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Anthologie et explications, la Mort
Comme j'ai pu le dire lors de ma présentation, je sens mes derniers jours venir et je sais que je ne pourrai finir l’écriture de ma principale œuvre que sont Les Fleurs du Mal. Cependant, en utilisant mes dernières forces, je voudrais éclairer l'un des thèmes qui me tient le plus à cœur et que j'ai côtoyé tout au long de ma vie. Ce sont huit poèmes portant sur la mort que j’ai voulu faire briller plus que les autres : “Le Poison”, “Une Charogne”, “l’Horloge”, “Chant d'Automne”, “Le Mort Joyeux” et “l'Irrémédiable” de la section Spleen et Idéal, “Danse Macabre” des Tableaux parisiens et “La Mort des Amants” de la section La Mort.
Je me complais dans la représentation de la mort par nombre d’allégories. Elle est omniprésente et sans cesse évoquée dans Les Fleurs du Mal, tantôt souhaitée avec force, tantôt redoutée avec angoisse. Elle correspond à un moment de notre vie que l’on devra forcément affronter alors qu’on sait le combat perdu d’avance. J’ai toujours eu différentes visions de la mort. Tantôt effrayante, tantôt triste, elle m’a pourtant parfois paru comme synonyme de libération ou d'érotisme. Comment pouvons-nous l’imaginer? Je me suis figuré plusieurs fois, dans différents portraits, comment nous pouvions nous représenter cet inévitable évènement de notre vie. J’ose espérer que ces descriptions seront les miroirs de certains de mes lecteurs, et que vous serez aussi touchés en les lisant que moi en les écrivant.
On peut donc aisément opposer certains de mes poèmes, comme "Une Charogne" qui représente la mort répugnante, repoussante, corrosive (“cette pourriture”, vers 9, “La puanteur (...) vous évanouir.”, vers 15-16, cinquième strophe) mais dont on peut extraire la beauté du mal (“Les Formes s’effaçaient et n’étaient plus qu’un rêve”, vers 29) et de l'horrible associant mort et érotisme (“son ventre plein d’exhalaisons”, vers 8, “la carcasse superbe comme une fleur”, vers 13-14), avec “Chant d’automne” où j’ai fait se confronter la mort à l’amour comme le spleen se confronte à l’idéal. Dans ce poème, la mort n’est plus une étape, mais une fatalité. La volonté de fuir le temps est devenue celle de fuir la mort.
Dans “Le poison”, j’ai représenté la mort tel le dernier échappatoire face au spleen. En effet, après de nombreuses tentatives de fuite par divers moyens tels que l’alcool (première strophe), la drogue (deuxième strophe) et la femme (troisième strophe), qui est également l’allégorie de la mort dans “Danse macabre”, qui ne font que créer une idylle artificielle et éphémère dont la fin est marquée par un retour à la réalité systématique et inévitable dont il est impossible de se cacher. Tous ces moyens de fuite symbolisent la dépendance. Je ne peux que me plonger dans les paradis artificiels de l'opium, et la mort salvatrice se révèle unique issue (strophe 4)…
Dans le "Mort joyeux", la mort incarne le repos paisible et éternel (“où je puisse à loisir étaler mes vieux os”, vers 3, “Un mort libre et joyeux”, vers 10) brisant les chaînes maintenant mon personnage à l'enfer que lui est la vie. J’ai souhaité représenter la mort différemment; en effet, comment puis-je prétendre qu’elle n’est que peur, angoisse et ténèbres, alors que nombre sont ceux qui l’attendent, cette mort salutaire ? Néanmoins, j’ai exprimé la peur de la mort, me direz-vous, dans “L’horloge”. Assurément, dans ce poème, j’ai pris la liberté de faire parler le Temps, qui tympanise l’Homme (strophe 3, du vers 2 au 4), qui se retrouve démuni; jamais celui-ci ne pourra le surpasser ou l’éviter. La mort est liée à ce Temps moqueur. C’est un mécanisme immuable et toujours vainqueur (strophe 6). Tenter d’échapper à la mort serait tenter d’échapper au temps. Et vouloir fuir le temps traduit alors la volonté de fuir la mort. J’ai toujours considéré que ces deux termes étaient profondément liés. Peut-être est-ce la raison pour laquelle je les ai unis.
