#mes petits pieds n'ont pas survécu
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je-suis-ronflex · 15 days ago
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Bilan du week-end bruxellois : de la thune a été claquée mais de manière relativement modérée (j'en suis le premier surpris), le bobo à la tête post gin tonic a été présent et les cartes postales ont été achetée et remplie, ce fut un très très bon week-end trop hâte de recommencer
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Ils étaient forts, ils étaient beaux, ils sentaient bon le sable chaud... De leur vertu et de leur gloire, on fascinait les auditoires ! Les bons, les braves et les coeurs purs suivaient en choeur leurs aventures ... Au firmament des âmes aimées, brillaient leurs noms d'un feu sacré ! *Oooooh*
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Bien, la scène étant posée, vos aventuriers ont a priori survécu à la nuit avec tous leurs organes encore connectés au réseau habituel, et se réveillent donc comme des fleurs avec les hurlements indignés des canards à 7 heures. C'est notre nouvel ennemi local.
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Nous prenons un délicat petit déjeuner à base de pain et de fromage frais, lorsque sous le regard ébahi des deux docteurs, ma tartine s'essaye aux acrobaties (10/10 pour les figures effectuées) avant de me faire gagner un supplément terre et cailloux. Ça croustille sous la dent.
C'est ensuite tout guillerets et parfaitement sereins que nous entamons nos 5h de trajet jusqu'à la nouvelle frontière argentine, absolument persuadés que tout va bien se passer, comme hier. Après tout, Dr X a un tel karma qu'on estime au million le nombre de chatons tués dans son ancienne vie, que pourrait il mal se passer ?
En approchant de la frontière, le monde nous envoie un petit message en nous faisant traverser 20km de forêt crevée, dans une atmosphère digne d'Halloween.
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Et bien mes amis, comme nous en étions intimement convaincus, nous avons ... Passé la douane sans aucun souci. Hormis le meurtre abject d'un paquet de clémentines et de notre gousse d'ail, volés par les contrôles sanitaires (heureusement qu'ils n'ont pas mis le nez dans nos chaussettes, on serait partis en quarantaine direct), le procédé a pris au moins 5 minutes !
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Les douaniers nous ont demandé un quart des papiers d'hier, m'ont posé une question que je n'ai pas compris, ont dit "oh tant pis, on s'en fiche" quand je leur ai signifié mon incompréhension, et on tamponné les papiers. Fin. C'est un peu anticlimactic comme résultat je trouve, mais ... ON EST EN ARGENTIIIIIIIIIIIIINE
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Nous découvrons alors (enfin, "on", Dr X et Touille, les mauvais élèves, Dr Rathatton ayant bien bachoté son trajet depuis deux mois) que le début de l'Argentine va être fort agréable : c'est un immense parc naturel !
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Il y a encore pas mal de neige, ce qui nous limite dans la découverte des petits sentiers, mais déclenche des libérations de pulsions enfouies depuis hier par certain.e.s.
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Après un déchaînement de violence qui vaudrait bien un reportage sur la crevette, nous faisons nos emplettes habituelles à l'arrivée dans un nouveau pays : carte sim et sousous.
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Ici, c'est très bizarre : il y a de telles variations de la monnaie dans le pays qu'il y a carrément deux taux... Le taux blue, taux officieux auquel s'échangent les dollars dans le pays, et le taux officiel, utilisé par les banques et les cartes de retrait. On a quand même presque un facteur trois entre les deux ! On passe donc par western Union pour retirer des sousous, récupérons l'équivalent de 500 000 pesos argentins, et réalisons avec bonheur que nous allons pouvoir faire une imitation fort réaliste de Picsou : ici, le billet maximal est de ... 2000 pesos. Et vu qu'ils sont rares, on n'en a qu'une vingtaine, le reste est constitué de billets de 1000 et de 500. Vous avez déjà tenu une liasse de 550 billets dans la main ?
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Ce sont donc trois mafieux devant planquer des centaines de billets qui partent se coucher ce soir, posés au bord d'un lac, et surtout ... Du bon côté de la frontière !
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moonchiesim · 1 year ago
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Printemps 1891, Brindleton Bay
Cher journal, Ça y est, nous partons. J'étais un peu mélancolique et j'ai donc ressenti le besoin de t'écrire une dernière fois, comme si vraiment j'allais cesser de le faire une fois parvenue à Chestnut. Je ne peux m'empêcher de songer que si je change de vie, alors ma personne aussi changera. Le penses-tu aussi ? En tout cas, notre chère Edmée n'a pas du tout apprécié que je tente de la charger comme une cargaison. Elle m'a botté les fesses, la petite chipie !
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Printemps 1891, entre deux chemins
Cher journal, Nous avons décidé de faire un petit arrêt pour nous reposer. Nous sommes à mi-chemin de Chestnut, et tout près de Hendford, mais pas assez cependant pour y chercher refuge. Séverin a dormi la majorité du trajet, pour se réveiller le reste du temps en pleurant à gros sanglots. C'est ses dents qui lui font mal, j'en suis sûre.
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Printemps 1891, Chestnut Ridge
Cher journal, Nous avons rencontré le maire, et c'est lui en personne qui nous a remis les clés de notre maison. Elle est confortable, je t'avoue, et on a même un étable pour un cheval, un jour, et une chambre fermée pour Séverin. François Xavier a trouvé une occupation dans la cave et y a passé toute la première soirée et une partie de la nuit, aussi. Je me demande ce qu'il trouve à cette grotte, moi j'ose pas y descendre. Nous avons pu ranger toutes nos possessions, mais malheureusement nos petites poules n'ont pas survécu au trajet. La première a été chipée par un renard et la seconde était déjà bien vieille, et avec Edmée qui aime bien lui faire peur, on se demande si ça n'a pas été le coeur. François Xavier commence a travailler sur le chantier de la future centrale hydroélectrique dès que possible. Il s'impatiente, car apparemment que son patron veut le rencontrer en personne et parler business. Je suis fière de l'homme que j'ai épousé et qui a bonne réputation alors même qu'on vient de poser nos valises.
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Été 1891, Chestnut Ridge
Cher journal, François Xavier a reçu une promotion dès qu'il a mis les pieds sur le chantier. Il est devenu le patron des employés de là-bas, et ça n'a pas plut à tout le monde, mais François Xavier s'en réjouit malgré tout. Il a sorti une vieille bouteille de nectar de la cave, et j'ai appris qu'il y passait tout son temps à tenter de reproduire la boisson. Ce soir-là, il a fêté pas mal fort et il a finis par dormir dans la rocking chair, sur le patio. Séverin pleure souvent et il a des chaleurs. Je pense qu'il est malade, mais je sais pas ce qu'il a. J'ai essayé des trucs de maman, et je suis souvent à chercher ses conseils, mais pas grand-chose ne semble soulager mon petit bébé. François Xavier a voulu lui donner un peu de nectar pour apaiser ses pleurs, mais j'aime pas tellement le goût et j'ai pensé que ça pourrait donner des nausées au bébé, alors j'ai dit non, peut-être seulement s'il se sent vraiment pas bien. Aujourd'hui, il refuse d'être dans son berceau, alors je le laisse libre, ça va lui faire du bien de gigoter un peu pendant que je gère la maison.
Bonus
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Edmée, la chipie-chèvre. Ses passe-temps incluent la lecture à voix haute et de terrifier tout le monde.
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Cheryl-Ann, la cocotte du village. Ses passe-temps incluent de caqueter les ragots et de roucouler pour son coq.
A noter que le passage où Joséphine parle qu'ils songent à donner du nectar à bébé Séverin ne reflète pas la réalité, mais certaines méthodes de l'époque. En 1880, un premier livre est apparu qui portait sur "La santé pour tous" et qui se voulait un guide d'hygiène de vie surtout lu par les femmes, mais ce n'était pas encore matière courante dans les régions éloignées. J'ai du mal à organiser mes idées et à les transposer concrètement, alors il se peut que tout soit un peu confus et chaotique, surtout au début. N'hésitez pas à m'éclairer de vos lanternes si vous avez des suggestions à mon approche du sujet ! 🌞
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jacquesdor-poesie · 3 years ago
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(La guerre en Ukraine m'a fait repenser avec force à ce grand-père qui avait survécu à Verdun... Enterré vivant 3 fois dans les charniers du front et qui, par trois fois remonta d'entre les morts. Le temps passe, les leçons de l'histoire n'existent pas, la preuve, les guerres toujours refont surface. Un texte en pensant à cet homme qui ne réclama jamais rien, pas même ... une pension de guerre). À Félix G....
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La plaie loquace du poème. La terre plaie ouverte de l'histoire. Mirador du couchant, une flopée d'alouettes cherchait la nuit comme pour en guérir la mémoire. Dans les champs, pas loin, un jour, il y eut des tranchées. Certains, un tout petit nombre, se souviennent encore de ces galeries à ciel ouvert et des hommes enguenillés d'uniformes sales qui les hantaient ; soldats comme enterrés, ventre vide grouillant de peur, pieds gelées dans la boue partagée avec les rats. Peur de tout, tout le temps. Peur des obus et leurs soudain fracas giclés de nulle part, de l'obscurité même ; lettres gribouillées en dessous à la faveur de cet éclairage effrayant, quelques mots pour la fiancée qu'ils n'ont, pour la plus part, jamais revue : une Louise, une Ginette, une Madeleine. Des prénoms si doux quand ils les prononçaient à mi-voix au milieu de cet enfer. Prières de soie maternelle aux seins rêvés, au ventre fantasmé, nid irréel et doux, prénom d'une absolue consolation au milieu des nuits d'horreur. Depuis, les goulots, les boyaux, les excavations, les plaies, se sont refermés, la terre de la guerre est redevenue champs, la terre a repris le dessus. Des années et des années sont passées. À cette heure, des vaches silencieuses comme de patients Zeppelin, les pis gorgés de lait emplissent le paysage. L'herbe y est grasse et sucrée, la pluie fine et transversale est comme le voile de la mariée quand elle sourit en dessous. Parfois, à la tombée de la nuit, on croirait entendre des voix au-dessus de la brume : celles qui relisent sans fin, en les murmurant, les amoureuses lettres. Du fond d'un cratère invisible, le cadavre d'un cheval de glaise aux deux ailes blanches s'envole enfin ... Si longtemps après, en plein oubli. Il faut dire que beaucoup, ce jour-là, aux alentours, crurent à la fumée d'un tas de mauvaises herbes consumées en plein champ. D'hier déjà tout à disparu, mais sous les pas, pourtant, tout est si proche. Les nouveaux venus s'occupent du présent, le présent qui prend toute la place ; dans l'esprit des hommes de passage, l'histoire paraît toujours trop ancienne pour avoir encore voix au chapitre. Dans une brocante, un après-midi, il y a peu, prodigieux hasard, j'avais trouvé une vieille carte postale qui disait : " Chère Eugénie, je pense bien à toi, les fêtes de Noël arrivent à grand pas, ce serait tellement merveilleux de les passer avec toi. Hier j'ai perdu Lucien et Maurice tombés sous les balles des boches, mes deux plus fidèles amis. On pourra peut-être récupérer leurs corps un peu plus tard, je l'espère pour leur famille. Je tiens le coup de mon mieux en pensant à toi, pas un jour, pas un instant où je ne pense à toi. Je t'embrasse mon aimée, de tout mon cœur, de toute mon affection, de tout mon amour. À bientôt, ton Joseph qui t’aime ".
jacques dor
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yumeka-chan · 3 years ago
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Je sais pas si c'est vraiment du fluff mais Guenièvre qui est hyper-nerveuse avant leur premier moment officiel en tant que roi et reine de Bretagne post-kv1 (genre première rencontre diplomatique ou un bail comme ça), et Arthur qui la rassure et qui lui dit que lui aussi il est nerveux ?
(je sais pas si ça correspond vraiment à ce que tu souhaitais, j'espère que ça te plaira <3)
- Non mais j'ai la trouille. Arthur observait sa femme, devant la porte de réunion. Ils devaient apparaître tous les deux, devant les chefs de clans. Reformer les alliances, réassurer leur position.
- Vous imaginez, si je me vautre devant tout le monde? Et puis, après tout le temps que j'ai passé seule, je sais pas trop comment me comporter quoi. Arthur lui saisit fermement la main. - Vous serez parfaite. - Et si je me prends les pieds dans ma robe?! Vous imaginez la risée?! - Vous avez survécu à mes conneries, à celles de Lancelot, et à Karadoc qui a failli vous ensevelir. Vous vous en sortirez. - Vous dites ça, mais avant tout ce bordel, ils mettaient déjà en cause ma légitimité à vos côtés, alors là...ils n'ont aucune idée de où j'étais pendant dix ans. - Moi non plus. - Oui, mais vous, vous avez votre épée pour assurer votre place. - Et vous m'avez moi. Il lui lâcha un petit sourire crispé. - Je vous avoue que moi aussi, ça me fait flipper. - Vous? Arthur contempla la porte, pour ne pas voir le regard de sa femme. - J'ai passé dix piges loin de tout aussi hein. J'ai été dans une tannerie, où personne me parlait, où je parlais à peine la langue. J'étais personne, et personne cherchait à voir mes défauts. - ça vous dit qu'on s'enfuie? Il tourna son regard vers lui, surpris. Guenièvre se mordait la lèvre inférieure. - On aura qu'à inventer un petit mensonge, non? - Vous voulez leur raconter quoi? - J'en sais rien moi... C'est pas comme si j'en voyais souvent, des chefs de clans avant. J'étais jamais invitée à vos réunions, et vous m'en parliez pas. Je sais même pas si ma tenue convient. Elle se tritura les doigts. Arthur hésita, avant de soupirer à son tour. - Quand j'étais roi, tous les gens qui sont derrière venaient, m'encensaient, mais ils cherchaient mes défauts, mes faiblesses. Ils les chercheront encore cette fois. Mais je vous ai à mes côtés, alors, ça ira. Arthur tendit son bras, pour que Guenièvre s'y accroche. Il s'avança vers la porte, jusqu'à ce que Guenièvre n'ouvre à nouveau la bouche. - Karadoc vous a parlé, pas vrai? - Il aurait dû? Elle hoche la tête. - Et il devait me dire quoi? - Que...que Lancelot avait fait annuler l'échange annulé il y a longtemps ? - Pardon? Elle se tourna vers lui, surprise. - Quoi? - Vous êtes officiellement la femme de qui là? - Je crois que c'est celle de Karadoc. Enfin, je sais plus vraiment, avec toutes ces intrigues politiques... Il réaffirma sa prise sur le bras de Guenièvre. - Vous êtes ma femme. Peu importe ce qui s'est passé jusqu'ici. Vous êtes à mes côtés, cela fait de vous ma femme. Et si quelqu'un ose en douter, je l'attends. Il resserra sa prise sur le bras de sa femme. Elle le vit ouvrir les portes, et cala son pas sur le sien. Tout le monde retint son souffle en les voyant arriver. Ils étaient sublimes, une prestance qu'ils n'avaient jamais eu. Personne ne remettrait en cause leur titre. Ils étaient les véritables Roi et Reine de l'île de Bretagne.
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fallenrazziel · 4 years ago
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Les Chroniques de Livaï #505 ~ TREPAS, ME VOICI (juin 846) Erwin Smith
L'histoire de Livaï comme vous ne l'avez jamais lue. ​Le personnage le plus populaire de L'Attaque des Titans, le soldat le plus fort de l'humanité… Qui est-il vraiment ? Qu'a-t-il dans le coeur ? Qu'est-ce qui a fait de lui ce qu'il est ? Je me suis mise en devoir de répondre à ces questions en vous livrant ma propre vision de sa vie, de ses pensées, des épreuves qu'il a traversées, ainsi que celles des personnes qui l'ont côtoyé, aimé, admiré, craint, détesté. Si j'essaie le plus possible de respecter le canon, quelques libertés seront prises sur les aspects de sa vie les plus flous. Quelques personnages seront également de mon invention. Livaï, un homme que l'on croit invincible et inatteignable… Est-ce bien sûr ? Jugez-en par vous-mêmes. 
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Je pousse mon étalon en avant, la lame au clair. Je ne suis pas censé aller au combat, mais savoir que mes hommes, à l'arrière, livrent bataille sans pouvoir les rejoindre me fait grincer des dents... La garde de brigadiers qui m'entoure n'a pas prononcé un seul mot depuis que le signal a été donné, et je me sens de plus en plus seul dans cet enfer qui se déchaîne.
Je ne peux pas me retourner, mais j'entends les hurlements des civils, le claquement des jets de gaz, le hennissement des chevaux... Je sais qu'ils sont tous terrifiés, mais je dois rester ferme et continuer droit devant. A encore quelques kilomètres, il y a un avant-poste qui pourra nous abriter et donner aux explorateurs plus de possibilités pour défendre et attaquer. Nous devons l'atteindre...
Combien sont déjà tombés ? Nous filons si vite qu'il est impossible que les réfugiés arrivent tous à destination. Je le savais, j'ai décidé de passer outre, de relever ce défi déraisonnable, et maintenant, tant de gens sont sans doute morts de façon si vaine... Mais je continue d'avancer. Je ne peux pas encore me résoudre à faire autre chose, je ne peux m'avouer vaincu. Je décide de fermer mes sens au vacarme qui règne sur la plaine - dans mon coeur aussi - et de galoper encore en avant, sans un regard en arrière. Notre refuge ne doit pas être loin... au bout de cette route. Je la connais bien, pour l'avoir empruntée d'innombrables fois. Notre ancienne forteresse est toute proche...
Des titans, droit devant ! Ils nous attendaient, et se jettent sur nous ! Aucun moyen de les déborder... Un brigadier s'élance alors vers nos ennemis afin de tenter de les arrêter, mais ils sont trop nombreux. Il se fait bientôt capturer par plusieurs mains décharnées et affamées qui se disputent alors son corps gigotant... Il faut y aller ! Suivez-moi ! Je m'éjecte à mon tour, suivi des autres soldats, vers le malheureux qui ne crie même pas grâce ; c'est peine perdue face aux titans... Je sectionne une des mains, et évite de peu des mâchoires béantes qui claquent juste derrière moi.
Ne perdez pas de temps, tranchez les nuques ! Mes camarades obéissent, et bientôt, trois géants tombent face contre terre. Nous parvenons à arracher le brigadier aux crocs d'un douze mètres, avant qu'il ne l'engloutisse. Ses jambes sont sérieusement blessées. Nous nous replions, quand je comprends enfin que la situation est sans issue.
Devant nous se dresse un rempart titanesque, marchant au pas vers nous. Leur lenteur est terrifiante ; comme s'ils savaient qu'il n'est pas nécessaire de se presser... Nous sommes les proies qu'ils ont décidé de dévorer, et aucun de nous ne passera cette ligne. C'est la mort assurée qui nous attend là-bas... Et aussitôt, un souvenir pas si lointain me revient à l'esprit. Je me vois, tentant d'empêcher Keith de mener nos hommes vers la mort, vers les titans qui nous encerclent... Ce jour-là, j'ai pris la bonne décision, elle a sauvé de nombreuses vies. Puis-je en sauver au moins quelques-unes aujourd'hui ?
Je me retourne sur ma selle et contemple enfin la plaine vers le nord, le chemin parcouru au prix de nos dernières forces. Il n'y a presque plus personne. Nos rangs ont été quasiment décimés. Quelques fuyards courent pour leur vie, tentant de se cacher derrière des arbres, des rochers, ce qui ne les mènera nulle part. Les vétérans se sont dispersés dans la forêt qui me semble à présent si loin, mais quelques recrues livrent encore bataille sur le terrain, protégeant de petits groupes éparpillés...
Je dois décider... La plainte sonore du brigadier blessé me ramène à la réalité brutalement. Il faut battre en retraite. Nous n'avons aucune chance. Je dois... sauver ce qui reste. Nous rentrons à Valburga ! Mon ordre résonne sur la plaine déserte, et je sens mon coeur se soulever face aux pertes humaines innombrables... Nous devons récupérer ceux qui restent, les rassembler... Faites-le ! Je vais envoyer un signal de rassemblement, en espérant que les explorateurs le voient. Demi-tour, vite !
La rangée de titans est déjà sur nos talons. J'ai pris trop de temps à réfléchir... Ils sont si nombreux ! Pourquoi ? Pourquoi ne puis-je atteindre Maria !? Seront-ils toujours entre moi et mon but ?!
Je lève le bras et les brigadiers restants se dispersent afin de retrouver les survivants et les regrouper. Je relance ma monture à bride abattue, sentant la chaleur habituelle qui émane des corps des titans juste derrière moi. Livaï, Mike, Hanji, vous tous... Êtes-vous toujours en vie, ou vous ai-je infligé la mort la plus inutile qui soit ? De nouveau, mon coeur se serre à cette pensée. Aucun de vous ne méritait ça... Vous m'avez fait confiance, vous m'avez suivi, et je vous ai trahis...
