Virginie Marty ▪ étudiante en histoire de l'Art ▪ curieuse insatiable ▪ photographe amateur > Tous droits réservés
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L’Ode aux Ruines de Montfort-l’Amaury : “Je vous aime, ô débris !”
04/07/2015 : Bouteille d’eau : check ✓ - ventoline : check ✓ - défibrillateur : check ✓
Un conseil, respirez profondément car la montée promet d’être rude – surtout si vous partagez l’envie commune de partir du parking situé en contrebas de la ville. Une promesse toutefois : celle de vous assurer que la récompense sera forcément à la hauteur de l’effort effectué. Cap sur les sommets de Montfort-l’Amaury pour y découvrir le charme pittoresque de ses ruines médiévales !

Nous y sommes. Parvenue à plus de 180 mètres d’altitude, la vue imprenable sur la ville et sa campagne environnante est saisissante. Derrière moi, le spectacle n’en est pas moins plaisant.




Recouverts de lierre et autres plantes grimpantes, les trois pans de mur présents constituent les seuls vestiges restants de l’ancien château édifié au XIe siècle par Simon Ier de Montfort et démantelé au milieu du XIVe siècle, avant que celui-ci ne soit finalement remanié par Anne de Bretagne qui y fit ajouter une tourelle d’escalier, portant désormais l’appellation de « Tour d’Anne de Bretagne », dont le style et l’architecture restent emblématiques du gothique flamboyant.


Le charme pittoresque de ces « vieilles tours, que le temps l’une vers l’autre incline » surent autrefois capter l’attention de Victor Hugo qui, partant rejoindre Adèle Foucher à Dreux, résida à de multiples reprises dans la ville de Montfort-l’Amaury chez son ami et poète Saint-Valry, lié à Charles Nodier et au groupe de l’Arsenal. C’est ainsi à la demande de Mme Souillard, mère de Saint-Valry, qu’Hugo, alors âgé de 23 ans, écrivit cette « Ode aux Ruines de Montfort-l’Amaury » :

“Je vous aime, ô débris ! et surtout quand l’automne
Prolonge en vos échos sa plainte monotone.
Sous vos abris croulants je voudrais habiter,
Vieilles tours, que le temps l’une vers l’autre incline,
Et qui semblez de loin, sur la haute colline,
Deux noirs géants prêts à lutter.
Lorsque, d’un pas rêveur foulant les grandes herbes,
Je monte jusqu’à vous, restes forts et superbes !
Je contemple longtemps vos créneaux meurtriers,
Et la tour octogone et ses briques rougies ;
Et mon œil, à travers vos brèches élargies,
Voit jouer des enfants où mouraient des guerriers.
Écartez de vos murs ceux que leur chute amuse!
Laissez le seul poète y conduire sa muse,
Lui qui donne du moins une larme au vieux fort, Et, si l’air froid des nuits sous vos arceaux murmure, Croit qu’une ombre a froissé la gigantesque armure D’Amaury, comte de Montfort.
Là, souvent je m’assieds, aux jours passés fidèle, Sur un débris qui fut un mur de citadelle. Je médite longtemps, en mon cœur replié ; Et la ville, à mes pieds, d’arbres enveloppée, Étend ses bras en croix et s’allonge en épée, Comme le fer d’un preux dans la plaine oublié.
Mes yeux errent, du pied de l’antique demeure, Sur les bois éclairés ou sombres, suivant l’heure, Sur l’église gothique, hélas! prête à crouler, Et je vois, dans le champ où la mort nous appelle,
Sous l’arcade de pierre et devant la chapelle, Le sol immobile onduler.
Foulant créneaux, ogive, écussons, astragales, M’attachant comme un lierre aux pierres inégales, Au faite des grands murs je m’élève parfois. Là je mêle des chants au sifflement des brises ; Et, dans les cieux profonds suivant ses ailes grises, Jusqu’à l’aigle effrayé j’aime à lancer ma voix !
Là quelquefois j’entends le luth doux et sévère D’un ami qui sait rendre aux vieux temps un trouvère. Nous parlons des héros, du ciel, des chevaliers, De ces âmes en deuil dans le monde orphelines ; Et le vent qui se brise à l’angle des ruines Gémit dans les hauts peupliers !”
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L’église Saint-Pierre de Montfort-l’Amaury et son exceptionnel ensemble de vitraux du XVIe siècle.
04/07/2015 : En voiture Simone, poursuivons notre découverte de la Haute Vallée de Chevreuse, direction Montfort-l’Amaury !
Nichée au cœur du département des Yvelines, non loin de la forêt domaniale de Rambouillet, cette cité médiévale séduit avant tout les visiteurs par le charme et le cachet indéniablement ancien de ses rues pavées et maisons à colombages, sans compter la richesse de ses monuments historiques qui sont le fleuron de cette « petite ville de campagne » située à seulement 45 kilomètres de Paris.
Canicule oblige et quête de fraîcheur enclenchée, je décide de commencer ma visite par l’église Saint-Pierre, édifiée vers le milieu du XIe siècle sous Amaury Ier et reconstruite en 1491, certainement à l’initiative de la reine Anne de Bretagne, comtesse de Monfort.


