#payer à rien glander
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Lohorie Valendrin [ep.02]
[Fantasy]
La nuit tombe.
Je m’arrête au bord d’un sentier. Mes jambes supportent toujours mieux les heures de marche après un combat, d’habitude. Là, c’est comme si je vieillissais. Le vent frais chatouille mes os. Il me faut du petit bois.
Je m’appelle Lohorie Valendrin. J’ai plus d’une vingtaine d’hivers, dont cinq passés chez les patrouilleurs. Je suis très instruite, et habile au combat, pour une fille née dans un lupanar.
Ma mère m’a toujours dit et répété que le monde me ferait payer chaque action, bonne ou mauvaise, de la pire des façons. Parce que j’étais spéciale.
Elle avait en même temps la naïveté, ou l’hypocrisie, de prétendre que ces épreuves seraient une chance, et qu’elles me grandiraient. Pour la chance, j’aurais tout aussi bien pu naître homme.
Quand je parle de ma mère, je ne parle pas de celle qui m’a mise au monde et qui est morte en le faisant, mais de la maquerelle qui a fait de ma survie son cheval de bataille, pour une raison que j’ai pu que soupçonner au fil du temps. Les enfants qui tuent leur génitrice à la naissance, chez moi, on les appelle Agrippa ou Agrippine, en fonction de ce qu’on voit entre leurs jambes. Chez les putes, les coutumes sont différentes. On les appelle un peu comme on veut.
Il se trouve que Lohorie fait référence à une nymphe dans une légende des Syphorides. Elle aurait rassemblé sous un noyer les dépouilles de deux amants maudits, avant de les ramener à la vie par le pouvoir de leur amour. La fin est plus réaliste : parce que la nymphe a osé invoquer une magie impie sans l’autorisation des puissances supérieures, la région est maudite et une peste décime tout le monde. Tout ça pour deux jouvenceaux qui aimaient trop le sexe. Je crois que le message que ma mère voulait transmettre par ce baptême devait ressembler à “Ma fille, je sais pas ce qu’on va foutre de toi, mais une chose est sûre : toute ta vie tu causeras des désastres en croyant faire le bien”.
Ou peut-être qu’elle aimait juste bien la consonance.
Ma mère était assez instruite. Elle avait un client régulier, et de la haute. Le genre prêt à allonger neuf sols d’or pour une nuit à parler de philosophie entre deux étreintes pas folichonnes et plutôt courtes. Et neuf sols d’or, à l’époque, ça pesait au moins cinq écus de maintenant. En général je restais derrière la cloison, dans l’alcôve où je dormais, pour écouter leurs discussions, et je méditais dessus pendant les brefs et rares moments où les choses se corsaient. De temps en temps, c’est pendant, qu’il lui parlait de l’éclectisme de Coryathoras ou du système de Wilhelm Gszeiger opposant les vertus conséquentes aux vertus formelles. J’ai appris à quatre ans des mots que même les nobliaux n’acquièrent qu’à leur florescence. Et des euphémismes, aussi, beaucoup d’euphémismes. Il appelait toujours ma mère sa “vérité du cœur''. En gros il était marié.
Les curetons, les jeunes premiers, les couples racornis et les tristes époux que j’ai connus par la suite n’avaient pas la faconde de cet éminent professeur, mais à leur manière, ils m’ont tous appris de petites choses.
Elle ne m’a jamais dit qui étaient ses parents à elle. Vu ce qu’elle m’a appris d’autre, on pourrait croire ça étrange. J’ai gardé de ma mère deux enseignements majeurs, deux maximes qui m’ont profité par la suite, plus qu’elles ne m’ont nui : ne deviens quelqu’un d’autre que si on te paie très cher, et apprends à tuer avant d’être tuée.
Elle savait, elle, que quand on est une femme, on est d’abord une marchandise, et seulement à défaut, une menace. C’était sa façon à elle de me dire d’être moi-même. Ou de devenir une menace.
La chaleur du feu grésille sous le vent. Ma couverture réchauffe ce qui peut l’être, mes doigts insensibles remuent tant bien que mal, dans le creux de ma poitrine. Toute repliée, je m’éveille, alors que le ciel bleuit pour une autre journée.
Je vérifie que le médaillon en triangle est toujours dans ma poche, je me lance sur la route et je prie vaguement pour que le destin m’envoie un cheval pour remplacer celui noyé en mer avant mon arrivée. Je ne sais même plus ce que je prie, à force. Si Dieu existe, c’est un alchimiste à la retraite qui a bidouillé notre cosmos par erreur avant de laisser la mixture moisir sur sa commode.
Le bateau n’est pas loin, à quelques encablures à travers le maquis, si les indications des paysans sont bonnes.
La forteresse de Karwn-Tibba m’apparaît comme dans une fantaisie où ressusciterait l’ancien temps. Je suis trop jeune pour l’avoir connu, mais c’est à ça que devait ressembler le monde des seigneurs, de la courtoisie et des messes noires. La pierre des quatre tours qui encadrent le donjon exhalent une nuée d’oiseaux sur le ciel blanc, comme le souffle vaporeux que le froid trahit devant ma bouche.
Il surplombe un archipel de petits bosquets perçant la lande comme les touffes d’un chat galeux. Les brumes du matin sont tenaces. Les créneaux du bastion flottent au-dessus, dans le contrejour aveuglant.
Les cris des mouettes me parviennent. J’atteins le promontoire rocheux où la grande Roue de pierre à six branches est sculptée face à la pâleur levante, et j’observe au sud les ruines de la crique où le sloop est amarré. Il y a une véritable ville derrière cette grosse colline castrale, à l’est mais mon contact a décidé de m’attendre ici, à l’écart. Plutôt les vestiges d’une abbaye maudite que l’indiscrétion des quais marchands. Je dégringole tant bien que mal le chemin pierreux. Huit des dix matelots sont là, à glander sous le clocher effondré. Je les surprends avec ma voix.
Regardez-moi ces grands garçons ! Même pas peur des banshees ou des vampires ?
Alors que je m’apprête à excuser mon retard, je m’interromps et me fige, la main sur le fer de ma hache. Quelque chose ne va pas. L’un d’eux s’est levé, l’arbalète à la main, dont le crin est tendu, et qu’il pointe sur moi.
Lohorie ! Tu nous as foutu les jetons !
Ferme la et vise, le reprend le vieux Bænor. Toi, bouge pas !
J’incline la tête, l’air vaguement surpris. Mon cœur s’emballe et mes bras se tendent.
Là, les gars, c’est vous qui me foutez les jetons.
Ouais, à juste titre ! vocifère Bænor entre ses quelques dents.
Où est le chef ? Le Commandeur nous attend.
Il n’est pas en état de parler, le chef.
Bon, ça, ça vous regarde. Tant que vous m’amenez au Commandeur, je suis conciliante.
Ta gueule ! Ferme ta gueule, bordel. Ta hache ! Jette la vers moi doucement. Voilà… Et vire ta main de ta ceinture. Tes deux mains ! En l’air, que je les voie bien.
Il s’approche de moi lentement, sur le côté, laissant la mire dégagée à la jeune recrue en veste de laine noire. Puis, à une distance idéale pour que je sente son haleine de poisson, il me détaille de haut en bas.
On sait que le Commandeur t’a envoyée récupérer quelque chose de cher. Voilà l’idée : tu lâches ça à tes pieds, tu tournes les talons et tu survis. Et ton épée ? Jolie. T’as trouvé ça où ?
Sur un type qui n’en a plus besoin.
Tu comptais t’en servir ?
Faut être con pour prévoir de se servir d’une épée et la porter dans le dos.
Bah tu vas pouvoir nous la laisser aussi, alors.