Quelque chose fonce alors sur moi, venant du nord. Une chose qui ressemble à un grand oiseau noir aux ailes déployées... Il ne s'écoule qu'une seconde jusqu'à ce que je comprenne que c'est un explorateur. Je n'ai pas besoin de me demander de qui il s'agit, sa manière de voler est inimitable. Un poids énorme quitte alors mon coeur et je me retiens de crier son nom. Il me survole sans me regarder un instant, et je n'ai pas besoin de me retourner pour savoir qu'il s'est jeté sur les titans qui me poursuivent. Le son des lames qui vrombissent comme des scies fouette mon étalon qui redouble encore de vitesse. Je croise sur la route la petite jument noire qui attend son cavalier, fidèle et patiente comme à son habitude. Elle se met à galoper un peu à mon côté, et je me prends à lui parler, comme pour me calmer moi-même. Il va revenir, il revient toujours...
Les brigadiers me rejoignent et m'informent qu'ils n'ont pas trouvé beaucoup de monde. Ils sont peut-être déjà en route pour Valburga, allez après eux ! Ils écarquillent les yeux en constatant ce qui se passe derrière moi. Ne restez pas là, vous voyez bien que le renfort est arrivé ! Vous ne feriez que le gêner ! Dispersez-vous ! Ils disparaissent de nouveau de mon champ de vision, et me laisse seul ; je tente alors de me concentrer sur la présence de cette force de la nature qui se déchaîne derrière moi... La violence de chacun des coups qu'il donne me parvient à travers la terre et le vent, par des vibrations qui font trembler mes muscles, et envoie des jets d'adrénaline dans mes membres qui me font redoubler de vitesse.
Un poids s'abat furieusement sur la croupe de mon cheval mais il vacille à peine. Je sais que c'est lui. Pourquoi ne remonte-il pas en selle s'il en a finit ? Mais je n'ai pas le temps de lui poser des questions. Il s'arc-boute face à moi, sans un mot, et je remarque alors que ses lames sont brisées. Ce sont ses dernières, son fourreau est vide. Il n'a pas besoin de m'expliquer quoi que ce soit, nos regards se croisent rapidement, et il fait sauter ses lames inutilisables. Je dégage mes bras pour lui laisser le champ libre jusqu'à mes fourreaux. Il enclenche ses poignées dans chacun d'eux et les ressors avec des lames neuves, prêt à retourner combattre. Comme à chaque fois, je suis subjugué par son endurance. Il déploie tant de puissance que l'air paraît crépiter autour de nous.
Il n'a rien besoin de me dire, je sais ce qu'il va faire. Alors, je contracte les muscles de mes épaules afin de le soutenir le mieux possible, et lorsque son pied s'appuie sur ma clavicule, c'est comme si tout mon corps essayait de le projeter, vers les titans, le danger, la mort qu'il a choisi d'affronter. Je ne peux pas encore l'en empêcher, tout ce que je peux faire, c'est l'aider du mieux possible à leur faire face. Et lorsque son poids quitte mon corps, envoyant une onde douloureuse dans chacun de mes os, je ne peux m'empêcher de lâcher un sourire.
Nous allons survivre, Livaï. Nous devons survivre, pour tous les morts, pour le bataillon, pour tout ce que cela représente. Je dois nous ramener à Rose.
Je constate que d'autres cavaliers nous ont rejoints. Il y a également deux chariots qui ont survécu à l'attaque. J'aperçois au loin des civils à pieds qui courent vers le nord ; si nous parvenons à garder les titans sur nos traces, ils ont peut-être une chance de s'en tirer. Je porte mon regard au loin et les silhouettes noires des ferries sur le fleuve me paraissent en difficulté. Mike... fais ce que tu peux pour sauver ce qui peut l'être...
De nouveau, mon cheval sursaute suite à l'atterrissage brutal de Livaï sur sa croupe ; cette fois il s'accroche à moi et attend que je lui donne mes ordres. Fais attention, il ne vas pas tenir longtemps si tu continues de t'en servir comme perchoir ! Il ne répond pas, et reste tourné vers le sud, les lames déployées, prêt à y retourner si nécessaire. Je te fais confiance, je suis sûr que tu as fait ce qu'il fallait là-bas. Il me dit qu'il en reste encore qui viennent de l'est, et qu'ils ont l'air d'avoir faim. De l'est ? Bon sang, je dois aller aider Mike ! Toi, tu retournes auprès de tes hommes ! Ils doivent livrer bataille dans les bois ! Va te ravitailler et ordonne-leur le repli ! Pas de discussion !
Il me scrute un instant, cherchant tout au fond de mon âme à savoir comment je me sens, mais je lui oppose un regard ferme et déterminé. Je ne vais pas m'écrouler maintenant... alors va ! Ils ont besoin de toi ! Sans y penser, je serre sa main agrippée à mon torse - cette main si forte constellée de durillons - comme pour lui communiquer ma conviction, et il accepte de se détacher de moi. Il saute sur le dos de sa jument au moment où de nouveaux titans se présentent pour nous attraper, mais les recrues sont déjà en train de s'en charger. Il a un instant d'hésitation...
Va-t-en d'ici, tu en as assez fait ! Nous allons nous en charger en déviant vers le fleuve ! Rejoins-les, vite !
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luma-az · 6 years ago
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Fanfic My Hero Academia : Ambition masquée #5
Début de la fic ici, ici ou ici
Résumé : Bakugo Kastuki, né Sans-Alter, déteste les héros et leur arrogance. Devenu policier, il met un point d'honneur à arrêter les vilains avant eux, même si les risques qu'il prend lui valent des reproches de sa hiérarchie. Malgré son sale caractère, il n'effraie pas le héros Red Riot, qui le séduit peu à peu... mais leur relation ne sera pas si simple.
Pairing : Bakugo Katsuki x Kirishima Eijirou
Avertissement : jurons. Beaucoup.
Taille : 20k mots
Publication d'un nouveau chapitre tous les mercredis
Chapitre 5 : comment désamorcer un humain explosif
   Plus tard, alors qu'ils sont encore dans la chaleur de son lit et que Bakugo reprend ses esprits peu à peu, les pensées parasites reviennent. Évidemment. Coucher avec Kirishima était un grand moment, mais ça n'a rien réglé, en réalité. Ça a même compliqué encore un peu plus la situation. À présent, le héros est couché dans son lit, nu et alangui, en train de lui sourire comme si c'était le plus beau jour de sa vie, et Bakugo n'a aucun plan pour la suite.
Il se lève brusquement disant qu'il a besoin de prendre une douche. Ce qui est vrai, d'ailleurs. Mais surtout, il a besoin d'un peu de temps seul, pour réfléchir.
Il a à peine commencé qu'il entend la voix un peu hésitante de Kirishima, de l'autre côté de la porte, lui demandant :
— Heu... Bakugo ? Est-ce que tu veux que je parte ?
Oui, en fait, ça l'aurait arrangé. Au moins la décision aurait été prise. Il serait sorti de la salle de bain pour retrouver l'appartement vide, abandonné par ce putain de héros qui aurait eu ce qu'il voulait, et qu'il aurait pu considérer comme un salopard et oublier.
Sauf que non, évidemment. Bakugo lui crie :
— Fait ce que tu veux, je suis pas ta putain de mère !
Il entend l'autre rire de l'autre côté, et ajouter :
— Ok, alors... Je peux te rejoindre ?
— Non. Attends ton tour.
Silence. Ok, Kirishima n'a absolument pas mérité qu'on l'envoie sur les roses, mais Bakugo a juste besoin de silence pour réfléchir ! Est-ce que c'est trop demander à ce putain d'univers ? Il lui crie :
— Tu peux aller te chercher un truc à boire ou ce que tu veux. J'arrive.
— Ça marche !
Putain, ce gars a l'air beaucoup trop content  de pas grand-chose.
Le blond doit regarder les choses en face. Il n'a aucune envie que Kirishima s'en aille. Il veut le retrouver, faire ce stupide rencart, l'impressionner, le faire rire, et dormir dans ses bras.
Bakugo arrête l'eau en jurant contre lui-même. Tous ces sentiments ressemblent beaucoup trop à de la dépendance pour qu'il les accepte facilement. Mais les nier ne fera que le torturer à nouveau, et encore pire, le faire agir stupidement à nouveau. Il s'est déjà trop ridiculisé, il est temps d'assurer, bordel !
.
La chambre est vide quand il y retourne. Bakugo s'habille rapidement, un simple jean et tee-shirt. Il retrouve Kirishima dans sa cuisine, hésitant visiblement à se servir seul. Le héros a remis son pantalon et sa chemise rouge, mais reste pour l'instant pieds nus. Bon, au moins il n'est pas sur le départ. Ça aurait pu être pire.
Bakugo lui demande s'il veut quelque chose. Kirishima rit et répond, un peu embarrassé :
— Ben... Disons que je pensais manger avec toi ce soir, enfin j'espérais, mais là je crois bien que ça va être trop tard donc... oui ? Enfin, ce que tu as, je ne veux pas t'embêter...
Le blond hoche la tête et commence à sortir du frigo de quoi préparer le repas. Il ne sait pas trop si ça se fait, proposer un dîner après le sexe, et concrètement il s'en fout. Là, il a son - amant ? petit ami ? prétendant ? plan cul ? - Kirishima qui a faim, il faut le nourrir, point. Et se nourrir au passage. Ils ont fait pas mal d'exercice après tout.
Le roux le regarde faire, tout en se grattant la nuque d'un air hésitant. Sa queue de cheval n'a pas survécu à leur étreinte et ses cheveux sont à présent lâchés, lui frôlant les épaules, complètement ébouriffés. Bakugo le regarde du coin de l'œil, n'en revenant toujours pas. Comment est-ce qu'un type aussi canon a pu décider de le draguer lui en particulier ? Et comment est-ce qu'un type aussi canon a pu décider volontairement de saboter ses cheveux en les hérissant comme un demeuré ?
Logiquement, la réponse à ces deux questions est la même : Kirishima Eijirou est un débile affublé d'un goût de chiottes. Mystère résolu.
Croisant le regard de Bakugo, le roux lui répond avec son plus beau sourire, et l'officier sent presque physiquement son cœur essayer de s'envoler de sa poitrine, irrémédiablement attiré par la chaleur de ce sourire. Putain. Il est vraiment, complètement en train de craquer pour un gars qui est 1) un putain de héros, 2) le putain d'ami de ce putain de Deku, et 3) un crétin. Bakugo peste en se concentrant sur les légumes qu'il est en train de couper avant de les faire revenir à la poêle, une longue bordée de jurons et de menaces de mort qui accompagne parfaitement sa hargne et ses coups de couteau. Il est complètement foutu.
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Kirishima est heureux. Lui qui est déjà lumineux en temps là, là il irradie carrément de bonheur depuis que Bakugo l'a implicitement invité à rester. Et il parle. Beaucoup. Il a promis à Bakugo un vrai rendez-vous, dès qu'ils pourront, et jacasse à propos de tout ce qu'ils pourraient bien faire. Oh, il pose des questions, aussi, ce n'est pas un monologue. Il semble avoir vraiment envie d'en savoir plus sur Bakugo. Celui-ci n'aime pas parler de lui, mais comment est-ce qu'il pourrait résister à un enthousiasme aussi ingénu ? Rien à faire, il lui répond, lui explique, et peu à peu, bribe après bribe, il se retrouve à parler de lui à Kirishima, ses bagarres à l'école, sa décision d'entrer dans la police, ses plans pour attraper les vilains avant les héros...
Le roux n'est sans doute pas aussi stupide qu'il en avait l'air. En tous cas, il semble très bien comprendre, sans que Bakugo ait besoin de le formuler, ce qui sous-tend toute l'histoire de sa vie : montrer au monde de quoi un Sans-Alter est capable. Et il a l'air de trouver ça bien. Pas que Bakugo en ait quoi que ce soit à faire de son approbation, évidemment. Mais quand même, après toutes ces années à entendre question stupide sur question stupide, ça fait du bien d'entendre juste quelqu'un dire :
— Tu es tellement fort ! Tu as dû t'entrainer comme un dingue pendant toutes ces années pour réussir à te battre aussi bien, non ?
— Qu'est-ce que tu crois, bien sûr que je me suis entrainé. Mais j'étais doué dès le départ, c'est tout.
Kirishima éclate de rire :
— J'imagine ! Vu tous les combats que tu m'as racontés ! Tu sais, je connais pas mal de héros qui n'ont pas d'Alter de protection. En opération, c'est moi qui leur sers de bouclier vivant... Mais j'ai toujours pensé que c'était eux les plus braves, parce que ce sont ceux qui prennent le plus de risques. Mais maintenant que je t'ai rencontré... Tu es vraiment le type le plus courageux, le plus viril et le plus fou que je connaisse, Bakugo Katsuki.
Le blond tente d'empêcher le rouge de lui monter aux joues et proteste :
— Comment ça, le plus fou ?
— Tu utilises des explosifs pour te projeter dans les airs et frapper l'ennemi avec plus d'impact. Tu ne vas pas me dire que c'est un truc super sensé ?
— Tsk ! C'est parfaitement calculé ! Ce serait dangereux pour des abrutis, mais moi je sais ce que je fais ! Viens voir par là !
Kirishima prend juste le temps de finir son dessert d'une énorme bouchée avant d'emboiter le pas au blond. Ils sortent de l'appartement, prennent les escaliers et arrivent sur le toit de l'immeuble. À la grande satisfaction de Bakugo, la première réaction du héros est un "Putain !" admiratif. Pourtant, il a dû en voir d'autres à Yuuei, le lycée pour héros où il a été formé. Mais ce n'est pas n'importe qui qui peut se permettre d'avoir son propre parcours d'entrainement.
Bakugo a mis des années à construire patiemment son parcours, qui forme aujourd'hui un véritable labyrinthe en trois dimensions. Il y a de quoi escalader, ramper, passer en force, des murs à exploser en brique, en béton, en acier, des pitons pour s'entrainer à lancer des grappins et s'élancer d'une hauteur à l'autre, des mannequins à ligoter ou sauver, sans oublier les feux contrôlés à distance et d'autres pièges à base d'acide, de colle, de plumes acérées, de soufflerie, de glace... Le policier veille à mettre en place l'équivalent des Alters les plus vicieux qu'un vilain puisse lui opposer, et à y faire face victorieusement. Et puis, c'est aussi un bon moyen de tester ses différents gadgets.
La visite du parcours se fera plus tard, pour l'instant le blond a un invité bouche bée et il l'amène droit à l'essentiel, le cœur de son royaume : l'atelier. Même les héros les plus puissants utilisent un équipement de pointe pour affronter des vilains, et Bakugo ne dispose pas de société spécialisée qui réaliserait dans l'heure le moindre de ses désirs. Mais entre les pièces de contrebande, l'aide de quelques ingénieurs légèrement hors de clous voir complètement cinglés, et sa propre ingéniosité, il se débrouille.
— Ne touche à rien, lance-t-il à Kirishima en entrant dans l'atelier. Si c'est sur la table là, c'est explosif, sur celle-là, ça brûle, et là je ne sais pas encore mais t'as pas envie d'en avoir sur la peau. Tu sors de l'hôpital, ce serait con d'y retourner tout de suite, non ?
— Putain... souffle le héros abasourdi.
Il y a de quoi. Bakugo s'est habitué au bric-à-brac qui compose son atelier, mais il en reste très fier. Il y a ses explosifs, qu'il fabrique lui-même, les différents éléments de sa cuirasse de protection, les bandes de contention qu'il fabrique également lui-même, des lance-grappins, des harnais, des outils soigneusement rangés sur l'établi, et plusieurs cuves où bullent tranquillement ses dernières expériences en court.
Kirishima inspecte tout, toujours aussi ébahi, et se retient visiblement de toucher à tout ce qui attire son regard. Puis il regarde Bakugo avec ses grands yeux admiratifs et s'exclame joyeusement :
— C'est génial, Bakugo ! Je comprends mieux comment tu as réussi toutes tes arrestations... Tu es un vrai génie !
Bakugo ne s'empêcher de sourire à son tour, férocement :
— Évidemment que je suis un putain de génie, tu crois quoi ! Je suis jamais resté à me faire prendre en photo pendant que des petites mains se cassaient le cul à essayer de me garder en vie... Je bosse, moi !
Le commentaire sur le star-système des héros n'a pas l'air de perturber Kirishima, qui continue de regarder partout. Il désigne une porte au fond de l'atelier et lui demande :
— Et là, c'est quoi ?
Bakugo suit son regard et étouffe un juron. Est-ce que la porte est fermée ? Elle est forcément fermée, il est impossible qu'il ait oublié de la fermer, mais le héros l'a vue, comment est-ce que Bakugo a pu être assez stupide pour laisser une saloperie de héros assez près de cette porte pour savoir qu'elle existe ?
En trois enjambées il est entre la  porte et Kirishima et lui répond d'une voix froide :
— Ça c'est rien. Tu n'y touches pas, tu oublies que ça existe, et tout se passera bien, compris ?
Trop intense, s'engueule-t-il ensuite, tu es trop intense, il a compris...
Au lieu de ça, Kirishima éclate de rire et lui lance un faux coup de poing dans l'épaule, en disant :
— T'inquiète, tu crois que je n'ai pas compris que ce n'était pas super légal tout ce que tu avais là ?
Il regarde tout autour de lui, toujours aussi admiratif, et hoche la tête :
— Je sais que je ne devrais pas te le dire, vu que je suis un héros, mais je trouve ça vraiment génial tout ce que tu as fait. Vraiment. Tu restes concentré sur ton objectif et tu te débrouilles tout seul pour l'atteindre, c'est super viril ! Et si ça t'aide à combattre le crime, je ne vois pas pourquoi je suis censé te l'interdire.
Il lui sourit de toutes ses dents, et comment est-ce que des dents pareilles peuvent donner un sourire aussi pur et sincère ?
— Hé, ça te dirait qu'on s'entraine ensemble ? J'adorerai essayer ton parcours ! Ah, et on pourrait aussi s'entrainer dans la salle de Fatgum, je suis sûr qu'on a moins d'accessoires que toi, mais ça pourrait être cool aussi !
Là, Bakugo a un peu du mal à se rappeler comment on respire, mais c'est entièrement la faute de Kirishima. On n'a pas idée de balancer aux chiottes des années de complexes dans la vie d'un autre et de tirer la chasse. Comme ça, juste avec sa gentillesse habituelle, il vient tout juste de montrer qu'il le considère véritablement comme son égal. Pas un sous-héros, mais un co-combattant du crime, comme lui, qui peut aussi lui apprendre des choses. Et un entrainement avec Red Riot, le bouclier ultime, c'est le rêve pour un spécialiste de l'offensive comme lui.
Reste cool, s'ordonne Bakugo. Ne joue pas les fangirls. Pense à Deku. Quoiqu'il arrive, ne ressemble jamais à Deku.
L'idée de ce nerd obsédé couinant d'admiration devant ses héros fétiches arrive à le calmer, et le policier parvient à répondre d'un ton posé :
— Ouais. Ça peut se faire.
Kirishima lui fait un autre sourire à dix millions de watts - au moins - et commence à poser des questions sur ses explosifs. Tout va bien, admet Bakugo à sa propre surprise. Malgré tous les milliards de choses qui auraient dû aller de travers et empêcher la création d'une relation aussi anormale que la leur, en réalité tout va bien. Et semble bien parti pour continuer à aller bien. Bon sang, il a même montré son atelier à Kirishima ! Autant dire qu'ils sont en couple à présent.
Et en regardant l'éternel sourire du héros, l'idée ne semble pas aussi dérangeante qu'elle aurait dû l'être.
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claudehenrion · 7 years ago
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Déjà cinquante ans...                                                                    ( II ) : Une révolution pas comme les autres
  Le billet d'hier se terminait par : ''une mascarade qui n'a rien apporté de nouveau'', ce qui, malheureusement, n'est pas totalement vrai : pour désagréable que cela soit à écrire, il s'est tout de même passé quelque chose, non sur le moment-même (où l'anecdotique s'est paré des plumes du paon), mais bien plus tard, un peu comme insidieusement. Au moment des événements, il ne s'est agi que de l'énorme crise de nerfs d'une jeunesse qui était (quoi qu'elle ait raconté par la suite), gâtée à en être pourrie. L'incapacité des pères et des maîtres (qui avaient connu la guerre, eux, et savaient donc à quel point leurs fils n'avaient aucune raison défendable de se plaindre) a certainement joué un rôle important dans ce qui fut, aussi, un choc entre deux générations, un désir œdipien de tuer le Père... (de Gaulle ?)
