#qui me faire lire cette expression comme un parfait >:3
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flashbic · 1 year ago
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iamzlaw · 9 months ago
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Home Sweet Home // Bien Chez Soi
S01E09 - Puzzle Piece // Clé de voûte
Crédit photo : jhenning
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Mes billets Tumblr ont de moins en moins à voir avec les affiches d'épisodes qu'ils m'aident à exposer, mais qu'importe. Voici mon maladroit ode à l'écriture (plus ou moins). =)
J'aime tellement écrire. C'est de loin mon activité préférée dans cette vie. Cette impression d'avoir le contrôle de la situation, tout en sachant pertinemment que ce n'est pas tout à fait vrai, mais pour une fois s'en contenter ; ce sentiment de connaître de parfaits inconnus ; se laisser surprendre alors qu'on est pourtant techniquement seul ; cette quête permanente du mot juste, qu'on ne trouve jamais à tous les coups, voire jamais tout court, mais qu'on n'arrête jamais de chercher pour autant ; cette façon de s'étonner soi-même lorsqu'on se relit bien plus tard. Oui, j'aime écrire. C'est pour moi une activité fabuleuse.
Bien sûr, parfois, je me dis que ce serait plus facile d'aimer autre chose. Une autre activité artistique non pas plus simple à exécuter (lesquelles le sont-elles ?), mais au moins plus simple à montrer, à faire voir. Le dessin, la peinture, la sculpture, la photographie, demandent tout autant d'efforts et même peut-être plus de dextérité, mais ce sont des hobbies qui ont le mérite d'être aisés à exposer. Je ne parle évidemment pas de l'aspect partage d'une part très personnelle de soi, car celui-ci je pense qu'il représente un obstacle commun à toutes les pratiques artistiques, je parle uniquement de la logistique pure. On peut rester devant une toile pendant des heures, mais on n'a pas besoin de le faire. Tandis que pour lire quelque chose, un investissement en temps est strictement nécessaire. C'est sans doute le seul bémol que je trouve à cette discipline.
Au-delà de ça, j'en suis tellement énamourée, que je perds souvent ma contenance lorsque je la vois être malmenée. Je ne comprends par exemple pas qu'on puisse s'en plaindre, se lamenter de ce supposé problème de la page blanche, dire qu'on souffre de l'écriture, que c'est difficile, dur, pénible. Si c'est autre chose que beau, c'est qu'on doit mal s'y prendre, je pense. Bien sûr, que ça demande des efforts, comme beaucoup de choses qui en valent la peine. Je ne vais pas prétendre que ça plaît forcément à tout le monde, mais dans ce cas, pourquoi s'y contraindre ? Pour se donner un genre ? Pour se rendre intéressant ? Je suis laissée perplexe par de tels comportements. Je n'aime pas trop courir, mais je ne me plains des points de côté que lorsque je suis obligée de le faire par un concours de circonstances. xD Un sportif aguerri, lui, prendrait sans doute un certain plaisir à ressentir ses courbatures le lendemain matin...!
Je ne conçois pas non plus qu'on puisse dire du mal de l'écriture. Je ne comprends pas qu'on puisse doctement déclarer que quelque chose est trop long, trop ennuyeux, "aurait pu être résumé en 3 lignes", ou au contraire n'est pas assez poétique. Même de Tolkien ou Hugo, je trouverais ces commentaires grotesques. C'est une expression si personnelle, que l'écriture. Tant que le fond n'est pas nuisible, la forme est une question de goût. Je suis barbée par Balzac ou Zola, mais je ne nierai jamais leurs œuvres. J'ai sincèrement détesté La Horde du Contrevent de Damasio, mais je ne vais pas lui retirer ce qu'il a voulu faire. Quant à du Levi ou du Musso qui ressemble parfois plus à un guide touristique qu'à un roman, eh bah, c'est un mode de description aussi. Tout ça, ce n'est juste pas pour moi, voilà tout.
Il y a trop de livres passés et à venir pour se focaliser sur ceux qui ne nous conviennent pas.
Parallèlement, je m'exaspère quand même qu'on puisse faire du mal à l'écriture. En dehors de toute question de préférence personnelle, je sais hélas qu'on peut la maltraiter. Ou même, ne serait-ce que ne pas la respecter. Très honnêtement, toujours se contenter de premiers jets non travaillés me laisse tout aussi stupéfaite que le fait d'abandonner chacune de ses idées sans jamais aller au bout d'aucune. Ça tient autant de l'irrespect de son histoire que du lecteur et tout bonnement de soi-même.
Mais le pire du pire, c'est de vouloir utiliser l'écriture à des fins néfastes, la corrompre, la réduire à moins que ce qu'elle est. L'écriture est un outil. Elle est par définition neutre, et ne dépend que de la personne qui l'emploie. Vouloir entraver cet outil, lui prêter intrinsèquement des impacts qu'il n'a pas sans la personne qui l'utilise, ça me dégoûte pas mal. C'est pour ça que je rejette tous les débats de réformes de l'orthographe quels qu'ils soient : parce qu'ils n'ont pas de sens à mes yeux. Ils mélangent des choses qui ne devraient pas l'être, ils pourrissent quelque chose de pur, quelque chose que j'aime. Je ne peux pas lire sans accents circonflexes, mais parallèlement je mets des majuscules aux jours de la semaines, aux saisons, aux mois de l'année, en plus de généralement utiliser une ponctuation de dialogues héritée d'environ 3 cultures différentes. Et c'est sans parler des onomatopées. Il y a des anglicismes dont je n'arrive pas à me défaire, et d'autres que je ne supporte pas de voir. Mais ce sont mes choix, la langue n'y est pour rien. Dire qu'une langue est raciste, sexiste, discriminatoire, snobe, inaccessible... ce sont des mensonges, tout simplement. Ce sont les gens qui sont ces choses, pas leurs mots. Avec les mêmes mots, on peut dire tout et son contraire. C'est bien la beauté du concept. Qu'on veuille détruire ça me dépasse.
Alors, dans mon petit coin du Web et du monde, je fais mon bonhomme de chemin. Je sais que je n'écris pas des chefs-d'œuvre. J'ai conscience qu'il y a sûrement quelques trous dans mes intrigues, quelques incohérences dans mes personnages et leurs descriptions, voire dans le décor ou la mythologie, que certains dialogues ne sonnent pas tout à fait juste, que certaines ellipses sont trop prononcées, que beaucoup de phrases sont trop longues. Je n'ai aucune prétention. Écrire est juste quelque chose que j'aime sincèrement faire. Et c'est rare. Alors je m'y adonne. Et je suis triste lorsque je vois être dit qu'il y a "trop" de livres, et qu'il ne faudrait garder que la crème de la crème. Déjà parce que désigner cette supposée élite serait impossible, et ensuite parce qu'à quoi bon ? Où est la pénurie de ressources qui nous empêche de conserver tous les récits au monde ? Ce serait comme de dire que seuls les chanteurs professionnels peuvent fredonner sous la douche, ou que si un dessin n'a pas sa place dans un musée, il faut le brûler.
L'Humanité n'aura jamais trop d'histoires.
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editions-nous · 4 years ago
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Penser à la lettre près : entretien avec Michèle Cohen-Halimi, par Pierre Parlant
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Envisager la pensée politique de Nietzsche peut engendrer une certaine perplexité tant elle s’avère complexe et non exempte d’apparentes contradictions. Si bien qu’on se demande si ce projet a un quelconque sens. Dans une lettre à son ami Rohde en octobre 1868, le philosophe ne se déclarait-il pas lui-même étranger à la définition d’« animal politique », ajoutant dans la foulée avoir « contre ce genre de choses une nature de porc-épic » ? D’où cette conviction, devenue lieu commun, d’un apolitisme radical chez un penseur dont on sait combien les institutions politiques, celle de l’État en premier lieu, firent l’objet de sa part d’une critique sans appel.
En reposant la question de la politique à partir de l’examen de la pensée du jeune Nietzsche, c’est-à-dire aussi bien du philologue qu’il n’aura jamais cessé d’être, la philosophe Michèle Cohen-Halimi déplace de façon salutaire les données du problème et leur redonne une profondeur et une richesse remarquables. Si la politique a bel et bien une importance pour le Nietzsche attentif à l’histoire des Grecs tragiques, c’est, montre-t-elle ici, en vertu du nouage qu’il sut voir entre la conflictualité féconde impliquant l’État, la religion, la culture, et une « nouvelle pensée du temps ». Un nouage que devait envelopper un mouvement dialectique d’une allure inédite.
Pareille perspective permet d’ores et déjà d’échapper à l’alternative sclérosante qui, d’un côté, tient l’État pour une donnée nécessaire, et, de l’autre, croit devoir militer pour sa destruction. Mais elle invite de surcroît à penser cette affaire politique de façon dynamique, libérée du diktat de l’actuel, de la croyance au révolu comme aux chimères de l’espérance, histoire de restituer au présent toute sa charge immémoriale.
Que la pensée du jeune Nietzsche puisse nous affranchir d’une conception chrétienne du temps, qu’elle fasse droit à la turbulence comme à l’anachronisme en substituant à la fiction de l’horizon temporel la narration alerte des sauts événementiels, tels sont quelques-uns des enjeux de ce superbe essai de Michèle Cohen-Halimi. Car ici, écrit-elle, « il s’agit de ne pas figer la diachronie mais de dé-linéariser la ligne du temps : nuage atomique, pluie de points temporels, brume, le temps agit. La discursivité de cette pensée est stochastique, interminable, elle change d’organon et de module, traduit, trahit ce qui a déjà été dit : actio in distans ». Où l’on voit que par-delà la question politique c’est le rapport de la pensée avec la vitalité de son propre mouvement qui est alors mis en lumière.
Comprendre la pensée politique du jeune Nietzsche suppose, ainsi que vous l’établissez dès le début de votre livre, d’envisager avec lui une conception nouvelle de la temporalité, affranchie de toute représentation linéaire. S’ensuivent non seulement un rapport inédit au présent comme au passé, mais une appréhension du temps, pensé comme proprement agissant, au sens de ce que Nietzsche appelle actio in distans. Comment peut-on se figurer cette action effective du temps ?
Sans doute deux choses me tenaient-elles à cœur dans l’écriture de ce livre : premièrement, en finir avec les lectures d’un jeune Nietzsche « météorique » qui, surgi de nulle part, tel un « Rimbaud de la philosophie » (je reprends ici une expression utilisée par Clastres à propos de La Boétie), écrit subitement La Naissance de la tragédie (1872) et donne congé à celui qui l’a fait être philosophe, à savoir Schopenhauer ; deuxièmement, déployer dans toutes ses séquences le devenir philosophe de Nietzsche et découvrir comment, depuis un texte de jeunesse décisif, intitulé Fatum et histoire (1862), travaille le projet de délinéariser le temps chrétien.
Délinéariser le temps chrétien signifie à la fois défaire la centration du temps sur le présent ainsi que sur le primat de la conscience, et cesser de reléguer le passé du côté du révolu et l’avenir du côté de l’espérance. Le passé n’est pas trépassé et l’avenir s’élabore dans le rapport (de mémoire/d’oubli) que le présent entretient et renouvelle avec le passé. Il ne s’agit plus de tourner le dos au passé, mais de lui faire face en sachant que, dans la mémoire du temps (laquelle excède les souvenirs de la conscience), c’est-à-dire dans l’inconscient du temps, se joue la puissance de devenir du présent, c’est-à-dire son avenir.
Nietzsche trace de nouvelle manière la « ligne du temps », Zeitlinie comme il l’appelle. Cette ligne hachurée, raturée, est remplie de points-forces qui interagissent à distance — selon le principe de l’actio in distans : ils se repoussent, quand la distance qui les sépare se réduit et s’attirent, quand la distance qui les sépare s’accroît. Nietzsche traduit et transfère dans une atomistique temporelle la thèse du physicien dalmate du XVIIIe siècle Boscovich, qui interprétait la matière comme constituée par les rapports d’attraction et de répulsion de foyers d’énergie discrets, sans étendue, et séparés les uns des autres par des intervalles irréductibles. Il en résulte une interaction mouvante d’atomes temporels énergétiques, plus ou moins éloignés les uns des autres, déployant un champ de forces, tramant un enchevêtrement de retours anachroniques et d’éloignements provisoires. Ce que François Hartog nomme « le régime chrétien d’historicité » est donc défait. C’en est fini de l’horizontalité de la ligne du temps qui signifie la continuité et par conséquent la mesure, mais aussi la correspondance de la succession objective et de la succession causale et par conséquent la narrativité selon l’avant et l’après. La ligne du temps est verticale, elle fond sur nous comme une cataracte énergétique, elle est agitée par le flux et le reflux, elle nous approche du plus lointain et nous éloigne du plus proche, elle progresse par sauts (en arrière, en avant), elle est faite d’anachronismes et de retours intempestifs : la re-naissance des temps passés est devenue pensable. Quand les révolutionnaires de 1830 tiraient sur les horloges, ils ne voulaient pas abolir le temps, ils voulaient un autre temps. C’est donc par l’accès qu’il nous donne à un autre temps fait du retour anachronique de temps inconscients que s’inaugure chez Nietzsche la pensée la plus profonde du changement.
Ayant commencé très jeune par enseigner la philologie à l’université de Bâle, Nietzsche devint un philosophe — « sans enthousiasme », dites-vous — tellement déterminé par cette expérience première qu’elle ne cessa jamais, comme vous le rappelez, de produire ses effets sur son aventure intellectuelle. Quelles ressources et quelles perspectives cette discipline lui offrait-elle ?
La philologie Nietzsche l’a définie comme l’art de bien lire. Une de ses plus belles définitions se trouve dans l’Avant-propos d’Aurore (§ 5) : « La philologie est cet art vénérable qui exige avant tout de son admirateur une chose : se tenir à l’écart, prendre son temps, devenir silencieux, devenir lent, — comme un art, une connaissance d’orfèvre appliquée au mot… » La philologie classique à laquelle Nietzsche est attaché est la discipline-phare de l’Université allemande du XIXe siècle, elle se définit par l’étude des textes de l’Antiquité grecque et latine. Les philologues déchiffrent et traduisent donc des textes dont les langues ne sont plus parlées. Ils sont de manière fondamentale des éditeurs de textes anciens : ils font venir à la lumière des énoncés menacés d’oubli, ils font remonter dans la mémoire et sur la surface de la page des contenus de pensée menacés d’illisibilité et qu’il faut non seulement déchiffrer et traduire mais libérer des falsifications, des distorsions de sens, des erreurs de copistes, des oublis de mots ou de lettres, oublis qui suffisent à perdre la cohérence d’un énoncé. La philologie introduit Nietzsche à l’analyse des conditions de lisibilité des textes et du monde. Elle l’initie au « matérialisme sémantique ». La question de savoir comment on passe d’un mot à un énoncé qui vise une signification est devenue la question philosophique éminente. Nietzsche philosophe-philologue est, à mes yeux, un immense philosophe parce qu’il prend au sérieux la littéralisation de la pensée : Ainsi parlait Zarathoustra est écrit à la voyelle près. J’admire les philosophes qui tiennent que la pensée est à la lettre près. Jean-Pierre Faye est de ceux-là, c’est toute la profondeur de son nietzschéisme à laquelle je rends aussi hommage dans la « Chambre noire 3 » du livre, intitulée « Le philologue et la dépêche d’Ems ».
Suivant l’interprétation qu’en fit Deleuze, on tient souvent Nietzsche pour un adversaire résolu de la dialectique. Or vous montrez que sa connaissance d’Héraclite, sa lecture de Schopenhauer, la fréquentation de Burckhardt et la découverte des travaux du physicien Boscovich l’ont conduit à repenser le temps dans des termes qui impliquent un mouvement dialectique aussi original que décisif sur le plan politique. De quoi s’agit-il ?
Il me semble que la lecture deleuzienne anti-dialectique de Nietzsche doit être réinscrite dans son contexte historique. Dans sa leçon inaugurale prononcée au Collège de France en décembre 1970 et publiée sous le titre L’ordre du discours, Foucault a parfaitement ressaisi ce contexte : « […] toute notre époque, que ce soit par la logique ou par l’épistémologie, que ce soit par Marx ou par Nietzsche, essaie d’échapper à Hegel… » (p. 74) Le parricide qu’accomplit la génération philosophique de Deleuze et de Foucault, mais aussi de Lyotard, pour donner congé aux aînés hégéliens, notamment Kojève, Bataille, mais aussi Jean Wahl, Jean Hyppolite, ne peut pas se transmettre aux générations philosophiques suivantes comme un legs ininterrogé. En outre, les charges anti-dialectiques de Deleuze concernent Hegel. Or, l’histoire de la dialectique est d’une richesse inouïe, on ne saurait la réduire à la dialectique spéculative de Hegel. Le travail d’analyse que j’ai conduit dans Stridence spéculative (Payot, 2014) sur la non-réception française de la Dialectique négative d’Adorno en France dans les années 1980, m’a libérée de cet anti-hégélianisme caractéristique des philosophes français des années 60 et 70 (à l’exception de Derrida). Et ce pas d’écart m’a sans doute permis de revenir à l’histoire profuse de la dialectique qui commence avec Héraclite, dont Nietzsche se veut le continuateur.
De quoi s’agit-il ? S’il est vrai que la dialectique nous confronte à la question de l’ « être autre » et qu’elle est généralement définie comme la mise en contradiction de l’un et du multiple, de l’identité et de la différence, alors la singularité grecque d’Héraclite est double, aux yeux de Nietzsche : Héraclite pense la contradiction non pas de l’un et du multiple, mais de l’un et du deux ; cette contradiction se donne comme ce qui est à vivre, et non pas comme ce qui est à surmonter. Il est donc le penseur éminent du duel qui travaille irréductiblement toute union et toute identité ; il est le penseur de la contradiction sans réconciliation, sans « relève » dit Hegel. Le jeu incessant du deux dans l’un, de la « duplicité » des identités, détermine une dynamique que Nietzsche transfère dans le temps. Boscovich devient l’opérateur d’une re-naissance, d’un retour anachronique, de la dialectique héraclitéenne qui s’entend comme dialectique temporelle. Il est ainsi possible d’énoncer le temps comme des rapports dialectiques de forces et d’énergies, qui peuvent être refoulées ou remobilisées par le présent, mais qui jamais ne cessent d’agir, fût-ce de façon latente.
Si la lecture de Schopenhauer permet à Nietzsche d’envisager la nature et la gravité du « malaise civilisationnel » européen, celle de Burckhardt lui fournit de quoi poser un diagnostic. Selon ce dernier en effet, importe à cet endroit l’examen des rapports qu’entretiennent les « trois grands facteurs d’histoire » que sont l’État, la religion et la Kultur. Dans quelle mesure cette conception a-t-elle pu orienter la pensée politique du jeune Nietzsche ?
Si toute la pensée de Nietzsche s’inaugure dans le projet d’une délinéarisation du temps chrétien et se contracte pour ainsi dire dans la prise de conscience d’un « malaise civilisationnel », lié à la sécularisation inachevée du christianisme, alors il est certain que la rencontre, à Bâle, du jeune philologue avec l’historien Burckhardt est décisive. Burckhardt affirme sa rupture à la fois avec l’histoire positiviste, successive, vectorisée par la chronologie des faits, et avec l’histoire idéaliste ou avec la philosophie de l’histoire (surtout hégélienne), qui perd l’histoire dans la projection d’une fin (progrès, développement de la liberté, etc.). Avec Burckhardt, l’histoire se conçoit comme « doctrine des turbulences » (Sturmlehre) : elle s’écrit à partir du rapport de forces agissantes, latentes ou actuelles, qui produisent des changements lents et souterrains éclatant au grand jour sous forme de crises, toujours inattendues pour la conscience. Ce rapport des forces agissantes, latentes et actuelles, s’organisent autour de trois « facteurs » d’histoire, l’État, la religion et la Kultur. L’État et la religion sont, pour Burckhardt, des facteurs stables tandis que la Kultur est un facteur d’histoire plus mobile et plus plastique à partir duquel peut se concevoir le changement des deux autres. Pour Burckhardt, quand le rapport entre ces trois facteurs d’histoire reste dialectique et que la tension oppositive qui les lie ne cède pas à la captation, à la subsomption d’un facteur par l’autre, la vie sociale qu’ils déterminent ensemble est toujours florissante. Nietzsche comprend ainsi que la politique au sens large peut se penser de nouvelle manière, à partir du rapport dialectique de ces trois facteurs, et surtout par le décentrement de la fonction de l’État, et plus encore par le rôle fondamental que retrouve la Kultur, loin de l’apolitisme et du fameux « désintéressement » qu’on lui associe généralement pour la neutraliser.
L’originalité et la puissance de votre livre tient à la richesse et à la subtilité de vos analyses qui présentent le « jeune Nietzsche politique » comme très tôt requis par le désir de soustraire la pensée à l’aliénation du temps chrétien. Mais frappe presque autant le mode singulier d’exposition que vous mettez en œuvre. Parties et chapitres se distribuent en effet en ménageant ponctuellement une place à ce que vous nommez des « chambres noires », jusqu’à cette conclusion qui reprend, de façon suggestive, un « schéma » d’inspiration « boscovichéenne ». À quoi répond le choix de cette construction et comment sa forme s’est-elle imposée ?
L’écriture de ce livre dont la gestation a été très longue — il relève sans aucun doute de ce que Nietzsche nomme les « grossesses d’éléphant » — m’a confrontée à une expérience de vertige. J’ai eu plusieurs fois le sentiment que j’allais lâcher prise. Je ne parvenais pas à tenir ensemble tous les éléments, tous les événements qui avaient contribué au devenir philosophe de Nietzsche. En effet, ce devenir philosophe était advenu par de multiples effets d’après-coup qui m’imposaient des mouvements d’aller et retour, des va-et-vient entre le premier coup d’un événement, d’une lecture ou d’une rencontre, et son après-coup de réappropriation et parfois de réinvention. Une espèce de tota simul, de « tout en même temps », devait être analytiquement déployé sans que soit écrasée la détente incessante du latent et de l’actuel, l’articulation permanente du coup et de l’après-coup. Voilà pourquoi la structure générale du livre est boscovichéenne : les chapitres les plus éloignés s’attirent et se répondent, les chapitres les plus proches se repoussent en se faisant mutuellement avancer. J’ai donc voulu que l’écriture s’accorde avec une temporalité discontinue, faite d’éléments hétérogènes, d’effraction d’événements, mais aussi d’anachronismes. D’où les chambres noires, qui sont des procédés optiques donnant l’illusion d’un espace à trois dimensions et où mes questions quittent la planéité de la page pour se situer dans une perception plus directe : l’horreur de la guerre de 1870 en tant « précurseur sombre » de certaines séquences du XXe siècle (chambre noire 1), le rapport du dialecticien Adorno à Nietzsche (chambre noire 2), la dépêche d’Ems lue par Nietzsche et Jean-Pierre Faye (chambre noire 3).
Source : Diacritik
https://diacritik.com/2021/04/07/penser-a-la-lettre-pres-entretien-avec-michele-cohen-halimi/
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markbeomfrance · 4 years ago
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(JAY B) INTERVIEW • Novembre 2016 | URBANLIKE
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La forte impression que j’ai eu en voyant que JB était un leader, c’est qu’il avait une responsabilité pesante sur ses épaules. Tu as souvent entendu ça non ?
Je ne pense pas pouvoir dire que je ne ressens aucune responsabilité ou aucun poids en tant que leader. Mais maintenant ça fait 3 ans que nous avons débuté et chacun d’entre nous a gagné de l’expérience alors maintenant je sais qu’ils feront bien par eux-mêmes. Je pense que je suis capable de relâcher un peu plus de pression qu’avant.
Probablement que chaque membre a pris de la maturité dans certaines choses.
Bien sûr. Maintenant, je sens que si je leur dis quelque chose ou que je les stoppe quand ils font quelque chose, ça peut passer pour du harcèlement alors maintenant, sauf si c’est quelque chose qu’on a décidé tous ensemble pendant notre réunion, j’essaie de ne plus rien dire.
C’est heureux d’entendre que c’est devenu plus facile pour toi. J’ai pensé que peut-être pour JB, les livres sont une façon de se décharger de la responsabilité et du poids du leader.
Je suis le genre qui lit beaucoup de livres sur le développement personnel et ça aide clairement en tant que leader. Quand je lis des livres, sur le développement personnel, ça me fait réaliser à nouveau ça “Dans cette situation, j’ai besoin de faire attention comme ça”. Je lis aussi beaucoup d’analectes (NB : Morceaux, fragments choisis d’un ou plusieurs auteurs). Je les aime bien parce que sans le savoir, je trouve beaucoup de réconfort de ces livres.
Est-ce que tu vas chercher des livres sur le développement personnel et tu les lis à cause de ta position dans le groupe ?
Je lis intentionnellement des livres sur le développement personnel en matière de leadership. Parce que j’ai en tête que je dois tout faire pour être un meilleur leader. J’ai aussi eu des pensées comme quoi je voulais vivre en étant une bonne personne. Je ne peux pas vivre à fond chaque moment mais je veux garder les fondamentaux.
La position de leader est une position difficile n’est-ce pas ?
C’était dur au début. Je veux avoir une relation sincère avec les membres, ce que je fais, maintenant mais je pense que je dois avoir une certaine limite à cause de cette position de leader. Par exemple, il y a des fois où je dois dire quelque chose de très strict en tant que leader mais quand ce genre de situation arrive, il y a des moments où les membres cachent leur faiblesse et/ou leurs mauvais points sans le faire exprès. Quand je le découvre plus tard, je me dis “S’ils me l’avaient dit honnêtement, j’aurais pu dire quelque chose. Pourquoi ils l’ont caché ?” et quand je pense au fait que les membres ont essayé de le cacher, ça me rend triste. Je pense que ce genre de situations peut parfois être inévitable mais ça arrive que ce soit dur pour moi. Mais maintenant, je dis aux membres de penser à moi comme un membre et pas comme un leader. Je pense que maintenant nous 7 avons ce sens des responsabilités du leader.
JB, tu aimais lire quand tu étais petit ?
J’étais du genre à m’endormir tout de suite quand je lisais un livre. Comme j’étais comme ça, le premier déclencheur que j’ai rencontré était le roman fantastique. Je ne me souviens pas exactement de quel livre c’était mais je me suis concentré dessus et j’ai pu imaginer toute la situation du livre dans ma tête. Je pense que c’est comme ça que je me suis fasciné pour les livres. Un hyung avec qui j’avais l’habitude de danser appréciait lire des analectes et des livres sur le développement personnel et j’ai lu quelques livres qu’il m’avait recommandé et petit à petit j’ai naturellement commencé à lire.
Tu as été influencé par quelqu’un et tu as commencé à lire mais maintenant tu es devenu quelqu’un qui peut influencer les autres. J’ai entendu dire que toi, JB, tu avais été celui qui avait principalement influencé Jinyoung à l’amour des livres.
Ce n’est pas que je lui ai recommandé des livres mais je me souviens quand Jinyoung ne lisait pas des livres comme maintenant je lui ai demandé “Pourquoi tu n’essaies pas de lire ?”. La seule chose que j’ai dit était “Lire des livres, c’est vraiment bien. Ça aide beaucoup.” et Jinyoung a commencé à lire 1 ou 2 livres. Je pense que la raison pour laquelle il lit régulièrement jusque là, c’est qu’il aime ça.
Vous discutez souvent de livres ?
On se recommande des livres qu’on a aimé et il y a des fois où je donne à Jinyoung quelques livres ne disant “Ça va être sympa à lire.” Il y a eu une fois où j’ai lu ‘The Big Picture’ par Douglas Kennedy et Jinyoung est en train de le lire en ce moment. Et pendant ce temps je lui demande “T’as lu jusqu’où ? Bientôt quand tu vas lire plus, il va y avoir une partie où tu vas être énervé.” (Rires)
Je pensais à comment pouvait être la loge des GOT7. Tous les membres doivent occuper leur temps libre différemment mais comment vous passez votre temps habituellement ?
Habituellement, on passe la journée entière dans la loge quand on fait des émissions musicales. Si on ne fait rien pendant ce temps, alors le temps passé est inutile. Je pense que c’est vraiment du gâchis alors il y a des fois quand je suis en voiture je m’entraine à chanter ou il y a des fois où je travaille sur de la musique. Mais parmi tout ça, le moyen le plus efficace de passer le temps est de lire des livres. Pendant que je lis, si je croise de bons mots alors je les écris. Je pense que c’est le moyen le plus simple et le plus utile de passer le temps alors la plupart du temps je lis quand je suis en loge.
Je pense que depuis que vous faites des activités ensemble avec Jinyoung, depuis les JJ Project, vous ressentez probablement un sentiment spécial l’un pour l’autre. Et vous vous influencez pour lire les livres de l’autre.
Yep, c’est vrai. On ne va pas jusqu’à une conversation sur les livres mais parfois, on parle de livres qu’on lit en passant comme ça “Je pense comme ça mais Jinyoung, tu penses comme ça.” Quand on parle comme ça, je pense qu’on s’inspire. Au-delà de tout ça, la chose que je peux apprendre de Jinyoung, c’est comment il se gère de façon stricte. Quand je vois qu’il n’est pas négligent avec lui-même, je peux sentir que mon chemin vers mon but est plus certain.
Quel genre de livre tu lis en ce moment ?
Je lis ‘On Love’ de Alain de Botton. C’est toujours le début alors je lis la partie où il y a beaucoup d’amour. Mais la lecture est plutôt difficile. J’ai commencé à lire en pensant que ça serait un roman mais les mots ou les expressions me donnent l’impression d’étudier.
J’ai entendu que tu avais honte quand tu te regardais lire un livre avant. Je suis curieux de savoir ce qui te fait ressentir ça.
Je pense que j’ai ressenti ça au moment où je lisais beaucoup de livres sur le développement personnel. Je ne pense pas qu’une personne puisse être parfaite mais même si c’est un fait que je connais, quand je réalise que je ne suis pas comme ça ou que je ne fais pas comme il faut, j’ai honte de moi. J’ai commencé à lire des livres sur le développement personnel pour que je puisse effacer mes défauts mais quand je me vois ne pas passer à l’action, je suis sceptique quant à la raison pour laquelle je lis ça si c’est pour agir comme ça.
Mais alors quelle est la raison pour laquelle tu continues de lire ?
Je pense que je lis pour soulager le stress. Je veux aussi ressentir l’histoire et les sentiments dans le livre. Surtout pour les romans, il y a beaucoup de genres d’histoires différentes. Quand tu ressens de l’empathie pour un certain personnage, quand tu lis le livre tu peux ressentir tous les sentiments comme si tu étais le personnage. Le livre ‘The Moment’ a fait ça particulièrement. Le cadre de l’histoire se passe avant l’Allemagne réunifiée et raconte l’histoire d’amour tragique d’un homme et d’une femme et vers la fin du livre, sans m’en rendre compte, je lisais en pleurant. (Rires)
Pour quel personnage tu as le plus ressenti d’empathie ?
