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#purges staliniennes
thomas-querqy · 1 year
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Le capitaine Volkonogov s’est échappé réalisé par Natalia Merkoulova et Alexeï Tchoupov, avec Yuriy Borisov 😍
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Полюшко-Поле - Polyushko Polye (Plaine, ma plaine) par les Chœurs de l’Armée Rouge 
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Diffusion Cahier Septembre : études de formes : les révolutions
études de formes : les révolutions
Pour cette partie, étant un fan d’histoire, je vais vous expliquer comment fonctionne une révolution, avec ça ou ces causes et ses conséquences.
Une première chose à savoir de quoi est composé une révolution, elle est composée d’une idéologie de substitution, d’une égérie voir plusieurs, de volonté diverse prendre le pouvoir par exemple et surtout de temps. Donc la cause d’une révolution est de vouloir changer brutalement le présent.
Les révolutions pour débuter sont composées d’égérie et de substitut au présent. Ces égéries naissent par une hégémonie visible ou invisible du substitut qui développent une fascination et un idéalisme puis un fanatisme. Une fois l’égérie canonisé au présent le processus commence et passent de la théorie à la pratique, de l’idéal au sans compromis.
Et les révolutions mènent à une violence inutile, une amputation morale du présent, un prolongement et une banalisation de la violence inutile. Et bien sûr, elles se concluent un monde plus injuste et par un retour aux lois naturelles, la plus connue la loi du plus fort.
Passons de la théorie à la pratique, la révolution de 1789.
Un sujet facile pourquoi faire ?
On a comme présent la monarchie qui sera substitué par la 1ère république, Robespierre est l’égérie de cette révolution. Il est important de citer Rousseau et Voltaire, les deux meilleurs amis du monde. L’hégémonie des idées des lumières et de la république c’est fait de loin du public comme dans les prisons de la Bastille ou au sein des aristocrates et des milieux bourgeois. Il s’en suivra une guerre civile qui ferra preuves de violences utiles ou non ? Ça dépend ce que vous pensez des mariages révolutionnaires, des tanneries de peau humaines de la guerre de Vendée, …
L’amputation morale ce verra par la décapitation de Louis XVI, utile ou inutile ?
La prolongation se fera par la grande terreur, ou sur de simple parole. Vous montiez à l’échafaud.
Une fois cette révolution terminée, le plus fort prendra le pouvoir et ferra pire que les rois, je parle de Napoléon Bonaparte.
Ça serait bêtes que j’ai d’autres étude de cas.
Que dire de la révolution communiste de 1917 ?
A l’époque, il y avait le tsar et la Russie impérial. Notre égérie s’appelle Lénine, l’idéal de substitution se nomme communisme, qui était connue et il s développait partout en Europe. En 1917 avec beaucoup de chances, les communistes arrivent au pouvoir. Et ils tuent le tsar et la famille royales, femmes, enfants, … utile ou inutile ?
Après l’élection de l’oncle Jo, vas se développer le prolongement et la banalisation de la violence avec entre autres les purges Staliniennes ou encore les débuts de l’industrialisation de L’URSS avec les premiers tracteurs qui n’ont pas fonctionné et les équipes de développement ont été abattue pour cette échec, est-ce normal ou anormale ?
Et cela se conclura par la chute de L’Union Républiques Socialistes Soviétiques en 1989. Et cela donnera un retour aux lois naturelles avec la naissant des oligarques qui auront compris le fonctionnement de l’actionnariat en avance dans une Russie qui sort du communisme et l’accession au pouvoir de Eltsine et de Poutine.
Deux révolutions, c’est une coïncidence et c’est de l’histoire, vous connaissez Henri Ford, notre dernière égérie ?
Les révolutions industrielles qui vont remplacer, la petite économie qui était locale et indépendante à travers le monde. On passe d’homme à tout faire de A à Z, a des hommes remplaçables et dénué de savoir-faire qui passent de la fierté du travail à son diktat. Notre égérie se nomme Henri Ford, il est égérie malgré lui j’ai envie de dire. Cela va donner naissance des guerres entre employés et patrons. L’amputation morale se voir par le suicide de salariés à bout ou tout simplement à leur décès dont le travail est le principal facteur.  Et le monde du travail dans sa globalité est-il plus juste ou moins ? Qui sont ceux qui en sont les plus bénéficiaires, les plus fort, les plus faible ou tout le monde ? Pour conclure, je dirais que le procédé humain qui est la révolution à des causes et des conséquences qui sont les mêmes. Que faire si l’on est aux portes d’une révolution ? La réponse est sous nos yeux.
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mysadecstasy · 3 years
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Épistolaire VI : Dioné & Zeus
Ma tendre Dioné,
Saccadé et indifférent le train a quitté la gare pour se perdre derrière la plaine jaune et brulante de juillet. Ne reste sur le quai que mon chagrin et une chaleur collante. Je ne peux m’extirper de rien, mes pieds sont vissés dans mes bottines, elles-mêmes clouées sur le quai. Je vais mourir ici, Dioné. Sur ce banc froid. Avant les bancs étaient en bois et on pouvait s’y allonger, c’était plus confortable. Mais ça c’était avant, quand tout était plus confortable, quand les fruits n’étaient pas encore mûrs, que la sève montait lentement dans les veines de l’abricotier de notre propriété. Le paysage est sourd et pourtant il me fixe comme si j’étais un voleur, un assassin. Ici nous avons élimé notre amour jusqu’à le réduire en lambeaux. Reste un écheveau indémêlable de sentiments, une mélasse infâme de gris et de sang. De sourires et de pleurs, d’amour et de rancœur, de sexe et de trahison. De tout. Notre amour a pris toutes les formes et quand il s’est mis à crier à l’aide on l’a pris pour Cassandre. On n’y croyait pas. Comment cela aurait pu arriver ? Et tout s’est fini. Salement. Dans la haine. Tu dis que non, que non tu n’as pas de haine, mais tu en es partie plein le ventre et crois-moi cette haine sera ton fiel et elle te dévorera de l’intérieur. Tu ferais mieux de me pardonner et de pardonner à notre amour. Il faut pardonner aux morts, ce n’est pas leur faute. Où tout cela s’est-il perdu semblais-tu hurler en faisant tes affaires ? Dans le fil des jours, dans l’âpreté de l’éternel recommencement. Dans des baisers oubliés, des œillets fanés dans le vase du salon. Le temps est un silencieux assassin, il tranche des gorges au ralenti. On peut oublier d’arroser les fleurs une fois, deux fois même mais après ça devient trop. On prend de mauvaises habitudes et tout finit par crever. Et c’est trop tard vois-tu. La nature sait faire mais elle ne sait pas refaire, alors attention à ne rien défaire. Ma pauvre Dioné, toi si colossale dans ta droiture et ta clarté, tu sembles pourtant n’avoir toujours rien compris…
L’amour meurt comme ça ! Un couperet. On peut trouver mille raisons elles ne sont que symptomatiques car quand un amour est fort et en verve comme un chêne bicentenaire ce ne sont pas trois coups de hache qui peuvent l’ébranler. L’amour meurt avant d’être mort. Il pactise avec le diable et se tranche la gorge d’abord en secret pour renaître et rêver de mieux, alors on accourt et on voit le sang qui gicle partout et c’est le grand procès. Qui tenait le couteau, qui n’a pas surveillé, qui faisait la sieste, n’importe quoi, c’est un simulacre digne des purges Staliniennes. Les deux amants sont renvoyés dos à dos et c’est terminé. Parfois l’un des deux part en courant, l’autre reste prostré, il n’y pas de règle que celle qu’ils restent à jamais dos à dos. Entre eux ce voile de mort. Cet odeur sourde et âcre d’amour mort. Devant moi c’est la falaise immense et aimantée. Toi tu as pris le train moi je suis au bord du gouffre. Toi tu veux reconstruire, te reconstruire comme tu me hurlais, mais tu n’as rien que de la rancœur, ça ne se soigne pas, ça s’avale. Ça s’avale et ça se digère. Après peut-être tu te retrouveras dans toute ta splendeur. Crois-moi c’est un moindre mal, car moi je voudrais reconstruire sur les ruines mais on n’élève pas des murs tout seul, sans parler de la charpente. Connais-tu un bon charpentier, Dioné, c’est pour bâtir un royaume, comme le premier mais en mieux. Tu pourras venir. Il y aura ton trône et sous le drap blanc ton odeur fauve et le sang bleu noir sur tes seins laiteux que je mordrai à pleine bouche. Alors dans une splendeur maligne nous ferons l’amour les fenêtres ouvertes sur l’air brulant de l’été au son des cigales. Comme deux sauvages. Comme le temps retrouvé.
J’en rêve entre deux sanglots. Te serrer dans mes bras. Que mes je t’aime résonnent de nouveau dans ton cœur et ton corps. Je rêve d’un impossible. De ressusciter un mort. Le secouer jusqu’à ce qu’il ouvre des yeux blancs crevés et alors tout lâcher d’effroi. C’est une fulgurance. Place à l’horreur, elle est bien là, purulente, et chaude comme des entrailles. Que vais-je faire de tous ces jours maintenant, il doit en rester un paquet… trouver le diable, ce sera ma raison d’être, ma raison pour lui vendre ma raison et mon âme afin d’obtenir la vie éternelle. Expier longtemps pour débuter, comme Sisyphe sauf que je romprai le sort. Je serai plus fort que tout. L’éternité glissera alors sur moi dans son voile opalin et torturé et je le retrouverai. Je le retrouverai notre amour, j’irai aux enfers tel Orphée, charmeur et ravageur et je remonterai notre amour fragile comme une pousse. Alors j’en prendrai soin comme d’un pommier d’or jusqu’à ce que ses branches touchent le ciel et ses fruits brillent de mille feux. À tout ça tu ne pourras pas résister. Tu me reviendras et à nouveau nous pourrons attendre la mort au calme en contemplant nos oliviers en camisole et ces ceps de vignes agonisants torturés comme des suppliciés. J’en rêve mais en attendant je dois vivre chaque jour jusqu’à cette apothéose, les boire aussi amers soient-il car la route est bien longue encore il me semble. A chaque minute ton train s’éloigne et éloigne ton cœur du mien. A chaque minute je m’enfonce dans une noirceur plus épaisse et tout sens s’étiole. Mais j’ai l’espoir d’un jour retrouver le fil d’or et de le saisir aussi délicatement que possible.
J’espère que cette lettre te trouvera apaisée et belle comme le jour,
Prends-ton temps,
Ton bien aimé Zeus.
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reseau-actu · 4 years
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Voilà cent ans presque jour pour jour, du 25 au 31 décembre 1920, lors du congrès de Tours, la majorité des délégués de la SFIO votent l’adhésion à la IIIe Internationale de Lénine. Ainsi naît le PCF, «grand parti populiste à orientation totalitaire» au sein de la société française, qui va peser lourd dans son histoire au XXe siècle, raconte le célèbre historien du communisme, directeur de recherche honoraire au CNRS, directeur de la revue Communisme et maître d’ouvrage du Livre noir du communisme (Robert Laffont, 1997), au retentissement international.
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En ce 25 décembre 1920, pendant que les chrétiens chantent Noël et la venue du Sauveur, les militants de la SFIO - la Section française de l’Internationale ouvrière (la IIe Internationale) -, fascinés par une Russie bolchevique autoproclamée «patrie socialiste et du pouvoir des travailleurs», se réunissent à Tours au chant de L’Internationale pour célébrer la gloire de Lénine, qui fait figure de sauveur d’un socialisme européen traumatisé par la guerre.