  Plus personne ne mentionne les événements d'un autre mois de Mai, dix petites années avant ''les événements de 68''. C'est pourtant le 13 mai 1958, qu'avait commencé une autre ''révolution'' (une vraie, avec les horreurs, les assassinats, les milliers de morts, les destructions irréparables et les deuils qui sont l'escorte obligatoire de ce mot affreux et pourtant si souvent vénéré) : l'enterrement de la IV ème République et l'annonce de l'arrivée de sa suivante, la V ème, dans l'abandon terrible de tous les algériens, arabes, harkis et pieds-noirs (sauf les quelques milliers qui avaient réussi à faire croire qu'ils étaient ‘‘dans le sens de l'histoire'')...       Dans le drame sans nom de la mort de ''leur Algérie'', plus d'un million de nos frères, trahis par leur propre pays (enfin... propre... ça se discute !), ont dû quitter dans la violence extrême leur maison, leurs souvenirs. toute leur vie... et leurs morts... et tourner le dos à une vision du monde qui n'était peut-être plus la bonne (leur répétait-on)... mais qui a été remplacée par des solutions tellement pires en tout qu'un observateur impartial est en droit de s'étonner, un demi siècle plus tard.  
  Et dix ans plus tard, en 1968, les syndicats, pour une fois réalistes, ont mis leurs troupes au repos mais n'ont pas suivi les débordements inexcusables de gamins inconséquents : autant la grève est bien dans la culture ouvrière, autant, depuis la Commune, barricades, pillages, incendies et violences injustifiées sont bannies.         Il y a eu, certes, des manifestations communes. Ensemble, oui, mais totalement séparés : ''L'imagination au pouvoir'', hurlaient les plus jeunes...  et ‘'Charlot, des sous'', répliquaient les plus sages... D'ailleurs, on est en droit de se demander combien, parmi les étudiants, souhaitaient vraiment ''la mort du petit cheval'' et combien jouaient à la guéguerre ? Car tout de même, la manière dont s'est conclu tout ce b...fatras constitue une démonstration indiscutable que le peuple français n'avait que peu de sympathie pour les idées farfelues des pseudo-révolutionnaires.
  Mais au delà des faits, les idées creuses étiquetées ''mai 1968'' ont survécu à leur nullité et à leur absence de ''raison d'être'' : étonnamment, elles sont devenues le symbole d'une émancipation culturelle et de la contestation justifiée de toute forme d'autorité formelle. La vérité, bien évidemment, est toute autre : s'il était théoriquement ''interdit d'interdire'', cette injonction stupide ne s'appliquait pas aux slogans absurdes qui fleurissaient dans les ''assemblées'' et les amphis occupés et sur les banderoles, qu’il n'était pas question de  contredire. Quelle drôle de liberté !    (NDLR : Comme par hasard, au moment où notre Président rêve de commémorer les soixante-huiteries, un ''remake'' se rejoue devant nous, en ce mois de mai 2018, avec les paralysies de Nanterre, Tolbiac, Toulouse, Rennes ou Montpellier, et avec le même silence coupable des autorités, ''omertà'' dont nous aurons à  reparler, car elle est un marqueur plus fort qu'on ne croit de la décadence de notre civilisation).
  Le refus de toute autorité (Etat, parents, famille, police, professeurs, ordre établi et convenances multi-séculaires, respect, dignité, morale, sens des mots, fraternité des républicains ou amour du prochain des chrétiens, et j'en oublie), a conféré une date officielle à un ‘‘N ième’’ avatar de l'individu roi et du ''Je'' contre le ''Nous''.            Cependant, il faut répéter que la vérité n'a rien à voir avec les mensonges de ceux qui réinventent le passé pour mieux asseoir leurs rentes et leurs prébendes : ces idées étaient très largement répandues, partout dans le monde occidental, bien avant que nos ''progressistes d’opérette'' ne ‘’se’’ les récupèrent sans vergogne.   (NDLR : A l'époque, ''Exchange Professor'' dans 11 des plus grandes universités américaines, j'atteste que la vague hippie, le ''flower power'', l'amour libre, le ''me first'' et le refus de la conscription (''draft'', aux USA) battaient leur plein sur tous les Campuses américains. J'en ai des tiroirs entiers qui débordent de souvenirs !)
  ''L'esprit de '68'' a donné des lettres de noblesse (sic !) à la consommation de masse. Puisqu'il fallait ''jouir sans entraves'', une société de consommation et de loisir allait supplanter la société traditionnelle, plus tournée vers la raison, la mesure, la sagesse et le travail. Les victimes de ce ''conte de méchantes fées'' ont cru de bonne foi que, pour la première fois dans l'histoire de l'humanité, on pourrait dépenser plus que l'on ne gagnait : la consommation ne dépendant plus de la production mais d'elle-même uniquement, le prix serait une variable d'ajustement, ‘’le politique’’ allait financer la sacro-sainte consommation des ménages, et la dette à tous les niveaux allait être un moyen de vivre mieux. Ah ! Les idiots !
  Le bilan de ces utopies criminelles est navrant : une dette gigantesque qui fait peser sur les générations futures le train de vie de la génération 68, qui a pris les ''manettes'' sans renoncer à ses avantages en nature : au pouvoir, ils n'ont pas oublié leurs folies, bien au contraire, puisque les survivants de cette pandémie d'idées stupides cherchent encore à nous imposer leurs dystopies (qui ont été rebaptisées ''solutions'', ce qu'elles n'ont jamais été et ne pourront jamais être).
  Aucune de ces idées ne pouvait trouver une place dans un monde d'une complexité aussi gigantesque que l'est devenu le nôtre : elles étaient déjà mortes en 1968 (et aujourd'hui, plus encore) comme l'est le non-modèle économique qu'elles recommandent, qui privilégie la consommation sur l'investissement, le faux plaisir fugace sur l'effort constructif, et qui engendre des écosystèmes dévastés, comme l'étaient feue-l'URSS et la Chine maoïste. Nous voilà donc réduits (condamnés ?) à imaginer une nouvelle croissance sobre en ressources, moins facile, plus respectueuse de notre santé comme de notre environnement, qui n'est rien d'autre qu'un retour aux mœurs traditionnelles ! Mais hélas, cela ne se fera pas sans privations, sans regrets amers, et peut-être sans larmes, parfois... (à suivre).
H-Cl.
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vg11k · 7 years ago
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Feu & Sang – ch16
...Ma main tremble alors que j'écris ces lignes. Le froid me gèle les doigts, mais ton sourire suffit à me réchauffer, gravé dans ma mémoire. Grissenwald n'est plus qu'à trois jours de chariot, s'il ne pleut pas davantage et que nous ne cassons pas une roue... Mais suffit de ces mots qui vont m'attirer la malchance. Place à celui que je préfère et me donne du baume au cœur : Roxanne. Ma très chère... tu n'imagines pas combien tes bras me manques... A très vite mon amour.
...plusieurs types de cadavres animés, ponctua Scleras.
De l'index, il caressa le menton de la charogne qui les séparait. Ses pieds nus se glissant agréablement entre les brins d'herbe, elle approcha davantage. Détendue, tout les sens en éveil, elle buvait ses paroles.
Sommes toutes, reprit-il de sa voix parcheminée, ils n'ont pas besoin d'un nécromant pour exister. Preuve en est : bien des morts-vivants parcourent le monde sans que personne ne les ai relevé.
Il prit sa main dans la sienne. Elle pouvait sentir ses os à travers sa peau fripée et en frissonna de plaisir. Guidant son poignet, il l'invita à presser sa paume contre le front du mort.
Toutefois, deux catégories sont à distinguer. Ceux doués de conscience... et les décérébrés, guidés par les dernières sensations qu'ils éprouvent encore. Ils errent sans réel but. Ils n'ont pas la moindre pensée en réalité. Quelques soupçons de sensations tout au plus...
Elle esquissa un sourire comme il passait derrière elle sans cesser de parler. Elle se frotta les orteils les uns contre les autres sans le réaliser.
La nécromancie n'est autre qu'une subtile toile d'araignée, reliée à chacun d'entre eux. Manipule ces fils avec adresse et n'importe quel mort deviendra ta marionnette. En contrôler davantage demande du doigté, mais avec la pratique tu réaliseras qu'il n'est souvent pas nécessaire d'en tisser trop. Laisser les instincts imprimés dans les muscles et la chair permet une économie de concentration non négligeable.
Le vieux vampire se permit un sourire suffisant.
C'est là le secret de l'art nécromantique : être capable de manipuler autant de marionnettes que tu le peux. Avec un minimum de fils. Et ce, sans oublier ton propre corps physique.
Lui indiquant de relever la tête, il plantant son regard dans celui de la jeune femme.
Je t'apprendrais à façonner le vent sombre, à tresser des fils que tu pourras rattacher à aux morts.
Se détournant, il reprit son monologue :
Les morts doués de conscience quant à eux...
...est un don capricieux qui ne demande qu'à être libéré, déclara son professeur d'un ton grave.
La plume de l'adolescent s'affolait sur la feuille de papier, tâchant de ne perdre aucun mot.
A la différence des autres écoles, on ne puise pas dans son pouvoir. Une fois allumé, nous lui tenons la bride afin de ne pas détruire jusqu'à notre essence même.
Mêlant la pratique à la théorie, le mage au crâne luisant et à la barbe rousse fournie claqua sèchement des doigts. Avec quelques étincelles il produisit une flamme qui flotta au-dessus de  son index levé.
Un sort entropique aurait tôt fait de ravager Altdorf, poursuivit-il comme sa manifestation enflait brusquement au point que l'apprenti ressenti la chaleur sur son visage et dû plisser le regard. Vous ne devez pas céder. Vous ne devez jamais céder. Vous devez faire preuve de retenue, à chaque instant. J'insiste sur ce point.
Et se faisant, la sphère crépitante se rétracta jusqu'à n'être qu'une flammèche qu'il dissipa d'un revers de la main.
C'est là le secret qui fera la différence entre un idiot calciné dans sa propre hutte et un Mage du collège Flamboyant.
Il te reste de l'eau ? Lui demanda son voisin en reniflant.
Sans prendre la peine de lui répondre, il lui tendit son outre. Leur patrouille prendrait bientôt fin. Plus qu'une journée et ils retourneraient à la caserne de Dunkelberg. Il était temps : lui ne sentait plus ses pieds et son sac lui sciait l'épaule depuis la veille. Cette fois ils n'avaient croisés ni peaux-vertes ni monstres à tête de bouc en maraude. Ils pouvaient s'estimer heureux.
En y repensant, il avait récolté quelques pièces aux dés durant son tour de veillée, malgré ses doigts engourdis. Il pouvait s'estimer heureux.
Aller courage les gars, tenta de les motiver leur lieutenant sans grande conviction. Plus qu'une heure et on s'ras à la grotte de r'lais. Et d'ici là, retour au bercail !
Hourra... maugréa son voisin en lui rendant son outre.
Il ne put réprimer un sourire fatigué, recalant son arquebuse sur son épaule valide pour s'économiser le bras. Les monts gris n'étaient pas une place pour les hommes. Seuls les plus hardis et les plus fous s'y aventuraient. Où ceux croulant sous les dettes...
Rapidement, la métamorphose opérait. Au fil des cycles, il sentait son emprise s'accentuer. Déjà il sentait son enveloppe éclore, la colère bouillonnant au plus profond de sa conscience cristallisant une multitude d'épines sur son enveloppe externe. Ses longues branches, ployant sous leur propre poids, s'assouplirent pour ressembler à celles d'un pleureur. Son incarnation se propagea jusqu'à la moindre nervure, affûtant ses feuilles unes à unes et les rendant aussi tranchantes que les outils des vandales.
Au matin du cycle suivant, il sentit que le processus prenait fin. Le craquement qu'il produisit fit fuir tout les parasites volant du bosquet. Son écorce se fendait en toutes pars, se morcelant sous la pression d'une seconde épaisseur germée par-dessous, recouvrant son corps physique comme des écailles.
Maladroitement il fit un premier pas. Il sèvait de devoir imiter ces formes de vies inférieures, mais sa soif écarlate balayait son dégoût. La base du tronc du saule blanc qu'il avait choisit était désormais fendue en deux, lui conférant la mobilité des bipèdes.
Alors que tout autour d'autres esprits de Loren s'agitaient, à la fois réjouis et affolés de son arrivée, il persévéra, devenant plus stable à chaque pas. Luisant d'une rage émeraude, venue du fond des ages, il tourna son regard vers l'Est. Il nourrirait de leur cadavres cette terre qu'ils mutilaient jours après jours...
...de faire le planton !
Secouant la tête, Manesh'k revint lentement à la réalité. L'esprit encore embrumé par le flot de souvenirs qu'il se remémorait. Il reconnut la voix de Luther. Et une fois n'était pas coutume, il était énervé.
Depuis cette foutue foret je vous reconnais plus. Entre toi qui passe le temps avec ce regard vitreux. Gilnash qui n'a d'yeux que pour son elfe de compagnie, et vas-y que je te materne, vas-y que je te nourris... Et moi dans tout ça j'suis de corvée de gardiennage du gosse !
Soupirant, Manesh'k coula un regard jusqu'à Enguerran, endormit dans le lit du vampire. L'esprit immatériel était roulé en boule sur sa couverture, semblant lui aussi dormir. Même si le vampire savait pertinemment qu'il n'en était rien. Levant la tête, il répondit à son cadet, le toisant alors qu'il se trouvait assis en tailleur, dos au mur.
Il n'a pas vraiment besoin de surveillance, jugea-t-il.
C'est pas la question, je...
Tu devrais te concentrer davantage sur la mémoire de Castille, l’interrompit-il. Sclèras était siphonné, mais il lui a tant enseigné en terme de magie... s'en est effrayant. Si cet idiot n'avait pas consumé tout son pouvoir pour créer des démons, il aurait put poser les fondations d'une nouvelle Mourkain...
Mais le cadet se contenta de grimacer dédaigneusement.
C'est pratiquer que je dois, pas me ressasser encore et encore les souvenirs dérobés à cette fille, Castille. Et j'ai besoin de cadavres pour cela.
Soupirant d'exaspération, Manesh'k secoua la tête. Cette opportunité de mieux comprendre le concept même de la magie n'était, finalement, pas une si bonne chose pour son neveu...
Tu...
On toqua soudain à la porte, interrompant le débat des deux vampires.
Sur l'marché d'la rive sud, déclara l'aubergiste lorsque Luther lui ouvrit. Un crieur du sieur' a fait passer l'mot qu'les participants d'dernière minute du tournois y d'vaient s'pointer dès qu'possible. L'auraient une broutille à régler.
Il dévisagea Luther de haut en bas, engoncé dans son armure délabrée alors qu'ils avaient passé la journée entière enfermés dans la chambre.
J'ai pensé qu'vous seriez un d'ces gars du tournois. J'ai pas raison ?
Perspicace, siffla Luther avec un sourire suffisant.
Glissant la main à sa besace, il en tira une pièce.
L'aube n'est pas encore là, mais quel temps fait-il à l'extérieur ? demanda-t-il en s'abstenant de remettre l'écu doré.
L'autre grogna, suivant du regard le poing ganté de Luther.
L'aube, le temps...
Puis il sembla réaliser que les volets étaient clos, que seule une chandelle éclairait la pièce.
Y pleut d'puis c'matin. Comme l'avaient prédit les têtes pensantes d'not' seigneur. Pour ça qu'y ont décalé l'tournois à cet' nuit. Sa d'vrait s'calmer qu'y disent.
Il pleut oui, mais voit-on la lumière du jour ? insista Manesh'k en se levant.
On a plus vu l'soleil d'puis l'accalmie d'c'midi et m'est avis qu'on l'verra pas avant d'main matin.
Je vois... merci.
Merci a vous Messeigneurs, susurra-t-il en empochant sa pièce. M'en vais transmettre cela à vos compagnons à la chambre d'à co...
N'en faites rien, l'interrompit Manesh'k en s'avançant précipitamment. Je m'en chargerais. Vous pouvez disposer.
Gheu... Comme vous voudrez...
A peine eut-il disparut dans l'escalier que le vampire souffla de soulagement. Un peu plus et il aurait prit de cours Gilnash et Gaylria. Et les dieux seuls savaient s'il aurait survécu à cette intrusion inopinée.
A ton avis, c'est jouable ? l'interrogea Luther.
Il dit qu'il fait sombre, jaugea Manesh'k. Trouvons nous des couvre-chef et allons voir ce que nous veut Thierry.
*
Avançant doucement dans la grande pièce, le dirigeant à barbe grisonnante passait d'un support a un autre. Ici se trouvait l'armure de son père. Là, le pourpoint de son grand-père. Il ne pu réprimer un sourire triste en s'attardant sur l'évident raccord, grossièrement effectué sur le flanc. Celui-ci avait été fauché par un orque alors que lui-même n'était qu'un petit garçon. Il avait d'ailleurs l'âge d'Hugo à cette époque...
Pourquoi les avoir accepté à ce tournoi ?
Il se tourna vers son cher vassal et ami, le toisant d'une bonne tête. Le seigneur de Bordeleaux se tenait droit, mais cet homme était juste... plus grand. Vêtu de son éternel gambison noir, il conservait les mains croisées dans le dos et fixait le fixait intensément.
Et pourquoi pas ? Répliqua-t-il en haussant les épaules. Je cherche a étoffer ma cour et pour cela j'offre leur chance à tous. Pas seulement à Carloman, Boit-sans-Soif ou le Chasseur de B...
Je sais bien, l'interrompit le géant sans que celui-ci ne s'en offusque. Mais tout de même. L'un avait une armure que je ne confierait pas à un mendiant. Quant au second j'ai bien l'impression qu'il a prit ses couleurs de milicien à un mort.
Nous n'avons aucun moyen de vérifier vos dires, nota le maître des lieux. Ils pourraient dire vrai et avoir réellement affronté ces monstres à Casseneuil. L'entourage d'Hugo n'en serait que meilleur avec des personnes de cette trempe.
Sauf votre respect, osa poursuivre l'homme vêtu de noir tandis que son interlocuteur se penchait sur un râtelier d'armes. Si ce Luthor a prouvé être redoutable, qu'en est-il du second ? Et ce voleur qui les accompagne qui ne souhaite pas participer ? Et je n'ai jamais entendu parler en Averland de...
Ne soyez pas si prompt à sauter aux conclusions, le reprit son aîné. Attendons la fin de la nuit pour avoir une idée plus précise de qui ils sont.
L'homme de main n'insista pas, malgré son scepticisme évident. Ils restèrent encore un moment dans la salle où Thierry, le seigneur de Bordeleaux, se recueillait devant les armes, armures et écrits de sa famille.
*
L'as-tu déjà vu à ton précédent passage ? Le châtelain je veux dire.
Luther ne répondit pas tout de suite, s'attardant sur les box devant eux.
C'était qu'un gamin si ma mémoire est bonne. Aucune chance pour qu'il se rappelle de moi.
Je vois. Tu avais déjà croisé la route de Walach à cette époque ? Continua Manesh'k comme un palefrenier venait à eux.
Pas encore...
Bonsoir messieurs, s'introduisit un jeune homme dans la vingtaine, s'essuyant les mains sur son pantalon. Que puis-je pour vous ?
Mandrak et Luther, enchaîna le vampire pour mettre fin aux questions de son aîné. Un envoyé du seigneur devrait vous avoir parlé de nous.
Cessant de se frotter les mains, leur interlocuteur plissa le regard, les étudiant d'un air soupçonneux : deux adultes au teint blafard, l'un en tabard bleu des hommes du souverain, l'autre engoncé dans une armure qui avait connu des jours meilleurs.
Cest exact, répondit-il finalement. Je crains cependant que vous ne fassiez face à quelques difficultés.
Il les invita à le suivre, les entraînant dans l'écurie.
Nous avons peu de bêtes de disponibles pour vous, commença-t-il. Et celles qui restes n'ont pour la plupart jamais été formées au combat.
Ce n'est pas un souci, déclara Manesh'k d'un ton rassurant. Tant qu'elles nous portent durant la joute de tout à l'heure, cela fera l'affaire.
L'humain tiqua en entendant ces mots. Il s'interrompit.
Excusez-moi, mais avez vous jamais chevauché une bête au combat n'ayant jamais été dressée pour cela ? Ou travaillé avec un animal que vous ne connaissez pas et qui ne vous acceptera pas forcément ? Sauf votre respect, si vous avez réellement l'intention de participer au tournois dans ces con...