‘Kafka sur le Rivage’ me vient à l’esprit vu que c’est l’histoire d’un adolescent résistant. Ce n’est pas que je voulais être un résistant comme le personnage principal mais je cherchais à penser à moi plus profondément et j’avais du temps pour une introspection sur moi-même. Je me sentais triste de ne pas avoir essayé de me connaître moi-même pendant cette période alors je pense que c’est pour ça que j’étais capable de m’identifier à lui.
Je parie que tu as lu pas mal de romans dernièrement. Il y a un genre de livre que tu aimes particulièrement ?
Je ne suis pas difficile sur le genre. Mais il y a des livres où je me dis “Ça va être dur pour moi”. Quand je sens que je suis dans une situation où je ne vais pas être capable de me concentrer sur ce genre de livres, alors je les mets de côté et je les lirai quand je serai capable de me concentrer dessus et si je peux le lire maintenant, alors je me concentre et je le lis en entier.
Tu as une certaine manière de lire un livre ? Tu as dit tout à l’heure que tu écrivais les bons mots.
Oui, c’est vrai. Pendant que je lis, quand je lis une phrase et que je sens qu’elle pourra m’inspirer alors je la souligne et la lis. Il y a aussi quelque chose que j’ai lu dans un livre. Ils disent qu’il y a un pays où après avoir lu, si tu sens que c’est un super livre, alors tu laisses à un endroit pour les autres puissent le lire. Quand j’ai vu ça, j’ai pensé que c’était vraiment cool. Si c’était moi, je ne pense pas que je serais capable de faire ça vu que j’aurais l’impression que mes pensées profondes seraient révélées. (Rires) Ah et il y a aussi ça. Au début, quand je finissais un livre, je coupais le bout du signet qui était à l’intérieur du livre et je faisais un noeud. C’était ma façon à moi de montrer que j’ai fini de le lire.
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C’est marrant. Alors comment tu les marques maintenant ?
J’écris mon nom sur la couverture du livre. J’utilise un nom différent, ‘DefSoul’, et j’écris ce nom dessus. Et au lieu d’utiliser un marque-page, je plie la page jusqu’à la ligne que j’ai lu. Alors, quand je rouvre le livre, je peux facilement savoir, “Oh, j’ai lu jusque là”.
J’ai entendu dire que tu as fait des études en cinéma. Bien sûr tu écris des paroles mais tu as déjà pensé à écrire des histoires ou des écrits.
Pour un devoir à l’école, j’ai dû écrire un scénario mais c’était vraiment dur. Quand il s’agit de paroles, tu écris dans un contexte particulier, ou sur quelque chose que tu veux montrer à quelqu’un mais quand tu écris des histoires, tu vas avoir une histoire de base et ensuite écrire chaque dialogue et ce n’est pas facile. En ce moment, j’écris les sentiments que je ressens sur l’instant présent. J’écris la date d’aujourd’hui et j’écris dans un journal comment était mon humeur et ce que j’ai ressenti aujourd’hui.
Est-ce qu’il y a un sujet ou une histoire que tu as en tête sur laquelle tu aimerais écrire si tu le pouvais ?
J’ai fait un film à l’école pour un projet, c’était une histoire qui contenait des éléments fictifs. Un jour, le personnage principal s’endort et rencontre la fille idéale dans son rêve. Il ne sait pas qui est exactement cette personne mais il se souvient du sentiment et de la silhouette. Mais au moment où il ouvre les yeux, il a cette intuition que cette personne est quelque part et qu’il doit chercher cette femme. Dans le film que j’ai fait, j’ai fait un retournement de situation. A la fin, la fille était la personne que le personnage principal a tué et il avait perdu la mémoire à cause de la culpabilité. Un jour, il ouvre le placard pour sortir en rendez-vous, le corps de la fille est là. C’est un film de 3 minutes qui se finit vite mais c’est ce genre d’histoire.
Je pense que tu peux en faire un vrai film. (Rires) Qu’est-ce qui envahit le plus les pensées de JB en ce moment ? Est-ce le comeback qui arrive ?
Oui, c’est vrai. Dans cet album, c’est principalement des chansons que les membres ont faites. Sur les 13 chansons, 11 sont des chansons faites par les membres. J’ai aussi participé à 3 chansons. En faisant les chansons, 2 des chansons sont des chansons que j’ai faites en pensant à ce qui irait bien avec les GOT7 et l’autre est une chanson au genre de musique que je voudrais faire au sein du groupe.
Oh, c’est une chanson qui correspond plus à tes goûts personnels ? C’est votre 2nd album complet. Il y a un objectif pour toi et le groupe ?
Ça serait bien si on gagnait à nouveau la 1ère place et si nous avions l’opportunité pour nous de grandir encore plus mais je pense que je n’aurais pas de regret malgré le classement. Parce que pendant qu’on travaillait sur cet album, beaucoup de nos opinions sur comment on voulait le faire ont été appliquées. A chaque fois qu’on sort un album, je pense qu’on veut grandir plus mais je pense que cette croissance n’est pas seulement les résultats qui sont montrés dans les nombres mais d’avoir plus d’aspects en tant qu’artiste. Quand vous travaillez, vous vous concentrez et travaillez alors quand que vous jouez, vous n’avez aucun regret et jouez. Je veux grandir de manière à ce que les gens disent “Les GOT7 sont des artistes incroyables qui travaillent dur”.
Habituellement, quand ce genre de sujet est abordé, est-ce que le leader JB est celui qui parle ?
En fait, je suis celui dans le fond qui écoute simplement. Jackson et Jinyoung parlent et j’écoute juste ce qu’ils disent et plus tard, je rajoute mon opinion en disant “Si vous voulez atteindre l’objectif que vous vous êtes fixé, alors je pense que c’est mieux de faire comme ça”.
Tu es un leader naturel. Je pense que tu es très mature pour ton âge.
JB : Je pense qu’il n’y a pas le choix que d’être comme ça. Mais je pense que je ne fais pas ça comme un leader mais il doit y avoir au moins une personne sur les 7 qui organise les choses et j’ai juste ce rôle là.
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pauline-lewis · 5 years ago
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The things we did and did not do
Je touche du doigt la fin de cette année 2019. Je ferai mon bilan personnel et intime plus tard mais si je regarde le verre à moitié plein je crois que je suis contente : j’ai rencontré des personnes géniales avec qui j’ai lancé un magazine, on a commencé une petite newsletter d’interview ensemble, j’ai publié mon premier livre. J’ai tenu ce blog qui m’a apporté beaucoup de joie, j’ai tenu aussi Tailspin plus ou moins assidument, j’ai publié un petit zine avec tous les textes que j’écrivais ces dernières années. J’ai travaillé avec Aurore et c’était bien. J’ai tenté de surmonter mes peurs, j’ai essayé de produire des choses, autant que possible. Bien sûr il y a des regrets, des inconsistances, des choses que j’aurais pu faire et que je n’ai pas faites — quand le verre est à moitié vide j’écoute cette chanson de Magnetic Fields très fort.
En tous cas ! Avant de faire mon bilan sur Tailspin, j’avais envie de faire un petit top 3 des choses sorties cette année. Vues, entendues à des moments différents. Qui ont laissé des petits cercles sur ma peau. Les voici, les voilà !
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Trois romans
Souvenirs de l’avenir de Siri Hustvedt (paru aux éditions Actes Sud et traduit par Christine Le Boeuf)
Où je l’ai lu : Sur le canapé chez mes parents, en pyjama avec Newton le chien sur les genoux, entre deux parties de Mario Kart sur la Switch.
Pourquoi je l’ai aimé : Au moment de la rentrée littéraire j’ai lu les romans par paquets de trois et certains m’ont immédiatement transportée. Souvenirs de l’avenir raconte l’histoire d’une femme qui revient sur son passé à travers les mots. Elle revisite ses anciens écrits, elle replonge dans des souvenirs enfouis, elle fait remonter à la surface des traumatismes, aussi. Toujours portée par le rythme de son écriture. C’est un roman qui peut paraître difficile, mais personnellement j’ai plongé dedans la tête la première et j’ai eu l’impression pendant quelques jours de vivre dans le New York de la fin des années 70, entourée de sorcières, avec ce sentiment tellement bien retranscrit de vivre pour la littérature et d’avoir la vie devant soi. Quand je l’ai quittée j’avais le cœur brisé et c’est peut-être là la marque des grands romans à mes yeux.
Bonus : J’ai rencontré rapidement Siri Hustvedt à la maison de la poésie et elle m’a signé mon livre “To Pauline, fellow feminist”.
Son corps et autres célébrations de Carmen Maria Machado (paru aux éditions de l’Olivier et traduit par Hélène Papot)
Où je l’ai lu : dans mon lit un soir d’été.
Pourquoi je l’ai aimé : J’ai adoré, au moment de la rentrée littéraire, découvrir de nouvelles voix enthousiasmantes. Il m’a semblé que dans ses nouvelles Carmen Maria Machado arrivait à me surprendre à chaque page. J’étais vraiment émerveillée par tout ce qu’elle tentait, même quand j’étais moins convaincue par telle ou telle idée. Et bien sûr au cœur de cette année où il y a, encore une fois, eu tellement de colère, la première nouvelle du recueil a été un vrai choc cathartique. Un récit qui suggère aux lecteurs·trices les bruitages qu’ils peuvent introduire pour accompagner sa nouvelle. Pendant que l’on s’arrache les cheveux face à la violence faite aux femmes chaque jour, Carmen Maria Machado a mis des mots sur ma rage.
Tous tes enfants dispersés de Beata Umubyeyi Mairesse (paru aux éditions Autrement)
Où je l’ai lu : Sur mon canapé en pleine après-midi
Pourquoi je l’ai aimé : Parce qu’il est resté avec moi — ses phrases, son rythme, ses descriptions, sa manière de voir les relations, d’infuser de la profondeur dans le récit. J’aime les récits de transmission et celui-là, d’une arrière grand-mère à une grand-mère à une mère à son fils, a vraiment chanté à mes oreilles. C’est, je crois, le premier roman que j’ai lu cet été et il a voyagé en moi pendant plusieurs semaines. 
Bonus : C’était ma première interview pour la newsletter de Women Who Do Stuff !
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Trois BD
Saison des roses de Chloé Wary (paru éditions Flblb)
Où je l’ai lue : Dans mon lit un soir où j’avais un peu la louse
Pourquoi je l’ai aimée : Je suis vraiment tombée amoureuse du dessin de Chloé Wary : les traits au feutre qui se chevauchent, les ciels multicolores, le mouvement et le dynamisme qu’elle insuffle à chaque planche. J’ai aussi adoré la manière dont elle dessine les jeunes femmes du club de foot. Elle rend chaque expression, chaque goutte de sueur. J’ai trouvé qu’elle avait une manière très féministe de dessiner les corps dans le feu de l’action. Et bien sûr, il s’agit d’un merveilleux récit d’émancipation adolescente qui parle très fort à mon cœur sensible.
Bonus : J’en avais parlé pour Cheek dans une sélection !
La vie d’artiste de Catherine Ocelot (paru aux éditions La Ville Brûle)
Où je l’ai lue : Dans le RER immédiatement après l’avoir reçu (j’ai pleuré)
Pourquoi je l’ai aimée : J’en ai parlé à peu près partout (sur ce blog, sur Cheek, sur Women Who Do Stuff) et ceci prouve cela. Parce que cette BD a trouvé un écho particulier en moi, elle a parlé à mes incertitudes, les dialogues ont apporté des réponses à des questions complexes que je n’osais pas me formuler... C’est une œuvre qui contient beaucoup de poésie, de simplicité, d’humour, d’humilité. On en sort grandi eh oui.
Bonus : Je l’ai rencontrée au café chez Prosper à Nation et en arrière plan sur mon enregistrement on entend un homme qui parle très fort et essaie d’avoir un rendez-vous pour réparer son éléctroménager.
La rose la plus rouge s’épanouit de Liv Stromquist (paru aux éditions Rackham traduit par Kirsi Kinnunen)
Où je l’ai lue : J’ai commencé à la lire dans le train et je me suis rendue compte que j’avais oublié de réfléchir et du coup j’ai recommencé.
Pourquoi je l’ai aimée : J'avais en premier lieu peur que cette BD me déprime (puisqu’elle semble, de premier abord, parler de l’impossibilité du couple à l’ère capitaliste), et ensuite j’ai eu peur de m’emmêler entre ses pages (puisqu’elle est un peu moins accessible que ses précédentes) et finalement j’ai adoré cette réflexion extrêmement riche sur l’amour. Et aussi sur le fait qu’on n’existe pas en dehors de la société dans laquelle on baigne. Toute cette BD a été très salutaire pour moi. Et en plus Liv Stromquist dessine très bien Leonardo di Caprio. (et elle est toujours aussi drôle)
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Trois séries
Tuca & Bertie
Où je l’ai regardée : le midi chez moi puis pendant ma retraite à Plougonvelin pendant laquelle j’ai mangé des pizzas et écouté Joni Mitchell sur la plage
Pourquoi je l’ai aimée : Même si j’ai été un peu rebutée par le rythme effréné de la série pendant les deux premiers épisodes, Tuca & Bertie est l’une des séries qui m’a le plus emportée cette année. Parce qu’elle est politique, féministe, parce qu’elle parle de la trentaine comme aucune autre, parce qu’elle raconte l’histoire de deux amies dont l’une est terriblement angoissée et l’autre aime mettre des habits funky, parce qu’elle est foisonnante visuellement, parce qu’elle peut faire rire et briser le cœur dans un même mouvement. Et surtout bien sûr pour son épisode sur l’anxiété qui a mis des mots, des émotions et des images sur ce que je vis au quotidien depuis des années.
Bonus : De Plougonvelin j’ai fait cette interview de Lisa Hanawalt et elle était trop chouette.
PEN15
Où je l’ai regardée : Le midi en pleurant de rire dans mon dhal de brocolis.
Pourquoi je l’ai aimée : Il y a quelques temps je disais à un de mes amis que ça me manquait, le temps où on rigolait devant des séries — oui je parle désormais comme une vieille personne, laissez-moi. J’ai tellement ri devant PEN15 qu’elle a gagné absolument tous les prix dans mon cœur. C’est la première série qui raconte l’adolescence telle que nous l’avons vécue au début des années 2000 et c’est fait avec énormément d’intelligence et de sensibilité. En creux elle raconte aussi l’amitié, l’émergence d’Internet dans nos vies, le racisme au collège, les relations avec ses parents, Jim Carrey et l’éveil à la sexualité. Franchement si vous l’avez ratée rattrapez-la illico. Ceci est un ordre.
Bonus : Avant la fin de Retard j’avais écrit cet article personnel sur le fait que je me reconnaissais beaucoup trop dans cette série.
The Deuce
Où je l’ai regardée : Le soir sous un plaid au cœur de l’automne avec Olivier
Pourquoi je l’ai aimée : Parce que c’est la fin parfaite d’une série parfaite, tout simplement. Celle qui mène les personnages au bout de leur quête, qui explore la manière dont la vie de chacun·e se termine, ou se poursuit. J’ai aussi trouvé que cette saison explorait, encore plus que les précédentes, les divisions internes au féminisme sur certains sujets comme la prostitution ou l’industrie du porno. Elle ne donne aucune grande leçon, elle explore simplement des itinéraires, tous différents. Et elle compte son lot de scènes qui crèvent littéralement le cœur.
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Trois films
Portrait de la jeune fille en feu de Céline Sciamma
Où je l’ai regardé : Un matin au MK2 Bibliothèque avec ma sœur et mon mari, avant de manger un burger vegan à Season Square, dans un état émotionnel plutôt compliqué
Pourquoi je l’ai aimé : Je n’ai vu aucun film aussi beau, sur le fond et sur la forme, en 2019. D’ailleurs je ne suis pas sûre de voir mieux en 2020. Je ne veux pas utiliser des termes pompeux venus d'ailleurs mais j’ai trouvé qu’il s’agissait d’un geste artistique dont la limpidité m’a bouleversée. Et aussi d’un film salutaire à voir cette année, un film qui réfléchit frontalement à la place des femmes dans une histoire qui veut trop souvent les oublier. Portrait de la jeune fille en feu explore mille choses mais ce qui m’a le plus touchée c’est la thématique de la fluidité dans une communauté de femmes. Comment l’on peut devenir artiste et modèle, passer d’une classe sociale à l’autre, s’inventer de nouveaux rituels, faire passer de l’une à l’autre les fluides, les larmes, les chants, les vibrations. Qu’attend-on de plus d’un chef d’œuvre que d’être le film qu’il fallait exactement faire à ce point donné de l’histoire du cinéma ?
Midsommar d’Ari Aster
Où je l’ai regardé : À l’UGC des Halles avec Aurore avant de se faire refouler d’un restaurant et d’aller manger des falafels avec des frites et du ketchup.
Pourquoi je l’ai aimé : Au vu des réactions sur Twitter, je sais qu’aimer Midsommar est un peu une unpopular opinion et pourtant, force est de constater que c’est le film qui m’a traversée le plus violemment cette année. Je pense qu’il a été un peu cathartique pour moi, que j’ai retrouvé un peu de ma rage dans le sourire vengeur de Florence Pugh, que j’ai aimé tout ce que j’y voyais et aussi tout ce que je ne comprenais pas. Bonus : tous les hommes problématiques y connaissent une fin violente !
Sibyl de Justine Triet
Où je l’ai regardé : Je ne me souviens pas ! Incroyable.
Pourquoi je l’ai aimé : Comme les précédents (et je crois que c’est l’un de mes seuls critères), ce film m’est vraiment resté à l’esprit pendant plusieurs semaines. Majoritairement pour son ambiance mystérieuse. J’adore les personnages féminins de Justine Triet parce que je n’arrive jamais à les cerner, qu’elles m’énervent autant qu’elles me fascinent. Stromboli, l’écriture, la dualité, Gaspard Ulliel qui chante... Que demande le peuple ?
Bonus : J’avais interviewé Justine Triet il y a longtemps et on avait parlé de James L. Brooks mais surtout des personnages féminins antipathiques, et je repense très souvent à cette conversation.
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Trois albums
Purple Mountains
Où je l’ai écouté : Absolument partout, mais la première fois c’était sur le quai à Châtelet Les Halles en attendant le RER A, en rentrant de Brest
Pourquoi je l’ai aimé : J’ai beaucoup écrit sur David Berman, avant et après sa mort. Pour moi le disque de Purple Mountains est une perfection de A à Z, une merveille de mélancolie et d’humour. C’est un disque qui guérit et qui berce. Il se trouve aussi qu’il sera le dernier, et j’ai encore un peu de mal à l’accepter.
Bonus : Si vous voulez vraiment pleurer j’ai parlé de David Berman ici, là et là.
Big Thief, Two Hands
Où je l’ai écouté : Chez moi, en écrivant
Pourquoi je l’ai aimé : Pour la voix d’Adrianne Lenker, pour la noirceur du disque, pour cette forêt dense traversée de trous de lumière entre les arbres, pour cette odeur de mousse que je sens que je l’écoute, pour ses petits moments de sauvagerie, sa rage bien tenue qui ne peut pas s’empêcher d’éclater. Pour sa limpidité, sa beauté. Parce qu’il suffit d’une écoute pour l’aimer (et parfois j’ai besoin de ça).
Eerie Wanda, Pet Town
Où je l’ai écouté : Dans la rue parce qu’il me réchauffait quand il faisait froid
Pourquoi je l’ai aimé : Parce que c’est un petit disque de pop parfait, qu’il est plein de balades sautillantes. Moi j’aime sautiller quand j’écoute de la musique, danser mais légèrement, entendre un morceau et me dire qu'il rejoint immédiatement la longue liste de mes tubes personnels. C’est un disque qui me rend heureuse, tout simplement. Et ne me dites pas qu’on n’en a pas sacrément besoin.
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lebideduroutard · 5 years ago
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Hué dada !
Je me réveille dans le train, ballottée de part en part sur ma petite couchette. Le jour s’est levé et nos voisins de cabine sont bruyants. Ils ont a priori décidé que ce n’était plus l’heure de dormir pour tout le monde. Mon portable affiche 7h du matin. Arthur “dort” encore. Sans couverture et avec le bras qui pend par dessus la balustrade. La nuit n’a pas été top : je n’ai pas vraiment l’impression d’avoir dormi, plutôt somnolé mais bon. Cela aurait pu être pire. Un monsieur passe avec son chariot dans les couloirs et propose de la soupe. Cela me fait un petit peu penser au chariot à friandises du Poudlard Express en moins appétissant (référence à Harry Potter pour les incultes). L’odeur est assez forte.
Il nous reste encore quelques heures à passer dans ce train et je n’ai vraiment plus le choix, il faut que j’aille au petit coin. Je me suis retenue déjà une bonne partie de la nuit. Ce n’est vraiment pas propre du tout. C’est des toilettes à la turque (petit parenthèse : nos copains allemands appellent ça des toilettes françaises et ils disent qu’on a plein de toilettes comme ça en France. Mais je ne suis pas d’accord). Je vais vous passer les détails parce que c’est vraiment peu ragoutant mais je rêve désormais d’une douche, voire même d’un Karcher ça ira. 
Je retourne lire sur ma petite couchette et retrouve mon Arthur à la mine très fatigué. Sa nuit semble avoir été pire que la mienne. Quand on pense que ce trajet nous coûte 2,4 millions de dongs, soit deux jours de budget. On aurait peut être dû prendre le bus. En même temps, je suis très contente d’avoir fait cette expérience. 
Le train s’arrête. Il semble que l’on soit arrivé à destination. Mais on ne comprend rien à ce qui est dit dans les hauts parleurs. Le temps que l’on comprenne qu’il faut que l’on descende, la sonnette du train retentit. Je suis prise de panique, persuadée qu’il va redémarrer avant qu’on ait le temps de descendre. Je ne prends même pas le temps d’enfiler mes chaussures, j’attrappe toutes mes affaires et je saute du train. Bon en fait, j’ai paniqué pour rien parce qu’il n’est pas reparti tout de suite. Et Arthur qui me suivait en me criant : “T’as oublié tes chaussures !!”. Vu de l’extérieur ça devait être drôle. 
Ça y est le train c’est fini. On a toutes nos affaires en place et nos chaussures aux pieds. On peut commencer une nouvelle étape : Hué. Alors premier gros changement : il fait chaud ! Ça fait du bien ! Ce qui ne change pas par contre c’est le nombre de personnes qui nous tombent dessus à la sortie du train. On nous propose de tout : taxi, bière, banh mi, excursion… On s’échappe comme on peut et on commence notre marche vers notre hôtel. On se fera alpaguer par un monsieur qui ne nous lâchera plus et qui ramènera même ses copains. On lui dira plus tard assez fermement que nous ne sommes pas intéressés par son tour en scooter le long de la côte qui coûte les yeux de la tête. 
On arrive enfin à notre hôtel. Il nous a été conseillé par nos copains. Ça à l’air top ! On a une belle vue de notre chambre, un très grand lit, et une baignoire ! On prend une bonne douche chaude et on part chercher un petit resto. On prend notre guide du Routard et on va à l’une des adresses mentionnées. J’ai trouvé ça bon mais Arthur était plus que déçu, les portions avaient la taille de petites entrées alors que le prix était loin d’être donné. Moi je n’avais pas très faim alors ça allait. Toujours est-il que le serveur lui aussi essaie de nous revendre des excursions. Avec ce trajet en train difficile, on n’a pas vraiment de patience et ça commence à nous fatiguer d’être vu comme des portefeuilles sur pattes. 
On va ensuite se promener. Le retour en ville après cette parenthèse à Tam Coc est un peu rude. On est sollicité à chaque coin de rue, et puis, il y a beaucoup de bruit, les pots d’échappement … On finit par se réfugier dans un petit parc. On croise une locale qui nous parle simplement pour le plaisir d’échanger quelques mots et pas pour nous vendre quelque chose. Qu’est-ce que ça fait du bien ! L’échange est limité puisqu’on ne parle pas vietnamien mais elle nous montre la bouillie de riz (“de la bouillie de riz qui te sourit” les filles petite référence à Mulan pour vous <3) qu’elle essaie de donner à son fils et qu’il recrache aussitôt par terre. 
On rentrera à l’appartement assez tôt. On a tous les deux la migraine. On a besoin d’une bonne nuit de sommeil. Avant d’aller se coucher, on teste un deuxième restaurant du guide. Deuxième déception. C’est un menu qui présente les 5 spécialités du coin : Banh beo (galettes de riz à vapeur garnies de crevettes et du porc), Banh Khoai (crêpe vietnamienne croustillante aux crevettes et au porc), Nem Lui (tu confectionnes toi-même ton rouleau de printemps avec des brochettes de viande)...
Ce n’est pas super bon. C’est l’usine. En moins de 15 minutes, on a fini de manger. Bon, le routard nous aura déçu deux fois dans la même journée. Demain, on cherchera par nos propres moyens. 
On se réveille après avoir bien dormi et ça change tout de suite le regard que l’on a sur la ville. On commence par un super petit déjeuner. Il y a du jus de mangue et plein de fruits frais. Les banana pancakes ne sont pas au niveau des précédents mais ce n’est pas grave. Aujourd’hui, on prévoit de visiter la cité impériale et les tombeaux des empereurs Khải Định et Minh Mạng. 
Après un petit quart d’heure de marche, on réalise que l’on n’a pas mis de crème solaire (débutants!) et que je n’ai rien pour couvrir ma tête. Allez, on favorisera les coins à l’ombre mais ça devrait le faire (spoiler alert : ça l’a pas fait, on est tout rouge et j’ai peut être fait une petite insolation). 
On arrive à la cité impériale où le prix du billet est bien plus élevé que ce qui est indiqué dans le guide (décidément, je vais leur faire un mail au Routard !). Tant pis, on n’aura pas l’occasion de revenir 10 fois dans notre vie. On a bien fait parce que c’était une très chouette visite. C’est très grand. La capitale impériale a été construite au tout début des années 1800. Elle se divise en trois parties. La première enceinte est dédiée au bâtiment administratif. La seconde enceinte que l’on appelle cité impériale accueille les palais royaux et les lieux de culte. La troisième et dernière enceinte, la cité pourpre interdite, est la résidence des empereurs. Cette dernière a été en grande partie détruite par les bombardements américains en 1968 mais ca reste très impressionnant. J’adore les portes qui séparent les différentes parties de la cité impériale. Elles sont gigantesques et très colorées, avec beaucoup de détail dans la peinture ou dans la céramique. Il y a aussi des bonsaïs de toutes les formes, de toutes les tailles. Bref, j’aime beaucoup et il n’y a pas trop de monde. Pas de scooter. Le pied ! On finit par aller grignoter avant de trouver un taxi pour aller visiter les tombeaux. 
Il faut comprendre que dans leur religion, la vie après la mort est plus importante que notre petit passage sur terre. Donc il était important pour les empereurs de se faire construire les plus beaux mausolées pour que ça commence bien pour eux dans leur nouvelle vie. 
Le premier tombeau, celui de Khải Định, révèle bien la mégalomanie de l’empereur. Il a fait augmenter les impôts de 30% pour construire son tombeau. Il était vu par son peuple comme la marionnette de la France donc bien entendu, la France a aussi financé une partie de cet énorme édifice. La visite est très courte mais ca vaut le coup d’oeil et la vue sur la campagne environnante est top. A l’intérieur de l’édifice, les murs sont couverts de mosaïques. C’est très rococo. En sortant du tombeau, on se rend compte que les 2km indiqué sur la carte pour rejoindre le 2ème tombeau se transforme en une heure de marche. On est fatigué, il fait chaud. Heureusement, notre taxi avait misé sur notre fainéantise et nous a attendu. Il nous amène donc au tombeau de Minh Mạng. Il est niché dans une nature luxuriante et entouré de plusieurs lacs. Le décor est bucolique, la balade très agréable. Le tombeau a proprement dit de l’empereur est caché derrière une grande enceinte interdite aux visiteurs. La visite est courte mais il n’y a personne et pour un tombeau, c’est hyper romantique comme endroit.
On retourne à notre hôtel après avoir beaucoup marché. On a de beaux coups de soleil et je commence à me sentir pas très bien. En regardant sur Trip Advisor, on déniche un petit resto super sympa dans une petite ruelle au calme. Je mange en petite quantité. Je commence à avoir quelques spasmes. Je suis très fatiguée. Je me réveillerai en pleine nuit avec de la fièvre. J’avais l’impression d’être gelée. J’ai dormi toute habillée. Arthur soupçonne une insolation. Il a pris bien soin de moi comme toujours. Le lendemain, on est resté à l’hôtel jusqu’au départ du bus pour Hoi An. Je n’ai pas mangé grand chose à part des fruits. Au moment d’aller prendre le bus, l’hôtel nous indique que le minivan n’est pas disponible et que nous allons être amené jusqu’au bus en scooter. On n’a pas trop le temps de réfléchir qu’on est déjà sur les scooters. Le casque d’Arthur est encore trop petit. Mon driver conduit à la vietnamienne mais je ne me sens pas du tout en danger. C’est même plutôt agréable. 
On attendra ensuite quelques minutes le bus. Quand il arrive, on réalise que c’est un sleeping bus. Je suis plutôt contente. J’avais envie de tester et puis je suis toujours pas très en forme donc j’ai bien envie de faire une petite sieste. Je trouve le trajet plutôt agréable. Il faut dire que je dors une bonne partie du temps et qu’on voit moins la conduite du chauffeur quand on est sur les sièges à l’étage. Il a quand même failli faucher une touriste à vélo (c’est vraiment pas passé loin) et un scooter qui a brièvement perdu le contrôle de son véhicule. Je réalise que les réflexes du chauffeur sont quand même sacrément bons et qu’il connaît parfaitement son bus. On arrive enfin à Hoi An. On marche un petit quart d’heure avant de rejoindre notre hôtel en bord de rizières à mi chemin entre la vieille ville et la plage. L’accueil est parfait. On reçoit pleins de conseils de la part de nos hôtes. On leur emprunte des vélos et on part découvrir la petite ville. Le soleil est déjà couché, les lanternes sont allumées. C’est vraiment mignon. On mangera un Banh Mi délicieux sur le bord du trottoir avant de rentrer dormir. Notre lit est gigantesque ; deux lits doubles collés. Je ne ferai pas long feu avant de m’endormir. Pour Arthur, la nuit est beaucoup plus compliquée. Il expérimente la première tourista du séjour. Là, je vous écris depuis notre chambre. Je viens de prendre un petit déjeuner gargantuesque pendant qu’Arthur est au fond du lit. Nos hôtes viennent de lui offrir un thé au gingembre (ou du gingembre au thé) et quelques bananes pour l’aider à se rétablir. 
