#révolte premier mai
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Un premier Mai sans manifester ? Ce serait bien mal me connaître. Ces derniers jours je passe un peu de temps à faire de la musique. Je bosse un son particulièrement et je commençais à me demander quand est-ce que j’arriverai à y mettre un point final.
Hier j’ai décidé de marquer le coup pour ce 1er Mai à résidence. L’occasion de plonger dans une vingtaine d’années d’archives et de les poser sur cette musique que j’ai composé ces derniers jours. La révolte et la quête de droits, prennent beaucoup de formes. Parmi les plus populaires : grèves, manifestations, marches, sit-in, et autres actions à base d’activisme et de spontanéité.
Dans cette vidéo se trouvent des souvenirs -à ce jour- inoubliables, des moments d’intenses joies, de peurs, de solidarité, d’humour, de courage, de détermination et tellement d’autres sensations. Des instants de victoires. Parce qu’on a pris sur nous de se rassembler. De privilégier le collectif et ce malgré l’issue de nos luttes, parfois décevante. Mais nous avons gagné tellement en progrès social via ces différentes formes de luttes. Et nous en gagnerons encore. Non sans mal.
En attendant de retrouver les pavés ou les champs, je me rappelle cette « minute de silence » à la mémoire de Clément Méric à Paris en 2013. Mon voyage à Paris s’était organisé à la va-vite. Je n’avais pas anticipé ce rassemblement et d’une heure sur l’autre : j’ai l’info et j’y vais. La foule est considérable. Des milliers de personnes. Dress-code majoritairement noir, beaucoup de personnes camouflent leurs visages et des familles ou des solitaires lambda sont là. Massivement. Après une bonne marche, soudain la foule pose un genoux à terre, la foule s’accroupit, des poings se lèvent et le silence se fait en pleine journée en centre ville Parisien. Le moment est bouleversant. Paris silencieuse. Ma gorge est serrée, des larmes glissent sur mon visage pendant que j’enregistre le moment avec un dictaphone. Cette bande est incroyable. La minute de silence devient de longues minutes dans lesquelles la foule se réfugie, se rassemble, unifie sa colère autour de la mémoire de Clément Méric. Ce moment est gravé dans mes tripes avec intensité.
Je me rappelle également ma sœur enceinte de son deuxième fils, le premier sur ses épaules, au milieu d’une marrée rouge sur la Plage du Prado à Marseille en 2012.
Je me rappelle également de ma sœur venue me rejoindre pour une manif contre la réforme des contrats CUI-CAE à Marseille. Enceinte jusqu’au cou. Un foulard pour protéger ses voix respiratoires au milieu des fumigènes. Ou encore ma sœur au contre-sommet G8 à Nice en train de rédiger des slogans sur nos panneaux pendant le trajet Marseille-Nice.
Je me rappelle le jour de mes résultats du bac à Carpentras, qui était aussi le jour où Nicolas Sarkozy -alors ministre de l’intérieur- avait décidé de faire une réunion dans la salle polyvalente de la ville. Ce secteur est outrageusement quadrillé par les CRS. Les personnes présentes marquent simplement leur désaccord politique avec l’individu. La foule est entièrement pacifiste (comme souvent, quoique les médias mainstream en disent). Avec une poignée de potes, on se joint à la marche qui ressemble plus à un pèlerinage hippie qu’à un mouvement de révolte. Soudainement on se fait gazer sévèrement par les CRS. Ma première fois. Indélébile. Je me rappelle que nous ne faisions rien que de chanter, de discuter entre nous ou de dire « pas content bouh bouh bouh ». La leçon ce jour là a été plus forte que bien des leçons apprises sur les bancs du lycée cette même année. Je me rappelle des courses et des cris paniqués de dizaines de personnes inoffensives. Je me rappelle des premiers soins ou réflexes à adopter en cas de gazage que nous suggérons et appliquons. Les unEs tentent de rassurer les autres. Probable que de nombreuses personnes aient vu naître une révolte en eux ce jour là. L’injustice frappait nos chairs innocentes. Ça fait flambi dit comme ça, mais c’est le cas.