Ne sois pas trop gourmand, Bænor. L’épée est à toi si tu veux, mais mon boulot doit être payé. Laisse moi trois des gars pour m’emmener jusqu’à ma paie, et je trouverai bien une histoire pour vous sauver le cul. Vous ne gagnerez rien sinon, crois-moi.
Il ricane, considère un instant ma proposition et parcourt mon faciès à la recherche de signes de trouille. Il les voit forcément. J’ai toujours été mauvaise en bluff. C’est déjà un miracle que la sorcière de la forêt se soit laissée avoir.
Je vais prendre les deux, ma p’tite Lohorie. Pas de geste brusque ou le gamin t’aligne. Pas vrai gamin ?
Le gosse acquiesce mollement.
Finnean… dis-je la voix tremblante alors que le vieux dégage la sangle autour de mes épaules pour s’emparer de l’épée du Chevalier-Intendant.
Tais-toi, Lohorie ! On te laisse la vie, c’est pas si mal, d’accord ?
C’est comme ça que tu me remercies d’avoir écouté tes pleurnicheries ? Ta fiancée te manque, mais je suis assez certaine que si elle te voyait maintenant, à suivre ce tas de merde en trahissant une amie…
Et la relique ? s’impatiente le vieux après avoir jeté l’épée dans l’herbe.
Quelle relique ?
Le truc que tu dois ramener au Commandeur.
T’en sais quoi, que je dois lui ramener un truc ?
Le chef l’a dit. Très exactement il a dit que le Commandeur voudrait voir ce que tu as trouvé
T’as pas pensé, génie, que ça pourrait être quelque chose d’abstrait ?
Comment ça ?
Mon boulot, c’était une information, que je vais lui rapporter. Un truc bien planqué dans ma tête. Un truc qu’on ne peut pas revendre à un receleur. Un truc qu’on ne peut physiquement pas toucher, et dont seul le Commandeur voit l’utilité. Un peu comme toi.
Sans lui laisser le temps d’y réfléchir, je brise son nez d’un coup frontal, broie son genou avec le talon et entends claquer la corde raide de l’arbalète. Le projectile éclate contre le chemin, derrière moi, me manquant assez largement.
J’attrape l’épée au sol après une roulade précipitée. Sans même extraire la lame, je frappe du pommeau la tempe du vieux tordu en deux, qui s’effondre sans mot. Les sept gaillards me font face, le gamin lâche son arbalète détendue et se fige.
Je… J’ai fait exprès de viser à côté, Lohorie !
Voilà ce qu’on va faire, camarades ! On oublie cet incident, j’en parle pas au Commandeur, et vous me faites pas chier jusqu’à la fin du boulot. Finnean, ta prochaine erreur sera la dernière. Compris ?
Je… Je suis désolé, Lohorie, tu sais, il nous a pas laissé…
C’est bon Finnean, conclus-je en faisant basculer le corps inerte d’un coup de botte. Aide moi à ligoter ce connard à un pilier. Les autres, préparez le sloop, on met les voiles !
Un peu plus tard, alors qu’un rais de lumière transperce les nuages dans une éclaircie dorée, Bænor s’éveille avec un mal de crâne, fermement ficelé. Je m’accroupis devant lui et finis de mâchonner un pain de seigle avant de lui sourire.
Dieu, ce que j’avais faim ! Tu vois cette abbaye, Bænor ? J’ai étudié auprès des savants du Sud. Je connais les fantômes. Y’a bel et bien une banshee, ici. Mais je vais te dire un secret : elles ne sortent qu’une heure après le crépuscule, ce qui te laisse à peu près… Six heures. Secoue la tête si tu préfères mourir maintenant.
Il respire lourdement. Ses yeux roulent frénétiquement, dissociés et globuleux. Il s’évanouit de nouveau. Je soupire, me lève et rejoins le gamin qui m’attend, un cordage sur le bras.
Nous nous éloignons et il déglutit en faisant le signe de la Roue sur sa poitrine. Il murmure :
C’est vrai, ça, pour la banshee ? Heureusement qu’on a pas campé dedans cette nuit…
Les fantômes ça n’existe pas, Finnean.
La tête me tourne. Voilà une journée et une nuit que le sloop fend la chair des vagues houleuses, en voyant les rumeurs d’orages très loin dans le ciel, danser autour de l’horizon comme une meute de loups suivrait de loin un voyageur blessé. Sans trop s’approcher.
J’ai passé le temps avec la mauvaise bière des quartiers du capitaine de ce rafiot. Une bière locale, que l’oncle de Finnean apprécie “ironiquement”. Elle est aussi trouble et pâteuse que brutale au palais.
C’est parce que les Tibbseits la brassent à partir de merde de cochon et de racines, pas d’orge !
Je le regarde un instant, le gallon presque achevé ayant partiellement raison de mon jugement, et lui sers une grimace sous la bruine glacée qui commence à mouiller le pont. Il éclate de rire.
Tu me fais marcher ?
Non non ! siffle-t-il du fond de son gosier, le sourire écarquillé. Et on y ajoute des algues rances pour la mousse.
Y’a pas de mousse.
T’es vraiment une déconneuse, toi, hein ? Tu viens de quelle île ?
Je pouffe. Puis percevant la sincérité dans sa question, hoche la tête en balbutiant le nom d’une vallée à des centaines de lieues au sud de l’archipel.
Alors là, je vois pas du tout…
Là où on boit plus de vin que de bière et où les oliviers poussent mieux que les chardons.
Beh merde… Avec ton accent, j’aurais pas cru à une continentale.
Il a sur cette phrase un vague recul, comme s’il trouvait tout à coup notre proximité physique dérangeante.
Ce n’est pas l’autre bout du monde, tu sais.
Partout où il peut se passer plus de trois jours sans qu’il pleuve, crois-moi, c’est l’autre bout du monde !
Le roulis s’intensifie. Le vent aussi. Les rideaux de pluie s’épaississent et remuent notre tas de bois. Un grand coup de lame me fait lâcher le bastingage et mon outre de bière. Je tombe sur le mât, l’équilibre chancelant. Je me réveille d’une petite claque et lève les yeux vers la pointe craquelante, la face trempée.
Un éclair saisit la mer à l’horizon. J’aperçois de l’autre côté une silhouette sur les eaux. Enfin c’est plutôt la voix de Finnean qui nous avertit...
La caravelle du Commandeur ! On y est, ça y'est ! On est au récif d’Asperal !
Prié soit-Il… soupire l’oncle. Après une demi-journée à tourner en rond, j’étais prêt à prendre moi-même la barre.
Tu aurais mieux fait ?
Hé, regardez !
Finnean escalade la proue. La silhouette du navire se dessine de plus en plus distinctement. Le vent remplit tout à coup la voile. Le sloop accélère. Je m’en vais moi aussi scruter, entre les dos d’écume et le ciel ombrageux, les deux colosses de bois flanqués l’un à l’autre, attendant à distance d’une pointe rocheuse noire et acérée.
Lequel est-ce ? je demande à Finnean.
Ce n’est pas normal, panique-t-il. Bon sang ! La voilure est abîmée…
Il hurle au barreur de virer, juste avant que mes oreilles ne perçoivent, sur le pont du château de bois compact formé par les deux nefs, un cri, puis deux, en sourdine. Un abordage. Je me retourne et hurle :
Le Commandeur est en danger ! Maintenez le cap et amarrez-nous à leur bord…
Vous voulez notre mort ou quoi ?
Le Commandeur me paie !
Nous aussi, mais pas pour crever !
Il ne paiera rien s'il meurt !
Un navire de cette taille ? Nous pourrons les semer si nous gardons nos distances, et si le Commandeur prend le dessus, il comprendra qu’on ait pas eu des envies suicidaires !
