#les mots qui font craquer les femmes
Explore tagged Tumblr posts
joaniepencil · 3 years ago
Text
L’île de l’amour
Résumé : Rosie Gagné fraichement arrivé sur l’île de Jersey et tombe sous le charme du plus beau célibataire de l’île, Marshall Syverson, riche producteur de pomme de terre.
Duo : Marshall Syverson (Henry Cavill UA!) x Rosie Gagné
Avertissement : Rien pour l’instant. Plus à venir
Longueur : 1600 mots
Bonne lecture
Chapitre 1
Cette histoire commence avec la jeune Rosie Gagné nouvellement en poste comme caissière dans une petite succursale de la Desjardins Bank de Saint-Martin dans la petite île de Jersey dans l’archipels Britannique.
Après 8 ans d’une relation malsaine avec un homme alcoolique, Rosie avait choisie de partir de Londres pour aller travailler sur l’île magnifique de Jersey. D’abord à St-Hélier pendant un an puis elle avait été mutée dans la communauté de Saint-Martin.
Au moment de rencontrer notre charmante amie, elle s’affairait à faire la commande d’argent au transporteur quand elle entendit des éclats de voix dans le cubicule à coté du sien.
Julia, sa vieille collègue avait du mal à répondre à la demande du client devant elle.
-Désolé, tu vas devoir aller en ville fermer ce compte-là.
Les oreilles de Rosie frisaient quand elle entendait pareille sornette. Leur petite banque pouvait offrir les mêmes service que St-Hélier. Julia était vraiment dût pour prendre sa retraite.
-Je n’ai pas le temps d’aller en ville pour un connerie aussi stupide que de fermer ce compte.
Rosie reconnut la voix profonde et sensuelle de Marshall Syverson, un des plus grand producteur de pomme de terre de la région. Un beau porte feuille qui méritait qu’on lui déroule un peu plus le tapis rouge.
Elle se leva brusquement pendant que Syverson partait en pestant contre Desjardins.
-Monsieur Syverson! Attendez un instant.
Syverson se retourna d’un bloc. Cet homme était une armoire à glace de 2 mètre de haut et 220 livres de muscle. Syverson était vraiment le plus bel homme de tout St-Martin.
Des yeux bleu marine, des boucles brunes un poil trop longues, une belle bouche pulpeuse et virile, une mâchoire carrée parfaite agrémentée d’une petite barbe. C’était vraiment un bel homme, il avait l’air d’avoir été sculpté à l’effigie d’un Dieu grec. Chaque fois que Rosie le croisait au village, ses genoux faiblissaient légèrement surtout quand il lui souriant poliment.
Pour l’instant, il avait plus l’air d’un diable à la fixer furieusement.
-Monsieur Syverson, assaillez-vous. Je vais vous aider avec ce compte que vous voulez fermer. Sa voix était ferme et assurée même si ses genoux claquaient ensemble.
« Tu mesure 6 pieds » pensa-t-elle.
Elle s’assieds très droite sur sa chaise et il prit place devant elle en croisant les bras sur sa vaste poitrine.
-Si Julia ne peut pas m’aider, je ne vois ce que vous pouvez faire de plus.
Rosie se força à sourire, cette vieille conne ne perdait rien pour attendre.
-J’ai travaillé un bon bout de temps à Londres et à Saint-Hélier. Ne vous inquiété pas, je m’occupe de tout. Quel est le numéro du compte que vous voulez fermer?
Il prit une profonde inspiration et menaça du même coup de faire craquer le tissus de sa chemise bleue foncé.
-354778 Le compte de ma femme. Son compte de succession.
Elle entra le numéro dans la base de données et réfléchit à toute vitesse. Elle n’avait pas le droit comme simple caissière de fermer ce type de compte mais elle l’avait déjà fait quand elle avait remplacé une collègue d’un niveau plus élevé. Elle savait quoi faire. Elle lui sourit confiante de le satisfaire.
Normalement, elle aurait dû le rediriger vers St-Hélier mais cet homme pesait près d’un million de dollars dans leur petite succursale. Tant pis pour la hiérarchie, parfois il fallait improviser.
-Pas de problème Monsieur Rivers. Je vous fais ça tout de suite.
Marshall Syverson était la seule personne à pouvoir faire des transactions dans ce compte. La fermeture ne devrait pas poser de problème. Elle vérifia ce que tout avait été réglé en bonne et dut forme et fit signer les papiers à Syverson. En vingt minutes, l’affaire fut réglée.
Avant de partir, il lui tendit la main.
-Ravi de voir qu’ils ont enfin décidé de mettre des gens compétents ici.
Elle lui tendit la main, sa grande main était chaude et un peu rugueuse, la petite main tremblante de Rosie disparue dans la sienne.
-Nous avons tous nos forces et nous sommes toute les deux très compétente Monsieur Syverson. Il hausse un sourcil peu convaincu. Il n’ajouta rien de plus et lui souhaita une bonne fin de journée.
-Vous aussi, bonne journée et si vous avez d’autres questions, n’hésitez pas à m’appeler voici ma carte.
Elle lui tendit sa carte professionnelle. Marshall Syverson haussa les sourcils et lui fit un sourire éclatant de blancheur.
-Merci Madame Gagné, je compte bien revenir vous voir.
Quelques jours plus tard, ils se recroisèrent à la salle de sport.
Cet homme levait des montagnes de fonte pour avoir un corps aussi musclé constata Rosie. Quant-à-elle, essayait tant bien de que mal de perdre quelques rondeurs. Disons qu’elle avait plus la silhouette d’une pin-up que celle d’un mannequin.
Durant ses sessions de sport, elle portait toujours ses écouteurs sur ses oreilles et essayait d’oublier les petits jeunes pleins de testostérones qui reluquait ses fesses généreuses.
En musclant ses triceps, les poids passés au-dessus de sa tête pour venir à bout de ses ailes de chauve-souris, sa nuque l’élançait terriblement.
Elle sentit une main dans son dos.
-Arretez vous allez vous blesser la nuque si vous continuez comme ça, lui dit Marshall.
Elle sursauta violemment et retira ses écouteurs.
-Monsieur Syverson! Qu’est-ce que vous disiez?
Elle déposa les haltères en essayant d’avoir l’air détendue mais elle se sentait dégueulasse toute en sueur.
-Vous allez… On peut se tutoyer? Il lui fit un sourire à faire fondre un glacier. Rosie lui sourit en rougissant un peu.
-Oui, bien sûr.
-Est-ce que je peux te suggéré un autre exercice pour tes triceps? Tu as l’air d’avoir mal à la nuque à voir la façon que tu as de toujours tortiller le cou.
Rosie s’étonna. Il avait remarqué qu’elle se tordait toujours le cou?
-Comment tu as su?
Marshall piqua un léger fard.
-À la banque on a juste ça à faire regarder les caissières en attendant notre tour…
Il fréquentait assidument sa banque à toutes les semaines. Rosie rougit violemment, elle but une gorgée d’eau. Syverson, ce dieu vivant la regardait, elle? Impossible! Surement juste pour passer le temps avant son tour.
Il prit un haltère.
-Alors pour remplacer ton exercice je te propose ceci. Il écarta les pieds, un devant l’autre, inclina le torse vers l’avant, releva le bras vers l’arrière en formant un angle droit avec son coude et leva l’altère lentement vers l’arrière.
-Tu vois aussi effica que l’autre mais ta nuque va te remercier.
Rosie prit un haltère de 5 lbs et s’executa.
-Garde le dos droit… Parfait! Maintenant je suis certain que tu peux faire une bonne vingtaine de répétitions.
Marshall prit deux altères de 50 lbs et entreprit de faire forcer ses épaules un peu en élevant les poids au niveau de ses épaules sans plier les coudes. Tout en restant à côté d’elle.
-En plus d’être producteur prospère, tu es aussi entraîneur personnel? Dit-elle en le regardant faire.
-Disons que j’ai beaucoup d’expérience dans le domaine. La salle de musculation est un peu ma deuxième maison… Toi aussi tu viens souvent, je vois ton nom régulièrement dans le registre.
-Le registre des visiteurs? Elle fronça les sourcils. C’est confidentiel, non?
-Je suis copropriétaire du gym…
Elle haussa les sourcils, surprise.
-Oui j’essaie de me mettre en forme. J’ai du chemin à faire.
Elle regarda deux jeune femme mince et magnifique passer devant eux. Les deuxx jeune femmes regardèrent Marshall en gloussant. Elles avaient bien raison, il était sexy comme l’enfer, son t-shirt gris moulant de Superman lui collait à la peau. Ses biceps gonflés remplissaient avantageusement ses manches. Même en sueur, il était horriblement sexy. Il leur sourit poliment.
-J’espère que tu n’as pas l’intention de te rendre aussi loin, un sac dos n’a rien d’attirant. De belles courbes c’est beaucoup plus agréable. Elle rougit et se mordit la lèvre. De toute façon elle ne s’entraine même pas je ne les ai jamais vu lever un poids.
Rosie déposa ses haltères et essuya son visage avec sa manche de t-shirt extra-large.
-Vraiment. Pourquoi venir ici alors?
Marshall haussa les épaules ne buvant de l’eau.
-Pour faire des rencontres j’imagine. C’est une petite ville ici. On rencontre des gens où on peut.
Elle les observa quelques instants. Elles étaient accoudées au bar à shakes et regardaient vers eux.
Elle secoua la tête et se concentra sur son entrainement. Marshall demeura à ses côtés tous le long de sa séance. Ils n’échangèrent que quelques mots ici et là mais ce fût un entrainement très agréable. Marshall était très gentil et prévenant, beaucoup plus facile d’approche qu’elle croyait. Avec un tel physique il aurait pu se montrer arrogant et imbu de lui-même mais pas du tout.
Elle s’entraina beaucoup plus longtemps que prévu, dépassant ses attentes avec ses conseils. Elle regarda sa montre.
-Merde !!! La banque ouvre dans 45 minutes je dois partir. Elle ramassa ses affaires en catastrophe. Merci pour tout Marshall.
Elle courait déjà vers le vestiaire quand il lui répondit.
-De rien. Il soupira profondément. On rencontre où on peut même dans une banque…
Rosie se lava en vitesse avant de mettre son tailleur à la jupe crayon qui lui faisait des fesses d’enfer. Elle finit d’enfiler sa deuxième chaussure en sortant du vestiaire. Marshall lui fit un petit signe de la main auquel elle répondit par un sourire pendant qu’elle replaça son épinglette sur son blazer.
6 notes · View notes
willkholove · 4 years ago
Text
Mon amour,
Avant de te connaître, je vivais sous une ombre, je dormais avec un nuage au-dessus de mon lit, je me sentais seul. Et puis je t’ai rencontré, et là tout a changé. J’ai lié mon cœur au tien et à partir de là, j’ai su que jamais ils ne pourraient être désunis. A la minute où je t’ai connu, tu t’es emparé de moi. Beau, tendre, doux et généreux, tu avais tout ce que je recherchais chez un homme.
Tu incarnais et tu incarnes toujours et plus que jamais l’homme de mes rêves. La suite m’a donné raison puisque tu t’es avéré lorsque l’on s’est enfin rencontré “en vrai” plus beau encore, plus doux, plus tendre et plus généreux que je ne me l’étais imaginée au départ et bien d’autres choses encore. Si tu savais ce que tu représentes pour moi … quand l’amour est si fort, la distance n’a pas d’importance.
Depuis le jour de notre rencontre, mon amour n’a cessé de grandir. Ensemble, nous avons depuis arpenté un chemin semé de plaisir, de désir et d’amour, à distance ou non; un chemin sur lequel nous nous sommes fabriqués des souvenirs qui n’appartiennent qu’à nous.
Tu es à la fois mon songe et ma réalité. Chaque jour passé à tes côtés me remplit de joie. Il y a même des moments où je me demande si tout cela est bien réel. Je me rends compte de la chance que j’ai de t’avoir trouvé. Avant toi, j’étais perdu.Je cherchais mon étoile, mais le ciel restait sombre. Et puis, il s’est éclairé et tu es apparu dans ma vie. D’abord, sous la forme d’une étoile filante, un aperçu d’éternité. Et puis, tu es resté accroché dans mon ciel. Et c’est là que je me suis rendu compte que tu étais la personne qui manquait à ma vie depuis toujours.
Qui aurait imaginé qu’à des milliers de kilomètres de là se trouvait la personne avec qui je voudrais passer le restant de mes jours ? Qui aurait pensé que nous aurions pu défier la distance et le destin pour nous rencontrer ? Si on me l’avait dit, je ne l’aurais jamais cru.
Tu es mon port d’attache, mon ancre, ma boussole. Sans toi, je me sens pas fini. Je veux faire parti de ta vie à part entière pour le meilleur et pour le pire, dans les moments de joie comme dans les moments de peine. Je veux faire parti de toi. Chaque jour où je me réveille avec un sms de ta part, chaque nuit qu’on passe au téléphone sans jamais avoir envie de raccrocher, je sais combien cela vaut le coup d’attendre, même si la distance en couple n’est pas toujours facile à vivre. Même si nous vivons notre relation à distance l’un de l’autre, tu es dans mes pensées à chaque instant, si bien que cet éloignement en est effacé.
Je terminerai par ces quelques mots d’un poète à son amour et qui à eux seuls résument mes sentiments pour toi :
« Je rêve que nous sommes des papillons n’ayant à vivre que trois jours d’été, avec vous ces trois jours seraient plus plaisants que cinquante années d’une vie ordinaire. »
Je préfèrerais mourir demain plutôt que de vivre un siècle sans t’avoir connu.
Pour toujours et à jamais.
Tu incarnes tout ce dont j’ai toujours rêvé. Tu me combles de bonheur au quotidien et ce, malgré l’océan qui nous sépare. J’aime tout de toi. Tout ce qui te rend unique à mes yeux : ton sourire, la façon que tu as de me regarder, tes mimiques, celles qui me font craquer sans même que tu en aies conscience. Mais surtout, je t’aime pour ce que tu es. Tu me pousses à accomplir de grandes choses. Avec toi, je me sens exister en tant que femme. Je sens que j’ai ma place à tes côtés. Tu attises le feu dans mon cœur et amènes la paix dans mon âme. Tu fais ressortir le meilleur de moi-même.
Je t’aime, je le sais parce que tu es la première personne que je veux voir quand je me réveille le matin et la dernière que je veux embrasser le soir avant de m’endormir. Parce que la première fois que je t’ai vu, j’ai su que ce serait toi. Tu es la personne qui m’a appris à aimer et à être aimé. Tu es celui qui m’a donné envie de devenir meilleure. A mes yeux, tu es parfait. C’est toi, ça a toujours été toi. Je t’ai aimé tout ce temps, et je continuerai de t’aimer jusqu’à ce que de battre mon cœur s’arrête.
Si tu savais comme il est douloureux de ne pas te sentir près de moi au quotidien. Ton absence me fait cruellement souffrir et mon cœur déraille à chaque fois que je pense à toi. Et comme tu fais partie de moi, mon cœur me fait souvent faux bond. Chaque jour qui passe est un tourment. Tu me manques, notre couple me manque …
Tumblr media Tumblr media
Mix dans nôtre amour Mix couleurs Mix yeux Mix cuisine Mix addiction Mix je t'aime ❤🧡💛💚💙💜
1 note · View note
santiagotrip · 6 years ago
Text
Étape 47 : Ostabat
Samedi 8 juin
7h10, je quitte le gîte. C’est pas possible, jamais je n’arrive à partir avant 7 heures !
Je vais saluer la dame (Anita, elle s’appelle) et je me sauve.
Encore une fois, le temps est superbe. Les paysages sont magnifiques autant que variés. Ca change des Landes ! Je prends un paquet de photos, je n’ai pourtant droit qu’à 10 sur le blog. Le choix va être cornélien.
Tiens, au passage,je me suis toujours demandé à quoi servaient les lettres « X », « H », « Y », « Z », à part faire des points au Scrabble. En fait, j’ai compris. C’est parce qu’en France, il y a des Basques ! Et les Basques ont besoin de plein de lettres. Même, il leur en manque. Il ont un « A » avec un petit bâton dessus. J’ai appris plus tard que ce n’est pas une lettre en plus, c ‘est juste que « A » ça fait pas trop Basque. Alors que « A » avec un petit bâton dessus, ça vous pose un Basque !
Tumblr media Tumblr media
Aujourd’hui, j’ai fait 24,9 kms, mais pas n’importe lesquels. Je vous raconte aussitôt.
Tumblr media
J’arrive à Saint Palais, qui est une vraie petite ville. Je vais au Carrefour Contact acheter deux ou trois bricoles, mon repas de ce soir, du dentifrice, une bière. A la caisse, la canette se perce (une malfaçon, j’imagine), et un jet d’un mètre de haut de bière sort de la boîte. Vous imaginez le branle-bas de combat dans le magasin ? Les dames crient, les hommes rigolent, la caissière est dans tous ses états, et moi, je regarde ce délicieux breuvage passer par pertes et profit. Bon, au bout du compte, j’irai reprendre une canette neuve qui, elle tiendra le choc jusqu’à consommation.
Jusqu’à Saint Palais, un vrai bonheur. Des petites montées, des petites descentes, des sous-bois, des chemins, un peu de goudron ... Juste ce qu’il faut pour rendre le pélerin heureux. Tellement heureux qu’en quittant Saint Palais, des amis me téléphonent. Ils habitent dans le coin et on essaie d’arranger un coup pour se voir. Sauf qu’on reste au téléphone plus de 20 minutes. Et comme d’habitude et comme par hasard, ils appellent juste à l’endroit d’une bifurcation. Que je rate. 1,5 kms plus tard, je me rends compte de ma méprise ... Aucun moyen de couper le fromage. Il me faut rebrousser chemin. Et hop, 3 kms et 3/4 d’heure dans les jambes pour rien ! C’est pas grave, je me dis. C’est une petite étape, ça me permet de ne pas arriver trop tôt. Petite étape, tu parles !
J’arrive à l’embranchement que j’avais manqué, et là, les festivités commencent. Une montée comme je n’en avais encore jamais vu ! Vitesse moyenne sur la montée : 2 km/h. Longueur des pas : moins de 50 cms. Ca pendant 2 kms.
Bon c’est un sale moment à passer, je me dis avant d’avoir vu la seconde montée, encore plus raide.
Pour la troisième, ils ont été sympas, ils ont mis des rondins en guise de marches. Ben oui, parce que sans ça, c’est à quatre pattes que je l’aurais négociée, la montée !
Bon vous rigolez, mais tout cumulé, j’aurai fait de la grimpette pendant plus de 10 kms.
Parce que une fois en haut des trois montées sus-décrites, je scrute l’horizon. Et sur la colline d’en face, j’avise un chemin qui monte, mais qui monte, pendant des kilomètres.
Comme ça, on voit pas bien mais agrandissez la photo ... Et en vrai, c’est encore pire !
Tumblr media
En plus, sur ce chemin qui monte et que je vois au loin, j’avise comme une dizaine de fourmis qui le gravissent à grand’peine.
Ca, ça m’a glacé le sang. J’ai fait mille kilomètres seul, absolument seul, et voilà que je me retrouve au milieu, non pas de la cohue, mais de la fourmilière. Je ne m’attendais pas à ça.
Je prends mon courage à deux mains, et je continue. Ce chemin est constitué de pierres plates, comme des ardoises. On monte un peu comme on escalade. Je salue un monsieur qui s’est arrêté pour souffler ... Moi, je profite de mon énergie. Je me dis que si je m’arrête, le redémarrage sera encore plus dur.
Tumblr media
En haut de la montée (une bonne heure de marche), il y a une halte pour les pélerins. Comme il est midi et demie, je pense à m’arrêter pour pique-niquer ... Il y a là, déjà, une bonne vingtaine de personnes qui profitent de la halte. Sans aucune condescendance ni mépris de ma part pour ces gens qui font exactement la même chose que moi, je n’ai juste pas envie de ça. Je lance quelques « Bon appétit ! » joviaux, et je continue ma route.
Et là, ça descend. Alors croyez-le si vous voulez, descendre, c’est encore plus dur que monter.
Déjà, il faut faire super-gaffe de ne pas perdre l’équilibre, de ne pas glisser. mais en plus vos pieds glissent vers l’avant de la godasse et votre gros orteil tape allègrement contre le nez de la chaussure. Et ça fait mal. Sans compter que votre pied a une position bizarre, faisant un angle obtus avec la jambe. Vous finissez donc le chemin en tirant des bords, de façon à, dans la mesure du possible, ne pas être face à la pente. Et ça allonge le chemin, je vous raconte pas.
Bon, assez râlé, quelques photos du chemin. Quand même :
Tumblr media Tumblr media
C’est-y pas mimi ?
Tumblr media
Je ne pouvais pas vous laisser sans vous régaler d’une œuvre d’art (C’est de Christian Lapie et ça s’appelle, en toute humilité : « Reflets du ciel »). J’y connais rien, mais à mon avis, ça coûte cher. Ne serait-ce qu’au poids.
Tumblr media
Ca, c’est la stèle qui célèbre le carrefour où tous les chemins convergent (Je sais pas si c’est de Christian Lapie).
Tumblr media
Enfin, un peu cassé quand même, j’arrive au gîte. Pas mal, mais sans plus. Juste, il est plein à craquer. Huit personnes ! Je suis dans une chambre de quatre. Le monsieur qui le tient, un paysan habillé exactement comme un paysan (enfin moi, j’en connais des paysans, ils sont habillés comme vous et moi, mais lui, non). Casquette, pull militaire déchiré, pantalon de salopette, bottes en caoutchouc, clope au bec et pas rasé. Mais bon, comme j’ai pas vraiment l’intention de filer une histoire d’amour avec lui, je m’en tamponne un peu le coquillard.
Il a pas la fibre « hospitalier », le gars. Il a la fibre « pognon ». 12 balles par personne pour le gîte (on est huit, quand même !), 6 euros pour le petit dèj, et il essaie de nous caser un pote à lui qui peut nous apporter le repas pour 12 euros. Pas beaucoup de succès, le pote. Mais bon, vu comment il a été vendu, le contraire eût été étonnant.
La, je suis dans la salle à manger, où je tape ce billet. Évidemment, il n’y a pas du tout d’Internet. Tant pis, je rédige, j’enverrai demain. Les textes, ça va, on peut les envoyer au hasard d’une connexion, mais les photos, c’est plus exigeant.
Par la fenêtre, je vois la route. Je ne vous mens pas, j’ai vu passer une bonne vingtaine de pèlerins. Et moi qui envisageais un voyage érémitique ...
J’allais oublier, il faut que je vous raconte mes compagnons de gîte. Je n’avais pas eu l’occasion d’échanger avec eux, mais le monsieur du gîte est venu offrir l’apéro, tamponner les Crédentiales et encaisser ses sous. On s’est donc tous retrouvés sur le pas de la porte.
- Un couple, la soixante-dix-aine (Septantaine, ça fait trop belge). Lui est tout petit avec une queue de cheval (sur la tête !) en cheveux blancs. Son épouse est une toute petite dame toute fine aux cheveux très courts. Ils s’arrêtent à Burgos. Psychomorphologiquement parlant, ils travaillaient aux Impôts. Il sont très gentils.
- Un autre couple, la soixantaine. Bien portants tous les deux. Pondéralement parlant, s’entend. Lui parle beaucoup, elle n’a pas dit un mot et s’est éclipsée dès qu’elle a pu. Ca a mal commencé avec lui. L’humour cynique que tu sais pas si c’est du lard ou du cochon. Et comme c’est plus cynique que de l’humour, tu tends à penser que c’est du cochon. Après m’être pris deux ou trois aces dans la figure, j’ai un peu répondu. Mais l’apéro aidant, ça s’est arrangé. Ils viennent de Rouen, et lui fait le webmaster pour l’association des amis de Saint Jacques de la Seine Maritime. Il connaît donc Patricia et Huguette, que vous connaissez aussi, si vous avez suivi. Je n’en sais pas plus.
- Enfin, un Irlandais et sa fille. Lui parle très bien le français. C’est un Jésuite défroqué. Il s’est rendu compte au bout de dix ans que les Jésuites ne s’intéressaient qu’aux élites et ça lui a pas plu. En même temps, moi, élevé pendant 3 ans par lesJésuites, il m’à pas fallu un mois pour m’en rendre compte. Mais bon, chacun son chemin ... Il se marie, fait 3 filles qui ont aujourd’hui 25, 22 et 14 ans. C’est celle de 14 ans qui est avec lui.
Il se frite avec sa femme, alors que la plus jeune a deux ans. Elle se barre (sa femme, pas la gosse !) et il élève seul ses 3 filles, comme homme au foyer (me dit-il). Là, il est arrivé en avion à Toulouse et il arrête à Saint Jean-Pied de Port. C’est un petit pélerinage. Un « pélerinagito », comme on pourrait dire outre-Pyrénées !
Voilà. Demain, dernière étape française. Il paraît qu’elle est pas trop dure ... Mais je me méfie des « Il paraît ». Surtout venant de personnes qui n’en ont rien à battre et que je ne reverrai jamais.
Bonne soirée à tous.