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Les divers courants socialistes sont les héritiers de la Révolution française, dont ils assument la période jacobine - celle de Robespierre, des sans-culottes, de la terreur et de la guillotine. Cependant, après la défaite de la Commune en 1871, ils ont privilégié le suffrage universel et la voie légale et parlementaire vers le pouvoir. Réunis depuis 1905 par Jean Jaurès autour de son journal L’Humanité, ils ont obtenu en mai 1914 un beau succès avec plus de cent députés et 18 % des voix. Cet avenir prometteur est pourtant bouleversé par une double catastrophe: l’assassinat de Jaurès le 31 juillet et l’éclatement, le 1er août, de la Première Guerre mondiale.
La guerre ouvre une crise profonde chez les socialistes français et européens. Jusque-là pacifistes, voire antimilitaristes, et opposants par principe au pouvoir «bourgeois», tous rallient leurs gouvernements respectifs sous l’égide de l’Union sacrée. Le sentiment national balaie le vieux slogan de Karl Marx dans son Manifeste du parti communiste de 1848, «Prolétaires de tous les pays, unissez-vous!». Tous, sauf Lénine, qui lance à l’automne 1914 un slogan radical: «Transformez la guerre impérialiste en guerre civile» ; autrement dit: que les prolétaires sous les armes en profitent pour renverser la bourgeoisie et instaurer partout le socialisme.
À Tours, les minoritaires sont les socialistes. Ce sont eux qui font scission pour garder « la vieille maison » de la SFIO [...], c’est-à-dire un parti démocratique à idéal révolutionnaire.
Ce slogan est pour l’instant inaudible par la SFIO, qui, face aux horreurs de la guerre, se divise néanmoins dès 1916 entre tenants de l’Union sacrée jusqu’à la victoire et partisans d’une paix blanche. Mais l’Histoire s’accélère. En Russie, le 7 mars 1917, une révolution jette à bas l’empire des tsars et instaure une démocratie naissante qui tourne vite à l’anarchie. Les bolcheviks en profitent pour s’emparer du pouvoir à Pétrograd le 7 novembre. Ils promettent la paix et la terre aux paysans et annoncent la venue du communisme, puis ils liquident l’Assemblée constituante et déclenchent une féroce guerre civile placée sous le signe de la «dictature du prolétariat».
Les dés sont jetés. Si, en novembre 1918, la SFIO fête la victoire de la France, elle est contrainte de se positionner face au pouvoir bolchevique et à la création par Lénine, en mars 1919, d’une IIIe Internationale dite communiste. Or la voie électorale s’éloigne quand, lors des législatives de novembre 1919, la coalition des droites triomphe avec la Chambre «bleu horizon». Par contre, la voie insurrectionnelle pointe son nez lorsque, au printemps 1920, éclate une puissante grève des cheminots qui, après un 1er Mai très violent, tente de s’élargir en grève générale. Elle est réprimée par le patronat et le gouvernement, mais la tension interne entre réforme démocratique et révolution bolchevique est à son comble.
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La SFIO décide alors d’engager des négociations d’adhésion à la IIIe Internationale. En juillet 1920, poussant son avantage, Lénine en organise le IIe congrès dans un climat d’euphorie, alors que l’Armée rouge fonce sur Varsovie pour porter le feu révolutionnaire dans toute l’Europe. Il édicte 21 conditions impératives d’adhésion, logiciel idéologique, politique et organisationnel du parti de révolutionnaires professionnels qu’impose, selon son vocabulaire, «notre époque de guerre civile aiguë». Tant il est vrai qu’en matière de révolution la surenchère est une arme redoutable.
Ces conditions visent à combattre les «sociaux-traîtres» et «sociaux-patriotes» dans tous les domaines: le parlementarisme, le légalisme, le militarisme et, plus généralement, le capitalisme, l’impérialisme et le colonialisme. Elles accentuent de nouvelles lignes de clivage: patrie contre internationalisme, défense nationale contre défaitisme révolutionnaire, réforme contre révolution, dictature du prolétariat contre démocratie parlementaire, défense inconditionnelle ou non d’une Russie bolchevique prônant guerre civile, dictature et terreur. Et la 12e condition impose à chaque parti communiste le «centralisme démocratique», défini comme «une discipline de fer, quasi militaire».
C’est dans cette tension que s’ouvre le 25 décembre 1920 à Tours le 18e congrès de la SFIO, dans la salle du Manège où s’entassent plus de 400 personnes dont 285 délégués. Parmi eux, un jeune Indochinois nommé Nguyen Aï Quôc, le futur Ho Chi Minh ; et aussi plusieurs agents russes qui œuvrent en coulisse. Une à une, les 86 fédérations déclinent leur choix. Pour l’adhésion: motion Cachin (directeur de L’Humanité)-L.-O. Frossard (secrétaire général du parti) ; pour l’adhésion «sous conditions»: motion Jean Longuet, petit-fils de Karl Marx ; contre l’adhésion: motion Léon Blum.
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D’emblée, les fédérations paysannes, qui ont payé le plus lourd tribut à la guerre, expriment un fort antiparlementarisme, une volonté d’action et une mystique révolutionnaire. Le délégué de l’Ariège s’exclame: «Nous sommes, quant à nous, en extase devant les camarades de la IIIe Internationale». Et Veyren, des Bouches-du-Rhône, oppose «la discipline occulte» des «consortiums de candidats» aux élections, à la «dictature du comité central de la IIIe Internationale» qui est «moins humiliante pour les militants» ; il exige que de «parti d’opposition», la SFIO devienne «un parti d’action à qui il faut des hommes résolus».
Le 27 décembre, dans un discours fondateur et prémonitoire, Léon Blum, s’il réaffirme sa foi marxiste et révolutionnaire - y compris en la «dictature du prolétariat» -, dénonce l’obligation de créer un appareil clandestin et la soumission de fait au parti bolchevique et à son régime dictatorial, qui suppriment la démocratie interne dans le parti.
Le lendemain, ses adversaires brandissent les télégrammes des militants français emprisonnés, dont le plus ardent léniniste est alors Boris Souvarine. Puis éclate le «coup de revolver de Zinoviev»: pour empêcher un compromis unitaire entre motions, le président de l’Internationale exige l’exclusion de Longuet. C’est enfin le clou du spectacle: la lumière s’éteint et apparaît soudain à la tribune une femme recherchée par toutes les polices, la socialiste allemande Clara Zetkin - preuve vivante de l’internationalisme -, qui, après un discours enflammé pour l’adhésion, disparaît. Bouleversée, la salle se dresse et chante L’Internationale. Difficile d’imaginer meilleure manipulation de psychologie collective.
Le PCF enferme dans ses bastions des populations qui, volens nolens, se solidarisent avec le totalitarisme soviétique et, en politique intérieure.
Le 29, par 3.208 mandats - contre 1.022 à la motion Longuet -, la SFIO devient la Section française de l’Internationale communiste (SFIC, rebaptisée PC-SFIC l’année suivante). Les 30 et 31 décembre, ce sont les socialistes qui, minoritaires - Blum, Longuet et leurs amis -font scission pour garder «la vieille maison» de la SFIO, selon l’expression de Blum, c’est-à-dire un parti démocratique à idéal révolutionnaire.
Lénine a remporté un succès éclatant, mais la gauche française est désormais fracturée pour un siècle en deux partis frères ennemis. Ceux des militants communistes qui pensaient que les 21 conditions étaient une clause de style sont bientôt contraints de les appliquer. Et le jeune PCF s’engage dans un processus de purges des dissidents, à commencer, en 1923, par Frossard. Suivi, en 1924, par Souvarine, avec ce commentaire de L’Humanité : «La “valeur”, le “talent”, le “savoir” de tel ou tel ne sauraient justifier un relâchement du contrôle auquel tous les communistes sont astreints. (…) C’est dans la mesure où toutes les survivances du “Moi” individualiste seront détruites que se formera l’anonyme cohorte de fer des bolcheviks français.»
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Ainsi naît au forceps un parti de révolutionnaires professionnels toujours plus étroitement soumis au système totalitaire soviétique. Dès 1924, la bolchevisation restructure le PCF sur la base des cellules, locales et d’entreprise. À Moscou, l’École léniniste internationale forme à l’idéologie léniniste puis stalinienne des centaines de jeunes français appelés à former l’appareil central du PCF. En 1930-1931, l’envoyé plénipotentiaire de l’Internationale, le slovaque Eugen Fried, prend clandestinement la direction politique du parti et devient jusqu’en 1939 le mentor secret du secrétaire général, Maurice Thorez. Il crée le service des cadres chargé durant des décennies de sélectionner les responsables, de la base jusqu’au bureau politique.
Désormais intégré au système communiste mondial organisé autour du PC d’Union soviétique - sa matrice et son moteur - dominé par Staline, le PCF inaugure sa double vie.
D’un côté, il construit une puissante dimension sociétale, par la promotion en son sein des ouvriers - Thorez, Duclos, Frachon, Marty, etc. -, par sa défense des conditions de travail dans les usines et des conditions de vie, en particulier dans les banlieues, et, à partir de 1934-1935, par son ralliement à la République (tenue jusqu’alors pour «bourgeoise») et au drapeau tricolore. Cette base sociale se manifeste avec force lors des municipales de 1935, qui assurent la conquête de nombreuses mairies - la «banlieue rouge» - et des législatives du Front populaire, où il obtient 72 députés.
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Ces succès, amplifiés à la Libération, sont complétés par la conquête de la CGT en 1946-1947. Cet âge d’or du PCF - premier parti en 1946 avec 28 % des voix - laisse aux militants âgés le souvenir radieux des colonies de vacances, de l’ouverture à la culture par le livre, le théâtre ou le cinéma et d’une vie prise en mains de la naissance à la tombe. Le parti catalyse une forte identité ouvrière, au point de se nommer «le grand parti de la classe ouvrière», même si les divers mondes ouvriers français sont loin d’être tous communistes.
Mais, en même temps, sa dimension téléologique - celle du projet léniniste et stalinien - pousse le PCF à enfermer dans ses bastions municipaux et syndicaux des populations qui, volens nolens, se solidarisent avec le totalitarisme soviétique - jusqu’à cautionner les crimes de masse des régimes communistes - et, en politique intérieure, avec les méthodes de diffamation, d’insulte et d’intimidation du Parti envers ses adversaires. Le PCF crée ainsi un écosystème séparatiste au sein de la société, ce qu’Annie Kriegel, pionnière des études sur le communisme français et longtemps éditorialiste au Figaro, nomma la «contre-société» communiste.
Ce phénomène devient politique quand, en 1939-1940, contraint d’approuver l’alliance Hitler-Staline, le PCF est dissous par la IIIe République ; puis quand en septembre 1947 il déclenche sur ordre de Staline des grèves insurrectionnelles pour empêcher la France d’adhérer au plan Marshall américain ; et encore, après mai 1958, quand il accuse de Gaulle de «fascisme» ; et quand, en 1979, Georges Marchais déclare que «le bilan» des pays d’Europe de l’Est est «globalement positif», puis approuve, le 5 janvier 1980 depuis Moscou, l’invasion de l’Afghanistan. In fine, le téléologique l’a toujours emporté sur le sociétal. Et ce n’est qu’en 1997, lors d’un débat télévisé autour du Livre noir du communisme, que le directeur de L’Humanité, Roland Leroy, reconnaîtra que «le fait de penser qu’il n’y avait pas d’autre voie que la guerre civile induisait la terreur».
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La chute du Mur et l’implosion de l’URSS, entre 1989 et 1991, avaient déjà sonné le glas de ce grand parti populiste à orientation totalitaire campé au cœur de la République française.
Stéphane Courtois est également professeur à l’ICES. Son dernier ouvrage Lénine, l’inventeur du totalitarisme (Perrin, 2017) a été salué par la critique. Membre du conseil scientifique de la Fondapol, l’historien y publiera en janvier, avec son collègue Sylvain Boulouque, une synthèse historique sur le PCF.