Aujourd’hui, on va donc se reposer et décider de la suite de notre voyage. Je vais laisser Arthur dormir un peu et faire une balade jusqu’à la plage. Même si pour Arthur c’est un peu compliqué, la vie semble douce à Hoi An. 
Cha
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cequilaimait · 6 years ago
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Knut – 4. Mercredi – Visites et miaulements – 4.3 Le défilé de Knut (3/3)
La soirée se poursuivit chez les Eklund par un bon repas. Puis tout le monde rejoignit sa chambre. Comparé au premier soir, le comportement de Knut avait radicalement changé. Le fier adolescent grincheux avait laissé sa place à un petit enfant content d’avoir un copain avec qui s’amuser. Là, il n’avait que deux envies : rigoler avec Justin en passant en revue toutes les conneries qu’ils avaient faites aujourd’hui – et recompter les points pour s’assurer que le match était bien nul –, et lui faire découvrir encore plus son univers. Excité comme une puce, il demanda à son camarade de lui lire un poème et de lui expliquer la différence entre une ballade, un sonnet et une ode. Puis, toujours aussi agité et gigotant de toute part sans s’arrêter, il lui proposa de l’initier à la mode ! Non pas que Justin avait besoin d’un relooking – il était très bien comme ça –, mais simplement que Knut brulait d’envie de partager sa passion. Il avait trop de choses à lui dire et à lui montrer. Le décalage entre la classe qu’il pouvait avoir dans certaines tenues et l’insouciance de son propos était saisissant.
« Mais j’aime çaaaaaa ! On fait toutes mes tenues avec ma sœur ! C’est notre truc à nous ! Elle est trop créative, Lilly ! C’est juste qu’il y a des trucs, elle ne veut pas que je les mette au lycée ! Les autres trouveraient que ça fait presque pute, qu’elle dit ! J’déteste les gens qui pensent ça ! »
Vu l’émerveillement dans ses yeux quand il parlait de ses fringues, Justin se demanda quelques secondes si Knut avait conscience du métier qu’on aurait pu l’accuser de faire. En réalité, il n’en avait juste rien à foutre. Dans tous les sens du terme, d’ailleurs.
« Les gens sont tellement cons ici ! Ils ne connaissent pas la Fashion Week de Paris ! Là-bas, c’est fou ! J’y suis allé une fois avec maman et Lilly, mais le pied ! Y avait des tenues de rêves ! En France, au moins, personne n’a l’esprit déplacé ! Tout le monde comprend que c’est de la mode et rien d’autre ! Faut absolument que j’te montre des trucs ! »
Ah oui, en effet. Justin préféra largement acquiescer que de lui dire que ça, ce n’était pas généralisable à tous les quartiers. Mais au moins, cette déclaration d’amour pour la haute couture la plus moderne permettait d’attester de la sincère innocence du jeune passionné. Il vibrait. Et avoir un copain à qui en parler et à qui dévoiler sa garde de robe, c’était encore mieux !
« Attends, j’vais me préparer dans la salle de bain, faut que j’te fasse un p’tit défilé ! Si ce n’est pas porté, c’est moins classe ! »
Le résident Suisse n’eut même pas le temps de répondre que, déjà, son hôte avait foutu le camp. Dix minutes plus tard, il réapparut, tout sourire, avec sa première tenue. Il l’adorait et la gardait pour de grandes occasions, mais malheureusement, il faisait trop froid pour qu’il la mette en cette période.
Justin y reconnut immédiatement les éléments que Knut préférait. Tout était là : ce mélange de revue de charme et de totale enfance ; ces matières provocantes et découvrantes dont il ne pouvait se passer ; ces coupes près du corps, que certains auraient perçues comme une initiation au bondage, mais qui chez lui représentait simplement la parfaite symbiose entre sa peau et le vêtement… Il n’y avait qu’à lui que pareil accoutrement pouvait aller aussi bien. Son haut résille noir au col rond et bas et à manches longues qui se terminaient entre ses doigts, comme une gantelet ouvert, en était la démonstration. Ses tétons, son nombril, son pli de l’aine, ses petits muscles… Tout était visible sous cette fine couche de tissu aux très larges mailles, comme si l’ensemble ne demandait qu’à être arraché avec les dents.
Pour rendre son ensemble un peu plus rock, le jeune garçon avait recouvert le tout d’une veste de smoking gris foncé, ouverte, aux manches remontées. Elle lui couvrait les épaules. La coupe tombait jusqu’aux cuisses, protégées par un très court short en jean bleu nuit, déchiré du côté droit et effilé en ses extrémités. Une ceinture en cuir caramel nouait sa taille et lui permettait de rentrer le bas de son t-shirt résille dans le short en question, afin que tout reste bien en place.
Tournant sur lui-même, l’adolescent expliqua l’utilité des accessoires. Sans eux, c’était presque comme s’il était nu. Son bracelet en cuir noir doté de clous argentés et enfilé à la main gauche avait pour but de casser la symétrie, sans cela trop parfaite. Pour équilibrer, il avait accroché au-dessus de son oreille droite, via une pince presque invisible, une extension en forme de tresse faites de cheveux noirs synthétiques qui lui longeait la joue. Enfin, pour marquer son cou, il avait une nouvelle fois fait le choix d’un collier choker – il les collectionnait et trouvait qu’ils lui donnaient un air félin, là où d’autre voyaient en cette symbolique animale un message qu’il était trop naïf pour comprendre –, cette fois-ci décoré de stress argenté. En dessous pendait un pendentif en forme de croix. Une de celle qu’il avait héritée de sa grand-mère et qui jamais ne le quittaient.
Un instant, Justin s’arrêta sur les chaussures, ou plutôt, ce qu’elles cachaient. Knut en avait encore plus que sa mère, ce qui avait un petit quelque chose d’effrayant. Là, il avait choisi des petites bottes en cuir grises, pour aller avec le reste et surtout avec ses hautes chaussettes en coton noir, dont une remontait parfaitement et dont l’autre était volontairement descendue de manière à dévoiler son mollet. Ce fut ce dernier qui intéressa le plus son camarade. Il était ferme et lisse, comme tout le reste de la jambe. Mais déjà, Knut était déjà passé à autre chose :
« Le maquillage, c’est nécessaire. J’ai des yeux super bleus. Si je ne fous rien par-dessus, avec ma peau blanche, c’est trop clair, ils ne ressortent pas, c’est pas beau. Alors que là, un p’tit smokey eye gris-noir bien prononcé et un coup de mascara, ça rappelle la tenue, ça contraste et ça attire le regard… Mais faut adapter à chaque fois pour que ce soit le plus naturel possible. Genre, là, sur la prochaine tenue, j’vais garder le même mascara, mais je vais mettre un smokey eye charbonneux ! Attends, j’vais te montrer ! »
Pour être tout à fait honnête, Justin n’y comprenait pas grand-chose à tous ces termes étranges Cécile avait bien essayé de lui expliquer une fois ou deux, mais à chaque fois, il avait baillé avant de passer à une autre activité ! Et là, bien plus que ces notions de beauté, c’était le visage souriant du Suédois qui le captivait. Quand Knut se laissait emporter par sa fougue, il resplendissait.
Dix minutes plus tard, après un nouveau passage express dans la salle de bain, Knut revint avec une autre de ses tenues. Une de ses préférées, une fois de plus. Et dès qu’il le vit, Justin s’exclama :
« Who, t’as changé de coupe, là ! »
« Non, juste de coiffure ! », détailla l’adolescent, heureux qu’on s’intéresse à ce détail. « Tout à l’heure, j’étais coiffé normal, les cheveux dans le vent. Là, j’ai utilisé de la poudre coiffante pour me faire une frange, et j’ai foutu de la craie blanche dessus. Comme ça masque un œil, ça donne un côté mystérieux ! »
L’effet était réussi. Tout comme le reste. Cet ensemble était étrangement aussi dénudé que les autres, mais il dégageait quelque chose de plus innocent, sans que Justin n’arrive trop à savoir pourquoi. Car entre la ronde boucle d’oreille métallique noire, le choker en cuir, la longue chaîne qui se terminait par un pendentif en forme de croix en argent au niveau du nombril, fait du même métal que le bracelet manchette en haut de son bras gauche, sans oublier les deux mitaines en dentelle noire aux motifs abstraits – l’une remontant sous le coude et l’autre, dégagée de toute gène, jusqu’en en dessous de l’épaule droite –, il y avait plus de quoi exciter les hormones que d’assagir les passions. Peut-être que le choix des vêtements, moins tranchant que les accessoires, arrivait à assagir le tout. Justin était en tout cas tombé en admiration pour ce débardeur bleu nuit en coton glissé dans le pantalon, avec ses énormes ouvertures sur les côtés – jusqu’aux hanches – et surtout dans le dos, entièrement découvert jusqu’à sa toute base. Il l’aimait tellement qu’il en demanda les références pour s’acheter le même !
Aux anges de voir que son homologue commençait à vraiment s’intéresser à sa passion, Knut lui proposa de lui envoyer des liens pour trouver facilement le reste en ligne, avec des consignes pour « préparer » les vêtements. Car si la ceinture élastique beige doublée de marron pouvait naturellement se mettre telle quelle, ce n’était pas le cas de son jean boyfriend noir délavé.
« C’est Lilly qui a déchiré le genou droit et qui a fait les deux entailles à gauche, sur la cuisse et en haut du mollet. Un pantalon pareil, t’es obligé de bosser dessus si tu veux que ça ait un peu de gueule. Et t’oublie pas les ourlets bien hauts ! L’intérieur du jean est gris, c’est joli, et comme ça, on voit les chaussettes ! »
À ça, les chaussettes… Knut avait fait très fort en dépareillant deux paires fantaisies, une blanche rayée de gris et de noir, l’autre bleu marine rayée de blanc et de bleu ciel. Avec ses pompes de skateur beiges à semelles blanches, il n’y avait rien à dire, c’était la petite touche d’enfance étourdie qu’il fallait pour que l’ensemble soit parfait. Et c’était peut-être ça le plus étonnant. Malgré la sophistication et la multiplication des éléments qui, à première vue, n’allaient pas ensemble, cette tenue était top, et Justin en ronronna même, signe qu’il appréciait de plus en plus ce show privé.
Sauf qu’il n’était pas à un vrai défilé, et il n’avait pas toute la nuit devant lui. L’horloge affichait vingt-trois heures et, fidèle à ses habitudes de mère qui n’aimait pas voir de la lumière s’échapper tard de sous la porte de son fils, Franciska toqua et ordonna l’extinction des feux.
Déçu, Knut afficha un air triste. Il en avait encore tellement à montrer… Quoique… il pouvait encore tourner la situation à son avantage. Pour dormir, il fallait un pyjama. Et celui qu’il préférait était une création maison… que sa sœur lui avait interdit de montrer à quelqu’un qui n’était pas de la famille, car potentiellement grossier. D’où sa pudeur devant son invité. Sauf que Justin n’était pas n’importe qui. C’était un chaton, comme lui. Presque un frère, donc.
« Dis, tu me jures que tu ne te moque pas si je te montre un truc que Lilly veut pas ? J’veux dire, celui-là, j’la comprends, même moi j’le trouve un peu limite… Mais je l’adore ! Je dors avec presque tous les soirs depuis que je l’ai… Sérieux, ça remplace ma peluche ! »
Là, Justin avait peur. Pour que même Knut ait conscience que son pyjama était provoquant, cela voulait dire que la jeune femme s’était lâchée. Et forcément, avec la tête que faisait Knut en serrant les poings dans l’impatience d’une réponse positive, une seule s’imposait :
« Mais un peu que je jure ! Allez, montre ! »
Certes, ce n’était pas très sage, mais comme l’avait fait remarquer Hakon plus tôt, il était loin de l’être. Son genre à lui, c’était plutôt « petite crapule curieuse ».
Heureux comme tout, Knut fonça à la douche pour s’enlever sa couche de maquillage et sa poudre dans les cheveux, puis réapparut comme un ange un quart d’heure plus tard, dans la fameuse tenue, les cheveux encore mouillés. Ce qui, du fait de leur longueur, légèreté et orientation vers le sol, le rendait encore plus mignon.
Incrédule, assis en tailleur sur son matelas, Justin cligna plusieurs fois des yeux. Il n’arrivait pas à y croire. Ils avaient osé. Ils étaient fous. C’était génial. Même son calbut, par sa subtile déformation, en témoigna.
« Vous… avez fait… Un Virgin Killer Kitty Pyjama ? SÉRIEUX ? »
Un peu honteux, Knut baissa le regard. Il détestait ce nom. Vraiment. Ce qu’il mettait soi-disant en danger était la dernière chose à laquelle il pensait en s’habillant ainsi. Lui, il se sentait simplement parfaitement bien dans cette tenue. Jamais ses nuits n’avaient été aussi paisibles que depuis qu’il l’avait, et jamais en la mettant, il n’avait connu une quelconque envie. C’était mécomprendre que le désir naissait bien plus naturellement chez celui qui admirait le résultat que chez celui qui le portait. D’où le grave risque pour l’intégrité du porteur, surtout s’il était encore vierge.
Le Virgin Killer sweater était un « pull » débardeur populaire sur internet, pour sa connotation très sexuelle, à cause de sa coupe moulante et de sa très large ouverture dans le dos qui allait jusqu’au milieu des fesses et ne masquait donc plus grand-chose de l’essentiel. Le porter, c’était se couvrir devant pour mieux se montrer derrière. Et comme il fallait s’y attendre de ce jeune innocent, sa propre croupe était douce et légèrement rosée. Un appel au crime non assumé.
Knut était tombé en admiration devant cette « chose infâme » qu’il trouvait plus belle que dérangeante et il avait tanné sa sœur pour qu’ils l’adaptent à ses nuits et à son physique d’adolescent. Lillemor avait toujours refusé, jusqu’au dernier week-end d’octobre. Sans chercher à se justifier, elle avait fait volte-face et avait enfin céder, à condition qu’elle puisse rendre « féline » ce vêtement. En résulta une petite merveille d’érotisme et de sensualité que seul Knut pouvait porter sans prendre tous les symboles pour ce qu’ils étaient et sans que cela ne paraisse trop vulgaire. Le « pyjama », d’un bleu pastel, était principalement fait d’un tissu peluche qui imitait la fourrure. Une fois dedans, le jeune Suédois avait l’impression non plus de serrer un ourson contre lui, mais d’en être devenu un, tellement la douceur enveloppait son ventre. La coupe de la partie avant ressemblait à un tablier, sauf qu’il était maintenu au cou – fait d’une laine épaisse tout comme l’ourlet du bas – par une résille noire qui lui couvrait le haut du torse et des épaules. Le dos, naturellement, était complètement découvert jusqu’à la moitié des fesses, où réapparaissait enfin le reste du tissu qui s’arrêtait par ailleurs très haut, au niveau des cuisses, telle une mini-jupe des plus courtes. Comme éléments de décoration et accessoire, Lillemor avait prévu des chaussons « pattes de chat » de la même couleur, une queue de félin accroché à l’arrière – peu pratique pour dormir, mais parfaitement dans le ton, ce qui avait l’avantage d’apporter une touche « kawaï » à un ensemble qui en avait bien besoin – et une poche sur l’avant, du même tissu peluche, et fermée par des oreilles de chat en feutrine qui pouvaient se rabattre ou non, selon l’envie. Enfin, elle avait tenu à signer son œuvre en cousant directement au fil rouge sur le torse un petit message et ses initiales à l’adresse de son petit frère, ainsi que de tous les pervers qui pourraient un jour tomber sur lui dans cette tenue.
« Do not masturbate »
 Ce simple petit ajout avait fait rougir comme jamais Knut, qui tenait bien à respecter lui-même la consigne le plus longtemps possible, quand bien même l’habit se portait seul, sans rien en dessous, et qu’il avait donc chaque nuit toutes les latitudes pour désobéir. La seule chose qui lui manquait pour cela, c’était l’envie. À l’inverse peut-être de Justin qui dut mordre bien fort dans son oreiller pour se calmer et rapidement chasser de son esprit l’irrésistible désir de commettre un délit.
« T’as de la chance que je sois presque Suisse… J’suis tenu par la convention de Genève… Mais même moi j’ai envie de te câliner, là, alors qu’on est censé être rival… Rah bordel, heureusement que tu n’as pas sorti ça aujourd’hui ! Sinon, tu m’aurais écrasé à plate-couture et il aurait fallu te récupérer chez les flics pour attentat à la pudeur ! »
« Touche pas à mon honneur ! », répondit simplement Knut, l’index pointé sur son colocataire du soir, un énorme sourire sur le visage. Il se sentait tellement à l’aise qu’il s’autorisa même une petite provocation, qui le surprit lui-même : « Enfin, pas sans me demander l’autorisation avant ! »
Justin en rigola, et gribouilla rapidement quelques mots dans son carnet. Surpris, Knut lui demanda ce qu’il faisait, ce à quoi le petit français répondit qu’il notait des idées de vers, si jamais il lui venait l’envie d’écrire un poème.
Enfin, les deux chatons convinrent qu’il était temps de se coucher. Le blond se glissa dans ses draps, heureux de pouvoir profiter de son « pyjama » adoré. En guise de protections, celui aux cheveux roses avait choisi un simple t-shirt à manches courtes, un caleçon, et son fameux bracelet éponge qui jamais ne le quittait dès qu’il sortait de chez lui. Voyant qu’il ne l’enlevait pas, Knut lui posa la question :
« Pourquoi tu gardes toujours ton bracelet, ça a un sens ? »
Hésitant, Justin le regarda d’un air triste en plaçant son poignet au-dessus de ses yeux, puis botta en touche.
« C’est un cadeau… »
« Est-ce que ça a un rapport avec Aaron ? »
L’interrogation était tombée, sèche. Mâchoire contractée, Knut avait chassé son sourire. Même s’il ne l’avait pas montré, ce que Justin avait dit plus tôt, ce « oui » qui avait confirmé l’innommable… C’était dépravé, il ne cautionnait pas, mais il considérait encore que sa sœur avait raison. Il n’avait pas à juger. Cela l’avait choqué. Mais il y avait des choses qui le choquaient plus encore…
« Comment ça ? Pourquoi tu penses ça ? »
« … Quand tu parles d’Aaron, parfois, ton regard est super triste… Ce que tu as dit avoir fait avec lui, je trouve ça mal. Mais un chaton triste, c’est encore plus mal. Et là, tu fais le même regard que tout à l’heure… Alors, s’il t’a rendu triste, on ne sera pas copain, lui et moi… »
Tout ce que Justin trouva à répondre, ce fut un long soupir, ses yeux couverts d’un voile toujours rivés vers son bracelet. Son sourire était perceptible, mais complètement éteint. Plus aucun mot ne fut échangé ce soir-là.
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je-suis-une-fangirl · 7 years ago
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Le tag des 11 questions
@tael-la me tag de partout en ce moment, j’aime beaucoup ! Continue comme ça ^^ Du coup je fais toutes ses questions d’un seul coup !
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(ce gif me fait beaucoup trop rire et je savais pas quand ni comment le placer, alors le voici le voilà)
1. Le dernier site que tu as utilisé en dehors de Tumblr ?
Facebook parce que je devais récupérer pleins de cours pour les révisions
2. Le dernier animal que tu as vu ?
Malheureusement c’était un pigeon, il était en plein milieu du trottoir, entre moi et l’entrée de ma résidence, j’ai paniqué et j’ai fait un détour de 3km (toujours dans l’excès)
3. As-tu un palais mental ? (ou un équivalent)
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4. Quel est ton super-pouvoir ?
Est-ce que manger une pizza à moi toute seule alors que je n’ai absolument pas faim est un super pouvoir ?
5. En cuisine, que préfères-tu faire ?
J’aime beaucoup faire les gâteaux, parce que je peux manger la pâte avant qu’elle soit cuite ou gratter la casserole de chocolat
6. As-tu un.e petit.e protégé.e ?
Pas vraiment, enfin je crois pas, ou alors c’est @stupidestfrogalive parce que je la trouve trop adorable et je vais taper ceux qui veulent l’embêter
7. Ferme les yeux. Qu’est-ce que tu vois ?
Pas grand chose
8. Quand tu te fais mal, qu’est-ce qui vient en premier ?
Les jurons
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9. Quel est ton avis sur le vouvoiement et le tutoiement ?
Je trouve ça totalement normal de vouvoyer des gens qu’on ne connaît pas. Après perso je l’utilise surtout avec les adultes, j’ai souvent tendance à directement dire “tu” avec  les jeunes de mon âge, et il est automatique avec les enfants. Et comme beaucoup de gens ça me fait mal quand on me dit “vous” parce que je me sens un peu vieille du coup
10. Tu aimerais rester dans l’enfance pour toujours ?
Pas vraiment, parce qu’il y a plein de trucs qui sont interdits, genre la bière et on doit tout le temps avoir l’accord des parents pour faire quelque chose, et on ne peut pas pouvoir voir certains films. Si je devais rester bloquer à un âge ça serait le mien (donc entre 22 ans) parce que c’est la meilleure période, on est grand mais on n’a pas trop de responsabilité, on peut légitimement appeler sa maman tel un gros bébé, tout en ayant la possibilité de se faire une soirée film/pizza/bière en toute légalité
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11. Est-ce que tu bouges les mains/bras quand tu parles ? 
Pas beaucoup de manière général, mais je peux faire de super grands gestes que je suis beaucoup trop enthousiaste pour quelques choses, mais c’est rare je pense. Par contre je joue pas mal avec les doigts parce que je sais pas quoi en faire
12. Pourquoi es-tu là ?
Je sais pas trop
13. Quel est ton juron préféré ?
C’est difficile, je dis beaucoup trop de jurons tout le temps. J’aime bien dire “putain de bordel de merde”, “fils de pute” et “ta mère la pute” quand je suis super énervée. La gradation de la violence
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14. Aimes-tu la politesse ?
Oui, c’est même quelque chose d’essentiel je trouve. On n’a pas été élevé par des sauvages bordel de merde !
15. Et la galanterie ?
Je ne suis pas contre, c’est toujours appréciable
16. Passes-tu de bonnes nuits ?
En général oui. Il m’arrive rarement de me réveiller en pleine nuit à cause d’un rêve ou autre, ou alors c’est parce que mère nature se manifeste à 4h30 du matin, au quel cas je l’insulte très fort dans ma tête
17. Te rappelles-tu de tes rêves, bons et mauvais ?
Je me rappel rarement de mes rêves, mais je crois que je me souviens plus souvent des mauvais que des bons. Ou alors c’est un rêve totalement stupide que je n’arrive pas à comprendre, au quel cas je commence à remettre toute ma vie en question
18. As-tu des soucis avec la nourriture ?
Tant que tu me sers pas des brocolis ou des lentilles tout devrait bien se passer
19. Comment est ton lit ?
En bordel, comme d’habitude
20. Plutôt en avance, en retard ou à l'heure ?
J’essaye autant que possible d’être à l’heure, mais en général soit j’arrive 40ans en avance, soit 50ans en retard, j’arrive pas à trouver un juste milieu
21. Ton expression favorite ?
“Je m’en tamponne le coquillard avec une patte alligator femelle” mon papou nous disait tout le temps ça quand on était petit, et il rajoutait toujours “c’est super important que ça soit un alligator femelle” et ça m’a toujours fait mourir de rire. 
Sinon j’aime beaucoup répondre “des gibouènes” quand on me demande qu’est-ce que je fais. C’est aussi mon papou qui dit ça. Ne me demandez pas ce que ça veut dire, mon papou dit que c’est sa voisine qui lui avait dit ça une fois quand il était petit. Il n’avait pas comprit et quand il est revenu la voir le lendemain pour savoir ce que ça voulait dire, sa voisine était morte. Enfin c’est ce que raconte la légende
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22. Quelque chose que tu aimerais apprendre ?
J’aimerais trop apprendre à parler couramment japonais et anglais
23. As-tu une télévision ?
Pas dans mon appart lillois, mais chez mes parents oui. Sinon ça sera un de mes premiers achats quand j’aurais mon appart l’année prochaine (après avoir pris un chat bien sûr)
24. Quelle station radio écoutes-tu ?
RTL, surtout la matinale d’Yves Calvi et “La curiosité” avec Sidonie Bonnec et Thomas Hugues, j’aime bien aussi “Ça peut vous arriver” avec Julien Courbet, et “On est fait pour s’entendre” de Flavie Flament
25. Tu parles/comprends quelle.s langue.s ?
L’anglais, j’ai un niveau scolaire mais je peux regarder Friends en sous-titré anglais sans trop de difficulté. Et puis le français bien sûr
26. Une civilisation qui te passionnes ?
La civilisation japonaise, ancienne ou moderne, de toute façon tout me passion dans ce pays, c’est tellement différent de chez nous
27. Ton univers préféré ?
La terre du Milieu, même si c’est dangereux, c’est beaucoup trop joli, et j’adore le fait qu’il y est pleins de peuples totalement différents les uns des autres
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28. Plutôt concert ou cinéma ?
Largement le cinéma, mais j’aime bien les concerts aussi, surtout parce que le son est tellement à fond que ça résonne dans tout mon corps. Mais au cinéma est bien calé dans un siège et en plus on peut voir Sebby, donc c’est mieux
29. Tu aimes te balader ?
Oui, je ne sors pas beaucoup mais j’ai toujours envie de faire de longue promenade quand il fait beau. Ce qui me bloque c’est de devoir affronter les gens
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30. Te considères-tu créatif.ve ?
Plutôt oui
31. La remarque que tu te prenais le plus dans ta scolarité ?
Je sais pas, j’étais super discrète, les profs n’avaient rien à me dire et je suis pas sûre que les gens de mes classes aient été marqué par ma présence (sauf un apparemment, que j’ai rencontré dans un bar à Lille par le plus grand de tous les hasards)
32. Quelques chansons qui te filent le peps ?
- Sofia d’Alvaro Soler et Abusadora de Don Cash  principalement parce que c’était les musiques qui passaient en intro et outro des spectacles du théâtre pendant ma croisière et que du coup ça me rappel la croisière, 
- Mr Blue Sky de ELO, 
- Best day of my life de American Authors
- Fire escape d’Andrew McMahon in the Wilderness
- Say Hey (I love you) de Michael Frantis et Spearhead
- I bet my life de Imagine Dragon
C’est pas du tout pour les paroles, mais uniquement pour le rythme 
33. Ta tâche ménagère préférée ?
Aucune, je déteste faire le ménage, quand je serais grande je payerais quelqu’un pour le faire à ma place, surtout pour nettoyer la douche
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Et maintenant les questions de @wolfsnape !
1. Ta période préférée de la journée ?
Les heures où on mange
2. Trois séries qu’il faut absolument que je regarde
Dans les indispensables je dirais Agents of Shield, parce que voilà, Pokémon XY et XY Z, parce que ces saisons sont juste trop merveilleuses et Supernatural, mais je crois que j’ai cité que des séries beaucoup trop évidentes donc je suis pas sûre que ça te serve à quelque chose
3. Quel poème te fait le plus vibrer ?
Je connais aucun poème, je me souviens même de ceux que j’ai appris au collège/lycée. La principale raison c’est parce que j’aime trop la poésie, comme je suis dyslexique j’ai toujours eu un mal fou à les lires et les apprendre, du coup ça m’a trop bloqué. Cette année encore au théâtre j’avais un passage en vers à moitié et jusqu’à la veille de la représentation j’arrivais pas à réciter le passage, alors que tout le reste le je savais parfaitement
4. Pourquoi les gens disent que Paris c’est génial alors que c’est nul majoritairement ?
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On ne dois pas voir le même Paris que les autres
5. T’as une anecdote un peu nulle à me raconter ?
L’autre soir en rentrant de Lille, je suis arrivée à la gare de Nantes, je montais tranquillement les escaliers, j’avais pas trop de bagages et j’allais pas trop vite parce que la nana devant moi avait une grosse valise et n’avançait pas vite. Et tout à coup, je sais pas du tout pourquoi, je me suis cassée la gueule toute seule. Mes deux pieds ont buté sur le bas de la même marche et je suis tombée en avant. C’était nul et ridicule. Et après j’ai eu mal à mes gros doigts de pieds pendant 15min au moins.
6. Quel est ton dernier coup de cœur livresque ?
“En attendant Bojangles” d’Olivier Bourdeaut. C’est ma tante qui me l’a offert pour le Noël de 2016. Je l’ai lu que fin 2017 et c’est le dernier livre que j’ai lu. Je serais pas t’expliquer pourquoi mais j’ai trop adoré, c’est tellement bizarre que c’est génial. Et j’ai ri et pleuré en même temps.
7. Une chanson que tu veux que j’écoute ?
“Run to the Hills” d’Iron Maiden et “War Machine” de AC/DC, ce sont des classiques mais c’est tellement génial !!
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8. Ce qui caractérise le plus les années 2000 pour toi
Les séries nulles pour ado sur Disney Chanel, genre Hanna Montana, c’est tellement nul que ça en devient génial
9. Pourquoi il y a toujours des numéros de bus qui disparaissent ?? (genre il y a un 11 mais après ça passe direct au 17, je comprends pas tout)
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10. Tu écris, dessines, fait de l’art ?
Oui, à une période je dessinais presque tout le temps, j’essaye de m’y remettre mais c’est un peu dur avec tout le boulot que j’ai en ce moment. Sinon je suis entrain d’écrire une fiction, mais là aussi j’ai pas le temps de travailler dessus. C’est dommage parce que je la trouve super bien, et j’ai beaucoup trop d’idée en tête pour la suite, alors que j’ai écris juste un chapitre et le début d’un deuxième, et aussi je suis trop fan de mes petits personnages chéris.
Ah et j’ai fait du piano et de la guitare dans ma folle jeunesse.
11. Le sport : bien ou fils de démon ?
Ça dépend vraiment lequel. L’équitation et la natation c’est super cool, par contre tout ce qui implique courir ou pédaler c’est une truc de suppôts de satan (pardon pas pardon les joggeurs, mais sachez que je vous respecte beaucoup, parce que je ne pourrais jamais faire ce que vous faite).
Par contre le sport à la télé j’adore. Surtout les compétitions genre les JO, ça me fais devenir beaucoup trop patriote et survoltée (j’ai pleuré pendant la finale de l’Euro 2016). Ça m’inspire de ouf et après j’ai toujours envie de faire pareil pour rendre les gens de mon pays fier comme nos athlètes me rendent fière.
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Bon à mon tour de poser des questions :
1. Quel était le métier de tes rêves quand tu étais petit(e) ?
2. Quelle est ta musique préférée de tous les temps ?
3. Tu peux nous montrer ton fond d’écran stp ?
4. C’est quoi ton souvenir le plus joyeux ? Ou l’un des plus joyeux ?
5. Sur une échelle de 1 à 10, à combien est ton niveau d’excitation pour Infinity War ?
6. Dans How I met your mother, ne penses-tu pas que l’épisode 10 de la saison 1 “The Pineapple Incident“ est le meilleur épisode de la série ? Ou en tout cas l’un des meilleurs ?