“L’Irrémédiable” est l’une de mes grandes fiertés, dont je tire une certaine suffisance, il me faut l’admettre. C’est un de mes rares poèmes où la mort est dissimulée parmi de nombreuses métaphores et autres figures de style, et non plus le champs notionnel-même, noyé dans une histoire. Je me complais dans l’idée qu’une partie du poème parle de la chute de Lucifer, cet Archange banni des Cieux par son Père et Créateur, mais que la seconde ne parle que d’un homme ayant peur de la descente dans ces mêmes-enfers, mais tout en étant attiré par les ténèbres que sont la mort. S’il est seul, dans “La mort des amants”, je me suis décidé à narrer la mort de deux êtres s’aimant, pensant que celle-ci n’était pas une fin mais un nouveau départ vers une nouvelle forme d’existence. Ceux-là pourront toujours se retrouver dans l’au-delà. Je n’oserai pas avancer l’existence de celui-ci, mais quoi de plus beau pour deux amoureux que l’idée qu’un tel endroit existe.
Et pourtant, si l’amour peut sauver de la peur de la mort, la figure féminine seule le peut-elle ? Dans la “Danse Macabre”, je me suis enhardi à incarner la mort en une la femme, dont un homme pour qui la vie n’est que passagère, la mort angoissante, vente la dangerosité mais la beauté. Celui-ci ne voit les plaisirs humains comme éphémères, vains ou même une perte de temps, sans en douter un instant. Cette femme, bien que belle, lui est repoussante tant elle le terrifie.
Vous pourriez vous dire que mes textes ne sont pas explicites ou même que le thème que j’aborde ne ressort pas de manière évidente dans mes poèmes ; mais l’art des belles-lettres n’est-il pas de raconter nos peurs et douleurs en les dissimulant avec d’autres champs notionnels, liant la mort avec l’amour, le putride, le désir, le temps ou même… le Mal ?
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Le poison
Le vin sait revêtir le plus sordide bouge D'un luxe miraculeux, Et fait surgir plus d'un portique fabuleux Dans l'or de sa vapeur rouge, Comme un soleil couchant dans un ciel nébuleux.
L'opium agrandit ce qui n'a pas de bornes, Allonge l'illimité, Approfondit le temps, creuse la volupté, Et de plaisirs noirs et mornes Remplit l'âme au delà de sa capacité.
Tout cela ne vaut pas le poison qui découle De tes yeux, de tes yeux verts, Lacs où mon âme tremble et se voit à l'envers... Mes songes viennent en foule Pour se désaltérer à ces gouffres amers.
Tout cela ne vaut pas le terrible prodige De ta salive qui mord, Qui plonge dans l'oubli mon âme sans remords, Et charriant le vertige, La roule défaillante aux rives de la mort !