Je saute sur la poupe, après quelques enjambées, j’attrape la barre au matelot qui la tire de son côté, je le rue avec mon épaule et détourne le cap, avec une force désespérée.
Qu’est-ce que vous foutez ? me crache l’oncle de Finnean en relevant l’homme. On fonce droit sur des foutus pirates si vous virez par bâbord !
Je ne vais pas à bâbord mais à gauche ! je tente d’articuler en serrant les dents.
C’est la même chose, bougre d’âne !
Va me chercher mon épée et prépare un grappin. Un seul ! Je ne te demande pas de risquer ta vie, mais je dois monter à bord.
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Ça fait 45 jours que des milliers de cons qui ne connaissent pas le jogging, en dehors du dimanche pour glander devant netflix, se prennent pour des marathoniens, mais qui se claquent le mollet au bout de 150 mètres. L’état est obligé de mettre des amendes à ces blaireaux pour qu’ils restent à la maison. Et tu verras, le 11 mai, le jour où ils pourront de nouveau circuler, ils n’auront plus envie de rien.
Les Français ont des angoisses de petites chialeuses. Vous croyez qu’on va continuer à payer ces glandeurs à rester chez eux ? Ailleurs les gens sont au chômage sans un centime depuis des semaines.
Vous faites tous chier.
C’est fatiguant. Vraiment.
Je travaille avec le sourire. Doux euphémisme.
#perso#moi aussi j'aimerai bien rester à la maison sans risquer la vie des enfants et des personnes qui vivent avec moi#par contre c'est une connerie de remettre des enfants et enseignants à l'école#ils ne seront pas plus intelligents bien au contraire#la france est habitué au niveau médiocre des élèves
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Un final haut en couleur
Qu’est-ce que l’Indonésie ? Si vous faites une rapide recherche sur googlemonami.com vous découvrirez sans doute un tas d’informations toutes plus intéressantes les unes que les autres et ressortirez de cette simple expérience numérique bien plus cultivés que vous ne l’étiez auparavant. Mais pas de bol, vous êtes sur le blog des petits pédestres d’où nul n’est jamais ressorti débordant de connaissances poussées sur les pays abordés dans chaque article. Je n’ai donc aucune raison de vous inciter à lire les lignes qui vont suivre. J’irai même jusqu’à dire que cela pourrait vous être préjudiciable dans le sens où certains événements étranges, voir dramatiques y sont relatés. Non décidément, dans votre intérêt à tous, je recommande vivement de ne pas aller jusque-là. Peut-être serait-il plus judicieux de ne faire que regarder les images…
Si vous lisez cette première ligne, c’est que vous n’avez, semble-t-il, pas écouté mon conseil. Je ne puis que vous admirer pour votre courage car vous vous apprêtez à effectuer une plongée en eau trouble dans l’univers tantôt féerique, tantôt horrifique mais toujours plein de surprise des petits pedestres.
Nos aventures débutent sur l´ile de Sulawesie.
La Sulawesie est l’une des plus grandes iles d’Indonésie, mais aussi l’une des moins connue du grand public. Vous vous en doutez, cela à en partie motivé notre décision de nous rendre sur place, car c’est le rôle de vos serviteurs de vous faire découvrir des lieux reculés aux confins de la terre et ce, malgré les dangers. Coups de soleil, Tourista, moustiques, rien ne nous arrêtera. Quoi qu’il en soit, la Sulawesie s’avérera être l’un des gros coups de cœur de notre périple. Une ile où flotte un parfum d’authenticité et de poisson plus ou moins frais que nous ne rencontrerons nulle part ailleurs.
Pour rejoindre ce territoire si particulier, nous devons prendre un vol d’une heure et demi depuis Bali. Bien entendu, ce trajet s’effectue sur la compagnie indonésienne Lion air, laquelle se trouve sur la liste noire des compagnies aériennes. La roulette russe de l��aviation. Et ça passe.
Nous posons donc le pied à Makassar, la « capitale » de la Sulawesie. Chloé a eu l’idée de génie de mettre un pantalon au lieu de son habituel short. Bonne idée puisque nous débarquons au beau milieu d’une foule de femmes portant la quasi burka. Hé oui, la Sulawesie comprend une majorité de musulmans et, si nous allons voir par la suite que ce n’est pas le cas sur l’ensemble de l’ile, à Makassar, les femmes portent le voile. Nous ne resterons que quelques heures à Makassar, car nous devons embarquer à bord d’un bus de nuit direction Rantepao, la « capitale » du pays Toraja.
C’est donc quelques heures (une nuit) plus tard que nous parvenons à destination. Au cours du voyage, nous rencontrons Adrien, un jeune français de la Loire partit voyager seul. Nous resterons avec lui jusqu’à la fin de notre périple en Sulawesie.
La découverte du pays Toraja fût une expérience assez particulière. Ici, les gens sont en grande majorité chrétiens et pratiquent des rites funéraires un peu particuliers : Lorsqu’une personne décéde, les membres de sa famille conservent le corps dans leur maison jusqu’à avoir les moyens de payer un enterrement digne de ce nom. Mais qu’est-ce qu’une cérémonie funéraire chez les Toraja ?
Il s’agit d’une fête durant laquelle les amis et les membres de la famille sacrifient des buffles, des cochons et des poulets. Nous avons assisté à l’une de ces cérémonies, et franchement, il faut avoir le cœur bien accroché.
Le principe est assez simple et malheureusement, assez proche des principes de base de notre société. Plus tu es riche, plus tu peux acheter de bêtes à sacrifier, et plus tu sacrifies, plus tu te rapproches du paradis. La « qualité » des bêtes sacrifiées a également son importance. Un buffle gris de taille moyenne, c’est 5 points et 500 euros. Un buffle albinos de belle taille c’est 20 points et 10000 euros. Vu le nombre de bêtes sacrifiées, je ne sais pas combien de points il faut totaliser pour rejoindre le paradis. Sûrement plusieurs centaines.Les familles peuvent parfois s’endetter ou conserver le corps en attendant d’être en mesure de payer pendant des années. Au cours de cette journée quelque peu macabre, nous étions accompagnés de deux guides. L’un parlant presque couramment français, et l’autre, son neveu, apprenant le métier.
Nous quittons ensuite le pays Toraja et, au terme de quelques heures de voyage supplémentaires, nous parvenons à la ville de Tentana ou nous demeurons deux jours. Le bus nous depose a 4km de la ville et aussitot, les taxis scooter fondent sur nous et proposent de nous emmener en ville pour un prix qui nous parait exorbitant. Résultat, les chauffeurs ne voulant pas appliquer des tarifs convenables à la suites de negociations mouvementés, nous rejoignons la ville à pieds, de nuit. Après une journée dans un bus inconfortable, ça tire un peu sur les guiboles mais bon : il est interdit d´arnaquer des auvergnats. Tant pis pour eux, d´autant que les autres voyageurs nous emboitent le pas.
Les deux jours que nous passons sur place nous permettent d´aller admirer les cascades environnantes et d´arpenter les rives du lac à la découverte de scenes de vies.
À l’issue de ces deux jours, nous reprenons la route direction Ampana. Nous ne passons qu'une seule nuit dans cette ville côtière sans grand intérêt, et embarquons le lendemain matin sur le bateau direction le Saint Graal : les îles Togian. Et oui, vous ne pensiez tout de même pas que nous on enchainions les longs trajets pour le simple plaisir de faire de la route.
Toute description de ce paradis terrestre que sont les îles Togian serait sans doute superflue et ne rendrait pas justice à la beauté des lieux. Voici donc quelques photos.