7. Quelle est ta période préférée dans l’année ?
8. Quelle est ta licence de jeu vidéo favorite ?
9. Que penses-tu de la pizza hawaïenne ?
10. Tu manges quoi le matin ?
11. Ross et Rachel étaient-ils en vraiment en pause ?
Pour ces questions de très hautes qualité je vais taguer : @tael-la (pour toutes les questions qu’elle m’a posée), @stupidestfrogalive (parce que voilà), @missraion (parce que voilà aussi), @clhook, @epineusement-votre, @prunif, @je-fais-ce-que-je-veux, @write-my-life, @mavieestunefiction, @jefaiscequejepeux et @14220592, je crois que ça fais 11
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verdi-alain · 4 years ago
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Corse : quand le débat sur les transports cache le silence sur l’économie
Tout au long de ce blog j’ai, peut-être, laissé l’impression de ne parler quasiment que de transports. Ce n’est qu’une impression. L’économie était présente partout et tout le temps. De plus, la politique y était omniprésente. Cependant il ne s’agit pas de la politique politicienne, mais de la politique en tant que gestion de notre monde. La vision politicienne, les médias « classiques » s’en chargent très bien. Au niveau national, comme régional, cette dernière envahie la majorité du champ intellectuel. En Corse, cette invasion est une véritable pollution. Par une espèce de perversion, liée  à un système politique ancien, l’île voit son espace de réflexion réduit de manière étriquée à la lutte des factions*. En exagérant (à peine) mon propos, je pense que ces luttes de factions masquent une espèce d’unanimité du personnel politique. Quasiment personne n’échappe à cette spirale centrifuge.  
Biens sur les « nouveaux entrants » sur le grand marché politique sont toujours « plus honnêtes », « plus travailleurs » et surtout plus beaux puisque… tout nouveaux. Ils ont beau jeu de dénoncer des bilans particulièrement mauvais, en se référant à la situation économique et sociale de la Corse.
Sur le dossier des transports maritimes, cette quasi unanimité illustre parfaitement mon propos. C’est haro sur la SNCM et “vivement que l’on puisse utiliser les  “économies” réalisées sur les subventions des transports. Les utiliser à quoi?   Personne n’apporte de précisions.  
Mais qu’il y a-t-il de nouveau dans le débat politique ? Les éléments de langage, la façon d’aborder les problèmes ? Mais ces problèmes justement, correspondent-ils aux besoins et aux attentes de la population ?  Vous noterez que j’écris population et non peuple. Car en plagiant Manon Roland, on pourrait écrire « Peuples que de crimes on commet en ton nom » . Mais assez de lyrisme, voyons les faits. 
Quel est l’état économique et social de la Corse ?
Le chômage y est supérieur d’un point à la moyenne nationale.  
Voir, ici, l’enquête de l’INSEE
. L’île se retrouve au 7ème rang des régions où le chômage est le plus élevé. Ce ne sont pas forcement des chiffres catastrophiques me direz-vous. Détrompez-vous, ces donnés sont inquiétantes. En effet pour l’instant, la meilleure solution pour trouver un emploi, c’est de prendre sa valise.
Justement, au risque d’un mauvais jeu de mots, on constate que ceux qui restent sont souvent les personnes qui ont le moins de bagages.  Les individus qui ont reçu une formation peuvent chercher du travail ailleurs. Ce n’est plus tout à fait le cas pour ceux qui sont peu ou pas formés.
Le vaste monde n’attend plus vraiment des bras solides et des cœurs courageux. Ce monde ne sait plus quoi en faire.  Alors ceux qui restent subissent la double peine :
Ils n’ont pas de travail ou vivent d’emploi précaires et ils n’ont pas la mobilité dont ont « bénéficié » leurs ancêtres.
Il y a nulle colonie ni armée qui les attendent, si ce n’est les bataillons grandissants d’un Lumpenprolétariat  rebaptisé du terme Politiquement Correcte de travailleurs pauvres.
La formation, un thème dévoyé
« C’est la formation qui sauve ». Parlons-en.
Au cours des campagnes électorales,  l’actuelle ne déroge pas à la règle, il est de bon ton d’agiter la formule. Ce n’est qu’une incantation comment peut-on encore croire les incantateurs ?  La réalité est terriblement sèche.
La Corse est la Région de France métropolitaine où le niveau de formation est le plus bas. Et ce à tous les stades, de l’apprentissage à l’université.
Cette faiblesse des formations n’est pas une fatalité, c’est le résultat de choix politiques.
En effet, le niveau des formations ne peut être détaché de la nature de l’activité économique.  Autrement dit, pourquoi se former si une partie importante du marché ne demande pas de formations d’un certain niveau ?
La Corse compte 22, 4% de non diplômés, contre 12, 5% en Bretagne.
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Ce qui est inquiétant, c’est que la situation semble évoluer lentement. Pour mieux comprendre ce retard de formation, on peut se référer à la revue, en ligne, Corse Économie de Guillaume Guidoni. Son enquête, publiée en Mai 2010, est toujours d’actualité. Le constat dressé par cette enquête est inquiétant: “L’économie corse ne semble pas très demandeuse de formation en l’état actuel”. C’est exactement ce que j’essaye de démontrer dans cet article.
Alors s’il on ne peut pas partir, avec une formation limitée, que fait-on ? « On bricole ». Cette expression est très répandue dans l’île.  Les personnes les moins qualifiées ouvrent une petite (très petite) entreprise. Pourtant une étude de l’INSEE (Mai 2015) montre des données apparemment contradictoires : -La Corse affiche un taux élevé de créations d’entreprises par habitant. -Les projets modestes ont une meilleure pérennité que sur le continent. -Les entreprises crées par des chômeurs résistent mieux que sur le continent.     Mais de ces constats découlent les limites du « modèle ». Notamment le chiffre d’affaire est mécaniquement faible. L’île connait un nombre élevé de TPE (Très Petites Entreprises), c’est le taux le plus élevé au niveau national.
Small is beautiful ?
La plus grosse part de ces micros-entreprises est constituée d’un salarié. On devient rarement riche dans ce genre de sociétés. C’est un des éléments qui fait de la Corse une région au faible taux d’emploi des cadres. C’est l’un des principaux indicateurs d’un niveau salarial bas. C’est en Corse que l’on trouve les revenus parmi les plus faibles de France.
Les tableaux suivant sont  extraits du Journal du net (JDO), une publication en ligne « des cadres en entreprise ».
                                   Salaire net mensuel moyen des cadres  (2010)                                                     Corse        3 470€                                                     National   3988€          
En 2011 l’écart entre le revenu net mensuel  médian au niveau national (2130€) et en Corse (1958€) est significatif, le salaire médian insulaire est au dessous de la barre des 2000€.  (Source : Journal du net).
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Le constat social est implacable, la Corse est une des régions les plus pauvres de France. L’observatoire des inégalités s’appuie sur le calcul du revenu médian. Son analyse, publiée en Novembre 2015  place la Corse bas de tableau..  Source INSEE 2012
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Depuis le passage à 13 Régions, certaines Régions continentales ont vu leur taux médian changer par l’inclusion d’anciennes Régions périphériques plus pauvres. La Corse passe de la dernière place en 2010, à antépénultième position.
Petite taille et faibles structures
Toutes les activités économiques sont concernées par une taille restreinte. Le tourisme n’échappe pas à cette règle.
L’importance de ce secteur permet de fixer l’équation Taille-formation-salaires.
Le tourisme en Corse pèse plus d’un emploi sur dix.  Les établissements hôteliers sont de capacité limitée, avec une moyenne de 29 chambres contre 38 sur le continent.
La structure familiale de ce secteur nous ramène à la faible taille des entreprises en générale. On doit ajouter une forte saisonnalité et une qualification limitée.
Une enquête de l’INSEE, sous l’égide de l’ATC (Agence du Tourisme de la Corse) publiée en Octobre 2015, donne une vision optimiste de la situation économique du secteur touristique. On peut lire, ici, le rapport de l’INSEE-ATC. Mais si le rapport aborde « le meilleur taux de rentabilité en Corse » et l’importance de l’emploi, il ne parle pas de la qualité des emplois. Il faut se référer à une autre enquête de l’INSEE pour apprendre que les emplois saisonniers (nombreux) sont  peu ou pas qualifiés et que plus on monte en qualification, plus les postes sont fournis par des personnes extérieures à l’île.  Ce trait est particulièrement accentué pour les postes d’encadrement. On peut lire ici l’enquête de l’INSEE sur l’emploi lié au tourisme.
Les jeunes corses ne se précipitent pas en nombre vers des emplois qualifiés du  tourisme.  Pourquoi ? L’explication est subtile. La majorité des jeunes insulaires veut « vivre et travailler au pays ». Il y a contradiction entre ce crédo et une bonne formation qui déboucherait sur un emploi saisonnier.  Autrement dit plusieurs jeunes se posent la question : pourquoi se former si c’est pour partir ? Nous assistons donc à un phénomène à front inversé. Les moins qualifiés restent en Corse et se lancent dans des micros-entreprises. En même temps, une partie des personnes qualifiées partent chercher un emploi pérenne à l’extérieur. C’est donc bien la structure générale de l’économie qui génère de type de comportement qualifié « d’atypique » à l’intérieur d’un modèle économique qui ne l’est pas moins. L’existence d’un petit secteur de recherche, de pointe, à l’exemple de CampusPlex, ne saurait masquer la faiblesse d’entreprises innovantes.   Le recul important  du nombre de diplômés locaux en informatique est là pour illustrer notre propos. Une formation ne précède pas le développement d’un secteur économique, au mieux elle l’accompagne. Le plus généralement, on procède par ordre. D’abord on insuffle des orientations, ensuite les formations nécessaires sont mises en place. Laisser croire qu’il faille définir des formations  -en suspension dans l’atmosphère- est un signe d’incantation politique. on serait tenté de croire que le changement de modèle est simplement agité et qu’en réalité tous les efforts déployés mènent à l’immobilisme. Nous sommes dans la version corse de la maxime   du duc de Lampedusa “il faut que tout bouge pour que rien ne change”**. Le décodage contemporain de cet immobilisme “dynamique” est décrit par l’universitaire Jean Louis Briquet**.
Enfin pour éclairer le débat, il faut savoir que la formation est une des prérogatives accordées aux Régions.
Les contradictions « des politiques »
Fort de ce constat, une question s’impose. Comment peut-on continuer, dans le même mouvement, à défendre ce type d’économie « atypique »  et réclamer un « développement économique”.
Nous venons de voir que nous sommes face à une contradiction insurmontable.  Soit les tenant de ce double discours sont des imbéciles, ce dont je doute, soit nous sommes dans l’incantation calculée, cynique diront certains.
C’est, sans doute, pour cela que tous ces thèmes ne sont pas abordés au cours des différentes campagnes électorales  et pas plus pour ces territoriales de 2015.
Quelle économie veut-on réellement pour la Corse et quel avenir pour la jeunesse insulaire ? La question n’est pas anodine.  Vue l’espèce d’unanimité pour faire l’impasse sur ces thèmes,  le choix d’un bulletin s’annonce délicat.
*Le crépuscule des corses. Nicolas Giudici, ed. Grasset
**Le Guépard.  Giuseppe Tomasi di Lampedusa Points
***La tradition en mouvement. Clientélisme et politique en Corse. j. Louis Briquet Belin
Alain VERDI  le 05 Décembre 2015
A suivre, vite, Une économie du non dit.
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wisesludgecroissantmuffin · 5 years ago
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reseau-actu · 6 years ago
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Après les analyses journalistiques ”à chaud” de l’allocution présidentielle de jeudi dernier, supposée être une réponse à la crise des Gilets Jaunes, sous la forme d’un “résumé” du Grand débat, prenons le temps de revenir sur la dimension sémiologique -forme et fond réunis- de cette prestation. En effet, la performance d’Emmanuel Macron s’assimile davantage à une cure psychanalytique qu’à un programme présidentiel. De là à répondre à la question que certains se posent “Emmanuel Macron est-il malade?”, il n’y a qu’un pas… 
I- Emmanuel Macron moins président qu’athlète de la langue française, réussit une performance parfaitement soignée et contrôlée 
Qualifiée de “grand oral” par les chaînes d’informations en continu, la prise de parole du Président est spectaculaire par différents aspects:
- la performance : pendant plus de deux heures, Emmanuel Macron va prendre la parole, sans jamais se perdre dans le fil des ses pensées, en ne butant que deux fois sur les mots, en gardant l’aspect d’un discours rationnel et logique. L’épreuve est réussie avec brio pour tous les aspects qui renvoient à ce que l’on appelle communément “l’art oratoire” (élocution, mémoire, rhétorique, maniement de la langue française, etc.) Emmanuel Macron apparaît moins en président qu’en athlète de la langue, sur-entraîné et de haut niveau.
- la mise en scène: seul derrière un pupitre designé pour l’occasion, d’une blancheur immaculée en résonance avec la netteté des murs et des dorures simplifiées et présentes à l’arrière-plan, Emmanuel Macron focalise toutes les attentions. Rien n’est venu parasiter la mise en scène magistrale et jupitérienne de cette prise de parole: pas un zozotement, pas une seule micro-démangeaison, pas un seul gros plan sur un quelconque défaut. Tout a été parfaitement soigné et contrôlé. A l’extrême. Et c’est ce soin particulièrement porté à l’image et aux mots qui ont attiré notre attention. 
Autrement dit, cette perfection n’est-elle pas un “masque”, un ”écran”, voire un “miroir aux alouettes”? Derrière cet idéal d’élégance et de perfectionnisme, n’y a-t-il pas autre chose qui se donne à voir? 
II- Emmanuel Macron en psychanalyse: notre Président souffre-t-il d’un narcissisme maladif? 
Voici les 5 principales dimensions psychanalytiques que j’aimerais développer: la présence de “mots-fétiches”, la sur-représentation des tournures syntaxiques “je veux”, “je souhaite”, l’absence de tournures empathiques, l’attention extrême portée aux questions journalistiques, l’absence de rationalité derrière la logique apparente.
1- la présence de “mots-fétiches”: ce sont les mots les plus répétés du discours. Le lexique de la “proactivité” est le plus présent: “changement”, “relancer”, “rebâtir”, “solutions”, “ambition”, “plus vite”, “nouvel acte”, “inédit”, “avancer”, sont les items les plus récurrents. Je cite François Noudelmann dans Le Génie du mensonge: “Insister, répéter, marteler sont des gestes langagiers suspects qui révèlent une inquiétude inverse à l’assurance exposée par l’énonciateur. Freud observait que nous répétons ce que nous n’arrivons pas à dire une bonne fois pour toutes.” Une manière d’expliquer sans doute le décorum rétrograde de chaque prise de parole présidentielle dont la dimension hiérarchique est ostentatoire. La marche lente et solitaire vers la pyramide du Louvre, l’incarnation jupitérienne, et la mise en scène spectaculaire en sont quelques expressions visuelles. Une “politique à papa” désuète en même temps que le langage verbal du changement “ensemble, c’est notre projet”. Freud nous rappelle que les Chinois vénèrent le pied féminin pour mieux le mutiler et le rabaisser. Dès lors, ne paraît-il pas illusoire d’espérer le grand renouveau tant promis pendant la campagne présidentielle?
2- La sur-représentation des tournures syntaxiques “je veux”, “je souhaite” qui ponctue le discours plus qu’elle ne propose une réalisation concrète. Le linguiste Alain Rey, disait avec humour à propos de Nicolas Sarkozy, “même le Roi dit Nous voulons”. Peut-être parce qu’il est Sarkozy en mieux, Emmanuel Macron se positionne en maître des tournures de phrases égocentrées. Dès lors ce grand oral n’est pas une réponse mais un monologue, construit autour de la glorification de celui qui l’énonce. Prenons, par exemple, cette phrase illustratrice: “La fierté qui est la mienne de voir nos concitoyens participer aux débats (...) j’ai moi-même beaucoup appris.” Cela n’est pas “nos concitoyens peuvent-être fiers d’avoir participé”, c’est de manière plus subtile et maquillée un “je suis fier que nos concitoyens…”. Le sentiment de fierté n’est donc plus attribué aux concitoyens mais devient le fait de la démarche présidentielle. Ce type d’arrangements syntaxiques est trop important dans l’allocution présidentielle pour être le fruit du hasard. Par ailleurs la gestuelle conquérante est venue appuyer le discours égotique: gestes en hauteur, amples, occupant tout l’espace. La démonstration de force d’un Macron jupitérien est-elle l’indice que le “changement” tant répété dans le discours (et demandé aux “gaulois réfractaires”) est inversement proportionnel à la remise en cause de celui qui prend parole? Une parole qui ne saurait être remise en cause avec des tournures inondées par un présent ”à valeur de vérité générale”: “C’est la fin de l’esprit de division (…). C’est la volonté de vivre ensemble profondément, résolument” sont les derniers mots qui concluent le discours. La tournure C’EST+PRESENT+VALEURS ABSTRAITES empêche cognitivement toute opposition critique.
3- L’absence de tournures empathiques: photographie négative du point 2, l’inflation du discours égotique traduit en creux une incapacité projective et empathique (faire sienne les émotions des autres). Les “nous” sont très peu présents, les “vous” sont absents. Concernant les “remontées” du grand débat collectif, voici les phrases prononcées: “après avoir beaucoup écouté et réfléchi je veux dire où je me situe (…) je ne retiendrai pas cette option... je ne crois pas (…) je le crois (…) quand je regarde (…) je ne la retiendrai pas (cette option) (…) et je sais une chose (…) moi je veux bien (…) Je veux/je souhaite (…) moi je suis persuadé”. L’autre est ainsi nié dans le discours. Par ailleurs nous notons que la phrase “je considère les Gilets Jaunes” est prononcé à 2h17 sur un discours dont la durée est de 2h24. Une autre dimension étonnante est le rejet quasi-systématique de certaines responsabilités sur des causes extérieures. Les déformations de phrases proviennent “du monde dans lequel on vit”, la crise que nous traversons est celle que “nombre de démocraties dans le monde traversent”, les erreurs d’interprétations sont causées par les récepteurs. Concernant la métaphore de la cordée, Emmanuel Macron affirme: “Je suis forcé d’être lucide, je n’ai pas été compris, cette image n’a pas été comprise mais je l’assume (...) c’est ça que j’ai voulu dire, tout le contraire de ce qui a été compris.” Un manque d’empathie structurel que trahissent les phrases suivantes: “On a découvert avec étonnement il faut bien le dire (…) celles et ceux qui (…) ces portraits chinois que je viens d’évoquer... ces cas concrets se sont exprimés à nous (…) Il y a comme des plis de la société qui se sont révélés (…) des angles-morts.” Emmanuel Macron est un Président dans la “découverte” et la “révélation” sur les conditions de vie d’une partie de ses concitoyens. Le projet d’Emmanuel Macron pour y remédier est clairement énoncé: “Redonner une espérance (…) redonner l’art d’être français.” Un projet tout à la fois abstrait et spirituel. Marcel Archard n’a-t-il pas écrit: “L’espérance est un de ces remèdes qui ne guérissent pas mais qui permettent de souffrir plus longtemps”? Les seules inflexions émotionnelles observées (hésitations, voix ralentie, retour émotionnel) concernent l’affaire Benalla… Autrement dit, les émotions apparaissent uniquement et seulement lorsque le Président est concerné.
4- L’attention extrême portée aux journalistes. Le temps des échanges montre une dynamique comportementale différente, bien que complémentaire à la posture narcissique démontrée ci-dessus. Si Emmanuel Macron déclare ne pas être “celui qui cherche à plaire”, son attitude corporelle raconte l’inverse: focalisation extrême du regard sur celui ou celle qui lui pose la question (comme oubliant tout le reste autour de lui), sourires de séduction et de connivence répétés, Emmanuel Macron aime porter attention à celui ou celle qui s’intéresse à lui. S’épanchant parfois, souriant toujours (même lorsque la question est désagréable). Les items corporels de séduction sont nombreux.
5- L’absence de rationalité derrière la logique apparente. Fait étonnant: Emmanuel Macron reconnu pour être brillant, notamment dans sa connaissance des chiffres et de l’économie, nous livre une vision paradoxale de la situation française: “Au fond, aujourd’hui, je pourrais vous dire qu’on est au plein emploi avec beaucoup de chômage”. Sans avoir fait d’économie, il est avéré que les termes “plein emploi” et “beaucoup de chômage” sont antinomiques: est-ce l’une des forces de la rhétorique “en même temps” qui sans trouver de troisième voie, réunit comme par magie des opposés? Si le tour paraît osé, Emmanuel Macron se défend en affirmant que l’économie est subjective: “Le chiffre du plein emploi, c’est les économistes qui le fixent, ce n’est pas un taux. Je pense que le chiffre de 7% est tout à fait atteignable”. Pour plus d’informations, je vous invite à lire cet article d’Atlantico. Par ailleurs, nous notons un usage particulier des “il faut”, souvent symptomatiques d’une incantation qui ne se réalise pas: “il faut lever les ambiguïtés”, “il faut être concret et pragmatique” sont répétés comme pour conjurer un discours qui peine à incarner ces valeurs. 
III - Emmanuel Macron est-il malade? La symbolique inconsciente de l’allocution présidentielle
A la question Emmanuel Macron est-il malade? Deux réponses semblent se dessiner. La première se situe au plan physique. Bien que ce soit le premier Président de la République à ne pas donner accès à ses bilans de santé, que le maquillage serve à camoufler des traits tirés, la performance athlétique à laquelle nous avons assisté laisse présager une “forme olympique”, bien que surhumaine: pas une seule inflexion de voix, pas une seule baisse d’attention, pas un seul relâchement. L’intervention présidentielle ne fait pas dans le contraste, tout est haut et impérieux dans la diction d’Emmanuel Macron, du début à la fin.
Le second plan relève davantage du niveau psychique. Emmanuel Macron ne montre-t-il pas des signes de troubles de la personnalité? En mettant de côté les structures sociales et politiques qui favorisent l’émergence et l’élection de personnalités narcissiques, l’accumulation des 5 points précédents devrait sérieusement nous interroger. Si la plastique de notre président, l’esthétique de la mise en scène et la forme performante ont de quoi séduire tout un chacun, la dimension personnelle et l’aspect relationnel posent question. Outre un turn-over impressionnant dans les équipes des cabinets ministériels et chez les ministres eux-mêmes, l’incapacité à fédérer et à créer une certaine confiance n’est-elle pas un frein à l’action présidentielle? Autrement dit, l’absence de qualités disons “managériales” n’entraîne-t-elle pas un coût financier et humain? Kenneth Arrow a eu le Prix Nobel en 1972 justement pour avoir montré l’impact des relations de défiance. L’absence de confiance entre les individus nous coûte plusieurs points de PIB chaque année. Particulièrement en France. Dans leur ouvrage La Société de défiance ou comment le modèle français s’auto-détruit, Cahuc et Algan, tous deux économistes, expliquent le très mauvais classement de la France (le pire des pays de l’OCDE) sur la confiance des individus entre eux, mais également envers les institutions.
Enfin, la faille narcissique d’Emmanuel Macron se lit à travers les images et le décorum choisi. Bien que parfaitement minimaliste, la décoration laisse échapper certains symboles pertinents. Les cercles dorés présents sur les murs de la salle viennent former une auréole autour de la tête présidentielle. Une “aura” qui accentue la dimension narcissique de “l’Elu”. Par ailleurs, cette forme est répétée dans l’ensemble de la pièce (voir photo ci-dessus) comme autant de portraits “vidés” d’une généalogie qui n’existent pas/plus.
Faut-il y voir le fantasme d’une monarchie absente? Ou bien la volonté inconsciente d’apparaître comme le premier d’une lignée instituée symboliquement (Emmanuel Macron n’a pas d’enfants)? Le problème posé ne trouve pas tant ses réponses dans ces interprétations qui peuvent être multipliées à l’infini, que dans la sur-représentation pour le moins étonnante d’un “paraître” travaillé parfaitement et à l’excès, acmé d’une théâtralisation dans laquelle le regard des spectateurs vient se noyer, pour assister passivement à l’incarnation présidentielle. Une incarnation désincarnée pourrait-on dire puisqu’il y manque les marques de la vie réelle: les émotions, l’authenticité, l’échange, une place pour l’autre, pour le dire rapidement.
S’il est un personnage de la littérature dont “l’épaisseur” renvoie au concept psychanalytique de Narcisse, c’est bien celui de Dorian Gray. Tout comme ce personnage de roman, prêt à tout pour garder la jeunesse et la beauté, Emmanuel Macron nous offre son portrait, encerclé d’un ruban doré. Dit autrement, il assure “le show” en oubliant que la politique n’est pas qu’une fiction. Le Grand Débat est ainsi pour Emmanuel Macron une véritable psychanalyse, un “je” qui se répète et se raconte sous la forme d’un monologue narcissique superfétatoire, davantage qu’une attention portée aux vécus de ses concitoyens.
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Source: Le Huffington Post
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tcrouzet · 6 years ago
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Carnet de route - Octobre 2018
Initialement publié sur tcrouzet.com
Lundi 1er, Vol pour New York
Je lis La recherche depuis trente ans et j’ai toujours l’impression de lire un nouveau livre. Je visite un pays familier, mais chaque fois m’arrête dans des villes différentes où seule la qualité de l’air ne varie pas. Proust me reste insaisissable. Convexe. Cyclique. J’ai souvent du mal à savoir dans quelle partie de son œuvre je suis, tant les couches narratives s’empilent et se répondent. La lecture électronique intensifie cette sensation, arrêtée un jour, reprise des semaines plus tard au point où elle a été laissée, sans besoin de passer par une couverture, d’atteindre un marque-page, et de revivre ainsi le livre en accéléré.
Avant mon départ de Weston, j’ai publié mon journal de septembre, avec la conviction que mon carnet a trouvé sa forme dans le mode rouleau propre à la lecture web. Impossible d’imaginer désormais ce texte dans un livre, avec des pages à tourner. Les photos seraient tantôt trop petites, tantôt trop grandes, la maquette manquerait de fluidité, il faudrait couper des textes, des images, sans pour autant s’affranchir des blancs inélégants.
Je me suis heurté à ce problème dans les années 1990, avec déjà des photos, des dessins. J’avais renoncé à publier. Je tenais à la stricte linéarité. À positionner les illustrations à leur place chronologique, parce qu’elles disent mon histoire autant que mes mots. Une mise en page impliquerait de reconstruire, donc de faire un pas vers le romanesque.
Je vais à New York sans projet, sans raison, sinon fuir la Floride au prétexte qu’un ami dispose d’un appart près de Time Square. Je suis venu à New York pour la première fois en octobre 1991, alors que j’étais rédacteur-en-chef. Il faisait doux. Une limousine m’avait récupéré à Kennedy Airport et conduit à mon hôtel sur Park avenue. Aujourd’hui, je prendrai le métro.
Je suis revenu quelquefois à New York, la dernière fois en 2013, en famille, mais alors mon carnet était en jachère. J’avais perdu l’habitude de le tenir avec régularité, pris par les textes longs, pris par le blog. Il y a ainsi un trou dans mon histoire, un trou de dix ans, que le blog ne comblera pas, parce que je n’y étais pas tout entier, ne faisant qu’y révéler une facette de moi-même.
Lundi 1er, New York
Je me pose à Central Park, puis rejoins le West Side pour le coucher de soleil. Je le prends dans la gueule, ça explose de partout. Du bruit en veux-tu en voilà sur la voie express, mais les quais sont calmes, détendus, avec un petit air de station balnéaire durant la morte saison. Vers le sud, c’est bleu argent, vers le nord, du côté de Columbia University, c’est rose, et ça gonfle en même temps que le soleil approche de l’horizon.
Je me suis installé au bout de la Pier i, posée au-dessus de l’Hudson. Un café à sa racine, puis des bancs métalliques, parfaits pour observer la piste cyclable, le port de plaisance, un tronc porté par le courant, des touffes d’arbres où pointe l’automne. Le soleil bascule derrière les nuages d’Union City, puis réapparaît pour un dernier feu d’artifice.
Je suis à ma place, rassuré de respirer de l’air tempéré. Je sens le poids de Manhattan. J’ai toujours eu l’impression que cette île pouvait chavirer comme un porte-conteneurs géant pris de côté par un tsunami.
Je marche vers le sud, accompagnant les joggeurs et les cyclistes, puis bifurque 42th street jusqu’à Time Square. Je grignote en terrasse d’un café, avant de plonger sous les néons de Broadway.
Je me souviens de 1991, de mon excitation, de ma boulimie. Je croise des gens qui visitent New York pour la première fois. L’énergie est palpable, un peu enivrante, je rentre épuisé. Et là, pas de Kindle, je l’ai perdu, sans doute dans l’avion. Toutes mes lectures en cours envolées, tous mes surlignages depuis des années. Je me sens un peu nu sans le compagnon de mes nuits d’insomnie, mais l’appart de mon ami déborde de bouquins. Je me couche avec Le roi mystère, un livre d’entretiens avec Albert Cohen, où j’y découvre de l’intérieur ce qu’être juif a été pour les gens de sa génération, ou plutôt ce que les regards extérieurs ont fait vivre aux Juifs. Je savais, mais là je ressens, je vis, j’ai mal.
Central Park
Upper West Side
West Side
West Side
West Side
De ma chambre
Mardi 2, New York
Cohen parle peu de son travail d’écrivain. « Je ne sais pas m’expliquer, je ne sais que créer. » Il dit que les intellos n’écrivent que des livres sans chair. Je suis moi-même trop intello, je le sais, c’est à cause d’une histoire de topologie cérébrale, ce genre de tare ne se corrige pas.
Quand on est un connecteur d’idées, on connecte sans cesse, par automatisme, cette gymnastique fait jouir en prime, on ne se défait pas de cette habitude, de cette façon de vivre, qui ne parle pas à beaucoup de gens, mais nous nous retrouvons parfois, nous reconnaissons avec la même aisance que des transgenres. Nous ne pensons pas tout à fait comme les autres, pas mieux, mais différemment, avec tout un cortège d’incompréhensions. Tout cela m’est devenu évident en regardant mes enfants grandir. Ça se transmet ce truc, et ça fait souffrir cette différence.
« Je dis toujours la même chose. Ce sont des fantasmes de rêves, explique Cohen. Et je sais jamais pourquoi et je ne fais jamais de plans. Je ne sais pas où je vais. » J’en suis au même point. Plus je réfléchis à ce que je dois écrire, moins j’écris. Je préfère avancer au hasard, sans méthode, sans penser aux lecteurs.