Des détails, balaya Luther. Et pour te répondre : oui. Nous avons déjà chevauchés à la guerre des montures rencontrées quelques minutes plus tôt. Ne doute pas de nous.
A la guerre, répéta le palefrenier à mi-voix, plissant à nouveau le regard.
En effet, aucun conflit armé n'avait déchiré la région depuis plus d'une dizaine d'années. Or, bien qu'ayant des mines sombres, tout deux semblaient avoir moins de la trentaine.
Et... ces montures, que...
Suffit, coupa Luther en perdant patience. Elles ont survécus tout comme nous. A présent montre nous quelles bêtes nous devront chevaucher tout à l'heure si nous voulons participer à cette épreuve.
Que se soit le ton agressif ou la mimique sauvage du vampire, l'humain compris qu'il était dans son intérêt de ne pas oublier sa place.
Il s'agit... de... ces chevaux.
Écartant les bras, il leur indiqua cinq box. Luther se renfrogna aussitôt, les poings serrés contre ses hanches.
Trop âgé, trop frêle, pas assez athlétique, jugea Manesh'k en étudiant successivement les animaux sélectionnés.
A la surprise du jeune homme, les bêtes eurent unes à unes un mouvement de recul et piaffèrent au sol comme Manesh'k passait devant elles. La plupart hennirent de protestation... ou de peur ? Il n'aurait su le dire bien que travaillant chaque jours avec ces chevaux. L'un des plus jeune se cabra même.
J'aurais dû me douter... les canassons que j'ai vendu hier étaient rachitiques mais au moins n'étaient pas comme ceux-là...
Luther, n'oublie pas que nous débarquons à l'improviste. Nous devrions déjà nous estimer heureux de participer. Que Thierry nous prêtes des chevaux pour l’événement est...
Il s'immobilisa devant un nouveau box. L'animal dans celui-ci ne semblait pas le fuir comme les autres. Tout comme la bête voisine. Tout deux le suivaient du regard, grattant le sol comme s'ils le défiaient d'avancer.
Et ces deux là ? Interrogea-t-il.
Encore hébété par la réaction étrange des cinq bêtes, le palefrenier jeta un œil aux chevaux désignés par Manesh'k avant de secouer la tête.
Je vous les déconseille. Les jumeaux ne sont pas des chevaux que l'on peut monter.
Et pourquoi donc ? Questionna Luther en s'approchant, retrouvant un semblant d'entrain. Tout deux me paraissent dans la force de l'âge et en parfaite santé.
Ils ont mauvais caractère, expliqua le jeune homme. Personne n'a jamais réussi à les monter ou les faire travailler, l'un comme l'autre. Celui de droite tente même régulièrement de me mordre lorsque je le nourris. Cependant ils ont un excellent pedigree, m'est avis qu'à part les saillies nous n'en ferons jamais...
Nous les prenons, coupa Luther en affichant un sourire carnassier.
*
Foudre et Fléau, murmura Luther en tirant les deux chevaux par la bride. J'espère que vous mériterez ces noms pompeux...
Tu sais, c'est nous qui devrions être heureux qu'ils ne nous redoutent pas comme leurs camarades, tempéra Manesh'k en le suivant.
Peuh, ils...
Veuillez m'excuser, Messeigneurs...
Tout deux se tournèrent vers un adolescent approchant. Il poussait devant lui une brouette où se trouvaient deux gambisons de couleur orange qui avaient connus des jours meilleurs.
Seriez-vous Messieurs Mandrak et Luthor Harkon ? Hésita-t-il comme ils le dévisageaient en silence.
Mon prénom est Luthe...
C'est bien nous mon garçon, le devança Manesh'k en dissimulant mal un sourire amusé. Que nous veux-tu ?
He bien, un représentant du Seigneur Thierry m'a demandé de vous donner ceci.
Posant là sa brouette, il souleva l'un des jaques pour qu'ils puissent l'étudier. Aussitôt, Manesh'k devina qu'il n'avait pas été confectionné la veille, loin de là. Il paraissait néanmoins tout à fait fonctionnel et ne montrait pas de signe de déchirure ou moisissure. A l'emplacement du cœur se trouvait une peinture maladroite et difficilement interprétable, réalisée en toute hâte à même le tissu. Et il constata qu'elle se trouvait également peinte entre les omoplates, bien plus détaillée. Un dragon écarlate stylisé.
Voilà qui est...
…surprenant, compléta Luther, tout aussi étonné que lui.
Tout deux échangèrent un regard perplexe. La veille, ils s'étaient présentés à maître des lieux comme étant membres de l'Ordre du Dragon. Ce détail les perturbaient car entre héritiers d'Abhorash, ils avaient coutumes de se désigner comme des Dragons de Sang. Et jusqu'alors, seul Walach avait poussé le vice jusqu'à se dessiner un blason après la renaissance de Luther : un dragon noir sur fond écarlate. Ni l'un ni l'autre n'avait songé mettre leur lignage en avant lors de cette compétition.
Dois-je... dois-je les remmenez ? Interrogea l'écuyer comme aucun des deux vampire ne pipait mot.
Non mon garçon, nous... nous les prenons, opposa Manesh'k en prenant celui qu'il leur tendait.
Sans perdre un instant, il enfila ses bras dans les manches rembourrées. La jupe était un peu courte, constata-t-il. Mais les épaules présentaient un peu de jeu. Suffisamment pour ne pas le gêner lors de ses mouvements. Un sourire se dessinant lentement sur ses traits, il se tordit le cou pour apercevoir le symbole dans son dos. Après tout, ce blason en valait bien un autre.
Oui, nous les prenons, répéta-t-il avec davantage d'assurance.
A côté de lui, Luther roula des yeux mais n'ajouta pas un mot, se contentant d'accepter l'autre vêtement que lui tendait le garçon.
En possession de ces nouvelles tenues, les deux combattants se présentèrent à l'aire réservée aux compétiteurs éclairée par de nombreuses torches. De multiples abreuvoirs avaient été répartis le long d'une barrière.
Ils s'avançèrent pour revendiquer l'un de ces abreuvoirs lorsqu'un hurluberlu passa devant eux en titubant. Il bredouillait un air aux accents douteux, la bouteille à la main. Le bonhomme ne sembla ne même pas les voir, son armure cliquetant à chaque pas.
Que veux-tu, nous sommes à Bordeleaux, ne put que justifier Luther en haussant les épaules.
Ils se trouvaient dans une prairie rendue boueuse par la pluie insistante de la journée. Ici et là, des chapiteaux modestes trahissaient quelques participants fortunés. Les deux morts-vivants toutefois n'en avaient cure. Ils n'avaient besoin ni de confort ni de préparation. Il leur restait seulement à attendre le début de la manifestation. De l'autre côté des poteaux, plusieurs individus étaient déjà rassemblés dans un carré de terre dégagée, jouant de l'acier devant leurs futurs adversaires, attentifs.
Néanmoins, tout deux ne s'y attardèrent pas, préférant exploiter ce temps à leur disposition pour se familiariser avec leurs nouvelles montures. A tour de rôle, ils montèrent et firent trotter leurs compagnons. Si Fléau, la monture de Luther, tenta un temps de le mordre, il su la rappeler à l'ordre en resserrant sa poigne à même la nuque de l'animal. Le glapissement, mêlé de peur et de douleur, qu'il poussa alors assura le mort-vivant qu'il retiendrait la leçon. Aussi le relâcha-t-il. Témoins de sa manœuvre, un groupe d'écuyers qui passait là en resta coi.
Qu'y a-t-il ? Vous voulez mon portrait ?
Ils déguerpirent sans demander leur reste. Ce ne fut toutefois pas le cas d'un compétiteur ayant également observé la scène d'un peu plus loin.
Les gantelets, déclara Luther en levant l'autre main.
En effet, des pointes acérées ponctuaient l'arcade de ses phalanges et ses doigts, conférant à sa main un aspect crochu.
S'approchant calmement, l'homme échangea un regard serein avec lui, se contentant d’acquiescer. Car Luther ne portait pas de gantelet à sa main agrippée à même la crinière de l'animal. Alors que Manesh'k approchait en sens inverse sur le dos de Foudre, Luther prit soin de noter mentalement les couleurs de cet inconnu. Il présentait les couleurs de Bordeleaux, jaune et bleu, ainsi qu'un trident stylisé sur son écu. Il était cependant personnalisé : une croix et un cor de chasse dorés encadraient l'arme à droit dents tandis qu'une feuille de vigne surplombait l'ensemble.
Une rencontre intéressante ? Commenta Manesh'k en suivant son regard.
Tu n'as pas idée...
Il m'a tout l'air d'y avoir plus de monde qu'on ne le pensait, ajouta-t-il en balayant du regard les hommes aux tenues diverses qui se rassemblaient.
Peuh. Moins d'une dizaine mérite qu'on s'intéresse à eux...
*
Seul avec sa monture, le jeune homme flattait l'encolure de son puissant destrier s'abreuvant paisiblement. Il ne semblait pas percevoir la nervosité qui animait son cavalier. Tentant de s'occuper l'esprit et d'ignorer les dernières personnes croisant le fer un peu plus loin, il entreprit d'enfiler sa cuirasse bâtarde selon ses propres dires. Une tunique lamellaire pour lui protéger l'abdomen et les cuisses, combinée à un plastron d'acier ne présentant qu'une seule épaulière.
Toutefois, boucler seul les sangles à son côté se révélait toujours délicat. Ce que ne manquèrent pas de remarquer trois concurrents passant là. Pouffant alors que l'un d'eux le désignait du doigt, ils approchèrent. Ils étudièrent un instant sa monture d'un œil critique sans laisser comprendre qu'ils comptaient lui prêter main forte. Il tiqua et fit la grimace, renonçant pour le moment à ses préparatifs.
D'où tu viens bonhomme ? commença l'un d'eux en guise d'introduction.
Il dévisagea son aîné sans répondre, s'attardant sur le blason bleu brodé sur sa tunique. Un trident souligné de flèches : un participant bordelin.
Je viens de Brionne, finit par répondre l'étranger.
Brionne, répéta un second en le contournant, flattant à son tour l'encolure de l'animal.
Et qu'est-ce que tu viens chercher à Bordeleaux, Monsieur de Brionne ? poursuivit le troisième dans son dos.
Lui était penché sur l'écu adossé à l'abreuvoir. Il caressait la ligne noire qui barrait le blason écarlate sur toute sa diagonale, pensif. Inspirant calmement, le brionnois ne prit pas la peine de répondre, surveillant l'individu près de sa monture.
Quel est ce dessin ? reprit le précédent en soulevant le bouclier. C'est toi qui l'a fait ?
Lui accordant un nouveau regard, sa mine commença à s'assombrir. Celui-ci arborait des cornes de bélier enroulées sur elles-mêmes sur un bouclier rond, également sur fond Azur.
C'est un Griffon, grinça-t-il.
Un Griffon ? Sérieusement ? Tu en as déjà vu un au moins ?
C'est exact, répondit-il après un instant.
Peuh, n'importe quoi...
Dites, vous n'avez personnes d'autres à aller importuner ? l'interrompit brusquement le brionnois en s'échauffant.
Héla mon garçon, témoigne un peu de respect à...
Un Griffon as-tu dit ?
Tout les quatre pivotèrent d'un bloc. Mains calmement croisées dans le dos, Manesh'k c'était discrètement approché. Il portait le gambison orangé offert par le seigneur sans le boutonner, laissant apparaître le tabard bleu qu'il portait en-dessous. A côté venait Luther, ayant en partie enfilé son armure cabossée par-dessus son jaque. Il retenait leurs montures par la bride, impassible.
Mmh ? Insista le nouveau venu en tenue orangée, scrutant le jeune homme.
Ce faisant, il ignora royalement les trois autres personnes.
Bonhomme, tu es qui pour venir t'insérer dans notre conversation ? s'emporta le chevalier aux cornes spiralées en le toisant, l’œil tourné vers le tabard azur.
Un Griffon ?
Je te cause bonhomme, répéta-t-il en posant l'index sur le torse de l'importun.
Sans lui accorder le moindre regard, Manesh'k lui happa la main. Crochetant son auriculaire, il le fit ployer d'une torsion du poignet. Aucun des deux ne portait de gantelet. Le bordelin poussa un glapissement pitoyable en tombant à genoux dans l'herbe, le coude complètement arqué.
Excuse moi, déclara Manesh'k en lui adressant enfin un regard. Tu me parlais ?
Dans son dos, un sourire s'étira sur le visage de Luther alors que les compagnons du malheureux portaient la main à leurs fourreaux.
N... non je... poursuivez, parvint-il à répondre malgré la douleur.
Manesh'k acquiesça et revint à son interlocuteur sans pour autant lâcher la main de son prisonnier.
Un Griffon ? Reprit-il.
Le jeune homme, un peu moins de la trentaine, cligna des yeux en dévisageant les protagonistes de cette comédie imprévue.
Je... oui. Il a brusquement commencé à harceler les paysans œuvrant près de la forêt de Freduss, plusieurs mois après sa première apparition.
Quelle taille faisait-il ? Te souviens-tu de l'apparence de sa tête ?
Je... heu... il faisait la même taille que moi sur le dos d'Albart. Ma monture je veux dire. Et sa tête, je sais pas... des yeux sombres, un bec long comme cela, des plumes marron clair et quelques unes dorées à la jonction avec le cou...
Le vampire inclina la tête de côté en le détaillant à son tour des pieds à la tête, songeur, alors qu'il continuait de décrire la bête.
Tu as dû le voir de près pour remarquer ce genre de détails je me trompe.
A présent gêné, le brionnois déglutit. Puis ajouta :
Je l'ai... abattu.
Et... comment t'y es tu prit ? Poursuivit Manesh'k, de plus en plus intéressé par cette histoire.
Attentif, le vampire n'avait pas décelé de soubresaut dans le pouls rapide du jeune homme alors qu'il affirmait cela.
Une... flèche dans l'aile. Puis je l'ai harcelé d'une lance jusqu'à ce qu'il la brise.
Il haussa humblement les épaules avant de reprendre.
A ce moment, ses blessures le diminuaient suffisamment pour que je le finisse à l'épée.
Mmh... tu l'as affronté à pied donc, en déduisit Manesh'k. Sage décision : m'est avis qu'il aurait égorgé ta monture d'un coup de serre. La douleur a tendance à les rendre vicieux.
Sans doute... il s'est accroché les serres sur les rebords de mon bouclier. Cela m'a donné une ouverture qui... attendez, vous avez... vous aussi...
Heu...
Manesh'k chercha le regard de Luther. Venait-il de trop en dire ?
Derrière le brionnois, le bordelin aux flèches vint à son tour se saisir de l'écu qui gisait à présent dans la boue. Lentement, il le redressa, étudiant l'arrête supérieure... avant de commencer à pâlir. Trois sillons parallèles étaient gravés dans le bois et l'acier...
Possible, répondit Harkon avec un sourire énigmatique.
...grâce, supplia l'homme toujours agenouillé.
Pas un instant le vampire n'avait relâché la torsion qu'il appliquait. Et ses deux compagnons, dépassés, ne savaient trop comment gérer cette situation.
Et toi mon brave, se détourna Manesh'k en poussant le vice. Pourquoi arbores-tu des cornes de bélier sur ton bouclier ? Tu étais berger auparavant ?
Je... j'ai occis un homme... un homme-bête... lors d'un duel... prisonnier après un raid manqué...
Il a "occis un homme-bête", répéta Manesh'k à son neveu. Ce terrible détenu était sûrement armé jusqu'aux dents... quel courage.
Je serais curieux de connaître les faits d'armes de nos autres amis, répliqua Luther. Mais je te rappelle que nous sommes attendus. Le moustachu d'hier soir est passé il y a quelques minutes pour que l'on commence à se rassembler devant les tribunes.
C'est vrai ! réalisa Manesh'k en relâchant enfin la main du malheureux qui, surprit, s’étala de tout son long.
Gardant le bras contre lui, il se releva précipitamment et alla se réfugier près de ses compagnons.
Mais z'êtes qui vous ? cracha-t-il. M'avez presque cassé le bras !
Presque, souligna Manesh'k avec un sourire amusé.
Des participants de dernière minute, répondit simplement Luther en tournant les talons. On se revoit aux joutes.
Quel est ton nom, tueur de Griffon ? demanda toutefois Manesh'k avant de le suivre.
Darran de... hésita-t-il avant de se reprendre : juste... Darran.
Et bien, Darran, à tout à l'heure peut-être.
A côté de lui, les regards des trois arrogants chevaliers s’écarquillèrent : ils venaient de remarquer le dragon stylisé dans le dos de Luther. S'agissait-il d'une acquisition pompeuse, du symbole d'un ordre inconnu... ou bien alors... ?
*
Vous ne participez pas ? s'étonna le souverain alors que les premiers compétiteurs saluaient la foule rassemblée.
Ciel non. Je ne suis pas aussi belliqueux que mes compagnons, répliqua Gilnash avec un sourire pincé.
Et ma concentration est requise ailleurs qu'à l'arène, songea-t-il sans l'ajouter, gardant une main posée sur l'épaule d'Enguerran.
L'ordre des Dragons, déclara un homme proche d'eux, pensif. Il ne me semble pas en avoir jamais entendu parler.
Gilnash l'étudia un instant avant de le resituer. On lui avait parlé plus tôt de l'équipage de l'imposant navire commercial qui mouillait dans l'embouchure du Morceaux. Le seigneur de Bordeleaux espérait en effet développer le commerce fluvial de sa cité dans les décennies à venir. La présence d'un capitaine familier de Marienbourg, de l'Arabie et même de l'archipel des mystérieux elfes d'Ulthuan était par conséquent un bon augure pour l'avenir. Ce devait être le capitaine de ce bâtiment.
Nous ne sommes pas très nombreux, justifia le vampire. Et venons d'une contrée bien loin de la côte.
Que Mannan vous garde, vous ignorez ce que vous ratez. Voyez, cette ville l'a bien compris.
Se tournant vers le sud - et le fleuve au-delà des bâtiments visibles au clair de lune - il embrassa du regard le port en cours d'essor.
Les pêcheurs savent qui remplit leurs filets et leur évite les tempêtes. Tout ce qu'il manque à Bordeleaux, c'est l'infrastructure nécessaire pour accueillir de véritables navires commerçants. Et un temple dédié au seigneur des eaux salées.
Pourquoi ne pas en faire qu'un ? interrogea le souverain à côté d'eux, suivant leur discussion. Un navire lui-même dédié à Mannan ?
Ma foi, voici une brillante idée, et...
Gilnash fut toutefois sauvé des discutions politiques et religieuses qu'il sentait couver entre les deux hommes lorsqu'une trompette sonna plus bas.
Bonsoir à tous ! J'ai l'honneur d'officiellement introduire ce tournois, organisé en l'honneur de l'anniversaire de Sire Hugo de Bordeleaux, petit-fils de notre Seigneur !
Sous une ovation générale, un gamin un plus jeune qu'Enguerran s'avança timidement, n'osant trop s'éloigner de sa mère. Sur l'estrade accolé aux tribunes, le héraut lui faisait signe d'approcher. Après quelques instants, il finit par rejoindre le bordelin qui lui prit chaleureusement la main.
Sire Hugo, dés demain soir, l'un de ces braves chevaliers aura la chance de siéger à votre table pour les années à venir !
T'en pense quoi de son histoire ? Demanda Manesh'k en se détournant du discours pour chercher Darran du regard.
Luther haussa les épaules.
Il a mentionné le détail que tu souhaitais entendre non ? La couronne dorée j'entends.
En effet.
Votre neveu Julot participe aux joutes ? S'étonna Gilnash en le remarquant au deuxième rang.
Tout à fait. Mais s'il gagne, ce qui entre nous me surprendrait grandement, le suivant dans le classement de ce tournoi intégrera ma cour. Et de même si celui-ci en fait déjà partie.
Sont-ils nombreux ? Interrogea le capitaine de navire.
He bien, en plus de Julot se trouvent Piers, Renaud, Ferragus... intervint un nouveau venu en les désignant tours à tours. Et j'en oublie peut-être un...
Contrairement aux autres personnes de cette tribune, il n'était pas vêtu d'une cuirasse ou d'un pourpoint mais de vêtements simples et amples de couleur pâle. Les marins venus avec leur capitaine l'étudièrent avec étonnement.
Laissez-moi vous présenter Martin, plaça le seigneur. Mon Augure. C'est à cette personne que l'on doit d'avoir anticipé le temps exécrable qu'il y a eu toute la journée. Sans lui, nous aurions prit l'eau dans l'après-midi plutôt que de profiter du spectacle en cette soirée.
