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reseau-actu · 7 years ago
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Plutôt nationaliste et conservatrice, la diaspora turque en France penche largement pour Recep Tayyip Erdogan. A l’exception notable des Kurdes.
Hatice, 39 ans et longue chevelure blonde, a fait la queue pour voter au consulat de Turquie à Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine). Arrivée à l’âge de quatre ans en France, la jeune femme arbore fièrement un t-shirt floqué « Istanbul ». Pas de doute pour elle, Erdogan est bien le meilleur choix pour l’avenir de son pays de naissance.
« Depuis que je suis petite, je vais en Turquie tous les ans, et j’ai pu voir un vrai changement après son arrivée. Il a amélioré le niveau de vie des Turcs, et a autorisé le port du voile, qui était interdit avant. C’était un problème : les femmes voilées ne pouvaient pas faire d’études longues. » A quelques mètres d’elle, Emre*, moustache blanche et cheveux gris ras, est catégorique : « Celui qui n’aime pas Erdogan n’aime pas son propre père ! ».
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Comme beaucoup d’autres Turcs de France, Hatice juge « injuste » la une de l’hebdomadaire Le Point qualifiant, fin mai, Erdogan de dictateur. Souleymane, étudiant en physique-chimie de 20 ans, soutient qu’il n’y a en Turquie aucun problème de liberté d’expression. Quant aux Kurdes, l’étudiant considère qu’ils devraient être plus reconnaissants envers le numéro un turc : « Pourquoi sont-ils anti-Erdogan après tout ce qu’il a fait pour eux ? Grâce à lui, les tensions sont apaisées, ils peuvent parler leur langue, ils ont des écoles et des droits. »
LEs Kurdes considèrent qu’Erdogan les a trahis
Dans la diaspora en général, les avis sont parfois plus mélangés. Melik*, 24 ans, né en France de parents turcs traditionnels, n’a pas demandé la double nationalité. « Quand je vais à Istanbul, c’est beau, c’est calme. Et laïc… J’aimerais que ça reste comme ça. » Mais il n’en est pas si sûr… « Mes parents votent Erdogan – forcément, ils sont musulmans très pratiquants. Mais moi, j’ai peur que le pays s’islamise trop, que le port du voile finisse par être imposé partout. »
A l’autre bout de Paris, Azade* et son mari Bazo* tiennent un kebab. Autour d’une table où le thé est servi, ils évoquent avec inquiétude les élections avec deux amis. Ils sont tous Kurdes, et ne voteront pas pour Erdogan : ils considèrent qu’il les a trahis. « Il a aidé les Kurdes quand il est arrivé. Mais le vent a tourné. Aujourd’hui, nos droits régressent. On ressent des pressions quand on parle notre langue, il rase nos villages en prétendant lutter contre le terrorisme, il emprisonne à tout-va… » C’est d’ailleurs depuis la prison que leur candidat, Selahattin Dermitas, leader du HDP (le parti démocratique des peuples, pro-kurde), fait campagne. « Erdogan l’accuse de lien avec le terrorisme. Dès que quelqu’un lui pose problème, c’est ce qu’il dit. Le putsch de 2015 lui a bien servi, il s’en sert comme excuse pour asphyxier toute opposition. »
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Bazo ne se fait pas d’illusions, et dénonce les conditions du scrutin : « Il a déplacé les urnes loin des petites villes, où les Kurdes votent, et accuse le HDP de terrorisme pour que personne ne s’y allie. Ce n’est pas un combat à armes égales. Mais j’espère qu’on pourra au moins le déstabiliser. » Azade craint pour la démocratie. « Erdogan a joué au démocrate devant l’UE pour avoir les fonds nécessaires pour relancer l’économie du pays. Aujourd’hui, il n’en a plus besoin, d’autant qu’il exerce un chantage avec les réfugiés syriens. Un jour, il a dit :’La démocratie n’est qu’un train. Arrivés à destination, vous descendez.’ Alors l’avenir avec lui, on le connaît. »
*Les prénoms ont été modifiés
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