Entre lecture, pêche et snorkeling, nos journées en ces lieux furent bien remplies. Ajoutez à cela une soirée guitare et arak (alcool local pas très très legal) avec les locaux et une balade dans le village de pêcheurs voisin, et vous êtes vraiment au paradis. Nous restons sur place un peu plus d'une semaine. Mine de rien, une semaine sans wifi ni réseau téléphonique, ça fait du bien. De plus, le voyage étant extrêmement long pour parvenir jusqu’ici, le nombre de touristes reste très restreint et le site ainsi que la gentillesse des habitants n'en sont que mieux préservés. Des fonds marins splendides, des supers rencontres et une ambiance particulièrement apaisante font clairement de ce lieux notre gros coup de cœurs du voyage !
Nous serions bien restés un peu plus longtemps ici tant il y fait bon vivre, mais nous avons encore les iles de Lombok et Bali a visiter.
Commençons par Kuta Lombok. Durant les premiers jours sur cette nouvelle île, nous avons principalement fait des balades à scooter et un peu de surf. Chloé est même parvenue à prendre une vague de belle taille sur un spot clairement inadapté aux débutants que nous sommes. La classe !
Au bout de quelques jours, nous traversons l’île pour rejoindre le point de départ du trek du Mont Rinjani. Pour ma part, n’étant pas très adapté aux longues marches par grande chaleur, je décide de ne pas me lancer dans l'aventure, et attend le retour de Chloé et Félix durant les trois jours de la randonnée. Paradoxalement Félix et Chloé n'ont jamais eu aussi froid de leur vie ! Si effectivement la première partie de la randonnée s effectue sous un soleil de plomb, l'ascension au sommet du volcan pour le lever de soleil sous un vent glacé est extrêmement éprouvante. D'ailleurs de nombreuses personnes ont du rebrousser chemin. Mais c’était sans compter le courage des frangins qui ont bravé les épreuves pour assister in extrémis au lever du soleil.
Le repos est bien mérité et nous filons glander sur les iles Gili, paradis des tortues. Pas besoin de vous le dire, vous vous en doutez le programme ne varie pas beaucoup : plage snorkeling plage snorkeling….
Sur le chemin entre Lombok et Bali, nous prenons une petite semaine pour visiter l'ile de Nusa Penida. Ici, pas vraiment de route pour aller admirer les falaises qui se jettent dans l'eau un peu partout sur l’île, mais plutôt des pistes assez peu entretenues. Le cœur bien accroché, les mains vissés sur les freins, les virées à scooter ne sont pas de tout repos ! Mais autant vous dire que le jeu en vaut la chandelle.
Nusa Penida nous offre aussi l’occasion de prendre part à une sortie en mer pour aller observer les raies manta. Malheureusement, seule Chloé aura l'occasion d'observer réellement l'une de ces magnifiques créatures, avant de la faire fuir. Comment a-t-elle réussi cet incroyable tour de force ? Simplement en sautant sur le dos de la bestiole depuis le bateau. Merci Chloé et sa légendaire délicatesse (après c'est moi que l'on traite de bourrin). Heureusement les magnifiques fonds marins sur le chemin du retour nous consolent.
Enfin, nous prenons la route (ou plutôt la mer) direction la légendaire Bali. Il s'agit là de la dernière étape de notre voyage et je ne pourrais, pour le coup, pas vous raconter grand-chose à ce sujet puisque je contracte dans la foulée une violente otite qui me contraindra à rester tranquillement à l’hôtel durant toute la semaine précédant notre retour en France. Félix et Chloé en profitent néanmoins pour aller admirer les rizières et les temples hindouistes de la région. Clairement la fin du voyage se fait sentir et l'envie de découvrir Bali n'est pas à son maximum ! Il faudra revenir...
La suite vous la connaissez. Retour en France, recherche d'emploi, recherche de logement, retrouvailles avec la famille, les copains et bien sur, la nourriture.
Avant de vous laisser, je tiens a m´excuser car cet article me fait un tantinet penser à un film français de base. Super intro bourrée de suspense et qui incite à voir la suite, mais finalement, un gros relachement sur la suite du scènario. A peine 2 étoiles sur allociné . Mais bon, si vous etes encore là, c´est que cela à quand meme fonctionné. Un bon teaser bien vendeur.
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#29 Ivre donc vous êtes le blaireau
Tome 475: “À la croisée des chapiteaux” (2021)
1.
Dimanche, 10h32. Comme les six derniers mois, vous vous réveillez après avoir passé la soirée à mater des docu’ Arte sur l’art d’enculer les mouches. Petit-déjeuner, douche. Si vous décidez de ne rien glander jusqu’au dîner, allez au 2 et perdez dix points de moral. Si vous décidez de lire le journal, tournez la page au 3.
3.
En parcourant le canard local, vous apprenez qu’un festival de cirque se tient pas très loin. De quoi tuer l’temps en s’nourrissant intellectuellement au prix de huit pièces d’or, autrement dit : rien. Pour vous y rendre, vous pouvez enfourchez Tim le vélo magique (7) ou prendre le tram (8).
7.
Argh ! Tim s’est fait percer la roue avant gauche. En même temps, fallait pas piquer l’emplacement du voisin. Sortez votre titre de transport et allez au 8.
8.
Vous arrivez sur site. Chapiteaux rouges, enfants s’exerçant aux pirouettes, odeur de beignets et musique électro. Toujours la même sensation au creux du ventre, ce bonheur du festivalier, celui de pénétrer dans un parc d’attractions pour grands (enfants). Vous commencez par un spectacle puis porté par l’ambiance, vous décidez de les enchaîner toute la journée entre trapèze, jonglage et ingurgitation de sabre. Perdez quarante-cinq pièces d’or. Dans l’euphorie, vous croisez quand même les yeux émeraudes de votre crush avec qui c’est compliqué puisque votre compétence de communication émotionnelle est de -18. La nuit tombe, les représentations se terminent et un concert commence. Vous hésitez à rester faute d’amis. Lancez 1D6. Sur un résultat de 1, rendez-vous au 12, sur un résultat de 2 à 6, rendez-vous au 13.
13.
Coup de chance ! Vous croisez une vague connaissance qui se propose de vous payer un coup. En avant la musique, les sourires et les corps qui se déhanchent. Au milieu des basses et de la bière, vous apercevez à nouveau votre crush au loin et décidez de vous adonner à une stratégie subtile consistant à lui lancer des regards de merlan frit. Perdez 15 points d’amour propre. Au même moment, une connaissance de votre vague connaissance fait son apparition. Jeune femme brune au sourire sympathique qui entame direct la conversation. Le courant passe bien. Ne dites pas trop de conneries et reprenez une 16.
16.
Deux heures du matin. Le concert est terminé. Le bar ferme. Vous êtes pompette. Perdez 30 points d’articulation, 40 de lucidité et toutes vos pièces d’or. Votre vague connaissance décide de prendre le large, vous laissant seul avec la jeune femme brune qui ne fait que se passer la main dans les cheveux en proposant de vous ramener. L’occasion est trop belle mais, tandis que la foule se disperse, vous ne pouvez vous empêcher de jeter des œillades à votre crush qui semble piquée de votre nouvelle rencontre. Il faut prendre une décision mon grand. Si vous décidez de rentrer avec la brune, allez au 69, si vous avez le courage de parler à votre crush aux yeux émeraudes, allez au 666. Si vous ne savez pas quoi faire, allez vous faire foutre.
69.
La brune vous ramène chez vous et à la réalité : elle part finir la nuit ailleurs et il est évident que vous n’êtes pas convié. Vous rentrez seul et vous affalez sur le lit après avoir englouti des madeleines au chocolat. Le sommeil vous gagne en même temps que les questions existentielles. Vous avez trois grammes et votre réveil sonne dans quatre heures. Perdez 50 points d’énergie. Gagnez 100 points d’expérience.