Dans La mécanique du texte, je pourrais ajouter un passage sur la façon d’écrire de Cohen. Il dictait ses livres à ses femmes. Elles tapaient, et recommençaient, car il ajoutait sans cesse. « J’ai dicté Le livre de ma mère à ma femme actuelle, ma troisième et ma meilleure épouse, parce que je voulais qu’elle connaisse ma mère, morte quand je l’ai rencontrée. C’est exquis d’écrire des livres comme je les écris : j’ai devant moi la femme que j’aime et on est ensemble, on se raconte des histoires, sauf que c’est moi qui les raconte. » Cette façon de parler des femmes ne me plaît pas, même si Cohen dit les aimer par-dessus tout.
De ma chambre
Je descends Broadway, désormais partiellement rendue aux piétons. Je m’installe à une table, puis plus loin à une autre, avec le poids de la ville au-dessus de moi, ses possibilités, ses promesses. Je suis une des fournies de cet univers grouillant.
Comme Cohen, j’aurais peut-être dû continuer à travailler, à mener une vie normale et écrire durant mes loisirs. Mais j’ai été victime d’un autre rêve, celui de la liberté de faire ce que je veux quand je le veux, un rêve compliqué par l’arrivée des enfants, mais tout de même je vis selon cet idéal de l’artiste livré à son art, avec le prix dur de la désocialisation. Tous les privilèges ont leur coût, mais ce coût reste toujours inférieur au coût de ne pas avoir de privilège.
Je suis dans cet état qui exige la sieste. Il préfigure parfois des illuminations. J’ai appris à jouer avec, à en faire une sorte de prélude à la méditation. Je peux ainsi atteindre le vide, la non-pensée, je ne suis plus qu’un récepteur traversé par la ville, ses bruits, ses senteurs, ses rumeurs, ses lumières. Je suis un être fait de communion, une expérience que je n’ai encore jamais effleuré en Floride et qui, ici, n’exige aucune aptitude.
Broadway
Arrêt à Madison Square Garden. J’avance à pas lents. Faut que je digère les images. Je viens de racheter un Kindle à la librairie Amazon située au pied de l’Empire State. Quand je lève la tête vers lui, j’ai du mal à me dire que j’y suis monté au moins trois fois. L’endroit me paraît toujours aussi abstrait. Vers le sud de Madison Square, deux nouvelles tours se dressent, étroites, carrées, dont on devine qu’elles occupent une empreinte au sol réduite. Par leur étroitesse au regard de leur hauteur, elles me font penser aux tours de San Gimignano en Toscane. Des contraintes identiques conduisent à des formes identiques. Voilà que devraient méditer les tenants de l’intentionnalité divine.
L'Empire State
Je descends jusqu’à Prince Street, m’arrête dans la librairie Mc Nally, une librairie comme on n’en trouve que dans les pays anglo-saxons, avec des couv qui me donnent envie de tout lire. Un seul constat, je n’y suis pas, ça me fait toujours mal les librairies. Au moins, sur le Net, on peut se donner l’illusion d’exister pour les autres.
Je tourne au hasard des rues, découvre un jardin avec un air d’antique cimetière. New York réserve des surprises à chaque pâté de maisons. Une amie me pingue. Elle a vu mes photos du jardin-cimetière sur Instagram, elle me dit qu’elle est à SOHO, à moins de dix minutes de moi. On boit un verre. La vie devrait être toujours comme ça. Que les gens s’interpellent, se voient, se séparent. New York est comme Londres, vivante, là où Paris s’enlise peu à peu dans la muséographie.
Je quitte mon amie, marche jusqu’à Brooklyn Bridge, bascule sur l’autre rive, m’installe en terrasse en contrebas du pont, sous des acacias, pas encore au bord de l’eau, pour mieux me préparer à la vue de la pointe de Manhattan. Des géraniums en fleur, au loin les éternelles sirènes, toujours présentes, presque palpables. Et tant de boutiques françaises un peu partout. Notre industrie du luxe colonise la ville en même temps que sa population s’enrichit.
Je marche, je marche, et ça pétarade de partout. Oublier la Floride, c’est ici que je veux vivre. La ville s’est détendue par rapport aux années 1990, les gens sont cools, bourrés d’énergie sans paraître stressés. Je vois la ville comme je la rêve, avec de longues promenades au bord de l’eau, des jardins suspendus au-dessus du courant, des immeubles jaillis de partout, et toujours la mer qui entre, qui se glisse entre les yeux et les narines.
Jardin-Cimetière
Building
Brooklyn Bridge
Manhattan
Brooklyn
Mercredi 3, New York
Je suis retourné du côté de Brooklyn apporter un truc à une amie d’une amie. Inutile de raconter. Elle m’a fait découvrir le carrousel sous verre, puis la promenade face à Lower Manhattan, sous un soleil éblouissant, un ciel d’une pureté incroyable après la pluie de cette nuit. Et toujours cette candeur, cette indolence new-yorkaise, et cela malgré les trains qui passent au-dessus de moi sur Manhattan Bridge.
J’ai longuement regardé la skyline, chaque fois fuyant son gigantisme pour m’attacher à des détails, des passants, des bateaux, des rêveurs enracinés comme moi au bord de l’Hudson. Quand je prenais conscience que j’avais détourné mon attention du paysage général, je sursautais, tentais de l’appréhender, mais insidieusement mes yeux revenaient s’attacher à des détails, comme si l’énormité de la ville m’était inaccessible. Une fois mes sens saturés, je ne parviens pas à rester visé sur cette peinture all-over, qui par son absence de sujet met mon cerveau en panique. Les gens éprouvent-ils la même chose dans les régimes trop libertaires ? Malgré eux, ils veulent un retour de l’autorité, comme moi d’un sujet à mes observations, parce que je m’en trouve rassuré.
De ma chambre
Manhattan Bridge
Brooklyn
Manhattan depuis Brooklyn
Manhattan
Manhattan
Après plus d’une heure de bateau de Brooklyng Bridge jusqu’à Bay Ridge, puis retour jusqu’à Wall Street, je suis un peu ivre de tout ce que j’ai vu, imaginée aussi, me voyant immigrant accueilli par la Statue de la Liberté, en un autre temps, où la ville devait être charbonneuse et fumeuse alors qu’aujourd’hui ses vitres éclaboussent de bleu et d’argent (au propre et au figuré).
Il règne dans ce quartier des affaires une ébullition aveugle que je n’ai pas trouvée ailleurs. Tout le monde marche bêtement, touristes ou employés, poussés par une gravité absurde. La candeur oubliée, on est au cœur du monde et pas question de paraître indolent. J’entre dans la bête, je lis ses pensées méchantes et nocives. Avec cela d’effroyable que sa mécanique engendre la fascination. Une banque devient un temple. Un cravaté un demi-dieu. À ses pieds, des hordes de vendeurs à la sauvette et une foule non moins grande d’admirateurs fétichistes.
Je comprends pourquoi les terroristes ont frappé là, juste devant moi, un lieu de culte déjà rendu au consumérisme. Tout ce que notre monde fait de pire est là, et quand on déteste ce monde, c’est là qu’il faut agir. J’aimerais être capable de le faire avec art, produire le texte qui leur mettrait à tous la tête à l’envers, ça serait le rêve, donner à ce monde l’envie de changer, d’un seul coup, soudainement comme j’ai commencé à le raconter dans ma nouvelle Temps Zéro.
La double fontaine de Ground Zero (ça marche avec Temps Zéro) ressemble à un trou noir, une boucle infinie à la Escher. Et tous ces noms de victimes, difficile de ne pas être ému, surtout quand on a vu en direct les tours s’écrouler, puis les images passer en boucle, avec les petits corps se jetant dans le vide.
Wall Street
Ground Zero
Je marche jusqu’au Whitney Museum pour prendre la High Line, coulée verte inspirée de celle de Paris. Trop tard, elle est fermée, je m’assois au soleil sur une des chaises mises à disposition des passants. Toutes les villes devraient prendre cette habitude de transformer le moindre espace en parc public.
Je marche encore, remonte la neuvième jusqu’à Chelsea. Vue fascinante sur les nouvelles tours en construction. Je sors mon appareil photo. Un New-Yorkais m’interpelle : « Now, you can get them down. » Cet homme n’apprécie pas le paysage. Il se souvient du quartier d’avant, de ses recoins, de son charme et maintenant il a ces immenses trucs sous le nez, presque trop beaux pour être habitables.
Je m’arrête dans un self végan. Je commande une sorte de soupe beigeâtre au lait de coco et graines de chanvre, à la banane et au beurre d’amande, le tout boosté par des protéines végétales parfumées à la vanille. Et j’aime ça, c’est l’exacte alchimie dont j’ai besoin.
Je me sens à New York comme si j’y avais toujours vécu. La Floride doit me rendre dingue. Je tombe amoureux de la première ville venue, ou plutôt c’est comme si je revoyais une vieille connaissance et que je découvrais soudain que j’ai toujours été fait pour elle.
9th avenue
Jeudi 4, New York
De mon lit. Le ciel : traînées de mousse grise en avant-plan d’un bleu velouté. Première éclaboussure de soleil reflétée sur une fenêtre située sur la rive opposée de l’Hudson du côté d’Union City. L’Hudson, lui-même, dont des buildings rouges ou gris hachent le cours paisible. Déjà la lumière gagne de la force. Union City se transforme en un trait blanc au-dessus d’une coulée verdoyante, striée de monolithes roses. Au loin, des collines brumeuses.
De ma chambre
Née 400 millions d’années après le Big Bang, la galaxie GN-z11 est à 13,4 milliards d’années-lumière de nous, presque l’âge de l’univers. Mais à quelle distance d’elle étions-nous 400 millions d’années après le Big Bang ? Cette question m’a toujours donné mal à la tête. Si l’univers n’avait qu’une dimension, donc était un cercle (puisque nous supposons qu’il est légèrement courbé, ce qui reste très incertain), nous n’aurions pas pu être à plus de 400π, soit 1,2 milliard d’années-lumière. Donc la lumière émise à cette époque aurait déjà dû nous parvenir depuis longtemps. Pas si simple. Nous ne connaissons pas la taille de l’univers. Il s’étend à toute vitesse, il s’est même étendu plus vite que la vitesse de la lumière à ses débuts, les photons et la géométrie se faisant la course. La plus grande partie des photons émis ne nous parviendront jamais. La plus grande partie de l’univers nous sera à jamais invisible comme tous ces textes sublimes que nous ne lirons jamais. GN-z11 se trouve aujourd’hui à plus de 40 milliards d’années-lumière de nous. Elle s’est perdue.
Je lis le carnet web d’un jeune auteur, publié comme le mien une fois par mois. J’ai du mal, je n’y arrive pas. Il ne suffit pas de dire « Je fais ça, j’étais là, j’ai parlé avec un tel. » Il faut un point de vue, il faut y mettre du sien, et peut-être même se mettre en danger, utiliser le carnet non pour dire, mais pour chercher, pas forcément à se comprendre, mais fouiller tout au fond de son grenier et se bagarrer avec les bestioles qui l’habitent. Il faut savoir être méchant avec soi-même et avec les autres, surtout méchant avec ses amis, parce l’amour qu’on leur porte exige de nous la franchise. Et si je ne cite pas, c’est parce que les uns et les autres se reconnaissent, et que ceux qui ne les connaissent pas s’en fichent.
Je marche jusqu’à la High Line qui, à l’ouest, longe l’immense complexe immobilier qu’hier un New-Yorkais me demandait d’abattre. J’aurais dû être plus réactif, mimer un tour de magie, tout faire disparaître par le pouvoir de l’imagination, mais je serais bien triste ce matin.
Le spectacle est tout simplement stupéfiant, une négation de la colapsologie, une affirmation que l’homme dépassera toutes les contingences, quitte à les nier jusqu’au bout et être surpris au moment de la mort, comme a été surprise ma grand-mère maternelle par la mort de mon grand-père. « On croyait qu’on avait encore vingt ans devant nous », répétait-elle. Il est mort à 78 ans, comme mon autre grand père, comme mon père, et j’ai pour devoir de franchir cette limite, sans retenue, avec excès, car mon génie s’exprimera vers le grand âge (j’ai toujours aimé cette idée du temps long, je rêve toujours autant, je n’arrive pas encore à renoncer à mes illusions). Ici, à New York, je veux être New-Yorkais, je veux avoir l’occasion de vivre dans cette ville. « Il suffira d’un best-seller », se dit-il avec sérieux et sans honte.
Ils construisent des immeubles faramineux. La High Line offre une vue plongeante sur leurs entrailles, sur la terre noire retournée, plantée de tiges métalliques où s’agrègent des coulées de béton titanesques, où débouchent des tuyaux par centaines. Nous n’avons pas à rougir ni des pyramides ni des cathédrales, notre époque est prolixe en merveilles, et comme toutes les époques elles ne s’épargnent pas les horreurs, mais les merveilles restent et les horreurs se répètent, et peut-être qu’il existe un lien d’intensité entre ces deux tentations.
Construire. Je me sens minuscule avec mes mots, incapable d’atteindre une telle complexité lumineuse. Je ne joue qu’avec des résonnances internes, avec le pouvoir de stimuler l’imaginaire. Peut-être est-ce phénoménal en fin de compte. Je suis passé tout à l’heure devant la ComicCon. J’ai vu les fans déguisés en Gandalf, en Luke Skywalker, en orques et en trolls. Dans la tête des déguisés, tout était réel comme étaient réelles nos aventures quand nous jouions à Donjons & Dragons.
Ces nouvelles tours de New York ne sont que nos rêves transformés en réalité grâce aux pouvoirs des logiciels de conceptions 3D. Tout ce qui était impossible devient envisageable pour peu que nous puissions le dessiner.
Je reste longuement assis sous un mur de verre, à regarder les agencements millimétriques des panneaux, cela sur des surfaces immenses. Ma maison n’est qu’une cabane en comparaison. Elle a été bâtie à la main, sans science, à l’ancienne. Ici, au contraire, le numérique se donne à voir dans l’espace. Les bits se matérialisent en puzzle gigantesque. Tout cela ne tiendrait pas sans les arbres, les fleurs, les herbes à l’apparence sauvage qui poussent entre les cailloux du ballast de l’ancienne voie ferrée reconvertie en coulée verte. Du biologique au numérique. La vie sous toutes ses formes.
Arrivé au bout de la High Line, j’observe des ouvriers détruire un bâtiment, défaisant avec méthode le travail que d’autres ont fait un siècle plus tôt avec tout autant de méthode. La ville se construit comme une œuvre sans cesse remise en question. Rien n’est déifié, uniquement de la matière à moudre, à vivre.
9th Street
High Line
High Line
High Line
High Line
J’entre dans le Whitney Museum. Il y a la queue aux caisses et dehors l’air est trop doux pour que je m’enferme, d’autant que pour demain s’annonce une sérieuse chute de température. Alors je prends le métro A jusqu’au Cloister, cette église en partie piquée du côté de Saint-Guilhem-le-Désert.
Je rentre à pied. Après un quartier résidentiel, je rejoins Broadway, ça monte, ça descend, le sol devient poisseux, l’air saturé d’odeurs d’épices comme en Afrique du nord ou en Orient, puis peu à peu la ville reprend de la tenue. Je finis par atteindre le campus de Columbia où je m’affaisse au sommet d’une volée de marches, avec près de moi des hystériques qui hurlent « We believe… » Le reste je n’y comprends rien, si : « This is what democracy looks like. » Peut-être qu’ils ne parlent pas de Dieu finalement, quoique la démocratie pour certains soit devenue une croyance immuable.
Tout le long du chemin ou presque j’ai eu envie pisser. Je suis entré dans tous les MacDo et Starbucks, mais chaque fois les portes des toilettes étaient condamnées. J’ai fini par me planter devant l’une d’elles jusqu’à ce que je puisse me glisser dans le saint des saints. L’envie de pisser se fait de plus en plus piquante avec l’âge. La radiation part du sexe, puis peu à peu gagne le corps jusqu’à obscurcir le cerveau. Rien ne nous a préparés à nous retenir. Les chasseurs-cueilleurs pissaient quand ça les prenait. Et maintenant c’est le ciel qui crachote, puis qui se déverse, ce qui me force à rentrer plus tôt que prévu.
George Washington Bridge
Aucun roman contemporain ne me paraît contemporain comme si la forme retenue ne collait pas avec le temps.
Vendredi 5, New York
De mon lit. La vue porte bien au-delà de l’Hudson et d’Union City jusqu’aux collines boisées du New Jersey. Vivre en hauteur au cœur de New York est un idéal hors de prix : en bas la communauté des hommes, au loin la nature.
De mon lit
Le MOMA est devenu une usine à touristes, là parce qu’il faut y être et qui défilent devant les toiles en les photographiant avec leur mobile. Comment rêver devant les ciels de Van Gogh ou les chemins brûlants de Cézanne ? Je me retrouve par miracle seul assis devant Les Demoiselles d’Avignon, me dit que peut-être je vais pouvoir écrire en compagnie de mon maître, mais une nuée d’écervelés m’encercle et m’ensevelît.
Le musée est un objet du XXe siècle. Il ne peut plus nous inspirer, même s’il faut y venir pour être au contact des œuvres à leur juste proportion et lumière. Devant La nuit étoilée, j’ai pensé à la satisfaction de Van Gogh, d’avoir ainsi communié avec la nature, aussi avec le village en contre-bas, ses rues, ses allées d’arbres (tant bien même il a réédifié ce village). Un coup de génie parce qu’il résulte d’un moment de vie exceptionnel.
Voilà pourquoi j’ai toujours préféré les carnets et les lettres des écrivains à toutes leurs autres œuvres, parce qu’ils ont été jetés dans l’instant, sans réflexivité excessive, sans repenti. Ils témoignent de la vie, en direct, et sans trahison esthétique. Vivre des extases et en témoigner en même temps, avec ce pouvoir qu’on les mots lorsqu’on les fige de démultiplier la puissance de l’extase au moment même où elle est vécue, ce dont n’ont pas idée, me semble-t-il, les adeptes des religions orientales.
Le satori n’est qu’un prélude à quelque chose de plus grand lorsque, non contents d’être unis au monde, nous lui ajoutons de la matière onirique, fixée, matérialisée, et que cet exercice nous fait vivre avec une puissance ébouriffante.
Je me suis trouvé un coin au bout d’un couloir étroit, sur une banquette en face d’un Matisse, une nature morte fruitée, pas ce que je préfère chez lui, néanmoins vibrante de la chaleur du Midi. Je l’entrevois entre les visiteurs, entre leurs commentaires, entre leurs regards qui lisent les étiquettes.
Une page d’un carnet, une journée de rêverie, est l’équivalent d’un tableau, du moins ce qui s’en rapproche le plus : la traduction la plus instantanée possible d’un état mental.
Plus que toute autre ville, New York n’est pas picturale, mais photographique. C’est la ville de la photographie parce que les buildings délimitent des vues, les encadrent. Il suffit de marcher pour traverser un musée géant. De ma banquette, j’ai une perspective sur la 54th street, avec au premier plan le faite des arbres du jardin du MOMA. Cette perspective est aussi extraordinaire que celle d’un Matisse, parce qu’il aurait pu s’installer à ma place et la peindre. Il me suffit d’imaginer ses contrastes, ses traits de bleu, de vert et de gris, et je suis devant une des œuvres qu’il n’a jamais peintes. Il y a même les indispensables taches rouges des feux posés en surplomb du croisement de la 5th avenue.
Je retourne devant le chemin de Cézanne, circa 1898. La notice dit que c’est le dernier tableau qu’il a peint à Montgeroult avant de rentrer à Aix où il a fini sa vie. L’idée du dernier geste en un endroit me hante. Chaque fois que je suis dans un endroit où je me sens vivre, je me demande si c’est la dernière fois que j’y viens. Ça me fiche la trouille. Oui, j’ai parfois la trouille de ne plus jouir du monde.
Il y a deux sortes d’œuvres : celles que je n’ai pas besoin de revoir, les Rothko, Kline, Newman, Pollock, Mitchell… souvent les œuvres de cette génération de peintres américains, je les ai intégrées, digérées, assimilées, et puis les œuvres qui m’échapperont toujours, celles des anciens de la Renaissance et celles de Van Gogh, Matisse, Picasso… Elles sont illimitées, magiques, et les autres souffrent d’être exposées non loin.
Je déambule dans le musée, me disant « Oui je connais », ou « Oui, mais après ? » J’ai l’impression de découvrir des œuvres décoratives.Seul Basquiat pour me secouer quand il juxtapose des dizaines de pages arrachées à ses carnets. Je ne passe du temps qu’en compagnie de quelques photographies d’Helen Levitt, oui, là, il y a quelque chose, une puissance de l’instant saisie pour l’éternité, là où les autres cherchent à exister par leurs toiles, à attirer l’attention sur eux, comme tous ces écrivains adeptes de la belle prose, de mots rares, d’un vocabulaire superfétatoire et excessif.
Je débouche dans une immense salle bourrée de maquettes de villes futuristes. Au milieu, illuminée, c’est Sète en 3009, imaginée par Isek Kingelez, lors d’une résidence par chez moi. Ça m’amuse. Mais tout de même. Pourquoi exposer cette œuvre et pas une maquette de train électrique ? J’ai l’impression d’une vision de la ville datant des années 1950. Suffit de regarder dehors pour voir la modernité. Plus on s’approche du contemporain, plus grandit l’influence du copinage.
Parfois, je déraille. Hier, j’ai aperçu dans une vitrine une espèce de tourte, quelque part dans les environs de la 9th avenue et de la 49th street, mais je n’avais pas faim à ce moment. Donc j’y retourne maintenant, j’explore le quartier en vain, aucune trace de la devanture verte de mon souvenir. Je finis par manger un bout de pizza pas terrible. Quand je sors du bouge où j’étais entré, je vois tout à côté les fameuses tourtes, mais la boutique n’est pas la même, il s’agit même d’un restaurant crasseux. J’entre tout de même, je m’assois et commande une tourte, tout en me disant que je fais n’importe quoi. Le truc m’arrive, tiédasse et gras au possible, avec une odeur rance. À l’intérieur un fromage si écaillé qu’il me donne une syncope. Je m’enfuis. Deux heures après, j’ai encore le goût de ce truc dans la bouche.
Le pire, pas plutôt dépassé la 50th street, en remontant la 9th avenue, j’ai enchaîné les devantures appétissantes, avant que ça devienne quasi irrésistible dans l’Upper West Side, que j’ai arpenté jusqu’au sommet de la 10th avenue, avant de descendre vers l’Hudson et de rentrer tout doucement vers la jetée où j’ai échouée lundi soir à mon arrivée.
West Side
Sun set
Samedi 6, New York
Réveil sous la grisaille, mais avec en tête la lumière poussiéreuse et ambrée de Les Braises de Sándor Márai, roman ramassé au hasard chez mon copain de New York. Chaque fois que je plonge dans un roman écrit par un auteur de la Mitteleuropa à sa grande époque, j’entrouvre toujours la même porte qui me fait entrer dans le monde mystérieux et extraordinaire d’un grenier inondé de soleil. Ça me réchauffe tout en me serrant le cœur. Ainsi, je ressens avec force le temps unique que ces auteurs ont réussi à capturer dans leurs œuvres, ce qui les fait œuvres, et je me demande quelles sensations nous sommes en train d’envoyer vers le futur, quelle couleur sera la nôtre.
Je m’en vais courir à Central Park. Je me suis réservé pour le dernier jour, car, comme je cours peu en ce moment, j’ai tendance à me faire une belle ampoule au gros orteil droit, toujours au même endroit. J’attaque tranquillement, mais très vite des joggeurs se pressent à l’intérieur d’une double haie de barrières. Une course ! Je remonte ce flot, ne rejoignant la ligne de départ que dix minutes après le départ. Je ne serai donc pas seul. Et me voilà parti dans une petite chevauchée, j’ai beau doubler beaucoup de monde, je ne rattrape pas la tête de la course avant l’arrivée de la boucle de dix kilomètres.
Avant de rejoindre La Gardia, je fais un saut à la Frick Collection. Dès l’entrée, sur la droite, au fond d’une alcôve où presque personne ne va, il y a une des peintures qui m’a le plus fait rêver, avec sa source d’inspiration qui se trouve au Louvre, La Vierge et l’enfant avec Sainte Barbara, Sainte Élizabeth et Jan Vos de Van Eyck et son atelier. Des larmes me viennent, la beauté est presque insoutenable. Seules quelques toiles ont ce pouvoir sur moi, et ici même, il y en a une deuxième, Le Saint-François de Bellini, avec son âne, son rocher, sa grotte et au loin la ville. Comme en 1991, c’est presque trop puissant, alors je m’éloigne un peu. Plus loin, c’est à peine plus soutenable.
En sortant du métro pour prendre le bus Q70 pour La Gardia, une jeune femme m’interpelle, me demandant si moi aussi je vais à Chicago. J’ai le regret de lui annoncer que je vais à Miami. Elle me demande si je vais là-bas courir un marathon. Une fois dans le bus, elle s’installe près de moi et m’explique qu’elle court souvent des marathons. Je lui explique que je préfère le vélo ou courir seul dans mes montagnes. On parle un peu, puis elle me sort de sa valise toute une série de produits : poudre hydratante, boisson énergisante, bandes de scotch à coller sur les genoux ou autres endroits douloureux. « Je ne vends rien », juge-t-elle nécessaire de préciser. Elle descend au terminal B, moi au C. J’ai comme l’impression de m’être fait draguer.
Lundi 8, Weston
Hier matin, j’ai roulé pour tenter d’oublier que j’étais de retour en Floride, puis on est allé manger des sushis, acheter des affaires de tennis aux enfants, la journée est passée, et maintenant je me retrouve sur ma table, face au marigot, avec à nouveau cette envie d’être ailleurs.
« Adapt to adopt », dit Didier. En troquant le VTT pour le gravel, c’est ce que j’ai fait. J’ai adapté ma façon de faire du vélo pour adopter les chemins d’ici. Cette adoption reste très insatisfaisante pour le moment tout comme mon adaptation à la Floride. Je suis un prisonnier qui n’a pas vraiment besoin de s’adapter à la vie de prison, sa peine étant courte.
Mardi 9, Weston
J’ai acheté des chaussures de vélo aux enchères sur eBay, une trentaine de personnes étaient sur le coup, l’affaire s’est conclue hier soir à minuit, à la dernière seconde j’ai placé un ordre à l’aide d’un robot et j’ai empoché la mise, mais j’ai stressé, comme les rares fois où j’ai joué de l’argent au tarot. Je déteste cette sensation qui en enivre d’autres. C’est un peu comme si une force extérieure me maltraitait.
Mercredi 10, Weston
Sortie gravel éprouvante hier soir avec pour conséquence une nuit agitée. Ce matin, panne de clim. Torpeur. Je regarde ma nouvelle Temps Zéro avec circonspection. Je me disperse, négocie l’achat d’un VTT d’occasion pour pouvoir accompagner les garçons dans le parc d’attractions local. J’irai le chercher demain, à mi-chemin d’Orlando, ça me fera visiter. En parallèle, je regarde mon blog, je songe à le centrer autour de mon carnet, à le restructurer autour des dates, comme on le faisait au début des blogs, comme le fait Carl Dubost. Ne plus attirer l’attention sur des titres d’article, ne plus vendre, ne plus provoquer, juste dire tel jour j’ai pensé ça, j’ai vécu ça.
Jeudi 11, Weston
J’ai donc roulé vers le nord en quête d’un VTT. Longtemps j’ai eu l’impression de tourner en rond dans Weston, tant le paysage ne variait pas : avenues pelousées bordées de palmiers et de ficus, zones commerciales, palissades arborées qui cachent des gated communities. J’étais en avance, j’ai rejoint l’océan au nord de West Palm Beach, puis, à la hauteur de Jupiter, j’ai quitté l’US1 pour me rapprocher du rivage, route charmante, étroite, ombragée, parcourue par de nombreux cyclistes, bordée de maisons de plage, entre elles j’apercevais les vagues. Je m’arrête à Hobe Sound, marche sur la plage. Sauvage, infinie, deux surfeurs, des déferlantes, des pêcheurs. Je repars sous une allée de banians qui s’entrelacent au-dessus de moi. Bon, le vélo n’était pas loin d’être une épave. Je suis rentré bredouille et pas assez intrigué par le coin pour envisager de l’explorer.
En France, tout le monde s’inquiète pour nous, mais l’ouragan Michael passe bien plus à l’ouest du côté de Panama City. Le ciel est gris, il tombe trois gouttes, c’est le calme absolu, c’est presque trop calme, rien, le marigot prend des teintes acier.
Je lis celui qui serait le premier diariste de l’histoire, Marc Aurèle. Il nous livre ses pensées, les laissant flotter d’elles-mêmes sans les arracher à leurs circonstances, surtout corporelles. On n’en est pas encore au journal comme roman. Mais quelle leçon pour nous autres avide de visibilité : « Envers les hommes, nulle recherche de popularité, ni désir de plaire ou de gagner la faveur de la foule. »
Vendredi 12, Weston
Les gens ne savent plus quoi faire pour attirer l’attention. L’un annonce fermer son compte Twitter, parce qu’il a trop de followers, tout en disant qu’il ouvre tout de suite un nouveau compte. Pourquoi cette mise en scène ? Pour se faire mousser une fois de plus et surtout faire perdre du temps à tout le monde, à moi pour commencer. Pas question de perdre une seconde de plus avec ces farces et avec ces bougres.
Un autre, que je ne connais pas, mais qui m’en veut pour une raison que j’ignore, critique toujours ma déconnexion de 2011. On dirait que ça l’obsède. Il me reproche même d’avoir écrit un livre sur cette affaire. Bon sang, j’écris des livres sur tout, rien de ce qui me touche n’y échappe, pas même la mort de mon père. Alors quand j’éprouve le besoin physique de me déconnecter, parce que mon corps me dit stop, je me déconnecte, je me fiche bien d’emmerder les apparatchiks de la connexion (qui vivotent du temps qu’ils nous piquent, nourrissant leur orgueil d’entretenir une pseudo réputation, parce c’est toujours de ça dont il s’agit).
Tout ce monde devrait lire Marc Aurèle. « Maintes fois je me suis étonné de ce que chaque homme, tout en s’aimant de préférence à tous, fasse pourtant moins de cas de son opinion sur lui-même que de celle que les autres ont de lui. » Vivre pour les autres, pour briller à leurs yeux, c’est ne plus vivre, c’est même ne jamais avoir commencé à vivre. J’aspire moi aussi à la reconnaissance, mais pour mon travail, pour ce que je fais en vivant, en étant en accord avec moi-même, sans désir de plaire ou de simplement attirer l’attention.
Que faire quand sortira en mai 2019 L’homme qui ne comprenait pas les femmes, puis quand sortira à la rentrée littéraire Mon père était un tueur ? Le moins possible. Le service minimum. Je répondrai aux invitations, mais je ne tenterai pas de les arracher en inventant des subterfuges sans lien avec mon travail. Un mailing. Un post. Une bande-annonce. Ça sera assez.