Le-dit Martin se contenta de saluts rapides à chacune des personnes présentes, son pendentif au trident battant sur sa poitrine. Il s'attarda quelques secondes sur le vampire, plissant le regard. Celui-ci resserra légèrement sa prise sur l'épaule d'Enguerran. Cet homme avait une légère affinité avec les vents. Il le percevait. Mais lui percevait-il celle du mort-vivant, de par sa nature et sa concentration tournée vers l'autre berge et une chambre bien précise ? Mais l'Augure se détourna. Il échangea un salut chaleureux avec le capitaine de navire puis pris place près d'Enguerran et étendit ses jambes avec décontraction.
...fils de Louis Sabot-Léger, Piers de la demeure de Lierre, le chevalier Darran venu de Brionne... énumérait le porte-parole, les intéressés levant leurs armes en l'honneur du garçon.
Un mâle en parade, murmura Manesh'k pour lui-même. Exposant à la vue de tous son plumage nuptial. Revendiquant un nouveau territoire...
C'est Gilnash qui va être curieux d'en apprendre plus, glissa Luther avec un sourire malicieux. Lui qui avait été si déçu que Varison ne tue ce couple qu'ils n'étaient pas foutus de dresser...
A ce souvenir l’aîné se retint grossièrement d'éclater de rire, s'attirant des regards noirs de leurs voisins.
Et votre gendre, participe-t-il ? Interrogea Gilnash entre deux noms.
Il devina toutefois avoir touché un sujet sensible lorsqu'un voilà de tristesse vint passer sur le regard du seigneur.
Celui-ci ne pouvait être présent, répondit l'estafier au bras en écharpe. Il est une affaire à Aquitanie qui requiert sa présence malgré l'anniversaire de son aîné.
Gilnash le considéra un instant. Il réalisait que cet homme massif au regard froid parlait pour la première fois en sa présence. A tel point qu'il commençait à croire muet cette personne vêtue de noir.
Aucun de mes héritiers ne participe, déclara Thierry le regard rivé sur Hugo. Même si j'impose que toutes les lances utilisées cette nuit soient bluntées, un accident peut arriver. Et je refuse que mon petit-fils soit témoin d'une tragédie en ce jour particulier. Julot est le seul membre de ma famille qui participe.
Décision à la fois honorable et compréhensible, approuva le capitaine Marienbourgeois d'un hochement de tête.
Ralof de Rivebois, Carloman Tueur de Bouc fils de Roland, Jacen des Champs de Lys venu d'Aquitanie, Benoist le Chasseur de Bulots venu de Moussillon...
Comment tu lui avais dit déjà ? Parvint-il a répondre, les larmes aux yeux.
« T'as plus qu'à couver un œuf », lui rappela le cadet qui a son tour réprima un fou-rire.
Y tenait tellement à en avoir un comme monture... se calma-t-il laborieusement.
Va savoir, si cela se trouve sa nichée lui a procuré satisfaction.
Si le seigneur de Bordeleaux, retrouvant son sourire, était absorbé par le discours de son porte-parole et son petit-fils, ce n'était pas le cas de Gilnash. L'hilarité partagée de ses deux congénères était aussi déplacée que contagieuse. Tiraillé entre embarra et amusement, il parvint à garder sa contenance. Mais ce ne fut pas chose aisée. Enfin, qu'avaient-ils bien pu se dire de si drôle ? Manesh'k s'enfonçait littéralement le poing dans la bouche pour garder le silence !
… Mandrak de l'ordre du Dragon d'Averland.
Il fallut toutefois que le cadet ne lui assène un coup de coude pour qu'il réponde à l’identité qu'ils avaient présentés la veille. Aussi s'empressa-t-il de lever au ciel son épée Lahmianne sans même la tirer du fourreau, tout sourire. Ayant remarqué son indiscipline, le porte-parole renifla dédaigneusement avant de reprendre.
… Luthor Harkon, également de l'ordre du Dragon d'Averland.
Enfin, il mit un genoux à terre et se retrouve à hauteur du jeune Hugo.
Monseigneur, pouvons nous déclarer les joutes ouvertes ?
Jetant un regard à sa mère, l'enfant hésita un instant, avant d'afficher son approbation d'un vigoureux hochements de tête.
Pour Hugo ! S'écria le héraut en se relevant, épée pointée vers le ciel qui voyait lentement monter les deux lunes.
Pour Hugo ! S'écria la quarantaine de participants de la compétition.
*
Des casques obligatoires et des lances bluntées fournies par des écuyers... je t'en foutrais des lances bluntées...
Poussant un nouveau juron, Luther botta une motte de terre qui alla s'écraser contre le pied des tribunes.
Il t'a expliqué, le modéra son ainé ayant retrouvé son calme avant d'imiter l'accent du héraut : 'Not bon seigneur y veut ni mort ni blessé. 'Y s'agit d'pas bousculer son p'tit gars'.
Sornettes. Des dents cassées et quelques tripailles lui forgeraient le caractère...
Je...
Toutefois, Manesh'k n'eut aucun argument à avancer quant à cette déclaration. Cependant, ils n'étaient pas en position pour protester concernant ces modalités...
...et des rencontres tirées au sort, ironisa Luther en levant les yeux au ciel avec un geste d'impuissance. Père deviendrait fou s'il entendait ça !
Mais tu as fini de te plaindre ? Tu vas pouvoir tourner en ridicule des malheureux qui ne comprendrons leur malchance qu'au dernier instant...
Certes ! Toutefois j'espère que nous ne serons pas amenés à nous affronter. Traverser l'empire tout entier, une foret infestée d'oreilles pointues et cette contrée barbare pour te coller une raclée... Cela j'aurai pu le faire il y a des années ! Pas besoin d'un tournois !
Tout deux rirent de bon cœur en allant retrouver leurs montures, Foudre et Fléau, ce dernier manquant à nouveau de mordre son cavalier lorsqu'il tenta de monter en selle.
Le porte-parole appela les deux premiers combattants à prendre place, les invitant à accepter les lances bluntées que leurs tendaient des écuyers. A savoir des armes ni pointues, ni tranchantes. Également, il indiqua que pour les participants ne possédant pas de casque, plusieurs avaient été mis à leur disposition.
Appelés pour la première fois, les deux cavaliers allèrent se présenter à leurs dames et tendirent leurs lances à celle-ci.
Mais... Piers l'a pas déjà une femme et un marmot ? S'étonna un bordelin proche des vampires.
Il pointait du doigt le chevalier au couleurs vertes pétante, voyant une femme accrocher un foulard à son arme.
T'es idiot où tu le fais exprès ? Répliqua son interlocuteur. C'EST ça femme.
A mince... mais au fait, l'est pas déjà de la cours d'not' seigneur ? Qu'est-ce qu'il...
C'est l'vignoble à la clé qui l'intéresse, fut-il coupé comme ils prenaient place.
Au son d'une trompette, la première charge eu lieu, voyant Piers de la Demeure de Lierre enfoncer le bouclier rond de son adversaire. A deux reprises.
Des affrontements en trois manches donc, analysa Luther en suivant du regard le vaincu revenant tête basse.
Les chevaliers Luthor Harkon et Julot de Bordeleaux, appela brusquement l'orateur en faisant sursauter les deux vampires.
Julot ? Répéta Manesh'k.
Le pauvre, commenta Luther en enfourchant Fléau. Deux fois en deux nuits...
Alors qu'il s'avançait, Manesh'k repéra le neveu de Thierry. Son visage était déformé par un masque de rancœur. Lui aussi avait visiblement reconnu son adversaire et enfila un casque étincelant. Vraisemblablement neuf.
Dés la première charge, Manesh'k eu mal pour le garçon. Luther fut sans pitié malgré sa monture capricieuse. Julot fut le premier participant à vider les étriers et être éliminé de la compétition. Toutefois indemne, il jeta son casque dans la nuit avec un cri de rage. Luther de son côté se permit un passage devant les tribunes, saluant allégrement les bordelins qui acclamèrent cet étranger vainqueur.
A peine revenu à l'espace réservé aux participants, Luther vint à son aîné auquel il tendit la main. Celui-ci la claqua allégrement en observant les appelés du duel suivant.
Gontran Boit-sans-soif ? Répéta un Luther incrédule alors que celui-ci se présentait. Tu parles d'un titr... Opposé au Chasseur de Bulots... j'aurais tout entendu cette nuit...
De sacrées anecdotes doivent se cacher derrière pareilles appellations, devina Manesh'k.
Bras croisés, il attendait l'appel d'un participant en particulier, curieux de le voir à l’œuvre. Lui-même avait facilement effleuré à trois reprises l'écu d'un adversaire dont il avait déjà oublié le nom. Il c'était tout bonnement révélé incapable de le toucher.
Lorsqu'enfin il vit Darran s'avancer, il se plaça au premier rang des compétiteurs. Celui-ci était opposé à un certain Carloman Tueur de Boucs.
Sans blague... murmura-t-il en reconnaissant la brute auquel il avait tordu le poignet plus tôt.
Vous disiez que deux compagnons de votre ordre participent, nota le capitaine du navire. S'agit-il de ces deux personnes en gambisons oranges, avec un ver pourpre dans le dos ?
C'est exact, répondit Gilnash comme Manesh'k passait devant eux, saluant les spectateurs de la main.
Je vais devoir m'excuser en ce cas, déclara-t-il. Je vous prenait pour quelqu'un digne de peu d’intérêt. Mais lorsque je vois les prouesses de vos frères d'arme... cela force le respect.
Heu... merci ? Fut tout ce qui lui vint à l'esprit tant cette déclaration le pris à contre-pied.
Devant eux, deux jeunes bretonniens se chargeaient pour la troisième fois. A une touche partout au bouclier, le vampire les estimaient sur un pied d'égalité. Tout comme les différents juges aux premier rang de leur tribune, attentif à cette dernière passe d'arme. Et finalement tout deux touchèrent au but. Sauf que le bouclier bleu vola du bras de son propriétaire. Relevant sa visière, le vainqueur aux couleurs rouge poussa un cri de joie audible de leur position.
Nous discutons depuis un moment déjà, mais ne nous sommes pas présentés, insista-t-il. Je suis Frederik, Capitaine de l'Immaculé.
Gi... Gaëtan d'Averland, hésita-t-il. Membre de l'Ordre du Dragon...
Saleté, cracha Luther en revenant de sa seconde joute.
A peine eut-il rejoint l'espace des participants avec Fléau qu'il leva son poing ganté. Toutefois Manesh'k lui retint le poignet, l'empêchant de battre sa monture devant les bordelins. Le geste n'avait pas échappé à quelques uns, auxquels le vampire répondit d'un sourire gêné. Puis, prenant son neveu par l'épaule, il l’entraîna de côté.
Qu'est-ce que tu nous fais là ? Lui reprocha-t-il. Tu viens de l'emporter et...
Ce foutu canasson a à nouveau essayé de me mordre en pleine course, rétorqua Luther en jetant un regard noir au coupable. 'pour ça que j'ai raté ma première charge.
Manesh'k allait répliquer, toutefois les mots ne lui vinrent pas. Aussi se contenta-t-il de hausser les épaules. Et vit que Darran les observait intensément un peu plus loin, affichant une mine étonnée. Le vampire soutint son regard un instant, retrouvant tout son sérieux. Jusqu'à ce que l'humain ne se tourne vers la lice en entendant un hurlement de douleur.
Que...
Bien emb��té, le vainqueur du duel en cours guida sa monture vers son adversaire. Étalé de tout son long, il braillait comme un diable, se tenant l'épaule et les jambes agitées de spasmes. Dans les tribunes, le souverain quitta son siège et s'approcha de la balustrade de bois tandis que son Augure quittait précipitamment les gradins. Plusieurs écuyers entouraient le blessé, ne sachant que trop faire : bien que bluntée la lance avait profondément pénétré le plastron comme la chair en-dessous avant de se briser.
La mère d'Hugo cacha les yeux de son fils en remarquant les giclées écarlates régulières issues de la blessure. Étonnamment, le blessé continuait de hurler mais ne semblait pas cracher de sang. Du moins, ce n'était pas visible depuis les hauteurs.
Son poumon ne m'a pas l'air d'être touché, estima Gilnash en attirant Enguerran à lui pour également l'empêcher de voir cette scène traumatisante. S'ils s'empressent de stopper l’hémorragie il devrait vivre.
Êtes-vous médecin ? S'étonna le capitaine de l'Immaculé.
Pas vraiment. Toutefois, j'ai de... l'expérience en matière de saignements.
'veut voir ! Protesta l'enfant contre lui.
Toutefois, la poigne du vampire ne lui permettrait pas de contempler Martin s'affairer à retirer l'armure endommagée pour examiner la plaie. Le vainqueur, chevalier de la Demeure de Lierre, alla rejoindre les autres participants sans passer devant les tribunes, les épaules voûtées.
C'est qui l'futur macchabée ? Demanda discrètement Luther à son frère d'arme.
Un des idiots de tout à l'heure. Celui avec le trident et les flèches.
Pas une grande perte en ce cas, ricana-t-il.
Se faisant, il s'attira les regards noirs de leurs voisins. Aussi pour une fois fit-il preuve de tact en simulant une quinte de toux.
Les écuyers, sous la direction d'un maigrichon en braies amples bleues pâle, emportèrent le blessé sur une civière. Ne restaient plus que des éclats de bois et de métal. Sans oublier le sang sombre qui tachait l'herbe là où il avait chu.
Quelques duels de plus se déroulèrent, voyant Darran triompher du Chasseur de Bulots. Puis enfin, Manesh'k revint tout sourire claquer la main de son neveu : il venait d'éliminer de deux touches le troisième gredin ayant bousculé le brionnois plus tôt dans la soirée. Le vampire s'était même permit le luxe d'un écart sur la troisième charge. Attitude qui passait clairement pour une insulte envers le vaincu qui s'esquiva sous les quolibets de plusieurs adolescents, depuis  les tribunes. A nouveau par réflexe, Manesh'k chercha Darran du regard  en revenant attacher Foudre à un poteau. Celui-ci l'observait d'un air désapprobateur en suivant une discussion animée entre le Chasseur de Bulots et Piers de la Demeure de Lierre.
Il commence à se faire tard, déclara soudain la voix du seigneur en personne depuis l'estrade. Et dis moi mon garçon, jusqu'ici cela te plait-il ?
Debout près de lui, le jeune Hugo leva la tête, avant de réaliser qu'on attendait de lui qu'il s'exprime.
Ho oui ! Répondit-il en hochant vigoureusement de la tête.
L'assemblée, qui était devenue silencieuse lorsqu'il s'était présenté sur les tribunes, ne put qu'être charmée par cet innocent petit garçon.
Toutefois, ce tournoi est encore loin d'être achevé, poursuivit-il . Jusqu'à présent, les rencontres ont été déterminées aléatoirement. Et il apparaît que six participants n'ont pas encore connus la défaite. J'ai décidé que trois joutes de plus se dérouleraient donc entre ces champions choisis par Mannan, pour notre plus grand plaisir !
Aussitôt, une clameur enthousiaste monta des gradins, mêlée d'applaudissements vigoureux. Parmi les combattants toutefois se fut dans une autre ambiance que la déclaration fut accueillie. Si la majorité des combattants cherchaient à retracer les duels ayant eux lieu pour identifier les combattants nominés, se ne fut pas le cas des vampires. Tout deux échangèrent un regard : ils savaient pertinemment faire partie des six.
Ils passèrent de longues secondes à s'observer sans prononcer un mot. Si Luther avait plaisanté plus tôt au sujet d'un éventuel affrontement, ils étaient à présent confronté à la réalité de cette compétition. Et, malgré leurs pérégrinations à travers l'Empire, l'Estalie et les terres des bretonnis... ils ne s'étaient jamais livré de duel jusqu'à présent.
Attendons l'appel, déclara finalement Manesh'k pour briser la glace prenant place entre eux deux. Il est peu probable que notre Thierry nous dresse l'un contre l'autre en sachant que nous partageons le même ordre.
Luther resta impassible, attendant quelques instants de plus avant d'acquiescer et se détourner de son aîné. Aussi commença-t-il à son tour à chercher parmi eux qui demeurait invaincu.
J'appelle Luthor Harkon de l'Ordre du Dragon qui nous vient d'Averland aux couleurs orangées...
Les deux vampires se figèrent sur place en entendant le nom, pivotant derechef vers l'estrade.
… ainsi que Piers de la Demeure du Lierre de Bordeleaux aux couleurs vertes !
Alors qu'une véritable ovation s'éleva aussitôt à l'appel du chevalier local, déjà membre de la cour de leur seigneur, les deux rivaux se détendirent sensiblement.
Ce sera pour une autre fois, déclara Manesh'k en lui claquant l'épaule.
Il arborait un sourire beaucoup plus décontracté alors que Luther reprenait les rênes de Fléau.
Tu ignores à quoi tu écha... Par le Feu du Dragon ! Je me vais te le...
Il s'immobilisa toutefois en plein élan, le poing gantelé levé au-dessus du mufle de sa monture. L'animal indomptable avait à nouveau tenté de le mordre. C'est sous un l'éclat de rire de Manesh'k qu'il passa sous les tribune prendre sa place.
*
J'appelle Jacen des Champs de Lys venu d'Aquitanie en blanc ainsi que Ferragus Feuille de Vigne de Bordeleaux en bleu !
A nouveau, les bordelins démontrèrent leur chauvinisme en acclamant bruyamment leur compétiteur. Tout deux s’avancèrent, ayant déjà enfourchés leurs montures.
La dernière joute donc, murmura Manesh'k en parcourant les participants du regard.
Cependant, il semblait être le seul à se préparer pour un nouveau duel. Jusqu'à ce qu'il le remarque. Un sourire s'étira lentement sur ses traits comme il réalisait qu'effectivement il n'avait lui aussi perdu aucun de ses duels.
Du gâteau ! S'écria Luther en venant à lui la main levée, après avoir jeté dans l'herbe le casque prêté.
Du gâteau, oui, répondit distraitement de vampire en lui rendant son geste de victoire, sans énergie.
Alors, tu as trouvé qui tu affrontais ? L'interrogea-t-il d'un ton beaucoup plus froid face à son manque d'entrain.
Je n'aurais pu rêver mieux...
A quelques mètres de là, Darran les dévisageait avec intensité. Il avait son écu au griffon barré de noir au bras et tenait sa monture près de lui. Il jouait des maxillaires en grimaçant légèrement, visiblement impatient d'en découdre. Manesh'k lui s'en lécha les lèvres.
Voici à présent la dernière joute de cette nuit! S'écria le héraut. J'appelle les Chevaliers Darran en rouge. Et Mandrak, également de l'Ordre du Dragon venu d'Averland en orange !
Darran tueur de Griffon, songea Manesh'k alors qu'il passait devant l'estrade en question. Arrivé au bout de la lice, il en fit le tour et contempla son adversaire déjà en position. Montre moi de quel bois tu es fait, rêva-t-il en abaissant sa visière.
Au signal, tout deux éperonnèrent leurs montures respectives. Leurs lances s'abaissèrent... mais aucune ne toucha sa cible. Faisant dévier sa monture à l'écart de la lice, le chevalier au couleurs orangées évita la lance ennemi. Sans chercher à viser l'écu adverse.
Étonnée par ce choix stratégique, un murmure monta de la foule alors que tout deux faisaient demi-tour. Ils se repositionnèrent, lances vers le ciel, attendant la trompette. Puis s'élancèrent à nouveau.
Que... balbutia le vice-capitaine en voyant Mandrak ne pas abaisser son arme.
A la surprise générale, à nouveau il ne chercha pas à toucher son adversaire, gardant sa lance dressée. Au lieu de quoi, il écarta le bras et parvint à repousser la pointe bluntée d'un revers du bouclier avant de poursuivre sa course. Et tranquillement, il alla se positionner pour la troisième et dernière charge de la compétition.
Voilà qui est surprenant, commenta un Frederik stupéfait. Quel …
ARRETE DE JOUER ! S'écria soudain Darran en retirant son heaume, jetant sa lance au sol.
Tout les spectateurs se tournèrent de Mandrak vers le brionnois, surpris de son brusque éclat de voix.
Je situe ce téméraire cavalier, commença le capitaine en faisant référence à Mandrak. Mais lui qui est-ce ?
Se faisant, il désignait Darran. Le grand-père d'Hugo haussa les épaules.
Un jeune homme originaire de Brionne si ma mémoire est exacte, répondit toutefois son estafier en tenue sombre.
TU T'AMUSES PEUT-ETRE, MAIS POUR MOI CE TITRE PEUT TOUT CHANGER ! Insista-t-il à pleins poumons.