- Image : Yuuza
- Musique : « Lost in the sound » - Chill Bump
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Tais-toi et subis
Je viens partager ma douloureuse expérience aussi bien physique que mentale. Je l'ai déjà raconté à ma famille mais bon “C'est du passé” et “C'est pas si grave” selon eux. Mes ami(e)s sont nettement plus compréhensives.
J'avais 17 ans lorsque j'ai appris que j'étais enceinte et de sept mois, j'ai commencé à douter quand bébé s'est mise à bouger et pas avant parce que je n'avais pas grossit, j'avais toujours mes règles, mes tests étaient négatifs et en plus je prenais ma pilule.
Après confirmation par une prise de sang il a fallu l'annoncer à tout le monde. Visages livides et on commence à me parler de l'accouchement sous X, ma mère pleine d'espoir me parlait même d'avortement. Puis il y a eu les reproches typiques de “La capote blablabla…”. Ben oui mais bon, maman est tombé enceinte de moi sous pilule aussi alors c'est facile de juger quand on a un truc qui marche parce qu'au fond après trois ans de relation, qui met encore une foutue capote ? Malheureusement pour eux tous, bien que je ne voulais pas avoir d'enfants, je m'étais toujours dit que si ça arrivait et bien j'assumerais !
Je me dois de préciser que le papa et moi nous étions séparés avant de le savoir. Même s'il n'a pas voulu de cette responsabilité nous ne sommes pas en mauvais terme.
Pendant ces deux mois qu'il me restait j'ai trouvé quelqu'un, un ami qui voulait devenir plus et qui était “Ravi d'être papa”. Moi j'étais heureuse : Un père pour mon enfant, un enfant, un appartement, une voiture (pratique pour aller à l'hôpital).
En parlant d'hôpital, je me suis renseignée avant tout. Nous disposons de deux hôpitaux ici et dans les deux ma mère et ma tante ont eu de mauvaises expérience. Soit, alors j'irais à celui de la ville d'à côté. Erreur presque fatale et ce n'est pas qu'une façon de parler.
S'enchaînent les rendez-vous avec une sage-femme et sans me demander mon avis commence à me toucher (TV, frottis, ..), apparemment c'était pas que pour la pesée qu'il fallait retirer le pantalon. Le malaise, j'en reste traumatisée. Parce qu'il faut que vous sachiez qu'avant tout ça et surtout avant d'être avec le papa de ma fille, j'ai été violée par un mec qui habitait l'immeuble d'à côté pendant plus d'un an. A chaque fois que je rentrais de l'école ou que j'allais à mes cours de guitare et qu'il était là, je savais.
Je ressentais donc le même dégoût et pourtant j'avais cette impression “d'habitude” qui me faisait me laisser faire sans broncher bien que je me sente sale et triste. De toute façon, on ne me disait quasiment rien alors je ne savais ni quoi faire, ni comment réagir, rien. Ça a été ça toute la grossesse.
Le jour J on déclenche, j'arrive donc à 8h du matin et à ma grande surprise interdiction de boire et de manger. Merci d'avoir prévenu. On me met donc une perfusion dans le bras et j'attends. Toute la journée. Le soir à 20h environ, on commence à être saoulé. Toutes les autres patientes ont fait leur travail bien correctement mais pour moi c'est trop long : On perce la poche, on me fait la péridurale, on attend et à part les contractions, rien. Au bout de dix minutes je ne sens déjà plus le produit et je recommence à souffrir. Une infirmière vient me voir et m'annonce une césarienne. Je lui dis que j'en ai pas envie, que j'aimerais éviter et elle me répond que c'est tard, que ça va être le week-end et que le changement d'équipe va bientôt se faire alors vaut mieux pas traîner. Bon ok, si vous le dites.
J'arrive donc dans la salle de boucherie. On me fait une autre piquouse, je suis épuisée, shootée, je n'arrive plus à parler mais je sens que quelque chose ne va pas : je peux encore bouger mes pieds. Je rassemble mes forces et bouge donc les orteils, quand on ne peut pas parler on communique autrement non ? Là, une lueur d'espoir. Un des types présent dans la salle fait remarquer au chirurgien que ça bouge encore, yes ! “C'est nerveux, on y va”. Quoi ? Mais non ! Non, non, non !
Et si, il a coupé, je n'avais pas la force de crier. Des larmes ont commencé à couler, j'avais atrocement mal et je me suis sentie voyager. Ma vision était aussi claire qu'une télé de 1950 qui capte mal. J'entends qu'on me parle, ça me semble lointain, une ébauche de “Restez avec nous”, puis j'entends les mots “Hémorragie”, “Anémie”, “Perdre”. Puis je sens qu'on me met un truc bizarre sous le nez alors je pense dans ma tête “Virez-moi ça, ça pue, c'est dégueulasse”, c'était ma fille. Ensuite, le trou noir.
Je me réveille dans une salle plutôt sombre et glauque, y a mon copain, y a mon bébé, y a de l'humidité. De l'humidité ? Je regarde ma main, en fait c'est du sang. Imaginez l'horreur quand on ne vous à rien expliqué et que vous vous réveillez dans une marre de draps ensanglantés.
Bref, on m'emmène dans une chambre seule, on m'appuie très fort en bas à droite du ventre, on me fait des piqûres et je replonge dans un court sommeil. Le matin à 6h on me réveille de nouveau pour une autre piqûre et on me prévient que ce sera ça tous les jours. Super, je vais glander tous les jours pendant deux heures en attendant le petit dej’. Bon je demande quand même quand est-ce qu'on changera mes draps, “Ahahah, mais quand vous vous lèverez”.
D'accord, je me motive et surtout mon copain m'aide et j'essaye de me lever : “Oh putain je vais mourir !”. C'était encore pire que ce que j'imaginais, et s'asseoir sur une chaise n'a jamais été si libérateur qu'à ce moment. Une fois que c'était fait j'en ai profiter pour prendre une douche, quitte à rester assise sur une chaise pendant qu'on change mes draps, autant que je me douche en même temps. Mon copain demande donc pour les draps et vient ensuite m'aider parce qu'à ce stade je suis clairement impotente. J'ai l'impression que mes organes vont tous se barrer d'un coup maintenant que mon ventre est difforme, qu'il tombe.
Bon, les problèmes s'enchaînent encore :
Je suis végétarienne mais à chaque fois on met de la viande ou du poisson dans mes repas malgré mes râleries incessantes sur le sujet, en plus le pain est encore à moitié congelé.
On me met des perfusions et des transfusions de partout : bras, poignets, mains.
Une doctoresse que je ne connais pas rentre dans ma chambre rapidement, soulève mon haut et commence à me toucher les seins : “Alors cet allaitement ?” - “J'allaite pas” - “Ah ?”. Puis elle s'en va, les excuses c'est certainement surfait.
Un autre docteur que je ne connais toujours pas rentre dans ma chambre avec une poignée d'étudiants qui ont l'air à peine plus âgés que moi et commence à me poser des question puis à regarder entre mes jambes, j'ai jamais été aussi heureuse de porter une couche puisqu'au lieu de me demander de l'enlever, il est parti. Il devait avoir peur de ce qu'il pourrait y trouver surtout devant ses élèves. Encore une fois, on a pas demandé mon avis.
D'ailleurs, je ne sais toujours pas à ce stade ce qu'il s'est passé pendant la césarienne en détail, et on ne me le dira jamais.
Pour finir cet épisode, il y a les montées de lait. Douloureuses à souhait et je demande, je supplie même, les infirmières de faire quelque chose. Elles me donnent des feuilles de chou … Apparemment ça marche alors je fait comme elles m'ont dit et les place sur mes seins. Après une nuit entière de douleurs, ma pensée se résumait à :“Je vais te le faire bouffer ton chou bordel !”. Heureusement, j'ai demandé mon tire-lait à mon copain et il m'a l'a ramené. Ma poitrine qui était aussi dure que du marbre reprit sa souplesse et les douleurs disparurent aussi vite que le lait était tiré.