— Charles Baudelaire, Les Fleurs du Mal
Chatterton, Henry Wallis, 1856
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Chant d’automne
I Bientôt nous plongerons dans les froides ténèbres ; Adieu, vive clarté de nos étés trop courts ! J'entends déjà tomber avec des chocs funèbres Le bois retentissant sur le pavé des cours. Tout l'hiver va rentrer dans mon être : colère, Haine, frissons, horreur, labeur dur et forcé, Et, comme le soleil dans son enfer polaire, Mon coeur ne sera plus qu'un bloc rouge et glacé. J'écoute en frémissant chaque bûche qui tombe ; L'échafaud qu'on bâtit n'a pas d'écho plus sourd. Mon esprit est pareil à la tour qui succombe Sous les coups du bélier infatigable et lourd. Il me semble, bercé par ce choc monotone, Qu'on cloue en grande hâte un cercueil quelque part. Pour qui ? - C'était hier l'été ; voici l'automne ! Ce bruit mystérieux sonne comme un départ. II J'aime de vos longs yeux la lumière verdâtre, Douce beauté, mais tout aujourd'hui m'est amer, Et rien, ni votre amour, ni le boudoir, ni l'âtre, Ne me vaut le soleil rayonnant sur la mer. Et pourtant aimez-moi, tendre coeur ! soyez mère, Même pour un ingrat, même pour un méchant ; Amante ou soeur, soyez la douceur éphémère D'un glorieux automne ou d'un soleil couchant. Courte tâche ! La tombe attend ; elle est avide ! Ah ! laissez-moi, mon front posé sur vos genoux, Goûter, en regrettant l'été blanc et torride, De l'arrière-saison le rayon jaune et doux ! — Charles Baudelaire, Les Fleurs du Mal
L’abbaye dans une forêt de chênes, Caspar David Friedrich, 1810
#Caspar David Friedrich#Chant d'Automne#Baudelaire#Romantisme#Les Fleurs du Mal#Poème#Mort#L'Abbaye dans une Forêt de Chênes
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Le mort joyeux
Dans une terre grasse et pleine d'escargots Je veux creuser moi-même une fosse profonde, Où je puisse à loisir étaler mes vieux os Et dormir dans l'oubli comme un requin dans l'onde, Je hais les testaments et je hais les tombeaux ; Plutôt que d'implorer une larme du monde, Vivant, j'aimerais mieux inviter les corbeaux A saigner tous les bouts de ma carcasse immonde. Ô vers ! noirs compagnons sans oreille et sans yeux, Voyez venir à vous un mort libre et joyeux ; Philosophes viveurs, fils de la pourriture, A travers ma ruine allez donc sans remords, Et dites-moi s'il est encor quelque torture Pour ce vieux corps sans âme et mort parmi les morts ! — Charles Baudelaire, Les Fleurs du Mal
Satire de suicide romantique, Leonardo Alenza, 1839
#Le Mort Joyeux#Baudelaire#Les Fleurs du Mal#Poème#Mort#Romantisme#Satire de suicide romantique#Leonardo Alenza
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L’irrémédiable
I
Une Idée, une Forme, un Etre Parti de l'azur et tombé Dans un Styx bourbeux et plombé Où nul oeil du Ciel ne pénètre;
Un Ange, imprudent voyageur Qu'a tenté l'amour du difforme, Au fond d'un cauchemar énorme Se débattant comme un nageur,
Et luttant, angoisses funèbres! Contre un gigantesque remous Qui va chantant comme les fous Et pirouettant dans les ténèbres;
Un malheureux ensorcelé Dans ses tâtonnements futiles Pour fuir d'un lieu plein de reptiles, Cherchant la lumière et la clé;
Un damné descendant sans lampe Au bord d'un gouffre dont l'odeur Trahit l'humide profondeur D'éternels escaliers sans rampe,
Où veillent des monstres visqueux Dont les larges yeux de phosphore Font une nuit plus noire encore Et ne rendent visibles qu'eux;
Un navire pris dans le pôle Comme en un piège de cristal, Cherchant par quel détroit fatal Il est tombé dans cette geôle;
— Emblèmes nets, tableau parfait D'une fortune irrémédiable Qui donne à penser que le Diable Fait toujours bien tout ce qu'il fait !
II
Tête-à-tête sombre et limpide Qu'un coeur devenu son miroir! Puits de Vérité, clair et noir Où tremble une étoile livide,
Un phare ironique, infernal Flambeau des grâces sataniques, Soulagement et gloire uniques, — La conscience dans le Mal !
— Charles Baudelaire, Les Fleurs du Mal
Le Cauchemar, Johann Heinrich Füssli, 1781
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Danse macabre
À Ernest Christophe
Fière, autant qu'un vivant, de sa noble stature Avec son gros bouquet, son mouchoir et ses gants Elle a la nonchalance et la désinvolture D'une coquette maigre aux airs extravagants.