Je me rappelle la « marche Charlie au Ventoux » en 2015 au moment où j’avais besoin de temps pour digérer, plus que de manif. J’avais besoin d’être dans un mouvement tranquille. D’être dans un symbolisme nécessaire à ce moment là, sans pour autant précipiter mes pensées et la digestion de cette période dramatique. Lorsque j’arrive au point de rdv au Chalet Reynard, le climat est glacial. Je suis vaguement bien équipée. Il pleut des gouttelettes gelées. Nous sommes une cinquantaine ? Plus ? Nous marchons vers le sommet depuis le Sud. Un autre groupe monte par le flan Nord du Géant de Provence. La montée n’est pas tendre et me fait un bien fou. Je suis là où j’ai besoin d’être. Là où je respire dans un moment pareil, les pieds dans mes racines natales. Le ciel est bas et gris, les nez coulent et les unEs et les autres se demandent d’un regard ou d’un mot si « tout va bien ? ». Je me souviens que lorsque notre groupe du côté Sud et le groupe du côté Nord se sont rejoint au sommet, le ciel s’est ouvert et a fait rentré un soleil qui a réchauffé les cœurs. Nous sommes nombreux a y avoir vu un signe. En tout cas un moment magique.
La halte au sommet est brève, les conditions climatiques sont difficiles, le soleil s’est à nouveau camouflé et il faut redescendre pour garantir la sécurité de chacunE. Au moment d’amorcer le retour, je demande à deux femmes si je peux faire la descente non-loin d’elles car je suis seule. Elles acceptent volontiers. Très rapidement nous nous cramponnons au crayon géant que j’avais fabriqué pour l’occasion. Nous sommes comme soudées ensemble, solidaires dans la tristesse du moment et de l’effort présent. Nous voyons des hommes adultes se faire littéralement faucher par le vent dans le virage -dont le nom m’échappe- du Ventoux réputé pour sa prise au vent. Les corps se font catapulter par terre puis roulent, taclés et balayés avec une facilité déconcertante. Les gens peinent à se relever. Ces femmes et moi nous cramponnons bras dessus, bras dessous, en prenant soin d’emmêler le crayon dans ce méli-mélo de bras. Nous nous baissons le plus possible pour éviter au maximum de se faire happer par le vent. Petit à petit nous dépassons les difficultés et finissons par nous rassembler au chaud du Chalet Reynard. Je n’avais jamais vu le Ventoux comme ce jour là. Je ne le ressentirai probablement plus jamais comme ce jour là.
Aujourd’hui j’ai une pensé pour ma pote Holec avec qui j’ai fait tellement de manifs, de rassemblements, de marches, Holec qui a tellement de fois porté mon matériel de vidéo, porté mon sac ou une veste pour que je puisse filmer. Pensées pour toutes celles et ceux, depuis le collège avec qui on a organisé des manifs, fait des actions moins officielles, participé à l’effort collectif dans l’espoir d’un monde plus inclusif, ou l’intégrité de chaque personne est le soucis de touTEs.
LA LUCHA SIGUE.
On se retrouvera vite dans nos rues, nos quartiers, nos villes et nos villages pour réfléchir et penser un monde après cette énième crise dont nous sommes les premières victimes. Pensées pour le personnel soignant et celles et ceux qui font tourner le minimum nécessaire pour le pays en ce premier Mai. Une pensée chaleureuse aux révoltéEs, aux amoureux et amoureuses des pavés volants, aux féministes de tous genres, aux convaincuEs de la lutte intersectionnelle, aux estropiéEs par les forces de l’ordre des mouvements sociaux, aux victimes de violences policières et du racisme. BIG UP à toutes celles et ceux qui s’emploient à faire vivre un monde plus humain et plus juste pour tous. Musique : Graphijane Image & montage : Graphijane
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