De 1532 à 1547, André de Foix poursuivit ardemment les travaux précédemment entrepris en achevant la construction du chœur et en y joignant – au sein d’une nouvelle travée – l’élégante porte méridionale, sur laquelle figurent encore aujourd’hui son portrait ainsi que celui de sa femme, Catherine du Bouchet.
La date de 1613, gravée quant à elle sur le portail occidental, marque l’avancement de ces travaux qui ne furent terminés que deux siècles plus tard, soit en 1850.
Savant mélange d’architecture gothique et Renaissance, l’édifice doit principalement sa classification au titre des Monuments historiques (1840) à son remarquable ensemble de 37 vitraux datant de la seconde moitié du XVIe siècle.

Financées par des notables de la ville, les verrières anciennes se signalent par l’emploi de la peinture à l’émail, procédé expérimenté ici pour la première fois dans les tons bleu et violet par les peintres-verriers du XVIe siècle, tandis que le goût pour les verrières en grisaille s’imposait de manière générale dans de nombreuses églises de France aux alentours de 1540. Outre l’utilisation de couleurs chatoyantes et dynamiques, la technique permet également un plus grand raffinement de détails. La preuve en images…

Tentations du Christ (détail) : “Sur une montagne, Satan montre à Jésus la ville et ses nombreux monuments, puis la campagne fertile, en lui disant : “je te donnerai tout cela si tu m'adores”. Jésus répond avec indignation “Retire toi, Satan ! on ne doit servir et adorer que Dieu seul”. Le Diable, confondu, s'élance alors, renonçant à tout déguisement et déployant ses ailes de chauve-souris”.

Litanies de la Vierge (détail) : ville fortifiée qui symbolise la cité de Dieu.

L’histoire de Joseph (détail) : Pharaon investit Joseph de sa puissance.
Le site internet dédié à la présentation de l’édifice et de ses vitraux nous informe qu’il « n’y a pas de programme iconographique cohérent si l’on se réfère à la disposition des verrières et des thèmes abordés ». Il est toutefois intéressant d’observer que certaines verrières semblent avoir subi une influence italienne certaine, notamment en ce qui concerne celle de l’ « Ecce Homo » qui présente de fortes similitudes iconographiques avec cette gravure de Lucas van Leyden, datée de 1510 et conservée au Metropolitan Museum of Art de New-York.
Pour le reste, je vous laisse avec cette petite sélection personnelle de mes coups de cœur et vous invite fortement à vous procurer le livret pédagogique intitulé « Montfort-l'Amaury, les verrières de l'église paroissiale Saint-Pierre » si vous souhaitez percer tous les mystères de ces vitraux qui, après la fin de l’actuelle campagne de restauration, retrouveront pleinement leur polychromie et éclat originels.

Ecce Homo (détail) : “La partie inférieure montre le palais de Pilate et la foule qui réclame la crucifixion de Jésus à Pilate, lorsque ce dernier le leur présente. Au bas des degrés, une charette apporte les croix, que l'on aperçoit dans le lointain dressées sur le calvaire. Ce vitrail exceptionnel serait le plus ancien exemplaire français d'émail de teinte violette (1544).”