Vit-on jamais au bal une taille plus mince ? Sa robe exagérée, en sa royale ampleur, S'écroule abondamment sur un pied sec que pince Un soulier pomponné, joli comme une fleur.
La ruche qui se joue au bord des clavicules, Comme un ruisseau lascif qui se frotte au rocher, Défend pudiquement des lazzi ridicules Les funèbres appas qu'elle tient à cacher.
Ses yeux profonds sont faits de vide et de ténèbres, Et son crâne, de fleurs artistement coiffé, Oscille mollement sur ses frêles vertèbres. Ô charme d'un néant follement attifé.
Aucuns t'appelleront une caricature, Qui ne comprennent pas, amants ivres de chair, L'élégance sans nom de l'humaine armature. Tu réponds, grand squelette, à mon goût le plus cher !
Viens-tu troubler, avec ta puissante grimace, La fête de la Vie? ou quelque vieux désir, Éperonnant encor ta vivante carcasse, Te pousse-t-il, crédule, au sabbat du Plaisir ?
Au chant des violons, aux flammes des bougies, Espères-tu chasser ton cauchemar moqueur, Et viens-tu demander au torrent des orgies De rafraîchir l'enfer allumé dans ton cœur ?
Inépuisable puits de sottise et de fautes ! De l'antique douleur éternel alambic ! À travers le treillis recourbé de tes côtes Je vois, errant encor, l'insatiable aspic.
Pour dire vrai, je crains que ta coquetterie Ne trouve pas un prix digne de ses efforts Qui, de ces cœurs mortels, entend la raillerie ? Les charmes de l'horreur n'enivrent que les forts !
Le gouffre de tes yeux, plein d'horribles pensées, Exhale le vertige, et les danseurs prudents Ne contempleront pas sans d'amères nausées Le sourire éternel de tes trente-deux dents.
Pourtant, qui n'a serré dans ses bras un squelette, Et qui ne s'est nourri des choses du tombeau ? Qu'importe le parfum, l'habit ou la toilette ? Qui fait le dégoûté montre qu'il se croit beau.
Bayadère sans nez, irrésistible gouge, Dis donc à ces danseurs qui font les offusqués: «Fiers mignons, malgré l'art des poudres et du rouge Vous sentez tous la mort ! Ô squelettes musqués,
Antinoüs flétris, dandys à face glabre, Cadavres vernissés, lovelaces chenus, Le branle universel de la danse macabre Vous entraîne en des lieux qui ne sont pas connus !
Des quais froids de la Seine aux bords brûlants du Gange, Le troupeau mortel saute et se pâme, sans voir Dans un trou du plafond la trompette de l'Ange Sinistrement béante ainsi qu'un tromblon noir.
En tout climat, sous tout soleil, la Mort t'admire En tes contorsions, risible Humanité Et souvent, comme toi, se parfumant de myrrhe, Mêle son ironie à ton insanité !»
— Charles Baudelaire, Les Fleurs du Mal
La jeune martyre, Paul Delaroche, 1853
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Une charogne
Rappelez-vous l'objet que nous vîmes, mon âme, Ce beau matin d'été si doux: Au détour d'un sentier une charogne infâme Sur un lit semé de cailloux,
Les jambes en l'air, comme une femme lubrique, Brûlante et suant les poisons, Ouvrait d'une façon nonchalante et cynique Son ventre plein d'exhalaisons.
Le soleil rayonnait sur cette pourriture, Comme afin de la cuire à point, Et de rendre au centuple à la grande Nature Tout ce qu'ensemble elle avait joint;
Et le ciel regardait la carcasse superbe Comme une fleur s'épanouir. La puanteur était si forte, que sur l'herbe Vous crûtes vous évanouir.