En parlant de mon copain, c'était pas une affaire non plus. A la naissance de la petite il a totalement changé. Il ne me parlait plus sauf pour gueuler, je devais tout payer, la petite n'avait pas le droit de faire du bruit alors je restais enfermée dans sa chambre avec elle pour m'en occuper au moindre gazouillis, je devais coucher avec lui quand il en avait envie peu importe mon consentement ou non, pendant qu'il était pas là j'avais pas le droit de sortir, lorsque ma cousine est venue elle s'est plaint qu'il lui avait fait des attouchements, et j'en passe…
Finalement quand il m'a mise dehors avec la petite pour la 6è ou 7è fois et en plein hiver cette fois, j'en ai eu marre et j'ai décidé de ne plus revenir malgré ses “excuses” puis je suis retourné vivre avec ma famille.
Aujourd'hui je suis de nouveau tombée enceinte sous pilule, je refuse tout test gynécologique, j'ai été violée une seconde fois et je ne suis toujours pas soutenue.
J'ai été voir une sage-femme, elle m'a gueulé dessus parce que je tournais la tête et que ça la dérangeait pour me faire l'écho du ventre. Ensuite elle m'a virée de son cabinet parce que j'ai refusé la sonde vaginale. Elle n'a pas essayé de comprendre pourquoi, en plus elle voulait que je sois nue devant ma grand-mère et sans drap ni paravent qui plus est.
Enfin, cette deuxième grossesse est pleine de nouvelles surprises. Je ferais peut-être un deuxième article pour en parler.
#payetongyneco#submission#anonyme#gynecologue#gyneco#accouchement#grossesse#pilule#contraception#violence
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Album de souvenirs et de souhaits
[Extraits du carnet offert à mon amie et future mariée, R.]
Oui! Notre R. chérie se marie! En attendant d’être au complet en juillet, nous voici toutes réunies entre amies pour “enterrer” ta vie de jeune fille le temps d’un weekend entre filles sur la Côte d’Azur et sous le soleil de tes cheveux blonds.
Alors que tu t’apprêtes à emprunter un nouveau chemin, celui de la vie conjugale, nous toutes qui avons croisé ta route sommes heureuses et honorées de t’accompagner dans ce grand voyage qu’est le mariage. Et après toutes ces années à tes côtés sache que nos chemins d’amitié ne sont pas prêts de se séparer.
Que cache le sourire de Mona R. ? Une histoire d’amour et d’amitié (un roman d’amitié!) que l’on va raconter... Portrait de la future mariée.
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From Tripoli to Toulon
Septembre 2007, rentrée au lycée D.D.
Si la jeune bachelière que je suis a choisi de faire sa prépa littéraire ici, c’est pour le soleil varois et les paysages de bord de mer. Quoi de mieux en effet que de préparer le concours d’entrée de l’ENS (ou de glander) à la plage? Du bleu plein les yeux et du sable dans mes cahiers, je n’imaginais pas à quel point ces deux années allaient être intenses, riches en émotions et en partage. Si la lycéenne libanaise (qui se voit octroyer une bourse de mérite bien méritée justement) a opté pour une prépa scientifique à Duduch c’est notamment pour l’offre d’hébergement. Ainsi comme l’histoire de J. et R. colocataires d’internat.
Ma Ramroomie, contraction du surnom donné par ses proches et du terme anglais Roommate, a très vite pris beaucoup de place dans ma chambre (sans omettre la salle de bain!) mais surtout dans mon cœur. De ces deux années scolaires (plus scolaires pour elle que pour moi cela dit) je me souviens d’une étudiante studieuse, motivée et appliquée. Je me souviens de l’étagère qui croulait sous le poids des livres de maths et de chimie mais aussi de son impressionnante collection de vernis à ongles et de notre différend : manucure et pédicure doivent-elles être obligatoirement de la même couleur? Le débat reste ouvert. Une R. coquette qui prenait du temps pour elle et pour les autres, au détriment de ses heures de sommeil. Elle me préparait mon café (3 in 1!) au réveil, elle veillait jusque tard, elle veillait sur moi, je veillais sur elle.
Quand à l’issue de cette filière préparatoire elle a intégré une grande école, j’étais fière et admirative de cette petite biche qui est bien plus forte, ambitieuse et courageuse qu’l n’y paraît.
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R. alias le couteau suisse enfin libanais enfin français!
Qu’elle est agacente cette enfant! En plus d’être intelligente, jolie, aimable, généreuse, bref AMAZING, elle a des talents cachés (et de multiples talons!) qu’elle fait volontiers partager. J’ai donc eu la chance de passer des soirées à me faire chouchouter, coiffer, colorer les cheveux et même masser!
“Je serais prête à payer pour qu’on me gratte la tête”, dixit R. qui ne comprend pas pourquoi les gens optent pour un massage californien.
R. la magnifique
la merveilleuse
l’enchanteuse
l’ensorceleuse
R. ma fierté
mon modèle
mon top model
mon icône orthodoxe
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Un stage en Italie, au Royaume-Uni ou en Bulgarie n’a jamais réussi à nous séparer. Peu importe la distance qui nous éloignait, on finissait toujours par se retrouver et le temps des vacances, le temps d’un weekend prolongé nous redevenions coloc’. Encore aujourd’hui dans mes itinérances et mes errances, je m’arrange toujours pour faire escale chez ma sœur de cœur. Elle est mon port d’attache à jamais.
Désormais c’est dans une chambre d’amis qu’elle m’accueille mais il me prend parfois à regretter le temps des studios de 15 mètres carrés. J’aimais cette promiscuité, cette intimité, les matelas gonflables et les nuits dans le même lit (le fiancé n’a cependant pas à s’inquiéter!)
C’est sans problème que je lui ai prêté mes parents, à elle, la petite libanaise francophone expatriée sans attache. Ses séjours chez nous illuminaient notre foyer (on passera sur l’épisode de l’incendie dû à son regard de braise ou à son sourire trop chaleureux peut-être). De ces moments de complicité et d’hospitalité partagée est née une grande histoire d’amitié et de sororité. J’ai gagné une sœur, un frère jumeau en plus de ma sœur jumelle. J’ai partagé des éclats de rire et même essuyé quelques larmes sur Skype, puis en vrai, F à F, femme à fille et femme à frère. J’ai toujours su que même à distance sa relation avec ses parents, ses amis, n’avait rien de virtuelle.
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“Tu me fais tourner la tête”
Réponse A: l’alcool. Réponse B: l’amour.
SCOOP. L’amour est sous les pins.
Reportage photo exclusif de notre paparazzi J.
Brandgelina, Johnvanyssa etc. Ces couples n’ont pas su durer car contrairement aux idées reçues, ce n’est ni l’argent ni la gloire qui font le bonheur, mais bien le sex.. pardon, l’amooouuur ! L’amour avec un grand A, comme A.
Les images qui vont suivre se passent de commentaire mais ne manqueront pas d’en susciter. Avertissement: passion intense, totale osmose, regards complices, baisers brûlants... âme sensible s’abstenir!
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C’était une évidence, un plaisir et un grand honneur pour moi de t’avoir comme fée bleue à mes côtés pour ce grand jour où j’ai dit Da! et où nous nous sommes toutes mariées! Quand tu as attrapé mon bouquet, quelle joie et quelle fierté! Tu venais de gagner quelques fleurs déjà fanées mais surtout un incroyable fiancé!
Et c’est un honneur pour moi de te rendre la pareille et de t’assister comme une marraine de conte de fées ce jour de juillet où tu lui diras oui. Même si je crois que les tongs ne seront pas vraiment de circonstances!
