#lelivreàvenir
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Se lier à la dispersion, à l’intermittence, à l’éclat fragmenté des images, à la fascination scintillante de l’instant, est un terrible mouvement – un terrible bonheur, surtout lorsque finalement il doit donner lieu à un livre. Y-a-t-il une solution pour rassembler ce qui se disperse, rendre continu le discontinu et maintenir l’errant en un tout cependant unifié ? Maurice Blanchot, Le Livre à venir, Gallimard, 1959
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Se lier à la dispersion, à l’intermittence, à l’éclat fragmenté des images, à la fascination scintillante de l’instant, est un terrible mouvement – un terrible bonheur, surtout lorsque finalement il doit donner lieu à un livre. Y-a-t-il une solution pour rassembler ce qui se disperse, rendre continu le discontinu et maintenir l’errant en un tout cependant unifié ? Virginia Woolf parfois la trouve, cette parole mouvante qui est comme le rêve et l’imagination de l’eau, mais, dans l’intrigue romanesque dont elle ne peut tout à fait se libérer, parfois ne la trouve pas. Son dernier livre, à ses dernières pages, répète seulement ces deux mots : « Unité, dispersion… Uni… dis… » « Tout ce que nous pouvons voir de nous-mêmes, ce sont des morceaux, des débris, des fragments. » « Nous voilà dispersés, nous qui étions ensemble. » « Nous sommes dispersés… » « Unité, dispersion. » Il faut se séparer.
Maurice Blanchot, Le Livre à venir, Gallimard, 1959
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Celui qui veut se souvenir doit se confier à l'oubli, à ce risque qu'est l'oubli absolu et à ce beau hasard que devient alors le souvenir.
Maurice Blanchot, Le Livre à venir, Gallimard, 1959
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Se lier à la dispersion, à l’intermittence, à l’éclat fragmenté des images, à la fascination scintillante de l’instant, est un terrible mouvement – un terrible bonheur, surtout lorsque finalement il doit donner lieu à un livre. Y a-t-il une solution pour rassembler ce qui se disperse, rendre continu le discontinu et maintenir l’errant en un tout cependant unifié ? Virginia Woolf parfois la trouve, dans cette parole mouvante qui est comme le rêve et l’imagination de l’eau, mais, dans l’intrigue romanesque dont elle ne peut tout à fait se libérer, parfois ne la trouve pas. Son dernier livre, à ses dernières pages, répète seulement ces deux mots : « Unité, dispersion… Uni… disp… » « Tout ce que nous pouvons voir de nous-mêmes, ce sont des morceaux, des débris, des fragments. » « Nous voilà dispersés, nous qui étions ensemble. » « Nous sommes dispersés… » « Unité, dispersion. » Il faut se séparer.
Maurice Blanchot, Le Livre à venir, Gallimard, 1959
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L’écrivain public. Publier, c’est rendre public ; mais rendre public, ce n’est pas seulement faire passer quelque chose de l’état privé à l’état public, comme d’un lieu – le for intérieur, la chambre close – à un autre lieu – le dehors, la rue – par un simple déplacement. Ce n’est pas non plus révéler à telle personne particulière une nouvelle ou un secret. Le « public » n’est pas constitué par un grand nombre ou par un petit nombre de lecteurs, lisant chacun pour soi. L’écrivain aime dire qu’il écrit son livre en le destinant à l’unique ami. Vœu bien déçu. Dans le public, l’ami n’a pas de place. Il n’y a de place pour aucune personne déterminée, et pas davantage pour des structures sociales déterminées, famille, groupe, classe, nation. Personne n’en fait partie, et tout le monde lui appartient, et non seulement le monde humain, mais tous les mondes, toutes choses et nulle chose : les autres. De là que, quelles que soient les rigueurs des censures et les fidélités aux consignes, il y a toujours, pour un pouvoir, quelque chose de suspect et de mal venu dans l’acte de publier. C’est que cet acte fait exister le public, lequel, toujours indéterminé, échappe aux déterminations politiques les plus fermes.
Maurice Blanchot, Le Livre à venir, Gallimard, 1959
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Si aujourd’hui l’écrivain croyant descendre aux enfers, se contente de descendre dans la rue, c’est que les deux fleuves, les deux grands mouvements de la communication élémentaire, tendent, passant l’un dans l’autre, à se confondre. C’est que la profonde rumeur originelle – là où quelque chose est dit mais sans parole, où quelque chose se tait mais sans silence -- n’est pas sans ressembler à la parole non parlante, l’entente mal entendue et toujours à l’écoute, qu’est « l’esprit », et la « voie » publics. De là que, bien souvent, l’œuvre cherche à être publiée, avant d’être, cherchant la réalisation, non pas dans l’espace qui lui est propre, mais dans l’animation extérieure, cette vie qui est de riche apparence, mais, lorsqu’on veut se l’approprier, dangereusement inconsistante. Une telle confusion n’est pas fortuite. L’extraordinaire pêle-mêle qui fait que l’écrivain publie avant d’écrire, que le public forme et transmet ce qu’il n’entend pas, que le critique juge et définit ce qu’il ne lit pas, que le lecteur, enfin, doit lire ce qui n’est pas encore écrit, ce mouvement qui confond, en les anticipant chaque fois, tous les divers moments de formation de l’œuvre, les rassemble aussi dans la recherche d’une unité nouvelle. D’où la richesse et la misère, l’orgueil et l’humilité, l’extrême divulgation et l’extrême solitude de notre travail littéraire, qui a du moins ce mérite de ne désirer ni la puissance, ni la gloire.
Maurice Blanchot, Le Livre à venir, Gallimard, 1959
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S’il vit, c’est dans un monde de possibilités et non plus d’événements, où il ne se passe rien que l’on puisse raconter.
Maurice Blanchot, “D’un art sans avenir”, Le Livre à venir, Gallimard, 1959
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