4 notes · View notes
news24fr · 2 years ago
Text
UNEEn ce qui concerne le contenu viral de TikTok, la diatribe controversée de Flynn Martin a commencé sans prétention: un jeune homme blanc assis dans sa voiture, casquette de baseball et t-shirt gris, parlant de manière conversationnelle. Il serpente pendant les premières secondes avec des mises en garde et des prévarications, mais sa phrase suivante met le feu à l'application. "Est-ce que c'est vraiment bien", dit-il d'une voix traînante, "d'être un homme blanc hétéro ? Parce que je suis né comme ça. Cue des milliers de points et de duos déchirant Martin en morceaux.J'ai regardé la vidéo TikTok originale – qui a depuis été supprimée, ainsi que son compte Phlinmartin original – avec une sorte de fascination malade. Alors qu'il déclamait les hommes féministes émasculés, qu'il qualifiait de gros et d'inaptes, je me demandais ce qui avait poussé Martin à craquer et à cracher ces bêtises sur Internet.Autoriser le contenu TikTok ?Cet article comprend du contenu fourni par TIC Tac. Nous vous demandons votre permission avant de charger quoi que ce soit, car ils peuvent utiliser des cookies et d'autres technologies. Pour voir ce contenu, cliquez sur 'Autoriser et continuer'.Autoriser et continuerMais ce dont Martin et d'autres jeunes hommes de son acabit ne semblent pas être conscients, c'est que même si leur capital social diminue, les hommes blancs hétérosexuels gagnent toujours, en ce qui concerne les indicateurs tangibles de bien-être. Si vous êtes blanc en Australie, vous êtes déjà statistiquement en avance en termes d'espérance de vie, d'éducation et de santé par rapport aux Australiens des Premières Nations. Si vous êtes un homme, vous êtes statistiquement plus susceptible d'accéder à des postes de direction, moins susceptible de subir des violences sexuelles et gagnerez probablement plus que les femmes occupant le même poste que vous. Et si vous êtes hétéro, vous ne serez pas confronté à la probabilité plus élevée d'être victime de discrimination, de harcèlement sexuel ou de violence au travail que les Australiens LGBTQ + peuvent.La seule mise en garde que j'ajouterais serait peut-être d'ajouter les mots « classe moyenne » à la longue liste de plaintes de Martin, car le privilège de classe recoupe d'autres privilèges et opportunités. Mais bien que ces inégalités restent enracinées, les progrès vers la correction de ces déséquilibres ont stagné au stade de la reconnaissance. Ceux qui ont le plus de pouvoir social et politique (y compris ceux qui ont ridiculisé la vidéo originale de Martin et même Martin lui-même) sont occupés à classer qui est le plus marginalisé ou qui a le plus de privilèges, tandis que les personnes qui font face aux impacts tangibles de l'inégalité luttent seules.Il aurait été facile de rejoindre les hordes et de se moquer de Martin, de secouer la tête devant sa supposée ignorance et de passer à autre chose. Mais je me sentais en fait un peu fatigué que le message de compréhension des inégalités systémiques et des privilèges soit devenu si déformé que nous nous concentrons maintenant sur l'explication aux hommes blancs hétéros qu'ils ne sont pas en quelque sorte victimes du même système qui a été conçu avec leurs besoins à l'esprit, au lieu de préconiser des mesures politiques significatives pour remédier aux inégalités que nous avons identifiées pour les minorités.Écharpes maigres et hommes émotionnellement indisponibles : ma transformation en « femme anglaise éreintée » de TikTok | Michel SoleilLire la suiteMartin et ses amis s'opposeraient-ils réellement, par exemple, à rendre les services de garde d'enfants plus accessibles, ou à augmenter l'offre de logements abordables et sociaux, ou à financer de meilleurs programmes de santé pour réduire les méfaits du tabagisme dans les communautés socio-économiques défavorisées ? Je parie que si on leur posait ces questions en dehors du contexte de la politique identitaire, ils considéreraient au moins les mérites de chaque solution.Au lieu de cela,
il est très probable que le contrecoup de sa vidéo n'ait fait que renforcer à Martin que les flocons de neige facilement offensés en ligne détestent injustement les hommes blancs hétéros. Et nous avons en fait vraiment besoin d'hommes blancs hétéros - ceux qui ont le plus de pouvoir - pour être à bord si nous voulons changer quoi que ce soit pour le mieux. Zoya Patel est un auteur et éditeur basé à Canberra
0 notes
todsnews · 6 years ago
Text
Gros Titre : Coquineries et Chinoiseries (I)
« Nous voici enfin arriver à l’hôtel ! Avec Nell, nous nous présentons à l’accueil ou une très jolie jeune femme nous reçoit avec le sourire. Je lui demande une chambre pour une nuit, lit double, sans petit déjeuner. Elle me tend un papier avec le code de l’hôtel, ainsi que ma facture : 58€. Je me dis que pour une nuit en compagnie de cette charmante femme. Je peux bien faire un effort ! »
  Tod : « Il y a un ascenseur tu sais qu’il peut s’en passer des choses dans un ascenseur ;) ?»
Nell : �� Désolé Tod, mais tu vas devoir assouvir ton fantasme avec quelqu’un d’autre, ce n’est pas mon délire. »
 « De toute façon, je paris qu’on va monter dedans et en moins de 20 secondes, on sera arrivés XD. En si peu de temps, à part des bisous je ne vois pas ce qu’on peut faire ! »
 Même pas le temps de dire “ouf “, l’ascenseur s’arrête au premier étage, nous avons le numéro de chambre n°240. ENFIN, on pose nos affaires part terre !
  Tod : « Oh mon dieu, je n’ai jamais été aussi content de me poser de toute ma vie XD ! »
Nell : « Et moi donc, j’en ai mal au cou à force de porter les sacs, on a abusé, comme d’habitude ! »
Tod : « Comme tu à portée les sacs, tu auras droit à un massage avec le fameux gel ;) »
Nell : « Je ne dis pas non ! Merci »
Tod : « Tu as bien changé, tu détestais les massages avant… Ça m’étonne que tu en accepte un de ma part ! »
Nell : « On va dire que toutes ces expériences ont changées certains de mes points de vu, mais il n’y a pas que sur les massages que ma vision a changés ;) »
Tod : « Si tu me montrais ;) ? »
 Sans dire un mots Nell se lève, je fais de même. J’ai l’impression que tout son corps agit comme un aimant et m’attire à elle sans que je puisse résister… Je ne saurais vous dire pourquoi mais il n’y a qu’elle qui me provoque cet effet… Je me sens faible, un moins que rien, face à cette succube qui me dévore de ses yeux magnifiques, mais je ne veux pas me laisser faire sans lutter. Nous nous prenons mutuellement dans les bras, et un jeu des plus amusant commence…
 Nell : « Ça te rappel pas quelque chose ;) ? »
Tod : « Oh si ! C’est exactement comme lors de notre premier rendez-vous. »
 Où je l’avais invitée chez moi, et que on s’amusait à voir qui craquerait en premier…Et ce jour-là j’avais déjà subi une défaite cuisante… !
 Nell : « Tu veux prendre ta revanche ? »
Tod : « Cette fois, je ne craquerais pas ! C’est toi qui tomberas dans mes filets ! »
Nell : « Nous verrons ça, je vais te faire craquer… »
Tod : « Tu crois vraiment que je vais craquer si facilement, je veux quand même t’offrir un minimum de défi ;) »
Nell : Tu fais le malin, mais tu vas le regretter … ! »
 Nos lèvres se rapprochent petit à petit mais dommage, j’ai senti son piège arriver à des lieux à la ronde XD. Au moment du contact, nos deux bouches se détourne pour finir dans le creux du cou de l’un et de l’autre. La chaleur et la douceur prennent possession de moi
 Tod : « Dommage, tu étais trop prévisible pour être honnête ;). Je ne craquerais pas… En tous cas pas si facilement ! »
Nell : « J’espère bien, sinon, tu es comme les autres et tu sais que ça m’intéresserait beaucoup moins … »
Tod : « Je compte bien te résister un maximum en tous cas ! »
 Avec délicatesse, j’invite Nell à s’allonger sur le lit, la charmante femme s’allonge et je la rejoins aussi tôt. Elle m’enlace de ses doux bras et je fais de même.
 Tod : « Je me sens libéré tu ne peux pas savoir à quel point ! La pression des sentiments a disparu et ne reste que la douceur et le plaisir ! »
Nell : « Je n’aurais pas dit mieux ! C’est une des rares fois où je me sens aussi bien avec toi ! »
Tod : « Tu es tellement douce, limite effrayante, je pourrais me perdre rien qu’avec la chaleur et la douceur de tes bras, et tes baisers dans mon cou. »
Nell : « Comment peux-tu avoir peur de quelque chose de doux, je te rappel qu’on fait partie de la religion de la douceurs ;) »
 […]
 Nell : « Tod, tu comptes goûter chaque centimètre carré de ma bouche ou tu comptes enfin m’embrasser ;) ?»
Tod : « Tant que je ne t’embrasse pas au milieu, je n’ai pas perdu ! Et puis je me délecte des lèvres si douces et si délicieuses qui s’offrent à moi »
Nell : « Elle pourrait être tout à toi, si tu te décides enfin à craquer … »
 45 minutes passent et toujours rien, je résiste tant bien que mal aux assauts de Nell pour me faire craquer, pourtant nos mains se font plus baladeuses…Et je sens mon esprit être emporté très loin, très haut, je crois que je suis perdu, elle a réussi à me perdre avec ses mots, ses caresses, ses bisous toujours plus proches. Quand soudains…
 Nell : « Ah ! tu as perdu Tod. Tu subis encore une défaite cuisante ! »
 En effet, cette fourbe avait senti le fais que mon esprit c’était évaporé, elle en profita donc pour approcher ses lèvres très dangereusement des miennes, et dans la précipitation, j’ai continué jusqu’à l’embrasser… Elle se retira juste pour me rappeler ma défaite. Je l’ai maudit…Et en même temps être son jouet m’amusais beaucoup trop pour arrêter.
 Tod : « Bon… j’ai de nouveau perdu… J’accepte totalement ma défaite…Maintenant, il est enfin temps de réellement en profiter ! »
 J’ai donc décider de la prendre dans mes bras et de rapprocher mes lèvres des siennes mais de manière très lente et très sensuel, tout en ne lâchant pas son regard scrutateur. Nos yeux se sont fermés en même temps…Et mon dieu je crois que jamais, au grand jamais, je n’ai eu droit à un pareil baiser … Nos lèvres se sont d’abord taquinées malicieusement, nous mordons chacun notre tour les lèvres de notre partenaire et de petits rires s’échappent de ce doux moment. Puis, je sens la fameuse sensation étrange apparue plusieurs fois dans la journée… Mon envie, d’elle, de son corps si délicieux, sa chaleur contre moi…J’en perd la tête…
 Nell : « Franchement ton piercing n’est absolument pas dérangeant, et tu à raison, ça rajoute le côté froid de la barre de métal couplé à la chaleur ta langue ! »
Tod : « Tant que ça te plaît, tant mieux, mais je ne compte pas m’arrêter la… »
 Je commence à descendre ma langue sur son cou, je sens la chaleur se dégager de son corps alors que pourtant nous ne sommes pas en contact… Je commence à me balader tout le long de son cou, en fessant exprès que le piercing soit en contact avec sa peau, son souffle s’accélère et je m’amuse à souffler de l’air froid sur son cou, elle frissonne, se contorsionne, et s’accroche à moi...
« J’ai l’impression qu’elle est possédée tellement elle frisonnes c’est dingue ! »
 Tod : « Tu as vu, je ne t’ai pas menti, tout ce qui sera fait dans cette chambre d’hôtel sera fait avec douceurs ;) »
Nell : « Je n’en doute pas, je sais que tu tiendras paroles ! »
 Nos baisers s’enchaînent ainsi que nos câlins. A ce moment-là, j’ai encore perdu la notion du temps...
 Nell : « Tod, tu ne veux pas aller regarder l’heure, je commence à avoir faim XD »
Tod : « Il n’est pas loin de 20 heures…DÉJÀ ? On va devoir s’habiller, le restaurant ferme dans 2 heures même pas ! On reprendra ce jeu des plus délicieux à notre retour ;) »
1 note · View note
zonesgrises-baghdadbahn · 6 years ago
Text
Gaziantep - Mardin
La ville s’appelait Antep jusqu’en 1973. On l’a renommée avec le préfixe Gazi-, qui veut maintenant dire Antep la vétérane, en hommage à la résistance contre l’occupation française de la ville jusqu’en 1921. C’est une très grande ville, dont la croissance économique a explosé ces dernières années. La ville a l’air assez dure. Elle est assez touristique, pour le turcs j’imagine car je n’ai trouvé personne ici à qui parler anglais. Je suis à 100 km d’Alep à vol d’oiseau, et la proximité de la Syrie se ressent dans l’architecture de la vieille ville. Mais tout est fermé quand j’arrive. Impossible même de trouver un restaurant ouvert. J’arrive en bus, dans une des « otogar » les plus desservies du pays, située à presque 10 km du centre ville. Car plus aucun train ne s’arrête ni ne part de la gare de Gaziantep. Les rails ont été enlevés il y a un an, paraît-il. Ne reste que le bâtiment jaune des années 1950. Des tas de ballast, de graviers, de sable et de déchets. Un policier a son bureau dans ce grand bâtiment vide, où l’on ne peut même pas entrer. Il m’aperçoit et vient vers moi pour m’expliquer que si je veu aller au musée Zeugma, le grand musée créé il y a peu suite aux fouilles archéologiques menées dans la ville antique du même nom sur l’Euphrate, je dois prendre le passage sous-terrain. C’est pour cela que certains viennent encore à la gare : pour emprunter le passage qui leur fait traverser le grand boulevard derrière les voies. Il m’offre de l’eau, tout ceci sans un mot d’anglais mais les gestes suffisent. Il ne comprend pas mais il me fait signe que je peux prendre des photos.
Il ne reste que le quai numéro 1, celui qui donne sur la gare. Les autres ont été détruits à l’exception de deux morceaux parallèles face à l’entrée de la gare, qui forment comme un îlot entre lesquelles il n’y a plus de voie. Tout le reste autour a été balayé. Quelques tas de cailloux forment comme des escaliers pour descendre de ce quai-vestige pour marcher sur cette vaste étendue où se trouvaient auparavant ballast, rails et traverses. On trouve de l’autre côté des restes des voies. Quelques morceaux épars, des tronçons recouverts de sable. On a peut-être stocké là les voies démontées et hors d’usage. Le terrain semble terrassé, comme en travaux. Plus loin, au dessus d’une route qui passait sous les voies, une dalle de béton a été coulée. Juste du béton pour l’instant. Car la gare de Gaziantep devrait rouvrir. On promet bientôt la grande vitesse à la ville. En attendant, sur le parvis de la gare, des monuments de bronze rappellent le temps où l’on pouvait voyager en train depuis Gaziantep. Dans la locomotive à vapeur exposée est plein air sur le parvis, comme dans la plupart es grandes gares turques, un conducteur en bronze est à la manoeuvre. Il fait signe à un chef de gare en bronze, qui tient sa pancarte ronde à deux face, côté vert, signalant que le train peut partir. Non loin, un voyageur en bronze fait mine d’avancer vers le train fantôme, sa valise dans une main et son journal dans l’autre. Sur les bancs qui font face à la scène, un homme de bronze est assis et lis un livre. Plus loin, une femme de bronze et ses deux enfants attendent aussi. Le spectale, sur le parvis désert et devant un buffet de la gare fermé, donne un assez mauvais pressentiment sur la réouverture de la gare. Qui était prévue fin 2018.
En 2010, un train spécial est parti de Gazantep : un train pour Mossoul en Irak. On a tenté de rétablir la liaison, coupée depuis la guerre, avec ce pays voisin. Il a fait quelques voyages. Mais peu, et avec peu de passagers à son bord. Il empruntait la ligne du Taurus express, sans passer par Alep. Il descendait vers le point frontière de Karkamis, s’arrêtait à Kobané, allait jusqu’à Nusaybin avec une escale à Mardin, puis roulait en direction de l’Irak. Mais en 2014, même la ligne domestique entre Karkamis et Nusaybin a été suspendue à cause de l’instabilité de la région. Sans cette ligne, où pouvaient aller les trains depuis Gaziantep ? La voie ferrée-frontière a probablement été le témoin de combats, au début du conflit armé en Syrie et les revendications territoriales de Daech, dont Kobané a été, pour les combattants kurdes, la ville-symbole.
Comme il est toujours impossible aujourd’hui d’emprunter cette voie et qu’aucun train ne s’arrête plus dans cette partie de la Turquie, je dois prendre le bus de Gaziantep pour Mardin. Mardin est une destination touristique, la vieille ville est perchée sur une montagne, et elle a conservé sa très vieille architecture de pierre, fait exceptionnel dans la région. L’autoroute qui va de Gaziantep à Mardin traverse l’Euphrate a cet endroit où un barrage controversé a été construit. Je traverse alors, à partir de là, la Mésopotamie. Le pays entre les deux fleuves commence ici. Mais je n’en verra qu’un petite partie. Les environs regorgent de sites archéologiques, dont les fouilles ont permis d’excaver des témoignages des multiples occupants de la région, depuis le néolitique, puis des époques akkadienne, assyrienne, babylonienne, romaine, byzantine, ou ottomane. Le musée archéologique de Gaziantep, organisé chronologiquement en par site de fouille, ne montre aucun « grand chef d’oeuvre », aucune oeuvre monumentale comme les Lamassu de Ninive ou les lions de Babylone. Non, quelques bas reliefs de basalte assyriens tout de même assez impressionnants, mais surtout de nombreuses pièces précieuses pour les scientifiques. 
Mardin est un musée à ciel ouvert, qui offre une vue imprenable sur la Mésopotamie et les sites archéolgiques à visiter sont à deux pas. La vieille ville en tous cas, car la nouvelle ville, en bas, a l’air d’une marée d’immeubles de béton tout juste sortis de terre. De nombreux dolmus font la liaison entre les deux, mais je ne trouve aucun dolmus qui puisse m’emmener dans une troisième partie de la ville, à 9 kilomètres, sur la route qui va à Kiziltepe, la ville voisine près de laquelle se trouve l’aéroport. C’est une sorte de lieu-dit, de village-banlieue : Istasyon, gare, puisque cet endroit s’est construit autour de la gare terminus de Mardin. Ici, seuls les trains qui roulaient entre Karkamis et Nusaybin pouvaient emprunter cette branche pour desservir Mardin, et l’emprunter à nouveau dans l’autre sens pour continuer leur route. Je ne trouve aucun dolmus alors je m’y rends en taxi, et j’ai toutes les peines du monde à expliquer au chauffeur que, oui, je veux aller à la gare même si aucun train ne passe. Sans parler angais, je comprends qu’il rechigne à m’emmener dans cet endroit désert et s’inquiète de ma destination. Évidemment, il voulait m’emmener à la gare routière. Je lui fait rebrousser chemin et il finit par me déposer, confus et désolée, devant la gare abandonnée.
Les grilles sont fermées, je n’aperçois personne. Les rails sont là, au sol, sans quai, les gens traversent les voies plutôt que de faire un détour par la route. Je commence à photographier le lieu, et surtout le bâtiment jaune, avec sa pancarte bleue « Mardin » complètement délavée. Un homme d’une cinquantaine d’année a du me voir faire de loin et il s’approche pour me demander (j’imagine) ce que je fais là. Je lui explique que je suis française, que je viens photographier la gare. Il a l’air dubitatif mais me fait signe de prendre des photos sans bouger pour autant. Au bout d’à peine deux clichés, il s’avance dans mon cadre et me dit de venir prendre le thé. Je n’ai pas vraiment le choix. Je pensais que c’était un voisin. À ma grande surprise, il se dirige droit sur la gare, sort un trousseau de clés, ouvre le portail, puis une porte et me fait asseoir devant un bureau. Il est écrit « Ali Ümran Kuday, Mardin Istasyon Sefi ». Je lui demande « Istasyon sefi ? » en le désignant. Oui, il me dit. Ce n’était pas un voisin mais bien le chef de gare. Il part préparer le thé et me dit de ne pas bouger. Sa fille et une amie arrivent, elles non plus ne parlent pas anglais, mais persistent à me parler en turc. Je les fais beaucoup rire et la situation doit leur paraître absurde : ils ne comprennent pas comme je suis arrivée là, ni comment il est possible que je voyage seule. Ils sont bientôt quatre à m’entourer et à me parler turc, j’ai recours à Google traduction sur mon téléphone pour essayer d’expliquer. Ils me disent que je dois aller à la gare routière car aucun train ne part d’ici. Ils finissent par comprendre, même si la traduction anglais-turc de Google n’est pas fiable, que j’avais bien compris que la gare était fermée et que je faisais une sorte de reportage. Les gens se dispersent, le chef de gare va me chercher mon thé, m’offre des cigarettes, et je peux essayer de lui poser des question par écrit avec la traduction sur mon téléphone. Il me dit que la gare est fermée depuis 5 ans. Mais dans un an, les trains passeront de nouveau à Mardin. Lui, il garde la « maison ». Il me dit que les trains qui passaient ici allaient de Gaziantep à Nusaybin. Je lui dis que j’avais vu Gaziantep, et que tous les rails avaient été enlevés. Mais il me confirme que la voie sera bientôt réouverte, que lorsqu’elle le sera, 8 trains par jour vont passer à Mardin. Il me dit que oui, la ligne a été fermée à cause de la guerre en Syrie. Mais les liaisons vont être rétablies : il me fait tout un croquis avec en terminus, « IRAK » Lui même a passé 4 ans en Syrie, mais je n’arriverai pas à savoir s’il y a été comme soldat ou pour autre chose : quelqu’un rentre dans le bureau et fait signe d’y aller. J’avais expliqué que j’étais venue en taxi, il avait l’air content et m’avait dit que les gens ici étaient heureux que des étrangers s’intéressent à eux. Alors il insiste pour que son ami me ramène à Mardin en voiture. Il est, comme beaucoup de personnes rencontrées ici, protecteur comme un père. Il me sert la main, chaleureusement mais pas trop, je le remercie sans vraiment avoir le temps car sa fille me prend par la main et me fait asseoir à l’arrière d’une voiture pleine à craquer. Avant de me déposer à un endroit où on me dit que je trouverai un dolmus pour la vieille ville, elle me fait voir sur son téléphone des traductions qui disent « take care » et « be safe ». Elle me remonte mon tee-shirt d’un air assez réprobateur, même si elle est probablement plus jeune que moi, avant de me laisser descendre. Cette fois je trouve facilement un dolmus pour rentrer à l’hôtel. Je n’ai pas pu faire beaucoup de photos.
Tumblr media
1 note · View note
pxlove1111 · 4 years ago
Text
Je ne te demande pas de tout quitter. Je ne pourrais pas te demander ce genre de choses. Je comprends très bien la situation.
Mais je n'arrive pas à comprendre comment tu arrives à rester un an sans un seul message à la personne que tu aimes. J'ai été dans ta situation. Et engagée.
Et pourtant le risque je le prenais. Car tu étais trop important pour moi. Et l'inverse m'aurait fait craquer nerveusement.
Du coup, ce qui me blesse c'est ça ... c'est de penser que je ne mérite pas le moindre signe. Et que quand tu n'as pas ce que tu veux, tu files à l'anglaise. Tu as moins de mal à m'expliquer que tu disparais, que de te battre pour moi.
Je suis une fille cool. Mais vraiment est ce que tu te rend compte que ce mode de communication est devenu une torture psychologique. Ça a été très beau, je suis bien d'accord.
Ce qui me fait peur, c'est que si je n'ai plus la force de jouer à notre jeu, tu trouves quelqu'un d'autre. Après tous ces mois où j'ai tenu bon, où je t'ai aimé sans conditions.
J'irai où la vie me portera. Je pense que tu es l'homme de ma vie. Je l'ai su les premiers jours, j'ai compris des choses qui me font y croire et je le ressens dans mes entrailles. Je t'aime passionément.
Mais tu sais aussi bien que je mérite de vrais mots. Des certitudes. Des preuves.
C'est la leçon que j'ai apprise cette semaine. En aidant un ami, en voyant qu'il est prêt à absolument tout pour la femme qu'il aime, et qu'il va mettre tout en oeuvre ce week-end.
Et une amie qui a été déçue par son mec ... en voyant le type de messages qu'il lui envoie pour lui prouver à quel point il l'aime et elle compte pour lui.
Tout ça m'a rendue heureuse pour eux ♡
Et cela m'a permis aussi de comprendre avec beaucoup de souffrance qu'on ne s'est jamais battu pour moi. Famille, relations amoureuses, on ne m'a jamais vraiment prouvé que l'on m'aime.
Alors c'est comme avec toi. Je le vois bien que tu m'aimes.
Mais est ce qu'un jour quelqu'un aura seulement envie de me prouver qu'il souhaite construire avec moi.
Autrement que pour faire de moi un trophée ou une plante verte.
Telle est la question.
J'aurais tellement voulu te voir ce jour-là. Savoir que ce n'est pas que dans ma tête. Sache que si vraiment tu l'as fait, ça me touche.
0 notes
valonfd · 4 years ago
Text
Jour 11: Mardi 18 août - 141 km
(bande son: “Cp3 Cp3 Cp3″ sur l’air d’un chant de supporter)
La nuit n’a pas été top. Entre les regonflages, les voitures ou mobylettes et la lumière de l’abri qui s’est allumée, on ne peut pas dire qu’on y mettrait trois étoiles. Pendant qu’on plie les gaules, on voit passer les frontales des trois mousquetaires qui nous saluent (je les appèleraient dorénavant ainsi, c’est plus simple, c’est pas de moi, c’est un des gars de l’équipe média qui les a baptisé ainsi à l’arrivée). Je n’en parle plus, mais j’ai toujours les précieux messages de Stef qui m’accompagnent quasiment dès le réveil. Il m’annonce qu’il me reste 90 bornes avant le Cp3. C’est beaucoup trop. 90 bornes de Lot ça équivaut à 150 bornes dans l’Allier - pff va falloir sortir les jambes et les bras pour pousser. C’est reparti pour le rodéo. 
La première pause se fera à Caylus où j’arrive encore à rattraper Thomas après la descente. Ravito + café et je prends le temps de me poser pour changer les plaquettes du frein arrière qui n’ont plus grand chose dans la mâchoire. Thomas repart, il est pressé d’arriver à Puycelsi et je le comprends. J’en profite pour nettoyer mon dérailleur, ma chaîne et huiler le tout. Je remballe mon barda et décanille. Si les paysages sont magnifiques, il n’y a finalement pas tant de choses à dire sur cette section. C’est dur et toujours suivant le même scénario: une montée d’âne bâté, un peu de plat encaillassé, et une descente profilée par Edgar Grospiron. J’en chie, forcément, et il n’y a pas vraiment de phase où je peux récupérer. Comme j’ai aussi envie d’en finir, je puise dans mes forces et j’avance inexorablement. La bonne nouvelle c’est que le genou va mieux ce qui me confirme que c’est de l’ordre de la contracture. Je vais encore le sentir aujourd’hui, mais ça va passer au fur et à mesure.
Tumblr media
Un petit passage à Saint-Antonin où je suis déjà venu pour un festival il y a deux ans. La ville est agréable mais je n’ai pas l’envie de trainer. Arrêt minute au stand épicerie bio et je file. La montée qui suit est dans la forêt avec un single en dévers, pas désagréable, mais je manque une ou deux fois de partir dans le fossé. On passe ensuite à Penne qui, pour une ville au nom de pâtes, est vraiment incroyable, un petit bijou. Bim, une bosse de dromadaire. Badaboum descente à la con vers Bruniquel. J’arrive ensuite aux cycles Pechtregon. Ce sont des artisans qui font de beaux vélos et qui m’accueillent fort sympathiquement : café, petit cake au chocolat et sneakers. Ils me dépannent d’une chambre à air car je préfère prévoir, même si la chambre que j’ai mise à l’arrière tiens sacrément bien le coup au final. Un des deux gars m’explique ce qu’il me reste à faire avant Puycelsi. Quand je l’écoute, ça n’a pas l’air si terrible, mais il m’annonce que j’en ai encore pour 1h30 alors qu’il reste à peine 15km. J’ai l’impression d’avoir déjà roulé avec le deuxième gaillard sur un love tour ou sur un autre évènement mais je n’arrive pas à me souvenir. Peu importe. Je repars et me coltine sous le cagnard la montée de Pechtregon qui est juste su-per difficile. Je pousse comme tire le mulet et je me dis qu’en fait sur cette section c’est plus le vélo qui fait de moi que moi qui fait du vélo. Cette inversion syntaxique fera bien rigoler l’équipe de Sam au Cp3 mais je vous jure que je ressentais bien profondément sa puissance sémantique à ce moment précis où les mains sur mon cintre noir, j’assistai mon destrier dans son ascension des sommets du Pech.