Les mouches bourdonnaient sur ce ventre putride, D'où sortaient de noirs bataillons De larves, qui coulaient comme un épais liquide Le long de ces vivants haillons.
Tout cela descendait, montait comme une vague Ou s'élançait en pétillant; On eût dit que le corps, enflé d'un souffle vague, Vivait en se multipliant.
Et ce monde rendait une étrange musique, Comme l'eau courante et le vent, Ou le grain qu'un vanneur d'un mouvement rythmique Agite et tourne dans son van.
Les formes s'effaçaient et n'étaient plus qu'un rêve, Une ébauche lente à venir Sur la toile oubliée, et que l'artiste achève Seulement par le souvenir.
Derrière les rochers une chienne inquiète Nous regardait d'un oeil fâché, Epiant le moment de reprendre au squelette Le morceau qu'elle avait lâché.
— Et pourtant vous serez semblable à cette ordure, À cette horrible infection, Etoile de mes yeux, soleil de ma nature, Vous, mon ange et ma passion!
Oui! telle vous serez, ô la reine des grâces, Apres les derniers sacrements, Quand vous irez, sous l'herbe et les floraisons grasses, Moisir parmi les ossements.
Alors, ô ma beauté! dites à la vermine Qui vous mangera de baisers, Que j'ai gardé la forme et l'essence divine De mes amours décomposés!
— Les Fleurs du Mal, Charles Baudelaire
La mort sur un cheval pâle, William Turner, 1830
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L’horloge
Horloge ! dieu sinistre, effrayant, impassible, Dont le doigt nous menace et nous dit : " Souviens-toi ! Les vibrantes Douleurs dans ton coeur plein d'effroi Se planteront bientôt comme dans une cible, Le plaisir vaporeux fuira vers l'horizon Ainsi qu'une sylphide au fond de la coulisse ; Chaque instant te dévore un morceau du délice A chaque homme accordé pour toute sa saison. Trois mille six cents fois par heure, la Seconde Chuchote : Souviens-toi ! - Rapide, avec sa voix D'insecte, Maintenant dit : Je suis Autrefois, Et j'ai pompé ta vie avec ma trompe immonde ! Remember ! Souviens-toi, prodigue ! Esto memor ! (Mon gosier de métal parle toutes les langues.) Les minutes, mortel folâtre, sont des gangues Qu'il ne faut pas lâcher sans en extraire l'or ! Souviens-toi que le Temps est un joueur avide Qui gagne sans tricher, à tout coup ! c'est la loi. Le jour décroît ; la nuit augmente, souviens-toi ! Le gouffre a toujours soif ; la clepsydre se vide. Tantôt sonnera l'heure où le divin Hasard, Où l'auguste Vertu, ton épouse encor vierge, Où le repentir même (oh ! la dernière auberge !), Où tout te dira : Meurs, vieux lâche ! il est trop tard ! "
— Charles Baudelaire, Les Fleurs du Mal
La maison de la mort, William Blake, 1827
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La mort des amants
Nous aurons des lits pleins d'odeurs légères, Des divans profonds comme des tombeaux, Et d'étranges fleurs sur des étagères, Écloses pour nous sous des cieux plus beaux.
Usant à l'envi leurs chaleurs dernières, Nos deux cœurs seront deux vastes flambeaux, Qui réfléchiront leurs doubles lumières Dans nos deux esprits, ces miroirs jumeaux.
Un soir fait de rose et de bleu mystique, Nous échangerons un éclair unique, Comme un long sanglot, tout chargé d'adieux;
Et plus tard un Ange, entr'ouvrant les portes, Viendra ranimer, fidèle et joyeux, Les miroirs ternis et les flammes mortes.
— Charles Baudelaire, Les Fleurs du Mal
Roméo et Juliette, Théodore Chassériau, 1850
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Le poète jouit de cet incomparable privilège, qu'il peut à sa guise être lui-même et autrui.
Le Spleen de Paris, Les Fleurs du Mal, Baudelaire
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