans graisses, j'appelle à l'aide (ressers-moi), et ça va mieux ; elle poursuit.
Ah ! Ces "connards du GIEC", ok ressers-moi. Je trans. Elle se met à détester les chercheurs, ma mère. Pour la seule raison qu'ils cherchent, eux. Et s'ils trouvent, la trouvaille doit être rangée dans la boîte à idéologie. Et puis après tout ? Ca fait quoi si on crève ? C'est qui qui va te survivre ? Qui voudrais-tu que ce soit ? "Tu seras là pour porter ma bague de fiançailles" ? Non, vraiment, ressers-moi.
Ensuite, j'ai commis l'erreur de boire de l'eau. Les oreilles n'ont plus bourdonné, la tarte aux épinards a pris le dessus. Eau minérale MontCalm. Non mais ? Belle ironie. J'ai bu : je me suis moi-même servie 6 fois, et elle aussi. Je nous ai noyées. Elle débitait (est-ce perdre sa bite ?), j'avalais, l'eau prenait toute la place dans mon estomac. Il faisait Bloup Bloup quand je me suis rendue dans la cuisine. Et elle, avouait que non, elle ne bitait rien de ses propres paroles. J'étais pleine, par-dessus bord à l'intérieur, et la MontCalm a fait effet. J'étais repue et calme.
J'ai plié compulsivement trois fois un torchon, ou un morceau d'essuie-tout et j'ai passé l'éponge. Sans maître. J'ai mesuré l'ampleur de la connerie. Et il s'est produit un tour de passe-passe ; je suis allée 6 fois faire pipi et j'ai perdu une fine épaisseur d'une chose qui me collait au corps depuis ... toujours, peut-être.
A quel moment est-ce parti, est-ce que ç'a été douloureux, est-ce que c'était visible ou bruyant ? Était-ce même brillant ? Quelqu'un se l'est reçu dans la face ? Ou recollé sur le corps ? Ou bien c'est parti dans les airs ? Dans une forêt ? En haut d'un phare ? Ca planerait quelque part attendant une prochaine victime colocataire ?...
Je ne sais pas. J'ai quitté ma mère. Après 7 jours, j'ai repris le train vers mon monde. Quelque chose avait changé.
[Partie 1/3]
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Du bois en poudre
10 heures 45
Une odeur de bois haché est arrivée au 7e étage. Il suffit de si peu pour arriver au 36e dessous.
Il me reste en mémoire des vieilles pierres, des ouvertures dans le mur en guise fenêtres, des toiles d'araignées grises et cotonneuses, des vitres noircies par le temps et fêlées, mais bien plus fraîchement et très sûrement ancrées : des odeurs.
C'est d'abord l'odeur du sol de pierre humide, puis des lubrifiants pour divers matériaux, quelqu'autres produits détergeants, de temps en temps l'urine d'un animal qui se serait infiltré dans l'atelier, du bois humide, les matériaux qui chauffent quand on les polit ou les scie, et surtout, le bois qui vient d'être poncé.
Dans mon souvenir, j'y passais des heures. Je regardais vos gestes précis et habiles, vos quelques hésitations, vos dessins et vos notes, vos tâtonnements. Les machines à bois faisaient un bruit assourdissant. Les lourds outils anciens aussi, quand ils tombaient au sol - ce qui n'arrivait jamais, il ne fallait pas risquer de les déformer. Je crois me souvenir (ou cela me fait plaisir de me le suggérer) d'un gros poste de radio. Nous étions dans les années 90, vous écoutiez du jazz en sifflant avec une indubitable maîtrise dont on se demande l'origine. Vous avez toujours écouté du jazz (c'est difficilement supportable).
Avant mon entrée dans l'atelier, je vous entends siffler lorsque je longe les tas de tuiles inutilisées perdus sur le terrains. J'aimais l'odeur de la terre cuite qui chauffait des heures au soleil du printemps. J'entendais vos sifflements et j'avais peur, je me guidais quand même jusqu'à l'atelier parce que je savais que j'allais être fascinée. ... Que j'allais subir la fascination. La précision donnait parfois une sensation de mise en scène chorégraphiée. Peut-être valait-il de se donner ainsi en spectacle pour faire subir cette fascination. J'avais 7, 8, 9 parfois 10 ans, et j'attendais le spectacle, et dans le spectacle, des réponses. Je n'en aurais jamais.
J'ai parfois pris part au spectacle. Cela a donc fait de moi une actrice, auprès de l'acteur.
L'odeur du bois réduit en poudre montait tout à coup dans l'atelier après quelques manipulations, et c'était le point de départ d'une arrivée massive d'enthousiasme. Le bois était beau ; je me retrouvais très vite absorbée par le ballet du bois coupé, la vue des veines, en suivre le chemin, et le voir passer dans cette grosse machine à poncer, à couper. Hypnotisant. C'était doux et tranchant. Cela sentait très bon, la vie du bois et le travail bien fait. La sciure était douce et poussiéreuse, elle voletait dans l'air, et ne semblait pas redescendre.
J'ai coupé, limé, on a sifflé, poncé, cloué, et sur tout, vous m'avez guidée. Très pédagogue, mais pas disponible. Là mais pas là ? Je ne sais plus s'il s'agit d'impatience, d'agacement, de désintérêt, de brutalité...
Après quelques activités avec vous, je me revois repartir seule, avec la mélancolie clouée au corps. Je ne refermais pas la porte sur mes pas, je marchais dans la boue fraîche, j'entendais crisser l'herbe grasse sous mes tennis. Un tas de sable se trouvait là, presque aussi haut que moi, les fourmis courraient dessus, bien alignées.
Je ne sais pas ce qui a mal tourné.
Je ne reprenais pas le chemin aller, le retour demandait plus d'habileté : éviter les fleurs, jeter un œil aux légumes que l'on n'avait pas plantés, surveiller les grosses pierres enfouies dans l'herbe épaisse, éviter des merdes, croquer des groseilles, observer des bourdons, se souvenir que j'avais semé des graines de carottes 3 ans auparavant dans le coin là-bas, ... terminer ce parcours et se dire que tout est toujours comme d'habitude. Le désespoir.
La sciure est chiure.
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Cadenas sur ciel bleu. Circa existence périmée
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Merci à Claude Ponti, d'être Claude Ponti.
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