La trace suit ensuite une partie roulante, puis descend vers Puycelsi, sauf que, stop, stop ! stop ! Puycelsi c’est plus haut là non ? Ben oui, ça n’aurait pas été drôle de finir sur une descente non ? Donc Sam, quand il a préparé le parcours, il a bien regardé la carte, il s’est consciencieusement rendu sur le terrain, il a pris son clinomètre, il a fait le tour de Puycelsi, et quand la jauge est passée au rouge foncé, le maître a dit : “c’est par là. Faut monter par là. Si ! si ! on peut, j’ai vu un oiseau qui le faisait”. OK, OK, OK, je courbe l’échine et je prends le chemin du calvaire. J’arrive au Cp3 sous les applaudissements des clients du restaurant, je passe voir Sam et son équipe : “bon-on-on-jou-ou-our je m’a-a-a-p-e-e-e-lle va-a-a-len-en-tin et je fais du gra-a-a-vel”. Je m’assois avec eux et je suis content. Le Lot c’est fini ! Il est 14h30 et j’ai fait mon morceau de bravoure. Le patron me propose une assiette gigantesque de pâtes sauce foie gras agrémentée d’œufs aux plats, que je regarde avec enthousiasme même si mon petit doigt me dit qu’elle est bien trop copieuse pour un repas de la mi-journée. Thomas vient me saluer et je mange à côté de Thierry qui ne fait pas l’épreuve, mais qui dans la catégorie mot d’esprit m’a tout l’air d’être un champion comme je les aime. Le moment partagé est bien sympa, comme à chaque fois que je vois des gars de l’équipe - on ne les voit pas assez les monos dans cette colo. Je m’inquiète un peu pour mon vélo qui se met à craquer dès que je tourne le guidon. Pour Sam il s’agit des roulements ce qui ne devrait pas m’empêcher de finir le parcours.
Tumblr media Tumblr media Tumblr media
Je passerai bien l’après-midi ici mais il faut avancer. Le Cp3, c’est pas le finish. Je refais le plein d’eau et quitte les copains un peu à contrecœur. Thomas est parti une demi-heure plus tôt et tout le monde m’a dit que la suite était roulante. Le moral est donc plutôt bon mais je vais prendre une claque aussi sec. Comme je l’avais soupçonné, la quantité de pâtes étaient bien trop grande et je me suis fait avoir comme un bleu, ça me plombe. On est toujours partagé entre le moment présent où l’on a envie de profiter sans calculer et la raison, qui puise dans l’expérience pour nous dire qu’on est en train de faire une belle connerie qu’on va finir par payer. Le chemin juste après Puycelsi monte salement. En fait c’est pas du tout roulant et je dois pousser comme si je me retapais le Lot en sens inverse. Je jure et je maudis tous ceux qui m’ont dit que la difficulté était passée. Le terrain est super chiant et j’en ai marre. Alors que j’étais béat à Puycelsi, je suis à deux doigts d’abandonner une heure plus tard. Mon moral évolue comme les courbes de la trace. Je me fais la promesse qu’à partir de maintenant la phrase “tu verras c’est roulant à partir de là” serait bipée à chaque fois que je l’entendrai. Tout ça c’est de ma faute. J’essaie de me rassurer en glanant des infos comme un gamin qui demande : “il va être dur le prochain contrôle de maths tu crois ?”. Il faut que je me ressaisisse et me rappelle que les moments où j’ai le mieux roulé, ce sont les moments où je ne regardais pas devant moi, j’avançais sans rien calculer. Je vais devoir retrouver cet état d’esprit sinon je vais finir maboul ou alors je ne vais pas finir cette French.
Il y a encore quelques bonnes bosses mais les chemins deviennent cette fois plus roulants. J’ai quand même énormément de mal à pédaler et je ne prends plus beaucoup de plaisir. C’est la défaite. Ce serait ahurissant d’abandonner alors que j’ai passé le plus dur, mais pourtant l’envie est partie. A ce moment même, j’ai du mal à trouver encore du sens à ce que je suis en train de réaliser. Je suis juste épuisé. Stef est derrière moi, ma chérie aussi, mais je ne sais pas si ça va suffire.
J’arrive vers Villemur-sur-Tarn où je comptais trouver un camping ou un hôtel, mais la ville ne me plait pas du tout. Je fais des emplettes dans une supérette dont le gérant m’indique un endroit qui, pour lui, fait peut-être camping, mais je sens le plan foireux et je n’ai pas envie de perdre du temps inutilement. Je reprends le guidon. Je sais qu’il y a une série de villes ou villages qui m’attend, donc je ne m’en fais pas trop, même si je n’ai pas repéré de camping dans le coin lorsque j’ai fait mon road book. C’est étrange, les lieux que je traverse maintenant sont vraiment radicalement différent de ceux de la section précédente et je ne m’y sens pas très bien. Je trouve l’ambiance moins accueillante. Je croise sur la route des gens du coin qui flânent et je leur demande s’ils ne connaissent pas un coin où dormir. Ils sont très sympathiques, regardent sur leurs smartphone les chambres d’hôtes éventuelles en commentant le prix et les personnes qui proposent ces services. C’est assez drôle, on se croirait dans un film de Pagnol où les histoires de voisinage sont prêtes à ressortir par la force des choses. Finalement une des comparses me dit que je ferai aussi bien d’aller au stade de foot du village (Vallaudric) qui est un endroit tranquille avec de l’eau. L’idée me plait, le stade de foot étant passé depuis peu dans le top five de mes spots de bivouac.
Je file à Vallaudric et me pose dans un bistrot où l’on me sert des tapas créoles. La patronne doit venir de la réunion et je me régale. Elle est installée avec des amis sur une table à côté. Ils ont l’air bien sympathiques. Les flâneurs que je venais de rencontrés se joignent à eux en clamant au passage “mais c’est notre cycliste !”. Encore une fois l’accueil dans nos petits villages français n’a pas dérogé à la règle. On est peut-être des râleurs dans ce pays, on a peut-être mauvaise réputation, mais bordel, quand on prend le temps d’aller les uns vers les autres, ça rend les choses plus faciles ! J'observe les femmes qui m’ont renseigné tout à l’heure. Elles ont une bonne cinquantaine bien passée à mon avis, mais à les regarder j’ai l’impression de voir de jeunes filles folledingues et je suis attendris par leur simplicité.
Je finis la soirée en m’installant au stade de foot où je passerai une très bonne nuit malgré les classiques regonflages de matelas qui ne m’empêchent cependant guère plus de me reposer à ce stade de l’épreuve.
0 notes
Text
Bonjour à tous, après une longue absence je vous reviens avec cette publication annuelle (qui a d’ailleurs manqué à l’année qui s’est écoulée). C’est quelque chose de plus long, que je n’ai pas l’habitude de faire, plus réel et plus dur pour moi à écrire. J’espère cependant que ça vous plaira tout de même. Bonne lecture !   Chapitre introductif : Espoir emmuré  Dans un brouillard épais et saisissant de froid, un chariot lumineux, rutilant, transperçait la dense couverture d’humidité stagnante à toute vitesse. Il ne comportait que quelques hommes à son bord, celui qui le dirigeait, vêtu d’une veste bleue et d’un couvre-chef orné d’un écusson, agitant ses mains autour d’une roue qui semblait guider le bâtiment. Les autres hommes, au nombre de quatre, scrutaient les abords des chemins que le véhicule empruntait comme des sentinelles, jetant sur le monde un regard aiguisé auquel rien n’échappait. L’engin ne s’arrêtait pas, quand tout à coup une lumière rouge vive, perchée dans les airs, se fit voir, bloquant sèchement les roues qui se mirent à crisser, extirpant chaque sentinelle de sa torpeur. L’arrêt brutal s’était vu suivre d’une série de jurons… « Quel idiot, j’espère qu’il va se planter ! » , ce sont ces mots qui finirent l’indicible discours du chauffeur, ces derniers mots furent aussi les premiers que Craig entendit après avoir été tiré de son sommeil. Eveillé, le trajet semblait bien moins passionnant, fade comme les biscuits secs qu’il avait avalé rapidement avant de se diriger vers le bus qu’il croyait manquer, et qui n’arriva qu’après dix longues et froides minutes, pendant lesquelles il reconsidéra l’option de sortir les cheveux mouillés alors que l’extrémité de ceux-ci commençait à se solidifier. Craig prenait le bus chaque matin, pas par choix mais parce que la ville de Lille était un véritable calvaire lorsqu’il s’agissait de trouver une place où stationner sa voiture pour pouvoir la récupérer dans le même état le soir, et la deuxième partie était la plus complexe. Le bus qu’il empruntait était toujours le même, Craig était, lui, en début de ligne, s’assurant une place de choix pour le spectacle qui s’apprêtait à se dérouler sous ses yeux. Des choses inimaginables tant que nos différents sens ne les ont pas connues. La vision, l’odorat et l’ouïe étaient assaillis de signaux qu’ils auraient préféré ne jamais connaître, le goût et le toucher étaient, eux, épargnés et cela était bien heureux car, si jamais cela avait du être le cas, il est plus que probable que ces moments auraient été les derniers où ils furent actifs. Craig s’était souvent demandé si cet homme vêtu de son ensemble de sport imbibé d’urine féline parfumé au remugle ne viendrait pas à bout de son odorat, bien qu’il était certain que depuis que celui-ci empruntait le même bus, des subtilités olfactives lui manquaient. A chaque arrêt, un nouveau passager s’intégrait à la masse et le chauffeur continuait sa route machinalement. Dans cette foule de gens, chacun essayait de noyer son regard dans le vide, cherchant désespérément à éviter celui de l’autre pour éviter la gêne, il s’agissait d’un accord tacite que chacun respectait dès son entrée dans le bus. Celui qui ne le respectait pas ne risquait rien, si ce n’est le jugement de celui ou celle qui, en croisant le temps d’une seconde le regard de l’autre, s’est senti épié et vous considère dès lors comme un être lubrique plein de vices. Craig avait trouvé le moyen d’échapper à cette lutte contre la curiosité, assis sur une place seule, accolé aux vitres, il observait les bâtiments et les routes défiler, fasciné par ce kaléidoscope alors qu’il voyageait dans les rues froides et sans âmes du chef-lieu des Hauts-de-France. Il voyait des maisons identiques collées les unes aux autres, comme bloquées, résultat d’un projet chimérique passé que les habitants tentent peu à peu de se réapproprier en insufflant un peu de leur vie à ces tas de briques. Parfois, ils voyaient les nouveaux bâtiments, les magasins de restauration rapide, les locaux utilisés par les assurances ou les banques avec leur façade moderne, blanche avec des affiches propres, des logos colorés et de grandes vitres effaçant toute intimité pour satisfaire les pulsions des voyeurs. Une question s’installait ici dans son esprit, que préférait-il, l’austérité ou la stérilité ? Il s’était déjà interrogé sur le sujet, et la réponse qui lui venait était toujours la même. L’austérité. Il a toujours préféré l’austérité car en elle se cache un espoir, une graine de beauté et de vie qui ne demande qu’à germer, à sortir de sous les briques. Alors que la stérilité, en plus d’être voulue, était révélatrice de ce qu’il exècre au plus haut point, cette simplicité était réfléchie et insultante car elle voulait faire croire au premier ingénu que ce style relevait de la modestie.  Chapitre 1 : Les courbes de l’art  Craig était familier de ces méthodes, il avait suivi une formation dans la communication. Perdu dans les intarissables propositions d’études et de domaines à découvrir, il s’était replié vers ce qui lui semblait être un moyen incroyablement efficace de comprendre une société dirigée par l’irrépressible envie de consommer. Les gens suivent les modes, ils les créent, ils les ramènent au goût du jour et tout ça, ils le font en consommant, et de façon outrancière la plupart du temps. Malheureusement, tout ce qu’il a trouvé là-bas ce sont des consommateurs, des personnes qui, avant d’être de futurs « pro de la communication », étaient emplis de la plus grande futilité, des cibles parfaites à qui les professeurs montraient comment ils se faisaient attaquer jour et nuit par les incessants assauts de la publicité sauvage. Il n’avait fini sa formation de deux ans que parce qu’il lui fallait un diplôme, une garantie qu’il pourrait, même si l’idée ne lui plaisait pas nécessairement, s’insérer dans les rangs bien ordonnés de la France qui travaille. Ces deux années furent longues, laborieuses voire douloureuses à certains moments, mais malgré cela il y a eu des moments plus doux. Comme si cette tempêtueuse expérience lui laissait récupérer son souffle, lui permettant de reprendre de l’élan pour mieux affronter l’incroyable violence qu’il subira lorsqu’il sera projeté à nouveau en dehors de l’oeil du cyclone. Cette violence, c’était celle qui le forçait à assister à des cours avec des enfants qui ne pouvaient s’empêcher de bavasser, de déranger les quelques esprits qui n’étaient pas volages, puis arrivaient les cours « d’art ». La matière s’appelait « Étude des techniques de l’imagerie » mais pour Craig, il s’agissait là d’une couverture, comme une couche de goudron recouvrant une pierre précieuse, nécessaire pour étoffer un peu plus notre curriculum vitae, cette feuille qui est posée une semaine sur le coin d’un bureau étriqué pour être négligemment étudiée en quelques secondes par un automate qui veut se persuader qu’il est (encore) humain, avant qu’il jette sans âme ni conscience les seuls exploits reconnus d’un congénère dans la corbeille. Bien heureusement, le cours était tout à fait différent de ce que l’intitulé laissait paraître. Lors du premier cours, Craig trouva tout de suite un avantage non-négligeable à cette discipline : la salle était à peine remplie au tiers alors qu’elle semble toujours pleine à craquer lors des autres cours. Le comité restreint d’élèves était disposé dans un amphithéâtre aux dimensions réduites, ils étaient peut-être soixante, au lieu des trois cent cinquante élèves habituels, tous près du tableau. La salle était relativement moderne, il y avait un vidéo-projecteur accroché au plafond qui visait une toile blanche, le tout relié au bureau qui semblait être un de ceux que le géant suédois avait apporté à notre peuple qui en raffole maintenant. Ils avaient pour coutume de toujours attendre les professeurs qui, faute de choses plus importantes, venaient tout de même au cours qu’ils dispensaient, avec des minutes ou des heures de retard mais cette fois, la professeure arriva pile à l’heure. La deuxième surprise fut le jeune âge de ladite professeure, à vue d’oeil elle ne devait pas dépasser la trentaine d’années, et beaucoup semblaient vouloir estimer son âge au vu des regards qui se posaient sur elle, majoritairement masculins. Elle était d’une beauté noble, incroyable, par delà la pureté… C’est ce que l’on comprenait si l’on mettait la forme sur les commentaires déplacés qui étaient chuchotés à haute-voix entre les rangs. La jeune femme était élancée, portée par de longues jambes galbées qui se devinaient à travers un pantalon bleu nuit, lâche, qui remontait jusqu’à la taille. Les chaussures à sangles qu’elle portait étaient surélevées par l’épaisse semelle à leur base, accentuant sa cambrure et rendant le chemisier blanc qu’elle portait plus flatteur que ses courbes ne l’étaient déjà. Les traits saillants de son visage étaient adoucis par ses pommettes généreuses accompagnées de lèvres que l’on rêve de baiser. Le regard d’émeraude qu’elle détenait était tempéré par son teint hâlé et les quelques tâches de rousseur éparpillées sur l’arrête de son nez délicat. Sa beauté était remarquable, presque envoûtante pour celui qui n’accorde d’importance qu’à ce qu’il aperçoit, qui est susceptible de se laisser tromper par ses sens. Craig n’était pas insensible à sa beauté mais il avait cette idée qu’aucun de nous n’était unique, sa beauté lui vient d’un lancer de dés génétiques bien-heureux, une chance qu’a eu une autre partie de la population, celle de correspondre aux critères de beautés en place à l’époque et à l’endroit où ils sont nés. La félicité de celui ou celle qui arborait une telle beauté était fort probable, à condition que l’esprit soit aussi rafraîchissant que le spectacle offert. Craig était de ceux qui cherchaient la justesse, l’intelligence, le raisonnement, la curiosité, et toutes ces si belles qualités qui n’en sont que si l’on sait les apprécier. On aurait dit de lui qu’il aimait les beautés intérieures, et lui aurait répondu que la beauté intérieure est un tas de fausses gentillesses auquel on donne le relais lorsque l’on considère que le physique n’est pas des plus avantageux. Ceux qui parlent de beauté intérieure étaient, aux yeux de Craig, des êtres de la pire espèce, ceux qui accordent tant d’importance à leur propre avis qu’ils se croient permis de dire lorsqu’il faut chercher chez les autres cette beauté cachée qui n’est visiblement pas à l’extérieur. Il lui fallait alors jauger l’étendue de sa beauté, si tant est que ce soit important car elle restait une professeure qu’il ne verrait que quatre heures par semaine, même si cela restait un défi intéressant de cerner la personne qui allait lui inculquer du savoir au motif que cela expliquerait sûrement sa position sur certains sujets.  La professeure prit la parole dans le vacarme de l’amphithéâtre, ne poussant pas sur sa voix cristalline, elle se mit à parler de façon modulée, prononçant cette phrase « Où est l’art dans votre vie ? Quand commence t-il pour vous et où s’arrête t-il ? S’arrête t-il vraiment ? Est-ce qu’il peut avoir des limites ? », face à cette allocution, l’amphithéâtre s’était partiellement tu, ne laissant place qu’aux chuchotements discrets semblable aux murmures du vent qui s’engouffrent entre les feuilles d’un arbre. Craig était intrigué, l’interrogation était légitime car il ne s’était jamais posé la question et puis, il n’aurait su y répondre. Sans le savoir, la professeure avait acquis l’attention de Craig, et sûrement celle de l’amphithéâtre dans lequel un silence religieux s’était installé. « L’art est à tous les moments et les endroits de votre vie. Il règne dans ce monde un amour invisible que l’on ne remarque qu’une fois que nous l’étudions, dans mon cours, je vous ferai découvrir l’amour, mystique, mystérieux de ce qu’on a voulu catégoriser. Si vous voulez mon avis - et tous semblaient le vouloir -, l’art n’existe pas, il s’agit d’une sensibilité que nous choisissons de développer, on décide de mieux maîtriser notre capacité de perception. L’art ce n’est pas non plus le beau, le beau est subjectif alors que l’art est universel, il ne faut pas prendre en compte la perception des autres mais comprendre ce qui peut faire d’une morne bâtisse en briques délavées le coeur d’un tableau. Nous pourrions dire que c’est son architecture, et ce serait valide, mais le contexte est lui aussi très important ! » À ce moment, la professeure se mit à parler plus fort, se déplaçant le long du premier rang, balayant du regard les rangs d’élèves obnubilés par sa prestation. « Imaginez simplement l’histoire de cette bâtisse, le contexte dans lequel elle est placée : visualisez une ville moderne, évoluée, où les buildings règnent en maître. Leurs vitres parfaites reflètent, la journée, les rayons d’un soleil de plomb mais quand vient la nuit, les immeubles s’évaporent dans la nuit et en leur centre demeure une basse lumière émanant de la vitre encrassée d’une drôle de construction, notre maison en brique… - la fin de sa phrase était descendante, mais elle reprit de plus belle - C’est exact ! Notre maison en brique subsiste, frêle parce qu’elle a traversé les époques, qu’elle a subi les tempêtes, peut-être aussi que sa construction a été mal réalisée mais peu importe, elle est là ! Dans une nuit d’un profond noir, les immeubles aux vitres impeccables paraissent translucide, comme si l’âme du bâtiment résidait dans les centaines de personnes qui l’occupent, alors qu’aux côtés de la modernité exubérante se trouve une maison vétuste occupée par une âme seule qui, en allumant un feu pour se chauffer, a apporté la vie dans le néant de la nuit » Elle fit une pause dans son discours, laissant à ses élèves le temps de visualiser la scène qu’elle avait décrite avant d’enchaîner. « Le spectacle de La Nuit étoilée de Vincent Van Gogh pourrait être donné à voir à tout le monde ici, et chacun le représenterait d’une manière sensiblement identique, c’est pour ça qu’il faut comprendre l’importance du contexte. Quand il a peint cette toile, il a reproduit le spectacle qu’il voyait au travers de la fenêtre de l’asile du monastère Saint-Paul-De-Mausole, enfermé dans sa chambre, sujet aux troubles de son esprit. La façon dont il a peint ce village, ces nuages et ces étoiles, c’est unique ! Sa perception du monde lui a donné à voir ce qu’aucun de ses pairs ne pouvait voir, une explosion d’énergie dans les étoiles ravissant le ciel, concurrençant le croissant de Lune qui dispensait une lumière souveraine inondant les champs de Saint-Rémy-En-Provence… ». Quelques phrases, une réflexion bien tenue et Craig était porté par la magie de ses mots, trouvant en sa vision la clé d’un monde nouveau dont la beauté transcende tout ce qu’il a toujours connu. Le reste du cour fut consacrée à l’oeuvre majeure de Van Gogh, ce peintre dont la folie sublimait le monde. Avant que les élèves commencent à ranger leurs affaires et à partir 5 minutes à l’avance, la professeure prit une dernière fois la parole « Je tiens d’abord à m’excuser de ma terrible impolitesse et à la rectifier, je m’appelle Lina Coric. Comme vous l’aurez remarqué, ce cours vous semblera parfois hors-contexte, par les travaux que je vous présenterai ou par la façon que j’aurai de les analyser mais je vous invite à me faire confiance, et de toute façon je suis la personne en charge de préparer votre examen qui portera sur ce que je vous ai présenté dans cet amphithéâtre. J’ai dans l’idée de vous apporter chaque semaine des connaissances sur une oeuvre et son auteur, très probablement maître de son art. Cette méthode me paraît essentielle pour vous montrer comment s’approprier les codes, ou encore les révolutionner, ce dans quoi excellent ces grands artistes. Bonne journée. » Enchantés par cette belle idée (et surtout par celle de sortir à l’avance), les étudiants désertaient l’amphithéâtre et Craig, comme pour la remercier, prit la peine de sortir en dernier la gratifiant d’un sourire et d’un au revoir, la remerciant du chemin qu’elle venait de lui faire découvrir. Chapitre 2 : Art, au revoir La semaine d’après semblait dédiée toute entière à l’attente de ce cours, impatient de savoir quelle oeuvre il découvrirait. Le portrait de Metzinger par Robert Delaunay, voilà le choix que Lina Coric avait fait, l’oeuvre de Robert Delaunay représentant ce peintre-poète au visage serein et enjôleur. Elle prit la parole une fois l’ensemble des étudiants assis, et surtout, silencieux « Bonjour à vous, aujourd’hui nous aborderons l’une des grandes pièces de Robert Delaunay, le portrait de Metzinger. » Sa voix s’arrêta quelques secondes, elle se mit à activer le projecteur qui révéla une peinture lumineuse d’un homme qu’aucun des étudiants ne semblait connaitre, avant de reprendre avec plus de vigueur. « L’intérêt de ce portrait n’est pas tant le principe du portrait ni la personne représentée mais la technique utilisée pour représenter et immortaliser une expression, sauriez-vous me dire laquelle est ici utilisée ? » D’abord un silence gêné s’installa avant que quelques âmes errantes se mettent à dire à demi-mot qu’il s’agissait du pointillisme, n’étant pas sûrs de leur réponse ou n’osant pas s’exprimer devant l’amphithéâtre, puis la prof reprit son explication, remarquant bien que personne n’interviendrait « Il me semble l’avoir entendu, il s’agit en effet du pointillisme, une méthode bien particulière qui s’est enracinée à la fin du 19ème siècle dans les pinceaux de grands maître-peintres. Le nom parle de lui-même, il s’agit d’un procédé de peinture qui consiste à aligner des points à intervalles réguliers de différentes couleurs pour reconstituer une forme, un objet, une personne, ou tout ce que notre esprit croit voir. Le pointillisme a la précieuse particularité de donner à l’artiste de choisir l’épaisseur de ses points, leur couleur, leur paterne… - elle se mit à ricaner brièvement et reprit d’un ton enjoué - Je me rends bien compte que formulé de la sorte, cela nous semble futile, ou alors élémentaire, mais avoir ces choix c’est avoir la capacité de représenter point par point notre perception du monde, de révéler les couleurs que nous percevons dans leur moindre détail, de tout construire précisément. » Alors qu’elle disait ça, tout semblait se contredire face à la vision qui était projetée, Craig restait dubitatif sur les arguments que sa professeure apportait, attendant des explications à cette incohérence. « Bien évidemment, vous me direz que l’oeuvre que je vous présente ne respecte pas ça, ou alors le fait mal, et que l’intérêt d’une oeuvre mal réalisée est inexistant… Peut-être tout simplement parce que je vous ai exprimé une vision adoptée par la majorité, une vision timorée qui ne s’était pas tellement détachée des codes classiques. Mais ne vous ai-je pas parlé de l’intérêt même de l’art, de l’essence de celui-ci, de la perception ? Voilà ce que nous offre Robert Delaunay ici, sa version du monde, son pointillisme, son Jean Metzinger ! Nous avons des photos de Jean Metzinger, différent de celui que Delaunay a représenté, ressemblant, mais différent tout de même. Un visage lumineux au regard coloré, brillant d'une passion certaine, profond. Delaunay nous transpose le regard que Metzinger posait sur lui, on a l’impression d’une réelle proximité, presqu’une intimité naissante. Ce rapport de proximité créé un premier plan fort qui ellipse le fond, l’arrière-plan semble être indéfini, trouble… Cette atmosphère est prenante, presque psychédélique dans sa forme, le sujet nous apparaît comme une vision qui lévite au sein d’un mur qui perd de sa forme, un ancrage si réel dans ces formes qui n’en ont pas. Il s’agit d’une oeuvre extrêmement intéressante non pas par la complexité de sa technique mais par cette vision qu’elle apporte, le début du 20ème siècle accueille le pointillisme et le voit déjà grandir, évoluer dans les mains d’artistes qui s’affranchissent des codes. Il est nécessaire de faire bon usage de l’art mais il est tout aussi nécessaire de réfléchir sur ses codes, de les remettre en question et proposer au monde sa version, les courants doivent être des axes principaux, à vous de choisir quelles branches vous choisirez d’emprunter. Pour finir, je sais que se baigner dans le conformisme donne parfois l’impression d’une réussite mais s’il vous plaît, pour le bien de l’art, pour qu’il perdure, osez ! » Encore une fois, Craig était convaincu par ses mots, il ne savait pas réellement s’il s’agissait de l'intensité qu’elle mettait dans ses mots ou s’il était fondamentalement d’accord avec ce qu’elle avançait. Une chose était certaine, Craig commençait à apprécier sa beauté chaque jour un peu plus, accroché à chacun des mots que formaient ses lèvres, il se prenait d’une passion ardente pour l’art. Il est vrai que la professeure Coric était une oeuvre sans pareille de la nature. La fin du cours fut un véritable spectacle d’admiration, l’attention et le regard de Craig portés sur toute la personne de Lina Coric, suspendu à la silhouette de l’impressionnante belle qui, par ses idées, redéfinissait son monde. Le temps passait et ce cours devenait sa récompense de la semaine, l’événement tant attendu qui lui accordait un répit parmi les semblants de personnages qui l’entouraient. Il ressentait une certaine plénitude lorsqu’il se trouvait devant les oeuvres que la professeure Coric exposait, comme si ce qui lui manquait tellement les autres jours était réuni dans cet endroit particulier. « Une belle femme, de jolies oeuvres, je peux pas être plus heureux » voilà ce que Craig se disait lorsqu’il écoutait les gracieux mots de l’experte, sa jeunesse l’empêchant de voir que la qualification d’oeuvre pour une femme pourrait être bien-heureuse si seulement cela ne faisait pas d’elle un objet, cette même jeunesse d’esprit qui l’avait parfois empêché de comprendre les positions qu’elle pouvait défendre, et puis si elle devait être un objet elle ne serait que celui du désir de Craig. Cette passion se poursuivit aussi longtemps que les études de Craig durèrent, il n’avait jamais manqué un de ses cours, pas une fois. Il semblait évident qu’une telle passion ne pouvait pas s’éteindre si facilement, elle l’avait initié profondément aux arts, elle avait disséminé les graines d’un amour qui dépassait les limites du charnel, un sentiment transcendant tout ce qu’il avait pu connaître. Naïf est l’esprit qui croit qu’une expérience pareille puisse même s’oublier, elle avait pris sa virginité à nouveau sans même l’avoir touché. Les années d’études passèrent vite, trop vite pour qu'il ait un jour le cran d’aller lui parler, et puis en tant qu’élève cela paraissait inconvenant, insensé. Alors toute sa vie, il vivrait avec cet amour inexploré et impossible, se disant que la vie avait mis devant ses yeux le plus beau piège dans lequel son coeur et son esprit pouvaient se perdre. Craig était obligé de concéder cette victoire à ce destin funeste, son temps d’étude imparti touchait à son terme, il renonçait à tout. Au dernier cours, il la remercia d'un sourire rayonnant qui était cette fois animé par bien plus que de la gratitude. C’était la dernière fois qu’il la voyait ici et qu’il partageait ce moment privilégié de l’apprentissage, se dirigeant vers la porte, suivi de près par le bagage qu’elle lui avait confié.     