On devrait tendre vers la sobriété, d’autant que le monde surchauffe, et au contraire on devient baroque, dispendieux. Moi, pour commencer, qui me suis déplacé en Floride, puis qui passe une semaine à New York, qui m’achète des vélos, des trucs dont je pourrais me passer, mais non, je souffle sur les braises.
Samedi 13, Weston
La cigarette socialise tout autant que les réseaux sociaux, suffit de regarder tous ces fumeurs rassemblés en bas des immeubles de bureau. Même stratégie dans les deux cas : nous faire consommer à tout prix, quitte à nous détruire. On doit pouvoir pousser loin cette analogie. Il faudrait que tous les sites sociaux ajoutent la mention « Passer plus de quelques minutes par jour sur cette page nuit gravement à votre santé et à celle de votre entourage. »
La lumière est plus douce, plus tendre, l’air plus limpide. Les arbres paraissent vernis et les oiseaux chantent comme chez nous au printemps. Hier, peu avant le soleil couchant, alors que les ombres franches s’allongeaient, un flash de légèreté m’a traversé. Je ne m’enthousiasme pas. Je constate. J’ai le don très commun de m’habituer au pire, de même finir par l’aimer, parce que sinon je deviendrais fou.
Ne plus utiliser les réseaux sociaux que pour des échanges directs, une façon de les substituer à l’email, avec cette possibilité que d’autres puissent se joindre à la conversation. Refuser de s’adresser à tous, parce que chaque fois cela revient à dire « Regardez-moi, intéressez-vous à moi. »
Dimanche 14, Weston
Direction Homestead, au sud de Miami, non loin de la route des Keys, où je participe à une course de vélo : 70 km de piste et de boue. Je termine crotté de la tête aux pieds. En voiture, JP me raconte sa vie, son père pilote privé, leurs voyages dans toutes les îles des Caraïbes où ils transportaient des bons du Trésor pour les banques internationales, puis l’évidence qu’il fallait fuir le Venezuela à l’arrivée de Chávez. « On m’a traité de fou quand je suis parti, parce que nous avions tout là-bas. » Dix ans plus tard, son père a été mis sur une liste noire, ses biens confisqués et lui aussi a dû partir. JP aime la Floride, elle est devenue sa terre. Il vénère les levees autant que moi mes garrigues.
Homestead
Lundi 15, Weston
Tous les matins, quand j’accompagne les enfants à l’école, je me dis que nous sommes loin de nous attaquer au réchauffement climatique. Ici, les voitures sont partout, une nuée bourdonnante, jusqu’à la porte de l’école. Cette sensation est accrue parce que nous ne pouvons rien faire sans voiture. Cette société est pensée pour réchauffer le monde et satisfaire ses habitants. Ils sont heureux les Floridiens. Ils ne veulent pas changer de vie. Je ne suis pas meilleur qu’eux, déjà parce que je suis venu à eux, parce que je les imite en tous points. Depuis que je suis ici, j’ai l’impression que les gens parlent de plus en plus du réchauffement climatique. La rumeur monte. Moi, en 2000, je faisais déjà des cauchemars, voyant ma maison dérivée à la surface de mon étang. Un symptôme de ma culpabilité, avec toujours en moi un fond d’optimiste, une croyance inébranlable à notre génie.
Mardi 16, Weston
Matin fiévreux. J’ai mangé un truc pas net. Me reste assez d’énergie pour être énervé par un article : la moitié de la population mondiale appartiendrait désormais à la classe moyenne. Des chiffres qui ne disent rien. Quand on parle de vies humaines, les pourcentages devraient être bannis. Comme la population mondiale augmente, les pauvres peuvent rester aussi nombreux qu’avant.
F. débarque à l’improviste. Il arrive des Bahamas où il a convoyé un voilier depuis la France, tout au long de sa traversée jouant à cache-cache avec les tempêtes tropicales.
Mercredi 17, Weston
Chaque fois que je suis malade, privé d’énergie, j’ai l’impression que je ne quitterai plus jamais cet état. Le côté positif : je n’arrive plus à m’énerver contre la Floride. J’ai déchargé ma bile contre ce plat pays uniformément ennuyeux dans lequel je ne trouverai jamais ma place.
« Tu voudrais devenir mon mentor ? » me demande un aspirant écrivain. Moi : « Tu m’as lu ? » Lui : « Non, pourquoi ? » Le monde numérique est merveilleux.
Jeudi 18, Weston
Je me persuade que je ne suis plus malade et vais faire du vélo. Résultat, je rentre épuisé, avec à nouveau des maux de ventre.
Depuis deux mois, le temps n’a pas bougé. Tous les après-midi, le température dépasse les 30°, mais peu à peu le bleu du ciel s’intensifie, ce qui en même temps altère la lumière, mais sans que ce soit bouleversant. Je découvre que la vie dans les tropiques n’est paradisiaque que sur le papier. Le paradis, c’est sentir la Terre tourner autour du soleil, le soleil tourner autour du noyau galactique, la galaxie traverser l’univers. Je dois avoir encore un peu de fièvre.
J’ai envie d’étrangler Coco. Il crie à nous déchirer les tympans. Il veut que nous nous occupions de lui, mais, dès que nous le sortons de sa cage, il s’en prend à nous.
Vendredi 19, Weston
Je boucle ma nouvelle Temps Zéro, avec tant de difficultés que j’ai l’impression de n’avoir jamais écrit un texte aussi indigeste. Puis je vais récupérer le VTT que j’ai commandé, j’ai l’impression qu’il est trop grand, je ne sais plus où j’en suis. Puis je rentre, je compare le profil de ce VTT avec le mien en France, ils sont presque semblables. Je suis en train de devenir fou.
Notre alligator
Samedi 20, Weston
Je tourne en rond, la Floride me paralyse à tous les étages de ma vie. Je n’écris pas, je suis incapable d’acheter un vélo, incapable de ne rien faire sans fainéanter, même lire me devient difficile. Ça cogne partout. Je n’ai plus de place nulle part. Je voudrais sans cesse être ailleurs. À Miami Beach, je ne vois que des femmes vulgaires en mousselines argentées, montant leurs fesses flasques sans le moindre complexe. À Wynwood, j’attrape une image par-ci par-là, sans réussir à me dire que je mets un pas devant l’autre pour avancer, au contraire je me perds, ou pire je fais du sur place.
Miami Beach
Wynwood
Wynwood
Wynwood
Miami Beach
Wynwood
Wynwood
Lundi 22, Weston
J’ai toujours détesté le corporatisme, qui souvent au nom de la défense des droits rassemble des fidèles dans des églises et leur permet de se reconnaître les uns les autres. Les intérêts individuels me sautent toujours aux yeux, tout cela au nom du bien de tous. Peut-être est-ce si difficile de se battre pour la défense du collectif qu’il est impossible de le faire sans espérer en tirer un bénéfice personnel (suffit de voir comment nos politiciens s’avilissent).
Je passe sur Twitter, par désœuvrement, par manque de puissance à rêver mieux. Je retombe sur un énième message d’un auteur qui tisse un marketing bien huilé. Des années de flatterie, de construction d’une communauté, de prétention à l’originalité, à la différence, à une véritable voix artistique, puis voilà qu’un livre sort, alors on bombarde le bon peuple de teasers supposés drôles, tout cela se résumant à l’éternel « Achetez-moi. » Si j’étais croyant, j’implorerais Dieu de me protéger de cette tentation à la publicisation.
Mardi 23, Weston
Résister à une autre tentation : parler de mes moindres maux, par exemple de ma barbe qui pousse trop vite (et plus vite il me semble en Floride), qui est trop abrasive ce matin, qui me démange. Je pourrais en faire un post comme sur mon prurit chronique à l’endroit le plus inaccessible de mon dos, puis pourquoi ne pas parler de mes nouvelles chaussures vélo, avec lesquelles je pédale mieux, qui par miracle ont même fait disparaître une légère irritation au pli de ma fesse gauche, mais qui me provoquent assez vite des fourmis dans les pieds — intéressant tout ce même ce lien entre les chaussures et le cul.
Je pourrais photographier mes chaussures, mon cul, envoyer tout ça sur le Net, et comme ça ne porte pas à conséquence, les gens commenteraient, perdraient leur temps et me feraient perdre le mien en m’illusionnant d’entretenir une vie sociale avec eux. Tous les instants de ma vie pourraient être publicisés, même les plus insignifiants, dans le but de coloniser les esprits des autres.
Je pourrais transformer ce carnet en un relevé méticuleux de tous les riens du quotidien. Par exemple, quand je dépose les enfants à l’école, ils me disent « À dans sept heures », parce que je les récupère exactement sept heures plus tard, parce que ça fait déjà une belle journée d’anglais pour eux, chaque jour plus qu’en deux semaines à l’école en France, sans parler après des devoirs, puis du tennis, puis des films en VO. Je pourrais parler de l’araignée qui tout doucement descent à la hauteur de mon visage, juste au-dessus en mon écran, se plaçant entre moi et le marigot ensoleillé. Je pourrais m’émerveiller parce que l’air est enfin respirable, parce que nous ne transpirons plus au moindre mouvement, je pourrais, je pourrais… Mais non, je cherche l’extase plutôt que me donner l’illusion que je vis des choses extraordinaires.
Hubert et Guillaume m’ont tous deux suggéré de lire l’ultime Philippe Rahmy, Pardon pour l’Amérique. Je l’ouvre et prends dans la figure cette Floride où je vis, avec ses golfs, ses plages éblouissantes, et pas encore ses cortèges de vieux parce qu’ils ne débarqueront que cet hiver, pour fuir leur hiver. Je suis au milieu de cette zone aseptisée, et je côtoie l’autre Floride, poussiéreuse, rectiligne, quand j’arpente les levees. Je me tiens à la frontière entre deux mondes tout aussi terrifiants. Rahmy vivait à Naples, de loin l’endroit le plus intéressant que j’ai visité à ce jour, celui où le temps a laissé une marque, où les arbres dévoilent leurs racines jusqu’au ciel, où les bords du lac Léman ne sont pas loin avec un peu d’imagination.
Rahmy décrit les nuages en forme « d’escargots, dont la base traîne par terre sous un bourrelet spiralé de gouttelettes en suspension, plus brillantes à mesure qu’elles perforent le bleu du ciel. » J’aime ces nuages lourds de leur voyage au-dessus de l’océan ou du golfe du Mexique, rabotés par une terre aussi plate qu’une feuille de papier verre, ces nuages aux ventres sombres, aux têtes bouclées d’archange. Rahmy voit des escargots baveux, moi des alligators gueules ouvertes. Deux vies, deux perspectives. Pour lui, Homestead est la ville terminale, celle du bout du pays, adossé aux Everglades, assemblage de bouis-bouis entre un infini déroulé de champs de tomates. Moi j’y suis allé pédaler, depuis sa marina clinquante, fonçant dans ses chemins de terre, aux bords de ses chenaux, aussi du déversoir de sa centrale atomique, sans parler de ses champs de boue que j’ai remontés en apnée.
Rahmy dit deviner « un trait lumineux sous la couenne brune, fascinante, un aveu de vulnérabilité qui me permet de poursuivre cette aventure américaine, sans me décourager face aux jours qui se terminent avant d’avoir commencé. » Ces journées invisibles s’enchaînent pour moi aussi, plus de deux mois à cuire au bord du marigot, la tête troublée par ses reflets métalliques, et contrairement à Rahmy pas de projet, sinon accompagner les enfants, rien du côté de l’écriture, sinon cette injonction à prendre la route à vélo, à explorer le pays, mais toutes mes traces rejoignent des quatre voies auxquelles Google Earth me dissuade de m’attaquer à deux roues. Il me faudrait aller plus au nord, vers Orlando, ou mieux au-dessus d’Atlanta dans les Smoky Moutains, alors rêves de suivre l’Apalchian Ways durant des jours et des jours, sans jamais quitter les sentiers.
Mardi 23, Weston
Rahmy évoque son « amour sans faille pour les êtres humains. » Un amour qui pointe dans chacune de ses descriptions. Parfois, je me dis que j’aime mieux les paysages que les gens, ou mieux leurs idées qu’eux, mais non, j’aime les gens à ma façon, mais pas au point de m’arrêter dans une prison pour y récolter des histoires. Chacun son style.
J’écoute Didier Pittet, j’écoute à nouveau son histoire pour en faire un second livre. J’écoute mes nouveaux copains cyclistes, je vis la Floride à travers eux, plutôt qu’à travers celles des migrants qui tondent et récurent le pays, perchés sur leurs tondeuses orange, fonçant sur des kilomètres de pelouses, broutant l’herbe et la recrachant sans la digérer, souvent avec trop de violence, si bien qu’elle s’éparpille, alors d’autres gars déboulent, armés de souffleurs, encore des appareils bruyants qui laissent à la fin de la journée le cerveau en compote. Ces soldats portent des t-shirts orange à manches longues et à capuche, des espèces de camisoles hermétiques, pas tant destinées à protéger de la chaleur que des microparticules irritantes envoyées tourbillonner dans l’air.
J’aime les gens parce que j’ai mal pour eux. Parce qu’ici l’esclavagisme se donne toujours à voir, à imposer des tâches inutiles, à penser des villes qui exigent une maintenance excessive, un combat perpétuel contre la nature, combat vain, au prix de dépenses démesurées, tant énergétiques qu’humaines, et tout cela finira contre le genre humain dans son ensemble. Le mur contre lequel nous fonçons ne m’a jamais été aussi évident qu’en Floride, d’autant que la flore et la faune y restent exubérantes, comme si à tout moment tout pouvait en revenir à un stade plus primitif.
J’ai marché dans New York comme j’ai marché dans bien d’autres villes, mais je préfère les escapades en montagne, par forcément loin de la civilisation, avec en contrebas un village, une route, les vestiges d’une fabrique au bord d’une rivière. Je crois que la ville fascine parce derrière les rues, les façades, les boutiques, il y a des gens, des histoires, des rencontres. La ville attire par son potentiel, alors que la nature se donne sans question. Pas besoin de la séduire, de pousser une porte, de troubler un quotidien, d’outrepasser une gêne. La nature est comme un livre, elle exige le face-à-face.
Regarder par les yeux des exclus, oui, ça fait mal, ça bouleverse, mais ça ne dit qu’une des vérités, qu’une des possibilités de voir le monde, avec le risque d’une déviation statistique. La misère est partout, il suffit d’aller aux urgences au milieu de la nuit, la noirceur s’y donne à voir, en ce lieu où s’achèvent toutes les errances, surtout si on enfile la blouse du soignant. On touche là un sordide pas plus original qu’au fin fond des champs de tomates de Floride. Je ne voyage pas pour chercher ce qui est dans mon arrière-court, mais pour voir ce que je n’ai jamais su voir.
Jeudi 25, Weston
Pas peu fier. Je fais découvrir des chemins à JP, enchaînant des passages obscurs entre des parcs non moins obscurs, si bien que JP finit par être perdu. Voilà le vélo que j’aime, qui tient de l’exploration, avec un plaisir évident pour les yeux. Et puis je rentre, me cogne à un meuble et m’explose le petit orteil droit.
Vendredi 26, Weston
Une peinture créée par une IA vient de se vendre un demi-million de dollars. J’ai toujours pensé que l’art finirait par ne plus être l’apanage du genre humain, que nous devrions à brève échéance accorder aux IA l’égalité en droit et devoir, mais, face à cette nouvelle d’une vente mirobolante, je suis découragé, parce qu’il s’agit d’une affaire humaine et de la démonstration de la vacuité de l’art contemporain, réduit à la spéculation. Néanmoins notre futur se dessine, avec une seule attitude tenable pour un artiste : œuvrer pour soi, en égoïste, à la recherche de l’extase. Est-il possible de mettre de côté l’ambition et le désir de faire société ? Cette IA peintre a créé sans conscience. Peut-être qu’elle nous donne avant tout une leçon d’art de vivre.
À quand le livre écrit par une IA qui deviendra un best-seller ? Il est plus facile d’abuser un riche collectionneur que des millions de gens, quoique.
Lire Rahmy me rassure. « Villes et visages, coulés dans le même moule, ensemble disparate et fonctionnel dont les éléments ne diffèrent que par quelques détails. » J’ai décrit ce côté fractal de la Floride — mes mots à moi —, ce n’était donc pas un trait exagéré par mon caractère difficile.
Rahmy dit : « Ce monde, on l’accepte et on se tait. » Contrairement à Rahmy, je n’ai pas passé ma vie en fauteuil roulant, prisonnier de la maladie, j’ai eu la chance de refuser, je n’ai cessé de le faire. Rahmy dit : « Je prends ce que je peux. » Moi, l’enfant gâté, je veux toujours plus, ce que j’ai ne m’intéresse déjà plus, je me tends vers un au-delà où je cherche la lumière. Rahmy, lui, se rapproche de la terre, plante ses doigts dans la glaise bourrée de pesticides, dans la matière humaine cabossée par la vie. Il se délecte de cette soupe dans le but de la racheter, de la sauver. Il y a en lui un côté prédicateur, un côté bon samaritain.
Je dois être plus méchant, plus insensible, je passe à côté des souffrances, je détourne le regard, aveuglé par la lumière qui m’attire et dont j’ai l’illusion de croire que, mise en boîte dans des œuvres d’art, elle peut rejaillir partout, durablement. Finalement, Rahmy ne fait pas autrement. Il cherche une lumière sombre, une braise profonde, quitte à parfois dérailler dans son jusqu’au-boutisme, accusant Bukowski d’avoir souffert pour de faux, comme si on pouvait souffrir pour de faux, comme s’il y avait des souffrances plus dignes que d’autres.
Rahmy est plus expert que moi de la souffrance, mais quand ça fait mal, ça fait mal, l’expérience intérieure reste ravageuse, abandonnant des marées noires dans le cerveau pour des années. C’est comme si Rahmy voulait faire de son jardin le seul jardin possible. Je n’entre pas dans son jeu. Pas envie de plonger dans les sables mouvants floridiens.
Samedi 27, Weston
De la difficulté d’écrire un texte long. Souvent je suis séduit par les débuts de ceux des autres, franchement impressionné par leur style, leur enthousiasme, puis j’attends d’être secoué, transporté, transformé, autant de métamorphoses qui ne peuvent se produire qu’à travers un propos, ou une histoire, ou une dramaturgie, tant bien même elle est cachée, diffuse, ensevelie. Souvent nous autres auteurs oublions Don Quichotte dans son château et nos lecteurs en chemin. Écrire par nécessité ne doit pas nous pousser à publier par habitude.
Nous découvrons un Farmer Market. Une halle ouverte aux quatre vents, avec fruits et légumes bio, yaourts maison au lait de chèvre, viande et poulet d’origine locale. Nous rencontrons Jean-Marc, le producteur de yaourts, qui élève ses chèvres du côté de Homestead. Un quinqua râpeux, sourcils proéminents, profondes rides. Trente ans que ce Français vit en Floride. Il y est bien contrairement à la proprio du Farmer Market qui ne supporte plus le trafic sans cesse croissant et les hordes de touristes, qui même l’été envahissent le pays. « Plus moyen d’être seul à la plage. Et puis, je veux vivre les quatre saisons. J’en ai assez d’être en short toute l’année. »
Homestead n’est pas seulement la terre brûlée décrite par Rahmy. C’est aussi le pays d’adoption de Jean-Marc, et de combien d’autres ? Parce que ce pays digère les gens, il en détruit beaucoup, mais en acclimate davantage. Rahmy dit que depuis Trump on ne parle plus espagnol dans les rues. Moi, ici, je n’ai pas l’impression d’être aux États-Unis, tant l’espagnol est omniprésent. En prime, mes copains de vélo sont presque exclusivement Latinos. Ils ne parlent anglais que pour que je les comprenne.
Dimanche 28, Miami
Jardin du musée Pérez. Cocotiers plantés dans un parvis de béton, pavage granuleux, en devers sur Biscayne Bay. Une brise douce, un air de printemps. Sensation d’un temps altéré, de déjà sortir de l’hiver pour entrer dans une saison magique.
Musée Pérez
Musée Pérez
Musée Pérez
J’ai commencé mes recherches pour Adapt to Adopt. Une question. Depuis quand l’alcool est-il utilisé comme désinfectant ? Depuis quand sait-on qu’il tue les germes ? Cette découverte est nécessairement postérieure à la découverte des germes par Pasteur en 1861. Elle est aussi postérieure à 1865 quand Joseph Lister, au fait des travaux de Pasteur, découvre que le phénol tue les germes et l’utilise dès lors comme désinfectant. Après, en 1878, Robert Koch découvre que la stérilisation à la vapeur est plus efficace que le phénol. Mais aucune référence à l’alcool. Si ces médecins avaient su pour l’alcool, ils l’auraient utilisé. Alors quand ? Je ne trouve rien sur le Net. Didier lui-même ne sait pas. Cette évidence ne l’était pourtant pas encore à la fin du XIXe. Isa en conclut qu’une femme a découvert le pouvoir désinfectant de l’alcool et que l’histoire l’a oubliée. « Normal, c’était une femme. »
Lundi 29, Weston
Rahmy me pousse dehors. À interroger Weston. Surtout envie de figer la gated community de Savanna par quelques images. Milieu de la matinée. Une espèce de désert sous un bleu limpide, sans le moindre nuage. Toutes les feuilles paraissent briquées à l’huile de coude, même le macadam irradie. Je ne croise personne avant d’atteindre le centre de la communauté, son lac, sa piscine, ses terrains de sport, où s’affaire l’armée de jardiniers latinos. Ils étendent de la sciure de conifère aux pieds des plantes. L’odeur de la résine me donne l’impression de marcher en montagne.
La température est douce, la brise apporte des vagues de fraîcheur. Il fait ce temps idéal pour la pensée et la marche. Les enrobés les plus insignifiants, délimités de pelouse, ressemblent à des chemins magiques dont je m’amuse à imaginer qu’ils mènent vers les sommets. Un retraité passe en trottinant, ou plutôt tangue, prêt à se briser. En face, sur l’autre rive, une tondeuse orange polit les berges pendant qu’un rototondeur s’occupe des bordures à la limite du plan d’eau.
Mais domine l’immobilité. Le temps s’est arrêté, toutes les maisons sont vides ou presque, les enfants sont à l’école, et puis, de toute façon, plus tard, rien ne différera, sinon que d’innombrables carrosseries éclatantes remonteront les routes si belles quand elles sont vides, comme si nous étions déjà après la fin du monde.
J’aime ces moments qui font deviner une apocalypse douce. Tous les humains auraient fui vers une autre planète, seuls quelques robots continueraient leur besogne bruyante, et moi je serais avec eux, à attendre la fin, à encore écrire, parce que l’attente n’en serait que plus intense.
Un seul banc face au lac, déroulé dans sa plus grande longueur, avec un méandre qui là-bas pourrait partir loin, et qui finalement s’achève par une boucle comme une autre, connecté à une autre, puis aux Everglades.
Savanna
Savanna
Savanna
Savanna
Savanna
Savanna
Savanna
Savanna
Mardi 30, Weston
Après un orteil, je me pète une côte, même pas en tombant, juste en soulevant le vélo et me cognant contre la selle. Impression d’être en sucre. Reste que nous avons fait une belle boucle dans les Everglades avec JP, sous un ciel indigo.
Un truc énervant chez les Floridiens : en voiture, ils ne mettent jamais leurs clignotants. Tu es à une intersection, prêt à tourner à droite, l’autre arrive sur ta gauche, et vlang il tourne dans ta rue sans crier gare. Toi, tu as attendu pour rien. Cette situation se répète sans cesse. Peut-être en dit-elle long sur la mentalité des gens d’ici, peu soucieux des autres.
Rahmy écrit : «��Des gens vivent, le temps passe, mais écrire ne se peut qu’en l’absence d’histoire, car l’écriture reproduit, en l’aggravant, le mouvement de balancier de la vie monotone, jusqu’à désarticuler ce quotidien. Il ne s’agit pas de raconter, mais d’occuper une position au moyen du langage, de conquérir un lieu sans considération pour celui qui se trouvait là, et de défendre cette position concurrente de la réalité jusqu’à la mort. »
Voilà un manifeste littéraire, ainsi qu’un testament en l’occurrence, dans lequel beaucoup d’auteurs contemporains doivent se reconnaître. La littérature pour la littérature, la littérature à tout prix. « Occuper une position au moyen du langage. » La littérature serait une revendication, l’exigence d’une existence sociale, d’un piédestal où planter sa statue pour attirer l’attention, un cri désarticulé dans le vide.
Pour moi, l’écrivain n’est pas un ouvrier en grève dans l’usine littérature, planté à son entrée avec une pancarte réclamant le droit à la reconnaissance, le droit à s’exprimer, le droit à je ne sais quoi.
1/ La vie n’est pas monotone surtout quand on dispose des lunettes de la littérature pour l’enchanter et la transformer (même en Floride).
2/ Toutes ces vies enchantées méritent d’être racontées, parce qu’elles sont extraordinaires.
3/ Lire des vies revient à les vivre, donc démultiplie notre propre vie. Du rôle nécessairement formateur de la littérature.
4/ Il s’agit donc toujours de raconter, de se mettre au service des histoires.
5/ La littérature appartient à la réalité, elle ne la concurrence pas, elle l’augmente.
6/ Défendre une position jusqu’à la mort revient à être sûr de soi. La littérature n’est-elle pas plutôt l’exercice du doute, un processus, le récit d’un perpétuel changement — donc, encore une fois, une histoire ? À cette seule condition, elle s’ouvre au lecteur, lui donne une chance d’être lui-même.
Mercredi 31, Weston
J’écris une lettre pour un ami. Une lettre qui pourrait devenir amusante, sans que je puisse encore en parler. Ainsi, souvent, je me censure dans mon carnet, parce que je le publie, mais le publier lui donne une couleur que j’aime.
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who-is-jesus2017-blog · 7 years ago
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Dieu Lui-même, l’Unique IV La sainteté de Dieu (I) La deuxième partie
   3. Dialogue entre Satan et l’Éternel Dieu
   (Job 1:6-11) Or, les fils de Dieu vinrent un jour se présenter devant l’Éternel, et Satan vint aussi au milieu d’eux. L’Éternel dit à Satan: D’où viens-tu ? Et Satan répondit à l’Éternel: De parcourir la terre et de m’y promener. L’Éternel dit à Satan: As-tu remarqué mon serviteur Job ? Il n’y a personne comme lui sur la terre ; c’est un homme intègre et droit, craignant Dieu, et se détournant du mal. Et Satan répondit à l’Éternel: Est-ce d’une manière désintéressée que Job craint Dieu ? Ne l’as-tu pas protégé, lui, sa maison, et tout ce qui est à lui ? Tu as béni l’oeuvre de ses mains, et ses troupeaux couvrent le pays. Mais étends ta main, touche à tout ce qui lui appartient, et je suis sûr qu’il te maudit en face.
   (Job 2:1-5) Or, les fils de Dieu vinrent un jour se présenter devant l’Éternel, et Satan vint aussi au milieu d’eux se présenter devant l’Éternel. L’Éternel dit à Satan: D’où viens-tu ? Et Satan répondit à l’Éternel: De parcourir la terre et de m’y promener. L’Éternel dit à Satan: As-tu remarqué mon serviteur Job ? Il n’y a personne comme lui sur la terre ; c’est un homme intègre et droit, craignant Dieu, et se détournant du mal. Il demeure ferme dans son intégrité, et tu m’excites à le perdre sans motif. Et Satan répondit à l’Éternel: Peau pour peau ! tout ce que possède un homme, il le donne pour sa vie. Mais étends ta main, touche à ses os et à sa chair, et je suis sûr qu’il te maudit en face.
   Ces deux passages sont un dialogue entre Dieu et Satan, et ils rapportent ce que Dieu a dit et ce que Satan a dit. Dieu a-t-il beaucoup parlé ? (Non.) Il n’a pas beaucoup parlé et il a parlé très simplement. Peut-on voir la sainteté de Dieu dans les mots simples de Dieu ? Certains diront : « Ce n’est pas facile. » Et peut-on voir la laideur de Satan dans ses réponses ? (Oui.) Alors, voyons d’abord le genre de question que l’Éternel Dieu a posée à Satan. (« D’où viens-tu ? ») Est-ce une question directe ? (Oui.) Y a-t-il un sens caché ? (Non.) Ce n’est qu’une question, purement, sans autre but. Si Je vous demandais : « D’où viens-tu ? », alors comment répondriez-vous ? Est-ce une question difficile à répondre ? Répondriez-vous : « de parcourir et de me promener » ? (Non.) Vous ne répondriez pas comme cela. Comment vous sentez-vous alors que vous voyez Satan répondre de cette façon ? (Nous croyons que Satan est absurde et rusé.) Vous croyez cela ? Peux-tu dire ce que Je ressens ? Chaque fois que Je vois ces mots, Je Me sens dégoûté. Vous sentez-vous dégoûté ? (Oui.) Pourquoi le dégoût ? Parce qu’il parle sans rien dire ! A-t-il répondu à la question de Dieu ? (Non.) Pourquoi ? Ses paroles ne sont pas une réponse. Elles n’ont aucun effet, n’est-ce pas ? Elles ne répondent pas à la question de Dieu. « De parcourir la terre et de m’y promener. » Dis-Moi, comprends-tu ces mots ? Les comprends-tu ? Veux-tu bien Me dire alors d’où vient Satan ? Avez-vous reçu une réponse à la question de son origine ? (Non.) Le « brio » de la ruse de Satan est de ne pas laisser quiconque savoir ce qu’il dit réellement. Après avoir entendu ces mots, tu ne peux toujours pas discerner ce qu’il a dit, et pourtant il a fini de répondre. Peut-être croit-il qu’il ait répondu parfaitement. Alors, comment te sens-tu ? Dégoûté ? (Oui.) Dégoûté, oui ? Maintenant, tu commences à te sentir dégoûté par ces mots. Satan ne parle pas directement, te laissant te gratter la tête et incapable de percevoir la source de ses mots. Il parle délibérément, sournoisement, et est dominé par son essence, par sa nature. Satan n’a pas longtemps réfléchi à ces mots ; il les a exprimés naturellement. Dès que tu demandes d’où il vient, il utilise ces mots pour te répondre. « Veux-tu bien Me dire d’où il vient ? » Tu te sens très perplexe, ne sachant jamais d’où il vient. Certains parmi vous parlent-ils comme cela ? (Oui.) Quelle façon de parler est-ce ? (C’est ambigu. Il ne donne pas une réponse certaine.) Quel genre de mots devrions-nous utiliser pour décrire cette façon de parler ? C’est distrayant confus et trompeur, n’est-ce pas ? Certains parlent comme cela. Tu demandes à quelqu’un : « Je t’ai vu hier. Où allais-tu ? » Il ne te répond pas directement pour dire où il est allé la veille. Il dit : « Ce fut tout un jour, hier. J’étais si fatigué ! » A-t-il répondu à ta question ? Ce n’est pas la réponse que tu voulais, n’est-ce pas ? Tel est le « brio » des hommes rusés. Tu ne peux jamais découvrir ce qu’ils veulent dire ou percevoir la source ou l’intention derrière leurs mots. Tu ne connais pas leurs cœurs parce qu’ils gardent leur histoire dans leurs cœurs. C’est insidieux. Parlez-vous souvent de cette façon ? (Oui.) Quel est votre objectif alors ? Est-ce parfois pour protéger vos intérêts, maintenir votre position, votre image, garder votre vie privée secrète, préserver votre réputation ? Quel que soit le but, il est inséparable de vos intérêts, il est lié à vos intérêts, n’est-ce pas ? Cela est-il la nature de l’homme ? (Oui.) Alors, toute personne qui a ce genre de nature ne ressemble-t-elle pas à Satan ? Nous pouvons dire cela, n’est-ce pas ? D’une manière générale, cette façon de parler est détestable et odieuse. Maintenant, vous vous sentez dégoûtés, n’est-ce pas ? (Oui.) Cela représente la ruse et le mal de Satan.
