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Quand la vie contrarie les projets
Ceux qui lisaient le blog sans pour autant me connaître et pouvoir prendre de mes nouvelles se demandent peut être ce que je (et nous) deviens (devenons) ? Pourquoi depuis un mois, nous n’avons pas publié de nouvelles. Eh bien je vous dois quelques explications.
Tout d’abord, disons-le franchement, nous ne repartirons pas de sitôt, ni en Europe, ni ailleurs. En tout cas pas dans les mois qui viennent. Les obstacles à un nouveau départ se sont accumulés devant nous de façon inquiétante depuis notre retour. Ils sont de deux ordres : matériels et médicaux. Les voici, dans cet ordre.
Le couple à qui nous avions confié notre appartement pendant notre absence a trahi notre confiance. En effet, nous avons découvert, effarés, que notre nid douillet était loué, sans notre accord ni même connaissance, sur Airbnb. Des inconnus avaient dormi dans notre lit, utilisé notre cuisine ou notre salle de bains alors que nous les pensions entre de bonnes mains ! Inutile de vous dire à quel point nous nous sommes sentis trahis. Etant à l’hôpital à ce moment-là (j’y reviendrai), je me sentais totalement démuni et impuissant, Tania devait gérer le problème toute seule et mettre si possible Duong et sa femme dehors, car c’est ce qui s’imposait et ce que nous avions décidé. Ayant trouvé des documents dans lesquels sa signature avait été grossièrement imitée, la rage de Tania contre ces goujats a été décuplée et finalement elle n’a pas eu trop de peine à les menacer d’une plainte pour « faux et usage de faux » et ainsi les mettre dehors. Le pire a été évité mais la télécommande du parking ainsi que quelques objets avaient disparu et l’appartement était sans dessus-dessous ! Pour ne rien arranger à nos affaires, la préfecture a entretemps encore repoussé la délivrance de la carte de résident à Tania. Elle n’a eu droit qu’à un nouveau récépissé de trois mois, et ce malgré les interminables queues bravées dans le froid à l’heure du laitier ou encore les emails de relance qu’elle a écrit. Enfin, et puisque un malheur n’arrive jamais seul, la voiture que nous avions achetée pour notre aventure en Europe a connu différentes pannes, jusqu’à finir dans un garage en Picardie, remorquée par l’assistance alors que le moteur refusait d’avancer au milieu de l’autoroute. Au final, toutes ces contraintes nous ont non seulement retardés jusqu’à présent, mais ont aussi sérieusement grignoté notre budget déjà serré.
Le coup de grâce est venu de mon état de santé. Je ne suis pas étonné, du reste, je me disais bien que le répit dont je bénéficiais depuis la fin de l’année dernière risquait de ne pas durer. Ainsi, l’infection à l’œil que j’avais attrapée au Népal et que je pensais guérie, non seulement ne l’était pas, mais elle s’est transformée en abcès de cornée, me faisant passer ma première semaine en France à l’hôpital ! Depuis, les antibiotiques ont seulement stabilisé l’infection et les médecins restent perplexes quant à son évolution, ne sachant pas si elle est bactérienne ou fongique, les différentes cultures des prélèvements n’ayant rien donné de concluant. Et ce n’est pas la seule mauvaise nouvelle. Une douleur intermittente persiste à mon épaule gauche (elle a commencé suite à une chute pourtant sans gravité en trek) et mon mal de dos lancinant depuis la radiothérapie s’amplifie. Là aussi les médecins sont relativement impuissants et les examens encore en cours. Bref, une série de maux, qui sans être intenses, me fatiguent énormément et m’empêchent de repartir pour de nouvelles aventures.
Nous sommes déçus évidemment. Pour Tania, le tour d’Europe allait être une expérience moins fatiguante que celle qu’elle avait vécue en Asie jusqu’à présent. Ce projet lui donnait aussi l’occasion de mieux connaître l’Europe, ce continent dans lequel elle vit depuis six ans mais dont elle ignore encore la majorité des cultures. Sans compter le plaisir qu’elle éprouvait à conduire sur toutes ces routes, aussi variées qu’inconnues. Pour moi, la déception est différente, je considérais cette suite européenne à notre aventure comme une parenthèse moins exigeante physiquement, comme une transition vers une vie « post-maladie » qui restait à inventer. Je dois faire le deuil d’un périple qui me semblait assez long et assez calme pour me permettre de répondre aux questions, que suscitait un avenir à construire entièrement. Me voilà donc déstabilisé, déboussolé même, comme un enfant qui, le jour de Noël, ne trouverait rien au pied du sapin. Pendant des semaines il s’y est préparé, pendant des jours il a entendu les adultes ou ses copains évoquer les surprises qui l’attendraient. Et la hotte du Père Noël est désespérément vide. La déception est cruelle.
Je terminerai cet article en vous promettant de continuer à alimenter le blog quoi qu’il arrive. J’y raconterai probablement moins de voyages et plus d’autres choses, de moments de vie, d’états d’âme ou d’états d’esprit. Il deviendra aussi probablement plus personnel. En fait, j’ai pris du plaisir à écrire nos aventures et à essayer de vous faire partager nos sentiments. Je me vois comme un piètre conteur, avec peut-être un peu de talent pour le maniement de la langue mais une imagination bien pauvre. Pourtant, Tania et mes amis proches m’encouragent à écrire, décelant apparemment des qualités à ma prose. Alors, je continue, et que mes lecteurs soient mes seuls juges.
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