Quelque chose de la joie impossible à retrouver. Le temps qui ne s'y prête plus, ou l'époque ? Ou personne ou cet homme contemporain qui cherche et qui veut autre chose et s'y perd ? La joie comme le premier feu, conservé longtemps, entretenu de génération en génération, aux creux des mirettes et des bouquets de violettes, faire rimer et puis plus. La joie disparue. La joie des paroles simples comme des objets utiles posés sur une table. Cette joie naïve dans les pieds qui dansaient, dans les flammes, dans les yeux qui dansaient aussi... La joie dans le cœur des hommes, dans les vagues de la mer, dans l'espoir de changer le monde. La joie d'y croire... Nous avons perdu la joie, extinction, météorite ou virus ? la joie comme une espèce éteinte et dont on n'aurait gardé aucun gène, aucune cellule, aucun moyen de la ressusciter jamais. La joie simple, la simple joie qui n'était ni la jouissance permanente, ni l'appropriation sans fin, ni l'orgie du trop de tout, du trop qui déborde, s'éclate, abimant autant l'esprit que la nature. La joie qui n'était pas la brutalité des émotions comme lâchées du haut des ponts. La joie, ce petit peu de lumière, éclat d'eau, mélodie sifflotée, reflets d'une pensée dans le sourire et dans l'insouciance. La joie intérieure comme une petite musique, la joie muette comme dans les yeux des bêtes, la joie des soirs d'été, le dos collé à des herbes, face tournée vers un ciel d'étoiles filantes... La joie. La joie pure et souveraine, la joie disparue. Petite mariée qui courait pieds nus à travers champs, fuyant la noce joyeusement, l'aurait-elle emportée avec elle ?
“c'est peut être ça la vie : beaucoup de désespoir mais aussi quelques moments de beauté ou le temps n'est plus le même. C'est comme si les notes de musique faisaient un genre de parenthèse dans le temps, de suspension, un ailleurs ici-même, un toujours dans le jamais. Oui c'est ça, un toujours dans le jamais ».”