Chapitre 3 : Le long chemin des habitudes La beauté de ce que lui avait livré sa professeure était inestimable, la passion, c’est ce qu’elle lui avait offert. Cette passion pour l’art n’était rien d’autre que les clés de la liberté, comment mieux s’affranchir du monde qui nous entoure qu’en voyant par delà ce qui nous apparaît comme évident; sa perception du monde ne s’arrêtait plus au simple prisme terne et brut qu’on lui avait déposé dans les mains à la naissance, prisme qu’il avait poli au cours de son éducation et dont maintenant l’une des faces brillait. Tabula Rasa, son esprit avait adopté la forme d’un diamant, une pierre cristalline à travers laquelle la lumière pénétrait et se retrouvait projetée dans un arc-en-ciel de visions. L’art était pour lui très technique mais aussi très humain, il est possible de comprendre une oeuvre en repérant les codes de sa construction, en analysant la méthode utilisée mais il est impossible d’en saisir toute la subtilité si l’on ne s’intéresse pas à la personne responsable de sa naissance. Le monde qui l’entourait était nouveau, couvert d’un drap blanc sur lequel il devrait coucher sa vision. Craig essayait donc de tout voir, cherchant dans l’océan des possibles des courants chauds de beautés dissimulées mais il semblait que cette tâche était des plus compliquées. Il y a un jour où cela changea, où son regard, en voulant absolument esquiver les assauts de la demoiselle qui avait voulu incarner une peinture, alla se poser sur les fenêtres d’une bâtisse qui semblait relativement ancienne, juste à la sortie du pont qui la côtoyait, victime de son ombre. Exposée à la fenêtre, il y avait une grande feuille de dessin occupée par de vagues traits, simples, qui décrivaient les courbes d’un paysage et dans l’apparente cacophonie visuelle, une réelle harmonie était pressentie. Craig la touchait du doigt sans pouvoir en tracer les contours ou même l’expliquer, son insaisissabilité la rendait presque chimérique. Sur le dessin, une mer de nuage bordait les vallées dont les contours se chevauchaient, le ciel était d’un sombre alarmant et rayonnait sur terre un vert éclatant arrosé par le crachin d’un temps triste. Cette situation était plutôt commune dans cette partie de la France mais l’endroit le plus vallonné de celle-ci se trouvait certainement sur le sol de son appartement depuis que l’eau avait infiltré son balatum. L’oeuvre était peut-être le souvenir d’un voyage, ou peut-être était-ce la représentation d’un rêve dont seule l’ébauche subsiste. Craig n’était sûr de rien sur ce point sauf de la pointe de bonheur qu’il a pu ressentir lorsque son regard avait croisé à travers cette marée de pierres grises et de briques rouges délavées un sursaut de couleur vive. Le long de la journée, l’ébauche complexe hanta l’esprit habituellement vide de Craig qui s’attelait aux tâches mécaniques qui lui étaient attribuées pour qu’il soit rentable. Il devait visionner les publicités des concurrents de son employeur et en retirer les éléments importants, notamment les nouveautés pour que ses supérieurs puissent les détourner et les imiter sans les plagier. Tout cela en attendant qu’une once d’imagination traverse l’un des brillants esprits austère qui composaient le secteur créatif de TellThem, le gras cochon qui exploitait Craig. Il exécutait ses tâches avec un peu moins d’aplomb, son esprit occupé à voguer sur les courbes de l’image qui l’avait surpris ce matin, et derrière tout ça, l’espoir de la revoir le lendemain matin l’habitait. 6 heures du matin, il se lève rapidement, avale une tartine en deux bouchées puis s’attèle à sa toilette. Le choix des vêtements était rapide, il prenait ce qui était propre ou qu’il était persuadé d’avoir lavé. À 6h27, il était en train de marcher jusqu’à l’arrêt de bus le plus proche, croisant quelques âmes errantes dans les rues de Ronchin, rythmant la symphonie du vent de son allure vive, l’écho de ses pas reflétant sa solitude. Quelques minutes plus tard, il était assis dans le bus sur un siège dur, l’esprit dans le vague. La route était calme et linéaire, Craig était bercé par son attente, il se rapprochait du pont et ce fait l’enchantait. Comme chaque matin, le bus était bondé et rempli de personnes qui trouvaient tous les moyens de l’irriter mais cette fois il n’y prêtait que peu d’attention, l’art se rapprochait. Son regard vit passer le pont puis alla se poser sur la fenêtre tant attendue avant qu’elle ne vienne le troubler. Craig était déconcerté et surpris, l’oeuvre avait disparu, et à sa place s’en trouvait une autre. Il était impossible qu'il se trompe, Craig était certain qu’il avait vu une autre oeuvre la veille, bien différente de celle qu’il voyait là. Celle-ci recouvrait l’entièreté de la fenêtre, pourtant elle était beaucoup plus précise, montrant une scène en plein air faite de bois où semblait se mouvoir un groupe, instruments à la main, et sur le parterre boueux du devant de la scène se pavanaient des hommes et des femmes partiellement dénudés. De grands arbres entouraient l’imposante scène et il semblait que chaque feuille avait été dessinée dans le moindre détail, on pouvait presque voir les nervures de chacune d’entre elles mais un détail intrigant arrêta son observation… L’ensemble fourmillait de détails d’une précision admirable mais le visage des personnes dessinées semblait flou, indéfini, passé à l’estompeur. Avant que son bus ne redémarre, Craig avait eu le réflexe de prendre en photo le dessin qui était exposé ce jour, il voulait pouvoir y revenir et apprendre de ces traits, la complexité semblait voulue et il devait comprendre pourquoi. Cette journée là s’était déroulée comme les autres, plate en émotions et à la fin de celle-ci, il se trouvait confronté à ce sentiment lourd de n’avoir rien accompli. Craig savait quel mal le rongeait, un subtil mélange d’inutilité couplée à de la frustration, celle de n’apporter au monde que ce qu’on lui propose de donner mais après tout, il l’avait choisi et une voix pragmatique venait lui rappeler que certains seraient bien heureux d’avoir son statut. En se disant ça, Craig réfléchissait aux personnes qu’il appréciait dans son travail, et vite il fut limité. 2 personnes, voilà le nombre de personnes avec lesquelles il considérait l'option de discuter au-delà des banalités et politesses si bien installées, toutes deux différentes par ailleurs. Léa et Nassim. Ils n'étaient pas ses meilleurs amis mais les seuls qui lui restaient. Craig savait aisément se fondre dans la masse et jouer le rôle qu'on voulait lui attribuer mais il avait en horreur cette pratique, c’est pour ça qu’il avait abandonné la majorité de ses relations, il refusait d’agir en fonction de ce que les autres attendaient de lui. Léa était de son âge, venant d’ailleurs de la même promotion que Craig où il l’avait déjà remarquée mais s’était arrêté aux futiles filles accessoires à ses côtés qui semblaient refléter le vide de sa pensée; en la retrouvant sur son lieu de travail, il fut obligé de coopérer avec elle, au moins pour le début, c’est comme ça que Craig a découvert le trésor caché dans l’esprit de Léa : c’était une véritable passionnée, et cette passion elle la tirait de ses convictions. Pour Léa, le monde de la pub, qui est présent à tout instant de la vie d’un être humain vivant dans une société, était un outil idéal pour refléter ses idéaux. Léa, la défenderesse du droit des femmes, l’ultime rempart du féminisme contre la barbarie patriarcale… Elle en plaisantait elle-même, les hyperboles de Craig à son égard la faisait rire car elle savait qu’en dehors de ça, il prenait cette cause à coeur lui aussi. Et puis ces exagérations prenaient un autre sens lorsque, pleine de ferveur, Léa défendait des moyens de lutte plus qu’extrêmes. A ce sujet, Léa et Craig débattaient souvent et parfois se fâchaient mais chacun leur tour, ils finissaient par s’excuser ou retirer ce qu'ils avaient dit. Léa, en dépit du fait que Craig se soit basé sur des préjugés pour la jauger, avait reconnu la valeur de son esprit lorsqu’il avait dit, suite à la discussion sur le harcèlement récent d’une femme. La presse avait relayé l’infâme défense apportée par l’avocat du prévenu « Il n’est pas raisonnable de condamner l’expression sincère d’un amour plein et entier des femmes, car c'est de cela dont il s’agit ici, mon client aime les femmes et ose le clamer haut et fort. » Léa avait fulminé lorsqu’elle avait vu ça en tête d’affiche d’un quotidien insignifiant, Craig comprenait très bien sa colère, et il ressentait en plus de cela une profonde incompréhension qu'il ne tarda pas à exprimer « Mais qu’ils sont abrutis ! Comment peut-on légitimement prétendre qu’une personne est une espèce de Don Juan qui aime tant les femmes qui ne peut pas s’empêcher de les oppresser et les rabaisser ? -Craig jeta le journal par terre comme un vulgaire torchon- Sincèrement, ils sont idiots au point de bientôt croire à son honnêteté ! Il faut franchement qu’ils arrêtent de se mentir et qu’ils comprennent que leur petit ego ne peut pas toujours être satisfait, c’est pas en se cachant derrière de faux prétextes que ça justifiera tes actes… Et puis, quand t’aimes vraiment les femmes, tu les respectes ! Tu les respectes elles, et forcément tu respectes leurs décisions, si elles veulent pas s’approcher de toi, tu vas pas coller ton immonde entrejambe près d’elles. Je te jure Léa, quand je vois mes congénères masculins, je me demande comment on a pu dominer aussi longtemps… » Léa le regardait avec un grand sourire, elle l’avait écouté pendant sa longue tirade et elle s’était mise à rire « Et bien tu vois, ça me fait plaisir tout ça, je crois qu’après tout, toutes ces discussions avec toi n’étaient pas inutiles ! » Dit-elle en s’exclamant, l’air fier. Elle reprit peu après « Tu vois, t’es devenu comme moi, l’injustice t’énerve ! ». Dans les souvenirs de Léa, c’était à ce moment précis que son amitié pour Craig s’était précisée. Quant à Nassim, il était celui qui l’avait fait rentrer dans la boîte. C’était le fils d’une amie de sa mère. Avant qu’il ne le fasse entrer dans le monde du travail, Craig avait déjà rencontré Nassim deux ou trois fois mais leurs rencontres s’arrêtaient aux politesses que leur mère respective leur avait enseigné. Nassim était âgé de 3 ou 4 ans de plus que Craig, il ne s’en souvenait plus, mais il se souvenait parfaitement de l’entretien, ou plutôt du non-entretien qu’il avait passé pour accéder à son poste. Il avait été convoqué un matin à 8h à un rendez-vous avec le dirigeant de la boîte, une formalité qui avait son petit caractère exceptionnel : Nassim était convoqué au même moment. Nassim était donc passé chercher Craig un lundi matin, habillé pour l’occasion d’une chemise et d’une cravate, Nassim était lui simplement vêtu d’un pantalon simple beige avec une veste bleue. La voiture de Nassim s’arrêta devant l’appartement de Craig vers 7h30, il prit le temps de lui envoyer un message pour le prévenir sans voir que Craig l’attendait déjà dehors, droit et immobile, il s’approcha de la voiture « Bonjour Nassim ! Ça a été sur la route, t’as pas eu trop de mal à trouver ? ». En réalité, Craig ne savait pas quoi dire, il ne connaissait qu’à peine celui avec qui il allait partager la route et le silence lui aurait laissé le temps d’imaginer toutes les issues possibles du rendez-vous. Mais il n’en a pas eu le temps, Nassim pris directement la suite de la conversation « Salut. Et ne t’inquiètes pas, je connais bien tous les petits recoins de Ronchin et ses alentours… T’es pas à le premier à vouloir rentrer dans la boîte. » Le ton impassible de Nassim lui valut un regard inquiet du jeune Craig qui ne comprenait pas ce qu'il voulait dire « Attend, il y a tant de personnes qui ont voulu ce poste ? Et personne ne l'a eu ? ». Nassim alluma le moteur et mit la voiture en marche avant de répondre lascivement « Oh tu sais, une petite trentaine, c’est courant dans le milieu ! Tu seras peut-être le bon, ou peut-être pas, t’as choisi quoi comme projet à présenter au patron ? » En disant ça, Nassim tourna la tête vers Craig, semblant sincèrement curieux mais Craig était plongé dans la détresse et s’empressa de lui demander « Qu-…Quel projet ? J'ai rien de prêt moi ! La lettre que j’ai reçue disait juste qu’il y aurait des formalités administratives, rien de plus ! ». Nassim ne pouvait plus garder son calme face à la situation… Il se mit à exploser de rire face à l’incompréhension grandissante de Craig, Nassim devait lui dire, enfin, une fois qu’il aurait arrêté de rire. Une fois calme, Nassim lui expliqua, l’air satisfait, qu’il s’était moqué de lui « Ne t'en fais pas va, tu n’as rien à préparer, et je crois même que t'es le premier à postuler accompagné d’un employé… Tu vois, tu innoves déjà ! Et puis remercie moi, on va dire que je t’ai testé et tu tiens pas très bien face à la pression, t’aurais du me sortir une idée basique et faire semblant de croire que c’était innovant ! ». Craig sentait que ce n’était qu’une plaisanterie mais son manque de confiance en lui s’était si bien insinué dans les plus profondes spires de son esprit qu’il se sentait ridicule et ne savait pas quoi répondre. Nassim tenta de le rassurer "Honnêtement, contente toi de répondre à ses questions sans oublier de te valoriser au passage et ça devrait bien se passer ! » Craig lui en était reconnaissant, et devait lui exprimer « Ça me rassure, je t’avoue que j'ai l'impression de ne pas être à la hauteur, je sais que j’ai de bons arguments qui peuvent jouer en ma faveur mais ce ne sont que de petites notes sur un dossier scolaire… » Nassim l’arrêta et lui dit en rigolant « Tu sais, certains de mes collègues ne savent pas faire un café en capsule, alors tes notes « insignifiantes » l’impressionneront certainement plus ! ». Dès ce premier jour auprès de Nassim, Craig ressentait sa bienveillance. C’est d’ailleurs sûrement cette grande bonté d’âme qui fit que les deux jeunes hommes devinrent amis, Nassim avait toujours le sourire et était empli d’une chaleur humaine sans pareil, lui parler était réconfortant quelque soit la situation. Nassim avait une sensibilité à l’art moins prononcée, dans les projets il s’occupait surtout de savoir si c’était de bon goût et il s’assurait que la publicité serait rentabilisée, il était le ministre de la bien-pensance et de l’économie… Comme il en existait déjà un d’ailleurs. C’est sur le bon goût que certaines débâcles amicales se produisaient, il était parfois clair pour Craig et Léa que l’art était incompatible avec cette notion, dans certains cas il s’agissait pour Léa de « demander de décrire objectivement la seconde guerre mondiale mais en rendant les allemands responsables de toutes les atrocités commises », cela ne marche pas si l'un des objectifs est inconciliable avec l’autre. Il semblait cependant que cette dynamique de remise en question presque permanente leur permettait de faire des concessions, insufflant l'envie nécessaire de vouloir faire un travail appliqué, ou pour Craig, un travail tout court.  Le dessin errait dans les tréfonds de l’esprit de Craig, à chaque dessin qu’il devait faire, son imagination était bloquée par l’image de cette scène qui venait s’imprimer par dessus ses inspirations. Craig s’était fait la réflexion qu’il avait rarement été aussi improductif, même plus que quand il l’avait voulu car il n’avait cette fois aucun contrôle. Le nouveau dessin, la construction brutalement différente, et l’opposition au coeur du dessin, tout ça l’intriguait au plus haut point. Bien-sûr, le fait qu’il soit buté n’était pas exactement un avantage dans cette situation mais il finit par être tiré de sa torpeur intellectuelle par l’intervention de Léa « Bon dieu Craig, ton regard a l’air aussi vide que celui d’un poisson… Ou que l’esprit de Patrice ! ». Patrice était un grand bonhomme rachitique qui se déplaçait lentement, la bouche à demi-ouverte, sans trop qu’on sache où il va, Léa et Craig s’en était moqué en imaginant qu’il marchait derrière son âme qui l’avait fui, lui donnant cet air benêt. Craig, surpris par l’apparition de Léa, se releva sèchement « Oh, t’es enfin là toi ! Tu tombes bien, j’ai un dessin à te montrer. » Léa répondit rapidement avec un sourire « Si tu me montres encore un dessin de Coric, je te jure, je les lui envoie tous ! ». « Non celui là n’est pas de moi, dit Craig en lui tendant son téléphone, je l’ai croisé ce matin dans le bus, accroché à une fenêtre ! ». L’air intrigué, Léa se pencha vers le téléphone, posant son regard sur la lointaine photo du dessin avant de lui répondre « Difficile de t’aider, on voit plus les traces des cheveux gras sur la fenêtre du bus que le dessin… Tu devrais aller voir l’oeuvre de plus près, tu pourrais avoir la signature de l’artiste, dit Léa en lui rendant son téléphone, il a peut-être un blog ou il est peut-être connu. » Craig reprit son téléphone, regardant fixement la photo en répondant à Léa « Merci, j’irai peut-être voir dit-il en se grattant la tête avant de reprendre, tu sais ce que je trouve bizarre c’est qu’hier l’oeuvre affichée était différente, je veux dire, entièrement différente, c’en était une autre dans un style diamétralement opposé ! ». Léa, dont l’intrigue s’était amoindrie en voyant la photo médiocre de Craig, lui répondit sans grand intérêt « Peut-être que c’est un collectionneur, y’a toujours de vieux riches pour acheter quoique ce soit qui ressemble à de l’art… - Craig l’interrompit avant qu’elle ne continue sa phrase - Non, ça ne ressemble pas à de l’art, c’en est réellement, ça ne se voit peut-être pas sur la photo mais c’est d’une grande précision, c’est aussi pour ça que je ne comprends pas pourquoi tous ces visages sont flous ! » Plein d’entrain, Craig haussait la voix sans s’en rendre compte, attirant le regard de collègues gênés ou à la recherche d’une bonne excuse pour ne pas travailler, lui faisant alors remarquer que sa voix portait plus qu’il ne le pensait, et reprit à voix basse « Ce que je veux dire Léa, c’est simplement que c’est étrange et je suis sûr que ça n’est pas du hasard ! » Léa se rapprocha de son bureau avec sa chaise à roulettes, sortant les maquettes sur lesquelles ils devaient travailler, puis lui répondit lascivement « C’est vrai que c’est intrigant mais il pourrait y avoir plein de raisons à ce choix, la personne ne sait peut-être pas dessiner les visages, ça a peut-être une signification particulière… C’est la spécificité de cet artiste, je n’en sais rien. » Puis Léa dit en posant la main sur un dossier relativement épais, de toute façon tu t’en préoccuperas sur ton temps libre, là on doit faire en sorte de vendre un shampoing pour chien qui embellit le « reflet de leurs poils », d’ailleurs tu pourrais en proposer à celui qui t’as précédé dans le bus, c’est peut-être même lui qui les a rendu si flous ces visages ! ». La remarque sarcastique de Léa fit souffler du nez Craig qui comprenait que cela marquait la fin de la discussion, et il devrait attendre une autre occasion pour aborder le sujet. Il se remit au travail, militairement, l’idée d’aller voir l’oeuvre de plus près lui trottant dans l’esprit… Après tout, ça ne lui coûterait qu’un peu de temps. Le soir venu, marchant dans les rues froides de Lille où la nuit tombe à 16h30, il prit le bus, roulant à toute vitesse vers chez lui. Les douces secousses, provoquées par un chauffeur qui n’en avait que faire des règles de circulations, le berçaient au point de l’endormir… Il devrait donc aller voir l’intrigante pièce d’art le lendemain. En attendant la suite de cette intrigue artistique, il voulait s’atteler lui-même au voyage que le dessin offrait, repensant à la remarque de Léa sur la professeure Coric. C’est vrai qu’il l’avait peinte, dessinée, imaginée, et ça plus de fois qu’il ne pouvait en parler. Mais cette femme avait cette lumière en elle, une étrange pureté aussi difficile à comprendre qu’à saisir, elle pourrait s’adonner aux pires horreurs et être tout de même pleine de grâce, colombe du coeur de Craig, elle n’y apportait pas la paix mais rendait ses passions tortueuses et ardentes. L’amour qu’il lui dévouait n’en était pas vraiment un, Craig aimait l’image qu’elle avait offerte d’elle à travers ses idées, et en tant que novice de l’amativité, il n’avait pu résister bien longtemps aux sinueuses courbes généreuses dont la nature l’avait dotée. Craig avait toujours trouvé ça épatant, la propension de sa professeure à aimer l’art était naturelle, car pour lui il est propre à l’humain d’aimer ce qu’il est, et elle était une véritable oeuvre de la nature. Son amour pour l’art l’avait-elle rendu encore plus belle, ou était-elle attirée par ce qu’elle représentait ? Il n’avait jamais eu la réponse à cette question que peut-être seul lui se posait, la seule chose qu’il retirait de ces pensées était que l’immortaliser était une tâche ardue, l’imagination est un outil aussi précis que large, et dans ce monde plein d’artifices la sienne n’avait jamais su imaginer parfaitement le dessin onduleux des courbes de la Belle. La force de l’imagination est celle d’amplifier chaque émotion, cela serait idéal s’il ne s’agissait que des bons sentiments mais il suffit d’imaginer une seconde l’être aimé en une compagnie plus réconfortante que la sienne pour que tout un monde s’effondre et laisse place à une nouvelle vie qui se construit. Craig avait souvent vécu les affronts de son esprit qui avait la fâcheuse habitude de douter de tout, il s’agissait peut-être d’un manque d’expérience ou de confiance en lui, peu importe, cela pouvait le détruire à l’en rendre inconsolable. Tout cela, sans que rien ne se soit passé. Craig n’avait jamais su quel mal pouvait le ronger jusqu’au jour où il s’est mis à utiliser son imagination consciemment, le voyage onirique qu’il avait effectué l’avait transporté dans milles lieux sans pareils. C’est au cours d’une de ses escapades terrible, assis sur un Âne espagnol, de lourds poids attachés aux pieds car il avait subtilisé la bourse d’un Médicis pour survivre, qu’il se rendit compte qu’il avait le contrôle et qu’il pouvait modeler cette vie fictive à sa guise. Ce jour-là, Craig avait appris à passer par-delà ses pires angoisses, ne pouvant en éviter une, absolue, celle de ne pas exploiter entièrement ce don incroyable. S’il ne pouvait trouver l’image parfaite de Lina Coric alors il écrirait, il peindrait, il dessinerait les milliers de reflets que les miroirs de son amour projettent dans son esprit tourmenté. En attendant, il était avachi sur son fauteuil adossé au mur de son modeste appartement, les yeux posés sur une ébauche de Lina qui dès les premiers traits ne semblaient pas lui faire honneur. « Je suppose que jusqu’à maintenant j’abordais la chose de la mauvaise manière, je réussirai demain » songea t-il. Chapitre 4 : PaulaQuelques jours passèrent, très exactement, ceux qui le rapprochaient du week-end, et quelque chose d’étrange était arrivé au dessin de la fenêtre. Il était le même, et pourtant, il lui semblait que celui-ci avait bougé, ou du moins qu’il avait été modifié, les visages n’étaient que de vagues représentation de la forme de la visage, mais au fur et à mesure de la semaine ils s’étaient précisés. D’abord les traits génériques des visages étaient apparus, on pouvait alors distinguer quelques primitives différences entre chacun des personnages, puis ce fut au tour de détails plus importants, des coupes de cheveux, la forme d’une bouche. Chaque jour, petit à petit, des détails apparaissaient, et chaque fois Craig prenait le temps de prendre cette progression en photo. Cela l’intriguait, et ça lui rappelait ses propres déboires avec l’art, notamment lorsqu’il s’agissait du dessin. Malgré tout, il était impressionné par de si rapides progrès, et même si la personne qui se cachait derrière ça ne demandait rien, il la félicitait pour son acharnement, en espérant qu’il ferait aussi bien. Cela l’avait d’ailleurs décidé à consacrer sa soirée à essayer de redessiner la silhouette de Lina Coric, ce serait un vendredi soir bien rempli. Dans la journée, il avait du s’occuper de dessiner une affiche qui serait utilisée pour vendre des assurances-vie , et les seules indications qu’il avait reçu était de faire en sorte que le dessin soit « rassurant, convivial et non-discriminatoire » ; la