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elenaemeraud · 3 years
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Le système des passeports à l'époque stalinienne. De la purge des grandes villes au morcellement du territoire, 1932-1953
Le système des passeports à l’époque stalinienne. De la purge des grandes villes au morcellement du territoire, 1932-1953
L’existence d’un passeport intérieur, permettant à la fois d’identifier un individu et de définir ses droits en matière de déplacement et de choix de lieu de résidence, est un des instruments essentiels du fonctionnement de la société soviétique, à partir des années 1930. Introduit à la toute fin de l’année 1932, il paraît donc fortement lié à l’expérience stalinienne. Pourtant, les limitations…
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aventures-des4t · 7 years
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1 juillet Départ vers 9h direction ouest à destination de l'ancienne capitale mongole Kharakorum, ville caravanière qui comptait au début du 13e plus de 60 temples dont la majorité a été détruite par les purges staliniennes dès 1937. Un des rares monastères conservés est Erdene Zuu cerné de remparts séparés de stupas et transformé en musée à ciel ouvert. "Il y avait 3 temples. Dans 2 temples, il y avait des gardiens méchants qui sont des monstres avec un 3e œil qui protègent les boudhistes du diable. Sur les 3 temples, il y avait les couleurs de l'eau, du feu, du bois et de l'air (bleu jaune vert blanc). Il y avait aussi 2 bouddhas: le soleil à l'est et la lune à l'ouest. Dans l'un des temples, la guide a montré une représentation de l'enfer: un enfer de glace et un enfer de feu où des chiens mangent les organes des morts. L'après-midi, on est allé voir une torture sculptée dans la pierre. On s'est trompé de chemin. Il pleuvait bp. On a tous pris une douche sauf papa qui est reste dans la voiture. Après on est allé au musée puis à un mémorial dédié au dernier roi de Mongolie." Benjamin
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78682homes · 5 years
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Peter Brook, le théâtre en question 78682 homes
http://www.78682homes.com/peter-brook-le-theatre-en-question
Peter Brook, le théâtre en question
Dans Why ?, le metteur en scène britannique illustre la nécessité du théâtre en rendant hommage au dramaturge russe Vsevolod Meyerhold, victime des purges staliniennes. Un texte puissant, qui gagnerait néanmoins à s’étoffer.
homms2013
#Informationsanté
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frtodaynews · 6 years
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Le musée du quai Branly consacre une exposition à l'Américain Paul Robeson, premier acteur noir du cinéma hollywoodien de l'entre-deux-guerres. Longtemps ostracisé pour ses sympathies communistes, il a été réhabilité au seuil de sa mort.
Doté d’un physique de colosse, agile au football américain, Paul Robeson aurait pu être une star du ballon ovale. Diplômé en droit de l’université de Columbia, à New York, maniant la langue avec conviction, il aurait pu être un ténor du barreau américain. Fils de pasteur, lui-même réchappé de l’esclavage, il aurait pu être un Martin Luther King, ravivant la foi en Dieu et en l’humanité. Mais Paul Robeson a percé dans le cinéma naissant des années 1920, début d'un parcours que retrace, jusqu'au 13 octobre, une exposition au musée du quai Branly, à Paris.
Paradoxalement, c'est dans un film muet, "Body and Soul", que cette voix de basse se fait remarquer en 1925, dans le rôle d’un faux révérend qui truande sa paroisse. Il a alors 27 ans.
Crevant l’écran, Paul Robeson se fait un nom pour incarner des rôles noirs auparavant dévolus à des acteurs blancs grimés en "blackface". Au fil de ses contrats au cinéma, son nom prend davantage de place sur les affiches, jusqu’à faire de sa présence un argument commercial, comme dans "Emperor Jones", en 1933, où il joue un réchappé de bagne qui s'autoproclame empereur sur une île des Caraïbes.
Doté d’une belle gueule, mais aussi pourvu d’une voix profonde de baryton-basse, Paul Robeson entonne dans le film "Showboat" (1936) une de ces "work-songs" appelées à devenir un hymne à l’émancipation des Noirs américains : "Ol' Man River".
Paul Robeson a dû traverser l'Atlantique pour monter sur les planches. Il endosse le costume d'Othello, le mythique Maure de la pièce de Shakespeare, sur la scène du théâtre Savoy à Londres. Il n’était pas le premier à effectuer le voyage : un acteur afro-américain, Ira Aldridge, célébré pour son incarnation d'Othello sur les scènes londoniennes, avait déjà tracé la voie en 1825. L'Othello de Paul Robeson est politique : il s’agit d’une "tragédie du conflit racial, une tragédie de l’honneur plutôt que de la jalousie", dit-il dans un entretien au journal The Observer en 1930.
En Europe, Paul Robeson peut assumer son activisme socialiste : il rejoint la troupe Unity Theatre, engagée dans la lutte ouvrière, et se rend en Espagne pour soutenir la gauche républicaine. Il est même reçu avec faste à Moscou, où il enregistre l'hymne soviétique. Partout, il entonne "Ol' Man River" – il transforme les paroles pour en gommer la résignation et clamer son espoir en un monde meilleur -, et surtout son hymne personnel "Joe Hill" – terminant toujours le dernier couplet "'I never died' says he" dans un mezzo-voce fantômatique.
C'est en Othello qu'il retourne à New York et triomphe à Broadway. Lorsque la presse américaine lui demande s'il a renoncé à ses idées politiques, il répond "non" avec aplomb : "Je joue et je parle pour les Noirs comme seul Shakespeare était capable de le faire. Cette pièce aborde le problème des minorités. C’est l’histoire d'un Maure au teint noir ('blackamoor') qui recherche l'égalité parmi les blancs", affirme-t-il en septembre 1943. Le FBI suit de près ses activités et lui retire son passeport en 1950.
Sa carrière peut repartir lorsqu’en 1958, son passeport lui est rendu et qu’il peut à nouveau voyager en Europe. Aux États-Unis aussi, les portes se rouvent : en mai de cette année, le haut lieu de la musique classique à New York, le Carnegie Hall, l’accueille pour un récital.
La réhabilitation de Paul Robeson, les invitations à ce qu'il rejoigne la première ligne du mouvement des droits civiques dans les années 1960, arrivent trop tard. Le chanteur est affaibli par des soucis de santé – son fils soupçonnera plus tard les services secrets américains de l’avoir empoisonné. Il meurt en 1976 à New York, dans le quartier d'Harlem.
Les pages des livres d'histoire ont longtemps occulté l'existence de Paul Robeson. Sans doute était-il ostracisé pour sa proximité avec le régime soviétique, réduit à être le chantre de la propagande communiste et le renégat du camp américain en pleine Guerre froide.
Une anecdote aide pourtant à mesurer l’étoffe du personnage et rend justice à sa liberté de parole. En 1949, Paul Robeson est invité à Moscou pour le 150e anniversaire d’Alexandre Pouchkine, devant un parterre de haut-placés soviétiques, il entonne le chant des partisans du ghetto de Varsovie, "Zog Nit Keynmol". Le comédien et chanteur avait appris des rudiments de yiddish en fréquentant des comédiens ashkénazes à Londres.
Lors de cette soirée moscovite, le baryton-basse rend ainsi hommage à deux amis rencontrés au sein du Comité antifasciste juif d’Union soviétique, et récemment la cible des purges antisémites : Solomon Mikhoels, metteur en scène et directeur de théâtre assassiné un an plus tôt, et Itzik Feffer, alors emprisonné. Paul Robeson défie ouvertement, ce jour-là, le pouvoir soviétique. Seuls ceux qui y avaient assisté pouvaient le savoir, l’enregistrement ayant été enfoui dans les méandres de la censure stalinienne.
France24 Culture
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utopiedujour · 7 years
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Le Monde / L’Écho – Mettons fin aux cycles économiques, mardi 6 juin 2017
« Car la crise est une scission [Scheidung] naissant d’un appel à la décision [Entscheidung] », écrivait le philosophe autrichien spécialiste des religions Jacob Taubes (1923-1987) en 1947 dans sa remarquable thèse *. Il n’y était pas question d’économie ou de finance, mais du discours apocalyptique dans la pensée occidentale. Le remarque n’en était pas moins pertinente sur un plan général : si nos économies languissent toujours dans la crise dix ans après son début en février 2007 avec la chute brutale du prix des titres adossés aux prêts hypothécaires à risque (subprimes), la raison en est bien là : les décisions qu’elle exigeait n’ont pas été prises à temps. La raison souvent invoquée pour justifier l’inaction a été celle du cycle : l’économie connaît un mouvement cyclique qui fait que quand les choses vont mal, il est inutile de s’agiter, il suffit d’attendre qu’elles s’arrangent.
On évoque pour soutenir cet argument l’hypothèse des cycles de Kondratiev, du nom de Nikolaï Kondratiev, économiste russe socialiste non-marxiste, arrêté pour complot en 1930 et fusillé en 1938 durant les grandes purges staliniennes.
Les détenteurs de fonds bénéficient, lorsqu’ils les prêtent au titre de capital, d’une rente, sous la forme d’intérêts ou de dividendes dont le niveau s’aligne sur celui des taux d’intérêt pour attirer le chaland. Cette rente est une part de la valeur ajoutée, de la croissance. Tant que la rente demeure une part de la nouvelle richesse créée grâce à son investissement, affirmait Kondratiev, l’économie prospère, mais aussitôt que la rente du capital dépasse la croissance, l’économie amorce un déclin.
Comment est-il alors possible que l’on puisse tout de même verser aux rentiers, en intérêts ou en dividendes, des sommes supérieures à la nouvelle richesse produite par l’économie ? La réponse est connue : il est exigé des salariés qu’ils subventionnent la différence. Cette variante de la politique du lampiste porte, nul ne l’ignore, le nom ronflant d’« austérité pour restaurer la compétitivité ». Rien ne limite son étendue, sinon ce que l’on qualifie de mouvements sociaux, ou d’agitation de la rue. Mais sous peine de désintégration du tissu social, et au bout du compte de révolution, l’austérité mobilisée pour subventionner les détenteurs de capital en temps de vaches maigres doit être limitée dans le temps.
Voilà donc la logique de la prétendue inéluctabilité des cycles : tant que la croissance dépasse le niveau du taux d’intérêt annuel, tout va bien, mais dès qu’elle tombe en-dessous, la situation se dégrade et les salariés sont chargés de régler l’ardoise. Les choses s’arrangent quand les taux d’intérêt finissent par s’aligner à la baisse sur le niveau déprimé de l’économie et passent en-dessous de la croissance. Il conviendrait donc de prendre son mal en patience et d’« attendre que l’on revienne dans la partie haute du cycle », comme disent les économistes.
Les banques centrales ont pris la décision, depuis 2010 aux Etats-Unis et seulement 2015 en Europe, de forcer de manière volontariste le niveau des taux d’intérêt en-dessous du niveau de la croissance. Or celle-ci est à ce point anémique qu’il faut pour y parvenir que ces taux soient négatifs.
En 1936, dans le dernier chapitre de sa Théorie générale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie, Keynes prônait une politique de transition vers le socialisme par « l’euthanasie du rentier », en forçant les taux d’intérêt à s’identifier à la seule prime de risque de non-remboursement.
C’est la politique que les banques centrales appliquent en ce moment pour inciter les banques commerciales à prêter à l’économie réelle et aux particuliers endettés. Il est impératif qu’elles s’y tiennent, jettant au diable les cycles et les souffrances économiques induites par « la partie basse du cycle » au nom du laisser-faire : la rente des rentiers ne devrait en aucune circonstance dépasser le niveau de la richesse véritablement créée. Les autorités financières doivent y veiller en permanence.
============================================= * Eschatologie occidentale, Editions de l’Eclat (2009).
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Il y a chez Freud deux métaphores, celle du texte à déchiffrer et celle de la ruine à exhumer ; et il appelle à ne pas choisir entre elles, à ne surtout pas chercher à identifier l’une à l’autre. 
Car, fort des succès méthodologiques de la linguistique structurale — elle-même issue, avec Saussure, des progrès de la grammaire comparée des langues indo-européennes —, on a souvent voulu réduire au langage les phénomènes de chaque champ des sciences humaines, jusqu’à y compris l’inconscient. 