A l'autre bout de la piste, Manesh'k releva sa visière à son tour.
ALORS CESSE DE TE FOUTRE DE MA GUEULE ! PRENDS MOI AU SERIEUX !
Se faisant, il renfila son casque et repris rageusement sa lance à un écuyer effrayé par cette déclaration.
Pour qui il se prends celui-là, grinça Luther depuis le pieds des tribunes.
Autour de lui, l'avis des autres participants semblait mitigé. Plus d'un hochèrent la tête d'approbation tandis que d'autres critiquaient le comportement de ce jeune coq.
Quel langage, renifla Martin avec dédains, revenu du chevet de son blessé.
Ses vêtements étaient tachés de sang. Toutefois, sa présence devait signifier que les jours du malheureux n'étaient pas menacés.
Répondez moi honnêtement Gaëtan, déclara Thierry en se tournant vers Manesh'k en contrebas. Ce jeune homme dit-il vrai ? Votre ami Mandrak s'amuse-t-il à nous cacher l'ampleur de ses talents ?
Le doute comme la curiosité perçaient dans sa voix, alors que le chevalier Mandrak ouvrait son bras de bouclier en signe d'acceptation.
Je ne saurais l'affirmer, fut tout ce que put répondre Gilnash tant il était prit au dépourvu par la tournure des événements.
AMENES TOI ! AVEC TOUT CE QUE TU AS ! S'obstina Darran en rabaissant sa visière.
... Tu l'auras réclamé, murmura Manesh'k de l'autre côté en faisant lentement glisser la sienne.
Dans les tribunes, Gilnash remarqua que Martin devant lui venait de brusquement se tourner vers le combattant au jaque orange. Tout comme le vampire, l'augure devait avoir perçu la légère fluctuation des vents à cet instant. Il serra les dents, suppliant en silence son frère d'arme de ne pas en faire trop...
Les deux cavaliers restèrent ainsi quelques instants à se scruter, séparé de toute la longueur des couloirs de charge. Et la trompette sonna. Aussitôt ils plantèrent leurs talons dans les flancs de leurs montures. Foudre et le destrier du brionnois foncèrent l'un sur l'autre à toute allure tandis que les lances de cavaleries s'abaissaient. Plusieurs personnes donnèrent de la voix, encourageant à plein poumons les combattants de cette dernière charge. Plusieurs cors résonnèrent gravement...
Au dernier instant, Manesh'k jeta de côté son bouclier rond. Les cuisses fermement refermées sur les flancs de Foudre, le vampire pivota sur sa selle. Il donna à son allonge autant d'amplitude qu'il le put. Avec un fracas épouvantable, l'écu écarlate barré de noir vola en éclat.
Foudre poussa un hennissement de douleur sous la pression contre ses cotes, sa course devenant incertaine. Jetant la lance à son tour, Manesh'k prit la bride d'une main et s'accrocha à la crinière de l'autre. Jouant de sa force considérable et d'une chance insolente, il parvint à ramener Foudre au trot sans plus de mal. A ce moment seulement s'autorisa-t-il à regarder en arrière.
Miraculeusement, Darran n'avait pas vidé les étriers. Un écuyer bordelin s'efforçait d’attraper les rênes alors que le cavalier penchait dangereusement en arrière, les bras ballants. Le perdant de la joute précédente vint même l'aider à se redresser comme il menaçait de chuter. Toujours conscient, le brionnois paraissait néanmoins sacrément sonné.
Il est indemne mon Seigneur ! S'écria l’écuyer après avoir échangé quelques mots avec lui.
A ces mots, les spectateurs se levèrent. Une salve d'applaudissement et d'acclamations vint les féliciter.
Impressionnant, déclara Gilnash dans la cohue, observant Darran alors que Manesh'k menait Foudre jusqu'au vaincu pour s'assurer de son état.
Au vu de la performance, il n'aurait pas été surpris de trouver chez son compagnon un regard verdoyant s'il n'avait pas porté de casque. Son frère dans la non-vie n'avait pas fait dans la demi-mesure en soulevant à bout de bras la pesante lance de cavalerie...
Il aura bien de la chance s'il n'a pas le le coude et l'épaule en miettes, commenta le grand bordelin en jaque noir, lui-même le bras en écharpe.
Certes. Mais concernant votre compagnon Mandrak : quel panache ! Oser une manœuvre aussi risquée...
Il est... audacieux de nature, ne put que répondre Gilnash au vice-capitaine de Frederik, impressionné par la prestation.
Devant eux, Enguerran ne s'arrêtait plus d’applaudir, euphorique et surexcité malgré l'heure tardive.
Rapidement, un cercle se forma autour du perdant. Cercle qui s'écarta toutefois quand le chevalier Mandrak approcha, tête nue et tenant sa monture par la bride. Il toisa un instant Darran, assis sur un banc alors que le silence se faisait autour d'eux. Et, à la surprise générale, le garçon eu un soubresaut qui rapidement vira à l'éclat de rire fatigué.
Je le savais, articula-t-il péniblement en levant le regard. Tu aurais pu m'éjecter dès les deux premières passes...
Impassible, Manesh'k vit un léger sourire éclairer l'expression du brionnois.
...mais tu vois, je n'ai pas mordu la poussière.
Repoussant l'aide d'un écuyer ne sachant trop quoi faire, il se releva. Seul. Et se tint droit face au vampire n'ayant pas prononcé un mot. Et, toujours souriant, il lui tendit la main. Main que Manesh'k considéra un instant, avant d'empoigner avec vigueur.
Merci, le remercia enfin Darran. Merci de ne pas t'être retenu.
Son adversaire d'un soir esquissa une mine partagée avant de répondre, lui posant sa paume libre sur l'épaulière.
Pense quand même à faire regarder ton bras.
Aussitôt, Darran esquissa une grimace de douleur.
Les choses sérieuses commencent demain, ajouta-t-il en souriant.
Et à ses paroles, il tourna les talons, laissant là les autres compétiteurs qui le regardèrent partir. Le sourire de Darran s'estompa légèrement, puis il consulta du regard les autres compétiteurs et écuyers. Mais pas uns ne semblait avoir remarqué les crocs de Mandrak.
Le Chasseur de Bulots, Piers de la Demeure du Lierre et quelques autres échangèrent des regards incertains. Croiser le fer le lendemain avec cet homme en orange... n'était-ce pas une erreur monumentale ?
*
L'immense salle était silencieuse. Pas un souffle ne venait troubler les armures et trophées sur leurs présentoirs. La pièce était l'une des plus reculée du château de Bordeleaux. Les ancêtres du seigneur c'étaient succédé en ces lieux depuis plusieurs générations. Leur famille avait fait construire cet édifice qui surplombait la ville alors que ce n'était qu'un village. L'épée du premier souverain trônait d'ailleurs sur un support, sous une légère couche de poussière. Plusieurs tâches d'oxydes commençaient à apparaître ici et là. Elle avait défait maints orques, mais n'en pourfendrait vraisemblablement pas un de plus.
Perturbant le calme de ces lieux, un crépitement dans l'air agita les plastrons sur leurs mannequins. Une bourrasque balaya le cœur de la pièce aux vitres centenaires, scellant pourtant la moindre issue vers l'extérieur. Et soudain, un flash lumineux illumina les étagères. Plusieurs casques bosselés rebondirent sur le dallage. L'instant d'après, une fissure s'était dessinée dans le centre de la pièce, pulsant d'éclairs grésillants. Et lentement, la réalité s'effilocha comme la brèche dans l'espace s'étirait. Elle illumina les présentoirs d'une lumière mauve éblouissante.
Une ombre vint toutefois assombrir le portail. Générant un sifflement sourd qui domina un instant les détonations d'énergie, une pièce de métal se fraya un chemin jusqu'à ce plan d'existence. Noire, longue et effilée, une lame ciselée de symboles luisants émergea. Son fil comme la qualité de son matériau ridiculisaient les reliques entreposées là. Et avec une nouvelle détonation l'arme fut brusquement régurgitée, allant fracasser le râtelier d'armes plusieurs fois centenaire. Tout comme l'épée rouillée qu'il exposait.
Avec de nouveaux arcs d'énergie, la brèche se referma rapidement, entraînant avec elle les étranges lueurs violettes issues d'autres mondes. En quelques instants, l'endroit retrouva son calme. Si ce n'était le bois fumant et sifflant du mobilier, tranché net par la lame noire. Ainsi que la pierre en-dessous. Entaillée d'un doigt de profondeur.
Lentement, les symboles perdirent de leur éclat, fondant dans la lame quelques minutes plus tard. Le silence revint... jusqu'à ce qu'une ombre ne se présente, attirée par le vacarme.
*
Sans dire un mot, l'aubergiste les observa quitter les lieux, le gamin sur les talons. Ils opéraient exactement le même manège que la veille, partant tout les quatre de son auberge à la nuit tombée. Et laissant le cinquième membre de leur groupe, seul à l'étage.
Trépignant, il alla jeter un coup d’œil à travers un carreau noirci par l'humidité. Il eu le temps d'apercevoir le garçon disparaître à l'angle de la rue avant qu'ils ne sortent de son champ de vision. Le tenancier esquissa alors un sourire irrépressible s'étalant d'une oreille à l'autre. Sourire partagé par ses compagnons jusque là attablés et qui avaient su rester impassible. Ils se levèrent en échangeant des rires gras, savourant d'avance la nuit à venir. Ils étaient plus d'une dizaine à se presser en direction de l'escalier.
C'est toutefois avec une discipline insoupçonnée qu'ils approchèrent de la chambre. Pas un n'osait troubler le silence. Venue le visage dissimulé par un capuchon, les courbes de cette femme n'avaient pas échappées au propriétaire. Ces inconnus avaient payé à leur arrivée pour l'ensemble de ses chambres, réservées la semaine entière. Riche était un peu dire de leur condition. Mannan seul savait quelles richesses ils allaient récolter à l'intérieur. Puis sur ces hurluberlus lorsqu'ils les soulageraient de leurs possessions, à leur retour. Mais se serait pour plus tard. Il avait une récompense d'un autre genre à collecter. Et celle-ci se dissimulait derrière cette porte depuis deux jours maintenant.
Toujours souriant, il tourna la poignée.
Enguerran bouscula le vampire lorsque celui-ci s'immobilisa brusquement à l'approche du pont. Levant la tête, il vit l'expression de Gilnash littéralement se décomposer.
Gaylria... murmura-t-il d'une voix tremblante.
Et sans un mot de plus il s'élança en sens inverse, projetant de côté une pauvre dame ayant eu le malheur de se trouver sur son chemin.
Quelle mouche le pique ? S'étonna Luther en le suivant du regard.
L'elfe, devina son aîné avec une mine sombre. Quelque chose vient d'arriver.
C'est pas sérieux ! Les combats commencent dans moins d'une heure !
Mais Manesh'k ne l'écoutait déjà plus. Il se faufila dans le sillage de son camarade, plusieurs personnes se relevant après avoir été repoussées par le précédent coureur. Se retrouvant seul avec Enguerran, Luther leva les yeux au ciel. Puis les baissa sur l'enfant. Celui-ci eu un frisson en devinant la colère qu'éprouvait le vampire exaspéré. Il ne prononça pas un mot et se contenta de marcher pour revenir sur ses pas.
Manesh'k s'arrêta à l'entrée de l'édifice où Gilnash avait déjà disparut. Mais il voyait déjà qu'il ne serait pas nécessaire d'aller plus loin. Un tabouret trônait au milieu de la rue, ayant traversé l'une des rares vitres du rez-de-chaussé. La porte pendait sur un gond, enfoncée depuis l'intérieur. L'individu ayant servit de bélier gisait dans l'encablure, la gorge arrachée, le torse et le visage mutilés. Renâclant, le vampire entra malgré tout. L'endroit était méconnaissable. L'odeur épouvantable. Même pour lui. La puanteur des entrailles éventrées, de l'alcool renversé et du sang le prit à la gorge.
Le mobilier avait été réduis en miettes, y compris le comptoir. Ici et là, les malheureux ayant servit à le fracasser se vidaient lentement de leur sang, soulagés d'un membre ou deux pour la plupart. Le vampire sentait ses bottes adhérer au sol poisseux alors qu'il évoluait dans cet impressionnant charnier. Les murs n'étaient pas en reste, des traces de doigts écarlates ponctuant les giclées vermeilles qui avaient repeints les lieux. Avec une grimace, il se refusa à aller plus loin : la traînée d'intestins dévalant l'escalier laissait un aperçu de ce qui l'attendait à l'étage. Et dire que l'auteur de cette tuerie avait agit à mains nues...
Par le... commença Luther en se présentant à son tour.
Il eut un mouvement de recul, portant la main à son nez en découvrant l'ampleur des dégâts.
Ne laisse pas le gamin appro...
Requête bien inutile. Déjà à côté du vampire, Enguerran passait la tête dans l’entrebâillement. Son visage perdit toute couleurs comme Luther ressortait en l'ignorant, pestant contre Gilnash et « son animal elfique ».
Manesh'k arracha le garçon à cette contemplation morbide, l’entraînant dans la rue par l'épaule. Après un bref coup d’œil alentour, il balança le cadavre à l'intérieur et ferma la porte. Puis revint à Enguerran.
Le pauvre enfant avait les yeux exorbités, tremblant comme une feuille. Il ne prononçait pas un mot, la bouche ouverte, béat.
Enguerran, regarde moi, ordonna-t-il. Maintenant. Regarde moi et écoute ma voix. Tu...
Toutefois il s'interrompit bien vite. A l'évidence, il ne l'entendait même pas. L'enfant était sous le choc. Même lui ne pourrait rien en tirer pour le moment.
Manesh'k pivota en entendant la porte grincer derrière lui.
Elle n'est plus là, déclara platement Gilnash en se frottant le front.
C'était l'évidence même. Toutefois, Manesh'k eu le tact de ne pas le lui faire remarquer. Ils avaient un problème bien plus important à régler. Gaylria était là, quelque part dans les bas-fond de la ville. Et elle fauchait vraisemblablement une nouvelle vie à chaque instant qu'ils perdaient à la rattraper.
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zetravellingpotato · 7 years ago
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#26 - Estado de México
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J'arrive à la Ciudad de México, et emprunte le métro en pleine heure de pointe. Autant dire qu'avec mon sac de voyage, ce n'est pas l'idéal. Puis j'attends Dany à l'aéroport. Son ami vient nous chercher, et nous emmène manger à la Zona Rosa. On m'avait souvent parlé des quesadillas sans fromage, du Distrito Federal. Je n'y croyais guère, mais j'ai été confronté à cette dure épreuve mexicaine. J'ai survécu, et je garde la tête haute les amis !
Debout beaucoup plus tard que prévu, Dany et moi empruntons le métro pour rejoindre la Central Poniente, direction Valle de Bravo. Le trajet, de 3h30 dans les petites montagnes n'est pas l'un des plus agréables. Mais nous finissons par parvenir à notre destination. Et nous trouver un hôtel assez facilement. De prime abord, Valle de Bravo semble tout mignon. Je trouve quelques similitudes avec Taxco. Notamment le relief et les petites maisons blanches aux toits en briques. Alors nous nous promenons, nous posons un moment sur la place principale, et nous promenons encore. Jusqu'à nous arrêter prendre une pizza bien méritée. Elle n'est pas exquise, mais elle fera l'affaire ! Puis nous rentrons fainéanter devant America's Got Talent.
Le lendemain, nous quittons l'hôtel encore trop tard. Bon, ce n'est pas comme s'il y avait beaucoup à faire par ici. Alors nous nous promenons encore dans le centre, puis descendons au lac, et tentons de rejoindre une cascade. Ce n'est pas chose facile, mais nous finissons par y arriver (eh ouaaais !), et nous restons posés au soleil face aux cascades un certain moment. Puis nous décidons de rejoindre la centrale de bus pour Toluca. Elle se trouve plus loin que prévue, et à notre arrivée on nous annonce qu'il nous faut attendre plus d'une heure pour le prochaine bus. Alors nous tentons le Stop. Au centre du Mexique. L'ambassade me tuerait si elle savait. Et évidemment j'omettrais de lui conter que notre Ride à de fâcheuses tendances pédophiles... Il nous lâchera dans un centre commercial de Toluca, où nous en profiterons pour manger au McDo. Estefania, notre nouvelle hôte de Couchsurfing, nous emmène ensuite dans sa famille. Nous y resterons deux grosses heures, un petit peu mal à l'aise, et trop fatigués pour socialiser véritablement. Puis nous rentrons chez elle, et ne faisons franchement pas long feu.
Bon, nous manquons le réveil le lendemain. Alors nous ne quitterons la maison que vers 11h pour aller manger des tacos qui ne parviennent pas à nous convaincre. Puis nous attendons le bus qui nous mènera jusqu'au Nevado de Toluca. Nous tentons de faire du Stop pour arriver au sommet, car nous ne sommes pas vraiment enchantés par l'idée de marcher 20km dans le froid. Une lueur d'espoir apparaît lorsqu'un homme accepte de nous emmener. Mais il s'arrête à l'entrée du site. Et il nous reste 17km à parcourir.
Après deux heures d'attente, une famille accepte enfin de nous conduire jusqu'au sommet. Alors nous montons à l'arrière du pick-up et profitons du paysage. Du sommet, il reste encore quelques kilomètres à parcourir à pieds pour parvenir au cratère, et aux lacs qui se trouvent en son centre. Mais nous ne nous démontons pas, et y allons avec le sourire. Les lacs, vus d'en haut, entourés par les cimes des montagnes, sont simplement magnifiques. Le paysage est incroyable, comme tiré d'un conte de fées. Une fois dans le cratère, le conte s'assombrit rapidement lorsque les nuages commencent à nous envelopper. Littéralement. Nous ne voyons plus à deux mètres devant nous, et nous sommes perdus au centre d'un cratère, à plus de 4000 mètres d'altitude, à une température bien trop basse pour les Yucatecos que nous sommes devenus. Nous commençons à avoir peur lorsque le ciel s'assombrit, et que le jour tombe. Et encore davantage quand la grêle s'abat, et que nous sommes incapables de trouver le chemin pour nous rendre au parking.
Nous finissons cependant par y arriver, par je ne sais quel miracle. Et par chance, des jeunes nous proposent un ride pour rejoindre la route principale, 20km plus bas. Vamooos. Mais la galère ne s'arrête pas là, bien entendu. Une fois sur la route, on nous annonce qu'il n'y aura probablement aucun bus pour rejoindre Mexico. P*ta M*dre... Nous sommes trempés, exténués et désespérés. Nous sommes obligés de faire du Stop à nouveau. Une famille nous conduit jusqu'à Toluca. Et de là-bas, nous marchons à la centrale de bus. Où nous n'aurons pas longtemps à attendre avant d'être amenés à la Ciudad de México. Nous sommes tous les deux en pilotage automatique dans le métro entre le terminus de bus et la maison de notre Airbnb. Nous finissons par y arriver. Bon, c'est pas du luxe, mais vu le prix, ça fera l'affaire. La journée a été tellement rude, que nous ne mettons pas longtemps à nous endormir.
Une grasse matinée et une douche froide plus tard, Dany et moi quittons l'Airbnb, direction Chapultepec. Voilà deux ans que je veux me promener dans le bois et visiter ce grand château.  Le seul au Mexique, d'ailleurs. Pour la première fois dans le pays, je ne trouve pas à manger quand j'en ai besoin. Et tous les vendeurs, qui gâchent la visite tranquille du bois, n'ont rien d'autre en stock que des chips. Nous sortons donc chercher quelques mini-tacos avant de rentrer à nouveau et rejoindre le château. L'architecture est très européenne. Évidemment, me direz-vous, il était occupé par le roi, venu d'Autriche, et sa femme, Princesse de Belgique, me semble-t-il. Le musée du château possède de belles pièces. Il pourrait être intéressant s'il n'était pas aussi bondé. Mais j'apprécie d'avantage l'étage, et les pièces à vivre conservées d'époque. Ainsi que les vues incroyables sur la ville, le bois, les buildings, et le fameux Angel de la Independencia.
Nous marchons ensuite jusqu'au Museo de Antropología. Il est énorme, très bien fait, avec des pièces uniques. Mais nous ne prenons pas vraiment le temps de l'explorer. Nous sommes venus pour voir le calendrier Aztèque, alors le reste nous importe peu. Nous passons cependant dans la plupart des salles, et terminons par ce pourquoi nous sommes venus. Le calendrier (qui aurait apparemment prédit la fin du monde en 2012, vous vous souvenez ?) n'est pas si imposant qu'il le paraît sur les photos. Mais ça reste une pièce unique et intéressante à contempler.