dernière précision le laissait d’ailleurs perplexe étant donné qu’il estimait qu’on ne devait pas lui préciser l’évidence « Enfin, s’ils le font c’est qu’il y doit y avoir des arriérés qui trouvent à être racistes jusque dans l’art » grommela t-il avant de débuter son travail, tirant Léa de sa torpeur pensant que Craig lui adressait la parole. Le travail fut vite terminé mais Craig l’étala sur la journée, en réalité il s’entraînait lui aussi à perfectionner les détails qu’il ajoutait aux dessins, copiant presque ceux qu’il avait aperçu le matin même, tentative veine car lorsqu’il demanda à Léa ce qu’elle en pensait, elle lui répondit gentillement qu’elle « n’était pas fan de l’abstrait ». Malgré tout, c’était suffisant pour son travail, en l’occurence il avait juste eu à dessiner une dizaine de personnes, du plus petit âge à la vieillesse, différents par leur visage et leur couleur de peau, leur visage était cartoonesque, et ils disaient tous ensemble dans une bulle le slogan suivant « Nous vivons notre vie à fond tous les jours, assurons nous de la protéger ! ». Craig avait du mal à déterminer s’il trouvait ça triste ou ironique que ce slogan, qui parle d’une vie vécue à fond, touche des gens qui pour la grande majorité mourront écrasés par une poubelle dans le local de leur immeuble ou qui feront une mauvaise chute sur du verglas. En tous les cas, il avait fini son travail et il pouvait le rendre à Nassim qui ne s’étonna pas du temps qu’il avait pris pour le finir, peut-être parce qu’il n’avait pas d’autres contrats en cours, en tout cas dès qu’il vit la maquette posée sur son bureau, il avait déjà l’un de ses bras qui rentrait dans son manteau « Une belle journée de travail terminée, reste plus qu’à finir ce dossier et à l’envoyer lundi ! » en finissant de mettre son manteau et en éteignant son ordinateur, il se leva et s’adressa à Craig « Ce soir on va fêter l’anniversaire de Paula dans un bar, ça ne devrait pas durer une éternité et ça peut-être sympa, tu veux venir ? », il marqua une pause et reprit en rigolant « J’y amène ma femme, pourquoi pas mon petit protégé ? », l’air gêné de Craig se remarqua mais il rétorqua avec humour pour cacher celui-ci « Je sais pas si je dois être honoré d’être à la même place que ta femme ou si elle doit s’inquiéter d’être à la mienne, mais j’accepte » Craig se dirigeait vers la porte avant de reprendre « Je prends mes affaires et je suis tout à toi… Enfin, je serai là, avec toi, pas tout à toi… » s’empêtrant dans sa maladresse. Sur le chemin jusqu’à son box de travail il se disait que le dessin de Lina devrait attendre, de toute façon il avait déjà dit oui, et même s’il n’était pas à l’aise avec ce genre de sortie, ça lui permettrait au moins d’aérer son esprit aux côtés de gens qui pourraient être plus que des visages qu’il croise chaque matin.Craig suivit Nassim qui semblait se diriger vers le parking « C’est là-bas qu’on est censés se rejoindre, Sophie nous y attend, enfin si elle ne s’est pas perdue ! ». Sophie était la compagne de Nassim, Craig avait l’impression que ces deux-là avaient toujours été ensemble Le parking souterrain atteint, Nassim et Craig virent un attroupement d’une dizaine de personnes qui discutaient, une main émergea du groupe invitant les deux hommes à les rejoindre, c’était Sophie qui les appelait. Nassim s’empressa de s’approcher pour embrasser Sophie avant toute autre chose, il y avait une réelle alchimie entre eux-deux, son visage respirait la même bienveillance que celui avec qui elle partageait sa vie; il s’adressa ensuite aux autres membres du groupe, tous des collègues que Craig ne connaissait que de vue. Craig se sentait gêné, pas parce qu’il avait peur de s’adresser aux membres de ce groupe d’amis, mais plus parce qu’il n’avait jamais pris la peine de connaître plus que le visage de ces personnes, et il se promit de profiter de cette soirée pour essayer d’en apprendre plus sur les personnes qu’il ignore quotidiennement. Une fois que tout le monde était là, ils se mirent en route comme une meute, en parlant et en riant fort, vers le bar qu’ils avaient réservé pour l’occasion. Craig était assez surpris de voir qu’ils avaient choisi « l’Hop-in-Space », c’était un bar à thème qui mettait en avant la possibilité de jouer entre amis, en plus de pouvoir y boire et y manger, ce choix était rassurant pour Craig qui y était déjà allé avec ses amis du lycée. Tous rentrèrent dans le bar, des discussions volages se perdant dans les rires et dans le bruit ambiant qui régnait dans l’établissement, et s’installèrent à leur table. Paula y était mise en avant, comme la chef de tablée, et était située en bout de table, disposant d’une vue panoptique sur l’ensemble de ses collègues, pourtant, c’est Craig qu’elle interpela « Craig ! C’est super de te voir ici, je ne savais pas que tu t’intéressais à ces petites fêtes ! », surpris par cette apostrophe, Craig répondit aussi vite qu’il put « Oui oui, c’est vrai que je suis plutôt discret normalement, mais ce serait dommage de rater un bel anniversaire ! » affichant au passage un sourire niais qu’il avait presque du forcer. Malgré tout, il était heureux de la façon dont il s’en était sorti, ainsi, motivé par une dose de confiance en lui, et une pointe de culpabilité car s’il était là, c’était parce que Nassim l’avait amené, il prit l’initiative de payer la première tournée pour inaugurer cette belle soirée. Lorsque tous les verres furent servis, Nassim entama la chanson d’un anniversaire joyeux, et tous reprirent de plus belle, faisant rougir la jeune Paula, qui se confondit en remerciements. Craig avait trouvé ce moment particulièrement touchant : ces personnes qui ne se connaissent, pour la plupart qu’à travers le travail, et qui se réunissent pour partager leurs bons sentiments, cela l’impressionnait et lui donner envie de faire partie de ce groupe. Dans le fouillis de la scène, Craig avait aussi desceller l’émotion que Paula renvoyait, l’honnêteté de son bonheur et sa capacité à ne pas cacher ses sentiments, il était impressionné et cela l’attirait en quelques sortes. C’était étrange, et surtout déroutant pour Craig, cela faisait longtemps qu’il n’avait pas ressenti ça, il devait parler avec cette jeune fille, il en avait envie. La soirée se déroulait et les occasions de lui parler s’offraient à lui, ce bar offrait des activités qui permettaient de s’amuser à plusieurs, et après plusieurs verres, le courage lui vint de lui demander si elle voulait venir avec lui pour tester les jeux proposés, ce à quoi elle répondit avec une certaine conviction qu’elle était « grave partante ». Craig et Paula se baladaient dans le bar, essayant de trouver un jeu qui n’était pas occupé par une bande d’amis qui y élisait domicile. Ils finirent par trouver le jeu parfait, un jeu de coopération où l’un pilote un vaisseau, et l’autre défend celui-ci avec ses armes. En réalité la place n’était pas libre jusqu’à ce qu’un des occupants, qui a du estimer que cela bougeait trop pour la quantité d’alcool qu’il avait ingérée, se mit à partir en courant vers les toilettes du bar, son ami l’accompagnant par la même occasion. La scène n’avait pas manqué de les faire rire, permettant à Craig et Paula de s’installer dans cette machine qui avait l’air tout droit tirée d’une ancienne salle d’arcade. Les deux compères étaient vraiment concentrés dans le jeu, mais aussi dans le fait de se faire rire l’un et l’autre, exagérant leurs cris et leurs mouvements, simulant leur mort dramatique lors de l’échec de la mission, comme s’ils avaient été amis depuis des années, l’alcool permettant aux années de passer sans qu’elles ne se soient écoulées. Il y avait entre eux une étrange alchimie qui pouvait se ressentir, comme une aura qui les entourait et répandait un bien-être certain. Ils s’amusaient, les machines sur lesquelles ils coopéraient avaient peu d’importance car il y avait un jeu dans le jeu, celui de la séduction. Cette séduction enfantine qui les poussait à s’embêter l’un l’autre, mais avec le tact des adultes, sans jamais aller plus loin que la gentille taquinerie. Même dans la séduction, ils étaient complices, peut-être parce qu’ils ne s’en rendaient pas vraiment compte, au contraire des autres qui en les voyant ainsi les laissaient profiter de ce superbe cadeau qu’est la découverte de l’autre. La soirée fut bénéfique pour tout le monde, ensemble ils avaient fêté dignement l’anniversaire d’une collègue voire d’une amie pour certains, ils avaient pu se rapprocher les uns des autres en apprenant à réellement faire connaissance au-delà des habituelles formules de politesse, et puis tous avaient une excuse pour être bien moins productifs le lendemain, personne ne se plaindrait d’eux un samedi matin. Quant à Paula et Craig, tous deux profitaient encore de leur soirée ensemble, ravis d’avoir pu connaître l’autre. Malgré tout, ils devaient rentrer, cette obligation permit à Craig d’apprendre que Paula n’habitait qu’à quelques rues de chez lui. L’esprit désinhibé, ils partageaient de drôles d’histoires qui leur étaient arrivées, celles qui valent le coup d’être racontées parce qu’elles font preuve de notre grand courage, ou de notre capacité à nous ridiculiser. Ainsi, Paula lui raconta la fois où elle s’est retrouvée à l’hôpital à cause de sa pâte à modeler, plus précisément en voulant se fabriquer une moustache qui, alors qu’elle baillait, est tombée dans sa bouche, la surprenant tellement qu’elle l’avala par mégarde. Cette histoire était particulièrement imagée, ce qui ne fit qu’accentuer l’effet comique de celle-ci aux yeux de Craig. Après avoir partagé un tel secret, Craig ne pouvait faire autrement que contribuer à ces récits, et il raconta cette fameuse fois où il a sauvé un chien, ou du moins, où il a cru le faire : le chien en question était bloqué sur le haut d’une palissade dont il n’arrivait plus à redescendre, et sur le côté les grillages, plus bas, lui faisait peur, alors vaillant et plein de bonne volonté Craig se mit à grimper sur le grillage, forçant à bout de bras pour arriver jusqu’au chien. Presque arrivé en haut, il voulut attraper le chien mais celui-ci se retourna pour le regarder et sauta avec une assurance incroyable sur le sol sans même se blesser, effrayant Craig qui glissa sur le grillage, les pointes de celui-ci se fichant dans ses vêtements, déchirant son t-shirt et la moitié de son pantalon, le laissant pendu là par le caleçon. Paula explosa de rire suite à son histoire, l’image de Craig pendu par son caleçon, presque cartoonesque, était particulièrement amusante à ses yeux « Ne rigole pas, après ça, j’ai toujours eu une peur terrible de l’escalade, c’est un vrai traumatisme ! » dit Craig à Paula sur un ton sarcastique. L’air détaché, Paula s’approcha de Craig et fit mine de chuchoter « Ne t’en fais pas, je ne le dirai à personne, ton secret est bien gardé » avant de pouffer de rire en repensant à cette drôle de scène. Craig avait du mal à comprendre comment une telle complicité avait pu se créer le temps d’un verre avec une personne qui lui était presque inconnue, c’était loin d’être habituel pour lui et il était difficile de savoir comment réagir. Craig avait énormément de qualités, notamment celle d’être prévoyant, de se préparer lorsqu’il savait qu’une situation spécifique allait se produire… Mais comment faire face à l’imprévu ? Ce moment était si beau, si réel, si fusionnel qu’il en oublia aussi qu’il ne pouvait pas le contrôler, alors il ne réagit pas et se laissa porter par les sourires enjôleurs de Paula.    La soirée toucha à sa fin, Nassim et Sophie avaient proposé à Craig de le ramener sur le chemin du retour, et Nassim était pour le moins euphorique suite aux quelques verres qu’il avait partagés avec ses collègues. Avant que ce ne soit le verre de trop, il dit à Sophie qu’il vaudrait mieux rentrer, ce à quoi elle répondit oui tout en se moquant de son conjoint dont l’esprit semblait baigner dans des vapeurs d’alcool. Sophie alla interrompre Paula et Craig qui allaient de machine de jeu en machine de jeu pour dire à Craig qu’ils allaient rentrer, Craig se souvint qu’il avait accepté qu’ils le raccompagnent et répondit qu’il arrivait tout de suite, le temps de dire au revoir à tous les collègues. Craig prit le soin de dire au revoir à Paula juste avant de partir, en lui demandant si celle-ci ne voulait pas venir avec Sophie, Nassim et lui pour éviter de faire toute la route à pieds. « J’ai ma voiture sur le parking, et puis je ne vais pas leur demander de faire un détour… » Dit-elle l’air soucieuse, Craig s’empressa de répondre « Oui mais tu ne vas pas prendre le risque de conduire dans ton état, et puis ils peuvent te déposer devant chez moi et je t’accompagnerai jusqu’à ton appartement ! » Paula acquiesça « C’est vrai que ce ne serait pas très responsable… » Puis reprit d’un air étonné presque exagéré « Mais attend, ça veut dire quoi « dans ton état » ? ». Craig s’en sortit avec une simple pirouette et lui dit « Et bien si tu es si curieuse je te le dirai quand tu accepteras de te faire raccompagner par Sophie ! » Paula ricana et répondit avec un certain intérêt « C’est vrai que la curiosité est une de mes qualités, enfin je crois que c’en est une ! », elle s’interrompit quelques secondes et reprit « Allez, on devrait aller les rejoindre, on les embête déjà assez comme ça. », elle prit le bras de Craig et l’emmena devant le bar pour rejoindre Sophie et Nassim qui les attendaient. « On a failli attendre » s’exclama Sophie avec un sourire au coin des lèvres, en montrant du doigt le bout de la rue, les quatre amis se dirigèrent vers la voiture dans le froid mordant, pressant le pas pour vite aller se réchauffer. À cette heure-ci, alors que le matin était bien entamé, les rues de Lille étaient vidées de toute présence humaine, seuls les bruits mécaniques de la ville résonnaient, ponctuant le silence salvateur du passage d’un métro vide, de néons défectueux qui vacillent, reproduisant le son d’un essaim d’abeilles. La voiture de Sophie était comme une boule de lumière et de vie, un moteur vrombissant et des phares rayonnant donnant à cet engin l’apparence d’une aura de lumière dans ce monde de tén��bres, de douces musiques remplissant l’habitacle ainsi que les rires d’esprits fatigués mais heureux. Sophie et Nassim avaient déposé les deux compères devant l’appartement de Craig avant de repartir aussi vite, prétextant une grande fatigue, même s’il était visible que Nassim ne supportait pas si bien l’alcool qu’il l’aurait souhaité. « Tu es sûre que ça va aller pour rentrer ? » S’enquit Craig, le ton inquiet, avant de reprendre « Tu peux rester chez moi si tu veux… », gêné, il reprit, l’esprit confus « Enfin, je veux dire, tu peux venir chez moi parce que j’ai un canapé et je te laisserai dormir dans ma chambre ! ». Paula semblait apprécier la proposition et répondit avec intérêt « C’est vrai que c’est intéressant, d’abord parce qu’il est difficile de refuser une si gentille offre… », elle regarda ses pieds et ajouta  « Et puis aussi parce que ces chaussures ouvertes sont très jolies mais je ne suis pas sûre de conserver l’intégralité de mes orteils si je rentre à pieds, même si je n’habite définitivement pas très loin. ». Cette dernière précision avait fait sourire Craig, tant par son caractère humoristique que par le fait qu’elle accepte de rester alors qu’elle aurait pu simplement dire à Sophie de la déposer quelques rues plus loin.Tous deux semblaient ravis de cet accord, et implicitement, ils savaient qu’ils s’y tiendraient afin de profiter de ce moment si éphémère qu’est celui du jeu de la séduction. Ainsi la nuit passa calmement. Mais dans cet appartement au style si classique, qui a du connaître les enchevêtrements des amours les plus profonds et les désirs les plus ardents, régnait une tension certaine, sans doutes exacerbée par les déshinibitions de ces deux esprits, les mêmes esprits qui se perdirent dans le dessin des courbes de l’autre… Cependant, tous deux se dirent qu’il était encore trop tôt pour goûter réellement au plaisir de la chair, laissant à la nuit des mystères que seule leur imagination saurait résoudre.     Chapitre 5 : Un espoir à table Le lendemain, la Routine quotidienne s’apprêtait à reprendre mais elle vit une personne supplémentaire assise à la table de Craig, partageant les maigres déjeuners qu’il enfournait avant de foncer à son arrêt de bus où il déterminerait qui est le plus en retard : lui, ou le bus. À la vue des événements, la Routine avait déterminé que ce serait lui cette fois. Et pour une raison inexplicable, la raison de ce retard la faisait souffrir, c’était inhabituel. Peu importe, elle savait que Craig se pencherait quand même sur les dessins qui l’obsédaient. Alors qu’ils parlaient, Craig remarqua qu’ils approchaient de la fameuse fenêtre qui avait décidé de s’ouvrir sur l’Art et interpella Paula « Faut que je te montre quelque chose que j’ai découvert il n’y a pas longtemps, regarde bien la fenêtre à gauche quand on s’arrêtera ! », intriguée, Paula s’exécuta et vit un très grand dessin affichée à la fenêtre d’une des nombreuses maisons mitoyennes qui peuplaient la rue. « Wow, c’est grandiose ! Tu vois cette oeuvre tous les matins ? » S’interrogea t-elle. Craig s’étonna de la pertinence de la question face à la situation « Justement, ça m’intrigue grandement, il y a quelques jours que j’ai commencé à réellement faire attention à ce dessin… Enfin à ces dessins, chaque jour il y en a un différent, parfois il s’agit du même mais retravaillé et l’artiste y ajoute des détails, parfois il change complètement. » dit-il le regard accroché à l’oeuvre alors qu’il la prenait en photo, il reprit « J’envie un peu cette personne car elle réussit à faire ce que j’essaye de faire, et atteindre le résultat qu’elle désire vraiment, je crois que c’est pour ça que cette personne passe à un projet différent une fois l’oeuvre terminée. », dit-il l’air songeur.« C’est une chance d’avoir une si belle vision chaque matin, tu as peut-être raison sur ses motivations… Enfin, tu ne peux être sûr de rien, tu devrais peut-être aller voir cette personne, elle pourrait sûrement t’aider à régler ton problème en plus ! » dit-elle le ton enjoué. Elle pointa du doigt une camionnette médicale garée devant la maison et reprit d’un ton moqueur « En plus, tu n’as peut-être plus beaucoup de temps pour aller lui demander tu sais… ». Cette petite touche d’humour noir n’avait pas manqué de faire sourire Craig qui répondit en mimant l’indignation «Tu es horrible dis donc, on se connaît à peine et tu veux déjà détruire mes rêves ! ». Les deux âmes se mirent à rire, tentant tant bien que mal de faire le moins de bruit possible dans ce bus bondé, avant de reprendre leur conservation. Malgré tout, bien que la remarque de Paula ait été une blague, elle ne manqua pas de piquer la curiosité, à nouveau, de Craig qui décida une fois encore qu’il prendrait le temps d’aller voir le cerveau et les mains qui se cachaient derrière ce qui était la série d’oeuvre la plus intrigante qu’il avait vue. La journée passa relativement vite ce jour là, il avait pris l’initiative d’aller voir Paula pendant la pause afin qu’ils puissent déjeuner ensemble. C’était un sentiment nouveau, celui de vouloir se trouver avec quelqu’un sans qu’il n’ait à y penser, ou du moins, sans arrêter d’y penser. L’ivresse des premières discussions lui était si agréable, celles où l’on apprend à découvrir l’autre, et cette fois il le ferait avec toutes ses inhibitions. Ils apprenaient à se connaître, cette fois pour de vrai, l’esprit clair et le coeur timide. Ils discutèrent des chemins qu’ils avaient parcourus plus jeune, notamment leurs études. Paula lui expliqua qu’elle rêvait depuis sa plus tendre enfance d’être l’âme derrière les pubs, de participer à cette forme d’art si récente et encore incomprise. Cette vocation l’avait guidé jusqu’au lycée, cette étape charnière où plus que jamais l’esprit se forme et se libère, où il s’ouvre sur le monde et s’éveille, pour peu qu’on ait la possibilité de le stimuler. Malheureusement Paula n’avait pas eu cette chance, elle venait d’une famille aisée où seul le langage de la monnaie sonnante et trébuchante résonnait. Alors dans cette optique, il ne faisait pas bon aux yeux de ses parents qu’elle s’intéresse de trop près à l’art, cette discipline où se retrouvent tous les esprits dévoyés et inadaptés promis à un sombre futur. En imitant son père (avec la diction de Yoda), elle exposa la vision qu’il avait d’elle « Capable tu es, scientifique ce sera ». Bien qu’elle l’ait dit sur le ton de la rigolade, Craig ressentait que ce choix avait profondément modelé son futur, en particulier car son père s’était assuré qu’elle ne se laisserait pas distraire par quelconque discipline artistique, il ne fallait pas la détourner de la réussite. Alors elle s’est pliée aux volontés de ses parents, en tant qu’enfant il lui était impossible de s’en détourner, et elle réussit brillamment ses études, pouvant aujourd’hui se targuer d’une « mention très bien ». Et moins fièrement, elle dit aussi qu’elle pouvait se targuer d’avoir vaincu la dépression qui l’avait envahie quand, face à elle, ne s’offrirent que des choix qui n’étaient pas les siens : ingénierie mécanique, grande école de commerce ou encore médecine, tous les clichés étaient des réalités. Une réalité qui, au premier abord était supportable, mais qui à la fin du premier semestre d’étude la plongea dans une morosité profonde, jusqu’à développer une dépression plus profonde encore. Ce mal l’empêchait de se sentir bien, il l’empêchait de maintenir des relations sociales. Ce mal, si intense, s’incarnait dans un alter-ego sombre qui chaque jour l’accompagnait et modelait sa réalité, accroissant son manque de confiance en elle. Cette terrible réalité fut la sienne jusqu’au jour où elle a décidé d’arrêter ses études de biochimie, elle avait vu dans l’objet de ce domaine ce magnifique côté qui s’approche de la vie sous toutes ses formes, mais cela ne lui convenait plus. Ne voulant pas stagner, et pour s’émanciper de l’influence de ses parents, elle se mit à un chercher un travail, quelque chose qui lui permettrait de vivre en indépendance et qui lui redonnerait les clés de sa vie. C’est comme ça qu’elle avait été employée par TellThem, cette entreprise semblait lui offrir tout ce dont elle avait toujours rêvé : un salaire plus que convenable, un lieu de travail qui lui permettrait de s’éloigner de ses parents sans devoir tout abandonner, et surtout un travail dans le milieu de la pub. Elle comprit vite que ce qui allait lui être demandé, notamment car elle n’avait pas de diplôme particulier, mais elle accepta. C’est l’envers du décor qui lui fit réaliser à quel point la réalité pouvait être fade par rapport à ce que l’on imagine. C’est à ce moment que Craig s’interrogea sur la raison qui l’a faite rester. A peine la question posée, Paula n’eut pas à réfléchir, et lui répondit vivement « Mais pour toi, pour vous ! Je savais à quoi m’attendre quant à mon rôle, j’ai été un peu surprise, forcément, mais globalement je savais comment ça allait se passer. Ce à quoi je ne m’attendais pas, c’est que j’allais rencontrer des artistes exceptionnelles, des personnes animées par une telle passion que ça en devient contagieux. Des hommes et des femmes qui parlent mieux que personne de l’art, qui le vivent et le font vivre à d’autres. Certains sont d’adorables personnes, certains sont exécrables, et je peux les comprendre quand le talent se retrouve bridé par la bienséance. Mais cette passion, elle est ardente, prégnante, envoûtante, surtout pour une âme comme la mienne qui a toujours voulu se perdre dans l’art. J’aime les oeuvres qu’il m’est donné de voir, je les apprécie et les respecte, mais j’ai la ferme conviction que l’art se vit le mieux aux côtés de ceux qui l’aiment et le créent, c’est ce qui fait que je me sens bien ici. » Les belles phrases de Paula avaient interpellé Craig « Je… Je ne pensais pas que je… Enfin que nous puissions apporter tant aux autres. L’art a toujours été pour moi un plaisir personnel, l’accomplissement secret de la représentation d’une réalité qui n’est visible qu’aux yeux de son créateur. », il s’interrompit quelques instants avant de reprendre « Tu sais quoi ? L’art n’est pas nécessairement esclave des études, je pourrais t’apprendre, humblement, tout ce que je sais et ce que j’ai appris… Enfin si ça t’intéresse ! ». Paula lui offrit son plus beau sourire tout en acquiesçant avec enthousiasme « Evidemment que ça m’intéresse ! ». Les deux âmes reprirent leur déjeuner, satisfaits, partageant les quelques minutes restantes avant de retourner nourrir le gras cochon.     