Le terme logique ultime a été atteint avec le « déconstructionisme » ou « post-modernisme » anglo-saxon, particulièrement vigoureux en anthropologie sociale, mais présent aussi bien en histoire et en archéologie : puisque tout n’est que langage, chaque langage se vaut, et mon discours d’anthropologue sur tel groupe ou telle minorité ethnique ne vaut pas plus, et plutôt moins, que n’importe quel autre, à commencer par celui que tient usuellement sur lui-même le groupe étudié.
En France, cela s’est retrouvé, sur un mode voisin, chez certains historiens. D’une certaine manière, la Révolution française n’a jamais eu lieu, il ne faut y chercher ni crises économiques, ni affrontements sociaux, mais juste le jeu d’une libre tradition culturelle. 
Quant à ce que, et jusqu’à maintenant, l’histoire de France peut receler de conflictuel, il ne faut y lire qu’une sorte d’exception française en voie de rapide résorption, qui doit à coup sûr nous mener vers la « fin de l’histoire », dans une économie de marché régulée sans heurts par « la main invisible ».
 L’historien François Furet fit peu avant sa mort cet éclairant aveu télévisé, comme on lui demandait comment il avait pu être communiste : c’est parce que le marxisme lui avait paru, dans les années cinquante, être le système le plus efficace pour comprendre le monde, et donc le dominer. 
Ainsi, ce n’était pas la misère du monde, celle des bidonvilles métropolitains, de la répression coloniale ou de l’appartheid nord-américain qui avait poussé l’honorable universitaire français et ses semblables vers une organisation qui appelait à transformer le monde.
C’était bien le pouvoir des mots. C’est au nom du pouvoir des mots que l’on pouvait accepter sans ciller les purges staliniennes ; et que l’on peut maintenant accepter la misère du monde comme un fait accompli.
L’histoire de l’homme est celle du geste et de la parole. Celle d’une espèce biologique dont la bipédie et le développement de la main, puis de l’outil, ont permis au cerveau de croître, en libérant la boîte crânienne, et au corps de produire des outils de plus en plus compliqués, dont le langage est l’un parmi d’autres. 
Une espèce échappée à l’encadrement des instincts, débordée par les excès de son activité psychique, de ses représentations, de ses productions langagières. 
 On ne peut pourtant espérer comprendre l’homme sans étudier de front son psychisme, sa biologie, mais aussi son histoire — et sa préhistoire. 
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propagandatime-blog · 8 years
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A. La littérature engagée
Il est vrai que l’art et la littérature ont été utilisées sous forme de propagande par les régimes totalitaires afin que l’opinion publique leur soit favorable. Cependant, à cette période trouble, les artistes se posent la question sur leur rôle social et sur leur engagement politique face aux deux conflits mondiaux, face à la montée du nazisme et du fascisme, face à la réalité du régime stalinien, face à la guerre d’Espagne, les artistes lutte contre ces régimes totalitaires qui supprime l’humanité et la liberté de chacun. Ils prennent position, s’engagent, résistent avec pour seul arme : leur art. Nous découvrirons donc, des œuvres d’artiste engagée contre les régimes totalitaires.
Roman, La ferme des Animaux de George Orwell
Présentation de George Orwell :
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George Orwell, de son vrai nom Eric Arthur Blair, est né Inde en 1903, et est mort en Angleterre en 1950. Il effectue toute sa scolarité en Grande-Bretagne puis il s'engage dans l'armée britannique en 1922 et devient sergent en Birmanie. Il démissionne en 1927 et retourne à Londres, et décide alors de ne se consacrer pleinement à l'écriture. C'est de cette expérience que provient son dégoût et sa méfiance de l'impérialisme. Il publie en 1933 un premier roman, “Dans la dèche à Paris et à Londres”, et choisit le pseudonyme de George Orwell. Ses premiers écrits témoignent de la misère sociale. En 1936, il rejoint en Espagne les milices républicaines qui se battent contre Franco. Blessé, l'écrivain rentre à Londres en 1937. Il écrit alors “Hommage à la Catalogne” pour dénoncer la répression du mouvement par les communistes. Puis, il écrit “La Ferme des animaux”, qu’il publie en 1945. Il rentre rapidement à Londres et commence à rédiger son oeuvre majeure, “1984.” C’est un récit d'anticipation, qui décrit une société où toute liberté d'expression est interdite. Il le publiera quelque mois avant sa mort.
« La ferme des Animaux est le premier livre dans lequel j'ai essayé, en ayant pleinement conscience de ce que je faisais, de fusionner en un tout le but artistique et le but politique » - Georges Orwell
Présentation de l’œuvre :
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Résumé
La Ferme des Animaux est une fable moderne, publiée en 1945. Ce livre décrit une ferme où les animaux ont décidé de prendre le pouvoir afin de se venger de leur propriétaire appelé M. Jones. Cette révolte fait suite au rêve de Sage l'Ancien (un cochon). Les humains chassés, les animaux posent les fondements d'une nouvelle idéologie : L'ANIMALISME.
Celle-ci repose sur 7 commandements : 1-Tous deux pattes est un ennemi. 2-Tout quatre pattes ou tout volatile est un ami. 3-Nul animal ne portera de vêtements. 4-Nul animal ne dormira dans un lit. 5-Nul animal ne boira d'alcool. 6- Nul animal ne tuera un autre animal. 7-Tous les animaux sont égaux.
Cependant, une hiérarchie se dessine rapidement au sein de la ferme et les règles sont peu à peu modifiées, comme « tous les animaux sont égaux » qui devient « tous les animaux sont égaux, mais certain le sont plus que d’autre. » Les cochons prennent le pouvoir et s'organisent afin de mettre les autres au travail. La lutte pour le pouvoir, parmi les cochons, s'intensifie. Boule de Neige (un cochon pacifique) est même contraint de quitter la ferme, nouvellement rebaptisée « La Ferme des Animaux. » Au final, les cochons se transforme complètement en hommes (ils dorment dans des lits, boivent de l'alcool et commercent avec les humains).
Contexte historique et parallèle avec les éléments du livre
Le livre retrace la période du stalinisme en URSS. Avant 1917, le tsar Nicolas II est à la tête de l’URSS. Cependant le peuple est le plus souvent exploités par celui-ci (//exploitation des animaux par M.Jones). Mais en 1917, le peuple décide de chasser le tsar au pouvoir et se révolte contre le régime en place (//révolte des animaux contre M. Jones après que celui a oublié de leur donner à manger). Un nouveau régime est ensuite mis en place par Lenine, c’est le début du communisme en Russie (//mise en place des septs commandements). Cependant ce nouveau régime n’est pas accepté par tout le monde notamment par les classes les plus aisée qui tente de récupérer le pays (//bataille de l’Etable) grâce à l’aide de la France et de l’Angleterre ce qui se conclura par une defaite.(Après cette bataille, Boule de Neige crée le drapeau de la ferme qui comporte un sabot superposé d’une corne, le tout sur un fond vert symbolisant les prairies) Ce drapeau est comparable à celui de l’URSS, composé d’un marteau et d’une faucille. 
En 1921 Lénine meurt, Staline et Trotsky s’opposent pour prendre le commandement du régime (//désaccords entre Napoléon et Boule de neige lors des débats). Trotsky est pour la révolution global (//Boule de neige veut exporter la révolution dans les autres fermes) et l’industrie (//Boule de neige propose la construction d’un moulin à vent). Staline conduit alors Trotsky jusqu’à son exil (//Boule de neige est mis en fuite par les chiens de Napoléon). En 1927, Staline prend le pouvoir qui tourne vite à la terreur (//Exécution de présumés traîtres, les rations diminuées, le travail épuisant, la liberté supprimée petit à petit par la modification des commandements). Staline fait également de l’industrie lourde (// construction du moulin à vent). En 1939, c’est le début de la guerre en Europe. L’Allemagne envahit la Russie (//attaque de M. Frederick : bataille du Moulin à vent). Mais celle-ci parvint à repousser l’Allemagne (//victoire des animaux contre M.Jones). Après la guerre Le totalitarisme de Staline continue (//Malabar vendu à un boucher car il est devenu trop faible, retraites supprimées, rations encore diminuées).
Analyse de l’oeuvre
Derrière chaque évènement et personnage de ce livre se cache des illusions référentielles. Les différents évènement et personnage du livre peuvent être mit en lien avec l'URSS, à partir la révolution de 1917. La ferme des animaux est une satire implicite du stalinisme et des régimes totalitaires. Il nous montre comment une utopie peut entrainer l’un des régimes politiques les plus terribles, comme le régime de Stalinien. « A mon retour d'Espagne, j'ai eu l'idée d'analyser le mythe soviétique dans une histoire qui pourrait être facilement comprise de presque tout le monde [...]. La forme exacte d'un tel récit ne s'est toutefois imposée à moi que le jour où [...] je vis un petit garçon d'une dizaine d'années qui menait un énorme cheval de trait le long d'un étroit sentier, le fouettant chaque fois qu'il tentait un écart. L'idée m'a frappé que si de tels animaux prenaient conscience de leur force, nous n'aurions plus aucun pouvoir sur eux et que les hommes exploitaient les animaux à peu près comme les riches exploitent le prolétariat. J'entrepris de considérer la théorie marxiste du point de vue des animaux. Il était clair que pour eux le concept d'une lutte de classes entre humains était fallacieux, puisque, quant il s'agissait d'exploiter les animaux, tous les humains s'unissaient contre eux : la véritable lutte se déroulait entre les animaux et les humains. » - Georges Orwell
Ouverture
Nous pouvons mettre ce roman en lien avec un autre roman de George Orwell : 1984. C’est un récit d'anticipation, qui décrit une société où toute liberté d'expression est interdite.
Poésie, Requiem d'Anna Akhmatova
Présentation de l’auteur :
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Anna Akhmatova est née le 23 juin 1889 à Odessa et morte le 5 mars 1966 à Moscou. De son vrai nom Anna Andreïevna Gorenko , est une des plus importantes poétesses russes du XXe siècle. Anna Akhmatova demeure aujourd'hui encore l'une des plus grandes figures féminines de la littérature russe. Durant les grandes purges de Staline, elle a perdu son mari. Par la suite, aux portes des prisons de Leningrad, elle attend la libération de son fils qui subira trois incarcérations arbitraires et ne sera libéré qu'en 1956. Cette soufrance sera décrite à travers son recueil Requiem écrit entre 1935 et 1940, grâce à celui ci elle est devenu également le symbole de la souffrance Russe dans cette sombre époque.
Présentation de l’œuvre :
Contexte historique
Après la fin de la seconde guerre mondiale, l’URSS et l’une des super puissances mondiales. Staline plonge l’URSS dans un climat de terreur notement à cause des purges. Celle ci consitaient à tuer tout les opossant au régime stalinien. Staline les a mit en place pour éviter tout soulèvement contre son régime.
Résumé de l’œuvre
L'œuvre d'Akhmatova se compose aussi bien de petits poèmes lyrique que de grandes compositions poétiques, comme Requiem, son sombre chef-d'œuvre sur la terreur stalinienne. Les thèmes récurrents de son œuvre sont le temps qui passe, les souvenirs, le destin de la femme créatrice et les difficultés pour vivre et pour écrire dans l'ombre du stalinisme. Un poèmes du recueil Dans la courte introduction au Requiem, Ana Akhmatova raconte : J’ai passé dix-sept mois à faire la queue devant les prisons de Leningrad. Un jour, quelqu’un crut me reconnaître. Alors, derrière moi, une femme aux lèvres bleuies et qui n’avait jamais entendu mon nom sembla s’éveiller de la torpeur où nous étions toutes plongées et me chuchota à l’oreille (là-bas, nous ne parlions toujours qu’à voix basse) : – Et ceci, vous pourriez le décrire ? Et j’ai répondu :
– Oui. Alors, quelque chose comme un sourire glissa sur ce qui, un jour, avait été son visage.
