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Essais photo argentique - 2016

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“Non.” Mai 2016 Il y a ce mot qui revient toujours en boucle, “Non.”, “Non, je ne ferais pas ça.”, “Non, non, non, lâchez-moi!.”

Il y a cette volonté de réappropriation de soi, des autres, après un viol, de se retrouver, s’appartenir, de se faire mal, de rire, d’être puérile, d’être tout, entière, enfin. Le “Non.” revient ici en leitmotiv, sur différentes surfaces, sur celles que j’ai besoin de me réapproprier : ma chair, la rue, ma chambre, l’internet, ma silhouette, ... Dire “Non.” de différentes façons, sans en trouver une plus juste que l’autre, un quête permanente de l’affirmation de soi, de sa volonté.

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Rends-moi mon corps.

Des fois je voudrais crier comme pas possible. IL EST A MOI CE CORPS, IL EST A MOI! RENDEZ-LE MOI!

Je me sens de plus en plus dépossédée de ce que je suis, ou plutôt j'en ai de plus en plus conscience, de mon manque d'emprise sur ce qui me constitue. Je crois que j'ai de plus en plus peur des autres, de la déception à laquelle faire face lorsqu'ielles ne sont pas encore assez déconstruit.es, pas assez féministes, pas assez au courant, trop opprimant.e.s, oppressant.e.s., j'ai peur de moi quand, par habitude, je m'oppresse. On m'oppresse. J'étouffe là, help!

J'ai peur des fois. De ne pas m'appartenir. Cela fait 13 ans que je m'appartiens plus. C'est un peu relou quand même. Je voulais être un petit garçon, je voudrais ne jamais être adulte, ne jamais oublier. Je voudrais savoir m'en détacher, vivre pleinement. Je ne sais pas, j'ai peur. Je crois. Je ne sais pas où commencer, comment amener les choses. J'aimerais crier, peut-être.

Rendez-moi mon corps. Rendez-moi mon intégrité. Rendez-moi ma liberté.

Je ne veux pas vous entendre me dire quoi faire, comment agir. Je ne veux pas me calmer. Je ne veux pas être conciliante. J'aimerais crier. Je veux aimer mon corps poilu, je veux aimer mon corps couvert de cicatrices, je ne veux plus avoir honte. Je veux aimer ce corps qui ne peut pas jouir. Ce corps qui ne veut pas jouir. Je n'ai pas besoin de vous pour vaincre l'anorgasmie. Et pourquoi "vaincre" l'anorgasmie d'ailleurs? Vous vous foutez de ma gueule?! Y a que moi que ça regarde. J'veux pas entendre vos putains de plaintes, j'veux pas qu'tu sois "l'homme qui [me] donnera un orgasme". Tu me dégoûtes. T'es qui putain? Je n'ai pas besoin de toi. JE VEUX ETRE LIBRE SEULE. Arg, j'ai un petit goût de bile dans la bouche.

J'aurais dû te le dire à ce moment là que tu étais oppressant, que tu étais bête. J'aurais dû te le dire quand tu t'appelais Lancelot, Adrien, Brice, Yoan, Florian ou encore Théo. J'aurais dû te le dire quand j'étais amoureuse de toi, ou quand nous étions ami.e.s. J'aurais dû te le dire quand tu ne parlais pas mais que ta gêne était palpable. Non, je ne jouis pas. Non, je ne peux pas, pas encore. Oui je prends du plaisir, non je ne crie pas. Et alors? ET ALORS PUTAIN? Ne me dis pas que tu te sens dévalué par ça, n'ose pas me dire que ça te bloque. Tu n'as rien connu. Tu es opprimant. Je t'offre ce corps qui est mien, et tu n'en veux pas. Tu le voulais, mais plus maintenant. Il est trop compliqué. Trop complexe. Tu veux bien de mes fesses mais tu ne veux pas de mon passé. Tu veux bien de mes seins mais pas de mes entailles. Non, tu n'es pas la victime. Alors s'il te plaît, ferme-la. Un jour je te cracherai dessus. Et je n'aurais pas honte de ne pas avoir été pédagogue. Tu diras de moi que je suis "castratrice" et je n'aurais aucun soucis avec ça. Moins tu enfanteras, mieux le monde se portera.

Tu es opprimant. Je t'ai offert ce corps qui est le mien et tu l'as pris pour dû. Tu ne m'as pas demandé mon avis. Tu n'as pas entendu mon refus. J'avais 6 ans, toi 7. Tu n'y pensais pas, qu'on ne met pas sa main dans le vagin d'une petite fille quand elle dit non. Tu ne penses plus je suppose. Tu ignores ta position de violeur. Elle est "normale", tu étais curieux et tu avais un pénis, alors on te pardonne.

 Et moi je suis détruite. Moi ça fait 13 ans que tout les mois je rêve qu'on abuse de moi, que je me réveille avec l'impression d'être morte à l'intérieur. Moi ça fait 13 ans et je n'ai jamais porté plainte. J'ai oublié ça pendant si longtemps. J'ai tellement honte, tellement mal.

Un main fantôme est posée à l'entrée de mon sexe et j'ai envie de disparaître à l'intérieur de ce corps qui ne semble plus être mien.

Tu ne m'as pas demandé mon avis non plus quand tu as profité de mon taux d'alcoolémie pour m'amener sur cette plage. Tu ne m'as pas demandé mon avis quand tu m'as embrassée, ni quand tu as sorti ce préservatif. Je ne comprenais pas, alors je n'ai rien dit. Alors j'ai attendu que ça passe. 

Puis je suis partie en courant. 

Et puis toutes ces fois où tu m'as interpellée dans la rue, comme si je t'appartenais, cette fois où à 13 ans tu m'as suivie jusqu'à chez moi, le regard pervers, cette fois où tu t'es masturbé devant moi dans la rue, ces fois où tu ne m'as pas demandé avant de jouir dans ma bouche, où tu ne m'as pas questionnée avant de me toucher, ces fois où tu as fais fi ma volonté; je ne les laisserai plus jamais passer. 

Je t'humilierai.  

Patriarcat, rends-moi mon corps. Je me fiche de ta tristesse, je me fiche de ta détresse, je ne veux pas discuter. Je ne veux pas t'entendre dire que "tous les hommes ne...". Je le sais, je ne suis pas bête. Ne te moque pas de moi. N'essaie pas de me calmer, tu dévalorises ma lutte.

Rends-moi mon corps, rends-moi mon intégrité, rends moi ma liberté.

Rends-moi ma lutte.

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Essais de photographies faites de bric et de broc mais surtout de lumière.

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Nymphose. Janvier 2015, Plâtre, draps usagés.

Une nymphose est la transformation d'une larve en nymphe. Ce projet, réalisé lors d'un workshop de cette année, est une série de trois moulages à taille humaine. Ils résultent de poses d'environ 45min pendant lesquelles j'étais recouverte de draps imbibés de plâtre. Ma volonté était d'interroger la représentation du corps et sa désincarnation. L'individu est ici figuré mais il n'existe plus, il n'est présent que par le vide qu'il a laissé et n'est représenté que par son enveloppe, ce qui lui est extérieur : c'est à dire ce qu'il n'est pas. Figures fantomatiques, quasiment irréelles elles oscillent entre douceur et violence.

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Nécrose. 2015, Papier et fil de nylon.

Mort, douleur, poésis.

Mobile réalisé dans le cadre d’un cours de Design Produit.