N’oublie pas que ni toi ni moi n’avons besoin d’invitation ou d’occasion pour se voir, que tu pourras toujours compter sur moi ou plutôt que tu n’arriveras pas à te débarrasser de moi si facilement! Que mariée ou pas, ça ne doit rien changer à notre amitié et à la belle personne que tu es. Que l’aide proposée au point numéro 2 inclus baby-sitting et aide aux devoirs pour mes filleul.e.s à venir (mais pas de pression hein, juste quelques pintes).
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En attendant Federer
Pour trouver un job lors de mon année de transition à Stuttgart, rien ne vaut le bureau 102 de l'Agence du Travail. Là, Heinz a toujours une petite offre temporaire sous le coude. Et comme mes candidatures ciblées dans l’horeca, à l’Office du tourisme ou encore à la médiathèque de l’Institut Français ne remportent pas un franc succès, toc toc toc, rebonjour Heinz. Il me vend deux semaines de chantier de préparation du tournoi ATP de Stuttgart au tarif minimal (8,85 euros brut de l'heure). Je ne comprends pas bien le travail en lui-même, mais je prends et me rends donc mi-mai au club de tennis de Killesberg, sur les hauteurs huppées de la ville.
Ce lundi-là, nous sommes une dizaine à attendre Frau Henriette qui arrive une heure en retard. "Ach ? C'était 8h ? J'étais persuadée que Heinz m'avait dit 9. Mais pas de problème, on va vous payer cette heure-là aussi. » Elle nous annonce un programme varié. Démontage de clôture des courts, accrochage de bâches publicitaires, installation de couvertures pour protéger le gazon de la pluie... "Chaque jour sera différent".
Notre groupe est multikulti comme on dit ici. Quatre allemands de souche, un Turc né un peu trop tôt (1997) en Allemagne que pour obtenir automatiquement la nationalité allemande, deux réfugiés d'Afghanistan et d'Iran, un bronzé non identifié, un Roumain et un Belge. Et on commence à démonter les (lourdes) barrières qui entourent quatre terrains en terre battue : des firmes spécialisées pourront ensuite y construire un éphémère bar/restaurant de deux étages et élargir les tribunes du court central. Très vite, George le Roumain dévoile sa stratégie : faire de régulières pauses en monopolisant l'outil de travail (le chariot dans ce cas) pour obliger le groupe à réduire la cadence. "Eine Pause fünf-zehn Minute. Got sei dank. Zu viele Arbeit ist nicht gut" (=Une pause de cinq-dix minutes, Dieu merci. Trop de travail, ce n'est pas bon). En empilant les grilles, on se rend compte qu'elles n'ont pas toutes la même largeur. Ca promet du plaisir lors de la reconstruction d’après tournoi ! "Egal" me dit Markus (prononcez Markouss sinon il s'énerve), ce qui signifie ici "Ce problème futur n'est pas le mien !"
On en vient aux couvertures anti-pluie. On les ressort d’une remise et notre chef les regarde comme une-vieille-tente-sept-places dont il aurait perdu le plan de montage. On déploie l'immense bâche. On la pivote. Mais y a un problème. Elle est trop grande. Elle doit aller sur un autre terrain. On la replie (mal) - Egal ! = C'est bon ainsi ! -, on la jette sur une palette et un clark l'emmène sous haute escorte (nous qui tentons d'empêcher la bâche de se barrer). Elle tombe. On la remet (mal) - Scheiße egal ! = On s'en fout. Elle retombe, on la reremet, on la sangle enfin. Elle prend un peu l'huile de l'engin, mais elle arrive à bon port. On la nettoie et on l'ouvre. Une demi-journée passée à se tromper et à réparer nos erreurs. Pas seulement parce qu’on est une bande de bras cassés. Mais parce que les ordres ne sont pas toujours clairs. De loin, j’imaginais l’efficacité allemande plus convaincante. Enfin, comme me disait un ancien collègue du Courrier quand il fallait changer les pages du journal, "Faire et défaire, c'est aussi du travail".
Il y a cinq terrains à couvrir. Sur d'eux d'entre eux, un grand boudin gonflable permet d'enrouler une bâche géante. Problème, le boudin est resté dans les caves du club depuis l’an passé au lieu d'aller en réparation dans un atelier anglais... À nous de poser des rustines. Après une semaine de feuilleton, la "banane" semble tenir bon, même s’il faut lui redonner régulièrement un petit coup d’air. Sur les trois autres terrains, des genres de grands rouleaux à pâtisserie (tiges métalliques et rondins en frigolite) enroulent les bâches (quand on tire sur les cordes bleues) ou les déroulent (cordes oranges). Système ingénieux, pratique mais pas magique : il faut bien se coordonner pour éviter un rembobinage asymétrique. Enfin, on s'en sort. Tellement bien qu'on nous propose une prolongation pendant le tournoi qui débute le 10 juin. -Voulez-vous être la Cover Team ? L'équipe chargée de dérouler les bâches en cas de pluie ? Normalement on allait engager une équipe de réfugiés, mais vous êtes bons alors je préfère vous garder. -Yeah !
Si bons qu'on nous ferait bien travailler à l'Ascension. Je vous avoue que spontanément je n’étais pas contre. Mais mon collègue Fabi nous incite à refuser à moins qu'on ne soit payés en tarif férié. La direction dira non. Soit, bien essayé ! J’ai l'impression d'assister à la naissance d'un pouvoir syndical.
Les jours se suivent au Killesberg et se ressemblent un peu. On effectue une tâche, puis on attend (parfois longtemps) la suivante dans notre QG qui migre selon l’évolution du chantier. Au début, on se retrouve devant le bureau, assis sur des sièges de jardins. Plus tard, on squatte l'ombre d'un arbre. À un moment, on prend place dans des vieux fauteuils qui attendent d'êtres évacués. On travaille aussi, hein ! On place des tapis de sol pour la salle de presse, on aide les grutiers à placer des conteneurs, on ponce les piquets des filets de tennis, on coupe un arbre et on transfère le compost de gazon tondu dans une benne. Il s’agit d'épargner les mauvaises odeurs aux visiteurs de la Mercedes Cup. Fourches, pelles et brouettes… c'est parti. C’est à la fois physique et sensoriel : plus on creuse, plus ça fouette. Personnellement, ça ne me dérange pas trop - mes grands-parents ont supporté sans broncher l'odeur du fumier durant leur carrière -, mais le camarade Fabi réclame des masques protecteurs. Le lendemain, pas de masques : le chef voit bien qu’il est inutile de s’acharner et nous fait faire autre chose.
La semaine suivante, qui c'est qui travaille au compost comme des vaillants petits schtroumpfs au barrage ? L'équipe de réfugiés, finalement engagée et pas seulement pour réaliser ce travail ingrat. Non, ils roulent aussi les bâches sur les terrains. George le Roumain est furax. "Et nous, on fait quoi maintenant ? Y a plus de travail ? Keine Arbeit mehr ?" Je me retrouve quelques instants dans la peau de celui dont le travail est mis sur la touche à cause des réfugiés. Mais cette vision digne de l'extrême droite ne tient pas la route. D'abord, on est mal placés pour jouer la carte du protectionnisme : qui est venu prendre ces magnifiques emplois allemands avant les migrants ? Un Belge et un Roumain notamment… Ensuite, qui faisait le difficile face à l'herbe en décomposition ? Les anciens. Enfin, qui va perdre son emploi à cause des réfugiés ? Personne. Tout le monde reste le temps du tournoi. Il y aura deux équipes de quinze personnes le matin et l'après-midi.