REQUIEM : ÉPILOGUE, I Et j'ai appris comment s'effondrent les visages, Sous les paupières, comment émerge l'angoisse, Et la douleur se grave sur les tablettes des joues, Semblables aux pages rugueuses des signes cunéiformes ; Comment les boucles noires ou les boucles cendrées Deviennent, en un clin d'œil, argentées, Comment le rire se fane sur les lèvres sombres, Et, dans un petit rire sec, comment tremble la frayeur. Et je prie Dieu, mais ce n'est pas pour moi seulement, Mais pour tous ceux qui partagent mon sort, Dans le froid féroce, dans le juillet torride, Devant le mur rouge devenu aveugle. Anna Akhmatova, Requiem, traduction du russe par Paul Valet, éditions de Minuit, 1966, p. 41
Ouverture
Nous pouvons mettre ce poème en relation avec « liberté » de Paul Eluard. Ce poème a été ecrit lors de la seconde guerre mondiale pour les combattants contre l'allemagne nazi. Il est symbole d'espoir et de liberté.
Théâtre, Rhinocéros de Eugène Ionesco
Presentation de l’auteur :
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Eugène Ionesco, est né le 26 novembre 1909 en Roumanie et est mort le 28 mars 1994 à Paris. C'est un dramaturge et écrivain roumain et français. Il passe la majeure partie de sa vie à voyager entre la France et la Roumanie. En 1938 il retourne en France pour préparer une thèse, qui sera interrompue par le déclenchement de la guerre et l'obligea à regagner la Roumanie. Il est le représentant majeur du théâtre de l'absurde en France, et écrit de nombreuses œuvres dont les plus connues sont: " La Cantatrice chauve" (1950), "Les Chaises" (1952) et "Rhinocéros" (1959).
Pour Eugène Ionesco, il est dangereux de vivre avec un seul et unique mouvement de pensée.
Presentation de l’oeuvre :
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Contexte historique
En octobre 1940 la Roumanie fasciste s’associe à l’Allemagne nazie. Elle entre en guerre en juin 1941 contre l’Union soviétique. Celle-ci avait occupé une partie de la Roumanie en juin 1940. La Roumanie est placée dans le même camp que la France de Pétain. Analyse de l’oeuvre
C’est une oeuvre emblématique du théâtre de l'absurde, au même titre que La cantatrice chauve. La pièce dépeint une épidémie imaginaire de « rhinocérite », maladie qui effraie tous les habitants d'une ville et les transforme bientôt tous en rhinocéros. Celle-ci est la métaphore de la montée des totalitarisme à l'aube de la Seconde guerre mondiale. Eugène Ionesco se sert de l’humour pour dissimuler la vérité. Il va bien plus loin que la dénonciation de la guerre. En fait, c’est le régime totalitariste qui est ici condamné plus précisément le régime nazi. Cela est visible car la pensée des personnages est complètement mise à mal. Ses conséquences sont désastreuses et le spectateur n’en retient que des aspects négatifs.
Résumé des différents actes de la pièce de théâtre
ACTE I
La scène ce déroule sur une place de marché, les habitant de la ville apercoivent des rhinocéros. les bêtes en liberté provoquent tout d'abord l'étonnement et choquent les personnages. Jean ne parvient pas à croire que ce qu'il a vu était réel. Le patron de l'épicerie jette un cri de fureur (révolutionnaire) en voyant la ménagère partir avec son chat écrasé « Nous ne pouvons pas nous permettre que nos chats soient écrasés par des rhinocéros ou par n'importe quoi ! ». Comme à la montée de chaque mouvement politique extrémiste et totalitaire, les gens sont tout d'abord effrayés.
ACTE II
Les habitants commencent à se transformer en rhinocéros et à suivre la « rhinocérite ». C'est là que l'on relève les premières oppositions clairement marquées, selon Botard c'est « une histoire à dormir debout ! », « c'est une machination infâme ». Ce dernier ne veut pas croire en la réalité de la « rhinocérite » (comme certains ont pu nier la montée des extrêmes). Mais pourtant lui aussi va se transformer en rhinocéros malgré ses préjugés, montrant ainsi que
même les plus résistants peuvent être dupés par les beaux discours de la dictature. Les personnes commencent à se transformer en rhinocéros : c'est le cas de Monsieur Bœuf, rejoint ensuite par sa femme. Les pompiers sont débordés, le nombre de rhinocéros augmente dans la ville. Ensuite, Jean, personnage si soucieux de l'ordre au départ et si choqué par la présence de rhinocéros en ville, se transforme lui-même en rhinocéros, sous les yeux désespérés de son ami Bérenger. On assiste alors à la métamorphose d'un être humain en rhinocéros. Il ne voit plus rien d'extraordinaire au fait que M. Bœuf soit devenu rhinocéros :
« Après tout, les rhinocéros sont des créatures comme nous, qui ont le droit à la vie au même titre que nous ! », lui qui était pourtant cultivé et féru de littérature.
ACTE III
Au dernier acte, tout le monde devient rhinocéros. Bérenger est le seul à réagir humainement et à ne pas trouver cela normal. Il s'affole et se révolte contre la « rhinocérite ». Dudard minimise la chose puis devient rhinocéros car son devoir est « de suivre ses chefs et ses camarades, pour le meilleur et pour le pire » (camaraderie enseignée dans les jeunesses hitlériennes et communistes). Et Daisy refuse de sauver le monde pour finalement suivre les rhinocéros qu'elle trouve soudainement beaux. Néanmoins, après beaucoup d'hésitations, Bérenger décide de ne pas capituler : « Je suis le dernier homme, je le resterai jusqu'au bout ! Je ne capitule pas ! »
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artstaline-tpe · 8 years
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II - Le patriotisme
2) Un hymne fédérateur
L'Union indestructible des républiques libres
A été réunie pour toujours par la Grande Russie.
Que vive, fruit de la volonté des peuples,
L'unie, la puissante, Union Soviétique !
Sois glorieuse, notre libre Patrie,
Sûr rempart de l'amitié des peuples !
Étendard soviétique, étendard populaire,
Conduis-nous de victoire en victoire !
À travers les orages rayonnait le soleil de la liberté,
Et le grand Lénine a éclairé notre voie :
Staline nous a élevés — il nous a inspiré
la foi dans le peuple, l'effort et les exploits !
Notre armée est sortie renforcée des combats
Nous libérerons notre pays de ses vils envahisseurs !
Nos batailles décideront de l'avenir du peuple,
Nous couvrirons notre pays de gloire !
A) L'oeuvre
Auteurs :
          Sergueï Vladimirovitch Mikhalkov était un poète et écrivain russe et soviétique, membre de l’union des écrivains soviétiques, ayant vécu de 1913 à 2009. Bien qu’il soit célèbre pour avoir écrit les paroles de l’Hymne national de l’Union Soviétique, c’était aussi le scénariste de nombreux films et pièces de théâtre. Il a reçu de nombreuses récompenses et nominations artistiques mais aussi militaires.           Alexandre Vassilievitch Aleksandrov était un compositeur soviétique, né en 1883 à Plakhino en Russie, et mort en 1946 à Berlin lors d'une tournée des Chœurs de l’Armée rouge dont il fut le fondateur puis directeur pendant de nombreuses années. Ce rôle lui permit de gagner les faveurs de Staline. Le musicien composa aussi, en 1941, après l’attaque de l’Allemagne nazie contre l’Union soviétique, la musique du célèbre chant Sviachtchennaïa Voïna, « Guerre sacrée ». Un an après, Staline lui commanda un nouvel hymne pour remplacer l'Internationale.
Contexte :
Avec la révolution d'octobre 1917 et l'arrivée au pouvoir des bolcheviques, toutes les références au tsarisme ont été balayées. L'hymne tsariste « Dieu protège le tsar » est ainsi abrogé en 1918 et remplacé par l'Internationale, symbole des luttes sociales à travers le monde, dont les paroles ont été écrites par Eugène Pottier. Ce chant révolutionnaire restera l’hymne soviétique jusqu'en 1944, date à laquelle le nouvel hymne commandé par Staline deux ans plus tôt est officiellement adopté. Ce changement s’inscrit dans l’exaltation politique du régime et avait pour objectif de mobiliser les soviétiques, malmenés au cours des premiers mois du conflit sur leur territoire. Le vojd convoqua donc au Kremlin poètes et musiciens officiels. Après avoir rejeté 27 textes et plusieurs mélodies, il choisit une musique d’Alexandre Alexandrov, le fondateur des chœurs de l’Armée Rouge. Pour les paroles, il retint le poète Sergueï Mikhalkov. Après la mort de Staline, pendant la période de « déstalinisation », lorsque le pouvoir s’efforçait d’effacer des mémoires les excès du régime stalinien, son nom a été effacé du refrain où il était à l’origine.
Analyse technique :
Cette oeuvre est un hymne, c’est-à-dire un chant, un poème lyrique ou un discours qui célèbre quelque chose.
Cet hymne a été écrit pour être interprété par des chœurs, la mélodie étant puissante, ample, solennelle et les textes voués à la glorification du régime.
Analyse artistique et fait de propagande :
          L'hymne est composé de trois couplets séparés par un refrain, faisant tous l'éloge de l'URSS, de ses dirigeants, Lénine et Staline, et de son peuple guidé par le glorieux communisme. Le texte est construit dans un registre épique et un vocabulaire hyperbolique, relatif à l'héroïsme, la gloire, la liberté.
          Dans le premier couplet, l'unification des divers états de l'URSS par la Russie est rappelée sous un angle élogieux : il ne s'agit pas d'une domination ou d'une invasion mais de l'apport de la liberté et de la puissance, comme le suggèrent les adjectifs « indestructible », « grande » et « puissante ». De plus, l'idée selon laquelle il s'agit bien d'une « volonté des peuples » est explicite, et est soulignée par le terme « républiques libres ». La Russie, personnifiée et nommée “la Grande Russie”, est glorifiée et mise en valeur par rapport aux autres par l’utilisation d’épithètes élogieuses telles que “indestructible” ou “puissante”.
          Ces idées sont poursuivies dans le refrain. Le locuteur s’adresse directement à sa patrie, qu’il qualifie de “glorieuse” et de “sûr rempart de l’amitié des peuples”, les peuples étant une périphrase pour désigner les différentes nations sous l’autorité de l’Etat russe. On note un parallélisme au troisième vers de cette strophe, “étendard soviétique, étendard populaire” qui veut souligner que le régime soviétique est avant tout un régime communisme, socialiste et  qui se veut égalitaire et populaire.
          Le deuxième couplet est dédié aux dirigeants, à travers des images presque religieuses : la métaphore du soleil (communiste), de la liberté qui rayonne, les notions de lumière, d'élévation, de foi, d'exploits que l'on peut rapprocher de la notion de « héros du peuple », une des distinctions communistes, accordée par exemple à Stakhanov. Toutes ces idées bienfaitrices sont bien sûr dues aux grands Lénine et Staline.
          Le troisième couplet introduit un aspect plus guerrier, plus vif et cherche à galvaniser, à motiver les soviétiques autour de ce chant, après leur avoir rappelé leur passif commun et leur amour pour leur dirigeant. Les verbes au futur « libérerons » et « couvrirons de gloire » introduisent des objectifs louables : ceux de vaincre les « vils envahisseurs » que l'on devine être, ou les tsaristes, ou les fascistes, ou les capitalistes. Les deux derniers vers s'achèvent par « l'avenir du peuple » qui dépend de la victoire soviétique lors des batailles à venir et qu'il est implicitement question de défendre, et par « la gloire » qu'il est essentiel d'offrir à l'URSS.