   Revenant au premier passage, Satan répond de nouveau à l’Éternel, en disant : « Est-ce d’une manière désintéressée que Job craint Dieu ? » Il commence à attaquer l’évaluation de Job que l’Éternel a faite, et cette attaque est teintée d’hostilité. « Ne l’as-tu pas protégé, lui, sa maison, et tout ce qui est à lui ? » C’est la compréhension et l’évaluation de l’œuvre de l’Éternel en Job par Satan. Satan le voit de la manière suivante, disant : « Tu as béni l’oeuvre de ses mains, et ses troupeaux couvrent le pays. Mais étends ta main, touche à tout ce qui lui appartient, et je suis sûr qu’il te maudit en face. » Satan parle toujours de façon ambiguë, mais ici il parle avec certitude. Ces paroles prononcées avec certitude sont une attaque, un blasphème et une compétition contre l’Éternel Dieu, contre Dieu Lui-même. Que sentez-vous quand vous l’entendez ? Sentez-vous de l’aversion ? (Oui.) Voyez-vous ses intentions ? Tout d’abord, il répudie l’évaluation que fait l’Éternel de Job, celui qui craint Dieu et s’éloigne du mal. Ensuite, il répudie tout ce que Job dit et fait dans la crainte de l’Éternel. Est-ce accusatoire ? Satan accuse et répudie tout ce que l’Éternel fait et dit. Il met tout en doute. Il ne croit pas. Il dit : « Si Tu dis que les choses sont comme cela, pourquoi ne l’ai-je pas vu ? Tu lui as donné tellement de bénédictions, comment peut-il ne pas te craindre ? » N’est-ce pas une répudiation de tout ce que Dieu fait ? Accusation, répudiation, blasphème – ses mots ne sont-ils pas agressifs ? Sont-ils une expression véritable de ce que Satan pense dans son cœur ? (Oui.) Ces mots ne sont certainement pas les mêmes que les mots que nous avons lus tout à l’heure : « De parcourir la terre et de m’y promener. » Ils sont complètement différents. Par ces paroles, Satan révèle complètement son attitude envers Dieu et le dégoût dans son cœur pour la crainte de Dieu chez Job. Lorsque cela arrive, la méchanceté et le mal de sa nature sont complètement dévoilés. Il déteste ceux qui craignent Dieu, déteste ceux qui s’éloignent du mal, et plus encore déteste l’Éternel parce qu’Il bénit l’homme. Il veut profiter de cette occasion pour détruire Job que Dieu a protégé de Sa main, pour le ruiner, disant : « Tu dis que Job Te craint et s’éloigne du mal. Je vois cela autrement. » Il utilise divers moyens pour provoquer et tenter l’Éternel, et utilise divers moyens de sorte que l’Éternel Dieu lui livre Job pour qu’il soit traité arbitrairement, qu’il lui soit fait du mal et qu’il soit manipulé. Il veut profiter de cette occasion pour exterminer cet homme qui est juste et parfait aux yeux de Dieu. Cette attitude est-elle une impulsion momentanée dans son cœur ? Non. Elle se préparait depuis longtemps. Dieu travaille, Dieu prend soin d’une personne, protège une personne, et Satan ne le lâche pas d’un pas. Celui que Dieu favorise, Satan le surveille aussi, le suivant derrière. Si Dieu veut une personne, Satan fera tout ce qui est en son pouvoir pour Lui faire obstacle, utilisant diverses mauvaises manières pour tenter et harceler cette personne et ruiner le travail que Dieu fait afin d’atteindre son objectif caché. Quel est son objectif ? Il ne veut pas que Dieu obtienne qui que ce soit ; il veut posséder tous ceux que Dieu obtient, les contrôler, les prendre en charge afin qu’ils l’adorent, qu’ils fassent le mal avec lui. N’est-ce pas là le motif sinistre de Satan ? Normalement, vous dites souvent que Satan est si mauvais, si méchant, mais l’avez-vous déjà vu ? Vous pouvez seulement voir à quel point l’homme est méchant et n’avez pas vu en réalité à quel point Satan est méchant. Mais l’avez-vous vu dans cette situation avec Job ? (Oui.) Cette situation a très clairement révélé le visage hideux et l’essence de Satan. Satan est en guerre contre Dieu, Le suivant partout. Son objectif est de démolir tout ce que Dieu veut faire, de posséder et de contrôler ceux que Dieu veut, d’anéantir ceux que Dieu veut. S’ils ne sont pas anéantis, alors Satan les possède et les utilise comme il le veut. Tel est son objectif. Et que fait Dieu ? Dieu ne dit qu’une simple phrase dans ce passage. Il n’est pas rapporté que Dieu ait fait autre chose, mais plusieurs actions et paroles de Satan sont rapportées. Dans le passage suivant des Écritures : « L’Éternel dit à Satan: D’où viens-tu ? », quelle est la réponse de Satan ? (C’est encore : « De parcourir la terre et de m’y promener. ») C’est encore cette phrase. Dites-Moi, comment cette phrase est-elle devenue la devise de Satan, le chef-d’œuvre de Satan ? Satan n’est-il pas odieux ? Dire cette phrase dégoutante une fois suffit. Pourquoi Satan revient-il toujours à cette phrase ? Cela prouve une chose : la nature de Satan ne change pas. Il ne peut cacher son visage hideux très longtemps. Dieu lui pose une question et il répond de cette façon. Que dire de la façon dont il traite les gens ! Il n’a pas peur de Dieu, il ne craint pas Dieu et n’obéit pas à Dieu. Donc, sans scrupule, il ose être présomptueux devant Dieu en utilisant ces mêmes mots pour éviter la question de Dieu, utilisant cette même réplique pour répondre à la question de Dieu, en tentant d’utiliser cette réponse pour confondre Dieu. Tel est le visage hideux de Satan. Il ne croit pas à la toute-puissance de Dieu, ne croit pas à l’autorité de Dieu, et n’est certainement pas disposé à obéir sous la domination de Dieu. Il s’oppose constamment à Dieu, attaque sans cesse tout ce que Dieu fait, essayant de détruire tout ce que Dieu fait. Tel est son objectif mauvais.
   Dans le plan de gestion de Dieu de six mille ans, en particulier dans le livre de Job, ce que Satan dit et ce qu’il fait dans ces deux passages représentent sa résistance à Dieu. Peut-on dire cela ? (Oui.) Satan affiche ses vraies couleurs. As-tu vu les actes de Satan dans la vie que nous vivons d’aujourd’hui ? Lorsque tu les vois, tu ne penses peut-être pas que Satan a dit ces choses, mais plutôt que l’homme les a dites. N’est-ce pas ? Qu’est-ce qui est représenté lorsque l’homme dit ces choses ? Satan est représenté. Même si tu le reconnais, tu ne peux toujours pas percevoir que ces choses sont vraiment dites par Satan. Mais ici et là tu as entendu, sans équivoque, ce que Satan lui-même a dit. Tu as maintenant une compréhension claire comme du cristal et sans équivoque du visage hideux et du mal de Satan. Alors, ces deux passages sur les propos de Satan aident-ils les gens d’aujourd’hui à connaitre sa nature ? Ces deux passages valent-ils la peine d’être conservés pour que l’humanité d’aujourd’hui puisse reconnaître le visage hideux de Satan, reconnaître le vrai visage original de Satan ? Bien qu’il ne semble pas très approprié de dire cela, cette manière de l’exprimer peut encore être considérée comme exacte. Je ne peux que le dire de cette manière, et si vous le comprenez, alors cela suffit. Encore et encore, Satan attaque les choses que fait l’Éternel, lançant des accusations contre la crainte que Job avait de l’Éternel Dieu. Il tente de provoquer l’Éternel par diverses méthodes, obtenant que l’Éternel lui permette de tenter Job. Ses mots sont donc très provocateurs. Alors dites-Moi, une fois que Satan a dit ces mots, Dieu voit-Il clairement ce que Satan veut faire ? (Oui.) Dieu comprend-Il ce que Satan veut faire ? (Oui.) Selon le cœur de Dieu, cet homme Job que Dieu observe, ce serviteur de Dieu qu’Il considère comme un homme juste, comme un homme parfait, peut-il résister à ce genre de tentation ? (Oui.) Pourquoi Dieu dit-Il « Oui » avec une telle certitude ? Dieu examine-t-Il toujours dans les cœurs des gens ? (Oui.) Alors, Satan peut-il examiner dans les cœurs des gens ? (Non.) Satan ne le peut pas. Même si Satan peut voir que l’homme a un cœur qui craint Dieu, sa nature perverse ne peut jamais croire que la sainteté est la sainteté ou l’infamie est l’infamie. Satan, dans sa méchanceté, ne peut jamais valoriser tout ce qui est saint, juste ou lumineux. Satan ne peut pas s’empêcher de tout faire pour agir selon sa nature, sa méchanceté, et avec les méthodes qu’il utilise. Même au prix d’être lui-même puni ou détruit par Dieu, il n’hésite pas à s’opposer obstinément à Dieu. Cela est mal, c’est la nature de Satan. Alors dans ce passage, Satan dit : « Peau pour peau ! tout ce que possède un homme, il le donne pour sa vie. Mais étends ta main, touche à ses os et à sa chair, et je suis sûr qu’il te maudit en face. » Que pense-t-il ? La crainte de Dieu chez l’homme est due à tous les avantages que l’homme a obtenus de Dieu. Les hommes obtiennent des avantages de Dieu. Donc, ils disent que Dieu est bon. Mais, c’est seulement parce que les hommes obtiennent tellement d’avantages qu’ils peuvent craindre Dieu de cette manière, et non parce que Dieu est bon. Une fois que Tu le prives de ces avantages, alors il T’abandonne. Dans sa nature perverse, Satan ne croit pas que le cœur de l’homme peut vraiment craindre Dieu. Pourquoi ? À cause de sa nature perverse, il ne sait pas ce qu’est la sainteté, encore moins ce qu’est la crainte révérencieuse. Il ne sait pas ce que signifie obéir à Dieu, ce que signifie craindre Dieu. Parce qu’il ne craint pas Dieu lui-même, il pense : « L’homme ne peut pas craindre Dieu non plus. C’est impossible. » N’est-ce pas ainsi ? (Oui.) Dites-Moi. Satan n’est-il pas méchant ? (Oui !) Satan est méchant. Donc, des sectes ou des groupes religieux et sociaux, ne croient pas en l’existence de Dieu, ne croient pas que Dieu puisse réaliser l’œuvre et ne croient pas qu’il y ait un Dieu, alors ils pensent : « Celui en qui tu crois n’est pas Dieu non plus. » Prenons l’exemple d’un homme immoral. Il regarde et voit tous les autres comme immoraux, comme lui. Un homme qui ment tout le temps regarde et ne voit personne d’honnête, il pense que tous mentent. Un homme méchant croit que tous les autres sont méchants et veut se battre avec toute personne qu’il voit. Les gens qui ont un peu d’honnêteté croient que tous les autres sont honnêtes. Ils sont donc toujours dupes, toujours abusés, et ils n’y peuvent rien. Cela n’est-il pas vrai ? Je vous donne ces quelques exemples afin que vous soyez plus convaincus. La nature perverse de Satan n’est pas une compulsion temporaire. Elle n’est pas causée par l’environnement. Elle n’est pas une manifestation temporaire provoquée par quelque chose ou par un contexte quelconque. Absolument pas ! Il ne peut être autrement. Il ne peut faire le bien. Même quand il dit quelque chose d’agréable à entendre, il te séduit tout simplement. Plus agréables, plus délicats, plus doux sont ses mots et plus malveillantes sont ses intentions sinistres derrière ces mots. Quel genre de visage, quel genre de nature Satan a-t-il dans ces deux passages ? (Insidieux, malveillant et méchant.) Sa caractéristique principale est le mal, surtout le mal et la malveillance, la malveillance et le mal.
   Source: L'Église de Dieu Tout-Puissant
   Recommandation : L'Éclair Oriental
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planetesoufie · 7 years ago
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Expérience et doctrine de l'amour chez Ibn Arabî, par Claude Addas
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Source : http://www.ibnarabisociety.org/articles/ddelamour.html
"Par Dieu, j'éprouve de l'amour à un point tel que, me semble-t-il, les cieux se disloqueraient, les étoiles s'affaisseraient, les montagnes s'ébranleraient si je leur en confiais la charge [1] : telle est mon expérience de l'amour..." [2] Attribuerais-je cette citation à Rûmî ou à Ruzbehân Baqlî, nul n'en serait surpris : l'un et l'autre sont unanimement reconnus pour être parmi les plus illustres représentants de la "voie d'amour" au sein de la tradition mystique d'islam. Mais, c'est dans les Futûhât makkiyya, cette œuvre dont Massignon dénonçait le "ton impassible et glacé" [3] que surgit ce cri d'un cœur embrasé. Massignon avait tout lu; sans doute a-t-il connu ce texte mais, si son regard s'y est attardé quelques instants, il n'y aura probablement vu qu'un artifice littéraire. Ibn Arabî n'est pour lui qu'un dialecticien hautain et sec et rien n'a jamais pu le convaincre de revenir sur cette opinion professée dès sa jeunesse. L'auteur des Fusûs est certes aussi celui du Turjumân al-ashwâq; mais ce recueil de poèmes est-il autre chose qu'un hapax dans l'étendue aride d'un gigantesque corpus d'abstractions? Corbin s'est appliqué à démontrer qu'il n'en était rien. A-t-il été entendu? On constate en tous cas qu'Ibn Arabî est toujours présenté dans des travaux récents comme le représentant en islam d'une mystique spéculative qui s'oppose à celle dont Rûmî est le plus célèbre exemple. Un de ses traducteurs, qu'on aurait pu espérer plus avisé, l'a accusé il y a peu d'"impérialisme métaphysique" [4] . Un excellent chercheur américain, William Chittick, a consacré à Rûmî et à Ibn Arabî de savantes monographies. Or il est significatif que la première s'intitule "The Sufi Path of Love" et la seconde "The Sufî Path of Knowledge".
Sans nier qu'il y ait, entre le Mathnavî et les Futûhât, de considérables différences d'accent, on perçoit dans ces dichotomies l'écho de vieux débats qui ne sont pas étrangers au monde de la chrétienté latine. Dans l'itinerarium in deum, à laquelle des puissances revient le rôle essentiel? Est-ce à la volonté, d'où procède l'amour ou à l'intellect dont procède la connaissance? Il y a quelques décennies encore, de vives polémiques s'engagèrent sur l'interprétation correcte d'un adage que Guillaume de Saint-Thierry avait repris à Saint Grégoire le Grand: amor ipse intellectus est. Parmi les spécialistes de la mystique rhéno-flamande- et d'abord chez les auteurs mêmes qui illustrent ce puissant courant médiéval- les controverses sont nombreuses entre partisans d'une "mystique de l'Essence" (Wesenmystik) assez suspecte, et ceux d'une "Mystique nuptiale" (Brautmystik) plus rassurante. Au dix-septième siècle, l'"école abstraite"- celle de Benoît de Canfield ou du jeune Bérulle- souleva elle aussi bien des inquiétudes. Lorsqu' après un long parcours souterrain l’œuvre d'Eckhart refit surface, à la fin du dix-neuvième siècle, elle fut l'objet- en premier lieu chez ses frères dominicains- d'appréciations étonnamment semblables à celles qui furent souvent réservées à Ibn Arabî.
Comparer les Traités et Sermons du Thuringien avec le Cantique des créatures ou les écrits d'Angèle de Foligno a-t-il un sens? Ce qui est sûr c'est que s'agissant d'Ibn Arabî, ses écrits ne laissent subsister aucun doute quant au fait que l'opposition entre une voie d'amour et une voie de connaissance est, dans son cas, dénuée de pertinence. Encore faut-il les lire sans idée préconçue; la sympathie non dissimulée de Massigon pour Hallâj dont le "martyre", pour reprendre son expression, évoque fortement la Passion et, de façon plus générale, celle de certains spécialistes occidentaux à l'égard de mystiques musulmans en la spiritualité desquels ils décèlent certaines affinités avec la tradition judéo-chrétienne est bien compréhensible. Elle ne doit pas faire oublier que dans le cadre de la tradition islamique, c'est le Prophète Muhammad- et lui seul- qui constitue l'exemplum, l'infaillible modèle que le pèlerin de Dieu se doit d'imiter au plus haut point. Cet axiome fonde et structure la doctrine hagiologique d'Ibn Arabî; il commande aussi son itinéraire spirituel.
La suite du texte où il déclare que le cosmos ne pourrait assumer le poids de son amour sous peine de s'effondrer apporte à cet égard une indication très éclairante :"Toutefois, précise-t-il, Dieu m'a consolidé en cette expérience de l'amour par la force que je tiens en héritage de celui qui est le 'chef des amoureux' (expression qui désigne, cela va sans dire, le Prophète de l'islam)". Un autre passage du même texte revient sur cet aspect, manifestement capital aux yeux d'Ibn Arabî, de l'expérience mystique de l'amour: "Dieu m'a donné une part surabondante de l'amour, mais Il m'a également donné de le dominer". En d'autres termes, si puissante que soit la grâce de l'amour qui le submerge, il n'en conserve pas moins la maîtrise des "états spirituels" qu'elle est susceptible d'engendrer: ivre d'amour donc, et malgré tout sobre.
S'il est une question qui a hanté les spirituels musulmans à compter du quatrième siècle de l'hégire, et plus exactement à dater du 24 dhu l-qa'da 309h./922, c'est bien celle qui touche à la notion de sukr, l'"ivresse spirituelle". Ce jour là, à Bagdad, Hallâj est exécuté sur la place publique. Quoique le procès qui a conduit à sa condamnation à mort soit aussi- peut-être même surtout- un procès politique, il n'en demeure pas moins que pour les soufis d'hier et d'aujourd'hui- et Ibn Arabî partage ce point de vue- Hallâj a péri pour avoir impudiquement dévoilé, sous l'emprise de l'ivresse, d'inviolables secrets. Aussi bien, sur la question de savoir si la "sobriété" est préférable à l'"ivresse" ou vice versa, la majorité des maîtres se prononcent en faveur de la première attitude tout en soulignant que le summum pour le spirituel est de conjuguer les deux, ou plus exactement, de réaliser l'i'tidâl, l'"équilibre" parfait entre ces deux pôles [5] . Ibn Arabî, on l'aura compris aux propos cités, adhère pleinement à cette doctrine commune du "juste milieu" que l'on ne doit jamais perdre de vue lorsqu'on aborde sa biographie spirituelle. Au vrai, l'examen de ses écrits en la matière fait apparaître que cette notion d'i'tidâl revêt une importance primordiale dans sa doctrine de l'expérience mystique de l'amour à son degré suprême.
Sur le thème de l'amour le maître andalou s'est exprimé à d'innombrables reprises, tantôt en des textes lyriques, tantôt en des exposés discursifs. Le Turjumân al-ashwâq, une large part du Diwân al-ma'ârif mais aussi de nombreux textes appartenant aux Tajalliyât et au Tâj al-rasâ'il relèvent du premier genre et témoignent, en des termes souvent allusifs, de l'expérience personnelle de l'auteur en ce domaine. Leur lecture a au moins ceci d'instructif qu'elle montre que le shaykh al-akbar ne s'exprime pas en doctrinaire mais en témoin, shahîd. Cependant, ce sont bien évidemment les écrits de la seconde espèce, ceux qui constituent à proprement parler des énoncés doctrinaux qui retiendront ici mon attention [6] . Outre une série de chapitres figurant dans la section des Futûhât consacrée aux "états spirituels" (Fasl al-ahwâl) et dans laquelle sont notamment traités les thèmes de la "sobriété", de l'"ivresse" et de la "satiété" [7]  , quatre des réponses au questionnaire de Tirmidhî exposent les idées maîtresses d'Ibn Arabî sur ce sujet [8] . D'importantes remarques figurent également dans les textes ayant trait à la notion de "beauté" (jamâl) dont nous allons voir qu'elle module du début à la fin la méditation d'Ibn Arabî sur l'amour divin. Enfin, le chapitre 178 des Futûhât, intitulé "De la connaissance de la station de l'amour et de ses secrets", développe amplement la question et c'est donc sur lui que se concentreront mes réflexions [9] .
Ce chapitre présente d'ailleurs une particularité qui, si elle est d'ordre stylistique, n'en n'est pas moins significative quant au sujet qui nous occupe: c'est celui des Futûhât qui contient le plus grand nombre de vers. Il va sans dire que le thème débattu, celui de l'amour, n'est pas étranger à cette promotion du langage poétique lequel, en libérant la parole des contraintes du discours organisé, est à même d'exprimer l'ineffable désir de Dieu. Et parce qu'il s'agit précisément d'une expérience qui relève de l'indicible, le shaykh al-akbar recourt souvent, pour en rendre compte, à l'image la plus universelle qui soit: celle de la "bien-aimée", dont le prénom, au demeurant, varie au fil de sa plume.
"J'ai un Bien-Aimé qui porte le nom de tous ceux qui ont un nom" [10]  , déclare-t-il à ce propos dans le Dîwân al-ma'ârif. Il est remarquable que ce vers soit celui qui ouvre la longue section de ce recueil recensant les odes, innombrables, où l'auteur clame sans plus de retenue la passion qui le consume. Il est d'ailleurs un vocable qui, sous diverses formes, hante cette longue série de poèmes: celui de hawâ' , "l'amour-passion", que l'auteur des Futûhât définit comme "une annihilation totale de la volonté en l'Aimé" [11] . Voici, parmi cents, quelques exemples:
Je suis l'esclave de la passion et l'esclave de l'Aimé. [12] Le feu de la passion brûle mon coeur Et Celui que j'aime est dans mon esprit. [13] La passion s'est emparé des rênes de mon coeur Ainsi, où que je tourne mon visage La passion est face à moi [14]
Témoin encore de cette fièvre d'aimer, ce passage des Tanazzulât al-mawsiliyya:
Louange à Dieu qui a fait de l'amour (al- hawâ') un sanctuaire vers lequel marchent les coeurs des hommes dont l'éducation spirituelle est parfaite et une ka'ba autour de laquelle tournoient les secrets des poitrines des hommes de raffinement spirituel [15]
Le ton, on en conviendra, n'est ni glacé ni impassible. A dire vrai, il est celui, reconnaissable entre tous, qu'un amour incandescent inspire à ceux qui, à tout instant, en tout ce qu'ils voient, reconnaissent et contemplent l'effigie du Bien-aimé.
Mais un tel amour est-il admissible quand il a pour objet le Tout-Puissant? Que l'on ne s'y trompe pas, la question n'a rien de rhétorique, tant s'en faut. D'éminents fuqahâ' en ont débattu avec gravité. D'Ibn Jawzî aux docteurs wahhabites, nombreux ont été ceux qui dénoncent cette prétention sacrilège et affirment que le vocabulaire de l'amour ne peut s'employer qu'à propos des créatures. Ibn Arabî, qui n'ignore rien de ces polémiques, entame le long exposé du chapitre 178 par un rappel des principaux énoncés divins, relevant soit du Coran, soit du hadîth, qui attribuent l'acte d'aimer tantôt à Dieu, tantôt à l'homme. Données d'entrée de jeu et les unes à la suite des autres, ces citations n'ont pas seulement pour objet de prévenir d'éventuelles critiques en donnant au discours qui va suivre une assise scripturaire: l'ordre dans lequel elles sont mentionnées comme aussi le choix dont elles procèdent sont révélateurs des principes qui ordonnent la doctrine de l'amour chez Ibn Arabî et des priorités qui sont les siennes. Aussi bien nous faut-il les examiner [16] .
Le premier verset coranique mentionné est celui qui énonce: "Dis: si vous aimez Dieu, suivez-moi, Dieu vous aimera." (Cor. 3:31) On ne le dira jamais assez: si complexe qu'il puisse nous apparaître en certains de ses développements, si étendu le champ des connaissances qu'il recouvre, l'enseignement initiatique d'Ibn Arabî se ramène en fin de compte à cette simple idée que c'est dans la conformation la plus rigoureuse à l'"excellent modèle" qu'incarne l'Envoyé de Dieu et, par voie de conséquence, dans l'obéissance la plus nue à la loi divine à laquelle lui-même s'est assujetti que s'accomplit et se consomme la théomorphose. Que, de tous les versets du Livre où il est fait mention de l'amour, il ait donné la primauté à celui qui affirme solennellement que toute volonté d'aimer Dieu est subordonnée à la sequela prophetae nous le rappelle avec force [17] .
Vient ensuite le fameux verset de la sourate al-Mâ'ida (Cor. 5:54) abondamment commenté par les maîtres du tasawwuf  [18] et qui affirme: ".... Il fera venir des gens qu'Il aime et qui l'aiment."Yuhibbuhum wa yuhibbûnahu: l'ordre dans lequel sont formulées ces deux propositions n'est pas indifférent puisqu'il implique que l'amour des créatures envers Dieu est consécutif à celui que leur porte le Créateur et qu'il en est donc la répercussion. Concernant l'interprétation ésotérique de ce verset, il est remarquable que l'on rencontre déjà dans l'Ihyâ' de Ghazâlî l'idée, amplement développée par Ibn Arabî, selon laquelle Dieu, en son amour pour les créatures- celui qu'énonce le yuhibbuhum- n'aime en réalité que Lui-même (lâ yuhibbu illa nafsahu), "au sens, écrit Ghazâlî, où il n'y a dans l'existence que Lui (laysa fî-l wujûd illa huwa)" [19] . De cette affirmation métaphysique, celle qui fonde ce qu'on appellera plus tard wahdat al-wujûd, le shaykh al-akbar déduit aussi, très logiquement que les créatures n'aiment jamais que Dieu, qu'elles le sachent ou non. Plus encore: "l'univers entier L'aime!" [20]
Les nombreuses citations coraniques qui suivent sont celles où la Révélation spécifie les vertus par la pratique desquelles le croyant est assuré d'être aimé de son Seigneur et, inversement, les attributs propres à contrarier cet amour. Des considérations d'ordre pratique donc, dont on peut supposer qu'elles ne présentent pas grand intérêt pour un auteur réputé être un "grammairien de l'ésotérisme". Ibn Arabî, cependant, leur consacre un long développement dans la suite du chapitre [21] . Notons à ce sujet une remarque révélatrice du caractère foncièrement prophétocentrique de son enseignement: toute vertu, dit-il, dont Dieu a indiqué qu'Il aime celui qui s'en pare n'est obtenue par le croyant qu'en raison même de son assiduité à se configurer au modèle muhammadien; elle est à la fois, le signe et le fruit de la sincérité de la sequela muhammadienne.
Les deux hadith-s qudsî-s qui sont ensuite mentionnés ont nourri toute une littérature mystique, à commencer par l'oeuvre d'Ibn Arabî. Le premier cité- qui ne figure pas dans les recueils canoniques, mais dont Ibn Arabî certifie l'authenticité en vertu d'un dévoilement (kashf) [22] répond à la question de savoir pourquoi la création a vu le jour: "J'étais un trésor caché et J'ai aimé (ahbabtu) à être connu; aussi ai-Je créé les créatures et Me suis-Je fait connaître d'elles; ainsi elles Me connurent." Divers travaux, ceux de Corbin en particulier, ont montré que la cosmogénèse akbarienne est tout entière nourrie de cet énoncé divin. S'agissant de cerner plus spécifiquement le rôle de l'amour, Ibn Arabî en tire deux conclusions majeures: d'une part, sur le plan macrocosmique, que la Création s'origine dans l'amour divin; d'autre part, du point de vue initiatique, que l'amour et la connaissance, qui sont les termes-clef de ce hadîth- ahbabtu an u'raf- sont distincts mais indissociables et qu'il n'y a donc pas lieu de les opposer.
Le second hadîth, canonique celui-là, évoque l'amour que Dieu porte de manière spécifique à certains croyants:" Mon serviteur ne s'approche pas de Moi par quelque chose que J'aime davantage que les oeuvres que Je lui ai prescrites. Et il ne cesse de s'approcher de Moi par les oeuvres surérogatoires jusqu'à ce que Je l'aime. Et lorsque Je l'aime, Je suis son ouïe par laquelle il entend, sa vue par laquelle il voit, sa main par laquelle il saisit, son pied avec lequel il marche. [23]  " Sont donc ici énoncés et les modalités permettant à l'homme d'être aimé de Dieu à titre particulier et les effets spirituels de cet amour. C'est, en l'occurrence, le second point qu'Ibn Arabî commente, encore que de manière lapidaire puisqu'il se borne à mettre en relation la section finale du hadîth ("Je suis son ouïe...") avec une autre parole divine, coranique pour le coup, et qui affirme: "Et tu n'as pas lancé lorsque tu as lancé mais c'est Dieu qui a lancé" (Cor. 8:17). Dans la réponse à la quatrième question sur l'amour posée par Tirmidhî [24]  , Ibn Arabî, s'appuyant sur ce même verset, déclare: "Ainsi, tu es celui qui aime et tu n'es pas celui qui aime!" (anta muhibb lâ muhibb) [25] . Un paradoxe qui rend bien compte des deux perspectives doctrinales qui sont celles du shaykh al-akbar dans ses écrits- et qui parfois, comme ici, s'entrecroisent d'où une apparente contradiction dans les termes: l'une, "horizontale" en laquelle se déploie sa pédagogie qui tient évidemment compte du point de vue subjectif de l'aspirant, l'autre "verticale" où éclôt sa doctrine métaphysique que sous-tend la notion de wahdat al-wujûd.
