#pôle valut
Explore tagged Tumblr posts
macarelstyle · 4 months ago
Text
Tumblr media
8 notes · View notes
cum-in-my-heart · 4 years ago
Text
Madame Kara et ses fils
Extrait de : Contes de la Plaine-Pesticide
« On ne juge pas ceux qu'on ne connait pas ! » Voilà ce que répétait sans cesse madame Kara à son fils cadet, Anthony. Une phrase qu'elle articulait sans lassitude et exprimait comme un véritable mantra. Bien qu'elle n'eut aucune idée de ce que pouvait être un mantra.
A travers ce principe elle ne protégeait pas les autres de l'éventuel jugement de son jeune garçon. Mais elle se protégeait elle-même. Sa meilleure défense en toute forme de circonstances était de hurler « on ne se connait pas, chère madame ! » .
S'il y avait bien une chose que Madame Kara ne supportait pas, c'était qu'on la juge sans la connaître.
Mais hélas bien nombreux étaient ceux qui se montraient prompt à juger Madame Kara. A commencer par les professeurs du collège de son fils Anthony, les surveillants, les conseillers et même les autres enfants. Les policiers aussi la jugeait, parce qu'ils avaient bien connu Nathan, son fils aîné. Il y avait aussi la vieille salope de la CAF. Celle de Pôle Emploi. La grosse boulangère décolorée. Ses voisins. Et jusqu'à ses connaissances les plus vagues.
Madame Kara attirait toute forme de jugement et elle en déduisait que les gens étaient tout simplement des cons.
« Je m'habille comme je veux. Je parle comme je veux. J'élève mes gamins comme je veux. Me jugez pas ! On se connait pas !
Anthony pensait à ceci la nuit, lorsqu'il entendait la télévision cracher les slogans débiles des publicités infâmes qui assommaient en permanence sa pauvre mère. La femme, sénile avant l’âge, demeurait prosternée sous ses couvertures, affalée dans son canapé au beau milieu d’un salon plongé dans l’obscurité et dans une épaisse brume dû aux nombreuses cigarettes qu’elle fumait à longueur de journée. Il aurait bien aimé que quelqu'un se plante devant elle et lui dise ses quatre vérités.
Mais elle n'aurait rien écouté puisque. Parce qu'on ne juge pas ceux qu'on ne connait pas !
Alors laissez-moi lui rendre service et vous en dire un peu plus sur Madame Kara...
Tout le monde s’accordait à dire que Madame Kara vivait ainsi à cause de son deuil. La jeune mère avait perdu son fils ainé et cela constituait une excuse suffisante pour les institutions, pour la famille proche, pour les voisins et pour ses quelques vieilles amies. Une excuse pour se laisser aller. Être sale. Appauvrie. Et ne plus prendre soin de l'autre enfant qui vivait encore sous son toit. Mais aux yeux d'Anthony (premier concerné, donc) sa mère n’avait aucune excuse.
Le comportement de Madame Kara n’avait rien d’inédit ou de surprenant. En fait, elle cumulait avant la mort de son fils aîné un certain nombre de défauts qui n’avaient fait qu’accroitre alors que les conséquences de l’accident venaient plonger la petite famille dans de profondes ténèbres. D’aussi loin qu’il puisse s’en souvenir, Anthony avait souvent vu sa mère en arrêt maladie, parfois de manière prolongée. Elle avait toujours aimé boire jusqu’à se rendre ivre morte. Elle s’était toujours beaucoup disputée avec leur père et elle n’avait jamais été une mère très attentive. Même avec Nathan, son plus grand fils.
Aujourd’hui, Madame Kara avait tendance à présenter le garçon décédé comme la 8ème merveille du monde, sa plus belle réussite, son enfant parfait. Hors, si le grand frère d'Anthony n’était aujourd’hui plus de ce monde, c’est parce qu’il avait toujours flirté avec le danger, la violence et l’inconstance, en réponse direct aux nombreux conflits qu’il entretenait avec sa mère.
Anthony le savait. Mais il ne le disait pas. Et d'ailleurs, il ne le dirait jamais. Car cela reviendrait à déclencher une bombe, confesser ce que tout le monde taisait ; son grand frère, Nathan, avait perdu la vie à cause de ses parents. Plus particulièrement à cause de sa mère.
Madame Kara, qui avait grandi dans un petit village près de Toulon, n’avait jamais aimé les filles. Lorsqu’elle était petite, elle ne s’entourait que de garçons rebelles et bagarreurs, avec qui elle jouait au football, volait des confiseries chez l'arabe et rackettait les enfants plus fortunés de l’école Sainte Victoire (une école privée de « culs-bénits » qui rivalisait directement avec la leur).