B) Document(s) complémentaire(s)
https://www.youtube.com/watch?v=5hSTTPkp2x4
Marche des artilleurs de Staline
Paroles : Dans nos cœurs brûle l’amour pour la terre natale, Nous allons dans le combat mortel pour l’honneur de notre patrie. Les villes brûlent, recouvertes par la fumée. Dans les forêts tonne le sinistre dieu de la guerre. Chorus : Artilleurs ! Staline a donné l’ordre ! Artilleurs, la patrie nous appelle. Depuis les milliers de batteries Pour les larmes de nos mères, Pour notre patrie : Feu ! Feu ! Sache, ma mère patrie, sache, ma femme, mon amour, Sache ma maison, ma famille lointaine, Que notre tempête d’acier vainc l’ennemi, Que nous rapportons la victoire dans notre patrie ! Chorus : L’heure de notre victoire arrivera, la fin des marches arrivera, Mais avant que nous retournions dans nos chères maisons, En l’honneur de notre guide, en l’honneur de notre peuple, Nous ferons notre salut de la victoire.
Ce chant fut composé en 1943 et a rapidement rencontré le succès. Il évoque, comme la plupart des chants soviétiques, la dureté du combat, l’amour et le sacrifice pour son pays et l’obéissance totale à Staline. Les chants soviétiques ont tous pour but de galvaniser l’ardeur des combattants soviétiques mais aussi de célébrer la victoire du communisme sur ses ennemis ; tsaristes, nazis ou capitalistes.
C) Réalité historique
Tous ces chants patriotiques font référence à la Révolution russe. Celle-ci fait l’objet d’un véritable culte durant toute la durée du régime soviétique : c’est à la fois la naissance du régime, un modèle de bravoure à suivre pour tous les Soviétiques et le sacrifice des bolcheviques pour que les générations futures vivent « sous la lumière du communisme ».
Ils ont été popularisés sous le régime soviétique par les chorales de soldats, les enregistrements sur disque et les films de propagande. Ils sont repris de nos jours dans les films historiques et dans les tournées à succès des très célèbres Chœurs de l’Armée rouge.
Deuxièmement, est évoquée l'invasion des pays voisins de la Russie, en Europe et Asie centrales, des nations plus petites en termes de population et de superficie. Elle est racontée comme les rendant libres dans l'hymne, ce qui n'a pas été vécu de cette manière par ces nations privées d'indépendance. Un exemple est particulièrement frappant : celui de l'Ukraine.
La république socialiste soviétique d'Ukraine a été la seconde composante proclamée de l'URSS après la RSFS de Russie. Région très riche, au climat doux, elle a toujours fait l'objet d'une attention particulière de la part du Kremlin, comme en témoignent les tensions actuelles. Déjà dans les années 1920, Staline veille à la modération des aspirations nationalistes ukrainiennes : bien que l'enseignement et les publications en ukrainien soient autorisés, la pression stalinienne se fait particulièrement sentir dans tous les milieux de la vie quotidienne, éducation et culture comprises. En effet, un réveil national ukrainien menacerait l'unité de l'URSS, encourageant les prises d'indépendance des autres républiques. Toutefois, Staline en autocrate brutal, use de méthodes d'une grande violence pour maintenir la nation rebelle sous sa domination : quotas de déportation vers les camps du Goulag très élevés et assassinats stratégiques d'intellectuels et indépendantistes réels ou soupçonnés, comme lors des Grandes Purges de 1937 à 1938, mais aussi des famines organisées comme en 1933, fruit de la collectivisation des terres mais aussi de l'exportation massive des produits vers le reste de l'URSS, qui fera plus de huit millions de morts. 
Sur tout le territoire ukrainien agrandit, jusqu'en Ukraine occidentale, les massacres et déportations du régime stalinien sont si forts qu'une partie de la population ukrainienne accueillit la Wehrmacht en libératrice. Ce qui explique la coopération des locaux avec les nazis, notamment dans les pogroms.
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aventures-des4t · 7 years
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2 juillet Nous quittons Kharakorum après une nuit arrosée sans discontinuer par une pluie battante pour rejoindre le monastère Shankh Baruun Khuree, un des haut-lieux de transmission de l'enseignement bouddhiste qui a survécu par miracle aux purges staliniennes. On se plaît à dire que les lamas n'ont, depuis sa création en 1647, manqué aucun jour à leur prière, défiant parfois secrètement pendant plusieurs années, au péril de leur liberté, le contrôle et la sanction soviétique. Les préparatifs vont bon train, quand tout à coup résonne dans la cour extérieure du monastère le doux son de 2 cors en forme de coquillage joués par 2 jeunes moinillons dans leur costume traditionnel avec leur coiffe colorée, annonçant aux 45 résidents l'imminence de la prière. Moment authentique et magique de partage avec cette petite communauté de moines qui, loin du regard des touristes, pratique le bouddhisme dans le plus grand respect des traditions. Entre-temps le soleil a fait sa réapparition et très vite nous quittons l'asphalte pour une piste en terre qui sert de lieu de regroupement pour des troupeaux de chèvres, moutons ou yaks. Nous découvrons les vastes pâturages de la vallée de l'Orkhon sillonnée par une rivière au cours imprévisible et bordée de forêts de sapins clairsemés qui nous rappelle les paysages du Jura. Peu après nous être installés dans notre nouveau camp de yourte rudimentaire, sous une pluie hésitante, nous nous dirigeons vers une cascade au faible débit et poursuivons notre balade sur les rives de l'Orkhon. Pendant que les enfants s'immiscent dans la vie de la famille qui gère le camp le temps de partager un yaourt maison, nous tentons de saisir du regard ce qui caractérise l'authenticité et l'unicité du lieu et qui défile sous nos yeux émerveillés: nature bucolique et foisonnante de vie à la fois sauvage et pure, prairies sans propriétaire qui s'étendent à l'infini, paysage de puzzle aux mille pièces avec troupeaux de chèvres et moutons en perpétuel mouvement, chevaux pourchassés par leur propriétaire en moto, Mongols se déplaçant au galop pour accomplir leurs activités quotidiennes, etc.
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reseau-actu · 4 years
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Le Figaro a pu visiter exceptionnellement la datcha où le «Petit Père des peuples» a vécu durant dix-neuf ans. Il est mort le 5 mars 1953 dans des circonstances en partie mystérieuses, à la suite d’un repas avec les quatre principaux membres du Politburo, qui tous convoitaient sa succession, dont le redoutable Beria.
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À Moscou
Un portail où il faut montrer patte blanche, puis une route dans un petit bois touffu de bouleaux et de pins. Moscou et ses grands immeubles sont tout proches mais la frondaison épaisse protège la datcha de Kountsevo et ses lourds secrets. C’est ici, dans une large bâtisse à deux étages de couleur vert sombre que Joseph Staline a vécu durant dix-neuf ans. Le maître de l’URSS y est mort, le 5 mars 1953, cinq jours après un dernier dîner avec son cercle rapproché du Politburo à l’issue duquel il s’est trouvé mal. Cinq jours tandis que se déroulent, autour du tyran agonisant, les manigances des prétendants au pouvoir, partagés entre la paranoïa, la terreur et l’ambition.
«Rien n’a changé, tout est ici comme le jour de sa mort», nous assure celle qui veille avec ferveur sur ces lieux depuis vingt-neuf ans et ne veut être ni nommée ni photographiée. La datcha est placée sous la tutelle du FSO, le service d’élite assurant la protection de Vladimir Poutine. Dans le hall lambrissé, le cintre sur le portemanteau, à gauche de l’entrée, lui était réservé - personne d’autre ne se serait risqué à l’utiliser. Aux murs, des cartes de l’URSS et de l’Europe, annotées au crayon de sa main. «Il était passionné par les cartes», nous rappelle-t-on. Étrange atmosphère, à la fois feutrée et crépusculaire. Les lustres de cristal sont allumés, son couvert est mis dans la petite salle à manger, sa pièce préférée, le personnel de service est en chemise blanche - exactement comme si l’on attendait le retour imminent du «Maître», c’est ainsi qu’on l’appelait.
Au gré de ses humeurs
Staline a fait construire la datcha en 1933. L’année précédente, sa deuxième épouse, Nadejda Allilouïeva, s’est suicidée et il a vécu cet événement comme une trahison. Il veut prendre de la distance avec sa famille et déménager. Le généralissime aura eu au total à sa disposition douze datchas à travers le pays, toutes à peu près semblables. Mais il était surtout attaché à celle bâtie à Kountsevo par l’architecte Miron Mirjanov. La «datcha proche», comme on la surnomme, a l’avantage d’être à douze minutes en voiture du Kremlin, d’où il dirige l’URSS d’une main de fer. Staline fait aménager le parc de 28 hectares, planter des érables et installer des serres. Au début des années 1940, un deuxième étage est rajouté à la maison, pour accueillir les invités - Churchill et Mao y séjourneront. Le Géorgien, lui, demeure au rez-de-chaussée: sept pièces dans lesquelles il se déplace au gré de la lumière du jour et de ses humeurs, vivant et travaillant autour d’une table et d’un divan. «Quand il logeait dans une pièce, toute la vie s’y concentrait», raconte l’hôtesse anonyme. «Une moitié de la table était utilisée pour lui servir ses repas, l’autre moitié était destinée au travail», indique-t-elle. «Il lit quatre cents pages par jour», nous dit-on, qu’il annote au crayon, allongé sur un divan, avec à son chevet, une lampe en bakélite.
À lire aussi : L’exil sans fin des enfants nés au goulag
Le samedi 28 février 1953, en fin de journée, Staline a convié à dîner les membres de son «premier cercle». Ils arrivent à la datcha vers 23 heures. Le «Maître» vit et travaille la nuit et se lève tard. Ce soir, il a commandé du vin géorgien et du cognac. Autour de la table de la grande salle à manger, on trouve la «bande des Quatre». Ceux qui, auprès du dirigeant suprême, tiennent le pays: Lavrenti Beria, le redoutable chef de la police politique, qui rêve de succéder à Staline, Guéorgui Malenkov, surnommé «Mélanie», secrétaire du comité central, Nikolaï Boulganine, dit «le plombier», ministre de la Défense, et Nikita Khrouchtchev, l’Ukrainien qui finalement l’emportera sur ses rivaux.
La conversation tourne notamment autour du «complot» des blouses blanches, monté de toutes pièces par Staline pour accuser des médecins, presque tous juifs, de coup d’État. Le dirigeant attend des aveux qui tardent à venir. Il exige que l’on redouble de brutalité. «Préparez le procès (des médecins juifs, NDLR)», ordonne-t-il, ainsi que le rapportera Khrouchtchev. Les convives se séparent vers 4 heures du matin. Staline, âgé de 74 ans, souffre d’athérosclérose. Ces derniers mois, ses visiteurs le trouvaient fatigué et vieilli. Mais ce soir, apparemment en bonne forme, Staline raccompagne ses invités à leur voiture, éméché et d’excellente humeur. Ce sera son dernier dîner.
Après la mort du dictateur et la déstalinisation, le bâtiment deviendra un hôtel réservé au comité central du Parti. Svetlana Makeeva
Il regagne la petite salle à manger et demande à ne pas être dérangé. Staline déteste être dérangé ou surpris dans son travail. Entre la partie résidentielle de la datcha et l’aile réservée au service, il a fait construire un couloir légèrement en pente afin de pouvoir entendre de loin les pas du personnel. Sept gardes assurent sa garde rapprochée, sous le commandement de Mikhaïl Starostine et son adjoint Piot Lozgachev. Durant la guerre, la datcha était protégée par 300 hommes et des batteries antiaériennes. On nous confirme l’existence d’un bunker près de la maison.