C'est par la mention d'une série de akhbâr, de "traditions" attribuées au Prophète qu'Ibn Arabî clôt l'argumentation scripturaire de ce paragraphe introductif. Je n'en retiendrai qu'une seule, eu égard à l'importance considérable qu'elle revêt dans la doctrine akbarienne de l'amour: "Dieu est beau, aurait déclaré l'Envoyé de Dieu, et Il aime la beauté" [26] . Ce hadîth est en effet omniprésent dans les écrits d'Ibn Arabî ayant trait à l'amour (y compris dans ce chapitre 178 des Futûhât)- soit qu'il s'y réfère explicitement, soit qu'il y fasse discrètement allusion- tant ces deux notions, amour et beauté, sont chez lui indissociables. Il est vrai que l'imâm Ghazâlî accorde également une large place à ce thème dans le long chapitre de l'Ihyâ' 'ulûm al-dîn intitulé Kitâb al-mahabba [27] . Toutefois, la beauté n'est pour lui qu'une cause (sabab) parmi d'autres de l'amour; chez Ibn Arabî, elle en est la source première et intarissable. Ainsi, à la cent dix-huitième question de Tirmidhî- "D'où vient l'amour? ", il répond sans l'ombre d'une hésitation: "De son épiphanie dans le Nom al-Jamîl." [28]
La beauté, affirme-t-il à ce sujet, est une cause efficiente de l'amour en ce qu'elle est aimée per se (mahbûb li dhâtihi) [29] . Il s'ensuit que Dieu qui est beau s'aime Lui-même [30] . Or l'amour est, par essence, une force dynamique; il possède en effet cette propriété qu'il contraint le muhibb à se mouvoir [31]  ; il le fait se tendre vers l'objet désiré lequel, sous l'effet de l'attraction magnétique de l'amour, est en retour irrésistiblement tiré vers celui qui le désire. L'univers tout entier est ainsi mû, au sens propre, par l'amour: "N'eût été l'amour, déclare Ibn Arabî, aucune chose ne serait désirée et rien [par conséquent]  n'existerait: tel est le secret contenu dans [Sa parole]  "J'ai aimé à être connu" [32] . L'amour est générateur d'existence parce qu'il veut absolument combler une absence ou, plus exactement, il veut rendre présent l'objet aimé et qui est nécessairement absent (ghâ'ib) ou manquant (ma'dûm) tant il est vrai que l'on ne désire que ce que l'on n'a pas [33] . D'où le recours au khayâl, l'imagination, qui permet de se re-présenter le mahbûb34] et dont le Prophète a recommandé implicitement la pratique dans la vie spirituelle lorsqu'il a défini l'ihsân comme consistant à "adorer Dieu comme si tu Le voyais" [35] . Au risque pour certains, cependant, d'en venir à préférer l'image conçue- et, par voie de conséquence, nécessairement limitée- à Celui dont elle n'est qu'une représentation imparfaite et limitative [36] .
Ainsi l'univers, connu de Dieu de toute éternité mais qui s'ignore lui-même, est tiré du néant par la seule vertu de l'amour que Dieu se porte; le mouvement qui le conduit vers l'existenciation est donc fondamentalement, affirme avec force Ibn Arabî, un mouvement d'amour: "C'est ce qu'a signalé le Prophète lorsqu'il a rapporté [de Dieu]  'J'étais un trésor caché et J'ai aimé à être connu'; n'eût été cet amour, le monde ne serait pas apparu en lui-même; son mouvement du néant vers l'existence est un mouvement d'amour de Celui qui l'a existencié." [37] De cela, le shaykh est si profondément convaincu qu'il le dit et le répète à satiété dans tous ceux de ses textes où il évoque la cosmogénèse, choisissant le plus souvent de rendre compte de cette dramaturgie divine par le symbolisme d'un Soupir: le mouvement qui enclenche le processus cosmogonique c'est la vibration que produit le nafas rahmânî, le "Souffle du Miséricordieux". Dieu, en expirant sous la pression du désir amoureux, celui que lui inspire Sa beauté, libère la "Nuée" (al-'amâ), autrement dit la materia primaqui contient potentiellement toute la Création: "Cette Nuée est la substance du cosmos, aussi reçoit-elle toutes les formes, les esprits, les composés de l'univers; c'est un réceptacle infini. [38]"
En conséquence, affirme le shaykh al-akbar- et plutôt dix fois qu'une- "Dieu n'a créé le monde que par amour" [39]  ; cet amour étant d'abord amour de Lui-même, de Sa beauté qu'Il veut déployer puis, par voie de conséquence, des créatures qui la réfractent: "Dieu aime la beauté, écrit-il, or "Il est beau"; Il s'aime donc Lui-même. Puis Il a aimé Se voir en un autre que Lui-même et a créé le monde à l'image de Sa beauté. Il a regardé le monde et l'a aimé de l'amour de celui que le regard enchaîne." [40] La beauté assume donc un rôle primordial, de concert avec l'amour, dans le processus cosmogonique tel que le conçoit le shaykh al-akbar et dont la notion clef est celle de tajalliyât, "théophanies". Epris de Sa beauté, Dieu aspire à Se manifester pour Se contempler. En ce désir éclosent les théophanies: l'univers naît du besoin impérieux de leur donner un réceptacle, de procurer aux noms divins des lieux de manifestations. "Toutes les créatures, déclare l'auteur des Futûhât, sont des couches nuptiales où Dieu s'épiphanise." [41]
Créé à l'image de Dieu pour être son majlâ, le lieu épiphanique en lequel Il déploie les richesses sans nombre que recèle le "trésor caché", le monde est donc nécessairement beau [42] . "Rien n'est plus beau que l'univers!" s'exclame Ibn Arabî [43] . L'idée que le monde est beau parce que Dieu qui l'a créé est Beau- idée qui n'exclut pas le renoncement (zuhd) mais interdit le contemptus mundi- rejoint la thèse fameuse de Ghazâlî selon laquelle ce monde est le plus parfait qui puisse être (laysa fî l-imkân abda' min hâdhâ l-'âlam) [44] . Mais Ibn Arabî ne s'en tient pas là; de ce constat, il tire toutes les conséquences, si graves soient-elles: "Il a créé le monde à l'image de Sa beauté; Il a regardé le monde et l'a aimé.."
Dieu ne peut pas ne pas aimer le monde qui Lui renvoie l'image de Sa beauté et a fortiori, l'homme [45] qui est son mazhar, son lieu de manifestation par excellence comme en témoigne cet autre hadîth qudsîqu'Ibn Arabî cite fréquemment: "Mon ciel et Ma terre ne Me contiennent pas mais le coeur de Mon serviteur croyant Me contient." En l'aimant, Il n'aime que Lui-même. Et puisque Dieu Se connaît et S'aime de toute éternité, il s'ensuit qu'Il a aimé les créatures depuis l'éternité sans commencement et les aimera pour l'éternité sans fin: "L'amour de Dieu envers Ses serviteurs n'est qualifiable ni par le commencement ni par la fin. [...]  Il n'a cessé d'aimer les créatures de même qu'Il n'a cessé de les connaître [...]  Il n'y a pas de commencement à Son existence, il n'y a donc pas de commencement à Son amour! [46]  " Il vaut la peine de signaler qu'environ deux siècles après Ibn Arabî, Julienne de Norwich (ob. 1416), écrivait dans son Livre des révélations: "Avant de nous créer, Il nous aimait. [...]  Nous sommes de toute éternité un trésor enclos en Dieu, caché, connu et aimé. [47]  " De cet amour rigoureusement infini, la recluse de Norwich tire la certitude de l'apocatastase: "Tout finira bien!", assure-t-elle. Ibn Arabî n'est pas moins catégorique: "... L'univers tout entier est beau et "Dieu aime la beauté"; or celui qui aime la beauté aime celui qui est beau. Et celui qui aime ne châtie pas l'aimé, si ce n'est en vue de le faire parvenir au repos ou afin de l'éduquer [...] , tel le père avec son enfant. [...]  Ainsi, notre issue finale (ma'âlunâ) sera- si Dieu veut- le repos et le bien-être (al-râha wa l-na'îm), et cela où que nous nous trouvions !" [48] Que le shaykh al-akbar fasse ici allusion aux deux demeures post mortem, le paradis et l'enfer, c'est ce qu'indique clairement un passage de notre chapitre 178 [49] : "... Tout cela, dit-il, tient à Sa miséricorde et à Son amour envers les créatures afin que l'issue finale soit la félicité (al-sa'âda)"; précisant ensuite à ce sujet: "... Il y a un autre groupe de gens qui subiront les peines de l'Au-delà dans le feu afin d'être purifiés. Ensuite, il leur sera fait miséricorde dans le feu en raison de ce que la providence a fait précéder l'amour, et ce, même s'ils ne sortent pas du feu. Car l'amour de Dieu envers Ses serviteurs n'est qualifiable ni par le commencement ni par la fin."
L'amour universel et, en définitive, inconditionnel que Dieu voue à l'humanité garantit donc à chacun de connaître in fine la félicité éternelle, étant entendu qu'elle ne sera pas de même nature pour tous et que, de surcroît, certains en jouiront immédiatement, d'autres ultérieurement. Reste que c'est à gagner l'amour qu'Il accorde aux croyants de façon singulière mais sous certaines conditions que doit s'évertuer le sâlik dont l'engagement même dans la Voie mystique témoigne de son désir d'obtenir ce privilège... et d'y mettre le prix. Car l'entreprise est ardue: qui veut être aimé de Dieu se doit d'être beau, de cette beauté inaltérable, parce que d'essence divine, que l'homme a reçu en partage en vertu de son théomorphisme originel mais dont ses péchés ont terni l'éclat. C'est à la faire resplendir de nouveau que doit conduire, selon Ibn Arabî, le sulûk, le parcours initiatique. A quelqu'un qui lui déclarait qu'il aimait paraître beau (sous-entendu: pour les hommes) le Prophète répondit: "Dieu mérite davantage que tu te fasses beau pour Lui!" Ce que l'auteur des Futûhât interprète comme signifiant: "Tu as affirmé aimer la beauté, or Dieu aime la beauté; si donc tu t'embellis pour Lui, Il t'aimera; et tu ne peux t'embellir à Ses Yeux autrement qu'en me suivant! (illâ bi-ittibâ'î). [50]
Nous voilà donc revenus à notre point de départ, à cette notion de sequela dont on constate que sur cette question de l'amour comme sur toutes celles qui touchent à la vie spirituelle, elle commande la pédagogie initiatique d'Ibn Arabî. Il est significatif à cet égard que parmi les neufs vertus majeures qu'il retient d'entre toutes celles que mentionne le Coran comme étant propres à susciter immanquablement l'amour de Dieu, c'est l'ittibâ' al-nabîqu'il place en tête de liste, soulignant à ce propos qu'il implique, outre de suivre le Prophète dans l'observance de ce qui est légalement obligatoire, à savoir les farâ'id, de l'imiter aussi dans ce qui relève du surérogatoire, autrement dit les nawâfil et, partant, dans les "nobles vertus" qu'il a exemplifiées et dont la pratique, dès lors, ne saurait être regardée comme superfétatoire [51] . Il va sans dire que cette insistance sur les deux aspects majeurs que revêt le précepte de l'ittibâ'se fonde sur le hadîth déjà entrevu et selon lequel les deux modes d'accès à la proximité divine sont précisément la pratique des farâ'id d'une part, des nawâfil d'autre part; chacun d'eux correspondant chez Ibn Arabî, ainsi que l'a montré l'auteur du Sceau des saints [52]  , à un degré éminent de réalisation spirituelle: celui qu'Ibn Arabî désigne sous le nom de 'ubûdiyya al-ikhtiyâr, le servage "librement consenti" s'agissant des nawâfil- l'accomplissement d'un acte non obligatoire impliquant un choix volontaire- et celui de la 'ubûdiyya al-idtirâr, le servage "imposé" s'agissant des farâ'id qui sont exécutés par simple obéissance [53] . Dans le premier cas de figure, le spirituel qui n'a pas entièrement renoncé à toute volonté propre entend faire prévaloir sa qualité de muhibb, "aimant", au sens fort du participe actif. Or l'amour, remarque Ibn Arabî, lorsqu'il est sincère et absolu, a pour effet que le muhibb s'identifie en fin de compte à celui dont il est "épris" au point d'assumer ses attributs [54] . D'où la théomorphose évoquée dans le hadîth : Dieu est l'ouïe du muhibb, sa vue, ses mains, etc. Transfiguré de la sorte par la grâce de l'amour, le spirituel voit le monde tel qu'il est au regard de l'Eternel, d'une éblouissante beauté tout comme il perçoit le murmure assourdissant des louanges que "toute chose", fût-elle apparemment inanimée, adresse au "Seigneur des mondes" (Cor. 17:44) [55]  ; dès lors, il aime toutes les créatures, sans exclusion aucune, car en chacune d'elles il contemple le Bien-Aimé ("Où que vous vous tourniez, là est la face de Dieu" Cor. 2:115). C'est à cela, au demeurant, souligne Ibn Arabî que se reconnaît un homme qui aime véritablement Dieu [56] .
Rares sont les élus qui réalisent pleinement cette theomimesis; plus rares encore ceux qui atteignent la station supérieure, celle de la 'ubûdiyya al-idtirâr qui ressortit au faqr, à la "pauvreté" la plus absolue. En cette ultime demeure spirituelle, le gnostique est, selon l'expression d'Ibn Arabî, maqtûl, "tué", mort à lui-même et incapable par conséquent de la moindre volonté propre [57] . Sans doute est-il mahbûb, "aimé" de Dieu, encore qu'il ne le sache plus, mais non plus muhibb: dépris de toute chose, dépris de soi et de Dieu même qu'il a renoncé à posséder, il a recouvré le souverain détachement- au sens eckhartien du terme- qui était le sien lorsque, enclos dans le "trésor caché", il était sans se savoir être. En cette vacuité de la créature, Dieu peut enfin s'épancher à loisir et assumer en toute plénitude sa qualité de muhibb qui est sienne de toute éternité. C'est pourquoi, conclut, Ibn Arabî, c'est Lui, en ce cas, qui se revêt des attributs du saint, lequel est Son ouïe, Sa vue [58] .
Dans l'abaissement de l'homme "au plus bas des bas" (Cor. 95:5) s'accomplit donc la theosis, lorsque l'adéquation entre la'ubûdiyya de la créature et la rubûbiyya du Créateur est si totale que leur distinction s'efface. Il n'est donné qu'à l'Homme Parfait de connaître cette entière réciprocité, en vertu de laquelle il est le mithl, le "pareil" de Dieu en ce bas monde. Encore n'est-il lui-même que le "substitut" (nâ'ib) du Prophète qui, en raison de son insurpassable perfection, détient seul cette prérogative. Dans un passage du Kitâb al-hujub, Ibn Arabî va d'ailleurs jusqu'à identifier la personne du Prophète, ou, plus exactement, la "Réalité muhammadienne", avec l'amour en tant que celui-ci est le moteur de l'univers: "...[ L'amour]  est le principe de l'existence et sa cause; il est le commencement du monde et ce qui le maintient et c'est Muhammad.[...]  Car c'est à partir de la réalité (haqîqa) de ce Maître, sur lui la Grâce et la Paix, que se déploient les réalités supérieures et inférieures." [59] En d'autres termes, le Prophète est le barzakh par excellence, l'"isthme" où coïncident le haut et le bas; à l'image de Dieu qui se décrit comme "Le Premier et le Dernier, l'Apparent et le Caché" (Cor. 57:3) et dont il est le "suprême réceptacle" (al-majlâ al-a'zam) [60]  , il est à la fois ceci et cela et pourtant ni ceci ni cela, d'où sa sublime perfection.
Au vrai, c'est un leitmotiv chez le shaykh al-akbar que d'affirmer que la perfection réside dans l'i'tidâl, le "juste milieu" en lequel demeure le spirituel parvenu au point culminant du détachement. Ainsi, le chapitre 243 des Futûhât consacré à la notion de perfection (kamâl) s'intitule de manière significative: "De la connaissance de la perfection qui est l'i'tidâl  [61]  ". Plus éloquent ce passage du Fihrist, où,à propos de son commentaire du Coran, Ibn Arabî indique avoir pris en compte, pour chaque verset, trois aspects: "En premier lieu, la station de la majesté (maqâm al-jalâl), en second lieu, la station de la beauté (al-jamâl), enfin la station de l'équilibre (i'tidâl) qui est l' "isthme" (barzakh) du point de vue de celui qui hérite de Muhammad et c'est la station de la perfection. [62]  " Ailleurs encore, il déclare: "Celui qui se qualifie par la perfection n'incline jamais." [63] Et de le comparer une autre fois à l'"arbre béni" de la sourate al-Nûr (Cor. 24:35), qui "n'est ni oriental ni occidental" [64] . Il est intéressant de noter que cette allusion au statut à la fois vertical et équinoxial des plus parfaits d'entre les spirituels figure dans un texte des Tanazzulât mawsiliyya consacré à la salât al-wustâ, la "prière du milieu", généralement assimilée par les commentateurs à la prière du 'asr. Cette coïncidence n'a évidemment rien de fortuit: dans le chapitre des Futûhât correspondant à la demeure de la sourate al-'asr65]  , il est également question de ce "juste milieu" qui préserve l'Homme Parfait de toute inclination spirituelle: "S'agissant du spirituel parfait, les Noms divins se contrecarrent mutuellement de sorte qu'ils n'exercent aucune influence sur lui; il demeure exempt de toute influence, avec l'Essence absolue que ni les Noms ni les Attributs ne conditionnent. Aussi le spirituel parfait atteint-il l'extrême sobriété (fî ghâyat al-sahw), à l'exemple des Envoyés." [66]
Sobre, le Prophète de l'islam le fut plus que tout autre. Du moins est-ce la conviction d'Ibn Arabî qui, en maintes occasions, souligne que l'Envoyé ne laissait rien paraître des grâces spirituelles que Dieu répandait en abondance sur lui; cette occultation des attributs de la sainteté constituant pour Ibn Arabî, on le sait, le signe de sa perfection spirituelle et la caractéristique majeure de ses héritiers, les malâmiyya, qu'il appelle aussi très souvent les "muhammadiens". Occultation et non dissimulation: le 'ârif n'a pas à dissimuler ses états spirituels; il les transcende, d'où sa sobriété. A l'exemple du messager de Dieu, il a choisi le lait plutôt que le vin, interdit ici-bas parce qu'il a le pouvoir d'annihiler l'intellect lequel, en ce cas, n'est plus en mesure d'opérer la distinction entre rabb et 'abd que les règles de convenance spirituelle (adab) impose de respecter en ce monde [67] . Le lait, en revanche, n'altère pas la conscience distinctive; il symbolise- selon l'interprétation qu'en fit le Prophète à la suite d'un songe [68]  - la science que Dieu n'octroie qu'à ceux qu'Il aime [69] et dont le désir est toujours inassouvi et à jamais inassouvissable: plus Dieu les abreuve de connaissances, plus ils sont assoiffés, plus ils en réclament[70] .
"Détachement", "mort", "sobriété", "science" autant de vocables qui pourraient donner à penser que le saint accompli, tel que le conçoit Ibn Arabî, est pareil à un bloc de granit, dur et froid. Rien ne serait plus faux. Certes, parvenu au plus près de Dieu, le spirituel est maqtûl. Toutefois, indique Ibn Arabî, mort par amour pour Dieu, il est mort en martyr71] . Il est donc suprêmement vivant puisque telle est la récompense promise par Dieu à ceux qui s'offrent à Lui. Détaché de toute chose, il n'en est que plus proche de ceux qui l'entourent, plus libre de les aimer. Quant à sa sobriété, elle n'est pas l'assèchement de celui qui n'a jamais connu les transports de l'amour dont elle est, tout au contraire, l'apothéose. Car c'est en vertu de cette sobriété que le spirituel peut jouir, post eventum, des connaissances qui, sans qu'il s'en rendît compte alors, fluaient sur lui tandis que Dieu l'enivrait de son amour au point de le ravir à lui-même; ce n'est qu'une fois revenu à lui même qu'il peut juger à bon escient ce qui, des secrets à lui révélés tandis qu'il se tenait auprès de son Seigneur, "à la distance de deux arcs ou plus près" (Cor. 53:9), doit être divulgué ou doit être tenu secret. La sobriété est en cela supérieure à l'ivresse qu'elle confère aux saints, et a fortiori aux messagers divins la basîra, la "clairevoyance" nécessaire à l'accomplissement de leur fonction de guidance.
Lorsque Hallâj fut supplicié, Shiblî, rapporte Ibn Arabî, déclara: "Nous avons bu tous deux de la même coupe, mais je suis devenu sobre, il est resté ivre"; Hallâj, auquel parvint ce propos alors qu'il était exhibé sur le gibet, répondit: "S'il avait bu ce que j'ai bu, il lui serait advenu ce qui m'est advenu. [72]  " "J'accepte le témoignage de Shiblî, conclut Ibn Arabî, mais non celui de Hallâj [...]  car Hallâj était ivre et Shiblî sobre [73]."
Ne nous méprenons pas; Ibn Arabî ne remet pas en cause la teneur des propos de Hallâj mais le fait qu'il les a proférés sous l'emprise de l'ivresse laquelle, souligne-t-il, exclut par définition l' "équité" (al-'adl, terme de la même racine que i'tidâl) de la part de celui qui s'exprime. Dès lors, son témoignage doit être récusé d'emblée, quand bien même, insiste-t-il, ses propos sont véridiques.
Anâ man ahwâ wa man ahwâ anâ: ce vers célèbre de Hallâj, le Shaykh al-akbar ne le cite pas moins de trois dans ce chapitre des Futûhât sur l'amour [74]  ; nul doute, qu'il en ait éprouvé le sens: "Lorsque tu L'aimes, tu sais, au moment où tu bois le breuvage de Son amour pour toi que ton amour pour Lui ne fait qu'un avec Son amour pour toi; et ce breuvage t'enivre au point de te faire oublier ton amour pour Lui bien que tu sentes que tu L'aimes; renonce donc à distinguer entre ces deux amours."
L'amour naît d'une absence. Quand cette absence devient présence, l'amour devient connaissance; quand cet amour est amour de Dieu, cette connaissance est connaissance de Dieu; et quand cette connaissance est parfaite, il n'y a plus de 'ârif car Dieu seul connaît Dieu qui est le "connaissant la connaissance et le connu" [75] .
En somme, l'auteur des Futûhât ne donne pas tout à fait tort à ceux des oulémas que scandalise l'idée que le Tout-puissant puisse être aimé d'une misérable créature; leur seule erreur est de poser une irréductible dualité là où il n'y a, d'un point de vue métaphysique, que l'Un sans second; dans une telle perspective, il n'y a jamais que Dieu qui S'aime Lui-même (mâ ahabba Llâh illâ Llhâh ) [76] . Plus encore, "l'amour est la qualité de celui qui est, or il n'y a dans l'existence que Lui, [...]  Il n'y a d'être que Lui, il n'y a donc d'aimé et d'aimant que Lui!" [77] Et c'est précisément ce que découvre le spirituel abreuvé d'amour lorsqu'il atteint le plus haut degré de conformité à la uswa hasana, le suprême paradigme muhammadien.
Notes
[1] Tout ce passage fait écho aux premiers versets des sourates 81 et 82.
[2] Futûhât Makkiyya, ed. Bûlâq, 1329 h.,II, p.346.
[3] La Passion de Hallâj, Paris, 1975, II, p.414.
[4] S. Ruspoli, Le Livre des théophanies d'Ibn Arabî, Paris, 2000, p. 12.
[5] Voir par exemple, Hujwirî, Somme spirituelle, trad. Mortazavi, Paris, 1988, p. 223-227; Kalâbâdhî, Traité de soufisme, trad. R. Deladrière, Paris, 1981, p. 128-130; Qushayrî, Risâla, Beyrouth, 1990,71-73.
[6] Notons à ce propos que deux ouvrages ayant trait à cette question et mentionnés par Ibn Arabî dans l'Ijâza et le Fihrist sont aujourd'hui inaccessibles, le K. al- 'ishq et le Rawdat al-'âshiqîn, cf. O. Yahyia, Histoire et classification de l'oeuvre d'Ibn Arabî, Damas,1964, R. G. n° 312, 601. Quant à l'ouvrage intitulé Lawâzim al-hubb, publiéà Damas en 1998 et présenté comme une oeuvre du maître andalou, il s'agit en réalité d'une redistribution, selon l'ordre alphabétique, de textes divers d'Ibn Arabî portant sur l'amour que M. Ghurâb avait déjà réunis- quoique dans un ordre différent- dans un recueil intitulé al-Mahabba al-ilâhiyya, Damas,1983.
[7] Il s'agit des chapitres 246 à251.
[8] Ces questions portent les numéros116 à 119dans les Futûhât, II, pp. 111-114.
[9] Ce chapitre (II, p. 320-362) a été traduit en français par M. Gloton sous le titre Traité de l'amour, Paris,1986.
[10] Ms. B. N. 2348, f. 203b.
[11] Fut.,II, p.323.
[12] Ms. B. N., f. 225.
[13] Id. f. 229 b.
[14] Id. f. 231.
[15] Tanazzulât mawsiliyya, ed. Le Caire, 1986,p.335.
[16] Fut., II, p.322.
[17] A ce sujet, voir Fut., IV, p.102,269.
[18] Voir inter alia, Ansârî, Le Chemin de Dieu, trad. de Beaurecueil, Paris, 1985, p.149, 201; Hujwirî, Somme spirituelle,, p.350; Qushayrî, al-Risâla, p. 317.
[19] Ihyâ' ulûm al-dîn, Beyrouth, s.d., IV, p.328.
[20] Fut., II, p. 114; voir aussi II, p.326 oùil déclare "Nul n'aime jamais que son Créateur".
[21] Fut., II, p.341.
[22] Fut., II, p. 399.
[23] Bukhârî, bâb al- tawâdu; Ibn Hanbal, 6, 256.
[24] Sur la notion de l'amour chez Tirmidhî, cf.,G. Gobillot, "Un penseur de l'amour, le mystique khurâsânien al-Hakîm Tirmidhî", in Studia Islamica, n° 73, 1991, p. 25-44.
[25] Fut., II, p. 115.
[26] Muslim, Imân, 147.
[27] Beyrouth, s.d. IV, p. 293-360.
[28] Fut., II, p. 114.
[29] Fut., II, p. 114; voir aussi II, p. 326; IV,p.269.
[30] Fut., II; p. 326; IV, 269.
[31] Fut, II, 310;
[32] K. al-hujub, ed. Beyrouth, 1991, p.36.
[33] Fut., II, p. 327, 364, 399, 332
[34] Cf., Fut., II, 325 où Ibn Arabî rapporte sa propre expérience en la matière.
[35] Cf.,Bûkhârî, Imân, 37.
[36] Ce thème est en particulier celui du chapitre59 des Tajalliyât où Ibn Arabî rapporte un entretien avec Dhû l-Nûn al-Misrî.
[37] Fusûs al-hikam, ed. Beyrouth, 1986, p. 203.
[38] Fut., II, p.331.
[39] Fut., IV, p. 104; II, p.112,232,364, 310, 399 etc.
[40] Fut., IV, p.269.
[41] Fut., IV, p. 260.
[42] Fut., II, 345.
[43] Fut., II, 114.
[44] Ibn Arabî cite à de nombreuses reprises cette sentence; cf., Fut. I, 259, II, 345, III, 11, 449.
[45] Eckhart va, lui, jusqu'à dire: "Je neveux jamais remercier Dieu de m'aimer car il ne peut s'en dispenser". Cf., Alain de Libera, Eckhart, Suso, Tauler ou la divinisation de l'homme, Paris, 1996, p. 176.
[46] Fut., II, p.327.
[47] Julienne de Norwich, Le Livre des révélations,1992, p. 183; sur l'apocatastase cf., p. 106.
[48] Fut. II, p. 542
[49] Fut., II, p. 328-329.
[50] Fut., IV, p.269.
[51] Cf. Fut., II, p.341.
[52] M. Chodkiewicz, Le Sceau des saints, Paris, 1986, chap. 7;Voir aussi la note très éclairante qui figure dans Les Ecrits spirituels de L'Emir Abd el-Kader, Paris, 1982, n° 84, p.202-204.
[53] Ibn Arabî évoque ces deux aspects dans leK. Marâtib 'ulûm al-wahb, ms. Yahya Ef. 2415, f.84. Voir aussi le chap. 471des Futûhât, IV, p. 102-103
[54] Fut., II, p.596; 353.
[55] Fut., III, p. 449-450.
[56] Fut., II, p. 113.
[57] Fut., II, p. 354.
[58] Fut., II , p. 596 où Ibn Arabî indique à propos du hadîth "J'ai été malade et tu ne M'as pas visité..." (Ibn Hanbal, Musnad, II, 404) que c'est en tant qu'Il est muhibb que Dieu "s'abaisse" à s'identifier à l'homme malade, affamé; sur son interprétation de ce hadîth cf. Les Ecrits spirituels, note 107, p. 207.
[59] K. al-hujub, p.38.
[60] Fut., II, p. 171.
[61] Ce titre complet figure dans la table des matières qui se trouve au début des Futûhât, cf., I, p. 18.
[62] Ed. Afîfî, Le Caire, 1955, p.195.
[63] Fut., IV, p.379, ce paragraphe du bâb al-asrâr correspond d'ailleurs au chapitre 243 sur la perfection.
[64] Tanazzulât, p. 343; voir aussi Fut. I, 234; signalons à ce sujet qu'Ibn Arabî déclare dans le Dîwân (ed. Beyrouth,1996,p.193) n'être limité ni par l'occident ni par l'orient tout en affirman tà maintes reprises, en particulier dans le Dîwân, que sa fonction embrasse les "deux horizons"; voir par exemple p.246, 335, 281, 375.
[65] Sur la correspondance entre les Futûhât et le Coran, cf., M. Chodkiewicz, Un Océan sans rivage, Paris, 1992, chap. 3.
[66] Fut., II, p. 615.
[67] Dans le K. al-wasâ'il (ed. M. Profitlich, Breisgau, 1973, f.5) Ibn Arabî indique que l'adab est une condition sine qua non de l'amour; Sur le symbolisme du vin chez Ibn Arabî, cf. Fut., II, 114,IV, 381 et Marâtib al-'ulûm, f. 86.
[68] Muslim, Fadâ'il al- sahâba, 16.
[69] Fut., II, p. 114, 550-551, IV, p. 381; et Marâtib, f.85. , et l'expérience d'Ibn Arabî à ce propos, III, 376, et Le Sceau des saints, p. 193.
[70] Fut., II,545,550,552; c'est l'un des sens qu'Ibn Arabî donne au verset: "Dis: Seigneur, augmente-moi en science"(20:14).
[71] Fut., II, p. 350; Dîwân Ibn Arabî, Beyrouth,1993, p.391.
[72] Fut., II, p. 546.
[73] Fut., II, p. 546 et II, p.12.
[74] Cf., II, 334, 353, 361.
[75] Ainsi se décrit lui-même le fatâ théophanique qu'Ibn Arabî rencontre auprès de la Ka'aba (Fut., I, 48).
[76] Fut., II, p.113.
[77] Fut., II, p.114.
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