Chapitre 6 : Sur les traces d’un Ange La journée passée, et l’idée lui ayant occupé l’esprit tout au long de celle-ci, il était temps d’aller affronter l’artiste qui le tourmentait chaque matin. Ainsi, il descendit à l’arrêt en face de la maison. La sacoche reposant sur son épaule, il traversa et s’arrêta à devant la porte, comme si il s’apprêtait à commettre une chose irréparable. Tout bien considéré, cela pourrait effectivement être irréparable, peut-être allait il rencontrer une âme tourmentée qui lui apporterait plus de questions que de réponses, peut-être était-il venu un mauvais jour et s’attirerait les foudres de cette dernière… D’idées en idées, il ne se rendit pas compte qu’il était là depuis plusieurs minutes mais la propriétaire qui ouvrit la porte, si. C’était une femme âgée, aux traits inévitablement marqués par le temps, dont le corps fin se voûtait sous le poids des années. Elle vint s’enquérir des raisons qui poussaient Craig à rester devant la porte, inquiète. Il était terriblement gêné, et aussi inquiet qu’elle le prenne pour quelqu’un de dérangé. Il se ressaisit alors, rassemblant son courage avant de se présenter « Bonjour madame, je m’appelle Craig, j’ai remarqué les nombreux dessins que vous affichez sur votre vitrine et- ». La dame l’interrompit « Pardonnez moi de vous couper mais ces dessins ne sont pas à vendre, et je ne fais pas de commande. ». Laissant échapper un ricanement gêné, Craig réagit rapidement « Rassurez-vous je ne suis pas là pour ça, en réalité, vos dessins sont l’exacte représentation de ce que je n’arrive pas à faire. Je suis là pour discuter de votre art, de vos techniques. » il s’interrompit avant de s’empresser d’ajouter  «  Evidemment, à condition que vous soyez d’accord et que cela ne vous dérange pas ». Cette dame semblait intriguée par la proposition de Craig et répondit avec une certaine assurance « On discute sur le pas de la porte ou on rentre ? Je crains de ne pas pouvoir tenir bien longtemps sur le seul appui de mes jambes ». Craig accepta l’invitation implicite et rentra dans la demeure. C’était une maison plus longue que large, la mitoyenneté de la dense ville de Lille oblige. La façade en brique rouge dénotait dans l’ensemble coloré qui constituait les devantures voisines. La porte qu’il franchit était faite de bois, un bois profondément marron, presque brut, où l’on voyait les traces anciennes d’un vernis qui avait été effacé par le temps. Un long couloir semblait traverser l’ensemble de la maison, menant à une minuscule cour où se trouvait une table en acier blanc, ornée de motifs semblables à de la broderie. La dame l’avait invité à s’asseoir à cette table en la désignant du doigt. Craig ne put s’empêcher de remarquer les tas de dessin, tous différents, posés contre le mur. Une bandelette de carton les entourait afin de les réunir, sur celle-ci était indiqué une date. Il y avait des dizaines de ces tas jonchant le sol. Les ignorant pour l’instant, Craig s’attabla en attendant que son hôte apporte le café qu’elle préparait avant son arrivée. Il allait enfin avoir les réponses à ses errances artistiques, du moins il l’espérait profondément. Assis sur une chaise assortie à la table, il vit sortir de l’étroite cuisine cette dame portant un plateau, s’adressant à lui « En toute honnêteté vous m’intriguez avec vos questions, vous êtes journaliste ? Si c’est le cas, vous ne tenez pas une histoire bien intéressante, je vous préviens. » Le visage de Craig, d’abord crispé par la gêne, se détendit « Oh non, rien de cela… Je suis juste admiratif de votre force créatrice, de ce que vous réussissez à faire en si peu de temps, avec tant de styles différents et toujours avec autant de justesse ! ». La dame était attentive à ses propos alors qu’elle versait le café dont l’odeur robuste avait déjà atteint l’odorat de Craig. Il reprit « Voyez-vous, je pense que ce que vous avez est ce qu’il me manque… L’inspiration est loin d’être absente, elle peut-être même parfois obsédante, envahissante. Je n’arrive pas à représenter ce qui s’esquisse dans mon esprit. Il me paraît si simple d’imaginer par exemple… Les courbes d’une demoiselle, mais quand vient le moment de les représenter, rien n’est pareil et tout semble disharmonieux. ». Se saisissant de sa tasse, avalant une gorgée de ce café que l’on pourrait couper au couteau, la dame semblait réfléchir avant de répondre « Il est vrai qu’il est toujours difficile de représenter fidèlement ce qui n’existe que dans notre esprit. Je ne sais pas vraiment si je peux vous aider, après tout je ne peux prétendre posséder une telle faculté… ». Craig fit preuve d’un certain enthousiasme et lui demanda « Pourtant ces dessins que vous affichez chaque jour semblent en un sens achevés, vous ne les afficheriez pas si ce n’était pas le cas, je me trompe ? ». Un petit rire bienveillant vint briser la neutralité du visage de l’hôte « Effectivement, ces dessins sont achevés parce qu’ils représentent une chose qui elle aussi l’est. Je dessine pour me souvenir, enfin, évidemment aussi parce que j’aime ça et qu’il faut occuper le temps d’une vieille retraitée. » dit-elle en riant de nouveau. En un sens, Craig était frustré car il ne voyait pas dans ces mots la solution à ce qui le tourmentait depuis tout ce temps. Cependant, sa curiosité lui commandait d’aller plus loin, certainement car il voulait connaître l’artiste qui avait su le faire s’interroger, ce qui n’était pas arrivé depuis… Lina Coric. Compréhensif, il répondit « Je comprends… Ce n’est peut-être pas ce que j’attendais comme réponse mais cela m’intrigue plus encore, pourquoi représentez-vous ces souvenirs avec tant de styles différents ? ». « Alzheimer ! - s’exclama t-elle - J’aimerais pouvoir représenter chacun de mes souvenirs comme je les ai vécus mais je crains que cela soit impossible, il me manquera chaque fois quelque chose alors je m’adapte, et je fais au plus simple pour me souvenir du plus important. » Elle s’interrompit face au silence de Craig qui arborait un visage grave suite à cette annonce puis reprit de plus belle « Ne soyez pas tristes pour moi, j’ai 83 ans et j’ai bien vécu… C’est aussi pour cela que vous voyez tant de ces dessins ! Cette cochonnerie de maladie a emporté mon mari encore plus rapidement vers la tombe, et il y a un an de cela elle est revenue frapper à ma porte. Mon mari avait pris pour habitude de dessiner nos voyages, les photos que nous avions de nous deux, comme pour me montrer sa vérité. - Craig buvait cette boisson dont il détestait le goût par politesse, accroché aux mots de son hôte - C’est lorsque je l’ai pleuré et que j’ai trouvé du réconfort dans ses dessins que j’ai compris le vrai sens de ceux-ci : immortaliser ces moments, qu’importe ce qui pouvait arriver, ils étaient ancrés dans le temps, cristallisés dans l’ambre. Je crois qu’ils lui apportaient aussi du réconfort, comblant ces jours lointains qui disparaissaient peu à peu dans son esprit. C’est en voyant qu’il ne se souvenait plus de choses basiques que j’ai décidé de dessiner ces moments anodins, ceux qui sont l’essence de ce que nous sommes réellement, de ce que nous étions avant l’érosion de notre esprit. J’ai toujours cru que ceux qui me disaient que la Routine tue étaient de grands sages, et ils n’avaient pas tort. La Routine est un serpent qui s’enroule lentement autour de la jambe du naïf, grimpant insidieusement jusqu’à son cou avant de le serrer si fortement qu’il ne peut réagir. L’Être humain est fait d’habitudes, l’aventure est séduisante car elle permet de se réinventer ou de se trouver, elle est parfois nécessaire pour les incertains; mais c’est le confort que j’aime, celui de s’être trouvé, d’avoir rencontré ces quelques personnes qui partagent et partageront notre vie, d’avoir développé mon art et l’avoir retravaillé. C’est ce que j’aime dans ces moments anodins que je dessine, ils sont plus qu’une simple routine où l’habitude est répétée bêtement et continuellement. Je suis moi plus que jamais dans ces moments, je ne suis ni meilleure ni plus mauvaise, c’est mon évolution. J’ai eu mon lot d’aventures, d’errances, d’épiphanies et j’ai eu la chance de me trouver rapidement, et j’aimerais me souvenir de cela. J’aimerais retrouver ce confort une fois que la vieille machine qu’est mon coeur aura fini de dévorer les réminiscences de mon esprit et des années passées. » Craig avait été captivé par ce récit, le tout l’avait laissé sans le mot mais avant même qu’il ne puisse reprendre totalement ses esprits, son hôte reprit plus gaiement « Vous savez, cette conversation c’est une autre chance pour moi de partager celle que je suis. Cette maladie m’aura au moins permis de réaliser que j’ai la chance d’immortaliser celle que j’ai été, de conclure cette longue histoire qu’est la vie. Votre petite aventure jusqu’ici ne vous aura été que de très peu d’aide je crois, j’en suis désolée. » Cette fois-ci, il répondit directement « Je crois que toute histoire est bonne à raconter, et en un sens vous m’avez apporté la réponse que je cherchais en me donnant la raison de l’existence de ces dessins. Le dessin, la création, cela me semble si naturel que j’ai certainement oublié que tout ce que j’ai vécu m’a mené à penser que ça l’était. ». Craig avait l’air satisfait, cette bonne histoire avait d’ailleurs couvert le goût du mauvais café. Une courte heure était déjà passée depuis qu’il était entré dans cette demeure. Ils discutèrent encore longtemps, à la fois en regardant les dessins qu’elle avait réalisés et en parlant de ce qu’il s’y passait. Au dos de chaque dessin se trouvait une date, ou plutôt une approximation de celle-ci, avec quelques mots l’accompagnant et décrivant parfois le temps, parfois l’événement, parfois ce qu’elle pensait qui s’y était passé. Certains souvenirs manquaient évidemment, perdus, mais aucun qui ne l’empêchait de se reconnaître comme la femme qu’elle était aujourd’hui. Ange Dilonière, c’était son nom, Craig se sentait gêné de ne pas lui avoir demandé plus tôt mais elle le rassura et lui dit avec une certaine ironie qu’elle n’aurait pas été sûre de s’en souvenir. Cette fille unique n’avait jamais pris le nom de son compagnon, c’était aussi son identité, et Hector, son compagnon, l’avait parfaitement accepté. Craig se sentit presque obligé de se souvenir de ces histoires lorsqu’il apprit qu’elle n’eut jamais d’enfant, même si c’était un choix qu’elle ne regrettait pas. Craig rompit le pain avec elle avant de rentrer chez lui, fort de la promesse qu’il fit de lui rendre visite dès qu’il le pourrait. Après de chaleureux au-revoir, Craig reprit le bus alors que les rues de la ville s’étaient calmées, l’esprit tant confus qu’éclairé. Il espérait partir avec une réponse de cette maison mais il en est sorti empli d’autres questions, de celles qu’il ne se serait jamais posées s’il n’avait pas rencontré cette artiste. Toutes ces questions avaient eu le mérite de faire paraître ce trajet bien plus rapide, il descendit presque machinalement et se dirigea vers son appartement, épuisé par cette journée. Sans surprise, Craig s’écroula et tomba dans les limbes d’un sommeil profond. Le réveil fût difficile, il n’en eut d’ailleurs pas qu’un seul avant qu’il se lève définitivement. La nuit avait été agitée, tant par les rêves que par les errances de son esprit qui s’aventurait sur les chemins des souvenirs qu’il avait pu occulter. Il était évident que la conversation d’hier l’avait marqué. La Routine reprit, et cette fois il l’embrassa.     Chapitre 7 : Coeur ancien, Esprit neuf  Rapidement, il était arrivé au travail où il se rendit au bureau de Paula qui venait elle-même de se poser. Les deux visages revêtirent un sourire lorsqu’ils se virent, s’enlaçant pour se saluer et se donner du courage pour cette journée. Les deux âmes avaient déjà prévu de se retrouver au déjeuner, en attendant, ils échangèrent un baiser avant que Craig n’aille à son poste. Léa l’y attendait. Après les quelques échanges de banalités du matin, Craig, enjoué par ce qu’il allait lui annoncer, lui révéla que la veille il s’était rendu chez l’artiste qui l’intriguait tant. « Enfin ! Tu as développé du courage, t’auras un bon point ! » dit-elle sur un ton moqueur, avant de l’interroger sur ce qu’il y a découvert. Craig lui raconta sa rencontre avec Ange, et sur tout ce qu’elle lui avait dit, comme un enfant décrivant sa rencontre avec le Père Noël qui cette année n’avait pas abusé du lait de poule. Léa était aussi captivée que Craig l’était lorsqu’il écoutait Ange parler. Ce récit avait soufflé Léa qui, enthousiasmée par son amour de l’art, s’exclama « Des personnes comme ça méritent des expositions ! C’est fou comme leur art, parfois un peu banal, raconte si bien la vie ! ». Craig ria puis acquiesça « C’est impressionnant, ce serait la moindre des choses, ça mérite d’être montré. ». Ils continuèrent de parler d’Ange et des aventures qu’elle avait vécues, en espérant tous les deux un jour avoir cette opportunité. Ce que lui avait montré Ange l’avait guidé sur une voie qu’il n’avait pas encore explorée, en rentrant chez lui il plaça soigneusement les dessins de Lena Coric dans une pochette en carton avant de mettre celle-ci au fond d’un placard. Il prit son crayon puis esquissa les traits d’une ancienne machine de jeu d’arcade, on y voyait apparaître une soucoupe volante, et deux enfants qui étaient aux commandes… Pendant des mois, il fut absorbé par l’idée de représenter ce qui l’avait changé, ce qui lui avait permis d’accepter ses habitudes et de pouvoir enfin apercevoir autre chose qu’une brume morne et épaisse couvrant l’horizon de son avenir. Craig n’était pas retourné voir Ange mais il sentit ce jour-là qu’il le fallait. Il avait pris avec lui quelques dessins qu’il avait enfin achevés. Cette fois il eut le courage de frapper à la porte, et ne put s’empêcher de remarquer qu’à la fenêtre n’était affiché aucun dessin. Avant qu’il ne puisse se poser trop de questions, Ange lui ouvrit la porte « Bonjour Monsieur, comment puis-je vous aider ? ». Etonné, Craig lui rappela qui il était avant qu’elle ne reprenne, un peu gênée « Je suis désolée, j’ai la maladie d’Alzheimer et il m’arrive parfois d’oublier certaines choses… ». Craig s’enquit de son bien-être, et comprit vite qu’il ne verrait plus accroché à cette fenêtre les dessins d’Ange. Il lui expliqua comment ils s’étaient connus et ce qu’elle lui avait appris, elle était aussi étonnée qu’enjouée. Craig, en racontant cette histoire, lui avait créé des souvenirs pour combler ceux qui avaient été dévorés par le temps. Il se rendit compte que l’esprit d’Ange se dégradait chaque jour un peu plus, il décida de lui rendre visite chaque semaine au moins. Pendant près de 4 mois, il lui raconta les histoires qu’elle lui avait transmises plus tôt, pour pérenniser ces précieux souvenirs qui la définissaient. Parfois il voyait un dessin accroché à la fenêtre, qu’il soit nouveau ou qu’il l’ait déjà vu, il lui demandait toujours de lui raconter l’histoire qui se cachait derrière ce dernier. Ses souvenirs disparaissaient, et avec eux, Ange aussi. Quand il vit les rideaux fermés et que personne ne répondit lorsqu’il frappa, Craig sut. Il rejoignit Paula, et ils discutèrent longuement. Ange n’avait plus personne de vivant qui aurait pu s’occuper de son enterrement, et il n’avait pas obtenu le droit de s’en occuper lui-même, de toute façon elle n’aurait pas voulu que l’on s’en fasse tant pour une simple mise en terre. Craig y a longuement réfléchi, et alors que l’on l’avait appelé pour savoir quoi faire des affaires d’Ange, il repensa à ce que lui avait dit Léa. Un dernier souvenir qu’Ange pourrait emporter avec elle, tout en le partageant avec le monde. C’est dans une petite salle Lilloise qu’étaient exposés les dessins d’Ange, rangés par année, racontant presque la vie entière de cette impressionnante dame qui avait du faire pour d’autres ce qu’elle avait fait avec Craig. Cette exposition c’était Ange elle-même, ce qu’elle avait vécu, ce qui l’avait amené à être cette personne incroyable dont l’esprit rayonnait au moindre mot qu’elle prononçait. Toute une vie en esquisse, en contraste, en nuances. Chaque visiteur avait l’opportunité de donner un peu d’argent pour lutter contre le mal qui avait emporté Ange. Craig s’était lui octroyé le droit d’ajouter à cette collection un dessin qu’il avait réalisé, tentant de montrer au monde ce qu’Ange ressentait : on y voyait plusieurs silhouettes, leur corps se voûtant progressivement, et dont le coeur, fait de mécanismes en bronze et d’où fulminait de la vapeur, se nourrissait du rayonnement émanant de leur tête. Au fur et à mesure, ce rayonnement s’affaiblissait, et le coeur s’assombrissait. Une plaque accompagnait ce dessin « Pour celles et ceux qui nous aident à nous trouver, souvenons-nous. - À la mémoire d’Ange Dilonière. » Le soir venu et la nuit tombant, il décrocha le dernier dessin, une larme roulant le long de sa joue, il put dire au revoir à Ange.
0 notes
yes-bernie-stuff · 4 years ago
Text
Comment avoir le caractère de Jésus ?
Comment avoir le caractère de Jésus ?
La première question que tu te poses c’est peut-être POURQUOI devrais-je faire des efforts pour avoir le caractère de Jésus ?
C’est très simple.
Si tu veux réussir ta vie,
Si tu veux comprendre Dieu,
Si ton but sur terre est de devenir le plus saint possible pour honorer ton créateur,
Alors tu te dois d’être comme Jésus.
Nous allons aujourd’hui voir 4 aspects du caractère de Christ, mais il y en a pleins d’autres que tu découvriras en ouvrant ta Bible.
# HUMILITÉ
Jésus répondit : « Il est écrit : Ce n’est pas seulement de pain que l’homme doit vivre, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu. » Matthieu 4v4
Par trois fois, il utilisera la Bible pour détruire l’attaque du diable. Alors que Jésus venait de passer 40 jours et 40 nuits seul, sans boire, sans manger, sans voir personne, dans un espace hostile… Le diable va venir par ruse pour l’éprouver et le faire tomber.
Jésus est le Fils de Dieu, alors oui Jésus aurait très bien pu utiliser ses propres mots pour éloigner satan. Il aurait très bien pu utiliser ses mots pour craquer sous la tentation aussi… Oui mais Jésus s’est montré HUMBLE, il sait que sur Dieu seul nous pouvons compter. Que Dieu seul peut vaincre une situation qui paraissait perdue d’avance.
Lui qui a accepté de se laisser baptiser par un homme.
Lui qui a accepté de LAVER les PIEDS de ses disciples.
Tu ne trouveras jamais Jésus dire dans la Bible “Je suis Dieu”. Premièrement parce qu’il veut que tu le découvres par révélation de l’Esprit mais aussi parce qu’il est venu pour servir et mourir nous dit la Bible, non pas pour se montrer et laisser parler son égo comme nous le faisons si souvent tous les jours de notre vie.
# COURAGE
Il est celui qui mangeait avec les gens de mauvaises vies, tu sais ceux qu’on laisse seul face à leur assiette à la cantine, ceux qu’on moque dans la cours de récréation, ceux qu’on regarde d’un air bizarre lorsqu’on les voit assis par terre dans la rue demandant de l’argent…
Il s’est élevé face à une foule pour dire de ne pas lapider la femme adultère.
Il a parcouru Galilée alors que tous les jours on cherchait à le faire mourir. Il l’a fait car il voulait sauver des vies qu’importe si la sienne devait être enlevée…
Il est celui qui n’a jamais reproché à Dieu de monter sur une croix malgré les souffrances qui défilaient sous ses yeux. Il est celui qui a toujours garder la foi, la joie d’avancer et de se battre pour diffuser la parole de vie malgré le fait qu’il s’avait qu’un jour il serait sacrifié.
Il est cet homme qui a eu le courage de venir se faire homme, lui le Dieu des cieux qu’il était.
Il est celui qui dors dans la barque lorsque la tempête frappe.
Il est celui qui porte sa croix avec le dos en lambeaux.
Il est celui qui pensera que mourir pour l’humanité est plus important que conserver sa propre vie.
# AMOUR
Combien de fois pensons-nous a tort avoir été trop blessé pour pardonner ?
Trop humilié ?
Qu’il est trop tard ?
Que cela fait déjà 3 fois qu’il te trompe ?
Jésus est venu te montrer que l’impardonnable est pardonnable par amour.
Lui qui a été abandonné par tous ses amis la nuit avant la croix. Lui qu‘on a renié trois fois d’affilée, lui qui s’est fait cracher dessus… Lorsque nous lisons la passion nous pouvons facilement oublier que nous lisons le calvaire du Fils de Dieu sur terre et non pas juste les souffrances d’un homme juste. Nous avons touché au Roi des rois, jusqu’au sang… jusqu’à la mort…
Et pourtant il sortira cette phrase qui marquera l’histoire et qui marquera ton éternité ausi : Jésus dit: Père, pardonne-leur, car ils ne savent ce qu’ils font. Luc 23v34
Jésus doit être plus que ton exemple, tu dois chercher à être comme lui.
Il est celui qui a tout et qui est tout.
Il est celui qui a tout fait et par qui toutes choses ont été faites.
Il est celui qui te donnera du succès et des victoires,
Celui qui te donne la vie éternelle et une place à côté de lui dans le paradis.
Prends quelques minutes aujourd’hui pour lui dire à quel point tu es fier de lui et combien tu voudrais que l’Esprit intervienne pour te transformer à son image.
Que ta journée soit inspirante.
0 notes
vagabondageautourdesoi · 5 years ago
Text
Un second roman est un enjeu important surtout lorsque le premier fut autant réussi (voir Trancher). “Un loup quelque part” aborde un sujet encore tabou : la maltraitance maternelle par le rejet d’un enfant. Amélie Cordonnier décrit une petite famille sans problème qui accueille son deuxième enfant. En allant chez son pédiatre, la jeune mère découvre une petite tache qui se multipliant, au fur et à mesure, va faire grandir le manque d’amour.
Des phrases courtes créant un rythme dynamique font vibrer de l’une à l’autre les sonorités. En quelques pages, l’angoisse est là. La dramatique s’installe. Le lecteur, en voyeur, pressent le drame irréversible. Le souffle se coupe. Le cœur se serre. C’est la sidération devant cette descente aux enfers comme lorsqu’on découvre que quelqu’un dans son entourage devient maltraitant.
L’attitude de jeune mère est révoltante, étouffante et bien sûr énormément dérangeante puisque le lecteur la subit. Mais, à aucun moment, je n’ai rejeté cette mère. Le lecteur comprend, par le talent d’ Amélie Cordonnier, les réactions de cette jeune mère avec ses peurs et ses mensonges qui ne garde que l’obsession de préserver son image sociale. Jusqu’au moment où tout va craquer. Où le loup risque de la manger !
Qu’est-ce qui fonde le désamour lorsque une mère a déjà su aimer avec tendresse et ravissement ? Est-ce la transformation de l’apparence qui fait l’étrangeté du bébé et sa non reconnaissance ? Est-ce le traumatisme vécu par la maman  par la révélation d’une filiation secrète qui entraine ce rejet ? Est-ce le deuil d’un parent qui n’a pu se construire par l’élaboration de mots etde phrases ? Est-ce la dépression post-partum qui s’énonce ici ?
Reprenant la métaphore de la Métamorphose de Kafka,  Amélie Cordonnier nous entraine dans la description des sentiments de cette jeune femme chez qui va naître l’envie d’abandon et même pire. #balancetongosse. Sa plongée dans la dépression est décrite avec tellement de réalisme que l’empathie du lecteur est d’emblée acquise. Pas de jugement,  juste du factuel. Et, le désir impérieux que la folie s’arrête. Consciente de celle-ci, la jeune femme s’emmêle dans des torrents de honte où sa culpabilité devient obsédante.
Le lecteur assiste ainsi aux effets de la carence d’amour. Si l’enfant n’est pas reconnu, il ne peut reconnaitre. La dépression de la mère gagne inexorablement l’enfant dans des murailles de peurs et d’abandon. Comme pour son premier roman, ce sont les mots qui dénoueront le drame annoncé. Et, Amélie Cordonnier nous en livre de belles descriptions. Et, la résilience saura faire son chemin.
Ce roman est un roman d’amour qui n’arrive pas à se dire qu’Amélie Cordonnier nous confie de son rythme haletant plein de rage et d’urgence pour transformer la maltraitance et le rejet en puissance de vie. La plongée dans ce sujet est vraiment à recommander.
  Elle vomit son dîner et cet aveu impossible à digérer.
Leur gosse est noir et, ironie du sort, rien ne peut la blanchir.
Elle n’a plus rien à rendre, mais continue de gerber. C’est une bile jaune, un immense dégoût. De tout. Mais d’elle-même surtout.
C’est comme si elle avait buggé. Elle aurait besoin d’être reconfigurée. En elle tout est chamboulé. Sens dessus dessous, sans dessus ni dessous.
Obligation morale, devoir conjugal. Non-assistance à pénis en danger. Bref, elle s’est motivée.
Même pour les maisons, on bénéficie d’un délai de rétractation. Cela devrait être pareil pour les bébés. Ou alors on devrait au moins pouvoir les échanger.
L’instinct maternel, on ne lui a pas proposé à la conception. Ni même après. D’ailleurs, c’est quoi.
Ce ne sont pas les épaisseurs qui protègent le mieux du froid.
On s’entend toujours mieux quand on ne se regarde pas dans les yeux.
Décrit leur attente, la folle et irréelle attente, et les préparatifs qui n’arrivent pas à meubler parce que c’est bien trop grand, bien trop fou, une attente pareille.
Personne ne peut se représenter cette béance, le critère qui génère une attente qui n’en finit pas.
youtube
youtube
  Un loup quelque part – Amélie Cordonnier
Éditeur : Flammarion
Parution : 11 mars 2020
ISBN : 2081512750
Lecture : Mars 2020
      Présentation d'Un loup quelque part" d'Amélie Cordonnier roman paru début mars 2020 Un second roman est un enjeu important surtout lorsque le premier fut autant réussi (voir Trancher…
0 notes
appellemoiguigui · 5 years ago
Text
Je regarde dans tes yeux, l’amour. Tu m’as tué, de tes larmes et de tes coups, à leur crier que tu m’aime, tandis que moi, comme tu dis, je ne te regarde plus. Tu as raison, je ne te regarde plus. Je ne te regarde plus parce que je te dévore des yeux. Quelque chose à changer, ou quelqu’un, moi ? Mes sentiments ? Je ne veux pas que tu me repère, toi qui me connait bien (trop). Alors comme un fugitif, je me cache, derrière les murs, les couvertures et les rêves, pour te contempler, toi et ta beauté qui n’en finit pas.
Je t’ai toujours trouvé avec ce petit chips en plus, ce petit détail qui même en amitié, me faisait craquer pour toi. Amitié ? Mais quelle idée. Tu n’as jamais été mon amie. Ô diable cette idée. Ou bien étions nous des amis étranges, différents ? Qui ne sont que des amants qui se cachent. Alors oui, tu ne m’as jamais attrapé le bras. Je ne t’ai jamais convoité les lèvres, ni caressé l’onctuosité de ta peau. Mais tes yeux, mes yeux. MON DIEU ! Nos yeux. Qu’ils parlaient nos yeux, et qu’ils parlent toujours.
Les miens te disent « je t’aime ». Mais je ne t’aime pas comme les autres peuvent sembler s’aimer. Je ne t’aime pas en surface. Quand je te regarde, quand je croise ton regard, que j’effleure ta peau, c’est comme si nous nous étions toujours connu. Comme si ça faisait dix ans que… dix ans que t’es avec moi, ici, quelque part, entre deux mondes. Dans un cocon d’amour et de tendresse. Tu es ma femme sans même qu’on se soit marié. Sans même qu’on se soit em brassé.
C’est ça l’amour. L’amour c’est hors des sentiers battus. L’amour c’est incroyable, c’est doux, c’est différent de ce qu’on en croit ; l’amour c’est toi.
Qu’est-ce que tu es belle. Tu es RADIEUSE.
Quand je te croise c’est… Quand je te pense c’est… Quand je te fleure c’est… ; Une symphonie d’amour, un orchestre des plus fabuleux, deux papillons qui font l’amour et créer pleins d’autres millions de petites ailes qui sentent l’amour, le ciel, la lune, une nouvelle planète, la Tour Eiffel, les amoureux qui s’enlacent, et s’embrassent sur un banc, un bateau ; à Paris, à Milan, au milieu des océans. C’est toi, c’est nous, ce sont ces pensées qui me laissaient indifférent, qui me semblent évidente quand elles se reflètent dans le fond de tes yeux. Ces bébés, cette bague, ces voyages, et ce chien ; cette vie toute rangée, une maison un garage une familiale.
C’est évident. C’est évident et tu ne dois pas comprendre. Pas comprendre pourquoi d’un coup, là, maintenant, moi qui t’ignore depuis trois semaines. Qui ne te regarde même plus (que tu crois !). Pourquoi je reviens là, à travers ces mots que je te balance à la figure ; pourquoi je te dis tout ça, que mon coeur se déchire le soir quand je ne te vois plus, et que je me lève juste parce que je sais que je vais te revoir, ce jour-là, puis le jour d’après. Que t’es mon sang, que t’es mon avenir. Que tu m’as tellement permis de grandir, et que je veux que ça continue, pour toujours. Que notre histoire n’est pas une histoire, ou que l’auteur s’est endormi avant d’en avoir pu écrire le dernier point. Et tant pis si on meurt, parce qu’on se retrouvera dans l’au-delà, sur une branche d’arbre ou une péniche ; en chaton ou en mésange, à se caresser le poil, à s’aimer pour l’éternité. Et bien plus encore.
Tout ça pour deux mots. Deux mots que je ne veux pas ressemblant à tous les autres. Parce que je sais que ce soir, je sais te dire je t’aime, mais que demain, et tous les jours d’après ne seront pas différent.
Parce que j’y ai déjà cru, mais qu’avec toi, j’en suis sûr. Je t’aime.