Puis une fois notre visite terminée, et un petit passage (en vain) pour trouver la maison présidentielle de Los Pinos, nous prenons le métro, en quête d'un McDo bien mérité. Ce ne sera pas chose aisée. Mais au moins, je peux dire qu'après avoir traversé les endroits les plus pauvres dans le sud du pays, j'ai également fréquenté les plus riches dans la capitale. Le contraste au Mexique me surprend une fois de plus. Il est plutôt intéressant à observer, bien qu'un petit peu dégoûtant. Nous mangeons, puis vient nous chercher l'ami de Dany. Nous avons laissé nos affaires chez lui, et il est temps de les récupérer. Un Uber plus tard, et nous sommes de retour à l'Airbnb.
Encore un réveil trop tard, qui entraîne une nouvelle remise en question de nos plans. Mais vers midi nous finissons par quitter la maison, direction Xochimilco, et ses fameuses barques de couleur. Près de deux heures de transport plus tard, nous arrivons à destination. Et comme nous mourons de faim, nous nous arrêtons pour manger une pizza. Et nous rejoignons l'embarcadère. Les prix pour faire un tour en barque sont exorbitants, alors nous nous contentons de nous balader près de la rivière, puis de faire un tour rapide en ville.
Et nous rentrons à Mexico. Dany tient à voir le monument de la Révolution. Alors nous nous y rendons, sous la pluie. L'édifice est énorme ! Bien plus imposant qu'il ne le paraissait sur les photos. Puis nous faisons un petit break au Starbucks, où je commande un chocolat blanc chaud. Un délice ! Et la balade se poursuit par le Palacio de Bellas Artes. Je le connais déjà pour y être venu il y a près de 10 mois. Mais tout était tellement différent à ce moment-là. Ma vie était différente. Moi-même, j'étais différent. Malgré la pluie, nous prenons le temps de l'observer avant de longer la grande avenue qui mène au Zócalo. Les travaux sur la place gâchent un petit peu le paysage. Et je regrette une fois de plus de venir à Mexico au mauvais moment. Mais les édifices restent magnifiques et impressionnants. Puis nous rentrons tranquillement à la maison.
Réveil de bonne heure ! Oui oui, je vous assure ! Puis direction Teotihuacán. Les fameuses ruines aztèques. Après avoir exploré des centaines de constructions mayas, je suis ravi de découvrir un autre style. Et le plus agréable, c'est de ne pas visiter les ruines sous un soleil de fou comme dans le Yucatán. La pyramide du Soleil est tout simplement énorme. Je crois que ce n'est pas la plus haute de celles que j'ai vu. Mais de loin la plus large. Respect, amis aztèques ! Nous restons d'ailleurs un certain temps assis à observer le paysage, et la pyramide de la Lune, en face. Le site archéologique de Teotihuacán n'est pas fou, mais il est cependant à voir pour les amoureux du Mexique comme moi.
Mais nous ne nous éternisons pas, car nous avons rendez-vous avec Guadalupe, la fameuse vierge mexicaine. Tout le quartier de la basilique est étonnant. Plein d'églises, et de chapelles, de tailles, de formes et d'époques différentes. Et la moitié d'entre elles sont en train de couler. Car oui, les espagnols ont une la bonne idée de fonder la ville de Mexico sur un lac. Mais les édifices sont toutefois magnifiques !
Puis nous prenons le métro pour l'arène. Évidemment, nous nous trompons d'arène, et il nous faut courir en direction du métro pour rejoindre l'autre. Nous y arrivons à temps, pour récupérer nos billets et voir le début de la Lucha Libre (pour faire court, du catch mexicain). Et une fois de plus, j'assiste à un spectacle impressionnant. Les sportifs/danseurs/artistes, maîtrisent tous leurs mouvements. Et ils offrent un show incroyable ! J'ai l'impression d'être dans un film, ou un jeu vidéo.
Et je pense à mes frères qui auraient adoré être là. Puis nous rentrons, une fois de plus sous la pluie, exténués par cette journée.
Le jour suivant, nous ne quitterons la maison qu'aux alentours de midi. Au programme du jour : Coyoacán, et le musée de Frida Kahlo ! Même si je ne suis ni un grand fan, ni un fin connaisseur, j'ai hâte d'en apprendre davantage sur cette icône mexicaine. Après nous être trompés de métro, et avoir fait un arrêt pour manger, nous parvenons enfin à La Casa Azul, où vécurent Frida et Diego. Nous évitons la file de touristes en achetant en direct nous tickets sur Internet, et nous partons explorer le musée. Beaucoup de peintures, de dessins, d'objets quotidiens, de vêtements... même si la vie de Frida est finalement peu expliquée, le musée est intéressant à visiter. Puis nous rejoignons le centre du quartier Coyoacán, plutôt mignon. Et après un détour à l'école de Dany, nous rentrons à la maison. Et devinez quoi ? Sous la pluie, évidemment. Je me demande si le soleil se pointe parfois dans cette ville. Nous ressortirons un petit peu plus tard, histoire de manger une Sopa Azteca, et des gringas de poulet.
La matinée se passera dans le lit. Puis nous prenons tranquillement le chemin pour le centre historique. Nous passons rapidement devant le Templo Mayor, puis partons manger. Je ne saurais dire ce qu'on m'a servi, mais c'était plutôt bon. Puis nous visitons le Palacio Nacional sur la place principale. Même si je n'ai pas croisé le Président, la visite était plutôt sympa. Et particulièrement les anciennes pièces à vivre. Et nous nous promenons, profitons de l'après-midi dans le centre, puis faisons le tour des marchés, car je me suis mis en tête d'acheter des insectes séchés pour faire découvrir à ma famille. Une fois en possession de mes achats, nous rentrons à la maison. Malgré le mal de tête, je ne parviens pas à faire une sieste. Et je passe ma dernière soirée au Mexique avec Dany, une pizza, et Netflix.
La nuit n'aura pas été de tout repos. J'ai très mal dormi, mon cerveau étant certainement préoccupé par la journée qui s'annonce. Quand j'ouvre les yeux, j'ai du mal à réaliser que l'échéance est arrivée. Le 30 juin est là... cette date que j'avais tant redoutée est arrivée. Et je passe la journée à arranger quelques détails. Payer des factures, retirer de l'argent, boucler la valise... je mange enfin le fameux pozole dont on m'a tant parlé. Et j'aime beaucoup ça. Puis nous partons pour l'aéroport. Je fais de mon mieux pour rester fort et digne, mais plus l'heure approche, plus c'est difficile.
Je ne veux pas rentrer. Je ne veux pas. J'aime ma vie ici. Et même si les probabilités que je revienne sont élevées, je sais que tout sera différent.
Je ne veux pas partir. Je ne veux pas partir, mais je monte dans l'avion.
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brevesdenatlyn · 8 years ago
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DANGEREUSE INNOCENCE
Tome : 1.
Nombre de chapitres: 12 / 12.
Pairings: Nick Jonas & Katlyn Itachi.
Synopsis: "Elle avait déjà perdu deux hommes au cours du combat et elle ne tenait vraiment pas à en perdre d'autres. Surtout pas ceux-là. Chaque jour, elle passait les voir et ne constatait aucun changement."
CHAPITRE 12 : VERDICT
Deux semaines s'étaient écoulées depuis les évènements du procès. La meute était entièrement rétablie et comptait même de nouveaux membres. De nombreux sangs-purs étaient venus leur apporter de l'aide pour se rétablir et étaient restés. Tous suivaient les ordres de Katlyn avec une docilité étonnante. Cette dernière était préoccupée par l'état de deux de ses loups. En effet, depuis la bataille, Nicholas et Owen étaient plongés dans un profond coma. Malgré ses efforts, conjugués à ceux de Brooke et Nobuo, ils restaient inconscients. Elle avait déjà perdu deux hommes au cours du combat et elle ne tenait vraiment pas à en perdre d'autres. Surtout pas ceux-là. Chaque jour, elle passait les voir et ne constatait aucun changement. Elle dormait auprès de Nicholas et se réveillait en priant pour qu'il ouvre les yeux. Sa blessure était complètement guérie désormais. Ils avaient gagné. Luka et ses collaborateurs avaient été enfermés dans des cellules taillées sur mesure pour leur seconde nature. Le Conseil avait été dissous et restructuré. A présent, c'était Katlyn qui gérait cette organisation et elle s'était entourée aussi bien de sangs-purs que de sangs impurs. Nicholas et Owen avaient leurs places autour d'elle et elle ne changerait pas d'avis pour nommer quelqu'un d'autre. Les lois avaient été étudiées et retravaillées. Divers mensonges avaient été inventés pour expliquer la disparition des impurs qui retrouvaient leur famille un à un. Oui, le monde lupin avait bien changé depuis ce procès et Katlyn voulait partager ça avec l'homme qu'elle aimait, un homme qui n'avait pas hésité à se sacrifier pour la sauver. Elle y repensait encore quand elle ouvrit les yeux ce jour-là. Elle était étendue à côté de Nicholas et avait la tête posée sur son torse. Elle écoutait les battements réguliers de son cœur.
  — J'aimerais tant que tu te réveilles maintenant. Ce monde est triste sans toi.
  Comme elle s'y attendait, Nicholas n'eut aucune réaction. Elle soupira et se leva. Elle devait retourner au Conseil. Ce nouveau poste lui demandait beaucoup de travail et cela l'épuisait. Encore dans le brouillard, elle s'enferma dans la salle de bains et prit une longue douche. Quand elle sortit, elle décida d'avaler un morceau avant de partir. Elle posa la main sur la clenche et s'arrêta net en entendant une voix derrière elle.
  — J'ai fait un rêve étrange. J'ai rêvé que je mourais.
— Ce n'était pas un rêve.
— Je suis mort ?
— Je me suis démenée pour que ce ne soit pas le cas, répondit Katlyn en se retournant, des larmes de soulagement striant ses joues.
  Nicholas tenta de se lever mais Katlyn accourut pour l'en empêcher. Elle avait fait travailler ses muscles durant son coma mais on ne savait jamais. Physiquement, il était en parfait état de fonctionnement mais psychologiquement, c'était autre chose. Il ne comprenait pas. Il était perdu. Malgré le refus de Katlyn, il se redressa et s'assit, un peu étourdi.
  — Alors, ce n'était pas un rêve.
— Non. Le procès a bel et bien dégénéré. Ça a été un véritable carnage. On a failli y rester.
— Comment on s'en est sortis ?
— Disons que je suis persuasive quand je veux.
— Je m'en doute.
— Donc, on a eu le droit à une nouvelle audience.
— Prévue pour quand ?
— La semaine dernière. Le verdict a été donné.
— Alors ?
— Luka Trekka et ses collaborateurs sont sous les verrous pour un moment. Le Conseil a été dissous et est en cours de restructuration. Les lois sont réétudiées et modifiées.
— Ce qui fait beaucoup.
— Garrett et Ulrik n'ont pas survécu. Owen est toujours dans le coma. Je m'inquiète pour lui.
— Nous ne sommes qu'une poignée à nous battre encore, soupira Nicholas. C'étaient deux bons gars.
— Ils ont eu un bel enterrement. Je m'y étais engagée. Owen reçoit tous les soins dont il a besoin. Je m'en occupe personnellement.
— Tu devrais te reposer. Ça te ferait du bien.
— J'ai une meute d'une cinquantaine de loups à gérer et des lois à changer. Je n'en ai pas le temps.
— Qu'est-ce que tu dis ?
— De nombreux sangs-purs ont rejoint notre cause et se sont établis ici jusqu'à ce qu'on soit sur pieds. Ils nous ont beaucoup aidés et nous aident encore.
— Il a fallu que tu arrives pour changer le monde.
— Il vous fallait seulement un déclencheur pour vous pousser à réagir.
— Il s'est passé autre chose durant ce procès ou je sais tout ?
  Ne sachant que lui répondre et préférant passer sous silence son nouveau statut et ses nouveaux pouvoirs, Katlyn prit délicatement le visage de Nicholas entre ses mains et l'embrassa. Le jeune homme ne réagit pas, pris par surprise. Il finit par glisser sa main sur la nuque de son élève pour prolonger ce baiser si agréable. Katlyn fut la première à l'interrompre afin de pouvoir respirer.
  — ...
— Tu m'as embrassé ?
— J'avais peur que tu ne te souviennes pas de cette partie.
— J'avais peur de l'avoir imaginé.
  Nicholas sourit et déposa de nouveau ses lèvres sur celles de Katlyn. Il était heureux, tout simplement heureux. Quand il lâcha les lèvres de la jeune femme, elle reprit la parole.
  — J'ai tant attendu avant de tout avouer. Ce jour-là, j'ai eu tellement peur de t'avoir perdu.
— Comment tu as fait pour me sauver ? demanda Nicholas en serrant les mains de Katlyn dans les siennes.
  Il remarqua alors ses nouveaux tatouages mais ne fit pas de commentaires. Les inscriptions parlaient d'elles-mêmes.
  — Mon père est apparu et a arrêté le temps avant que tu ne rendes ton dernier soupir. Il m'a dissuadée de tuer Luka pour ce qu'il nous avait fait. Ça n'aurait fait qu'alimenter ma haine et m'aurait empêchée de prendre possession de la totalité de mes pouvoirs.
— Tu as enlevé le sceau ?
— Mes parents l'ont fait. De nouveaux tatouages sont apparus après. Ils révèlent ma position d'Élue et d'hybride sauveuse du monde.
— Ça ne répond pas à ma question première.
— Quand mes parents ont disparu, le temps a repris son cours pour tout le monde sauf toi. Ce n'est que lorsque tu as été complètement hors de danger que je t'ai ramené dans notre temps. Ensuite, j'ai attendu ton réveil.
— Merci de ne pas m'avoir laissé mourir.
— Je n'aurais pas pu changer ce monde sans toi.
— Tu l'as changé le jour où tu es arrivée dans cette meute.
— Au début, le Conseil voulait m'exécuter. Ils ont changé d'avis et m'ont donnée une chance de révolutionner ce monde.
— Qui est ?
— De prendre la tête du Conseil.
— Tu l'as fait ?
— J'ai pris le poste et ses avantages. D'ailleurs...
  Katlyn fut coupée dans son élan quand on toqua à la porte qui s'ouvrit. David entra.
  — Tu es prête ? On doit y aller.
— ...
— Oh ! s'exclama-t-il, surpris. Excuse-moi. Je ne savais pas qu'il était réveillé. Je t'attends dehors.
  David sortit aussi vite qu'il était entré et referma la porte. Nicholas était sous le choc. Que faisait-il ici ? Comment osait-il seulement adresser la parole à Katlyn après ce qu'il lui avait fait ?
  — Qu'est-ce qu'il fait ici celui-là ?
— Il est de notre côté. Il l'a toujours été.
— Je ne crois pas, non.
— Il y a cinq ans, il s'est disputé avec son père à notre sujet. David ne voyait pas l'intérêt de s'en prendre à nous sous prétexte qu'on avait été mordus et que, donc, nous n'étions pas génétiquement liés à une famille de sang-pur. Son père avait volé une partie des pouvoirs de mon père la nuit de sa mort. Il s'en est servi pour annihiler la volonté de son fils. David a été sous Influence pendant cinq ans. Luka le contrôlait entièrement.
— Tu veux dire qu'il n'était pas lui-même ?
— Pas jusqu'à ce que je rompe l'Influence. Après ça, il a pris mon parti et sauvé ma vie. Je lui fais confiance, les autres aussi.
— Dans ce cas, je dois lui donner une chance, c'est bien ça ?
— Ce serait bien.
— Je ferais un effort.
  Pour le remercier de faire ce geste, Katlyn l'embrassa et finit par rejoindre David. Elle se promit de travailler durement sur le mensonge qui permettrait à Nicholas de retrouver sa famille. Elle voulait lui offrir ce retour. Elle le voulait plus que tout.
  ×
  → Quelques jours plus tard...
  Katlyn était au volant de sa voiture et conduisait tranquillement. Sur le siège passager se tenait Nicholas. Elle avait tenu à lui bander les yeux avant de lui faire quitter le QG. Le jeune homme avançait donc en aveugle. Katlyn refusait de lui dire où ils allaient. Il ne pouvait donc que se fier à son ouïe. Pour l'instant, il n'entendait que le bruit de la voiture en mouvement et la radio que la jeune femme avait allumé. Nicholas était certain qu'elle l'avait fait exprès pour brouiller son audition. Où l'emmenait-elle ?
  — Tu ne veux toujours pas me dire où on va ?
— Non. Tu le verras par toi-même quand on sera arrivés.
— On est bientôt arrivés ?
— Tu sais que tu es pire qu'un gamin ?
— Ça fait longtemps que je n'ai pas pris la voiture et je n'apprécie pas de le faire en aveugle.
— Tu vas être malade ?
— Comment tu veux que je sois malade alors que je n'ai pas eu le temps d'avaler quoique ce soit ?
— Une hypoglycémie ?
— Sûrement.
— On est bientôt arrivés.
— Tu ne vas pas me donner à manger ?
— Tu es assez grand pour le faire tout seul.
— Je n'ai rien à manger.
— Ça ne saurait tarder.
— Ah ?
— Je ne te dirais rien.
— Ce n'est pas juste, répondit Nicholas en croisant les bras sur son torse.
— Attends, tu boudes ?
— Oui ! Tu es méchante avec moi.
— Pauvre petit Nicholas ! Il veut un câlin ?
— Dès qu'on descend de cette voiture, je veux que tu me serres contre toi pour te faire pardonner.
— Crois-moi, tu n'en auras pas besoin. D'ailleurs, on est arrivés.
— Enfin !
  Katlyn se gara le long d'un trottoir dans une petite banlieue tranquille. Les alentours étaient calmes. La rue était déserte, les habitants étant tous sur leurs lieux de travail. Il ne se passerait rien avant le début de la soirée. La jeune louve sortit de sa voiture et aida Nicholas à faire de même. Quand il fut dehors, elle retira le foulard qu'elle lui avait noué autour des yeux. Ce dernier cligna des yeux pour les habituer à la lumière. Katlyn lui glissa une paire de lunettes de soleil sur le nez. Elle en portait une elle-même. Etant habitués à vivre dans la nuit, leurs yeux avaient fini par craindre la lumière du jour. Il leur était donc nécessaire de porter ces lunettes chaque fois qu'ils mettaient les pieds dehors. Nicholas regarda autour de lui et sentit son cœur se serrer en revoyant les rues de son enfance. Il avait grandi ici. Quasiment tous ses souvenirs étaient ici. Comment était-il possible qu'il puisse de nouveau fouler le bitume de la rue qui l'avait vu grandir ?
  — Toute ta famille est là. J'ai trouvé un prétexte pour les rassembler. Je voulais t'en faire la surprise.
— Comment...
— J'ai travaillé dessus toute la semaine. Les autres ont déjà tous retrouvé leur famille. Officiellement, tu as été porté disparu suite à un accident dans la forêt. Tu as perdu la mémoire et été recueilli dans une famille jusqu'à ce que tu te souviennes de ta vie passée.
— Ingénieux.
— Tu as le choix de leur dire ou non que tu es un loup. Si tu leur dis et qu'il y a des fuites, tu seras tenu pour responsable.
— Je comprends.
  Katlyn fouilla son coffre et lui tendit le sac à dos qu'il avait le jour de sa disparition. Nicholas le prit d'une main tremblante. Il était angoissé à l'idée de retrouver sa famille après deux ans.
  — Bon courage.
— Ne pars pas ! s'exclama-t-il alors qu'elle se détournait.
  Katlyn se retourna et fit face à Nicholas. Ce dernier était angoissé. Cela se voyait dans son comportement. Ses mains tremblaient et il ne cessait de passer son poids d'un pied à l'autre. Il jetait des coups d'œil furtifs tout autour de lui. Il attrapa la main de Katlyn et la serra dans la sienne.
  — J'ai encore du boulot. Il faut que j'y retourne.
— Tu as eu besoin de moi pour changer le monde. J'ai besoin de toi pour retrouver le mien.
— Nicholas...
— S'il te plait, reste avec moi.
— D'accord. C'est bien parce que c'est toi.
  Katlyn serra la main du jeune homme qui lui adressa un sourire gêné en guise de remerciement. Ils traversèrent la petite cour parfaitement entretenue s'étalant devant la maisonnette et s'arrêtèrent devant la porte d'entrée. Nicholas coula un regard hésitant à Katlyn qui lui assura que tout irait bien. Il respira donc un grand coup et toqua à la porte. La main de Katlyn dans la sienne le rassurait un peu et l'empêchait de partir en courant tellement il avait peur. La porte s'ouvrit et un jeune homme d'une vingtaine d'années apparut. Aussi grand que Nicholas, il avait les cheveux très courts et avait un semblant de barbe qui lui donnait un air de bad boy. Il était vêtu d'un T-shirt noir et d'un bermuda blanc qui lui seyaient à ravir. Il était vraiment très beau et Katlyn se prit à penser que c'était l'œuvre du « Jonas gène ». La surprise s'inscrivit sur le visage du nouveau venu.