Et le grand jour arrive. La Cover Team parade en jaune canari dans des polos sponsorisés par Kärscher. Chaque équipe a son code couleur. Les juges de ligne en rouge. Les ramasseurs de balle en vert clair. La sécurité en blanc. Et les hôtesses chargées d'ombrager les joueurs avec un parapluie lors des pauses en noir. Le ciel, lui, est bleu. Tant qu'il ne pleut pas, notre seul travail est de démonter les terrains en fin de journée (ouais, je suis de l'après-m’ :-) et de nettoyer à l'éponge les taches de peinture blanche sur le gazon. Avant ça, quelques travaux pratiques mais aussi du temps pour regarder des matchs, se réunir sous l'arbre à palabres, jouer aux cartes, manger de la saucisse à la cantine ou boire une bière en terrasse avec un ticket repas gentiment offert par un collègue qui fait le Ramadan.
George reste méfiant à l’égard des gens du Sud. Moi, je suis content de pouvoir parler français avec les Camerounais et d’échanger sur nos parcours respectifs. Comme ma grand-mère, ils se demandent comment je me retrouve avec un tel travail alors que j’ai des diplômes et que j’avais un meilleur emploi en Belgique. Pour l’expérience. Pour changer. Par amour… Face à ceux qui ont parfois laissé femme et enfants au pays en vue de gagner de l’argent en Europe, mes arguments sonnent un peu léger. Je tremble sur mes bases, mais j’assume. Et puis un petit moment de fraîcheur sur le Court central. Une balle fuse. Quelqu’un la relance. Un autre part en jonglages. Comme dans une pub pour la Coupe du Monde, la Cover Team se met à se faire des passes sur le gazon au milieu d’un stade vide. -Je pense pas qu’on puisse faire ça ici, dit un Camerounais. -On peut toujours essayer, répond Fabi. L’herbe n’est pas sacrée. La séance durera cinq minutes. Jusqu’à l’arrivée et la gueulante du Vieux Canadien chargé de la pelouse.
Roger Federer, la star du tournoi, joue son premier match ce mercredi. Il vient se préparer pour Wimbledon et retenter sa chance après avoir perdu l'an dernier en demi-finale. Amener une telle pointure dans un petit tournoi comme celui de Stuttgart coûte beaucoup d'argent aux organisateurs en plus des prix en espèces et en voiture. Ainsi va le monde où certains gagnent des fortunes en jouant pendant que d'autres travaillent pour 8,85 de l’heure. Vous me permettrez dès lors de glander, tant qu'il ne pleut pas, la conscience tranquille.
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Impératif catégorique mon cul
Vous vous rappelez sans doute ce vieux sketch d’Elie Kakou où madame Sarfati se voit reprocher de tâter les fruits avant de les acheter. La vendeuse lui dit « vous vous rendez compte si tout le monde faisait comme vous ? », et Sarfati répond « C’est pas tout le monde, c’est moi ». La réponse de Sarfati n’est pas seulement drôle, elle est foutrement juste.
L’air de rien, ce gag met le doigt sur un principe moral que Kant formulait ainsi : « agis de telle sorte que la maxime de ton action puisse être érigée en loi universelle ». On retrouve cette idée un peu partout. En économie par exemple, elle sert d’échafaudage aussi bien aux libéraux (« si tout le monde suit son intérêt ça va bien se passer, alors laissez faire ») qu'aux interventionnistes (« si tout le monde suit son intérêt ça va mal se passer, alors faisons quelque chose »). Plus généralement, c’est ce principe qu’on invoque pour condamner les comportements qui, pris isolément, ne peuvent être sérieusement désapprouvés, soit parce que les conséquences en sont dérisoires (saint Augustin le voleur de pommes attention gangster), soit parce que leur immoralité ne va pas de soi (si t’oses pas dénoncer un comportement tu peux toujours en condamner les dérives ça fait plus distingué).
Maintenant, tu te doutes bien que nous ne sommes pas tous égaux devant cet argument à la con. J’ai jamais entendu dire que ce serait la fin de notre civilisation si tout le monde était flic, médecin, ouvrier ou employé de rayon. On épargne au jeune séminariste l’argument nataliste servi aux homos. Parce que ces histoires de maxime universalisée là, c’est bon surtout pour les canards boiteux. Les autres ont droit aux théories organicistes sur la diversité des vocations. Apparemment contradictoires, ces deux approches sont donc complémentaires. C’est bien au nom d’un projet collectif (fût-il implicite et à chier) que l’individu se voit rappeler à l’ordre quand il dévie de la trajectoire dominante. Bref, une affaire qui roule.
Mais peut-être pas. Car le vrai foutage de gueule dans l’histoire c’est pas le « deux poids deux mesures » (cette tarte à la crème de la philosophie politique), c’est l’idée que les comportements « déviants » menacent effectivement la société dans ses fondements.
Prenez les « assistés » par exemple. La lutte contre l’assistanat repose sur l’idée que si on laisse faire, tout le monde préférera glander avec des minima que cravacher pour payer des impôts. Outre l’absurdité du raisonnement (les minima c’est pas le Pérou) et ses implications douteuses (si ceux qui préfèrent vivre chichement au lieu de se joindre à la fête deviennent nombreux au point de couler le navire c’est peut-être que ladite fête elle mérite pas qu’on se batte pour elle hein…), il y a la notion que, dans ses proportions actuelles, l’assistanat est un problème dont on se passerait bien : preuve en est que de gauche à droite, on veut tous lutter contre ce « fléau », le désaccord ne portant que sur sa définition.
Maintenant, si vous connaissez un peu notre espèce, vous savez qu’entre l’homme et les trucs dont il se plaint, c’est souvent ambigu. Si le bizut n’était pas là, tu prendrais peut-être sa place. Et sans le bizutage, tu n’aurais pas ta jolie carte de membre avec vernis sélectif. Le mieux pour toi ce serait de plaindre le bizut mais de t’assurer qu’il soit toujours à son poste. Cette exclusion sociale n’est qu’une exclusion relative en ce sens que, rejetés à la périphérie, les indésirables donnent malgré tout la réplique au groupe dont ils sont exclus. Cette complémentarité est moins volontiers admise par les insiders (« parce que c’est notre projet ») que par les outsiders (déjà plus conscients de se faire enfiler).
Du coup, on comprend mieux la fonction de l’impératif kantien dont on parlait plus haut (« agis de telle sorte que la maxime de ton action puisse être érigée en loi universelle »). C’est une distribution des rôles. D’un côté, les braves gens qui déplorent et / ou condamnent quelque chose dont ils se passeraient bien. De l’autre, les parasites qui, étant déclarés inutiles, ne doivent leur survie qu’à l’existence de certains grands principes moraux ou légaux. Dans ces conditions, difficile pour les seconds de prendre conscience du type de relation qu’ils ont avec les premiers. Difficile, par conséquent, de faire entendre sa voix au lieu de simplement répéter « Seigneur je ne suis pas digne de te recevoir mais dis seulement une parole et je serai guéri ». Difficile également d’exploiter, dans les cas les plus favorables, le besoin inavouable qu’ont les braves gens de ceux qu’ils méprisent. Les arguments inspirés de l’impératif kantien trahissent la crainte que la prostituée ne dise à son client « tu faisais moins le dégoûté hier soir » quand elle le croise avec son épouse, où que l’allocataire du RSA rappelle aux fouille-merde de l’administration qu’ils dépendent eux aussi du gentil contribuable, où que le taulard ouvre sa gueule pour mettre le doigt sur la cruauté des honnêtes citoyens, progressistes inclus. Difficile de concevoir cette complémentarité honteuse (et souvent plus profitable aux pères la morale qu’à ceux dont ils se plaignent) quand on est habitué à se voir avec les yeux de ceux qui vous disent que « si tout le monde faisait comme vous ce serait la porte ouverte », bref, que vous êtes de trop, donc que vous ne devriez user de votre intelligence que pour vous amender.
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