troisieme-etage

[troisieme-etage]

[troisieme-etage]

y’a personne

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ça me donne envie de pleurer tout le temps

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je me suis faite tej hors de mon appart

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[troisieme-etage]

les immeubles pres de chez moi et les immeubles a paris

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paris !!

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« c’est un viol, regarde »

elle a allumé la télévision. il y avait de la neige a l’ecran, mais on entendait un son. celui de quelques sms que l’on s’était échangé. on entendait le son d’une confiance partagée, d’une amitié et d’un amour sincère. puis le son d’un accident, d’une voiture qui se retourne, sans cris.

on entendait ensuite des bruits de pleurs. des cris, des phrases échangées au sein de la panique. nos yeux, a moi et ma therapiste, etaient rivés sur la neige.

« demain, vous le direz. il faudra le dire. 

- demain ? demain, vraiment ?

« demain, il faudra le dire aux gens que vous aimez et aux gens qui vous font peur. »

dans mon cœur s’etait ouvert un cadenas, fermé entre mes artères depuis deux ans. cette femme m’avait greffé un poumon, rendu mon œil manquant, ajouté un sixième doigt à la main droite.

je suis sortie du cabinet épuisée, en écoutant cette chanson.

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seulement, cette stratégie ne marchera pas. certes, je ne me faisais plus toucher par personne, mais par défaut, même les embrassades de ma mère, les poignées de main, ou meme une bise sur ma joue, toutes ces petites traces d’amour provoquaient des nausées, des crises de peur et cette flamme dans mon ventre qui me paralysait.

l’amour que je ressentais pour mes meilleurs amis se retournait contre eux et moi, et très vite, ce pacte de protection est devenu toxique et isolateur.

un soir, avec une force nouvelle, j’ai surmonté cette peur. avec une fille, j’ai échangé des baisers, des embrassades, nos doigts se sont entremêlés. puis, pour me protéger, le pacte s’est activé très violemment, plus encore que d’habitude.

paralysee par la peur, j’ai reuni mes dernieres forces et me suis traînée chez une thérapiste. elle m’a écoutée vomir, elle m’a pressé la main sur le dos.

en me tapotant dans le dos, elle a senti contre son genoux quelque chose dans ma poche. tandis que je vomissais, elle y a glissé la main, et a trouvé une clef.

« c’est un viol ». c’etait ça la clef. je l’avais dans ma poche depuis deux ans.

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parfois je comprends un peu mieux l’ampleur de la situation

et j’ai envie de vomir un petit peu. je sais pas ce qu’il m’a fait mais au fond de mon cerveau et de mon cœur s’est creusée une profonde fissure pleine de sang et de pu. cette fissure m’a fait me lever pour vomir, elle m’a fait courir hors de la chambre.

une fois dehors, mon âme a fait un pacte avec mon corps, sans me le dire. afin de me protéger, le touché que j’ai subit sera caché dans un coffre fermé dans mon cerveau le plus rudimentaire, celui d’où viennent les reflexes, les impulsions et les peurs. afin de me protéger, ils se sont rappelés des tout premiers moments de l’agression : les lèvres sur ma peau, les mains contre mes jambes, et cette affection dont personne ne voulait.

les accords de ce pacte se terminent ainsi : si une situation ressemble à celle ci, il faudra tout faire pour que ça cesse. allumer une flamme dans mon ventre, m’affamer jusqu’à ce que je m’evanouisse, la peur !!! la peur sera gagnante pour qu’on ne souffre plus jamais autant.