À lire aussi :La métamorphose de Toula, vénérable cité russe choyée par le Kremlin
Le lendemain, 1er mars, Staline ne donne aucun signe de vie. Personne n’ose pénétrer dans la datcha. À 18 heures, une lampe qui s’allume rassure le personnel. Ce n’est qu’à 22 heures, que le garde Lozgatchev, déposant le courrier dans une pièce attenante, aperçoit le dirigeant gisant sur le sol de la petite salle à manger, en maillot de corps et bas de pyjama, semi-inconscient, incapable d’articuler une parole. Les gardes le transportent dans le grand salon, sur un canapé qu’il ne quittera plus. Recouvert d’un drap blanc, ce divan constitue le «clou» de la visite. Starostine et Lozgachev, désemparés, appellent les membres du Politburo qui débarquent à 3 heures du matin. Beria se penche sur lui : «Vous voyez bien qu’il dort, imbéciles!» Et tous repartent. Voyant la situation se dégrader, et craignant pour leur tête, les chefs des gardes rappellent un peu plus tard. Les médecins n’arriveront qu’à 7 heures du matin. Ils ne pourront que constater l’extrême gravité de son état provoqué par un accident cérébral.
Staline est resté treize heures sans soins, ce qui lui a sans doute été fatal. Pourquoi le médecin qui se trouvait pourtant à proximité de la datcha n’a-t-il pas été appelé? «J’ai posé la question à Starostine et il m’a simplement répondu: “Parce qu’il fallait faire comme cela”», raconte notre «guide». «C’est la terreur qui paralysa les potentats du Politburo et les empêcha de contacter les médecins et c’est cette même peur qui poussa les gardes du corps à le faire», écrit l’historien Simon Sebag Montefiore dans La Cour du tsar rouge (Éditions Perrin). Et il ajoute, «la décision de ne rien faire arrangeait tout le monde». Beria, l’âme damnée du régime, qui se savait menacé de purge, a en premier lieu intérêt à la disparition de Staline. C’est aussi le cas de son allié Malenkov. Pendant l’agonie, les tractations vont bon train entre les Quatre pour la répartition des postes. Staline rend son dernier souffle le 5 mars, à 21 h 50. Sa fille Svetlana a été appelée. Présent lui aussi, son fils, Vassili, saoul, hurle contre «les salauds qui n’ont rien fait pour sauver (s)on père…»
«Je vous ai sauvé la peau»
La thèse de l’empoisonnement n’a jamais été totalement écartée. Avec réticence, la gardienne des lieux finit par l’admettre devant nous, en baissant la voix. Un élixir mortel aurait-il pu être versé dans son vin ou son cognac? Des recherches ont accrédité cette possibilité. Le soupçon principal pèse sur Beria qui avait la haute main sur le «Bureau des poisons». «Je l’ai eu, je vous ai sauvé la peau», se serait-il vanté devant Molotov et Kaganovitch, eux aussi en délicatesse avec le «Vojd».
Les portes de la datcha ne s’entrouvrent que pour quelques visiteurs privilégiés. Le sésame, en l’occurrence, dont a aussi bénéficié France Télévisions, est venu d’une fondation franco-russe pour la recherche historique, présidée par un Français, Pierre Malinowski, et dont la vice-présidente, Elizaveta Peskova, n’est autre que la fille du porte-parole du Kremlin…
Staline était un produit de son époque.
Vladimir Poutine
Après la mort du dictateur, il a été question d’ouvrir un musée. Mais la déstalinisation et la lutte contre le culte de la personnalité promues par Khrouchtchev enterrent le projet. La datcha devient alors un hôtel réservé au comité central du Parti.
Pas une fois, les dizaines de millions de victimes de Staline - persécutions, massacres, goulag - ne sont évoquées durant la visite. Selon un sondage de l’institut Levada, en février dernier, 41 % des Russes de 18 à 24 ans ne savent rien, ou très peu, des répressions staliniennes. En revanche, toujours selon Levada, 70 % des Russes estiment que Staline a joué un «rôle positif» dans l’histoire du pays. Le discours du pouvoir est ambivalent. «Nous n’oublions pas les crimes commis par le régime contre son propre peuple et les horreurs des répressions de masse», concédait Poutine dans la revue américaine National Interest, en juin dernier.
» LIRE AUSSI - La défaite cachée de Staline face au nazisme
Mais, «Staline était un produit de son époque», dit aussi le président russe au réalisateur Oliver Stone qui l’interviewe, en 2017. «Vous pouvez le diaboliser, mais il ne faut pas oublier son rôle dans la victoire contre le nazisme (…). Et trop diaboliser revient à attaquer l’Union soviétique et la Russie», ajoutait Poutine. En octobre 1961, le cercueil de Staline a été sorti du mausolée dans lequel il reposait aux côtés de Lénine sur la place Rouge. Il a été enterré, en catimini, sous les murs du Kremlin. «Chaque fois que j’y vais, il y a toujours beaucoup de fleurs», relève celle qui veille sur la dernière datcha du «Tsar rouge».
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78682homes · 6 years
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Russie: décès de Marlen Khoutsiev, père de la Nouvelle Vague soviétique 78682 homes
http://www.78682homes.com/russie-deces-de-marlen-khoutsiev-pere-de-la-nouvelle-vague-sovietique
Russie: décès de Marlen Khoutsiev, père de la Nouvelle Vague soviétique
Marlen Khoutsiev, auteur de films cultes dans les années 1960 et père de la Nouvelle Vague soviétique, est décédé à Moscou à l’âge de 93 ans, a annoncé mardi l’Union des cinéastes de Russie. »Il a vécu une vie pleine de drame et de joie », a déclaré à l’AFP la porte-parole de l’Union, Tatiana Nemtchinskaïa.Né en 1925 en Géorgie soviétique, d’un père bolchevik plus tard tué lors des purges staliniennes et d’une mère aristocrate, Marlen (acronyme de Marx et Lénine) a…
homms2013
#Informationsanté
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reseau-actu · 6 years
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Sur Twitter, revendiquons le droit à l'oubli.
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Tout à l’heure, j’ai effacé mes tweets, sauf un. Je n’ai pas eu le cœur, parce qu’il était illuminé de photographies de Fred Rister, dont le destin et les textes me bouleversent, et que j’avais été heureux de citer dans ma revue de presse, lundi matin: je ne me sentais pas de l’enlever. J’ai découvert cet homme, qui fut coiffeur et est devenu DJ et maître musicien, compositeur et ami de David Guetta, par ses mots et non sa musique, quand il racontait sa vie de Ch'ti saisi si jeune par les cancers, et qui après trente ans de lutte ne se soigne plus et attend la bête; j’avais lu Rister notamment dans la Vie, où il parlait du Christ qui le soutenait et d’une musique divine, et le découvrant heureux dans la Voix du Nord, invité par la mairie de Dunkerque à lancer des harengs à la foule déguisée du carnaval, le voyant beau et le geste large et disant qu’il se souviendrait de cette fête dans ses voyages, je racontai la scène et ce que savais de lui, pour celles et ceux qui nous écoutent sur France Inter, et postai ensuite sur Twitter cette évocation d’un homme, me disant qu’à l’arrivée, vous seriez quelques-unes et quelques-uns à le découvrir, peut-être, et ce serait bien. C’est ce tweet que j’ai épargné, ce matin, quand j’ai effacé tous les autres.
(Ce texte que j’entame suffira à mon bonheur si vous le laissez ici, et allez lire la Vie et d’autres articles qui parlent de Rister, et aussi son livre et pour lui plaire écouter sa musique, encore que l’électro-pop ne me parle guère, mais peut-être à vous?
Peut-être aussi bien allez vous rester, ou bien êtes-vous revenue, revenu, après avoir lu Rister, pour que je vous raconte un peu plus loin mon histoire de tweets? Peut-être avez vous compris, sans doute le saviez-vous déjà, qu’il faut du temps pour être guidé vers une émotion, et du temps pour que des mots soutiennent un monde, une idée, la beauté d’un homme, et Twitter est trop court de mots et de temps pour dépasser l’éphémère et la seule suggestion –mais alors, pourquoi ne pas tout effacer, ou bien tout laisser, pour ce que ça change? Pour soi-même, dirais-je, pour en avoir le droit.)
À LIRE AUSSI Twitter n'est plus simplement un exutoire, il est devenu un espace hors civilisation
Les écrits restent, même en 140 signes
J’efface tous mes tweets à intervalles irréguliers, d’un bloc, et le tweet sur Rister n’est qu’en sursis, comme lui ou moi, nous tous, à notre injustice. Pourquoi, quand les femmes et les hommes disparaissent, leurs écrits seraient immuns? Et pourquoi, singulièrement, ces écrits de quelques mots?
J’ai toujours effacé des tweets, qui relus me semblaient laids, ou faux, ou vains, ou ambigus, incongrus, embarrassants, grimaçants, confus, dépassés, démodés, que sais-je?
J’ai toujours effacé des tweets, qui relus me semblaient laids, ou faux, ou vains, ou ambigus, incongrus, embarrassants, grimaçants, confus, dépassés, désuets, démodés, que sais-je? Je les effaçais trois minutes après les avoir conçus, ou plus tard, d’un hasard gêné. J’ai systématisé la pratique, par principe et soulagement, quand trop d’inquisitions se sont levées sur les réseaux sociaux, qui plongent dans les pépiements passés de celles et ceux que l’on veut abattre, et on les abat aussi bien.
«Qu’on me donne six lignes écrites de la main du plus honnête homme, j’y trouverai de quoi le faire pendre», aurait dit Richelieu (plus vraisemblablement Laubardemont, un juge à sa solde). Qu’on me donne 140 signes… Il y eut Meklat, et il y eut Mennel, il y eut les liguards du LOL, il y eut nos scandales, il y aura, et à un moment cette litanie m’écœure, en dépit des intentions parfois pures ou des causes souvent justes que l’exploration soutient.
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Purges staliniennes et éternel présent
La vertu publique n’est pas une archéologie. On ne combat pas le mal avec les méthodes de la Stasi, en cherchant pour preuves des mots mal enterrés, dans des délits de verbe, délits de pensée, délits de salive, délits de clic. Tout ceci sent trop les procès de Moscou, les Babouchkas obscènes qui dans les appartements communautaires soviétiques reniflaient la dissidence dans la mauvaise humeur d’une ménagère fourbue d’avoir en vain fait la queue pour un rare saucisson. Tout ceci exhale le petit chef, le commérage du village méchant, la laideur qu’on ressent dans un film de Clouzot appelé le corbeau…
J’entends bien qu’il fallait purger le journalisme de ses fieffés harceleurs, et qu’un insulteur en série devait trouver son châtiment social. Mais pour autant il y avait autre chose dans ces affaires, une jouissance qui n’était pas la justice: la célébration d’une toute-puissance née des algorithmes qui nous disait que l’oubli n’existait pas, qu’il n’y aurait désormais aucune prescription, aucune échappatoire, que tout ce qui un jour avait été dit, écrit, vivrait sans trêve, et jamais le web ne nous laisserait en repos: nous, pas seulement les méchants…
J’effaçai mes tweets, en deux ou trois fois. Je m’en sentis soulagé, comme rasé de frais, sortant de chez le coiffeur.
J’effaçai mes tweets, en deux ou trois fois. Je m’en sentis soulagé, comme rasé de frais, sortant de chez le coiffeur (est-ce, docteur Freud, qu’inconsciemment je pense mériter la tonte que les foules résistantes infligent aux coupables?) Je ne me sentais coupable de rien, sinon d’être de ce monde, Twitter, où l’on construisait des blagues et d’humeurs poussiéreuses des statues du Commandeur, des yeux qui vrillent Caïn, des éternités accusatrices convoquées en happening pour distraire le web d’une commode vertu. Je n’en voulais pas. Je pratiquais Twitter, j’utilisais cet outil, à plus ou moins bon escient, pour m’informer ou diffuser mon travail, parfois aussi, trop souvent, pour réagir d’un trait, d’une blague, d’un poème, d’une colère, d’une injure aussi? Je pratiquais Twitter, mais je ne voulais pas en être. Ne voulais plus? Tout effacer donc, pour acter que c’était possible. Tout effacer pour ne pas me plier à cette règle venue d’on ne sait où, qu’il faudrait justement ne jamais retrancher, pour récuser la loi du présent éternel, internel.