Il y avait les garçons de l’école, ceux du terrain, et d'autres encore, à la maison. Car Madame Kara était la cadette d’une fratrie de six enfants, dont cinq étaient des garçons. Les deux plus âgés n’étaient que ses demi-frères, les premiers enfants de son père. L’homme avait perdu sa première femme dans le naufrage d’un vieux cargo de pêche qu’il avait hérité d’un oncle et qui avait fait de lui un mauvais pêcheur. Ainsi avait-il arrêté la profession pour se retrouver finalement à boire et vendre du poisson (pêché par d’autres, donc) sur le marché du grand port. L’une de ses clientes, parmi les plus belles et les plus jeunes, était appelé à devenir la mère de Madame Kara. Elle fut sa seconde femme, il l’épousa à peine un an après la mort de la première. Il lui fit quatre enfants. Trois garçons et une petite fille.
Le quotidien de Madame Kara était fait de boue, de sport, de courses, de bastons, de farces sordides et de punitions en tout genre, inventées avec brio par les instituteurs, les vieux voisins du village, le prêtre de l’église, sa pauvre mère, enlaidit par les multiples grossesses, et bien sûr, son père. L’homme était un impressionnant personnage, strict, coriace, bougon et relativement violent. Oui, Madame Kara vivait dans un univers de garçon. Et madame Kara s’y plaisait beaucoup.
Mais un jour, elle eut 13 ans et une poitrine bien plus opulente que celle de ses petites camarades. Sa proximité avec les garçons de la région prit un autre visage…
Tout commença lorsqu’une partie de foot avec de vieux copains se termina en une fellation collective sur l’ancienne voie ferrée qui passait derrière le terrain. Puis tout se termina lorsqu’elle s’envoya en l’air avec le plus âgé de ses demi-frères.
Entre les deux événements, la période de son adolescence avait fait d’elle «Barjo la Pute ».
Ses parents avaient décidé de rester sourds à toutes les rumeurs les plus odieuses, mais lorsque la jeune fille profana le corps sacré du grand garçon adoré, elle dut plier bagage et quitter sa famille. Pendant des années, elle ne revit jamais personne mais aujourd’hui, elle se savait être la tante de 24 gamins. Une armée de cousins qu'Anthony souhaitait tenir aussi éloigné que possible de son existence. Des neveux et nièces que sa mère non plus, ne verrait jamais.
Parfois, lorsqu’elle était ivre, Anthony l'entendait marmonner «Barjo la Pute... J’aurais mieux fait de me faire gouinasse ».
Lorsqu'elle quitta sa famille, Madame Kara avait 17 ans. Elle partit avec la vieille voiture qu’une amie lui concéda pour 300 francs et roula jusqu’à ce que l’engin rende l’âme. Elle atterrit ainsi au beau milieu de la Beauce et y resta. Il y avait ici une ville que les habitants du coin trouvaient grande, mais qui ne l’était pas vraiment. Elle y rencontra un homme qui avait du boulot (il conduisait des camions pour le compte d’une entreprise allemande et s’absentait souvent pour piloter jusqu’outre-Rhin) et l’ambition de s’acheter un pavillon trois chambres, dans un petit village à 20 kilomètres de là, moyennant un crédit de 20 ans.
Il avait donc toutes les qualités requises pour offrir à madame Kara une vie de merde. En toute logique, elle s’y précipita. Comme faisaient, font encore et feront éternellement les gens qui, du même coup, font des enfants sans en vouloir vraiment.
Anthony avait depuis longtemps appris que cette attitude, à priori curieuse, était en fait d’une banalité affligeante. Il lui semblait que le rêve de son père et la désillusion de sa mère furent le lot commun de la plupart des êtres humains, qui se félicitaient de traverser sans encombre cette glorieuse vie. Qui était donc une vie de merde.
Madame Kara devint Madame Kara après un mariage qui se termina aux urgences (parce que le jeune marié tomba dans un coma éthylique). Ils eurent un premier enfant que Madame Kara voulut appeler Nathan avec beaucoup d’insistance. Quant à ce choix, elle ne donna jamais la moindre explication. Mais quelques années plus tard, toute la petite famille finit par apprendre que Nathan était le prénom du demi-frère qui lui avait valu d’être bannit de sa propre famille.