L’histoire de Joseph (détail) : “Ce vitrail illustre la vie de Joseph (Livre de la Génèse , à partir du chapitre 37). Importantes reconstitutions du XIXème siècle.”

Litanies de la Vierge (détail) : “La Sainte Vierge, couronnée et debout sur un croissant tient son divin enfant dans ses bras et est entourée d'emblèmes et de devises latines : dans le haut : vous êtes toute belle et sans tache ; le soleil : unique comme le soleil ; la lune : belle come la lune. Une touffe de lys : le lys des vallées ; une porte de ville : la porte du ciel ; une forteresse : tour de David ; un arbre : le plus haut des cèdres ; un autre arbre en face : olivier précieux ; un bouquet de roses : jardin des roses ; un miroir à main : miroir sans tache.”

Saint Hubert : détail représentant l’écuyer tenant le cheval et les chiens de saint Hubert, ce dernier s’agenouillant hors-champ devant une croix lumineuse qu’un cerf porte entre ses bois.

Tentations du Christ (détail): “Après que Jésus retiré dans le désert (représenté ici par une verdoyante forêt) y eut jeûné pendant quarante jours, Satan essaya de le tenter. Jésus est simplement, mais noblement drapé dans une tunique violette ; le diable a pris la figure et la robe d'un docteur ou d'un moine ; son pied armé de griffes le trahit seul. Il présente à Jésus une pierre en lui disant : "si tu es le fils de Dieu, change cette pierre en pain ". Jésus répond : "l'homme ne vit pas seulement de pain, mais encore de la parole de Dieu.
On voit dans le fond une élégante rotonde qui figure le temple de Jerusalem. Sur la galerie haute, le diable engage le Sauveur à se précipiter en se confiant dans le secours des anges. Jésus refuse, car il est dit : « vous ne tenterez pas le Seigneur votre Dieu ».”

Assomption de la Vierge (détail) : “Vitrail du début du XVIIème siècle montrant la Vierge pieds nus sur un croissant et entourée d'anges.”

Saint Louis et Charlemagne : “Les deux souverains de la France sont représentés de grande dimension sur un fond de tapisserie. Charlemagne, couvert de son armure, tient son épée. Saint Louis, en manteau fleurdelisé, tient la main de justice. Par anachronisme, il porte l’Ordre de Saint-Michel fondé en 1409. Dans le haut, le Christ en croix et des anges jouant des instruments. Légitimation de la royauté des Valois dans la succession capétienne.”
Informations pratiques
Église Saint-Pierre 3 Rue de la Treille 78490 MONTFORT - L’AMAURY Tél : 01.34.86.01.43
Site internet Contact : [email protected]
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Le Musée Lambinet à Versailles
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Une énième après-midi au château de Versailles
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Louis Janmot, Le Poème de l'âme : Rayons de soleil ▪ Musée des beaux-arts de Lyon ▪
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Joseph Chinard, Persée délivrant Andromède, marbre inachevé ▪ Musée des beaux arts de Lyon ▪
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Strasbourg, Musée de l'Œuvre Notre-Dame ▪ Atelier de N. Gerhaert de Leyde, Tête d'homme à paralysie faciale, Strasbourg, vers 1470, grès ▪
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Abbatiale Saint-Pierre de Beaulieu-sur-Dordogne (Corrèze, 19) ▪ Portail méridional, détail du tympan ▪
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Cloître de l'église Saint-Pierre à Carennac (Lot, 46) ▪ Mise au Tombeau (XVe siècle) ▪
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Etretat (Haute-Normandie, Seine-Maritime)
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Balade printanière à la Fondation Claude Monet - Giverny
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Château de Champs-sur-Marne (Seine-et-Marne, 77)
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Château de Champs-sur-Marne (Seine-et-Marne, 77) ▪ Salle à manger ▪
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Basilique Saint-Andoche de Saulieu (Côte-d'Or) ▪ Chapiteau des "acanthes grotesques" ▪
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Cathédrale Saint-Gatien de Tours ▪ Un des chapiteaux du scriptorium du cloître de la Psalette ▪
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Les gargouilles de la cathédrale Saint-Gatien de Tours
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