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L'exhumateur de Twitter
Il y a un peu plus d’un an (je n’avais pas encore systématisé mes effacements), j’ai découvert un compte Twitter, qui narguait mes refus en signalant, ironique, que @askolovitchc avait effacé tel tweet, tel post. J’en fus étonné, quelle importance avais-je, puis agacé. Si je voulais enlever de Twitter une parole que je n’aimais plus, de quel droit ce «Fallait pas supprimer», @FallaitPasSuppr, grinçait à mon passage? La première fois, le compte encore inconnu ranimait un échange que j’avais effacé car il n’avait pas grand sens, avec des médecins, à propos des théories du professeur Belpomme sur la nocivité des ondes magnétiques, que ces médecins jugeaient fantasmatiques, mais le journal l’Alsace avait évoquées, journal que j’avais cité dans la revue de presse.
«J'aime beaucoup @askolovitchC mais lui supprime…», disait Monsieur @FallaitPasSuppr, visiblement mu d’un principe sacré.
Au fil des mois et de mes suppressions têtues, il cessa de m’aimer. On peut, d’une recherche, vérifier sa montée en agacement. Il ressuscite ce que j’ôte, me punit et me juge et m'expose, se fatiguera-t-il.
J’ai retrouvé, ce faisant, quelques souvenirs de mes promenades twitteuses, parfois piteuses, parfois drôles. C’est comme le musée incomplet d’une part sans consistance de moi-même. Il ne m’est pas si désagréable que soient préservés deux petits poèmes, méchants, composés contre un journaliste d’extrême droite et contre les paniqués du «parents 1-parents 2» mais, au fond, quelle importance? et quel plaisir y trouve-t-il?
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M'entends-tu, vengeur masqué?
Aujourd’hui, @FallaitPasSuppr m’a bloqué (je l’ai bloqué aussi, j’espère en premier). Je me sens, du coup, déphasé: car mon collant est entretemps devenu célèbre et célébré, un vigilant de Twitter, un vengeur, le vengeur masqué, un Jiminy Cricket, un lanceur d’alerte, gardien de vérité! Lui se dit «archiviste, observateur vigilant qui suit l'action de certains personnages publics».
Le Monde d’abord, ce qui m’attriste, d’autres media ensuite, s’inclinent devant le mouchard, dont la dureté les émoustille: il est une autorité. On cite avec révérence son intuition primaire, que les tweets effacés en disent plus que les paroles maintenues, «je pense que l'on peut trouver plus d'informations dans un seul tweet supprimé que dans mille autres», et qu’un espace public, Twitter, ne saurait tolérer le retrait. On explique que par sa vigilance, on respire mieux en France, puisqu’il a exposé un cadre de Nocibé qui avait commis des insultes racistes à l’encontre de l’humoriste-activiste Yassine Belattar, et a révélé les tweets racistes d’une jeune femme, qui conséquemment n’a pas été prise sur les listes européennes de Dupont-Aignan. Mince d’exploit?
Je jure que je m’en fous. Qu’une fachotte culturelle n’intègre pas une liste d’extrême droite, tenue par un homme qui publiquement dévoie son gaullisme, ne change rien à l’histoire. Qu’un braillard raciste soit lynché sur le web, quand tant d’autres grognent en paix, ne diminue en rien la tension de ce pays. Les victoires du vengeur masqué sont un leurre et du parasitage. Elles ne révèlent rien qu’on ne savait déjà, que Belattar exacerbe des cons, que Dupont-Aignan attire les extrémistes. En échange de ces banalités, on valide –Le Monde, notre point fixe!– un compte Twitter anonyme, ricaneur, délateur au hasard de ses pulsions, mais délateur de rien, qui ranime les brasiers de Twitter, comme si ce réseau n’était pas suffisamment infernal. M’entends-tu, vengeur masqué?
M’entends-tu?
Cafteur cafetière rapporte-paquet rapporteur délateur balance dénonciateur poucave délateur donneur corbeau, non-existant parasite d’un univers d’éphémère, dont tu reflètes exactement les péchés! Je ne te parle même pas. Tu m’as bloqué.
Cafteur. Oh le cafteur!
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Twitter, la grande illusion
Ces injures posées venues du CE2, il faudrait pouvoir débattre avec @FallaitPasSuppr et ceux qui le suivent, qui croient en son modèle, et leur dire à quel point ils se trompent. Il n’est pas de vérité cachée supérieure à ce que l’on affirme. Les racistes sont racistes sans fard, Dupont-Aignan diffuse des fake news au grand jour, le cadre de chez Nocibé aurait craqué un jour devant un collègue, ou si ça se trouve a tweeté ivre, et s’en est ensuite désolé, que sais-je? Ton paradigme est faux, archiviste, et tes archives biaisées. Ce n’est pas dans l’enfer des textes que l’on sait ce que pensent les hommes, mais dans ce qu’ils maintiennent, et réaffirment, et théorisent, et revendiquent, et prolongent. Un tweet effacé n’est pas une pensée. Ce n’est qu’un tweet. Un gazouillis parti dans la nuit.
Tu te trompes, archiviste, tu es comme l’époque, et tu t’illusionnes de Twitter.
Tu te trompes, archiviste, tu es comme l’époque, et tu t’illusionnes de Twitter. Si nous débattons, en aurais-tu seulement envie, ce ne peut être qu’ici dans le monde des textes, et possiblement sans témoin, mais jamais là-bas dans ton royaume de signes comptés. Ce réseau n’est pas socratique, ni hegelien. On n’y construit ni dialectique, ni pensée commune, et il ne sert à rien de le sanctuariser. On n’y pense pas: on y réagit, sans réfléchir souvent, d’instinct et de colère, de bon sens aussi, d’outrage, de «ça se fait pas»; on s’y affirme dans l’outrance contre d’autres affirmés, outranciers, et les outrances se réconfortent alors, et se partagent la cacophonie. Se dérober, alors, est un regret des échanges modérés.
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Des archives qui ne conservent que du vent
J’ai été, je reste, prisonnier de Twitter, et de ce que j’y trouve, et de ce que j’en fait. Ce n’est qu’en cet endroit que la bêtise m’agresse, brute: pas la contradiction, pas le débat, pas la vérité d’une société, mais la bêtise des idéologues à la petite semaine que j’évite usuellement, tant ils ne produisent rien, que leurs banalités hostiles. On les reconnaîtra? D’un tweet me vient une tribune signée de la bande des laïcards printaniers et républicains, qui veulent une journée internationale des femmes universaliste, donc sans femmes voilées, leur marotte
D’un tweet je leur réponds, et d’un réflexe je réalise que ceci est absurde, que ce réflexe d’une phrase ne résout rien, ne sera que le ralliement symétriques d’autres énervés que je ne connais pas: alors je l’efface aussitôt; alors, aussi vite, il réapparait sur le compte de mon archiviste: qu’a-t-il prouvé?
Ce que je peux penser des dilemmes de la laïcité, de la question musulmane en France, des intégristes d’un Laurent Bouvet comme des islamistes ramadaniens, je l’ai écrit, maintes fois, dans un livre, des textes, ici sur Slate, des essais longs, bons ou pas, complexes j’essaie, nuancés. Ces textes respirent dans leur longueur. Ces textes sont disponibles. Je ne cache rien, mais j’explique. Je prends mon temps pour essayer. Un tweet n’est pas un essai. Il est un réflexe. Le réflexe n’est pas toujours opportun. Il ne sert à rien. L’effaçant, je n’ai enlevé aucune vérité au monde, au contraire; je lui ai épargné une querelle confuse, de plus, de trop.
Ce que je tweete, je le ressens, d’un moment, et les moments s’en vont. Je respecte les textes et j’affectionne les ressentis. Je ne les confonds pas.
Je ne suis pas sage. À peine un tweet effacé, je risque d’en écrire un autre, qui ne vaudra pas mieux, que j’effacerai à son tour. Mon tweet serait un lapsus, je lui pardonnerais? Mais il ne révèle rien de ma vie; il la chipe et chipote et réduit. J’en suis le seul responsable, et me rachète en effaçant.
Comprends-tu, l’archiviste, que tes archives ne conservent que du vent?
Ce que je pense, je l’écris, là où depuis toujours les hommes écrivent, de livres et de journaux. Ce que je tweete, je le ressens, d’un moment, et les moments s’en vont. Je respecte les textes et j’affectionne les ressentis. Je ne les confonds pas. Et je ne suis pas, nul n’est la somme et l’étalement de ses ressentis, de ses colères, de ses crises de nerfs et de ses gloussements et de ses blagues aléatoires et traduites en quelques coups de pouce sur un écran de smartphone, jetées à l’encan de la toile, flottant sur internet, mais tel le plastique à l’océan, ne se diluant pas?
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«L'humour est une éclipse de la conscience»
Je ne suis pas mes tweets. Un haut-le-cœur mental d’octobre 2011 n’a pas à me taper sur l’épaule, huit ans après, comme un enfant abandonné. Il ne m’est rien, fut-il sorti de moi. Il était, à peine conçu, un oubli. Freud l’a dit avant moi, et mieux, que l’humour est une éclipse de la conscience. Twitter est le lieu de la blague. Le LOL forcément devait s’en emparer. J’en pleurerais.
J’effaçais mes tweets un peu au hasard. J’ai choisi de le faire systématiquement pour proclamer ceci: que je suis, sur Twitter sans passé, simplement au présent, dans l’instant, et cet instant ne pourra jamais se prolonger.
J’effaçais mes tweets un peu au hasard. J’ai choisi de le faire systématiquement pour proclamer ceci: que je suis, sur Twitter sans passé, simplement au présent, dans l’instant, et cet instant ne pourra jamais se prolonger. Twitter n’est qu’une suite de maintenant. Il n’a pas, d’histoire ni de mémoire. Je l’efface et il renait. À cette condition, je peux m’y oublier. Mais même sans me perdre, je devrais effacer. J’essaye aussi d’être sur Twitter sans céder à ses monstres. Je m’astreins à neutraliser son espace. Je l’utilise pour poster des extraits de ma revue de presse, ou faire savoir qu’un texte existe, quand je publie sur Slate ou sur Vanity Fair. Ces tweets-là se relient à un monde concret, et j’espère sensé. Mais ils ne sont pas immuns du lieu où je les installent, et subissent, parfois, lazzis et incompréhensions twitteuses. Qu’importe. Ils partiront, comme les autres, comme les affiches des dos de kiosque annonçant un périodique sont finalement décollées. J’effacerai encore, il ne restera rien.
Ou plutôt une bêtise: j’en ai honte parfois.
Quand je nettoie mon compte d’une application purificatrice, quelques vieux tweets résistent à l’effacement et, pour un observateur distrait, semblent frais postés. On voit ainsi qu’en décembre 2011, je retweetai Nadine Morano, à fins, pardon, de moquerie, tant ses messages de fin d’années me paraissaient étranges. Quel prétentieux, et quel malentendu. Comment dire aujourd’hui ce qui m’animait il y a presque huit ans? Madame Morano m’a bloqué, et je ne peux pas agir sur ses vieux mots, qui semblent les miens. Je prends ceci comme un châtiment ridicule et bienvenu. Ces jours-ci, ce n’est pas Morano qui apparait sur ma timeline, mais un homme et une femme et des mots dont je suis fier. Sans doute est-ce pour cela que je n’ai pas enlevé mon tweet sur Fred Rister, et ai-je retweeté l’annonce d’une conférence que ma maman va donner à des jeunes gens sur sa déportation: sa photo, petite fille, m’émeut aux larmes, l’aimerez-vous? J’effacerai pourtant, bientôt, ces deux jolis messages. L’archiviste, peut-être, dans sa passion maniaque, les invitera en mon musée.
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