1 note · View note
maheemerica07 · 5 years ago
Quote
Après la nuit, Avant le jour, Et à travers les roselières Après la nuit, Avant le jour, J'irais chercher, les hautes lumières. Aux innocents les mains pleines, J't'emmène lancer des médailles dans l'eau bleue des fontaines Et cueillir à nouveau ces visions qu'on s'offrait autrefois, Comme des couronnes. Ces visions qu'on s'échangeait pour se dire, pour se rappeler, Je suis veilleur, tu es musée. Je veux sentir les feuilles de menthe craquer sous nos dents Avec la chlorophylle qui s'échappe. Et t'faire écouter le son de carillons qu'fait le claquement des drisses de pavillon Contre les mâts, avec en fond le grand fracas de la mer qui rapporte, Et au dessus la procession de cargo des nuages bas et blancs. Je voudrais te faire rencontrer les femmes cyprines et les bolqueens Qu'elles nous habillent de robes et de diadèmes au croisement d'Amsterdam, Et d'la 80ème pendant que moi je te mettrais au poignet des bracelets de tissu Qui deviendront des bracelets de fleurs, puis des rubans, puis des violons. Je porte le blason d'mon clan, J'l'ai désormais gravé sur la face visible de mon cœur, Mais ça ne fait pas mal rassure toi au contraire, J'ai fait broder nos souvenirs étincelant sur des manteaux de nuit Qu'mon offert des frères tisserands drapiers de canut J'ai à la main mes aussières, je suis prêt. Après la nuit, Avant le jour, Et à travers les roselières Après la nuit, Avant le jour, Je t'offrirai les hautes lumières. Aux innocents les mains pleines je t'emmène plonger dans la Seine Et nager dans les courants fort de Beauchamp, Nager dans les rivières, remonter les ruisseaux, Puis prendre un bain brûlant, où je laverais ta peau Au lait d'ânesse, avant de sécher ton corps moi même Comme avant, quand on était adolescent. Je veux faire l'amour dans les champs, dans les clairières, dans les taxis, Je veux faire l'amour partout, même sur les toits de Paris. Je veux résider au creux de ton cou, et dans tes draps parfumés aux lilas, Tandis qu'une madré enveloppé d'un châle rouge bénit nos fronts En silence avec des croix de baume au camphre. Je te montrerai comment décrocher les boules blanches des symphorines Pour les éclater sous nos pieds et entre nos doigts, Avant d'aller regarder la lumière d'un lampadaire qui rougeoie Et qui vacille sur les berges du fleuve endormi, Dont les risées de vent emplissent la surface. Je veux offrir cette cigarette à ma mère, Cette cigarette d'après la guerre et son odeur vanillé, Je t'emmène voir le granit rose de ses îles qu'on ne peut pas déplacer Mais c'est pour nous protéger, Je t'emmène tout rejouer, peut être tout perdre, Mais peut être aussi tout rafler, tout braquer, tout gagner Après la nuit, Avant le jour, Et à travers les roselières Après la nuit, Avant le jour, Je t'offrirai les hautes lumières. Aux innocents les mains pleines je t'emmène voir Taulet, Cavour, Sienne et Navone, Toucher la faïence des rues de Lisbonne, Et le marbre blanc, lisse et brillant des palais. Je veux entendre les Salam des chauffeurs, Et qui nous crie, les enfants je vous emmène à Orléans si ça vous plait. Je veux t'offrir le tintement des couverts d'argent contre le cristal Et les mots précieux des miens. Je veux écouter les histoires des anciens encore et encore, Ces histoires millénaires qui renaissent, On s'est connu y a trois mille ans, on se retrouve maintenant, Et nos enfants feront de même. Je t'emmène loin des griffes de la colère, loin des regrets, loin des nausées, Je t'emmène loin de la barbarie et des odeurs de kérosène brûlé, Je t'emmène courir après des filles, après des garçons, après des rêves, Et contempler les vivants, ces gens qu'on croise parfois Et qui nous font tomber amoureux pour deux, pour trois. On doit encore parcourir la terre, On doit trouver cent mille sœurs et cent mille frères, Pour plus jamais être seul dans les cimetières, Alors sur la colline du Palatin, par dessus les dômes byzantins Bientôt nous serons postés, nous armerons nos flèches de diamants, Pour devenir sagittaires et décrocher, les hautes lumières Après la nuit, Avant le jour, Et à travers les roselières Après la nuit, Avant le jour, Je t'offrirai les hautes lumières. Après la nuit, Avant le jour, Et à travers les roselières Après la nuit, Avant le jour, Je t'offrirai les hautes lumières.
Fauve- Les Hautes Lumières
0 notes
loveliveandtravel · 7 years ago
Text
Découvrir la Thaïlande en 15 jours
New Post has been published on https://lovelivetravel.fr/decouvrir-la-thailande-en-15-jours/
Découvrir la Thaïlande en 15 jours
Découvrir la Thaïlande en 15 jours
Bangkok, une ville de contraste !
Qu’avons-nous fait à Bangkok ? Nous avons profité des multiples facettes de la ville : temples, marchés de rue, shopping, street-food en veux-tu en voilà, bars, tuk-tuk, balades en canaux, …
Bangkok, une ville pleine de vie
Bangkok est une ville contrastée ! Il n’y a pas de doutes plusieurs mondes s’y côtoient. une ville en effervescence très contrastée et fouillis… parfois on peut même dire que c’est le bordel ! Attention ce n’est pas une critique car on a adoré ! Dès les premiers instants on a été dépaysés et immergés dans une fourmilière en ébullition. Une fourmilière car Bangkok c’est plus de 12 millions d’habitants.
A Bangkok le contraste entre les quartiers est immanquable. Dans le centre historique peu de bâtiments très hauts. La plupart font un peu vieillots et mal entretenus. Des petites échoppes côtoient des marchés de rues un peu partout. Les restaurants sont peu présents et on trouve beaucoup de street-food. gfsgrgrwg
A côté, les nouveaux quartiers sont composés de grands buildings modernes. On y trouve de grands centres commerciaux avec toutes les boutiques occidentales. Les belles voitures s’engouffrent dans les parkings souterrains… Bangkok aussi à sa part de luxe. Le contraste est aussi présent dans ces quartiers car au pied des grands centres commerciaux on trouve des marchés de nuits à n’en plus finir. On y trouve de tout est n’importe quoi… des jouets pour enfants, des babioles, des sacs, de la contrefaçon, … bref de tout ! C’est aussi le quartier des roof-top avec ses restaurants ou bar aisés qui nous permettent dans un cadre privilégiés de boire un cocktail avec vue sur tout Bangkok à nos pieds…
Au milieu de tout çà, on trouve ici ou là des coins à touristes… des rues qui semblent avoir été conçues pour divertir les occidentaux. Bien sûr rien n’empêche les Thaï de venir (quoi que sûrement le pouvoir d’achat) mais clairement certains coins du Bangkok-by-night sont fait pour nous. Une sensation que nous n’avons pas à Shanghai où les chinois se mêlent aux adresses prisées des expatriés. De notre côté nous avons principalement été à Khaosan road qui était à quelques minutes à pied de notre hôtel.
C’est un mixte entre boutiques de fringues, boutiques de massages, guest-house, bars et restaurants. L’ambiance change littéralement entre le jour (plus de thaïlandais) et la nuit (majoritairement des touristes). On peut même dire que la nuit c’est un peu la folie !
Malgré nos valises déjà pleines à craquer il nous manquait visiblement quelques habits légers pour le reste du séjour… C’est à nouveau confirmé, en Thaïlande les fringues ne coûtent rien. La prochaine fois on pensera à venir avec une valise vide ou à éviter ces rues !
Par contre c’était l’occasion de s’apercevoir que les Thaïlandais sont durs en négociation ! Et bien ici ils préfèrent ne pas vendre que de baisser trop leurs prix !
C’est toujours surprenant de voir des fauteuils de massage à même la rue pour profiter d’un bon massage des pieds. Vue l’animation autours ce n’est pas sûr que ce soit totalement une ambiance reposante mais c’est un peu moins chers qu’à l’intérieur de la boutique!
Khaosan road le soir c’est aussi l’occasion d’entrevoir le côté obscure de Bangkok : des thaïlandaises courtement vêtues dans des bars, un papy assis sur son petit tabouret montrant des photos de femmes aux hommes passant à côté de lui, des occidentaux plus très jeunes pourtant bien entourés, des rabatteurs proposant [même quand on se promène en couple] des spectacles aux noms évocateurs ou trompeurs (non non le ping pong show n’est pas un tournoi sportif)… Bon bien que présent ce n’est pas non plus omniprésent!
Le soir Khaosan road est juste indescriptible… les bars montent le son et c’est dans certaines parties de la rue à celui qui fera le plus de bruits ! Sachant qu’au-dessus ce sont souvent des hôtels, il ne vaut mieux pas avoir envie de se coucher trop tôt !!!
Dans la série shopping, nous nous sommes également perdu au nord de Bangkok dans le Chatuchak Weekend Market… Un marché faramineux de plus de 15000 boutiques !!! On y trouve de tout (fringues, meubles, animaux, fleurs, nourriture, …).
Des temples à chaque coin de rue
Bangkok c’est aussi des temples… beaucoup de temples… à croire qu’il y en a partout ! Et attention pas des petits, même un temple non indiqué sur les guides touristiques est souvent immense et magnifique. C’est l’objet principal de notre visite à Bangkok certains étant parmi les plus beaux de Thaïlande. On a en a visité trois principaux.
Wat Phra Kaeo & le Grand Palais
Construit en 1782 par le roi Rama Ier pour marquer la fondation de la nouvelle capitale, abriter le Bouddha d’émeraude (d’où le nom « Phra Kaeo », « Wat » signifiant « temple ») et donner une résidence au roi. C’est un vaste site entouré d’une enceinte de deux kilomètres. Même si aujourd’hui le roi n’y séjourne plus, l’accès au palais est bien gardé et les visites ne sont pas possibles.
Pour entrer il ne faut pas avoir de bas au-dessus des genoux ou les épaules découvertes. Attention, le paréo sur les épaules c’est triché et vous risquez de finir en chemise bleu de travailleur comme Carine si vous n’avez que cela avec vous !
  Wat Pho
C’est un des plus grands et des plus anciens temples bouddhistes de Bangkok (8 hectares de superficie débuté en 1788). Il abrite un grand Bouddha couché sur son lit de mort, sur le point d’accéder au parinirvâna (nirvana). Elle fait 45 mètres de long et 15 mètres de haut. Ses pieds sont incrustés de nacre représentant les 108 états de Bouddha. Le Wat Pho est aussi le lieu de naissance du massage thaï traditionnel. Depuis 1962, il héberge une école de massage et de médecine traditionnelle réputée.
Wat Arun
Le « Temple de l’aube », c’est le troisième temple le plus sacré de Bangkok avec le Wat Pho et le Wat Phra Kaeo. La légende raconte qu’il serait le premier temple à avoir reçu la lumière du matin. Il est situé au bord du fleuve Chao Phraya sur la rive opposée de la partie principale de la ville et en face du Grand Palais. Il caractérisé par ses décorations florales réalisées en porcelaine multicolore, don des habitants de Bangkok.
Les canaux ou une autre face de Bangkok
Nous avons également visité une autre face de Bangkok… les khlongs. C’est le nom générique des canaux de la plaine centrale de Thaïlande. Les khlongs constituent un réseau relié à la Chao Phraya, à la Tha Chin, à la Mae Klong ou à leurs affluents. Le mot s’applique aussi à de nombreuses petites rivières, nommées du mot khlong suivi de leur nom particulier. Aujourd’hui, la plupart des khlongs de Bangkok ont été comblés et transformés en rues. Il en reste principalement sur la rive ouest du fleuve Chao Phraya (côté de Wat Arun). C’est une visite des plus surprenantes dans un univers sur pilotis…
Après les pavés… la plage
Et oui Bangkok en décembre c’était déjà l’ébullition… politique ! C’était beaucoup plus calme qu’au moment de la rédaction de cet article mais il y avait déjà des places d’occupées et quelques manifestations ici ou là. Notre hôtel qui est situé tout proche de la place de la Démocratie est de ce fait tout proche de l’événement. Le soir nous entendions parfois les bruits des meetings politiques. Rien de bien méchant à ce moment là. Nous avons quand même pris un matin le chemin de cette place est avons pu constater que les opposants ont sortis les grands moyens: écrans géants, enceintes immenses, stock d’eau et autres stands de ravitaillements, …
Ko Phan Gan
L’objectif de ce séjour en Thaïlande était de fêter le 31 sous le soleil… Pour faire la fête en Thaïlande il y a plein de possibilités mais une de ses plages est connue pour ses fêtes démesurées lors des pleines lunes : Haad Rin. La plage d’Haad Rin est mondialement connue pour ses Full Moon Party… c’est bien évidement aussi un lieu incontournable pour un 31 décembre ! Après Bangkok, nous passons donc côté mer direction Ko Phan Gan!
L’île de Phangan (« Ko » voulant dire « île » en thaïlandais) se situe côté Est dans le golfe de Thaïlande. Pour nous y rendre départ le 31 au matin de Bangkok pour un trajet royalement orchestré : vol pour l’île de Ko Samui, navette pour rejoindre le port, bateau pour l’île de Phangan et taxi pour arriver… chez les belges ! Et oui nous avons réservé une villa avec trois chambres dans un hôtel tenu par des belges ! Du coup de bonnes bières à la carte des boissons !!! [NDLR: Ludo on te garde l’adresse, les frites sont bonnes également]
Lorsque nous avons attendu le ferry à Ko Samui nous avons vu tout type de touriste dont les jeunes prêts pour faire la fête le soir : pas de bagage, en tong ou pied nu, en débardeur ou torse nu… bref tenu minimaliste pour faire la fête toute la nuit et rentrer au petit matin par le ferry du retour… C’est sûr la soirée va être épique ! Pendant le trajet, quelque peu houleux, il était marrant de voir quelques gros bras fier de montrer leurs biceps sortir tout blanc de la cabine en essayant tant bien que mal de rester digne… pour aller nourrir les poissons !!!
Nous voici donc installé au Seetanu Bungalows sur la plage d’Ao Chao Phao au nord-ouest de l’île… à l’opposé de la plage d’Haad Rin histoire de ne pas être dérangé par la semaine de fête qui s’annonce sur l’île. Entrons directement dans le vif du sujet par LA soirée du Nouvel An sur une plage paradisiaque en mode démesure…
Nous voilà parti cheveux aux vents à l’arrière d’un pick-up pour traverser l’île, au fur et à mesure la circulation se charge pour converger vers la même destination : Haad Rin. En chemin sur le bas-côté, des bars remplis de gens faisant une première partie de soirée déjà bien arrosée avant de partir sans aucun doute pour continuer la fête au même endroit que nous…
A l’arrivée une masse impressionnante et déjà au parking les premier stands pour acheter des Bucket… Le bucket une invention bien d’ici qu’on retrouve un peu partout maintenant. C’est un saut de plage pour adulte… Il est vendu (enfin presque donné vu le prix) avec une bouteille d’alcool (rhum, vodka, whiskey, …), du jus de fruit et souvent du Red Bull… le tout avec une paille pour chacun… de quoi tenir toute la nuit (ou pas). Quand de notre côté nous prendrons un bucket pour 4 (enfin plusieurs dans la soirée mais on taira le nombre) beaucoup le consomme en solo… Oui ici l’alcool coule et se consomme à flot !
Haad Rin c’est un peu un village balnéaire où l’on trouve tout pour le touriste : boutique de plage, boutique de souvenirs, supérettes, hébergement pas chers, restaurants, bars, … Ce soir-là tout est évidement piéton tellement c’est noir de monde. Et bien sûr une plage de rêve… l’une des plus belle de l’île (enfin théoriquement car elle est souvent surpeuplé de jour comme de nuit) ! Pour vous donner une idée, les Full Moon accueillent de 10 000 à 30 000 personnes… on peut raisonnablement penser pour un 31 qu’on est plutôt autours des 30 000, bref nous n’étions pas tout seul pour réveillonner.
Comment c’était ? Et bien juste génial !!! Il y a souvent des reportages à la TV qui parlent de ces soirées mais qui montrent rapidement le côté obscure. En effet c’est plus vendeur de parler de l’abus d’alcool, de la consommation de drogues, des dérives plus ou moins fortes de certains individus… C’est dommage cela est présent mais surtout après une certaine heure! Pour le reste aucun soucis, ni de sécurité, ni d’ennuis avec des gens trop alcoolisé… bref une soirée bon enfant ! Des stands de maquillage et peinture fluorescente sont un peu partout pour entrer dans l’ambiance. Des jongleurs de feu sur la plage mettent l’ambiance en début de soirée, des lasers éclairent les montagnes environnantes, bref tout est là pour passer une bonne soirée. Ah oui, bien sûr il y a du gros son ! Chaque bar de plage sort de grosses enceintes sur le sable et les meilleurs DJ viennent mettre le feu ! Ici pas de tapage nocturne ! La plage se transforme en boîte de nuit géante! Et bien sûr un compte à rebours suivi d’un feu d’artifice pour couronner le tout … La Nouvelle Année est là !
Alors oui bien sûr plus la nuit avance est plus le côté obscure apparaît mais sans jamais prendre le dessus (enfin en tout cas pas avant 2h30 du matin heure de notre départ). On croise de plus en plus de zombies (des gens tellement alcoolisé que le regard est vide et qui se déplacent on ne sait pas comment), le bord de l’eau qui se transforme en toilette (bah oui il faut éliminer la bière et les bucket) avec quelques personnes allant prendre un bain de minuit à quelque mètre, des gens essayant de monter dans les longtail boat de la plage pour partir à travers les vague dans la nuit noir rejoindre des ferry au large (ça nous a semblé un poil dangereux cette affaire et on se demande combien tombe des bateaux). Le plus insolite et stéréotypé était probablement une jeune fille dans un salon de tatouage en train de se faire tatouer la fesse (avec ses amis ivres à côté on peut raisonnablement penser qu’elle l’était aussi et que ce sera une « belle » surprise pour elle le lendemain matin). Mais au final c’est assez logique avec autant de monde et d’alcool… Heureusement la police et les secours veillent pour intervenir si besoin. Ainsi les accidents restent rare pour préserver l’image de ces fêtes véritable sources de revenus pour cette île (et la Thaïlande).
Bref, c’était génial. Une expérience unique qu’on renouvellera sans hésiter si l’occasion se présente à nouveau !!!
Côté Nature
Mais Ko Phangan ce n’est pas que les fêtes, c’est aussi une nature et une mer impressionnante que nous avons savouré les jours suivants. Pha Ngan est une île de 170 km² qui reste finalement assez sauvage avec 70% de surface montagneuse largement recouverte de jungle. On peut donc aussi profiter de belles randonnées et de plages paradisiaques loin de la fièvre des beach party.
Et pour la découvrir quoi de mieux… qu’un scooter ? Héhé c’était pour moi une première de piloter ça! On s’est bien marré ! Enfin sauf les 30 premières secondes quand j’ai traversé la route puis évité le fossé d’en face pour prendre mes marques et repartir direct sur la route pour me mettre à l’aise avec mon équilibre! Bah oui il fallait dompter la bête, comprendre ses réactions et son adhérence… bref prendre le coup de main !!! Bon pendant ce temps-là Carine rassurait le loueur en lui disant que j’étais quelqu’un de très prudent… normalement !!! C’était juste la prise en main pas d’autres soucis et au contraire c’était nickel comme moyen de transport (on a quand même gardé nos casques plutôt que de partir cheveux au vent).
Outre les plages très belles (les photos parleront d’elles-mêmes), on a été un peu déçu pour le snorkeling (masque et tuba) car les fonds marins étaient un peu troubles à ce moment là (pas de chance). Nous n’avons pas non plus été sur les parcs marins avoisinant et sur l’île de Ko Tao (réputée pour ses spots de plongée) par manque d’organisation… mais ce n’est pas grave on se rattrapera sur une autre île juste après (et on reviendra une autre fois par ici).
Nous avons également réalisé une randonnée pour monter sur le point culminant de l’île… il fallait bien se décrasser des excès de la fête et ne pas profiter que de la plage ! C’est parti pour une rando dans la jungle… une randonnée sans fin ! On a tendance à faire confiance au Routard qui jusque-là indique bien les difficultés et met en garde les voyageurs… Là, pas de mise en garde juste des superlatifs sur la rando en deux lignes… On se dit que ça va être une promenade de santé ! Nous voilà parti tous les quatre avec juste une petite bouteille d’eau chacun et heureusement quand même de bonnes chaussures ! Il faut dire que le point culminant est à 627m, ne partant pas du niveau de la mer on ne part pas non plus monter l’Everest ! On part donc confiant… Bon on s’aperçoit vite que la promenade de santé va se transformer en ascension quasi vertical du dénivelé… on se dit que 627m ce n’est rien… et bien en fait… c’était long… trèèèèèès long! Avec Carine nous avons lutté, on aime randonner, on n’aime pas abandonner, on a tout donné ! On était pas sûr d’être sur le bon chemin parfois tellement c’était interminable, on a failli abandonner surtout quand on a vu que nous n’avions pas du tout assez d’eau pour gérer l’effort… mais on s’est remotivé, on a mangé le peu truc sucré qu’on avait sur nous pour avoir des forces et on a terminé! On pensait monter en moins d’une heure… on a mis quelque chose comme deux ou trois heures en montée constante ! Arrivé en haute la vue était un peu bouchée par les nuages mais finalement nous n’étions plus là pour ça mais pour se dire on a tenu et on l’a fait !
Histoire de découvrir également les coutumes du pays nous avons assisté à un match de boxe Thaï… les filles se cachaient les yeux de temps à autre et n’avaient qu’une seule peur: un KO sanglant ! Bon pas de giclée de sang, juste des coups tout ce qu’il y a de plus impressionnant! On a eu l’occasion de voir un Français mettre un KO un local. Beaucoup de touristes pour venir assister au combat… et pourtant c’était le lieu le plus dur à trouver sur l’île ! Il y avait eu des distributions de flyers, des pancartes dans les rues mais aucun plan ni adresse claire… on a tourné en rond baladé par des locaux qui nous envoyé systématiquement en sens inverse pour finalement trouver juste avant de rebrousser chemin !
Voilà notre séjour sur Phangan se termine ici mais toujours en mode aventure ! Le taxi réservé par l’hôtel n’est pas venu nous chercher… il était tôt… pas de circulation pour faire du pouce… personne dans les hôtels avoisinant pour nous dépanner et l’heure du ferry qui arrivait dangereusement (derrière on avait un avion)… Finalement on a réussi à joindre le patron de l’hôtel qui était au marché… il a fait venir le taxi qui nous a emmené dans son pickup en mode Pékin express à l’embarcadère… Heureusement il était tôt et il n’y avait personne sur les routes ! Jusqu’à la dernière seconde on n’était pas sûr de l’avoir… Mais finalement on a été juste à l’heure, nous voilà parti pour l’autre côté de la Thaïlande direction la mer d’Andaman et ses plages de rêve…
  Ko Ngai, une île paradisiaque…
CoCo Cottage.
Attention! Personnes en manque de vacances, de soleil, de paysages paradisiaques ne lisez pas la suite… pour les autres mettez un peu de crème solaire au cas où !!!
Pour parfaire notre découverte de la diversité de la Thaïlande nous voulions avoir un aperçu des îles côté ouest… Trouver là où poser nos valises n’aura pas été simple car pas mal d’endroit correspondant à nos critères étaient déjà réservé quand nous avons commencé à chercher. Nous voulions un endroit paisible avec une nature préservée et bien sûr de belle plage… c’est sur Ko Ngai que nous avons finalement jeté notre dévolu.
Ngai est une toute petite île située au Sud de Ko Lanta sans village elle n’abrite que quelques petits hôtels. Elle offre au courageux venant jusqu’à elle une plage topissime côté est, une petite jungle intérieur (on n’aura même pas eu le courage d’y mettre les pieds) et un joli petit récif corallien! Pour nous y rendre, un ferry de Ko Phangan à Ko Samui pour prendre un vol jusqu’à Krabi. De là une bonne heure et demi de route en taxi pour rejoindre un petit embarcadère pour enfin terminer avec presque encore une heure de bateau sur un longtail nous déposant les pieds dans l’eau sur la plage de notre hôtel… le paradis cela se mérite !
En repensant à Ko Ngai je n’ai que des superlatifs qui me viennent à l’esprit… et qu’une envie celle d’y retourner ! Je pense que pour résumer la seule chose à dire serait : allez-y ! Réservez de toute urgence un bungalow au Coco Cottage qui offre sans nul doute la meilleur plage et qualité d’infrastructure… Rien de superflu, simple et efficace : des bungalows en bois décorés avec goûts, quelques transats sur le sable, une balançoire sur un palmier face à la mer, une salle de restaurant en bois ouverte sur la mer et le jardin, un bar fort sympathique et discret… ah oui et une charmante petite plage de sable blanc !!!
Pas de long discours, nous avons passé 4 jours à profiter de la plage, de la mer… et de ses poissons ! Impossible de sortir de l’eau pour arrêter le snorkeling (on y restait des heures la tête sous l’eau) ! Nous étions comme des enfants émerveillés à chaque instant par tous ces poissons pleins de couleurs qui nageaient autours de nous. Et pas besoin d’aller bien loin, la petite barrière de corail n’était qu’à quelques brasses de la plage de l’hôtel !
Avec Carine nous sommes également parti un après-midi à l’aventure en Kayak de mer pour rejoindre l’îlot face à l’hôtel et y plonger un peu (Ko Ma sur la carte plus haut).
Nous sommes aussi parti sur une journée explorer en bateau le parc naturel maritime du coin. Au programme: masque et tubas dans différents spots, arrêt sur une plage tout à fait sympathique et visite d’une crique fermée au milieu d’un îlot à laquelle nous accédons via une grotte marine (un vrai décors de pirate pour y trouver un trésor).
Enfilez vos lunettes de soleil, préparez vos masques et tubas, c’est parti pour l’immersion en photo!
0 notes
utopiedujour · 7 years ago
Text
Sérénité, par Panagiotis Grigoriou
Billet invité. Aussi disponible sur son blog www.greekcrisis.fr
Temps béni des olives, moment de récolte. Nous sommes enfin prêts, entre véraison et maturité pleine, des olives bien entendu. “Qui se souvient des discours que nous faisions autour de la table dans ce café, au sujet des  perspectives politiques ?”, me dit notre amie K. Elle a démissionnée de ses fonctions pour créer si possible du sens, au moyen de la création artistique. Ce qui complique encore le choix dans ce vieux pays, c’est que toutes les olives ne mûrissent pas en même temps… offrant cependant la beauté des paysages en plus.
Paysage, île de Póros. Novembre 2017
Paysages du sud de la Grèce. Bourgades du Péloponnèse dépourvues du lustre de la saison touristique. Cafés fermés, voire inexistants, agrumes, jusqu’à faire craquer les ramures, oliviers remplis, les filets sont omniprésents, aux dires des habitants cette méthode est actuellement ce qui se fait de mieux pour recevoir les olives lors de la récolte.
Les discussions de saison tournent autour des récoltes, ou des prévisions de la météo ainsi que des derniers supposés exploits de l’équipe d’Olympiakós du Pirée. “As-tu-vu Kóstas, notre Olympiakós parvient à obtenir le match nul face à Barcelone. Notre gardien de but, Proto, en a des c… face à Messi. Sur cette frappe de Messi de l’extérieur de la surface de réparation, le nôtre, il a plongé sur sa droite tel un félin, ce n’est pas du cinéma cela.”
Ces discussions sous les oliviers peuvent alors durer durant des heures. Entre véraison… et maturité pleine, les habitants déshabitués et désabusés des discussions politiques commenteront tout de même au passage, la récente inculpation du Président démissionnaire de leur équipe favorite et armateur Marinákis pour matchs truqués, au même titre que 27 autres personnes également inculpées dans cette affaire (plusieurs équipes sont impliquées, presse de la semaine) . Décidément dans ce pays, comme dans tant d’autres, tous les matchs ne mûrissent pas en même temps.
Olives et le Temple de Poséidon. Póros, novembre 2017
  La cueillette des olives. Péloponnèse, novembre 2017
  Récoltes des olives, Temple de Poséidon, île de Póros, novembre 2017
  Chèvres… et oliviers. Péloponnèse, novembre 2017
  Nos olives. Athènes, novembre 2017
Récolte des olives en cours, de même que sur le site du Temple de Poséidon de l’île de Póros. Plus que symboliquement, nous avons récolté nos maigres olives sacrées… elles se prépareront durant de très longues semaines de l’hiver. Ailleurs dans la région, ce sont les chèvres qui s’occupent des arbres, et ce n’est pas du cinéma non plus.
