#ladydarkglam poetry 14/8/18
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Ô nuits noires "Ô nuits noires des saisons évanouies que je vois poindre doucement des cimes du silence Ô merveilleuse cruauté que cet océan d'ébène qui ondoie telles nébuleuses de nuages de sang Ô méandres obscurs enlaçant les pourtours d'une lune déjà fanée d'avoir trop brillé d'insolence Ô étoiles oscillantes entre les deux rives de ce fleuve aux berges du cours des mémoires et du temps M'accorderiez vous dernière faveur si je vous le demandais,mais de moi vous ne vous souvenez pas Je venais tantôt vous cueillir lorsque le crépuscule tombait et que mes larmes me recouvraient Tant d'heures passées à contempler ce firmament qui lentement me faisait frémir Point de crainte, ni de froid, simplement de cette plénitude dont malgré vous vous me berciez Je m'asseyais près du vieux chêne non loin de la clairière des âmes à jamais perdues et levais yeux au ciel Dans l'obscurité de vos profondeurs, je me reconnaissais, fillette jouant avec son ombre déchirée À la lueur poudrée de suie dont me caressait rosée nocturne, parfois il m'arrivait de me trouver belle Le reflet de mon visage se fondant dans les volutes de vos mystères de brouillard translucide parés Je vous parlais de cette voix qui n'appartient qu'à l'enfance, aiguë d'une tristesse que secouaient mes sanglots Je vous contais mes malheurs et mes genoux écorchés, mes joies aussi et mes rêves d'exil Nul écho ne trahissait jamais nos confidences, c'était notre secret, ce passage entre vous et moi, notre concerto Je devinais vos paroles selon la lumière blanche ou brune de ce halo musical à la violine fragile Lorsque minuit vous faisait révérence, une pluie de cristaux de diamants se déposait dans mes mains Gouttes de magie qui sitôt se muaient en myriades colorées de pétales de roses et de lys hellènes Un bouquet dont émanaient mille et une fragrances parfumant ma frêle silhouette et enveloppant mon chagrin Et quand l'aube approchait, il se dispersait dans l'air telles cent perles de nacre emportant ma peine Nous nous quittions le coeur en fête de ce moment que nous venions de partager, l'esprit léger Nous savions que demain au coucher du soleil nous nous retrouverions et qu'à nouveau nous nous aimerions Mais le lendemain je ne suis pas venue, et les regrets me hantent encore si fort que je n'ose vous l'avouer Je ne sus jamais quel sort m'avait été jetée pour qu'ainsi de vous je me sois éloignée, une folie, une déraison Quand cette sorcellerie prit fin, de vous je me suis souvenue et devant vous ce soir je m'incline à m'en briser Cette grâce que je viens vous quémander sans espoir que vous m'en fassiez don je l'ai nourrie tout le long Agenouillée face à vous, et l'inquiétude m'emplit et chacun de mes mots me semblent dérisoires et désolés Je vous ai trahis, vous qui m'avez consolée, écoutée, qui suis-je pour oser vous demander pardon Ô nuits noires des saisons évanouies que je vois poindre doucement des cimes du silence Ô merveilleuse cruauté que cet océan d'ébène qui ondoie telles nébuleuses de nuages de sang Ô méandres obscurs enlaçant les pourtours d'une lune déjà fanée d'avoir trop brillé d'insolence Ô étoiles oscillantes entre les deux rives de ce fleuve aux berges du cours des mémoires et du temps." ©Gisèle-Luce de Christian-James
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