Celui la même qui (disait-elle) l’avait soulevé sans crier gare ! Un choix qui restait encore à discuter. Apprenant la nouvelle, le grand frère d'Anthony se sentit une forme de connexion avec cet oncle qu’il ne connaissait pas. Il voulait à tout prix le rencontrer. Il déclara même un jour : « si ça se trouve, c’est mon père ! » - ce qui lui valut de se prendre le premier coup de poing de sa vie, directement de la part de son véritable père. (Par ailleurs, il ne fit aucun doute pour Anthony que Nathan fut bel et bien le fils de son père, tant les deux hommes se ressemblaient un peu plus à chaque jour qui passait).
Mais l’obsession de Nathan pour son oncle ne s’estompa jamais. Aussi, alors qu’il avait 14 ans et désormais, un petit frère, sa mère accepta de le conduire jusque dans le sud de la France, pour qu’il découvre sa famille et Nathan Sénior.
Nathan et sa mère partirent sept jours. Sept jours d’été durant lesquels Anthony dut prendre soin de lui-même alors qu’il n’était qu’un enfant (son père étant une fois de plus sur les routes). C’est durant cette semaine qu’il prit conscience de plusieurs choses. En tête de liste : ses parents étaient de mauvais parents et dans cette vie, il ne pourrait compter que sur lui-même. À compter de cet instant, il eut à cœur de préserver se préserver de cet environnement néfaste. Il se promit de tout faire pour s’offrir un jour une vie meilleure. Cette résolution commençait par s’épanouir dans une scolarité exemplaire. Ce qui, jusqu’ici, semblait plutôt lui réussir. Il est bien dommage d'avoir à préciser que néanmoins, Anthony finit par sombrer (mais ceci est l'objet d'une autre belle histoire qui s'intitule : Aussi fort que tu peux)
Lorsque madame Kara et Nathan revinrent du sud de la France, ils se haïssaient. Anthony soupçonnait de nombreuses choses à propos de ce voyage, mais il n’en sut presque rien durant des années, jusqu’à ce que son grand frère lui avoue les faits.
Et les faits étaient les suivants : il avait surpris leur mère en train de s’envoyer en l’air avec l’oncle que Nathan avait tant idéalisé, et qui, selon ses dires, n’était rien d’autre qu’un bond à rien.
Nathan était définitivement devenu un adolescent violent et vulgaire. A compter de ce jour, il se mit à boire, comme mon oncle, disait-il, alors même que ce dernier semblait l’avoir tant déçu. Mais pour Virgile, son frère ressemblait surtout à ses deux parents qui, eux aussi, avaient toujours aimé boire.
Nathan devint un véritable cancre. Il eut de nombreux problèmes avec l’école, puis avec la police et la justice. Il était souvent amoché. Pour ses seize ans, il s’offrit un scooter et un premier accident qui lui valut des béquilles pendant plus de trois mois. Ainsi qu'une balafre sur le visage. Mais cela ne découragea pas et il considérait même que la balafre constituait un atout de séduction. Il devint un tombeur ; toutes les filles lui tombaient dans ses bras, on trouvait même parfois des petites culottes dans la boite à lettre familiale. Anthony ne comprenait pas ce phénomène, parce qu'à ses yeux, Nathan était dégoutant. Anthony décréta que les filles étaient bêtes. Et il devint homosexuel.
Nathan se mit à fumer de l'herbe, à en cultiver et à en vendre. Il rendait sa mère complètement folle. Leur père s’absentait de plus en plus. Il était désormais très clair que les deux adultes n’avaient plus rien d’un couple. D’ailleurs, Madame Kara passait son temps à l’insulter et, depuis qu’elle avait revu son demi-frère, elle ne cessait de dire que c’était l’oncle Nathan qu’elle aurait dû épouser, si seulement on avait bien voulu la laisser faire...
Nathan vola une première voiture (à un garçon dont il devait se venger d’on ne sait quoi) qu'il fit brûler dans un champ. Puis deux mois plus tard, s’empara de celle de ses parents en pleine nuit, ivre mort, alors même qu'Anthony avait tenté de l’en dissuader. T’inquiète fillette, avait dit Nathan, faut bien faire de la maille si tu veux qu’on se casse d’ici tous les deux.
Puis il partit en embrassant son petit frère sur le front, ce qu'Anthony détestait alors. Des baisers bruts et secs qui, aujourd’hui, lui manquaient terriblement.
Nathan ne vit pas l’aube et Madame Kara décida qu’il était temps de faire ce qu’elle avait toujours rêvé de faire ; boire, dormir et regarder la télé.
Maintenant que vous connaissez un peu mieux Madame Kara, libre à vous de la juger et de répondre à son mantra :
« Oh que si je te connais ma vieille ! Ou devrais-je dire : Barjo la Pute ! »
0 notes