Au lendemain du match de football, ceux du Péloponnèse qui nous ont accueillis, n’avaient pas d’autre première parole à nous exposer : “En effet Olympiakós, puis notre gardien…”. En effet, nous n’en savions rien. Comme le dirait notre poète Yórgos Seféris, à peine paraphrasé: Notre modernité des humains appliquée à leur cosmologie limitée de fait, ou plutôt appliquée à leur cosmétique, (le mot en grec est pratiquement le même dans ces deux acceptions et cela pour cause). Un beau monde mangé par la vermine.
Puis, une fois les affaires du ballon rond… arrondies dans la tête des gens, vint l’affaire de l’assassinat de la jeune femme, âgée de 32 ans (et agent du fisc), déjà évoquée il y a quelques jours aussi à travers ce blog. Son assassin, lequel l’a sauvagement frappé à maints coups au couteau dans un cimetière d’Athènes, où la victime s’était rendue se recueillir devant la tombe d’un proche, le coupable passé aux aveux, vient donc d’être arrêté. Un toxicomane, récidiviste, et individu très violent, lequel avait aussitôt revendu le téléphone dérobé à la jeune femme pour vingt euros place Omónia.
Belleville à Athènes. Novembre 2017
  Brocante. Athènes, novembre 2017
  Archéologie… économique. “Compagnie de l’éclairage par gaz”. Athènes, novembre 2017
L’homme -malade, dangereux et qui devait être soigné –  venait tout juste de sortir de prison, suite à une loi permettant la mise en liberté théoriquement surveillée, loi Syriziste portant le nom du ministre de la justice Nikos Paraskevopoulos, (en fonction entre janvier 2015 et novembre 2016). Le sens bien commun indique que cette loi a été d’abord et surtout conçue pour permettre aux escrocs affiliés à la nébuleuse politico-affairiste lourdement condamnés (cela arrive parfois) de quitter la prison légalement, le tout, sous le prétexte de faire baisser la population carcérale laquelle évidemment est plus importante que jamais.
Dans une réalité et un climat d’aggravation et de multiplication des crimes et délits frappant le plus grand nombre depuis la crise, processus en accélération depuis 2015, Paraskevopoulos déclare à la presse que comme sa loi vient de remplir tout son rôle, elle peut désormais être abrogée. Il faut dire que de très nombreux détenus dangereux, et pas seulement crapuleux, bénéficient depuis la loi Paraskevopoulos de cette liberté ainsi concrétisée. Et ni Olympiakós, ni son gardien, ne récupéreront alors cette situation. “Ces gens nous tuent par l’austérité, nous condamnent par le chômage et… ils nous exposent volontairement aux tueurs et aux demeurés. Quelle calamité pour notre pays !”, cette fois c’est Kóstas, le voisin qui s’exprime. Un… si “bas monde” ainsi mangé entre véraison et maturité.
Dans ce contexte, les Grecs évoquent parfois entre eux les “Paradise Papers”, mais pas tant que cela je dirais, confinés comme ils sont mentalement dans leur espace concentrationnaire crisique et hellénocentrique. L’affaire est tout de même également grecque, Mareva Grabovski Mitsotakis, ancienne de la Deutsche Bank et épouse de Kyriákos Mitsotakis (chef du parti népotiste et germanochrome de la Nouvelle Démocratie), en est concernée, car elle détenait le s50 % d’une société offshore domiciliée aux îles Caïmans (presse grecque de la semaine) .
En attendant mieux dans la morale des affaires, ceux qui ne seront jamais concernés par la paperasse du Paradis pourront enrichir leur regard du côté des brocantes à Athènes, ou sinon en repérant dans leur ville les traces des entreprises jadis locales, emblématiques et toutes survenues sans le Paradis des îles exotiques, telle la “Compagnie de l’éclairage par gaz” (1887-1938). Archéologie économique.
Café ‘Grèce’. Péloponnèse, novembre 2017
  Petite chapelle, île d’Hydra. Novembre 2017
  Aide aux plus pauvres. Église du Péloponnèse, novembre 2017
  “Chers pèlerins…” Église du Péloponnèse, novembre 2017
  Ancienne activité liée au tourisme, délabrements. Péloponnèse, novembre 2017
En attendant mieux dans la morale des affaires, c’est devant une église du Péloponnèse que ceux qui le peuvent, déposent alors objets, vêtements et vivres, en vue de leur rétribution, au bénéfice de ceux qui n’en peuvent décidément plus. Et ils sont en réalité bien nombreux sous nos si beaux paysages. C’est bien connu, toutes les olives ne mûrissent pas en même temps et tous les paysages ne sont pas comestibles (pour tous).
“Chers et respectueux pèlerins. Vous, qui comprenez ce que douleur, larmes et malheur signifient, et autant, la compassion, vous, qui faites preuve de sensibilité et de ‘filotimo’ (en grec de la dignité, de la fierté, du sacrifice et du respect). Renforcez autant en cette église, l’œuvre de l’épicerie solidaire, en y apportant de vivres au bénéfice de ceux qui en ont réellement besoin. Ces vivres sont: Lait de toute sorte et spécialement lait pour enfants, légumes secs, tous les légumes secs (haricots, pois chiches, lentilles), pâtes (macaronis, petites pâtes, linguines, vermicelle), riz de toutes les variétés, jus pour les enfants, des conserves, tomates pelées en boite, conserves de poisson, biscuits, biscottes, aliments pour enfants. Nous vous remercions. De la part de cette Sainte Église.”
Ailleurs, dans Athènes par exemple, on se contentera parfois de vivre dans les décombres tout simplement, autant que nos animaux adespotes (sans maître). Ailleurs encore, sur la belle et riche île d’Hydra à la saison touristique en ce moment dégonflée, les associations des amis des adespotes font savoir qu’il ne faudrait pas leur donner autre nourriture que les croquettes. Vie animale, question d’optique.
Dans les ruines d’Athènes. Novembre 2017
  Les canons de la Guerre d’Indépendance (1821) et les animaux adespotes. Hydra, novembre 2017
  Animaux adespotes. Port d’Hydra, novembre 2017
Sur l’île d’Hydra les (rares) foyers appauvris sont discrètement aidés, puis, les restaurateurs se plaignent de la géomorphologie de leur île : “Nous n’avons pas tant de plages ici, Hydra ce n’est que du rochet pratiquement. Du temps de ‘l’Enfant et du dauphin’, du temps où Hydra était déjà cosmopolite et que Mykonos et Santorin étaient alors inconnues, nous avions déjà notre produit touristique et d’ailleurs de qualité. Nous devrions avoir plus de plages, plus de place pour faire comme Mykonos et connaître leur succès, car depuis, Hydra fait du sur place.”
Belle Hydra où l’on rêve de l’abime, comme de l’hybris de Mykonos, la beauté des hommes ne rime pas forcement avec celle des lieux, un… beau monde mangé par la vermine, comme dirait Yórgos Séféris. Hydra en novembre, alors aux restaurants fermés et aux terrasses vides, et au port toujours fréquenté entre les voiliers et les chats. Hydra, ce sont également ces demeures achetées et rénovées, en réalité reconstruites par les fortunés réellement existants. Vie locale, question d’optique.
Terrasses vides. Hydra, novembre 2017
  Demeure rachetée et rénovée. Hydra, novembre 2017
Hydra, temps arrêté, les travailleurs saisonniers, souvent d’origine albanaise, et qui déménagent pour l’hiver parfois au même moment que leurs patrons, le monument dédié à la mémoire du vieux film “L’enfant et le dauphin”. Son titre en français c’est : “Ombres sous la mer” tourné à Hydra avec Sophia Loren, Alan Ladd, Clifton Webb et Alexis Minotis.
D’après l’histoire, “Phaedra est une piètre pêcheuse d’éponge sur la belle île grecque d’Hydra. Alors qu’elle plonge, elle découvre une ancienne statue en or et bronze d’un enfant chevauchant un dauphin, lequel dit-on possède le pouvoir magique de réaliser des vœux. Son paresseux de petit ami souhaite la vendre à un amateur d’art peu scrupuleux, mais Phaedra veut le donner à l’anthropologue Jim Calder, qui le renverrait au gouvernement grec” .
“Je n’oublierai jamais Hydra” déclarait Sophia Loren , beautés et légendes du siècle passé, cinéma et temps bénis des olives, moments de récolte, novembre.
Sophia Loren à Hydra en 1957. Scène du film ‘Ombres sous la mer’
  L’affiche du film ‘Ombres sous la mer’ dans sa version originale
  Monument dédié au film de 1957. Hydra, novembre 2017
Sophia Loren et le film, temps des dauphins et des enfants… il y a 60 ans. Elle avait 23 ans, et le poète Yorgos Séféris en avait 57. C’est à cette période d’ailleurs que le poète trouvait que déjà Hydra et surtout Póros, qu’il fréquenta jadis, avant et après la guerre des années 1940, avaient déjà changé.
Póros, a été également le lieu de tournage de nombreux films du cinéma grec, dont la légendaire comédie grecque “Marlon Brando de pacotille”, un film de 1963 dont le héros principal est l’acteur comique (en réalité tragique) Thanássis Véggos, essentiellement tourné à l’hôtel “Aube dorée” (il a changé son nom depuis, avec l’apparition des néonazis homonymes).
“À son arrivée sur l’île de Póros pour les vacances, Stéfanos (Thanássis Véggos), un pauvre bougre et fonctionnaire des services de l’état civil, est accueilli plus que chaleureusement car il est pris pour un célèbre poète dont il porte le nom. Le vrai poète (Kóstas Kakkavas) quant à lui, cache sa véritable identité voulant démontrer à son ami (Ángelos Theodorópoulos) qu’il peut séduire les cœurs des dames sans la célébrité. Mais lorsque le poète se rend compte que les choses ne tournent pas comme il les avait imaginées, que le fonctionnaire est devenu le centre de toutes les attentions grâce à l’usage de son patronyme et que les femmes le poursuivent avec délire, il révélera la vérité et le poète pourra enfin séduire la femme qu’il aime (Dina Triandi)” .
Thanássis Véggos devant l’hôtel. Scène du film, 1963 à Póros
  Même endroit devant l’hôtel. Póros, novembre 2017
Ainsi, pour les autres connaisseurs des lieux comme des lieux de mémoire, un autre monument de Póros est certainement cet hôtel, bien moderne en son temps, inauguré au début des années 1960 et immortalisé par ce film. Notons que Thanássis Véggos (1927-2011), grand acteur du cinéma et du théâtre, il a tourné dans plus d’une centaine de films, le plus souvent dans des rôles comiques.
Vers la fin de sa vie, à travers ses rôles en homme alors âgé, il avait été choisi pour ses qualités d’acteur (en réalité d’home) doté d’une sensibilité inimitablement tragique, choisi par Théo Angelópoulos, comme dans “Le regard d’Ulysse”. Tout cinéphile se souvient ainsi, d’un monologue du personnage incarné par Véggos, en somme par lui-même, en réalité par tout grec capable de flairer un certain destin collectif, au-delà des apparences politiques, parfois trompeuses en ces années 1990:
“Tu sais quoi ? La Grèce est en train de mourir. Nous mourons en tant que peuple. Nous avons terminé notre cycle. Je ne sais même plus depuis combien de temps tout cela se fabrique, tant de milliers d’années à travers les ruines et les statues brisées… et nous mourons. Mais autant mourir, vaut mieux mourir rapidement. Car l’angoisse dure trop longtemps, faisant ainsi tant de vacarme”.
Scène du film devant l’hôtel. Póros, 1963
  Même endroit, Póros, novembre 2017
Si je rappelle cette histoire (et ce n’est pas la première fois sur ce blog), c’est parce que justement ou plutôt fort injustement, une séquence extraite de ce film est depuis 2012 utilisée par l’Aube dorée qui n’est plus un hôtel, mais un parti néonazi, à des fins de propagande. On y découvre notre Véggos dire: “Alors nous nous rendons tous à l’Aube dorée” s’agissant bien entendu de l’hôtel. L’affaire avait été remarquée à l’époque (2012) même par la presse locale de Póros, “puisque la montée électorale de ce parti de l’extrême-droite ferait de la publicité fortuite à notre île” .
La souillure de la mémoire de l’acteur est tout autant évidente, surtout lorsqu’on sait que Véggos (politiquement situé à gauche) avait été déporté sur l’île de Makrónissos entre 1948 et 1950 pour des raisons politiques, c’est à dire, et qu’en plus, son propos antinazi et anti néonazi avait été fort explicite dans certains ses rôles incarnés.
Mais du côté de l’Aube dorée et pas uniquement, on sait désormais… remanier et falsifier les symboles, aussi et notamment grâce à l’utopie numérique, singulièrement pseudo-démocratique, aux nouvelles technologies médiatisant parfois la médiocrité triomphante. Ce qui complique encore le choix dans ce vieux pays, c’est que tous ses fruits ne pourrissent pas en même temps.
Scène du film. Póros, 1963
  Même endroit. Póros, novembre 2017
  L’hôtel (qui ne se nomme plus ‘Aube dorée’). Póros, novembre 2017
Il fut un temps, Yorgos Séféris avait repéré (en 1946) un naufrage près de l’ilot de Daskalio, toujours à Póros, un navire auxiliaire de la Marine nationale grecque, sabordé pour ne pas être saisi par la Marine allemande durant l’Occupation (celle des années 1940). Séféris, en congés (après 9 ans de service ininterrompu, il était diplomate) et hébergé à la villa ‘Galini’ (‘Sérénité’), il y écrira un de ses plus célèbres poèmes ‘La Grive’, publié l’année suivante inspiré par ce naufrage.
“Entre l’îlot et la côte, la Grive coulée ; seule la cheminée émerge de quelques pouces. ‘On l’a coulée pour que les Allemands ne puissent mettre la main dessus’ me dit-on. (…) Le batelier disait: ‘Une fois coulé, il a été pillé par ceux qui faisaient du marché noir.” (Carnet de Yorgos Séféris, 14 août 1946).
Poésie du délabrement: “Il me faut du temps, ainsi qu’une grande peine pour écrire ce peu que j’arrive à écrire”, (Carnet de Yorgos Séféris, 24 octobre 1946). Póros, Daskalio, ‘Sérénité’, la villa de Séféris, et le calme (même relatif) du mois de novembre, autorise enfin un peu de cette consistance perdue dont nos imaginations avait été dotées il n’y a guère si longtemps. Du moins, nous avons pu cueillir nos propres olives.
La villa ‘Sérénité’. Póros, novembre 2017
  Villa ‘Sérénité’, il y a un siècle à Póros
  Yórgos Séféris, poète et diplomate (1900-1971)
“Le temps change, les hommes lorsqu’ils deviennent déments, ils ne changent alors jamais”, avait dit le poète Séféris lors d’une interview accordée au quotidien “Phileléftheros” de Chypre, quelques mois seulement avant sa disparition physique (interview du 15 avril 1970) .
Touti, la chatte des Séféris accompagnait alors parfois le poète à Póros. Nos olives, nos îles, nos chats. “Un sentiment fort quant à la dissolution mentale chez les gens. Ils te parlent et tu te sens tendre les mains dans une brume de lambeaux. Terrible manque de consistance, de rythme, de droiture: tu ne peux pas faire confiance à personne: Horreur”. (Carnet de Yorgos Séféris, 31 décembre 1946 – 1er janvier 1947). Ce qui restait valable aux yeux du poète et du diplomate en 1947, l’est également en cette Grèce de 2017.
“Ils sont divisés, fiers de leurs petites boutiques politiques, incapables de préparer et encore moins d’incarner le moindre contre-projet tangible et heureux, face au totalitarisme actuel. Ceux, issus des gauches (ceux des droites c’était déjà connu), tout comme ceux ayant quitté SYRIZA, ils sont tout simplement en quête de future réélection à défaut de programme. Ils adorent les verbiages, ils adoptent parfois nos analyses et phrases dans leurs discours, mais c’est tout. J’avais rencontré une fois Tsipras, il y a longtemps. Je lui ai dit certaines choses, il a pris mes mots… sans leur sens, et encore moins le sérieux de l’engagement qui devait en résulter. Et comme pour tout le reste, il a tout salopé”, me disait récemment un ami, fin connaisseur du… dernier situationnisme grec.
Sur l’île d’Hydra. Novembre 2017
C’est alors dans ce sens que le voyage en Grèce de Jean-Luc Mélenchon n’a pas vraiment été remarqué. Lafazánis (Unité Populaire), visiblement gêné en dit un mot hésitant, après l’avoir brièvement rencontré, Alavános via le site de son ‘Plan-B’ ayant ouvertement critiqué les positions insuffisantes de la France Insoumise, surtout face à l’hybris européiste, il reste, le mouvement de Zoé Konstantopoúlou, lequel avait officiellement invité le président de la France insoumise, une opération de survie politique, sans plus à mon avis.
Zoé Konstantopoúlou dont les historiens retiendront son mérite d’avoir défendu la Constitution ainsi que d’avoir constitué le Comité sur la dette grecque, n’a plus d’avenir politique ici, elle n’a pas de projet d’ensemble. Et comme elle ne franchira probablement pas la barre requise pour être élue (au sein un pseudo-parlement il faut le dire), elle pourrait – d’après ce que Jean-Luc Mélenchon laisse entrevoir – éventuellement être élue au pseudo-parlement de la dite Union européenne, via une liste de la France Insoumise qui dépasserait alors les frontières. C’est une hypothèse.
Zoé Konstantopoúlou pourrait-elle alors être élue de la sorte… pérennisant ainsi les illusions européistes, et l’amertume des peuples avec. Après avoir bu toute la cigüe Syriziste (et ce n’est pas terminé), nous savons à présent que le premier acte de résistance consiste à ne plus participer aux pseudo-scrutins, nationaux (du moins jusqu’à reconsidérer la situation) et encore moins aux dites élections européennes. Sans concession, ni enfumages. Le cynisme, n’est alors pas que la dernière arme des chiens.
Nos olives. Péloponnèse, novembre 2017
Ou comme le dit notre amie K.: “Qui se souvient des discours que nous faisions autour de la table de ce café, au sujet des perspectives politiques ?”. Nous sommes enfin prêts, entre véraison et maturité.
Alors, nos olives, nos îles, nos chats. Sérénité !
Chat de l’île d’Hydra. Novembre 2017
  _________________ * Photo de couverture : Daskalio, l’îlot du poète Séféris. Póros, novembre 2017
from Blog de Paul Jorion http://ift.tt/2zLUdIT via IFTTT
0 notes
alouestriendenouveau · 8 years ago
Text
Mes 10 indispensables de grossesse
Tumblr media
J’entamerai bientôt mon sixième mois de grossesse et je me suis rendu compte que de nombreux objets et produits ont fait leur apparition dans mon quotidien et sont devenus mes alliés pour que ma grossesse se passe au mieux. Je tenais donc à vous parler de ces indispensables, qui peut-être vous aideront à votre tour lors d’une prochaine grossesse.
Les soins
Vous n’êtes pas sans savoir que la peau d’une femme enceinte se tend au fur et à mesure de sa grossesse, sur le ventre bien sûr mais également sur la poitrine, les cuisses et les fesses, et est susceptible de craquer en laissant apparaître des vergetures. Dès que j’ai su que j’étais enceinte j’ai voulu préparer le terrain en utilisant des crèmes anti-vergetures. La première que j’ai utilisé était celle d’Elancyl (achetée en pharmacie), elle faisait bien le boulot mais je n’aimais pas du tout son odeur. Maintenant j’utilise deux autres produits en alternance, l’huile sensorielle de Daylily qui sent merveilleusement bon mais je ne suis pas totalement fan du format huile finalement que je trouve plus long et compliqué à appliquer qu’une crème, et la lotion de massage anti-vergetures au beurre de cacao de Palmer’s (achetée sur iHerb) qui est très grasse (donc parfaite pour l’usage attendu) et sent bon le cacao. Vous pouvez aussi tout simplement utiliser du beurre de karité ou de l’huile de coco.
Tumblr media
Les anti-nauséeux et compléments alimentaires
Pendant les 4 premiers mois de ma grossesse j’ai beaucoup souffert des nausées, pas trop le matin mais dans la journée et surtout le soir. J’ai rapidement utilisé des petites gélules à la poudre de gingembre (Maternov nausées, trouvable en pharmacie), ça fonctionnait bien au départ mais rapidement le goût du gingembre m’a lui-même donné la nausée. Mon médecin m’a alors prescrit du Vogalène, ce qui m’a beaucoup aidé à surmonter les nausées et hauts le cœur. Ce qui m’a bien aidé également : les pastilles à la menthe (Frisk ou Tic Tac).
Sans rapport avec les nausées mais toujours avec la grossesse, j’ai commencé à prendre de l’acide folique avant de tomber enceinte sur les conseils de mon médecin (une bonne supplémentation en acide folique, aussi appelé vitamine B9, réduit les risques de malformation chez le fœtus et contribue au bon développement de son tube neural). Et au début de ma grossesse je suis carrément passée au pack Gestarelle, qui contient de l’acide folique mais tout un tas d’autres vitamines et minéraux dont on manque généralement pendant la grossesse (fer, iode, magnésium, cuivre, etc.). Certains conseillent d’arrêter la prise après le premier trimestre, d’autres de la continuer jusqu’à la fin et même pendant l’allaitement. J’ai décidé de continuer à en prendre.
J’ai aussi pris pendant un temps du Maternov fatigue, il me semble que ça m’a aidé à combattre un petit peu les grosses fatigues de la grossesse mais pas suffisamment pour que j’en rachète.
Tumblr media
Les amis de mes gencives
Au quatrième mois j’ai commencé à avoir les dents et les gencives très sensibles (c’est courant quand on est enceinte), notamment pendant le brossage des dents. Ce qui tombe bien c’est que c’est à peu près à cette période que la Sécurité sociale offre aux femmes enceintes une visite chez le dentiste entièrement prise en charge. La dentiste que j’ai vu m’a conseillé d’utiliser un dentifrice pour dents sensibles (j’utilise depuis Elmex) et de changer de brosse à dents pour une très souple. C’est ce que j’ai fait, et effectivement ces douleurs se sont envolées.
Tumblr media
Les livres
Mes proches m’ont donné plusieurs livres concernant la grossesse, l’accouchement et l’allaitement et il y en a deux que j’ai commencé à lire et qui ont particulièrement retenu mon attention pour le moment. « Vivre sa grossesse et son accouchement » d’Isabelle Brabant, et « L’art de l’allaitement maternel » par La Leche League. Je suis sûre qu’il existe de nombreux autres bons livres sur ces sujets et je ne peux que vous conseiller d’en lire, ils répondront certainement à vos interrogations et permettront de mieux vous préparer à la naissance en attendant les cours de votre sage-femme.
Tumblr media
Les applis mobiles
À mon grand désarroi je n’ai pas trouvé l’appli de grossesse parfaite, mais j’en ai installé plusieurs qui font à peu près le job. J’ai commencé avec Grossesse+ que je trouvais très bien et complète mais qui devient malheureusement payante après le premier trimestre. Et j’ai continué avec BabyCenter que je consulte finalement assez peu mais qui a l’avantage de m’envoyer chaque semaine une newsletter pour me prévenir que je change de semaine et me donner des indications sur le développement, le poids et la taille du fœtus. J’en ai aussi installé et désinstallé plein d’autres qui ne me convenaient pas.
Tumblr media
Mon journal de grossesse
Dès que j’ai appris ma grossesse je me suis mise à tenir religieusement un journal de grossesse. Au début je n’y consignais semaine par semaine que des données sur ma grossesse de façon assez impersonnelle (symptômes, poids, rendez-vous médicaux, etc.) dans l’idée de pouvoir comparer l’évolution de cette grossesse avec une éventuelle autre dans le futur. Puis finalement au fil des semaines je me suis pris au jeu de me confier davantage dans ce journal sur mes états d’âme, mes peurs, mes interrogations, mes joies, tout ce qui a trait à cette grossesse. Je sais que j’oublierai pas mal de détails à l’avenir, notamment tous les petits « moments » touchants (par exemple le bébé qui donne des coups à chaque fin de phrase quand on lui raconte une histoire), ça me fera plaisir de pouvoir m’y replonger et aussi de faire découvrir à ma fille plus tard le déroulement de sa vie in utero. C’est d’ailleurs quelque chose que ma mère avait également fait et j’ai pu découvrir il y a peu ma gestation à travers ses mots écrits il y a 28 ans, c’est touchant à lire et je conseille à toutes les futures mères de coucher ainsi leur grossesse sur papier.
Mes bolas
Le bola est un long collier au bout duquel pend une petite boule qui renferme une clochette. À partir du milieu de la grossesse le futur bébé peut entendre les sons et donc notamment le tintement de la clochette qui rebondit sur le ventre de sa mère lorsqu’elle se déplace. Il paraît que ce petit bruit, en devenant une habitude, va être assimilé à quelque chose d’apaisant pour l’enfant, et qu’il le reconnaîtra lorsqu’il sera né et qu’il aura besoin d’être calmé. J’en possède deux que je porte assez fréquemment, on verra si ça a un effet quelconque sur notre fille !
Mes vêtements
Mon ventre s’arrondissant de plus en plus, j’ai bien sûr dû acheter des vêtements de grossesse. Je n’ai d’ailleurs pas attendu d’être serrée dans mes pantalons pour passer au jean de grossesse, élastique et très confortable. Je possède également des robes, jupes, et même une salopette de grossesse. J’ai également dû racheter des soutiens-gorge car je ne rentrais plus dans aucun des miens ! Enfin, j’ai aussi deux élastiques ventraux à porter par exemple sous une robe quand le ventre commence à être trop lourd mais pour le moment je n’ai pas encore trop ressenti le besoin de les porter, j’ai plutôt l’impression qu’ils me compriment le ventre. Niveau chaussures je n’étais déjà pas très talons mais je les ai complètement laissé tomber en début de grossesse, ça ne fait pas bon ménage avec les vertiges.
Mon coussin d’allaitement
J’ai acheté le coussin d’allaitement Big Flopsy de Red Castle, qui a très bonne presse. Pour le moment, à part pour me caler assise dans mon lit, je ne l’ai pas vraiment utilisé. Mais selon mes amies déjà mères il sauvera mes nuits en fin de grossesse en calant confortablement mon ventre ! Et il servira bien sûr plus tard à caler le bébé, notamment pour l’allaitement.
Pour écouter le cœur du bébé
Quand je ne sentais pas encore trop le bébé bouger et que la prochaine écho était encore très très loin j’ai craqué et ait acheté un petit doppler fœtal à 25 euros sur Amazon (de la marque Monsieur Bébé). Il permet d’écouter très simplement le cœur de son bébé dans des écouteurs. Son cœur n’est pas toujours facile à localiser mais une fois qu’on est dessus ça fait tout drôle de l’entendre battre, et ça peut rassurer des futurs parents un peu angoissés. Bon il s’agit clairement d’un gadget dont on peut facilement se passer lors d’une grossesse mais ce n’est pas cher payé pour s’assurer que son bébé va toujours bien. Normalement on peut aussi enregistrer les battements (pour les faire écouter à d’autres membres de la famille par exemple) mais sur notre appareil ça n’a pas l’air de fonctionner.
Voilà pour mes essentiels, et j’en oublie sans doute tellement ces objets font désormais partie de mon quotidien. N’hésitez pas à partager vos propres life-savers et autres indispensables de la grossesse !
Flo
0 notes