  — Nicholas ? Est-ce que... Est-ce que c'est vraiment toi ?
— C'est bien moi, Joseph.
— Dieu merci ! Tu es de retour !
  Ledit Joseph franchit la distance qui le séparait de son frère en un pas. Il le prit contre lui et le serra dans ses bras si fort qu'il aurait pu l'étouffer. Par respect, Katlyn lâcha la main de Nicholas et fit un pas en arrière.
  — Oui, je suis de retour.
  Alertée par ces éclats de voix, la famille Jonas au complet vint voir de quoi il retournait. En découvrant les deux autres frères de Nicholas, Katlyn en conclut que le « Jonas gène » existait vraiment. Le plus petit avait les cheveux courts et légèrement bouclés. Il ressemblait tellement à Nicholas qu'on aurait pu les confondre s'il n'avait pas eu une dizaine d'années. L'autre était assurément l'ainé. Aussi grand que ses frères, il avait les cheveux bouclés et une légère barbe qui lui donnait un air mature. Il portait une chemise blanche et un jean noir. La simplicité à l'état pur malgré une chaleur écrasante. Katlyn était sûre qu'avec un sourire, il pouvait faire tomber toutes les filles à ses pieds. Il avait pourtant déjà trouvé son élue si on en croyait son alliance et la femme se tenant à ses côtés. Tout le monde pleurait. Ils prirent Nicholas dans leurs bras chacun leur tour pour s'assurer qu'il était bien réel et que ce n'était pas un rêve. Denise Jonas, sa mère, fut la dernière à l'étreindre.
  — Mon petit garçon. Te revoilà enfin. Si tu savais comme j'ai eu peur de t'avoir perdu.
  Nicholas ferma les yeux en serrant sa mère contre lui et laissa libre cours à ses larmes. Sa famille lui avait tellement manqué. Il n'arrivait pas à croire qu'il était devant elle, qu'il revoyait ses frères et ses parents. Tout ça, il le devait à Katlyn. Kevin, le frère ainé, sembla enfin prendre conscience de la présence de la jeune femme. Il s'avança vers elle.
  — C'était toi l'auteur des mails, n'est-ce pas ?
— Je l'avoue.
— Merci de nous l'avoir ramené, déclara-t-il en la serrant contre lui.
  Katlyn accepta cette étreinte sans broncher. Kevin ne cessait de la remercier de lui avoir ramené son frère sain et sauf. Quand il la relâcha, Joseph et Franklin prirent sa place.
  — Si je le pouvais, je t'épouserais sur le champ.
— Merci d'avoir ramené Nick.
  Nicholas se détacha de sa mère et s'approcha de son frère. Il posa la main sur son épaule et se pencha vers son oreille.
  — Ne t'avise même pas de me piquer ma petite-amie.
— Alors, ça ! Nicholas revient et il a une petite-amie ! Il a grandi le petit !
— D'une, je n'ai jamais été petit. De deux, ce n'est pas la première.
— Ah, oui ! C'est vrai.
— Lâche-la.
— Non.
— Lâche-la.
— Il est jaloux.
— Reste calme, Nicholas.
— Je serais incapable de lui faire du mal.
— La famille, c'est précieux.
— On m'avait parlé de manger. Je me suis trompé ?
— Je l'ai embarqué avant qu'il n'ait eu le temps de manger. Il n'arrête pas de bouder depuis.
— Normal.
— Je suis toujours grognon quand j'ai faim.
— C'est vrai.
— Dans ce cas, je vais te préparer un repas digne de ce nom, déclara Joseph en relâchant Katlyn.
— Je savais que je pouvais compter sur toi.
  Joseph passa son bras sur les épaules de son frère et l'entraina vers la maison. Au moment où il posait le pied sur le palier, il se tourna vers Katlyn et lui fit signe de les suivre. Il n'allait pas la laisser partir sans l'avoir interrogée.
  — Toi, tu nous suis. Je veux tout savoir sur toi avant de te laisser trainer avec mon petit frère.
— Joseph, elle a un nom. Elle s'appelle Katlyn.
— Bien noté. Katlyn, viens avec nous.
— Je dois rentrer. J'ai encore du boulot.
— Il n'est pas question que tu te sauves.
— Il ne te lâchera pas. Accepte son invitation et survis à son interrogatoire.
— Ça ne devrait pas être difficile. J'ai survécu à Luka.
— Ne crois pas que ce sera si facile.
  Nicholas tendit une main à Katlyn qui la saisit, acceptant ainsi l'invitation de Joseph. Le reste de la famille Jonas les suivit à l'intérieur de la maisonnette, heureuse que leur parent disparu soit de retour. Katlyn répondit à l'interrogatoire de Joseph de façon claire. Bien sûr, elle fut obligée de mentir pour répondre à certaines questions. Il s'agissait de préserver son secret. Après Joseph, ce fut au tour de Kevin et Franklin de l'interroger. Leur frère venait de rentrer et il était hors de question qu'on leur enlève à nouveau. Ils voulaient le protéger et c'était normal. Les parents Jonas ne firent que la remercier de leur avoir rendu Nicholas. La jeune femme ne put partir qu'à la tombée de la nuit. Elle inventa un prétexte pour emmener Nicholas avec elle. Le jeune homme devait se transformer et il préférait ne pas le faire chez ses parents pour le moment. Il était donc censé travailler toute la nuit sur un projet avec Katlyn. Il rentrerait avant le lever du jour...
×××
Buy me a coffee?
PART I || PART II || PART III || PART IV || PART V || PART VI
PART VII || PART VIII || PART IX || PART X || PART XI || PART XII
EPILOGUE
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claudehenrion · 7 years ago
Text
Echangerais crayon à papier neuf mais déjà taillé contre Harley-Davidson Softail Springer 89 en bon état…
  La bonne gestion des idées qui se bousculent pour trouver une place dans ce blog aurait voulu que nous évitions les sujets sans liens avec Noël, pendant l'Avent : la préparation de Noël ressortit tout de même d'un niveau de richesse, d'exigence, d'intensité et d'émotion supérieur aux afféteries risibles de la politique française. Par exemple, ces temps derniers, nos politicards et nos journalistes de gauche (qui sont de gauche bien plus qu'ils ne sont journalistes) nous recommandent d'attendre Godot et/ou l'Arlésienne… au moment où la maison brûle et pendant que ces nuls dissertent sur le sexe des ‘’porcs’’ (et sur le nom de tous les nouveaux impôts qu'ils concoctent), oubliant que Byzance a été vaincue par le Sultan Mehmet II “al Fatih”(le conquérant) pour avoir, dit-on, trop disserté sur ‘’le sexe… des anges’’.
 Oui, mais voilà : le destin facétieux (et pas sympa, sur ce coup-là) nous a privés, en 48 heures, de notre plus belle plume et de notre plus belle voix… Il n'est pas possible de passer sous silence une telle conjonction de mauvaises nouvelles, d'autant qu'une de ces “personnes généralement bien informées” dont se moquait Coluche m'assure tenir de source sûre qu'une affiche écrite au crayon aurait fait son apparition à la porte du Paradis : “Echangerais crayon à papier neuf mais déjà taillé contre Harley-Davidson Softail Springer 89 en bon état…”.On imagine bien le regard pétillant de ‘’Jean d'O’’ derrière cette pseudo- “breaking news” insolente…
 Parce que, en dernière analyse, la France sans littérature et sans chansons-rock-blues, ce n'est une bonne nouvelle que pour les fanatiques du macronisme qui croient, les sots, que “la culture française n'existe pas” (c'est leur chef qui l'a dit !).      Mais nos deux chers disparus avaient atteint de leur vivant (et chacun à sa manière) des sommets tels que coryphées, thuriféraires et énarques ne peuvent les imaginer : tout semblait les séparer, ces deux-là, mais ils partageaient les choses qui comptent : ils étaient patriotes, de droite et conservateurs (c'est tout un !).
 Dans une ancienne interview qui est miraculeusement ressortie sur tous les réseaux sociaux, notre académicien narquois, parlant d'Edith Piaf et de Jean Cocteau, morts dans la même nuit (du 10 au 11 octobre 1963), remarquait que “lorsqu'on est homme de lettres,  il faut faire attention de ne pas mourir en même temps qu'une vedette de la chanson”. Quel talent, dans la prévision et la “vista’‘ ! Bien sûr qu'il ne faut pas ! Il le savait… mais l'a oublié, une toute petite seconde.         Ce visionnaire avait sa place à droite de l'éventail politique : son intuition sur les chemins que peut emprunter le futur lui disait ce qui est bon pour l'Homme… En bretteur intransigeant, il savait tout des pensées mortifères des sinistres gourous qui, soit dit en passant, n'ont jamais réussi, non plus, à ébranler la constance de notre rocker national contre leurs mythes, leurs fantasmes et leurs mauvaises solutions à tout ! Rocker et biker, certes… mais ‘’Ah ! que… de Droite, ‘’tujurs’’’’, même si parfois sa conduite s’est pas mal écartée de l’orthodoxie bourgeoise !
 Mais quelque chose de plus grand encore rapprochait ces deux ’'géants”. Tout le monde le sait, mais le microcosme interdit d’en parler : “je suis né catholique, et je mourrai catholique”, disait Johnny, ce à quoi Jean d'Ormesson rétorquait, comme en écho : “je suis né dans une famille catholique, je mourrai catholique”.
 On peut les imaginer tous les deux, surpris de se retrouver devant Saint Pierre (on ne leur avait pas dit que “l'autre” était parti en même temps !), en frères d'infortune terrestre mais fortunés pour l'éternité. Du coup, cette année, deux des rois mages vont avoir les yeux très bleus, et ils vont déposer dans la crèche le dernier CD et le dernier roman sur lesquels se sont refermées ces deux riches existences !                   (NDLR : Ah oui ! J'ai oublié de vous dire : comme les soi-disant “libres penseurs” ne sont pas admis au Paradis (où ils n'ont rien à faire, ayant refusé de lire les conditions d'admission et le mode d'emploi !), les gens y sont libres. Du coup, il y a des crèches partout, et des croix, comme sur les jolis calvaires de nos campagnes).
 Mais Johnny a réservé à ses amis un ultime clin d’œil : il a réussi à contraindre trois Présidents de notre République de plus en plus laïcarde (donc de moins en moins une et indivisible, et pas libre, ni égale, ni fraternelle), à passer la journée du 9 décembre à faire semblant de prier dans une église catholique… Et pas n'importe laquelle : la très napoléonienne Madeleine dont les orgues, avec leurs 60 jeux, ont inspiré les improvisations inoubliées de Lefébure-Wely, puis le génie de Camille Saint-Saëns, Gabriel Fauré ou Charles-Marie Widor (dont la toccata est à jamais le morceau de bravoure que je massacre aux mariages et  communions familiaux).         Vous me direz que ce n'est pas franchement une vraie première, à ceci près que le 9 décembre est le jour anniversaire de la signature de la loi dite “de 1905 sur la séparation de l'Eglise et de l'Etat” (qui avait tout de même nécessité une honteuse intervention de l'Armée pour confisquer tous les biens mobiliers et immobiliers de l'Eglise et pour expulser de pauvres bonnes sœurs terrorisées des écoles où elles répandaient un savoir alors chichement distribué, notamment aux petites filles).
 Trois Présidents ? Certes… mais pas n'importe lesquels, puisque on a vu se pavaner devant le maître-autel François Hollande, le lamentable et taubiresque ronge-calotte / bouffe-curés qui a fait tant de mal à la France, et Emmanuel Macron, le petit méchant loup qui se dit progressiste –donc ennemi de toutes ces valeurs chrétiennes dont il ignore tout…  En fin de compte, seul Nicolas Sarkozy, au double titre de non-christianophobe et d'ami de Johnny Hallyday était vraiment à sa place.      Et les autres ? Devant un événement tellement “people”, il n'était pas question qu'ils ne se fassent pas voir ! Ils devaient être là pour distribuer les “coucous” et les gestes complices à leurs potes (’’Ah ! Tu es là, aussi…’’)  : il faut avoir vu, sur les réseaux sociaux, les photos de Macron, tout sourire devant le cercueil de Johnny, distribuant les petits signes amicaux à droite et à gauche… Spectacle honteux !           Mais une chance comme celle-là, ça ne se rate pas, quand on est un homme “pro-litique”. Alors, tant pis pour la loi de 1905 ! Sic transit gloria mundi… sauf pour l'Eglise, qui se moque de ces petitesses, elle qui a survécu à l'agression sauvage de 1905 comme à toutes les autres depuis Néron et Dioclétien, et à celles en cours, chaque jour, de Ploërmel à Béziers, via Saint Etienne du Rouvray… ou ailleurs !
 Sur le cercueil de Jean d'Ormesson, un crayon à papier (avec une gomme, ce qui, d'après plusieurs de mes lecteurs, serait un anachronisme. Je ne sais pas si c’en est un, mais ça expliquerait la petite annonce citée ci-dessus !). Devant celui de Johnny Hallyday, à la Madeleine, une moto bleue, la sienne (une des siennes)…        Pour une fois, et au discours présidentiel près (racoleur, récupérateur en diable, et pas au niveau requis : sans vouloir être méchant… imaginons les mots sublimes que de Gaulle ou Malraux auraient ciselés et décochés un à un, en de telles circonstances !), la République a su honorer intelligemment deux de ses ses fils.
 Mais hélas, cela ne va pas être suffisant pour tirer notre pays des problèmes énormes qui, eux, ne sont ni traités ni même abordés “comme il faut”. Puissent nos deux nouveaux “éternels” (l'un en vert, l'autre en… blues !) intercéder auprès du “Grand Patron”, là haut, pour qu'il nous donne un de ces coups de main dont il est seul à avoir la maîtrise ! En ce temps d'Avent (on revient toujours à l'essentiel !), c'est l'espoir que je veux partager avec vous, car ailleurs…  “je ne vois que le soleil qui poudroie et l'herbe qui verdoie”... et un vent mauvais, porteur de nouvelles ponctions fiscales… pour le bien-être des climato-pessimistes et pour celui d’un Emmanuel Macron en recherche de popularité. On est vraiment très mal barrés !
H-Cl.
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claudehenrion · 7 years ago
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Ecologie, déconnologie et autres comportements sinistres
  Les mots inacceptables de Castaner, (qui joue auprès de Macron le rôle que tenait Sapin auprès de Hollande : rien de ce qu'il dit n'est crédible !) sur le Général de Villiers, sont l’hommage grinçant du vice à la vertu ou du nul au méritant. Cela donne envie de parler d'autre chose. Par exemple, des absurdités de l'écologisme, de celles de l’Ex “épouse (?) royale’’ promue ambassadrice auprès des pingouins, à celles de Nicolas Hulot, l'ex-“essoufflé” de Ushuaïa, dont les efforts ahanants et enfantins parlaient de découvertes d'une naïveté navrante… On y va ?
  J'ai commencé à fréquenter la Côte d'Azur dans la première moitié des années 1930… mais aucun des non-souvenirs que j'ai accumulés avant la fin de la guerre de 39/45 ne m'a encombré l'esprit. En revanche, tous les étés passés depuis 1946 sous ces cieux de Provence m’ont profondément marqué, et l'acquisition en 1969 d'une propriété au dessus de Cannes a fait de moi un “enfant du pays” (avé l'accin,de préférince !) et un observateur terrifié de la destruction de ce qui fut un merveilleux cadre de vie : on chantait alors que ‘’sur les bords de la Riviera, murmurait une brise embaumée… ‘‘. C’était hier… ou peu s’en faut !
  Ce désastre écologique n'a été obtenu que par des excès de réglementation, des excès de zèle, des normes absurdes et des idées comme seule une pensée de gauche sectaire est capable d'en concocter (même lorsqu'elle se prétend, comme ce fut si souvent le cas, “de Droite”) : ce qui était il y a quarante ans à peine un véritable paradis sur terre est devenu le rêve de technocrates tout puissants, c'est-à-dire le cauchemar des administrés matraqués de manière conFISCatoire…              Pensez que jusque vers 1969 (hier, à l'échelle du temps), la forêt qui occupe une moitié de ma propriété avait été entretenue, à travers les siècles : les arbres étaient abattus dès que nécessaire et d'autres prenaient leur place, naturellement. Mais un jour, un inconséquent anonyme a inventé le concept de “Zones vertes”, où il est interdit de construire, bien sûr, mais aussi où le destin de chaque arbre dépend d'un “compétent” auto-proclamé.  Que croyez-vous qu'il arrivât ? Les terrains promus “inconstructibles” ont perdu la moitié de leur valeur, ce qui n'est pas si important.        Mais ce qui est grave, c'est que les forêts n'ont plus été “gérées’‘ : il était interdit d'abattre un seul arbre, même mort, sans ‘’l'autorisation administrative préalable’’ (sic !) d'un fonctionnaire ignorant absolument tout de la flore et de la faune…
  Ah ! La faune… Parlons-en ! Sous prétexte de ’'protéger la nature” (re-sic !), des irresponsables ont rendu obligatoire le débroussaillage annuel, sous peine de fessée publique ou de condamnation au pilori !. Deux ans ont suffi pour que les sympathiques tortues de Hermann (dites aussi “tortues des Maures”), qui avaient traversé sans encombre une bonne centaine de millions d'années tant elles étaient adaptées à leur milieu, au point de vivre jusqu'à 80 ou 100 ans, aient disparu, découpées vivantes en rondelles par les débroussailleuses légales et obligatoires… mais mortelles, le tout au nom d'un écologisme mal compris mais bien dévoyé…        Et que dire des jolis petits  lapins, si charmants, qui me faisaient revivre , à chaque retour des saisons, les premières pages des “Lettres de mon Moulin”,  d'Alphonse Daudet ? Je ne verrai plus jamais le spectacle charmant de leurs petits derrières blancs qui sautillaient si joyeusement : tous ceux qui n'ont pas été “débroussaillés” jusqu’à la mort n'ont pas survécu à la destruction de leur habitat ! 
  Autre conséquence effroyable de l'imprévoyance de ceux qui usurpent le nom de “écologistes’' : la disparition des oiseaux ! C'est à peine s'il reste quelques  pies (nuisibles), des pigeons (parisiens ?) et quelques tourterelles… coréennes (les espèces endémiques ont disparu !). Adieu, les passereaux, les hirondelles qui criaient de bonheur en frôlant élégamment la surface de ma piscine,  et même le rossignol qui égrenait ses trilles dans mon jardin, à la fraîche et au serein,  pour mon bonheur jamais lassé par la beauté de ses hymnes à la perfection de la nature… tant qu’elle avait été préservée des normes absurdes : cet été, il n'est plus là, et je m'en remets très difficilement… Et depuis peu, un irresponsable a introduit des perruches dans cet ’'écosystème” si vulnérable :  les éclairs bleus, verts ou jaune de leur vol gracieux sont certes un régal, mais c'est au prix du remplacement des espèces d'oiseaux locales, qui ne peuvent résister à leur “intelligence”.
  Je ne vois aucune raison théorique qui pourrait s'opposer à ce que les mêmes imbécillités (ou d'autres, différentes mais aussi impardonnables) ne soient commises par le zèle intempestif de fonctionnaires dont le rêve fou est de tout normaliser pour tout contrôler sans être eux-mêmes soumis à quelque contrôle que ce soit (et pour le moment, tout se passe comme s'ils avaient gagné ! Ils ont phagocyté jusqu'aux sommets de l'Etat !). Qui dira un jour le coût (en argent, certes, mais surtout en liberté, en joie de vivre, en richesse de la nature, en joies simples… ) de toutes les normes qui détruisent notre bonheur depuis une vingtaine d'années, c'est-à-dire depuis que la victoire de l'administration sur l'intelligence humaine semblerait en passe de devenir un fait acquis…  Mais il faut espérer ! Bien mal acquis ne profite jamais ! Les beaux jours reviendront… et avec eux les rapides hirondelles et nos douces tourterelles… (pour les tortues, ce sera plus difficile !)
  Malgré les menaces… je souhaite de bonnes vacances à ceux qui vont partir…     Et je présente mes condoléances à ceux qui sont sur la route du retour et qui vont se trouver plongés dans les idées trop courtes et superficielles de ce gouvernement dans lequel, contre toute rationalité, certains avaient eu la faiblesse de croire…
H-Cl.
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